« A Paris, dans la grande ville, être seule, c’est pas pareil qu’ailleurs… C’est un manque des autres quand ils sont partout. Ce n’est plus comme être seule à la campagne, là où il n’y a personne dans qui se regarder. »
Camille Goudeau

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Ursula Hegi

Ursula HEGI

Brûlures d'enfance
Galaade

2 | 375 pages | 07-09-2012 | 21€

Ursula Hegi mène de front le portrait de Thekla Jansen une jeune institutrice allemande, et la description de la période où le nazisme prit son essor et ses idées rencontrèrent un écho dans l’opinion allemande. Un an après l’incendie du Reichstag, la peur s’est installée et la propagande devenue permanente. Alors que Thekla estimait et admirait son ancienne maîtresse contrainte de quitter son poste du fait de sa judéité, elle accepta pourtant de la remplacer, premier petit renoncement, premier pas vers l’acceptation d’une réalité violente et oppressante. Les garçons de sa classe s'enrôlent dans les jeunesses hitlériennes tandis qu’elle tente de les protéger, de les éveiller. Mais l’oppression s’accroît, la censure s’installe et ses tentatives deviennent timides. Sans jamais être convaincue, elle tente de comprendre ses élèves et estime, entre naïveté et ignorance, que ce n’est qu’une mauvaise période, un épisode à passer qui sera vite oublié. Pourtant l’ingérence du IIIe Reich dans la vie de tous l’obligera elle aussi à dévoiler et gérer un passé qu’elle ignorait et qui bouleversera son appréhension du quotidien. Après « Trudi la naine », Ursula Hegi confirme son talent à mêler portraits intimes et évocations historiques.

Ecouter la lecture de la première page de "Brûlures d'enfance"

Fiche #1182
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Guillaume Villeneuve


Ursula HEGI

Trudi la naine
Galaade

1 | 664 pages | 02-09-2007 | 26.4€

en stock

Trudi Montag vit à Burgdorf, près de Düsseldorf. Née au début de la première guerre mondiale, elle est rejetée rapidement par sa mère, elle se sent vite différente des autres, sentiment confirmé lorsqu’elle apprend que sa taille restera celle d’un enfant. Dès son plus jeune âge, elle devient experte dans l’observation des autres, observation facilitée et influencée par sa différence : elle est ignorée et chacun se laisse aller à des confidences qu’il n’aurait pas exprimées en présence de quelqu’un d’autre. Elle les observera donc avec lucidité, toujours et encore, tentera de déterminer sans complaisance leur mode de pensée et mettra à nu leurs comportements, leurs sentiments, leurs faiblesses… La société allemande est auscultée au plus près. Chaque chapitre du livre couvre une période de 1915 à 1952, des lendemains de la première guerre jusqu’à la reconstruction en passant évidemment par la montée du nazisme et par son règne, tout y est : ceux qui résistent, ceux qui adhèrent, ceux qui se taisent, ceux qui se laissent entraîner… Rien n’échappe à son œil acéré et personne n’est épargné. Peut-être de par son statut différent, sa vision de la progression lente du nazisme et le glissement vers la barbarie n’en sont que plus réalistes, démonstratifs et pleins d’enseignement.
Une écriture très vivante pour cette fresque qui retrace avec brio l’histoire d’un pays à partir de la vision de personnages particulièrement humains et attachants en accompagnant Trudi et son entourage tout au long de sa vie. Un pavé (664 pages) que vous ne lâcherez pas !

"Enfant, Trudi Montag croyait que chaque être humain savait ce qui se passait dans la tête des autres. C'était avant qu'elle comprenne en quoi sa différence faisait force. Et son angoisse."

« Folle de joie d’être enfin entourée d’autres enfants, elle ressentit plus que jamais sa différence, aussi. Ce n’était pas seulement la taille de son corps et les vêtements mal ajustés, dessinés pour des enfants de trois ans, qui faisaient d’elle une étrangère ; c’était aussi sa volonté farouche d’être admise. »

« Les gens murmurent de plus en plus… Tu sais que lorsque ce genre de messes basses commence à apparaître, c’est qu’on se dirige tout droit vers une guerre. La rumeur de la ville, du pays tout entier, baisse d’un ton… Même le fleuve, les oiseaux… »

« "Nos jeunes, dit Léo, sont facilement entraînés par tous ces discours… Ils ont été frustrés pendant tellement longtemps qu’ils sont maintenant séduits par les promesses, par la camaraderie instantanée. Il y a toujours quelqu’un pour les inspirer, pour les persuader…" Il secoua la tête. "De vrais petits soldats, y compris les filles, avec leur fierté de ce drapeau vulgaire, à faire froid dans le dos. Je suis content que tu ne fasses pas partie de tout cela. Ils ne voudraient pas de moi." »

Fiche #294
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Clément Baude