« Des anciens marmonnent qu’il n’est pas un agneau qui ne désire être un loup. »
Daniel Arsand
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Un jeune homme noir abandonné par son premier amour, s’enivre, croise une patrouille de police et commet l’irréparable. Commence alors son introspection depuis sa cellule entre les interrogatoires plus que musclés. Ce dialogue rythmé avec lui-même, avec ses anciens compagnons Mireille et Drissa, et avec l’Ancêtre et les esprits des défunts, révèle le parcours d’un enfant arrivé en France rempli d’espoir et qui s’installe en banlieue puis tente de vivre et d’accepter sa double identité (« Tu seras un funambule au-dessus des continents, des mondes et du temps. Regarde droit, fier, souris et chéris la vie, c’est ton seul trésor. Sois l’artisan de la mutation sans laquelle nous risquons de n’être plus rien demain, puisqu’il s’agit de devenir ce que nous fûmes »). Le récit oscille avec réussite entre souvenirs, rêves et réalité. Drissa choisira un autre chemin (« Attention Drissa, les mots mauvais que tu envoies pour blesser pourrissent avant tout ton propre sang… D’où vient cette cécité qui t’empêche de réaliser que tu es déjà partie intégrante de ce monde »). Mireille l’épaulera, le protègera, l’aimera puis le quittera. Histoire d’un premier amour, d’un parcours chaotique d’exilés entre deux mondes. Histoire non larmoyante, réaliste, balançant entre optimisme et pessimisme, sans agressivité gratuite, sans compassion ni haine, sans slogan, discours idéologique ni grandes vérités péremptoires, un simple cri humain, terriblement humain.
« Le malheur est maladie contagieuse, son odeur est tenace… »
« Je souris de ma peur d’antan des yeux clairs, ils rappelaient les chairs à vifs, sans parler de ces nez, avec leurs narines serrées comme les pointes de flèches des guerriers lors des parades, le jour anniversaire de l’indépendance. Mon cœur de gamin ressentait une peine immense pour ce peuple condamné à souffrir un martyre sans fin pour respirer convenablement à chaque instant. »
« Avec nos gueules à ne pas être comme les autres, Drissa et moi resterons debout ! Ensemble, nous continuerons à nous étirer, toujours plus grands et agiles, merveilleux, étranges, extraordinaires. Je lui prendrai la main pour parfaire le grand écart, celui que nous tissons entre les continents, les mondes et aussi le temps. C’est le grand art de demain. »
Fiche #216
Thème(s) : Littérature française