« Les gens croient que la confiance se mérite, mais en réalité croire ce qu’on vous dit, est chez les humains, la configuration par défaut. »
Iain Levison

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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L'Iconoclaste

Mathieu PALAIN

Les hommes manquent de courage
L'Iconoclaste

13 | 290 pages | 11-08-2024 | 20.9€

en stock

Roman inspiré d’une histoire vraie, après un an de dialogue, Mathieu Palain dresse le portrait de Jessy, une femme à bout, qui n’y arrive plus. Aucune confiance, aucune estime de soi, prof de maths, son fils Marco lui échappe : il sèche les cours du collège, fume et fume encore du shit. Aucun dialogue, aucune écoute, pas de partage. Un soir, il l’appelle depuis une soirée et lui demande de venir le chercher. Jessy comprend qu’il est passé dans le camp des hommes qu’elle connaît bien, violents, violeurs, méprisants. Alors ils partent en voiture et enfin parlent. Elle se confie : « A 18 ans, j’ai eu mon bac, mes parents ont divorcé, j’ai été violée, j’ai intégré Louis-le-Grand. Dans cet ordre. ». La débandade commencera là, « ... j’étais devenue une autre personne, je ne me ressemblais pas. ». Les expériences traumatisantes, dégradantes s’enchaînent. Elle oublie son corps, elle collectionne sans envie, subit les hommes, devient escort. « Les histoires de famille, ça ne prend pas l’air à force d’être tues, et ça moisit. » et elles se transmettent d’une génération à l’autre. Deux souffrances, deux handicapés des sentiments qui à défaut pour l’instant de se comprendre font un premier pas vers le dialogue.

« ... une classe c’est la société à petite échelle : il y a les populaires, les différents, et le ventre mou, les sans colonne vertébrale, pas de principes, pas de convictions, ça flotte dans le sens du vent. »

Ecouter la lecture de la première page de "Les hommes manquent de courage"

Fiche #3228
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Mathieu Palain lus par Vaux Livres


Hadrien BELS

Tibi la Blanche
L'Iconoclaste

12 | 250 pages | 25-02-2024 | 20€

L’année est essentielle pour Tibilé, Rigobert dit Neurone et Issa : c’est en effet l’année du bac, ils sont dans la dernière ligne droite, à quelques jours de l’échéance : l’année où les projets se réalisent ou s’éteignent, l’année où certains prennent le chemin de la liberté et d’autres restent enfermés dans leur quotidien. Et donc certainement aussi l’année de leur séparation. Ces trois personnages principaux issus de trois ethnies sont complétés par un quatrième aussi essentiel : Dakar. La ville du thiep, la ville des odeurs, la ville du mbalax, des marabouts, des croyances... Ces trois là ne font qu’un. Tibilé brillante à l’école rêve de partir en France pour notamment gagner un peu de solitude et beaucoup d’indépendance. Neurone excellent sur les bancs de l’école ne doute pas de son intégration dans les plus grandes écoles françaises mais reste plus préoccupé par son amour non déclaré à Tbili. Issa doit beaucoup à ses amis pour ses résultats scolaires et rêve de défilés de mode, de style, de wax : son désir est en effet de devenir styliste à Dakar. A travers le parcours de ce trio adolescent débordant de vie et d’espoirs, Hadrien Bels décrit avec humour et par petites touches subtiles la société sénégalaise de Dakar dans toute sa splendeur. En abordant tous les pans de la société sur un rythme endiablé, sans ignorer les restes du colonialisme, les effets du néocolonialisme, la corruption, les contradictions et dérives, le griot marseillais dresse les portraits débordant d’amour et d’empathie et très imagés de Dakar et de ses trois ados emblématiques du nouveau Sénégal.

« Et pour un Sénégalais, la France, c'est la femme auprès de laquelle tu vas te plaindre de tes maux de dos, alors que tu réserves tes prouesses de lit à ta maîtresse. »

« Les femmes te poussent à sortir de l'enfance. »

« Les yeux, c’est le seul endroit où l’on peut voir à l’intérieur des gens. »

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Fiche #3146
Thème(s) : Littérature française


Jean-Philippe BLONDEL

Traversée du feu
L'Iconoclaste

11 | 205 pages | 29-01-2024 | 20.9€

Les fidèles de Jean-Philippe connaissent à travers ses romans les premiers drames qu’il a vécus autour de la vingtaine : deux accidents qui le laissent seul, dans le premier disparaissent sa mère et son frère et quelques années plus tard son père meurt dans un second accident. Cercles de feu qu’il a su surmonter : une vie d’écrivain, une vie de prof d’anglais, une vie familiale. Au début du Covid, il a 55 ans et apprend qu’il est atteint d’un cancer, le feu est de retour et lui rappelle les premiers. Il pourrait sombrer, abandonner, mais la petite flamme de la vie subsiste et l’appelle : « Le cancer, ce n’est pas la mort. Mets-toi ça dans le crâne. Secoue-toi. ». Jean-Philippe Blondel partage cette période avec sincérité, sa lutte, sa rencontre avec le monde médical, ce qu’il subit, ses réactions, son envie furieuse de vivre, celles et ceux qui l’entourent, ses proches, ceux qui reviennent, ses collègues. Son attachement à la transmission et sa passion pour son métier pour une part entretiennent furieusement cette flamme pour la vie. Une leçon d’humanité réconfortante, un combat de vie (« … cette montée de sève ahurissante. Ce que certains appellent l’envie de vivre. A tout prix. »), un combat pour la joie, le rire, le partage.

« Je sais depuis longtemps que le vrai pouvoir réside dans l’écoute et non dans la prise de parole. »

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Fiche #3137
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Jean-Philippe Blondel lus par Vaux Livres


Cécile COULON

La langue des choses cachées
L'Iconoclaste

10 | 138 pages | 24-01-2024 | 17.9€

Dans une campagne retirée, les habitants attendent, veillent, chacun sait ce qu’il ne faudrait pas sur ses voisins et la mère passe discrètement de maison en maison. Elle guérit, soigne, aide, répare. Elle connaît et maîtrise en effet la langue des choses cachées. Elle a transmis son savoir à son fils qui l’a regardée œuvrer en silence. C’est le moment : le fils part seul vers ce hameau du Fond du Puits pour la remplacer. Avec inquiétude, il se retrouve face à un homme brutal et violent et son fils. Il suit réellement les pas de sa mère puisqu’il découvrira qu’elle est déjà venue ici et son passage n’est pas resté sans trace puisqu’elle y a commis une erreur. Cette découverte le bouleverse et remet en cause quelques certitudes, sur sa mère, sur son pouvoir, sur ses capacités… Il s’interroge, harmoniser la cruauté lui suffira-t-il ? Que faire des douleurs qu’ils (lui et sa mère) ont laissé et laisseront derrière eux ? Doit-il continuer le chemin tracé par sa mère ? Une histoire sombre à l’écriture lumineuse, un conte noir, percutant, haletant au cœur d’une nature sauvage et silencieuse où les femmes ont la vie dure…

« C’est ainsi que vient la mort, nous l’accueillons avec des bras pleins de fleurs, des yeux pleins de larmes, surpris qu’elle nous connaisse si bien, et qu’elle éveille en nous des amours plus fortes que la vie elle-même. »

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Fiche #3133
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Cécile Coulon lus par Vaux Livres


Julia KERNINON

Sauvage
L'Iconoclaste

9 | 300 pages | 27-11-2023 | 20.9€

Ottavia est la fille d’un cuisinier et la grande cuisine reste une affaire d’hommes mais Ottavia s’apprête à briser les conventions. Un premier pas en amour et en cuisine sera fait avec l’apprenti de son père : « L’amour, c’est du travail. Le travail, c’est de l’amour. ». Le chemin est tracé mais est-il possible de concilier amour, famille, travail et liberté ? Est-ce d’ailleurs obligatoire ? nécessaire ? Ottavia ouvrira son restaurant et mettra en œuvre sa propre cuisine avec passion : « Je ne voulais pas faire des plats de mon enfance mais des plats qui la racontent. ». Une passion qui l’aspire, son mari Bensch devant en assumer les conséquences. Et les années passent, alors naît la peur de changer, de se perdre, de se trahir, de s’oublier : « Je me demandais de quelle liberté je disposais encore, et quelle liberté j’avais abandonnée à mon insu et qu’on ne me rendrait plus. ». Un portrait vif d’une femme libre qui malgré les doutes permanents a choisi sa vie, ses amants, son mari, ses amies, a choisi d’écrire son histoire et de toujours écouter ses désirs.

« Les gens changent, mais très lentement, et pendant ce temps nous changeons, nous aussi, alors ça ne tombe jamais juste, c’est infernal. »

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Fiche #3115
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Julia Kerninon lus par Vaux Livres


Joséphine TASSY

L'indésir
L'Iconoclaste

8 | 388 pages | 05-08-2023 | 20.9€

Nuria est une jeune femme pas tout à fait noire, et cette nuit-là, rentrée de boîte avec une rencontre, Abel qui finalement se révèlera d’un grand secours, un coup de téléphone transperce la nuit : « Maman est morte. ». Une mère qu’elle n’a guère connue. Petite fille, son père est décédé, elle sera alors élevée par sa grand-mère paternelle et finalement coupera rapidement les ponts avec sa mère. Elle ne la connaît pas et n’a pas de sentiments pour elle. Mais la mort interroge, remue et à partir des obsèques, toujours accompagnée d’Abel, elle rencontre ceux qui l’ont connue, côtoyée, aimée et la vie de sa mère se dévoilera progressivement. Nuria et Abel les questionneront et ceux-là leur livreront ce qu’ils veulent. Elle découvrira la double malédiction de sa famille : les yeux jaunes des femmes et leur suicide, son arrière grand-mère, sa grand-mère, alors sa mère ne voulait pas de fille... Il aura donc fallu la mort de sa mère pour que Nuria la découvre, la rencontre et peut-être aussi se découvre. Un premier roman à la forme singulière tant Joséphine Tassy joue à merveille avec les styles et la forme.

Premier roman

« C’est pas l’envie qui est parti, pas exactement. C’est le désir. Elle a perdu le désir. Et sans le désir, on n’est plus rien. Mais le désir de quoi ? Le désir tout court. C’est une force qui nous projette au-delà de nous-mêmes. Une chose irrésistible qui donne des rêves. C’est ce truc qui nous fait pleurer de rage parce qu’on n’est pas encore ce qu’on aimerait être. C’est le désir. Le désir tout court. Il inspire tout. »

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Fiche #3063
Thème(s) : Littérature française


Laura POGGIOLI

Trois soeurs
L'Iconoclaste

7 | 280 pages | 27-07-2022 | 20€

« Trois sœurs », entre le récit et le roman, entremêle un fait divers russe et l’expérience russe de l’auteure. Trois sœurs ont assassiné leur père (2018). Depuis des années, il les frappait, les humiliait, en abusait, douleurs physiques et psychiques permanentes et répétées, alors elles ont fini par le tuer. Inacceptable en Russie, la justice les a condamnées ignorant totalement leur calvaire. Laura Poggioli a vécu à Moscou. Amoureuse de la langue russe, de la Russie, de ses écrivains, de ses poètes, de la vie en Russie, la boisson, la musique, elle a tout accepté, même les coups de son petit ami. Ce double témoignage fournit un éclairage concret de la Russie d’aujourd’hui, de la place de la femme (ou plutôt de l’absence de place), de la famille, des peurs qui les habitent, de la violence sourde, autorisée et récurrente dans la sphère privée. Mais « Les hommes, on les aimait. Et quand on aimait, on excusait. », c’était la fatigue, le boulot, l’alcool, le désespoir devant notre monde… Tout simplement terrifiant !

Premier roman

« N’importe quel Français bien constitué a envie de repartir quand il arrive en Russie, mais au bout de six semaines, il veut y rester pour toujours. »

« S’il te bat, c’est qu’il t’aime. »

Ecouter la lecture de la première page de "Trois soeurs"

Fiche #2873
Thème(s) : Littérature française


Pascale ROBERT-DIARD

La petite menteuse
L'Iconoclaste

6 | 235 pages | 26-07-2022 | 20€

Lisa se rend dans le cabinet d’avocats d’Alice alors que son procès va être jugé en appel : Marco accusé de l’avoir violée alors qu’elle était en troisième a été condamné à dix ans de prison malgré ses dénégations. Pour ce procès, ses parents avaient fait appel à un ténor du barreau, mais aujourd’hui majeure, elle veut cette fois choisir une femme et qu’Alice la défende. Alice se souvient de ce procès et flattée, elle accepte d’assurer sa défense. Rapidement, Lisa lui avoue son mensonge, elle n’a pas été violée. Un autre contexte, un autre procès. « Mes clients, quand je les défends, je les aime. Mais pas avant et plus après. ». Alice est avocate, pas juge, alors Alice défendra Lisa. Chacun a droit à une défense, Marco quand il est accusé de viol, Marco lorsque le mensonge de Lisa sera dévoilé, Lisa quand elle accuse Marco, Lisa quand elle reconnaît son mensonge. La justice est là pour démêler les fils, acceptant le doute qui n’a néanmoins plus beaucoup d’espace. Accepter ce doute ce n’est pas remettre en cause son attachement à la vérité, simplement il doit toujours être pour la mettre à jour, la faire jaillir. On suit avec intérêt tout le processus du travail d’avocat, Alice se confrontera au passé de Lisa en libérant sa parole : ses années de collège (« Le collège, c’est la guerre. ») où elle était mal dans sa peau, des années tendues, violentes, des années de souffrance qui ont transformé ses secrets et son mal être en mensonge ; ses relations avec les adultes qui en souhaitant la protéger l’ont peut-être menée sur ce chemin du mensonge. Alice va devoir décrypter « le piège infernal » qui s’était refermé sur cet adolescente perdue. Le pari était risqué et c'est une vraie réussite, sans jugement péremptoire, sans prise de position définitive à part celle de la vérité, sans remise en cause de la parole des femmes, une réflexion sur la justice et la recherche toujours nécessaire de cette vérité : « Parce que tu crois qu’il y a un moment pour la vérité. »

« Prendre connaissance des évènements d’une époque à travers les documents judiciaires, c’est comme étudier les étoiles en regardant leur reflet dans un étang. »

« Si l’ennui devait comparaître un jour devant la justice, aucun palais ne serait assez grand pour accueillir tous ceux qui ont des compte à lui demander. »

« Pourquoi devrait-on douter davantage d’une jeune fille qui se rétracte que d’une jeune fille qui accuse ? »

« Plaider, finalement, c’est comme nager dans une eau froide et agitée, une lutte physique contre les éléments contraires. »

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Fiche #2866
Thème(s) : Littérature française


Julia KERNINON

Toucher la terre ferme
L'Iconoclaste

5 | 115 pages | 07-02-2022 | 15€

Julia Kerninon nous livre sans filtre (ou alors un filtre littéraire) son journal intime de sa grossesse, son accouchement (« …j’ai pensé que tout s’arrêtait là alors qu’au contraire tout commençait. ») et sa mutation en mère (« Toutes les mères étaient encore, quelque part dans le secret de leur tête, la personne qu’elles avaient été auparavant, parce qu’on ne change pas vraiment, au fond. »). Elle s’estime très jeune à trente ans pour devenir mère, elle pense encore être une enfant. Comment devenir mère quand on est éprise de liberté ? Comment partager ? aimer ? Comment continuer d’écrire ? Comment et pourquoi devient-on mère ? Et le couple dans tout ça ? Pourquoi cet homme là est-il devenu le père de mes enfants ? Comment conserver le lien entre la femme d’avant et la femme d’après ? Partager une vie, partager un amour, garder sa liberté… Doutes et peurs accompagnent ce long chemin pour devenir femme, mère et écrivain.

Ecouter la lecture de la première page de "Toucher la terre ferme"

Fiche #2806
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Julia Kerninon lus par Vaux Livres


Cécile COULON

Seule en sa demeure
L'Iconoclaste

4 | 335 pages | 17-08-2021 | 19€

Quand Aimée subit un mariage arrangé, « Ainsi commença la vie effrayante, avec cet homme dont elle ne connaissait rien », elle ne sait pas qu’elle accepte un double enfermement : enfermement au cœur de la forêt dense du Jura, enfermement dans une maison, le Domaine Marchère avec trois personnages qui impriment une atmosphère pesante. Deux enfermements suscitant inquiétudes, peurs, menaces. Il s’agit donc d’un huis clos : autour d’Aimée vivent son époux, Candre, la servante Henria omniprésente, maitresse de maison gérant et surveillant tout, et son fils Angelin au silence étrange. La tension est immédiate, les non-dits et mystères affleurent et mènent le récit. Alors quand une professeur de musique marque de l’attention pour Aimée, tout change, se dérègle, les découvertes se succèdent, les masques tombent, les tragédies se dévoilent... Une terre rude et froide, une forêt dense et sombre, une maison forteresse isolée, des secrets et de la violence, un mariage arrangé, les hommes tout puissants, la naissance d’un amour inattendu, le style de Cécile Coulon, tous les ingrédients pour dévorer « Seule en sa demeure ».

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Fiche #2744
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Cécile Coulon lus par Vaux Livres


Mathieu PALAIN

Ne t'arrête pas de courir
L'Iconoclaste

3 | 424 pages | 03-08-2021 | 19€

Ils ont tous les deux le même âge, ils ont tous les deux grandi dans le même genre de quartier de banlieue parisienne, l’un est devenu sportif de haut niveau, l’autre, journaliste, en a rêvé, l’un est resté dans le droit chemin, l’autre enchaîne les séjours en prison pour vols et cambriolages. Mathieu Palain, le journaliste et écrivain, reste dans l’incompréhension face à la trajectoire hélas constante de Toumany Coulibaly. Pourquoi un champion de France du 400 m après avoir été couronné plutôt que de fêter sa victoire voire son triomphe en famille ou avec des amis pose sa médaille et monte sur un braquage ? Pourquoi après chaque arrestation puis emprisonnement, ce père de trois enfants, calme, souriant, aimable, intelligent récidive ? Alors, Mathieu Palain lui écrit une lettre et va lier connaissance avec Toum dans un parloir. Rencontre après rencontre, ils vont apprendre à se connaître, partager leurs enfances, leurs différences et leurs points communs, jamais se juger, toujours s’écouter. Mathieu va vouloir comprendre mais aussi aider. Toum est attachant, parfois agaçant, on assiste avec un sentiment d’impuissance à une plongée dans le gouffre de la délinquance, un gâchis humain et sportif. Le retour sera-t-il possible ? Mathieu l’espère, le retour de l’homme, du père mais surtout de l’athlète. Peut-être Mathieu devra-t-il aussi faire son chemin, analyser son intérêt pour le monde carcéral et arriver à admettre lui l’admirateur des sportifs et de leurs exploits que l’homme passe avant l’athlète. Un roman-récit et un face à face émouvants qui nous entraînent sur les pistes de Montgeron et d’ailleurs, dans les prisons d’Ile de France et le milieu carcéral, dans le quotidien et la pauvreté des banlieusards, avec au passage un bel hommage à tous les éducateurs et entraîneurs qui passent leur temps et leur vie sur les stades totalement dévoués à ces gamins qui deviendront des hommes et grandiront aussi grâce à eux.

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Fiche #2728
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Mathieu Palain lus par Vaux Livres


Jean-Baptiste ANDREA

Des diables et des saints
L'Iconoclaste

2 | 365 pages | 31-05-2021 | 19€

Joe joue du piano. Partout. Dans les gares, dans les aéroports. Il attend. Il attend qu’elle passe et le reconnaisse enfin. Mais qui est-elle ? Pour le savoir, il faut remonter cinquante ans en arrière, retour en enfance (meurtrie) au moment où il pousse les portes d’un centre d’un orphelinat, « Les Confins » dans les Pyrénées. Il vient en effet de perdre ses parents et sa sœur après un accident d’avion. Joe comprend immédiatement ce qui l’attend : discipline absolue, prières, violences physiques et psychiques, nourriture infâme… Un monde fermé, isolé où tout est permis aux adultes. Et interdit de se plaindre, de tenter de se révolter, de vouloir relever la tête, les sanctions tombent. Malgré tout, les gamins continuent de vivre et dans ce milieu abrupt, gardent leur naïveté et humour. Au coeur de cet enfer, Joe donnera des cours de piano à Rose, la fille modèle du bienfaiteur de l’établissement, rencontre entre le jour et la nuit, mais ils apprendront à se découvrir puis à espérer ensemble. Jean-Baptiste Andrea avec sensibilité revient sur les marques indélébiles que sont l’enfance et le premier amour et implique totalement le lecteur en mobilisant tous ses sens, l’ouïe et le toucher avec la musique et le piano, l’odorat avec les odeurs de ce lieu clos, la vue avec les descriptions de ce que voient ces gamins et le goût avec la nourriture abjecte.

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Fiche #2697
Thème(s) : Littérature française


Jérémy BRACONE

Danse avec la foudre
L'Iconoclaste

1 | 280 pages | 22-03-2021 | 19€

La foudre est tombée sur la Lorraine (entre autres) et sur Villerupt en particulier, les usines ferment les unes après les autres. Au cœur de ce désastre, Figuette et Moïra. Figuette fait tout pour émerveiller, éblouir Moïra, sa femme, partager ses délires, imaginatif, débordant d’une douce folie, entre sa fille Zoé et sa femme, il espère continuer d’entretenir la flamme du bonheur dans cet espace triste qui se referme. Mais Moïra choisit néanmoins de partir, alors il se retrouve seul avec sa fille (à laquelle il réserve désormais sa fantaisie), Mouche le rottweiler et les menaces de fermeture de son usine. Avec ses collègues, ils préparent le douloureux avenir en alimentant discrètement une cagnotte solidaire… un monde ouvrier où la solidarité reste d’actualité. Figuette espère encore retrouver Moïra et s’efforce d’entretenir les rêves de Zoé, de la protéger dans son cocon d’amour (l’amour comme paratonnerre), croire en la vie, croire en l’avenir, coûte que coûte. Sans jamais choisir entre le roman social et une folle histoire d’amour d’un homme pour sa femme et sa fille, un premier roman réjouissant, humain, réaliste qui dissèque avec justesse les sentiments qui font une vie.

Premier roman

« Moïra rêve de romance, d’une vie écrite par un dieu qui aurait enfin du talent. »

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Fiche #2652
Thème(s) : Littérature française





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