« Ce qui compte, dans les livres, c'est ce qu'ils font advenir en soi et hors de soi. »
Annie Ernaux
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Jérémy à cause d’un cordon récalcitrant est né différent avec « un cerveau cerf-volant », il a aujourd’hui dix-sept ans, en a marre qu’on « lui parle comme à un bébé », mais son handicap mental n’a guère évolué. Or ses parents, sa soeur, Mélanie son AMP préférée, les médecins n’auront peut-être la chance qui vous est offerte : accéder aux pensées de Jérémy. Car comme il ne peut s’exprimer (à part quelques grognements et crachats, « Un Playmobil qui grogne comme un animal. »), personne ne sait ce qu’il comprend et le bougre, il comprend, il a même l’œil affûté (en période de COVID, Jérémy –et le lecteur– se demande qui sont les vrais handicapés !), une sensibilité à fleur de peau, et il rage intérieurement que ses proches ne le comprennent pas. Sa parole intérieure est différente, imagée, poétique, décalée, le flux est permanent, un bavard le Jérémy, et aucun sentiment ne lui est étranger. Nous partageons ses colères, ses joies, ses envies, c’est direct, sans fioritures, parfois naïf. Son état impacte naturellement la vie familiale mais les parents n'abdiquent pas, entre espoir et désespoir, et malgré quelques propositions du corps médical que Jérémy juge malhonnêtes jamais n’envisagent un placement. Le jour où Jérémy s’apercevra que sa sœur trafique et rencontre discrètement un homme casqué qui lui donne des enveloppes mystérieuses, il va bien falloir qu’il trouve un moyen de prévenir ses parents ! Original, touchant et drôle.
Ecouter la lecture de la première page de "J'ai pas les mots"Fiche #3222
Thème(s) : Littérature française
Après trois romans, c’est la panne, panne d’inspiration, imagination et inspiration taries ! Alors Olivier Bourdeaut trouve son personnage, un personnage qu’il continue d’estimer « grotesque », ce sera lui, il se raconte, revient à la source, à son enfance. Histoire d’un mauvais élève qui voulait écrire, histoire d’un antihéros (« Je suis gaucher, dyslexique et légèrement sourd. ») qui pense avoir épousé l’échec et qui a gardé beaucoup de son enfance. Impossible de trouver sa place : « … chacune de mes expériences professionnelles fut un calvaire pour mes employeurs et pour moi. ». Cela déborde de tendresse, d’autodérision, de franchise, d’humour. Aucune complaisance pour cet autoportrait attachant et drôle qui, espérons-le, sera le préquel du quatrième roman d’Olivier Bourdeaut !
Fiche #3168
Thème(s) : Littérature française
La maison d’édition de Jean d’Halluin, les éditions du Scorpion, est sur le fil. Alors lors d’une soirée certainement bien arrosée avec son ami Boris Vian, ce dernier lui parie qu’en dix jours, il écrira un best-seller sauveur du Scorpion. Raté, quinze jours seront nécessaires et ce sera « J’irai cracher sur vos tombes » publié sous le pseudo Vernon Sullivan et traduit par... Boris Vian. Jusque là, les romans de Boris Vian n’avaient pas rencontré le succès escompté. Boris Vian, sa femme et leur fils, Petit Bison, vivent à toute allure, au contact et avec les intellectuels de l’époque, Sartre, de Beauvoir, Gréco, Queneau... Le récit de Dimitri Kantcheloff retranscrit parfaitement cette course à la vie, cette obsession de vivre (Boris Vian se savait condamné) et cette blessure de ne pas être reconnu pour son imagination folle, pour ses qualités littéraires et musicales. Dans une fougue digne de Boris Vian, Dimitri Kantcheloff retrace le parcours d’une œuvre, d’un pseudo, d’un homme, ce surdoué à qui Vernon Sullivan a parfois fait de l’ombre et nous fait regretter de ne pas avoir croisé la route de cet être inclassable, libre, inspiré, excessif (« Il a trop bu. Trop ri. Trop parlé. Trop enragé. Trop vécu pour aujourd’hui. ») et si attachant.
Ecouter la lecture de la première page de "Vie et mort de Vernon Sullivan"Fiche #3054
Thème(s) : Littérature française
Ida Bühler, treize ans, vit depuis peu, seule avec son beau-père. Un matin, il part travailler et sait qu’à son retour, Ida ne sera plus là. Les services sociaux lui ont trouvé une nouvelle famille, l’Etat s’occupe de tout… surtout pour les orphelins… Un village rural, isolé, une ferme, les Hauser, madame et monsieur n’ont pas d’enfants et travaillent dur. Deux bras de plus ne peuvent pas faire de mal… encore que… Ida arrive au milieu d’un couple tendu, aux relations ambigües. Dans le village, le silence règne, tout le monde se connaît, les secrets ne restent jamais longtemps secrets, mais la parole ne se délie que dans l’ombre ne faisant que renforcer les rancoeurs et autres petites haines. Ida s’installe d’abord à l’écart de la maison et sait immédiatement que son quotidien sera éprouvant. Dans la première partie, elle nous livre son expérience, sa vie, sa relation aux autres, ce qu’elle apprend du village, ce qu’elle en comprend, ce qu’elle espère. Puis, dans la seconde partie, ce sont les villageois qui témoignent et progressivement éclairent le récit d’Ida, nous délivrent par petites touches ou violents uppercuts les secrets bien gardés du village. L’histoire commence donc comme une chronique d’une vie rurale rude et laborieuse puis la tension s’installe, les personnages prennent corps avec leurs failles, leurs faiblesses, leur force, chacun se révèle et ce sera violent, tous prennent leur part et peu seront épargnés. Un récit puissant et intense à la construction parfaitement maîtrisée qui plonge le lecteur dans une folle spirale d’une noirceur totale.
Ecouter la lecture de la première page de "Les silences"Fiche #2971
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Joseph Incardona
Laurent Seyer a peu connu son père décédé alors qu’il avait cinq ans, cinquante années ont passé, délai certainement nécessaire pour que le fils rencontre à nouveau son père et lui ouvre de nouveaux espaces. Jean a eu au moins deux vies. Lorsqu’il s’engagea dans le maquis de l’Oisans, « une étrange armée dépenaillée de soldats aux allures de braconniers », il venait tout juste d’avoir une fille. Le récit relate l’engagement de ces hommes, leur quotidien, la beauté de la montagne, leur solidarité et amitié, leurs peines, leurs souffrances, le froid, la faim, la soif... Evidemment Jean avait pensé à la mort, s’y était peut-être préparé, mais un accident, la gangrène, une amputation, personne n’est prêt, « Depuis cinq ans, je suis entré progressivement dans la guerre… et voilà que d’un coup sec, sans prévenir, c’est elle qui entre en moi et s’y installe pour toujours. ». Blessé puis amputé, ses camarades ne peuvent plus le porter et l’abandonnent en pleine montagne à une mort promise. Pourtant, à son retour, sa femme n’acceptera pas l’homme qu’il est devenu et partira avec sa fille. Il n’est évidemment plus le même homme et souvent réduit à son infirmité. Il rencontrera Odette, une femme très croyante, qui parle plus à Dieu qu’aux hommes. Il mourra prématurément d’une crise cardiaque mais aura néanmoins quatre enfants avec elle. Le récit entremêle les vies d’Odette et Jean en chronologie inversée pour mieux souligner le croisement de ces deux destins marqués par l’histoire.
Ecouter la lecture de la première page de "D'étranges hauteurs"Fiche #2918
Thème(s) : Littérature française
Anna conduit sa camionnette aménagée, elle vend des poulets rôtis le long de la côte atlantique. Elle vit avec son fils dans un mobile-home et les fins de mois sont toujours difficiles, les dettes s’accumulant. Mais ils sont bien tous les deux ensemble, pensent être libres et Léo suit les traces de son père disparu et d’Anna en surfant les vagues du littoral. Alors quand un sanglier, au retour du boulot, se met en travers de sa route et que la camionnette s’enflamme, c’est peut-être la catastrophe de trop. Tout se complique. C’est le moment où le Jeu est annoncé à grand renfort de publicité, « ... à la confluence de la politique, du marché et des médias... », avec comme gain, un pick-up double cabine rutilant d’une valeur de 50000 euros. Pour Léo, les calculs sont vite faits ! « On puisera dans la frange moyenne du désespoir, du découragement, de l’échec, de l’épuisement, de l’usure et de la débilitation. » et Anna a la chance (...) grâce à (ou à cause de) Léo d’en faire partie ! Le Jeu est simple, tenir la voiture d’une main le plus longtemps possible or « L’Homme n’est pas fait pour rester immobile. » et ils vont tomber les uns après les autres (la violence n’est pas uniquement portée par des coups), le dernier partira avec le pick-up. « ... la grande machine à broyer les hommes. » continue son œuvre mais Anna est une femme de caractère et aime par-dessus tout son fils. Des personnages denses, attachants, émouvants, réalistes pour une plongée tendue dans la téléréalité, la misère sociale, le mélange toujours détonnant et malsain entre politique, économie et médias, la difficulté de vivre, l’amour filial, l’entraide et la mer et le surf. On le lit d’une traite et on abandonne Anne et Léo à regrets !
« ... l’indigence appelle le risque. »
« Qui sait si une promesse peut aider à traverser l’enfer ? »
« Si on pouvait savoir ce qui se trame autour de nous, les forces agissant à notre insu, on serait terrifiés. »
« A force de laisser tomber, on entend causer seulement les cons. »
« Et si on pouvait les comptabiliser, au final, les êtres et toutes ces choses qu’on touche dans sa vie ? Que touche-t-on le plus ? Les êtres aimés ? Soi-même ? Le clavier de son ordinateur ? Son Smartphone ? Le volant de sa voiture ? »
« Et pleure. Pleure tout ce que tu peux pleurer. Et puis souris. »
« L’épuisement gomme tout, l’épuisement est le pilier sur lequel repose l’indifférence. »
« Et, peut-être que le secret en surf comme en toute chose est de nous faire croire cela, que vivre est à la portée de tout le monde. »
Fiche #2881
Thème(s) : Littérature française
L’Eden : certains ont toujours une certaine impudeur pour nommer une réalité, l’Eden est en effet une barre d’immeubles à Londres. Bien loin du paradis, naître ici, c’est une vie prédéfinie, un destin réglé, l’Eden, on la fuit ou on y meurt : « On ne quitte jamais vraiment l’Eden, un seul regard suffit à nous y emprisonner de nouveau. » La mère d’Adam (17 ans) et de Lauren a choisi la fuite, les laissant avec un père violent, alcoolique, sans amour ni tendresse. Un abandon qui place Adam dans un rôle de protecteur entre Lauren et son père, l’Autre. Mais, parfois, une rencontre peut tout changer, du moins peut-on l’espérer. Sur un quai de gare, Adam croise Eva, la sauve pense-t-il d’un suicide et tombe amoureux d’une fille d’en face, du côté où la misère n’est pas le quotidien. Cette rencontre le bouleverse et le questionne, sur ses origines, son passé, sa famille, son environnement, sa honte d’être là où il est, d’être ce qu’il est, de son avenir tout tracé, « La vie ne fonctionne pas comme ça… le choix n’existe qu’au-delà des rails. ». Pourra-t-il un jour se soulager de ce fardeau ? Adam nous dit tout, mais aussi les bons moments passés avec ses potes, ses rencontres avec Claire une prof qui l’éveillera à la lecture et à la littérature, avec le patron de l’épicerie dans laquelle il travaille depuis l’âge de treize ans et qui sait ses difficultés, avec sa grand-mère qu’il retrouvera après le départ de sa mère, avec Karolina la sœur d’un de ses potes... De beaux sentiments, de beaux moments alternent avec la violence et la brutalité d’un père et d’une société excluant. Une vraie confirmation (après Ceux que je suis) que ce deuxième roman social, d’apprentissage, contrasté, au cœur du déterminisme social mais à hauteur d’homme (ou d'adolescent) et avec sensibilité, réalisme et sensibilité et non dénué d’espoir.
« La chance, mec, ça n'existe pas. Sauf pour ceux qui sont nés dedans et qui n'en font rien. »
« Promets-moi que, quand tu seras grand, personne ne sera invisible à tes yeux. C’est pire que le mépris. Pire que les coups. »
« La jeunesse fait moins peur quand elle respecte la grammaire. »
Fiche #2845
Thème(s) : Littérature française
Naomi Strauss est l’archétype de la Parisienne, trentenaire, bobo de gauche, prête à s’engager depuis le boulevard Saint-Germain pour toutes les causes humanistes, écologiques, progressistes comme on dit habituellement. Elle est journaliste dans un hebdo plutôt à gauche qui propose une rubrique dressant le portrait de personnes représentant des courants de pensée opposés à la ligne du journal. Le journaliste de cette rubrique absent, elle se porte volontaire pour un séjour en Angleterre pour rencontrer un pro-Brexit. Elle se réjouit de ce séjour, cela fait tellement longtemps qu’elle n’a pas revu Londres. Raté ! Ce sera Liverpool et ses quartiers pauvres ! Ce sera Nick Doyles, un chauffeur de taxi, supporter naturellement des Reds, buveur de bière, pro-Brexit et anti-immigration. Un autre monde ! Pourra-t-elle comprendre cet homme ? Envisager ses motivations ? Découvrir son histoire, son quotidien ? Alors qu’un feu dévaste un immeuble dans Liverpool et que les attentats frappent Paris, Naomi découvrira derrière ses choix politiques qu’elle juge erronés et archaïques, qu’il y a des hommes, des humains avec de vrais sentiments, leurs convictions et leurs contradictions. Mais, ne rêvons pas, ces deux mondes peuvent parfois, suite à un concours de circonstance, se croiser, et même parfois se comprendre le temps de cette rencontre ou d’un évènement particulier, ils n’en resteront pas moins deux mondes bien distincts, avec ceux qui restent persuadés de savoir, de représenter le monde d’aujourd’hui et de demain, qui conserveront leur mépris et les autres, ceux qu’ils jugent dépassés, rétrogrades, sans avenir et surtout abrutis ! Les évènements d’aujourd’hui (Coronavirus) feront peut-être douter et réfléchir les premiers au moins quelques secondes, mais rien n’est moins sûr ! Laurent Seyer nous propose un deuxième roman percutant avec ce face-à-face singulier entre deux mondes à nouveau sur fond de football. Les aspects humains, sociaux, politiques sont traités avec réalisme et parfois humour, les personnages crédibles et représentatifs, l'amour absolu des Reds parfaitement rendu. Un seul défaut, une extrême jalousie envers Naomi qui s’assoira malgré elle sur les gradins des Reds, un rêve, « You'll never walk alone » !
« Elle en avait pour plus de six cents euros de fringue sur elle, achetées dans les boutiques à la mode du boulevard Saint-Germain et ce plouc sapé comme un ado des années quatre-vingts trouvait qu’il lui manquait une écharpe de Liverpool pour être présentable ! »
« D’aucuns disent que le football est une question de vie ou de mort, mais c’est en fait beaucoup plus important que cela. »
Fiche #2518
Thème(s) : Littérature française
Une grande année se prépare pour Marwan : à la rentrée, pour la première fois, il enseignera l’histoire-géographie à une classe de Terminale. Mais son père meurt. Et à sa grande surprise comme celle de ses deux frères, il apprend que celui-ci a décidé de se faire enterrer au Maroc. Cette décision interpelle Marwan et le fait à nouveau réfléchir sur son identité et ses origines : « Je suis né en France. Je n’ai jamais vécu au Maroc. Je ne me sens pas Marocain. Et pourtant, où que je sois, en France ou au Maroc, je n’ai pas le choix de ma propre identité. Je ne suis jamais ce que je suis, je suis ce que les autres décident que je sois. » Son père semblait totalement intégré et avait trouvé sa place à Clichy. Alors pourquoi repartir maintenant : « On vit ici, on meurt chez nous. » Il commence d’interroger sa mère et apprend que son père l’a désigné pour accompagner sa dépouille par avion pendant que le reste de la famille fera le voyage en voiture. Accompagné de Kabic ami de la famille et grand-père de substitution, il retrouvera Mi Lalla sa grand-mère et ce retour fera naître de nouvelles questions et jaillir de petits et grands secrets. Olivier Dorchamps a trouvé le ton juste pour cette émouvante chronique familiale qui évoque avec sensibilité, clairvoyance et réalisme l’identité, les racines et l’héritage familial, ses secrets et silences, le deuil, l’exil mais aussi l’impact d’une double culture sur chaque destin.
Premier roman
« Finalement grandir c’est ça : c’est perdre des morceaux de soi. »
« Combien de Voltaire finissent mécaniciens parce qu’ils sont nés plus près d’un garage que d’une école ? »
« … j’ai pris conscience que le temps qui passe, c’est le temps qu’il reste. »
« … l’exil a relégué le bonheur aux souvenirs d’avant. »
Fiche #2371
Thème(s) : Littérature française
Ils étaient quatre, inséparables, quatre étudiants rouennais de la fac de lettres qui partageaient toutes leurs expériences. Vingt ans plus tard, Philippe, journaliste quelque peu désabusé à Paris, décide de repartir à leur rencontre. Il est finalement assez inquiet des rencontres qu’il va imposer. L’un d’eux n’a jamais répondu à ses appels. Il décide donc de louer un studio pour une semaine à Rouen (« Les trajets sont rarement très longs à Rouen. Les habitants tournent dans cette ville comme dans un manège. ») et de découvrir ce qu’ils sont devenus. Ont-ils été fidèles à leurs rêves ? Qu’auraient pensé les étudiants qu’ils étaient de leur vie d’aujourd’hui ? Que sont devenus leurs amours passés ? Ont-ils oublié leur jeunesse et le lien qui les unissait ? Remuer le passé après une rupture brutale n’est jamais simple et surtout les conséquences restent toujours incertaines...
Premier roman
« On tombe souvent amoureux pour les raisons les plus insignifiantes. »
Fiche #2198
Thème(s) : Littérature française
Le 12 mai 1976 sera un grand jour pour Nicolas Laroche, le premier, le dernier. A treize ans et demi, il s’apprête à vivre sa première finale de coupe d’Europe, de football naturellement, Saint-Etienne affrontant le tenant du titre, le Bayern de Munich dans l’Hampden Park de Glasgow. Adolescent passionné de foot, il nous raconte en parallèle l’avant-match, sa vie, ses copains, le collège (« D'ailleurs, je déteste être adolescent. Je n'aime pas ce temps où tout nous semble définitif alors que tout est transitoire.). Sa préparation du match est perturbée, quelques mois avant le jour J, sa mère quitte la maison, ses parents divorcent. Mais avant la rencontre, son père a déjà trouvé une remplaçante accompagnée d’une chose s’annonçant être son fils : « Maman est partie et papa l’a remplacée par Virginie, un peu plus tard. Moi je l’ai remplacée le jour même par une équipe de football. » Même si l’ASSE prend une grande place dans ses pensées, un questionnement récurrent revient concernant ses parents, leur rupture, le départ de sa mère, l’amour de son père. Il vacille et seuls les Verts le maintiennent en état de continuer à jouer ! Alors lorsqu’il s’installe avec son père, sa nouvelle femme et son fils (quelle tristesse de regarder avec ces ignares, et oui, regarder un match de football, c’est aussi une histoire de partage et d’amitiés), il est tendu, très tendu. La victoire doit être au bout, sinon comment supporter de vivre toute son existence en vaincu, à se poser sempiternellement les mêmes questions sans réponse, pourquoi cette défaite ? pourquoi ces maudits poteaux étaient-ils carrés ? ... Joli et émouvant portrait d’un adolescent sensible et toujours dans l'absolu, bouleversé sans avoir pu en parler par la séparation de ses parents et adulant (hélas peut-être) une équipe de football devenue mythe.
Premier roman
« C’est cela que j’aime le plus dans le football : se diluer dans une foule qui vibre à l’unisson et se laisser emporter par ses mouvements démesurés. Ouvrir la bouche pour crier et sentir les gradins vibrer sous la clameur démultipliée. Se dresser en levant les bras au ciel et voir la vague soulever une écume de milliers de mains tendues. Je suis entré en football comme on entre en religion, le jour où pour la première fois j’ai été secoué par cette jouissance éphémère de se sentir tout-puissant en disparaissant dans la houle d’une foule. C’est cette émotion que depuis j’aime ressentir au stade, ce moment océanique où l’on ne se laisse pas simplement emporter par la vague, mais où l’on devient la vague. »
« Finalement, c’est toujours la même histoire lorsqu’il s’agit de la foi, ce n’est qu’à la fin que l’on sait si on a eu raison d’y croire ou pas. »
Fiche #2191
Thème(s) : Littérature française
Les berges des fleuves sont souvent des endroits calmes et agréables, propices aux balades, parfois discrètes. Aussi, de nombreux promeneurs les empruntent et se croisent parfois. Des personnes différentes qui peuvent former un panel représentatif de notre société. Et ce matin-là, les promeneurs du jour se souviendront de leur escapade ! Ils croiseront une belle jeune femme, élégante, chaussée de talons aiguilles rouge vif. Ils ne pouvaient l’ignorer ! Surtout qu’elle était allongée et… morte ! Pourtant, aucun d’eux n’interviendra, ne la signalera, indifférence, lâcheté, chacun avait naturellement une bonne raison mais tous souhaiteraient revoir ensuite le corps, tous resteront torturés par cette vision et cette fuite. Un geste irréfléchi ou trop réfléchi, ou une absence de geste et en instant une vie bascule. Le lecteur suit leurs réflexions, leurs doutes, épie leurs sentiments, arrive à sourire, a parfois envie de les bousculer, et quoiqu’il en soit, devra patienter jusqu’à la dernière page pour forger définitivement son jugement !
Ecouter la lecture de la première page de "Si belle, mais si morte"Fiche #1945
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Joseph Incardona
Il passe son temps à regarder et admirer ses parents danser. Ils dansent, et dansent encore, sur Mr Bojangles de Nina Simone. La musique de Nina Simone nous emporte dans un tourbillon festif, d’un pied sur l’autre, d’une page à l’autre, le lecteur danse avec le couple au rythme des variations, entre joie et tristesse, larmes et pleurs, bonheur et mélancolie, extase et folie. Et quand ils ne dansent pas, un air frais de folie permanent anime la maison sous l’œil hautain de Mlle Superfétatoire, un grue exotique aussi digne que la famille est déjantée. Un amour immense, excentricité d’abord puis une folie qui pointe son nez et s’installe paisiblement, mais notre société peine encore à accepter la folie, même douce... Un premier roman atypique et gai comme un pinson fou !
Premier roman
« Ceci est une histoire vraie, avec des mensonges à l’endroit, à l’envers, parce que la vie c’est souvent comme ça. »
Fiche #1760
Thème(s) : Littérature française
Philippe Claudel nous offre un petit bijou inclassable chez Finitude, un récit sur l’écriture, les écrivains et les éditeurs, la lecture et les lecteurs, une revue à la Prévert pleine d’humour et de tendresse, d’humour noir ou d’ironie, de folie ou de philosophie. Le lecteur est surpris à chaque page, le jeu se met en place comme un ping-pong endiablé que l’on aimerait infini, le rythme est parfait, les échanges rapides sur trois lignes ou une page. Au détour d’un mot, on croit reconnaître un écrivain, au détour d’un autre, on reste interdit. Un OVNI percutant la biblio du grand Philippe Claudel qui se lit, une fois n'est pas coutume, le sourire aux lèvres !
Ecouter la lecture de la première page de "De quelques amoureux des livres..."Fiche #1714
Thème(s) : Littérature française
Eleanor, environ dix-huit ans, est pensionnaire à Abbey School et conserve toute la fougue de sa jeunesse. On lui a imposé de partager sa chambre avec Cynthia qu’elle n’apprécie guère. Or, en ouvrant la porte de sa chambre, Eleanor découvre Cynthia pendue. En un instant, elle sait. Un monde se ferme et un autre l'accueille. Mutation totale et instantanée. Tout retour en arrière est impossible. En une fraction de seconde, sa vie a définitivement changé et rien ne pourra lui faire oublier. L’insouciance s'est évaporée, la joie de vivre disparue, ce drame devient son fardeau, elle ne pourra jamais vraiment confier ses sentiments profonds, ce qu’elle a ressenti à ce moment fatidique. Une variété de sentiments (incompréhension, colère, culpabilité…) l’assaille, elle s’isole, cherche à retrouver son petit ami, le rejette, doute, cherche à comprendre. Malgré les rivalités des filles du pensionnat, elles se révèlent solidaires et épaulent Eleanor, la seconde victime. Pourtant, Eleanor se sait maintenant accompagnée par la Noire, pour toujours, il faudra l’admettre, la combattre et elle saura découvrir en elle toutes les ressources nécessaires. Un premier roman initiatique émouvant et délicat qui happe le lecteur et qui plaira autant aux ados qu’à leurs parents.
Premier roman
Fiche #1595
Thème(s) : Littérature française
En cette année de commémoration, voilà un court texte que les amateurs de beaux discours lénifiants devraient découvrir. Daniel Braine, évadé d’un camp allemand, retrouve son pays nantais. Mais sa mère et son fils sont morts sous les bombardements, et sa femme a pris la poudre d’escampette. Quatre longues années, tout a changé et pourtant rien n’a bougé. Tout ça pour ça ? Daniel s’y refuse, il n’appartient pas à ce monde médiocre et se retire. Solitaire, courageux et en colère, il rejoint la nature, la liberté, loin « des domestiqués ». Et comme un vieux mâle sauvage, rien ne peut l’arrêter, il fonce, droit. Il ne sait mentir et les hommes qui croisent son chemin s’en aperçoivent rapidement. Et ces petites et braves gens dignes représentants de l’espèce humaine n’apprécient guère ces solitaires, différents, qui choisissent la liberté et un autre chemin. Ils n’accepteront en effet jamais ce choix et cette existence et les écraseront toujours, d’une manière ou d’une autre. La peur les transforme en une horde sauvage dont la qualité première demeure la bêtise. Un âpre, violent et triste réquisitoire qui sent la terre et le sang.
Ecouter la lecture de la première page de "Le sanglier"Fiche #1469
Thème(s) : Littérature française
Décembre 1943 : Raymond Guérin revient à Paris après avoir passé plus de trois ans au stalag. "Retour de barbarie" est le journal qu'il a tenu de 1943 à 1944. Il découvre un nouveau Paris très différent de celui qu'il quitta en 1940, il peine à reconnaître son pays. Il renoue contact avec le tout Paris littéraire et ne peut constater que sa différence : son journal est marqué par cette prise de conscience ("Je me fais l'effet d'un revenant, d'un fantôme") mais aussi à son grand désespoir par sa constatation de l'imprégnation des idées fascistes chez les Français.
Préface de Jean-Paul Kaufmann.
Fiche #78
Thème(s) : Littérature française
Le Bricou est vacher, le meilleur de la vallée. Progressivement l'âge avançant, il va se mettre "martel en tête" et se convaincre qu'il ne sert plus à rien, perd de son efficacité, n'est plus bon à rien et devient la risée de la vallée. La dépression guette ! André Vers (ami de Brassens, Prévert et Fallet) par petites touches nous emmène à la rencontre de cette vallée aux côtés du Bricou désespéré. Les personnages sont pittoresques comme Jitomir qui creuse des trous pour préparer son enterrement refusant d'être enterré dans le bas du cimetière où une rivière coule ou la guérisseuse qui trouvera remède au mal (la gale selon le Bricou) qui affecte notre héros. Un beau texte sur ce mal qui guette...
Préface de Philippe Claudel.
Fiche #77
Thème(s) : Littérature française
- Seyer - Bourdeaut - Kantcheloff - Brunoni - Seyer - Incardona - Dorchamps - Seyer - Dorchamps - Chillet - Seyer - Mogliasso - Bourdeaut - Claudel - Haviland - Luccin - Guérin - Vers