« Etre dans le vent, c'est avoir la conviction d'une feuille morte. »
Milan Kundera
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Héloïse est documentaliste et collabore actuellement avec Olivier qui travaille sur une émission exposant les liens entre photographie et Histoire. Ce jour, ils vont déjeuner et prennent le métro. Une bombe explose, leur rame est atteinte. Olivier blessé va tout faire pour extraire Héloïse, il la porte, ils sont couverts de sang, elle a ses habits déchirés, et un photographe « immortalise » le moment. La photographie parait dans un journal à scandales et sur Internet. Sans autorisation, ni avertissement. Un instantané volé (Témoignage ? Voyeurisme ? Droit à l’information ?) qui prend sa place dans le flot des images, que beaucoup ignoreront, oublieront (« des images, on en a plein les yeux, je le sais parce que j’ai internet, pour bavarder avec mes petits-enfants. On ne les regarde même plus. Ce qu’il y a derrière, la vérité des corps, l’amour ou l’oppression, on s’en fiche. ») et pourtant… leur famille, leur entourage, leurs amis s'interrogent. A leurs questions, il faut trouver des réponses, sans être fautif, il faut néanmoins établir une stratégie. Cette une leur est maintenant irrémédiablement associée, comme gravée en eux, sur leur front et pourront-ils s’en extraire ? Chacun d’eux réagit à sa façon à ces questions, à ces regards interrogatifs, insistants ou suspicieux, à ce viol de leur intimité. Après cet évènement et la divulgation de cette image, en trois mois, leurs vies seront bouleversées (« Les choses ont changé, en effet. On peut même aller jusqu’à dire que rien ne sera plus jamais pareil… Nous ne retournerons pas déjeuner à Odéon de sitôt. »), eux qui travaillent sur l’image voient leurs existences basculées par l'une d'elles et pourtant, l’avenir les appelle et il faudra bien rebâtir sa vie et se reconstruire. A travers le destin de deux êtres attachants et blessés, Hélène Gestern nous interroge sans aucune lourdeur sur le droit à l’information et ses limites, sur la puissance d’Internet difficilement maîtrisable, sur le pouvoir des images, sur certaines pratiques journalistiques outrancières et sur l’avalanche d’images qui nous étouffent.
Ecouter la lecture de la première page de "Portrait d'après blessure"Fiche #1507
Thème(s) : Littérature française