« Le silence sauvera le monde. »
Audur Ava Olafsdottir
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Le bruit de nos pas perdus
La Manufacture de Livres
19 | 290 pages | 04-08-2024 | 18.9€
Belles retrouvailles avec la Brigade Criminelle de Versailles et la fine équipe du commandant Cérisol : Grospierres, aussi affûté pour le taekwondo que pour les enquêtes, Nicodemo, vieux portugais ronchon et ami protecteur de Cérisol. L’équipe s’est enrichie d’une femme au nom imprononçable notamment pour Cérisol, Krzyzaniak, une femme au caractère bien trempé qui va trouver sa place dans l'équipe. Cérisol est toujours aussi amoureux de sa femme Sylvia, aveugle, kinésithérapeute et sportive de haut niveau, partie pour une compétition au Japon et qui tarde à donner des nouvelles. Inquiet, Cérisol a en outre deux enquêtes à gérer en parallèle : le corps d’un inconnu a été retrouvé dans une tombe versaillaise et une jeune femme qui semblait heureuse, débordant de projets, semble s’être suicidée sans raison. Deux intrigues rondement menées accompagnées des trajectoires personnelles de l’équipe bien ancrées dans les problématiques de notre société, une équipe attachante, un commandant emblématique débordant d’humanité et des réflexions sociales, sociétales voire politiques qui font tilt.
« Mais la vie s’accroche malgré eux aux humains qu’elle malmène... »
Fiche #3217
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Justin MORIN
On n'est plus des gens normaux
La Manufacture de Livres
18 | 250 pages | 31-07-2024 | 16.9€
Justin Morin, journaliste, a couvert le procès de P. qui en 2017 a délibérément foncé sur la terrasse d’une pizzéria : des dizaines de blessés et une morte, Angela, 13 ans. Justin Morin devient romancier pour nous rendre compte du procès et surtout nous placer au cœur de la famille, qui, en un instant, est violemment expulsée de la normalité, une seconde et tout change : une famille unie et aimante, une famille percutée, traumatisée, blessée, torturée, amputée, pulvérisée. Comment survivre ? Chacun endosse ses propres blessures physiques et psychologiques mais aussi celles des autres membres de la famille. Pour retracer le parcours de P., Justin Morin imagine sa relation avec sa sœur Lisa consciente de ses dérives mais impuissante à le sauver. Un texte bouleversant pour tenter d’appréhender l’immense peine familiale après l’assassinat de l’un d’eux.
Premier roman
Fiche #3207
Thème(s) : Littérature française
Après « Le grand soir », Gwenaël Bulteau reste en 1900 mais s’éloigne de la métropole et nous plonge dans l’Algérie (française) de l’époque. Une immersion entre Algérie et Afrique noire, entre Algérie et France, une plongée dans Alger où l’antisémitisme croît et a maintenant pignon sur rue. Le lieutenant Koestler œuvre dans ce marasme pour une double enquête. La première s’occupe des encaisseurs, ils représentent les banques et collectent auprès des commerçants de l’argent. Depuis quelques temps, ils sont la cible de certains et meurent ou sont mutilés avant que l'argent ne s'envole dans le labyrinthe des rues d'Alger. Dans le même temps, la maison cossue des Wandell, une riche famille implantée sur les hauteurs d’Alger est le théâtre d’un massacre, six meurtres, maîtres et domestiques sont retrouvés assassinés. Koestler, enquêteur droit et fin limier, va devoir la jouer fine dans une atmosphère pesante entre antisémitisme et colonialisme et ce la passera aussi par la révélation du lourd et violent passé militaire de certains… Pour couronner le tout, il est troublé par ses retrouvailles avec une ancienne connaissance Catherine Hoffman, un nom que certains pensent plus juif qu’alsacien… Gwenaël Bulteau confirme à nouveau son talent pour nous plonger dans les quotidiens de tout un chacun au cœur de périodes historiques marquantes.
Ecouter la lecture de la première page de "Malheur aux vaincus"Fiche #3184
Thème(s) : Littérature française
Arnaud FRIEDMANN
L'invention d'un père
La Manufacture de Livres
16 | 225 pages | 21-04-2024 | 17.9€
en stockUne rencontre fortuite, et une vie de couple qui s’ouvre. C’était une évidence, il se confia immédiatement à Nathalie, elle sut tout de lui, « Je ne lui ai rien dissimulé de mon peu de capacité à vivre une vie d’adulte. J’ai pensé qu’elle me sauverait. ». Alors le jour où elle lui annonce qu’elle est enceinte, il feint de se préparer à être père. Mais incapable d’accueillir son enfant, une peur incontrôlable, quelques jours avant l’accouchement, quelques jours avant noël, il s’éloigne d’abord pour quelques heures, puis finalement fuit définitivement. Un texto lui annoncera la naissance de sa fille, Béatrice. Quelques semaines de vagabondage, une grosse fatigue, une consultation et le couperet médical tombe : maladie fulgurante, il ne lui reste que quelques mois à vivre. Cette fois, le pas est franchi : ce sera quelques mois pour être père et il ne mourra pas à l’hôpital, même aux côtés d’Angélique une infirmière attentionnée. Impossible de réintégrer l’appartement familial, de partager ses derniers moments avec Nathalie, alors il enlève Béatrice et part retrouver la cabane de son enfance où il s’était promis de revenir, une cabane sale, bringuebalante, isolée au cœur de la nature. Il se cache, se découvre père en observant Béatrice, ses sourires, son rire, son regard, ses gestes, en touchant, en caressant sa peau… Béatrice semble aussi le découvrir. Ils s’apprivoisent. Vivre le maintenant avec sa fille, « sauver quelques moments avant de disparaître ». Tant que c’est encore possible. Le mal et la fatigue en effet s’accroissent, les hallucinations apparaissent mais « S’il n’était pas en train de crever, une liberté absolue. » et il doit tenir, pour faire durer ce moment, pour Béatrice, pour lui qui choisit de lui écrire une lettre, confidences, retour sur le passé, pour qu’elle connaisse ce père qui lui a tourné le dos et a peut-être commis le pire. Elle la (re)lira avec nous à trente-trois ans. Un roman noir et tendre, souvent bouleversant, le portrait d’un homme perdu, prisonnier de sa sensibilité et de son passé, rarement à sa place et Arnaud Friedman nous le dévoile avec talent et presque discrètement, en tous cas très progressivement et sans jugement. Arnaud Friedman excelle pour troubler voire inquiéter le lecteur.
Ecouter la lecture de la première page de "L'invention d'un père"Fiche #3164
Thème(s) : Littérature française
Sophie Cauchy pose ses valises à Millau loin de la banlieue parisienne : elle la quitte mais c’est surtout David, son mari, dont elle s’éloigne. Relation toxique, emprise, isolement, l’homme devenait dangereux. Elle doit tout reconstruire, se reconstruire dans ces petites brigade et bourgade. Elle est rapidement mise à l’épreuve quand elle accueille les parents d’une jeune fille de 22 ans venus signaler la disparition inquiétante de leur fille. Oui, elle vivait à la marge, oui, c’était une zadiste, mais jamais elle n’a coupé le contact et c’est donc en effet un silence alarmant. Elle était venue sur les Causses rejoindre une communauté vivant à l’écart, cultivant, élevant, travaillant, avec ses règles, ses envies, ses convictions. Des gens différents donc inquiétants et bouc émissaire parfait… Les enfants fréquentent les établissements scolaires, et parmi eux, Estéban, souffre douleur du collège, a comme seule amie, Cassandra, une jeune placée dans une famille d’accueil. Sophie Cauchy, tout en découvrant cette belle région parfois sauvage et ses habitants, va devoir faire preuve de diplomatie et de psychologie pour à la fois trouver sa place dans son nouvel environnement, franchir les portes de cette communauté et démasquer les loups toujours à l’affût. Une belle palette de personnages, les conséquences d’une relation toxique, le danger et le mal inquiétants qui rôdent, une région superbe, les ingrédients parfaits pour un roman qu’on ne lâche pas.
« Il est étonnant de voir à quel point on bâtit soi-même les murs qui nous enferment. »
« Maintenant, j’ai l’impression qu’on leur donne tout, aux gosses, mais pas l’essentiel : on ne leur donne pas de futur. »
« Une fois que les loups s’approchent du troupeau, il faut être prêt à perdre une bête, perdre ses nuits de sommeil… sacrifier quelque chose. Ca s’appelle faire la part du loup. »
Fiche #3150
Thème(s) : Littérature française
Un accident nucléaire et il faut partir, évacuer, abandonner. Certains choisissent délibérément de rester : « Nous ne nous ressemblons pas. Bien sûr, pour les autres, ceux hors zone, nous sommes les mêmes. Mais c’est faux. Nos raisons, nos trajectoires sont différentes. Seules nos perspectives tendent peut-être à se rapprocher, à se fondre dans une même inconnue. ». Parmi eux, se trouvent Sarah et Fred (leur petite fille est enterrée dans le village), Lorna et Marc (quoi de mieux pour se retirer du monde), Alessandro. Laurent Petitmangin nous place au plus près de ses personnages, de leurs préoccupations, de leurs questionnements, de leurs doutes, de leur espace de vie, de la nature qui les entoure, et des relations et amitiés qui se nouent dans ce cadre particulier. La vie continue, bouleversée, peut-être plus de liberté mais aussi plus de contraintes, une vie sans horizon (« Pense aux tranchées, mec. On est dans une putain de tranchée. On est comme eux. On sait que c’est désormais là que ça se passe. On sait qu’on va se faire dégommer, qu’on sorte, qu’on reste, mais c’est trop tard pour faire quoi que ce soit d’autre. »), dans le dénuement (l’opulence, la consommation à outrance, c’est terminé), un retour douloureux à l’essentiel. La vie continue et un enfant va naître, une naissance qui va remettre en cause les choix de certains qui paraissaient irréversibles. Laurent Petitmangin (et son style qui nous met littéralement en apnée) déploie une nouvelle fois toute son humanité pour décrire les relations humaines cette fois sous contrainte d’une catastrophe nucléaire, des humains qui retrouvent une place moins hégémonique dans une nature en souffrance payant la prétention des hommes.
Ecouter la lecture de la première page de "Les terres animales"Fiche #3061
Thème(s) : Littérature française
Niki Delage était une brillante avocate, parcours irréprochable suscitant l’admiration de tous : ascension sociale exemplaire, fille d’un ouvrier héros de l’indépendance algérienne, elle n’avait de cesse de prendre la défense des pauvres et des exclus ce qui lui valut son surnom Mère Nikki. Jusqu’au jour où tout s’écroule : elle a menti sur ses origines, elle est la fille unique d’une famille de la bonne bourgeoisie bordelaise. Immédiatement, sans procès, elle est bannie et se retrouve seule et isolée. Deux femmes, Jeanne et Luce, vont forcer la porte de la maison dans laquelle elle s’est retirée avec Fanny une femme qui l’a connue enfant et continue de la protéger. Elles veulent fouiller, interroger, analyser pour produire un documentaire sur Nikki au-delà des jugements immédiats et péremptoires, mettre à jour la vérité de cette femme. Ecorchée, Jeanne et Luce vont devoir faire preuve de prudence pour l’approcher, gagner sa confiance et faire baisser la tension et les inquiétudes accompagnant leur installation dans cette maison. Des personnages denses et attachants pour aborder le mensonge et la vérité au coeur de chaque vie mais aussi l’identité de chacun.
« Prendre conscience que le monde tourne aussi sans vous, c’est comme assister à son propre enterrement… »
Fiche #3039
Thème(s) : Littérature française
Entre roman historique, social et polar, « Le grand soir » nous ramène à le Belle Epoque au moment de l’enterrement de Louise Michel en 1905 à Paris. Le monde ouvrier est en émoi et pleure la Louve, son icône. Parmi eux, Jeanne Desroselles, une jeune héritière qui a rompu avec sa famille et la grande bourgeoisie pour suivre ses idéaux et rejoindre le peuple. Sa famille l’a évidemment très mal vécu. Et Jeanne va disparaître, littéralement volatilisée. L’enquête de police complétée par une enquête familiale échoue, il est vrai qu’elle a d’autres préoccupations : les mouvements ouvriers, grèves, manifestations se multiplient, la manifestation du 1er mai s’annonce comme un grand tournant, « le Grand Soir » est espéré par beaucoup. Dans le même temps, Lucie, la cousine de Jeanne, s’installe à Paris accueillie par les parents de Jeanne ; refusant de rester sans nouvelles de Jeanne, elle va mener sa propre enquête et découvrir un monde qu’il lui était inconnu, notamment un puissant engagement féministe violemment réprimé. Une aventure humaine au cœur de notre histoire incarnée par des personnages crédibles et particulièrement réalistes et réussis, une réalité et une misère sociale décrites avec précision, du suspense, de vraies surprises et rebondissements, « Le Grand Soir » à défaut de le vivre, lisons le !
Ecouter la lecture de la première page de "Le grand soir"Fiche #2940
Thème(s) : Littérature française
Clarisse a quatorze ans, collégienne rebelle, ses relations notamment avec les adultes, avec l’autorité sont compliquées et l’étouffent. Elle se sent constamment agressée et, aussi forte que fragile, elle est bien décidée à répondre. Elle en veut à tous : aux adultes, aux profs, à ses parents, au collège, à la société : « Contre l’ennui, contre l’autorité, contre les autres, et alors que le combat s’intensifiait grandissait la conviction qu’il me faudrait trouver rapidement un moyen de m’y soustraire. Très tôt, donc, j’ai rêve à mon évasion. » Alors elle cherche l’issue et la fugue en est une. Elle fuit avec Tony pour le Portugal, une belle relation douce et tendre en miroir de la noirceur de leur vie, mais ce ne sera qu’un fugace épisode, la vie et les autres les rattraperont. Portrait émouvant d’une jeune collégienne devenue trop vite adulte sur le chemin chaotique de l’apaisement.
Ecouter la lecture de la première page de "Les rêves échoués"Fiche #2853
Thème(s) : Littérature française
Ils sont amis depuis l’enfance, même collège, même quartier, même CROUS, même pôle emploi, mêmes rêves inaccessibles, ils n’ont pas choisi. Gamin, Matthieu oscille entre deux mondes, les rebeus et les bourges mais ces bourges, il ne veut « pas leur ressembler.. faire partie de leur monde. Le monde de ceux qui croient accéder à leur position sociale parce qu’ils seraient plus intelligents, plus brillants, ou parce qu’ils auraient davantage travaillé que les autres. » Matthieu est journaliste, cours de pige en pige, de petit boulot en petit boulot. Farid sort de prison et passe de combine en combine, voire de trafic en trafic. Ils ne se jugent pas, ne généralisent pas, ils sont potes. Matthieu espère que sa seule issue est l’écriture. Alors un portrait de Farid, de sa vie aventureuse et en marge pourrait lui permettre de sortir de son triste quotidien. Les deux amis partent pour Malaga sur les traces de Farid, de ses trafics, de son histoire, propice à une confession avant passage à l’écriture. Deux amis pour nous parler dans la langue et le rythme du cru d’une partie contemporaine de la société qui se débat dans les difficultés du quotidien choisissant parfois l’illégalité pour tenter de s’en extraire.
Premier roman
Fiche #2786
Thème(s) : Littérature française
A l’issue de la seconde guerre, Gerd, le narrateur principal, se retrouve à Berlin et navigue entre l’ouest et l’est. Il a résisté aux idées fascistes et continue de croire en son idéal communiste. Néanmoins, il n’écarte pas les doutes d’un revers de main lorsqu’ils l’assaillent. En effet, Gerd vit entre deux mondes, l’est et l’ouest, entre deux femmes Käthe et Liz. Les deux femmes sont engagées, débordantes de convictions, mais les deux mondes auxquels elles croient et espèrent sont bien différents. Deux espionnes déterminées au service de leurs convictions. J’ai deux amours et Berlin : Käthe, son amour à Berlin Est, s’engage corps et âme dans un programme éducatif très directif et encadré pour une future élite allemande au service de l’état (programme Spitzweiler finalement guère éloigné des Lebensborn). Liz, à Berlin Ouest, est une architecte américaine venue pour participer à la reconstruction de Berlin mais avec ses valeurs occidentales. Gerd restera tiraillé entre ces deux femmes, ces deux mondes. Il a besoin des deux. Comme dans « Ce qu’il faut de nuit », Laurent Petitmangin manie avec sensibilité les sentiments et les relations humaines au cœur d’engagements politiques forts et nous offre le portrait d’un homme attachant gérant ses doutes et ses contradictions face à ses convictions.
Ecouter la lecture de la première page de "Ainsi Berlin"Fiche #2779
Thème(s) : Littérature française
Retour dans le passé ! En l’espace d’une vie, notre société a subi de profondes mutations : internet, les téléphones portables, les réseaux sociaux, la mondialisation totale, un pangolin pète en Chine et l’odeur arrive le lendemain à Paris, précarisation... Alors « Le fils du professeur » fait aussi office de témoignage historique puisqu’il relate l’enfance et l’adolescence dans les années 60 et 70 d’un p’tit gars né à Tizi Ouzou, fils d’un professeur d’histoire strict et bien droit, et d’une mère au foyer. Doté d’un QI exceptionnel, il va avoir quelques difficultés à s’adapter au monde, à l’école... Mais le gamin n’est pas à classer dans le camp des garnements agaçants, il est attachant, attendrissant, débordant d’humour, de naïveté, de franchise, de finesse comme de questionnements. Le récit décrit tous les faits anodins qui définissent nos vies (le flipper, le foot, le départ en vacances en 2CV, Pilote, écouter un vinyl, l’arrivée d’un petit frère, l'éducation, l’école, le lycée mixte...) et notre société tout en rappelant au passage les principaux évènements historiques de cette époque, aucun jugement, aucun remord, pas de mélancolie, juste une description tendre et joyeuse d’une époque révolue. De la naissance à la découverte de l’amour, un portrait réaliste et gai d’un gamin au caractère bien trempé et d’une décennie française.
Ecouter la lecture de la première page de "Le fils du professeur"Fiche #2719
Thème(s) : Littérature française
Elisabeth et Stéphane sont déjà un vieux couple parisien. Le couple a vacillé quand Stéphane a eu une aventure avec la belle Carla, mais ils ont su se retrouver ou du moins essaient-ils de s’en convaincre. Alors, ils décident, au grand dam de leur fille Maëva, de prendre un nouveau départ, déménager en banlieue, au cœur d’une campagne éloignée de Paris. Retrouver le chemin du bonheur, de la complicité. Ils oublient seulement de parler, de se confier, continuent de cacher leurs sentiments et émotions, alors ils peineront à combler leur éloignement et les obstacles se dévoileront rapidement… Stéphane prendra chaque jour le RER et Elisabeth renouera avec la peinture avant peut-être de retravailler. Pour Maëva, les premiers contacts avec le collège sont compliqués à l’image de son comportement avec le collégien handicapé de sa classe... Chacun va devoir trouver ses marques et le chemin sera chaotique, les corps vont s’animer, se découvrir et se redécouvrir, se toucher, s’esquiver, dans la violence parfois, ou dans l’extrême douceur et la sensualité. Maëva et Elisabeth, sans le savoir, s’éloignent en même temps de la cellule familiale en tenant la main aimante d’un autre. Le bonheur est-il encore possible ? La famille et le poids du quotidien le permettront-ils ? Un premier roman (abordant une multitude de thèmes au cœur de nos vies) qui débute avec un soleil accueillant semblant encore prêt à éclairer le destin d’une famille mais qui finit en un violent éclair, dans une tempête subite, aussi explosive que dévastatrice.
Premier roman
Fiche #2623
Thème(s) : Littérature française
Une famille du 54 (pourtant supportrice du Football Club de Metz) au quotidien simple et heureux. Mais la moman disparaît et le père reste seul avec ses deux fils, Fus et Gillou, Gillou et Fus, tant il les aime tous les deux, sans différence. Un père aimant et attentionné qui aime partager des moments d’intimité avec ses garçons, en silence dans la complicité, notamment autour de leur passion pour le foot et les matchs du dimanche de Fus. Il milite pour le PS depuis toujours, et les gamins le suivent souvent, lors des réunions de la cellule (même si aujourd'hui cela se résume à un goûter entre quelques-uns) ou les distributions de tract. Il pense que les valeurs qui lui sont chères ont été transmises, comme ça, simplement, dans les petits actes et comportements du quotidien, sans beaucoup de paroles. Mais le hasard des rencontres, l’adolescence, et Fus va suivre un autre chemin, dériver. Gravement. Violemment. Alors que l’avenir s’ouvre pour Gillou qui entame de hautes études, le trio se voit ébranler, bouleverser en un instant. Terrible basculement. Fus s’est-il éloigné définitivement de sa famille ? Mais l’amour restera présent au cœur de la tempête. Il faudra simplement que le père dépasse sa pudeur, s’en rende compte, l’accepte, le prouve, et enfin l’exprime lui qui n'a jamais trop su comment communiquer avec ses deux enfants. Un premier roman fort, prenant, bouleversant, social, politique, familial, intime, une tragédie d’amour.
Premier roman
« Que toutes nos vies, malgré leur incroyable linéarité de façade, n’étaient qu’accidents, hasards, croisements et rendez-vous manqués. Nos vies étaient remplies de foultitude de riens, qui selon leur agencement nous feraient rois du monde ou taulards. »
Fiche #2569
Thème(s) : Littérature française
Matthieu Fabas est écroué en prison pour de longues années. Il a commis un crime homophobe même s’il nie l’être : « J’ai tué un homme dans le but que mon père m’admire. Mais ça n’a pas suffi. Ca ne suffira jamais. Je n’en ferai jamais assez pour devenir qui que ce soit, quoi que ce soit à ses yeux. » Son père n’appréciait pas les homos, son père pensait que son fils était peut-être homo, alors Matthieu tua, massacra un homo du quartier. Pour son père, un motard, un homme, un vrai (que cache-t-il pour le clamer si haut ?). Pour enfin qu’il le regarde, qu’il le considère, et utopie ultime, peut-être qu’il l’aime. Mais même dans cet acte, son père le rejettera. En prison, seul moment de libération, un atelier d’écriture dont nous partageons les séances. L’écrivain le remarque, le complimente, l’incite à écrire son histoire, à parler de lui et de son père. Benoît Séverac en profite pour nous parler avec justesse de l’écriture et de « l’acte de création ». Matthieu l’apprécie et est sensible à l’attention que lui porte cet écrivain qui lui conseille de confronter son père à ses responsabilités lorsque, enfin, il sortira de prison. Se confier semble le soulager, le mener vers une nouvelle vie, sans vengeance ni haine. Hélas, le lendemain de sa libération, son père est retrouvé assassiné malgré une mise en scène improbable de suicide. L’inspecteur Cérisol et son équipe enquête sérieusement malgré les doutes immédiats pesant sur Matthias : coupable idéal, sa haine pour son père était au coeur de ses écrits en prison, pour se reconstruire ne devait-il pas tuer le père, retour à la case départ, Matthieu retrouve la prison. Une évidence peut-être un peu trop prononcée ? Une enquête un peu trop rapide ? Coupable ? S’il n’est pas coupable, qui pourrait le sortir de là ? A partir des dégâts d’une relation père-fils avortée, Benoît Séverac, en jouant avec les évidences, construit une intrigue policière captivante autour de personnages ayant tous une part d’humanité mais aussi des failles, des doutes voire une noirceur ce qui les rend à l’évidence attachant et surtout permet à l’auteur d’évoquer concrètement et avec réalisme une série de problématiques au cœur de notre société.
Ecouter la lecture de la première page de "Tuer le fils"Fiche #2540
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Rose est l’aînée de trois sœurs. Fin XIXème, elles partagent avec leur mère et leur père, un quotidien ardu, pauvre. Vie si compliquée, que le père décide de vendre Rose, de la confier à un homme riche qui la prendra à ses services. Il le fait la mort dans l’âme et en cachette de son épouse et de ses filles. Rose s’installe dans sa nouvelle vie, une belle, riche et grande demeure, un homme, maître des forges, et sa mère l’accueillant froidement. Des tâches précises, des ordres directs, jamais aucun compliment, toujours des reproches et des critiques. L’épouse vit recluse dans sa chambre, personne ne la voit, seul un médecin passe périodiquement la soigner. Une ambiance lourde et étrange. Seul Edmond, sorte d’homme à tout faire, semble différent et d’ailleurs la met en garde rapidement contre ses maîtres. Que lui veulent-ils exactement ? Pourquoi l’ont-ils achetée, mais à cet époque, chacun sait qu’un homme, une femme peuvent appartenir à un autre homme. Totalement. Définitivement. Sans condition, « … chacun doit rester à sa place, l’huile surnage toujours au-dessus de l’eau, ainsi va le monde, tu comprends. » Et Rose va l’éprouver. Dans sa chair. Dans son âme. Puissant, âpre, sombre et lumineux à la fois, profond, émouvant et addictif avec une construction habile et maîtrisée, une écriture et un style magnétiques, une lecture obligatoire pour tous les amoureux de la littérature.
« Les mots … ils sont des habits de tous les jours, qui s’endimanchent parfois, afin de masquer la géographie profonde et intime des peaux ; les mots, une invention des hommes pour mesurer le monde. »
« Parce qu’être lâche, c’est pas forcément reculer, ça peut simplement consister à faire un pas de côté pour plus rien voir de ce qui dérange. »
« C’est tout le problème des bonnes gens, ils savent pas quoi faire du malheur des autres. S’ils pouvaient en prendre un bout en douce, ils le feraient, mas ça fonctionne pas comme ça, personne peut attraper le malheur de quelqu’un, même pas un bout… »
« Nous n’avons rien à espérer du passé. Ce sont les hommes seuls qui ont eu l’audace d’inventer le temps, d’en faire des cloisons pour leur vie. Pas un seul ne peut vivre assez longtemps pour se croire exister, pas un seul n’est en mesure de saisir la vie quand elle le traverse… »
Fiche #2541
Thème(s) : Littérature française
Karl est vraiment dans la panade ! Pour preuve, son retour sur les terres de son enfance. Retrouver la ferme familiale, le Doc, son père, sa mère partie dans un autre monde virtuel et médicamenteux, et son frère Pierre l’Indien. Il les a quittés, jeune, vingt ans plus tôt, pour partir à l’aventure, vers l’ouest, vers la mer, la liberté. Depuis il est à Limoges, a eu une petite fille qui a cinq ans, qu’il adore mais qui ne parle pas et est séparé de sa mère. Il vivote et des dettes colossales de jeu le contraignent à prendre le large mais pas sur un bateau, à soixante cinq kilomètres de Limoges, au cœur d’une nature où les bêtes sauvages restent nombreuses et chassées. Il retrouve le village intact. Tout le monde est resté là avec ses rêves et ses secrets, le bonheur n’a jamais franchi leurs portes. Les relations dans la famille restent intactes et personne ne s’attendait à son retour alors qui sera prêt à l’aider ? « Il faut bien que les choses se soient passées d’une certaine façon », le récit tendu avec une violence sous-jacente permanente tient en haleine par le mystère qui l’entoure, par sa construction mais aussi par l’écriture singulière et percutante. Noir et sauvage.
Ecouter la lecture de la première page de "Clouer l'ouest"Fiche #2377
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Le 2 décembre 2018, le Panthéon accueille un nouvel hôte illustre : le plus jeune président de la République française, Emmanuel Macron. Fastes, grands discours, émotion, le pays voire le monde suit cette cérémonie, un nouveau JFK rejoint l’histoire. Emmanuel Macron a été assassiné, empoisonné par un morceau de chocolat débordant de strychnine. La revendication de l’Etat Islamique tombe presque immédiatement et l’auteur est vite retrouvé, un bon petit français qui a rejoint le camp d’Allah. Affaire résolue, tout le monde y trouve son compte... Enfin, presque... « Tuer Jupiter » montre qu’il ne faut parfois pas se satisfaire des évidences et reprend minutieusement la chronologie des évènements, telle une enquête journalistique, ouvre les portes fermées, tire les rideaux clos, et nous plonge au cœur de la géopolitique mondiale où tous les coups à l’extérieur de son pays sont permis pour en tirer profit en son sein.
Ecouter la lecture de la première page de "Tuer Jupiter"Fiche #2188
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Jérôme Leroy continue sa chronique d’une société pas si lointaine de la notre, accompagnant le Bloc maintenant arrivé au pouvoir et dont les idées extrêmes ont largement imbibé la population. Dans une grande ville de l’ouest, les effets « des désordres géopolitiques lointains importés dans cette grande ville portuaire de l’ouest » (mais pas que) commencent de poindre le bout de leur kalachnikov… Un indic convoque un flic pour lui faire part d’une nouvelle gravissime, le flic arrive trop tard avant d’être également tué, par erreur, par ses collègues, du grand art ! La ville tremble, un coup se prépare mais où ? Dans le même temps, au lycée, Flavien Dubourg, professeur au lycée professionnel et technique Charles Tillon, se fait une joie de recevoir Alizé Lavaux, une auteur venue dialoguer ou tenter de dialoguer autour de son dernier roman avec sa classe particulièrement remuante à l’exception de Stacy Billon, silencieuse, absente, le regard vide. Hélas, dès l’arrivée d’Alizé dans ce contexte tendu la rencontre part en vrille… Une journée terrible décrite tel un journal télévisé, une journée qui ne se passe comme prévu dont l’issue si proche de notre quotidien surprend néanmoins… Si réaliste et si désespérant ! Et pourtant l’humour noir, le ton, parfois la moquerie mais surtout la plume de Jérôme Leroy réussissent à nous faire sourire, grand exploit !
« … la petite Gauloise était le mal, le néant mais l’Imam avait dit que le Djihad pouvait utiliser le mal pour arriver à ses fins. »
Fiche #2132
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
- Séverac - Morin - Bulteau - Friedmann - Percin - Petitmangin - Sedira - Bulteau - Joaquim - Luzak - Petitmangin - Chomarat - Joaquim - Petitmangin - Séverac - Bouysse - Chevalier - Médéline - Leroy