« Car selon moi, écrire ne vient à l’idée que de ceux qui souffrent de ce mal que j’appelle ''la constipation de vivre''. »
Asli Erdogan
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L’Eden : certains ont toujours une certaine impudeur pour nommer une réalité, l’Eden est en effet une barre d’immeubles à Londres. Bien loin du paradis, naître ici, c’est une vie prédéfinie, un destin réglé, l’Eden, on la fuit ou on y meurt : « On ne quitte jamais vraiment l’Eden, un seul regard suffit à nous y emprisonner de nouveau. » La mère d’Adam (17 ans) et de Lauren a choisi la fuite, les laissant avec un père violent, alcoolique, sans amour ni tendresse. Un abandon qui place Adam dans un rôle de protecteur entre Lauren et son père, l’Autre. Mais, parfois, une rencontre peut tout changer, du moins peut-on l’espérer. Sur un quai de gare, Adam croise Eva, la sauve pense-t-il d’un suicide et tombe amoureux d’une fille d’en face, du côté où la misère n’est pas le quotidien. Cette rencontre le bouleverse et le questionne, sur ses origines, son passé, sa famille, son environnement, sa honte d’être là où il est, d’être ce qu’il est, de son avenir tout tracé, « La vie ne fonctionne pas comme ça… le choix n’existe qu’au-delà des rails. ». Pourra-t-il un jour se soulager de ce fardeau ? Adam nous dit tout, mais aussi les bons moments passés avec ses potes, ses rencontres avec Claire une prof qui l’éveillera à la lecture et à la littérature, avec le patron de l’épicerie dans laquelle il travaille depuis l’âge de treize ans et qui sait ses difficultés, avec sa grand-mère qu’il retrouvera après le départ de sa mère, avec Karolina la sœur d’un de ses potes... De beaux sentiments, de beaux moments alternent avec la violence et la brutalité d’un père et d’une société excluant. Une vraie confirmation (après Ceux que je suis) que ce deuxième roman social, d’apprentissage, contrasté, au cœur du déterminisme social mais à hauteur d’homme (ou d'adolescent) et avec sensibilité, réalisme et sensibilité et non dénué d’espoir.
« La chance, mec, ça n'existe pas. Sauf pour ceux qui sont nés dedans et qui n'en font rien. »
« Promets-moi que, quand tu seras grand, personne ne sera invisible à tes yeux. C’est pire que le mépris. Pire que les coups. »
« La jeunesse fait moins peur quand elle respecte la grammaire. »
Fiche #2845
Thème(s) : Littérature française