« ... une classe c’est la société à petite échelle : il y a les populaires, les différents, et le ventre mou, les sans colonne vertébrale, pas de principes, pas de convictions, ça flotte dans le sens du vent. »
Mathieu Palain
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Astrid est au fond du gouffre. Elle a tout perdu, ses trois amours disparus (le récit nous fera découvrir très progressivement leur histoire), elle reste inerte, sans envie, sans vie. Alors elle part. Elle achète une maison au fond d’une vallée du Mercantour. Elle s’y installe avec quelques cartons renfermant son passé et redécouvre la poésie comme bouée de sauvetage. Elle est seule mais Jibril, Tom, Kamal continuent d’être en elle, de vivre en elle, « myriade de souvenirs, flashs, intonations... » émaillent le récit au gré de ses rencontres, de son quotidien. Loin de cette vallée, la jeune Soraya quitte tout en empruntant le chemin de l’exil avec sa tante Ibtissam. Elle abandonne son pays, la Syrie, les bombes ont eu raison de sa vie, de son quartier, de ses proches. Rapidement, la famille est séparée et elle se retrouve seule avec sa tante. Le chemin est long, ardu et surtout dangereux et la vie qui naît dans son corps et qu’elle abhorre le démontre. Elle atteindra finalement seule, dans le froid et la neige, la France. Astrid sauvera Sorya et l’accueillera, pour ces deux femmes, « ... la vie normale a foutu le camp. », disparu. Sorya reste dans la peur et découvre que les portes de la France ne s’ouvrent pas autant que dans ses rêves. Les deux sœurs de souffrance vont apprendre à se connaître, à s’apprivoiser, à partager et exprimer leurs douleurs, à rompre leur isolement. « Combien de gens ont traversé l’Europe à pied, sans bagage ni argent ? A part les exilés comme elle, les chassés de Syrie, du Mali ou d’Afghanistan ? Pourquoi ceux qui accordent les papiers ne mesurent-ils pas le courage nécessaire ? » A l’heure où la commémoration est devenue un sport national, il est peut-être temps d’accorder les actes aux paroles, de reconnaître les Justes d’aujourd’hui, et donc de soutenir sans retenue les personnes comme Astrid et Cédric Herrou plutôt que de les traîner devant les tribunaux, d’accueillir avec humanité les personnes comme Soraya plutôt que de continuer de les traquer. Ces deux femmes exceptionnelles et rattrapées difficilement par quelques instants fugaces de vie et ce récit poignant débordant d’émotion et d’humanité nous le rappellent douloureusement.
« Où Astrid a-t-elle lu que la colère n’est pas une émotion ? Plutôt un paravent, une illusion derrière laquelle se cache une autre émotion, réelle celle-là – peur, tristesse. »
« Soraya préfère le hasard. Il est capricieux mais innocent, une créature puissante dansant sous le clair de lune. »
Fiche #3225
Thème(s) : Littérature française
« … sans le tricotage patient, adroit, renouvelé du compromis et les ajustements perpétuels, sa vie, celle de tant d’autres femmes seraient tout simplement impossibles. Qui peut se prévaloir d’être totalement entier ? Notre vie à tous est une boiterie permanente… » et Katmé Abbia une femme du Zambuena (pays imaginaire d’Afrique) qui est passée rapidement de l’autorité de sa mère à celle de son mari commence de ressentir puissamment cette boiterie. Elle a en effet abandonné son métier pour devenir une femme « de ». Son époux est en effet préfet. Très ambitieux, seule sa réussite l’obsède et le préoccupe, un homme prêt à tout pour réussir. Elle reste néanmoins extrêmement liée à son ami d’enfance, Samy, son frère, son double, un artiste homosexuel toujours prompt à provoquer le pouvoir et les bien pensants, mais l’art n’est-il pas aussi percutant que dangereux quand il dérange ? Samy est arrêté, artiste maudit homosexuel, la violence va se déchaîner. Un séisme qui va bousculer Katmé, la pousser à réfléchir à sa vie, à ce qu’elle est et à choisir son chemin vers l’émancipation. Un portrait de femme au cœur d’un pays entre richesse et pauvreté absolue, joie et violence, couleur et tristesse, tradition et modernité. Le regard sur la société africaine et les jeux de pouvoir est acéré, un récit vif débordant d’humour et d’ironie cinglante nous entraîne littéralement sur les pas d’une femme qui tombe le masque, tente de tourner le dos au patriarcat et de reprendre enfin sa vie et de la vivre loin des conventions.
Premier roman
« On ne fait pas la révolution quand on mange avec quatre couverts de chaque côté de l’assiette. »
Fiche #2783
Thème(s) : Littérature française
Il sera bientôt père lorsque son propre père parti comme chaque matin sur son bateau de pêche meurt en mer. Pour retrouver son père, il choisit alors de raconter son histoire ou l’histoire de Ar c’hwil, personnage à part entière, son bateau, un coquiller blanc et bleu. Histoire d’un bateau, histoire d’un marin pêcheur, histoire d’un métier mais aussi histoire d’une famille bretonne, des départs, des retours, des absences, beaucoup d’amour, de vie, de joies et de peines... Un métier âpre et dangereux qui, crise après crise, garde néanmoins son attrait, des héros au quotidien : attirance pour la mer, la liberté, les grands espaces, pour une communauté fraternelle qui sait se serrer les coudes et s’entraider et ce marin là le prouvera, sans vantardise, secrètement, juste pour rester cohérent avec ce qu’il est. Son fils le découvrira au fil de son enquête. Un bel hommage à la mer, aux marins et à la Bretagne étoffé par une émouvante relation père-fils, Grégory Nicolas confirme son talent de conteur tenant en haleine le lecteur, le reliant immédiatement à ses personnages sans jamais oublier d'ajouter des embruns d'humour.
Ecouter la lecture de la première page de "Les fils du pêcheur"Fiche #2712
Thème(s) : Littérature française
Ramón, 50 ans, est avocat, donc la parole, l’éloquence sont au cœur de son métier, de sa vie. Ramón vient d’apprendre qu’il est atteint d’un cancer à la langue, « … une décision simple en apparence – vivre ou mourir – mais loin d’être évidente… » autrement dit attendre la mort ou choisir l’opération, une amputation de la langue et la perte de la parole. « Les mutations » s’attache à détailler le bouleversement dans la vie de Ramón et de ses proches suite à cette opération, tant sur le plan physique que sur les plans psychologique, social, financier ou familial… Carmela, sa femme, Paulina, sa fille, et Mateo, son fils, vont apprendre à connaître le nouveau Ramon (« Concentrés sur leurs objectifs scolaires sans pour autant renoncer à leurs hobbies respectifs, la masturbation et le karaoké, ils n'avaient pas remarqué la détresse de leurs parents. »). Il est maintenant accompagné de son perroquet, Benito, qui, lui, parle, et en profite pour proférer insultes, injures et autres propos salaces. Ramón a accepté l’aide d’une psy, Teresa, elle-même atteinte d’un cancer, qui fait tout pour épargner la douleur à ses patients. Il continue de rencontrer son oncologue plus préoccupé par la reconnaissance de ses pairs et sa notoriété que par la guérison de Ramón. Un sujet difficile abordé avec un angle singulier, des personnages hauts en couleur et un humour souvent noir et cinglant.
Premier roman
« Sartre disait que l’enfer, c’est les autres, et il avait raison. Le problème, c’est que parfois, je suis une autre, donc mon propre enfer. »
« La médecine est un métier rudimentaire et en grande partie intuitif, dont on ne peut pas espérer des résultats toujours probants. »
Fiche #2515
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Isabelle Gugnon
Les enfants de ma mère relate le bouleversement de la vie familiale et des femmes d’un milieu aisé de l’après 68. Françoise votera pour la première fois en 81 et pour Mitterrand, « heureuse d’avoir commis une grosse bêtise. » Elle aura deux enfants, puis divorcée, « Elle n’était plus la femme de quelqu’un. Elle deviendrait quelqu’un. » Mais « changer la vie » et devenir quelqu’un n’est pas un long chemin tranquille… Elle ouvrira son appartement parisien à tous, fera ce qu’elle peut avec ses enfants, souvent dépassée, s’occupera des gamins perdus, fracassés par la vie qu’elle accueillera, et en s’occupant du « désordre des autres » délaissera peut-être ses enfants, et notamment Laurent hypnotisé par son ami Victor, prêt à tout avec lui, ressentir le frisson et la tension du danger au détriment de sa liberté… On retrouve avec plaisir le style de Jérôme Chantreau pour un roman emblématique d’une certaine France des années 80.
« L’héroïne, c’est une maison avec un feu de bois, un canapé et une couette. On y entre et on ne veut plus en sortir. Pour quelle raison ? Dehors, tout est froid et difficile. »
« Mais il n’avait de résolution que dans ses rêves. »
Fiche #2257
Thème(s) : Littérature française
« Sous la même étoile » se déroule à New-York, enfin, pas tout à fait… C’est en effet le lieu où Liat et Hilmi, deux trentenaires, vont se rencontrer et s’aimer. Liat est une Israélienne de Tel Aviv tandis que Hilmi est un Palestinien de Ramallah. Ils sont en terrain neutre et tentent d’oublier que cette rencontre ne pourra être qu’éphémère, « une aventure, une île perdue dans le temps ». Liat ne restera que 6 mois à un an alors que Hilmi, artiste peintre amoureux du bleu, est là depuis déjà plusieurs années. Il est le cœur, le rêve, elle est la raison. Ils ont évidemment des idées précises et bien arrêtées sur leurs deux pays, sur leurs futurs. Mais leurs pays leur manquent comme leurs familles et même éloignés, leurs sentiments et comportements en sont encore puissamment influencés. Leur rencontre montre qu’ils sont tous les deux des Moyen-Orientaux donc pas si différents l’un de l’autre, ils aiment leur pays d’où ils contemplent les mêmes étoiles, la même végétation, les mêmes arbres, le soleil… mais malgré tout, ils peinent à échapper aux stéréotypes, aux visions caricaturales l’un de l’autre. Hilmi reste serein, calme et Liat semble toujours ressentir une forme d’agression et en proie à l’énervement. Sans l’avouer ouvertement, il met en évidence chez elle des blocages (« Nous sommes désormais inséparables de vous »), une angoisse de l’autre, une peur de son amour pour Hilmi qui la perturbent intimement. Ils choisiront tous les deux de rentrer, chacun dans leur pays, et se retrouveront aussi proches qu’éloignés. Sur un sujet toujours aussi brûlant, Dorit Rabinyan faisant preuve de finesse et de subtilité le traite avec humanité et équilibre, la haine n’a pas voix au chapitre, et l’amour, la compréhension et l’acceptation de l’autre restent la seule issue dans ce long et épineux chemin vers la paix.
Ecouter la lecture de la première page de "Sous la même étoile"Fiche #2006
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Laurent Cohen
Miguel est un vieux solitaire, à part son chien Ramon, il ne passe guère de temps avec autrui. Alors quand il reçoit une lettre de sa sœur lui annonçant qu’après la mort de son époux, elle a décidé de venir s’installer chez lui, c’en est trop ! Cette fois-ci, il ose, il refuse, il dit non, fuit le danger et préfère s’en aller avec Ramon son fidèle compagnon. Il repart à la source, prend un autobus pour retourner vers Montepalomas son village d’enfance, lieu qu’il n’a plus revu depuis la guerre civile. Tout a changé, les murs comme les âmes. Un barrage et son lac ont remplacé les vieilles pierres mais les souvenirs ne sont pas noyés et remontent à la surface. Il retrouve certains anciens et avec, les vieilles rancœurs, les vieux souvenirs, les vieilles haines… la guerre est finie depuis longtemps mais l’histoire n’est pas encore achevée. Miguel voyage entre passé et présent et les souvenirs sont éprouvants. Son frère assassiné par les Franquistes revient le hanter avec insistance, la guerre qu’il a subie, les délations, la torture, les humiliations, les manipulations de l'histoire, il ne peut avoir oublié et ce retour fait resurgir ces cauchemars. Ce voyage était néanmoins nécessaire pour constater que le passé était bien révolu, que son monde n’existait plus, une page avait été tournée et la vie continuait. A travers le portrait d’un homme simple, d’un homme du peuple, modeste qui s’est trouvé comme beaucoup sur le chemin de l’Histoire, l’a payé cher et jamais ne l’oubliera, Carine Fernandez revient brillamment sur cet épisode tragique de la guerre civile espagnole mais la place à hauteur d’homme et nous permet ainsi de suivre avec émotion le dernier voyage de ce vieil homme libre et indépendant afin qu’il constate que « .. c’est fini, son époque est morte avec ses idéaux, avec ses braves et ses démons. ».
Ecouter la lecture de la première page de "Mille ans après la guerre"Fiche #2004
Thème(s) : Littérature française
La mère d’Albert vient de mourir. Albert rejoint alors avec l’urne funéraire la maison familiale de Mayenne dont ses parents avaient hérité au cœur d’une large forêt. Une affaire de quelques jours, une fois la chanson pour la cérémonie funèbre choisie. Pourtant, Albert retrouve immédiatement les odeurs et les lumières d’antan, les bruits… Finalement, tout le monde repart et Albert se retrouve seul, avec sa mémoire, l’héritage familiale (la forêt est-elle le lieu idéal pour retrouver ses racines ?) et la légende qui l’accompagne, un ermite habiterait les bois. Albert se noie dans ses souvenirs à la recherche de sa mère et dans la forêt, une forêt qui l’appelle et qui peut être aussi bien douce et protectrice que violente et dangereuse, aussi bien fraîche qu’oppressante et avec le risque permanent de s’y perdre. Dans une forêt, la vie s’expose, les naissances et les morts se côtoient à tout instant. Pour les amoureux des contes, des arbres et des forêts qui n’ont pas peur des héritages, « Ce n’est même pas l’amour de la nature. C’est un truc morbide à nous. On est programmé dans cette maison. ». Un premier roman envoûtant illuminé par une écriture souvent poétique.
Premier roman
Fiche #1853
Thème(s) : Littérature française
L’héroïne Aaliya Saleh est une vieille Libanaise (« J’ai atteint l’âge où la vie est devenue une série de défaites acceptées. ») qui habite Beyrouth, ville belle et désespérée, qui continue de vivre malgré les tragédies qui s’y déroulent depuis si longtemps, « l’Elizabeth Taylor des villes : démente, magnifique, vulgaire, croulante, vieillissante et toujours chargée de drames. Elle épousera n’importe quel prétendant énamouré lui promettant une vie plus confortable, aussi mal choisi soit-il ». Elle, comme ses habitants, résiste, plie, mais ne rompt pas, et vole quelques instants d’apaisement. Aaliya Saleh, dans sa solitude qu’elle apprécie, en fait de même dans son appartement, son petit cocon protecteur. Elle a été libraire pendant cinquante ans mais a surtout passé sa vie sans que quiconque ne s’en doute, à traduire les auteurs étrangers qu’elle adore et ils sont nombreux ! « Les vies de papier » parcourt sa vie personnelle gouvernée par son caractère entier, ses passions absolues pour la littérature et la musique, « Je me suis glissée dans l’art pour échapper à la vie. Je me suis enfuie en littérature. », sa solitude malgré son mari, « l’insecte impuissant », et sa rencontre avec ses voisines, ces « trois sorcières », qui l’aideront à prendre du recul et gagner en sérénité. Roman dense et riche sans être pédant qui constitue un remarquable et magnifique hommage aux livres, à la littérature et à Beyrouth accompagné d’un portrait attachant d’une vieille femme libanaise libre et de caractère.
« Nulle nostalgie n’est vécue avec autant d’intensité que la nostalgie de ce qui n’a pas eu lieu. »
« Quiconque prétend que le stylo est plus fort que l’épée ne s’est jamais retrouvé nez à nez avec un pistolet. »
« Essayer de connaître un autre être humain me semble aussi impossible, et aussi ridicule, qu’essayer d’attraper l’ombre d’une hirondelle. »
Fiche #1842
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Nicolas Richard
Diane Peylin avec « Même les pêcheurs ont le mal de mer » nous plonge dans une saga familiale sous l’angle des hommes de la famille Oroczo. Trois générations d’hommes et une malédiction frappant leurs femmes. Valente, le père, Rafa, le grand-père, et Salvi le fils, « un Oroczo d’occasion ». Les trois nous donnent leur vision, leur quête, leurs relations aux autres, aux femmes, à la mer et au vent, à la pêche. Une famille rude à la tâche et rude aux sentiments (« … chez les Oroczo, câliner c’est aussi écraser. »). Ils avouent leurs sentiments comme leurs ressentiments, leurs désirs, les non-dits et mensonges, leur rancœur, les colères et regrets… Au cœur de ce triple récit s’impose la figure du père, celle qu’ils chercheront tous les trois, souvent en vain et le secret qui sans signe apparent s’immisce et innocule son poison innocemment...
« Mon père ne m’a jamais donné de coup, pourtant, plus d’une fois il m’a mis à terre. »
Fiche #1807
Thème(s) : Littérature française
Sheldon Horowitz, vieux Juif ronchon de 82 ans ("Ca signifie... il est juif, ce n'est pas un barjo banal."), ancien marine, a quitté les Etats-Unis pour vivre en Norvège aux côtés de sa petite-fille Rhéa et de son compagnon. Pourtant ses morts et sa culpabilité l’ont accompagné dans ce dernier périple, les morts qu’il n’a pas su éviter, les morts qui l’ont quitté, la mort qu’il a donnée ou provoquée ("J'ai tué mon fils, Bill. Il est mort parce qu'il m'aimait"), les guerres… Il s’installe dans un pays étrange, qu’il ne connaît pas et lorsque sa voisine se fait violenter par son compagnon, il ouvre sa porte et l’accueille accompagnée de son fils. Il assiste avec ce petit garçon à son assassinat, encore un mort… Mais il décide immédiatement de protéger ce petit, qui ne lui parle pas, qui ne sourit pas. Une cavale folle suivie par ses morts, toujours présents, qu’il interpelle et questionne, pleine de rebondissements, de dangers comme de moments loufoques ou de tendresse bourrue, mais sa volonté, cette fois, est indéfectible, il ne quittera pas le gamin. Avec comme toile de fond la Norvège contemporaine, le récit oscille entre passé et présent, entre rêve et réalité et offre les différents points de vue des divers personnages gravitant autour de Sheldon. Encore un vieux bourru particulièrement attachant !
"Quel idiot j'ai été de m'être cru capable de faire quelque chose. De m'être cru capable de prouver que j'étais plus fort que mon destin. C'est ce qui a tué mon fils. J'ai feint d'être un homme d'action, mais je ne suis qu'un rêveur."
Fiche #1312
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Sylvie Schneiter
Monsieur Y. est un tueur à gages, très consciencieux, depuis un an et deux mois, il suit Eduardo Blaisten sa prochaine cible. Monsieur Y. est entravé dans son travail par sa malchance mais surtout par une maladie, ou plutôt par des maladies. Hypochondriaque extrême qui reconnaît sa « relation complexe avec les médecins… 9000 fois plus dangereux qu’une arme à feu », il est atteint d’une multitude de maladies souvent imaginaires mais toujours inquiétantes et observant les nouveaux symptômes, il s’attend au pire chaque soir ! Pourtant Monsieur Y. ne s’en laisse pas conter, c’est « un homme de devoir kantien », et tout en accomplissant sa tâche avec application, sa culture lui permet d’évoquer tous les grands malades et hypocondriaques de la littérature, et le choix est immense, Proust, Molière, Poe, Voltaire, Tolstoï… Dans cette traque de la vie et de la mort, un premier roman qui oscille entre le noir et l’absurde et surtout toujours réjouissant.
Premier roman
Fiche #1255
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Catalina Salazar
Ismet s’est installé aux Etats-Unis, en Californie. Mais il demeure encore en Bosnie ("Une face (A)méricaine et une face (B)osniaque."), pour toujours et n’oublie pas la guerre ("Je compris que celui qui allait se lever pour monter dans l'avion à destination de Los angeles serait un homme en route pour son avenir, tandis qu'un certain Ismet de dix-huit ans resterait dans une ville assiégée, prisonnier d'une guerre sans fin."). Son récit tant dans sa forme que dans son contenu le démontre. Cet exil ("...les régimes se succèdent, aucun ne dure, mais tous poussent à la fuite.") restera douloureux, mais il saura nous le livrer avec humour et fougue. Il revient sur sa rencontre à Zagreb avec Asmir, ce fou, qui lui ouvre un peu involontairement les portes du théâtre et d’une autre vie, loin des cigarettes de sa mère mais surtout lui donne les clés pour rejoindre la Californie. Un texte rythmé à la structure inventive sur la guerre, l'exil mais aussi dans ce cadre, le long chemin d'un jeune vers le monde adulte.
Ecouter la lecture de la première page de "California Dream"Fiche #1227
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Karine Reignier-Guerre
- Pavlenko - Lewat - Nicolas - Comensal - Chantreau - Rabinyan - Fernandez - Chantreau - Alameddine - Peylin - Miller - Munoz Rengel - Prcic