« Parce que nous sommes juste des choses qui roulent dans une pente et qui tôt ou tard s’arrêteront. »
Alessio Forgione
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Paul Steiner aborde un tournant de son existence. Sa femme, sa seule passion, demeure dans leur maison malouine avec leurs deux enfants mais sans lui. Elle vient de le quitter, et déchiré, il ne l’accepte pas. Ses parents qui habitent toujours dans la maison de banlieue sud parisienne où il a essayé péniblement de vivre son enfance, vieillissent. Sa mère dépérit, son père égal à lui-même reste muet, distant et Paul reste interdit devant sa dérive vers « la Blonde » et le Front National. Son frère l’exhorte à venir s’en occuper quelque temps. De retour sur ces lieux qui l’ont fondé et auquel il espère toujours appartenir, il se voit confronter à cet espace périphérique qui constitue maintenant principalement la France et à ses évolutions. Nombre de ses anciens amis sont restés là mais rapidement, il se rend compte que, lui l’écrivain reconnu mais dans un certain milieu, est de fait exclus de ce monde. Il a vécu là, il s’est construit là mais il « était passé de l’autre côté ». Pourtant il n’appartient pas non plus à cet autre côté qu’il abhorre, étranger, il reste donc « condamné à errer au milieu de nulle part ». Et ces deux mondes savent lui rappeler vertement. Par la multiplicité des portraits, ce roman ample, sincère et attachant captive, aimante et bouscule parfois le lecteur : portait de la France des lisières, d’une banlieue, de l’exclusion, de mondes qui s’opposent ou s’ignorent, portrait d’un écrivain avec ses doutes, ses colères et ses convictions, portrait d’un homme sans territoire qui cherche sa place et son histoire.
« Personne ne sait quand exactement les fissures deviennent des failles, puis se muent en gouffres infranchissables. »
« On est ce qu’on peut. Mais de le savoir, rien ne nous console… »
« Je suis un être périphérique. Et j’ai le sentiment que tout vient de là. Les bordures m’ont fondé. Je ne peux jamais appartenir à quoi que ce soit. Et au monde pas plus qu’à autre chose. Je suis sur la tranche. Présent, absent. A l’intérieur, à l’extérieur. Je ne peux jamais gagner le centre. J’ignore même où il se trouve et s’il existe vraiment. La périphérie m’a fondé. Mais je ne m’y sens plus chez moi. Je ne me sens aucune appartenance nulle part. Pareil pour ma famille. Je ne me sens plus y appartenir mais elle m’a défini. »
Fiche #1174
Thème(s) : Littérature française