« La nature, dans son apparence la plus pure, me rappelle, à moi insignifiant, l’importance de s’émerveiller. »
Nicolas Di Meo
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Le petit Elie Soriano n’a pas connu sa mère, il vit avec son père et Arsinée sa compagne qui vendent des esclaves. La famille juive vit à Constantinople aux environs de 1520, en terre musulmane. Elie peint, dessine, littéralement habité par la passion de représenter ce qui est formellement interdit par sa religion. Mais il persévère et se rapproche également de Djelal Baba musulman fabricant d'encres (sacrées) et calligraphe. Il ne sait faire que ça, et s’en satisfait pleinement au grand désespoir de son père et d’Arsinée. A la mort de son père, il émigre à Venise, la ville des peintres, devient alors Ilas Troyanos, et se dit converti à l’église grecque, franchissant ainsi la dernière passerelle entre les trois religions monothéistes. Il apprend au côté du grand maître, Titien, progresse vers la perfection. Ilas Troyanos maintenant surnommé le Turquetto éblouit rapidement les amateurs d’art et les religieux : « Mais chacun s’accordait à dire que ses tableaux provoquaient des émotions choisies, qui donnaient envie de silence. Que de tous les peintres de la ville, il était le plus grand. Supérieur à Titien et au Véronais. Et qu’il était le seul à avoir réussi la fusion miraculeuse du disegno et du colorito, de la précision florentine et de la douceur vénitienne ». Les commandes de toiles, de fresques, s’enchaînent, ascension rapide, le Turquetto en oublierait quasiment son histoire, mais le passé même à cette époque et surtout parmi les ambitieux ne peut demeurer éternellement tu… et le Turquetto ou plutôt Elie se dévoilera au grand jour dans une toile confessionnelle. De l’histoire picaresque d’un tableau, Metin Arditi tire le portrait coloré et attachant d’un peintre de la Renaissance que seul l’art intéresse. Le roman est rythmé, vivant, intrigant, empreint de suspense et étayé par de superbes portraits dans le Bazar de Constantinople, d’une description des querelles de pouvoir, des ambitions, de la puissance des religions, des relations entre l’art et le pouvoir. De nombreux thèmes abordés avec réalisme et simplicité parcourent donc cette fresque éblouissante.
Sélection Prix Page des Libraires 2011
Fiche #1008
Thème(s) : Littérature étrangère