« ...la seule grande affaire de la vie est d’agrandir son intelligence et son cœur. »
Géraldine Jeffroy
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1986, en Ecosse, en plein thatchérisme, ils ont dix-huit ans, filles et fils d’ouvriers, fougueux, ils embrassent la vie à pleines dents. Ils partent fêter la fin du lycée dans un grand festival à Manchester : la Mecque de la New Wave et du Punk Rock. Au cœur de cette bande figure l’amitié : « Les amis qu’on a quand on est jeune peuvent s’avérer être les meilleurs qu’on ait jamais eus. », une amitié forte, indestructible qui les soude, eux que les adultes jugent souvent trop exubérants, mal coiffés, mal habillés, bruyants. La vie familiale est souvent compliquée, intimement et socialement, mais l’entraide est une vraie valeur du groupe. La fin du lycée marque l’éloignement, les chemins se séparent, l’adolescence se termine, l’amitié résistera-t-elle ? Nous le saurons trente plus tard. La société a bien changé, eux aussi peut-être, lorsque Tully appelle Noodles pour lui annoncer une terrible nouvelle et lui demander une aide et un engagement qui questionneront son amitié. Deux parties pour ce magnifique roman avec l’amitié comme liant. La première est explosive, comme la jeunesse, comme la musique des années 80, la seconde en reliant amitié et fin de vie bouleverse et interroge chaque lecteur.
« Cela fait partie du rêve de l’adolescence, de trouver un pote qui fait véritablement attention à vous. »
« Mieux vaut mourir debout que vivre à genoux. »
« On dit qu’on ne sait rien à dix-huit ans. Mais il y a des choses qu’on sait à dix-huit ans et qu’on ne saura jamais plus. »
Fiche #3206
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Céline Schwaller
« Désarrois » ou comment une vie peut être entravée par l’histoire familiale, par le poids de la religion, de la société et de la dictature. Le récit débute en RDA avant la chute du mur à une époque où dans la loi l’homosexualité peut encore être condamnée et sanctionnée par cinq années de prison. Né en 1933, le professeur Friedeward Ringeling est reconnu de tous ses étudiants et s’est construit une image sans aspérité, polie. Une image forgée par son éducation (« … il sentait nuit et jour, à chaque heure de sa vie, la dure poigne de son père sur sa nuque. ») : un père catholique intransigeant, dur, violent, terrorisant ses enfants, qui refuse naturellement l’orientation sexuelle de son fils. Pour sauver la face, Friedeward se mariera avec Jacqueline, lesbienne, couverture idéale pensent-ils... L’homme restera toute sa vie sur ses gardes, dans le désarroi, mais la Stasi sait tout, n’oublie rien et sait le faire payer cher quand elle le décide à ceux qu’elle désigne et Friedeward sera de ceux là. Un récit tendu, pudique, émouvant, d’une enfance, d’une adolescence et d’une vie percutées par les exigences familiales, politiques ou sociétales.
Ecouter la lecture de la première page de "Désarrois"Fiche #3198
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Nicole Bary
Certains écrivains ont parfois un livre d’avance : écrit avant la guerre d’Ukraine, « Un zèbre dans la guerre » se déroule dans une ville d’Europe de l’Est, au bord de la mer, où vivent Ukrainiens et Russes une guerre civile, la chasse aux terroristes est ouverte. Paul, père de famille, ingénieur, s’est lâché sur les réseaux sociaux et quelques mots à l’impact douloureux en ces temps troubles… Arrestation, interrogatoire violent, le tout sous l’œil de la caméra, il ressort et devient « le pisseur » avec une honte indélébile que sa famille va partager et subir. Pas de meurtre, mais la vindicte populaire. Certains sont mis aux bans de la société, d’autres en profitent. Plus rien n’étonne, « la vie reste acceptable », même un triste zèbre qui erre dans les rues passe inaperçu. Les dénonciations s’enchaînent, les réseaux sociaux s’enflamment… Avec humour noir et ironie, une plongée dans la noirceur de l’humain, ses faiblesses, les mensonges, la haine, la violence qui patiente pour mieux jaillir, les retournements de veste au fil des intérêts personnels, l’utilisation anonyme, permanente et sans retenue des réseaux sociaux…
« Les gens se réfugient sur Internet et y puisent tout ce qui, dans la vie réelle, sent trop les larmes, le sang ou le poing dans la figure. »
« Aucune génération n’a jamais engendré de meilleurs individus que la précédente. »
« Les politiques viennent et repartent, mais le peuple, lui, reste. »
Fiche #3189
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Carole Fily
La mère de Lídia Jorge a décidé de rejoindre l’hôtel paradis, une maison de retraite. Pendant un an, elle enregistrera son journal et sa fille le reprend aujourd’hui. La vieille dame est handicapée, se déplace en fauteuil, ne peut écrire mais quel caractère (« Je ne devrais pas être comme je suis, toujours à attendre le beau, le grandiose, le puissant… Mais j’ai ce tempérament, je veux trop, je donne trop d’ordres, j’aime trop quelque chose hors de ma portée et, quand je ne l’atteins pas je cherche désespérément à transformer ce qui existe de façon à rapprocher l’objet défectueux de la réalité inatteignable. ») et quelle soif de vie ! Le récit oscille en effet entre colère et calme, joie et tristesse, pleurs et rires avec quelques éclats d’humour grinçant ou pas. Il relate la vie d’une maison de retraite, les relations entre les résidents, on y croise les soignants, la direction et évidemment sa fille avec qui elle n’est pas tendre. La vieille dame observe, analyse, les qualités, les défauts, les travers, les difficultés des employées souvent étrangères. Evidemment elle a des préférences… Mais il s’agit aussi d’une chronique de la vieillesse, d’une vie où la notion d’intimité a disparu, où son voisin de chambre d’un jour à l’autre peut disparaître pour être remplacé dans l’heure qui suit par un nouveau résident : « Entrer en vie, sortir mort ou rester assis à la même place, c’était presque pareil. » Mais cette femme est une résistante (« …l’espoir est immortel… »), résistante pour vivre jusqu’au bout, trouver et profiter de moments sympathiques même fugaces, petits instants de bonheur, penser à sa maison, aux fleurs, aux jardins, aux chants des merles … trouver du réconfort et de la beauté en regardant le ciel et les nuages… Un portrait détonant et attendrissant !
« La vie est un arc, elle a son commencement et sa fin, elle débute dans un berceau, effectue son vol ascendant, et à partir d’un certain moment la courbe descend jusqu’à ce qu’on se rende à la terre, de nouveau à l’intérieur d’une caisse en bois qui ne diffère en rien d’un berceau. »
Fiche #3112
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Elisabeth Monteiro Rodrigues
Les loups sont entrés dans la ville, dans Belfast, et ils ont décidé de braquer une banque. Trois repris de justice qui veulent se refaire mais que la poisse poursuit : les coffres sont vides ! Heureusement (ou pas), en sortant la queue basse, l’un d’eux après avoir frappé son propriétaire, part avec une valise, une valise qui déborde de billets ! Hélas, parfois les clients se révèlent plus dangereux que les banquiers… Dans un pays, une ville, où la paix reste inquiétante, où Loyalistes et Républicains n’ont pas oublié leur histoire et leur différence même si le conflit est paraît-il terminé, haines et rancoeurs couvent et une valise pleine de billets pourrait bien être l’étincelle déclenchant violence et vengeance…
Ecouter la lecture de la première page de "Un tueur sur mesure"Fiche #2780
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Patrick Raynal
Personne ne semble connaître Pablo lorsqu’il descend du train dans la petite gare de Pozenegro, achète cash un appartement minable et s’y isole. Evidemment, les rumeurs grondent... et rapidement, le village sait qu’il est un architecte renommé et riche. Mais que vient-il faire ici ? Que fuit-il ? Qui fuit-il ? Que cache-t-il ? Les appétits s’aiguisent... Au milieu de ce marasme et des secrets de chacun, seule Raluca se range immédiatement à ses côtés, il faut dire que Raluca est particulière, folle pour certains, en tous cas débordante de vie et d’enthousiasme, « copine avec tout le monde », « Reluca est imparfaite. Glorieusement imparfaite. », « Reluca est capable de rendre possible l’impossible... Elle est forte comme un démon, mais c’est un ange. » Pablo est donc tombé sur la bonne personne, elle saura le mettre en confiance, lui faire accoucher son secret, réorienter sa vie et partager sa bonne étoile. Rosa Montero aimante littéralement le lecteur grâce à une intrigue rondement menée, des secrets qui se dévoilent au fil des pages et surtout deux personnages différents, attachants, avec des facettes proches de chacun de nous, cherchant à solutionner des failles traversant l’humanité.
« Ce que nous appelons folie n’est qu’une tentative désespérée de moins souffrir. »
« Ce en quoi se divise vraiment l’humanité, c’est entre gentils et méchants. »
« La peur est comme une pierre que tu charries dans ton estomac... La peur est un parasite, un envahisseur. »
« Car vieillir, c’est être occupé par un étranger. »
Fiche #2725
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Myriam Chirousse
Sur son lit de mort, son père fait promettre à Jimmy de ne pas chercher à retrouver et rencontrer sa mère, Mary. Elle les a abandonnés lorsqu’il était bébé et depuis trace sa route… Analphabète, elle ne se débrouille qu’avec les nombres et les signatures. Car pour détrousser certains naïfs, savoir signer est nécessaire… Elle est la fille d’une sorte de gourou qui avait tenté de l’éloigner de l’envie de posséder, du luxe… et c’est raté, elle adore le luxe et tous les objets qui le rappellent ou le représentent alors les hommes riches deviennent sa proie et elle est prête à tout pour assouvir ses désirs. Elle n’est personne et peut-être s’en satisfait-elle. Et naturellement, elle est recherchée mais cette fois, son fils se lance aussi à ses trousses et va découvrir progressivement qui est sa mère. Un roman étonnant et complet, une ambiance particulière, du suspense, de la légèreté, de l’émotion, de la solitude, de la tristesse, des mensonges et de la tromperie, de la misère, l’abandon et la quête d’origine…
« Ce que tu dois comprendre, ma chérie, c'est que le monde est rempli de cons. Et on n'y peut pas grand-chose. Essaie juste de ne pas en faire partie. »
Fiche #2657
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Céline Schwaller
Bruna Husky est une réplicante de combat, techno-humain, femme de demain, une vie programmée pour dix ans, de 25 à 35 ans. Et ce compte à rebours l’interroge et l’angoisse : comment vivre quand la date de fin est fixée définitivement ? Dans le même temps, dans une zone dangereuse, elle enquête sur des poubelles atomiques accompagnée d’un inspecteur protecteur, d’un tripoteur ambigu, et d’une jeune réplicante lui ressemblant particulièrement. Entre le roman d’anticipation et le polar, « Le poids du cœur » nous interroge sur nos espoirs, notre vie, notre avenir et ce que nous faisons sur terre et ce que nous allons faire de la Terre.
« Nous allons tous mourir. Ce que nous faisons pour supporter ça, c’est l’oublier. »
« Vieillir, tu sais, c’est devenir peu à peu l’otage de ton corps. Toi, tu croyais naïvement que ton corps c’était toi, mais à partir d’un certain âge tu découvres qu’en réalité c’est un extraterrestre, un inconnu… Et encore plus angoissant, que c’est un inconnu qui te tue. »
« Moi, j’ai toujours eu peur de ceux qui ont plus de réponses que de questions. »
Fiche #2563
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Myriam Chirousse
Les temps ne changent guère : la caste des nantis reste la même, leur pouvoir, leur richesse aussi. Toujours prêts à mépriser les manants, prêts à tout pour protéger leurs comptes en banque mais aussi leur famille, hier comme aujourd’hui. « Richesse oblige » le démontre en faisant un aller et retour entre la Bretagne et Paris, entre 1870 et les années 2000 autour des De Rigny, grande famille perturbée hier, par un intrus, fils illégitime reconnu par le fils maudit, et aujourd’hui par Blanche De Rigny, une descendante inconnue venue de nulle part, du peuple avec ses prothèses, sa fille punkette au caractère bien trempé et ses deux chiens vagabonds. Rencontre détonante et dangereuse pour ces grands bourgeois surtout qu’un « léger » esprit de revanche anime Blanche guère disposée à se laisser écraser par les dominants !
Ecouter la lecture de la première page de "Richesse oblige"Fiche #2489
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Mouzaffar avait pratiquement disparu, considéré comme mort. Vingt et un ans prisonnier dans le désert. Il avait sauvé la vie de son meilleur ami, chef révolutionnaire alors que son fils n’avait que quelques jours. Dès sa sortie, il part à sa recherche. La guerre a transformé son pays dévasté les hommes (s'ils ne sont pas morts) et leur folie. Alors il entreprend un long voyage guidé par trois fragiles grenades de verre sacrées, plonge dans les secrets de familles, explore les effets de la guerre, constate l’incurie et les trahisons des puissants. Il s’adresse au lecteur pour mieux l’impliquer, l’aspirer avec lui dans ses peurs, dans ses rêves, faire ressentir le climat étouffant de la guerre et les bouleversements qu’elle induit. Un long roman, conte ou fable, envoûtant et poétique.
« Il y a une chose que leur main ne peut pas atteindre c’est le fond de notre cœur. »
« … l’humanité est comme une lampe, elle s’éteint et s’allume. C’est une lampe à l’intérieur de nos âmes. Il est possible qu’elle s’éteigne à tout jamais et ne se rallume pas. Il est possible qu’elle s’allume et qu’elle s’éteigne… Mais qu’elle reste toujours allumée, que nous soyons toujours éclairés par notre humanité, c’est une chose complexe et moi je ne l’ai pas vue… »
« Toi-même, tu es le fils d’un pays où les jeunes hommes sont toujours seuls. »
Fiche #2449
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Sandrine Traïda
Luis Sepulveda nous offre un exceptionnel cadeau, écouter et suivre la fameuse baleine couleur de lune, un cachalot d’une beauté rare, gigantesque et pourtant d’une douceur étonnante. En charge de protéger un couloir de mer, il surveille et aide ses congénères jusqu’à ce que les hommes arrivent et les chassent, de plus en plus nombreux, de mieux en mieux armés... Un conte puissant, émouvant, tendre, un message universel pour le respect absolu de la nature, des animaux et donc de l’homme.
Fiche #2438
Thème(s) : Jeunesse Littérature étrangère
Traduction :
Anne Marie Métailié
L’Islande vit quelques mutations étonnantes et deux couples principaux éclairent cette période atypique sur quatre jours. Un couple de députés (la femme deviendra premier ministre) aux vues politiques opposées, l’attachée parlementaire de la première et son mari ouvrier. Meilleure preuve du changement : le député de droite se laisse aller à quelques pensées de gauche (surtout quand il se retrouvera avec dans ses bras la petite Amelia à la recherche de ses parents clandestins) mais ce n’est rien devant ce qui attend le pays : certaines femmes prennent le pouvoir pendant que d'autres se jettent de la fenêtre de leur appartement, la crise économique et sociale ébranlent le pays, les banques frisent la déroute, un nombre important et inédit d’immigrés sortis de nulle part envahissent le pays, tout change, sauf la nécessité selon certains d’emprunter et le directeur français du FMI et « son phallus n’était pas des plus regardants. » Un roman fou, très singulier, l’auteur nous offre un texte déjanté mais cette folie est loin d’être gratuite, elle offre aussi une belle réflexion débordant d’humour (de tous types) sur la société islandaise, sur le système qui étreint nos pays, sur nos démocraties (les réflexions d’anthologie du jour 4 entre 21h00 et 00h00 sont à lire et relire avant chaque scrutin !), sur les dérives possibles qui nous attendent mais aussi sur l’immigration, la différence, la religion et sur la place de la femme dans ce chaos machiste. Acceptez la douce folie de Eirìkur Örn Norddhal et vous ne regretterez pas ce drôle de voyage en Islande !
Ecouter la lecture de la première page de "Gaeska"Fiche #2389
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Eric Boury
Le récit débute presque par « Il n’y a tout simplement rien dans ma vie qui vaille d’être raconté. Absolument rien. », Konstantin le rétorque à une journaliste qui souhaiterait qu’il lui relate le fil de sa vie. Et dès cette affirmation erronée, le lecteur est emporté par le tourbillon de vie, les décisions, les réflexions de Konstantin, et les 400 pages prenantes sont dévorées à un rythme infernal ! A 67 ans, Konstantin Boggosch né Müller se considère toujours comme exclusivement le fils de son père, nazi et criminel de guerre : « Je sais, je ne me libèrerai pas de ce père, de cet héritage. Je ne peux pas me libérer, je ne peux pas être libre. A cause de lui… J’ai peur que le démon survive en moi. » Le passé familial entrave sa vie dès le collège puis dans sa vie professionnelle et intime à l’âge adulte. C’est aussi sa décision, son frère n’appréhende pas de la même façon les actes et décisions de leur père. Il ne cessera de voir et lire dans le regard, dans les sourires des autres le passé de son père, son passé, « … j’étais celui qui m’avait conçu, celui qui était mon père. ». Alors il part, choisit l’exil. D’abord en France, à Marseille, trouve des petits boulots et côtoie un groupe d’anciens résistants. A la construction du mur, il suit le chemin inverse de beaucoup et revient s’installer en Allemagne de l’Est. D’un côté du mur, une société dirigée, oppressante et inique et de l’autre les anciens grands nazis restés au sommet du pays et du pouvoir économique. Il ne pourra jamais ignorer ou feindre d’ignorer les ombres du père et du passé et sa vie en sera le reflet. Un immense portrait d’un homme droit, intègre, cohérent que les fantômes du passé détenant son dossier personnel éprouveront toute sa vie mais qui choisira de rester debout et de « regarder l’enfer sympathique que vous avez si joliment construit. » « L’ombre d’un père » traverse soixante ans d’histoire allemande et européenne et démontre que les murs peuvent s’élever à tout moment, partout, en tous lieux, entre toutes personnes et cette histoire n’est pas terminée…
Ecouter la lecture de la première page de "L'ombre d'un père"Fiche #2282
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Nicole Bary
Einar est à un tournant de sa vie. Ou plutôt à Treize jours » d’un nouveau tournant de sa vie. Treize jours et trois ultimatums : décider s’il rejoint sa dernière maîtresse, banquière énigmatique recherchée par la police, décider de son avenir au sein du Journal du soir, et enfin retrouver (peut-être avec l’aide de la police) le tueur d’une lycéenne retrouvée assassinée dans un parc. Or, cette lycéenne lui rappelle sa fille Gunnsa plus jeune qui va se joindre à lui et avec fougue pour l’enquête en ignorant parfois les dangers face à une jeunesse en pleine dérive fricotant avec les milieux interlopes du monde de la nuit, prostitution, drogue, alcool, et autres réseaux sociaux… Et naturellement les relations entre Gunssa (bien partie pour prendre la suite d’Einar) et son père croiseront le déroulement de l’enquête et les choix finaux d’Einar. Des personnages humains, sensibles, en prise directe avec les difficultés de la vie, des relations amoureuses et filiales et du monde du travail, un polar noir très contemporain au cœur d’une société islandaise minée comme d’autres par les difficultés sociales et économiques.
« Il n’y a aucune limite à ce dont l’homme est capable. Ca se vérifie tous les jours. Nous ne sommes que des animaux. Nous sommes des prédateurs, des prédateurs en tenue de camouflage. »
Fiche #2255
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction :
Eric Boury
Gudbergur Bergsson avec son style épuré dresse le portrait du peuple islandais du XX ème siècle au travers d’une famille (jamais prénommée) installée dans une ferme isolée dans la campagne du pays. Des paysages décharnés et une nature que l’on ne peut qualifier de luxuriante ! Paysage ardu, vie ardue, personnages ardus. Pourtant, c’est le XXème, alors sans crier gare, imperceptiblement, le monde extérieur s’invite dans cet environnement, les visiteurs passent, certaines et certains s’éloignent, certains reviendront, d’autres non. La modernité et le « progrès » pointent leur nez et leurs effets… Qu’est-ce qui peut attirer dans ce lieu rugueux et lunaire où la vie reste un combat ? L’auteur dresse un portrait humain, sans épargner ses compatriotes, avec franchise et profondeur, il entraîne et aimante immédiatement le lecteur avec un ton et une écriture personnels au cœur de ce pays qui a pris une place prépondérante dans la littérature européenne, après le douloureux et inoubliable « Deuil », le voyage en vaut la peine !
« Parce que être libre signifie à la fois jouir de certains droits et être garant de la liberté et des droits d’autrui. »
« Les guerres sont-elles nécessaires pour que les hommes et les nations apparaissent sous leur jour véritable ? La paix fausserait-elle l’image des individus et des peuples ? »
« Cette conversation vit surgir l’étrange forme d’humour qui s’empare de certains vieillards quand ils comprennent qu’ils ont un passé aussi long que leur avenir est bref. »
Fiche #2116
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Eric Boury
Marie Le Boullec, médecin, près de Saint-Nazaire partageait une vie paisible avec son époux, Yves, photographe qui vient de mourir. Peu de temps après, le corps de Marie est retrouvé sur une plage, noyée mais avec quelques blessures singulières. Muriel Le Bris a rejoint depuis peu la rédaction du journal local et elle est réputée pour aimer fouiner avec insistance là où certains abandonnent rapidement. Or, elle demeure circonspecte devant la thèse du suicide… Alors aidée par Geneviève, une vieille voisine de Marie qui ne l’a pas oubliée, Marcel, amoureux transis de Muriel toujours prêt à la suivre jusqu’au bout du monde, Marie se lance dans une enquête vertigineuse entre l’Argentine et la France, entre les années 70 et 2000 qui la confrontera au régime dictatorial argentin où tous les coups étaient permis, où violence et torture étaient le quotidien de beaucoup. Les opposants traqués pouvaient être éliminés partout dans le monde. Le filet était déployé et peu s’en échappait. Marie l’avait peut-être cru quelques brefs instants… Ce récit entre roman historique, roman d’espionnage, polar, oscille constamment entre passé et présent, brouille les identités, nous parle d’engagements et de traques, de pouvoir et de mafia, mais aussi d’une mère qui ne pourra jamais se satisfaire de rester éloignée de son fils et n’abdiquera jamais. Un roman glaçant et habilement construit, un portrait de femme émouvant pour ne pas oublier la violence d’état et l’histoire de l’Argentine.
« Il fera ce qu’il est venu faire : la jeter à la mer depuis un avion. La mort qui devait être celle de Juana Alurralde en 1976 avait été différée à juin 2004. C’est bien tard, mais Raul Radias allait réparer son erreur. »
« Il existe une autre mort qui n’est pas la mort définitive, être brisé, broyé, mais combien de fois peut-elle être réduite en miettes sans être complètement brisée ? Une infinité. »
« C’est ça un disparu. Un vide, des souvenirs, des paroles, mais pas de corps. Comme le disait le dictateur Videla : ni vivant , ni mort, ni disparu. »
Fiche #2077
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
François Gaudry
En 2020, notre monde est en cours d’extinction. Le froid règne, l’âge de glace a repris place. Il neige au sud et la glace s’épaissit partout. La lumière s’estompe, il faut donc profiter de chaque instant. Et, dans le nord de l’Ecosse, certains résistent, s’organisent dans un parc de caravanes. Dylan, un géant épris de cinéma, vient de les rejoindre pour repartir à zéro. Il rencontre rapidement Constance et son petit garçon devenu Stella. Les efforts pour vivre et s’organiser face au climat sont permanents, et néanmoins les histoires d’amour et de famille perdurent. Jenni Fagan réussit parfaitement à installer une atmosphère particulière, poétique et silencieuse qui happe le lecteur dès les premiers mots. Un monde disparaît, mais un nouveau semble poindre et la féerie du propos laisse intact voire entretient tous les espoirs, lumineux !
Fiche #2058
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Céline Schwaller
Un couple d’écrivains islandais vient d’exploser, ils vivent dans une société sous surVeillance (« Aki et Lenita étaient jadis deux individus civilisés. »), les caméras sont partout, la téléréalité est devenue réalité, transparence totale, tous sont surveillés tout en surveillant les autres, pour leur sécurité naturellement, la population l’a acceptée et le supporte, peut-être l’a-t-elle attendue cette solitude moderne ! Alors en toute transparence, Aki et Lenita vont s’affronter, compétition sexuelle et littéraire (le plagiat dans la transparence est-il possible ?). Ils écrivent le même roman et partagent par caméras interposées leurs ébats… Pourtant, certains, installés dans une ancienne usine de crevettes, envisagent une autre société mais il leur en coûtera cher… Court roman mordant et percutant, au rythme et au style impeccables, décrivant avec grande vraisemblance et ironie (voire joie) une société aliénée à l’observation de son voisin adoré !
Sur le même thème mais sur un tout autre ton, lire l'indispensable "Sauvagerie" de Ballard.
« L’avenir n’a rien à voir non plus avec un quelconque salmigondis – on ne saurait le lire dans le marc de café au fond d’une tasse en porcelaine, ni dans les lignes de la main, ni dans les boyaux d’un agneau, pas plus que dans les reflets d’une boule de cristal. Il n’a rien à voir avec les conjectures de nature sociale, l’imagination des poètes, les équations des scientifiques, la gouvernance du pouvoir politique ou les attentes et les exigences de la population. Il est réel. »
Fiche #1913
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Eric Boury
Soledad est une grande séductrice et elle redoute plus que tout de devoir dire qu’elle était une grande séductrice. Elle a en effet maintenant la soixantaine et son amant vient de la quitter pour rejoindre une jeune femme à qui il fera un enfant. Doute sur son avenir, sur sa capacité de séduire, crainte de voir le désir s’envoler à jamais, peur de ne plus jamais sentir un regard se poser sur soi. Son métier, elle prépare une exposition sur les écrivains maudits, ne peut lui suffire. Alors, pour faire la leçon à son ancien amant, elle engage Adam, un jeune gigolo, beau comme un Dieu, attirant. Elle sort avec lui, il devient son amant et elle, addict. Sans limite, frisant parfois le pathétique, elle est prête à tout pour lui et même pour ses proches. La chair est évidemment une réflexion lucide au ton vif non dénué d’humour sur le vieillissement au féminin, la hantise de ne plus séduire, d’être mise sur la touche, à l’écart et place avant tout l’Amour au centre de l’existence.
"Etre maudit, c'est savoir que votre discours ne peut avoir d'écho, parce qu'il n'y a pas d'oreilles capables de vous comprendre. En cela, être maudit ressemble à la folie, lâcha brusquement Soledad. Etre maudit, c'est ne pas correspondre à son époque, à sa classe sociale, à son milieu, à sa langue, à la culture à laquelle on est censé appartenir. Etre maudit, c'est désirer être comme les autres, mais ne pas pouvoir. Et vouloir être aimé, mais ne susciter que de la peur ou peut-être du rire. Etre maudit, c'est ne pas supporter la vie et surtout ne pas se supporter soi-même."
Fiche #1902
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Myriam Chirousse
Une troupe d’hommes armés pourchassent un jeune indien mapuche blessé. Pour cela, ils ont le chien, un chien singulier, fort, puissant, ils le lancent à sa poursuite. Mais ce chien ne s’appelle pas « le chien » mais « Afmau » ce qui signifie loyal et fidèle en Mapuche et il ne l’a pas oublié. Son passé lui revient en mémoire pendant qu’il attend que ces hommes lui ordonnent de suivre les traces du fugitif. Encore un superbe et émouvant conte illustré dans cette belle collection avec un hommage appuyé à la nature, au peuple Mapuche qui la respecte tant, à la loyauté et à la fidélité.
Fiche #1865
Thème(s) : Jeunesse
Traduction :
Anne Marie Métailié
Un trentenaire tourne en rond à Cuba, sur cette île isolée, bloqué, il tourne, et tourne encore, comme un disque rayé. Seul espoir, la mer et le départ, mais la mer est aussi un cimetière pour beaucoup de Cubains. Alors il nous raconte Cuba, de manière directe, sans concession, sans artifice ni embellissement. Il nous parle de la résignation des Cubains, de leurs rêves bafoués qui se transforment en cauchemar, de la surveillance permanente mise en place par le pouvoir, une détresse de tous les instants souvent noyée dans l’alcool. Et tout le monde tourne, et tourne encore, sur place, sans évolution possible, « le désarroi est la seule certitude. » Avec une écriture épurée qui fait tilt à chaque phrase, il s’agit du seul roman (posthume) du petit-fils du Che, un texte noir qui rappelle que la mer fut le seul horizon pour beaucoup de Cubains.
Ecouter la lecture de la première page de "33 révolutions"Fiche #1860
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : René Solis
Crisòstomo est un pêcheur, solitaire, il a maintenant quarante ans et regrette de ne pas avoir de fils. Il décide donc d’adopter Camilo, le petit orphelin du village, vif, doué. Il va l’apprivoiser, l’aimer, les liens du sang ne sont pas nécessaires pour fonder une famille. Et ce n’est que le début ! Isaura, une femme singulière, laide, maigre, rejetée de tous, sort d’un mariage raté avec Antonino qui est homosexuel et se joint eux. Antonino subit toutes les humiliations et la haine possibles dans le village, et Isaura, se sentant encore responsable de lui, l'accepte à ses côtés et il rejoint également la petite communauté. Une communauté d’éclopés de la vie réunis par Crisòstomo le sage qui mettent en commun leur histoire, leur passé, et se place en opposition totale avec le monde qui les entoure, d’un côté l’amour, la bonté, la bienveillance et de l’autre haine, violence, mensonge… Un joli conte qui met en avant ceux qui ont décidé de prendre en main leur destin et croient encore en l’amour et la fraternité écrit dans un style personnel qui chante et accroche le lecteur du début à la fin, l’interpelle, voire le bouscule à bon escient.
« Celui qui n’a pas peur de souffrir a plus de chance d’être heureux. »
« Celui qui n’est personne, il ne lui manque rien. L’amour ne lui manque pas, et il n’attend rien ! »
« Si on n’attend rien de la vie, disait-il, le peu qu’on a c’est déjà de l’abondance. »
« ... nous naissons tous enfants de mille pères et de plus de mille mères, la solitude est surtout l'incapacité de voir l'autre comme nous appartenant, pour qu'il nous appartienne en vrai et que nous inventions une attention réciproque. Comme si nos mille pères et nos mille mères coïncidaient en partie, comme si nous étions tous frères, frères les uns des autres. Nous sommes le résultat de tant de gens, de tant d'histoires, de tant de grands rêves se transmettant de génération en génération que nous ne serons jamais seuls. »
Fiche #1821
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Daniel Schramm
« Dedans » évoque trois instants de vie en prenant le temps à rebours. Le narrateur est en prison et décrit, sans artifice, avec un regard froid, presque sans jugement, le monde carcéral et ses règles, sa vie quotidienne minutée. L’absurdité permanente, la violence mais parfois aussi la fraternité, l’incompréhension sont criantes. Puis deux tableaux viennent compléter le portrait, l’adolescence et l’enfance éclairent le récit. Ce premier roman original par sa construction et son écriture réussit l’exploit de nous parler de prison en évitant une atmosphère pesante et désespérée tout en étant dans le réalisme total, brillant exploit !
Premier roman
Fiche #1808
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Serge Quadruppani
Maximo est un adolescent solitaire, passionné par les sciences qu’il découvre dans deux revues scientifiques qu’il adore. Son savoir croit de jour en jour, il en est conscient et assez satisfait et pense qu’il s’agit d’un passage obligé vers l’âge adulte. Etre adulte, enfin ! Une pensée, une attente, un espoir qui l’obsèdent. Il a 17 ans, vit chez sa mère, son père a disparu et son oncle fait preuve d’une présence parfois pesante, quant à son frère, il l’agace profondément. Aussi, pour accélérer sa mutation, Maximo, quelques poils sur le menton, postule pour une place de groom dans un hôtel. La patronne est charmée et intriguée et convainc son époux de l’embaucher, et voici, Maximo, ne cessant de s’observer, parti pour un voyage sans retour, d’une journée vers le pays adulte. Un roman d’apprentissage rythmé et d’une grande maîtrise bonifié par un ton et une atmosphère singuliers.
« Moi, je crois que je suis devenu adulte quand j’ai cessé d’y penser. Ca viendra »
Fiche #1751
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
François Gaudry
Dans les années 80, en Argentine, trois femmes (et beaucoup d’autres) sont assassinées. Trois jeunes femmes pauvres, trois affaires jamais élucidées qui n’ont pas beaucoup intéressé les médias, « faits divers » vite oubliés et les disparitions de femmes perdurent depuis. En 1973, Selva Almada était enfant et quarante plus tard, elle n’a pas oublié, elle est toujours vivante et « ce n’est qu’une question de chance » ! Aussi, elle décide aujourd’hui de mener sa propre enquête, de partir sur les traces de ces femmes et de leurs familles, pour les connaître, leur accorder un semblant de dignité, « leur donner une voix », et tenter d’élaborer quelques hypothèses. Cri de révolte, ce récit puissant et sensible fait froid dans le dos !
Ecouter la lecture de la première page de "Les jeunes mortes"Fiche #1740
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Laura Alcoba
Frida vient d’avoir dix-huit ans. Elle est enfin majeure et ce pourrait être un grand jour. Néanmoins, elle n’a pas oublié le temps passé où petite fille, elle était entourée d’une mère et d’un père aimants. Et puis, du jour au lendemain, ce fut l’enfer, les disputes, le silence et la séparation. La blessure est encore ouverte, aucun pardon, de l’incompréhension, de la haine mais aussi toujours de l’amour. Elle s’est éloignée d’eux sans les quitter des yeux. Cette journée devrait être particulière car ils lui avaient promis de tout lui expliquer le jour de ses dix-huit ans. Tiendront-ils leur promesse ? Quel est ce lourd secret qui a provoqué l’explosion définitive de cette famille, de sa famille ? Cette chronique d’une catastrophe annoncée est tendue, très tendue et surtout noire de noir !
Ecouter la lecture de la première page de "Le crime histoire d'amour"Fiche #1729
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction :
Eric Boury
Liv vit avec sa mère au milieu d’une nature sauvage et mystérieuse sur une île du nord de la Norvège. C’est l’été de ses 17 ans. Sa mère a tout quitté pour s’installer là et artiste peintre, elle espère pouvoir mieux travailler en ces lieux. Elle vit pour son art et Liv a toute liberté pour de longues ballades dans ce paysage bouleversant, aussi paisible qu’angoissant (peut-être le personnage principal du roman), elle observe et demeure en retrait. Son seul ami est un vieil homme qui lui a raconté de nombreuses histoires où se croisent trolls, sirènes et la huldra, créature surnaturelle qui séduit les jeunes hommes et les poussent à affronter la mort. Liv est habitée par l’étrangeté. Les morts se suivent sur l’île et Liv, entre rêve, mystère et réalité, (« … les choses ne sont pas ce qu’elles ont l’air d’être, l’impression que tout, ici, se fonde sur l’illusion. ») cherche à se souvenir, à expliquer, à dévoiler. Burnside revient sur des disparitions de jeunes gens, nous ouvre avec brio et poésie les portes d’un monde fascinant et étrange, un auteur talentueux et singulier, conteur hors pair : « … il n’y a que les histoires … tout le reste n’est qu’illusion… ».
« Cela dit, c’est ainsi que fonctionnent les histoires, dit-il. Elles nous rappellent que tout peut arriver. Tout change, Tout peut se transformer en autre chose - et il n’y a rien de surnaturel là-dedans. »
Fiche #1570
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Catherine Richard
Rosa Montero chargée de rédiger une préface au journal de Marie Curie s’est laissée emporter par le tourbillon de la vie de Marie et en nous racontant sa vie, elle nous parle aussi d’elle-même et le lecteur se retrouve entraîner avec bonheur au coeur de ces deux vies. Elle nous parle évidemment de la volonté extrême de Marie, de son amour puissant pour Pierre et pour la science qu’elle plaçait au-dessus de tout, de la science et de la radioactivité, de l’exil et des difficultés rencontrées, de la place de la femme, d’amour, de son rôle de mère, des relations enfants-parents en Pologne et en Espagne, de souffrances et de combats, de la mort d’un époux… Ces deux femmes ont partagé beaucoup d’expériences similaires, et Rosa Montero raconte tout, enfin presque, puisqu’elle gardera le silence à propos de Pablo…
Deux femmes hors norme, un texte étonnant et attachant, qui aborde des thématiques toujours très contemporaines, éclairé par une écriture vivante et enjouée qui happe le lecteur dès les premières lignes.
« Les livres naissent d’un germe infime, un œuf minuscule, une phrase, une image, une intuition, et ils grandissent comme des zygotes, organiquement, cellule après cellule, en se différenciant en tissus et en structures de plus en plus complexes, jusqu’à devenir une créature complète et souvent inattendue. »
« Fernando Pessoa l’a très bien exprimé : ``La littérature, comme toute forme d’art, est l’aveu que la vie ne suffit pas.’’ Elle ne suffit pas, non. C’est pour ça que je suis en train d’écrire ce livre. C’est pour ça que vous êtes en train de le lire. »
« Mais il faut avoir vécu longtemps, je suppose, et avoir su apprendre de la vie, pour en venir à comprendre qu’il n’y a rien de plus important ni de plus splendide que le chant d’une enfant sous un figuier. »
Fiche #1567
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Myriam Chirousse
Histoire de l'escargot qui découvrit l'importance de la lenteur
Métailié
27 | 95 pages | 04-11-2014 | 12.5€
Une bande d’escargots vivait paisiblement, heureux au Pays de la Dent-de-Lion à l’ombre de l’acanthe. Herbe tendre, pissenlits à foison, un vrai paradis. Pourtant, l’un d’entre eux, trouve injuste de ne pas avoir de nom, ils s’appellent tous « escargot » ! Téméraire, rebelle, contre l’avis de tous, il part à l’aventure et voudrait aussi comprendre les raisons de leur satanée lenteur. Un voyage initiatique au rythme de l’escargot qui lui fera rencontrer d’autres habitants du pays, et surtout découvrir les projets toujours aussi terribles des humains. Il comprendra la valeur de la mémoire, fera preuve de courage et sauvera ceux qui accepteront de le suivre. Luis Sepulveda prouve une nouvelle fois son talent de conteur et nous offre une fable inédite pour petits et grands.
Fiche #1542
Thème(s) : Jeunesse
Traduction :
Anne Marie Métailié
Thomas Arville était un brillant étudiant et a suivi le chemin parfait, grand lycée parisien, grande prépa, Normale Sup, cursus idéal. A chaque étape, il marque son passage, impressionne, il est programmé pour recevoir la prochaine médaille Fields française. La pureté est son domaine, la topologie son application. Pureté qu’il retrouve en Ayako la jeune japonaise qu’il rencontre lors d’un stage au Japon. Lui, le tombeur volage, est amoureux et malgré Fukushima, préfère rester auprès d’elle et achever son stage. Ayako l’accompagne lors de son retour en France, et puisqu’il faut bien gagner sa vie, le brillantissime Thomas Arville devient petit prof de maths dans un lycée difficile et s’installe dans un modeste appartement du XIXe. Choc des cultures, il croyait gravir les marches deux à deux jusqu'au sommet, il s'écroule et vient de perdre un échelon. Pour avoir privilégier la pureté (« Les mathématiques lui avaient redonné l’espoir, puis l’assurance d’une certaine pureté face au monde était possible, et qu’elle était même vivable, il en était l’incarnation, n’est-ce pas ! ») et refuser les concessions, il demeure, seul, sans réseau, isolé, et fatigué dans cette vie qu’il n’attendait pas, l’étoile s’est éteinte. Histoire de l’Irrésistible chute d’un jeune homme brillant mais somme toute peu sympathique et assez méprisable.
Ecouter la lecture de la première page de "Topologie de l'amour"Fiche #1506
Thème(s) : Littérature française
Au cœur de la Ville-Pays, toutes les nuits, le Tram 83 est le lieu où tout est possible, où le pays prend une autre forme, unitaire, où tout le monde cohabite, se touche, se parle. Etudiants, mineurs, creuseurs, chômeurs, jeunes prostituées, les canetons, touristes, touristes à but lucratif, professeurs, hommes, femmes, riches, pauvres, une population bigarrée envahit le lieu chaque nuit, « Si le bonheur avait un nom, il s’appellerait Tram 83 », et vient s’abreuver de musique, d’alcool et de sexe. Pendant ces moments, tout est possible, « Toutes les nuits ont ceci de particulier. Elles sont longues et populaires ». Lucien attire les femmes mais préfère son crayon, il écrit un conte-théâtre et rêve parfois d’être édité. Requiem petit voyou sans scrupules s’occupe notamment avec attention de l’avenir de Lucien. Mélangeau né en Suisse vient perturber ce duo en assurant, entre deux rencontres avec de jeunes canetons, Lucien d’une édition de ses écrits en Suisse. Une prose singulière et rythmée pour une plongée dépaysante dans un monde vif, sans artifice où l’envie de vivre prime, un roman très original.
Premier roman
« Les chacals ne mangent pas les chacals. »
« Ca ne s’apprend pas, l’instinct de survie. Ca vient de soi. Sinon ils auraient déjà institué un cours d’instinct dans les universités. »
« C’est pendant la nuit que les géants de ce monde fabriquent nos déboires avec les ardeurs de boulanger autodidacte… »
« Ici, on ne vieillit pas, on existe tout simplement. »
Fiche #1490
Thème(s) : Littérature étrangère
Hammerfest, petite ville du nord de la Laponie continue sa mutation. La découverte de gisements de gaz et pétrole bouleverse les équilibres de la région. Les compagnies pétrolières norvégiennes et américaines sont riches, puissantes, ses plongeurs des rois et pas grand-chose ne peut les arrêter… Néanmoins, elles cherchent à s’implanter dans le territoire des rennes et quelques éleveurs continuent de pratiquer l’élevage traditionnel en respectant notamment la transhumance et le partage des terres, terres devenues un enjeu primordial. Le conflit est inévitable. Au printemps, lorsque la nuit disparaît, les rennes doivent traverser le détroit du Loup pour rejoindre leur nouvelle terre où la nourriture les attend. Mais cette année, la traversée tourne au cauchemar. Les rennes paniquent, un jeune éleveur en tentant d’intervenir trouve la mort. Mort accidentelle mais surprenante. La police des rennes est toutefois mobilisée. Klemet et Nina une nouvelle recrue assistent ensuite impuissants à une série de morts étranges. Nina au contact des plongeurs retrouve des sensations de son enfance. Son père qu’elle n’a plus vu depuis très longtemps fut plongeur et elle part alors à sa recherche ayant l’intuition qu’il pourra les aider. Un couple d'enquêteurs attachant, une intrigue particulièrement bien ficelée pour une enquête qui nous plonge dans un monde singulier et qui mettra à jour une vengeance venue du passé rappelant quelques fondements de la richesse norvégienne.
Ecouter la lecture de la première page de "Le détroit du Loup"Fiche #1487
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Maria da Graça est femme de ménage, marié à un marin médiocre qu’elle tente d’empoisonner, gentiment… Elle est au service de monsieur Ferreira, un vieux cochon qui la viole allègrement et régulièrement. Mais Maria trouve ça pratiquement normal, voire y prend même quelques plaisirs. En outre, l’homme est cultivé, et il lui parle de Goya, Rilke, Bergman ou Mozart, de grands hommes capables d’impressionner Dieu. Or Maria a maintenant quelques soucis avec Dieu, ou plutôt avec Saint-Pierre qu’elle rencontre chaque nuit dans ses rêves surtout après le suicide de Ferreira. Elle souhaite ardemment le rejoindre et Saint-Pierre n’est pas totalement convaincu (« quel provocateur ce saint pierre, quel salaud ») et ne lui prête guère attention mais Maria n’est pas femme à se laisser faire, "je ne suis pas femme à fuir mes obligations" ! La meilleure amie de Maria, Quiteria, est également femme de ménage. Même cruauté de la vie (« … je ne peux me payer que la mort, la vie est trop chère pour moi. »), même âpreté et difficultés mais aussi même quête de bonheur, même désir de vivre, d’aimer et de sexe. Quiteria se prostitue et tombe amoureuse d’un Ukrainien étrange, déglingué vivant un exil douloureux. Seul le petit chien, Portugal, qu’elle a recueilli, semble serein et regarde tout ça avec calme sans porter aucun jugement. Un portrait cru et direct d’une société portugaise où le peuple se débat vigoureusement dans des difficultés immenses mais que la quête d’amour aide à survivre. Le style est vif, rythmé et singulier, l’humour décapant et les personnages atypiques et attachants.
« … ce qui nous sauve c’est que nous sommes tellement en bas de l’échelle que nous n’avons même plus à craindre de tomber plus bas, nous y sommes déjà, par nature. notre chemin ne peut que remonter. »
Fiche #1354
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Daniel Schramm
Un vieil homme avec deux sacs de vêtements est abandonné sur les Champs-Elysées par une femme qui semble pourtant attentionnée. Un fonctionnaire venu assister à la Conférence des Poids et Mesures assiste à la scène. Il signale au serveur cet abandon et ce petit geste irrémédiable lui vaut d’hériter du vieil homme qui reste muet quelques jours avant de répéter « Ne les laissez pas me tuer ». Le récit oscille alors entre présent et passé, entre témoignage et enquête. Le lecteur assiste à la survie d’une petite communauté à Pripiat après Tchernobyl : « Je n’ai plus rien à perdre et à Pripiat on n’est pas si mal. Sauf qu’on y meurt, mais on meurt partout. ». Ces samosiols, « … c’est comme ça qu’on appelle ceux qui sont retournés chez eux… C’est un peu une insulte… Ils reviennent car ils n’ont pas d’autres endroits où aller. », continuent de vivre dans une terre morte et dangereuse. Des éclairs de vie jaillissent, furtifs, et ils ne les ratent pas. L'homme s'adapte à tout... Certains semblent garder illusion d’un nouveau monde mais sont vite rappeler à la raison (« … c’est précisément ce que nous voulons, aller nulle part. On est très bien comme ça. »). Les trafics s’organisent, le voyeurisme les atteint aussi… Cette petite communauté est rejointe par un scientifique résistant, Vassili Nesterenko, qui n’a pas cru en la thèse officielle, et que les services secrets ont repoussé jusque là. Cet homme qui a été ébranlé dans ses convictions, dans sa croyance absolue en la science et dans le progrès associé, parcourt la ville sur sa bicyclette et continue de croire que leur communauté posera les fondements d’un nouveau monde. Un roman magistral par sa construction mais aussi par son spectre, à la fois roman historique, enquête scientifique, témoignage, polar, portrait libre du scientifique Vassili Nesterenko qui paiera cher sa volonté d’informer des conséquences de la catastrophe de Tchernobyl. Après "la nuit tombée" de Antoine Choplin, essentiel pour ne pas oublier…
Ecouter la lecture de la première page de "Le cycliste de Tchernobyl"Fiche #1340
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
François Gaudry
« Cette histoire est dédiée à la génération de l’éternelle jeunesse » : l’homme arrive au bout du chemin, l’issue est proche. L’homme est en effet très âgé, vit seul depuis longtemps, et revient avec un œil acéré sur sa longue marche vers le deuil et la mort, deuil d’une vie, de la vie, de ses proches. L’analyse est lucide, franche, réaliste, sans concession mais l’œil reste pétillant et le sourire du clown triste ; une distance voire une certaine autodérision introduisent une légèreté heureuse et salvatrice. Tout au long de cette analyse de la vie, de la vieillesse et la mort, la bouilloire chuinte, occupe l’esprit et marque l’attente. La vie se rétrécit et les souvenirs jaillissent de partout et nulle part. Un témoignage unique d’une certaine philosophie de vie, expérience aussi unique qu’universelle.
« … en chaque être humain sommeille le désir d’être irresponsable et de se livrer à tout ce qui lui vient à l’esprit, sous l’étendard victorieux de la maladie : nous sommes tous de pauvres types. »
« En vieillissant, on jaunit de l’intérieur tandis qu’on devient gris à l’extérieur. Tout cela est la faute aux reins et au foie, et sûrement pas aux sucreries. »
« Il n’existe rien de plus injuste que cette brutalité, cette violence qu’est le vieillissement. Personne ne vieillit de la même manière et il n’y a pas deux êtres qui le fassent selon les mêmes règles. Cette inégalité tient à la nature aussi diverse que semblable de l’être humain dans tous les domaines. Elle est l’unique loi de la vie. »
Fiche #1289
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Eric Boury
« La Capitana » narre la vie exceptionnelle et romanesque de Micaela Feldman de Etchebéhère, de la Patagonie à Paris et Berlin, en passant par la guerre d’Espagne, remarquable destin, vie aventureuse et amoureuse hors du commun. Mais également vie engagée, avec son compagnon, cette femme a toujours été aux côtés de ceux qui souffraient et luttaient, il y a chez elle une dimension humaine singulière, tous les hommes, ici et ailleurs, doivent être libres et elle ne cessera avec son mari de se battre physiquement et intellectuellement pour. A Paris dans les mouvements intellectuels des années 30, à Berlin auprès des ouvriers allemands, puis enfin, chassés par le nazisme, ils rejoindront la lutte contre Franco et les milices du Poum. Sans expérience militaire, elle prendra pourtant la tête d’une milice, les hommes aguerris l’admirent, la respectent et lui accordent leur confiance sans aucune retenue. Mais ce récit est aussi celui d’un couple, qui se construit au gré des luttes, des idées et convictions partagées et défendues, des rencontres fortuites. Roman historique, roman d’aventures, portrait d’une femme exceptionnelle libre, amoureuse et engagée qui a constamment cru en un monde meilleur et juste et d’une vie militante désintéressée, ce texte émouvant vous plonge au cœur de l’histoire tumultueuse du XXème.
« Tu te proclamais anarchiste et libertaire. La vie s’est chargée d’engagement, de responsabilité. Et d’espoir. Quand tu as prononcé, ton premier discours à quinze ans, tu as su que tu étais capable de transmettre des idées et d’inciter les autres à l‘action. »
Fiche #1150
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
François Gaudry
Rentrer en sup, c’est comme rentrer en religion, il faut y croire, mais parfois cela ne suffit pas ! Laurent Kropst a rejoint la sup du célèbre lycée Louis-le-Grand suite à une démonstration époustouflante et inédite ! Il rejoint la future élite (bien consciente de son potentiel et de sa position présente et future), enfants formés de longue date pour ce cursus, il complète une élite de père en fils. La course à la note et au classement sont lancées dans le but d’intégrer La Grande et Prestigieuse Ecole, peu de loisirs, seules préoccupations les révisions, les oraux, les contrôles tels des sportifs de haut niveau surentraînés. Néanmoins, les embûches arrivent vite sous la forme d’un malheureux 3 en devoir de mathématiques. Affront. Catastrophe. Grain de sable dans un engrenage pourtant bien huilé qui provoquera mensonges, affrontements mais aussi ouverture vers une vie nouvelle et plus aérée, plus proche de Proust et Baudelaire que de Bernoulli et Banach ! Emmanuel Arnaud nous offre une chronique et un portrait vifs, ironiques et plaisants sur ce que certains continuent de nommer « l’élite » du monde étudiant destinée à diriger notre société !
Premier roman
Fiche #1059
Thème(s) : Littérature française
Le père Silvestre vit à Jésusalem, un lieu isolé, clos, avec ses deux fils, et un serviteur, son beau-frère les visitant régulièrement, univers composé uniquement d'hommes à l’abri du monde, des femmes, des guerres et des horreurs. Le fils aîné a souvent été tenté de fuir ce lieu tyrannique mais jamais ne franchira le pas. Son jeune frère, Mwanito, accepte sa situation, il est l’accordeur de silences : « Je suis né pour me taire... J’ai un don pour ne pas parler, un talent pour épurer les silences. J’écris bien, silences, au pluriel. Oui, car il n’est pas de silence unique. Et chaque silence est une musique à l’état de gestation ». Il observe, écoute et démêle les fils de la vérité. Le groupe vit au milieu d’une végétation aussi luxuriante qu’oppressante, quasiment aussi violente que le père qui noie ses peurs et remords dans une violence aveugle, jusqu’à la folie. Mwanito attendra d’avoir onze ans pour rencontrer une première femme, Marta. Vision troublante, bouleversante, qui abattra les murs de ce monde clos, fera éclater la vérité, les transportera vers le monde des hommes, renaissance, nouveau départ. Splendide et envoûtante saudade, conte philosophique sur la vie, la mort et la tyrannie à la prose poétique et parfaitement maîtrisée.
« Les morts ne meurent pas lorsqu’ils cessent de vivre, mais quand nous les vouons à l’oubli. »
« Aucune guerre ne finit jamais. »
« …depuis le ventre du fleuve, je contemplai les éclats du soleil. Et ce scintillement m’éblouit dans un aveuglement enveloppant et doux. Si l’étreinte d’une mère existait, elle devait s’apparenter à cette perte de sens. »
Fiche #1036
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Elisabeth Monteiro Rodrigues
Staline Martinez est dentiste à la Havane. Pourtant, comme tous, le quotidien est ardu, il aspire à mieux, surtout pour sa femme Idalys, danseuse de rumba, dont il est follement amoureux. Lorsqu’il se retrouve par hasard aux Etats-Unis et que le statut de réfugié lui est proposé, sa réaction est incomprise de tous, notamment par son frère Lénine exilé de longue date, puisqu’il choisit de revenir à Cuba. Devenu héros national, cette décision inattendue bouleverse sa vie. On ne l’attendait plus, notamment ses proches ! Que faire, sinon in fine quitter le pays tout en évitant la clandestinité ? Un héros atypique et attendrissant caractéristique de la vie cubaine, du rapport ambigu à son pays composé d’amour et de haine mais aussi d’étonnement d’avoir laisser les choses en arriver là. Quitter Cuba n’épargne pas la souffrance et les exilés resteront toujours au fond de leur cœur des Cubains avant tout !
Fiche #996
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Jean-Marie Saint-Lu
L’Intraville vit retirée du vrai monde. Son paysage comme son quotidien est écrasé par une usine chimique désaffectée mais qui continue de respirer et de tuer… Les enfants en bande ou isolés ne se privent pourtant pas d’explorer cet espace dangereux. Forêt environnante, anciens bâtiments n’ont plus de secrets pour eux. Lorsque le premier enfant disparaît, personne ne s’en soucie. Les disparitions année après année se multiplient sans que quiconque ne s’en préoccupe encore, apathie, indifférence, peur... L’agent de police conclut rapidement à des fugues. L’un d’eux, Leonard, n’en croit pas un mot. Il survit avec son père malade et alité, entre violence et espoir, d’un caractère singulier, il aime apprendre, toujours à l’affût d’un nouveau livre, d’un nouvel auteur, son temps est partagé entre ses lectures, ses explorations, ses rêves mais aussi sa confrontation avec les jeunes de son âge. Saura-t-il résister à cette violence latente et au désespoir qui étouffent la population de l’Intraville ? John Burnside réussit une nouvelle fois à explorer la noirceur et la complexité de l’âme humaine sans aucun jugement, variant les tons, le rythme happant ainsi le lecteur dans un monde simple et si réel.
Sélection Prix Page des Libraires 2011
« A mon avis, c’est l’histoire qui ment, pas le narrateur – et je ne crois pas qu’il existe un quelconque ``auteur‘’. Juste une histoire qui se poursuit à l’infini. »
« Ce n’est pas la peine d’aller chercher le diable dans les bois, répéta-t-il. C’est le diable qui nous trouve… »
« … l’argent public a cela de formidable qu’il ne reste pas longtemps public. »
« Et pour maintenir notre bonne humeur, ils construisent des bibliothèques et sponsorisent des organisations caritatives. »
« On se lasse bel et bien de soi-même, se dit-il, et pour peu qu’on n’arrive pas à trouver autre chose à quoi s’intéresser, ça devient drôlement fastidieux, d’être humain. »
« C’est quand tout va bien qu’ils commencent à s’inquiéter. Ils ne savent pas quoi faire de leur peau. Le monde a l’air soudain étrange et effrayant, et ils languissent de retrouver ce qu’ils connaissent. Quelque chose de familier… comme la souffrance. »
Fiche #989
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Catherine Richard
Ellen, dernière survivante de sa famille, a environ 60 ans lorsqu'elle se remémore son enfance en Caroline du Nord. Elle mêle rêves et souvenirs, images vraies ou non l'ayant marquée. Elle appartient à un milieu où la vie est dure, âpre. Personne n'est épargné, surtout pas les enfants et encore moins les femmes. Sa mère aura onze enfants, deux disparaissant rapidement, se battra quotidiennement pour leur donner simplement à manger. Le père et les frères boivent, frappent, se font servir. Les souvenirs déferlent, un à un, s'enchaînent, s'emboîtent, image après image. Un rêve revient sans cesse, sa mère s'enfonçant lentement dans la rivière, cette mère qu'elle attend toujours et dont l'amour continue de lui manquer.
"... je sais que c'est parce que je suis veille et que toutes les rivières de ma mémoire s'élancent irrévocablement vers la mer... Je suis assez vieille pour qu'un souvenir devienne aussi réel que la réalité elle-même."
Fiche #935
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Geneviève Leibrich
Alexandre est lycéen à Courbevoie et partage son quotidien avec son père amateur invétéré de foot, sa mère occupée dans sa cuisine, son copain Hervé dit Adonk Jésus, sa petite amie Christelle, et son prof de Français M. Jeanbois. Sa morne vie de jeune banlieusard sera bouleversée par une rencontre inattendue, rencontre amicale ? rencontre amoureuse ? Mieux ! Une rencontre poétique : Rimbaud et ses Illuminations ! Un auteur et un texte qui bousculeront sa vie familiale, sa vie au lycée, son rapport aux autres. Bon élève, il reste au fond de la classe à côté d’Adonk organisateur innovant de combats de chiens alors lorsque M. Jeanbois propose à la classe la lecture du poème H, Alexandre n’apprécie guère la production de ses camarades et se lance dans une adaptation inoubliable, singulière voire inespérée de l’œuvre. Il y avait la vie triste avant la rencontre avec Rimbaud, il y aura celle après son interprétation de H. La poésie en sauveur de la banlieue et des ados ! Un récit tendre et plein d’espoir.
Fiche #929
Thème(s) : Littérature française
« Moi aussi, j’aimerais respecter les procédures, crois-moi. Mais les procédures, c’est bon pour les pays normaux. Dans un monde normal. Et moi, j’ai cessé depuis longtemps de nourrir des illusions sur la normalité de l’un et de l’autre. Du monde et de l’Italie ». Lupo chef des Affaires internes résume ainsi parfaitement l’ambiance et l’environnement de ce roman noir et de son enquête : l’Italie et toutes ses dérives, manipulation, corruption, pouvoir, barbouzes et surtout la peur, l’engendrer, l’entretenir, l’exploiter... Tous les personnages qu’ils appartiennent aux services de l’état ou au milieu vivent en marge, mondes connexes et parfois mêlés… Marco Ferri ex-hooligan devenu policier tente de refreiner une Fureur toujours présente, Dantini son mentor est rapidement assassiné et son meurtre est imputé à un anarchiste un peu naïf et perdu dans ce panier de crabes, le Commandant ex-militaire a conservé son amour de la clandestinité et du secret et su adapter ses compétences au milieu. Le tableau serait incomplet sans une présence féminine ! Lupo est accompagné d’une brillante et énigmatique assistante et le Commandant est uni à une tueuse sans peur car revenue de la mort… Une plongée convenue dans les manipulations étatiques.
Fiche #894
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction :
Serge Quadruppani
Diego est le père du petit Giacomo, un enfant lourdement handicapé. Diego demeure hésitant face à son fils qu'il aime pourtant ("A une époque, ce malheur qui lui était tombé dessus l'avait rendu honteux. Puis il avait fini par se persuader que dans la douleur comme dans la colère, on est toujours seul et impuissant."). Dans le centre pour enfants handicapés où il emmène régulièrement son Giacomino, il croise Walid un père comme lui, père d'un fils différent. Ils deviennent immédiatement amis, Diego se livre alors que Walid ne se dévoile pas. Il lui confie ses difficultés, sa culpabilité, son ressenti, ses angoisses. Pour Diego, le handicap de leurs fils les unit nécessairement, sans hésitation, lien invisible, indéfinissable mais irréductible. Le riche Arabe l'invite un soir dans une soirée fascinante puis disparaît quelques jours plus tard, sans laisser ni message ni trace. Les services secrets contactent Diego pour tenter de retrouver Walid qui semble-t-il lui a caché tout un pan de sa personnalité... Diego, intrigué, ne peut s'empêcher de mener sa propre enquête... Un cadre et des personnages très singuliers pour cette intrigue digne des grands romans d'espionnage.
Fiche #882
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Gisère Toulouzan, Paola De Luca
Lorsqu’Einar, journaliste au Journal du Soir, est envoyé au fin fond de l’ouest de l’Islande, il s’attend au grand calme ! Il ne se passe rien à Isafjördur, ville emblématique de la crise de la région. Il doit pourtant traquer le scoop. Dès son arrivée, Einar apprend que des incendies suspects se produisent régulièrement, le dernier a lieu le soir où une grande fête regroupe le gotha de la ville, une ex-star du football accompagnée de sa cour et une petite starlette de la pop et ses groupies. Profanation d’une tombe, vol d’un camping-car, soupçons de trafic de drogue provoquent l’installation de ce journaliste solitaire chez un flic grognon mis à l’écart par sa hiérarchie. Einar a la capacité d’interroger, de faire parler les témoins et fait progresser l’enquête en parallèle de celle menée par une commissaire séduisante. Lorsqu’on retrouve le camping-car avec deux corps carbonisés à l’intérieur et qu’un député originaire d’Isafjördur qui n’en garde pas que des bons souvenirs meurt à Reykjavic les cervicales brisées, l’enquête devient brûlante… Le scoop est là ! Un polar prétexte à dresser un portrait réaliste de l’Islande contemporaine « légèrement » plus noire que la vision habituelle….
Article paru dans la revue "Page des Libraires"
Fiche #833
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction :
Eric Boury
Bernard Carvalho nous propose un portrait douloureux de Saint-Pétersbourg et des femmes, ou plutôt des mères, qui l’habitent. On est loin du superbe Saint-Pétersbourg loué par les touristes à leur retour : « C’est la ville la plus artificielle de toutes. En trois siècles on a essayé vainement de la nommer trois fois. Un nom par siècle. On a construit trois cents ponts, un pour chaque année, mais aucune ne mène nulle part. Personne ne sortira jamais d’ici ». Alors que la ville prépare les manifestations de son tricentenaire, la guerre en Tchétchénie gronde et les fils du peuple, sans argent, sans appui, sans certificat médical ne peuvent y échapper. Les mères se sentent impuissantes mais ne peuvent accepter l’inexorable destin de leurs fils. Un combat à mort : « Les mères ont davantage à voir avec les guerres qu’elles n’imaginent. C’est le contraire de ce que tout le monde pense. Il ne peut y avoir de guerre sans mères. Plus que quiconque, les mères ont horreur de perdre. Nous sommes capables de tout pour éviter la mort d’un fils. ». Les mères se retrouvent au centre de cet immense gâchis où certains hommes se jouent de la vie des autres tels des marionnettistes cruels. Les histoires s’entrelacent, les points de vue s’opposent, se rejoignent avec comme toile de fond la guerre et la lutte de mères pour leurs fils, contre leur désespoir et leur sacrifice.
Fiche #831
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Geneviève Leibrich
La pièce du fond se déroule dans un petit village où tout est immuable, un village figé dans la douleur et le silence où personne ne prend garde à son voisin, on se salue mais on s’ignore. Pourtant quand Sofia ira au devant d’un homme solitaire et taciturne installé sur la place du village, l’entourage et le voisinage s’inquiètent. Lorsqu’une nouvelle psychiatre s’exprime avec sincérité dans la clinique psychiatrique du village, le train-train semble s’ébranler. Deux présences étranges, insolentes, qui viennent bousculer les habitudes et il n’en faut pas moins pour faire éclore les sentiments des villageois mis jusqu’à maintenant sous éteignoir. Eugenia Almeida propose avec une écriture poétique et métaphorique une série de portraits (« Nous avons tous nos problèmes. A tous il nous manque plus ou moins quelque chose ») d’une grande justesse dans un village qui mourait dans ces certitudes et que deux personnages inattendus réveilleront subrepticement.
Fiche #746
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
François Gaudry
A Santiago, trois sexagénaires (anciens) militants politiques de retour d’exil se retrouvent et se souviennent de leur jeunesse, de leur engagement et de leurs luttes. Les trois hommes ont participé à de nombreuses actions et se retournent vers ces actes révolutionnaires qu’ils continuent de revendiquer. Ces militants ne peuvent demeurer passifs. Ils attendent un quatrième larron « Le spécialiste » et envisagent une nouvelle (ultime ?) action révolutionnaire, attaquer le système en son sein pour « le bonheur des damnés de la terre ». Le monde actuel et ses exigences les éreintent. Pourtant il continue de les broyer, de bouleverser leurs espoirs et projets et la preuve, un tourne-disque jeté par une fenêtre semble tout remettre en question... Luis Sepulveda nous offre trois portraits attachants et tendres d’hommes qui ont cru, espéré par leur engagement, leurs idées et leurs actions, construire un monde juste et meilleur et qui, sans avoir perdu leur humour, se retournent avec nostalgie et mélancolie sur un passé perdu et vain face à la violence de notre société contemporaine. Engagement, émotion, et humour, le tiercé de la réussite !
Fiche #739
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Bertille Hausberg
Le handicap est abordé régulièrement ces derniers temps mais l’axe diffèrent à chaque texte et évitent parfaitement l’écueil des larmoiements : l’ironie et l’humour noir de JL Fournier dans « Où on va papa ? », la vision de la sœur du handicapé dans « Les lits en diagonale » alors que Cristovao Tezza s’attaque au parcours chaotique d’un homme vers une vraie paternité dans la différence de son fils. A vingt-huit ans, le narrateur ancien hippie (« Vivre parmi les autres et se sentir l’un d’eux : il n’y est jamais arrivé, et cela paraît si simple. ») qui refuse de vieillir se veut écrivain, vit aux crochets de sa femme, et puis il arrive, ce fils, différent, atteint du syndrome de Down, c’est-à-dire trisomique. Après avoir refusé cet enfant jusqu’à souhaiter sa disparition, pas à pas, nous allons suivre le questionnement, le lent cheminement (« Il faut faire un certain effort pour l’aimer, pense-t-il – ou ne pense-t-il pas, le père, il ne pense à rien ») de cet homme différent vers une paternité accomplie, une acceptation de son enfant mais aussi de lui-même par des chapitres alternant les souvenirs de jeunesse et sa vie avec son fils. Pas à pas, le père comme il se qualifie tout au long du texte va s’attacher à son fils et s’en va accepter son passé comme son présent. Un beau texte sur la paternité et sur la différence.
Fiche #677
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Sébastien Roy
Un groupe de touristes se retrouvent pour aller à la rencontre de Papous, dépaysant, non ? Leurs raisons sont variées : Ludivine vient de voir fermer son école en France et veut rebondir à l’étranger afin de continuer de mettre en œuvre ses théories pédagogiques. Vanessa et Fabien sont un couple de Melunais (et si, Fabien travaille même à Casto !) qui recherche le dépaysement et le repos mais peut être aussi la mise à l’épreuve de leur couple déséquilibré. Aymeric est agronome et parcourt le monde surtout à la recherche de sa prochaine conquête féminine alors que sa femme l’attend sagement en France. Peter est un riche américain et ses motivations plus énigmatiques seront dévoilées au cours de leurs péripéties. Enfin, Monique vient effectuer le voyage qu’elle aurait dû mener avec son mari décédé depuis. Chacun arrive avec ses préjugés, ses croyances, sa vision d’occidental et le voyage va tourner au cauchemar : quelques hommes à demi nus, se disant indépendantistes les enlèvent et leur font parcourir la forêt indonésienne dans le plus grand dénuement où chacun se révèlera alors qu’en arrière plan la diplomatie s’agite dans des bureaux feutrés… Un roman plaisant au ton parfois grinçant.
Fiche #640
Thème(s) : Littérature française
La lampe d'Aladino et autres histoires pour vaincre l'oubli
Métailié
5 | 134 pages | 17-01-2009 | 16.5€
Il est toujours difficile de résumer un recueil de nouvelles. Pour contrecarrer le temps qui passe et l'oubli, Luis Sepulveda a choisi ici de conter des pépites d'humanité, d'accompagner des personnages inoubliables, des aventures tendres et dignes peuplent chaque nouvelle et nous entraînent dans un voyage inoubliable à travers le monde.
Fiche #502
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Bertille Hausberg
Ce roman débute dans un village colombien avec une ambiance de douceur, de calme voire de volupté. Ismael, vieil instituteur, cueille des oranges et en profite pour admirer sa voisine, superbe, qui se dore nue au soleil. Il forme avec sa femme un vieux couple heureux. Puis, peu à peu, le lecteur se retrouve plongé dans la violence, l’horreur et la folie humaine. On apprend tout d’abord que des enlèvements se produisent dans le village où tout le monde se connaît. Des guérilléros, trafiquants et autres paramilitaires occupent le village sans savoir lesquels sont responsables de tel ou tel enlèvement. La peur monte, la suspicion gagne les villageois, l’angoisse sourde les étreint irrémédiablement. L’incompréhension habite les villageois et Ismael à la disparition de sa femme se sent perdu. Les habitants qui le peuvent quittent la ville, la plupart reste, sans espoir. Ismael et son pays suivent la même voie. Le délitement de son pays renvoie Ismael à sa perte de mémoire. Il sent peu à peu sa mémoire et sa raison le quitter. Qui sont les victimes ? Qui sont les coupables ? Déchéance d’un pays, déchéance individuelle. Tout devient flou. Un roman terrible à l’image de la folie des hommes qui nous laisse inquiets et quelque peu désespérés pour ce pays et ses habitants.
Fiche #429
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
François Gaudry
Un matin d’hiver, Coldhaven, petit village écossais, se réveille dans l’horreur. Moira certaine que son mari est le diable se tue avec ses deux plus jeunes enfants, et seule Hazel sa fille aînée est épargnée. Ces disparitions bouleverseront la vie de Michael le narrateur. Ses parents se sont installés à Coldhaven quelques décennies plus tôt et comme eux, il s’y est toujours senti étranger. Cet événement entraînera Michael vers un retour dans le passé et sur lui-même qui lui confirmeront ce qu’il avait découvert à la mort de ses parents : le destin tisse ses fils bien loin dans notre passé et se met en place, tranquillement, par petites touches que seuls quelques indices ténus évoquent. John Burnside démontre ici tout son talent de conteur dans une ambiance écossaise noire et étrange.
« J’aurais dû me rendre compte que tout récit est une contamination, d’une façon ou d’une autre. »
« La seule chose qui compte, de toute façon, c’est le présent. C’est la seule chose qui compte, car le présent est la seule chose qui existe. La lumière. La mer. Le vent. Quel que soit le moment où on s’arrête pour regarder, il n’y a que le présent. Le présent dure toujours. Je secouai la tête. Je ne le croyais pas. Ou plutôt, je ne croyais pas que lui croie ce qu’il disait. Il avait beau me confier un témoignage de mourant, je crus qu’il ne faisait que philosopher. »
Fiche #341
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Catherine Richard
L'inspecteur Mario Conde a quitté la police depuis plusieurs années et crise oblige, il gagne maintenant sa vie grâce au commerce de livres anciens en achetant les bibliothèques de particuliers contraints à la vente pour continuer de vivre. Le hasard lui fait rencontrer une bibliothèque extraordinaire d'une soeur et d'un frère intacte depuis quarante ans. Il commence progressivement à se "servir" et dans l'un des volumes il trouve une photo de Violeta del Rio, chanteuse de boléro (chant mélancolique originaire de Cuba) des années 50 qui s'est suicidée, qui annonce qu'elle abandonne la chanson. Coïncidence ou pas, le frère meurt quelques jours plus tard assassiné dans la biliothèque. Suspecté, Mario se lance alors dans une enquête qui lui fera déméler les fils d'une sombre histoire familiale...
Enquête policière d'un amoureux fou des livres qui nous emmène visiter Cuba, mais le Cuba des arrières-cours et du quotidien qui échappe aux touristes. Enquête truffée de réflexions sur la vie à Cuba notamment dans les quartiers pauvres et sur le désenchantement vis-à-vis de cette révolution qui a mal tourné et qui oblige à la débrouille. Des histoires et des secrets de famille se mêlent à cette enquête, au milieu d'amitiés solides et émouvantes dans une atmosphère à la fois nostalgique et épicurienne (les repas organisés par Mario avec ses amis suite aux ventes de livres sont particulièrement truculents). Léonardo Padura nous incite avec réussite à prolonger ce voyage dans le passé musical et littéraire cubain.
"Il est certain que la vie peut parfois trop ressembler à un boléro et que la seule solution élégante est de la confier, avec ses peines et ses joies, à une voix capable de la soulager de sa fatalité essentielle : une voix douce comme celle de Violeta del Río."
Fiche #129
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Elena Zayas
Histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à voler
Métailié
1 | 117 pages | 30-12-2005 | 7€
Kengah mouette aux plumes argentées est victime de la peste noire. Sachant qu'elle va mourir, elle se pose sur un balcon où Zorbas, un grand noir chat gros, se dore au soleil. Elle lui demande d'apprendre à voler à l'oiseau qui sortira de l'oeuf qu'elle sa hate de pondre. On suit alors avec étonnement, émotion, délectation et amusement, cette histoire invraisemblable. La communauté des chats du port se mobilisera pour que Zorbas puisse tenir sa promesse et Afortunado finira par s'envoler vers la liberté. Tout est dans ce petit roman poétique : solidarité, engagement, amitié, tendresse, hommage au poète...
Fiche #61
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Anne Marie Métailié
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