« Les morts ne meurent pas lorsqu’ils cessent de vivre, mais quand nous les vouons à l’oubli. »
Mia Couto
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A quoi songent-ils, ceux que le sommeil fuit ?
Noir sur Blanc
5 | 220 pages | 13-02-2024 | 17€
en stockGaëlle Josse propose trente trois microfictions avec comme point commun la nuit, la nuit de chacun : « Ce sont les heures où le cœur tremble, où les corps se souviennent, peau à peau avec la nuit. On ne triche plus. Ce sont les heures sentinelles de nos histoires, de nos petites victoires, de nos défaites. ». Des nuits d’attente, des nuits d’interrogation, des nuits de décision, des nuits d’écoute, des nuits d’espérance, des nuits de remise en question, des nuits de solitude, des nuits de souvenirs, des nuits accompagnées de fantômes, des nuits de rêves, des nuits de peur, des nuits obscures, des nuits de désirs, des nuits d’écriture, des nuits pour rien... Avec sa précision, sa délicatesse et sa sensibilité habituelles, Gaëlle Josse nous dresse les portraits courts, précis et réalistes de femmes, d’hommes, d’enfants, de nous et des autres, dans un instant particulier où chacun est vulnérable et vrai.
Ecouter la lecture de la première page de "A quoi songent-ils, ceux que le sommeil fuit ?"Fiche #3140
Thème(s) : Littérature française
Isabelle n’est pas revenue sur les lieux de son enfance depuis longtemps. Documentariste, elle a vécu au contact des océans alors que son père et son frère, kiné, n’ont pas bougé et vivent toujours en montagne, dans les Alpes. La santé de son père, ancien guide de montagne, décline (il entre dans les brumes de l’oubli) et son frère l’a appelée. Elle arrive avec ses peines (elle vient de perdre son compagnon) et ses craintes. Son enfance reste un douloureux souvenir : un père qui l’a ignorée, a toujours préféré la montagne et le silence. « Je commence à deviner qu’un étrange jeu de piste m’attend ici, avec de vilains cailloux posés au hasard des lieux. », comprendre pourquoi ce père est toujours resté froid et distant, comprendre ce qui le faisait crier pendant son sommeil, le père parlera-t-il enfin ? Gaëlle Josse avec sa délicatesse et ses mots si bien choisis décrypte les conséquences dramatiques et pesantes qu’un traumatisme enfoui et la honte de soi peuvent engendrer, enchaînant à jamais à la fois celui qui l'a vécu et ses proches ; seul espoir de retrouver la lumière, la parole...
« On ne sait jamais quoi faire du chagrin des autres. »
« … faire son deuil, que c’est une expression pour les magazines, on continue à marcher avec nos morts sur les épaules, avec nos ombres, et rien d’autre. »
« Que la douleur est un archipel dont on n’a jamais fini d’explorer les passes et les courants. Qu’elle est inépuisable. Lente, féroce et patiente comme un fauve. »
Fiche #2865
Thème(s) : Littérature française
A vingt ans, alors qu’elle devait partir enseigner à l’étranger, son père craque, et elle restera. Douze années plus tard, ce matin-là, c’est son tour de craquer, de s’effondrer : « Clara, la vaillante, vacillante. Une lettre en plus qui dit l’effondrement. » Alors évidemment, Clara s’interroge, questionne sa vie, son enfance, ses amitiés, ses amours, ses rêves, « Mais qu’est-ce que la vie a fait de nous ? » Pourquoi cet épuisement ? Tenir et vivre, Tenir ou vivre, ou se réinventer, Clara va devoir retrouver son chemin vers la vie. Gaëlle Josse avec un style épuré, en se jouant des mots autant que des lettres, dissèque les sentiments éprouvés lors d’une chute (dépression, burn-out) et souligne l’importance d’une amitié pour retrouver la lumière et comme toujours avec Gaëlle Josse, la sensation de simplicité dans la complexité.
Fiche #2651
Thème(s) : Littérature française
Anne s’est mariée jeune avec Yvon, un vrai marin pêcheur, elle vit en effet en Bretagne. Yvon décéda rapidement après le bombardement de son bateau par les Anglais. Anne va dans un premier temps survivre avec Louis, leur fils, puis trouver une seconde maison en se mariant avec Etienne le pharmacien. Ils auront deux enfants mais elle s’« invente des ancres pour rester amarrée à la vie ». Etienne n’est finalement pas le père qu’il a promis pour Louis alors, un soir, il ne rentrera pas : il s’invitera sur un cargo comme il l'avait annoncé à neuf ans, prendra la mer, et alors la vie de sa mère et de ses proches seront bouleversées. Anne retrouvera la longue attente, les incertitudes, la peur. Elle résiste, comme accrochée à une bouée de sauvetage, mais chaque retour de bateau sans Louis la mine, le mal s’installe, torture, une destruction à petit feu. Alors Anne lui écrit, entre ses deux maisons, celle de la vie et celle de l’attente, deux maisons deux vies, rêve son retour et à la fête qu’elle organisera pour l’accueillir. Elle scrute à l’infini l’horizon annonçant le bateau de Louis jusqu’au jour où elle non plus ne rentrera pas. Gaëlle Josse a trouvé les mots justes pour traduire cette douleur immense induite par l’attente, pour nous ouvrir l’intimité d’une mère inconsolable, une immense délicatesse pour traduire cette obsession, ce manque absolu sur le fil de la folie.
Ecouter la lecture de la première page de "Une longue impatience"Fiche #2067
Thème(s) : Littérature française
François Vallier, le narrateur, est un jeune pianiste, virtuose reconnu, il enchaîne les concerts. Tourbillon de succès, de travail, de réussite... Pourtant, une lettre marque un coup d’arrêt à cette vie rythmée, à cette course. Un infirmier psychiatrique l’informe qu’une de ses patientes écoute sans discontinuité ses CD, notamment ses interprétations de Schumann. Il reconnaît immédiatement Sophie, c’est elle, « Sophie était donc chez les dingues… ». Il doit aller la chercher. Immédiatement. Il a aimé Sophie, passionnément, puis il l’a abandonnée dans un moment dramatique. Il reprend la partition de leur vie, de leur rencontre, « … Je me suis cru invincible. Je nous ai crus invincibles… ». Il se retourne, fait le point avec sincérité et lucidité sur son passé, pas tendre avec son caractère et ses actes passés, mais peut-on rejouer deux fois la même partition, en tout cas, « J’ai toute la vie pour y arriver ».
Ecouter la lecture de la première page de "Nos vies désaccordées"Fiche #1082
Thème(s) : Littérature française