« Nous débordons tous un jour du lit qui ne peut plus nous contenir. »
Bérengère Cournut

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Diabase

Elisabeth LAUREAU-DAULL

La mijaurée d'Auguste C.
Diabase

23 | 140 pages | 07-07-2024 | 16€

en stock

Auguste C. c’est Auguste Comte. Brillant philosophe, il fut le père d’un courant philosophique majeur du XIX ème, le positivisme. « La mijaurée d’Auguste C. » nous parle de l’homme, de l’homme amoureux, de son intimité. L’homme sera-t-il à la hauteur du philosophe, rien n’est moins sûr… L’amour traverse ce récit, Auguste est mariée à Caroline Massin et aime éperdument Clotilde de Vaux, deux femmes, deux amours qui le rendront certain « … que l’amour est la raison suffisante du monde… » et dévoileront aussi le petit homme qui se cache derrière le philosophe, le concret met parfois à mal les belles théories. Son amour est entravé par le fait que Clotilde est mariée et malade. Il décrit l’une à l’autre, partage son amour, ses souffrances. Dans un moment lumineux et singulier, les deux rivales se rencontreront, se découvriront, bien loin de l’idée qu’elles s’étaient faites l’une de l’autre à partir des dires d’Auguste. Un instant où elles sauront qu’elles auraient pu être amies, sœurs, dans un autre cadre mais le petit Auguste C. demeure un obstacle alors que le grand Auguste C. et ses concepts théoriques découvre la puissance des femmes et leur impact.

Ecouter la lecture de la première page de "La mijaurée d'Auguste C."

Fiche #3195
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Elisabeth Laureau-Daull lus par Vaux Livres


Fabienne SERBAH LE JEANNIC

Instants fragiles
Diabase

22 | 155 pages | 14-04-2024 | 18€

en stock

Sylvie après une perte d’emploi a retrouvé un poste de caissière dans un supermarché. Moment particulier après également une rupture avec un homme plus jeune et d’une classe sociale différente, moment pour scruter sa jeunesse et son quotidien. Fille d’un tourneur fraiseur, elle a grandi dans le goût de l’attention et du respect de l’autre, de la solidarité, de la lutte, sans jamais être convaincue d’être à sa place, de l’avoir trouvée. Consciente de l’impact du capitalisme sur l’existence de certain(e)s, elle sera toujours prête à tendre la main, à aider, à soutenir quelles que soient les conséquences sur sa propre existence et sa condition. S’engager pour un monde meilleur lui semble naturel. Elle brise sa solitude dans les livres et la musique (« Sylvie en avait souvent tiré une force, une conscience que la vie était ailleurs, et pas dans ces endroits où la nécessité de la gagner l’avait assignée. Mais ces parenthèses rêveuses ne duraient pas. ») et s’est forgée une culture qu’elle sait défendre et promouvoir et qui l’accompagne dans sa vie au jour le jour. Et puis, parfois une rencontre, des rencontres, et la vie s’éclaire. Un émouvant portrait d’une femme intègre, attentionnée, humaine, engagée qui jamais n’abdiquera face aux diktats de la société capitaliste.

« Mais le diable a-t-il vraiment besoin d’un avocat ? Il se débrouille très bien tout seul, vous ne trouvez pas ? »

Ecouter la lecture de la première page de "Instants fragiles"

Fiche #3162
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Fabienne Serbah Le Jeannic lus par Vaux Livres


Anne-José LEMONNIER

Le cap en octaves
Diabase

21 | 125 pages | 11-12-2023 | 16€

en stock

Mathurin Ebrel est compositeur de musique et nous fait partager son processus de création. Et pour cela, il a besoin de la mer (« … il ne peut travailler sans elle, sans sa musique de chambre au service du silence. »), de la nature, des fleurs, de sa chienne Toccata, du vent et de l’air marin breton. Il vit seul (avec Toccata) au Cap de la Chèvre, définitivement, et nous fait partager ses contemplations, ses déambulations, « … solitude monacale en communion avec les vagues, le sable et les galets, les mouettes et le vent. ». Il absorbe les émotions, les sons, les odeurs, les couleurs, les digère pour mieux créer, lentement, la beauté demande patience et attention. Une superbe et lente pérégrination, douce, poétique et lumineuse au cœur de la nature et de la mer bretonnes.

« Il est impossible de se rassasier de la mer. »

Ecouter la lecture de la première page de "Le cap en octaves"

Fiche #3120
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Anne-José Lemonnier lus par Vaux Livres


Sophie TESSIER

Varech
Diabase

20 | 172 pages | 12-11-2023 | 16€

en stock

Sans mer, point de varech : la mer est donc au centre du premier roman de Sophie Tessier. La mer transforme, façonne les femmes, les hommes, rien ne l’arrête, rien ne l’arrêtera. Et sur cette île désertée par les hommes, ceux qui sont restés sans crainte le savent. Demeurent en effet Anselme, un vieux sage maître latiniste accompagné d'un livre, Le Chantôme, un ancien marin pêcheur sans bateau, Gaspard, un jeune ado, et enfin un chat (et un âne). La mer est omniprésente, partout, autour, elle les ceint, les appelle, elle est prête à franchir les jetées, les murs, les portes, prête à inonder, à avaler, à faire disparaître. Eux attendent, sans peur, tranquillement. Gaspard et le chat passent d’un homme à l’autre. Leurs relations, leurs liens seront bousculés par deux personnages : Maria et l’amour. Maria disparue de longue date leur a été rendue par la mer, étrangement intacte (seul un indice dévoile qu’elle est certainement de retour d’un autre monde), toujours éblouissante, ce qui bouleverse son ancien amoureux et son ami. Dans un style éblouissant, Sophie Tessier enveloppe avec précaution la main du lecteur sur les chemins de cette île, sur les chemins du temps, sur les chemins d’un conte, chemins merveilleux, étranges, lumineux, une plume de fantastique au cœur d’un mystère qui s’éclaircit vague après vague, marée après marée.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Varech"

Fiche #3110
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Sophie Tessier lus par Vaux Livres


Géraldine JEFFROY

Un chagrin de trop - Max Jacob et Picasso
Diabase

19 | 100 pages | 11-09-2023 | 13€

Un court roman pour relater les retrouvailles inattendues entre Max Jacob et Picasso. Ces deux là ont en effet vécu une trentaine d’années de complicité, se sont quittés, et ne sont pas revus depuis plusieurs années. Max Jacob, en cette année 1937, vit retiré, dans un village du Loiret. Le poète s’est toujours senti différent, aussi bien en tant qu’homme qu’en tant qu’écrivain et poète. Il a choisi de s’éloigner de ses frasques parisiennes (et de ses hypocrisies) et de ses amours. Picasso le surprend dans son antre et fera tout pour le remmener avec lui. La rencontre frise parfois le règlement de comptes mais est surtout propice à parler de poésie, de littérature, d’écriture, de peinture, de l’art, de la vie. Max Jacob révèle ses deux personnages, l’ex boute-en-train des beaux quartiers et le catholique convaincu solitaire et isolé. Picasso reste dominateur, prétentieux, souvent désagréable et méprisant. Malgré leur complicité passée, Picasso ne pourra obtenir plus qu’une amitié profonde et une fidélité à un passé qu’ils ont tous les deux partagés avec fougue.

« …la seule grande affaire de la vie est d’agrandir son intelligence et son cœur. »

« Rien ne peut être fait sans la solitude, or les hommes la craignent plus que tout. »

Ecouter la lecture de la première page de "Un chagrin de trop - Max Jacob et Picasso"

Fiche #3093
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Géraldine Jeffroy lus par Vaux Livres


Sophie TESSIER

Lumen
Diabase

18 | 155 pages | 26-07-2023 | 18€

en stock

Hekla jeune linguiste prend pied dans une région du grand Nord : « Quelle idée vous hante, Hekla ? », qu’est-elle venue chercher ? Elle intrigue et Sveinn un pêcheur solitaire l’accueille et la guide dans sa quête. Premier indice : une plume merveilleuse laissée par un oiseau inconnu. Second indice : le volcan ou plutôt le feu qui l’accompagne. Sveinn sera son guide, attentif et compréhensif, sur les chemins du froid, du feu, de la vie, de la mort. Il se sait passeur, personne ne fera dévier Hekla, sa quête est absolue. « Tu as le don du mot qui s’encastre parfaitement » mais s’adresse-t-il à Hekla ou à Sophie Tessier tant ses mots sont renversants, inattendus, ses choix soignés, précis et élaborés. Elle sait intriguer comme aimanter et laisse le lecteur dans une douce atmosphère ouatée qui perdure bien longtemps après que la flamme ne s’éteigne. Un texte exigeant, brillant et bouleversant servi par un style exceptionnel.

« Le feu séduit, le feu brûle, le feu dévore, il n’aime pas. »

« Le feu est sans conteste un grand bâtisseur. »

« Nus nous entrons, nus nous sortons. Entre temps que de déguisement à soi-même... »

« J’ai du mal avec le tutoiement. Le mot lui-même est louche, sa résonance, malsaine... tu ne trouves pas ? C’est comme si, à la familiarité qu’il autorise tout à coup, se mêlait à peine masquée une incitation non seulement à mentir, mais à mourir... qui sont deux moyens de garder le silence, du reste. »

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Fiche #3050
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Sophie Tessier lus par Vaux Livres


Fabienne SERBAH LE JEANNIC

Messali
Diabase

17 | 132 pages | 26-03-2023 | 15€

en stock

Et si Meursault, le personnage du roman d’Albert Camus, n’avait finalement pas été condamné à mort ? Messali nous propose un parcours de vie marqué par ce meurtre et par deux années passées dans la prison de Barberousse. A sa sortie de prison, Meursault prend en effet le bateau et s’installe à Paris. Il y travaille, se marie, devient père puis grand-père. De 1945 à 1973, Meursault va traverser l’Histoire, l’après-guerre, la décolonisation, 68, les engagements politiques, la confrontation d’idées… En 1973, il voit naître son petit-fils, Messali, un prénom qui résonne différent pour Meursault et son gendre. De Meursault à Messali, Fabienne Serbah Le Jeannic a trouvé un angle singulier pour dresser le portrait émouvant d’un homme marqué par son acte tragique et d’un pan de l’histoire française impactant encore notre quotidien.

Ecouter la lecture de la première page de "Messali"

Fiche #2996
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Fabienne Serbah Le Jeannic lus par Vaux Livres


Nathalie DECRETTE

La couleur de l'émoi
Diabase

16 | 108 pages | 14-07-2022 | 13€

Iris (la narratrice), Barnabé et l’amour, enfin ce qu’elle pense identifier comme son amour. Un amour qu’elle veut partout, dans les corps, dans son corps, dans la nature, dans les sons… Un éveil permanent. Un réveil absolu. Alors elle marche pour mieux appréhender, sentir, ressentir, comprendre. Dans les mots ou le silence. Le corps et la tête ressentent ces éclats d’amour et ces émotions. Puis Barnabé part et « on ne rentre pas de Barnabé. » alors il faut marcher, « … il n’y rien à atteindre, il y a à cheminer. », dans le silence et dans la solitude pour mieux entretenir cet amour. Un court texte à l’écriture raffinée et maîtrisée véritable ode au triptyque corps, amour et émoi.

Premier roman

« Les rides ont l’avantage de l’histoire et de la beauté du vécu. »

Ecouter la lecture de la première page de "La couleur de l'émoi"

Fiche #2859
Thème(s) : Littérature française


Marine KERGADALLAN

Elle neige
Diabase

15 | 125 pages | 05-12-2021 | 14€

Lucien Bell sort d’une librairie avec un livre, le livre de sa vie, le livre d’une vie, le livre de la vie : vivre sa vie par procuration ou vivre sa vie dans un livre, ne faire plus qu’un avec une histoire que l’on découvre et qui se confond avec la sienne. Plongée vertigineuse entre neige et eau, entre mer et montagne. Une lecture qui demande au lecteur de s’abandonner, de laisser libre court, voire livre court, à son imagination, créer, esquisser puis modeler ses images et chaque nouvelle lecture viendra les affirmer ou les nuancer. Un nouveau voyage toujours aussi doux et évocateur au côté de Marine Kergadallan, court, poétique, dans la suggestion comme à son habitude.

Ecouter la lecture de la première page de "Elle neige"

Fiche #2789
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Marine Kergadallan lus par Vaux Livres


Alexis GLOAGUEN

Rues de Mercure
Diabase

14 | 158 pages | 24-05-2021 | 18€

Voilà un voyage singulier, raffiné, une visite principalement de villes d’Amérique du Nord. Une promenade tranquille, douce, lente, chaque vision est poétique (comme l’écriture, sublime, « Je me suis noyé dans les délices de l’écriture… », « Ecrire écarte une langue convenue. ») et les descriptions nous rattachent à quelque chose de vécu, à une espérance, à une réflexion sur le passé, le présent ou l’avenir, à une réflexion sur l’écriture. Légèrement mélancolique, voire triste, (« La tristesse est le luxe de ceux qui sont en vie et c’est une pente que je ne peux m’empêcher d’éprouver. »), cette pérégrination nous interroge sur notre rapport au monde, sur notre place, sur notre façon d’être, de vivre. Un voyage poétique au cœur de l’écriture et des grandes villes nord-américaines autant qu’intérieur.

« Les époques s’érodent et nous encouragent à ne pas nous figer. C’est du changement que se nourrit la petite flamme. Elle continue à percer en crochet d’espoir. »

« Trop de gens ne mordent rien du monde. Trop centrés sur eux-mêmes, ils stérilisent leur humus. »

« Ainsi la création s’appuie-t-elle sur le chaos. »

Ecouter la lecture de la première page de "Rues de Mercure"

Fiche #2693
Thème(s) : Littérature française


Patrick MARTINEZ

Les silences de Rose
Diabase

13 | 110 pages | 08-03-2020 | 13€

Patrick Martinez dans un court texte nous fait partager l’histoire de Rose, une jeune femme qui, enfant, a été violée. Enfance détruite, Rose devient observatrice du monde qui l’entoure, de l’homme qui lui fait subir ces violences répétées, de sa mère agressive et détestable, alors elle fait un pas en arrière et observe, en silence. Elle semble ailleurs, absente, enfermée. Comment mettre des mots sur cette souffrance extrême ? Passer par l’écrit pour esquisser son cri et se retrouver ? « Il fallait qu’isolée, se repliant sur elle-même pour s’écouter, se parler en silence, elle puisse s’y retrouver dans un flot de paroles si présent et pourtant, elle le sentait, le devinait, lui appartenait de moins en moins. » A qui se confier ? Comment trouver ses mots ? A qui les confier ? Peut-elle encore attendre quelque chose de l’Autre ? Pascal Martinez, sur un sujet difficile et brûlant, en plaçant le lecteur au plus près de l’intimité de Rose, de l’intime, de ses sentiments, avec une pudeur et une sensibilité extrêmes, réussit parfaitement et avec émotion à nous mener aux côtés de Rose sur le chemin de sa vie.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Les silences de Rose"

Fiche #2497
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Patrick Martinez lus par Vaux Livres


Daniel MORVAN

L'orgue du Sonnenberg
Diabase

12 | 168 pages | 04-05-2019 | 16€

Emilien Jargnoux, fils de boucher fut envoyé en pensionnat en 1965 et il a tenu un journal pendant quelques mois. C’est donc lui qui nous conte cette histoire qui s’étend de 1965 à nos jours, principalement, avec comme toile de fond le paysage alpin du Sonnenberg, enfin peut-être, au cœur d’une abbaye où un orgue Ashley, monstre singulier ou espèce de Moby Dick montagnard, fait preuve de son pouvoir inquiétant, suscitant attraction et peur absolue. Le pensionnat accueille en internat des garçons, les filles demeurant sur le côté. Les adultes souvent étranges sont en perpétuelles observations, aux aguets alors que l’orgue semble immaîtrisable, il se libère parfois et alors, ses sons libèrent également les corps et les esprits de chacun. Un conte baroque et absolu frisant l’étrange qui propose, comme tout conte qui se respecte, une lecture multiple cachant plus ou moins ses références.

Ecouter la lecture de la première page de "L'orgue du Sonnenberg"

Fiche #2322
Thème(s) : Littérature française


Hervé JAOUEN

L'amour dans les sixties
Diabase

11 | 154 pages | 03-12-2018 | 16€

en stock

Etienne est journaliste et n'a pas oublié qu'il aurait aimé devenir écrivain. Il retrouve un texte écrit à vingt ans qui le confirme. Il est temps pour lui de se retourner, de se remémorer sa jeunesse et d’observer avec lucidité et parfois ironie ce qu’il est devenu. Cette trouvaille vient opportunément rafraîchir les souvenirs, l’époque de la guerre d’Algérie mais en même temps les prémices d’une certaine liberté sexuelle et ses trois sirènes, Muriel, Livia et Thalie et enfin, déjà cette idée du suicide, la liberté ultime. Le roman par une double narration croise avec subtilité les deux époques en jouant sur la forme, le fond et l’écriture et avec comme fil rouge l’amour puissant de Thalie et Etienne, complices absolus des années 60 à aujourd’hui.

Ecouter la lecture de la première page de "L'amour dans les sixties"

Fiche #2248
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Hervé Jaouen lus par Vaux Livres


Elisabeth LAUREAU-DAULL

Et l'ombre s'est épaissie
Diabase

10 | 110 pages | 14-05-2018 | 12.5€

en stock

Eva-Jeanne Szlomowicz est née à Lublin le 12 mars 1922 et suivit sa famille dans son exil français. Elle vécut une première mort à vingt ans, mais « mourir à vingt ans n’empêche pas la survie. » : Eva disparut pour laisser place à Jeanne et passa sa vie à survivre. Puis le jour où un Américain posait son pied sur la lune, une deuxième mort la consuma, l’enfant prit la décision de les quitter, l’enfant qui lui avait toujours dénié le titre de mère (« Tu n’es pas une mère comme il faut… Une mère doit juste être assez, partager la vie et passer le relais. »). L’enfant devant son refus de répondre à ses interrogations sur son histoire, leur histoire, n’avait pu grandir, se construire. Déportée à Ravensbrück en 1944, Jeanne à son retour choisit le silence (« Elle avait tout de suite su, quand elle était revenue, qu’il y aurait deux catégories de rescapés : ceux qui parleraient et ceux qui se tairaient. »), impossible de décrire l’horreur absolue, avait ignoré sa fille « préférant » son entreprise de parfums. Maintenant que Myriam n’est plus là physiquement, les souvenirs peuvent enfin percer, les fantômes reviennent et Jeanne peut mettre des mots sur son histoire, sur l’Histoire, et les tragédies multiples qui les accompagnent et qu’elle subit : un long dialogue avec la morte, car « ceux qui sont morts ne sont jamais partis… » Une confidence douloureuse d’une femme qui survécut seule et qui ne pouvait que marquer la fin d’une trajectoire cristallisée. Une écriture ciselée et épurée associée à une construction singulière et maîtrisée.

« L’absence est la plus assourdissante des présences… »

« Le passé devient fable quand il est récité, elle le sait, et se fier à sa mémoire est frôler l’imposture souvent. »

Ecouter la lecture de la première page de "Et l'ombre s'est épaissie"

Fiche #2154
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Elisabeth Laureau-Daull lus par Vaux Livres


Anne-José LEMONNIER

Polyphonie des saisons
Diabase

9 | 125 pages | 08-05-2018 | 14.5€

Angélique a vécu cent cinq ans, alors Anne-José Lemonnier « dessine » cent cinq tableaux pour rendre hommage à sa grand-mère qui ne quittera jamais son village de Plouéden : le sel de la vie au cœur du bleu de la Bretagne et de sa nature. L’océan, les falaises, les nuages, le vent, la flore omniprésents traversent le temps et les saisons. Angélique ne se lassera jamais de les contempler et de les admirer, naturellement, le temps passant (pas le paysage), Angélique ralentira et ses observations s’en trouveront modifiées, une autre beauté apparaîtra. Chaque saison propose la sienne, ses propres couleurs, ses chants, ses odeurs et Angélique saura les apprécier et les relever. Un texte poétique, lumineux et contemplatif, d’une grande délicatesse, superbe hommage à une grand-mère, à sa vie modeste mais essentielle et à la nature immuable. Dès le livre refermé, on regrette que cent cinq saisons passent aussi vite !

« A cette pointe de la terre, entre son dernier cap et sa dernière presqu’île, le paysage symbolisait la constance exemplaire et la variation incessante. Il était en même temps ce qui dure et ce qui passe, la splendeur millénaire et l’extase d’une seconde. »

« Les âges se superposent et superposent leurs saisons, comme le jardin ses coins et ses recoins. »

Ecouter la lecture de la première page de "Polyphonie des saisons"

Fiche #2149
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Anne-José Lemonnier lus par Vaux Livres


Marine KERGADALLAN

Terre d'encre
Diabase

8 | 94 pages | 08-05-2017 | 10€

en stock

Après l’inoubliable « Le ciel de Célestine », Marine Kergadallan nous revient avec, à nouveau, un court texte sublimé par son écriture poétique, maîtrisée, concise et pourtant si descriptive des sentiments comme des paysages. Or le héros de Terre d’encre est particulièrement sensible aux paysages. Il arrive en effet de Paris en scooter pour retrouver, après la forêt, une vieille maison à la campagne. Et toutes les maisons de ce type hébergent leur fantôme. Idéal, pour cet homme, qui aurait pu peindre et manier les couleurs, sculpter et malaxer la terre, mais à l’encre noire, il écrit et décrit les contrastes de la vie, seul dans cette maison, face aux paysages de la campagne, face à la lumière et l’ombre, face à l’immensité de la vie et de la mort.

Ecouter la lecture de la première page de "Terre d'encre"

Fiche #1947
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Marine Kergadallan lus par Vaux Livres


Isabelle BLONDET-HAMON

Un écho si lointain
Diabase

7 | 92 pages | 16-03-2015 | 9.51€

En 1939, Lucien vit la drôle de guerre. En son cœur. Il a quitté sa femme et son petit Pierrot pour conduire un gradé méprisant. Il est contraint de supporter les ordres, contre-ordres, les rires gras et plaisanteries grossières. Heureusement, Louis n’a pas oublié son violon, il l’accompagne toujours et il continue de jouer, de s’exercer, d’habituer ses doigts aux mouvements répétés et encore répétés sur les cordes. Le violon entre ses mains, il s’évade immédiatement, la musique, les sons, les notes, l’emportent ailleurs, loin de tout. Et puis, lui, l’aîné de la famille destiné à reprendre l’horlogerie familiale, réfléchit à son avenir. Un texte court, aussi délicat qu’intense, qui met à jour l’absurdité de cette guerre et de toutes les guerres.

Ecouter la lecture de la première page de "Un écho si lointain"

Fiche #1602
Thème(s) : Littérature française


Marine KERGADALLAN

Le ciel de Célestine
Diabase

6 | 65 pages | 17-03-2014 | 7€

en stock

C’est fait. Il la quitte, la laisse au bord de la route, lui dit au revoir. C’est fini. Pourtant il va falloir continuer le chemin et cette renaissance passe évidemment par Célestine, l’aïeule presque centenaire qui saura écouter, entendre dans le silence. Un court premier roman superbe, suggestif, qui fleure bon la campagne et le vrai et surtout composé par une prose particulièrement poétique. Une pépite !

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Le ciel de Célestine"

Fiche #1434
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Marine Kergadallan lus par Vaux Livres


Christine DEROIN

Quelques gouttes de valériane
Diabase

5 | 90 pages | 08-04-2011 | 12€

Quelques gouttes de valériane rapporte le monologue tendu d’une femme qui happe le lecteur au fond d’un gouffre d’amour dans lequel elle a déjà entraîné durant neuf mois son mari. D’un lieu jamais nommé, elle revient sur ces neufs derniers mois, les ressasse à l’envi (« Sans cesse je me souviens de ces neuf mois, je me les raconte »), neuf mois de passion extrême où la raison s’éteint, d’étouffement, de (re)naissance ou de mort... Un engagement total et absolu, elle souhaite, exige même, le bonheur, pour eux, pour lui (« Je préméditais le bonheur de Marc »), pour elle. Elle ne renoncera pas, elle le protègera contre lui-même, contre les autres, abandonnera temporairement son emploi dans une parapharmacie pour lui, pour leur amour. Ecriture clinique, distante, presque froide et pourtant en total symbiose avec ce récit où la passion bascule dans la folie et hélas, elle ne se soigne pas par les plantes !

Fiche #924
Thème(s) : Littérature française


Hervé JAOUEN

Aux armes zécolos
Diabase

4 | 152 pages | 18-04-2010 | 16€

La jeune Bleunwenn devenue parisienne se lasse depuis Paris de ses origines bretonnes. Elle décide d'abandonner ses parents pour rejoindre la vallée de l'Aulne où sévissent ses grands-parents, s'inscrire en seconde au lycée des Monts d'Arrée et apprendre le Breton. Elle arrive en pleine déprime : son grand-père, Lulu, se désespère depuis la disparition des saumons dans les hauts de l'Aulne. La rivière se meurt, les écluses comme la pollution empêchent ce poisson royal et mythique de remonter le cours de la rivière et de faire la joie des pêcheurs. Bleunwenn ne peut rester inactive, elle va prendre l'affaire en main mais pourra-t-elle, même aidée par Gwendal son jeune amoureux celte, sauver son grand-père, la rivière et les saumons ? Hervé Jaouen nous offre avec ce "petit" livre vert une belle fable réjouissante, drôle et vivifiante. A déguster accompagné d'un petit muscadet bien frais !

Fiche #750
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Hervé Jaouen lus par Vaux Livres


Françoise MOREAU

Un envol de pigeons écarlates
Diabase

3 | 93 pages | 12-11-2009 | 12€

Mansuétude est la disposition de l’esprit qui entraîne à une bonté indulgente mais c’est aussi la ville qui lie les personnages de ce sixième roman de Françoise Moreau. Des habitants simples, proches de chacun de nous, qui vivent au jour le jour, les uns à côté des autres, qui courent après leurs projets jusqu’au grain de sable qui bouleversera leur quotidien. Maryline Moreau à la beauté intimidante conduit avec sa passion son bus. Mansuétude réunit les personnages du roman et Maryline va faire le lien entre eux, occasion pour chacun d’eux de se dévoiler. Un hymne à une vie simple attentive à la nature mais aussi partagée et construite avec et non à côté des autres.

« Forcément personne ne regarde plus le ciel. Chacun avance, les yeux sur les voitures pour les esquiver, sur les vitrines pour rêver, sur ses pieds pour éviter les crottes ou plus souvent sur ses pensées. »

« ... On peut lire les colonnes d'oiseaux comme des mots vivants... Tout passe. Tout change. Tout renaît. »

Fiche #689
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Françoise Moreau lus par Vaux Livres


Michèle ASTRUD

J'ai rêvé que j'étais un garçon
Diabase

2 | 156 pages | 26-09-2009 | 16€

J’ai rêvé que j’étais un garçon est un roman sur l’adolescence, sur la séduction mais surtout sur l’identité et l’ambiguïté. Michèle (prénom neutre…) est une collégienne solitaire et observatrice, attentive. Elle a un an d’avance mais son redoublement bouleverse sa vie (« Maintenant tout a changé. J’ai le même âge que les autres. La même taille. Les mêmes lectures, les mêmes sujets de conversation. C’est comme si j’avais grandi d’un seul coup. ») d’autant plus qu’elle rencontre Annie, la lumineuse Annie que chacun admire et aime. Mais pour Annie, Michèle est une présence parmi d'autres alors que Michèle voudrait tant devenir son Amie, son double. Pour tenter de rompre sa solitude, de s’accepter dans sa globalité, son corps, ses sentiments, pour accepter les autres, leurs regards, Michèle imagine un jeu troublant, ambigu, espérant approcher l’intouchable Annie, comme un défi nécessaire à son accomplissement : « J’ai peur, j’ai honte mais je ne céderai pas ma place, aussi inconfortable soit-elle. Je me souviens brusquement des phrases incantatoires du petit homme en noir : l’illusion, c’est la vie, c’est la vraie vie. L’illusion est toute puissante. L’illusion domine le monde. Elle le façonne, elle le fabrique, elle le crée. L’illusion est le moteur du réel. Il faut que j’aille jusqu’au bout. Je n’ai plus le choix. »

Fiche #658
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Michèle Astrud lus par Vaux Livres


Hervé JAOUEN

Fleur d'Achélème
Diabase

1 | 154 pages | 27-02-2007 | 16€

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Bernard et Marie-Claude sont mariés, semblent heureux et se satisfaire de leur vie. Jusqu’au vingtième anniversaire en 1966 de Bernard, où il reçoit un cadeau intrigant : une lettre. Une lettre de Lucienne, une ancienne amie, une fleur d’Achélème, très proche au moment de leur quinze ans, au moment où Bernard et Marie-Claude se choisissent. Les destins de Bernard et Lucienne sont terriblement opposés. Deux routes qui se séparent. Lucienne sombre, alcoolique, divorcée, son univers s’écroule. Bernard ignore cette première lettre mais recevra année après année des nouvelles de l’autre monde, le monde de Lucienne éclairée par ces lettres au vocabulaire imagé et imaginatif. Bernard et son monde souhaiteraient gommer, oublier Lucienne pourtant son ombre est grande... Un beau texte qui laisse un goût amer.

Fiche #707
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Hervé Jaouen lus par Vaux Livres





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