« C’est bête de croire qu’on a le choix. On nous l’a appris en philo. C’est très libérateur. »
Nell Zink
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Erwan Lahrer le clame d’emblée, voilà le livre qu’il n’aurait jamais pensé écrire ! Erwan Lahrer écoute du rock depuis son adolescence, et sa passion n’a pas faibli, il continue même de porter ces fameuses santiags ! Alors il faisait en effet parti des fans impatients de voir et d’écouter Eagles of Death Metal au Bataclan le 13 novembre 2015. Etonnamment il était seul pour ce concert, il arriva avec ses santiags mais sans son portable pendant la première partie, trouva tranquillement une place pour la suite, observa ceux avec qui il allait partager ces instants lumineux et puis il dut se coucher, s’allonger, fermer les yeux et écouter, l’enfer s’invita dans la salle sous la forme de trois jeunes armés de kalachnikov. Erwan fut blessé, une balle dans les fesses, souffrit, douta souvent, pleura parfois, rencontra un personnel médical attentionné, professionnel et efficace, ressassa évidemment ses instants tragiques et rapidement se posa la question de l’écriture. Ses proches l’incitaient, il restait rétif, car « Tu ne sais pas relater. Relater t’ennuie. Relater t’enferme. » mais « L’époque exige l’autofiction. Traque l’individu entre les lignes de l’auteur. D’après une histoire vraie valorise. Les temps sont au voyeurisme. Or, si un roman n’est pas plus grand que la vie, à quoi bon ? » L’auteur et l’homme étaient aux premières loges, ils ont tous les deux un trou dans les fesses et « ne bandent plus ». Alors que dire ? que conter ? Comment le dire ? sous quelle forme ? L’écrivain s’interroge, l’homme aussi. Ils prennent l’avis de leurs amis, n’ont-ils pas aussi leur mot à dire sur cette soirée ? Qu’ont-ils pensé, ressenti quand ils ont appris la présence d’Erwan au Bataclan, quand ils sont restés de longues heures sans nouvelles, quand ils ont appris ses blessures ? Cette soirée est une expérience individuelle autant que collective, alors il va le faire, ou plutôt, ils vont le faire, nous narrer cette soirée, comme celles qui l’ont précédée et celles qui la suivront. Un récit émouvant, sincère, bouleversant, modeste, non dénué d’humour et d’espoir, et qui nous interroge ; une construction originale et brillante, un rythme soutenu, Erwan Lahrer réussit le tour de force de susciter espoir en relatant ces évènements d’une noirceur absolue, un grand roman bien loin des témoignages basiques et des poncifs habituels qui accompagnent parfois la narration de ces tragédies.
Ecouter la lecture de la première page de "Le livre que je ne voulais pas écrire"Fiche #1998
Thème(s) : Littérature française