« … les souffrances ne sont que les petits coups de griffe de la vie. Là où ça devient grave, c’est quand on cesse de les ressentir. »
Robert Seethaler

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Actes Sud

Anna ENQUIST

Démolition
Actes Sud

193 | 320 pages | 28-01-2024 | 22.8€

en stock

L’héroïne de ce roman est Alice Augustus, riche compositrice, quarante ans. Le récit s’ouvre sur une démolition qui la bouleverse : une petite fille saute à la corde sur un mur que l'on détruit. Cette vision l'ébranle, lui tire les larmes et lui rappelle son enfance, l'enfant qu'elle n'a pas eu et qu'elle aurait dû avoir et le chemin médical qu'elle suit actuellement pour devenir mère. Alors Alice va se dévoiler : son métier passion qu’elle a choisi contre sa famille, ses rencontres, l’apaisement qu’il lui a apporté face aux vicissitudes de la vie. Puis son intimité : son amie Svea également musicienne mais aussi mère, une amie sur laquelle elle pourra toujours compter, son mari qui travaille dans un grand cabinet d’affaires bien loin de la musique, un couple sans enfant alors qu’elle continue d’espérer devenir mère et ce manque, ce vide la ramène à son enfance. Elle ne cache rien, ses choix, ses questionnements, ses hésitations, à la fois dans sa vie professionnelle au cœur de la création et dans sa vie personnelle au cœur de la procréation. Elle endosse toute la responsabilité de ses échecs. La musique et la création (comme Haydn) la sauvent mais la douleur persiste (« Ce sentiment de détresse, elle le traîne à présent avec elle. ») et ni elle ni les doutes qu’elle engendre ne la quitteront jamais. Pourtant, jamais elle ne se résignera. Comme à chacun de ses romans, Anna Enquist offre une plongée dans l’âme humaine, au plus profond, mise à nu des sentiments, des doutes, des désirs, des contradictions, des questionnements, un texte maîtrisé, émouvant, dense et intense avec une écriture rythmée.

Ecouter la lecture de la première page de "Démolition"

Fiche #3135
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Emmanuelle Tardif

Les titres de Anna Enquist lus par Vaux Livres


Magyd CHERFI

La vie de ma mère !
Actes Sud

192 | 270 pages | 21-01-2024 | 21.5€

en stock

Le titre du dernier roman de Magyd Cherfi peut être lu sur plusieurs tons en concordance avec son contenu : le portrait d’une femme, d’une mère, d’une reine mère kabyle, sous toutes ses facettes. Slimane, la cinquantaine, ne voit plus sa mère depuis quelques mois et à l’occasion de l’enterrement du père de l’un de ses amis, il envisage de la revoir, de renouer. Il espère convaincre ses sœurs et frères de le suivre car certains se sont aussi éloignés tant la mère peut parfois être pesante, imposante, les rancoeurs peinant à s’estomper... Ce retour et ce moment particulier vont éclairer Slimane. Sans oublier la mère qui a tiré les ficelles parfois avec malice, lui (comme ses frères et sœurs) qui a toujours couru derrière son amour va (enfin) découvrir une mère capable d’aimer, de danser, de chanter, dit autrement une femme. Evidemment, lors de retrouvailles, l’atmosphère et le ton oscillent, entre douceur et violence, rires et pleurs… Les deux ne s’épargnent pas, les mots sont directs, la franchise est de mise. Un hommage, une déclaration d’amour, un portrait souvent drôle qui n’oublie pas les zones d’ombre, les bons moments comme les plus douloureux, une relation mère fils vive, vivante, tendre et savoureuse.

« Est-ce que les amis ne sont pas ça : des gens qui vous évitent d’être plus faux cul que nature ? »

« …y a plus terrible que la mort, y a la vie. »

Ecouter la lecture de la première page de "La vie de ma mère !"

Fiche #3130
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Magyd Cherfi lus par Vaux Livres


Ahmet ALTAN

Les dés
Actes Sud

191 | 208 pages | 23-10-2023 | 21.8€

Zya, seize ans en 1900, avait une idole : son frère. Alors quand celui-ci est assassiné, il le vengera et tuera l’assassin de son frère puis sera condamné à perpétuité. Sans émotion ni regret. Il a été éduqué, dressé, avec au premier plan, l’honneur et le clan. Des règles de vie strictes, sans émotions (« Un homme ne pleure pas. »), sans sentiments (« Les sentiments lui apparaissaient comme une maladie, les oublier lui semblaient une guérison. »). L’honneur du clan passe avant la vie alors tuer n’est pas un problème, un obstacle : « Etre un homme déterminerait toute son existence. Trois ans plus tard, l’expression fut complétée : Un homme d’honneur… ». Cela passera aussi par un mépris de la vie et des hommes en général. Condamné à perpétuité, il devient une sorte de légende, de caïd dans la prison et à l’extérieur. Son regard dur, froid, féroce renforce son personnage. Il découvre en prison le jeu avec les dés : le hasard et le doute, ne pas les redouter mais les affronter, quitte à mourir, jouer sa vie pour l’honneur. Son clan le fait sortir de prison et exiler en Egypte où il rencontre pour la première fois peut-être une forme d’humanité apaisée : Nora, une jeune femme juive, avec qui il noue un lien particulier, fait de silence, de complicité malgré leurs différences, de douceur et de sérénité, loin de toute violence. Mais Nora repart vers Paris et lui rejoint Istanbul retrouvant son frère qui n’avait pas choisi de venger leur frère… Il rencontre une femme veuve et riche fascinée par son meurtre et son regard. Le luxe, l’argent l’émerveillent. Mais à nouveau, la mort le rattrape puisqu’on lui propose un contrat pour tuer le Vizir, point final d’une existence où « Il apprit à mourir en vivant. » Un roman éprouvant (mais certainement pour une part au cœur d’une problématique qui ébranle nos sociétés) où les sentiments et la vie s’effacent devant l’honneur, le clan et la mort.

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Fiche #3105
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Julien Lapeyre de Cabanes


Patrick CONRAD

Au fin fond de décembre
Actes Sud

190 | 286 pages | 16-10-2023 | 22.5€

Théo Wolf est inspecteur de police à Anvers. Ou plutôt, était, puisqu’il est sorti récemment de prison : il a en effet tué l’homme suspecté à tort d’avoir violé et tué sa fille. La vie est maintenant morne, sans aspérité, sans joie, sans espoir. Il est devenu, grâce à son codétenu qui l’a pistonné, dératiseur. Au cours d’une de ses premières interventions, il découvre dans un immeuble désaffecté le cadavre d’une femme dans une pièce qui ressemble fortement à un studio de cinéma porno. Un sac plastique entoure la tête de la femme, comme d’autres cadavres déjà retrouvés dans Anvers. Cette femme devient l’obsession de Théo Wolf qui se lance dans une enquête souterraine périlleuse qui va l’entraîner dans les bas-fonds interlopes d’Anvers et à la rencontre de personnages singuliers. Un roman noir avec une de palette de personnages parfaitement réussis, un inspecteur étrange et torturé parfois déroutant et dérangeant, une ambiance et une atmosphère brouillasseuses frisant le désespoir, des rebondissements et une fin inattendue. Rien ne manque.

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Fiche #3103
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Noëlle Michel


Jean-Philippe BLONDEL

Passager de l'été
Actes sud

189 | 175 pages | 24-09-2023 | 15.6€

en stock

Samuel finit son année scolaire, l’année du bac. Il l’a passée au plus près de son ami, Adrien, dans son ombre, dans ses pas. Ils envisagent un voyage, à l’aventure, la découverte de l’Europe. Puis Adrien dans un SMS laconique lui dit changer de projet, ils ne passeront pas ensemble l’été, dans les trains, gares et villes européennes. La déception passée (mais est-elle vraiment passée ?), après un mois de juillet occupé par un petit boulot pour gagner de quoi financer son projet (Adrien n’a pas ce genre de préoccupation), Samuel décide de partir seul en mentant à ses parents. Sans itinéraire prédéfini, il part vers le nord de l’Europe. Trois semaines qui vont le changer, trois semaines pour grandir, trois semaines de rencontres, trois semaines pour oser et vaincre sa timidité, trois semaines pour découvrir, filmer, écrire sur la jeunesse européenne, parfois insouciante, parfois totalement percutée par les bouleversements de notre monde. Un voyage initiatique pour que Samuel se découvre et plonge dans le monde adulte. Du pur Blondel, proche des adolescents d’aujourd’hui, réaliste, émouvant et humain.

« Je ne sais plus exactement qui sont mes amis. Mais, au fond, ça n’a aucune importance. Resteront dans ma vie ceux qui en ont vraiment envie, en sortiront ceux qui ne sont pas réellement attachés. C’est beaucoup plus simple qu’on ne croit. »

Fiche #3094
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Jean-Philippe Blondel lus par Vaux Livres


Clara ARNAUD

Et vous passerez comme des vents fous
Actes Sud

188 | 376 pages | 03-09-2023 | 22.5€

en stock

Un voyage sur trois saisons, le temps d’une estive (un temps pour « retrouver l’instinct, redevenir bête »), en montagne, non loin d’un hameau pyrénéen, Arpiet. Un lieu retiré, isolé, sauvage. Un lieu bousculé par le retour de l’ours, ou plutôt de l’ourse, alors certains grondent. Pour nous le faire vivre, Clara Arnaud entremêle deux récits. Celui de Jules, un jeune garçon à l’orée du XXème, qui, au risque de sa vie, volera un ourson dans la tanière de sa mère, pour devenir montreur d’ours. Il quittera sa vallée, sa montagne, son pays, parcourra le monde pour s’y perdre. Dressée, obéissante, la bête de cirque se lassera du rôle qu’il lui alloue, relation emblématique de la violence exercée par l’homme sur la nature et la fin sera tragique. De nos jours, dans cette même vallée, Gaspard, de retour d’une vie citadine, est berger. Aidé par un vieux sage, philosophe des montagnes, de la vie, homme libre animal, Jean, qui prépare sereinement sa mort, œuvre à passer le relais à Gaspard. Une ourse avec ses petits rode, et Gaspard est « … terrifié par le retour de l’ourse dans le secteur, mais il ne se laissait jamais aller à des discours simplistes. ». Il la craint mais la respecte, ils doivent partager le même espace, convaincu que lui et l’ourse finalement ne font qu’un avec la montagne, au-delà de la peur, au-delà de leur opposition. Il a pourtant été bouleversé par la mort de l’aide-bergère qui l’accompagnait tombée de la falaise avec ses moutons, tuée par la montagne ou par l’ourse, le doute subsiste. Pourtant il se sait dans son élément, dans la nature avec les bêtes, avec son chien, avec Jean qui voudrait transmettre et perpétuer son monde, son goût de la nature, des arbres, des animaux. Quant à elle, Alma est chercheuse, docteur en biologie comportementale, éthologue, venue dans la vallée pour étudier les ours, leur présence, leur vie, leur comportement, « devenir animale » à leurs côtés, créer un « lien presque mystique » avec l’ourse (« … l’âpreté de ces territoires l’agressait-elle moins que le monde des humains. »). Certains la mettent à l’index, mais Alma résiste, étudie, protège. Des personnages humains, puissants, attachants, empathiques, au cœur d’une vie montagnarde aussi lumineuse que violente : « … la montagne était bien un théâtre, un grand théâtre antique, où se jouait la tragédie de la vie, la maladie, l’amour, à chaque instant, tantôt à de minuscules échelles – deux bourdons s’accouplant – tantôt avec grandiloquence – la mort de l’ourse. » Un superbe texte qui illustre avec poésie et humanité notre rapport à la nature, au sauvage (et son évolution) par notre rapport à l’ours, un texte qui distille l’esprit de la montagne, l’esprit de la nature.

« … car la liberté était faite de cette matière composite : un alliage de joie, de larmes et de vent glacé. »

« Pourquoi était-il si difficile de dire ce qui compte à ceux qui comptent ? »

« … parce qu’on n’explique pas avec les mots à quel point la montagne peut suffire à un homme, remplir toute son existence, la déborder, même, envahissant ses rêves. »

Ecouter la lecture de la première page de "Et vous passerez comme des vents fous"

Fiche #3082
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Clara Arnaud lus par Vaux Livres


Mathias ENARD

Déserter
Actes Sud

187 | 255 pages | 14-08-2023 | 21.8€

« Déserter » mène de front deux récits avec en toile de fond la guerre. Dans un maquis méditerranéen, un homme est en fuite. Il déserte. Il veut s’extraire de l’humanité, fuir, fuir la violence de la guerre, fuir sa propre violence. Mais en réalité, une traque se met en marche, traque de l’humanité envers ce fuyard sous la forme peut-être d’une jeune femme elle-aussi en fuite pour des raisons opposées. Le 11 septembre 2001, lors d’une croisière aux alentours de Berlin, un colloque rend hommage à Paul Heudeber, mathématicien ancien déporté qui a survécu aux camps, un homme entre poésie et mathématiques, indissociable de sa femme Maja, présente à ce colloque dirigé par leur fille Irina. Paul Heudeber était un fidèle, fidèle aux mathématiques, fidèle à ses convictions : « Mon père marchait sur deux jambes : l’algèbre et le communisme. » Fidèle malgré les trahisons, les mensonges dans le cadre intime ou professionnel et la folie nazie. La guerre, la fidélité, l’engagement, la trahison et le mensonge, la fuite, l'amour, l’espoir, Mathias Enard ne touche-t-il pas du doigt l’essence même de l’humanité ?

« L’humanité me semble, en gagnant le capitalisme, avoir perdu l’humanité. Partout dans le monde. »

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Fiche #3071
Thème(s) : Littérature française


Lyonel TROUILLOT

Veilleuse du calvaire
Actes Sud

186 | 175 pages | 05-08-2023 | 19.9€

Sur cette colline haïtienne (personnage à part entière du roman), les hommes cupides se sont installés : « Ils étaient libres, les premiers corps qui sont montés au sommet de la colline. Et puis sont venus les chasseurs, les arpenteurs, les notaires, les banquiers, la loi, le pouvoir, l’ordre, la bienséance, la torture, le viol, les conventions… » Un espace abîmé, violenté, comme ses premiers habitantes et habitants puis les suivants. Des hommes prêts à tout pour arriver à leurs fins, pour se partager ce qu’ils ont décidé : deux mondes qui se font face. L’un est prêt à détruire, mutiler, violenter pour sa réussite et l’autre doit lutter et résister face à cette folie destructrice. Chaque femme prend la parole pour s’exprimer sur cette colline et sur leurs vies. L’une d’elles, la veilleuse met sa sagesse en branle pour garder en mémoire le passé et son histoire pour arriver à survivre et espérer vivre autrement. Mais elle observe la dérive de ces hommes sans limite, la critique et la juge vertement. Douleurs, cris, mort, violence, oppression extrême des mâles dominants restent en permanence le quotidien des femmes. Avec un style vif, rythmé, en rupture, Lyonel Trouillot place au centre de son propos la souffrance des femmes et leur courage.

« L’homme est la seule espèce qui n’a pas besoin d’aide pour créer son malheur. »

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Fiche #3064
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Lyonel Trouillot lus par Vaux Livres


Agnes RAVATN

Le tribunal des oiseaux
Actes Sud

185 | 228 pages | 29-06-2023 | 22€

Fuite sentimentale, fuite professionnelle, Allis, spécialiste des légendes nordiques, choisit un poste d’aide à domicile au fond d’un fjord norvégien perdu et sauvage. L’homme qui l’accueille est plus jeune que prévu et sa femme est absente. Elle devra s’occuper de la maison, des repas et du jardin : des nouveautés (souvent éprouvantes) pour elle ! Immédiatement, une atmosphère étrange et tendue s’installe, les deux ont des choses à cacher et espèrent qu’elles le resteront. Allis d'abord intriguée sera rapidement fascinée par Sigurd. Que peut-il faire de ses journées, seul, dans une pièce quasi vide ? Pourquoi ces sautes d’humeur ? cette solitude ? Où est passée sa femme ? Peu à peu, ils vont se rapprocher mais sans que l’atmosphère se détende et que la tension diminue. L’inquiétude et la menace couvent… Un huis clos parfaitement hitchcockien !

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Le tribunal des oiseaux"

Fiche #3035
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Terje Sinding


Hannes KÖHLER

Cette autre vie
Actes Sud

184 | 375 pages | 21-05-2023 | 23.5€

Martin a accepté le (dernier) vœu de son grand-père, Franz, octogénaire : retourner aux Etats-Unis où il a été emprisonné à la fin de la seconde guerre dans des camps de travail. 1944, la guerre se terminait, pendant le voyage et dans les camps, les Allemands s’affrontaient : ceux qui allaient rester, ceux qui allaient repartir, ceux qui pensaient que tout était fini, ceux qui continuaient d’y croire… En commun leur restait l’embrigadement par la doctrine nazie, une emprise totale et une docilité absolue. Tout au long de leur périple, le petit-fils et le grand-père vont se rapprocher tendrement au gré des souvenirs de Franz qui éclaireront aussi les relations intrafamiliales. Franz ne choisira pas une autre vie et optera pour le retour au pays, se mariera avec une Allemande et travaillera finalement pour les Américains. Trois générations d’Allemands et le passé reste présent, un petit caillou parmi d’autres, un doigt sectionné, la puissance et les conséquences de l’embrigadement dans un épisode (emprisonnement d’Allemands sur le sol américain) peu connu : enrôlement, obéissance, aveuglement, violence, hier, aujourd’hui…

Premier roman

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Fiche #3024
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Justine Coquel


Cécile LADJALI

La nuit est mon jour préféré
Actes Sud

183 | 280 pages | 28-04-2023 | 21.5€

Le dialogue, les mots, le langage, les échanges, l’écoute, le partage peuvent-ils nous sauver ? Cécile Ladjali pour envisager une réponse se place au cœur du conflit israélo-palestinien entre passé et présent. Tom dirige un service dans un hôpital psychiatrique, reste hanté par sa naissance au moment où la sœur jumelle de sa mère tombait dans le coma suite à sa passion pour l'apnée ; il entretient des relations compliquées avec sa mère où le silence s’impose souvent. Il suit deux patients qui prennent une place particulière : Hephraïm Steiner, un vieux musicien et Roshan une jeune Palestinienne de 20 ans, habitant Ramallah et enceinte. Deux patients enfermés dans leur silence, dans leur passé mais un trio qui va se rapprocher, qui trouvera les mots pour briser le silence, les haines, les rancoeurs, les préjugés et pour aller mieux… Une rencontre avec des personnages attachants mais enfermés qui vont se libérer par les mots, une vraie fiction, dense et précise, avec un style toujours aussi raffiné étayée par une profonde réflexion incitant au questionnement et à une pointe d’optimisme.

« … les êtres se débrouillaient seuls avec leurs cauchemars, et que personne n’était en mesure de les aider à sortir de la nasse où ils pataugeaient. »

« C’est très difficile, Tom, de pleurer en silence. »

« Seul l’artiste a la capacité de nous modifier en profondeur. »

« Le sacré, c’est ce qui nous permet de vivre ensemble. »

« Les souvenirs sont le ferment de la mémoire qui, elle, est conscience et peut être domptée. Mais face aux souvenirs, nous n’avons aucune prise… Nous les subissons sans parvenir à les transformer en mémoire. »

Ecouter la lecture de la première page de "La nuit est mon jour préféré"

Fiche #3016
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Cécile Ladjali lus par Vaux Livres


Florian PRÉCLAIRE

Le cavalier de Saumur
Actes Sud

182 | 165 pages | 16-04-2023 | 19€

Le cavalier de Saumur est l’histoire d’une rencontre. Une rencontre entre un petit-fils, l’auteur, et René-Frantz, son grand-père. A partir de quelques carnets de poésie, d’états de service, le portrait d’un militaire de carrière atypique va être dressé : un militaire volontaire qui participa aux grands conflits du vingtième siècle, mais aussi un grand amoureux, sensible, tendre et un brin mélancolique. Le récit débute en 1917 avec une blessure, passera par Constantinople, Casablanca, puis par la seconde guerre, un parcours laissant de douloureuses traces aussi bien physiques que psychiques. René-Frantz ne parcourra pas les champs de bataille à cheval puisqu’il s’occupait des chars mais néanmoins, cavalier, le cheval aura une place importante dans sa vie, comme la nature et la forêt. Il rencontrera l’amour avec une riche vicomtesse, connaîtra donc le luxe avant de tout perdre. Une rencontre émouvante, une connexion évidente entre deux générations, entre le passé et le présent (il y a évidemment du René-Frantz en Florian et Florian va le découvrir) décrites avec une écriture raffinée et maîtrisée.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Le cavalier de Saumur"

Fiche #3003
Thème(s) : Littérature française


Nicolas MATHIEU

Connemara
Actes Sud

181 | 396 pages | 13-06-2022 | 22€

La quarantaine, pour certains, est parfois l’heure du premier bilan. C’est le cas pour Hélène et Christophe en 2017, tous deux originaires d’une petite ville de l’est. Ils ont suivi des chemins opposés mais le mot qui les touche en ce moment, c’est gâchis (« Le sentiment de gâchis, la lassitude et l’impossible marche arrière. Il fallait vivre pourtant, et espérer malgré le compte à rebours et les premiers cheveux blancs. Des jours meilleurs viendraient. On le lui avait promis. »). Hélène a toujours voulu s’extraire, s’extraire de ce lieu, s’extraire de ce milieu et elle a en effet réussi à partir, une belle maison, un métier, un couple, des enfants, mais a-t-elle réussi ? Christophe, ancien hockeyeur sur le retour, n’a pas bougé, un enfant, divorcé, il vit chez son père, il vend des aliments pour chiens et a gardé ses potes d’adolescence et certains de ses rêves. Il espère que la vie pourra encore lui apporter de beaux moments, mais a-t-il réellement raté sa vie ? Nicolas Mathieu dresse un portrait emblématique de deux adolescents au moment des choix (mais y a-t-il vraiment choix ?) puis de deux adultes confrontés à leur milieu, la société, ses mythes et sa violence, leurs espoirs, leurs déceptions... Leur rencontre sera peut-être « une nième tentative de trouver son bonheur », ou a minima le partage de quelques instants lumineux pour ancrer ses souvenirs en mémoire et supporter le quotidien en abandonnant néanmoins quelques illusions. Entre l’histoire intime et chronique sociale et politique, Nicolas Mathieu nous offre un troisième opus avec un portrait (de l’enfance à l’âge adulte) de personnages toujours aussi vrais et attachants au cœur de la France contemporaine que certains nomment périphérique, et nous parle aussi de réussite, de déterminisme social et d’humanité. On ne sort pas indemne des romans de Nicolas Mathieu !

Ecouter la lecture de la première page de "Connemara"

Fiche #2846
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Nicolas Mathieu lus par Vaux Livres


Jeanne BENAMEUR

La patience des traces
Actes Sud

180 | 200 pages | 13-02-2022 | 19.5€

en stock

Simon Lhumain est psychanalyste, écouter les autres et s’oublier, le métier d’une vie oubliée. Néanmoins, un fait anodin, un bol cassé et tout explose. Le passé nié jaillit violemment, une vieille trace enfouie se réveille, la colère l’accompagne. Le moment crucial d’une rupture, rupture d’amitié, rupture d’amour au cœur d’un jeune trio, il n’a jamais oublié Louise et Mathieu. Alors « Il a besoin de commencer un autre chemin » et achète un billet d’avion aller sans retour pour le Japon et les îles subtropicales à la végétation luxuriante de Yaeyama. Il y rencontre un vieux couple, Madame et Monsieur Itô. Une douce relation amicale se noue rapidement et « Ce couple veille sur lui et c’est une sensation qu’il n’a pas eu depuis longtemps. » Retrouver le silence (« Il va se mettre au silence. Et il a peur. »), entre ce silence, la nage, les bains dans les eaux très chaudes, les repas aux odeurs singulières, l’observation et l’attention portées à ce couple et leurs activités (la femme collectionne les tissus et kimonos anciens et l’homme pratique le kintsugi), sa colère va progressivement s’éloigner, il va apprendre à pardonner, accepter de ne pas comprendre, de ne pas tout maîtriser, d’avoir peur, un chemin apaisant pour se libérer, trouver la sérénité, une vraie renaissance réjouissante et réconfortante.

« Mais qui peut être à la hauteur des rêves de quelqu’un d’autre… »

« La rage c’est de ne pas réussir à aimer ce qu’on désire. »

Ecouter la lecture de la première page de "La patience des traces"

Fiche #2810
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Jeanne Benameur lus par Vaux Livres


Sylvain ESTIBAL

Terres voraces
Actes Sud

179 | 170 pages | 07-02-2022 | 16.8€

« Dans le monde qui est le tien, le charnier devient une espérance. » Qui peut dire ça ? Une mère. Etonnamment, une mère. Une mère mexicaine dont la fille, un soir, n’est pas rentrée. Une rançon puis une disparition. Un nouveau meurtre ? Son corps sera certainement jeté quelque part, enterré dans un charnier ou jeté dans une mare ou un fossé. Alors bravant le danger, cette mère courageuse se lance à sa recherche, vivante ou mort, elle la retrouvera avec son maillot de Messi sur le dos, elle en est certaine. En attendant ces retrouvailles, elle parcourt le pays, trouve d’autres corps, parfois un os, puis deux : inventaire macabre à la Mexicaine. Elle découvre le corps humain, elle l’apprend, le dissèque, le décrypte, le palpe, le construit, le reconstruit. Sorte de quête sans fin, inventaire des charniers et des corps. Empêcher la terre de les digérer définitivement, de les faire disparaître. Lutter contre le temps pour tenter d’identifier une ou un disparu, et ne pas les oublier. Les parents des disparus la remercie et repartent faire leur deuil. Elle devient alors gênante pour l’Etat et la Police dont elle montre la déliquescence et l’inaction mais aussi pour les mafieux et autres gangs. Alors malgré l’aide d’un photographe et de Messi, pourra-t-elle retrouvée sa fille aimée ?

« Oui, l’histoire retiendra qu’en ces temps de ténèbres, des hommes et des femmes avaient défendu leur dignité et s’étaient dressés pour devenir les derniers remparts de notre humanité. »

Ecouter la lecture de la première page de "Terres voraces"

Fiche #2807
Thème(s) : Littérature française


Olivier TALLEC

Le livre des arbres et plantes qui restent à découvrir
Actes Sud

178 | 02-09-2021 | 18€

en stock

Vous avez rêvé d'un arbre ou d'une plante qui n'existait ? Sauvé, Olivier Tallec l'a fait ! Drôlissime !

Fiche #2751
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Olivier Tallec lus par Vaux Livres


Wilfried N'SONDÉ

Femme du ciel et des tempêtes
Actes Sud

177 | 267 pages | 31-07-2021 | 21€

Noum, un chaman de la tribu des Nenets, dans la lointaine péninsule de Yamal, a découvert une sépulture singulière : une reine à la peau noire l’attendait depuis plus de dix mille ans. Peuples de Sibérie et africains seraient-ils liés ? Dans le même temps, la société moderne continue son extension partout et ici en particulier : l’inauguration d’une nouvelle exploitation gazière mortifère pour l’environnement est imminente. Noum saisit l’opportunité, et appelle à l’aide son ami scientifique français : venir sur place, reconnaître cette découverte exceptionnelle, en avertir le monde entier suffira peut-être à mettre en échec ce projet derrière lequel se cache la mafia russe prête à tout... Laurent Joubert monte en catastrophe une expédition avec Cosima une jeune docteure en médecine légale pour qui il a toujours des sentiments et Silvère un anthropologue d’origine congolaise sensible à tous les signes invisibles qui accompagnent (voire expliquent) nos existences. Le trio se lance dans une aventure extrêmement périlleuse espérant sauver Noum et son espace naturel et faire une découverte exceptionnelle qui révolutionnera l’histoire de l’humanité. Dans ce palpitant roman d’aventure dans le froid extrême du Grand Nord, Wilfried N’Sondé place la nature et l’environnement au cœur de notre avenir, rend un hommage vibrant et émouvant à notre Terre, Terre mère ou Gaïa, « ... la Terre était féminine, nourricière et protectrice, elle seule enfantait, animait et protégeait l’esprit présent en tout ce qui existait. », aux forces qui l’animent et nous rappelle discrètement, avec sagesse, sans donner de leçon ni culpabiliser, sa force, la place essentielle qu’elle occupe dans notre présent et notre futur et surtout à un peu de modestie, d’écoute et de respect.

« ... avant d’être un Nenets, il appartenait à l’immuable peuple de la Terre, d’hier, d’aujourd’hui et de demain, éparpillé sur toute la planète. »

« ... l’action de la nature s’inscrivait sur des temporalités très longues, elle triompherait des présomptueux aveuglés par l’illusion de la posséder ou par la volonté de l’asservir. »

« ...après la secousse, les constructions les plus solides s’étaient effondrées en quelques secondes, et qu’en revanche, les tiges de fleur avaient fléchi, puis retrouvé leur forme initiale sans se briser. »

Ecouter la lecture de la première page de "Femme du ciel et des tempêtes"

Fiche #2721
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Wilfried N'Sondé lus par Vaux Livres


Aki SHIMAZAKI

Suzuran
Actes Sud

176 | 166 pages | 11-11-2020 | 16€

Quelle joie de retrouver le style d’Aki Shimazaki dans le premier volume d’un nouveau cycle tant elle nous aide, roman après roman, à mieux appréhender le Japon, son histoire et ses habitants. Cette fois, vous allez rencontrer Anzu, une jeune mère divorcée, modeste, animée d’une passion absolue et salvatrice pour la poterie. Rien ne peut ébranler cette passion, son ex-mari, ses parents, sa sœur, son beau-frère si attirant, tout ça coule, même lorsque la vérité et les mensonges deviennent violents et éprouvants. Avec douceur et ténacité, avec la discrétion et la fragilité du muguet (Suzuran), Anzu saura résister à tous les séismes (dans tous les sens du terme). Toujours aussi subtile et maîtrisé, on attend la suite avec impatience.

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Fiche #2610
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Aki Shimazaki lus par Vaux Livres


Muriel BARBERY

Une rose seule
Actes Sud

175 | 160 pages | 06-10-2020 | 18.5€

Rose n’a jamais connu son père qui vient de décéder. Mais lui l’a toujours suivie, de loin, Rose vit en effet à Paris, alors que lui réside au Japon. Avant de mourir, il lui a écrit une lettre lui proposant de venir au Japon. Elle découvre tout d’abord légèrement contrariée à Kyoto la demeure de ce riche marchand d’art. Paul, l’assistant et admirateur de son père l’accueille et sera son guide. Son père a prévu un voyage au coeur du Japon, une découverte d'un pays, de lieux, du monde minéral et végétal qui l’entourait, des jardins, des arbres, des fleurs, des odeurs et couleurs, mais aussi de pierres et Muriel Barbery en multiplie les descriptions précises et imagées. Peu à peu, l’attirance prend corps, envers les lieux mais aussi envers les personnes, elle les découvre, elle se découvre. Un parcours initiatique tout en douceur et en retenu pour assister à la (re)naissance d’une femme.

« Si on n’est pas prêt à souffrir, dit-elle, on n’est pas prêt à vivre. »

« Par le seul fait de vivre, tous les risques ont déjà été pris. »

« La vie est transformation. Ces jardins sont la mélancolie transformée en joie, la douleur transformée en plaisir. Ce que vous regardez ici, c’est l’enfer devenu beauté. »

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Fiche #2598
Thème(s) : Littérature française


Alice FERNEY

L'intimité
Actes Sud

174 | 358 pages | 06-09-2020 | 23€

Dans son dernier roman, Alice Ferney dissèque l’intimité de ses personnages, des personnages bien ancrés dans leur époque : le couple, la maternité, la filiation, l’amour, le désir d’enfant, la sexualité, la gestation, enfant naturel, enfant fabriqué… Et naturellement la science et la médecine (voire l’économie) ont aujourd’hui leur mot à dire et percute souvent ces thématiques. Alice Ferney expose tous les possibles, tous les poins de vue, les pour, les contre, les hommes, les femmes... Pour incarner cette plongée dans l’intime, le récit débute avec un accouchement tragique puisque Ada, déjà mère de Nicolas, meurt en accouchant de sa fille, Sophie. Alexandre, le nouveau père, se retrouve seul et restera toujours très lié à Sandra, une célibataire féministe, nullipare volontaire et assumée qui gardait Nicolas pendant l’accouchement. Ils sauront dialoguer et débattre de leur intimité. Alexandre reprendra pied progressivement et grâce à un site rencontrera Alba, une femme libre, une femme qui se construit, se décide. Avant de se marier, il saura qu’elle refuse toute relation sexuelle, « Elle ne voulait pas d’un mâle ni davantage être femelle. ». Mais ce mariage, Nicolas et Sophie vont réveiller chez Alba son désir d’enfant sans abandonner son refus de rapport sexuel, et aujourd’hui, la loi et la science peuvent satisfaire ce désir intime et puissant. Alors Alexandre acceptera à nouveau de l’accompagner. Alice Ferney explore avec précision et clairvoyance (et parfois humour) l’intimité d’un couple hétérosexuel en 2020 et l’impact de la science et du savoir médical sur cette intimité et la maternité.

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Fiche #2586
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Alice Ferney lus par Vaux Livres


Jean-Philippe BLONDEL

Il est encore temps !
Actes Sud

173 | 143 pages | 01-06-2020 | 15€

en stock

Lou est une lycéenne assez désespérée. Eloignée des réseaux sociaux, elle se pense transparente, sans attrait, sans intérêt. Donc sans vraies amies, sans vrais amis. Alors elle le regarde le monde de loin mais avec acuité, le bilan est anxiogène et le désespoir croît : objectivement, notre monde est en train s’éteindre et notre et son espérance de vie se comptent en décennies. Alors pour une adolescente comme elle, pourquoi continuer la comédie ? le lycée, apprendre, pourquoi ? Et puis, un jour, presque par hasard, elle visionnera une vidéo de Greta Thunberg, et sa vie (notre vie ?) s’en trouvera bouleversée ! Ne pas attendre l’apocalypse en déprimant, impuissante, mais agir, agir et encore agir, à son échelle, puis interpeller, bousculer, faire réfléchir... Lou à son grand étonnement devient une meneuse hors pair, prend la parole, affronte mais aussi s’aperçoit qu’elle n’est pas seule, et à plusieurs, tout devient possible ! Comme à son habitude, Jean-Philippe trouve le ton juste, l’équilibre entre l’intime et le collectif, pour entraîner le lecteur ado ou adulte dans ses thématiques et son univers. « Tout ne fait que commencer. »

« C’est lorsque personne ne hurle plus à propos de rien que la partie est perdue. »

« L’écologie va remplacer la politique. Les plus hostiles vont brandir la bannière de la liberté… Mais nous tiendrons bon. Ce sont par les femmes que les choses changeront, de toute façon. Les hommes au pouvoir depuis des milliers d’années, on voit où ça nous a menés. »

« Est-ce qu’il ne faut pas obligatoirement briser des illusions et cesser des rêves pour changer de système ? »

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Fiche #2548
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Jean-Philippe Blondel lus par Vaux Livres


Florence COCHET

Un caillou au fond de la poche
Actes Sud

172 | 130 pages | 23-03-2020 | 14.3€

Un prénom un peu désuet, Henri a tout pour être différent. Hyper doué, des troubles de l’autisme, il a deux surnoms à l’école « La calculette » dans les bons jours et sinon « Le taré ». Il est donc naturellement isolé, souffre-douleur des Cavaliers infernaux, et n’a qu’une et une seule compagnie, une amie indéfectible mais aussi garde du corps, Daisy qui préfère l’appeler H. Elle le protège, elle est son repère, l’aide face à l’adversité mais aussi pour progresser dans sa relation aux autres. Elle est patiente, attentive et prête à tout pour lui. Il sait ce qu’il lui doit et il saura aussi se surpasser pour elle. Mais ce matin là, lors du message habituel au lever, elle lui annonce qu’elle sera absente, une gastro la cloue au lit. Une journée d’enfer s’annonce ! Comment va-t-il faire pour échapper aux quatre Cavaliers infernaux ? Que vont-ils lui faire subir ? Qui pourrait le sauver ? Un caillou ? Une belle histoire, un joli conte qui nous parle d’amitié, de différence, de harcèlement, de respect, d’écoute, de confiance en soi et qui expose avec justesse des relations entre jeunes adolescents mais aussi entre adolescents et adultes et parents.

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Fiche #2513
Thème(s) : Jeunesse


Anne-Marie GARAT

La nuit atlantique
Actes Sud

171 | 308 pages | 22-03-2020 | 21.5€

Hélène est enfin décidée à se débarrasser et vendre sa petit villa isolée sur la dune d'une petite station balnéaire de Gironde. Elle l’a achetée il y a dix ans, ne l’a guère utilisée et cette vente marque une rupture, une rupture avec dix ans de vie de femme libre, active et célibataire nullipare, mais dès son arrivée, rien ne se passe comme prévu : un photographe nippo-canadien squatte la maison puis Bambi, sa filleule adorée, débarque à l’improviste avec son mal être, sans compter quelques rencontres inattendues avec le voisinage alors que l’océan en profite pour se déchaîner. Instant de bilan pour découvrir et accepter que la souffrance et les difficultés de ces dix années passées sont finies et que la vie continue. De vrais personnages et thématiques, un face-à-face maîtrisé entre présent et passé mais dommage que parfois le style crée une large dune que seuls les lecteurs les plus motivés pourront franchir.

« Ce que lisent les gens est une porte d’entrée royale sur leur territoire le plus privé, un aveu ou une déclaration publique de tout ce qui agite leur esprit et leurs sentiments, leurs attentes, leur rêves et leurs désirs imaginaires, des plus compromettants parfois, leurs impasses et leurs errements… »

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Fiche #2511
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Anne-Marie Garat lus par Vaux Livres


Minh TRAN HUY

Les inconsolés
Actes Sud

170 | 315 pages | 09-02-2020 | 21.5€

Une nuit par pleine lune, dans le parc d’un château, un corps flotte dans un étang. Prélude à un thriller gothique haletant ? Minh Tran Huy est aux commandes avec la maîtrise du suspense effectivement mais elle vous accompagnera bien plus loin, du côté des contes noires, du fantastique et aussi au plus proche d’une réflexion sur notre société. Lise a rencontré Louis et Louis a rencontré Lise. Marqués à jamais. Un amour puissant, le premier, celui qu'on espère éternel. Mais ils appartiennent à des mondes différents, à des classes différentes, il a toujours eu tout, elle a connu le manque. Lise est la fille d’un couple d’exilés d’un milieu modeste qui a gravi les échelons de la hiérarchie à force d’études et de travail ; intégré professionnellement ils ne se sentiront jamais légitimes, jamais vraiment à leur place faute d’avoir assimilé les codes. Lise mal-aimée par sa mère souffre de la jalousie de sa sœur. Louis vient d’un milieu riche où règnent les lois de l’apparence, du superficiel et de l’argent, amasser sans trop savoir pourquoi, paraître dans un entre soi et un égoïsme affirmés. L’amour du prince et de la princesse pourra-t-il résister à son environnement ? Lise veut laisser vivre sa naïveté et espérer en cet amour absolu mais la réalité est souvent plus cruelle que les rêves d’une petite fille. Deux voix nous font connaître entre amour et mystère l’histoire de ce couple, celle de Lise et celle de l’Autre, personnage mystérieux qui se révèlera à l’issue du récit. Un conte noir captivant qui rappelle que l’amour engendre bien souvent autant de bonheur que d’« inconsolés ».

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Fiche #2486
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Minh Tran Huy lus par Vaux Livres


Mamdouh AZZAM

L'échelle de la mort
Actes Sud

169 | 102 pages | 02-02-2020 | 12.8€

Salma est une jeune femme mariée dont le mari est parti dans de lointaines contrées. Elle est restée dans le petit village du sud de la Syrie où elle s’est mariée très jeune et la famille l’accuse d’avoir souillé son honneur. La famille est unie devant cet affront qui doit être lavé, aucun soutien à espérer, surtout pas des femmes, ils vont lui faire payer et elle va mourir enfermée dans une cave. En effet, Salma leur a fait l’affront d’aimer, de connaître à nouveau l’émoi des sentiments et Abdelkarim retombé en adolescence et transi d’amour n’y pourra rien. Les hommes, les mâles et leur « trompettes de virilité » ont tous les droits, aimer plusieurs femmes, entretenir des relations avec plusieurs femmes, mais les femmes, non. Elles doivent obéissance jusqu’à laisser s’épuiser leurs sentiments et soumission totale. Les amours interdits doivent demeurer cachés sinon la cruauté et la jalousie accompliront leur œuvre terrifiante.

Ecouter la lecture de la première page de "L'échelle de la mort"

Fiche #2484
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Rania Samara


Charlotte ERLIH

J'ai tué un homme
Actes Sud

168 | 125 pages | 10-11-2019 | 13.9€

en stock

Arthur est un gamin brillant. Il a réussi à rejoindre le prestigieux collège Henri IV. Intéressé, il n’a de cesse d’apprendre et de travailler. Passionné par l’histoire, sa professeur lui fait découvrir Germaine Berton, une révolutionnaire des années 20 bien décidée à en découdre avec l’Action française, elle espère assassiner de Léon Daudet. Cette découverte plonge Arthur dans un autre monde : il se prend pour Germaine, profond épisode délirant, temporaire ou pas, Arthur ne reconnaît plus le monde dans lequel il vit ni ses proches. Surmenage ? Maladie ? Ses parents sont impuissants, désespérés et dans l’incompréhension totale même si sa mère, infirmière, a travaillé dans le service dans lequel il va être interné. Charlotte Erlih aborde de front un sujet original et délicat touchant un adolescent, la schizophrénie. Elle montre avec tact et clarté les sentiments de chacun, leurs réactions, les obstacles pour revenir à la vie, la confrontation au monde médical, l’impact sur le couple parental… Sensible, réaliste et bouleversant.

Fiche #2439
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Charlotte Erlih lus par Vaux Livres


Alice DOZIER

Eddie, cyber-chien
Actes Sud

167 | 90 pages | 07-11-2019 | 12€

en stock

Eddie est un enfant dans un monde du futur où tous les animaux ont disparu. Personne ne sait ce qu'ils sont devenus mais la technologie est puissante et a permis naturellement de pallier le manque affectif des enfants pour leurs animaux de compagnie. Des cyber-chiens ont été créés et Samuel s’entend à la perfection avec le sien. Dès qu’il rentre de l’école, il le réveille et la complicité est immédiate. Sauf le jour où le réveil est impossible ! Plus de cyber-chien ! Un bug informatique, une panne ? Les adultes restent impuissants mais Samuel n’a pas dit son dernier mot et est prêt à tout pour retrouver son compagnon, même à se confronter avec les résistants à ce monde qui ont choisi de vivre en marge. Un joli texte émouvant entre réalité et imaginaire avec un p’tit gars courageux qui devra prendre une décision difficile pour l’avenir de son compagnon.

Fiche #2435
Thème(s) : Jeunesse


Catherine DABADIE

Au nom de l'ours
Actes Sud

166 | 192 pages | 07-11-2019 | 13.8€

en stock

Lucrèce a des parents un peu différents. Ils vivent dans une vallée reculée, à l’écart d’un village, passent beaucoup de temps au cœur de la nature encore sauvage. Mais cette année est différente, Lucrère va enfin faire sa rentrée au collège et c’est la première fois qu’elle ira à l’école. Grande décision, gros bouleversement ! D’autant plus que le village est secoué par quelques évènements inhabituels : le maire et son équipe ont en effet donné leur accord à un grand projet de développement dont profitera évidemment la vallée : un tunnel ! Deux clans s’affrontent, et les parents de Lucrèce sont parmi les meneurs du clan opposé au projet et Lucrèce les suit notamment pour protéger le dernier ours de la vallée qu’elle rencontre fréquemment lors de ses promenades. Néanmoins, au collège, elle rencontre Simon qui n’est rien d’autre que le fils du responsable des travaux du projet de tunnel ! L’histoire se complique ! Un héroïne attachante au caractère bien trempée qui va devoir peut-être choisir entre deux mondes, construire et affirmer ses convictions, grandir. Un texte réaliste qui revient avec réussite (et humour) sur l’impact des grands travaux sur notre environnement et la façon dont ils sont imposés aux populations locales.

Fiche #2436
Thème(s) : Jeunesse


Wilfried N'SONDÉ

Aigre-doux
Actes Sud

165 | 56 pages | 01-09-2019 | 10.5€

Il est différent et ils le remarquent. Alors, invariablement, à chaque nouvelle rencontre, à chaque soirée, revient inexorablement la même question qui exclut, qui stigmatise, mais « d’où tu viens toi ? », « t’es originaire d’où ? » Mais cette fois, c’est la fois de trop ! Il en a marre d’encaisser, de se taire, de s’effacer, il s’énerve, claque la porte et s’en va et s'interroge. Il en a marre de ces sempiternelles racines, lui qui a deux jambes, qui marche, bouge, qui s’épanouit dans la culture environnante, sorte d’éponge qui croît là où il est à cet instant précis, lui qui habite ce quartier depuis si longtemps. Seul l’amour pourra lui permettre de passer outre. Un court texte percutant qui aborde frontalement les sentiments d’un adolescent face à l’identité, aux racines, à la différence et au racisme.

Fiche #2409
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Wilfried N'Sondé lus par Vaux Livres


Yrsa SIGURDARDOTTIR

Succion
Actes Sud

164 | 408 pages | 02-07-2019 | 23€

Freyja et Huldar sont de retour : elle travaille toujours comme psychologue à la Maison des Enfants et il est encore flic. Leur dernière collaboration (cf. ADN) s’est mal terminée et a quelque peu perturbé leur vie professionnelle ultérieure. Huldar est maintenant relégué aux taches annexes, notamment rechercher la signification et l’enfant auteur dix ans plus tôt d’une lettre annonçant la mort de six personnes désignées par leurs initiales. Et c’est lors d’une vérification anecdotique qu’on a bien voulu lui confier qu’il découvre deux mains dans un jacuzzi ! Ce n’est que le début de l’horreur, violence aussi bien psychologique que physique ! Ils ne seront donc pas trop de deux (Freyja et Huldar) pour espérer tirer les fils de cette histoire de vengeance diabolique. Et ce ne sera pas simple tant l’affaire est complexe, que les relations entre la psy et le flic sont hésitantes et que leur hiérarchie parfois peu coopérative. Un polar très noir au cœur des traumatismes de l’enfance, Yrsa Sigurdardottir même sans un rythme échevelé nous tient en haleine du début à la fin, elle est trop forte ! Et bonne nouvelle, le couple Freyja-Huldar ne s’est pas encore trouvé, on espère donc une suite !

Ecouter la lecture de la première page de "Succion"

Fiche #2363
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Catherine Mercy, Véronique Mercy

Les titres de Yrsa Sigurdardottir lus par Vaux Livres


Alina BRONSKY

Le dernier amour de Baba Dounia
Actes Sud

163 | 152 pages | 09-06-2019 | 17.5€

en stock

La catastrophe de Tchernobyl a transformé de larges zones en désert. Enfin presque. Certains ont fait le choix de revenir. En effet, sans argent, où aller ailleurs ? Baba Dounia, un peu plus de quatre-vingts ans, la langue bien pendue, est de ceux là. Et puis ici, la tranquillité est accueillante et les jardins les nourrissent, la nature a repris ses droits même si elle reste dangereuse. Baba Dounia est reconnue de tous et ne craint rien ni personne. Elle a une fille et une petite fille qu’elle ne connaît pas, elle est seulement entourée de quelques uns et des morts, dont son mari, « depuis qu’il est mort, il est très poli l’hypocrite. ». Elle n'ignore pas l’issue, sa noire destinée, ils sont condamnés mais c’est aussi leur force, vivre avec, vivre comme si, mais vivre dans un désespoir heureux. Un père et sa petite fille viennent s’installer. Baba Dounia, comme le village, ne peut accepter que cette petite fille puisse ainsi être mise en danger, elle ne laissera pas faire. Un conte apocalyptique joyeux et ironique qui nous offre le portrait attachant d’une vieille dame entêtée, franche, lucide et d’un optimiste désespéré.

Ecouter la lecture de la première page de "Le dernier amour de Baba Dounia"

Fiche #2358
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Isabelle Liber


Magali LE HUCHE

Roger Chéri
Actes Sud

162 | 05-06-2019 | 14.5€

Roger regarde autour de lui, et tout lui parait beau, brillant, attachant, lumineux… alors que lui… personne ne prête attention à lui et il se trouve bien éloigné des canons de la beauté habituels, alors il prend la route pour essayer de changer, de devenir quelqu’un d’autre. Un joli personnage doux et sensible au cœur d’une fable pour favoriser et entretenir l’estime de soi et apprendre à s’aimer tel que l’on est.

Fiche #2354
Thème(s) : Jeunesse


Denis LACHAUD

Les métèques
Actes Sud

161 | 222 pages | 27-05-2019 | 19€

L’histoire l’a déjà montré, l’homme est capable du pire comme exterminer son prochain, simplement parce qu’il vient d’ailleurs, n’a pas la même couleur, ne parle pas la même langue ou n’a pas la même culture. « Les métèques » n’est pas daté, avant-hier, hier, aujourd’hui ou dans un futur proche ou éloigné. Lorsque la famille Herbet (trois enfants) est convoquée à la préfecture de Marseille, les enfants ignorent la réalité de leur famille. La préfecture leur demande en effet de reprendre leur patronyme d’origine qu’ils avaient choisi d’abandonner dans le passé, ils découvrent alors, surpris, leurs vraies origines. Le fils aîné, Célestin, sent immédiatement le danger. Quelques nuits plus tard, la famille est assassinée et seul Célestin réussit à prendre la fuite. Il s’échappe, mais vers quoi ? Un exil intérieur, une fuite sans but dans le danger constant, chercher sa place, une errance cachée dans la marge entraînant moult rencontres. Un roman coup de poing qui nous prend dès la première page et nous interroge bien après la lecture de la dernière page !

Ecouter la lecture de la première page de "Les métèques"

Fiche #2345
Thème(s) : Littérature française


Aki SHIMAZAKI

Maïmaï
Actes Sud

160 | 175 pages | 26-05-2019 | 16€

Alors que sa mère Mitsuko vient de mourir, Tarô, son fils se retrouve seul avec sa grand-mère. Il la questionne sur son histoire, sur sa mère. Tarô sourd et muet est un half, son père disparu rapidement serait Espagnol. Peintre, il s’apprête avec l’héritage à ouvrir une galerie en lieu et place de la librairie si réputée de sa mère qui a vu défiler bon nombre d’amoureux du livre et de culture. Il retrouve alors de manière inattendue Hanako avec qui il a passé beaucoup de temps dans son enfance avant son départ subit. Ils se retrouvent immédiatement et l’amour les unit. Rapidement Tarô décide de quitter sa compagne actuelle et de vivre avec Hanako avant de convoler. Lorsque Hanako présente Tarô à ses parents, sa mère sombre dans un état inquiétant et refuse absolument ce mariage. Aki Shimazaki clôt le cycle « L’ombre du chardon » et continue avec succès son chemin entre l’intime et l’histoire japonaise, entre l’intime et le poids de la société japonaise toujours avec son style superbe dépouillé et précis.

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Fiche #2343
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Aki Shimazaki lus par Vaux Livres


Vincent MONDIOT

Rattrapage
Actes Sud

159 | 80 pages | 21-04-2019 | 9.8€

en stock

C’est l’heure du Bac. La narratrice est au rattrapage et pourtant, la veille au soir, c’était la grosse fête. Avec sa bande, « l’Association des Cassos Anonymes ». Elle est jolie, elle le sait et les garçons aussi. Donc le groupe, « la royauté » roule des mécaniques, et regarde les autres, « la plèbe » avec un mépris. Et l’escalade des invectives est partie… Certains vont en souffrir au plus profond d’eux-mêmes. Et là aucun rattrapage n’est possible alors lorsqu’elle attend son tour pour l’examen et croise leur souffre-douleur favori, tout remonte à la surface. Un texte émouvant, qui va droit au but, décrit sans juger, et laisse parler le harceleur et dévoiler ses sentiments intimes. Court, direct, bouleversant et on l'espère efficace !

Ecouter la lecture de la première page de "Rattrapage"

Fiche #2317
Thème(s) : Jeunesse


Lionel SALAÜN

Whitesand
Actes Sud

158 | 250 pages | 20-02-2019 | 19.8€

en stock

A Huntsville, petite ville du Mississippi, on n’a pas trop l’habitude de voir passer des étrangers alors en plus si l’un d’eux s’arrête et semble vouloir rester au moins quelques jours, les regards inquisiteurs se multiplient. Ray Harper a débarqué un jour au volant d’une Mustang en piteux état tombée malencontreusement en panne. Il n’est pas habillé comme eux, il ne fait rien comme eux, il dit aller vers le Sud, ne sait pas trop où, ni pourquoi mais est contraint de s'installer ici quelques temps pour travailler, se refaire et réparer la Mustang. Il se sait observé, il reste stoïque face aux rumeurs et aux provocations, lie connaissance avec la serveuse du bar et trouve rapidement du travail. Mais la tension persiste. Est-ce le hasard qui l'a fait stopper ici ? Que cherche-t-il ? Quel passé est-il venu retrouver ? Le laissera-t-on poser ses questions et trouver ses réponses ? Quels secrets cache la communauté de Huntsville ? On retrouve avec immense plaisir les personnages et le style de Lionel Salaün qui a encore accru ses puissances descriptive et évocatrice. Ses personnages sont toujours denses, complexes, noirs, humains, violents, le bonheur n’est jamais chose simple, la route chaotique, la vie âpre et le passé de l’Amérique n’est jamais très loin surtout dans ce sud perdu où tout est possible les jours d'ouragan... Un bijou !

« Ray retrouva là, bien sûr, la curiosité commune à tout un chacun, homme ou animal, confronté à l’inconnu, avec son lot habituel de défiance, d’intimidation, de crainte et ce message, inscrit au fond des prunelles sombres, sur les traits durcis et les lèvres verrouillées de chacun : Passe ton chemin ! »

Ecouter la lecture de la première page de "Whitesand"

Fiche #2298
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Lionel Salaün lus par Vaux Livres


Chi LI

Une ville à soi
Actes Sud

157 | 190 pages | 17-02-2019 | 16.5€

Mijie est une femme de caractère, après l’armée et le décès de son époux, elle a ouvert une échoppe de cirage de chaussures et gère parfaitement son affaire et ses employées. Elle vit aux côtés de sa belle mère une vieille dame sage, bienveillante et attachante dans la ville de Wuhan, personnage à part entière du roman. Fengchun vit dans le même quartier, c’est une jeune femme élégante, cultivée qui a suivi des études et pourtant délaissée par son jeune mari. Quelle surprise pour Mijie lorsque cette dernière demande à être embauchée… Elle accepte en pensant qu’elle repartira rapidement mais le récit relate la relation qui va se construire et se nouer entre ces deux femmes, une belle amitié parfois ambiguë qui prend son envol au cœur d’une Chine qui oscille encore passé et modernisme.

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Fiche #2293
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Hang Ling, Vanessa Teilhet


David NEL-LO

La tribu des Zippoli
Actes Sud

156 | 135 pages | 21-01-2019 | 13.8€

Guillem est le petit dernier d’une famille où tout le monde adore lire. Pas lui. Il a horreur des livres, alors quand il est contraint d’emprunter un livre à la bibliothèque de l’école, à part Tintin… Mais Mme Milstein est intraitable : il doit prendre aussi un livre sans dessins ni images ! Grrr ! Un jour, il tombe sur un vieux livre non référencé « La tribu des Zippoli » et rentre à la maison. Quand il lit les premières lignes, il n’en revient pas : elles s’adressent directement à lui ! Comment est-ce possible ? En plus, quand son frère ou sa mère le lisent, ils ne lisent pas les mêmes mots. Etrange ! Et Guillem va découvrir la lecture, le monde du livre, l’imaginaire avec un grand bonheur et une grande impatience. Et que faire lorsque l’on a fini un roman, sinon choisir le suivant !

Fiche #2269
Thème(s) : Jeunesse
Traduction : Edmond Raillard


Laurent GAUDÉ

Salina les trois exils
Actes Sud

155 | 152 pages | 16-12-2018 | 16.8€

Un bébé déposé dans un village du désert, et Laurent Gaudé nous entraîne dans un conte reprenant une pièce de théâtre de 2003. De la tragédie au conte, encore un exercice parfaitement réussi ! Ce bébé à l’odeur de désert, même les hyènes n’en veulent pas, alors Mamambala le recueille et lui donne un nom, « Par le sel de ces larmes dont tu as couvert la terre, je t’appelle Salina ». Une vie de douleurs et d’exils attend le bébé venu de nulle part et c’est son dernier enfant qui se charge aujourd'hui du récit sans aucun jugement. Un mariage forcé, un amour interdit, des naissances, une adoption, mort et vengeance, la haine de l’autre, le poids des traditions traversent le destin de Salina à travers le drame d’un triple exil : trois enfants, trois exils. Laurent Gaudé nous offre un nouveau portrait d’une femme puissante mais condamnée, une vie volée que la vengeance ne pourra sauver. Toujours aussi brillant et maîtrisé !

« Je sais, moi, qu’une guerre ne s’achève vraiment que lorsque le vainqueur accepte de perdre. »

Ecouter la lecture de la première page de "Salina les trois exils"

Fiche #2256
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Laurent Gaudé lus par Vaux Livres


Nicolas MATHIEU

Leurs enfants après eux
Actes Sud

154 | 430 pages | 01-11-2018 | 22.8€

A quatorze ans dans les années 90 quand on découvre le monde à Heillange, au cœur d’une région où les hauts-fourneaux prennent leur temps pour s’arrêter et mourir, on rêve d’ailleurs, on rêve d’autre chose que la vie incarnée par ses parents. On rejoint ses amis, on croit former une bande, on écoute Nirvana, et pourtant on rêve. Et alors, c’est la première rencontre, le premier amour, on y croit. Et puis rapidement, on s’aperçoit que la société est morcelée et que l’on n’appartient pas au bon morceau, au bon côté. Alors, la survie commence avec quelques instants d’euphorie et de joie qu’il ne faut pas rater et surtout beaucoup de tristesse et de désespoir. Combien réussiront à partir ? Combien seront condamnés à rester ? Pourront-ils exister librement ? Où sont passer les collectifs d’antan ? Un grand roman d’initiation générationnel qui revient sur le début de la période où la nouvelle génération ne vivra pas mieux que ses parents, où les politiques menées en Europe par l’ensemble des partis de droite comme de gauche ont accepté de sacrifier des pans entiers de leurs sociétés, sacrifice humain autant qu’abandon de territoires et en ce sens, ce brillant et émouvant roman a hélas de multiple résonances aujourd’hui encore.

« On mourrait maintenant à feu doux, d’humiliations, de servitudes minuscules, d’être mesquinement surveillé à chaque stade de sa journée ; et de l’amiante aussi. Depuis que les usines avaient mis la clef sous la porte, les travailleurs n’étaient plus que des confettis. Foin des masses et des collectifs. L’heure, désormais, était à l’individu, à l’intérimaire, à l’isolat. »

« Ces femmes qui, d’une génération à l’autre, finissaient toutes effondrées et à moitié boniches, à ne rien faire qu’assurer la persistance d’une progéniture vouée aux mêmes joies, aux mêmes maux… »

Ecouter la lecture de la première page de "Leurs enfants après eux"

Fiche #2233
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Nicolas Mathieu lus par Vaux Livres


Jean-Philippe BLONDEL

Dancers
Actes Sud

153 | 165 pages | 08-10-2018 | 13.9€

Jean-Philippe Blondel nous propose cette fois la rencontre d’un trio amoureux adolescent : Anaïs, Adrien et Sanjeewa. La danse est au cœur de leur vie, une passion absolue partagée : « Moi, les seules choses qui me font vibrer, ce sont les mots et la danse. » Les garçons sont naturellement différents mais partagent en plus de la danse une certaine différence : l’un a des parents sourds et muets, l’autre a subi l’exil et le déracinement. Ils vivront les affres et les rivalités classiques d’un trio mais sauront se réunir et s’entraider lorsque Anaïs aura besoin d’eux pour surpasser son éloignement de la danse. Jean-Philippe Blondel offre un superbe et émouvant portrait (ça devient une habitude !) d’un trio d’adolescents mus par une passion qui réussit même à rythmer l’écriture de l’auteur !

« On n’appartient pas à un pays. On appartient aux gens que l’on rencontre. »

Ecouter la lecture de la première page de "Dancers"

Fiche #2223
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Jean-Philippe Blondel lus par Vaux Livres


In Koli Jean BOFANE

La belle de Casa
Actes Sud

152 | 204 pages | 24-09-2018 | 19€

Venu du Congo, Sese Tshimanga pensait faire étape au Maroc avant de rejoindre la France. Finalement il restera à Casablanca et survivra grâce à quelques menus trafics et arnaques. C’est lui qui découvre le cadavre d’Ichrak, une jeune femme au magnétisme puissant. Ichrak passait son temps à trouver des ressources pour acheter les médicaments de sa mère et continuait de rêver d’un père qu’elle n’a jamais connu. Sese faisait tout pour la prendre dans sa toile. Et le meurtre d’Ichrak l’incite à nous faire partager leur histoire. Qui l’a tuée ? Qui était Ichkar, cette lectrice de Kaoutar Harchi ? Mokhtar Daoudi, le flic en charge de l'enquête, qui a pourtant bien connu sa mère ne semble guère motivé pour trouver le coupable… Quant à leurs trafics, grains de poussière dans une immense carrière grouillante… Tout est magouille, les projets immobiliers ne profitent qu’aux riches et sont propices à toutes les malversations possibles et d’une autre ampleur ! Avec son ton vif, ses expressions singulières, In Koli Jean Bofane dresse une série de portraits de personnages étonnants mais aussi d’un Maroc un peu moins sage et droit (sexe, pouvoir, argent) que celui que l’on nous vend habituellement… A la fois conte, chronique, étude sociologique, malgré la pauvreté, le racisme, la corruption, les trafics, le texte réussit à rester réjouissant, bel exploit !

Ecouter la lecture de la première page de "La belle de Casa"

Fiche #2219
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de In Koli Jean Bofane lus par Vaux Livres


Laurent RIVELAYGUE

Olivier TALLEC

Les QuiQuoi et le chien moche dont personne ne veut
Actes Sud

151 | 07-09-2018 | 12.8€

en stock

Voilà les QuiQuoi de retour avec toujours le même humour fou et dévastateur ! Cette fois, Pamela dessine un chien, enfin quelque chose qui ressemble un chien et la bande le trouve particulièrement moche et ressemblant plutôt à un cheval ! Ils vont tout faire pour s'en débarrasser avant que les remords ne les minent...

Fiche #2215
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Laurent Rivelaygue lus par Vaux Livres

Les titres de Olivier Tallec lus par Vaux Livres


Asli ERDOGAN

L'homme coquillage
Actes Sud

150 | 195 pages | 13-05-2018 | 19.9€

« L’homme coquillage » est narré par une femme turque : « Je suis née et j’ai grandi en Turquie, moi ! » et ce n’est pas anodin ! Elle est physicienne et partie en Suisse pour poursuivre ses recherches. C’est lors d’un voyage pour un séminaire avec ses collègues à la Caraïbe qu’elle rencontre Tony, pêcheur de coquillages, qu’elle nommera L’homme coquillage. Première femme blanche à lui adresser la parole, elle décidera d’aller vers cet inconnu au physique singulier (« Mais ce n’est pas juste en regardant la couverture d’un livre qu’on peut savoir ce qu’il contient. »), rejoindre l’inconnu qui deviendra son mythe. Elle n’est guère heureuse dans son monde qu’elle décrit sans concession alors, solitaire, elle préfère, malgré le danger, rencontrer un autre monde, un autre regard, plus libre, plus ouvert, « l’homme coquillage qui m’a appris le chant de l’océan, Tony l’Homme Coquillage que j’ai aimé d’un amour profond, féroce et irréel ». Tony est particulier, à double facettes, comme chaque homme, bienveillant ou malveillant, sorcier ou magicien, « habile aux caresses autant qu’aux coups. Tony était comme ces enfants siamois dont le corps unique est coiffé de deux visages contraires. Le premier était dur et intrépide comme celui d’un corsaire aux larges balafres, le second, sensible et doux, celui d’un saint miséricordieux. ». Le lieu est aussi particulier, scindé en deux, les blancs et les autres, un « ghetto situé à même pas deux cents mètres des hôtels quatre étoiles » dans lequel « s’appliquait la loi universelle de tous les ghettos du monde ; la loi de la faim, de l’exclusion, du désespoir, de la violence. ». Enfin, elle est également particulière, son histoire personnelle et intime douloureuse l’a marquée à jamais, « Ne pas savoir oublier. Implacable vengeance de la mémoire. » Le récit intime courageux et sans concession d’un voyage fondateur aux frontières de l’amour et de la mort. Le premier roman d’Asli Erdogan enfin disponible en France qui livrait déjà quelques indices évidents de son regard sur la souffrance, son amour de la liberté et sa résistance absolue à toute oppression.

Premier roman

« Sous les tropiques, sur cette île éloignée de tout, j’ai appris que l’enfer et le paradis ne font qu’un, que seul un assassin peut être prophète, et qu’un homme, comme dans les séances de magie noire, peut en devenir un autre, car le contraire absolu de l’homme, c’est encore lui-même. »

« Son esprit n’était pas induit en confusion par des concepts tels que la psychanalyse, la névrose, l’existentialisme, et il savait ressentir cette chose à vrai dire élémentaire qu’est la douleur de l’autre. Il savait être triste pour l’autre. Il y avait en lui une sensibilité sans équivalent dans le monde hypocrite des gens trop instruits. »

« Car selon moi, écrire ne vient à l’idée que de ceux qui souffrent de ce mal que j’appelle ''la constipation de vivre''. »

Ecouter la lecture de la première page de "L'homme coquillage"

Fiche #2153
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Julien Lapeyre de Cabanes


Fernando ARAMBURU

Patria
Actes Sud

149 | 620 pages | 12-05-2018 | 25€

Patria, roman de plus de six cents pages, conte l’épopée basque à hauteur de familles, de leur quotidien qui, après la fracture du Franquisme, se heurte à celle de l’indépendance défendue violemment par l’ETA. Et deux familles, évidemment liées voire mélées au cœur d’un village, suffisent pour représenter le panel des engagements, des croyances, des sentiments et ressentiments, des réactions et actions, assassins, passifs ou victimes… Le récit débute en 2011 alors que l’ETA a annoncé la fin de la lutte armée. C’est aussi le moment où Bittori maintenant âgée décide de revenir dans son village où son mari Txato a été assassiné par l’ETA alors qu’il rechignait à verser « l’impôt entrepreneur ». L’enterrement qui, pour la famille correspondit au début d’une seconde vie, eut lieu loin de leur terre, Bittori ayant accompagné le défunt à San Sebastian, exil déchirant. Elle retrouve au village, Miren, forte femme, basque jusqu’au bout des ongles, restée fidèle à l’ETA. Son retour fait naturellement rejaillir les souvenirs, les rancœurs, et le passé toujours bien présent. Le récit dépeint donc passé et présent des familles de Bittori et de Miren (et leurs liens) : ce qu’ils étaient, ce qu’ils sont devenus, leurs rapports, les engagements ou non de chacun (« Les uns se sacrifient, les autres profitent. »), comment ont-ils vécu les évènements, l’assassinat de Txato, le jugement de son possible assassin… Il évoque également l’engagement définitif et radical, la terreur (… la machine de la terreur est lancée, rien ne peut plus l’arrêter. »), la fidélité, la trahison, l’impossibilité du bonheur (« … je ne vois pas de crime plus monstrueux que la prétention d’être heureux. ») le pardon et l’oubli et démontre que tout cela reste affaire purement individuelle et qu’au sein d’une même famille, chacun peut appréhender différemment les traumatismes de l’Histoire. Patria en exposant la vie de deux familles anonymes montre comment la politique et l’engagement peuvent empoisonner profondément les relations humaines entre personnes si proches les unes des autres et la difficulté du pardon : Patria y apporte à l’évidence sa pierre en rappelant qu’il n'y a rarement de vainqueur de ce genre de tragédie.

Ecouter la lecture de la première page de "Patria"

Fiche #2152
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Claude Bleton


Wilfried N'SONDÉ

Un océan, deux mers, trois continents
Actes Sud

148 | 270 pages | 23-01-2018 | 20€

Nsaku Ne Vunda naquit vers 1583 sur les rives du Kongo. L’enfant, attachant, sage et doué apprenait vite, et orphelin, les missionnaires s’occupèrent de lui. Il devint Dom Antonio Manuel le jour de son ordination. Dévoué, bienveillant, intègre, modeste, attentif à ses ouailles, il continue d’étudier les textes dans une zone reculée du Kongo. Dans le même temps, le roi, qui s’est laissé entraîner sur les pentes dangereuses du pouvoir, refuse de penser que le Pape cautionne le marché des esclaves et le charge d’alerter le pontife. Un long voyage attend le prêtre avec de belles rencontres comme Martin le mousse et d’autres plus périlleuses ! Il va en effet parcourir les mers et les océans du globe sur divers navires transportant marchandises et esclaves, ses frères, au fond de leurs cales, découvrir le Nouveau Monde, revenir vers le Portugal et l’Espagne en pleine Inquisition… Parcours initiatique d’un homme seul dans l’adversité absolue : comment survivra-t-il ? comment résistera-t-il ? Ce Candide africain (un buste de marbre noir est érigé dans la basilique Sainte-Marie-Majeure de Rome) confronté aux horreurs de l’époque s’interrogera sur sa croyance en un Dieu dogmatique mais ne renoncera jamais à sa foi en l’homme. Un roman puissant, prenant, rythmé, qui a évidemment des résonances dans tous les évènements d'hier ou d'aujourd'hui où l’homme s'applique allègrement à opprimer son prochain.

« Les dresser à implorer. Transformer les bourreaux en maîtres, afin que dans l’horreur les otages apprennent à accepter leur condition. »

« Le temps ne va pas nulle part, il ne s’arrête pas. Le présent reste un instant qui s’échappe, un point en mouvement continu, à la fois éphémère, minuscule et immense qui charrie avec lui tout le passé de l’univers. Chaque évènement et toutes les vies antérieures trouvent leur place dans la lancée infinie des siècles et n’en sortent plus. »

Ecouter la lecture de la première page de "Un océan, deux mers, trois continents"

Fiche #2074
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Wilfried N'Sondé lus par Vaux Livres


Emmanuelle HAN

La sublime communauté - Les affamés
Actes Sud

147 | 375 pages | 22-01-2018 | 16€

en stock

Notre monde s’apprête à disparaître. C’est la fin, la planète est dévastée. Les affamés errent alors que six mystérieuses portes apparaissent et semblent les appeler vers un nouveau monde, une renaissance. Tous s’y précipitent, enfin presque tous, quelques-uns refusent de fuir et le récit suit les aventures de trois d’entre eux. Trois jeunes, trois enfants, trois Transplantés aux trois coins de la planète (Argentine, Népal, Inde). Ils ne se connaissent pas, ils vivent loin les uns des autres, ils ne le savent pas encore, mais leur destin est lié et la Sublime Communauté en dépendra. Entre légendes et mystères, mythes et contes, fantastique ou dystopie et réalisme, nature et technologie, un roman d’aventures multiple et varié qui emporte irrésistiblement le lecteur vers le tome 2 !

Premier roman

Fiche #2073
Thème(s) : Jeunesse


Cécile LADJALI

Bénédict
Actes Sud

146 | 260 pages | 15-01-2018 | 20.8€

Bénédict Laudes enseigne la littérature comparée à l’Université de Lausanne et ce n’est certainement pas un hasard. Enfant d’une mère iranienne et d’un pasteur suisse, Bénédict naviguera toujours à la frontière, entre Orient et Occident, entre homme et femme, son identité, Bénédict ou Bénédicte, semble en effet double ? Devenu Maître Laudes aux yeux de ses étudiants Angélique et Nadir, le personnage aspire à la paix et à la réconciliation universelle entre les sexes, entre l’Orient et l’Occident, les croyants, les incroyants, le blanc, le noir, la nuit, le jour... Il se voit messager accompagné et épaulé par la littérature et la poésie pour unir et réunir en prônant la liberté.

« Dans les yeux des autres, elle est diffractée. Si ça ne tenait qu’à elle, elle serait ni-ni ou alors elle serait tout-à-la-fois. Mais elle ne serait pas ou bien-ou bien. L’alternative est un manque, une perte de soi en route. Elle veut rassembler toutes les parties. »

Ecouter la lecture de la première page de "Bénédict"

Fiche #2065
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Cécile Ladjali lus par Vaux Livres


Yrsa SIGURDARDOTTIR

ADN
Actes Sud

145 | 415 pages | 14-01-2018 | 23€

Elisa est seule à la maison avec ses trois enfants, deux garçons et une petite fille, son mari étant en déplacement. Alors que tout le monde dort, un bruit et sa petite fille qui débarque dans la chambre en annonçant qu’il y a un monsieur dans la maison. On retrouvera le lendemain Elisa affreusement (euphémisme !) assassinée et Margret, la petite fille, recroquevillée sous le lit. L’officier qui n’en revient pas d’être chargé de cette enquête va devoir interroger cette jeune enfant et faire appel à une psychologue pour enfants. L’enquête s’annonce ardue. Pas d’indices, pas de mobile, pas d’autre témoin, seule une suite de chiffres insensée laissée par l’assassin. Ce même genre de suite de chiffres est entendu par un jeune radio amateur alors qu’une seconde femme, ancienne professeur de biologie, est assassinée avec le même procédé. L’Islande connaîtrait-elle un nouveau tueur en série qui choisissant ses victimes au hasard ? Quel pourrait être le lien entre ces trois personnages et le meurtrier ? Un nouveau polar islandais à ne pas manquer, glaçant, haletant, tortueux et familial !

Ecouter la lecture de la première page de "ADN"

Fiche #2061
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Catherine Mercy

Les titres de Yrsa Sigurdardottir lus par Vaux Livres


Charlotte ERLIH

Coupée en deux
Actes Sud

144 | 95 pages | 14-01-2018 | 12.5€

Camille est collégienne et vit la séparation de ses parents : « Quand mes parents se sont séparés, je me suis fissurée. » Cette nouvelle situation l’incite à revenir sur ses années de bonheur. Elle est très consciente des personnalités de ses parents, de leurs qualités, de leurs travers. Elle partage ses interrogations entre deux parties d’échecs avec sa meilleure amie pour qui elle n’a aucun secret. La garde alternée a été mise en place mais il semble qu’elle ne pourra perdurer, sa mère souhaitant partir en Australie. Il va falloir choisir, un juge va essayer de l’aider même si « Aux échecs, on dit qu’on est Zugzwang quand tous les coups qu’on pourrait jouer sont forcément défavorables. ». Un court roman qui fait partager parfaitement les sentiments d’une jeune ado face à la séparation, au choix impossible entre ses parents et qui pourra malgré tout grandir sereinement.

« Un roi, une dame et un pion. Et aucune main pour nous bouger. »

Fiche #2062
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Charlotte Erlih lus par Vaux Livres


Eric VUILLARD

L'ordre du jour
Actes Sud

143 | 155 pages | 02-01-2018 | 17€

Ils sont vingt-quatre. Vingt-quatre chefs d’entreprise en 1933. Vingt-quatre dirigeants, plus ou moins puissants, qui vont suivre, accompagner l’arrivée au pouvoir d’Hitler. Par lâcheté, par intérêt, par soumission, par connivence, ils vont prendre part ou financer le pouvoir hitlérien et surtout continuer de vivre, de produire, de vendre. Eric Vuillard décrit (et interroge) le comportement et les motivations des puissants (du monde politique ou économique) de l’Europe qui opteront pour « la politique d’apaisement »... face à l’efficacité pourtant terrifiante de Goering et Hitler. Et bien après la chute du régime, « Les entreprises ne meurent pas comme les hommes. », Eric Vuillard n’oublie pas de rappeler que l’influence et le pouvoir de ces grandes familles perdureront. Comme à son habitude, Eric Vuillard, dans un court récit au ton parfois ironique, décortique à hauteur d’homme, va à l’essentiel dans les coulisses de l’histoire, emprunte les chemins de traverse, avec clairvoyance, et aimante le lecteur, le questionne, le fait grandir.

« Ici, il n’y a qu’un seul cadrage qui vaille, il n’y a qu’un art de convaincre qui vaille, il n’y a qu’une seule manière d’obtenir ce que l’on souhaite – la peur. Oui, ici, c’est la peur qui règne. Terminées les politesses allusives, les formes retenues de l’autorité, les apparences. »

Ecouter la lecture de la première page de "L'ordre du jour"

Fiche #2051
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Eric Vuillard lus par Vaux Livres


Alice FERNEY

Les Bourgeois
Actes Sud

142 | 355 pages | 18-09-2017 | 22€

Alice Ferney dans son dernier roman a choisi de nous faire suivre le destin au XX ème siècle d’une grande famille française bourgeoise, les bien nommés Bourgeois. Cette famille nombreuse naturellement, 10 enfants et la grand-mère aura 24 petits-enfants (ce qui implique quelques difficultés pour le lecteur), reste inféodée au vieux triptyque famille, patrie et religion (« Le drapeau, l’armée, l’honneur, Dieu, voilà qui vous tenait un homme. »). Dans le même temps, Alice Ferney nous parle d’un siècle de l’histoire française et prouve ainsi qu’il n’y a évidemment pas une seule et unique histoire française mais des histoires. En effet, ce prisme, ce choix délibéré de famille qui expose leurs avis, leurs croyances, leurs comportements, voire leurs erreurs est emblématique d’une certaine France et malgré le talent de l’auteur, certains lecteurs risquent de demeurer devant le porche de l’église se contentant de regarder de loin cette famille...

« Il y a trois façons de vivre avec le passé : le contempler à l’instant où il est le présent, l’oublier quand il est perdu, en conserver à jamais le souvenir. »

Ecouter la lecture de la première page de "Les Bourgeois"

Fiche #2024
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Alice Ferney lus par Vaux Livres


Cyril DION

Imago
Actes Sud

141 | 215 pages | 11-09-2017 | 19€

Les quatre personnages principaux d’Imago, isolés ou enfermés, aspirent à la liberté, ils diffèrent dans le chemin qu’ils espèrent emprunter pour y accéder ou employer pour casser la chrysalide qui les étouffe. Nadr se sent entravé en Palestine, il rêve d’un ailleurs libre, et la poésie et les poèmes de Darwich notamment l’épaulent et le soutiennent. Son frère Khalil a fait d’autres choix dont celui de la violence et est bien décidé à commettre un attentat, loin de son pays, en France. Fernando travaille pour le Fonds, une organisation internationale, et espère, depuis son bureau, influer sur le conflit. Enfin, Amandine, 62 ans, a choisi de se retirer loin du monde et de ses horreurs et vit en solitaire dans une forêt. A partir de ces quatre trajectoires que certains tentent de maîtriser, Cyril Dion nous entraîne au coeur de cette tragédie sans fin que reste le conflit israélo-palestinien sans oublier l’Occident, troisième pilier du drame, il nous confronte à ses acteurs principaux et à leurs sentiments, croyances et violence, cherchant toujours à expliquer ou à comprendre plutôt que de juger.

Premier roman

« Mille bombes ne pourraient rien contre la terre, contre les mots de Darwich. Tant qu’il reste une femme, disait son grand-père, la terre ne peut être perdue. »

Ecouter la lecture de la première page de "Imago"

Fiche #2017
Thème(s) : Littérature française


Lola LAFON

Mercy, Mary, Patty
Actes Sud

140 | 235 pages | 21-08-2017 | 19.8€

Lola Lafon revient sur un fait divers qui a marqué l’histoire des Etats-Unis à une époque où les enlèvements politiques (ou pas) se multipliaient. En 1974, Patricia Hearst, petite-fille d’un magnat influant, est enlevée par un groupuscule révolutionnaire, la SLA, Armée de libération symbionaise. Evidemment les services de l’Etat se mettent en ordre de marche pour retrouver la fille si précieuse pour sa famille et l’Amérique mais elle reste introuvable (« Aujourd’hui, on la retrouverait, Patricia, par le biais d’une émission de téléréalité invitant les téléspectateurs à mener l’enquête eux-mêmes. »). Petit souci, le contenu des messages de Patricia que les ravisseurs fournissent, évoluent, et rapidement on sent qu’elle rejoint leur cause. Son enlèvement lui ouvre les yeux sur sa famille (« Le 4 février 1974, en me kidnappant, ils m’ont sauvé la vie. »), sur la domination et le pouvoir de certains, leur exclusive richesse, et elle se radicalise et se lance dans la lutte. L’horreur absolue pour le système, l’une d’entre eux, s’en va et claque la porte : « … l’Amérique subit une violente attaque et ce sont ses propres enfants qui la mettent en joue. ». Dans le même temps, Gene Neveva, une universitaire engagée (donc controversée) et aux méthodes singulières, s’installe en France avec son chien adoré dans une petite ville des Landes. C’est là que la contacte l’avocat des Hearst afin qu’elle intervienne pendant le procès et lui confie un énorme dossier qui permettra, selon lui, de mettre en évidence le lavage de cerveau qu'elle a subi et cause de cette révolte éphémère. Pour le traiter, elle engage Violaine, une jeune Française candide et timide (« L’ignorance de Violaine est votre chance d’une lecture vierge. »), du même âge que Patricia. Le récit retranscrit un dialogue à trois, Lola, Violaine et Gene, la rencontre de Violaine et Gene et l’élaboration du rapport Patricia Hearst à partir notamment duquel Gene écrira « Mercy Mary Patty ». Gene (et Lola) refuse la caricature, le parti pris, préfère le recul, l’analyse, la réflexion, le questionnement et donc le doute : « On ne trouvera dans ces pages ni victime, ni coupable, ni sainte, martyre ou héroïne révolutionnaire. », objectif ambitieux, périlleux et réussi ! Lola Lafon nous offre un livre dense et construit (nous vous laissons découvrir qui sont Mercy et Mary), une construction singulière, des personnages attachants, et surtout des interrogations toujours d’une actualité brûlante touchant à l’émancipation, la liberté, l’engagement, le féminisme, l’oppression, la pensée unique, la manipulation, rien que ça ! Puissant et passionnant !

Ecouter la lecture de la première page de "Mercy, Mary, Patty"

Fiche #2009
Thème(s) : Littérature française


Claudie GALLAY

La beauté des jours
Actes Sud

139 | 406 pages | 03-08-2017 | 22€

Jeanne et Rémy forment un couple heureux. Depuis longtemps. Très longtemps. Ils se sont mariés jeunes, ont eu deux jumelles et la vie continue, sereinement, simplement, comme un petit ronronnement répétitif et sans surprise, dans la vie intime comme dans la vie professionnelle. Alors Jeanne tente de s’accorder, de capter quelques instants, quelques éclairs de liberté, filets de lumière éblouissants. D’abord dans sa vie routinière par quelques actions singulières, quelques beaux moments inattendus, mais aussi dans son admiration ultime de la plasticienne Marina Abramović qu’un professeur lui avait fait découvrir l’année du bac. Jeanne vivra un été particulier, sa meilleure amie se fait plaquer par son mari pour une plus jeune femme, elle croise son amour d’adolescente jamais oublié, elle rencontre la performeuse dans une entrevue silencieuse mais mémorable, autant d’évènements où Jeanne pourra choisir, apprécier quelques espaces de liberté mais aussi ressentir la poésie de la vie, appréhender « l’utilité de l’inutile » et l’élégance du quotidien.

« Les femmes ne sont pas moins fortes que les hommes, non, ce n’est pas ça, mais elles renoncent. Elles laissent leurs rêves pour réaliser ceux des hommes. »

Ecouter la lecture de la première page de "La beauté des jours"

Fiche #1997
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Claudie Gallay lus par Vaux Livres


Aro SAINZ DE LA MAZA

Les muselés
Actes Sud

138 | 368 pages | 03-07-2017 | 22.8€

Le corps d’une jeune étudiante « presque modèle » est retrouvé à peine caché sous des feuilles dans la banlieue de Barcelone. L’inspecteur Milo Malart, chargé de l’enquête accompagné de la sous-inspectrice Rebeca, reconnaît en elle l’archétype de l’étudiante barcelonaise d’aujourd’hui étouffée par une crise toujours aussi violente : elle est issue d’une famille modeste, travaille dans un cabinet d’avocats au service des recouvrements (très occupé en ce moment !) et complète en faisant l’escort-girl. L’homme en est ému et sa colère en sort renforcée. Alors que l’enquête piétine, un des associés du cabinet d’avocats est également retrouvé assassiné et dans le même temps, un sadique s’amuse à empaler des chiens et à les exposer dans les parcs publics. La pression s’accroît sur les enquêteurs et Milo redoute que le coupable soit l’un de ces exclus, de ces muselés, qui, écrasé par l’économie agonisante et la crise, ait décidé de se venger. Un inspecteur un peu bancal mais touchant, « légèrement éreinté » par ses soucis familiaux, par sa solitude, par sa clairvoyance qui l’empêche de prendre le train de Podemos même s’il adhère à leurs idées, un portrait réaliste de Barcelone au cœur de la crise et des habitants des quartiers populaires, et une intrigue efficace.

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Fiche #1980
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Serge Mestre


Patrick DE WITT

Heurs et malheurs du sous majordome Minor
Actes Sud

137 | 395 pages | 19-06-2017 | 23€

Lucien Minor, dit Lucy, pense avoir trouver sa place loin de sa petite et triste bourgade : il prend le poste de sous-majordome au château von Aux, demeure lugubre digne des plus horribles contes, sur lequel règne M. Olderglough. Lucy est fier quand on fait appel à lui, mais souvent libre, il observe et ausculte ce lieu insolite occupé par une population atypique, aussi étrange qu’inquiétante. Il tombe amoureux de Klara une jolie jeune femme également convoitée par le soldat Adolphus. Il découvre un monde où le mensonge est la règle et la perversité l’habitude. Une comédie de mœurs grinçante, noire, folle et totalement décalée, à lire avec une gousse d'ail à proximité !

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Fiche #1973
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Emmanuelle Aronson, Philippe Aronson


NIMROD

Les jambes d'Alice
Actes Sud

136 | 142 pages | 16-04-2017 | 16.3€

Le narrateur est professeur de français au Tchad, une vie bien installée avec sa femme et sa petite fille. Mais la guerre bouleverse les vies et la guerre civile au Tchad pousse les habitants de N’Djamena à retrouver le calme des campagnes. Le jeune prof croise alors Alice, et ne peut repousser ses fantasmes, les jambes de son élève le fascinent. C’est la guerre et il franchit le pas, ose, se lâche et ils partent ensemble pour assouvir leur passion. Mais le fantasme réalisé, que deviendront-ils ? Que deviendra-t-il ? La guerre ne permet qu’exceptionnellement de fonder des projets de vie… Une écriture subtile et sensuelle, une prose poétique à lire à voix haute pour mieux appréhender l’amour infini du narrateur pour les femmes tchadiennes mais aussi la guerre et ses implications.

« Les pieds montent et tanguent dans l’espace – qui s’en trouve poli, – atterrissent et, de nouveau, rebondissent. Rien de violent, rien que de la souplesse. L’eau, l’air et le vent sont leur royaume. »

« … la beauté n’offre aucun recours devant un fusil d’assaut. »

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Fiche #1942
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Nimrod lus par Vaux Livres


Aki SHIMAZAKI

Suisen
Actes Sud

135 | 162 pages | 18-03-2017 | 16€

Aki Shimazaki continue son chemin, elle nous propose un nouvel opus dans sa série en cours, chaque (court) volume pouvant être lu indépendamment des autres et proposant sous un angle différent l’existence des mêmes personnages tout en dressant un portrait tout en nuance du Japon, de son histoire et de ses coutumes. Cette fois, dans Suisen (narcisse en Japonais) le personnage central, Gorô, à la tête d’une société prospère de spiritueux, n’est guère sympathique : sûr de lui, ambitieux, arrogant, égocentrique, méprisant, il s’est construit deux vies. Dans la première, il est l’homme au foyer qui entretient sa femme effacée et ses deux enfants, pour lesquels il a déjà fixé l'avenir. Dans l’autre, adepte des partys, il entretient deux maîtresses, dont une célèbre et superbe actrice. Il pense être au centre de ce monde, croit en l’admiration de tous, exhibe les portraits de ses rencontres avec les célébrités actuelles, il est en effet très fier de ce qu’il a construit et le doute est une notion qui lui est inconnue : « Je suis tout le temps entouré de nombreuses personnes. Les partys me plaisent. Je ne rencontre personne de façon désintéressée. Je me vante de rencontrer des célébrités en montrant leurs photos avec moi. Tout le monde m’envie... » Jusqu’au jour où ce monde s’écroulera brutalement, en lui rappelant qu’il demeure un « enfant blessé » et que les failles de son enfance qu’il avait feint d’oublier sont encore à vif… Et il fallait au moins cela pour que Narcisse voit enfin sa véritable image dans le miroir…

« Les femmes aiment aimer, et les hommes aiment être aimés, voilà ce que je crois. »

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Fiche #1933
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Aki Shimazaki lus par Vaux Livres


Sinan ANTOON

Seul le grenadier
Actes Sud

134 | 320 pages | 05-03-2017 | 22€

Jawad est le fils cadet d’une famille chiite de Bagdad en plein règne de Saddam Hussein. Son père exerce un métier primordial pour la communauté, il lave et purifie les morts, les prépare avant de les remettre aux familles pour l’enterrement. Jawad aimerait échapper à son destin sur les traces de son père, et ainsi repousser quelques instants la mort : il espère devenir sculpteur au désespoir de son paternel, faire le choix de l’art qui « … permet à l’enfant enfoui dans l’adulte de s’épanouir. Il lui donne la liberté de jouer et de célébrer le monde et sa beauté. ». Au cœur de la guerre, les morts s’enchaînent, la mort étend son linceul et peu à peu rattrape Jawad et l’étreint, l’étouffe : « Mais, à l’époque, la mort était plutôt pudique et réservée, tandis que celle d’aujourd’hui ne nous lâche plus, elle s’est éprise de nous jusqu’à l’obsession. ». Les rêves disparaissent, ses études ne sont plus qu’un lointain souvenir, et le départ impossible, son destin comme le grenadier est au cœur de ce pays, Jawad prendra la succession de son père à sa mort. Il vit alors dans une grande solitude tandis que la frontière entre la vie et la mort s’estompe. Quotidien et chronologie d’une ville ravagée par les combats et les haines, d’un pays qui s’efface progressivement et douloureusement et des hommes qui l’habitent : éprouvant et hélas toujours d’actualité !

« Tous ces termes m’étouffaient, comme si c’étaient des clous rouillés dans mes poumons : chiite, sunnite, chrétien, juif, mandéen, yazidi, kitabi, rafidite, nasibite, athée. Si seulement je pouvais les effacer ou enterrer des mines dans la langue et les faire exploser pour qu’on ne puisse plus les employer. Mais encore, cela ne changerait pas le sens que portent les mots et les idées qu’ils symbolisent. Me voilà qui utilise, à mon tour, la langue du massacre et de la destruction. »

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Fiche #1925
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Leyla Mansour


Carla GUELFENBEIN

Etre à distance
Actes Sud

133 | 315 pages | 08-02-2017 | 22.5€

Vera Segall, romancière octogénaire, meurt dès le début du roman et néanmoins, elle est au centre du récit. En effet, l’admiration que lui vouent les autres personnages, même à 80 ans elle les happe, la révèlera totalement au lecteur. Vera Sigall est tombée accidentellement, l’enquête tout du moins semble se diriger vers cette conclusion alors qu’elle est plongée dans le coma. Son jeune voisin, Daniel, l’admirait profondément et doute de l’enquête. Malgré sa vie d’architecte, sa jeune et belle femme, il éprouve une fascination évidente pour Vera et continue d’aller la visiter à l’hôpital. Il y rencontre Emilia, une jeune franco-chilienne venue pour faire une thèse sur Vera et son œuvre et qui souffre d’un trouble handicapant ; elle commença une nouvelle vie à 8 ans après un accident, « Une vie où mon corps se retrouva à l’envers. Un corps que personne ne pouvait toucher. » Elle vient sur la recommandation de Horacio, un poète qui a aimé Vera et dont l’œuvre s’invitera étonnamment dans le travail d’Emilia. Tour à tour, Emilia, Daniel et Horacio prennent la parole, se confient et dressent le portrait de Vera mais aussi nous parlent d’amour et de non-dits permettant ainsi au lecteur de découvrir une double histoire d’amour et un secret final inattendu. Comme à son habitude, Carla Guelfenbein sait tenir en haleine le lecteur et explore avec retenue la diversité des sentiments de ses personnages toujours attachants en nous offrant ainsi un récit parfaitement maîtrisé et sensible.

« Tu me disais souvent que toute la richesse d’un créateur, c’étaient ses fractures, ses incertitudes, ses questions et ses faiblesses, le doute constant de la raison ultime des choses. »

« Et je me dis que le bonheur et la douleur allaient ensemble et que nous ne pouvions pas savoir à l’avance quand l’un ou l’autre prendrait l’avantage. »

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Fiche #1899
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Claude Bleton

Les titres de Carla Guelfenbein lus par Vaux Livres


Jo WITEK

Y a pas de héros dans ma famille !
Actes Sud

132 | 135 pages | 29-01-2017 | 13.5€

en stock

Maurice Dambeck est un joyeux luron de CM2, bien dans ses baskets, heureux à l’école comme à la maison. Pour cela, il y a deux Maurice ! Le Maurice de l’école, qui se tient bien, bon élève à l’écoute, poli et attentionné. Le Maurice ou Mo de la maison, plus libre, plus fou, plus bruyant, plus remuant : « J’ai l’habitude d’avoir un double lexique. C’est comme d’être bilingue. ». Jusqu’au jour où les deux Maurice ne peuvent plus se sentir, et « vu que les deux, c’était moi, c’était horrible ! » Et tout ça, la faute à Hyppolyte Castant venu à la maison pour préparer un exposé : Maurice se trouve tellement ridicule, sans parler de sa famille, des zéros par rapport à la famille Castant, Mo et Maurice sont devenus « un nul dans une famille de nuls ! » Mais heureusement, Mo a une super maîtresse au « super-sourire de maîtresse celui qui nous donne des ailes » et une vraie famille attentionnée et aimante qui saura redonner confiance à Mo et remplir à nouveau son regard d’étoiles lumineuses ! Comme d’habitude, lire un Witek nous remplit de bonheur !

« Je sais que les vrais héros sont ceux que les gens aiment, mais aussi ceux qui savent aimer. Ceux qui rendent les autres plus forts, au lieu de se croire les plus forts. »

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Fiche #1894
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Jo Witek lus par Vaux Livres


Antoine DOLE

Mon coeur caméléon
Actes Sud

131 | 100 pages | 04-10-2016 | 6.9€

Arthur dans la cour de l’école a repéré Camille et Bérénice, deux sœurs jumelle qui pourtant ne se ressemblent absolument pas. Et Arthur se refuse de choisir, il aime les deux ! Alors Arthur va devoir jongler, se partager. Mais Arthur n’a peur de rien même pas de Mme Faverio qui surveille l’œil aiguisé la cour de l’école ou de se lancer dans des expériences scientifiques périlleuses, mais si c’est pour l’amour, il est excusé d’avance !

Fiche #1858
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Antoine Dole lus par Vaux Livres


Valentine GOBY

Un paquebot dans les arbres
Actes sud

130 | 270 pages | 18-09-2016 | 19.8€

Odile et Paul Blanc tiennent un café à la Roche-Guyon sur les bords de Seine dans les années 50. Ils ont trois enfants et la vie coule jour après jour. Les clients du café sont devenus des proches voire des amis, Paul les connaît tous, les aide souvent, les fait danser avec son Hohner. Puis la famille s’effondre, Paul tombe malade, la tuberculose, bientôt imité par son épouse. Or, ils n’ont pas de sécurité sociale et doivent partir en sanatorium alors que tous leur ont tourné le dos, plus d’amis, la tuberculose et la contagion font peur. Les enfants, Mathilde et Jean, sont placés en famille d’accueil et les assistantes sociales rentrent dans la ronde… Mathilde, la cadette, prend en charge la famille, tous et tout, les rôles s’inversant. Elle rencontrera beaucoup d’égoïsme, d’abjection, mais aussi quelques autres qui seront l’épauler et lui réserver quelques brefs instants lumineux. Le roman dresse un portrait émouvant et attachant d’une gamine courageuse qui affronte la vie avec une volonté sans faille (elle acquerra son émancipation) mais aussi nous distille avec justesse et à bon escient des rappels historiques : la tuberculose torturait âprement les corps, la sécurité sociale n’a pas toujours existé, la misère existait aussi pendant les fameuses Trente Glorieuses, la guerre d’Algérie se déroulait aussi en métropole et enfin, les familles d’accueil n’étaient pas toujours bienveillantes...

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Fiche #1846
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Valentine Goby lus par Vaux Livres


Magyd CHERFI

Ma part de Gaulois
Actes Sud

129 | 260 pages | 29-08-2016 | 19.8€

Magyd deviendra-t-il le premier bachelier de la cité (« le bac est une anecdote pour le blanc et un exploit pour l'indigène »), quartiers nord de Toulouse alors que Mitterrand accède au pouvoir et que la cité prend peur. Quelques-uns le souhaitent, beaucoup d’autres non. Et lui ? Sa mère a misé sur lui, l’a choisi : « J’ai longtemps maudit ma mère de m’avoir tant couvé, dans les cités, ça ramollit l’âme, ça vous fait poli, poète et merdeux, détesté de la bande. ». Alors Magyd nous fait partager sa schizophrénie identitaire, sa double vie, celle à l’école sur le chemin de la liberté et celle dans la cité où beaucoup refusent de faire place au p’tit intello, ce traître, ce « pédé » qui a choisi le camp des Gaulois et de la littérature (« Oui les livres mettaient l’accent sur tout ce qui nous faisait défaut. ») et le lui rappèleront violemment... Un témoignage de l’intérieur, la chronique d’un rendez-vous manqué avec les banlieues, avec une franchise totale où surgissent les colères, la tendresse, les espoirs et déceptions, les illusions (« J’ai maudit cette illusion de croire qu’un livre vous sauve, un livre quartier nord ça vous écourte le passage sur terre. »), les contradictions, l’engagement, la violence, la souffrance, les doutes (être Algérien, Gaulois, les deux ?), le combat pour les femmes, la libération du poids des traditions sans les oublier, le tout avec une autodérision évidente, un humour salvateur et enfin une langue singulière qui oscille entre le subjonctif et la phonétique. « Le mac du poème, l’Al Capone du vers » pose évidemment ouvertement la question de l’identité, qui est Français ? qui le parait ? l’apparence de certains les empêcheront-ils toujours d’être Français aux yeux des autres ? qui le devient ? peut-on le devenir ? En chroniquant une année qui date de plus de 25 ans, Magid Cherfi démontre ainsi clairement que les problématiques d'alors demeurent intactes…

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Fiche #1835
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Magyd Cherfi lus par Vaux Livres


Eric VUILLARD

14 juillet
Actes Sud

128 | 205 pages | 12-08-2016 | 19€

14 juillet, une date universelle ! Connue de tous, un jour historique, une journée charnière mais que sait précisément chacun de nous de ce jour si particulier ? L’histoire officielle, académique, nous a appris les grands noms, les grands discours, les grands effets de manche, les grandes joutes oratoires, le théâtre habituel. En effet, la Révolution ne se situe pas seulement dans les gymnases et les couloirs de l’Assemblée. D’autres peut-être sans toujours savoir réellement pourquoi sont sortis de leur maison, ont abandonné une femme et un enfant, ont pris la rue, les armes, ont crié, couru, sont morts et ce sont ces anonymes qui ont rendu possible ce bouleversement. Et Eric Vuillard se range ostensiblement à leur côté, il recadre, donne chair, remet l’humain au centre des événements, c’est aussi un charretier de Bourgogne arrivé on ne sait comment à Paris et on ne sait quand qui a fait la Révolution ne supportant plus le prix des perruques (les coiffeurs de nos têtes couronnées nous ont donc toujours coûté cher !) et le faste de la cour. Le récit nous plonge au cœur de la révolte, dans la place, loin de l’histoire lisse et propre, au plus près des acteurs anonymes, qui prennent part, souvent de façon très fugace (« Son épopée n’a duré que quelques minutes. ») aux actions du jour, même si « Personne ne sait de quoi la liberté est faite, de quelle façon l’égalité s’obtient. ». Un récit épique haletant qui revient de manière originale sur une journée fondatrice et arrive à point nommé tant l’éloignement entre le peuple et le pouvoir demeure une constante historique !

« Les nobles bouffent les rogatons de première main. Les domestiques rongent les carcasses. Et puis on jette les écailles d’huîtres, les os par les fenêtres. Les pauvres et les chiens récupèrent les reliefs. On appelle ça la chaîne alimentaire. »

« Dès qu’un esprit fermente, on l’emprisonne, dès que cent ou mille esprits fermentent, on envoie les gendarmes leur tirer dessus, mais quand des dizaines de milliers d’esprits fermentent de conserve, alors on envoie une députation, on noue un tire-jus au bout de son stick, et on l’ébroue gentiment. »

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Fiche #1827
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Eric Vuillard lus par Vaux Livres


Laurent GAUDÉ

Ecoutez nos défaites
Actes Sud

127 | 288 pages | 10-08-2016 | 20€

Assem Graïeb appartient aux services secrets français. Il se rend sur les différents conflits et terrains d’affrontements d’aujourd’hui. La mort l’accompagne, la donner, la recevoir. Vaincre ou vaincu, défaite ou victoire mais toujours pour le pays qui l’a engagé évidemment. L’histoire du monde, l’histoire de l’homme. Au cours de ses missions, il croise Mariam une Irakienne amenée à surveiller les sites archéologiques, symboles de l’Histoire. Une rencontre furtive mais marquante. Le récit suit ensuite leurs aventures sur les routes du monde étayé par trois retours historiques, la guerre de Sécession, Hannibal et ses conquêtes, le parcours du Négus, un entremêlement constant des hommes, du temps, pour placer chacun devant son destin, ses victoires, ses défaites (mais qu’est-ce qu’une victoire, sa validité ne s’étiole-t-elle pas avec le temps jusqu’à un renversement possible), sa capacité à apprendre de l’histoire pour gérer le présent. Evidemment, il s’agit ici de Laurent Gaudé, donc c’est subtil, dense, réfléchi, construit, les perspectives historique et mythologique toujours proches, du grand art !

« … il sait, lui, que l’obscurité tombe, lorsque le dernier adversaire est battu, le pire commence, car c’est le moment où il faut bien accepter de retourner à ses propres tics et à ses tourments. »

« Les historiens ont écrit, encore et encore, sur chaque massacre, chaque génocide, chaque convulsion de l’Histoire. Plus jamais cela. Chaque génération a prononcé cette phrase. Est-ce que l’Histoire ne sert à rien ? »

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Fiche #1824
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Laurent Gaudé lus par Vaux Livres


Mikel SANTIAGO

La dernière nuit à Tremore Beach
Actes Sud

126 | 334 pages | 22-06-2016 | 22.5€

Peter Harper est un compositeur reconnu mais après un divorce mouvementé, il a besoin de s’isoler et de rester seul quelques mois. Il choisit Clenhburran, un petit village des côtes irlandaises, isolé, calme, venté, propice à la solitude et au retour de l’inspiration musicale, du moins l’espère-t-il. Il est si seul dans sa maison isolée que finalement, il voit d’un bon œil la présence de voisins non loin, sait-on jamais, on peut toujours avoir besoin d’aide... Un soir, la région est en alerte, les orages y sont courants mais celui annoncé devrait être particulièrement violent, la prudence est de mise. Il choisit néanmoins de répondre à l’invitation de ses voisins et brave le danger. Pourtant, au retour, un arbre brisé obstrue la route. Alors qu’il sort de sa voiture pour évaluer la situation, il ressent bourdonnements, et autres impressions bizarres et se réveille à l’hôpital. Il aurait pris la foudre et depuis un mal de tête l’accompagne. Et ce mal est complété par des rêves bizarres, ces rêves semblent réels, l’avertissent de graves dangers dans le futur et certains faits semblent le confirmer. Evidemment ses proches et le personnel médical demeurent incrédules et le considèrent progressivement comme fou. Il devient de plus en plus inquiet lorsque ses enfants s’installent pour les vacances et s’il voit l’avenir, pourquoi ne pas intervenir sur le déroulement du réel pour tenter d’éviter le pire ? Mais le laissera-t-on faire et trouvera-t-il quelqu’un pour le croire et l’aider, en effet, il se sent bien seul face à l’avenir. Du rythme et du suspense, tendu, angoissant et oppressant, de l’imaginaire, et l’Irlande toujours aussi attirante, pour une première, c’est une vraie réussite !

Premier roman

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Fiche #1804
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Delphine Valentin


Nancy HUSTON

Le club des miracles relatifs
Actes Sud

125 | 300 pages | 05-06-2016 | 21€

Varian est né prématuré et dès son plus jeune âge sera différent. Aussi doué que fragile, il est rejeté des autres, même si ses parents, bon vivants et amoureux de la vie, l’épaulent au mieux. Son père marin pêcheur perd son boulot à cause de la sur-pêche, les poissons se font rares ! Il dépérit et choisit de partir où se trouve le travail et de l’argent à gagner. Les hommes y sont bien payés mais sont devenus, ont muté en machine, ils extraient sans discontinuité et en masse de l’ambroisie, ils travaillent, détruisent la terre tout en se détruisant eux-mêmes, dorment, mangent, boivent, violent voire assassinent une autochtone un soir comme les autres... Lorsque son père cesse de donner des nouvelles, Varian part à sa recherche. Il se retrouve en prison où l’on cherche, par tous les moyens, à le faire avouer ce qu'il manigançait avec son ami le Dr Luka. Seule échappatoire, le club des miracles relatifs qu’il fonde avec Luka et sa soeur et qui lui permet de lire de la poésie de Vyssotski et notamment ses poèmes de résistance. Un roman âpre et éprouvant sur notre monde d’aujourd’hui et de demain qui nous place sans artifice face aux monstruosités et à l’inhumanité assumée de nos sociétés.

« Etre une bernacle ! La vie d’une bernacle voilà la belle vie On n’aurait pas à aller constamment de-ci de-là à s’agiter à faire la conversation ou le plein d’essence à jouer avec les mômes Non on s’accrocherait à sa roche et basta »

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Fiche #1791
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Nancy Huston lus par Vaux Livres


Pierrette FLEUTIAUX

Destiny
Actes Sud

124 | 184 pages | 19-05-2016 | 19€

Destiny narre la rencontre inattendue de deux femmes, de deux mondes : Anne, blanche, classe moyenne et cultivée, prochainement grand-mère et Destiny, noire, Nigériane, démunie, sur le point d’accoucher. Elles auraient pu s’ignorer, mais cette fois, peut-être sans raison, elles vont se regarder, échanger, se confronter, aller l’une vers l’autre. Pour Anne, la migration et les migrants prennent corps, s'incarnent. Elle s’attache à Destiny et sans effacer l’incompréhension et les doutes qui parfois l’animent, elle sait que leurs destins propres comme ceux des mondes auxquels elles appartiennent sont maintenant liés, inexorablement. Destiny est persuadée qu’elle trouvera le chemin vers la vie, une vie simple, tranquille, au milieu des autres, comme les autres. Et pour Anne, c’est aussi une question de survie, malgré les différences, l’Autre et moi ne font qu’un. Pierrette Fleutiaux, sans nier les difficultés et avec une certaine dose d'optimisme, choisit clairement et brillamment le camp de l’humanité face aux barbelés qui (re)naissent un peu partout en Europe.

« Atteindre à l’ordinaire de la vie passe par des risques extraordinaires, avec la mort comme compagne tout à fait banale. »

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Fiche #1784
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Pierrette Fleutiaux lus par Vaux Livres


Marion ACHARD

Comment j'ai survécu à la sixième
Actes Sud

123 | 76 pages | 10-05-2016 | 8.5€

L’année commence mal pour Taloula : la rentrée est un enfer ! Sa meilleure amie Adèle se retrouve dans une autre classe, elle ne peut choisir sa place dans la classe et se retrouve à côté de Jean qui ressemble furieusement à son frère. Et en rentrant, sa mère et son père (artistes dans un cirque) lui mettent la pression pour qu’elle leur raconte sa journée ! Heureusement Taloula a son journal et elle peut se confier librement pour notre plus grand plaisir !

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Fiche #1781
Thème(s) : Jeunesse


Anne-Marie GARAT

La source
Actes Sud

122 | 380 pages | 04-10-2015 | 21.8€

Dans cette saga dense et envoûtante, à partir d'un petit village de Franche-Comté et d'une vieille bâtisse aussi étrange qu'isolée, Anne-Marie Garat fait voyager le lecteur aussi bien dans l'espace que dans le temps, notamment par l'histoire contée par Lottie, une vieille dame solitaire qui occupe seule la vaste demeure des Ardenne. Elle héberge une jeune femme venue au village demander l'autorisation de consulter les archives avec ses étudiants, jeune femme également sur les traces de son histoire. Les deux femmes partagent immédiatement une complicité bienveillante et Lottie part dans une longue confession, raconte tout, ces souvenirs, ces rêves et inventions, son histoire scellée dans ce domaine. Il est parfois de ces rencontres qui offrent les clés d'une vie... Anne-Marie Garat est une véritable conteuse et si certains l'ignoraient ou en doutaient encore, « La Source » saura les convaincre. Anne-Marie Garat sait raconter des histoires avec un style personnel, un rythme particulier et un vocabulaire précis et élaboré où chaque mot trouve parfaitement sa place. Laissez-vous emporter, vous ne le regretterez pas !

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Fiche #1706
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Anne-Marie Garat lus par Vaux Livres


Jean-Philippe BLONDEL

Un endroit pour vivre
Actes Sud

121 | 66 pages | 26-07-2015 | 9€

en stock

Le nouveau directeur du lycée a décidé de reprendre les choses en main ! Il assène ses vérités et ses interdictions à qui mieux mieux. Tout devient interdit, seul le travail demeure autorisé ! Et les élèves acceptent, sans mots dire. A la grande surprise du délégué adjoint de première qui vient d'arriver dans l'établissement. Il est discret, un peu retrait, aime observer, souvent de loin mais là, il faut agir et se mouiller. Il décide de venir avec sa caméra et de filmer la vie au lycée, l'amour au lycée et montrer que le lycée est un lieu d'apprentissage mais également un apprentissage à la vie où chacun initie son chemin et cette expérience lui permettra aussi de faire ses premiers pas d'homme libre. Comme toujours, un excellent Blondel pour les ados !

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Fiche #1666
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Jean-Philippe Blondel lus par Vaux Livres


Laurent RIVELAYGUE

Olivier TALLEC

Les Quiquoi et l'étrange maison qui n'en finit pas de grandir
Actes Sud

120 | 32 pages | 13-07-2015 | 12€

en stock

Olive l’artiste a décidé de dessiner une maison. Et à quoi sert une maison si ce n’est pour rentrer dedans et la visiter. Alors voici Olive, sa bande de joyeux lurons et surtout de ses armes hyper-puissantes, sa gomme et son crayon et sa bande, partis dans une grande aventure pleine de dangers et de découvertes ! Frais, original, joyeux et hilarant.

Fiche #1658
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Laurent Rivelaygue lus par Vaux Livres

Les titres de Olivier Tallec lus par Vaux Livres


Jeanne BENAMEUR

Otages intimes
Actes Sud

119 | 195 pages | 06-07-2015 | 18.8€

Etienne est photographe de guerre, un homme parmi d'autres. C'est lui et c'est nous. Et Jeanne Benameur a le don de placer dès les trois premières lignes le lecteur aux côtés d'Etienne. Immédiatement, les liens se tissent avec Etienne qui a toujours été au plus près du feu, du danger et cette fois, il s'est retrouvé prisonnier. Otage. Longtemps. Alors lorsqu'il est libéré, le gouffre de la vie l'étourdit et il part naturellement retrouver les lieux de son enfance, petit village sauvage perdu au milieu d'une campagne boisée, « Ouvrir les paupières. Retrouver le jour. Comme tout le monde ». Renouer avec l'image du passé dont il se souvient, sa mère et les deux petits égarés qu'elle avait accueillis, Enzo le taiseux, Jofranka la petite devenue avocate au tribunal de La Haye. Il estime alors que sa reconstruction passe par son enfance, mais ne risque-t-il pas de découvrir que l'on demeure aussi otage de notre enfance ? Jeanne Benameur réussit parfaitement à toucher tout autant l'intime que l'universel. Elle expose Etienne et en même temps elle nous incite à la réflexion, à l'interrogation et à l'introspection. Comme dans tout bon film, les personnages secondaires prennent une place importante et contribuent à renforcer la densité évidente au texte. Elle nous parle de prison, de captivité, de confinement, de peur, de silence et évidemment de liberté. Nous avons tous une partie de nous prise en otage, laquelle ? Qui est l'oppresseur ? Pourquoi et comment l'acceptons-nous ? Elle décrypte tranquillement la complexité de l'Homme, et sans aucune description, fait ressentir l'extrême violence de la guerre, de l'enfermement. Et pour cela elle joue avec les mots, la ponctuation, délivre les flots tendus de pensée d'Etienne, maîtrise le rythme et emmène le lecteur sur le chemin de l'espérance.

« Parce qu'elle est bien là, la différence entre corps et chair. Les corps peuvent bien retourner à la liberté. La chair, elle, qui la délivre ? Il n'y a que la parole pour ça. »

« Oh Etienne non l'enfance et le monde ne se rejoignent pas. Et personne n'y peut rien. On peut juste faire en sorte que vivre soit encore possible. Malgré tout. Avec les mots. C'est pauvre, les mots. Mais c'est tout ce qu'on a. »

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Fiche #1651
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Jeanne Benameur lus par Vaux Livres


Jonas KARLSSON

La facture
Actes Sud

118 | 190 pages | 22-06-2015 | 17€

Le bonheur a un prix, vous ne le saviez pas ? Le héros de « La Facture » le découvre à ses dépens lorsqu'il reçoit la facture d'une certaine société WRD qui a évalué son indice BV, Bonheur Vécu. Surpris du montant exorbitant, lui qui considère sa vie bien éloignée de cette évaluation : « Vous prétendez que je dois payer pour ma belle vie, mais en fait j'ai eu une vie de merde ». C 'est ainsi que le héros passera en revue sa vie tout en dialoguant avec une femme énigmatique de la WRD ne désespérant pas de négocier à la baisse ses dettes. Une réflexion originale sur la notion de bonheur tant espéré et attendu : « Vous comprenez, nous considérons la vie plutôt comme une pièce de musique classique. Il ne suffit pas d'aligner le plus de tambours et de trompettes pour gagner. Encore faut-il une bonne composition, sinon ça ne vaut rien... ».

Ecouter la lecture de la première page de "La facture "

Fiche #1646
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Rémi Cassaigne


Amy Michael HOMES

Puissions-nous être pardonnés
Actes Sud

117 | 590 pages | 08-06-2015 | 24€

George et Harry, le narrateur, sont deux frères radicalement différents. George est chef d'industrie, hâbleur, beau parleur, dragueur, sûr de lui alors que Harry est réservé, timide, et partage une vie retirée et bien réglée avec sa femme. Jusqu'à ce qu'un épisode tragique provoqué par George vienne bouleverser leurs vies et leurs places dans la société. George se retrouve en prison et Harry le remplace. Harry découvre une nouvelle vie sans abandonner son sentiment de culpabilité et le peu d'estime qu'il s'accorde, il appréhende les événements qui lui arrivent tout en ne les maîtrisant absolument pas. Ils s'enchaînent dans un tourbillon et il semble les subir dans une marche parfois hésitante vers son destin. Et pourtant, ces événements l'éveillent à une autre forme de vie avec point constant sa passion pour Nixon et ce livre qu'il espère enfin achever, chacun son rêve… Un roman fleuve intense et haletant sur la difficulté d'être humain et sur la reconstruction, rien que ça !

« Je sanglote, je gémis, je pleure et fort, profondément, comme on ne pleure qu'une fois dans sa vie ; je mugis. La chienne vient vers moi, me lèche le visage, les oreilles, essaie de me faire cesser, mais je ne peux pas, je ne fais que commencer. J'ai l'impression que je vais pleurer comme ça pendant des années – regardez ce que j'ai fait. Et, nom de Dieu de merde, je ne suis même pas alcoolique, je ne suis rien, je ne suis qu'un type, un vrai pékin moyen – et c'est probablement le pire dans cette histoire, savoir que je ne suis en rien spécial ou exceptionnel. »

« Ce qui est choquant, c'est que tout le monde dise qu'il est tombé amoureux de son enfant dès l'instant où il a vu le jour, ce qui est choquant, c'est que personne n'ait l'honnêteté de dire à quel point c'est dur. Alors – est-ce que je suis surprise qu'une femme ait noyé ses enfants avant de se flinguer ? Non. Je trouve ça triste ; je regrette que personne n'ait remarqué qu'elle ne s'en sortait pas, je regrette qu'elle n'ait pas demandé de l 'aide. Ce qui me choque, c'est que nous soyons tous si seuls. »

Ecouter la lecture de la première page de "Puissions-nous être pardonnés"

Fiche #1641
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Yoann Gentric


Kenneth CALHOUN

Lune noire
Actes Sud

116 | 320 pages | 03-05-2015 | 22€

en stock

Un roman apocalyptique qui prend sa source dans l’insomnie ! Les hommes ne dorment plus, deviennent des espèces de zombies, sans envie, sans mémoire, déconnectés. La folie guette et même le langage se délite. Seule la rencontre avec l’un des rares et derniers humains accédant encore au sommeil semble les « réveiller » en les mettant dans une rage profonde et dangereuse. Le monde s’effondre et semble voué à une disparition prochaine et Kenneth Calhoun nous propose de suivre avec angoisse les quelques aventuriers épargnés par le fléau sur lesquels repose la survie de notre monde. Un roman à ne pas lire avant de s’endormir !

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Lune noire"

Fiche #1633
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Alain Defossé


Kaoutar HARCHI

L'ampleur du saccage
Actes Sud

115 | 120 pages | 16-03-2015 | 15.3€

Arezki est bien seul dans sa tour. Il a été élevé par un chauffeur routier Si Larbi et ne sait que peu de choses sur son passé et ses origines, Si Larbi conservant le silence. Dans la solitude, il regarde de loin les femmes et elles continuent d’habiter ses rêves. Jusqu’au jour où, au détour d’une ruelle, il commet l’irréparable. Il ne fuit pas, se laisse prendre, avoue et se retrouve au fond d’une cellule de prison. Quelques années, plus tard, le directeur de la prison lui-même l’aide à s’évader et il se retrouve aux côtés d’un des matons pour un retour en Algérie sur les traces de son passé. Mais les trois autres personnages sont aussi du voyage, voyage vers leur enfance, vers une rédemption impossible mais aussi vers un passé terrifiant où ils ont pris part au drame originel, impardonnable. Kaoutar Harchi, sans jugement péremptoire, nous parle sans détour et avec puissance de solitude, de famille, d’inceste, d’oppression sexuelle et de frustrations, de violence et d’amour, de l’Algérie et de l’exil, dans une tragédie aussi antique que contemporaine. Noir, âpre et puissant.

"Car les gens ne croient plus en la vérité, mais seulement en la fiction, en l’invention d’un malheur qu’ils disent exagéré, faux, alors qu’il est le leur, le nôtre."

Ecouter la lecture de la première page de "L'ampleur du saccage"

Fiche #1600
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Kaoutar Harchi lus par Vaux Livres


Antoine DOLE

Le baiser du mammouth
Actes Sud

114 | 80 pages | 16-03-2015 | 6.9€

Arthur a une amoureuse. Pour la vie, il en est certain. C'est Fiona, la meilleure amie de sa soeur. Seul souci : elle a six ans de plus que lui ! Pourra-t-il compter sur sa soeur, ses parents pour pouvoir déclarer sa flamme et passer du temps avec sa belle amoureuse, rien n'est moins sûr ! Frais et joyeux !

Fiche #1603
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Antoine Dole lus par Vaux Livres


Olivier TALLEC

Qui Quoi Où
Actes sud

113 | 04-02-2015 | 12.5€

Un très bel album qui propose aux plus petits des énigmes à résoudre, les questions sont simples, les indices singuliers, c’est frais, original, les petits personnages sont sympathiques et ont de bonnes bouilles. Drôle, ludique et éducatif, n’en jetez plus, pour développer le sens de l’observation des minots.

Fiche #1586
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Olivier Tallec lus par Vaux Livres


Charlotte ERLIH

Highline
Actes sud

112 | 92 pages | 19-01-2015 | 9.8€

en stock

Avec Mouss, ils ont décidé que c’était pour ce soir. Le grand soir. Ils ont réussi à tendre, sans se faire repérer, la fameuse sangle (slackline), sur laquelle ils ont déjà passé beaucoup de temps, entre le balcon de Mouss et la Fugue, le bâtiment d’en face. Cent mètres au-dessus du sol. Ils sont prêts, tous les deux, funambules entraînés, mais un seul fera le voyage, un aller simple, sans retour, quels que soient les évènements. Tirage au sort, le hasard, pour une vie, un frisson, cinq minutes tendues et inoubliables. Mouss perd et voit son camarade faire les premiers pas sur l’élastique. Le corps est prêt, entraîné, souple et relâché, les bras écartés, balance maîtrisé, équilibre parfait. Il l’a déjà fait mais sans les cent mètres de vide sous lui. Mais la tête est-elle prête ? Il compte, regarde ni derrière, ni en bas, seulement devant. Combien reste-t-il de pas ? Doit-il suivre ce merle qui le regarde, interdit, depuis le bout de l’élastique. Puis il commence de réfléchir, au passé, au présent, au futur… Le temps se gâte, le vent se lève, les premières gouttes effleurent l’élastique. Arrivera-t-il à franchir les derniers mètres ? Que lui restera-t-il de cette épopée périlleuse ? Un texte tendu et maîtrisé.

Ecouter la lecture de la première page de "Highline"

Fiche #1575
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Charlotte Erlih lus par Vaux Livres


Kamel DAOUD

Meursault, contre-enquête
Actes Sud

111 | 156 pages | 12-01-2015 | 7.3€

Moussa mort, Meursault continua de vivre. C’est Haroun qui nous le dit. Haroun est le frère de l’Arabe, de Moussa, il n’existe qu’à travers ce frère disparu et est demeuré auprès de leur mère après l’assassinat de Moussa par Meursault. Haroun est vieux maintenant mais toujours en colère et il raconte à quelqu’un dans un café cette histoire mais aussi l’histoire de l’Algérie d’hier où la mer, la lumière et le soleil restent essentiels. Ce récit à clés avec évidemment l’ombre de Camus omniprésente nous parle aussi du rôle pesant de la mère mais est également un réquisitoire contre la guerre et son absurdité : vous pouvez tuer un homme et être considéré comme un héros et une heure plus tard comme un traître, l’instant et le lieu décident ! Le récit oscille entre fiction autonome, dialogue avec Camus, réponse à Camus. Une vraie aventure littéraire dangereuse mais parfaitement maîtrisée, qui enquête sur le meurtre de Moussa, sur Camus mais surtout sur l’Algérie d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Ne nous reste plus qu’à relire L’Etranger !

Ecouter la lecture de la première page de "Meursault, contre-enquête"

Fiche #1571
Thème(s) : Littérature étrangère


Olivier TALLEC

Louis 1er Roi des moutons
Actes Sud

110 | 20-09-2014 | 15.8€

Louis est un mouton comme les autres lorsque qu'une couronne emportée par le vent tombe à ses pieds, euh pardon, à ses pattes. Il l'essaye, elle lui va à merveille. Il se dresse sur ses pattes arrières, prend un bâton comme sceptre et s'auto-désigne Roi des Moutons ! Mais le pouvoir a des effets rapides, l'ivresse du pouvoir touche les meilleurs et Louis se laisse griser... Jusqu'au prochain coup de vent qui désignera le prochain roi ! A méditer...

Fiche #1519
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Olivier Tallec lus par Vaux Livres


Alice FERNEY

Le règne du vivant
Actes Sud

109 | 206 pages | 24-08-2014 | 19€

Gérald Asmussen, caméraman, nous raconte « le règne du vivant ». Il monte à bord de l’Arrowhead qui part pour sa septième campagne arctique avec à son bord une poignée de militants soudés et décidés à s’opposer farouchement à la pêche illégale. Magnus Wallace, Don Quichotte moderne (ressemblant furieusement à Paul Watson) dirige avec peu de moyens mais beaucoup d’efficacité cette nouvelle mission. Gérald Asmussen se retrouve totalement impliqué dans cette lutte, et confronté au drame d’un homme qu’il admire, au drame des « océans sans loi », au drame des « eaux vivantes », au drame des espèces vivantes et évidemment des hommes ! Il filme, se pose en témoin mais choisit d’écrire : « Avant de consigner par écrit cette histoire, je l’ai filmée, close et tragique : les patiences et les attentes, les longs appareillages, la peine et l’ennui, la quête et le découragement, la bataille et la victoire, le danger, la peur et la chute… Je serai dans mes phrases, je choisirai chaque mot, tandis que les films ne capturent que le fait visible et le présent. Je remonterai le cours des choses, je révélerai les corruptions, les infamies. J’éclairerai la prédation du monde, l’arrogance et la cruauté des hommes, leur insatiable cupidité. » Il retrace le destin de Magnus Wallace amoureux depuis toujours de la nature et insoumis, engagé pour la vie (« Il y a quinze ans, je suis entré en dissidence. J’ai cessé de respecter la propriété plutôt que la vie ! »). Gérald Asmussen partage avec l’équipe la vie à bord, leurs espoirs, les rencontres avec les pilleurs, les négociations, les violences, la mort des baleines… L’époque de Moby Dick est bien loin, la lutte est définitivement inégale aujourd’hui, la place de l’homme a bien changé, et sa prédation totale. Magnus Wallace demeure constamment attentif, combatif, radical, déterminé et jamais fatigué, il ne craint personne, ne doit rien à personne et prône la désobéissance. Il ira jusqu’au bout de sa lutte, il dérange les puissants et bouscule le système, ils n’hésiteront pas, ce terroriste comme ils se plaisent à le qualifier les gêne... Vibrant et émouvant hommage à un Héros, à l’engagement, à la vie, à la mer et à la nature.

« Parce que dans ce moment de notre civilisation, le profit est devenu plus précieux que la vie. Nous ne l’avouons jamais, nous faisons mine de l’ignorer, nous professons le contraire, mais toutes les décisions de nos gouvernants en témoignent. »

« L’homme est une sale bête autant qu’une bête sale. »

« Exhiber ces clichés n’est pas indécent, c’est obligatoire. »

« L’homme est le seul prédateur qui ne prévient pas de ses intentions. »

« Celui qui se perd dans sa passion est moins perdu que celui qui perd sa passion. »

Ecouter la lecture de la première page de "Le règne du vivant"

Fiche #1502
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Alice Ferney lus par Vaux Livres


Kaoutar HARCHI

A l'origine notre père obscur
Actes Sud

108 | 165 pages | 10-08-2014 | 17.8€

La Mère et sa petite ont rejoint la maison des femmes. Cette maison fermée accueille les femmes que les hommes (maris, frères et pères) bannissent et contraignent à l’isolement. Une maison de femmes rejetées où règnent malgré le désespoir commun jalousie, hypocrisie, rumeurs et rivalités… La petite se retrouve au milieu de cette communauté de souffrance vivant encore dans l’ombre du mari, du frère, du beau-frère… continuant d’espérer en leur venue une libération prochaine. Elle devient le témoin de la passivité de ce groupe, elle observe les corps, son corps, les âmes et courageuse, elle se révolte parfois sans comprendre la « forme de complaisance à être enfermée, à être punie sans réelle raison, dans leur chair, dans leur âme, à être humiliée de la sorte… » Pourtant elle prend un soin extrême de la Mère. Un jour, l’une est la Mère, le lendemain c’est l’autre. Parfois elles ne sont qu’une, parfois elles se repoussent et s’éloignent l'une de l'autre. La petite lui voue un amour sans faille mais lucide. D’une volonté inouïe et courageuse, elle saura forcer les portes de la maison et affronter frontalement les traditions, le groupe, la famille, le passé pour entrevoir les lumières de la vie et de la liberté mais en sera évidemment profondément et définitivement marquée. Un texte prenant et bouleversant qui traite avec justesse du poids des traditions, du passé et de la famille comme des dérives des sociétés patriarcales auxquelles participent aussi nombre de femmes. Une écriture dépouillée et travaillée au service d’un récit tendu, intense, oppressant, tragique, et surtout questionnant.

« Celles qui, vous savez, maintiennent vivante la tradition avec un tel engagement, une telle fougue, qu’on les croirait être des hommes. »

Ecouter la lecture de la première page de "A l'origine notre père obscur"

Fiche #1491
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Kaoutar Harchi lus par Vaux Livres


In Koli Jean BOFANE

Congo Inc.
Actes Sud

107 | 300 pages | 29-07-2014 | 22€

Isookanga est un Pygmée, enfin presque, trop grand en effet pour les Pygmées et trop petit pour les Congolais de la Capitale ! Il vit dans la forêt pétri des traditions mais a découvert Internet et les possibilités offertes par la mondialisation. Il décide de partir à Kinshasa pour faire fortune. Il devient mondialiste et va devenir riche, aucun doute là-dessus ! Mi enfant mi adulte, il est accueilli par les enfants de Kinshasa. Il s’associe à un jeune Chinois exilé et désespéré pour vendre de l’eau potable et aura l’Idée géniale permettant d’accroître leurs ventes. Une multitude de personnages accompagne ces aventures dressant un portrait réaliste de l’état du Congo pillé par tous malgré ses richesses immenses. Le but premier de chacun demeure l’enrichissement personnel : se servir même si tout doit être détruit, sans état d’âme, sans limite, ignorant l’humain. In Koli Jean Bofane n’épargne personne dans ce conte drôle et effrayant (voire désespéré) balançant en permanence entre humour caustique et horreur.

Ecouter la lecture de la première page de "Congo Inc."

Fiche #1484
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de In Koli Jean Bofane lus par Vaux Livres


Edward KELSEY MOORE

Les Suprêmes
Actes Sud

106 | 320 pages | 30-06-2014 | 22.8€

Elles sont trois. Trois afro-américaines unies et complices depuis leur enfance, elles ne se sont jamais vraiment quittées. Très différentes, elles s’acceptent telles qu’elles sont (« Entre Suprêmes, nous nous traitions avec beaucoup de délicatesse. Nous fermions les yeux sur les défauts des autres et faisions preuve de prévenance, même quand cela n’était pas mérité. ») et admirent chacune certains traits, certaines capités des autres. Une amitié indéfectible qui résistera aux temps, aux épreuves de la vie dans une Amérique ségrégationniste. La cinquantaine, elles sont à tournant de leur vie dans une petite ville de l’Indiana et le roman revient sur leur passé et leurs expériences. On les appelle « les Suprêmes » en référence au célèbre groupe de chanteuses des seventies : la tornade et l’intrépide Odette née dans un sycomore, la mesurée Clarice qui supporte tout de son mari volage et la bombe sexuelle Barbara Jean sur laquelle le temps n’a pas de prise. Une chronique vivifiante qui aborde tous les sujets, les croyances, la famille, l’amitié, l’amour, le mariage, la maladie, le racisme et la ségrégation, mais toujours avec un ton enlevé. Touchant et attachant.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Les Suprêmes"

Fiche #1472
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Cloé Tralci


Aki SHIMAZAKI

Yamabuki
Actes Sud

105 | 138 pages | 01-06-2014 | 13.8€

Pour le dernier volume du cycle romanesque ouvert avec Mitsuba en 2006, nous retrouvons Tsuyoshi Toda et sa femme Aïko à la fin de leurs vies. Cinquante-six ans de vie commune après un coup de foudre dans un train. Elle lui a été autant dévouée que lui à son entreprise Goshima. Ils profitent maintenant de la retraite avec sérénité, bonheur et amour. Attentionnés l’un envers l’autre, Aïko revient sur le long chemin qu’ils ont parcouru ensemble, main dans la main, sur le temps qui passe mais sans oublier un présent que de petits gestes, des regards, des observations communes éblouissent. Une plongée dans l’intime avec tact, retenue et tendresse avec l’écriture inimitable de Shimazaki.

Ecouter la lecture de la première page de "Yamabuki"

Fiche #1462
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Aki Shimazaki lus par Vaux Livres


Charlotte ERLIH

20 pieds sous terre
Actes sud

104 | 208 pages | 12-05-2014 | 14.8€

en stock

Une nuit terrible pour la famille de Manon réveillée par la police qui leur annonce la mort de Théo électrocuté sur les rails du métro. Accident, aucun doute, affaire classée. Sauf pour Manon, qui, connaissant la prudence de son frère, décide de mener sa propre enquête. Elle, si discrète, effacée, presque absente, part seule à la rencontre de son frère : « Il y a une semaine, elle croyait savoir qui était son frère. Chaque jour passé depuis n’a fait qu’épaissir le mystère. » Elle découvre un tout autre frère. Elle ignorait son homosexualité et surtout sa passion pour le graff. Et pour découvrir la vérité, Manon devra aller à la rencontre des graffeurs et de leurs bandes rivales adeptes d’une vie totale, extrême, violente, débordante de dangers et d’adrénaline, à la recherche de l’exploit, de l’art et de la compétition mais aussi de liberté : « Si tu veux vraiment vivre, faut être prêt à mourir. Sinon, tu végètes comme les automates qu’on voit partout à Paname, avec leurs tafs de merde, leurs apparts Ikea tous pareils, leurs lifes bien réglées, leurs bitures minables du week-end, leurs caméras de surveillance… » Un roman vif et prenant autour de l’enquête d’une jeune fille réservée mais volontaire qui vaincra ses peurs pour arriver à la vérité et une immersion singulière dans le monde du graff, une belle confirmation après Bacha Posh.

Ecouter la lecture de la première page de "20 pieds sous terre"

Fiche #1454
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Charlotte Erlih lus par Vaux Livres


Javier CERCAS

Les lois de la frontière
Actes Sud

103 | 350 pages | 09-03-2014 | 23€

Quelques années après la chute de Franco, à Gérone, un adolescent de la classe moyenne qui rencontre quelques soucis au lycée croise dans une salle de jeu Zarco et Tere une fille qui l’accompagne partout. Attiré par les deux et amoureux de Tere, Ignacio franchit la frontière, passe du côté de ceux qui n’ont rien, rien à perdre, frontière de quartiers, frontière sociale, frontière vis-à-vis de la légalité et frontière vis-à-vis de la liberté. Petits larcins puis braquage, Ignacio participe à tout. Puis Zarco est arrêté et prend la direction la prison. Zarco étant devenu une légende, un romancier est chargé de raconter cette histoire, recueille les témoignages et retrace le parcours chaotique de Zarco. Trois témoins apportent des points de vue différents à cette aventure : Ignacio est devenu un brillant avocat et vingt ans plus tard assurera la défense de son ancien compagnon, le commissaire de police qui a arrêté Zarco et le directeur de la prison. Au milieu de tous ces fils emmêlés, l’écrivain et le lecteur tenteront de faire émerger la vérité. Mais n’y en a-t-il qu’une ? Javier Cercas apprécie le doute, laisser la réflexion se construire et mettre à mal les certitudes, soulève questions et interrogations sans jamais asséner ses vérités, parle de rencontres, d’enchaînements d’événements, d’incertitude et de culpabilité. Un roman dense qui se dévore !

« Si on ne comprend pas qu’il y a des choses plus importantes que la vérité, on ne comprend pas combien la vérité est importante »

« Voyez-vous, j’ai toujours entendu dire que dans les relations entre les gens, la première impression est celle qui compte. Il me semble que ce n’est pas vrai : il me semble que la première impression est la seule qui compte ; tout le reste n’est qu’ajouts qui ne modifient en rien l’essentiel. »

« … un livre est comme un miroir, et que ce n’est pas le lecteur qui lit les livres mais les livres qui lisent le lecteur… »

Ecouter la lecture de la première page de "Les lois de la frontière"

Fiche #1422
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Elisabeth Beyer


Jo WITEK

Un jour j'irai chercher mon prince en skate
Actes Sud

102 | 128 pages | 24-01-2014 | 12.5€

« En plus je m’appelle Frédérique. C’est vraiment pathétique. ». Frédérique se croit évidemment différente, « nous sommes nombreuses à être des "trop" ou des "pas assez". ». Fred se moque de l’apparence, ne se maquille pas, ne sait pas danser, style garçon manqué, elle a une passion : le skate. Pourtant, sans vraiment se l’avouer, elle ne désespère pas de trouver le prince charmant, elle aussi aimerait découvrir l’amour. Jo Witek explore avec justesse et humour l’âge où les jeunes filles se cherchent, se construisent, éprouvent les premiers émois amoureux et les recherchent alors que boutons et appareils dentaires font traîtreusement leur apparition. Elle n’oublie pas le rôle et parfois le poids de la famille (même si, ici, ce n’est pas n’importe quelle famille). Un roman vif, drôle et optimiste qui incite chaque ado à croire en lui, à s’accepter, à savoir forcer le destin si nécessaire et enfin à laisser les complexes au bord de la piste !

Ecouter la lecture de la première page de "Un jour j'irai chercher mon prince en skate"

Fiche #1399
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Jo Witek lus par Vaux Livres


Lyonel TROUILLOT

Parabole du failli
Actes Sud

101 | 188 pages | 12-01-2014 | 20€

Pedro aimait les mots, les mots des autres, la poésie. Il aimait les partager, les faire voler, passer. Il était joyeux, fou, sans limite. Il regardait chaque personne, chacun trouvait sa place à ses côtés, il prenait les devants. Mais il est mort, il s’est envolé et l’un de ses deux amis écrit une longue lettre d’amour. Dans cet hommage, il revient sur son parcours au cœur d’Haïti où la vie est si trépidante, ardue, exubérante, violente et si terriblement humaine. Pourquoi la poésie ne l’a-t-il pas sauvé ? Où se situe la rupture ? Toujours aussi vif et sensible !

« C’est toujours sur le dos des autres qu’on développe des amitiés. »

« La mort ne commence rien, à part ce sentiment de perte qui habite nos insomnies. »

« Nul n’échappe au pouvoir de la détestation. Il y a toujours quelqu’un pour détester quelqu’un. »

« Tu t’en foutais pas mal des genres, des conventions qui font les esclaves. »

« Quand on publie un texte de son vivant, je suppose que c’est comme une lettre de demande, un appel au secours. On s’imagine qu’un lecteur, une lectrice, répondra à l’appel. Mais des textes posthumes ne peuvent plus rien pour leur auteur. Ils renvoient les lecteurs à leur aveuglement, à tout ce qu’ils n’ont pas pu saisir. »

Ecouter la lecture de la première page de "Parabole du failli"

Fiche #1391
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Lyonel Trouillot lus par Vaux Livres


Loïc MERLE

L'esprit de l'ivresse
Actes Sud

100 | 287 pages | 16-09-2013 | 21.5€

Un soir, une banlieue. Youssef Chalaoui, fatigué, rentre chez lui. Ils sont encore là. Les policiers surveillent, contrôlent, en espérant encore en leur pouvoir. C’est la fois de trop. Bavure. Youssef tombe, il est mort. Embrasement local puis national. Loïc Merle en suivant trois personnages principaux ancrés dans leur solitude, Youssef, Clara égérie combative et féministe des évènements, et le président Henri Dumont fuyant, décrit les espoirs et peurs, les rêves et compromissions mais aussi l’inéluctable. Ivresse du pouvoir, ivresse du groupe, ivresse du chaos, ivresse de la colère, ivresse de la liberté, que d’ivresses depuis toujours avec au bout la révolte individuelle ou collective, « Une seule nuit peut changer votre vie ». Un premier roman ambitieux, dense composé de phrases de grande amplitude, sans paragraphe et au vocabulaire riche.

Premier roman

« … on se trouvait dans les rues des Iris aux noms de communistes morts, de villes normandes, de poètes, le communisme manquait toujours, et les pommiers, et la poésie. Dans cette réalité tronquée des noms d’avenues, de bâtiments, mieux valait dormir… et rêver de voyages possibles, accessibles, en charter… et éviter du regard ces noms qui leur faisaient sentir la France, sa domination sans partage, qui s’alliaient aux Voix pour les provoquer : Etrangers étrangères, étrangers pauvres étrangers… »

Ecouter la lecture de la première page de "L'esprit de l'ivresse"

Fiche #1359
Thème(s) : Littérature française


Nancy HUSTON

Danse noire
Actes sud

99 | 21 pages | 15-09-2013 | 21€

Milo est en train de mourir sur un lit d’hôpital avec, à ses côtés, son ami Paul Schwarz. Réalisateur new-yorkais d’origine argentine, Paul lui parle de son projet de film narrant la vie de Milo, ce qui a fait sa vie, ses fondements, sa généalogie. Nancy Huston excelle pour passer d’un continent à l’autre, remonter le temps et une généalogie heurtée et multiple, dévoiler les liens cachés et l’héritage familial assumé ou non, disséquer le quotidien de l’exil qui « ramène de force à l’enfance » et témoigner de la violence qui accompagne nos vies. Sur le rythme de la capoeira, elle nous entraîne cette fois à Montréal, à Dublin, en passant par Rio en suivant les lignes brisées d’une chaîne familiale. Une nouvelle fresque d’ampleur dont le rythme est hélas parfois rompu par les longs paragraphes en Anglais (voire en Joual) traduits en bas de page.

Ecouter la lecture de la première page de "Danse noire"

Fiche #1356
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Nancy Huston lus par Vaux Livres


Claudie GALLAY

Une part de ciel
Actes Sud

98 | 448 pages | 08-09-2013 | 22€

Alors que l’hiver approche, Carole est de retour dans sa vallée natale, au cœur de la Vanoise ("Je suis née ici, d'un ventre et de ce lieu."). Son père lui a promis de la rejoindre, elle, son frère et sa soeur. Elle a quitté le village de longue date alors que son frère et sa soeur sont restés. Elle craint légèrement ces retrouvailles, les liens se sont effrités, eux sont restés soudés, ont accepté le passé, pourra-t-elle retrouver sa place dans la fratrie ? Mais, cette fois, elle a le temps, elle attendra son père, comme auparavant sa mère l’a tant fait. Claudie Gallay établit tranquillement, sereinement, l’atmosphère au coeur de ce village à l’ancienne. Les personnages sont simples mais cabossés, toujours si humains. Tous conservent une part de rêve, lueur d’espoir et béquille d’existences souvent rudes. Dans ces villages, dans ces familles, les secrets perdurent et Carole mettra à profit cette pause pour parler, revenir sur le passé, notamment sur l’incendie de leur maison qui les a tous éprouvés pour repartir grandie et apaisée. Claudie Gallay avec un style direct et sec et de nombreux dialogues, nous enchante encore avec ce beau roman, ses personnages attachants, et comme Christo dont Carole traduit une biographie, elle sait dévoiler quand il le faut, les non-dits, les secrets et la vérité de ses personnages.

« Ici, comme ailleurs, c’est l’ennui qui fait devenir salaud. »

« Les pères sont les failles des filles. »

« La vie, on ne la refait pas. On fait des choix et on laisse des choses. »

« Tu te souviens trop, Carole, il faut te dépolluer de tout ça. »

Ecouter la lecture de la première page de "Une part de ciel"

Fiche #1353
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Claudie Gallay lus par Vaux Livres


Valentine GOBY

Kinderzimmer
Actes Sud

97 | 222 pages | 14-08-2013 | 20€

Longtemps après. Longtemps après, Suzanne Langlois parcourt les établissements scolaires pour raconter, témoigner. La question presque anodine d’une jeune élève la bouscule. Mi-avril 1944, elle partit pour Ravensbrück dont elle ignorait tout, comme cette jeune fille aujourd’hui. Kinderzimmer témoigne du départ de Mila, ni emblème de la résistance ni prisonnière politique, avec d’autres femmes depuis Romainville. Elles savent qu’elles ne seront pas fusillées comme les hommes mais déportées vers Ravensbrück. Mila ignorait également qu’elle ne partait pas seule, elle était enceinte. Rencontre d’un soir avec un résistant blessé, elle qui codait des messages au cœur de partitions. Quatre cents femmes débarquent au milieu des hurlements des Allemands et des chiens dans ce camp où plus de quarante mille femmes vivent. Le camp a sa propre langue et Mila doit vite apprendre. Rapidement, la vie du camp vient à elle, mais c’est une autre vie, « Une guerre dans la guerre », d’autres gestes, d’autres regards : « Le camp est une régression vers le rien, le néant, tout est à réapprendre, tout est à oublier ». Le camp n’est pas hors du temps et de l’espace, le camp est dans le monde, dans la vie malgré l’omniprésence de la mort et la puissante horreur du quotidien. Les corps, leurs formes, leurs états, sont révélateurs, chacune voit son propre corps dans le corps de l’autre, de sa voisine, de la prochaine morte, de la prochaine condamnée… Chaque geste est primordial, une lutte pour la vie, pour continuer d’y croire (« … ne pas mourir avant la mort. »), sans nécessairement en prendre conscience : « N’empêche, rien ne change, vous êtes debout. ». Comme partout, l’entraide et la solidarité demeurent salvatrices, une petite attention (« De vraies humaines vivent encore ici. »), et la vie repart, mais jusqu’à quand ? Mila saisira que son cas n’est pas isolé et qu’au sein du camp, une Kinderzimmer accueille les enfants nés à Ravensbrück, la vie et la mort côte à côte. Mila découvre son corps et s’interroge sur cette naissance. Elle et ses amies s’accrochent à ce petit bout de chair qui a déjà tant lutté dans le ventre de Mila et qui continue aussitôt l’accouchement de lutter pour sa vie. Mila et les autres mères se soutiennent, combattent pour ne pas perdre, ne pas abandonner, jamais. Mais la guerre fut longue, très longue. Un livre éprouvant, grave et émouvant, qui en maîtrisant parfaitement le lien entre fiction et histoire, grave dans le marbre « l’instant présent » vécu par des personnages simples qui ont aussi écrit l’Histoire.

« Qu’on ne dise pas à Mila que rien ne vaut la vie. »

« Tous les jours tu fais ton choix : tu continues ou tu arrêtes. Tu vis, tu meurs. »

« La vie est une croyance. »

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Fiche #1342
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Valentine Goby lus par Vaux Livres


Jean-Philippe BLONDEL

Double jeu
Actes Sud

96 | 140 pages | 11-08-2013 | 13€

en stock

Quentin a passé une année catastrophique dans son ancien établissement. Seule issue, quitter Saint Ex et ses copains, changer de lycée et se retrouver au lycée Clémenceau. L’accueil est glacial, il n’appartient pas au même quartier, au même monde et chacun garde ses distances. Les profs, les élèves. Néanmoins, une prof, La Fernandez est différente. Elle sait écouter et « sent » sa classe. Il la provoque. Elle résiste. Elle le provoque. Il résiste. Passionnée de théâtre, elle monte cette année une pièce de Tennessee Williams, le personnage principal dégage de nombreux points communs avec Quentin. Elle le voit bien dans ce rôle, mais il doute et hésite : « Je sentis que ma vie prenait un tournant – j’avais peur de ce que j’allais perdre et, encore plus, de ce que j’allais gagner. ». Elle saura faire sauter les verrous, « Me donner des conseils, me houspiller, m’appeler Silber, me casser, faire naître en moi de la fierté. » et ouvrir les portes d’une nouvelle existence à Quentin. Un face-à-face émouvant et avec toujours autant d’humanité et de compréhension du monde des ados, ce nouveau roman de J-P Blondel se dévore !

« C’est comme ça, par ici. On se débrouille. On fait vivre une économie parallèle puisque l’économie principale nous laisse sur le bas-côté. »

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Fiche #1339
Thème(s) : Jeunesse Littérature française

Les titres de Jean-Philippe Blondel lus par Vaux Livres


Valeria LUISELLI

Des êtres sans gravité
Actes Sud

95 | 185 pages | 09-07-2013 | 19.8€

A Mexico, quand son époux et ses enfants lui laissent le temps, une jeune femme écrit. Elle revient sur son passé, sur une autre vie à New-York, un autre monde, une jeunesse révolue. Elle travaillait alors pour un éditeur et chaque jour voyait une nouvelle rencontre avec des personnes toutes plus surprenantes les unes des autres. Le récit oscille entre présent et passé, jusqu’au mélange, jusqu’à la folie, « Tout est fiction… », même la vie qu’elle invente au poète Owen. Un roman singulier, Valeria Luiselli réussit parfaitement à surprendre son lecteur aussi bien par son écriture que par les méandres qu’elle l’incite à emprunter.

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Fiche #1322
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Claude Bleton


Pia PETERSEN

Un écrivain, un vrai
Actes Sud

94 | 220 pages | 27-06-2013 | 20€

Le souffle médiatique est puissant et étouffant et Gary Montaigu va l’apprendre à ses dépens. Au sommet de son art, cet auteur populaire reconnu de tous vient d’obtenir le prestigieux et estimé Booker Prize. Pourtant la célébrité aveugle, et il accepte de participer à une émission de téléréalité « Un écrivain, un vrai ». Les caméras s’installent à son domicile et filment sans discontinuité, rien ne leur échappe, sa femme, attirée par les lumières étoilées, est aux anges… Peu à peu, l’extérieur s’installe, exprime son avis. Son écriture devient prisonnière, sa liberté disparaît, les téléspectateurs interviennent, guident, font pression, une écriture participative s’élabore. L’écrivain résiste, plie, la toile est en effet tissée, un contrat signé ne peut être rompu, sa femme véritable araignée venimeuse et le producteur veillent. Mais reste-t-on écrivain en acceptant de devenir star et en répondant aux exigences de tout un chacun, star également, nécessairement ! Gary saura-t-il s’échapper, briser la toile et retrouver une liberté perdue ? Pia Petersen continue l’œil pétillant de titiller le lecteur avec un ton aussi réfléchi que grinçant et moqueur.

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Fiche #1316
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Pia Petersen lus par Vaux Livres


Murray BAIL

La traversée
Actes Sud

93 | 196 pages | 02-06-2013 | 20€

Frank Delage entame une longue traversée, retour de l’Ancien Monde vers le Nouveau. Australien il est venu en effet présenté son piano révolutionnaire en Europe. Le récit mêle le bilan de ce voyage initiatique d’un homme introverti et ses réflexions que ce retour lui évoque accompagné d’Elisabeth, la seule avec sa mère qui a accordé quelques échos à son invention.

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Fiche #1310
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Patrick Repousseau


Olivia PROFIZI

Les exigences
Actes sud

92 | 175 pages | 28-04-2013 | 18€

Rachel aime un homme, plus que tout, plus qu’elle-même certainement. Elle accepte tout, absolument tout, sans aucune retenue, même la violence et la perversité les plus ultimes. Domestiquée sexuellement, elle est devenue sa chose. Et puis un jour, elle dit stop mais se méprise et tente d’en finir. Elle se retrouve dans une clinique et revient alors sur son expérience et sur le cheminement qui l’a amenée à ce statut d’esclave. Elle évite toute facilité et n’endosse pas le rôle de victime, elle n’a pas seulement subi, loin de là, elle reconnaît en effet sa responsabilité et son acceptation dans cette relation univoque et dans ces violences. Et seule cette lucidité lui permettra tant d’en l’analyse de cette relation consentie que dans la revisite de son enfance, d’éloigner la dépression qui la mine et commencer une seconde vie.

Premier roman

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Fiche #1286
Thème(s) : Littérature française


Jo WITEK

Rêves en noir
Actes Sud

91 | 272 pages | 23-04-2013 | 14.5€

en stock

Jill est en pleine adolescence, à 16 ans, suite à une tumeur apparue plus tôt, elle est aveugle. Son père s’occupe tendrement d’elle mais elle voudrait tant être comme les autres, faire tout comme les autres, être regardée comme les autres… Même après avoir rejoint l’Institut National des Jeunes Aveugles à Paris et s’être jointe à une bande de copains soudée et dévouée, elle continue d’agir singulièrement pour une jeune aveugle. Lors de l’une de ses escapades, elle assiste à une agression et bouleversée, elle s’aperçoit qu’elle rêve maintenant en couleur (« La deuxième nuit, la lumière apparut. Elle se tut. La troisième, les couleurs. Elle s'inquiéta en silence. La quatrième, les contrastes. Elle se mit à espérer. Au petit matin de la cinquième nuit, Jill retrouva le sourire. Elle voyait en dormant. Pour la première fois depuis des années d'obscurité totale, elle distinguait les images, des couleurs et même la lumière du jour. C'était inouï, inespéré, troublant. ») puis que ses rêves puisent leurs substances dans la réalité. Interdite, elle s’interroge, mais lorsqu’elle rencontre le jeune Louis qu’elle a vu en danger dans l’un de ses rêves, elle n’hésite pas ! Elle doit l’aider et lance sa bande de copains à sa recherche. Un long voyage haletant dans les rêves et dans la réalité qui lui permettra peut-être de ressentir autrement sa cécité et le regard des autres. Le récit est rythmé, les thèmes intéressants et atypiques, et les personnages attachants, que demander de plus ?

« C’est fou d’ailleurs comme les regards faisaient du bruit quand on savait les écouter. »

« Ralentir ou poursuivre ? Seul, sans guide. Courir aveugle et sourde aux dangers. Il y en avait forcément. Tant pis il fallait les accepter… Mais qui pouvait regarder le soleil sans se brûler les yeux ? Il suffisait de le sentir pour être heureuse. Se laisser inonder de sa lumière, de sa chaleur, de son énergie et dire oui à la vie. »

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Fiche #1282
Thème(s) : Jeunesse Littérature française Polar/Thriller/Noir

Les titres de Jo Witek lus par Vaux Livres


Charlotte ERLIH

Bacha Posh
Actes sud

90 | 185 pages | 23-04-2013 | 14.5€

En Afghanistan, « Bash posh » désigne des jeunes filles déguisées en garçon qui donnent le changent à l’extérieur de l’antre familial. Sans descendance masculine, les familles risquent en effet l’opprobre et préfèrent déguiser ainsi l’une de leurs filles, du moins jusqu’à la puberté. Elles ont alors une vie de garçons, partagent le quotidien d’autres garçons, de leur père, l’extérieur leur étant accessible. Puis, le jour de leurs premières règles, tout change. Retour à la maison, à sa place, avec le voile… Charlotte Erlih suit les traces de Farrukh et/ou de Farrukhzad. Elle (ou il) est barreur dans un équipage d’avirons. Ses camarades dans ce groupe amical et soudé ignorent qu’à leur tête se trouve une jeune fille. Ils ambitionnent une participation aux JO et se donnent corps et âme à ce projet. Pourtant, Farrukh va devoir redevenir Farrukzhad et après avoir goûté à l’amitié, à l’entraide, à l’effort partagé, à une certaine liberté mais aussi à l’attention de son père, pourra-t-elle accepter de replonger dans un monde de servitude ? Un superbe roman qui expose le poids des religions, de la famille et des traditions sur des jeunes filles qui ne souhaitent qu’apprendre, découvrir, et vivre !

"C'est avec ce livre (ndlr Un amour de Swann) que j'ai compris que toutes les blessures du coeur, même les plus profondes, finissent par se recoudre, murmure-t-il. Il faut juste du temps. Becucoup de temps parfois. Mais ça passe."

"C'est précisément par ce que tu vas être enfermée qu'il est primordial que tu aies ton jardin intérieur. Celui-là, personne ne pourra t'empêcher de t'y promener. Toi seule en aura les clés."

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Fiche #1283
Thème(s) : Jeunesse Littérature française

Les titres de Charlotte Erlih lus par Vaux Livres


Alice FERNEY

Cherchez la femme
Actes Sud

89 | 550 pages | 01-04-2013 | 23.5€

Alice Ferney propose au lecteur de monter dans un manège, montagne russe qu’est la vie de couple. On pense y monter à deux, un long parcours chaotique, où certains, s’ils n’ont pas refusé auparavant de prendre place, peuvent souhaiter descendre avant la destination. L’histoire de couples (deux couples de deux générations successives), de leur naissance où chacun arrive avec son vécu, son enfance, ses parents et leurs empreintes indélébiles, son origine sociale, ses différences, à leur épanouissement, mais aussi à leur usure voire à leur déchirure, aimer ne suffisant pas parfois pour vivre et vieillir ensemble. Alice Ferney montre qu’un couple passe aussi par la découverte de l’autre et dissèque les différents états des couples, entre épanouissement et enfermement, les déséquilibres, petits égoïsmes et autres jalousies, les illusions, les extases, leur complexité mais aussi et peut-être surtout l’implication évidente ou non du passé personnel ou commun. Une plongée dans l’intime toujours aussi passionnante.

« … preuve s’il en faut que le mariage unit deux familles et deux styles, et qu’on le traverse non pas en tête à tête mais en lignée, non pas à deux mais à six. »

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Fiche #1278
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Alice Ferney lus par Vaux Livres


Jeanne BENAMEUR

Profanes
Actes Sud

88 | 277 pages | 06-02-2013 | 20€

A quatre-vingt-dix ans, Octave Lassalle, ancien chirurgien, ne répare plus les cœurs depuis longtemps. Il vit seul dans sa maison avec toujours le désir de vivre (« C’est l’arrêt du désir qui fait le nid à tout ce qui crève. Plus d’élan, plus de vie. Et moi je veux vivre. Pas en attendant. Pleinement. »). Sa vie a continué après la mort de sa fille même si ses circonstances l’interrogent encore, la vieillesse l’a rattrapé, les questions aussi. Pour préparer ses dernières années, Octave réunit quatre personnes, trois femmes et un homme, il partage son temps, se frotte à d’autres vies, d’autres avis, quatre destins accompagnés de blessures bien évidemment, mais une foi partagée en l’homme et en la vie intacte, loin de toute religion. Ces cinq voix humbles, qui continuent de tenter de vivre, de douter et de se questionner, toujours respectueuses de l’Autre entretiennent et attisent le vif de la Vie, elles se mêlent, s’écoutent, s’éloignent, se rejoignent, se répondent. Un livre apaisant, lumineux et superbement humain.

« Il est ce profane. Ils sont ces profanes. Au cœur de chacune de leurs vie, le temple. Vif. Le seul sacré qu’il connaisse. Cette vie qui vibre et échappe à chaque pas. »

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Fiche #1240
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Jeanne Benameur lus par Vaux Livres


Hervé DECCA

404 not found
Actes Sud

87 | 298 pages | 06-01-2013 | 20€

En 2005 (cela ne vous rappelle-t-il pas quelque chose ?), à Villeneuve-Saint-Maur, si proche et pourtant si éloigné de Paris, « De la tour, les enfants contemplaient l’école. Et de l’école, ils contemplaient la tour. » La tour Presov et le lycée Ravel représentent pour beaucoup leur seul univers et lorsque Déborah disparaît, fugue ou disparition criminelle, les flics s’installent dans le quartier ! Arénas mène l’enquête tout en préparant son concours de commissaire. La jeune Lila veut coûte que coûte s’en sortir, laisser la tour derrière elle, elle semble en avoir les capacités et la volonté suffisante mais son frère Hicham veille… L’enquête sous forme de témoignage sociologique et réaliste ouvre les portes d’une banlieue triste, isolée et désespérée, de ses établissements scolaires et des enseignants parfois désabusés.

Premier roman

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Fiche #1214
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir


Maaza MENGISTE

Sous le regard du lion
Actes Sud

86 | 368 pages | 05-11-2012 | 23.7€

Hailu est chirurgien à l’hôpital d’Addis-Abeba. Sa femme est très malade mais il continue de croire et d’espérer en sa guérison. Ils ont deux fils, Youna enseigne l’histoire à l’université et est père d’une petite fille tandis que Dawit, étudiant en droit, rêve d’un monde libre et juste pour tous. Mais, 1974 marque un tournant dans l’histoire de l’Ethiopie qui vit alors le début d’une longue révolution, Hailé Sélassié est renversé (« Notre empereur a bâti le mythe de ce pays sur le sang de ceux qui étaient trop épuisés pour faire entendre leur propre vérité. ») et les militaires prennent le pouvoir. Certains peuvent espérer un instant demeurer en retrait, mais les évènements contraignent tous, y compris la famille d’Hailu, à réagir, à prendre parti, impérativement. La violence les rattrape, un à un. Fidélité à ses principes, engagement, courage, lâcheté, trahison, chacun devra trancher. Cette fresque historique décrit les réactions de cette famille comme d’une multitude d’autres personnages, anonymes ou non, capables du pire comme du meilleur. Ce premier roman tout en retenue et d’un style fluide dresse le portrait d'une Ethiopie moderne, pays marqué par la religion, épuisé par les famines, ravagé par les guerres, sans répit, jusqu’à l’épuisement. Maaza Mengiste sans jamais prendre parti ni juger dépeint également la complexité des sentiments, l’instant crucial où un choix définitif fait basculer d’un côté ou l’autre et replace l’humain au centre de l’histoire de l’Ethiopie.

Premier roman

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Fiche #1202
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Céline Schwaller


Laurent GAUDÉ

Pour seul cortège
Actes Sud

85 | 190 pages | 01-10-2012 | 18€

Dans ce roman polyphonique et épique qui enchaîne les scénettes en mêlant l’intime à l’Histoire, Laurent Gaudé décrit les derniers jours d’un colosse qui tremble et s’affaisse. A Babylone, un mal inconnu ronge Alexandre. Alors que l’homme conserve son envie de vivre et de combattre intacte, le mal progresse irrémédiablement. Inquiétudes, craintes et compassion chez certains, premiers indices de la guerre de succession pour d’autres, l’empire doit survivre mais qui en prendra la tête... Convulsions d’un homme, convulsions de l’empire. Comme d’habitude, le style et l’écriture sont parfaits, la construction étudiée, Laurent Gaudé excelle dans la tragédie, les portraits, Alexandre, Driptéis complétés ici par le portrait d’un empire, sa naissance, son extension, son apogée puis son déclin.

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Fiche #1191
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Laurent Gaudé lus par Vaux Livres


Alex CAPUS

Léon et Louise
Actes Sud

84 | 315 pages | 09-09-2012 | 22.5€

Le roman s’ouvre dans la cathédrale Notre-Dame de Paris. Une famille attend le prêtre pour célébrer l’enterrement du grand-père pourtant loin d’être un catholique fervent… C’est alors qu’une petite dame s’approche du cercueil et pose un baiser furtif sur le front du défunt, geste inattendu et dérangeant qui déclenche l’intérêt de l’un de ses petits-fils. Alex Capus nous fait alors découvrir la vie de son grand-père et de ce couple à partir de leur première rencontre au moment de la première guerre mondiale et pendant les quarante années qui suivirent. Ils se rencontreront, la guerre les séparera, ils vivront chacun leurs vies sans jamais oublier cette rencontre et se retrouveront plusieurs fois bien plus tard. Un émouvant et vivant roman d’amour d’un couple qui traverse le temps et les péripéties du XXe.

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Fiche #1185
Thème(s) : Littérature étrangère


Metin ARDITI

Prince d'orchestre
Actes Sud

83 | 375 pages | 18-08-2012 | 21.8€

Alexis Kandilis est au sommet de son art. Chef d’orchestre célèbre, connu et reconnu de tous, il domine son art. L’homme est élégant, sûr de lui et de son art (« un jeune homme grec formé à Genève, qui semblait réunir en lui la beauté d’Apollon, une précision helvétique et le charme de l’Orient »), assez méprisant, il excelle dans son domaine mais reste assez antipathique. Papillonne autour de lui une cour d’admirateurs plus ou moins intéressés tandis qu’il est persuadé de poursuivre sa carrière et d’obtenir le B16 ou la direction pour les neuf symphonies de Beethoven, dernière consécration. Pourtant dès les premières pages, le lecteur ressent une faille que sa maîtrise, l’amour de son art, sa passion pour la musique laissent malgré tout transparaître, sans compter que le leitmotiv des Kindertotenlieder de Gustav Mahler lui rappelle sans pitié le secret qu’il escompte oublier. Lors de rencontres autour du jeu (poker puis roulette), il entrevoit que la gente fortunée n’a finalement que peu de considérations pour son art. Puis, lors d’une répétition, un incident relayé par la presse, déclenche une série d’évènements catastrophiques, les cicatrices lâchent... Son monde se brouille, les admirateurs d’antan s’éloignent. Il espère rebondir encore avec une idée singulière concernant la direction d’orchestre, ultime tentative, et il s’interdit l’échec… La petite musique de Metin Arditi et son orchestration sont toujours aussi parfaitement maîtrisées : l’art, l’aléatoire qui peut engendrer aussi bien le sublime que l’horreur parfaite et enfin la fragilité humaine, un trio exaltant au cœur de ce formidable roman.

« Regarder la bille. La regarder et la regarder encore. La suivre dans tous ses aléas, pour enfin comprendre et accepter. »

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Fiche #1175
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Metin Arditi lus par Vaux Livres


Jérôme FERRARI

Le sermon de la chute de Rome
Actes Sud

82 | 208 pages | 10-08-2012 | 19€

« Le démiurge n’est pas le Dieu créateur. Il ne sait même pas qu’il construit un monde, il fait une œuvre d’homme, pierre après pierre, et bientôt sa création lui échappe et le dépasse et s’il ne la détruit pas, c’est elle qui le détruit. » et l’échelle de ce monde varie selon ses auteurs. Un petit village corse se meurt gentiment lorsque deux de ses enfants, étudiants en philosophie, décide de reprendre le débit de boisson qui va à vau-l’eau depuis quelques années. Ils sont unis par une amitié indéfectible, portent ce projet et s’y consacrent sans retenue aucune. A la surprise de tous, le commerce prend son essor et beaucoup du village et d’ailleurs viennent y prendre part et apportent leur pierre à l’édifice maintenant soutenu par une équipe entretenant ce rêve collectif. Jérôme Ferrari dresse ainsi le portrait de ce microcosme en le recadrant naturellement dans une perspective beaucoup plus large puisque mythologique ! L’écriture est précise, le roman ample, les personnages puissants, la tragédie saisissante, à découvrir « sur-le-champ » !

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Fiche #1166
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Jérôme Ferrari lus par Vaux Livres


Aki SHIMAZAKI

Tsukushi
Actes Sud

81 | 140 pages | 23-06-2012 | 14.5€

Aki Shimazaki continue son deuxième cycle romanesque avec ce quatrième volume. On retrouve Mitsuba et sa mère Yûko, narratrice de ce roman. Yûko est la femme de Takashi Sumida, fils unique d’une grande et riche famille. Il est et a toujours été un mari attentionné et attentif au bonheur de sa femme. Pourtant, lorsque sa femme découvre par hasard dans un tiroir de sa table de nuit une boîte d’allumettes joliment décorée d’une image de tsukushi qu’elle juge « artistique et érotique », cette image l’obsède immédiatement et l'incite à un retour dans son passé, vers son premier amour. Mais elle est également loin de se douter que ses relations maritales en seront bouleversées et qu'elle découvrira qu'un autre homme se cachait derrière son époux, des secrets profonds et intimes jusqu’alors ignorés qui remettront en question des règles de vie communes qu’elle croyait partagées. Aki Shimazaki continue avec succès, sensibilité et esthétisme d’explorer de front les secrets intimes, leur puissance et impact, et la culture, les moeurs et l’histoire japonaises.

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Fiche #1145
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Aki Shimazaki lus par Vaux Livres


Fernando TRIAS DE BES

Encre
Actes Sud

80 | 172 pages | 11-06-2012 | 18€

En 1900 à Mayence, capitale du monde des livres, Johann Walbach tient la librairie « L’Encre ». Sa femme rejoint tous les mardis son amant, soumise, elle ne peut résister à l’attraction que cet homme suscite : « La réponse résidait dans la peau de l’amant. Ses pores contenaient de minuscules et invisibles traces de ce liquide noir qui génère tant de passions. Ce mélange dense et obscur au pouvoir illimité. De l’encre. ». Johann aussi amoureux des livres et de leur encre meurt de jalousie. Décidé à éliminer l’amant, sa femme lui conseille plutôt de trouver la raison de cet écart et la libérer. Il décide de trouver la solution dans sa librairie : « Toutes les passions sont ici. Toutes les réponses, toutes les raisons. Peut-être même qu’ici se trouve la raison de notre infortune. ». Cinq années à lire, à chercher, à voyager entre les lignes. Il sera aidé par un mathématicien qui cherche une solution à l’injustice, par un imprimeur également en quête du Livre et par un correcteur. Dans chaque livre, ils espèrent trouver une phrase, un mot qui les éclairera sur leur infortune. Les regrouper, les ordonner pour constituer le Livre imprimé dans une encre singulière. Un texte étonnant, poétique, philosophique, superbe hommage à la lecture, aux mots, aux livres où chacun peut, en y accordant le temps nécessaire, trouver ce qu’il cherche au détour d’une phrase, d’un chapitre, d’un changement de page...

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Fiche #1135
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Delphine Valentin


Shaughnessy BISHOP-STALL

Mille petites falaises
Actes Sud

79 | 335 pages | 17-05-2012 | 22.5€

Mason est écrivain, il a publié quelques textes ou poésies et est en train d’écrire un roman, Le Roman ! Il prend continuellement des notes entre deux lignes de coke, deux verres d’alcool fort. Univers à la Bukowski, univers noir et désespéré. Seul Chaz un ami totalement dévoué dans sa vie, mais aussi dans sa chute, est à ses côtés. En sus de la coke, il lui offre même une camionnette singulière pour vendre des hot-dogs au coin de sa rue. Un client apprenant ses capacités d’écriture, lui demande de rédiger une lettre d’amour. En réalité, cette lettre sera sa lettre d’adieu après son suicide. Mason croit avoir trouver le filon pour purger ses dettes, il passe une annonce proposant d’écrire la dernière lettre des futurs suicidés. Les personnages tous plus désespérés ou fous (« On est tous fous. Ca veut dire qu’on est vivants. ») les uns que les autres viennent à sa rencontre. Souvent ému par ces personnages cassés par la vie, Mason va au devant de son destin qui passera aussi bien par la terreur extrême que par un amour bouleversant.

Premier roman

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Fiche #1126
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Pierre Girard


Wilfried N'SONDÉ

Fleur de béton
Actes Sud

78 | 215 pages | 25-04-2012 | 18€

Rosa Maria est encore lycéenne. D’origine sicilienne, elle vit dans la cité des 6000, cosmopolite à souhaits avec sa famille. Son père est au chômage depuis peu et le supporte mal, sa grande sœur pour aider la famille a quitté l’école et est devenue caissière, sa mère s’occupe du foyer et de sa dernière petite sœur. Le présent est gris mais Rosa Maria, née dans cet univers bétonné, rêve de soleil, de sable, de mer et d’amour. Depuis toujours, elle aime le beau Jason, beau gosse que toutes les filles admirent en cachette, « playboy des halls d’immeubles, mais elle, c’est différent, un jour, il la regardera, elle en est certaine. Pourtant, la cité tremble et gronde. C’est d’abord son frère, figure emblématique et respectée qui est retrouvé mort dans un coin sombre de la cité sans qu’aucun coupable ne soit identifié. Puis la police décide d’interdire une soirée et la révolte éclate, les évènements s’enchaînent, irrémédiablement, le passé et le présent s’entrechoquent, la rage retenue explose. Entre violence et innocence, rêve et oppression du présent, Wilfried N’Sondé et son écriture chantante au travers d'une famille représentative au quotidien fragile et décrit la réalité branlante d'une cité et nous offre un roman puissant, sans manichéisme ni misérabilisme, vibrant d’émotion, quelque peu désespéré mais hélas si réaliste et contemporain.

Ecouter la lecture de la première page de "Fleur de béton"

Fiche #1117
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Wilfried N'Sondé lus par Vaux Livres


Lydie ARICKX

Charles PERRAULT

Le petit chaperon rouge
Actes Sud

77 | 09-04-2012 | 13.7€

Un superbe petit album de la version intégrale du conte de Charles Perrault.                                

Fiche #1092
Thème(s) : Jeunesse


Raphaël JERUSALMY

Sauver Mozart, le journal d'Otto J. Steiner
Actes Sud

76 | 90 pages | 23-02-2012 | 17.1€

Le journal d’Otto J. Steiner s’étend sur la période de juillet 1939 à août 1940. Otto est un patient d’un sanatorium autrichien. Peu de visites, un fils disparu, la musique comme unique compagne, Otto est un expert, critique musical et son ami Hans vient encore régulièrement requérir son aide, ses avis. Les Nazis apprécient la musique, concerts, accompagnements de défilés ou autres manifestations et Otto les croise de loin, lui, « le poids mort » aux origines troublesJe ne suis ni juif, ni non-juif. ») qui regrette que la musique se range derrière ce pouvoir autoritaire. La peur atteint même les chambres, le docteur dirigeant l’établissement doit parfois donner des gages au pouvoir… Mais que faire depuis ce lieu contre Hitler et son pouvoir ? Chaque année, le Festspiele est organisé, les plus grandes huiles sont là, la programmation musicale et son interprétation ne souffriraient d’approximation. Otto ne manquera pas l’occasion et l'histoire aurait pu basculer, il s'en fallut de peu ! Et puis, un jour, les militaires occupent l’établissement. Soigner les malades n’est plus une priorité. Comme partout en Europe, le quotidien des malades devient oppressant, risqué, oppressant et Otto saura sereinement en rendre compte et participer à sa mesure à la résistance. En mêlant musique et maladie, Raphaël Jerusalmy offre une description singulière et maîtrisée non sans humour des premières années du nazisme en terre autrichienne.

« Nous sommes tous esclaves des mots »

« Les instruments devraient se taire. Les ténors, les violonistes. Ne pas être complices de tout ça. Par pudeur. »

Ecouter la lecture de la première page de "Sauver Mozart, le journal d'Otto J. Steiner"

Fiche #1079
Thème(s) : Littérature française


Cécile LADJALI

Aral
Actes Sud

75 | 252 pages | 21-01-2012 | 19.2€

Cécile Ladjali nous emporte pour un douloureux voyage vers le Kazakhstan à la rencontre d’Alexeï et Zena. Alexeï se souvient de leurs enfances, ils sont nés au bord de la mer d’Aral qui continue de s’assécher alors que le jeune garçon devient sourd. La catastrophe écologique est accrue par une usine d’armes dont les rejets ont de lourdes conséquences sur la santé des enfants notamment. La mer disparaît, se tait et Alexeï malgré son handicap se noie dans l’apprentissage du violoncelle, seul instrument qui lui permet de sentir et resentir la musique, puis dans la création musicale. Zena, jeune femme belle et indépendante, étudie l’écologie, et partira chercher son bonheur en Europe. Seul, isolé, Alexeï, dans son pays austère et malmené, se questionne sur ses origines alors qu’il voit ses trois amours, sa femme, la mer et la musique s’éloigner douloureusement. Portrait âpre d’un homme terriblement isolé, coupé d’un monde malade et hostile que seule la composition et la quête de la huitième note sauvent.

« Ouïr, c’est obéir, adhérer à un commandement. Je n’entends pas donc je n’obéis pas. Je fais ce que je veux de moi et des autres. La musique crée le monde et le musicien avec lui. Mon corps sort du ventre de bois, l’instrument m’accouche, me rend à la vie. Avant, dans le silence, j’étais mort. A présent, sur la portée, je vibre et je sens. »

Ecouter la lecture de la première page de "Aral"

Fiche #1060
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Cécile Ladjali lus par Vaux Livres


Olivier BRUNHES

La nuit du chien
Actes Sud

74 | 240 pages | 12-01-2012 | 19.1€

Tobias est devenu subitement « Dog » une nuit à l’âge de onze ans, seul, dans la montagne enneigée, face à un chien menaçant. Cette nuit terrible et fondatrice marquera-t-elle à jamais son destin ? La vie toujours continue néanmoins, il grandit. La vie bouscule, heurte, chaotique et violente. Aucun attendrissement, cette brute ! Les rencontres malaxent sa vie, elles l’orientent ou la désorientent : Les Vieux aussi sages que fous du village qui le prennent sous leur protection, sa tutrice attentionnée Martine toujours présente à ses côtés, Marco son peu recommandable et dangereux compagnon de cellule... Le gouffre semble profond et puissant. Il l’appelle, l’aspire, Dog y plonge sans retenue, sans maîtrise mais saura-t-il en ressortir, prendre en main sa vie et « choisir la clarté » ? Rien n’est tout noir, tout blanc, rien n’est définitif, l’humanité est partout, Olivier Bruhnes en a pris le parti dans cette « Nuit du Chien ».

Article paru dans la Revue Page des Libraires (janvier 2011)

Ecouter la lecture de la première page de "La nuit du chien"

Fiche #1056
Thème(s) : Littérature française


Nele NEUHAUS

Flétrissure
Actes Sud

73 | 362 pages | 19-09-2011 | 22.9€

Un vieil homme de quatre-vingt-douze ans vient de mourir. Assassiné, aucune indice d’effraction. Une inscription 16145 a été écrite avec le sang de la victime sur les lieux du crime. On découvre sur le corps de David Josua Goldberg pourtant juif un tatouage identifiant les anciens membres de la SS. Le commissaire von Bodenstein épaulé par l’inspectrice Pia se lance dans une enquête longue, touffue, périlleuse, parfois dérangeante. Le couple est brillant mais les meurtres de personnes âgées s’enchaînent avec le même mystère. Une grande famille francfortoise est rapidement placée au centre de l’enquête mais le silence étouffe ses membres, le poids de la famille inhibe toute sortie d’indices. Famille, passé familial et histoire de l’Allemagne ne font plus qu’un et il leur sera difficile de démêler les fils. La narration alterne entre les principaux acteurs imprimant un rythme rapide à l’enquête qui s’équilibre efficacement entre préoccupation historique et familiale.

« Il avait dû faire tout ça pour protéger la famille ! La famille était le bien suprême, c’était le credo de sa mère. »

Fiche #1028
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Jacqueline Chambon


Jean-Philippe BLONDEL

Brise glace
Actes Sud

72 | 110 pages | 19-09-2011 | 13€

en stock

Depuis qu'Aurélien est arrivé dans son nouveau lycée, il demeure isolé. Ni railleries, ni méchancetés, simplement il est à l’écart. Il évite le contact, le dialogue, réagit quand on l’interpelle, très souvent à propos, mais rien de plus. Le lecteur ressent immédiatement une fêlure, une faille, un malaise : « Après tout, je peux bien faire une entorse à mon anormalité ». Aurélien préfère passer inaperçu, « Je n’avais qu’un but dans la vie : ressemble au papier neutre d’une pièce anonyme… » mais peut-être : « On ne peut pas passer sa vie à se fondre ». Quel(s) évènement(s), quelle(s) rencontre(s) pourront lui permettre de revenir à une vie plus souriante, plus entourée ? Qui le sortira de son hibernation ? Qui brisera la glace ? Un ami ? Les mots ? Jean-Philippe Blondel offre un nouveau texte débordant d’émotions sur la vie, la mort, l’amitié, les mots et la poésie, l’attention à l’autre, l’adolescence.

Fiche #1029
Thème(s) : Jeunesse Littérature française

Les titres de Jean-Philippe Blondel lus par Vaux Livres


Régine DETAMBEL

Son corps extrême
Actes Sud

71 | 152 pages | 17-08-2011 | 17.3€

Suite à un accident de la route certainement suicidaire, Alice, la cinquantaine, se retrouve immobilisée sur un lit d’hôpital. Cassée, son corps a été malmené, ce corps si souvent oublié, négligé et pourtant si prégnant et indispensable. Dans ces instants, corps et pensée se rejoignent, s’entraident, se repoussent, s’épient. Les souvenirs surgissent, sont ressassés, peuvent soulager ou éprouver et accroître la peine. Les moments de solitude, de repos et de réflexion s’enchaînent avec les séances de rééducation. Le corps est palpé, bousculé, malmené, elle l'écoute, l'analyse, l'observe, le dissèque. Les descriptions pointilleuses et précises de Régine Detambel fondent le lecteur dans le corps d'Alice. Le lieu prend aussi toute sa place dans cette renaissance. Des êtres différents s’installent dans cet espace, des sportifs confirmés, des inactifs, des riches, des pauvres, chacun de nous peut s’y retrouver du jour au lendemain. Ils cohabiteront, s’épauleront, s’écouteront quelque soient leurs sentiments. Chacun épie ses propres progrès comme les progrès de ses voisins. Des amitiés sans lendemain se nouent, avec les corps au centre des préoccupations, un long chemin vers une guérison. Ces deux longues années éprouvantes pour Alice la reconstruiront, la libèreront de son corps et de son passé sans pourtant succomber à l’oubli : « Voilà son rêve est arrivé, son rêve a été exaucé : pouvoir repartir de zéro, avec une ardoise nette, changer de forme, disparaître et resurgir plus tard en étant quelqu’un d’autre ». Par une prose travaillée, précise, souvent envoûtante, évitant tout pathos, Régine Detambel éblouit le lecteur avec cette renaissance et le plonge au plus profond des corps et des âmes.

« Pourquoi s’attache-t-on à ces choses là, qui nous détruisent, sous prétexte que c’est notre histoire ? »

« Toute la vérité, on n’en sait rien, on peut seulement en donner des petits bouts, des bribes. Pas toute. Elle va donc mettre des souvenirs vrais sur les faux jusqu’à ce que les faux en crèvent ! Mais les vrais sont-ils vraiment vrais ? Et les faux sont-ils vraiment tout à fait falsifiés ? Qui peut dire ce qu’on est, juste avec sa mémoire, ce serait trop facile. »

« Lorsqu’on veut comprendre quelque chose de sa propre vie, il faut en parler avec le premier venu. Nul besoin d’un esprit particulièrement pénétrant, l’illumination viendra en parlant. »

Fiche #1010
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Régine Detambel lus par Vaux Livres


Metin ARDITI

Le Turquetto
Actes Sud

70 | 287 pages | 16-08-2011 | 19.8€

Le petit Elie Soriano n’a pas connu sa mère, il vit avec son père et Arsinée sa compagne qui vendent des esclaves. La famille juive vit à Constantinople aux environs de 1520, en terre musulmane. Elie peint, dessine, littéralement habité par la passion de représenter ce qui est formellement interdit par sa religion. Mais il persévère et se rapproche également de Djelal Baba musulman fabricant d'encres (sacrées) et calligraphe. Il ne sait faire que ça, et s’en satisfait pleinement au grand désespoir de son père et d’Arsinée. A la mort de son père, il émigre à Venise, la ville des peintres, devient alors Ilas Troyanos, et se dit converti à l’église grecque, franchissant ainsi la dernière passerelle entre les trois religions monothéistes. Il apprend au côté du grand maître, Titien, progresse vers la perfection. Ilas Troyanos maintenant surnommé le Turquetto éblouit rapidement les amateurs d’art et les religieux : « Mais chacun s’accordait à dire que ses tableaux provoquaient des émotions choisies, qui donnaient envie de silence. Que de tous les peintres de la ville, il était le plus grand. Supérieur à Titien et au Véronais. Et qu’il était le seul à avoir réussi la fusion miraculeuse du disegno et du colorito, de la précision florentine et de la douceur vénitienne ». Les commandes de toiles, de fresques, s’enchaînent, ascension rapide, le Turquetto en oublierait quasiment son histoire, mais le passé même à cette époque et surtout parmi les ambitieux ne peut demeurer éternellement tu… et le Turquetto ou plutôt Elie se dévoilera au grand jour dans une toile confessionnelle. De l’histoire picaresque d’un tableau, Metin Arditi tire le portrait coloré et attachant d’un peintre de la Renaissance que seul l’art intéresse. Le roman est rythmé, vivant, intrigant, empreint de suspense et étayé par de superbes portraits dans le Bazar de Constantinople, d’une description des querelles de pouvoir, des ambitions, de la puissance des religions, des relations entre l’art et le pouvoir. De nombreux thèmes abordés avec réalisme et simplicité parcourent donc cette fresque éblouissante.

Sélection Prix Page des Libraires 2011

Fiche #1008
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Metin Arditi lus par Vaux Livres


Lyonel TROUILLOT

La belle amour humaine
Actes Sud

69 | 174 pages | 16-08-2011 | 17.3€

Anaïse et Thomas se partagent la narration de ce voyage qu’Anaïse qui vit en Europe effectue à Haïti. Elle vient sur les traces de son père mort quand elle était petite et Thomas jeune autochtone sera son guide particulièrement disert. Elle et sa mère ne connaissent que le nom d’un village et elle a décidé de s’y rendre. Son grand-père aidé de son complice « le Colonel » se sont comportés ici en despotes, en tyrans, elle ne saura rien des vraies raisons de leur mort, la solidarité et le silence l'emporteront. Sa remontée vers le passé justifie une série de portraits de personnages haut en couleur, des hommes et des femmes vivant de peu mais avec une lumière, une intensité peu communes. Anaïse cherche à comprendre, à savoir mais Thomas la prévient : « … c’est qu’ils souhaitent que tu comprennes que peu de choses méritent qu’on en saisisse les origines, les pourquoi et les conséquences. Qu’il est des faits sans importance qui ne valent pas de bavardage, et d’autres dont les causes sont d’une telle profondeur qu’elles échappent à toute analyse et qu’il convient pour être heureux de les laisser à leur mystère. », la vraie question n’est-elle pas plutôt « Ai-je fait un bel usage de ma présence au monde ? ». Pourtant Anaïse poursuivra son chemin sur les traces de son passé préférant peut-être d’abord se trouver, atteindre une forme de sérénité, puis donner un sens à sa vie. Un flamboyant conte philosophique coloré et odorant qui explore avec une écriture belle et riche le hasard des destinées et le rapport à l’autre.

« La mort demeure pour le vivant la plus banale des occurrences, la seule qui soit inévitable. La mort ne nous appartient pas, puisqu’elle nous précède. Mais la vie… »

Fiche #1009
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Lyonel Trouillot lus par Vaux Livres


Caroline LUNOIR

La faute de goût
Actes Sud

68 | 116 pages | 31-07-2011 | 16.3€

Mathilde après plusieurs années revient passer l’été dans la maison familiale. La famille au grand complet s’y donne rendez-vous tous les étés excepté les quelques absents habituels ou occasionnels. Cette année, son mari Alexandre et ses parents ne seront pas de la fête. Grand-père, grand-mère et ses quatre sœurs et les autres l'attendent de pied ferme autour de la piscine fraîchement construite. Mathilde d’un œil quelque peu détaché mais pas totalement déconnecté observe le ballet de cette grande famille bien occupée à entretenir ses coutumes : elle pense ou espère qu’« en dehors de ces quelques gouttes de sang que nous partageons et de cette maison, érigées en symbole et transmises à chacun comme partie de notre identité, rien ne nous réunirait. ». Pourtant même vis-à-vis du couple gérant le domaine, Rosana et Antonio, cette dualité transparaît. Immersion totale au sein de la haute bourgeoisie et ses petites préoccupations, son mode de vie bien particulier, bien loin du monde et de l’histoire : « L’Histoire de ma petite vie est de ne pas en avoir. J’échappe à la marche du monde, qui ne m’a pas happée. »

Premier roman

Fiche #994
Thème(s) : Littérature française


Véronique BIZOT

Un avenir
Actes Sud

67 | 105 pages | 27-07-2011 | 15.3€

« Un avenir » rappelle qu’une maison est souvent emblématique d’une famille. Des six enfants, seul Odd réside dans la maison familiale. Il s’éloigne pour un temps indéterminé et demande à son frère Paul de passer vérifier l’état d’un lavabo. Cette maison aussi grande que triste submerge naturellement Paul d’une multitude de souvenirs, souvent tristes ou noirs. Un patchwork d’évènements retrace la destinée de cette famille nombreuse. Image après image, Paul ressent une certaine culpabilité face à son frère jumeau qui, en endossant seul le poids du bâtiment et de la famille, a compromis sa réussite. Ils l’ont délaissé, en décidant d'ignorer les conséquences mais peut-être est-il encore temps de se racheter et de lui venir en aide ?

Fiche #990
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Véronique Bizot lus par Vaux Livres


Anthony PASTOR

Petit Pierre le pirate
Actes Sud

66 | 39 pages | 16-05-2011 | 8.2€

Venez rencontrer Petit Pierre le pirate, intrépide, sans peur ou presque, accompagné du fidèle Pépin perroquet attentif et joyeux sur bateau voguant dans les mers du Sud. Première lecture.

Fiche #952
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Anthony Pastor lus par Vaux Livres


Siri HUSTVEDT

Un été sans les hommes
Actes Sud

65 | 216 pages | 09-05-2011 | 18.3€

« Un été sans les hommes » confronte le lecteur à quatre générations de femmes en suivant leurs destins de l’adolescence à la vieillesse et la mort. Les personnages sont marquants, souvent fragiles, et les sentiments et caractéristiques de chaque âge sont dépeints avec justesse comme leur évolution au cours du temps. Mia, la narratrice, 55 ans, a sombré dans la folie lorsque son mari lui a proposé de faire une parenthèse dans leur vie de couple, pause due à une belle et jeune collègue française qu’elle surnommera d’ailleurs « La Pause ». Internée, elle se retrouva au milieu de lourds cas psychiatriques qu’elle quittera pour sa région natale, le Minnesota, où elle tente depuis de se reconstruire en revivant sa vie de petite fille, de jeune femme, de femme et de poète. Elle retrouve sa mère qui vit dans une résidence entourée de veuves joyeuses (les Cygnes), pleines de vie et d’humour sans pourtant oublier que la fin approche. Elle se lie d’amitié avec sa jeune voisine, mère délaissée et brisée par son mari hurleur. Elle anime enfin un atelier d’initiation à la poésie pour sept adolescentes (les sorcières) que la cruauté et la perversité animent parfois à l'orée de leurs vies d’adultes. Quatre générations de femmes sans hommes, sorte de bilan d’une vie de femme voire de la vie de la Femme. Siri Hustvedt avec une écriture irréprochable et accomplie réussit à chaque livre à happer le lecteur dans son univers, dans le monde de ses personnages, mais ici, en le prenant à témoin, elle renforce encore sa proximité avec ces quatre générations de femmes. Siri Hustvedt un auteur à ne pas manquer (cf. livre du mois de janvier-mars 2011).

« L’enchantement réside dans le sentiment et dans la façon de raconter, voilà tout »

Fiche #949
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Christine Le Boeuf

Les titres de Siri Hustvedt lus par Vaux Livres


Aki SHIMAZAKI

Tonbo
Actes Sud

64 | 135 pages | 07-05-2011 | 13.2€

Nobu après avoir quitté une grande entreprise fonde un établissement privé d’enseignement spécialisé dans la préparation des examens. Il réalise ainsi le rêve de son père, instituteur accompli et admiré qui s’est pourtant suicidé suite à la mort d’un élève et d’accusations infondées. La fille de Nobu choisit le nom de l’établissement : « Tonbo », c’est-à-dire « libellule », libellules qui font le voyage de l’Asie du sud-ouest vers le Japon du nord pour y mourir. La vie s’écoule tranquillement entre son établissement, sa famille, ses balades… jusqu’à la venue d’un ancien élève de son père qui lui dévoilera les circonstances de la mort de son père. Aki Shimazaki continue son évocation du Japon, de sa culture et de ses coutumes, toujours avec retenue mais intensité dans ses textes minimalistes qui évoquent avec douceur, par petites touches légères, la vie, ses secrets comme ses violences. Un auteur incontournable.

Fiche #948
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Aki Shimazaki lus par Vaux Livres


Lotte HAMMER

Soren HAMMER

Morte la bête
Actes Sud

63 | 398 pages | 07-04-2011 | 23.4€

Les vacances avec sa fille de l’inspecteur Konrad Simonsen sont brutalement interrompus par la découverte atroce de cinq cadavres, cinq hommes affreusement mutilés et pendus dans un gymnase d’un établissement scolaire. Après quelques flottements dans l’enquête (même l’identification des corps s’avère ardue), et quelques rumeurs, le point commun les unissant est découvert : ces cinq hommes étaient pédophiles. La colère dans la population gronde, la presse et l’opinion semblent entériner cette justice expéditive et personnelle ! La recherche des coupables est-elle vraiment indispensable ? n’était-ce pas la vraie solution ? autant de questions que l’on sent parfois poindre à chaque évènement de ce type… La population refuse de coopérer, les pressions, manipulations s’enchaînent, même l’équipe de Konrad Simonsen semble parfois vaciller, hésiter surtout qu’elle tarde à établir les véritables mobiles, manipulation, pressions sur l’Etat, vengeance personnelle… Heureusement ce premier volume de la série des polars de ces auteurs danois nous prouve que Konrad Simonsen est un enquêteur entêté et ne cédant à aucune menace et pression !

"Il m'a demandé si je pensais que le monde pouvait être changé par une poignée de personnes se battant contre l'ordre établi... une réponse aussi simple que vraie : le monde a toujours été changé de cette façon"

Fiche #923
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Andréas Saint-Bonnet


Anna ENQUIST

Contrepoint
Actes Sud

62 | 228 pages | 22-11-2010 | 20.3€

Contrepoint est le titre parfait pour ce nouveau livre de la grande romancière néerlandaise : technique de composition musicale consistant à superposer plusieurs lignes mélodiques ou thème secondaire qui se superpose au thème principal. Le texte est en effet un va-et-vient permanent entre la recherche par une femme d’une grande et personnelle interprétation des variations Goldberg et de ses souvenirs brefs de mère (« Elle s’était tournée vers son piano pour obtenir de l’aide). Le drame qu’elle a vécu lors de la disparition tragique de sa fille (« On ne se prépare pas à une tragédie, elle vous tombe dessus ») semblait l’avoir éloignée à jamais des moments même furtifs de bonheur. L’art et la musique, l’étude d’une œuvre, d’un compositeur lui permettent aussi bien de faire rejaillir des souvenirs enfouis par la douleur (« Bach lui avait donné accès à sa mémoire »), de les verbaliser quand cela devient possible, de les incorporer dans ses interprétations, dans ses silences, mais aussi de pratiquer une thérapie douce et sobre qui mène note après note à une reconstruction de soi. Pianiste et psychothérapeute, Anna Enquist nous livre une superbe partition éclairée par une interprétation émouvante et sans fausse note !

« Ce que la musique a de libérateur, c’est justement de permettre de renoncer aux mots déprimants, gênants, pour se mettre à penser en sons, en lignes, en accords. Rien n’avait besoin d’être formulé ou traduit. »

« Des pas hésitants espacés par un intervalle de secondes, qu’on ne pouvait pas jouer sans de dramatiques changements de rythmes. Chanceler, grimper, tomber, ce genre d’histoires. Pourquoi une mélodie qui monte puis descend provoque-t-elle tant de tristesse ? Est-ce qu’on était plus avancé quand on le savait ? Inspirer avec espoir, souffler avec déception. Monter la colline puis, fatalement la redescendre. Recevoir une chose puis devoir y renoncer. La vie, quoi. »

« … les gens ont inventé des religions parce que la notion d’être seul confronté à la réalité est trop douloureuse, l’idée qu’un être humain va disparaître sans laisser de trace trop insupportable, l’insignifiance de l’existence humaine trop vexante. »

Fiche #870
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Isabelle Rosselin

Les titres de Anna Enquist lus par Vaux Livres


Carlos SALEM

Nager sans se mouiller
Actes Sud

61 | 298 pages | 03-11-2010 | 22.2€

Juanito Pérez Pérez vit une vie bien rangée avec sa femme, sa fille et son fils. Un peu trop rangée pour sa femme qui préfère partir vers d’autres cieux. Elle ignore pourtant que son tendre époux a une double vie. Cadre dans une multinationale, il est aussi un redoutable tueur à gages. Alors qu’il vient de tuer sur ordre l’un de ses collègues, il décide de partir en vacances avec ses enfants. Direction sud de l’Espagne pour un camping de nudiste. Cependant, dès son arrivée, tout dérape. Son ex est aussi présente accompagnée de son nouveau compagnon, un célèbre juge. Il retrouve également un ancien ami d’enfance qui a perdu un œil et une jambe par sa faute, un collègue de son entreprise à l’ambition folle. L’efficace Numéro Trois est perturbé, il sent sa maîtrise habituelle mise à mal, alors quand au milieu de patchwork de personnages atypiques, ses enfants sont en danger, Juanito va peut-être devoir enfin réfléchir à ses choix de vie et devoir se mouiller !

"C'est facile d'être un tueur à gages. Ce qui est difficile c'est d'être père."

Fiche #846
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Danielle Schramm

Les titres de Carlos Salem lus par Vaux Livres


Alice FERNEY

Passé sous silence
Actes Sud

60 | 204 pages | 18-08-2010 | 18.3€

Passé sous silence revient sur un fait historique de la seconde moitié du vingtième siècle mais tous les noms, lieux et dates ont été changés. Ce moment historique implique deux hommes, le chef de l’état Jean de Grandberger et le lieutenant colonel Paul Donadieu. L’un juge et partie condamnera l’autre après qu’il a organisé un attentat. Les deux hommes reflètent deux visions différentes du pouvoir, de l’honneur, du respect. Bastien Thiry qui l’a pourtant admiré ne peut accepter la trahison de De GrandBerger. Manipulé, il montera cet attentat voué à l’échec et après un procès expéditif, sans la grâce de De GrandBerger, il sera exécuté. Alice Ferney plonge au plus profond de la psychologie de ces deux personnages et en ces temps commémoratifs, elle éclaire à bon escient et au bon moment ces épisodes encore très présents dans notre quotidien.

Fiche #816
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Alice Ferney lus par Vaux Livres


Laurent GAUDÉ

Ouragan
Actes Sud

59 | 189 pages | 07-08-2010 | 18.3€

Laurent Gaudé a vraiment l’art de prendre le lecteur par la main, page après page, pour lui faire découvrir à chaque roman des chemins différents, des rencontres singulières affrontant lors de chaque épopée des problématiques à la fois contemporaines et intemporelles, particulières et universelles. La tempête s’annonce et la Nouvelle-Orléans (« la tombe humide ») se vide, l’évacuation s’accélère. Pourtant quelques-uns demeurent dans la ville, irréductibles, laissés pour compte, prisonniers… attendent le déchaînement de la nature et ses effets. Le récit suit alternativement le parcours d’une série de personnages et leurs réactions au sein du chaos, personnages amenés à se croiser un jour ou l’autre pour le meilleur et pour le pire... Le rythme de la narration adopte la vitesse de la tempête. Keanu revient de l’enfer et souhaite retrouver Rose son ancien amour comme une ultime chance. Rose est perdue avec son fils sans père dans cette ville entourée de ses terrifiants bayous. Josephine « négresse depuis presque cent ans », « mère de tous les nègres », fière, désespérée et entêtée, n’a rien oublié de son histoire et de celle de son pays, et garde la tête haute et le regard fixe devant les vieux blancs, sa liberté n’a pas de prix (« Alors ils sont venus comme ils viennent toujours dans ces cas-là, la main tendue d’un côté et les doigts pour se boucher le nez de l’autre… Ils ont tiré en l’air pour effrayer le nègre. Depuis toujours, ils aiment ça. Je ne monterai pas. Je suis Josephine Linc. Steelson, je prends le bus tous les matins pour que les vieux Blancs baissent les yeux devant ma liberté. Je ne veux pas monter comme ça, comme une bête apeurée que l’on sauve par charité. Alors je reste assise. »). Cette chorale disparate continue d’avancer au milieu de l’apocalypse, chacun conservant aussi longtemps que possible un brin d’espoir, un projet pour le maintenir à flot. Des personnages vrais, humains avant tout, forts ou faibles, torturés, lucides, fraternels ou haineux... qui vous entraîneront dans leurs pas souvent hésitants.

Fiche #809
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Laurent Gaudé lus par Vaux Livres


Claudie GALLAY

L'amour est une île
Actes Sud

58 | 351 pages | 19-07-2010 | 22.2€

Cet été là, le festival d’Avignon sera singulier. La grève des intermittents vient perturber son déroulement et les sentiments des spectateurs, acteurs, organisateurs seront exacerbés. Parmi eux, Odon Schnadel toujours artistiquement ambitieux présente avec sa compagnie la pièce d’un auteur inconnu et décédé, Paul Selliès. Mathilde, dite la Jogar, revient en star à Avignon et tentera de retrouver les traces de son passé avignonnais. Enfin, la jeune Marie, qui n’appartient pas au monde du théâtre, écorchée vive (au sens figuré comme au sens propre), toujours sur le fil du rasoir, vient trouver des réponses notamment concernant le suicide de son frère Paul Selliès qu’elle n’accepte toujours pas. Ces trois personnages principaux égratignés et blessés par la vie et le temps se croisent, se repoussent, s’attirent, s’aiment, toujours sur fond de théâtre, mais le théâtre est la vie et la vie est le théâtre : la totalité de la palette des sentiments s’exprimera donc autour d’eux, sentiments pour lesquels l’œuvre et la disparition de Paul Selliès demeurent le personnage principal : "Associer la beauté et la mort, il voulait ça, cette union infernale".

Fiche #802
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Claudie Gallay lus par Vaux Livres


Jérôme FERRARI

Où j'ai laissé mon âme
Actes Sud

57 | 154 pages | 13-07-2010 | 17.3€

Deux hommes se retrouvent en 1957 à Alger. Deux militaires. Deux anciens prisonniers d’Indochine. Un vécu, une histoire, les lient à jamais. Le capitaine Degorce a protégé voire épaulé le lieutenant Horace Andreani en Indochine et ils se « partagent » maintenant les prisonniers sur ce nouveau continent. Ils ont été victimes, ils se retrouvent bourreaux ; ils demeurent et demeureront toujours des militaires, répondant aux ordres quoiqu’ils arrivent. Mais les âmes sont différentes et le degré d’acceptation des hommes de l’horreur peut différer… Et lorsque le capitaine Degorce arrête enfin le « rebelle » Tahar si recherché, la victoire provoquera la fin. Celui-ci révèlera aux deux hommes leurs sentiments les plus profonds, au cœur de leur intimité et de leur personne. Jérôme Ferrari en s’appuyant sur de longs monologues de ces deux hommes interrompus par les questions et les observations de Tahar dissèque littéralement la psychologie de ces deux militaires que l’enfer et les ténéèbres de la guerre annihileront.

Fiche #799
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Jérôme Ferrari lus par Vaux Livres


Asaf SCHURR

Motti, sa chienne de vie
Actes Sud

56 | 188 pages | 25-04-2010 | 19.3€

Motti passe son temps à rêver sa vie, mais à trop la ou les rêver, il omet de la vivre. Jeune instituteur, il partage son temps libre entre ses rêves, l’observation de sa jeune voisine qui prolonge également ses rêves, et Laïka sa chienne adorée seule témoignage concret et physique du réel. Replié sur lui-même, il subit « le monde », sa force, son autorité, Menahem notamment un ami rencontré à l’armée, tout son contraire, un homme bien planté dans le réel et dans ces problèmes. Lorsqu’ils provoquent un accident mortel, Motti se dénonce et se sacrifie pour son ami. Il passe quelques années en prison et a tout le temps de prolonger ses songes… Les rêves, la vie, la mort, l’amour, le fil du destin reste souvent inattendu…

Fiche #756
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Guy Séniak


Paul AUSTER

Invisible
Actes Sud

55 | 294 pages | 15-04-2010 | 22.9€

Paul Auster continue de jouer avec ses lecteurs en cachant la fiction derrière la réalité et vice-versa. Un jeune américain, Adam Walker, naïf amoureux de la poésie et des poètes lie son destin à un mystérieux mécène français, Rudolf Born. Promesses professionnelles dans le financement d’un journal, promesses amoureuses en la personne de la femme de Rudolf mais toujours obscures promesses. Ils deviennent liés jusqu’au soir où de retour d’une soirée, Adam croit ou est certain d’être le témoin d’un crime, Rudolf assassine un jeune les ayant menacés. Sa vérité le mine, l'obnubile et l’aveugle. Il rejoindra, traquera Rudolf jusqu’en France pour le démasquer, crier sa vérité. Sa vérité ou la vérité ? Illusion ou certitude ?

Fiche #748
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Christine Le Boeuf

Les titres de Paul Auster lus par Vaux Livres


Pascale FONTENEAU

Propriétés privées
Actes Sud

54 | 189 pages | 14-03-2010 | 16.3€

Histoire d'un quartier, de nos quartiers. Dortoir ou quartier paisible, et pourtant, la tension comme le sentiment d'insécurité montent... Un banal cambriolage et les masques tombent. Des patrouilles de vigilance sont mises en place pour apporter de l'aide aux forces de police. Henri et Robert se retrouvent associés pour des rondes où rien ne se passe donc propices aux confidences. Jusqu'au soir où un cadavre vient perturber leur routine... Robert disparait et Henri demeure seul face à ses réflexions, face à ses doutes et à sa solitude. Même les quartiers les plus calmes ont leurs secrets et leur part d'ombre...

Fiche #738
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir


Wilfried N'SONDÉ

Le silence des esprits
Actes Sud

53 | 171 pages | 07-03-2010 | 17.3€

Clovis Nzila échappe de peu à un contrôle de routine (…) de la police sur les quais de la gare de Lyon. Apeuré, tremblant, il monte au hasard dans un train en partance pour la banlieue. Il prend place dans un wagon en cherchant à devenir invisible malgré son état de terreur et sa piètre apparence. Pourtant, peu à peu, il relève la tête et observe la femme assise en face de lui. Il sent la détresse, elle sent la solitude, les regards s’accrochent et ils descendront ensemble. Protectrice, Christelle le fait rentrer chez elle et dans un état second, ils vont peu à peu se dévoiler, ouvrir le passé pour mieux renaître. Mais ne naît-on pas qu’une seule fois… Wilfried N’Sonde, romancier et musicien, nous offre un second roman qui continue de dresser des ponts entre l’Afrique et le France et oscille cette fois, tant dans le rythme que dans les thèmes, entre berceuse ou chanson d’amour et le plus violent des hard-rocks !

Ecouter la lecture de la première page de "Le silence des esprits"

Fiche #733
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Wilfried N'Sondé lus par Vaux Livres


Gérald STEHR

Frédéric STEHR

Monstres de père en fils
Actes Sud

52 | 05-03-2010 | 14.7€

Le père de Balthazar pense qu'il est maintenant temps qu'il choisisse son métier. Dans la famille, on est monstres de père en fils, mais monstre de quoi ? Monstre d'égoïsme ? Monstre sacré ? Monstre classique ? Monstre de tendresse... Balthazar fera le tour de la famille afin de déterminer sa monstrueuse vocation. Une monstrueuse histoire qui ravira petits et parents.

Fiche #732
Thème(s) : Jeunesse


Carla GUELFENBEIN

Le reste est silence
Actes Sud

51 | 312 pages | 28-02-2010 | 21.3€

Carla Guelfenbein revient sur les relations au sein d’un trio (cf. Ma femme de ta vie) cette fois constitué d’un homme, d’une femme et d’un enfant. Tommy petit garçon de 12 ans, malade du cœur, observe avec attention, enregistre les conversations des adultes et réussit ainsi à donner sens au silence qui accompagne ses relations, ses liens familiaux. Le garçon est malade dans son corps mais pas dans sa tête ! Lucide, attentif, il développe une grande capacité d'analyse et une parfaite compréhension du monde des adultes. Juan, le père taciturne, veuf, chirurgien, peine à exprimer l’amour qu’il ressent pour son entourage. Alma, nouvelle épouse, mère d’une petite Lola et belle mère attentionnée de Tommy, assiste avec impuissance à la dérive du trio. Les trois voix s’entremêlent mais jamais ne pourront s’unir. Chacune dévoile ses sentiments profonds, ses peurs, sa fragilité avec émotion et retenue mais jamais ne pourra l’exprimer, l’offrir à l’autre. Un roman sur l’intimité de nos vies : homme, mari, père, femme, épouse, mère… où quand les silences, les secrets familiaux et la difficulté d’exprimer nos sentiments entravent un quotidien pourtant prometteur. "Parfois les mots sont comme des flèches. Ils vont et viennent, blessent et tuent, comme à la guerre", mais le silence n’est-il pas pire ?

Fiche #728
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Claude Bleton

Les titres de Carla Guelfenbein lus par Vaux Livres


Véronique BIZOT

Mon couronnement
Actes Sud

50 | 108 pages | 15-01-2010 | 13.2€

Le narrateur est un vieux monsieur qui vit seul, enfin presque... Mme Ambrunaz, sa femme de ménage, l’aide, le surveille, l’épaule, l’encadre… Une vie bien paisible jusqu’au jour où un courrier d’apparence anodine bouleversera ses journées : on lui annonce une décoration prochaine pour une importante découverte scientifique réalisée de longues années en arrière et à son insu ! Surpris, déconcerté mais jamais flatté, le vieil homme qui estime ce prix injustifié regarde les évènements d’un œil sage et amusé, parfois interrogatif mais toujours sans illusion. Ils lui procurent l’occasion de faire une pause pour mieux explorer sa solitude et son éloignement. Un portrait bien attachant et non dénué d’humour.

Premier roman

Fiche #708
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Véronique Bizot lus par Vaux Livres


Natalia KLIOUTCHAREVA

Un train nommé Russie
Actes Sud

49 | 190 pages | 18-09-2009 | 19.2€

Nikita est en quête, il ne peut oublier Iassia son amour de jeunesse et parcourt le pays à la recherche de "la Russie". Il s’interroge sur les Russes, ce que représente la Russie, hier, aujourd’hui (« Et pourquoi la Russie ne pourrait pas être en toi aussi ? Puisqu’elle est en nous , Pourquoi cherches-tu la Russie des autres ? La tienne ne te suffit pas ? »). Ses rencontres sont en souffrance, mais continuent de vivre, voire parfois de survivre, chacun à sa manière. Les personnages expriment tous les sentiments : colère, mélancolie, humour, obsession, tendresse, fatalité, amour… Un roman riche, multiple, flamboyant, haut en couleurs, image d’une Russie contemporaine et jeune qui n’a pas oublié son passé.

Premier roman

Fiche #654
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Joëlle Roche-Parfenov


Metin ARDITI

L'imprévisible
Actes Sud

48 | 204 pages | 03-09-2009 | 18.3€

Anne-Catherine appartient à la haute société genevoise et pour fuir ses souvenirs, elle souhaite se débarrasser d’un tableau et contacte alors Guido Gianotti, professeur d’histoire de l’art à la retraite. Guido se lance dans des recherches qui nous fait découvrir les grands peintres de la Renaissance florentine ainsi que leurs techniques. Mais au cours de cette enquête, et malgré leurs différences, Anne-Catherine et Guido se rapprochent dans une relation déséquilibrée : Guido reste fortement préoccupé par sa puissance sexuelle en déclin alors qu’Anne-Catherine recherche tendresse, bonheur et dialogue. Metin Arditi réussit à merveille à démontrer que l’imprévisible est possible tant dans la vie que dans l’art dans cette histoire d’amour crépusculaire.

Fiche #646
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Metin Arditi lus par Vaux Livres


Minh TRAN HUY

La double vie d'Anna Song
Actes Sud

47 | 188 pages | 24-08-2009 | 18.3€

Le narrateur de « La double vie d’Anna Song » est Paul Desroches mari d’Anna Song amoureux depuis leur tendre jeunesse. La narration est entrecoupée de coupures de presse rendant compte de l’aventure de Paul et Anna. Paul orphelin a rencontré Anna chez sa grand-mère. Paul devient très proche d’Anna par cette relation tendre qui le porte, le soutient, la passion d’Anna pour la musique, ses dons exceptionnels, les légendes vietnamiennes qu’elle lui conte illuminent le quotidien de Paul. La carrière d’Anna est brisée par une maladie qui l’empêche de mener à bien ses projets. Mais l’amour et la passion de Paul sont plus forts que la mort. Il crée un studio d’enregistrement, et diffuse les CD d’Anna. Grâce à Internet notamment, le succès d’Anna devient gigantesque et les admirateurs conquis extrêmement nombreux. Jusqu’au jour, où l’un d’eux découvre la supercherie. Anna n’a pas enregistré une note, les morceaux ont été créés de toute pièce à partir de différentes interprétations. Le scandale éclate et contraint Paul à exposer ses confidences et le mythe qu’il a créé et qui l’a épaulé dans sa vie de tous les jours. Minh Tran Huy confirme ici la réussite de son premier roman avec cette histoire (inspirée d’une histoire vraie) sur la passion, la folie d’aimer, les mythes, la musique et toujours et encore en arrière-fond le Vietnam.

Fiche #617
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Minh Tran Huy lus par Vaux Livres


Metin ARDITI

Loin des bras
Actes Sud

46 | 426 pages | 24-08-2009 | 22.3€

Le livre raconte l’histoire d’un pensionnat suisse, l’Institut Alderson, à la fin de l’année 1959. Cet institut situé près de Lausanne est réservé aux gosses de riches mais subit actuellement quelques difficultés financières. Madame veuve Alderson envisage la vente de l’établissement à un repreneur américain. Les enfants sont envoyés là très jeunes pour diverses raisons, loin des bras de leurs parents mais quelles que soient leurs différences auront toujours un point en commun, l’abandon froid et réfléchi de leurs parents (« Les internes de l’Institut, ils sont éduqués, ils sont riches, ils sont ceci, ils sont cela. Mais on les a mis de côté ! Et qui les a mis de côté ? Qui ? Leurs parents ! Pas la vie. Pas la guerre. Pas la misère. »). Leur famille s’éloigne dans l’isolement et la solitude malgré un apprentissage complet ce qui permet à Metin Arditi d’aborder avec réussite de nombreux thèmes : la photographie, le sport et notamment le football, la danse, la musique... Les seules personnes avec lesquelles les enfants pourraient entretenir des relations humaines sont leurs professeurs. Mais ceux-ci à l’image de leurs parents ne leur seront pas d’un grand secours. On apprendra leurs secrets, leurs faiblesses, leurs sentiments. Une belle brochette de personnages tourmentés qui se révèleront à l’approche de l’audit nécessaire au rachat de l’institut qui devrait provoquer inévitablement quelques départs... Chacun passera sur le gril d’un entretien individuel, choisira de se raconter ou de se taire, d’accepter ou de réagir, de se vendre ou de refuser le marché. Un beau texte sur la solitude et les rencontres qui jalonnent l’existence permettant de l’éclairer autant qu’il est possible.

Fiche #622
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Metin Arditi lus par Vaux Livres


Cécile LADJALI

Ordalie
Actes Sud

45 | 204 pages | 24-08-2009 | 18.3€

Zak, le narrateur, orphelin depuis que ses parents sont morts sous les bombes de la seconde guerre, reste un inconditionnel du Reich alors qu’il est recueilli par un oncle ancien nazi en Autriche. Amoureux de sa cousine Ilse, poétesse et romancière, il raconte les amours difficiles entre Ilse et Lenz un poète roumain rescapé de l’holocauste. Malgré toutes leurs oppositions, leurs visions différentes de la vie, de l’humanité, Zak restera le confident d’Ilse, témoin « noir » à l’opposé des combats de cette femme sans concession (« La certitude qu’elle avait de ne pas tricher la maintenait en vie ») et de ses idéaux. La passion qui la lie à Lenz est orageuse, elle les rapproche et les éloigne simultanément, autant dans la vie que sur le plan littéraire où des divergences les opposent (« Nous étions affamés de bonheur, quoique parfaitement inaptes à en saisir les occasions. Elles se présentaient à nous pourtant, et beaucoup plus souvent que nos discours chagrins ne le concédaient. Je pense que notre tristesse s’enferrait dans une indécrottable mauvaise foi. »). Pourtant, ils se trouvent, se retrouvent… jusqu’à la folie… Ordalie est un livre pluriel à l’écriture parfaite, exigeante sur l’histoire d’un amour impossible, sur la création comme sur l’art, sur l’Allemagne et son passé mais aussi un hommage aux deux figures de la littérature que sont Paul Celan et Ingeborg Bachmann.

Fiche #633
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Cécile Ladjali lus par Vaux Livres


Sébastien LAPAQUE

Les identités remarquables
Actes Sud

44 | 175 pages | 22-07-2009 | 18.3€

« Tu vas mourir, aujourd’hui, et tu ne le sais pas encore ». Dès la première phrase, tout est dit, le sujet et la forme narrative sont spécifiés. Le narrateur (mais qui est-il ?) tutoie le héros qui vient de débuter à son insu sa dernière journée. Ce narrateur témoin, miroir, rarement juge, suit pas à pas cette dernière journée faite de petits riens et du temps qui passe mais peut également remonter le passé de cet homme qui a quitté Paris à la mort accidentelle de ses parents. Enseignant, il est venu s’installer dans cette ville du sud-ouest de la côte atlantique où son quotidien se partage entre son seul ami et confident collègue philosophe au verbe ironique et détaché et une petite marchande de jouets amoureuse folle du héros et de la vie. Les heures passent inexorablement alors que Mlle Mystère et son frère rodent dans la ville décidés à mettre en œuvre une vieille vengeance venue d'un passé familial… Une variante de polar sans suspense au premier abord, mais d'ailleurs, lecteur, en es-tu si certain ?

Sélection Prix Page des Libraires 2009

Fiche #609
Thème(s) : Littérature française


Lyonel TROUILLOT

Yanvalou pour Charlie
Actes Sud

43 | 175 pages | 16-07-2009 | 18.3€

Mathurin D. Saint-Fort est un jeune et brillant avocat installé à Port-au-Prince. Mathurin D. Saint-Fort a décidé d’oublier son passé et ses origines, l’initiale de son prénom le trahit pourtant pour certains. Il vient de la campagne haïtienne, a fait le grand voyage vers la grande ville et ne souhaite plus se retourner confirmant ainsi le morcellement de la société haïtienne. Il croit avoir réussi son intégration dans un monde bourgeois, aveugle face à la réalité. Jusqu’au jour où Charlie, jeune ado en cavale, fait irruption sur son lieu de travail et s’accroche à lui telle une sangsue. Charlie l’emporte, l’entraîne vers son passé mais aussi vers des milieux qu’il feignait d’ignorer. Quelques souvenirs bien enterrés resurgissent… Un monde violent, sans pitié, souvent désespéré où cependant des niches d’amour et d’amitié subsistent. Lyonel Trouillot toujours aussi efficace pour nous décrire le peuple d’Haïti fait appel à quatre personnages, quatre voies, quatre trajectoires dans le Haïti contemporain où la pauvreté biaise les destins de chacun et les entraîne souvent involontairement sur des voix pas toujours choisis alors que la classe dominante continue elle de s’enrichir sans état d’âme particulier.

Sélection Prix Page des Libraires 2009

Fiche #605
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Lyonel Trouillot lus par Vaux Livres


Fiona CAPP

Portrait de l’artiste en hors-la-loi
Actes Sud

42 | 367 pages | 10-07-2009 | 23.4€

Jemma Musk est une artiste peintre australienne mais avant tout une femme libre, une femme à part, singulière. Indépendante, artiste, des caractères que la bonne société n’apprécie guère... Son histoire commence véritablement en 1868 alors qu’elle peint une famille en train de pique-niquer. Lorsque le vent se lève, elle continue de peindre, et quand la violence du vent soulève la petite fille, absorbée, passionnée, elle ne réagira que tardivement ce qui fixera à jamais sa réputation. Elle épousera un émigré italien et deviendra mère. Un bonheur éphémère que les évènements balayeront telle une tornade. Mais Jemma demeurera toujours debout, combative, passionnée. Un récit captivant, riche, aux multiples facettes, éclairé par la trajectoire de cette femme libre et entière.

Fiche #603
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Isabelle Roy


Attila BARTIS

La tranquillité
Actes Sud

41 | 319 pages | 22-05-2009 | 22.2€

Ne vous fiez au titre de ce roman hongrois : la lecture de ce texte ne sera ni tranquille ni paisible. A la fois par ses thèmes et son écriture, Attila Bartis vous secouera violemment ! Chronique d’une famille à Budapest alors que le régime totalitaire la privant de liberté est toujours de mise, entre destins personnels et histoire nationale. La mère de la famille Weer fut une comédienne de théâtre reconnue mais tombée en disgrâce après le départ de sa fille, Judit, jeune prodige du violon, vers l’ouest. Elle sombre alors dans la folie, la haine et la rancœur qu’accompagne son fils, frère jumeau de Judit et narrateur qui espère devenir écrivain. Même si le fils tente de protéger sa mère, la vie les rattrape inexorablement dans cette sorte de huis clos pesant ; la violence du pays rejaillit sur les relations humaines, les relations de couple et familiales au quotidien.

Fiche #577
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Charles Zaremba, Nathalie Zaremba-Huzsvai


Anne ENRIGHT

Retrouvailles
Actes Sud

40 | 310 pages | 15-05-2009 | 22.2€

Veronica est l’une des filles d’une famille ou plutôt tribu irlandaise, famille nombreuse où les enfants naissent les uns après les autres, au fil des rapports des parents. Elle pense être proche et connaître son frère ainé Liam, pourtant lorsqu’elle apprend son suicide, elle va découvrir que finalement, elle ne sait pas grand-chose sur sa vie, ses sentiments, son histoire. Au fil de ses nuits d’écriture, elle part à sa découverte qui inévitablement est aussi la découverte de sa famille… Entre souvenirs et hypothèses, rêve et réalité : famille, amour, sexe, secret, responsabilité, culpabilité…

Prix Booker Prize 2007


« Et ce qui me stupéfie quand je m’engage sur l’autoroute, ce n’est pas que tout le monde perde quelqu’un, mais que tout le monde aime quelqu’un. Cela semble une telle perte d’énergie – et nous le faisons tous, tous les gens qui filent entre les lignes blanches, qui se joignent au flot des voitures, qui convergent, qui doublent. Nous aimons tous quelqu’un, même si ceux que nous aimons vont mourir. Et nous continuons à les aimer, même quand ils ne sont plus là pour qu’on les aime. Or il n’y a, me semble-t-il, aucune logique ni aucune utilité à cela. »

Fiche #572
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Isabelle Reinharez


Camilla LÄCKBERG

Le prédicateur
Actes Sud

39 | 374 pages | 17-04-2009 | 22.4€

Nous retrouvons avec plaisir le couple Erica et Patrik de la « Princesse de glaces » maintenant bien installé : Erica est enceinte et l’accouchement approche alors que l’inspecteur Patrik Hedström doit abréger ses vacances. Le corps d’une jeune femme vient d’être retrouvé et le passé resurgit quand on retrouve sous elle les restes de deux cadavres, deux squelettes de femmes assassinées des années plus tôt. L’enquête s’annonce difficile : un meurtre vingt-quatre ans après deux autres, quels liens peut-il exister ? Rapidement, la famille Hult aux liens complexes et aux comportements erratiques initiés par le patriarche Ephraïm aujourd’hui disparu apparaît au centre de l’affaire. Pourtant, Patrik peine à placer les pièces d’un puzzle mélangeant présent et passé. Il parait même quelque peu perdu lorsqu’une nouvelle adolescente vient à disparaître. Une intrigue menée de main de maître au rythme croissant qui tiendra en haleine le lecteur jusqu’à la dernière page qui apportera son ultime révélation.

Fiche #551
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Catherine Marcus, Lena Grumbach

Les titres de Camilla Läckberg lus par Vaux Livres


Alaa EL ASWANY

J'aurais voulu être égyptien
Actes Sud

38 | 201 pages | 04-04-2009 | 19.8€

Un recueil de dix nouvelles dont la première est la plus étoffée. A l’exception de l’une d’elles, la vision d’El Aswany de la société égyptienne dans sa globalité semble assez noire. Une société assez désespérée et largement corrompue. El Aswany se préoccupent des gens simples et vrais, du peuple qui survit tant bien que mal, sans illusion ni espoir. Il s’intéresse aux relations humaines (donc universelles et non spécifiques à l’Egypte), souvent déviantes et intéressées, trahison, mépris et autres sentiments noirs ne sont jamais loin.

Fiche #550
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Gilles Gauthier

Les titres de Alaa El Aswany lus par Vaux Livres


Aki SHIMAZAKI

Hotaru
Actes Sud

37 | 137 pages | 27-03-2009 | 13€

Hotaru (lucioles en japonais) est le dernier volume du « poids des secrets ». Dernier volume, dernier secret… A la saison des lucioles, Tsubaki, étudiante à Tokyo, rend visite à ses parents qui hébergent sa grand-mère, 84 ans, qui faiblit et voit régulièrement des lucioles qu’elle tente d’attirer avec une chanson d’enfants. Et puis un jour, la grand-mère va se confesser à sa petite fille et lui apprendre le secret qui la mine depuis cinquante ans. Secret lié à sa rencontre à 16 ans avec un homme qui abusera d’elle dans tous les sens du terme et marquera à jamais son destin qui la rattrapera tout au long de sa vie. Ce volume clôture la série et boucle l’histoire puisqu’il revient sur le point de départ du premier tome. Toujours aussi fort, entre l’intime et le général, tout en oscillant entre douceur et violence induisant une ambiance si particulière.

Fiche #547
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Aki Shimazaki lus par Vaux Livres


Aki SHIMAZAKI

Tsubaki
Actes Sud

36 | 121 pages | 27-03-2009 | 12.3€

Tsubaki (camélia en japonais) est le premier volume de la remarquable pentalogie d’Aki Shimazaki, « le poids des secrets ». Yukiko est une survivante de la bombe atomique mais elle est toujours restée discrète sur cette période. Pourtant, dans une lettre laissée à sa fille, elle dévoile enfin l’histoire de la famille Horibe et ses (lourds) secrets. De son enfance à Tokyo à son départ vers Nagasaki, elle détaille leur vie, leurs sentiments, la peur de la guerre, l’arrivée des Américains ou des Russes mais aussi les secrets de sa famille et de ses voisins Takahashi qui l'ont poussée au meurtre (« Pour moi, c’était le début de ma guerre. J’avais manqué l’occasion de mourir pour le crime que j’avais commis »). Un superbe roman au parfum oscillant entre celui des camélias et celui du cyanure… L’écriture d’Aki Shimazaki est véritablement superbe, minimaliste, tout en retenue et en douceur, alors que les évènements et sentiments sous-jacents peuvent être terribles, contraste impressionnant entre la délicatesse des mots et la violence des sentiments. Les écrivains japonais (même si Aki Shimazaki écrit directement en français) excellent vraiment pour mêler les trajectoires personnelles et l’Histoire collective sans oublier la description par petites touches de la nature environnante.

Fiche #548
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Aki Shimazaki lus par Vaux Livres


Frédérique DEGHELT

La grand-mère de Jade
Actes Sud

35 | 391 pages | 22-02-2009 | 21.3€

Le lecteur se fond littéralement dans l'histoire de Frédérique Deghelt et aimerait tant qu'elle soit vraie ! Mamoune, savoyarde et grand-mère de Jade, vient d'avoir un malaise. Le père de Jade qui vit en Polynésie la prévient que ses tantes ont décidé de placer la vieille dame en maison de retraite pour plus de sécurité. Jade qui vient de quitter son compagnon décide d'enlever sa grand-mère (avec son consentement). Elle s'aperçoit qu'elle ne sait pas grand-chose de celle-ci et ces deux femmes, de deux générations différentes, vont apprendre à se connaître, se dévoiler progressivement, avec pudeur (« Nous sommes aveugles et ce que nous voyons chez nos plus proches c'est ce que nous croyons savoir d'eux. ») sur fond de tendresse, d'attention à l'autre, de douceur et d'émotions. Jade découvre alors la passion de Mamoune pour les livres et la lecture (« J'ai beaucoup lu, depuis très longtemps. Je suis une lectrice assidue, une amoureuse des livres. On pourrait le dire ainsi. Les livres furent mes amants et avec eux j'ai trompé ton grand-père qui n'en n'a jamais rien su pendant toute notre vie commune »). Ainsi, Mamoune épaule Jade dans la rédaction d'un livre jusqu'alors refusé par les éditeurs. Mamoune qui « avait adopté la formule qui consiste à être dans l'action tant qu'on est vivant puisque cesser d'agir c'est être mort » continue de vivre, d'espérer, d'aimer, elle et Jade ne se cachent rien de leurs vies amoureuses, passées et présentes. Récit (obscurci par un épilogue inattendu) à deux voix de femmes unies face à ou plutôt dans la vie pour notre plus grand plaisir. Un pur moment de bonheur.

Fiche #526
Thème(s) : Littérature française


Daniel KEHLMANN

Gloire
Actes Sud

34 | 175 pages | 21-02-2009 | 18.3€

Daniel Kehlmann se renouvelle à chaque nouveau livre. Gloire est un recueil de huit nouvelles qui se répondent l'une à l'autre. L'absurde n'est jamais loin, le mélange entre virtuel et réel, les relations entre héros de papier et auteur... Un livre réjouissant et rythmé.

Fiche #525
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Juliette Aubert

Les titres de Daniel Kehlmann lus par Vaux Livres


Aki SHIMAZAKI

Zakuro
Actes Sud

33 | 151 pages | 17-02-2009 | 15.1€

L’Histoire et les destins familiaux se croisent et s’entrecroisent dans les romans de Shimazaki. Tsuyoshi Toda n’a plus revu son père depuis 1942, date à laquelle installée en Mandchourie sa famille le quitta pour rentrer au Japon devant la défaite pressentie par le père. Comme de nombreux autres Japonais, le père fut déporté en Sibérie et l’on perdit sa trace. Vingt-cinq ans plus tard, la mère de Tsuyoshi sombre dans la maladie d’Alzheimer et dans le passé tout en restant persuadée que son mari n’est pas mort et qu’il la rejoindra prochainement. Tsuyoshi garde le silence mais est convaincu que son père est mort depuis longtemps. Jusqu’au jour où l’un de ses amis lui apprend que son père est vivant, installé non loin d’eux et a refait sa vie. Stupéfaction et incompréhension. Pourquoi son père n’a pas donné de nouvelles et souhaité reprendre contact ? Si près et pourtant si loin… Il décide de le rencontrer, une dernière fois peut-être avant de connaître l’explication. Il la trouvera dans une lettre où son père se confiera et exposera ses souffrances, regrets et doutes qui ont rejailli indirectement sur toute la famille.

Fiche #518
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Aki Shimazaki lus par Vaux Livres


Pia PETERSEN

Iouri
Actes Sud

32 | 360 pages | 03-02-2009 | 22.2€

en stock

Iouri est un brillant artiste plasticien reconnu par le milieu de l’art. Il partage sa vie avec Max la narratrice qui l’aime plus que tout, l’artiste, l’homme, l’œuvre. Pourtant Iouri devient franchement hostile aux mesures sécuritaires de plus en plus contraignantes qui gèrent et encadrent son quotidien. Il estime également que l'art est devenu trop consensuel alors qu'il doit toujours bousculer, être subversif, dangereux, voire violent. En réaction, il s’engage en solitaire dans une démarche artistique radicale, peut-être ultime. Max assiste impuissante, avec une certaine incompréhension, à son changement de comportement et se morfond d’être mise à l’écart de ce terrifiant projet (« Je lui en veux parce qu’il ne m’a pas impliquée mais m’a tenue à l’écart et il aurait pu faire de moi sa complice, mais il ne l’a pas fait et je lui en veux, à lui et à son art »). Iouri a un secret et elle croit ou craint de le deviner. Sans être définitivement certaine des conséquences de ce projet, elle oscille entre adhésion et terreur et nous livre ses observations et ses interrogations les plus intimes. Elle n’en aura la certitude qu’à la fin du roman et seulement à cet instant, elle pourra choisir et figer son jugement devant la dernière « œuvre » de Iouri… Un roman obsédant et lancinant, troublant et dérangeant sur les limites de l’art et de l’amour.

« Il me dit qu’il faut trouver comment préserver son droit à la liberté et que c’est absurde mais c’est comme ça, il faut revendiquer le droit au crime pour se réapproprier sa liberté et c’est là tout le problème »

« Quand je regarde Iouri, je me dis qu’entre artiste et criminel, il n’y a pas tant de différence, ils contournent ou détournent ce qui est donné pour vrai et ils vivent selon d’autres normes parce qu’ils ont une vision différente de la société... »

« J’ai encore un choix à faire. Je me demande si j’ai encore un sens moral et si cela veut dire quelque chose. Quand je regarde le monde, je me dis que le sens moral est une idée dépassée, qu’elle n’a plus de sens, que le sens moral se maintient pour des raisons de nostalgie et que la nostalgie tue le monde et j’aurais bien voulu que les choses se passent autrement. »

Fiche #510
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Pia Petersen lus par Vaux Livres


Juli ZEH

L'ultime question
Actes Sud

31 | 415 pages | 25-09-2008 | 23.4€

Un homme meurt bizarrement sur son vélo, deux physiciens amis, Sebastian et Oskar, s’affrontent devant leur divergence théorique. Oskar provoque Sebastian dans un duel télévisé pour régler leur désaccord : Qu’est-ce la réalité ? Est-elle unique ? Existe-t-elle en dehors de notre perception ? Mais cette soirée ne peut que marquer un tournant dans la relation de ces deux amis et Maïke, la femme de Sebastian, le pressent. Sebastian suite à un odieux chantage enfile la peau d’un meurtrier et lui, l’adepte des mondes multiples, doute que cet homme continue de vivre dans un monde parallèle. Un officier de police malade et amoureux vient participer aux débats… Julie Zeh continue sa route avec un nouveau roman ambitieux mêlant métaphysique et physique quantique face à la grande question du réel et de sa perception.

Fiche #465
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Brigitte Hébert, Jean-Claude Colbus

Les titres de Juli Zeh lus par Vaux Livres


Laurent GAUDÉ

La porte des enfers
Actes Sud

30 | 267 pages | 22-08-2008 | 19.8€

Matteo et Giuliana et leurs fils Pippo vivent à Naples une vie heureuse. Il est chauffeur de taxi et elle travaille au Grand Hôtel Santa Lucia. Pourtant, un matin, leur vie bascule définitivement et tragiquement. Matteo en emmenant Pippo à l’école se retrouve par hasard au beau milieu d’une fusillade opposant deux clans de la Camorra et Pippo est touché par une balle perdue et meurt. Ils ne s’en remettront pas, ni l’un ni l’autre, ni le couple puisque Giuliana devant l’incapacité de Matteo de se faire vengeance et de ramener Pippo fera ses valises. Matteo continue de parcourir la ville avec son taxi sans prendre de client jusqu’au jour où une cliente étrange en force la porte. Il fait alors la rencontre de Grace une prostituée travestie, de Garibaldo le patron du café où ils se retrouvent, de Don Mazerotti un curé atypique, et du professeur Provolone masochiste. Quatuor détonnant ! Provolone redonne enfin un mince espoir à Matteo. Depuis 20 ans, il étudie les passages entre l’Au-Delà et notre monde et assure connaître l’entrée des Enfers. Chaque mort emporte un peu de nous et de notre vie que nous espérons toujours recouvrer, or la littérature et les textes anciens démontrent selon le professeur l’existence de portes permettant le passage d’un monde à l’autre. Et si Matteo (tel Orphée)pouvait finalement satisfaire la demande de sa femme et ramener Pippo à la maison ? A chaque roman, Laurent Gaudé nous emporte avec bonheur et réussite dans un nouvel univers dans lequel le lecteur plonge sans hésitation ni retenue.

Fiche #444
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Laurent Gaudé lus par Vaux Livres


José Carlos SOMOZA

Daphné disparue
Actes Sud

29 | 218 pages | 03-08-2008 | 19.3€

« Je suis tombé amoureux d’une inconnue » est la première phrase d’un court texte incomplet écrit par Juan Cabo, écrivain à succès. Il l'a ou l'aurait écrit quelques heures avant un accident de la route qui le rendit amnésique dans un restaurant très littéraire... Il le retrouve dans un petit carnet enigmatique à sa sortie d'hôpital. A partir de ce court texte, Juan Cabo (ou José Carlos Somoza ou quelqu'un d'autre qui sait ?) oriente ou désoriente le lecteur dans une aventure entre fiction et réalité. La perspicacité de Juan Cabo et du lecteur seront mises à l'épreuve pour déceler le vrai du faux. L’amnésie engendre le doute chez l’écrivain, doute permanent sur la véracité des faits, des écrits, de la création littéraire (« Il m’arrive une chose très bête, vraiment très bête, dis-je. Je suis écrivain, de sorte que je ne peux me fier à ce que j’écris. Qui sait si ce que j’ai écrit hier, je l’ai inventé ou vécu ? Et si je ne l’ai pas vécu, dans quelle mesure l’ai-je inventé ? Amnésique, comme je suis, comprenez-le, les mots en soi ne suffisent pas… »). Un terrible labyrinthe où le lecteur suit l’écrivain et le héros. L’auteur, spécialiste des Métamorphoses d’Ovide, saura-t-il retrouver son chemin et cette belle inconnue ? Intrigue palpitante au service et sur la création littéraire. Cette enquête originale et haletante à la chute inattendue réussira peut-être à faire douter le lecteur de l’assertion "la seule chose réelle d’un texte est l’auteur"…

« Tu inventes, j’invente, nous inventons tous, personne ne peut vivre sans inventer. »

« Vous croyez que vous pensez librement, je crois que je pense librement, mais nous nous trompons tous les deux : en fait, nous pensons et nous faisons ce que cet être invisible nous ordonne… La vie fonctionne comme ça, mon ami. Nous sommes de simples personnages. »

« Le passé de tout être humain est identique à celui de tous ; nous ne nous différencions qu’au moment de le raconter »

Fiche #432
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Marianne Millo


Eugène DURIF

Laisse les hommes pleurer
Actes Sud

28 | 139 pages | 24-07-2008 | 16.3€

Léonard, gardien de prison, s’arrête : « Un jour, je ne pouvais plus ». Vie heureuse semble-t-il pendant de longues années, et un jour, tout se dérègle. Léonard fait le point et se retourne vers son passé qu’il avait gommé de sa mémoire. Pour se reconstruire, il doit l’accepter, le digérer et pour cela il part à la recherche de Sammy. Enfant, Léonard était un « populart », pupille de la Nation, il n’a pas connu ses parents. Son père est mort rapidement et il n’a jamais souhaité retrouvé sa mère. Sammy est un enfant réunionnais que la France a « invité » sur le continent. Ils se retrouvèrent tous les deux dans une ferme de la Creuse où les propriétaires virent en eux de la main d’œuvre peu coûteuse plutôt que des enfants aux parcours chaotiques à la recherche d’amour. Léonard s’offre donc une pause et part à la recherche de son identité qui passe par Sammy. Sammy est devenu sans illusion, sans attente et a quitté notre monde : « Ca ne te le fait jamais, toi, cette impression que tout est joué, que tout est fini, que l’on peut bien se débattre, c’est pour la forme, parce qu’on sait bien, en fait, que ça n’a plus beaucoup d’importance. Certains jours, je me demande si je ne suis pas mort depuis un bout de temps, et que je m’oblige à survivre… ». Le couple se reforme un instant, retour en arrière émouvant, parfois désespéré, parfois violent ou tendre, qui expose leurs points communs et leurs différences. Roman particulièrement émouvant et humain ce qui n’exclut donc pas la violence et l’animalité.

« Je savais depuis longtemps qu’il ne faut rien attendre de personne. Ce qui était donné en plus, il fallait le prendre, mais surtout ne rien attendre. J’avais bien compris que la vie ne me devait rien. »

« On est des fantômes à vie, tu sais, on habite un autre pays dans notre tête, celui-là ne sera jamais le nôtre. »

Fiche #423
Thème(s) : Littérature française


Jeanne BENAMEUR

Laver les ombres
Actes Sud

27 | 159 pages | 13-07-2008 | 15.3€

Lea est une danseuse. Perfectionniste à l’extrême, maîtrise constante et totale de ses déplacements, sentiments… même l’immobilité est un mouvement réfléchi chez elle (« Elle ne sait offrir au regard que le corps conscient »). Lea et son métier ne font qu’un et peut-être est-ce pour cela qu’elle ne peut s’abandonner, se confier aveuglement, et même aimer. Cette obsession entrave sa liberté, elle n’est libre qu’en spectacle. Ou alors, les raisons sont plus profondes, plus intimes et elle porte en elle à son insu les stigmates d’une histoire familiale. Alors qu’elle conçoit un nouveau spectacle, l’intuition salvatrice lui vient d’y incorporer sa mère qui vit en Bretagne. Une mère à l’histoire tragique : italienne, elle quitta ses parents pour se marier avec le « bel ami français » qui la vendit dans une grande maison. Ils s’exilèrent à la fin de la guerre en France et donnèrent naissance à Lea. Lea part à la rencontre de sa mère et de ses confidences à propos de son ou plutôt de leurs passés. Jour de tempête où, par tableaux alternant entre présent et passé, les propos maternels l’éclaireront puissamment et efficacement sur son passé, sur son père et sa mère elle-même mais surtout la relanceront comme un ressort vers une vie plus accomplie.. Entre mélancolie et tristesse, sans jamais tomber dans le désespoir, Jeanne Benameur vous emportera à pas chassés, retenus et maîtrisés, telle son héroïne, dans cette histoire où le poids familial ne pourra être dépassé que par la vérité.

Fiche #414
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Jeanne Benameur lus par Vaux Livres


Samuel SHIMON

Un Irakien à Paris
Actes Sud

26 | 363 pages | 17-05-2008 | 23.4€

L’auteur-narrateur est Irakien et passionné de cinéma. Il est persuadé qu’Hollywood l’attend et décide de quitter l’Irak. Le récit est donc constitué de deux parties : la première concerne son épopée pour finalement atteindre Paris puis son vagabondage parisien et la seconde un retour sur son enfance. Son voyage passe par Beyrouth, Damas, Tunis, Aden, Nicosie… Voyage éprouvant, terrible, nulle part il n’est le bienvenu et le scénario du film de sa vie est terrible. Il subira les pires épreuves avec humour et détachement sans jamais perdre espoir. Puis, obtenant l’asile politique en France, après un passage au Rocheton tout près d’ici, il se lance à l’assaut des bas-fonds parisiens sans chercher à s’installer (« J’aspire à cette vie de vagabond »). Il entraîne alors le lecteur dans son errance pleine d’émotions, de découvertes et de références cinématographiques. Il écrit au jour le jour sa vie comme un scénario même si « Dieu est le plus grand scénariste ». Cette errance sera suivie par un retour sur la passé dans le récit de son enfance particulièrement émouvant. Un livre original composé de deux parties totalement différentes.

Fiche #399
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Stéphanie Dujols


Camilla LÄCKBERG

La princesse des glaces
Actes Sud

25 | 382 pages | 14-05-2008 | 21.3€

Encore une belle découverte dans cette collection de polars venus du nord. Erica Falck, 35 ans, écrivain spécialisée dans les biographies est revenue sur le lieu de son enfance, petit port de pêche de la côte suédoise. Elle découvre le cadavre d’une amie d’enfance les poignets tailladés dans sa baignoire d’eau gelée. Elle écarte rapidement l’hypothèse du suicide et son enquête débute et les pièces d’un puzzle immense s’emboîteront les unes après les autres. Elle retrouve un ancien camarade devenu policier, toujours amoureux transi d’elle et ils s’épauleront dans cette enquête et dans la vie… Très bon polar au suspense maîtrisé et aux multiples rebondissements qui dépeint façon Chabrol les habitants de cette petite bourgade : la famille riche à la tête de l’entreprise locale, les habitants des grandes villes voisines venant en villégiature dans le petit port, les exclus, les familles implantées de longue date, une petite vie tranquille avec ses petits secrets… Pour notre plus grand plaisir, quatre autres enquêtes d’Erica sont déjà sorties en Suède. Impatience à la retrouver…

Fiche #394
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Lena Grumbach, Marc de Gouvenain

Les titres de Camilla Läckberg lus par Vaux Livres


Siri HUSTVEDT

Elégie pour un Américain
Actes Sud

24 | 400 pages | 14-05-2008 | 23.4€

Après la mort de leur père, dans une Amérique encore et toujours traumatisée par les événements du 11 septembre, une famille d’exilés norvégiens est en deuil. Erik Davidsen, psychiatre divorcé et sa sœur, Inga, jeune veuve dévastée d'un écrivain célèbre, découvrent une lettre qui leur apprend un pan inconnu de leur père et un secret passé. Pas à pas, les personnages vont se lancer dans leurs souvenirs et leurs rêves pourront aussi les épauler dans cette enquête qui est une enquête à la fois sur leur identité profonde et singulière comme sur leur pays et ses fondements, pays en dépression (« On aurait dit que la Dépression ne finirait jamais ») et en interrogation. Roman psychologique profond, puissant et dense.

Nous sommes des créatures fragmentées que nous cimentons comme nous pouvons, mais il y a toujours des fissures. Vivre avec les fissures, ça fait partie d’une vie, mettons, relativement saine.

En même temps, réalité est devenue en Amérique synonyme d’ignoble et de sordide. Nous pratiquons le culte de l’histoire vraie, de la confession intégrale, de la téléréalité, des gens réels dans leur vie réelle, les mariages de célébrités, leurs divorces, leurs vices, l’humiliation offerte en spectacle – notre version des pendaisons en publics.

Il est aussi blanc que vous, mais ses origines sont mêlées. Sa grand-mère était à moitié noire, avec un peu de sang cherokee, ce qui faisait de lui un Noir dissimulé, comme il disait. Vous savez, une seule goutte de sang. Miranda me lança un coup d’œil ironique. C’est ça l’Amérique.

Fiche #396
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Christine Le Boeuf

Les titres de Siri Hustvedt lus par Vaux Livres


Russell BANKS

La réserve
Actes Sud

23 | 380 pages | 22-03-2008 | 23.4€

« La Réserve » en bordure d’un lac des Adirondacks accueille une population privilégiée de l’Amérique des années trente. L’histoire débute lors d’une soirée organisée par un célèbre neurochirurgien newyorkais. Parmi ses invités figure Jordan Groves un peintre qui vient regarder les œuvres que le Dr Carter Cole a acheté à l’un de ses collègues. Le destin de Jordan Groves basculera lors de cette soirée après sa rencontre avec la fille adoptive du docteur, Vanessa Cole, femme sulfureuse, survoltée, habituée de la rubrique fais divers des journaux, troublante et quelque peu inquiétante voire dérangée. Attraction inéluctable qui malgré son attachement à sa femme et ses enfants bouleversera son quotidien, provoquant confusion et déroute. Comme un papillon devant la bougie, Jordan sait qu’il va se brûler mais il ne peut réprimer son attirance (« Soit on était attiré par elle comme par un aimant, soit on éprouvait de la répulsion vis-à-vis d’elle ; et dans le cas de Jordan, c’était les deux »). Dans le cadre magnifique et sauvage de la Réserve, la folie de Vanessa entrainera son entourage vers un destin tragique inéluctable. Loin de là, l’Histoire s’oriente également à la tragédie. Quelques écrivains américains célèbres amis de Jordan Groves ont déjà rejoint la guerre civile espagnole aux côtés des républicains. Parallèle entre histoires personnelles et collectives que le célèbre zeppelin Hindenburg relie…

Fiche #373
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Pierre Furlan


Hubert NYSSEN

Les déchirements
Actes Sud

22 | 300 pages | 08-02-2008 | 20.3€

Hubert Nyssen nous emmène à la rencontre des trois frères V : Vincent, Victor l’aîné et Valentin le plus jeune narrateur de cette histoire. Valentin s’est installé à proximité de Victor marié à Colette. Victor a toujours repoussé son jeune frère, s’en est éloigné. Lorsque Victor disparaît lors d’un accident de voiture, Valentin cherche à expliquer le comportement de son frère et se rapproche de sa belle-sœur. Elle a aussi l’envie de se confier, de parler de son couple, de son entourage. Valentin sait l’écouter et découvre des faits singuliers restés inconnus de lui qui concernent son frère et ses parents. Colette raconte tout, sans retenue, avec ironie, avec détresse, avec inquiétude… Leurs dialogues les rapprochent irrésistiblement bien que Valentin soit homosexuel. Il apprend que son frère fut amoureux d’une professeur d’art Julie Devos. Cet amour platonique demeurera tu mais l’ombre de Julie obscurcira constamment les relations du couple. Valentin rencontre Barbara qui a connu Victor à qui il s’était confié. Elle lui dévoile la fin possible tragique et horrible de Julie provoquant la culpabilité infinie de Victor. Un texte fouillé sur la mémoire, mémoire consciente ou inconsciente, subjective ou interprétée, mémoire familiale partagée ou non, sur l’écriture et la langue (« Ecrire, je le découvre, c’est s’éloigner de ce qu’on voulait écrire »), sur l’appréhension d’un récit, les relations et sentiments humains, la fiction et la réalité.

Fiche #359
Thème(s) : Littérature française


Andrea Maria SCHENKEL

La ferme du crime
Actes Sud

21 | 158 pages | 28-01-2008 | 15.3€

Toute une famille fut assassinée, en 1920, à Tannöd, un hameau de Bavière. L’affaire n’a jamais été résolue et Andrea Maria Schenkel s’en est inspirée pour son premier roman. Il situe le drame aux lendemains de la seconde guerre mondiale, les rancœurs et la pauvreté perdurent. Le nazisme rode encore et la religion demeure bien ancrée dans le quotidien de ces campagnes. Dans une ferme isolée, une famille complète et son employée, vivant quelque peu en marge et n’échappant à quelques rumeurs, sont assassinées sauvagement à la hache. Sans témoin, l’enquête semble vouée à l’échec. Comme à la barre du prétoire, différents témoins vont fournir un à un, chapitre après chapitre, dans un kaléidoscope de voix discordantes ou non, leurs avis et éclairages sur cette affaire. Seules les prières de la mère créent un intermède à cette litanie renforçant cette atmosphère étrange. Une réussite dans la forme et le fond pour ce premier roman classé meilleur roman criminel du printemps 2006 par les libraires allemands.

« Je te le dis, on est tout seul toute sa vie. On naît seul et on meurt seul. Et entre les deux, j’étais prisonnier de mon corps, prisonnier de mon désir. Je te le dis, il y a pas de Dieu dans ce monde, il y a juste l’enfer. Et l’enfer, il est sur terre, dans nos têtes, dans nos cœurs. Le démon est en chacun de nous et chacun peut le faire sortir à tout moment. »

Fiche #356
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Stéphanie Lux


Alaa EL ASWANY

Chicago
Actes Sud

20 | 460 pages | 26-11-2007 | 23.4€

Après l’inoubliable immeuble Yacoubian, Alaa El Aswany nous emmène à la rencontre des Egyptiens résidant à Chicago. Férocité, tendresse et humanité éclairent la description de ses congénères. Les chapitres se succèdent en donnant la parole aux personnages qui appartiennent à plusieurs générations : exilés dans les années 60 ou installés après les attentats du 11 septembre… des exils qui traversent les générations mais dont les causes n’évoluent guère. Chaque personnage est lié à l’Université de Chicago, ville omniprésente dans le livre et leur vie quotidienne reste marquée par les douleurs de l’exil, jamais l’Egypte ne les quittera, les Américains étant aussi là pour la leur rappeler (ils ne seront jamais vraiment américains, exil et sérénité sont-ils compatibles ?), cette Amérique disparate entre amie et ennemie… Comme dans l’immeuble Yacoubian, la religion est évidemment présente, pesante, biaise les relations et hante les couloirs de l’Université autant les esprits de la diaspora égyptienne que les relations américano-égyptiennes. Fresque magistrale aux multiples facettes qui prolonge avec brio l’immeuble de Yacoubian.

Fiche #331
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Gilles Gauthier

Les titres de Alaa El Aswany lus par Vaux Livres


Pia PETERSEN

Passer le pont
Actes Sud

19 | 396 pages | 09-09-2007 | 22.2€

En attendant Nathan au musée Victor Hugo de Paris, Kara se remémore sa rencontre avec cet homme dont elle ne peut se détacher. Peu avant leur rencontre, elle reçut un courrier qui lui apprenait son licenciement, premier coup dur. Souhaitant des explications, son patron lui assura que ce licenciement était souhaité par l’ensemble de ses collègues, seconde nouvelle, terrible qui la plongea dans un profond désarroi. Les sentiments d’inutilité, de solitude, d’humiliation l’envahirent et dans cette mauvaise passe, sa vulnérabilité fut extrême. Un ancien camarade de classe lui proposa alors de rencontrer Nathan dont elle deviendra immédiatement dépendante. Le magnétisme de Nathan l’aveugle. Sous influence, elle intègre une petite communauté aux services de Nathan et ne pourra plus se passer de lui. La pression psychologique ira croissante. Pia Petersen décortique avec précision les méthodes appliquées par Nathan pour maintenir les membres de son groupe sous pression et sous dépendance et montre comment il réussit finalement à ce qu’ils nient eux-mêmes leur propre identité et leur existence. Kara épaulée par un ami prendra conscience de son enfermement psychologique mais pourra-t-elle aller jusqu’à rompre cet attachement ?

Fiche #300
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Pia Petersen lus par Vaux Livres


Lyonel TROUILLOT

L’amour avant que j’oublie
Actes Sud

18 | 192 pages | 30-08-2007 | 18.3€

Un vieil écrivain reconnu rencontre lors d’une conférence une jeune femme de vingt ans qu’il n’ose aborder. Il l’admire et l’observe mais trop vieux, il a perdu la langue d’amour, aussi il va lui parler (par écrit) d’autre chose, de sa famille de cœur. Comme un testament à toutes les femmes à toutes les femmes qu’il n’a pas aimées (« Et puis, parce que j’atteins la limite d’âge qui ne laisse plus à l’homme le loisir d’oublier ce qui lui tient à cœur. J’ai peu de temps. A peine ce qu’il faut pour tenter de s’accrocher à quelque chose ou à quelqu’un avant de s’en aller. Juste ce qu’il faut pour se souvenir, chasser la mauvaise part, et espérer à toute vitesse »). Il lui contera sa jeunesse entourée de trois figures, l’Historien, l’Etranger et Raoul. Ils vivaient tous les quatre à Port-au-Prince dans une pension (« La pension était notre monde et l’on n’y rentrait pas avec un patronyme ») et se rencontraient constamment pour de longues palabres sous l’arbre d’une cour. L’Ecrivain traquait la nuit les femmes absentes de sa vie dans ses poésies mais sa vraie vie était sous l’arbre avec ces rencontres. L’Etranger bien que maniaque les faisait rêver, toujours en attente d’un départ repoussé faute d’un passeport en règle, les comptes-rendus de ses voyages (« Chaque phrase était un long voyage… ») et de ses rencontres féminines éclairaient le quotidien de ses trois amis. L’Historien vivait dans un milieu bourgeois, notable installé, il profitait d’une belle carrière, de sa femme et de sa fille jusqu'au jour où il abandonna tout. Personne n’en connaît les raisons. Raoul maintenant en retraite installait des conduites d’eau et continue de rendre hommage à ces travailleurs de force au-delà de leur mort. Mais quel lien unit donc ces hommes ? Malgré ses longues et interminables discussions, chaque personnage ("les Ainés", l’écrivain est le plus jeune) a son secret, chaque vie est un roman et l’écrivain ne les découvrira que plus tard à l’approche de leur mort et les révèlera par son écriture. Des personnages d’une admirable humanité, des histoires attachantes, une langue superbe et une poésie marquée font de ce roman une grande réussite.

« Oui, même écrire peut devenir un acte dangereux. Qui peut dire à l’avance quel côté de la rue habite le cœur de l’autre ? »

Fiche #292
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Lyonel Trouillot lus par Vaux Livres


Minh TRAN HUY

La princesse et le pêcheur
Actes Sud

17 | 187 pages | 19-08-2007 | 18.3€

Lors d’un voyage en Angleterre, une jeune française d’origine vietnamienne croit reconnaître en Nam un réfugié vietnamien son prince charmant. Ils ne se quitteront plus du voyage et pourtant ils n’ont rien de commun, même leur passé et l’appréhension de leur origine commune sont différents. A son grand désespoir, Nam la considère comme sa petite sœur. Leur dialogue va pourtant l’éveiller à son passé qui se dévoilera pas à pas lors de deux voyages au Vietnam avec ses parents peu diserts sur leur passé. Et puis Nam partira, sans explication, sans trace. Rupture dans la construction de cette ado qu’un livre achèvera peut-être des années plus tard. Récit sur l’exil, le grand écart entre deux pays, deux histoires, entremêlés de contes qui renforcent la puissant du texte, un conte n’est pas un roman...
Premier roman

« Il était inutile de renier que de se charger du poids du passé : connaître l’histoire de ma famille et l’assumer pouvait être considéré comme un devoir, en aucun cas comme une raison d’être »

« Toutes les politesses de rigueur au Vietnam entre gens de même sang ne pouvait dissimuler qu’il existait entre mes cousines et moi un fossé à la mesure de l’océan qui séparait la France et son ancienne colonie. Je n’avais pas connu la pauvreté, la faim, l’ennui de ne rien pouvoir faire d’autre que subir, patienter, au mieux espérer, au pire se résigner aux lendemains qui déchantent. »

Fiche #268
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Minh Tran Huy lus par Vaux Livres


Metin ARDITI

La fille des Louganis
Actes Sud

16 | 238 pages | 19-08-2007 | 19.3€

Reprenant les thèmes universels et intemporels de la passion impossible et de la séparation, Metin Arditi nous convie à suivre la famille Louganis : les frères Spiros et Nikos ont respectivement une fille Pavlina et un fils Aris et viennent de mourir sur leur bateau. Après ce double décès à Spetses (île grecque), seuls le prêtre et la mère de Pavlina connaissent la vérité : Pavlina et Aris ont le même père. Pavlina grandit, devient belle, nageuse aguerrie, elle travaille avec son cousin qui à son grand désespoir préfère les garçons. A la suite de déceptions amoureuses d’Aris, ils font l’amour. Elle se retrouve enceinte alors qu’Aris disparaît tragiquement. Comme une malédiction, tous les hommes disparaissent autour d’elle dans cette île : son père, ses frères, son amant. Sa mère soutenue par le prêtre oblige Pavlina à partir pour Athènes et à abandonner sa fille tout en la coupant définitivement de son passé et de son île. Aussitôt, elle n’aura de cesse de la retrouver. Cette obsession ne la quittera jamais et malgré les amitiés, les soutiens, les rencontres, cette quête la laissera toujours plus désespérée. Jusqu’au jour où, à Genève, elle rencontre une jeune fille qui pourrait être sa fille : âge, physique, couleur des yeux, même facilité à nager et sans mère depuis son plus jeune âge. Tout concorde. Sa quête est-elle enfin achevée et pourra-t-elle profiter pleinement de sa fille retrouvée ? Metin Arditi signe un roman touchant et émouvant et cette Isis moderne ne laissera pas le lecteur indifférent.

Fiche #276
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Metin Arditi lus par Vaux Livres


André BRINK

La porte bleue
Actes Sud

15 | 114 pages | 29-06-2007 | 14€

David sud-africain blanc est professeur d’histoire et de langues, sa femme est également blanche et ils n’ont pas d’enfants. Il est heureux et pourtant hésite à abandonner son métier pour se consacrer à sa grande passion qu’est la peinture. Un jour, la porte bleue de son atelier s’ouvre sur le visage superbe et radieux d’une femme noire accompagnée de deux jeunes enfants métis qui l’appellent papa. Cette apparition lui demeure inexplicable surtout que la femme connaît absolument tout de son existence. Il lui semble que ces trois intrus font partie de sa vie alors qu’il ne les connaît pas : un rêve ou un cauchemar ? une seconde vie ? Cette rencontre exceptionnelle et fantastique lui procure l’occasion d’un retour sur son passé et d’un questionnement sur notre capacité à maîtriser notre destin. Entre conte et allégorie, rêve et hallucination, le lecteur choisira dans ce roman qui laisse quelques portes ouvertes.

Fiche #251
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Bernard Turle


Daniel KEHLMANN

Les arpenteurs du monde
Actes Sud

14 | 299 pages | 15-06-2007 | 21.3€

D. Kehlmann nous emmène à la rencontre de deux monstres du savoir : Humboldt l'explorateur et Gauss le mathématicien. Deux hommes tellement ressemblants et tellement différents : l'un est ouvert au monde et cherche à le découvrir, l'autre demeure enfermé et quelque peu agoraphobe se consacrant uniquement à ses formules. Humboldt réussit à faire déplacer Gauss à Berlin pour une rencontre. Cette rencontre sert de prétexte à Kelhmann pour nous conter leurs histoires, leur terrible soif d'apprendre et de découvrir mais aussi leurs petits travers. Deux hommes toujours sur le fil, oscillant entre réussite et échec, grandeur et décadence, génie et mesquinerie... Kelhmann nous montre deux hommes vraiment humains et loin des icones ou de la perfection, la folie n'est jamais loin de ces hommes d'exception...

Fiche #245
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Juliette Aubert

Les titres de Daniel Kehlmann lus par Vaux Livres


Carla GUELFENBEIN

Ma femme de ta vie
Actes Sud

13 | 300 pages | 21-04-2007 | 20.3€

Londres dans les années 80 accueille un trio attachant : Theo jeune anglais et Antonio chilien exilé sont étudiants en sciences politiques alors que la jolie Clara également chilienne fait irruption au milieu de leur amitié. Un trio qui s’aimera, s’unira, se séparera, se trahira, se retrouvera… Antonio est le héros parfait, exilé, révolutionnaire, beau, séduisant, son aura éblouit son entourage (« Quand Antonio s’arrête sur toi, tu n’opposes aucune résistance ») et pourtant derrière ce masque se cache une grande fragilité. Theo et Clara s’aiment et admirent Antonio. Antonio considère initialement Clara comme sa sœur mais le trio implosera et les trahisons réciproques les sépareront. Antonio et Clara se retrouveront non sans mal au Chili et s’uniront. Theo deviendra correspondant de guerre. Chacun d’eux poursuivra ses chimères et ses idéaux mais demeurera insatisfait. Et puis un jour, Theo recevra un appel téléphonique d’Antonio pour l’inviter à venir les rencontrer au Chili. Un très beau roman sur l’amitié, les sentiments, l’amour et l’exil.

Le coup de cœur de l’été pour ce Jules et Jim version chilienne (parution en juin).

« Au moins sa faiblesse m’a rendue forte. Quand on choisit d’être fort, plus rien de vous atteint, plus rien ne vous touche. On sacrifie son émotion mais on survit. J’ai décidé d’attendre ses rares gestes, ceux qui naissent quand elle renonce à la mélancolie et aux pages de ses livres. »

« Par chance, la révolution et le sexe font bon ménage… Ils sont faits de la même matière : un tas de testotérone. Alors que les sentiments, si tu décides de te battre pour un truc qui en vaut la peine, ils te foutent en l’air. »

« J’avais entendu dire que le courage n’est pas facile. Sauver la vie d’un ami et lâcher le dernier lien qui me rattachait à la femme que j’aimais, c’était une des rares occasions que j’aurais d’en éprouver la solidité. Je regardais de nouveau les hirondelles. Un air serein m’emplit les poumons. »

Fiche #221
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Claude Bleton

Les titres de Carla Guelfenbein lus par Vaux Livres


Juli ZEH

La fille sans qualités
Actes Sud

12 | 466 pages | 20-04-2007 | 24.2€

L’héroïne Ada de Juli Zeh est élève dans un lycée privé fréquenté par des jeunes fortunés. Ada est quelque peu en marge et intrigue voire effraie les autres élèves : sa réputation s’est établie quand elle tint tête avec ses réparties froides et directes à un professeur réputé pour sa sévérité. Elle est froide, directe, surdouée, sans espoir mais pas totalement nihiliste, animée de pulsions destructrices, parfois cynique, souvent violente et sans scrupule ni artifice. Elle rencontre Alev de trois ans son aîné démoniaque et manipulateur. Elle le sonde et mesure sa puissance : "Elle voyait trop bien pourquoi Alev s'intéressait à elle. C'était le même intérêt que celui du joueur d'échecs ambitieux pour un cavalier bien placé". Lentement, Juli Zeh décrit l’engrenage qui amènera Ada et Alev à exercer un chantage sordide sur un professeur admirateur de Musil (comme J. Zeh) vite repéré par le lecteur et Ada pour sa vulnérabilité. La douceur de l’écriture tranche avec les violences des sentiments et des situations.

« A la différence de la machine, l’homme est capable d’inconséquence, il a le don d’esquiver une difficulté quand il pressent d’instinct qu’il lui faudrait s’attaquer à l’infini. Alors que l’ordinateur décroche, l’homme se contente de hocher la tête, de rire ou de pleurer avant de poursuivre tranquillement son chemin. »

« Teuter parlait du merveilleux système démocratique dans lequel ils vivaient tous et auquel il convenait d’acclimater les jeunes gens comme on acclimate les animaux aux conditions d’une petite réserve naturelle bien confortable. »

« Aucun philosophe n’écrirait un gros livre s’il savait d’avance comment on va le citer plus tard. Quand on a interdit à l’homme de connaître l’avenir, on ne voulait que son bien. »

« Au fond, Smutek voulait leur raconter la blague la plus brève qui soit : Deux hommes se rencontrent. Il y en a un qui dit : je suis heureux. »

« Aucun évènement n’est aussi grave que la peur qu’il vous inspire d’avance. Et elle compléta la formule : « Rien n’est pire que de rester indemne, car on est livré sans recours à sa peur. »

Fiche #220
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Brigitte Hébert, Jean-Claude Colbus

Les titres de Juli Zeh lus par Vaux Livres


Wilfried N'SONDÉ

Le coeur des enfants léopards
Actes Sud

11 | 133 pages | 09-04-2007 | 15.3€

Un jeune homme noir abandonné par son premier amour, s’enivre, croise une patrouille de police et commet l’irréparable. Commence alors son introspection depuis sa cellule entre les interrogatoires plus que musclés. Ce dialogue rythmé avec lui-même, avec ses anciens compagnons Mireille et Drissa, et avec l’Ancêtre et les esprits des défunts, révèle le parcours d’un enfant arrivé en France rempli d’espoir et qui s’installe en banlieue puis tente de vivre et d’accepter sa double identité (« Tu seras un funambule au-dessus des continents, des mondes et du temps. Regarde droit, fier, souris et chéris la vie, c’est ton seul trésor. Sois l’artisan de la mutation sans laquelle nous risquons de n’être plus rien demain, puisqu’il s’agit de devenir ce que nous fûmes »). Le récit oscille avec réussite entre souvenirs, rêves et réalité. Drissa choisira un autre chemin (« Attention Drissa, les mots mauvais que tu envoies pour blesser pourrissent avant tout ton propre sang… D’où vient cette cécité qui t’empêche de réaliser que tu es déjà partie intégrante de ce monde »). Mireille l’épaulera, le protègera, l’aimera puis le quittera. Histoire d’un premier amour, d’un parcours chaotique d’exilés entre deux mondes. Histoire non larmoyante, réaliste, balançant entre optimisme et pessimisme, sans agressivité gratuite, sans compassion ni haine, sans slogan, discours idéologique ni grandes vérités péremptoires, un simple cri humain, terriblement humain.

« Le malheur est maladie contagieuse, son odeur est tenace… »

« Je souris de ma peur d’antan des yeux clairs, ils rappelaient les chairs à vifs, sans parler de ces nez, avec leurs narines serrées comme les pointes de flèches des guerriers lors des parades, le jour anniversaire de l’indépendance. Mon cœur de gamin ressentait une peine immense pour ce peuple condamné à souffrir un martyre sans fin pour respirer convenablement à chaque instant. »

« Avec nos gueules à ne pas être comme les autres, Drissa et moi resterons debout ! Ensemble, nous continuerons à nous étirer, toujours plus grands et agiles, merveilleux, étranges, extraordinaires. Je lui prendrai la main pour parfaire le grand écart, celui que nous tissons entre les continents, les mondes et aussi le temps. C’est le grand art de demain. »

Ecouter la lecture de la première page de "Le coeur des enfants léopards"

Fiche #216
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Wilfried N'Sondé lus par Vaux Livres


Marie-Sabine ROGER

Les encombrants
Actes Sud

10 | 86 pages | 27-03-2007 | 7€

en stock

Marie-Sabine Roger nous livre sept nouvelles très différentes mais toutes émouvantes sur "les vieux" : le « compagnon » d’Eliette que sa famille intéressée ne visite que très rarement ne partage pas son excitation à l’annonce de leur arrivée, une garde de nuit intraitable et méprisante, une fille impuissante et qui culpabilise devant la dégradation de la santé de son père placé en maison, la célébration de l’anniversaire d’une nouvelle centenaire et le spectacle organisé par les médias et les politiques, une femme qui revient sur les lieux de son enfance et rencontre un vieux luthier désorienté, un vieux râleur à qui l’on a proposé de remplacer sa femme par un chien, une femme âgée pleine de vie qui croit en sa nouvelle rencontre. Sept tableaux différents car toutes les vieillesses sont exposées et le propos nous touche au plus profond de nous-mêmes que la vieillesse soit là, proche ou lointaine : notre destin nous est rappelé en filigrane. Les portraits sont variés et montrent l’universalité des caractères : les vieux décrits peuvent être drôles, vifs, touchants, charmeurs, râleurs, aigris, désagréables... Les comportements et les réactions de leurs entourages sont également multiples : douceur, patience, culpabilité, reproche, dédain, mépris voire méchanceté... Un livre si humain que l'on n'en sort pas indemne...

Fiche #209
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Marie-Sabine Roger lus par Vaux Livres


Paul AUSTER

Dans le scriptorium
Actes Sud

9 | 147 pages | 10-02-2007 | 18.8€

Un homme âgé se retrouve dans une chambre inconnue. Désorienté, il ne sait plus qui il est, il ignore pourquoi et comment il se retrouve assigné à résidence entre les quatre murs dénudés de cette pièce. La pièce est percée d'une unique fenêtre mais sans vision extérieure. Les visiteurs empruntent une porte à laquelle il ne peut accéder. De même pour un placard qui reste inaccessible. Ses visiteurs lui rappellent vaguement quelques souvenirs et le nomment Mr Blank (« le vide »). Ils semblent vouloir l’épauler pour retrouver le fil de sa vie notamment grâce à une série de photographies en noir et blanc, un manuscrit et un stylo. Qui est-il ? Pourquoi ces interlocuteurs (et notamment Anna si compréhensive) le maintiennent cloitré dans cette pièce et lui parlent de traitement médical ? Ils semblent tous avoir été à son service et lui reprochent de les avoir envoyés accomplir des missions qui ont laissé quelques traces. On apprend que ses faits et gestes sont enregistrés en temps réel par plusieurs caméras et micros. Que lui veulent ces mystérieux visiteurs ?

En peu de pages, Paul Auster aborde plus ou moins discrètement différents thèmes : historiques et contemporains avec l’histoire d’un pays qui ressemble beaucoup aux Etats-Unis mais aussi plus personnels peut-être avec le travail (solitaire) de l’écriture mêlant quelques références avec ses livres passés. Il mêle avec réussite fiction et réalité : à la fin du livre, le lecteur a la surprise de se retrouver dans une pièce agrémentée de multiples miroirs avec Mr Blank qui se reflète dans l’ensemble de ces miroirs et il est incapable de détecter le vrai Mr Blank des faux, mais existe-t-il d’ailleurs vraiment ?

Fiche #193
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Christine Le Boeuf

Les titres de Paul Auster lus par Vaux Livres


Leena LANDER

Obéir
Actes Sud

8 | 361 pages | 13-10-2006 | 22.2€

Leen Lander nous confronte à un trio acteur de la guerre civile finlandaise en 1918 : un soldat de la garde blanche, une prisonnière rouge et un juge. Les deux premiers sont retrouvés dans une île alors que le soldat escortait la prisonnière vers une rencontre avec le juge. Ils vont finalement rejoindre le juge dans une ancienne clinique d'aliénés transformée en tribunal militaire. Le juge certain de son bon droit, de son pouvoir et de son intelligence s'attachera à faire avouer ses crimes à la prisonnière ainsi que le déroulement de son séjour insulaire qui l'intrigue particulièrement. Haine, honneur, séduction, ruse, amour construisent les relations de ce huis clos tragique.

"J'ai l'impression qu'une femme comme Miina supporte bien mieux d'être humiliée que d'avoir honte d'elle-même"

"On s'est fait baiser en chantant, mais on se serait fait aussi bien baiser sans chanter"

Fiche #160
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Anne Colin du Terrail


Laurent GAUDÉ

Eldorado
Actes Sud

7 | 238 pages | 21-08-2006 | 19€

Pendant que certains nous exhortent à nous protéger de l'invasion des "barbares" et arranguent les foules pour faire monter la peur, Laurent Gaudé choisit de rendre hommage aux hommes qui partent et risquent tout dans l’espoir d’une vie meilleure et d'un Eldorado. Malgré l'actualité brûlante du sujet, il rend encore plus réels et pesants ces parcours semés d'embûches que seuls un espoir et une volonté indéfectibles permettent d'affronter.

A Catane, le commandant Piracci navigue depuis vingt ans au large des côtes italiennes et intercepte les embarcations des émigrants clandestins : "Ils nous disaient que nous étions là pour garder les portes de la citadelle. Vous êtes la muraille de l'Europe... C'est une guerre messieurs... Il faut tenir. Ils sont toujours plus nombreux et la forteresse Europe a besoin de vous... J'y ai cru, moi, reprit Piracci. Je ne parle pas de politique ou d'idéologie, non, mais j'y ai cru parce que pendant longtemps c'est ce que je ressentais lorsque j'étais en mer". Il sauve tout d'abord les émigrants qui ont eu la chance de rester en vie puis les condamne immédiatement à une nouvelle tentative en les remettant à la police des frontières : "Pour un instant encore, il était en train de sauver des vies. De soustraire des êtres à l'engloutissement. Pour un instant encore, il n'y avait que cela. Dès qu'ils auraient tous pris pied à bord, il allait devoir redevenir le commandant italien d'un navire d'interception". Il prend à coeur sa tâche, gardien de la Citadelle, mais plusieurs événements viendront ébranler peu à peu sa foi et remettront en cause toutes ces certitudes provoquant un départ vers d'autres cieux dans le sens inverse...
Dans le même temps, au Soudan, deux frères envisagent le dangereux voyage vers l'Eldorado européen. Rapidement séparés seul Soleiman partira et Laurent Gaudé nous fera accompagner son périple jusqu'en Espagne épaulé par le boiteux et expérimenté Boubekar parti depuis sept ans pour la même destination.

Ni théorie, ni prise de position radicale, seulement une histoire humaine racontée avec pudeur et ancrée dans la réalité qui vous fait souffrir auprès de ces hommes qui, au péril de leur vie, ont décidé de partir et de changer radicalement de vie.

"Je me suis trompé. Aucune frontière n'est facile à franchir. Il faut forcément abandonner quelque chose derrière soi. Nous avons cru pouvoir passer sans sentir la moindre difficulté, mais il faut s'arracher la peau pour quitter son pays."

"Ils ont volé les miséreux que nous sommes. Même les plus pauvres ont encore quelque chose à donner aux charognards."

Fiche #114
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Laurent Gaudé lus par Vaux Livres


Alice FERNEY

Les autres
Actes Sud

6 | 532 pages | 21-08-2006 | 22.2€

Une maison, trois générations d'une famille et quelques proches et un jeu "Personnages et caractères". Ce jeu, "susceptibles s'abstenir", offert par Niels à son frère Théo entraîne la famille et ses proches dans une véritable et terrible introspection et analyse : la tension devant la vérité ira croissante, ce jeu est une machine à révélations. Toute famille recèle ses secrets et ses non-dits que le jeu fera voler violemment en éclats : les révélations se succèdent et l'analyse psychologique et comportementale des protagonistes sera impitoyable : connaît-on ses proches ? quelle image ont-ils de nous ? comment nous jugent-ils ? comment pensons-nous que les autres nous apprécient ? De quoi nous jugent-ils capables ? ... Tant de questions rarement posées que le jeu énoncera pourtant.

Alice Ferney décrit la même soirée selon trois modes ou éclairages :
- "Choses pensées" : suite de courts chapitres présentant alternativement le ressenti d'un acteur du vécu de la soirée et ses réflexions
- "Choses dites" : déroulement complet et collectif du jeu
- "Choses rapportées" : un narrateur neutre reprend la partie et éclaire certains faits, comportements, ou dialogues par de nouvelles informations.

Alice Ferney réussit parfaitement cette analyse psychologique familiale collective et a l'art d'explorer les failles de chacun. Ses personnages sont toujours aussi humains, sensibles, vulnérables et attachants. Reste à savoir si vous appliquerez ou non ce jeu en famille !

"Je regarde le journal télévisé. Comme si je pouvais par là m'acquitter de ma présence au monde, mais c'est peine perdue. A mon âge on ne résiste plus aux clameurs mondiales de la violence : on éteint le poste et on pleurt."

"Niels est fier comme un enfant. Il croit que son idée plaît. Pauvre Niels ! Qui se croit si intelligent et irrésistible, et qui a tout sous les yeux pour le croire. Ce qu'il ignore fait de lui un imbécile, mais justement il l'ignore."

"Depuis quand croyons-nous que notre perception du monde est le monde ? Depuis quand sommes-nous si sûrs que la réalité telle qu'elle existe pour nous existe identique pour les autres ?"

"On se tue avec des phrases. On cesse d'exister sous les yeux de celui qui a prononcé les paroles irréparables. Puis on cesse de l'aimer parce qu'il vous a fait disparaître en vous parlant si mal. Tout cela sans un mot après trop de mots."

Fiche #124
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Alice Ferney lus par Vaux Livres


Nancy HUSTON

Lignes de faille
Actes Sud

5 | 487 pages | 21-08-2006 | 21.9€

Quatre générations d'une famille racontent leur histoires à des époques différentes. Le déroulement commence en 2006 et s'achève en 1945. L'histoire de chaque personnage débute à six ans et marque la fin de l'innocence : Solomon en 2004, Randall son père en 1982, Sadie sa grand-mère en 1962 et Kristina son arrière grand-mère en 1944. Sol est un petit américain de six ans conscient qu'il vit dans l'Etat le plus riche du pays le plus riche du monde doté du système le plus perfectionné capable d'anéantir l'espèce humaine en un clin d'oeil. Il est stupéfiant de suffisance, nourri par Google et s'identifiant à Bush et à Dieu. On ne connaîtra pas son devenir d'adulte mais le lecteur le quitte avec inquiétude... Son père Randall se souvient des absences de sa mère Sadie s'occupant toujours des autres et qui l'a emmené vivre à Haïfa pour étudier les archives afin de déterminer les antécédents de ses grands-parents dont sa mère ne lui parlait que très peu. Sadie fut élevée par ses grands-parents sans tendresse au Canada et l'absence initiale de sa mère lui fut lourde ("chaque jour a son parfum de tristesse bien à lui"). Elle se réfugie dans la lecture : "lire est mon seul et unique talent, si on me disait que je n'ai plus droit de lire, j'aurais une crise d'apoplexie et j'en mourrais". Elle vivra pourtant avec sa mère Erra et son beau père de brefs moments de bonheur entachés par les révélations d'Erra. Ne connaissant pas ses origines réelles, juive, allemande ou canadienne, elle n'aura de cesse de chercher la vérité sur sa mère et nous découvrirons avec elle ce qu'a été la vie d'Erra. Un des points communs entre les quatre personnages est un grain de beauté visible ou non, talisman pour les uns ou souillure pour les autres. Sol marquera une rupture puisqu'il fera extraire ce grain de beauté.
Ce roman qui traverse le vingtième siècle est cruellement d'actualité puisqu'on y croise : Abou Ghraïb, le 11 septembre, les Irakiens et Saddam Hussein, Bush et Dieu, Israël et la Palestine, les Allemands et les Lebensborn, les guerres, toutes les guerres... Sur la construction des hommes et la famille qui nous façonne : ces enfants changeront de pays, de langues, de religions. Mémoire, fidélité, culpabilité et Histoire traversent cette fresque qui nous tient en haleine du début à la fin.

Fiche #125
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Nancy Huston lus par Vaux Livres


Cécile LADJALI

Louis et la jeune fille
Actes Sud

4 | 168 pages | 21-08-2006 | 17.8€

Louis Lecoeur est soldat dans les tranchées de 14 et Lorette Ficin apprend la sténo dans les années 50 à Paris. Ils écrivent tous les deux des lettres, Louis à sa famille, à ses proches et à ses "marraines de guerre" et Lorette à ses proches et pour les vieilles dames de son quartier. Ces lettres envoyées ou non constituent ce livre. Dans les deux cas, elles constituent un moyen de survie pour leurs auteurs (écrire des lettres pour quelqu'un, c'est vivre un peu par lui, pour lui), et sans ces écritures, la mort aurait frappé plus tôt. Deux vies éloignées avec des préoccupations différentes qui vont pourtant se rejoindre.
Louis exprime sa version de la réalité dans ses lettres mais il reçoit aussi les lettres adressées à ses copains morts et sera amené à écrire à Léonie veuve de guerre qui le fera espérer à un mariage à l'issue des hostilités. Lorette écrit notamment pour Lucette maitresse de Tao poilu chinois. Dans ces lettres, la mort rodent. Louis y est confronté évidemment quotidiennement par l'horreur de la guerre, par la survie dans les tranchées alors que Lorette est atteinte par la tuberculose. Mais on y trouve aussi l'amour, la tendresse, la jeunesse et l'espoir. Hymne aux mots, à l'écriture et à la correspondance, la force des mots et leur pouvoir mais aussi leur limite ("les mots ne peuvent pas tout") éclatent au fil des pages.

"Quand il se risque à écrire, Jean, un camarade presque illetré, graphie à sa famille les lettres les plus touchantes qu'il m'ait été donné de déchiffrer. Des mots aux signes manquants, des phrases tordues qui avancent à cloche-pied, mais un sens qui est, lui, toujours droit. La détresse a de ces rectitudes !"

Fiche #126
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Cécile Ladjali lus par Vaux Livres


Paulina CHIZIANE

Le parlement conjugal
Actes sud

3 | 378 pages | 18-08-2006 | 23.4€

Le sous-titre de cette fable du Mozambique est "Une histoire de polygamie". Rami après avoir enfanté plusieurs fois est délaissée par son époux. Une enquête rapide lui confirme que son mari est polygame. Même si elle demeure la première femme et prépondérante sur ses rivales, l'amour de son mari s'éloigne avec sa jeunesse. Elle peine à s'en remettre et à force de réflexion et discussions, elle ira à la rencontre des quatre autres femmes accueillant son mari. Le lecteur suivra alors avec intérêt leur cheminement qui aboutira à la création d'un parlement conjugal. La femme africaine trouvera-t-elle ainsi une place égale à l'homme ? Le jugement final sera-t-il fatal au mari ou lui permettra-t-il un retour même discret dans le foyer conjugal ? Rami vous le fera découvrir !

Fiche #102
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Sébastien Roy


Christos CHRYSSOPOULOS

Le manucure
Actes Sud

2 | 120 pages | 30-12-2005 | 13.2€

en stock

Récit de la folie et de l'obsession d'un homme, Philippos Dostal, envers les mains. Manucure, il est à leur contact quotidiennement et à leur service. Mais le roman ne consacre que quelques pages à son métier qui n'est qu'une conséquence de sa folie. Son obsession nous fera rencontrer une femme réduite à ses mains et qualifiée de "mains de marbre", un homme Pavel pour qui les mains ont un rôle primordial dans la communication et enfin une femme silencieuse estimée folle par Philippos.
La forme du roman renforce son efficacité : l'alternance entre le récit d'un narrateur inconnu et les pages du journal de Philippos le rend vif, rapide, sec, sans fioriture allant à l'essentiel. Un beau miroir de la folie qui finit dans le trouble...

"Phlippos voyait avec ses mains, sentait avec les doigts... Philippos n'avait pas peur de toucher... Les yeux fourvoient sans cesse, trompent. La façon dont tout, autour de nous, n'existe que si cela apparait, la facilité avec laquelle on fait confiance à la vue, l'abondance des images est une immense servitude. Quand on vit avec les mains et non avec les yeux, on vit lentement, humainement".

Fiche #34
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Anne-Laure Brisac


Ch'Oe INHO

La tour des fourmis
Actes Sud

1 | 67 pages | 30-12-2005 | 12.2€

Cette nouvelle coréenne nous plonge avant Bernard Werber dans le mode des fourmis. Dans son nouvel appartement, le narrateur découvre qu'il est envahi de fourmis, puis que l'immeuble en est également infecté. Il commençe alors à les étudier, à reconnaitre leur uniformité et à décrypter leurs comportements au service de la collectivité, puis leur déclare la guerre. Il fallait que ce soit un asiatique, peuple communément comparé aux fourmis, pour écrire ce petit texte.

Fiche #96
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Patrick Maurus





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