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Laurent Mauvignier - Des hommes

Laurent MAUVIGNIER

Des hommes
Minuit

281 pages | 24-08-2009 | 17.75€

Dès la première page, par son écriture, par ses descriptions, par ses dialogues, par ses personnages, Laurent Mauvignier capte le lecteur et ne le lâche plus. Né en 1967, Laurent Mauvignier n’a pas vécu la guerre d’Algérie ; longtemps les combattants de base ont gardé le silence à leur retour. Mais un jour pas comme les autres, le besoin est là, le passé et le présent ne font qu’un et il faut cracher le venin qui les infecte depuis 1962 par une confession sans retenue. Dans une petite ville française où tout le monde se connaît, Solange fête ses soixante ans dans la salle des fêtes du village. Les invités voient débouler son frère Bernard qu’on appelle maintenant Feu-de-Bois eu égard à l’odeur qui l’accompagne. Bernard vit à l’écart, seul, souvent saoul et sans le sou. Il offre à sa sœur une superbe broche et aussitôt la tension monte : où a-t-il trouvé l’argent ? Les vieilles affaires familiales ressurgissent… Bousculade, insulte, insulte raciste, coup de sang… Une enquête est déclenchée, déclic pour son cousin Rabut présent sur les lieux qui a vécu avec Bernard la guerre d’Algérie et n’en peut plus de son mutisme. Ces hommes brûlés de l’intérieur pour lesquels la guerre ne se terminera jamais vont se dévoiler dans cette tragédie en quatre actes. Sa longue confession revient sur son passé terrible et inoubliable qui terrifie toutes ses longues nuits. Laurent Mauvignier fait preuve d’une grande maîtrise dans cette évocation d’une histoire récente et encore brûlante où il ne s’agit jamais de juger, de choisir un camp, mais bien au contraire, où il s’agit des hommes et de leur capacité infinie d’(auto-)destruction. Il démontre encore une fois la puissance mais peut-être aussi la dangerosité du roman.

« Peut-être que ça n’a aucune importance, tout ça, cette histoire, qu’on ne sait pas ce qu’est une histoire tant qu’on n’a pas soulevé celles qui sont dessous et qui sont les seules à compter, comme les fantômes, nos fantômes qui s’accumulent et forment les pierres d’une drôle de maison dans laquelle on s’enferme tout seul, chacun sa maison, et quelles fenêtres, combien de fenêtres ? Et moi, à ce moment-là, j’ai pensé qu’il faudrait bouger le moins possible tout le temps de sa vie pour ne pas se fabriquer du passé, comme on fait tous les jours ; et ce passé qui fabrique des pierres, et les pierres, des murs. »

Fiche #627
Thème(s) : Littérature française


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