« Que peuvent ceux qui n'ont que l'obéissance pour horizon face à ceux qui sont libres de leur pensée ? »
Benjamin Flao
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Après le glaçant et perturbant « Poupée », Julien Burri revient avec six récits, aussi indépendants qu’interdépendants. Le jeune Ralf les traverse, miroir de chacun des personnages, point d’attraction, de révulsion des personnages des six histoires. Les personnages se croisent dans leur solitude, s’aiment, se déchirent, se quittent, disparaissent, le tout avec la distance et le froid que sait brillamment établir Julien Burri.
Fiche #969
Thème(s) : Littérature étrangère
Une femme évoque son angoisse du vieillissement, la fuite du temps mais surtout son passé depuis un lieu champêtre entre la nature et sa chambre aux mots où la quête des mots comme l’attente de ce jeune regard bleu et mâle qu’elle attendra indéfiniment occupent tous ses instants. La solitude constitue son mode de vie, recherchée et adorée mais aussi haïe et redoutée. Le temps file et le regard ne s’estompe pas, ni le souvenir du seul amour de sa vie, que les jeunes rencontres d’un soir ou deux ne remplaceront jamais (« … l’intrusion d’un homme, quel qu’il soit, puisque, de toute manière, je n’appartiendrai qu’à un seul d’entre eux, irremplaçable. »). Elle vit avec ce regard bleu et éclairant qu’elle attend, ses fantômes amis, Burgess et Henry Miller, Georges Belmont (le traducteur de Miller), Maurice Béjart, mais surtout sa faune, chats, chien, ses amours indéfectibles. Attentive à la faune et à la flore, elle vit dans un espace protégé, Eden sauvage et préservé, et nous fait partager son étonnement continuel face à la beauté naturelle confirmé par le passage de deux chats sauvages qu’elle accueillera à bras ouverts ! Asa Lanova dans une prose précieuse, précise et travaillée immortalise « l’approche du déclin » d’une femme isolée au cœur d’une nature luxuriante et adulée.
Fiche #965
Thème(s) : Littérature étrangère
Quelle joie de retrouver le ton moqueur, caustique, ironique parfois cynique et féroce de Iegor Gran. Nous allons enfin savoir si les écologistes ont de l’humour ! En effet, après la bureaucratie, les ONG, le prix Goncourt entre autres, Iegor Gran s’attaque dans ce nouveau roman à ce qu’il nommerait sans aucun doute cette nouvelle religion ! Son attaque frontale passe par le récit de l’amitié du narrateur avec son voisin « durable » , un voisin qui trie, recycle, attentif à la planète mais aussi et surtout au comportement de son voisin ! Pamphlet évidemment moqueur, ironique, avec ses têtes de turc (les icônes écolos médiatiques doivent encore avoir les oreilles qui sifflent !) qui parfois en dénonçant une religion en établit une autre, parfois réaliste, parfois exagérateur mais toujours source de réflexion donc nécessaire voire salvateur !
Fiche #964
Thème(s) : Littérature française
Dans la très fraiche collection "Pas folle la bestiole", le petit goéland pose de manière récurrente à chaque animal du zoo cette question existentielle, "Alors qui, dans ce zoo, me prêtera une dent pour être plus beau ?". Mais un petit goéland a bien d'autres qualités et il le découvrira par lui-même et avec l'aide de ses amis !
Fiche #975
Thème(s) : Jeunesse
Les amis de la ferme ont décidé de partir en vacances et de rejoindre les bords de mer. Vous suivrez avec plaisir l'épopée de ces joyeux lurons, âne, cochon, mouton, biquette, poule et compagnie...
Fiche #976
Thème(s) : Jeunesse
La maman de Léo depuis quelques temps ne sourit plus. Où est passé son sourire ? Qui l'a volé ? Où est-il passé ? Léo part à sa recherche avec toute sa candeur et son amour !
Fiche #961
Thème(s) : Jeunesse
Elisa GRANOWSKA
L'étrange secret de Dolly Lola
Eveil et Découvertes
174 | 13-06-2011 | 12.5€
Dolly Lola est une adorable sorcière, douce, gentille, attentionnée. Mais Dolly Lola a un terrible secret que seul son chat connaît. Pourvu que personne d'autres ne le découvre !
Fiche #962
Thème(s) : Jeunesse
Christophe ESNAULT
Tibère à la pêche !
Millefeuille
173 | 13-06-2011 | 7€
Suivez Tibère le bernard-l'hermite pour une visite guidée des fonds marins, visite très instructive mais non dénuée de dangers !
Fiche #963
Thème(s) : Jeunesse
Victor passe tout son temps libre (voire plus !) devant son écran en compagnie de ses jeux vidéo. Pourtant tous les samedis, son père réussit à l'extirper afin qu'il l'aide dans sa librairie de livres anciens. Et ce samedi, Victor rencontrera les mots et un nouveau monde s'ouvrira à lui ! Une BD sympa pour ramener les petits à la lecture et au dialogue !
Fiche #958
Thème(s) : Jeunesse Bandes dessinées
Sur un sujet périlleux, Clare Brown nous offre un premier roman troublant et émouvant. A 32 ans, Jennifer malgré sa passion pour son violoncelle ressent sa vie comme ennuyeuse. Tout est bouleversé lorsque son regard croise celui du petit Sam, deux ans, une mère en marge qui selon Jennifer le néglige. Elle décide sur l'instant de l'aimer, de le protéger, de l'aider à grandir. Elle l'enlève et quitte tout pour rejoindre sa mère qu'elle n'a plus vue depuis cinq ans. Elle savoure tous les instants, s'installe dans sa nouvelle vie et oublie progressivement le danger et son geste. Pourtant le livre s'ouvre par sa confession avec une psychologue. Par un va-et-vient entre passé et présent, le roman alterne les chapitres d'entretiens avec la psychologue et le récit de l'année si heureuse partagée avec Sam ou plutôt Arthur renforçant autant l'émotion que le suspense quant à l'issue de cette confession introspective.
Premier roman
Fiche #956
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Sylvie Schneiter
Therese BOHMAN
La noyée
Balland
170 | 223 pages | 22-05-2011 | 20.2€
La noyée propose un huis clos familial sous la forme d'un trio que l'on sent déséquilibré dès les premières pages. Marina rejoint sa soeur Stella pour les vacances. Stella à la surprise de ses proches s'est mariée avec Gabriel écrivain poète beaucoup plus âgée. Marina est beaucoup plus jeune que Stella et leur relation semble relativement distante. Le trio s'installe, les tensions également. Secret, amour, violence, tensions, apaisements, sentiments contraires, atmosphères opposés, le chaud et le froid accompagneront le lecteur tout au long du roman.
Fiche #954
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Carine Bruy
C’est l’histoire d’une histoire. Une histoire si petite qu'à peine commencée, elle est déjà finie et elle s'en lamente ! Pourtant elle est universelle, intemporelle, connue de tous et partagée par tous. Que demander de plus ?
Fiche #953
Thème(s) : Jeunesse
Martin, 10 ans, alors que son papi vient de mourir, décide pourtant de ne rien changer à ses habitudes et part pour les vacances chez sa grand-mère. La maison semble vide et la mamie a les yeux dans le vague. Comment la ramener à la vie ? Martin ne sait comment s'y prendre. Jusqu'à une formidable découverte dans un hangar... Bel album rempli de tendresse.
Fiche #950
Thème(s) : Jeunesse
En rentrant de l'école, Hugo l'escargot et Horace la limace croisent une superbe salade. Par l'odeur alléchés, les deux compères entreprennent une course sans pitié pour aller requérir l'aide de leurs familles ! Qui gagnera cette course incertaine et singulière ? Pas d'entraide possible ?
Fiche #951
Thème(s) : Jeunesse
Venez rencontrer Petit Pierre le pirate, intrépide, sans peur ou presque, accompagné du fidèle Pépin perroquet attentif et joyeux sur bateau voguant dans les mers du Sud. Première lecture.
Fiche #952
Thème(s) : Jeunesse
« Un été sans les hommes » confronte le lecteur à quatre générations de femmes en suivant leurs destins de l’adolescence à la vieillesse et la mort. Les personnages sont marquants, souvent fragiles, et les sentiments et caractéristiques de chaque âge sont dépeints avec justesse comme leur évolution au cours du temps. Mia, la narratrice, 55 ans, a sombré dans la folie lorsque son mari lui a proposé de faire une parenthèse dans leur vie de couple, pause due à une belle et jeune collègue française qu’elle surnommera d’ailleurs « La Pause ». Internée, elle se retrouva au milieu de lourds cas psychiatriques qu’elle quittera pour sa région natale, le Minnesota, où elle tente depuis de se reconstruire en revivant sa vie de petite fille, de jeune femme, de femme et de poète. Elle retrouve sa mère qui vit dans une résidence entourée de veuves joyeuses (les Cygnes), pleines de vie et d’humour sans pourtant oublier que la fin approche. Elle se lie d’amitié avec sa jeune voisine, mère délaissée et brisée par son mari hurleur. Elle anime enfin un atelier d’initiation à la poésie pour sept adolescentes (les sorcières) que la cruauté et la perversité animent parfois à l'orée de leurs vies d’adultes. Quatre générations de femmes sans hommes, sorte de bilan d’une vie de femme voire de la vie de la Femme. Siri Hustvedt avec une écriture irréprochable et accomplie réussit à chaque livre à happer le lecteur dans son univers, dans le monde de ses personnages, mais ici, en le prenant à témoin, elle renforce encore sa proximité avec ces quatre générations de femmes. Siri Hustvedt un auteur à ne pas manquer (cf. livre du mois de janvier-mars 2011).
« L’enchantement réside dans le sentiment et dans la façon de raconter, voilà tout »
Fiche #949
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Christine Le Boeuf
Nobu après avoir quitté une grande entreprise fonde un établissement privé d’enseignement spécialisé dans la préparation des examens. Il réalise ainsi le rêve de son père, instituteur accompli et admiré qui s’est pourtant suicidé suite à la mort d’un élève et d’accusations infondées. La fille de Nobu choisit le nom de l’établissement : « Tonbo », c’est-à-dire « libellule », libellules qui font le voyage de l’Asie du sud-ouest vers le Japon du nord pour y mourir. La vie s’écoule tranquillement entre son établissement, sa famille, ses balades… jusqu’à la venue d’un ancien élève de son père qui lui dévoilera les circonstances de la mort de son père. Aki Shimazaki continue son évocation du Japon, de sa culture et de ses coutumes, toujours avec retenue mais intensité dans ses textes minimalistes qui évoquent avec douceur, par petites touches légères, la vie, ses secrets comme ses violences. Un auteur incontournable.
Fiche #948
Thème(s) : Littérature étrangère
Superbe texte d’Erri de Luca où sa vision personnelle et poétique de la vie de deux seigneurs, deux géants solitaires de la nature en fin de règne bouleverse le lecteur : un chamois, grand, fort, puissant, mâle solitaire qui a vu sa mère et sa sœur tuées par les chasseurs et qui s’est élevé seul échappant à tous, régnant sur son domaine ; un homme, braconnier, qui a quitté les hommes déçu par ses espoirs de Révolution et rejoint la solitude de la montagne rêvant d’achever sa carrière en tuant ce roi qui lui a toujours échappé. Deux instincts de survie qui se ressemblent ou s’affrontent et les deux solitaires ayant l’expérience de la vie sentent leurs fins approcher. La montagne et la nature comme cadre sont sublimement décrites, les caractères finement esquissés, de la puissance du chamois à la force du chasseur en passant par la fragilité du papillon. Somptueuse allégorie appuyée par une écriture magique et sensible qui nous rappelle la proximité entre l’homme et la nature.
"Sur la corne ensanglantée du vainqueur se posèrent des papillons blancs. L'un d'eux y resta pour toujours, pour des générations de papillons, pétale battant au vent sur la tête du roi des chamois durant les saisons d'avril à novembre."
Fiche #947
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Danièle Valin
La narratrice Christine a perdu totalement la mémoire suite à un accident. Elle vit avec Bent son mari qui lui est totalement dévoué. Chaque matin, tout est oublié et tout à refaire. Tous les traitements ont échoué. Elle voit maintenant en cachette le Dr Nash qui lui conseille de tenir un journal, sa nouvelle mémoire. Jour après jour, malgré son amnésie, ses certitudes concernant son passé s'ébranlent. Doute oublié le lendemain ! Suspense éprouvant et continu. "Avant d'aller dormir" fait partie de ces livres que l'on a parfois envie de reposer et qu'inexorablement l'on reprend pour ne pas oublier !
Premier roman
Fiche #946
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction :
Sophie Aslanides
Miceal O'GRIAFA
David CHARRIER
Le baiser de l'orchidée
Emmanuel Proust
161 | 56 pages | 28-04-2011 | 14€
en stockUne BD très réussie (scénario et illustrations) qui reprend avec brio tous les codes du roman noir et à suspense. Superbe créature, magnat de la presse aux affaires louches, tueur en série, détective privé... Rien n'a été oublié !
Fiche #943
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
PÉCONTAL
TOLLIAM
Caribobèche
EpsilonBD
160 | 45 pages | 28-04-2011 | 12.5€
Une BD pour les plus jeunes non dénuée d'humour qui narre une aventure de Tizan face à l' horrible Grandmèr Kal, terrible grand-mère qui a décidé de devenir belle. Mais pour cela, elle doit capturer un rayon de soleil. Tizan, sa soeur et le petit Camou pourront-ils Eryt'M le malheureux rayon tombé dans les griffes de l'effrayante Grandmèr Kal !
Fiche #944
Thème(s) : Jeunesse Bandes dessinées
Billy est un petit cow-boy mais aujourd'hui il est pressé et dans ce cas rien ne l'arrête ! Ni les indiens, ni Cassidy et sa bande... mais au fait, pourquoi Billy le môme est-il pressé ? Un joli petit album tout en douceur.
Fiche #945
Thème(s) : Jeunesse
Le jour où Siham grimpa dans un arbre aux abords de sa maison, elle ne l’oubliera pas. Depuis cet arbre, elle assistera au massacre de sa famille par des miliciens qui d’habitude passaient leur chemin et ne s’arrêtaient pas. Seul son petit frère caché dans la maison sera épargné, elle le retrouvera en état de choc. Parmi les miliciens, elle reconnaît l’épicier d’un village voisin où elle se rendait avec ses parents. La vision de ce terrifiant évènement ne la quittera plus, elle la hantera (« Dans sa tête il fait toujours guerre »), vision obsédante qui l’empêchera de croire en un avenir. Jamais elle ne pourra comprendre ces haines, ces meurtres entre communautés voisines dont elle ne ressent pas les différences. Aussi seule l’envie de vengeance la maintient en vie (« Elle sait qu’il ne la quittera pas tant qu’elle ne l’aura pas revu ») et lui permet de continuer d’avancer alors que la guerre demeure omniprésente. Le destin de Siham comme celui du Liban ne semble pas pouvoir s’en affranchir : oublier est impossible, pardonner c’est trahir les morts et simplement vivre c’est aussi trahir ses morts. Un roman essentiel pour rappeler la puissance destructrice de la guerre aujourd’hui, demain et après demain.
« Elle pense à Maher, même quand elle ne pense pas à lui, il est là, qui imprègne sa perception du monde comme un écran invisible entre elle et les choses. Tout porte sa trace autour d’elle, tout résonne de sa voix. Elle est captive d’une prison immatérielle dont il est le geôlier sans mains et sans visage. »
« Un regard absent qui n’exprime rien, rien qu’une insondable lassitude, une lassitude au-delà du sensible, désincarnée, minérale. »
Fiche #941
Thème(s) : Littérature étrangère
Paul SALOMONE
L'homme qui l'aimait pas les armes à feu (T1)
Delcourt
157 | 48 pages | 24-04-2011 | 15.5€
En Arizona, en 1899, Byron Peck avocat douteux de Los Angeles accompagné d'un géant nordique au langage singulier, Knut Hoggaard, recherche avec insistance et espoir, un lieu retiré qu'un brigand leur a indiqué. Dans les parages, une belle et jeune franco-russe, Margot de Garine, voyage en train et semble attendre avec impatience les attaques de train. Que du beau monde dans une région pourtant pas très attirante !
Fiche #942
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Carlos Castan nous démontre dans ce recueil sa maîtrise dans l'exercice ardu de l'écriture de nouvelles. Ces trois courts récits content trois solitudes différentes, parfois tristes, parfois mélancoliques non dénuées de dérision. Ils sont construits avec minutie, chaque mot est pesé, les évènements s'enchaînent avec justesse, pour finir par surprendre le lecteur.
"... c'est la douleur du passé, et la douleur du passé, cher ami, ne nous pardonne rien, elle nous oblige à la dignité avec son fouet venu de si loin dans le temps."
Fiche #933
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Serge Mestre
Dorothea RAZUMOVSKY
Les vaches rouges ou un dernier amour
Buchet-Chastel
155 | 178 pages | 22-04-2011 | 18.25€
Madame le professeur a disparu de la résidence pour personnes âgées où elle s'était installée depuis quelques temps avec sa chienne Cora. On ne retrouve que son ordinateur sur lequel elle tint son journal. On découvrira pourquoi elle a choisi de quitter sa maison et sa belle-fille mais surtout sa rencontre avec Waldemar Wagner ou Vova un jeune allemand d'origine russe qui deviendra très proche d'elle jusqu'à ce qu'il disparaisse sans laisser de traces. Elle ne pourra l'abandonner et quittera donc sa résidence pour partir à sa recherche au pays des vaches rouges. Un superbe roman qui aborde le thème de la vieillesse sans plaintes ni gémissements, bien au contraire, avec une approche vivifiante. L'héroïne déborde d'humanité, de tendresse et aborde avec détachement le regard des autres, des jeunes, du personnel soignant, des personnes âgées sur la vieillesse ainsi que son propre regard sur elle-même. Le discours est très réaliste mais jamais larmoyant. Un très beau texte sur une vieille dame allant au bout de ses envies.
"Oui je suis heureuse, car on a besoin de moi. Peut-être chaque être humain n'a-t-il besoin pour être heureux que d'une seule personne qui ait besoin de lui."
"Comment chacun sait, derrière chaque femme fatale se cache un homme qui cherche avec désespoir ses chaussettes."
Fiche #934
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Chantal Le Brun Kéris
Ellen, dernière survivante de sa famille, a environ 60 ans lorsqu'elle se remémore son enfance en Caroline du Nord. Elle mêle rêves et souvenirs, images vraies ou non l'ayant marquée. Elle appartient à un milieu où la vie est dure, âpre. Personne n'est épargné, surtout pas les enfants et encore moins les femmes. Sa mère aura onze enfants, deux disparaissant rapidement, se battra quotidiennement pour leur donner simplement à manger. Le père et les frères boivent, frappent, se font servir. Les souvenirs déferlent, un à un, s'enchaînent, s'emboîtent, image après image. Un rêve revient sans cesse, sa mère s'enfonçant lentement dans la rivière, cette mère qu'elle attend toujours et dont l'amour continue de lui manquer.
"... je sais que c'est parce que je suis veille et que toutes les rivières de ma mémoire s'élancent irrévocablement vers la mer... Je suis assez vieille pour qu'un souvenir devienne aussi réel que la réalité elle-même."
Fiche #935
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Geneviève Leibrich
Réédition d'un album de Gabrielle Vincent qui relate une journée de la vie d'un chien. Album sans texte, mais qui connait Gabrielle Vincent sait que ses esquisses et dessins n'ont nullement besoin de texte pour traduire la vie, les émotions. Du grand art !
Fiche #936
Thème(s) : Jeunesse
Vous avez l'habitude des ogres terribles et féroces, sans pitié, mangeurs d'enfants, et bien, venez rencontrer Raoul pour oublier ces croyances et généralités ! Raoul est vraiment différent pour le plus grand bonheur des enfants !
Fiche #937
Thème(s) : Jeunesse
Petit panda part en vacances avec ses parents tout joyeux. Pourtant, arrivé à destination, il devient triste. Il est seul, sans ami, seul Griz le petit ourson est là mais il l'ignore. Ils sont si différents ! Mais Li a de la suite dans les idées...
(sur le thème de la différence et de l'amitié)
Fiche #938
Thème(s) : Jeunesse
Lorsque Liao se demande pourquoi la famille conserve dans une cage un grillon, sa grand-mère lui répond que leur bonheur en dépend. Il le protège et le chante ! Mais devant la demande du grillon de retrouver sa liberté, Liao ne sait que faire. Rendre la liberté et le bonheur à un petit prisonnier ou risquer le malheur pour sa famille, cruel dilemne !
Fiche #939
Thème(s) : Jeunesse
En 1936, Bob et Charly, deux membres de Scotland Yard, débarquent tour à tour à Berlin. Anciens amis, anciens rivaux, ils se retrouvent dans le même lieu suite à la même lettre. Une jeune Allemande les a appelés au secours et une enquête liée à leur passé commun et au monde de la magie les plonge dans un Berlin où le nazisme s'emploie déjà à appliquer son terrible programme...
Fiche #940
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
La mère de la petite Linh lui raconte souvent une légende venue du pays des rizières qu’elle adore. A tel point, que lors d’une sieste, elle déclenche un rêve incroyable, extraordinaire, qui lui montre le chemin du bonheur, un chemin au sein d’un monde épanoui par la fleur du bonheur mais aussi par chacun de nous. Un superbe album où le texte et les illustrations ne font qu’un.
Fiche #932
Thème(s) : Jeunesse
Pierre, 27 ans, est un boxeur qui semble arrivé à la fin de sa carrière. Il s’accroche, peine à chaque combat et son entraîneur de toujours, le vieil Emile continue de veiller sur lui. Aussi, lorsqu’il perd le combat (de trop ?) par KO, les doutes deviennent insistants et le mot retraite est prononcé. Pour la préparer et arrondir les fins de mois, il accepte sans grande motivation de jouer les gros bras pour Lazlo un prêteur sur gage croate que son ami Sergueï lui présente. Le lendemain de sa mission, Lazlo est découvert mort et les flics le soupçonnent, ses empreintes ayant été retrouvées sur l’arme du crime ! Pierre est littéralement immergé dans une affaire dangereuse à laquelle il ne comprend pas grand-chose, il se fait balader, s’aperçoit jour après jour qu’il ne peut faire confiance à personne (« Décidemment, dans cette histoire, ils m’ont tous pris tour à tour pour le roi des truffes »), ni à la police française, ni à son ami Sergueï. L’origine de cette histoire prend racine dans l’ancien conflit de l’ex-Yougoslavie, les massacres n’ont pas été oubliés et l’histoire n’a pas encore été écrite ! Mais Pierre est un boxeur expérimenté et conserve son punch, sa ténacité, sa vivacité ! Il n’abdiquera pas tant qu’il ne sera pas tombé ou que l’arbitre aura signifié la fin du combat ! Un bon polar dense et tragique mené par un boxeur souvent tendre à la répartie et au direct efficaces.
Fiche #930
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Jean-Christophe MAZURIE
Pépin
Gargantua
146 | 18-04-2011 | 6€
Pépin est un petit poussin qui s'ennuie. Il se sent différent mais aucun autre pensionnaire de la ferme ne le remarque. Heureusement Pépin déborde d'imagination pour attirer l'attention de ses congénères et marquer sa différence !
Fiche #931
Thème(s) : Jeunesse
Alexandre est lycéen à Courbevoie et partage son quotidien avec son père amateur invétéré de foot, sa mère occupée dans sa cuisine, son copain Hervé dit Adonk Jésus, sa petite amie Christelle, et son prof de Français M. Jeanbois. Sa morne vie de jeune banlieusard sera bouleversée par une rencontre inattendue, rencontre amicale ? rencontre amoureuse ? Mieux ! Une rencontre poétique : Rimbaud et ses Illuminations ! Un auteur et un texte qui bousculeront sa vie familiale, sa vie au lycée, son rapport aux autres. Bon élève, il reste au fond de la classe à côté d’Adonk organisateur innovant de combats de chiens alors lorsque M. Jeanbois propose à la classe la lecture du poème H, Alexandre n’apprécie guère la production de ses camarades et se lance dans une adaptation inoubliable, singulière voire inespérée de l’œuvre. Il y avait la vie triste avant la rencontre avec Rimbaud, il y aura celle après son interprétation de H. La poésie en sauveur de la banlieue et des ados ! Un récit tendre et plein d’espoir.
Fiche #929
Thème(s) : Littérature française
Su Tong, l’auteur d’"Epouses et concubines", nous offre un recueil de nouvelles évoquant le passé récent de la Chine. Ce « petit garçon un peu seul et vite inquiet » dépeint le quotidien simple des années 70 au sein d’une famille pauvre de six personnes. Petite pause dans la vie trépidante chinoise en perpétuelle mutation et tournée exclusivement vers l’avenir : « Presque involontairement, on coupe les liens avec le passé, on met toute son énergie à s’imaginer et à se tracer un avenir ». Comme un clin d’œil au lecteur occidental, le recueil débute par une petite histoire de la bicyclette mais le récit est surtout émaillé des rencontres quotidiennes, de descriptions des petits commerces, les souvenirs les plus prégnants remontant à la surface : son premier professeur, sa première bicyclette, son départ pour Nankin, la journée où il tombe amoureux de la pluie, l’amour paternel… Ces nouvelles douces et fluides, entre passé et présent, forment une réflexion simple et attachante sur ses vies passée et actuelle mais aussi sur son métier d’écrivain et sa passion de la lecture.
Article paru dans la revue Page
Fiche #928
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Anne-Laure Fournier
Anna et Francesca sont deux jeunes ados italiennes de 13-14 ans du début des années 2000, loin de l'Italie historique ou touristique. Blonde et brune, elles vivent dans une cité ouvrière toscane bâtie autour d’une aciérie omniprésente, personnage à part entière, sorte de monstre aussi amical qu'hostile. On naît là et on y meurt. Anna et Francesca sont unies par une forte amitié, proche de l’amour, et partagent le rêve de s’extraire de cet univers, de transcender leur condition. Elles sont belles, jeunes, attirantes, elles le savent et en jouent dans ce monde qu’elles souhaitent quitter, bien loin du choix de leurs mères qui ont tout accepté. Mais D’acier est aussi le portrait d’une génération et d’un milieu social qui ne croit plus dans le bonheur collectif, un monde désenchanté, sans avenir, sans rêves ou alors limité au dernier modèle de la Golf, qui n’attend guère plus que quelques instants de bonheur volés par ci par là (Carpe diem), moments furtifs d'enchantement à ne pas rater et à saisir absolument. Leur point d’ancrage demeure la famille mais elle aussi est souvent à l’image de la société, en péril. Seule issue donc, l’amitié entre ces deux gamines qu’elles pensent indéfectible... Superbe premier roman ancré dans le quotidien de nos sociétés et animé par de nombreux portraits d’une grande ampleur. Silvia Avallone évite une noirceur pesante par la dualité constante du récit (beauté-laideur, plage-immeubles, Ile d’Elbe-Stalingrado, vie-mort…) mais surtout réussit à l'illuminer par la beauté et l’amitié de deux ados en train de devenir femmes.
Premier roman
Fiche #927
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Françoise Brun
Albert a perdu depuis peu sa femme Alicia. Vieil ours, il vit retiré, loin des autres, dans son petit pavillon, non loin de la cité et des HLM. Alicia était dévouée aux autres, passa sa vie à les aider et c’est d’ailleurs comme cela qu’elle rencontra Albert lors de l’arrivée des Portugais en France. Aussi lorsque Zaïna, pur produit de la cité, sonne à sa porte en lui indiquant qu’Alicia l’a chargée de venir faire le ménage, le vieil Albert râle, gronde, mais plie ! Et quand quelques jours plus tard, alors que Zaïna est pour quelques jours à l’hôpital, Memouna sa fille force la porte d’Albert, le vieil ours commence de sortir ses griffes ! Mais qui peut résister à Memouna ? Une belle rencontre singulière et attachante qui aborde tendrement et avec réalisme des thèmes très contemporains : racisme, la différence, peur des jeunes, peur des autres, de la cité, citoyenneté, force des préjugés…
Fiche #926
Thème(s) : Jeunesse
Suite à un accident, la narratrice, jeune photographe, se retrouve à l’hôpital et s’aperçoit qu’elle a perdu le goût, agueusie partielle : « Ma bouche est morte ». Bouleversée, elle refuse son état et laisse son quotidien habituel, notamment son double Cyl à qui elle est étroitement liée. Elle stimule ses sens, épices, parfums, saveurs, fumets, s’initie à la cuisine, recette après recette : « Changer de décor, de rites, de vie, de peau, ce luxe ! ». Pourtant, « Bouche morte n’est pas guérie » et elle revient à la case départ, continue ses expériences gustatives, rencontre Pol, petit diabétique et son père Tsao. Même si l’inquiétude ne la quitte jamais, les rencontres, son dévouement aux autres, le trio qu’elle forme avec Pol et Tsao lui montrent le chemin de la sérénité.
"Le bonheur a peu d'avenir, mais le malheur a des félures qui laissent parfois passer le jour, j'étais prête à y croire."
Fiche #925
Thème(s) : Littérature française
Quelques gouttes de valériane rapporte le monologue tendu d’une femme qui happe le lecteur au fond d’un gouffre d’amour dans lequel elle a déjà entraîné durant neuf mois son mari. D’un lieu jamais nommé, elle revient sur ces neufs derniers mois, les ressasse à l’envi (« Sans cesse je me souviens de ces neuf mois, je me les raconte »), neuf mois de passion extrême où la raison s’éteint, d’étouffement, de (re)naissance ou de mort... Un engagement total et absolu, elle souhaite, exige même, le bonheur, pour eux, pour lui (« Je préméditais le bonheur de Marc »), pour elle. Elle ne renoncera pas, elle le protègera contre lui-même, contre les autres, abandonnera temporairement son emploi dans une parapharmacie pour lui, pour leur amour. Ecriture clinique, distante, presque froide et pourtant en total symbiose avec ce récit où la passion bascule dans la folie et hélas, elle ne se soigne pas par les plantes !
Fiche #924
Thème(s) : Littérature française
Les vacances avec sa fille de l’inspecteur Konrad Simonsen sont brutalement interrompus par la découverte atroce de cinq cadavres, cinq hommes affreusement mutilés et pendus dans un gymnase d’un établissement scolaire. Après quelques flottements dans l’enquête (même l’identification des corps s’avère ardue), et quelques rumeurs, le point commun les unissant est découvert : ces cinq hommes étaient pédophiles. La colère dans la population gronde, la presse et l’opinion semblent entériner cette justice expéditive et personnelle ! La recherche des coupables est-elle vraiment indispensable ? n’était-ce pas la vraie solution ? autant de questions que l’on sent parfois poindre à chaque évènement de ce type… La population refuse de coopérer, les pressions, manipulations s’enchaînent, même l’équipe de Konrad Simonsen semble parfois vaciller, hésiter surtout qu’elle tarde à établir les véritables mobiles, manipulation, pressions sur l’Etat, vengeance personnelle… Heureusement ce premier volume de la série des polars de ces auteurs danois nous prouve que Konrad Simonsen est un enquêteur entêté et ne cédant à aucune menace et pression !
"Il m'a demandé si je pensais que le monde pouvait être changé par une poignée de personnes se battant contre l'ordre établi... une réponse aussi simple que vraie : le monde a toujours été changé de cette façon"
Fiche #923
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction :
Andréas Saint-Bonnet
Amélie la tortue est malheureuse, coquette, elle trouve que sa carapace l'enlaidit et n'est guère pratique. La voilà donc parti sur les chemins afin de trouver un habit neuf à sa mesure ! Elle troque, troque encore, à chaque rencontre et finalement cette carapace n'était peut-être pas si mal ! On retrouve pour cette histoire rythmée avec grand plaisir la rondeur, la fraîcheur et les couleurs vives de Bruno Robert.
Fiche #921
Thème(s) : Jeunesse
Margot et Ninou sont inséparables. Le petit ours est toujours plus compréhensif, plus attentif, plus aimant que ses amis, ou proches... Un tendre album pour les petits qui tardent et peinent à abandonner leur doudou !
Fiche #922
Thème(s) : Jeunesse
Lorsque p'tit bonhomme trouve un joli petit caillou bleu, son entourage ne comprend pas pourquoi il le conserve et lui conseille de l'abandonner. Mais p'tit bonhomme s'entête, certain que ce petit caillou bleu lui servira un jour. Et lorsqu'il rencontre un petite fille en pleurs...
Fiche #920
Thème(s) : Jeunesse
C'est l'histoire d'un petit rat qui en marre d'être rat ! Il interpelle les auteurs et leur demande de l'aider, de le transformer... mais le petit rat n'est jamais satisfait... jusqu'à la chute finale et saisissante !
Fiche #919
Thème(s) : Jeunesse
L’homme arrive dans un supermarché. La vie et le hasard l’ont mené là. Il erre jusqu’au rayon des canettes de bière. Il a soif, il en choisit une, l’ouvre et la boit. Immédiatement, quatre hommes de la sécurité l’encadrent, et lui demandent de les suivre. Il se laisse faire, ne cherche ni à s’expliquer ou se justifier, ni à se défendre, il les suit. Il se retrouve dans un endroit isolé au fond de la réserve et l’enfer commence. Les coups pleuvent, les ricanements et autre regards en biais explosent. Il se recroqueville, se tait, et attend, sans révolte, usé, seul face aux autres, face à nous, face à la société toujours plus agressive et offensive ou au contraire lâche et apathique. Il attend que cela cesse, ça ne peut que cesser, il se dira seulement, in fine, « pas maintenant, pas comme ça ». Une seule phrase, un long cri sans début ni fin, ininterrompu, récit étouffant, éprouvant, suffocant, asphyxiant, une chute vertigineuse dans un gouffre sans fin semble-t-il… Vous finirez le texte essoufflé ou oppressé, je vous l’assure, encore un très très bon Laurent Mauvignier qui, en s’inspirant de la réalité, nous offre encore un texte inoubliable et profond et une nouvelle variation autour « des hommes ».
Fiche #918
Thème(s) : Littérature française
Mollux est un gamin de douze ans, presque comme les autres, bavard (ou plutôt "loquace" comme il aime à se définir), amoureux des dictionnaires et de la mousse au chocolat même industrielle, il a cependant une imagination débordante. Son entourage proche, ses profs, enfin tout ce qui bouge autour de lui est affublé d’un surnom ou autre sobriquet toujours plus imagé que le précédent ! La famille foldingue au grand complet ! La mère, dite l’Outarde experte en innovations culinaires, la petite sœur Cocotte, le chat Soupechaude et enfin le père Sauf2fois puisqu’il ne lui a adressé la parole qu’à deux reprises. Lorsque Mollux surprend dans le salon en pleine nuit son père en compagnie d’un paon aussi beau que menaçant, il s’interroge. Et quand le lendemain, les deux compères ont disparu, Mollux épaulé par son inséparable ami Procopé, se lance dans une enquête aussi périlleuse que loufoque. Vous assisterez alors, hilare, à sa mue en Supermollux ! Une enquête menée tambour battant par des ados audacieux et surtout désopilants. Un texte joyeux, cocasse, foisonnant de trouvailles, imaginatif qui se partagera entre parents et ados comme un bon et riche repas ! A déguster sans aucune modération !
Article paru dans la revue Page
Fiche #917
Thème(s) : Jeunesse
Un joli album naïf mais direct et essentiel sur la différence. Pour les plus petits.
Fiche #916
Thème(s) : Jeunesse
Paris, Nouvel an chinois. La ville fut bouleversée par le troisième conflit, un Paris futuriste et hyper sécurisé a remplacé le Paris du XXème. Une vieille Chinoise promet au lieutenant Chim’ après une brève rencontre « Cette année tu vas mourir ». Le lieutenant Chim’ sans accorder grande importance à cette prophétie s’en voit pourtant troublé, il faut dire que le terrain est favorable puisqu’il ne s’est jamais remis du départ de Véra. Cet homme, sans le comprendre vraiment lui-même, vit à l’écart, de ses collègues, de ses proches. Son professionnalisme est reconnu et lorsque son chef le charge de partir en Normandie sur les lieux d’un crime particulièrement horrible, il est loin de se douter que cette enquête le mènera sur les traces de ses origines, de la jeunesse éternelle et de manipulations génétiques sauvages. L’intrigue est bien ficelée, l’enquête menée d’une main de maître, Chim’ suffisamment décalé pour être attachant, le rythme soutenu et les derniers rat-bondissements inattendus !
Fiche #914
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Allan est écrivain et n’a pas revu son père depuis des années. Dans ses romans et pièces, il mène une attaque en règle de ce père, instruit un procès à charge avec constance et insistance. Alors que le Danemark s’apprête à rentrer en guerre face à l’Irak, il apprend sa mort et envoie finalement un billet avec ses sincères condoléances. Emue, sa mère l’appelle et le convainc de revenir sur les lieux de son enfance… Retrouvailles avec une famille déchirée où les silences, mensonges, et autres manipulations ont meurtri définitivement les parents et les enfants. De retour, Allan découvre que son père se préoccupait de son parcours, cet homme abhorré l’aurait-il finalement aimé malgré sa perversité ? Allan se met à enquêter sur son père, sa mort, découvre des évènements curieux, un comportement singulier de sa mère, remonte dans l’histoire de ce couple qui semble s’être mutuellement manipulé, annihilé, et enfin détruit consciemment semble-t-il. La vérité n’existe pas dans cette famille ou si elle existe, elle disparaît, étouffée par une multitude de mensonges. Un terrible et noir portrait sans aucune retenue de la perversité des familles, "familles, je vous hais !".
Fiche #915
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Caroline Berg
Pain d'alouette est de retour ! Deux destins se croisent peu de temps après l'armistice dans le pays des mines mais aussi de "La Pascale", autrement dit de Paris-Roubaix course déjà mythique et dantesque. Reine, fille de "L'Aigle sans orteils", est une jeune femme de caractères et force les portes du milieu du cyclisme pour s'engager dans la carrière de journaliste. Elie, destiné à devenir mineur, encadré par son oncle, devient coureur cycliste et rêve d'emporter cette course. Superbe BD sur le monde du vélo et de la mine, l'après guerre, les gens du peuple, la vie, le courage... Chaque planche est un petit bijou. A noter qu'un coffret regroupant les deux volumes est prévu pour la fin du mois.
Fiche #913
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Une très belle réussite que ce nouvel album de la collection "Ohé la science !" qui décrit cette fois avec précision, simplicité et pédagogie le cycle complet des plantes à fleurs.
Fiche #911
Thème(s) : Jeunesse
Le petit rat Marianito passe son temps chez un vieil écrivain, il adore les histoires mais se lamente de ne pouvoir devenir écrivain en écrivant une histoire extraordinaire. Mais le rat Marianito a de la suite dans les idées...
Fiche #912
Thème(s) : Jeunesse
Mee commence de grandir sans famille. Elle se questionne sur la présence d'une maman, d'un papa, de leur amour... Seule présence, un arbre bien enraciné qui pourtant un jour l'invite à partir chercher la famille qui l'attend. Un superbe album tout en douceur et poésie sur le thème de l'adoption.
Fiche #909
Thème(s) : Jeunesse
Anatole est un solitaire. Il voit passer au fond de son jardin des trains, trains fermés dont il semble ignorer le contenu. Il voit bien quelques objets au fond du jardin lancés depuis les wagons mais ne se pose pas de questions. Cependant, tout change lorsque c'est un bébé qui rampe dans l'herbe. Anatole adoptera immédiatement ce petit inconnu mais les interrogations ne tarderont pas à poindre tant sur l'avenir que sur le passé. Un beau texte plein de tact et d'humanité abordant de nombreux thèmes graves.
Fiche #910
Thème(s) : Jeunesse
Sakari, "douce et pure comme la neige, froide et rude comme l'hiver", est la plus jeune capitaine du monde de Thulé, vaste empire autour du pôle nord. Un monde au cœur de l’immensité blanche qui serait paisible sans ses voisins belliqueux. Leur capitale Inuktitut voit s'approcher avec inquiétude les Scandes menés par le terrible et haineux Ingvar, chef sanguinaire, sans pitié et animé d’une ambition sans limite que seule la guerre captive. Sakari sent la guerre poindre et souhaite prendre part à la défense de son peuple, au contraire de son ami, Kaspar, pourtant petit-fils de l'Empereur, qui préfèrerait laisser les adultes régler leurs conflits. Quel sera le rôle des deux jeunes amis dans ce combat ? Combat pour la vie, pour un peuple, pour la banquise. Pourront-ils convaincre les Ursus de partager leur combat ? Le premier tome de cette nouvelle trilogie nous offre une épopée, entre roman d'aventures et roman fantastique, agrémentée d'épiques combats au sein d’une nature immense, glaciale et éprouvée par la folie des hommes.
Fiche #907
Thème(s) : Jeunesse
Un nouveau venu dans la littérature jeunesse. Un p'tit loup ! Mais qu'il est doux, vivant, drôle, fou, attachant, ce petit loup ! Il fait le beau, le malin, mais ne peut cacher longtemps qu'il a peur de tout. Mais Petit Loup n'est pas seul et ses amis doudous vont les aider ! Parait en même temps "Petit-Loup fait le fou !, deux beaux albums d'une grande fraîcheur.
Fiche #908
Thème(s) : Jeunesse
Max de Kool l’amoureux de Kant (comme Jean-Baptiste Botul, n’est-ce pas M. BHL ?) et du sublime est de retour pour notre plus grand bonheur (mais qu’est-ce que le bonheur ?). Amoureux de Kant certes, mais également amoureux des longues et merveilleuses jambes fines et surtout celles de Blandina Blandinova (mais qu’est-ce que le beau ?) ! Max se laisse quelque peu entretenir et porter par cette rencontre et cette belle histoire d’amour aurait pu durer sans son aversion extrême de Julio Iglesias qui l’entraîne dans des colères et violences ultimes (mais d’où vient la colère ?). La belle Blandina en fera les frais un jour d’écoute de la voix mielleuse du chanteur andalou. Notre éternel futur agrégé de philosophie (cinq tentatives) se retrouve alors à la rue et part faire un bilan nietzchéen dans un hôtel perdu des Alpes. Suffisamment reculé pour accueillir également un groupe d’étudiants venus partager un week-end d’intégration particulièrement festif et « la vie est un télésiège qui ramène les mêmes problèmes »... Tout est sujet à philosophie, toujours avec humour. Le lecteur complice ressent le bonheur et le plaisir que doit éprouver Frédéric Pagès à l’écriture de ses romans, le plaisir est partagé et l'on a l’impression de se retrouver à le regarder par-dessus son épaule noircir les pages et rire de concert avec lui. Un sérieux et sublime (sublime ou beau ?) moment de détente, enrichissant et jubilatoire, et c’est assez rare pour ne pas le manquer !
"Le jour est beau mais la nuit est sublime"
"Il faudrait qu’il y ait des urgences philosophiques comme il y a des urgences psychiatriques."
Fiche #906
Thème(s) : Littérature française
Publier un roman sur fond de guerre d’Algérie s’avère encore un dangereux exercice d’équilibriste. Le bien, le mal, la guerre et ses horreurs, la torture, roman historique, roman à thèse, récit de guerre, où placer les limites, sans parler des dernières polémiques entre historiens et romanciers et fiction et histoire. La nouvelle génération d’écrivains franchit le pas avec brio : sur cette période, Antonin Varenne rejoint notamment Laurent Mauvignier, Jérôme Ferrari mais dans un autre style, notamment en adaptant et détournant habilement les règles du polar. Il s’est imbibé des confessions ultimes de son père pour décliner une intrigue riche et complexe qui oscille chapitre après chapitre entre les années 50-60 et les années 2000. L’ouverture du livre donne le ton, le lecteur est littéralement placé au beau milieu d’un ring où s’affrontent un flic, la quarantaine tassée, surnommé Le Mur et un gamin de vingt ans. Le Mur sort une nouvelle fois vainqueur mais le prix à payer s’accroît à chaque combat. Dans le vestiaire, le Pakistanais lui propose une combine louche, corriger quelques amants… pas de risque et de la monnaie pour pouvoir rejoindre Mireille, professionnelle de l’amour. Le flic, pas très fier, après réflexion accepte mais ne sait pas où ses poings le mèneront. En effet, après deux contrats réalisés sans obstacle ni scrupule, il doit tabasser un vieil et fragile Algérien et le Mur fascille et ne peut s’y résoudre. Lorsque le Kabyle l’éclaire sur les identités des deux hommes qu’il a corrigés, le Mur, humilié, ne comprend pas précisément l’origine de la manipulation. Le Kabyle l’entraîne une plongée dans l’Histoire et dans son histoire lors d’un dernier voyage vers Marseille à la rencontre de son passé auquel appartient aussi le Marin, dernier membre du trio. Le Marin et le Kabyle retrouveront leur passé commun et douloureux. Antonin Varenne tient une nouvelle fois en haleine son lecteur avec un rythme soutenu adopté également par de beaux personnages animés de sentiments forts et contrastés, et par un va-et-vient réussi entre passé et présent et violence et fragilité.
« La guerre ne forme pas la jeunesse, elle la viole. »
« Quand j’ai eu mon premier petit-fils, j’ai senti que tout pouvait, je sais pas, être lavé. Que ce môme, même si on lui racontait que son grand-père avait fait la guerre d’Algérie, ça lui collerait pas à la peau. »
Fiche #903
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
"Une fée sans baguette n'est plus une fée mais ce n'est plus une femme comme les autres" : un soir, la fée Benninkova est désemparée car elle a égaré sa baguette magique et est poursuivie par les grands lutins noirs, tueurs de bonnes fées ! Réfugiée dans un immeuble, elle trouve accueil chez Clinty Dabot polyhandicapé afin de satisfaire une envie pressante. Clinty lui offre l'hospitalité en attendant la réception de sa nouvelle baguette magique. Les liens se tissent et Clinty se laisse aller à des confidences de plus en plus intime, viscissitudes de ses humeurs, de ses pulsions et même de ses rêves : une vie hantée par la solitude et par les exigences et l'anatomie d'une certaine Marylène, hôtesse de caisse au supermarché voisin. Confidence après confidence, la fée Benninkova sent la colère montée et attend avec impatience l'arrivée de sa nouvelle baguette pour régler quelques comptes... Franz Bartelt nous offre cette fois un "anticonte", noir et sordide, émouvant jusqu'à l'écoeurement...
Fiche #904
Thème(s) : Littérature française
Enfin ! La suite du « Mec de la tombe d’à côté » est arrivée ! Le caveau de famille est à nouveau un récit à deux voix qui relate la vie au jour le jour de Désirée et Benny qui se retrouvent suite à l’envie de Désirée d’avoir un enfant. Le contrat est passé : Benny signe pour trois essais et une vie commune non obligatoire après la naissance. C’est une réussite, le couple se reforme et les difficultés s’enchaînent dans la ferme. Le lecteur retrouve donc avec joie la vie de ce couple différent avec des professions différentes, des soucis et préoccupations différents, mais maintenant accompagné d’enfants. Un livre vivant et joyeux, une météo du couple qui oscille entre temps sec et ensoleillé et fort coup de vent ! Que du bonheur pour le lecteur !
Fiche #905
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Lena Grumbach
Un court roman pour petits et grands qui relate l'histoire véridique du jeune Colton Harris-Moore. A huit ans, après avoir été accusé à tort du vol d'un vélo, il déclare la guerre à la police. Il fugue et s'isole dans la forêt. Pour survivre notamment, il vole. A manger, à boire, des jeux... Il visite les maisons, puis tout en s'excusant auprès des propriétaires, vole voitures, bateaux. La police court... Puis, il vole son premier avion à seize ans, une révélation ! Elise Fontenaille a écrit rapidement ce récit, vous le dévorerez ! Vous courrez aux côtés du "bandit aux pieds nus", tant le rythme est rapide et l'empathie pour ce gamin paumé, croissante.
Fiche #902
Thème(s) : Jeunesse
Georgette se sent faible, ridicule et démunie face à ses congénères, elles ont toutes réalisé un exploit, toujours plus exceptionnel l'un que l'autre. Pour plus de considération, elle inventera son propre exploit : elle a pondu un oeuf carré ! Mais où ce mensonge la mènera-t-elle ?
Fiche #899
Thème(s) : Jeunesse
Les titres de Christine Naumann-Villemin lus par Vaux Livres
Félix est l'enfant le plus peureux du monde ! Tout lui fait peur. Mais heureusement sa grand-mère saura lui apprendre ainsi qu'à ses amis à maîtriser sa collection inépuisable de peurs.
Fiche #900
Thème(s) : Jeunesse
Luccia est une petite fille capricieuse, souvent en colère, elle ne sourit guère. La mauvaise humeur l'habite en permanence. Sandro, son frère, l'adore pourtant et la suit partout, un vrai pot de colle qui accroît encore sa colère. Situation inextricable mais c'est sans compter Abuelita sa grand-mère qui connaît quelques sortilèges et envoûtements qui sauront faire prendre conscience à Luccia de l'amour de ses proches et de la beauté du monde.
Fiche #901
Thème(s) : Jeunesse
Sept chômeurs sont convoqués pour un stage ‘‘Activation-Motivation’’, atelier animé par la coach Carole au sein de l’exceptionnel Pôle-Emploi. Ces sept personnes différentes aux parcours souvent éloignés viennent faire le deuil de leurs licenciements et Carole est aussi là pour les y aider. Le match s’ouvre et presque tous les coups sont permis ! Le groupe se cherche, se trouve, se soude pour in fine chercher un avenir collectif. Après analyse de la situation de la société et de ses attentes, ils fondent LGDE (« La Gueule De l’Emploi »), « Faire croire ce qu’on n’est pas » : « Voilà, tout ça se résumait à l’idée d’embobiner son monde, mais enfin il n’y avait pas mort d’homme, en embobinant le monde on l’aidait juste à tourner rond , puisque c’était bien là le problème, il ne tournait plus terrible, le monde… ». Le ton est vif, humoristique, acerbe, joyeux, cynique, aussi cruel et délirant que le monde dans lequel se débattent les héros si contemporains et crédibles !
« Vous imaginez un chasseur de têtes, il en a six millions dans le viseur. Alors laissez-moi vous dire que si vous n’affichez pas en clair la tête de ce que vous êtes, vous n’avez pas la moindre chance de terminer dans sa gibecière »
Fiche #896
Thème(s) : Littérature française
Jim Lamar est de retour. Rescapé du Vietnam, il retrouve Stanford, coin perdu dans le Missouri, au bord du Mississipi, treize ans plus tard. Le solitaire Billy Brentwood, le narrateur, a alors treize ans, fils d’agriculteurs, il est le seul a aller au devant de Jim dont les parents sont morts et la ferme familiale a été saccagée. L'arrivée inattendue de Jim soulève en effet l’hostilité des villageois qui le tiennent pour responsable de la mort de ses parents et n’ont que faire du Vietnam, de la guerre et de ses conséquences. Confidences, apprentissage, Billy et Jim s’apprivoisent au bord du fleuve lors de longues parties de pêche au cours desquelles Jim raconte sa vie et ses épreuves, son départ, ses rencontres, ses combats, ses trois amis et frères avec qui il formera, malgré leurs différences, un groupe soudé. Si soudés, qu’au retour du Vietnam, seul survivant, il entreprend de respecter la promesse qu’ils s’étaient faites, aller rencontrer les familles des disparus, et raconter, expliquer, éclairer… un périple qui continuera à la façonner. Ce double portrait de deux hommes, de deux Amérique, est particulièrement émouvant et ce roman initiatique aborde en peu de pages et pourtant avec profondeur de multiples thèmes, la guerre, l’amitié et la fraternité, l’altérité, la pauvreté, l’écriture et la lecture, la littérature, les doutes et souffrances, l'apprentissage de la vie, la mort… Premier roman particulièrement rythmé avec une bonne et âpre odeur de blues !
Premier roman
Fiche #898
Thème(s) : Littérature française
Une petite fille a été recueillie par une famille qui la nourrit, la loge mais elle doit travailler, encore travailler, comme les autres enfants. Dans ses instants de repos, elle rêve et choisit la montagne comme père et le fleuve comme mère. Mais les parents ne sont-ils pas là pour protéger leurs enfants... Un superbe album.
Fiche #897
Thème(s) : Jeunesse
« Moi aussi, j’aimerais respecter les procédures, crois-moi. Mais les procédures, c’est bon pour les pays normaux. Dans un monde normal. Et moi, j’ai cessé depuis longtemps de nourrir des illusions sur la normalité de l’un et de l’autre. Du monde et de l’Italie ». Lupo chef des Affaires internes résume ainsi parfaitement l’ambiance et l’environnement de ce roman noir et de son enquête : l’Italie et toutes ses dérives, manipulation, corruption, pouvoir, barbouzes et surtout la peur, l’engendrer, l’entretenir, l’exploiter... Tous les personnages qu’ils appartiennent aux services de l’état ou au milieu vivent en marge, mondes connexes et parfois mêlés… Marco Ferri ex-hooligan devenu policier tente de refreiner une Fureur toujours présente, Dantini son mentor est rapidement assassiné et son meurtre est imputé à un anarchiste un peu naïf et perdu dans ce panier de crabes, le Commandant ex-militaire a conservé son amour de la clandestinité et du secret et su adapter ses compétences au milieu. Le tableau serait incomplet sans une présence féminine ! Lupo est accompagné d’une brillante et énigmatique assistante et le Commandant est uni à une tueuse sans peur car revenue de la mort… Une plongée convenue dans les manipulations étatiques.
Fiche #894
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction :
Serge Quadruppani
Antoine a quarante ans et dit n’avoir jamais réellement vu la mer. A la lecture d’une pancarte "Défense de déposer les ordures" sur une palissade d’un chantier qui pourrait paraître à certains anodine, très malade, il quitte tout, femme et enfants, entreprend le voyage de Saint-Malo aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Mais naturellement, ce voyage n’a rien d’un voyage touristique classique. Ce voyage libératoire est aussi un retour sur son enfance, enfant indien adopté à deux ans par un couple atypique, jumeaux rescapés des camps de la mort qui auront à jamais enlevé une part pourtant indispensable d’humanité à ces « deux Ténébreux ». Pas à pas, Antoine ou Abrha dévoilera son terrifiant passé lors de cette marche vers une renaissance, la rédemption ou une paix avec lui-même et son passé, avant le dernier voyage.
Les contes recouvrent quelques caractéristiques récurrentes : lecture à plusieurs niveaux, importance de l’environnement, la faune, parallèle entre les sociétés animale et humaine, les monstres, les arbres et la forêt, la peur, le deuil et la mort, les sentiments humains contrastés, l'adversité, la noirceur et la candeur, la poésie et évidemment un imaginaire libéré et l’enfance, ses cauchemars et ses rêves. Ces ingrédients se retrouvent dans chaque ouvrage de Fabienne Juhel, subrepticement ou clairement, toujours naturellement, sans artifice. Les contes peuvent déranger, les romans de Fabienne Juhel peuvent bousculer. Indubitablement, elle est une remarquable conteuse au premier sens du terme armée d’une vraie écriture, d’une plume affirmée et d’un vrai style, elle réalise jusqu’à maintenant un sans faute. Je vous conseille tous ses livres (cf. autres livres chroniqués sur le site).
« Le loup des contes qui mange la petite fille est un loup alpha, mais celui qui engage la course avec elle, sous le mode du jeu, jusqu’à la maison de la mère-grand, celui qui simule la voix de la fillette est un clown, un cendrillon, comme vous l’appelez, le simulateur.
Mais il s’agit du même alors, il avait dit, pensif.
Du même, oui. »
« Dans l’histoire des hommes, donner naissance et tuer ont toujours été à l’ordre du jour. »
Fiche #893
Thème(s) : Littérature française
Un joli album tout en douceur (sur le fond et la forme) sur un petit garçon face à ses rêves et au sommeil.
Fiche #895
Thème(s) : Jeunesse
Milo est un escargot, tout rond, tout doux, mais particulièrement décidé ! Un jour de pleine lune, aidé de ses amis, il part rejoindre la lune, toute ronde. Un voyage dans l'espace qui lui permettrait de mieux considérer notre belle planète... ronde ! Un joli conte tout en rondeur !
Fiche #891
Thème(s) : Jeunesse
Comment une colonie de géants peut secourir un petit garçon qui peine à s'endormir !
Fiche #892
Thème(s) : Jeunesse
"L’heure du roi" de Boris Khazanov est un court roman, compact et particulièrement fort et efficace, longtemps interdit en URSS, remarquable par le contraste évident entre la prose douce et apaisée et le propos si cruellement humain. Un roi et sa femme règnent sur un tout petit pays qui semble vivre en dehors du temps. Lorsque les nazis l’envahissent, la vie continue, simplement, sans bouleversement. L’étoile jaune prend place jour après jour, presque naturellement. Un rêve réveillera le roi qui changera le court des choses, par un acte simple et gratuit, « absurde, insolent » tel un « Don Quichotte moderne » sans réflexion, sans considération sur son impact. La morale de ce petit texte est parfaitement exprimée par Elena Balzamo, la traductrice, dans sa postface : « Se sentir libre ne suffit pas, il faut agir en homme libre ».
Fiche #890
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Elena Balzamo
Oscar Drai devenu adulte revient sur une aventure qui le marqua à jamais. Alors interne dans un pensionnat, étudiant solitaire, il parcourait Barcelone sans but. Au détour d’un jardin d’une belle demeure, il rencontra Marina et son père German, deux personnages qui vivaient isolés, se soutenant l’un et l’autre. Marina impressionne immédiatement Oscar par sa beauté, son esprit, son intelligence. Ils sont en train d’apprendre à se connaître lorsqu’ils croisent une étrange femme dans un cimetière visitant une tombe anonyme marquée d’un papillon noir. Vision mystérieuse ! Il est impossible d’en révéler plus tant l’intrigue réside principalement en la poursuite de ce papillon noir. Carlos Ruis Zafon nous offre une enquête intemporelle au plus profond de Barcelone éclairée de superbes portraits, une intrigue riche, aussi bien attendrissante, mystérieuse, fantastique, angoissante et romantique que tragique. Il envoûte le lecteur en oscillant en permanence avec brio entre les sentiments simples et humains et un monde extraordinaire et fantastique, entre le réel et l'irréel.
Pour adultes et adolescents.
"Nous ne nous souvenons que de ce qui n'est jamais arrivé..."
Fiche #888
Thème(s) : Jeunesse Littérature étrangère
Traduction : François Maspero
Thibaut Soulcié après nous avoir plongé dans le monde bancaire ("Banque de putes") revient avec un couple atypique : Jack Bauer légende des services secrets américains à la retraite, vrai Républicain mais aussi vrai caricature, violent et raciste et Barack Obama à l'orée de son mandat. Le colonel McRibs rappelle Jack pour protéger Barack qui s'apprête à réaliser sa réforme du système de santé. Jack pourra-t-il accomplir sa mission, rien n'est moins sûr !
Fiche #889
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Le lendemain de son mariage, Gabrielle, son mari et ceux qui l’accompagnent disparaissent sans explication et les recherches n’aboutissent pas. Sa sœur Anne est désespérée et attend un signe d'elle. Un appel au secours relance ses recherches lors desquelles elle rencontre un vieil écrivain, Etienne Virgil, en mal d’inspiration, qui l’aidera sans hésitation et sans retenue. Anne se sent proche de ce vieil homme et voit en lui un représentant de « ceux pour qui le monde n’est pas assez ». Il sera présent quand il leur faudra partir à la recherche de Gabrielle dans un monde parallèle où les gens sont étranges. Un monde aseptisé, figé, sans sentiments ni plaisirs, sans rires ou larmes ni même respiration. La peur règne, surveillance de tous les instants, crainte de l’autre, de l’inattendu, un monde froid, et administré qui pourtant enlève les plus belles terriennes pour enfanter des hybrides. Anne et Etienne passent d’un monde à l’autre afin de mener leur enquête en espérant ramener Gabrielle sur Terre. Par le contraste entre ces deux mondes, l’un parfait et lisse face à l’autre si imparfait et inattendu, JC Mourlevat ravive imperceptiblement notre amour pour la Terre. Il nous offre en outre des portraits aboutis de personnages particulièrement attachants notamment Etienne l’écrivain confiant qui découvre pour son plus grand malheur que parfois fiction et réalité se rejoignent et Anne la sœur aimante prête à tout pour retrouver sa sœur. Pour les petits et les grands !
« Rien n’est fantastique, ou plutôt tout l’est. »
Fiche #887
Thème(s) : Jeunesse
Une belle histoire de gamins en vacances, petits aventuriers prêts à tout pour s’occuper. Un trio de garçons en culottes courtes, une petite fille, et des jumeaux entre les deux ! Les aventures traduisent aussi bien l’innocence de l’enfance que la violence potentielle qu’elle recèle et qui peut faire basculer à chaque instant les aventures de petits vacanciers. Aucun sentiment n’est oublié : innocence, vengeance, amour, amitié, culpabilité, honte, courage, colère, violence… Une superbe BD pour les petits et les grands, joli trait, couleurs douces, personnages sympas et un ton agréable et vivant oscillant entre narration et dialogues. Une réussite pour cette première BD des frères Guinin, accessoirement pénivauxois ce qui ne gâte rien !
Fiche #886
Thème(s) : Jeunesse Bandes dessinées
« Tous les trois », ils sont tous les trois, un jeune père et ses deux jeunes enfants après l’accident et la disparition de leur mère : « Je suis leur père pour le meilleur et le meilleur. Je n’ai pas envie du pire. Le pire, on l’a déjà vécu. Il est derrière nous. ». Le choix de la vie est assumé, évidemment cela ne sera pas toujours facile mais la vie continue malgré tout, et le père va devoir gérer, prendre en charge, soutenir, inventer un quotidien, tenter de combler le vide laissé par cette disparition, gouffre qui apparaît au détour d’une phrase, d’une vision et pourrait aspirer le trio définitivement soudé. Le drame affleure chaque geste, chaque attention du quotidien peut déclencher mélancolie, joie, tristesse ou rire, osciller entre justesse et maladresse, bonne humeur ou gêne, le bateau tangue chaque jour, chaque minute… pourtant l'amour sauve ce trio du naufrage. Un superbe texte, tendre, hommage à un père et à la paternité, à l'enfance et sa candeur, mais aussi à la vie et à sa force, sans pathos ni tristesse exagérée que les courts chapitres rendent aussi vivant que ce trio attachant. Un premier roman à découvrir.
Premier roman
"J'en viens parfois, souvent même, à me poser la question de savoir où nous allons comme ça tous les trois. Je n'en sais rien et l'idée me fait peur. Je sais juste que l'amour que nous nous portons est le fil d'Ariane qui nous maintient en vie et que nous suivons aveuglément."
Fiche #885
Thème(s) : Littérature française
Diego est le père du petit Giacomo, un enfant lourdement handicapé. Diego demeure hésitant face à son fils qu'il aime pourtant ("A une époque, ce malheur qui lui était tombé dessus l'avait rendu honteux. Puis il avait fini par se persuader que dans la douleur comme dans la colère, on est toujours seul et impuissant."). Dans le centre pour enfants handicapés où il emmène régulièrement son Giacomino, il croise Walid un père comme lui, père d'un fils différent. Ils deviennent immédiatement amis, Diego se livre alors que Walid ne se dévoile pas. Il lui confie ses difficultés, sa culpabilité, son ressenti, ses angoisses. Pour Diego, le handicap de leurs fils les unit nécessairement, sans hésitation, lien invisible, indéfinissable mais irréductible. Le riche Arabe l'invite un soir dans une soirée fascinante puis disparaît quelques jours plus tard, sans laisser ni message ni trace. Les services secrets contactent Diego pour tenter de retrouver Walid qui semble-t-il lui a caché tout un pan de sa personnalité... Diego, intrigué, ne peut s'empêcher de mener sa propre enquête... Un cadre et des personnages très singuliers pour cette intrigue digne des grands romans d'espionnage.
Fiche #882
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Gisère Toulouzan, Paola De Luca
Lili Pantouflette a un ami très cher, son ami le chat Mimollo, un chat très gourmand ! Lorsqu'il disparaît, téméraire, elle part immédiatement à sa recherche. Et lorsque son enquête la mène devant la porte de l'empailleur, la panique guette !
Fiche #883
Thème(s) : Jeunesse
Il y a toujours un rêve qui veille
Bernard Campiche Editeur
98 | 220 pages | 16-01-2011 | 17€
La narratrice a été élevée par sa grand-mère. Toutes les deux ont perdu très tôt leurs parents. Cette faille, ce manque inondent leur quotidien sans les empêcher d'avoir en elles tendresse et amour. La narratrice est photographe, collectionne les portraits, recherche les galeries pouvant exposer son travail mais surtout hurle sa recherche de l'Amour. Le récit est douloureux mais loin d'être désespéré, et surtout surprenant et attachant par sa forme, sa méthode, son style, ses références poétiques. Nathalie Chaix réussit parfaitement à montrer et faire ressentir le manque affectant chaque personnage installé depuis l'enfance et attendant l'apaisement.
"Mes rêves dévoilent ce que je tente de cacher. Je n'ai jamais cessé de me cacher. Cacher mon visage sous une frange épaisse, cacher mes lèvres sous le rouge à lèvres, cacher mes seins en courbant les épaules, cacher mes fesses sous de longues vestes, cacher mes jambes sous des bottes en hiver, des pantalons en été, cacher mon corps désirant."
Fiche #884
Thème(s) : Littérature étrangère
Florian Vidal est un jeune, brillant et riche avocat d’affaires. Spécialisé dans la gestion des contrats d’armement comme dans les relations franco-africaines, il est au service exclusif de Richard Gratien, « Mister Africa », sorte de patriarche, image toujours vivante et particulièrement réaliste de la Françafrique. Richard Gratien partage sa vie avec une très jeune, superbe et fantasque épouse mais sans enfant, Florian est devenu son fils spirituel alors qu’il s’efforçait de gravir tous les échelons de l’entreprise. Leur destin bascule lorsque le corps de Florian Vidal est retrouvé aux abords d’une piscine atrocement assassiné : menotté, torturé, un pneu enflammé autour du cou, le supplice du Père Lebrun expérimenté jadis en Afrique du Sud (« Avec nos boîtes d'allumettes et nos pneus enflammés, nous libérerons ce pays ») et à Haïti. Or, cinq ans auparavant, Toussaint Kidjo, un policier franco congolais aux ordres de la commissaire Lola Jost fut assassiné selon le même procédé et son meurtre ne fut jamais élucidé malgré l’implication totale de Lola Jost. Il n’en fallait pas tant pour que Lola maintenant en retraite relance son enquête, persuadée que les deux affaires sont étroitement liées. Elle est épaulée par le dalmatien Sigmund et par son amie Ingrid Diesel, Américaine, artiste masseuse, danseuse au français approximatif, ancienne amante du commissaire Sacha Dugain, qui a pris en charge cette affaire. Deux enquêteurs pour deux enquêtes menées en parallèle sur un rythme endiablé qui parfois se croisent ou se superposent. Les enjeux politico financiers sont gigantesques, le milieu est dangereux, puissant et protégé, les politiques veillent… Les enquêtrices du dimanche ne se sentent pas entravées par les pressions subies par Sacha mais jusqu’où les laissera-t-on progresser dans cette « guerre sale » et violente ?
Article paru dans la Revue "Page des Libraires".
Fiche #881
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Retrouver un corps nu dans une piscine à Vienne est exceptionnelle, mais quand ce corps est déchiqueté et présente de nombreuses traces de morsures de requin, cela devient extraordinaire ! Seul indice, une prothèse auditive est retrouvée au fond de la piscine mais évidemment aucune trace du requin ! L’inspecteur Richard Lukastik n’apprécie guère la plaisanterie et prend en charge l’enquête. Cet enquêteur n’est guère apprécié de ses collègues et de sa hiérarchie, et seul son professionnalisme et ses résultats le sauvent. Autoritaire, solitaire, amoureux de sa soeur et du philosophe Wittgenstein (un de ses livres ne le quitte jamais), sûr de lui, cet homme au franc parler est bourré de certitudes et d’habitudes qu’il se refuse d’abandonner mais face à un requin, restera-t-il de marbre ? Le roman est à l’image de Lukastik, entre des dialogues vifs, ironiques, à l’humour grinçant, de nombreuses digressions complètent une intrigue particulièrement bien ficelée et originale.
Fiche #877
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction :
Corinna Gepner
Simone assiste et décrit avec lucidité la maladie qui frappe son mari Claude. Ce dernier, la cinquantaine, investi dans le milieu associatif dédié aux jeunes, a refusé de quitter un quartier quand d’autres aveuglés par la peur l'abandonnaient. Pourtant Claude a peu à peu déserté ce monde dans lequel il ne se reconnaît plus, cette société qui l’a rejeté. Le désir de se battre l’a abandonné et il accueille cette maladie à l’issue fatale comme une alliée. Simone toujours amoureuse l’assiste dans cette épreuve mais son impuissance la bouleverse et la dérange autant que les souffrances de son compagnon. Décrire la douleur, les malaises, l’évolution du mal, les souffrances ne semble pas l’épauler, leur relation se dégrade, une incompréhension mutuelle s'impose et la laisse impuissante et désemparée, le crabe se referme sur lui-même... Elle trouvera une faible et fugace lueur d’espoir dans sa rencontre avec Gaël le fils de onze ans que Claude n’avait jamais rencontré, scintillement rapidement éteint par le comportement de Claude (« Elle ne pouvait s’ôter de la conscience que tout ceci était égoïste, égoïste et tellement désespéré »). Un livre assez terrible sur la maladie, l’enfermement dans la maladie, la vérité et le mensonge face à la maladie, le désir d’en finir, l’impuissance de l’entourage et l’évolution de ses sentiments face à la maladie voire au malade : « …elle aspirait désormais : au calme et à l’irresponsabilité ».
Article paru dans la Revue "Page des Libraires".
Fiche #878
Thème(s) : Littérature étrangère
Dans la famille Crumpets, il y a beaucoup d'enfants. Des grands, des moyens, des petits... et le petit dernier ! Et ce p'tit dernier n'est pas le bienvenu quand la fratrie part jouer. Pourtant quand Grogromonstre arrivera sur l'aire de jeux, certains remercieront le petit dernier !
Fiche #879
Thème(s) : Jeunesse
Emma se demande "C'est quoi l'amour ?". et quoi de plus naturel d'aller chercher la ou plutôt les réponses auprès de ses parents et grands-parents ! Chacun a sa réponse, alors où est la vérité ?
Fiche #880
Thème(s) : Jeunesse
Mack a toujours vécu dans les montagnes du Wyoming, heureux dans le ranch de son père. Pourtant depuis la mort de ce dernier, il a délaissé le ranch familial pour se perdre dans de louches et périlleuses aventures. Sa femme qu’il aime toujours s’est peu à peu lassée de leur pauvreté et de ses frasques et l’a quitté. Néanmoins, pour respecter une ancienne promesse commune et pour terminer leur histoire, ils se retrouvent pour une ultime randonnée sur des chemins qu’ils ont déjà parcourus. Incorrigible, Mack en profite pour tenter de mener à bien une dernière mission pour le compte d’un personnage douteux, dernier et dangereux service qui devrait lui permettre de reprendre en main son ranch. La randonnée traverse les Rocheuses dont la beauté, l’immensité, la force traversent chaque page. Cette nature sauvage et difficile permet de révéler encore plus profondément l’amour éternel de Mack pour Vonnie mais aussi l’histoire de ce couple. Malgré le danger, chaque pas, chaque instant restent source d’espoir Mack autant que d’éloignement pour Vonnie. L’histoire d’amour est aussi ordinaire que la nature environnante est extraordinaire mais Ron Carlson magnifie les deux avec autant de réussite tout en tenant en haleine le lecteur du début à la fin. Cette plongée éblouissante et pleine de suspense dans les grands espaces américains nous offre un roman magistral et palpitant.
« On lui avait dit qu’il ne restait plus que quelques endroits dans le pays où une personne pouvait s’éloigner à huit kilomètres de la route, et, pour lui, cela restait la pire nouvelle qu’il ait jamais entendue. »
« Le retour était toujours un moment délicieux. Sales et fatigués, ils parlaient, discutaient des poissons qu’ils avaient attrapés, de la randonnée. Ces jours là, son père disait toujours : "Etre sale, comme avoir faim, ce sont des choses magnifiques qui se méritent. Nous l’avons mérité, alors allons nous laver et manger." »
Fiche #876
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Sophie Aslanides
D’étranges phénomènes se produisent régulièrement à Snake Valley : disparitions en série, les hommes, les habitations, les véhicules s’évanouissent sans laisser de traces. Des événements inédits, proche du paranormal, et inquiétants les accompagnent. Peu semble s’en inquiéter, pourtant lorsque le père de Nathan Love, l’ex-profiler zen retiré de la circulation, disparaît à son tour, les évènements s’accélèrent et Nathan se doit d’intervenir. Accompagné de sa compagne Clara pourtant gravement malade, son enquête le propulsera dans un tour du monde périlleux au centre des enjeux de pouvoir mondialisés mobilisant aussi bien les scientifiques, les médias que l’armée. Le très zen Nathan saura-t-il résister à ces puissants ayant déjà organisé la société de demain ? On retrouve avec joie et passion lors de cette troisième aventure un Nathan Love, citoyen du monde, toujours autant à son avantage lors de ses enquêtes aux vifs rebondissements et aux rythmes variés ayant comme cadre la planète entière.
Fiche #875
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Rosa est une femme totale : femme, mère, amante, madone, épicentre indispensable d’une famille nombreuse : « Rosa serait gardienne d’hommes ». Une famille aimante et soudée autour d’elle où la générosité est de tous les instants, tous les actes : « Si on ne parlait pas d’amour à la maison, l’amour était partout. Il cimentait les murs, nous enveloppait, nous tenait chaud au ventre ». Le narrateur, Zig, est l’un de ses fils. Il revient sur l’histoire de ce clan alors que son frère, Zag, va mal, quitte le monde, la famille en tombant dans un mutisme maladif. Zig va devoir enquêter pour trouver les sources du mal, une enquête qui le mènera, toujours entre larmes et rires, à la source de cette folle famille : « Rosa comprit que ce serait ainsi, dans la famille, partir, revenir, rire et pleurer, tout embrouillé dans un même temps. ». Un livre joyeux, portrait d’une femme (qui n'est pas sans rappeler une "Madame Rosa" célèbre) et d'une famille extraordinaires.
Fiche #873
Thème(s) : Littérature française
Bruno DOUTREMER
Le grand voyage de Lena
Editions Amiver
89 | 29-11-2010 | 14€
Lena est une petite fille qui habite au bord de la mer. Elle rencontre un albatros aux ailes abîmées. Il décide de l'emmener autour du monde pour en expliquer les raisons, de constater l'état du monde et d'espérer en un monde meilleur. Un beau texte sur une problématique très contemporaine servi par de superbes illustrations.
Fiche #874
Thème(s) : Jeunesse
Kim HYANG-YI
Murmure à la lune
Chan-Ok
88 | 185 pages | 27-11-2010 | 11€
La petite Song-hwa est solitaire. Elle vit avec sa grand-mère, son père est parti de longue date et sa mère est morte. Elle ne les a pas connus et sa grand-mère chamanesse continue d'attendre avec espoir le retour de son fils. Elles habitent dans un village de Corée du Sud, à proximité et à l'ombre de la frontière avec la Corée du Nord. Song-hwa se réfugie souvent dans la nature et murmure à la lune et à la rivière ses craintes, son désespoir, ses rêves et attentes. Un très joli portrait tout en douceur d'une petite fille attendrissante.
Fiche #872
Thème(s) : Jeunesse
La mer et la musique font bon ménage dans ce deuxième polar de Fabrice Guillet : Erwan, guitariste du groupe Santo Subito à la notoriété grandissante, revient dans son village breton d’enfance lorsque son père, un ancien navigateur solitaire et célèbre très éloigné de lui, est disparu et mort en mer. Il pensait retrouver les lieux passés intacts et il débarque en Terre inconnue : « En débarquant j’ai eu l’impression de poser le pied sur une terre inconnue et je dois avouer que si elle l’a été par la violence et certaines découvertes, elle a quand même des attraits que j’avais sans doute négligés… ». La plupart de ses amis sont toujours là : Alexandra son ex qu’il a quitté précipitamment à la mort accidentelle de sa mère, Greg l’ami de toujours musicien exploité par son père et Marc le frère qui suit les traces maritimes de son père. Il ne pensait vivre là que quelques jours dans le recueillement et pourtant, lorsque Alexandra lui assure que la mort de son père n’est peut-être pas accidentelle, Erwan mènera sa propre enquête, une enquête périlleuse alors que le village envisage de grands bouleversements immobiliers qui lui dévoilera un Madec père sous un autre angle et plus paternel qu’il ne le pensait.
Fiche #871
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Eva jeune institutrice est amoureuse de Frank homme marié. Ils vivent leur relation sans retenue mais sans se poser de questions quant à l’avenir. Pourtant, en peu de temps, elle perdra tout, l’enfant qu’elle portait et Frank qui disparaît. Elle se replie alors sur elle-même et revient sur son passé, ses préoccupations intimes et sur son entourage : ses parents couple modèle, son frère Justin qui aurait tant aimé la protéger, sa meilleure amie Lyne qui forme un couple orageux mais heureux avec Malik, Jonathan l’ex qu’elle a quitté pour Frank… Le roman par son thème pourrait être banal mais le style et l’écriture d’Alma Brami que l’on retrouve avec intérêt dans ce troisième roman le rendent singulier et attachant.
Fiche #869
Thème(s) : Littérature française
Contrepoint est le titre parfait pour ce nouveau livre de la grande romancière néerlandaise : technique de composition musicale consistant à superposer plusieurs lignes mélodiques ou thème secondaire qui se superpose au thème principal. Le texte est en effet un va-et-vient permanent entre la recherche par une femme d’une grande et personnelle interprétation des variations Goldberg et de ses souvenirs brefs de mère (« Elle s’était tournée vers son piano pour obtenir de l’aide). Le drame qu’elle a vécu lors de la disparition tragique de sa fille (« On ne se prépare pas à une tragédie, elle vous tombe dessus ») semblait l’avoir éloignée à jamais des moments même furtifs de bonheur. L’art et la musique, l’étude d’une œuvre, d’un compositeur lui permettent aussi bien de faire rejaillir des souvenirs enfouis par la douleur (« Bach lui avait donné accès à sa mémoire »), de les verbaliser quand cela devient possible, de les incorporer dans ses interprétations, dans ses silences, mais aussi de pratiquer une thérapie douce et sobre qui mène note après note à une reconstruction de soi. Pianiste et psychothérapeute, Anna Enquist nous livre une superbe partition éclairée par une interprétation émouvante et sans fausse note !
« Ce que la musique a de libérateur, c’est justement de permettre de renoncer aux mots déprimants, gênants, pour se mettre à penser en sons, en lignes, en accords. Rien n’avait besoin d’être formulé ou traduit. »
« Des pas hésitants espacés par un intervalle de secondes, qu’on ne pouvait pas jouer sans de dramatiques changements de rythmes. Chanceler, grimper, tomber, ce genre d’histoires. Pourquoi une mélodie qui monte puis descend provoque-t-elle tant de tristesse ? Est-ce qu’on était plus avancé quand on le savait ? Inspirer avec espoir, souffler avec déception. Monter la colline puis, fatalement la redescendre. Recevoir une chose puis devoir y renoncer. La vie, quoi. »
« … les gens ont inventé des religions parce que la notion d’être seul confronté à la réalité est trop douloureuse, l’idée qu’un être humain va disparaître sans laisser de trace trop insupportable, l’insignifiance de l’existence humaine trop vexante. »
Fiche #870
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Isabelle Rosselin
Deux personnages principaux incarnent ce roman qui se déroule au Mexique, un homme déjà âgé et exilé et une femme plus jeune, indienne, qui appartient au monde des humiliés, des pauvres à l’avenir plus qu’obscurci. L’homme se fond dans une ambiance triste et sereine, triste et douce, après moult voyages, toujours chassé, il est venu là, au bord d’une plage, attendre calmement et avec philosophie la mort. Sa rencontre avec la jeune Alegria n’y changera rien. Il revient sur son passé, sur ses rêves d’enfant, notamment celui de venger l’empereur Maximilien qui après avoir pris une jeune maîtresse indienne fut exécuté ce que décrivit Manet dans son superbe tableau « L’exécution de l’empereur Maximilien », sur les femmes qui ont partagé son existence toujours temporairement, et explique pourquoi il a choisi de s’installer, là, auprès des exploités. Il ressent une tendresse différente et inhabituelle pour cette jeune indienne qui fait renaître l’espoir dans ce cœur épuisé. Mais nous sommes cependant au Mexique et le jour de la fête des morts, il n’y a pas que des pétards qui éclatent… Un beau texte sous la forme de courts chapitres, d’une écriture précipitée et réaliste qui aborde sans larmoiement et toujours en finesse l’exil, la douleur, la pauvreté, l’abandon, le malheur…
« … il avait expérimenté le bonheur d’être son unique guide, son propre maître, sans que rien ni personne ne se dresse devant lui pour le vaincre, jusqu’au jour où il était tombé éperdument amoureux d’une femme qui lui avait enseigné l’art de souffrir comme un damné, il avait continué de l’aimer, en dépit de cette souffrance, ou, qui sait ?, grâce à elle, aussi avait-il rejoint la cohorte des hommes tristes, séducteurs pas le mystère même de cette blessure d’amour, que les femmes devinent, attirées par la tristesse comme des abeilles butineuses, dans le défi qu’elles se lancent d’en guérir l’homme jusqu’à détruire le souvenir de celle qui avait planté cela dans son cœur… »
Fiche #868
Thème(s) : Littérature française
Philippe Claudel et son écriture toujours aussi remarquable nous reviennent avec cette édition en livre de poche de trois petites histoires de jouets. Ces trois courts récits empreints parfois de mélancolie mettent en scène des hommes aux vies simples, des rêves et des jouets, objets emblématiques du rêve : rêve de celui qui les a créés, rêve (jamais éloigné du souvenir) de celui qui les manipule ou les regarde.
Fiche #867
Thème(s) : Littérature française
Récit d’un homme qui vit une seconde vie après la guérison d’un cancer, mais un homme ancré dans le monde médical, proche des corps, des âmes et de la maladie où la frontière entre médecins et malades s’avère ténue. Parmi ces hommes, l’n se distingue : son grand-père, pilier protecteur de la famille, inconsolable depuis la mort de sa femme. Patrick Autréaux nous offre un texte poignant, entre récit et essai à la prose maîtrisée et sensible.
"Soigner, c'est-à-dire soigner jusqu'au bout, c'est traverser un champ dont on ne connaît ni l'état du sol, ni la nature des herbes. C'est accepter les fleurs d'orties, la gadoue putride, les entorses et aussi les odeurs fraîches, l'ombre piquetée de soleil d'un arbre solitaire. C'est fatigant et dur."
"Ce qui est vierge en nous est frigide à la parole. On croit comprendre, les idées ne donnent que des frissons. La jouissance est comptée. Rarement on peut éprouver la beauté du dévoilement qui éblouit et est près de nous détruire."
"Pour écrire, il faut du vide - un vide de mots et de choses à dire : n'avoir que la fougue à condenser."
Fiche #866
Thème(s) : Littérature française
Que font les loups quand ils ne font pas peur aux enfants ?
Bilboquet
81 | 11-11-2010 | 12€
Des loups, des p'tits loups, des grands méchants loups, toujours des loups ! Ils s'entraînent dans une école pour apprentis méchants loups, mais sauront-ils encore faire peur aux enfants ? Ce qui est certain, c'est que ce conte les fera rire !
Fiche #849
Thème(s) : Jeunesse
Monsieur Nostoc, sans son chapeau magique, s'est envolé vers d'autres cieux, loin, très loin de la terre. Pourtant les hommes sont déjà venus, et ont laissé "trace" de leur passage ! SaturLune en souffre encore et risque d'en souffrir davantage, Monsieur Bizenesse fait le voyage afin d'accroître encore et encore ses richesses et a décidé d'exploiter la Galaxie ! Ils sont devenus fous ! Heureusement Monsieur Nostoc et Mademoiselle Philomène veillent. Pourvu qu'il ne soit pas trop tard...
Fiche #850
Thème(s) : Jeunesse
Elisabeth ROBERT
Cécile VALLÉE
La petite fille qui voulait devenir papillon !
Volpilière
79 | 11-11-2010 | 9€
Une belle histoire sur le thème de la mort du papa qui réussit à ouvrir non sans poésie les portes d'un avenir possible pour une petite fille désespérée.
Fiche #851
Thème(s) : Jeunesse
Avec malice, un jour d'orage, lorsque Liu Chan dépose une carpe dans un tronc d'arbre rempli d'eau, il est loin de supposer qu'il va engendrer des croyances, du mystique brut ! Un excellent conte chinois qui nous plonge avec joie dans les origines des croyances !
Fiche #852
Thème(s) : Jeunesse
Une présentation originale de la chaîne de la vie avant que l'homme n'intervienne avec insistance !
Fiche #853
Thème(s) : Jeunesse
Dans combien de temps je serai grand ?
Rue du Monde
76 | 11-11-2010 | 14.5€
Un beau petit album pour aider les petits et les parents à répondre à cette question existentialiste !
Fiche #854
Thème(s) : Jeunesse
Parisa BARO
Mon petit chaperon rouge
Rouge Safran
75 | 11-11-2010 | 14.2€
Une adaptation particulièrement réussie et actualisée du célèbre conte de Charles Perrault où ce petit chaperon rouge saura gagner sa liberté, en espérant que ces semblables puissent faire de même !
Fiche #855
Thème(s) : Jeunesse
Un conte émouvant pour changer le regard des petits (et des grands) sur ces personnes qu'ils rencontrent au bas de leur immeuble, au coin de la rue, aux feux rouges et que l'on qualifie de SDF. Indispensable.
Fiche #856
Thème(s) : Jeunesse
Le roi est triste ! Il est seul, isolé, sans amis. Il décide de tout quitter et part sur la route. Un nez rouge bouleversera son avenir !
Fiche #857
Thème(s) : Jeunesse
Le monde des enfants n'est pas tendre. Aussi lorsqu'un enfant différent, Pim le lutin, s'installe dans sa classe, ils ne seront pas tendres ! Pourtant, une petite fille saura faire abstraction de sa différence, aller à sa rencontre, partager et s'enrichir à son contact et surtout ouvrir les yeux de ses camarades de classe !
Fiche #858
Thème(s) : Jeunesse
Les maîtres de Moustique sortent ce soir pour une fête chez les voisins et il est chargé de garder la maison. Comment faire quand on est un petit chien inoffensif ? Heureusement Moustique a une grande imagination !
Fiche #859
Thème(s) : Jeunesse
Frédéric CARTIER-LANGE
Terminus, un grand chevalier (ou presque)
Le Bonhomme Vert
70 | 11-11-2010 | 14€
Terminus est amoureux de Terminionette et va devoir faire ses preuves ! Un terrible monstre Machin-Chose est sur leur chemin pour rejoindre l'école, le chevalier au grand coeur va devoir faire preuve d'imagination !
Fiche #860
Thème(s) : Jeunesse
Yûichi KIMURA
Jun TAKABATAKE
Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ?
Philippe Picquier
69 | 11-11-2010 | 13.2€
Trois rats, deux chats. Ennemis irréductibles. Ils se retrouvent pourtant tous les cinq bloqués au fond d'un profond trou et le problème semble insoluble ! Seule l'amitié pourra les sauver et cette situation périlleuse viendra à bout de leur inimitié !
Fiche #861
Thème(s) : Jeunesse
Monsieur Jeusétou dirige la ville d'une main de fer. Il dirige sans faille la cité, contrôle tout, décide de tout. Monsieur Jeusétou est omniprésent, omniscient, rien ne lui échappe. Pourtant, un matin apparaît sur son écran un curieux personnage de couleur bleue, vision inattendu et insupportable. Ce petit grain de sable pourra-t-il ramener Jeusétou vers la vraie vie ? Un joli conte particulièrement d'actualité !
Fiche #862
Thème(s) : Jeunesse
Tomonori TANIGUCHI
Pinocchio la marionnette de fer
Le petit Lézard
67 | 11-11-2010 | 10€
en stockUne belle adaptation avec un Pinocchio de fer qui rouille et se meurt !
Fiche #863
Thème(s) : Jeunesse
Tessie, la petite couturière, a toujours rêvée de voyager jusqu'au jour où elle franchit le pas, monte dans une montgolfière qui lui doit beaucoup et part à l'aventure. Tout au long de son chemin, elle rencontrera de nombreux amis animaux souvent en difficulté mais son talent de couturière leur sera d'un grand secours !
Fiche #864
Thème(s) : Jeunesse
Rapaport signe encore un album incontournable et traite toujours de sujets essentiels. L'homme invisible, nous l'avons tous vu ou croisé ! Cet album nous rappelle son existence, et l'importance de le voir et de ne pas passer son chemin dans l'indifférence. Essentiel !
Fiche #865
Thème(s) : Jeunesse
« Cela faisait maintenant une année entière que nous étions à vendre. Nous avions peur de n’intéresser personne, peur du plan social. On attendait le grand jour, le jour des pleurs, des adieux et peut-être éprouvions nous quelque plaisir à rendre poignantes, par avance, ces heures où nos vies basculeraient, où nous serions tous dans le même bateau, agrippés les uns aux autres avant de nous quitter pour toujours », pourtant le 16 mars, avec une tête d’enterrement, les 50 salariés de la Société Mercandier Presse écoutent leurs trois déléguées syndicales leur annoncer la vente de l’entreprise à un repreneur, Paul Cathéter, manager adepte des méthodes américaines… Nathalie Kuperman nous fait vivre parmi le choeur de la société, elle décortique non sans humour les sentiments et les réactions diffèrent, s’opposent, se rejoignent, l’union se fissure : démission, apathie, violence : « Avant, nous ne pensions qu’à travailler le mieux possible ensemble. S’aimer les uns les autres ne nous préoccupait pas, mais on vivait ! … aujourd’hui c’est au-dessus de nos forces, et nous nous regardons avec défiance ! ». L’évolution de l’intimité des principaux acteurs aux personnalités différentes nous est finement dépeinte par l’expression avec force, colère ou dépit de leurs voix intérieures afin de saisir parfaitement l’histoire d’une déchéance morale et humaine d’un groupe de salariés manœuvré, déréglé, par un manager sans scrupules, « un requin sans âme », une aventure qui se répète hélas mois après mois.
Fiche #847
Thème(s) : Littérature française
Dès sa naissance, la narratrice commence de tricher. Ses parents attendaient un garçon, et ce fut elle ! La triche, le mensonge, l’ombre s’imposent dès ses premières années, un mode de vie qu’elle accepte et entretient, sorte d’hymne aux mensonges acceptés, aux mensonges nécessaires, comme aux mensonges gratuits sans nécessaire justification. Des mensonges qui l’entraînent dans une dualité constante : ombre et lumière, mensonge et vérité, perfidie et fausse douceur, respectabilité et machiavélisme, sagesse et perversité, fuite en avant et introspection… « La triche était une aventure, non pas gratuite, mais qui menait à une découverte de soi… » mais à force de mentir et de se mentir, s’apercevra-t-elle que la vie s’éloigne mensonge après mensonge…
Fiche #848
Thème(s) : Littérature française
Une mère. Une fille. Chacune a sa vision, son appréhension de l’autre, de leurs vies. La mère plonge mot après mot dans une profonde dépression depuis de longues années. Elle est la narratrice de la première partie écrite à deux voix : son récit oscille entre « elle » et « je ». Dédoublement maladif, elle semble vivre à côté d’elle-même, s’observer, se craindre, redouter les autres, ne pas se comprendre. Le naufrage menace, il est annoncé, elle le sait, le ressent, mais continue de plonger au plus profond d'une espèce de brouillard alimentée par la peur qui ne l’abandonne jamais, l’étreint, la dilue jusqu’à la mort attendue. A la mort de sa mère, sa fille découvre un cahier où elle a noirci une soixantaine de pages. La fille délivre alors sa vision et son interprétation glaciale des faits et du comportement de sa mère, « cet être possessif, malfaisant, probablement écorché par la vie – mais les blessures, les meurtrissures n’excusent rien – et, en même temps, je me heurte à une inconnue ». Une cassure irrémédiable entretenue par des non-dits a séparé ces deux femmes. La fille refuse cette mère cherchant à la « phagocyter », croit en sa différence et l’entretient. « Le dernier mot » est un constat froid, sans concession, parfois terrifiant exposé sous deux (voire trois) angles de la personnalité d’une femme en perdition. Gisèle Fournier en adaptant son style à chacune des voix aspire le lecteur vers ces deux femmes et lui fait terriblement ressentir la psychologie de cette femme que rien ne semble pouvoir sauver.
Fiche #845
Thème(s) : Littérature française
Juanito Pérez Pérez vit une vie bien rangée avec sa femme, sa fille et son fils. Un peu trop rangée pour sa femme qui préfère partir vers d’autres cieux. Elle ignore pourtant que son tendre époux a une double vie. Cadre dans une multinationale, il est aussi un redoutable tueur à gages. Alors qu’il vient de tuer sur ordre l’un de ses collègues, il décide de partir en vacances avec ses enfants. Direction sud de l’Espagne pour un camping de nudiste. Cependant, dès son arrivée, tout dérape. Son ex est aussi présente accompagnée de son nouveau compagnon, un célèbre juge. Il retrouve également un ancien ami d’enfance qui a perdu un œil et une jambe par sa faute, un collègue de son entreprise à l’ambition folle. L’efficace Numéro Trois est perturbé, il sent sa maîtrise habituelle mise à mal, alors quand au milieu de patchwork de personnages atypiques, ses enfants sont en danger, Juanito va peut-être devoir enfin réfléchir à ses choix de vie et devoir se mouiller !
"C'est facile d'être un tueur à gages. Ce qui est difficile c'est d'être père."
Fiche #846
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Danielle Schramm
Karel a toujours voulu être grand reporter pour informer, témoigner, éclairer mais il a très certainement atteint un point de non-retour. Entre reportage et roman, il revient sur son parcours, ses voyages, ses reportages, ses convictions, ses utopies. Partout où la violence frappe dans le monde, Karel pose ses valises : « Pendant des années, j’avais dérivé, sans ancrage, de lieu en lieu, sans aucune responsabilité hormis celle d’être le témoin de la folie qui dévore le monde – d’être un conteur, d’être là où se passe l’essentiel. D’être moi-même. ». Au cours de ses reportages, Karel est à l’affût de moments paisibles, de joies simples, de trêves. Il rencontre Reiko une photographe japonaise auprès de laquelle il aimerait s’abandonner. Deux être différents au milieu du chaos… Même s’il réussit parfois à conserver de la distance face aux évènements qu’il vit et dont il témoigne, il est marqué par tous ces conflits dont il est finalement partir prenante et peu à peu la culpabilité gagne du terrain. Les questionnements l’assaillent : la géopolitique, les rapports de force entre états, les multiples conflits, l’Occident, les USA, le métier de reporter, l’écriture. Un livre dense, constat réaliste, froid, parfois désespéré et désespérant d’un homme et d’un monde arrivés à un point de non-retour. A découvrir.
Fiche #844
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Maryse Leynaud
Mamie Colette est une grand-mère tête en l'air ! Elle confond son mari avec un ours, croise un panda dans sa chambre, range ses courses dans la poche d'un kangourou... Son quotidien se révèle étrange et pourtant, elle continue son petit train-train... Mais Colette n'est peut-être pas si étourdie que ça !
Fiche #842
Thème(s) : Jeunesse
Le chevalier au grand coeur n'est pas un chevalier comme les autres. Il n'aime pas la guerre et encore moins y participer ! Dans son château, moqueries, regards en biais l'accompagnent à chaque instant pour son plus grand désespoir. Mais le chevalier au grand coeur est plein de ressources ! Un joli conte pour un autre modèle de vie.
Fiche #843
Thème(s) : Jeunesse
Hérodiane vit avec son frère Estevèl à Paradi un quartier d’un bidonville de Port-au-Prince. Ils ont suivi le chemin de l’exode rural à la mort de leur mère. Avant son décès, Estevèl lui a promis de protéger Hérodiane et ils rejoignent la capitale afin qu’elle puisse prolonger ses études. Pourtant le livre débute alors que la jeune fille est agonisante après un avortement raté. Elle revient alors sur son attente du prince charmant, sa rencontre avec Yvan un jeune et riche mulâtre icône de la haute société haïtienne, son appréhension de la différence de son frère, les lourdes inégalités qui pèsent sur la société haïtienne, les oppositions entre communautés, entre riches et pauvres (« Pourquoi nous, parce que nous habitons Paradi, ne pouvons-nous pas être comme les autres ? »)… Le quotidien est terrible mais jamais désespéré, chaque jour est une lutte mais l’espoir même ténu subsiste. Gary Victor réussit encore brillamment à dresser, par l’intermédiaire de personnages forts, un portrait sans pathos ni misérabilisme de l’humain haïtien avec toujours une pointe de fantastique ou de surnaturel.
« Il sait qu’il doit travailler dur, donner son sang à cette terre pour pouvoir espérer, un jour, laper sa goutte de ciel. Moi, j’avais cru pouvoir aller plus vite. Nous, les femmes, sommes arrivés, pour notre malheur parfois, à considérer comme normal, obligatoire même, un chemin pavé de briques cuites au feu de l’enfer. »
Fiche #840
Thème(s) : Littérature étrangère
Le Capitaine Pff est un petit garçon qui soupire constamment. Il vit au bord de la mer, dans une île où le vent a disparu. Son absence rendait ardu et long le travail de son père, pêcheur au service du roi. Lorsque le Capitaine Pff découvre un vieux cerf-volant, il est loin de se douter qu'il bouleversera son destin et celui des autres iliens. Un petit Capitaine courageux que ce Capitaine Pff !
Fiche #841
Thème(s) : Jeunesse
Sara est une trentenaire qui fait illusion : une belle situation mais peu d’amis à l’exception de Clarence et une vie solitaire. Son grand-père vient de mourir et Sara pourtant réputée insensible du fait qu’il lui est impossible de pleurer reste inconsolable. Sa grand-mère quant à elle est certaine que son époux est encore en vie et s’émeut devant la réaction de son fils retrouvant là son mari : « Il gardait tout pour lui, comme son père. Elle les appelait les autistes de l’amour. Incapables de dire je t’aime, ces deux là, même aux dernières heures de la vie. ». Sara lui rend visite régulièrement, et un jour, Minouche lui avoue avoir vécu une aventure extraconjugale pendant la guerre. Son père étant né en 1941 et faisant confiance à sa grand-mère, Sara imagine que cet homme est certainement son grand-père et part à sa recherche. Une quête périlleuse qui la mène sur les traces des secrets de famille mais où est la vérité lorsque la mémoire s’estompe, triche, perturbe, embellit, affabule… le lecteur intrigué ne pourra le décider qu’après la lecture de l’ultime page !
Fiche #839
Thème(s) : Littérature française
Le bien nommé Marcus est un jeune gars de banlieue. Viré de son lycée, il rejoint son oncle Rudy la seule personne qu'il vénère et qui le comprend, un vieil anar toujours en lutte contre gouvernements et patrons. A sa mort, Marcus hérite d'un appartement de l'autre côté de la frontière : "quelle frontière ? Le périph', c'est quoi pour vous ? ... Près du port de marchandises, c'est là qu'on nous tolère ; là où les gens crèvent parce que les entreprises ferment les unes après les autres.". Pour survivre, Marcus commet quelques larcins, quelques visites de villas et renoue avec sa passion, la boxe. Au hasard d'une visite, il récupère le dernier roman du propriétaire "Au baiser de la jeune veuve". Ce tendre roman d'amour le rapproche mentalement de Roxane la femme de Vico, son patron. Le petit dur qui n'était jusque là pas intéressé par les femmes a enfin trouvé un soleil qui illumine sa sombre existence. Et l'on retrouve un Marcus inattendu : amoureux gauche, sensible, pudique et délicat, qui gagnera le coeur de la belle Roxane ! Mais Vico ne le voit pas d'un bon oeil et le lourd destin de Marcus le rattrapera rapidement mais Marcus demeure un homme d'honneur et Roxane son étoile et jamais, il n'accordera à quiconque le droit de "salir son visage et de baver sur son amour". Un bon mec finalement que Marcus, triste seulement que "le soleil l'ait oublié".
Fiche #838
Thème(s) : Littérature française
Vin n’a que seize ans et le chemin de sa vie s’annonce tortueux. Il a déjà une longue expérience de l’environnement hospitalier étant atteint d’une forme rare de leucémie qui résiste à tous les traitements. Irina est son médecin attitré ; ancienne humanitaire, sa route a croisé les horreurs de la guerre en Bosnie. Elle s’occupe de Vin avec passion et attention mais assiste avec impuissance et rage à l'évolution de sa maladie et à son dépérissement. Avant d’arriver au bout de la route, Vin espère réaliser son rêve le plus fou : retrouver son écrivain favori, Thomas Ray, qui s’est éloigné du monde après avoir publié son unique roman, Par-delà la fenêtre du désespoir. Vin à force de lecture connaît quasiment le volumineux texte par cœur. Alors que les autorités s’inquiètent devant ses derniers résultats d'analyse particulièrement troublants et inquiétants, l’adolescent s’échappe vers une contrée où les bains sont chauds… et les ours solitaires continuent parfois d’écrire. Vin bousculera l’écrivain tant dans ses certitudes face à la création littéraire que dans ses convictions d’homme. Cette rencontre avec Thomas constitue l’acmé du livre et des existences de ses personnages qui face à des destins périlleux tentent chacun de trouver leurs chemins de moindre résistance sans en maîtriser l'itinéraire ni en connaître l'issue… Guillaume Lebeau a déjà prouvé dans sa trilogie « La dernière guerre » sa maîtrise du suspense et, sans la négliger, il ajoute ici une belle et solide corde à son arc.
Fiche #837
Thème(s) : Littérature française
Par un mois de mars neigeux, une rousse parisienne, "le péril rouge", s'installe chez ses cousins, "fratrie sympathique de grands bourgeois", à Soulx, petit village perdu dans les Alpes. Après avoir supporté le récit des prouesses de ses skieurs de cousins, "c'est au diner que la conversation, tout en restant bon enfant prit un tour plus mondain et que Paul K entra pour de bon dans son existence". A 24 ans, la mort des parents de Paul K lui permet enfin de s'extraire du placard où il demeurait enfermer. Pourtant, "en 24 ans de détention Paul K n'avait jamais perdu la boule, ce qui prouvait un imaginaire immense et une force psychologique hors du commun". Mieux, il devient une sorte de sage philosophe et la rousse parisienne décide immédiatement de partir à sa rencontre. Après une longue randonnée, il arrivera exténuée à la porte de Paul K. qui l'accueillera avec gentillesse. Subjugué par cet homme, elle est totalement aimantée sa beauté, sa force et sa sagesse. Elle découvre également avec tendresse ou curiosité son entourage respectant la solitude du sage ou le considérant comme un monstre voire le diable. Noémie de Lapparent dresse avec réussite une série de portraits singuliers. Réussiront-ils à "ramener Paul à la vie" ou le sage imposera-t-il sa philosophe loin de toute préoccupation matérielle ? La réponse sera accompagnée des "bons baisers de la montagne" de la Parisienne !
Premier roman
Fiche #836
Thème(s) : Littérature française
Monika, la narratrice, travaille dans un institut de beauté, elle reçoit les femmes qui viennent pour leur corps, elle les voit, elle les touche, les évalue, les jauge… Corps des villes, corps des campagnes… Corps inutile, corps en beauté, corps mémoire, corps vivant, corps malade, corps mort, corps de fillettes ou de femmes… par une écriture singulière, Fabienne Jacob n’en oublie aucun.
« Je sais moi quand elles sont belles. Les femmes, c’est mon métier, elles sont belles quand elles sont dans leur vérité. Exactement dans la coïncidence de leurs corps et des années, cela s’appelle la vérité. »
Fiche #834
Thème(s) : Littérature française
Lorsqu’Einar, journaliste au Journal du Soir, est envoyé au fin fond de l’ouest de l’Islande, il s’attend au grand calme ! Il ne se passe rien à Isafjördur, ville emblématique de la crise de la région. Il doit pourtant traquer le scoop. Dès son arrivée, Einar apprend que des incendies suspects se produisent régulièrement, le dernier a lieu le soir où une grande fête regroupe le gotha de la ville, une ex-star du football accompagnée de sa cour et une petite starlette de la pop et ses groupies. Profanation d’une tombe, vol d’un camping-car, soupçons de trafic de drogue provoquent l’installation de ce journaliste solitaire chez un flic grognon mis à l’écart par sa hiérarchie. Einar a la capacité d’interroger, de faire parler les témoins et fait progresser l’enquête en parallèle de celle menée par une commissaire séduisante. Lorsqu’on retrouve le camping-car avec deux corps carbonisés à l’intérieur et qu’un député originaire d’Isafjördur qui n’en garde pas que des bons souvenirs meurt à Reykjavic les cervicales brisées, l’enquête devient brûlante… Le scoop est là ! Un polar prétexte à dresser un portrait réaliste de l’Islande contemporaine « légèrement » plus noire que la vision habituelle….
Article paru dans la revue "Page des Libraires"
Fiche #833
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction :
Eric Boury
L’Enquêteur s’installe dans une ville où les suicides des employés de la grande Entreprise se sont multipliés. Il arrive serein, confiant mais dès ses premiers pas dans les rues de la ville à la recherche d’un hôtel, l’étrange commence de le perturber. Il doit élucider ces suicides alors que, heure après heure, son enquête est troublée, perturbée. Les évènements, les personnes qu’il rencontre, exercent une pression inhibitrice sur sa progression. Etape par étape, l’individu disparaît, demeure sans initiative ; passif, docile, il se laisse porter par les évènements, les accepte sans réagir. Déshumanisé voire écervelé, l’objectif premier de l’Enquête s’éloigne peu à peu de ses préoccupations, lui qui paraissait si motivé et consciencieux. Placés au centre d’un conditionnement particulièrement efficient, lui et les humains qui l'entourent se retrouvent étouffés par leur fonction et entraînés vers une profonde vacuité et un abîme où toute humanité s'estompe. La froideur des évènements rejoint celle des personnages. Les sentiments se sont évaporés mais qui tire les fils ? Qui est le Fondateur ? Existe-t-il ? Où est le véritable pouvoir ? Entre Orwell et Kafka, une fable contemporaine sombre, il nous reste à trouver le chemin qui nous ramènera à la vie en laissant loin derrière cette société désincarnée et sans avenir.
"L'ordre n'existe pas sans le concept de société. On pense souvent l'inverse mais on se trompe. L'homme a créé l'ordre alors qu'on n'exigeait rien de lui. Il s'est cru malin. Grand mal lui a pris."
Fiche #832
Thème(s) : Littérature française
Bernard Carvalho nous propose un portrait douloureux de Saint-Pétersbourg et des femmes, ou plutôt des mères, qui l’habitent. On est loin du superbe Saint-Pétersbourg loué par les touristes à leur retour : « C’est la ville la plus artificielle de toutes. En trois siècles on a essayé vainement de la nommer trois fois. Un nom par siècle. On a construit trois cents ponts, un pour chaque année, mais aucune ne mène nulle part. Personne ne sortira jamais d’ici ». Alors que la ville prépare les manifestations de son tricentenaire, la guerre en Tchétchénie gronde et les fils du peuple, sans argent, sans appui, sans certificat médical ne peuvent y échapper. Les mères se sentent impuissantes mais ne peuvent accepter l’inexorable destin de leurs fils. Un combat à mort : « Les mères ont davantage à voir avec les guerres qu’elles n’imaginent. C’est le contraire de ce que tout le monde pense. Il ne peut y avoir de guerre sans mères. Plus que quiconque, les mères ont horreur de perdre. Nous sommes capables de tout pour éviter la mort d’un fils. ». Les mères se retrouvent au centre de cet immense gâchis où certains hommes se jouent de la vie des autres tels des marionnettistes cruels. Les histoires s’entrelacent, les points de vue s’opposent, se rejoignent avec comme toile de fond la guerre et la lutte de mères pour leurs fils, contre leur désespoir et leur sacrifice.
Fiche #831
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Geneviève Leibrich
Légèrement bohème et totalement farfelu, artiste manqué, Gilbratar est sommé par sa compagne Hélène d’accepter des petits boulots dont celui de croque-mort. Un jour où il « fuit » son patron en empruntant un corbillard, il retourne sur les lieux de son enfance. Une seconde d’inattention et le corbillard chut : « Le choc n’a pas été si violent et je m’en sortais sans rien de méchant. La bête aussi d’ailleurs. Pourtant jamais personne ne passait par là. Juste une poignée de caravanes il y a longtemps. Puis une bande de mômes… et un rhinocéros ! Quelqu’un pourrait-il m’expliquer ce que fout un rhinocéros au milieu d’un champ belge ? ». Cet incident exceptionnel déclenche chez Gilbratar une remontée prolifique de souvenirs mobilisant une série de personnages aux comportements loufoques. Ce concert de voix énigmatiques, originales témoigne de vies décousues qui disjonctent régulièrement (comme le lecteur !) : du grand-père de Gilbratar qui fit sauter sa maison « pour péter le ciboulot à un couple de cigognes », à Gina la dompteuse qui ne sut retenir son rhinocéros en passant par Emma la jeune et jolie qui initia le jeune Gilbratar aux beautés féminines. Dans cette polyphonie, une voix manque bien qu'elle soit omniprésente : la voix d’un vieux fou, le père de Gilbratar dont personne (ou presque) n’a de nouvelles…
Premier roman
Fiche #830
Thème(s) : Littérature étrangère
Victor a la passion des trains, il aurait souhaité devenir conducteur de trains mais la vie l'a mené vers d'autres cieux, plombés : "je travaille de nuit comme conducteur de presse dans un grand journal régional.". Victor en fin de carrière assiste impuissant, avec incompréhension à l'évolution et la disparition de son métier. Il vit avec sa mère alors que son travail est toute sa vie, il lui accorde toute sa passion et son attention. Aussi lorsqu'il est relégué au cassetin, quinze longues, très longues années et laborieuses s'annoncent. Aussi lorsque Madeleine, la belle Madeleine, lui propose de rédiger son histoire pour le mensuel du Syndicat du Livre, il s'attelle avec difficulté à sa tâche. En outre, le plomb n'est pas sans danger pour la santé, et le doux agneau pourrait muter en animal dangereux... Un bel hommage à un métier qui disparaît et aux hommes qui l'exerçaient.
Premier roman
Fiche #828
Thème(s) : Littérature française
Eugénie livre ses souvenirs d'enfance qui surgissent dans le désordre. Elle a longtemps cru avoir une enfance ordinaire. Sa mère née en Tunisie a déjà été mariée deux fois, eu une fille lorsqu'elle rencontre un Français en mission pour De Gaulle à Tunis. Après quatre ans de liaison secrète, elle abandonne sa famille et ils partent pour Marseille pour s'installer ensuite à Paris. Eugénie naît dans les pleurs de sa mère qui attendait un garçon et au centre d'un couple à plusieurs facettes : couple bohème participant aux fêtes des beaux quartiers, couple tiraillé par le sentiment de culpabilité de cette mère qui reprochera toute sa vie à son mari de l'avoir conduite à abandonner mari et enfant. Elle s'éloignera également d'Eugénie qui aura rapidement le sentiment de ne pas être à sa place et se sentira l'enfant alibi de ce couple bancal tout en participant à l'autocélébration de leur grand amour, petit caniche docile, bien à sa place. L'adolescence la révèlera névrosée et seul l'abandon de ses oripeaux de caniche lui permettra de devenir véritablement une adulte, sans en vouloir à sa mère mais sans regretter son enfance.
Fiche #829
Thème(s) : Littérature française
Mohamed HMOUDANE
Le ciel, Hassan II et Maman France
La Différence
44 | 222 pages | 02-09-2010 | 17.25€
Le narrateur, Mahmoud, est arrivé en France de son Maroc natal pour étudier. La France n'est encore devenue sa maman et le tracasse dans ses démarches administratives. Sa rencontre avec Nadia sera décisive : "Et si on se mariait... c'en serait fini de tes problèmes de papiers. Tous ses amis rencontrent les mêmes ennuis : Walid qui s'est déguisé en juif pour éviter les incessants contrôles policiers, Boualem un habitué de La Fabrik et de ses soirées arrosées, soirées de rencontres, de débats et de discussions enfumées sur les aléas, bonheurs et malheurs de la vie des émigrés installés en banlieue. Pourtant, lorsque Nadia demande le divorce, l'affaire se corse... Le ton est souvent drôle, toujours réaliste et jamais caricatural. Un texte très contemporain !
Fiche #827
Thème(s) : Littérature française
Berceuse pour un pendu, un livre contrasté, inattendu et attachant : Hubert Klimko est un écrivain polonais, l’action se déroule en Islande ; le climat est rugueux alors que l’ambiance est exotique ; le quotidien des personnages est ardu pourtant sa narration est souvent drôle et jubilatoire ; les moments de bonheur et de sérénité chassent les instants pénibles ; le récit est succinct, le contenu est dense. Cette berceuse chante le voyage initiatique de trois hommes en Islande, trois immigrés des pays de l’Est en marge et unis dans leur différence. Le narrateur voulait apprendre le violoncelle, Boro le Croate joue de l’harmonica et Szymon le Polonais joue du violon, ces trois hommes ayant conservé une part enfantine vont élaborer une berceuse à trois voix, parfois douce, parfois violente, parfois joyeuse, parfois triste en tous les cas toujours vivante. Unis par une amitié profonde (« Mon amitié avec Szymon, c’était comme une danse des lucioles… »), ils parcourent l’île, s’entraident, vivent, se retrouvent autour de la musique, une connivence aboutie les unit au fur et à mesure de leurs aventures. Elles flirtent constamment avec la folie (« Parfois je me demande si la fréquentation de fous ne m’a pas permis de rester normal ») sans jamais abandonner la poésie qui les accompagne. Un superbe portrait de trois gentils fous malicieux incapables de vivre une vie « classique » mais doués pour l’amitié. Un livre à lire et relire !
Fiche #826
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Véronique Patte
Le froid modifie la trajectoire des poissons
Héloïse d'Ormesson
42 | 222 pages | 30-08-2010 | 18€
Dans un quartier de Montreal, en 1997, un garçon de dix ans reçoit pour Noël un camescope, cadeau guère apprécié par sa mère. Le couple est balloté, l'enfant le ressent. Cela est confirmé quelques jours plus tard lorsqu'ils lui annoncent maladroitement leur séparation. Ils séparent tout en deux, les biens, le garçon. Il ira une semaine sur deux chez chacun d'eux ("comment pouvaient-ils imaginer que je serai plus heureux sans eux deux"). Ecoeuré, désemparé, il se morfond et demande au ciel de l'aider. Sa réponse vient le lendemain ! Une tempête de verglas aussi exceptionnelle qu'inattendue paralyse le quartier. Le père quitte pourtant le foyer, mais la vie du quartier est bouleversée par des évènements incroyables. Dans l'adversité, les personnages se révèlent ! Julie la danseuse au grand coeur, Boris le thésard égocentrique amoureux de ses poissons, les deux frères Michel et Simon aussi discrets que solidaires, les comportements, réactions, loin d'être gelés seront cependant profondément biaisés par cet épisode glacial ! Les poissons de Boris comme les humains voient leurs quotidiens bouleversés : "le froid modifie la trajectoire des poissons ; la nature est bien faite". Une belle palette de personnages face à des conditions extrêmes pour un roman optimiste et plaisant.
Premier roman
Fiche #824
Thème(s) : Littérature étrangère
Le lecteur retrouvera intact dans son deuxième roman l'humour de Bernard Jannin même s'il est cette fois enfûmé, âcre et froid, telle une salle le lendemain d'une soirée de fumeurs. La cigarette passe de bouche en bouche dans la famille décrite pat B. Jannin, de la naissance à la mort. Sans jamais porter de jugement, il décrit son comportement et sa "vie en fumée". Du père rouleur de cigarettes à l'oncle chiqueur invétéré, de la mère crapauteuse professionnelle à la tante amoureuse des Américaines, le chemin était tout tracé pour le narrateur. De l'initiation avec les gauloises d'un mort, fumer ponctuera, influencera parfois même déterminera son existence. Un livre qui sent bon la vie et le tabac !
Fiche #825
Thème(s) : Littérature française
Sila vit en Afrique lorsqu’un article affichant la richesse assumée d’un financier américain l’interpela. Quelques mésaventures le motivent à partir vers cet eldorado et sa belle étoile le mène à Paris où il se retrouve serveur dans un prestigieux restaurant. Elégant, habile, discret, il remplit sa tâche avec réussite jusqu’au soir où, demandant à un enfant de regagner sa place, le père, Mark Ruffle, un américain en visite, se leva, lui boxa le visage en lui cassant le nez. La salle resta inerte et ne réagit point mais cet évènement s’inscrivit au plus profond d’eux-mêmes et dans leurs destins. Ce fait inaugural permet à Fabrice Humbert de reprendre le destin de ces personnages, citoyens du monde de l’argent : Mark Ruffle, fils à papa, athlète raté, roi des célèbres « subprimes » et financier sans scrupules accompagné de sa femme Shoshana, sorte de poupée Barbie que cet évènement bouleversera et réveillera, Lev Kravchenko, conseiller de Boris Eltsine, oligarque accompli, qui s’est très vite adapté au monde capitaliste et a abandonné ses grandes idées humanistes contrairement à sa femme Elena, universitaire reconnue, Matthieu et Simon deux traders alors au sommet de leur « art ». Ces personnages tourneront autour de Sila (« Sila n’attendait rien de personne – ni de la vie d’ailleurs. Il n’était jamais dans la projection, l’envie, l’espoir – il vivait. Talent rare. ») comme des vautours, sorte d'animaux avides d’argent, souhaitant toujours plus, sans véritable but, le combat sera rude, ses conséquences terribles et la chute vertigineuse. Cette fuite en avant représentative de notre société ne pouvait perdurer… A travers cette série de personnages emblématiques, Fabrice Humbert dresse un portrait réussi de notre société mondialisée où l’argent devenu roi et la recherche du bonheur sont devenus à ce jour intrinsèquement liés.
« Sila considéra pendant quelques temps son nouveau patron avec reconnaissance – après tout, il aidait un sans-papiers – jusqu’à ce qu’il comprenne qu’il était seulement exploité et payé la moitié du smic, sans charges patronales de surcroît. Bref, il coûtait quatre fois moins cher qu’un Français. Cela dit, Sila s’habitua à son métier. Il devint un parfait sans-papiers, recommandable à tous égards. »
« Dans la vie, le problème, c’est de se réinventer. De devenir un autre être. D’autant que lorsqu’on cherche à se réinventer, le vrai travail se produit, celui de la perpétuation, la puissante force qui pousse à être toujours soi-même, de sorte que les métamorphoses se nouent et se dénouent pour arriver au terrible constat : nous sommes toujours nous-mêmes mais plus profondément. »
Fiche #823
Thème(s) : Littérature française
Originaire d'Annecy, Marion, la trentaine, réalise son rêve : ouvrir une librairie à Chamonix. A 35 ans, Pierre, "ce grand corps de guide qui respire la puissance et en même temps la timidité maladroite", fut d'abord un de ses premiers clients puis bientôt un des plus fidèles (et pour cause !) : "il a fini par connaître les rayons par coeur". Bien que sous le charme, Marion était "tout aussi empêtrée que Pierre". Il en a fallu des courses où "le guide en bouquins" suivait "le guide en montagne", il en a fallu des nuits platoniques en refuge pour qu'ils finissent par se tutoyer et qu'ils s'avouent enfin leur amour. Après les présentations aux familles (la montagne a pris le père de Pierre, le mariage marque une première étape dans leur voie. Le bonheur et l'amour s'installent. Mais peu à peu, un manque se fait sentir, l'enfant reste absent et le bonheur ultime ne peut être atteint, le sommet demeure hors de portée... par quelle voie Marion y parviendra-t-elle...
Premier roman
Fiche #820
Thème(s) : Littérature française
Bordelais, fils unique de parents parvenus, bourrés de principes aussi conventionnels que vieillots, J-C Lalumière a subi une éducation rigide et triste annihilant tout rêve, espoir ou fantaisie. Maladroit et solitaire, ses seules escapades s'accomplissent dans la lecture de Géo. Après des études littéraires, il réussit le concours d'attaché d'administration du Ministère des Affaires Etrangères. JC Lalumière prend donc le train pour Paris armé d'un superbe attaché case offert par sa chère maman. Le jour de son intégration, son Directeur se retrouve à l'hôpital après avoir malencontreusement heurté l'attaché case de Jean-Claude ! Il ne l'aura pas volé, direction "le front russe", service voué au pays en voie de création, section Europe de l'Est et Sibérie. Ce service est dirigé par un préretraité aussi incompétent que farfelu et Jean-Claude gaffeur impénitent, roi de la catastrophe, saura trouver avec résignation sa place (notamment aux côtés d'Aline la plus jeune des secrétaires) dans ce royaume impitoyable qu'est l'administration. L'auteur réussit avec brio à opposer le sérieux de sa prose aux situations burlesques et aux gaffes du héros tout en décrivant une bonne tranche de vie mais "l'histoire d'une vie, c'est toujours l'histoire d'un échec"...
Premier roman
Fiche #821
Thème(s) : Littérature française
Le narrateur lorsqu’il était jeune garçon vit s’installer un homme venu de nulle part, Friedhart Stahl. Sa mère revient avec lui d’un voyage à Lanzarote, il prend sa place au sein de la famille, devient l’amant de sa mère sous le regard d’un père en retrait. Impressionné, marqué par cet homme, le jeune Munichois devenu adulte entreprend plus tard une enquête sur les traces de Friedhart, représentant de la génération des Allemands de l’après-guerre (il est né en 1942). Ces hommes devront vivre ou survivre avec ce qu’ont fait ou pas fait leurs parents. Ils devront surtout deviner, supposer, questionner, ignorer ou oublier… mais l’apaisement sera souvent hors d’atteinte. Friedhart tentera de noyer sa culpabilité dans le voyage, l’éloignement et le travail. Toujours en marge, moments de solitude, instants de rencontres, jamais il ne pourra se libérer totalement de ce lourd passé, de ce cercle de cendres. La narration n’est pas chronologique mais les aller-retour dans le temps mettent en évidence l’enchevêtrement du passé, du présent et de l’avenir aussi bien que les causes, déroulements et conséquences des événements ayant marqué cet homme emblématique d’une génération écrasée par un sentiment de culpabilité inaltérable.
Fiche #822
Thème(s) : Littérature étrangère
Dans son dernier roman, Andrée Chedid dresse le portrait d’un enfant qui traversa le vingtième siècle avec sa droiture, ses convictions, sa fidélité. Jean partagea sa vie avec Isabelita qui après sa mort revient sur leur parcours au cours duquel Jean subit des épreuves marquées par quatre morts. Elevé dans la religion, il devint libre penseur. L’Espagne franquiste, les errements du communisme dès la seconde guerre mondiale lui infligèrent une seconde mort. « L’Alzheimer positif » continua de l’éprouver avant que la maladie « la salope » soit plus forte que lui. Andrée Chedid met sa prose poétique au service de ce portrait d’un homme exemplaire complété par moult réflexions sur la vie, la vieillesse, la mort, la famille mais aussi la politique, la poésie et sa puissance, l’art…
« Il disait qu’il fallait se méfier des mots, les approcher et surtout les caresser avec prudence, car pour lui les ``vrais mots de poésie étaient femelles. Ce sont des chattes. Si vous les fâchez, ajoutait-il, elles peuvent vous mordre ou, pire encore, vous fuir.’’ »
« Les bonnes relations de familles sont proportionnelles au carré de la distance. »
Fiche #819
Thème(s) : Littérature française
Un vrai plaisir que de retrouver deux anciens personnages de Frank Thilliez : les chemins de Sharko et Lucie vont se croiser au cours de deux enquêtes qui n’en feront qu’une naturellement. Sharko s’occupe d’une affaire de cinq meurtres, cinq corps retrouvés mutilés, oeils et cerveaux prélevés qui rappellent d’anciennes découvertes du même type restées non résolues. Lucie est confrontée à un film singulier où l’horreur, la violence et l’étrangeté alternent à chaque plan (et même plus ). Après l’avoir visionné, l’un de ses anciens amis est devenu aveugle et son ancien propriétaire est mort étrangement. Sharko traîne avec lui son passé, sa famille disparue l'accompagne continuellement et l’étrange Eugénie qui reste dans l’ombre. Lucie malgré la maladie et l’hospitalisation de l’une de ses jumelles est obnubilée par son travail et cette affaire (en attendant la suivante), son métier est son compagnon... . Le lecteur se laisse aller en l'espoir de jours paisibles pour ce couple. Cette rencontre atypique leur permet d'unir leurs efforts dans une enquête périlleuse qui les mènera jusqu’au Canada et à une confrontation frontale avec la CIA et la légion étrangère. Vous saurez tout du cerveau et de l'oeil humains, de leurs capacités extraordinaires mais aussi des terrifiantes possibilités de contrôle externe, de la manipulation psychique, de la contamination mentale, du syndrome E… Une intrigue rondement menée qui nous plonge au cœur de la folie médicale et militaire !
Fiche #818
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Sarah, la narratrice, part au Japon après le décès de son frère Nathan. Enfants, ils étaient très liés, il était son double, unis face à leurs parents, toujours à la recherche de leur liberté. Mais seul Nathan persévèrera dans cette voie, Sarah adoptant une vie plus conventionnelle, bien rangée. La mort de son frère trouble cet ordre bien établi et l’incite à partir sur ses traces afin d’expliquer cette disparition et savoir si son frère s’est suicidé comme il l’a déjà tenté dans la passé. Elle se retrouve dans un modeste village japonais, au pied des falaises, où moult désespérés viennent mettre fin à leur vie. Elle le cherche, elle le sent, le suit mais il s'échappe toujours et encore. Nathan prétendait avoir retrouver la paix et la sagesse dans ce pays atypique et auprès d’un certain Natsume. Cet homme se dévoue totalement à ces désespérés et tente de les sauver puis de les remettre patiemment dans le chemin de la vie.
« Vu de loin on ne voit rien » disait Nathan mais « vu de près » non plus selon Sarah ! En effet, ce voyage en l’éloignant de son foyer, en la confrontant à l'ambiance et la culture japonaises et en la rapprochant de son frère l’éclairera dangereusement ("Je m'étais tellement trompée") sur sa vie, son mal être, ses proches, ses attentes mais aussi sur Nathan ce frère assoiffé d'amour qu’elle croyait connaître. Nathan avait trouvé en Natsume sa béquille alors que Sarah, qui s’occuperait d’elle ? Olivier Adam continue de creuser son sillon et d’explorer pour notre plus grand plaisir ses thèmes favoris (la fraternité, la difficulté à connaître ses proches, la vie de gens simples, la mort, la mer…) en sachant toujours se renouveler.
« On a toujours le choix, m’avait-il répondu un jour, les dents serrées, les yeux tremblant de colère. Quand on a fait des études, on a toujours le choix. Entre la main gauche et la main droite. Entre ce qui blesse et ce qui soigne, entre ce qui aggrave et ce qui répare. On a toujours le choix. Tu pourrais très bien bosser dans le social, enseigner, entrer dans un service public, mettre ton intelligence et ta force de travail au service des gens, de la culture, de l’éducation. Tu pourrais très bien choisir de bien moins gagner ta vie et d’ouvrir les yeux sur ce que tu vas faire. Tu pourrais très bien t’abstenir d’apporter ton eau au grand moulin du libéralisme, de la religion du profit et de la rentabilité, des délocalisations, de la production à bas coûts en Inde ou au Bengladesh. Tu pourrais. »
Fiche #817
Thème(s) : Littérature française
Hanka a seize ans quand elle arrive dans les camps avec ses parents et son jeune frère. Son père choisira la mort plutôt que l’internement alors qu’elle sera l'unique survivante de la famille. Un peu par hasard, les circonstances, les rencontres la poussent vers la vie, mais quelle vie ! Hanka bien que juive devient Fine et prostituée dans un bordel militaire. Douze militaires au minimum par jour, tous les jours. Quelques officiers. Toujours sur le fil de la vie (« Elle doutait que sa vie vaille le prix qu’elle la payait… Elle payait sa vie de son sexe, de ses cuisses, de ses bras, jambes, doigts, lèvres, langue, - et de son âme. »). Elle conserve pourtant une once de désir de vie dans cette descente en enfer, dans l’inhumain (« Elle ne voulait plus se demander s’il n’était pas indigne de vivre ainsi. Pourquoi elle était née. Si on lui avait posé la question, elle savait désormais ce dont les hommes faits. Ce qui est ou non dans la nature humaine. »). Miroir de cette inhumanité, la confession de cette jeune fille révèle toute son humanité. « La guerre finie, elle se mêla à la petite foule des survivants qui avaient eu la chance de voir un autre mourir à leur place. ». Elle erre au milieu des hommes, apeurée, sa mémoire pesant terriblement sur son présent et son avenir (« Si la mémoire était une personne, elle ne serait pas quelqu’un que tu aurais envie de rencontrer la nuit. »). Pourra-t-elle éviter cette fuite éperdue vers laquelle peut l’entraîner son passé gravé à jamais au plus profond d’elle-même et se reconstruire ? « Que sommes-nous ? Un morceau de chair et une âme brisée. »
Fiche #811
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Erika Abrams
Passé sous silence revient sur un fait historique de la seconde moitié du vingtième siècle mais tous les noms, lieux et dates ont été changés. Ce moment historique implique deux hommes, le chef de l’état Jean de Grandberger et le lieutenant colonel Paul Donadieu. L’un juge et partie condamnera l’autre après qu’il a organisé un attentat. Les deux hommes reflètent deux visions différentes du pouvoir, de l’honneur, du respect. Bastien Thiry qui l’a pourtant admiré ne peut accepter la trahison de De GrandBerger. Manipulé, il montera cet attentat voué à l’échec et après un procès expéditif, sans la grâce de De GrandBerger, il sera exécuté. Alice Ferney plonge au plus profond de la psychologie de ces deux personnages et en ces temps commémoratifs, elle éclaire à bon escient et au bon moment ces épisodes encore très présents dans notre quotidien.
Fiche #816
Thème(s) : Littérature française
Le narrateur a 25 ans, vit seul et aime sa solitude. Il préfère se protéger des autres et surtout des femmes (« Je n’aimerais pas qu’une femme me tienne. Je n’aimerais pas qu’une femme me manque. S’il y en a une qui commence à pomper dans mon énergie pour en faire sortir la dépendance, c’est sûr, je fiche le camp. »). Il ne semble apprécier que la compagnie de son grand-père. Mais en réalité, sa passion est ailleurs, la chasse, la nature et la forêt. Un amoureux de la vraie chasse, respectueuse de la nature et de toutes ses facettes. Pourtant ses habitudes sont bousculées le jour où lors d’une chasse, il découvre un homme mort avec à ses côtés un carnet. Il prévient les gendarmes mais conserve le carnet. Obsédé par ce carnet, il mène sa propre enquête qui l'incite à se poser des questions sur cet homme venu mourir volontairement dans sa forêt mais aussi sur lui-même et sur sa vie. Pourtant la rencontre avec Eva sera peut-être plus bouleversante. Ces deux chasseurs ou gibiers, face à face, vont mutuellement s’apprivoiser et tisser une vraie relation humaine, sans dépendance, sans rivalité, dans la compréhension mutuelle. Un beau texte initiatique débordant de tendresse.
Premier roman
Fiche #815
Thème(s) : Littérature française
La Zingarina entre récit et roman retrace le destin de Sandra Jayat ou plutôt de Stellina, un destin au coeur d'une actualité brûlante… En effet, elle quitte à quinze ans dans les années 50 le campement familial installé en Italie. Elle part rejoindre Paris et son cousin Django refusant un mariage forcé comme la coutume l’impose habituellement. Elle nous fait part de son périple à partir du Lac Majeur, de ses rencontres souvent pénibles, de ses difficultés pour se nourrir, pour vivre tout simplement. Lors de son voyage rejaillissent les souvenirs de son grand-père et de son père qui lui ont décrit la vie tzigane. Les instants durs restent éclairés par la poésie de S. Jayat. Arrivée à Paris les poches vides, elle saura forcer le destin et les portes. Elle rencontrera le Paris intellectuel, littéraire et musical (Marcel Aymé, Ionesco, Chagall, Picasso, Moustaki, …) sans oublier ses racines et son passé. Le ton n’est ni larmoyant ni triste et retrace le destin d’une femme partie de rien, qui s’est faite seule grâce à son talent, à sa force et à sa capacité à ne pas oublier ce que les siens lui ont appris au cours de ses premières années.
« N’oublie pas petite, une Zingarina ne montre jamais ses larmes quand elle est triste : elle se redresse et elle danse. »
« Une Zingarina, tu vois, c’est moi ! Je suis comme une herbe sauvage, je grandis librement. »
« Tu as voulu te fabriquer une liberté, Stellina. N’oublie pas qu’il n’y a pas de liberté sans blessure. »
« Nous ne sommes pas des sauvages mais des civilisés d’une autre civilisation. Nous ne sommes ni supérieurs ni inférieurs au reste de l’humanité. Nous sommes différents, c’est tout ! Bien des gens ne supportent pas que l’on ne vive pas comme eux. Nous vivons notre vie sans nous préoccuper du nom du pays où nous séjournons. »
Fiche #814
Thème(s) : Littérature étrangère
Lena a 27 ans en mars 2006. Elle mène de front ses études et un travail "alimentaire" comme hôtesse d’accueil dans une entreprise. Quotidien très éloigné de son sujet d'étude et de prédilection, le poème d’Antonin Artaud, « Van Gogh, le suicidé de la société ». Mars 2006 fut marqué par les manifestations anti-CPE et Lena retrouva ses anciens amis, qui ont vieilli et suivi des voies différentes. Les trois semaines de manifestations seront l’occasion de parler de leur vie, de leurs convictions, de leurs espoirs pour certains, de leurs désespoirs pour d’autres, et toujours de leur quotidien. Les discussions ou réflexions abordant tous les thèmes (politique, démocratie, intellectuels, amour, avortement, SDF, mort, suicide, art, folie…) seront vives et animées. Sorte de bilan aussi cruel que réaliste d’une génération, ce texte enrichi de nombreuses citations (Debord, Artaud) montre une génération sacrifiée par une société bloquée où acquérir un logement, trouver un emploi, choisir librement ses loisirs, accéder à la culture demeurent souvent inacessibles pour la majorité. Le rythme est rapide, vif et le récit laisse augurer (espérer ?) qu’une rébellion salvatrice a planté ses germes au cours de ces trois semaines sauf si Chateaubriand avait vu juste...
Premier roman
Fiche #813
Thème(s) : Littérature française
Dominique, la cinquantaine, est fleuriste à Rochefort. Séparée de son mari, elle vit seule. Sa sœur frise la folie depuis de nombreuses années, son père s’est envolé de longue date et sa mère est décédée figée dans son amour pour cet homme qui semblait l’ignorer. Dominique s’est créée une vie en marge, loin des humains, plus proche de la nature et sa beauté, tel son site favori, le Grand paradis. Son quotidien sera bouleversé par une photo familiale représentant un portrait étrange d’une aïeule, Léontine. Le portrait est signé d’un collaborateur du professeur Charcot à la Salpétrière. Dominique part sur ses traces, dans les pas de l’hystérie, et son enquête la mène dans les archives de l’hôpital en chasse de Léontine mais cette traque lui révèlera également beaucoup sur sa famille et sur elle-même. Un roman douloureux où la différence de l’héroïne sera l’un des moteurs de son enquête qui lui apprendra qui elle est et lui procurera une certaine forme d’apaisement.
"Grand Paradis, la vie minuscule des branches dans la haie, Grand Paradis, la lumière bourdonnante des mouches qui calment les pleurs, Grand Paradis, le silence loin des humains."
Fiche #812
Thème(s) : Littérature française
L’histoire pourrait être considérée comme commune mais Jean-Baptiste Del Amo en la transformant en un roman dense, captivant et émouvant confirme la réussite de son premier roman ("Une éducation libertine") : une journée d’une famille ordinaire sétoise mais les secrets familiaux recèlent leur singularité... Elle s’apprête à se réunir pour un premier dîner pris en commun après la mort d’Armand le père omnipotent, violent, craint de tous. L’attente de cette réunion incite chaque membre de la famille à se remémorer son passé, leur passé commun mais aussi le passé de la famille sur plusieurs générations ("Ainsi pensaient-ils, au jour du dîner, comme à travers un tunnel, une faille dans le temps qui les eût poussés au ressouvenir"). Chacun participe à la reconstruction de ce puzzle, pièce par pièce, à des rythmes différents, avec des reprises, des ajustements… Au cours des trois chapitres, de la naissance (Nona) à la mort (Morta), les récits se chevauchent, s’entremêlent, s’éloignent pour mieux se réunir dans la description de l’intimité de chacun et de ses sentiments les plus profonds. Rien ne sera caché au lecteur, tout sera dévoilé, évènement après évènement, émotion après émotion... Louise la veuve prépare ce repas et attend Fanny la fille délaissée, sa rivale qui ne se remet pas de la mort de sa fille Léa, Jonas son fils adoré « malheureusement » homosexuel qui lui aussi pense encore à Fabrice son ancien compagnon et enfin Albin, son père tout craché, physiquement et psychiquement. Dans la difficulté à fonder une famille, l’amour et la mort se font face dans un combat violent qui semble déséquilibré et biaisé par la force de l'intime et du passé... Un grand roman, d’une écriture raffinée et maîtrisée qui nous rappelle, comme une évidence, que « la vie a passé si vite ».
Fiche #810
Thème(s) : Littérature française
Laurent Gaudé a vraiment l’art de prendre le lecteur par la main, page après page, pour lui faire découvrir à chaque roman des chemins différents, des rencontres singulières affrontant lors de chaque épopée des problématiques à la fois contemporaines et intemporelles, particulières et universelles. La tempête s’annonce et la Nouvelle-Orléans (« la tombe humide ») se vide, l’évacuation s’accélère. Pourtant quelques-uns demeurent dans la ville, irréductibles, laissés pour compte, prisonniers… attendent le déchaînement de la nature et ses effets. Le récit suit alternativement le parcours d’une série de personnages et leurs réactions au sein du chaos, personnages amenés à se croiser un jour ou l’autre pour le meilleur et pour le pire... Le rythme de la narration adopte la vitesse de la tempête. Keanu revient de l’enfer et souhaite retrouver Rose son ancien amour comme une ultime chance. Rose est perdue avec son fils sans père dans cette ville entourée de ses terrifiants bayous. Josephine « négresse depuis presque cent ans », « mère de tous les nègres », fière, désespérée et entêtée, n’a rien oublié de son histoire et de celle de son pays, et garde la tête haute et le regard fixe devant les vieux blancs, sa liberté n’a pas de prix (« Alors ils sont venus comme ils viennent toujours dans ces cas-là, la main tendue d’un côté et les doigts pour se boucher le nez de l’autre… Ils ont tiré en l’air pour effrayer le nègre. Depuis toujours, ils aiment ça. Je ne monterai pas. Je suis Josephine Linc. Steelson, je prends le bus tous les matins pour que les vieux Blancs baissent les yeux devant ma liberté. Je ne veux pas monter comme ça, comme une bête apeurée que l’on sauve par charité. Alors je reste assise. »). Cette chorale disparate continue d’avancer au milieu de l’apocalypse, chacun conservant aussi longtemps que possible un brin d’espoir, un projet pour le maintenir à flot. Des personnages vrais, humains avant tout, forts ou faibles, torturés, lucides, fraternels ou haineux... qui vous entraîneront dans leurs pas souvent hésitants.
Fiche #809
Thème(s) : Littérature française
Blanche Grelot est une jeune infirmière, un peu paumée, avenir incertain, quotidien morne, pas grand-chose en vue… Pourtant, même si parfois certain préfère rêver leur vie, elle recèle souvent des ressorts inattendus. Un matin, sur la route vers son travail, Blanche assiste à un accident et selon elle, en est la responsable. Petit dérèglement, coupure momentanée de l’image mais grosse conséquence. Elle accepte sans enthousiasme la proposition intéressée de son chef de clinique et part pour la République démocratique du Congo. Loin de l’habituel humanitaire dévoué corps et âme à sa mission, elle débarque dans un pays inconnu ignorant tout de sa population, de ses croyances, de la politique du pays et du continent. Petite Belge déboussolée mais volontaire voire entêtée, elle n’aura rien à envier à son compatriote Tintin, rien ne l’arrêtera dans son voyage à la fois intérieur mais aussi avec et vers l’autre. Une aventure entraînante rendue plaisante par l’humour et le ton vif qui l’accompagnent de rebondissement en rebondissement (et jusqu’à la dernière page !).
Premier roman
Fiche #808
Thème(s) : Littérature française
Jean-Baptiste Simonin est un petit flic à Cayenne, petit flic marié, père de plusieurs enfants mais en perdition. On le ressent immédiatement en marge, détaché de tout, observateur mais pas acteur, il se laisse flotter dans la chaude ambiance de la ville. Rien ne le retient et pourtant sa vision poétique est éclairante. Son long monologue ne peut être interrompu que par la folie poétique d'un poète toxico... Une écriture très singulière pour un roman atypique à découvrir.
"Quand nos anges sauront chanter, après les pleurs et les douleurs des vieillards et des impotents, on entendra monter le chant qui sèchera toutes tes larmes ô mon beau pays sans écho... On entendra monter le chant des enfants qui auront seize ans à la prochaine pleine lune. Même si je dors sous la terre, leur chanson saura me rejoindre et je dirai dans un poème que j'écrirai avec mes os sur le boulevard des amoureux : mon beau pays... pas mort... pas mort..."
Fiche #807
Thème(s) : Littérature française
Vincent Borel retrace une partie de notre histoire à travers celle du couple formé par Antoine et Isabelle, en réalité Antonio et Isabel. Il suit de front les trajectoires d’une famille espagnole exilée en France et d’une grande famille bourgeoise et industrielle lyonnaise, deux mondes qui se croisent dans leur quotidien et impliqués dans la même Histoire. Evidemment le comportement pendant dans la seconde guerre mondiale des grands industriels plus préoccupés par leurs intérêts et la préservation de leur puissance est loin des engagements et rêves des républicains espagnols. Chacun sa vie, chacun ses choix…
Fiche #806
Thème(s) : Littérature française
Michel le narrateur est un jeune garçon qui vous entraîne à suivre ses traces dans Pointe-Noire, capitale économique du Congo tenue d'une main de fer par "l'immortel Marien Ngouabi". Autour de Michel s'active une palette de personnages tous plus singuliers les uns que les autres : un père adoptif réceptionniste dans un grand hôtel, maman Pauline une mère pleine de vie, Lounès l'ami indefectible, Caroline la petite amoureuse... Alain Mabanckou affirme une nouvelle fois son art à adapter parfaitement son style, sa langue et son écriture à ses personnages.
Fiche #805
Thème(s) : Littérature étrangère
Adrian Herzog et Martijn Van Vliet font connaissance par hasard à la terrasse d’un café provençal. Originaires de Bern, ils décident de faire le chemin du retour ensemble. Instantanément complices, Adrian découvre l’histoire de Léa et de son père, il devient le confident, le regard extérieur à cette tragédie. Après la mort de sa mère, Léa s’isole jour après jour alors que Martijn l’observe sans savoir comment la soutenir. Jusqu’au jour où, revenant de l’école, elle tombe en admiration devant une violoniste. Coup de foudre, elle veut, elle doit apprendre le violon. Martijn voit enfin Léa montrer du désir, se sent utile et soutient aveuglément sa nouvelle passion. Léa se donne corps et âme à son nouveau compagnon, talent et travail la mènent au devant de la scène alors que cette monomanie précipite son père dans une solitude désespérée et impuissante sans empêcher la folie de l’asphyxier. Il sent cette passion étouffer sa fille, mais incapable de communiquer, il ne sait comment réagir et quand il agit, avec émotion et attention, il ne fait qu’accroître la catastrophe… jusqu’à l’issue fatale. Léa et son père ont pris place sur deux toboggans qui s’éloignent progressivement l’un de l’autre et descendant de plus en plus vite vers l’enfer. Tel un violon qui pleure, ce drame inexorable et incontrôlable vous envoûtera irrésistiblement.
« La confiance en soi : pourquoi est-elle si capricieuse ? Pourquoi reste-t-elle aveugle en face des faits ? Une vie entière, nous nous sommes efforcés de la construire, de la protéger, de la consolider, sachant que c’est le plus précieux des biens, indispensable au bonheur. Ensuite, brusquement et dans un silence sournois, une trappe s’ouvre et nous tombons dans un abîme sans fond : tout ce qui était n’est plus qu’un mirage. »
« Qu’avait-il mal fait ? Que devait-il se reprocher ? D’avoir mal agi ? D’avoir mal senti ? Pouvait-on même sentir bien ou mal ? Les sentiments – n’étaient-ils pas tout simplement qu’il’étaient – un point c’est tout ? »
Article paru dans la revue "Page des Libraires"
Fiche #803
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Carole Nasser
Cet été là, le festival d’Avignon sera singulier. La grève des intermittents vient perturber son déroulement et les sentiments des spectateurs, acteurs, organisateurs seront exacerbés. Parmi eux, Odon Schnadel toujours artistiquement ambitieux présente avec sa compagnie la pièce d’un auteur inconnu et décédé, Paul Selliès. Mathilde, dite la Jogar, revient en star à Avignon et tentera de retrouver les traces de son passé avignonnais. Enfin, la jeune Marie, qui n’appartient pas au monde du théâtre, écorchée vive (au sens figuré comme au sens propre), toujours sur le fil du rasoir, vient trouver des réponses notamment concernant le suicide de son frère Paul Selliès qu’elle n’accepte toujours pas. Ces trois personnages principaux égratignés et blessés par la vie et le temps se croisent, se repoussent, s’attirent, s’aiment, toujours sur fond de théâtre, mais le théâtre est la vie et la vie est le théâtre : la totalité de la palette des sentiments s’exprimera donc autour d’eux, sentiments pour lesquels l’œuvre et la disparition de Paul Selliès demeurent le personnage principal : "Associer la beauté et la mort, il voulait ça, cette union infernale".
Fiche #802
Thème(s) : Littérature française
Au début des années 1970, en banlieue, la narratrice alors âgée de 7 ans profite d'une enfance heureuse avec ses parents, frères et soeurs. Le 21 novembre 1972, un véritable et terrifiant cataclysme anéantit cette famille d'origine kabyle. Un voisin algérien s'introduit dans l'appartement, armé, il tue la mère et blesse mortellement la soeur. Le père et le frère en réchappent de peu. L'assassin reconnu irresponsable plaidera l'ensorcellement et ne sera pas emprisonné. Ses questions restant sans réponse, le père sombre dans le silence et l'isolement alors que la narratrice se réfugiera dans une rage profonde et durable : "La rage et la colère sont mes deux lignes de conduite morale. En dehors de cette rage, il y a la mort, la résignation, le deuil de ma mère". Peut-on surpasser ce type d'évènement ? Oublier, pardonner ne peuvent faire partie du vocabulaire de la narratrice, mais peut-être écrire seulement et crier, toujours crier sa rage.
Fiche #801
Thème(s) : Littérature française
Amélia veut un chien et pas son père ! En plus, il lit son journal et vient l'importuner avec ses désirs tous plus farfelus les uns que les autres. Mais Amélia est une petite rusée, et elle fera plier son père et arrivera à ses fins ! De superbes illustrations au service de l'imagination d'Amélia !
Fiche #797
Thème(s) : Jeunesse
Sébastien CORBET
Fanch Karadec l'enquêteur breton
Vagabondages
17 | 64 pages | 13-07-2010 | 14.5€
Fanch Karadec ancien instituteur vit une retraite paisible entre ses parties de cartes avec ses amis et ses mots-croisés. Lorsque le journal local annonce qu'une statue a disparu, il n'y prête pas attention. Le même jour, il assiste à une altercation entre deux hommes dont un de ses anciens élèves. Quelques jours plus tard, cet homme est retrouvé assassiné ! Quand il reçoit ensuite une lettre énigmatique du mort, le Karadec se doit de réagir ! Une belle enquête aux odeurs et couleurs des embruns bretons.
Fiche #798
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Deux hommes se retrouvent en 1957 à Alger. Deux militaires. Deux anciens prisonniers d’Indochine. Un vécu, une histoire, les lient à jamais. Le capitaine Degorce a protégé voire épaulé le lieutenant Horace Andreani en Indochine et ils se « partagent » maintenant les prisonniers sur ce nouveau continent. Ils ont été victimes, ils se retrouvent bourreaux ; ils demeurent et demeureront toujours des militaires, répondant aux ordres quoiqu’ils arrivent. Mais les âmes sont différentes et le degré d’acceptation des hommes de l’horreur peut différer… Et lorsque le capitaine Degorce arrête enfin le « rebelle » Tahar si recherché, la victoire provoquera la fin. Celui-ci révèlera aux deux hommes leurs sentiments les plus profonds, au cœur de leur intimité et de leur personne. Jérôme Ferrari en s’appuyant sur de longs monologues de ces deux hommes interrompus par les questions et les observations de Tahar dissèque littéralement la psychologie de ces deux militaires que l’enfer et les ténéèbres de la guerre annihileront.
Fiche #799
Thème(s) : Littérature française
Plage est le roman de l’attente, attente d’Anne venue un 26 juillet sur une petite plage bretonne attendre son amant, homme marié qui lui a promis de la rejoindre afin de partager enfin huit jours (huit chapitres), loin de toutes les préoccupations journalières qui les éloignent l’un de l’autre. Anne bibliothécaire quelque peu effacée annonce l’arrivée de son « mari » pour la fin de la semaine. L’attente et l’impatience la tenaillent dès son arrivée : attente de la venue de l'amant, attente des appels téléphoniques : « Quelle banalité, cette histoire ! Comment ne t’en aperçois-tu pas ? On dirait qu’il y a deux personnages en toi : celui que j’aime, et un espèce de vieil enfant un peu idiot. Un idiot qui me fait peur. » Elle tue le temps sur la plage, théâtre de la vie. Elle observe et chaque rencontre, chaque vision, est prétexte à rappeler des souvenirs personnels ou familiaux, proches ou lointains, parfois mélancoliques, notamment les moments de bonheur avec son père qui l’adorait au grand dam de sa mère. Les portraits sont justes, tendres, caustiques, touchants. Dès le mardi, la conversation téléphonique avec son amant sème le trouble et instille une angoisse persistante dans son attente. Marie Sizun avec son style tout en retenue, délicat et fin, trouve le ton juste pour montrer qu’au fur et à mesure de cette longue attente, l’angoisse, la peur, la tristesse et la solitude submergent Anne, « Le pire est toujours certain ». Dans cet environnement maritime pouvant osciller entre douceur et violence, Anne est venue mettre un terme à une histoire (« Pourquoi ai-je eu alors, avec un brusque serrement de cœur, le sentiment que nous vivions la fin de quelque chose et que je me rappellerais toujours avec tristesse ce moment là ? Ce moment où tout était encore possible ») pour repartir, différente, vers le monde des vivants.
Article paru dans la revue "Page des Libraires"
Fiche #796
Thème(s) : Littérature française
Le récit de Christine Vigneron transpire l’émotion contenue. Celui qui va mourir est le père. Dans sa Bretagne qui respire il s’essouffle. Ils sont tous les deux et continuent de vivre et de revivre. Tout est douceur et attention mais pourtant le temps passe et trop vite. La mère est partie et fait un passage éclair. Elle reviendra peut-être… Un récit émouvant pour ne pas oublier, entre douleur et bonheur, rencontre et séparation, où les sentiments comme l’écriture sont d’une maîtrise parfaite.
« Je me suis dressée sur ses genoux. Il disait que le temps ne disparaît pas. Qu’il se fixe comme se concentre la lumière dans l’espace. Que ce que nous étions là, ensemble, ne cesserait jamais d’exister. Il a expliqué qu’en me regardant, il me voyait enfant, adolescente, aujourd’hui, dans une simultanéité infinie d’instants, et qu’il n’y aurait jamais assez de traits pour dessiner ce qu’était pour lui mon visage. »
Fiche #792
Thème(s) : Littérature française
Fatou Diome a choisi un axe singulier pour dresser le portrait d’une Afrique contemporaine toujours aussi liée à l’Europe. Avec sa fougue, elle met en avant quatre femmes demeurées au Sénégal, quatre femmes de deux générations qui attendent, avec fatalisme ("mektoub"), leurs maris, leurs fils, les mandats, les appels téléphoniques, l’argent, les nouvelles, la prochaine femme de leurs maris ou de leurs fils, la prochaine naissance… sans jamais montrer sa peine et son chagrin. Arame et Bougna sont les mères de deux clandestins partis pour l’Europe alors que Coumba et Daba sont les épouses des deux émigrés. Une vie d’attente mais une vie cependant, même si le poids des traditions continue de les orienter, ces vies s’écoulent lentement loin des émigrés. Des vies douloureuses sans grand espoir conditionnées par l’attente que Fatou Diome décrit avec lucidité, toujours avec un style vif et maîtrisé agrémenté de nombreux proverbes et dictons qui facilitent l’immersion du lecteur dans le quotidien de ce continent attachant et envoûtant où les difficultés et douleurs des femmes demeurent permanentes et insistantes...
"Un homme, ce n'est jamais insignifiant dans une demeure"
Fiche #791
Thème(s) : Littérature étrangère
Dans la France post 68, un père préfère rester libre que devenir père ("Mode de vie hippie incompatible avec les engagements du mariage") et prend la route ou vit en marge loin des vies conformes et familiales. La narratrice, sa fille, l'a longtemps nié ("Mon père ne faisait pas partie de ma vie") mais vient le moment où le désir de le connaître la taraude malgré les sentiments incertains et souvent ambivalents qu'elle éprouve devant cet homme atypique et attirant mais sauront-ils, désireront-ils se connaître, se réconcilier voire s'aimer ?
Premier roman
Fiche #789
Thème(s) : Littérature française
Clothilde et Vincent vivent dans un petit village de Bourgogne avec leurs quatre enfants et Beau le montagne des Pyrénées. Le jour de la rentrée scolaire, elle est seule avec Beau et écoute la musique qu’elle adore. Pourtant la vie de Clothilde bascule après le coup de téléphone qui retentit : la maîtresse de l’école la prévient que Madeleine s’est échappée par une fenêtre de l’école et a fugué. Clothilde est terrorisée et part à sa recherche, crie, hurle le prénom de sa fille et sa détresse. Aidée de Beau, elle retrouve rapidement la petite fille saine et sauve, mais perd sa voix (dysphonie spasmodique : « altération de la voix due à des spasmes des muscles du larynx »). « Fugue » raconte comment Clothilde va appréhender cette situation singulière dans sa vie et adapter sa communication avec ses proches. Situation d’autant plus atypique, que, si elle ne peut parler, elle chante. Passionnée par la musique, elle en profite pour prendre des cours de chant et affirmer sa voix (mais pas seulement). Affirmer sa voix, s'affirmer en tant qu'être humain et femme. Elle refuse les traitements médicaux qui remédierait à sa perte de parole et commence une nouvelle vie, devient une autre femme. Son entourage réagit diversement à ses choix, elle était mère et femme quasiment exclusivement au services des autres, elle devient en plus chanteuse lyrique et assouvit sa passion pour la musique. Un superbe, émouvant et réconfortant portrait de femme qui par la musique et le chant saura trouver le chemin qui mène au bonheur.
« Peut-être était-ce cela la différence entre les hommes et les femmes, une différence si menue : le monde de l’intime. Un abîme, un puits noir et étroit comme un larynx. »
Fiche #790
Thème(s) : Littérature française
Un court roman, presque intermittent, où le héros pour vivre sa passion pour la peinture est en quête continue du quota d'heures nécessaire pour accéder au statut d'intermittent du spectacle. Son quotidien est miné : la recherche du contrat dans une série, un film, le dépôt de dossier au Assedic, les relations tendues avec le personnel admnistratif... lutte constante et éprouvante. Et quand il rentre à la maison, sa compagne Pauline cherche sa chatte Belzébuth... Comment résister ?
Fiche #787
Thème(s) : Littérature française
Une petite ville du nord, triste, pèse lourdement sur le présent et l'avenir des personnages principaux de "Vivement l'avenir". Alex jeune femme au physique masculin travaille depuis peu à l'usine et vient poser ses sacs dans ce coin pourtant déprimant. Elle est hébergée par un couple, Marlène et Bernard, que la rancoeur et les regrets éternels épuisent et aveuglent. Ils hébergent également Gérard, le frère de Bernard. Gérard est handicapé et Marlène le supporte de moins en moins. Alex se rapproche de Gérard, sans jugement, avec une acceptation totale de l'autre mais avec lucidité (elle le surnomme Roswell… "Il est comme les orchidées, il vit dans une serre, il ne ressemble à rien de connu. On peut éventuellement l'aimer, si on aime ce qui est bizarre"), ne sont-ils pas tous les deux différents... Lors d'une promenade au bord du canal, point d'ancrage de ces jeunes, ils rencontreront Cédric qui a enchaîné les petits boulots mais ne peut digérer sa séparation récente avec Lola. Décu de ne pas réaliser ses rêves, son copain Olivier dit le Mérou a choisi son amie pour la vie : la cirrhose. La vie de ces quatre trentenaires est décryptée chapitre après chapitre, on les sent ancrés dans ce lieu désespéré qui les étouffe et annihile tout projet de bonheur. Quelle rencontre, quel évènement motivera suffisamment ces pauvres hères pour sortir de l'impasse ("Si un jour je trouve ma voie, ce sera sûrement une impasse"), pousser la porte et découvrir un autre monde et y trouver sa place. Marie-Sabine Roger nous offre à nouveau un roman réaliste avec de vrais personnages, roman particulièrement contemporain, éclairé avec tendresse, humour et humanité par de jeunes personnages qui peinent à trouver leur place dans une société a contrario de plus en plus inhumaine. Le langage imagé et les multiples percutantes formules renforcent sa vivacité, l'hommage appuyé à la différence et une nostalgie certaine de l'enfance. Marie-Sabine Roger a vraiment l'art de tisser des liens forts entre ses personnages eux-mêmes et avec le lecteur.
Fiche #788
Thème(s) : Littérature française
Laura et Julio forment un couple sans histoire... et sans enfants. Ils se connaissent de longue date et la routine s’est quelque peu installée jusqu’au jour où un jeune voisin s’installe dans l’appartement contigu. Manuel est un écrivain sans œuvre, désoeuvré il vit grâce à la forutne de son père diplomate qui vit loin de lui. José n’apprécie guère ce genre de personnage, pourtant peu à peu, un trio se forme et Manuel devient un intime du couple. L’amitié prend forme et parait effective, même si parfois, Manuel semble prendre la place de l’enfant que le couple n’a jamais eu. Jusqu’à l’accident de Manuel qui tombe dans le coma et le miroir dans lequel chaque membre du trio se regardait et regardait les deux autres explose littéralement ! Comme dans son précédent roman, Juan José Millas apprécie l’étude fine des relations amoureuses, des sentiments au sein d’un trio adulte où le secret ne peut perdurer.
Fiche #786
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : André Gabastou
Méfiez-vous des enfants sages ou le roman de Lua se déroule aux Etats-Unis, sur la côte ouest. Cécile Coulon n’a jamais visité les Etats-Unis mais ses imprégnations littéraires et cinématographiques profondes qui affleurent tout au long du récit le rendent particulièrement réaliste. Le lecteur est tenu en haleine par l’histoire de cette petite fille qui rebondit à chaque nouvel évènement, à chaque nouvelle rencontre. Les personnages sont étudiés, du plus singulier au plus exceptionnel, tous plus inoubliables les uns que les autres autour de cette petite Lua qui observe avec une acuité toute enfantine et sans concession ces adultes, leur bonheur qui s’installe petit à petit mais qu’un évènement grave ou anodin vient toujours bouleverser. Une vraie lucidité face à la vie moderne délivrée avec douceur par des personnages riches.
Article paru dans la revue "Page des Libraires"
Fiche #781
Thème(s) : Littérature française
Dès le premier mot, dès la première page, le lecteur est happé dans ce wagon aux côtés du narrateur, jeune homme de 22 ans. Un aller simple, sans retour, où l’humanité sera bousculée. C’est la fin de la guerre mais qui pourrait stopper ce funeste convoi que les Allemands mènent envers et contre tout de Compiègne à Dachau. 2160 hommes montent et s'entassent dans 22 wagons sans se douter des conditions endurées lors de ce voyage, on ne peut se douter de l’inimaginable… Ils partirent à 2160, mais combien arriveront-ils ? Ils vont souffrir de tout : la promiscuité, la faim, la soif, la mort, les odeurs, l’obscurité, la peur, la terreur, les bagarres… Ils seront atteints dans leur chair, dans leur âme. Le narrateur ne cache absolument rien de son état, de ses sentiments, de ses réflexions. Il est à la fois un homme parmi les autres mais également un élément de cette masse vacillante, vomissante que les Allemands mènent dans les gouffres de l'enfer. Le lecteur le sent combattre minute après minute, halte après halte, pour conserver toute son humanité alors que la tentation de la barbarie est omniprésente et peut parfois apparaître comme une béquille salvatrice. L'enfer, la barbarie, la souffrance éprouvent sans répis l'humanité. Un interminable et désespérant voyage au plus profond de l’âme humaine grâce à ce récit parfaitement maîtrisé (tout comme son écriture) et bouleversant qui ouvre des pistes de réflexion hélas toujours d’actualité.
« Quoi que nous soyons, quoi que nous fassions, nous seront toujours plus forts qu’eux, car nous sommes plus humains. Bizarrement, je me dis que c’est notre souffrance qui nous empêche de leur ressembler, qui fait que nous ne sommes pas eux, que nous ne pourrons jamais l’être. Jamais ils ne connaîtront ce qu’ils nous ont fait subir. S’ils devaient le connaître, je crois – maintenant que l’alerte est passée – que je me battrais pour l’empêcher. Ce serait nous rabaisser à eux, et perdre tout ce qui nous reste. Nous ne sommes pas eux. Nous ne sommes pas eux. »
« La porte s’est ouverte, et l’espoir est entré d’abord. Mais ce qu’on voit très vite dans les yeux de ces femmes fait peur. Car ce qu’on voit, c’est ce que nous sommes devenus »
Fiche #782
Thème(s) : Littérature française
Franz Bartelt et l’Atelier In8 nous gâtent avec cette nouvelle. Parures est l’histoire tragique d’une mère et de son jeune garçon. Ils vivent loin, très loin des paillettes, dans les quartiers pauvres, à l’écart. Sans ressources, la survie reste une préoccupation permanente. Pourtant la mère n’est obsédée que par l’apparence de son fils, elle le veut prince et l’habille comme telle. Unique plaisir, elle s’y accroche désespérément, sans retenue : « Elle n’avait jamais faim, jamais soif, et je n’ai jamais remarqué qu’elle ait une seule fois éprouvé d’autre besoin que celui de me voir habillé. C’était sa façon d’être en révolte contre la vie ». Rien ne lui est interdit. Toutes les allocations y passent et n’y suffisent pas. Mais un enfant pauvre à l’apparence des riches dans un monde de pauvres, est-ce concevable ? par les pauvres eux-mêmes ? par les institutions ? par l’administration ? Le rêve pourra-t-il perdurer ? Un cri désespérément noir et humain.
« Il y a des gens qui aiment se dévouer, pour qui les pauvres représentent une source toujours renouvelée de satisfactions et une matière première inépuisable, comme les dépôts d’ordure pour certains artistes contemporains. »
Fiche #783
Thème(s) : Littérature française
Marthe, Sabine et Judith viennent de perdre leur jeune père admirateur de Le Corbusier dont l’ombre pèsera et leur intimera la volonté de rester unies. Le conseil de famille se réunit pour décider de leur avenir et dès cet instant, elles montrent qu’elles ne font qu’un(e). Marthe l’aînée obtient la tutelle de ses deux sœurs. Le style vif, rapide fait parler les trois sœurs d’une même voix, osmose parfaite qui peut osciller malgré tout. Les trois caractères diffèrent mais l’envie de demeurer ensemble est plus forte. Elles forment un clan uni, et chacune tente à son tour d’en sortir mais inexorablement est rattrapée par les deux autres. Judith la plus jeune déroute ses aînées par son fort tempérament, ce qui ne l’empêche pas de revendiquer son lien infaillible à ses sœurs : « Nous sommes sœurs depuis le début, ça durera jusqu’à la fin, si nous le décidons. Il ne faudra jamais me laisser toute seule ». L’une s’éloigne, prend son envol, trouve une place éloignée des deux autres, elles la rattrapent immédiatement : « Cette nuit, elle semble vouloir les condamner à rester sœurs et rien d’autre. ». De même dans la difficulté, les deux autres seront toujours là pour sauver la troisième et la sortir d’une mauvaise passe. Le style indirect adopté par François Vallejo rend ce récit vif, rapide, haletant adopté également par les mouvements centrifuges ou centripètes au sein du clan où chaque femme malgré le lien indéfectible qui les lie recherche une vie extra-clanique. Mais le brelan ne reste-t-il pas toujours supérieur à une carte seule ?
« Elles comprenaient seulement aujourd’hui la dernière phrase de Grand-mère Madeleine avant de mourir : être heureuses toutes les trois, ce n’était pas être heureuses à tout prix, c’était d’être heureuses d’être toutes les trois, même si elles devaient être malheureuses chacune de leur côté. »
Fiche #784
Thème(s) : Littérature française
Le narrateur vient de prendre sa retraite. Il vit seul et visite régulièrement sa tante dans un centre d’hébergement où il remarque Léo un petit vieux qui attend… « Ma tante décéda et je me mis immédiatement à m’ennuyer… de Léo ». Seule solution : l’adopter. Après quelques formalités, Léo s’installe et la vie à deux débute. Une vraie vie intime. Le ton est tendre, délicat, non dénué d’humour et jamais péremptoire et s’attache à questionner sans jamais juger. Léo pourrait être son père, mais justement n’est pas son père et « s’il avait été mon père, l’aurais-je gardé ? ». Leur quotidien dissèque la relation entre ces deux personnes étrangères, le vieillissement et la vieillesse. Le narrateur s’offre sans retenue, aime sans rien attendre en retour, sans contrepartie, onze mois d’un dévouement émouvant. Un texte poignant où l’auteur accompagne avec réussite les histoires tristes et désolantes de la vieillesse par de la lumière et de la poésie.
Fiche #785
Thème(s) : Littérature étrangère
Loïc et Fernande tiennent la boucherie Plomeur installée de longue date à Quimper, chez les Plomeur, on est boucher de père en fils. Les Plomeur aiment leur métier, gagnent beaucoup d’argent et aimeraient que leur fils André suive leur trace. Leur éducation s’en ressent : son premier vocabulaire aura trait à la viande, la caisse journalière du magasin lui permettra d’apprendre à compter… André sera bon élève, « le jeune boucher avait le don de faire chanter la chair », toutes les chairs… Alors que les hommes mobilisés partent vers une autre boucherie dans les tranchées de l’Est de la France, ils quittent les rues quimpéroises, et leurs femmes se retrouvent seules. Lorsqu’elles ont vent des exploits du jeune André, elles se précipitent au magasin… Le commerce prospère et André affine son expertise. Et puis la guerre se termine, l’armistice est signé, les hommes reviennent et un matin, André trouve un bébé devant la boucherie, six autres suivront ! Sept enfants qui bouleversent la boucherie Plomeur, les affaires vont mal. Du jour au lendemain, père de sept enfants ! Mais l’attachement viscéral d’André à ses sept bambins l’entraîne vers d’autres cieux… Martin Provost nous offre un plat succulent, assaisonné d’un humour prononcé mais toujours à bon escient, un conte drôle, tendre, humaniste et loufoque, agrémenté d’une folie jubilatoire. Un vocabulaire tendre ou cru comme une bonne viande saignante, un livre à dévorer !
« La vie était un jeu que les enfants pratiquaient à merveille. Avec eux, il était invincible »
Fiche #778
Thème(s) : Littérature française
A 22 ans, le jeune Islandais Arnljotur se décide à quitter sa famille après le drame qui l’a frappée. Sa mère est décédée lors d’un accident de voiture et le laisse avec son père bientôt octogénaire et son frère qui reste anormalement silencieux. Arnljotur, petit rouquin, était très proche de sa mère qui trouva la force, quelques instants avant de mourir, de l’appeler, de le rassurer, de le conseiller et de lui offrir une dernière preuve d’amour. Elle lui avait fait partager sa passion pour les roses dans la serre et le jardin où elle cultivait une variété exceptionnelle sans épines et à huit pétales, la Rosa Candida. Avant de partir, Arnljotur raconte son enfance, ses liens familiaux forts encore resserrés à la mort de sa mère, mais aussi la naissance de sa fille née un jour particulier, après une rencontre rapide, sans avenir. Lorsque Arnljotur part restaurer une roseraie d’un monastère du continent, il emporte évidemment quelques boutures de la Rosa Candida qui perpétueront la mémoire de sa mère. Ce premier roman traduit en France d’Audur Ava Olafsdottir est une vraie réussite, un livre véritablement apaisant qui dégage une atmosphère remplie de tendresse et délicate. Ce « garçon des roses » charme par sa naïveté et sa candeur, sa tendresse dans sa relation à l’autre et avec sa fille, dans ses sentiments et ses préoccupations. Un charme aux accents féminins indéniables dans ce portrait tendre d’un homme solitaire attentif aux autres auquel il ne manque que l’odeur de la Rosa Candida mais avec un peu d'imagination, vous la devinerez au fil des pages…
« Le problème, c’est bien entendu que le travail au jardin se fait dans la solitude et le silence et que je n’ai donc pas l’occasion de m’exercer à parler »
Fiche #777
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Catherine Eyjolfsson
Nouvelle consultation des comptes-rendus de lecture
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