« Si on n’est pas prêt à souffrir, dit-elle, on n’est pas prêt à vivre. »
Muriel Barbery
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Après une rupture amoureuse, un homme, journaliste, décide de partir à travers les Etats-Unis, sur les traces de son rêve américain. Départ pour retrouver sens à sa vie mais certainement aussi pour affronter ses démons. Après un road-trip rapide, aux portes du désert, l’homme croise fugacement le regard d’une femme postée à une fenêtre. Aimanté par cette vision, l’homme revient dans cette ville inconnue, improbable voire fantôme, y trouve refuge et s’installe au motel Valparaiso. Au contact de personnages singuliers, perdus dans une sorte de solitude assumée (« Il n’y a pas de fantômes, mais il y a des chimères auxquelles on se raccroche comme on peut… »), il ne le sait encore pas, mais on ne repart pas si simplement de Cevola (certains s’y sont enlisés) et jamais indemne en tous cas. Pour en repartir, il faudra qu’il retrouve cette femme, cette vision éphémère, ce mirage et surtout qu’il se retrouve lui, qu’il relate son expérience, qu’il apprenne à se connaître, et puisse enfin regarder devant lui, vers l’avenir. Un premier roman à l’atmosphère et aux personnages singuliers et réussis, une introspection sans nombrilisme et attachante sur fond de vieux rock poussiéreux et obsédant.
Premier roman
« On trimballe toujours nos fantômes, j’ai dit. On marche sur les traces de ceux qui étaient là avant nous, mais ça ne fonctionne pas. Chacun doit tracer son propre chemin et creuser dans les ténèbres qu’il a en lui, pour essayer d’en sortir quelque chose qui a du sens… »
« …la liberté, c’est pour chacun le libre choix de sa prison. »
« Les orages naissent-ils d’un trop grand silence ? »
« Nous croyons toujours faire le bon choix et nous finissons loin de ce que nous sommes profondément ; un vague brouillon de ce que nous aurions pu être. »
Fiche #2824
Thème(s) : Littérature française
Vingt ans après, Mathias est de retour. Il a parcouru le monde, ne s’est jamais fixé, ne s’est jamais lié et les évènements de ses dernières années de lycée en sont certainement à l'origine. Il est peut-être enfin temps de mettre un terme à cette histoire. Il s’installe à l’hôtel même s’il renoue avec son père et sa nouvelle femme en retrouvant immédiatement leur complicité et part à la recherche du passé qui passe par la villa Wexler. La famille Wexler s’y était installée juste avant la rentrée, les parents et leurs trois enfants. Le père, Richard, était prof de français, la mère au foyer, le plus jeune parcourait la forêt avec son fusil, la plus âgée ne quittait pas son cheval et Charlotte était dans la même classe que Mathias, classe qui avait Richard comme prof. Un prof atypique qui sut immédiatement capter l’attention de la classe et établir des relations particulières avec les élèves, notamment avec la belle Aurore. Mathias vit alors son premier amour avec Charlotte et partage souvent le quotidien des Wexler, un quotidien qui aujourd’hui seulement lui apparaît plus que trouble... Les Wexler disparurent en effet subitement alors que les élèves étaient en train de tourner un film sous la direction de Richard qui les passionnait... Il est temps de résoudre l’énigme Wexler et répondre à la question « C’était quoi mon passé ? ». Un premier roman qui installe dès les premières une atmosphère particulière qui tient en haleine le lecteur tout le roman, un texte sur l’impact de l’adolescence avec un personnage principal attachant, un style et un va-et-vient entre passé et présent parfaitement maitrisés, un premier roman qui se dévore !
Premier roman
Fiche #2730
Thème(s) : Littérature française
Gravimal est un architecte autoritaire, mégalomane et utopiste, Xoxox sera sa ville créée selon sa volonté, son esthétique : son modèle un palmier, une ville faite d’impasses, un monde en labyrinthe d’impasses (et d’égouts) où les étrangers ou les touristes se perdent. Deux minuscules ruelles et une gare ferroviaire pour entrer et sortir, une nouvelle société écologique semble née avec son gourou. Mais lors du carnaval annuel, en 2042, la mystérieuse et téméraire Paoletta, tueuse à gages, est venue pour assassiner le roi de la ville… Sera-t-elle résoudre l’énigme, est-ce la fin du monde de demain et qui se cache derrière elle ?
Fiche #2635
Thème(s) : Littérature française
Ils sont trois amis, différents mais unis, Serbe, Croate qu’importe dans la Yougoslavie d’hier. En 1990, Damir et Jimmy avec à leur côté Nada, forment les Bâtards célestes, un duo rock, qui anime les nuits de Zagreb avec son tube « Le vent froid a gommé les frontières ». Des jeunes comme les autres, les mêmes rêves, les mêmes espoirs et qui pensent appartenir à une même nation, une même terre. Bien loin de se douter que l’Histoire va leur prouver le contraire et chambouler avec une fulgurance inattendue et violente leurs destins. Progressivement, la politique va s’immiscer dans leur quotidien. Même leur dernier succès « Fuck you Yu » prendra sa part même involontairement à l’explosion de la Yougoslavie. L’ogre de la division a faim, et rien ne l’arrêtera. Pendant longtemps, ils ne vont pas y croire, préférer tourner le dos, en rire. Mais la pression va croître, et il deviendra obligatoire de choisir, choisir son camp (« Il faut choisir ton camp, Damir. On ne peut pas rester au milieu comme ça. »), et donc s’impliquer ou partir, fuir. Les atrocités peuvent commencer, l’harmonie et la cohabitation vont disparaître, les petites haines, les petites rancoeurs jaillissent et prennent de l’ampleur. Au milieu de cette haine, un Français, le Français qui reste énigmatique pour ses frères de lutte. Il a quitté Nevers et sa jeune amoureuse, Katia, jeune adolescente punk qui pense avoir trouvé l'amour de sa vie, pour s’engager aux côtés des Croates. Il ne semble pas ressentir la peur et ses motivations profondes demeurent troubles. Ils vont tous se retrouver dans l’enfer : le siège de Vukovar, abattoir à ciel ouvert, une ville où tous se côtoyaient en sachant peut-être que le jour prochain de la séparation viendrait. Timothée Demeillers continue son exploration de l’histoire européenne et de sa jeunesse. Il a certainement pris son envol avec ce roman polyphonique ambitieux, dense et ample à la fois, qui parle de nous dans la douleur et la violence et dissèque la progression inexorable de ces fièvres patriotiques et religieuses qui main dans la main, mènent à chaque fois, inexorablement, vers la guerre, la haine de l’autre et de sa différence.
Ecouter la lecture de la première page de "Demain la brume"Fiche #2558
Thème(s) : Littérature française
Ils sont deux flics dans une petite bourgade argentine perdue au milieu de nulle part, en pleine pampa, bien seuls dans cette pampa sauvage et inquiétante. Pas grand-chose à faire semble-t-il, alors en écoutant la radio quand elle ne grésille pas trop, le collègue de Pampa Asiain parle beaucoup pour noyer leur ennui. Tout le monde se connaît dans le coin. Jusqu’au jour où Pampa se rend pour inspecter un coin isolé sur la rive d’un lac. Il fait froid, la neige commence à tomber et à recouvrir la campagne d’un blanc immaculé et pourtant Pampa décide de se baigner. Il découvre alors le corps d’une jeune femme pendu à un arbre. Il la reconnaît, et en une fraction de seconde, prend une décision étonnante et dangereuse qui va changer son existence, il décide de ne rien à dire à personne de sa découverte et se persuade qu’il s’agit d’un meurtre et qu’il en trouvera son auteur. « Je suis l’hiver » fait alors partager l’errance de Pampa à travers cette région à la découverte des secrets de ses habitants. L’atmosphère du récit est étrange, inquiétante de bout en bout, les personnages aussi troublants que sombres, et eux comme le style de Ricardo Romero aimantent littéralement le lecteur à cet ambiance étrange avec la sensation permanente d’une menace latente sur l’issue de l’enquête de Pampa et sur ses motivations.
Ecouter la lecture de la première page de "Je suis l'hiver"Fiche #2467
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Maïra Muchnik
Narval, ancien militaire retiré (parait-il) des affaires, revient tout juste de son voyage éprouvant à Marseille quand ses collègues porte-flingues de Pépé Bartoli lui rappellent leur bon souvenir. Le voyage n’est pas terminé ! Il va falloir qu’il reparte du côté de la riche Suisse récupérer le fruit d’un casse réalisé quinze plus tôt dont Pépé n’a pas pu profiter faute à son associé de l’époque qui l’a joué solo… Narval reprend donc la route mais avec une double pression : celle de Pépé mais aussi celle d’Edgar son supérieur à la Centrale (Servie de renseignement militaire). Pépé s’en doute-t-il et cette mission ne serait-elle pas un piège ? On le sait néanmoins, Narval est un têtu, sait parfois désobéir et prendre quelques risques pour arriver à ses fins ! Le voyage sera donc tendu, mouvementé, dangereux au cœur des grandes fortunes suisses et internationales, pas toujours très honnêtes et parfois prêtes à tout pour protéger leur pouvoir, leurs petites affaires notamment africaines et leur richesse !
Ecouter la lecture de la première page de "L'affaire suisse"Fiche #2440
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Adrien ne quitte jamais son appareil photo et reste toujours en veille pour trouver le cliché, le bon plan, le bon éclairage. Même lorsqu’il devient chauffeur de taxi à La Crosse dans le Wisconsin au début des années 90, aussi bien dans son taxi que pendant ses heures creuses, il photographie et veut fixer ce qu’il voit et particulièrement les femmes et les hommes qu’ils croisent, leur humanité, leurs forces et leurs faiblesses. Et ce job lui offre une multitude de rencontres, souvent singulières, en tous cas de vrais personnages emblématiques pour beaucoup d’une certaine Amérique. Puis Adrien quitte ses Gros-Bills pour rejoindre Rockport dans Le Maine. Un de ses clichés a été repéré et il est embauché par un centre photographique réputé. Il se retrouve dans un tout autre environnement, des pros de la photo, du matériel à foison, des clichés exceptionnels, des stagiaires qui défilent. Et surtout Gloria la responsable de la galerie et Travis un photographe reporter de guerre qui rêve de retourner en Somalie. Chacun prend ses marques et le trio se forme mais il faut bien trouver quelques occupations annexes : « Ils sont trois imposteurs de circonstance, de la mauvaise graine joyeuse. » Leurs petits trafics vont prendre de l’ampleur et ils vont vite se faire rattraper... Vingt ans plus tard, Adrien est revenu en France et semble avoir accepter les pantoufles d’une vie bien rangée quand cette période va se rappeler à ses (bons ?) souvenirs... Des vies débutantes dresse le portrait d’un jeune homme qui cherche son chemin orienté par sa passion, la photographie. Il accepte de suivre les méandres imposés par ses rencontres heureuses ou pas et de parfois laisser filer la vie comme bon lui semble. Un roman d’apprentissage attachant et émouvant d'un jeune homme tendre et amoureux au rythme crescendo qui finit en apothéose.
Premier roman
Fiche #2383
Thème(s) : Littérature française
Voilà un recueil de nouvelles bien noires et proches de nous ! Treize textes au cœur de la banlieue parisienne, d’est en ouest, du nord au sud, très au sud même, puisque vous pourrez passer une nuit inoubliable et glaçante dans la forêt de Fontainebleau où les sorties nocturnes sont très animées et parfois dangereuses même si un seul loup n’y est présent… Vous découvrirez le kanun, coutume médiéval albanaise, qui peut même s’appliquer à Pantin, vous saurez ce qu’il est advenu à Nanterre le jour où Johnny est mort, comment Emma tentera d’oublier sa différence à Mantes-la-Jolie, le désastre d’une rupture amoureuse à Montreuil, les conséquences des attentats et de la pression sur le monde musulman à Fleury-Mérogis, un collectionneur singulier à Arcueil… Treize auteurs pour treize portraits réalistes, des récits tendus, âpres, parfois même désespérés qui dessinent en creux le portrait de notre société : "Je crois en l'infinie capacité des hommes à se piéger eux-mêmes..." (Cloé Mehdi, Je ne suis pas Paris)
Fiche #2316
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Depuis l’âge de dix ans environ, ils en ont vingt cinq, les jumeaux sont tous les deux des accidentés de la vie : une sale maladie héréditaire (vrai personnage décrit avec beaucoup de pudeur) a forcé la porte de leur vie et détruit patiemment leur existence, presque tranquillement. « C’est curieux comme nous n’encaissons pas les chocs de la même façon. Et pourtant de vrais jumeaux. » L’un entame une sorte de pas de deux avec la mort, alors que l’autre essaie de l’ignorer en lui tournant le dos et en vivant au jour le jour. Trouver les solutions que l’on peut pour gagner du temps... L’un est resté avec leur père, l’autre s’en est éloigné. Leur mère est hospitalisée, elle a rejoint un autre monde, absente, ailleurs. Ils continuent d’aller la voir même s’ils en ressentent une souffrance intense. Elle ne prononce qu’un mot, elle répète « Varsovie » et donc voici le trio parti vers l’inconnu, nouvelle étape ou dernier voyage vers un espace à découvrir, une nouvelle vie… Un roman bouleversant au coeur d’une famille ravagée par le silence et la maladie, un style et un ton justes à la hauteur adéquate qui impliquent naturellement le lecteur sans jamais l’étouffer par la douleur de la situation.
« Le souvenir d’une amitié, c’est encore de l’amitié. »
Fiche #2268
Thème(s) : Littérature française
Christiane Tarpenbek, institutrice à Hambourg, a disparu. La presse à scandales l’a en effet portée à sa une, elle aurait insulté l’une de ses élèves, réfugiée somalienne. Difficile d’arrêter la machine, alors Christiane est partie (« Tout le monde a le droit de disparaître. »), vers un autre pays, et peut-être d’autres rencontres. Roland, son fils, bien qu’il n’en soit guère proche, refuse de croire cette version et engage une détective pour la retrouver. Celle-ci va aller à la rencontre de ses amis (mais le sont-ils vraiment ? Connaissent-ils vraiment Christiane ?) et les faire parler (« Beaucoup de gens pensaient la connaître et voyaient en elle un monstre qui s’en prenait aux enfants. »). Ils parleront autant de Christiane que d’eux, des confessions doubles, des impressions, des sentiments, des jugements, des interprétations, qui dressent un portrait, voire un miroir, pièce par pièce de l’absente et de la société allemande. Puis le lecteur retrouve Christiane dans le pays où elle a pu s’installer et à nouveau, peut tenter de la cerner par un portrait croisé, le sien et celui de l’homme qu’elle a rencontré et qui saura la comprendre et l’écouter. Un portrait original et vivant tant dans la forme que le fond d’une femme à part, solitaire, qui peine à trouver sereinement sa place dans notre monde et que personne finalement ne connaît vraiment ("Que peut-on faire quand on se sent seul mais qu'en même temps, on redoute les gens ?"), une étrangère donc...
Ecouter la lecture de la première page de "Hôtel Jasmin"Fiche #2155
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Alexia Valembois
Narval est un ancien militaire qui a visité nombre de coins chauds de la planète : Congo, Irak, Bosnie, guerre du Golfe… Il ne participe plus aux opérations militaires mais sa mémoire n’a rien oublié. Aujourd’hui, lui, le Parisien, débarque à la gare Saint-Charles de Marseille, un coin plus calme… enfin presque… Il a en effet décider de quitter le clan corse qui l’employait à Paris pour venir s’occuper de la sécurité du maire de Marseille, contrat sans problème a priori. Narval est un professionnel reconnu et toujours en éveil. Heureusement pour lui, car, peu de temps après son arrivée, il échappe de peu à un traquenard qui aurait pu lui coûter quelques longues années de prison ! Narval ne lâchera pas l’affaire, il va falloir prouver son innocence et dévoiler les dessous de l’affaire. Il trouvera de l’aide auprès de Jean-No l’ancien docker et ami qui ne le laissera pas tomber et peut-être auprès de la belle Djamila rencontrée à l’accueil de son hôtel. Nous ne dévoilerons pas plus de l’intrigue et du déroulement de l’enquête, mais, un Parisien peut-il rester longtemps à Marseille ? Un récit rythmé, un beau personnage principal et une intrigue efficace.
Ecouter la lecture de la première page de "Le Parisien"Fiche #2124
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Prague fait partie des capitales européennes où beaucoup rêvent de séjourner, ville mythique, belle carte postale. Mais derrière la vitrine, que trouve-t-on ? Marek, après avoir déserté Prague au début des années 2000 pour les Etats-Unis, est de retour sept ans après. La ville a totalement muté. Son ami Jakub aussi. Sans parler des touristes qui ne viennent pas uniquement pour les belles pierres ! On suit les pérégrinations de Marek de clubs en bars, d’alcools en drogues, de filles en filles à la recherche de Sa ville et de son amour de jeunesse, Katarina. Le communisme a été expulsé laissant rapidement place à un capitalisme débridé. Il se retrouve donc devant mafias, prostituées, et la disparition du Prague populaire, un désenchantement flagrant et profond. Evolution classique, enrichissement exponentiel d’un petit nombre, appauvrissement et misère pour le plus grand nombre incitant même certains à regretter l’ancien régime… Un portrait dense, précis et désenchanté de Prague qui casse l’image idyllique de cette capitale européenne.
"On ne peut pas toujours rattacher la destinée d'un homme à celle de sa nation"
Premier roman
Fiche #2045
Thème(s) : Littérature française
Erwan a du temps devant lui pour réfléchir. Il est en cellule et encore pour de longues années. Il lui est donc possible de songer à l’évènement, à l’instant où tout a basculé, où sa vie a définitivement pris une autre direction, loin de celles de son frère, sa femme et ses deux petites filles. Erwan était ouvrier dans un abattoir de la banlieue d’Angers. Chaque jour, il prend sa voiture pour rejoindre les frigos, ses collègues, ses chefs mais surtout les carcasses et les machines inépuisables qui transportent, coupent… Travail à la chaîne, dans le froid et le bruit, des sons métalliques qui vous habitent bien longtemps après avoir quitté l’usine (« Je vis pour l’usine. Je vis par l’usine. Même ici. Elle s’est greffée à moi. »), des odeurs, des images qui vous font réveiller en sueur en pleine nuit. Rien pour s’échapper, pour fuir, tenter simplement de survivre. Une répétition à l’infini des gestes et des carcasses qui défilent les unes après les autres. A peine embauché, le seul espoir réside en la retraite et de pouvoir en profiter quelques temps, quelques mois, quelques années au plus... Seul rayon de soleil, sa rencontre avec Laëtitia, une étudiante venue pour un stage d’été. Mais qui peut envisager de vivre durablement avec un gars travaillant aux abattoirs, dans les carcasses et le sang ? Un texte prenant qui met en avant un invisible, bien loin des reportages habituels qui vont exclusivement évoquer la souffrance animale, pourtant l’un n’excluant pas l’autre, Timothée Demeillers nous parle aussi sans artifice de la souffrance humaine, du monde du travail où s’accomplir demeure une affirmation simplement inenvisageable, une utopie. L’écriture et le style rendent parfaitement l’ambiance, l’âpreté et la difficulté du travail, sa répétitivité, les odeurs, l’agressivité des machines et des supérieurs. Une très belle et percutante découverte.
« Ceux que les mêmes gestes répétés à l’infini sur quarante ans n’ont pas trop amochés. Les mêmes gestes. Les mêmes mouvements du corps. Les mêmes muscles qui travaillent. Les mêmes tendons, les mêmes os. Les mêmes os, qui au fil du temps se déforment, se calcifient. On devient des sortes de mutants, à travailler à la chaîne. On devrait étudier ça en anatomie. Le corps d’un ouvrier à la chaîne. Les transformations du corps d’un ouvrier à la chaîne. Les douleurs. Les maux. La journée, ça va encore. Parce que les muscles sont chauds. Parce que les tendons sont chauds. Mais une fois au repos. La nuit. Les douleurs apparaissent. Les sales douleurs de trop répéter les mêmes mouvements mécaniques. Avec l’angoisse croissante de se dire que demain ça n’ira que plus mal. Parce qu’il faudra y retourner. Il faudra recommencer. »
Fiche #1985
Thème(s) : Littérature française
Le narrateur séjourne dans une ville méditerranéenne en vilain état, et le Sporting Club où il s’installe régulièrement est à son image. Délabré, frisant l’abandon, et néanmoins, la vie persiste et continue. Une piscine en bord de mer où il enchaîne les longueurs et observe avec acuité cette ville fascinante. Il y est venu pour rencontrer Camille image de cette ville et de son passé et écrire un livre. Mais Camille s’échappe, les rendez-vous sont repoussés, et lorsqu’ils se rencontrent, il s’évade, les sujets de discussion dérivent. Alors, le narrateur épie cette ville insolite, les ruines face au ciel bleu et au soleil, atmosphère étrange, entre tumulte et lenteur. Il constate ses changements, regrette parfois ses bouleversements, « La forme d’une ville / Change plus vite, hélas ! que le cœur d’un mortel. » Un portrait contemplatif et élégant empruntant les voies de traverse d’une grande ville du Moyen Orient (que nous ne dévoilerons pas !).
Premier roman
Fiche #1905
Thème(s) : Littérature française
Léo Martin est commissaire dans un quartier populaire de Santa Clara (Cuba) où la débrouille et les petites affaires permettent à chacun de survivre. L’existence est périlleuse, chaque pas peut mener à une impasse (« Mais le destin est ce qu’il est. Il en a rien à branler, le destin. Il est inflexible. »), le quartier est une vraie piste de tango. Beauté et tragédie. Léo connaît parfaitement le quartier et ses habitants et croit tout savoir de leurs petites activités. D’ailleurs, ici, tout le monde sait tout sur tout le monde et lorsqu’il découvre un trafic autour de lunettes de soleil, il n’est pas étonné. Pourtant, l’assassinat d’un jeune homme ébranle ses convictions… Aurait-il raté quelque chose ? Existerait-il un lien entre les deux affaires ? Ce roman noir, policier, d’amour mais peut-être surtout social propose une étude de mœurs rythmée et très réaliste d’un quartier populaire cubain.
"Puchy a toujours dit que le quartier était un monstre. Je l'ai entendu le dire tant de fois que j'ai fini par me l'imaginer moi-même ainsi : une pieuvre pourvue d'un million de tentacules."
Fiche #1319
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Morgane Le Roy
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