« Sans n’était-ce donc que cela, le bonheur : l’évitement du malheur. »
Eric Bonnargent

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Mercure de France

Yves BICHET

Trois enfants du tumulte
Mercure de France

31 | 266 pages | 02-09-2018 | 19.8€

Mila et Théo, les héros de Indociles, luttaient contre la guerre d’Algérie, nous les retrouvons au cœur des évènements de 68 dans la France de De Gaulle. Ils forment maintenant un trio avec la venue de Delphine, une étudiante en médecine. Ils vont donc se confronter et se joindre au tumulte de l’époque, politique, libertaire, joyeux, fou, sexuel à Lyon. Ils participeront avec innocence et allégresse au mouvement, or c’est à Lyon dans la nuit du 24 mai, qu’un commissaire mourra accidentellement, renversé par un camion, évènement qui rebattra les cartes et changera l’atmosphère et les réactions de chaque camp. Progressivement les rêves s’estompent, le fossé s’élargit entre les meneurs, les partis et la base. La désillusion grandit et les rêves perdus inciteront certains à prendre le chemin de la radicalisation, voire de la violence. Mila et Théo pourront-ils à nouveau résister aux évènements violents de l’Histoire, et à la fin de l’innocence ? Feront-ils partie de ceux qui continueront le combat ou de ceux qui se rangeront ou renonceront sans jamais pouvoir être réellement consolés ? Avec toute sa sensibilité habituelle, Yves Bichet rend hommage et dresse une série de portraits de manifestants qui ne pourront rejoindre à l’issue de 68 les rangs du pouvoir politique ou économique. Ils étaient petites mains, ils étaient candides, ils le resteront, avec leurs désillusions. Mais il permet aussi avec la trajectoire de ses personnages de comprendre le basculement de certains dans la violence, ce mécanisme n’étant pas étranger à notre société contemporaine.

« Ces théoriciens de la révolution et de la lutte des classes tentent de prendre le train en marche et paniquent à la perspective d’être dépassés par les évènements. Ils courent après l’ancien monde. Ils ont peur. Ils se feraient un plaisir d’attaquer plus impulsifs et plus déterminés qu’eux. Par chance ce sont souvent leurs propres enfants qui défilent dans les rues et, au milieu de cette ambiance de folie, de jubilation, et d’irrespect général, on espère qu’ils n’oseront pas trop montrer leurs muscles. »

« On emprunte, on s’endette et on pollue. On dépense, on gaspille et on jouit. »

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Fiche #2206
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Yves Bichet lus par Vaux Livres


Yves BICHET

Indocile
Mercure de France

30 | 260 pages | 27-07-2017 | 19.8€

Dans ce roman d’apprentissage, Yves Bichet décrit le parcours initiatique du jeune Théo, 18 ans, qui aurait voulu être professeur de gymnastique et qui va faire son entrée dans la vie adulte dans des circonstances tragiques : « L’amour et la guerre frappent conjointement à sa porte. ». En 1961, l’Algérie n’est pas encore une guerre parait-il mais les morts déjà ne se comptent plus et son meilleur ami, Antoine, est revenu des combats mais dans le coma. C’est en lui rendant visite à l’hôpital qu’il découvre l’amour avec la mère d’Antoine tout d’abord puis avec Mila, une jeune femme libre, indépendante qui a pris la foudre et s’en est trouvée meurtrie à jamais. Elle va l’éclairer sur le conflit et le mener à refuser la guerre (« Toutes les guerres sont perdues d’avance… ») alors que l’objection de conscience n’est pas encore reconnue, et dans la clandestinité, on devient vite adulte...

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Fiche #1991
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Yves Bichet lus par Vaux Livres


Vénus KHOURY-GHATA

Les derniers jours de Mandelstam
Mercure de France

29 | 135 pages | 23-08-2016 | 14€

Ossip Mandelstam est mort le crayon à la main (« Ecrire jusqu’à la dernière palpitation du sang dans ses veines. »), la poésie aux lèvres. Il est mort pour un vers, un vers moqueur, un vers direct que le monstrueux Staline n’apprécia. Un vers que Mandelstam ne renia jamais. De camp en camp, de cellule en cellule, Staline l’écrasa, l’affama, le réduit au néant. Mais Mandelstam choisit de résister, seul, avec sa femme et sa poésie. Il ne put rejoindre les poètes et écrivains officiels, la cour des courbés, il subit, plia, jusqu’à la rupture. Et pourtant, « La faim devenait une obsession. » et l’éloignait à chaque instant de la poésie. Vénus Khoury-Ghata nous livre une description émouvante des dernières instants de Mandelstam, de son combat perdu d’avance, et rappelle l’intransigeance et la barbarie de l’époque stalinienne qui n’acceptait remises en cause et critiques. Mais comme le démontre Laurent Gaudé dans son dernier roman Ecoutez nos défaites, le temps choisit souvent d’inverser le résultat des combats historiques et le perdant devient alors un nouveau vainqueur intemporel, pauvre Joseph...

« La terre est morte mais elle ne le sait pas encore. Elle continue de tourner. »

Ecouter la lecture de la première page de "Les derniers jours de Mandelstam"

Fiche #1830
Thème(s) : Littérature française


Stéphanie DUPAYS

Brillante
Mercure de France

28 | 188 pages | 06-06-2016 | 17€

Claire et Antonin sont des jeunes cadres dynamiques, brillants, ils ont suivi de grandes études, se disent performants, sont sûrs d’eux, de leur talent, de leur réussite, de leur supériorité et ils ne le cachent pas, ils appartiennent au beau monde. Rien ne semble ébranler leurs certitudes. Et, pourtant… Sans trop savoir pourquoi, un jour, la supérieure de Claire, modèle absolu de la femme qui a tout réussi, commence de ne plus la regarder, elle n’est plus reconnue, ignorée parfois. Claire reste interdite, ne comprend pas mais doit se rendre à l’évidence, une autre est en train de lui ravir la place. Ce bouleversement la plonge dans le silence, elle ne peut partager cette mise à l’écart avec Antonin ou d’autres, reconnaître son échec est strictement impossible. Comment continuer lorsque l’adrénaline disparaît ? Comment continuer si la lumière s’estompe et si les fondements qui ont construit sa vie intime et professionnelle vacillent ? Un roman cinglant et cruel qui offre une variation sans concession sur le thème de réussite et qui dresse un portrait noir de cette caste, nouvelle aristocratie matérialiste, que le travail a absorbé et qui reste persuadée de sa supériorité et de son destin hors norme.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Brillante"

Fiche #1792
Thème(s) : Littérature française


Vincent PIERI

La voix intérieure
Mercure de France

27 | 156 pages | 01-06-2016 | 15.8€

Jean est violoncelliste, musicien accompli, il maîtrise son instrument et son art mais Jean est obsédé depuis longtemps par une voix, une voix mystérieuse qu’il entend en permanence. Une voix en retrait et pourtant si présente par sa perfection qui le bouleverse et l'intrigue, elle insiste, s’insinue, prend possession de lui, entre terreur et extase, amour et haine, elle le pousse vers une folie qui prend corps dans des crises récurrentes. Alors, son ami luthier Nathanaël, l’envoie vers le sud à la recherche du guérisseur Manuel d’Algirdas et du monde gitan, de ses croyances et de ses rituels, qu’il a quitté il y a déjà de longues années. Un voyage pour se trouver, une quête de sa voix intérieure pour la transformer définitivement en alliée et parvenir à un apaisement salvateur.

Ecouter la lecture de la première page de "La voix intérieure"

Fiche #1788
Thème(s) : Littérature française


Zoë WICOMB

Octobre
Mercure de France

26 | 290 pages | 04-10-2015 | 23€

Mercia Murray a cinquante-deux ans, a quitté depuis longtemps l'Afrique du Sud pour l'Ecosse et vit avec Craig en qui elle a toute confiance. Pourtant Craig vient de la quitter, pour une plus jeune, une Ecossaise, blonde, avec qui il aura un enfant. Un univers bien éloigné de Mercia… Elle reste interdite et s'interroge. Alors, lorsque l'occasion se présente, elle retourne en Afrique du Sud. Retour vers un pays, mais est-ce vraiment chez elle, vers une histoire. Elle retrouve Jake son frère, donc son enfance, « Pour Jake, c'est à cela que se résume leur enfance : la crainte du Père et de Dieu ». Une enfance régie par un père rigoriste, très religieux (« La culpabilité – voilà la véritable couleur de leur enfance »), ce qui n'évitera pas quelques graves déviances que Mercia découvrira tout en s'occupant de son neveu, seul personnage innocent de l'histoire. Un roman noir creusant les secrets de famille sur fond d'apartheid et d'exil.

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Fiche #1707
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Edith Soonckindt


Yves BICHET

L'été contraire
Mercure de France

25 | 180 pages | 30-08-2015 | 17€

Clémence est infirmière dans une maison de retraite et très compréhensive, elle donne la permission de minuit à quelques uns de ses patients afin qu'ils prennent du bon temps dans le casino voisin ! Et patatra, l'escapade est découverte et Clémence virée. Acte fondateur d'une petite communauté qui choisit la liberté et l'amitié. Les vieux s'échappent accompagnés d'une simplette et d'un autre agent de la maison de retraite pour se joindre à Clémence. Ils sont cinq, unis, solidaires et bien décidés à vivre ensemble et à tout partager. En pleine canicule, les voici partis sur les routes pour une aventure pleine de rebondissements. Le pays souffre, l'équipe s'en aperçoit, voit les injustices et ceux qui en profitent et rentre en résistance. Entre Robin des Bois et Zorro, ils rejettent la société et le monde qui les entourent et sont bien décidés à agir, ils savent comment soulager certains pour en faire profiter d'autres… Progressivement, leur notoriété grandit, la police commence de s'intéresser à eux et les jeunes de banlieue de les imiter. Ce groupe légèrement libertaire et en tous cas débordant de générosité et d'imagination réveille ainsi la France dans cette torpeur imposée par la chaleur inhabituelle. Un récit vif, tonique, joyeux, optimiste parcouru par des personnages attachants et débordant d'humanité qui nous laisse espérer qu'un monde meilleur est encore possible !

Ecouter la lecture de la première page de "L'été contraire"

Fiche #1692
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Yves Bichet lus par Vaux Livres


Douna LOUP

L'oragé
Mercure de France

24 | 222 pages | 23-08-2015 | 17€

En 1920, les colons règnent encore sur Madagascar. Les colons mais aussi leur langue. Et face à eux, certains tentent de résister, chacun avec ses moyens. Pour Esther et Rabe, la culture et la langue sont leurs armes. Esther dite Anja-Z est une poétesse, une femme aussi libre dans sa vie que dans son écriture. Rabe, 10 ans plus jeune, autodidacte, écrit aussi et voue une admiration sans faille pour Esther, la poétesse puis ensuite pour la femme également. Leurs rencontres sont autant des rendez-vous amoureux que des confrontations intellectuelles. Le récit opère un va-et-vient régulier entre les pensées de l’un et de l’autre, entre les langues du pays. L’oragé parle donc d’amour, de rencontres, de liberté, de langue (« La langue elle pense à la langue, à la poésie de sa langue et pas à la poésie qui se dit invention nouvelle venue d’ailleurs, car non, on n’a pas attendu les vers colportés de l’Europe, pour que la poésie soit là, soit vive. La langue n’a pas attendu ça. »), de littérature et de poésie (« La poésie, bête à apprivoiser, Rabe. Pas une princesse apparue par miracle. Non. Un ailleurs ouvert, unique, à soi. »), de résistance mais rend aussi compte de la situation du pays en 1920, du comportement outrancier des colons. Et pour cela, Douna Loup a totalement revu et adapté son écriture et son style aussi bien dans la forme que dans le fond à ce double portrait original et attachant et à ce bel hommage.

« On peut parler de tout et c’est même parce qu’on en parle que cela existe, non ? »

Ecouter la lecture de la première page de "L'oragé"

Fiche #1690
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Douna Loup lus par Vaux Livres


Anne RÉVAH

L'enfant sans visage
Mercure de France

23 | 147 pages | 15-07-2015 | 15€

C'était il y a dix ans, dix ans pour pouvoir enfin se confier à une journaliste, même si elle ne parlera pas directement d'elle mais préférera raconter l'histoire de Bénédicte et Guillaume. A la fin des années 90, ils formaient un couple parfait avec leur petite fille Emilie âgée de deux ans. Bénédicte achevait alors ses études et devait obtenir un boulot à la fin de l'année. Le couple n'envisage alors pas de deuxième enfant. Ils partent en vacances dans la joie, « Ils étaient bien tous ensemble. La petite était resplendissante, … Guillaume et Bénédicte formaient un joli couple avec une jolie petite fille, des amis charmants, dans une maison sans défaut, pour des congés mérités. ». Néanmoins, Bénédicte ressent lassitude et fatigue et, en rentrant de vacances, ce qu'elle a occulté depuis avril devient évident, elle est enceinte. Alors qu'elle s'interroge sur ce déni et que Guillaume se félicite de cette bonne nouvelle, « une grossesse, rien qu'une bonne nouvelle », elle se lance avec un sentiment de culpabilité et retard dans les examens habituels. Des examens qui révèlent qu'elle a eu deux maladies qui peuvent s'avérer dangereuse pour le foetus. Il faut attendre. Le couple est ébranlé, chacun attend de son côté, le silence s'instaure, l'éloignement s'opère. Les rapports avec le monde médical se compliquent. Et puis, la terrible nouvelle tombe, il y a peu de chance que le nouveau né n'ait pas de graves séquelles. Anne Révah aborde l'interruption thérapeutique de grossesse avec beaucoup de pudeur et de retenue, explore avec sensibilité les réactions du couple et de chacun de ses membres, les conséquences partagées ou non, le comportement du corps médical et fouille par petite touche cette blessure qui ne cicatrisera jamais.

Ecouter la lecture de la première page de "L'enfant sans visage"

Fiche #1661
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Anne Révah lus par Vaux Livres


Anne RÉVAH

Quitter Venise
Mercure de France

22 | 132 pages | 21-09-2014 | 14.5€

Le personnage principal de « Quitter Venise » a choisi la musique, le violon, après le constat qu’il ne pourrait satisfaire sa famille. Sa grand-mère lui a en effet raconté, et raconté encore leur histoire familiale lourdement liée à la déportation. Ce personnage était donc désigné pour se souvenir, vivre avec ces souvenirs pour mieux les transmettre mais la mémoire s’estompe et il ne s'en sentait pas capable : « Je sus à l’instant de la mort de ma grand-mère que je ne pourrais que la trahir, que rien en moi n’était à la hauteur de l’attente, ou de la consolation. » Evidemment la culpabilité le ronge, « J’étais indigne de cette histoire. » Alors il choisit une autre vie. Et aujourd'hui il part, il part à Venise, rejoindre une riche famille pour enseigner le violon au gamin surdoué. Le lecteur suit ses pas dans cette ville si singulière qui facilite son introspection et l’observe épier, interroger, découvrir un couple étrange qui lui dévoile une autre histoire et il faudra attendre la dernière page pour que le lecteur connaisse véritablement le personnage qu’il a pourtant accompagné dans ses pérégrinations.

Ecouter la lecture de la première page de "Quitter Venise"

Fiche #1520
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Anne Révah lus par Vaux Livres


Alma BRAMI

J'aurais dû apporter des fleurs
Mercure de France

21 | 155 pages | 17-08-2014 | 15.8€

Gérault a la cinquantaine et vit seul, sans femme, sans enfant, c’est déjà presque suspect ! Il vient de se faire virer et rejoint le camp des chômeurs. L’homme sans prénom, transparent, offre une façade lisse, sans aspérité. Il ne veut pas se faire remarquer, acquiesce, obéit à tout un chacun, accepte toutes les conventions. Il refuse d’exprimer ses sentiments vrais, pourtant une petite voix intérieure, elle, est sans retenue, franche, elle gronde, râle et règle ses comptes avec les amis, la vieille mère oppressante, la prétendante collante… Saura-t-il l’écouter et se libérer de cet environnement pesant et devenir Charles Gérault ? Un portrait touchant d’un homme en perdition emblématique de notre société.

Ecouter la lecture de la première page de "J'aurais dû apporter des fleurs"

Fiche #1497
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Alma Brami lus par Vaux Livres


Louis-Philippe DALEMBERT

Ballade d'un amour inachevé
Mercure de France

20 | 288 pages | 31-08-2013 | 19.5€

en stock

Dans un modeste village des Abruzzes, Azaka ne passe pas inaperçu. En effet, l’homme est arrivé d’Haïti. Âgé d’une dizaine d’années, il est resté coincé longtemps sous les décombres lors du tremblement de terre qui a terriblement éprouvé le pays. Sauvé par un volontaire italien, il y laissera ses rêves mais aussi son père et son frère. Il prendra donc plus tard le chemin de l’exil, douleur des exilés déchirés par l’abandon des leurs et de leur pays et torturés par leur histoire. Entre curiosité et rejet, il s’installe et rencontre l’Italie, les Italiens et leurs traditions, le pouvoir et l’influence des Mammas mais aussi l’humour permanent qui permet à tous d’accepter le quotidien. Il croit même en son intégration alors que très amoureux et attentionné pour son épouse Mariagrazia (qui a su passer outre les pressions familiales), ils attendent un heureux évènement, une fille espère-t-il. Pourtant, comme une malédiction ou un bégaiement de l’histoire, l’Italie subit à son tour un terrible tremblement de terre, et dans ces moments, au cœur des drames, les tensions sont exacerbées… Le récit de Louis-Philippe Dalembert aborde moult thèmes souvent graves mais toujours avec humour (l’exil et le déplacement, les rencontres inattendues, le poids des traditions, la vie au cœur des catastrophes naturelles, le racisme, la religion…) et confirme que la vie demeure la plus forte malgré les évènements qui viennent l’écorcher.

« Le malheur sait aussi bien diviser que rapprocher les humains. Il suffit d’un rien, d’un geste, d’un mot, du silence même, pour que l’on bascule d’un côté ou de l’autre. Dans l’horreur ou la générosité. »

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Fiche #1347
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Louis-Philippe Dalembert lus par Vaux Livres


Gwenaëlle AUBRY

Partages
Mercure de France

19 | 185 pages | 10-01-2013 | 17.5€

Leïla et Sarah auraient pu être amies ou sœurs, elles sont deux ados qui se ressemblent, pourtant leur territoire n’est pas le même et les sépare, leur lieu de vie ou de naissance les oppose à jamais. Le récit alterne les vies de l’une et l’autre jusqu’à la confusion tant elles sont similaires. Chacune a une amie confidente mais si différente, chacune subit son lieu de vie, elles partagent la même Histoire, la même Terre et les Morts qui les séparent. Elles étouffent conjointement, l’entourage de chacune pèse sur son destin, l’insouciance et la gaieté se sont éloignées de longue date de leur pourtant jeune existence, la peur et la fureur les ont remplacées. Deux faces d’un même miroir nées pour se rejoindre, ultimement. Gwenaëlle Aubry sur ce sujet brûlant réussit le tour de force de ne pas prendre parti, de ne pas montrer sa préférence pour la jeune Juive ou la jeune Arabe, mais simplement de montrer que malgré leur similitude extrême, un destin tragique les attend, inexorablement et au-delà de leur drame personnel, rien ne laisse supposer la fin de cette danse tragique !

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Fiche #1222
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Gwenaëlle Aubry lus par Vaux Livres


Douna LOUP

Les lignes de ta paume
Mercure de France

18 | 168 pages | 06-08-2012 | 15.5€

Linda est une vieille dame de 85 ans et elle se raconte à une jeune fille. Alternativement, chacune raconte, questionne l’histoire de Nelly Machat devenue Linda Breuse, Linda explique ce qu’elle est et la jeune fille les évènements qui ont construit cette vie et cette vieille dame. Le récit couvre une période large et révèle les secrets de cette mutation de la petite fille originaire de Bagnolet qui vit aujourd’hui à Génève dans un appartement envahi d’une multitude de tableaux et sculptures. D’une enfance solitaire, elle s’est créé un monde à part, puis elle s’est construit une vie indépendante, a vécu comme elle l’a décidé mais en cachant ses douleurs et failles. Par l’art et la peinture, elle a pu vivre et étouffer une colère latente. Aujourd’hui, la vieille dame réussit à adopter un ton détaché, parfois ironique, avec une belle et sage dérision même si le silence continue de l’habiter : « Ce n’est pas parce que tu es à nouveau bavarde que le silence n’est pas en toi comme une lame de fond évidente. ». Le récit est rythmé, le style est riche, l’écriture est élégante, maîtrisée, une brillante confirmation après L’embrasure.

« Je rêve d’une colère montgolfière qui s’élèverait dans le ciel en soulevant le poids du monde, une colère montgolfière qui ferait s’envoler un à un nos fardeaux, nos croix, nos boulets et tous nos maudits héritages. »

Ecouter la lecture de la première page de "Les lignes de ta paume"

Fiche #1162
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Douna Loup lus par Vaux Livres


Emmanuelle GUATTARI

La petite Borde
Mercure de France

17 | 142 pages | 03-08-2012 | 13.5€

Par petites touches successives, Emmanuelle Guattari évoque son enfance et sa famille. Succession d’évènements, d’instants au sein d’un établissement atypique. La Borde accueille des pensionnaires, fous qui déambulent en toute liberté dans l’établissement au milieu d’un parc immense. La folie n’est pas placée à l’écart, isolée, elle est partagée. Apprentissage de la vie, apprentissage de la différence, les enfants évoluent avec une grande liberté, enfants de la campagne, indépendants se découvrant avec la folie comme toile de fond : « Nous traînions notre enfance au milieu des adultes. Sans bien tout comprendre. Un somnambulisme, dans les paroles et l’épaisse couche de fumée de cigarettes ». Un bel hommage empreint de tendresse et d’une sensibilité émouvante.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "La petite Borde"

Fiche #1156
Thème(s) : Littérature française


Anne SERRE

Les débutants
Mercure de France

16 | 168 pages | 14-08-2011 | 16.8€

Anna vit avec Guillaume depuis vingt ans. Deux disputes anodines en vingt ans. Ils ne font qu’un. Ils s’aiment comme au premier jour. Pourtant au détour d’une rue de Sorge, un coup de foudre terrasse Anna. Thomas Lenz ne quittera plus son esprit, une nouvelle passion qui débute. Histoire universelle que de « … tomber amoureux de quelqu’un alors que l’on est heureux avec quelqu’un d’autre… » mais Les débutants concerne essentiellement le passage du gué, du pont d’une passion à l’autre, les atermoiements, hésitations, doutes et indécisions qui minent Anna pendant que les débutants tentent de se découvrir, de s’apprivoiser, le moment où les souvenirs, les images de la première passion s’éloignent, volontairement ou involontairement. Elle ne sait identifier les raisons, le pourquoi de ce coup de foudre. Une fêlure ? Mystère de la passion, l'impression de se connaître depuis toujours... Danse envoûtante à trois puis danse exclusive à deux : "Que c’est étrange de quitter quelqu’un que l’on aime pour quelqu’un que l’on aime."

Sélection Prix Page des Libraires 2011

« On n’aime peut-être jamais que par erreur. »

Fiche #1006
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Anne Serre lus par Vaux Livres


Sylvie TANETTE

Amalia Albanesi
Mercure de France

15 | 135 pages | 03-08-2011 | 14.2€

Un devoir anodin que rapporte le petit Téo à la maison pour le week-end : construire l’arbre généalogique de la famille. Et pourtant, quel piège ! Cet exercice sera le prétexte pour rencontrer jusqu’aux arrières grands-parents de la mère de Téo. Une famille issue de la région des Pouilles, Tornavalo, petit village où la terre rouge omniprésente s’incruste partout. Une lignée de femmes qui rêvent de l’homme qui viendra les enlever et qui tombent dans les bras du premier voyageur, beau parleur, qui lui narre ses voyages et rencontres. Amalia jolie sorcière, rêveuse et brodeuse douée partira avec Stepan sorti de nulle part vers Alexandrie. Luna épousera Elias et ses utopies. Pourtant la narratrice aimerait refuser cette destinée de femmes cédant à leurs passions, mais en a-t-elle le choix ? Les remparts de Dubrovnik sont si attirants…

Premier roman

Fiche #997
Thème(s) : Littérature française


Pascale KRAMER

Un homme ébranlé
Mercure de France

14 | 133 pages | 02-01-2011 | 15.2€

Simone assiste et décrit avec lucidité la maladie qui frappe son mari Claude. Ce dernier, la cinquantaine, investi dans le milieu associatif dédié aux jeunes, a refusé de quitter un quartier quand d’autres aveuglés par la peur l'abandonnaient. Pourtant Claude a peu à peu déserté ce monde dans lequel il ne se reconnaît plus, cette société qui l’a rejeté. Le désir de se battre l’a abandonné et il accueille cette maladie à l’issue fatale comme une alliée. Simone toujours amoureuse l’assiste dans cette épreuve mais son impuissance la bouleverse et la dérange autant que les souffrances de son compagnon. Décrire la douleur, les malaises, l’évolution du mal, les souffrances ne semble pas l’épauler, leur relation se dégrade, une incompréhension mutuelle s'impose et la laisse impuissante et désemparée, le crabe se referme sur lui-même... Elle trouvera une faible et fugace lueur d’espoir dans sa rencontre avec Gaël le fils de onze ans que Claude n’avait jamais rencontré, scintillement rapidement éteint par le comportement de Claude (« Elle ne pouvait s’ôter de la conscience que tout ceci était égoïste, égoïste et tellement désespéré »). Un livre assez terrible sur la maladie, l’enfermement dans la maladie, la vérité et le mensonge face à la maladie, le désir d’en finir, l’impuissance de l’entourage et l’évolution de ses sentiments face à la maladie voire au malade : « …elle aspirait désormais : au calme et à l’irresponsabilité ».

Article paru dans la Revue "Page des Libraires".

Fiche #878
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Pascale Kramer lus par Vaux Livres


Alma BRAMI

Tant que tu es heureuse
Mercure de France

13 | 236 pages | 22-11-2010 | 17.8€

Eva jeune institutrice est amoureuse de Frank homme marié. Ils vivent leur relation sans retenue mais sans se poser de questions quant à l’avenir. Pourtant, en peu de temps, elle perdra tout, l’enfant qu’elle portait et Frank qui disparaît. Elle se replie alors sur elle-même et revient sur son passé, ses préoccupations intimes et sur son entourage : ses parents couple modèle, son frère Justin qui aurait tant aimé la protéger, sa meilleure amie Lyne qui forme un couple orageux mais heureux avec Malik, Jonathan l’ex qu’elle a quitté pour Frank… Le roman par son thème pourrait être banal mais le style et l’écriture d’Alma Brami que l’on retrouve avec intérêt dans ce troisième roman le rendent singulier et attachant.

Fiche #869
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Alma Brami lus par Vaux Livres


Gisèle FOURNIER

Le dernier mot
Mercure de France

12 | 134 pages | 03-11-2010 | 14€

Une mère. Une fille. Chacune a sa vision, son appréhension de l’autre, de leurs vies. La mère plonge mot après mot dans une profonde dépression depuis de longues années. Elle est la narratrice de la première partie écrite à deux voix : son récit oscille entre « elle » et « je ». Dédoublement maladif, elle semble vivre à côté d’elle-même, s’observer, se craindre, redouter les autres, ne pas se comprendre. Le naufrage menace, il est annoncé, elle le sait, le ressent, mais continue de plonger au plus profond d'une espèce de brouillard alimentée par la peur qui ne l’abandonne jamais, l’étreint, la dilue jusqu’à la mort attendue. A la mort de sa mère, sa fille découvre un cahier où elle a noirci une soixantaine de pages. La fille délivre alors sa vision et son interprétation glaciale des faits et du comportement de sa mère, « cet être possessif, malfaisant, probablement écorché par la vie – mais les blessures, les meurtrissures n’excusent rien – et, en même temps, je me heurte à une inconnue ». Une cassure irrémédiable entretenue par des non-dits a séparé ces deux femmes. La fille refuse cette mère cherchant à la « phagocyter », croit en sa différence et l’entretient. « Le dernier mot » est un constat froid, sans concession, parfois terrifiant exposé sous deux (voire trois) angles de la personnalité d’une femme en perdition. Gisèle Fournier en adaptant son style à chacune des voix aspire le lecteur vers ces deux femmes et lui fait terriblement ressentir la psychologie de cette femme que rien ne semble pouvoir sauver.

Fiche #845
Thème(s) : Littérature française


Dominique ZEHRFUSS

Peau de caniche
Mercure de France

11 | 105 pages | 04-09-2010 | 10.7€

Eugénie livre ses souvenirs d'enfance qui surgissent dans le désordre. Elle a longtemps cru avoir une enfance ordinaire. Sa mère née en Tunisie a déjà été mariée deux fois, eu une fille lorsqu'elle rencontre un Français en mission pour De Gaulle à Tunis. Après quatre ans de liaison secrète, elle abandonne sa famille et ils partent pour Marseille pour s'installer ensuite à Paris. Eugénie naît dans les pleurs de sa mère qui attendait un garçon et au centre d'un couple à plusieurs facettes : couple bohème participant aux fêtes des beaux quartiers, couple tiraillé par le sentiment de culpabilité de cette mère qui reprochera toute sa vie à son mari de l'avoir conduite à abandonner mari et enfant. Elle s'éloignera également d'Eugénie qui aura rapidement le sentiment de ne pas être à sa place et se sentira l'enfant alibi de ce couple bancal tout en participant à l'autocélébration de leur grand amour, petit caniche docile, bien à sa place. L'adolescence la révèlera névrosée et seul l'abandon de ses oripeaux de caniche lui permettra de devenir véritablement une adulte, sans en vouloir à sa mère mais sans regretter son enfance.

Fiche #829
Thème(s) : Littérature française


Douna LOUP

L'embrasure
Mercure de France

10 | 156 pages | 18-08-2010 | 15.2€

Le narrateur a 25 ans, vit seul et aime sa solitude. Il préfère se protéger des autres et surtout des femmes (« Je n’aimerais pas qu’une femme me tienne. Je n’aimerais pas qu’une femme me manque. S’il y en a une qui commence à pomper dans mon énergie pour en faire sortir la dépendance, c’est sûr, je fiche le camp. »). Il ne semble apprécier que la compagnie de son grand-père. Mais en réalité, sa passion est ailleurs, la chasse, la nature et la forêt. Un amoureux de la vraie chasse, respectueuse de la nature et de toutes ses facettes. Pourtant ses habitudes sont bousculées le jour où lors d’une chasse, il découvre un homme mort avec à ses côtés un carnet. Il prévient les gendarmes mais conserve le carnet. Obsédé par ce carnet, il mène sa propre enquête qui l'incite à se poser des questions sur cet homme venu mourir volontairement dans sa forêt mais aussi sur lui-même et sur sa vie. Pourtant la rencontre avec Eva sera peut-être plus bouleversante. Ces deux chasseurs ou gibiers, face à face, vont mutuellement s’apprivoiser et tisser une vraie relation humaine, sans dépendance, sans rivalité, dans la compréhension mutuelle. Un beau texte initiatique débordant de tendresse.

Premier roman

Fiche #815
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Douna Loup lus par Vaux Livres


Chloe ARIDJIS

Le livre des nuages
Mercure de France

9 | 215 pages | 12-03-2010 | 22.1€

Tatiana, la narratrice, a 14 ans quand elle vient la première fois à Berlin. Dans le métro, elle croit voir Hitler, résurgence de l’histoire, à travers les traits d’une vieille dame. Personne évidemment ne donnera crédit à son observation. Tatiana revient 16 ans plus tard à Berlin qu’elle visite de fond en comble la ville en allant au-devant de rencontres toutes les plus intrigantes que les autres. Elle travaille au service d’un vieil historien dont elle retranscrit les réflexions enregistrées sur un dictaphone. Bien que toujours isolée, dans son monde, dans ses nuages (mais Chloe Aridjis démontre avec justesse et poésie le parallèle évident entre le monde des nuages et l’humanité), elle est totalement happée par la ville, les bruits, les odeurs, une ville qui réalise encore aujourd’hui le grand écart permanent entre modernité et histoire ou passé.

Fiche #736
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Jean-Pierre Aoustin


Gwenaëlle AUBRY

Personne
Mercure de France

8 | 159 pages | 20-12-2009 | 15.2€

Personne est le portrait douloureux d’un père, portrait dressé par sa fille après sa mort. Le témoignage offre les deux points de vue simultanément, celui de la fille qui ressent tous les sentiments devant ce père qui n’est pas dans la « norme » et celui du père qui malgré tous ses efforts ne pourra être comme les autres et qu’aucun soutien ne pourra sauver de la maladie. Cet homme longtemps endossera un masque pour paraître dans la société mais ne pourra jamais accepter et intégrer le monde et progressivement, deviendra personne et sombrera. Ce roman-abécédaire (vingt-six chapitres, un pour chaque lettre de l’alphabet) expose l’évolution de cet homme atteint de psychose maniaco-dépressive face à son entourage personnel et professionnel (il est avocat) et surtout devant les yeux attendris, interloqués, apeurés de ses deux filles. Un texte bouleversant.

Prix Femina 2009

« C’était cela peut-être qu’il lui fallait : arracher l’ancre, larguer les amarres, quitter les regards, prendre la route avec pour seule compagnie une vieille jument paresseuse et deux petites filles hilares et débraillées. Son masque, pourtant, il y tenait, à moins qu’il n’ait été tenu par lui. Quand j’ai appris que masque en latin se dit persona, j’ai aussitôt pensé à lui. Un instant j’ai cru comprendre son anxiété des codes, de l’ordre, des hiérarchies. S’il s’escrimait ainsi à jouer les grandes personnes, c’est peut-être que sous son masque, il n’y avait personne… »

Fiche #703
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Gwenaëlle Aubry lus par Vaux Livres


Alma BRAMI

Ils l'ont laissée là
Mercure de France

7 | 213 pages | 04-10-2009 | 17.8€

Deborah est en souffrance et se confesse. Encore enfant, ses parents l’ont placée dans un institut spécialisé, et l’ont laissée là, tel un paquet, elle, l’enfant différente, qu’ils ne comprennent plus ou refusent de comprendre (« … son père et moi disons qu’elle est… qu’elle est spéciale. »). Entre rêves et souvenirs, réalité et imagination, la vérité de Deborah s’installe, mot après mot, phrases brèves après phrases brèves. Une vérité terrible et terrifiante, poids du monde adulte étouffant, atrophiant le monde innocent des enfants, un monde qui n’oublie rien. L’émotion pénétrante qui accompagne l’éclatement de la vérité est accrue par le style et le rythme de l’écriture d’Alma Brami.

Fiche #661
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Alma Brami lus par Vaux Livres


Pierre CHARRAS

Le requiem de Franz
Mercure de France

6 | 110 pages | 24-08-2009 | 12.2€

Franz Schubert est mort à 31 ans. Pierre Charras raconte sous forme d’un requiem les tourments de ce génie. Les causes en sont multiples. Il ne s’habituera jamais à son physique, il estime sa musique inférieure aux génies de l’époque, ses soucis d’argent font qu’il doit être logé par ses amis. L’écriture et le style limpides montrent toute la douleur, tous les tourments, toutes les angoisses de celui qui restera pour la postérité un génie, génie qui a toujours douté, s’est sous-estimé. Un livre douloureux qui montre les doutes de Franz dans toutes les circonstances de sa vie, amours, maladies, maîtres, familles qui le feront accepter avec une certaine fatalité une mort précoce : « Tout au long de mon bref passage ici, je me suis senti précaire. Toute ma vie, bien qu’il fût tôt, j’ai toujours eu l’impression qu’il était trop tard. »

Fiche #616
Thème(s) : Littérature française


Olivier JACQUEMOND

New York fantasy
Mercure de France

5 | 121 pages | 24-08-2009 | 13.7€

Eric alors que son futur mariage est pratiquement annoncé décide (initialement) de faire une pause et quitte tout. Il quitte ses parents et sa sœur, Paris pour New York, deux villes différentes, deux vies différentes, deux cultures différentes. New York, la ville où les personnes qui n’ont pas de rêves viennent les chercher. Eric vient réaliser ses fantasmes, fixer ses désirs et provoquer son avenir, mais aussi par cette rupture, oublier son histoire, son passé, se forger sa propre identité et s’accepter. Au cours de son séjour, son père tombe malade et c’est le retour. On apprend que son père était un père absent, à côté de la famille, son seul souhait était qu’elle soit heureuse mais s’effaçait toujours devant elle : un père transparent qu’Eric ne connaît pas. Après la mort de son père, il décide finalement de retourner à New York et fera la rencontre peut-être qui marquera sa naissance : Mick un écrivain truculent sans manière, à la vie sans retenue, franc et grand observateur. Ils se rencontrent autour de Leonard Cohen et Mick va permettre à Eric de se révéler à lui-même. Leur amitié et leur discussion l’amèneront à respecter le point de vue de Kerouac, « on finissait fatalement par rentrer chez soi, et ce qu’il fallait retenir en définitive, c’était le nombre de tours de piste qu’on avait réalisés entre le moment de son départ et celui du retour programmé. », un ultime voyage vers Paris qui lui permettra de constater que son père était plus proche de lui qu’il ne le pensait jusqu’au point où il n’est peut-être venu à New York que pour réaliser les rêves de son père. Ce premier roman est une vraie réussite, une très belle découverte.

Premier roman

« Moi, la création, je la mets à un niveau organique, j’écris comme je pisse. Et je pisse rarement dans la cuvette, j’éclabousse le sol, je me salis le pantalon et les doigts. Ouais, c’est ça l’écriture pour moi, un machin supposé rendre l’imperfection du monde en lui conférant une touche de beauté. »

Fiche #630
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Olivier Jacquemond lus par Vaux Livres


Anne BRAGANCE

Une succulente au fond de l'impasse
Mercure de France

4 | 153 pages | 04-06-2009 | 14.7€

Anne Bragance expose avec son écriture si sensible deux destins qui gravitent autour d’Emma la succulente au fond de l’impasse. François, la quarantaine est à la dérive et malgré la rumeur, il rencontre Emma qui saura l’écouter attentivement. Une relation faite d’attention, d’écoute mais aussi de mensonges. Elle lui racontera également une version de sa vie avant de s’éclipser. Chacun d’eux a une histoire construite autour de non-dits et de blessures non cicatrisées qui rejaillissent plus ou moins, selon la vérité du moment. Bénédicte est la sœur de l’ex-mari d’Emma et après l’avoir retrouvée, elle propose aussi sa propre version et leur amitié les aidera à supporter leur douloureuse existence.

Fiche #581
Thème(s) : Littérature française


Gisèle PINEAU

Morne Câpresse
Mercure de France

3 | 266 pages | 07-09-2008 | 17.8€

La morne câpresse (petite montagne en Guadeloupéen) accueille une congrégation obscure, la congrégation des filles de Cham. Sœur Pacôme y accueille les femmes égarées du monde d’en bas, des parcours chaotiques, miséreux, sans espoir. Heureusement, la congrégation est là pour les sauver, pour sauver la Guadeloupe et sauver le monde… Lieu idyllique, paradis sur terre, mais est-ce possible ? Cet oasis ne recèle-t-il pas aussi sa part d’ombre ? Les intentions premières de ce genre de sectes peuvent parfois être désintéressées et humanistes mais le temps et le pouvoir font leurs œuvres… Line recherche lors de ses vacances sa petite sœur Mylène qui a disparu et dont le parcours aurait pu l’entraîner vers sœur Pacôme et sa congrégation. Par cette quête, le lecteur découvre l’itinéraire de quelques femmes jusqu’à cette communauté où elles deviennent pour certaines fascinées, abêties alors que les autres qui ne sont pas dupes quant à la réalisation des objectifs de la communauté y restent cependant. Le style et la langue de Gisèle Pineau rendent particulièrement vivante l’enquête de Line à laquelle il n’est pas certain que la congrégation résiste…

Fiche #457
Thème(s) : Littérature française


Alma BRAMI

Sans elle
Mercure de France

2 | 168 pages | 25-08-2008 | 14.8€

Léa a dix ans et nous fait partager sa vie, ses questionnements et principalement sur la mort et l'absence. En effet, la mort est déjà omniprésente dans sa courte existence : son père et sa sœur Solène sont morts subitement l’un après l’autre. Sa mère tente de continuer de vivre ou plutôt de survivre. La mort de sa fille cadette a fini de l’anéantir et Léa se retrouve donc seule face à son incompréhension et à cette injustice. Avec ses mots, sa capacité de raisonner, ses illusions, ses croyances, elle écrit ses peurs, ses minces espoirs et ses questionnements sur la mort mais aussi sur la vie, sur la famille, sur l’amour, sur sa vie avant les disparitions et sa vie future. Ses questions même avec ses mots d’enfants évoquent les grandes interrogations universelles et intemporelles qui préoccupent depuis longtemps les hommes... Elle n’ai épaulé par personne et assiste impuissante à la descente dans les abîmes du désespoir de sa mère et le lecteur l’accompagne avec émotion et tendresse en espérant qu’elle trouve le chemin qui les ramènera à la vie, main dans la main. Pour ce premier roman, Alma Brami a su trouver le ton et les mots justes pour traduire les sentiments de cette fillette face à la mort, sujet grave traité avec sobriété et émotion.

Premier roman

« Quand Solène est morte, j’ai compris que j’avais gardé la place la moins confortable. La vivante doit être parfaite, elle n’a pas le droit de se plaindre, pas le droit d’être triste, elle doit garder en tête, en permanence, sa condition de vivante. »

« Le manque, toujours ce manque, ce trou béant, ce vide glacial en moi, tombe de Solène dans mon corps, goût de cendre. Poussière de chagrin. Le manque c’est comme un refrain d’une chanson très longue. Ca revient, lancinant, ça grignote. Solène, c’était mon antidote, c’était un organe vital, tous mes sens réunis. »

Fiche #453
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Alma Brami lus par Vaux Livres


Françoise LEFÈVRE

Un album de silence
Mercure de France

1 | 154 pages | 17-05-2008 | 13.7€

Ce texte n’est pas un roman, mais un récit ou plutôt le témoignage d’une femme face à ses angoisses, ses doutes alors que tous ses enfants et son mari l’ont quittée et qu’elle se retrouve seule dans une maison qui, à chaque instant, dans chaque pièce, chaque lieu, lui rappelle l’un d’eux. Une femme qui pense au passé avec mélancolie et parfois tristesse et désespoir : « Irrémédiablement je vais à ma perte. Je suis en train de perdre la mémoire. Je perds mes forces. Je perds ma vie. J’ai perdu ma joie. ». Elle sent sa vie s’éloigner (« Méfiez-vous, la vie passe et ne repasse pas »). Sa seule béquille demeure l’écriture (« Ecrire, c’est tenter de sourire à nouveau. Les mots sont des abris. ») qui lui permet d’exposer tout, du dérisoire au plus profond mais même cette béquille est incertaine puisqu'elle éprouve toutes les difficultés à noircir les pages de ses carnets. Ce petit livre (154 pages) très dense par les thèmes abordés (l’absence, la solitude, la vieillesse, la perte de mémoire, la trahison, l’écriture…) confirme encore les talents de Françoise Lefèvre pour nous faire partager ses sentiments et ses doutes.

Fiche #400
Thème(s) : Littérature française





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