« Comment découvre-t-on de quoi on a peur ? »
Anne Cathrine Bomann
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Isookanga est un Pygmée, enfin presque, trop grand en effet pour les Pygmées et trop petit pour les Congolais de la Capitale ! Il vit dans la forêt pétri des traditions mais a découvert Internet et les possibilités offertes par la mondialisation. Il décide de partir à Kinshasa pour faire fortune. Il devient mondialiste et va devenir riche, aucun doute là-dessus ! Mi enfant mi adulte, il est accueilli par les enfants de Kinshasa. Il s’associe à un jeune Chinois exilé et désespéré pour vendre de l’eau potable et aura l’Idée géniale permettant d’accroître leurs ventes. Une multitude de personnages accompagne ces aventures dressant un portrait réaliste de l’état du Congo pillé par tous malgré ses richesses immenses. Le but premier de chacun demeure l’enrichissement personnel : se servir même si tout doit être détruit, sans état d’âme, sans limite, ignorant l’humain. In Koli Jean Bofane n’épargne personne dans ce conte drôle et effrayant (voire désespéré) balançant en permanence entre humour caustique et horreur.
Ecouter la lecture de la première page de "Congo Inc."Fiche #1484
Thème(s) : Littérature étrangère
Une vie rêvée ? Rêver sa vie ? Le mélange est parfois réel et subtil ! Quand et comment oser franchir le pas ? Le héros de « La vie de mes rêves » est un trentenaire un peu paumé, vie sociale triste, vie affective pauvre. Alors lorsqu’un médecin adepte des pratiques alternatives et rayé du Conseil de l’Ordre lui propose une pilule magique pour « obtenir un sommeil artificiel sur commande… et « … pouvoir orienter le sujet, l’action ou les protagonistes du rêve à venir. », il accepte immédiatement, le « Mont Everest de l’amour » lui est promis, alors il plonge ! Dès les premières nuits, il rêve de la même femme, sublime, exceptionnelle, et leur relation s’établit avec une grande harmonie et complicité. Jusqu’au jour où un ancien copain lui présente Francesca qui est cette femme. Aucun doute possible. Ils correspondent d’abord par internet, les conversations banales virent rapidement au très intime, l’idylle part sur de bons rails, mais le réel n’est jamais ni simple ni un long fleuve tranquille… Un roman d’amour et d’humour du XXI ème siècle au rythme effréné des nouvelles technologies.
Premier roman
Fiche #1481
Thème(s) : Littérature étrangère
Un jeune garçon, le narrateur, nous raconte l’histoire de l’eau qui ne tombe plus et reste en suspens. Malédiction ou conséquences de l’usine située à proximité ? Il comprend que sa mère veut savoir et la voit partir vers l’usine. Mais pour comprendre le présent, le passé demeure souvent essentiel et, épaulé par son grand-père, l’enfant devra appréhender la légende de Ntoweni pour mieux connaître l’histoire de l’eau et de son pays. Ce court texte prouve à nouveau que la prose poétique délicate et envoûtante de Mia Couto est particulièrement adaptée aux contes.
« L’indécision de la pluie n’était pas motif de joie. Malgré tout j’inventai une facétie : mes parents m’avaient toujours traité d’ébahi. Ils disaient que j’étais lent pour agir, attardé pour penser. Je n’avais pas vocation à faire quoi que ce soit. Peut-être n’avais-je même pas vocation à être. Eh bien la pluie était là, clamée et réclamée par tous et finalement aussi ébaubie que moi. Enfin, j’avais une soeur tellement maladroite qu’elle ne savait même pas tomber. »
Fiche #1479
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Elisabeth Monteiro Rodrigues
Estelle, psychiatre parisienne, un mari, un fils, un métier captivant, une existence parfaite et passionnante. Enfin, presque ! Il faudrait pour cela qu’elle oublie son passé et le concours de médecine qu’elle a pourtant brillamment réussi. En effet, élève modèle, lors du dernier examen, elle avait fait une seule impasse, presque involontairement, et bingo, une fois le sujet lu, tout s’écroule, 5 années d’études pour rien. Elle se met à pleurer et croise le regard de son voisin, le sublime et brillant Josselin. Major de promo, coureur de jupons, toujours devant ! Il la regarde avec un sourire, et à la fin de l’épreuve, sans explication, il échange leurs copies. Elle réussit en volant ses résultats, il échoue puis disparaît et abandonne les études de médecine. Il s’en va, et restera pour Estelle l’illusion de l’amour parfait. Elle entamera alors une grande carrière avec cette blessure ouverte, indice de ce passé qui resurgira vingt ans plus tard. En effet, un soir, elle est appelée au chevet d’un homme qui a tenté de se suicider et elle le reconnaît immédiatement. Bouleversée, émue, troublée, il s’agit bien de Josselin. Régler le passer, en finir avec sa culpabilité ou soigner un malade, elle ne semble pas choisir et prend en charge totalement Josselin et l’amour qu’elle lui porte renaît immédiatement. Pour le protéger, elle choisit même de l’enlever et ils partent dans un road-movie où rapidement, la tension devient extrême, incidents troublants, témoignages inquiétants… Soigner Josselin ou sauver Estelle ? Le suspense va crescendo, l’angoisse croît, le danger rode, tous les ingrédients pour finir le roman à grande vitesse !
Ecouter la lecture de la première page de "L'impasse"Fiche #1476
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
En 1515, une expédition quitte l’Espagne pour Rio de la Plata. Après un long voyage, quelques-uns débarquent à terre avec le capitaine. Ils sont tous massacrés à l’exception d’un jeune mousse qui sera épargné et partagera le quotidien des Indiens pendant une dizaine d’années. A partir de ce fait divers, Juan José Saer construit un roman inclassable, entre le récit mythologie, la fable, le roman historique, le témoignage ethnologique et anthropologique, le roman d’aventures… Le narrateur est le mousse maintenant devenu vieux. A l’aube de ses derniers jours, il se confie et revient sur l’évènement qui a marqué définitivement son existence, une expérience singulière et fascinante, témoignage de l’histoire de l’Homme. On le suit pendant ses dix années et l’accompagne dans ses efforts pour comprendre les Indiens, ni justifier, ni condamner, juste les comprendre pour comprendre le réel mais également son rôle de témoin. Un texte qui vous travaille longtemps après avoir refermé la dernière page…
« Quand nous oublions, c’est que nous avons perdu moins la mémoire que le désir. »
Fiche #1477
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Laure Bataillon
Un superbe album débordant de poésie et d'optimisme pour démontrer qu'un simple et léger battement d'ailes de papillon peut provoquer d'heureux bouleversements. Textes et illustrations se répondent parfaitement dans ce somptueux album.
Fiche #1475
Thème(s) : Jeunesse
Tous les ans à Griffintown, ils reviennent, ceux qui ont survécu à l’hiver, ils reprennent possession de leur box, de leurs chevaux : « On revient toujours à Griffintown, là ou la rédemption est encore possible. On y meurt parfois aussi. Les bottes aux pieds, de préférence. » Les cochers, derniers signes d’un Far West qui se transforme, qui évolue vers la modernité… Griffintown, quartier de Montreal, continue de les accueillir mais « Un jour – et ce jour approche -, cette tradition et tout le legs de connaissances cochères qui l’accompagne disparaîtront. L’écurie, le métier, l’utilité des chevaux de trait et les points d’eau dans la ville pour les abreuver, les vieux harnais, l’art de l’attelage : tout cela finira au musée. » Cette année, une nouvelle pointe son museau… une jeune novice entêtée et amoureuse des chevaux souhaite rejoindre la communauté des cochers. En découvrant ce métier, elle vivra aussi sa mort tragique qui l’éprouvera jusque dans son corps. Des cow-boys, des chevaux, des méchants, de l’amour, un meurtre, des projets immobiliers, un vrai-faux western noir, âpre et émouvant.
« A Griffitown, les fantômes errent, plus nombreux que les anges. »
Fiche #1474
Thème(s) : Littérature étrangère
Maud dans la cour du collège attirait l’attention, elle dérangeait, provoquait. Et puis, un accident la cloua au lit, elle perdit la vue et sombra dans une apathie totale en demeurant seule dans l’appartement de sa mère désespérée. Alors c’est l’œil en colère qu’elle voit p’tit môme Liber forcer la porte de sa chambre. Il veut la voir, la toucher, lui parler, l’aider. Les relations seront houleuses, oscillant entre douceur et violence, amour et haine, compréhension et rejet. Maud ne supporte rien, ni elle, ni son handicap ni Liber. Mais Béber est entêté et surtout très amoureux, et aura beaucoup d’imagination pour tenter de ramener la demoiselle vers la vie tout en espérant pouvoir enfin faire l’amour pour la première fois. Son amour sera-t-il plus puissant que le désir de mourir de Maud ? Nadia Marfaing nous offre un roman émouvant très réaliste, décrit avec précision, tact et justesse les sentiments de ces deux ados face à l’amour et au handicap. Un roman qu’on lit d’une traite !
Ecouter la lecture de la première page de "Liber et Maud"Fiche #1473
Thème(s) : Jeunesse Littérature française
Pierre Morel s’ennuierait presque. Une vie banale, au boulot, à la maison. Seul échappatoire, ses rêves. Pierre Morel est un grand rêveur et en plus, il s’en souvient et continue de les vivre dans la journée. Une réunion, une dispute, un temps mort, il ferme les yeux, et le voilà reparti. Héros, guerrier, une vie dangereuse et mais si intense. Et puis soudain, les rêves disparaissent et Pierre les oublie (« A la réflexion, vivre à la hauteur de ses rêves quand on les a oubliés est une mission à la limite de l’impossible… »). Pierre est perdu, inquiet, il se morfond et décide de tout quitter. Tremblement de terre dans sa vie, un nouveau Pierre est né ! Nouvelle vie, nouvel emploi, nouvel amour. Et les rêves réapparaissent… mais différents… les cauchemars commencent de troubler sa nouvelle existence et sans ces rêves, Pïerre n’est rien…
Ecouter la lecture de la première page de "Autopsie d'un rêveur"Fiche #1471
Thème(s) : Littérature française
Elles sont trois. Trois afro-américaines unies et complices depuis leur enfance, elles ne se sont jamais vraiment quittées. Très différentes, elles s’acceptent telles qu’elles sont (« Entre Suprêmes, nous nous traitions avec beaucoup de délicatesse. Nous fermions les yeux sur les défauts des autres et faisions preuve de prévenance, même quand cela n’était pas mérité. ») et admirent chacune certains traits, certaines capités des autres. Une amitié indéfectible qui résistera aux temps, aux épreuves de la vie dans une Amérique ségrégationniste. La cinquantaine, elles sont à tournant de leur vie dans une petite ville de l’Indiana et le roman revient sur leur passé et leurs expériences. On les appelle « les Suprêmes » en référence au célèbre groupe de chanteuses des seventies : la tornade et l’intrépide Odette née dans un sycomore, la mesurée Clarice qui supporte tout de son mari volage et la bombe sexuelle Barbara Jean sur laquelle le temps n’a pas de prise. Une chronique vivifiante qui aborde tous les sujets, les croyances, la famille, l’amitié, l’amour, le mariage, la maladie, le racisme et la ségrégation, mais toujours avec un ton enlevé. Touchant et attachant.
Premier roman
Fiche #1472
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Cloé Tralci
Michaël URAS
Nos souvenirs flottent dans une mare poisseuse
Christophe Lucquin
148 | 220 pages | 27-06-2014 | 16€
Le narrateur Jacques égrène ses souvenirs et toutes les étapes qui l’ont mené à l’âge adulte : enfance, adolescence, jeune homme. Une existence partagée entre la lumineuse Sardaigne et une France plutôt grise. Sous forme de chroniques, il nous indique comment l’enfant a trouvé sa place, sa vision de la figure paternelle, son émancipation, la difficulté de s’intégrer, les rêves d’enfants qu’on n’oublie pas. Une chronique mélancolique et nostalgique non dénuée d’humour et d’ironie.
« La France était une belle terre d’accueil pour qui savait rester silencieux. »
« Un écrivain n’est rien d’autre qu’un architecte qui choisit et place ses mots-matériaux au bon endroit. »
« Je ne rêve plus, parce que j’ai enfin compris que la réalité est une boue dans laquelle nous ne cessons jamais de nous débattre jusqu’à la fin. »
Fiche #1470
Thème(s) : Littérature française
Il est abandonné dans un chenil. Il ressemble tant à un loup, ses oreilles, ses hurlements qui apeurent les humains qui lui imposent collier, chaîne, chenil et cellule. Il se fait petit, mais rien n’y fait. Croupira-t-il jusqu’à la fin de sa vie dans cette cellule ou ses hurlements se changeront-ils en chant joyeux ? Un superbe album qui joue sur les contrastes (peu de couleurs) et aborde moult thèmes en peu de mots et d’images et qui saura émouvoir les petits et les grands.
Fiche #1468
Thème(s) : Jeunesse
En cette année de commémoration, voilà un court texte que les amateurs de beaux discours lénifiants devraient découvrir. Daniel Braine, évadé d’un camp allemand, retrouve son pays nantais. Mais sa mère et son fils sont morts sous les bombardements, et sa femme a pris la poudre d’escampette. Quatre longues années, tout a changé et pourtant rien n’a bougé. Tout ça pour ça ? Daniel s’y refuse, il n’appartient pas à ce monde médiocre et se retire. Solitaire, courageux et en colère, il rejoint la nature, la liberté, loin « des domestiqués ». Et comme un vieux mâle sauvage, rien ne peut l’arrêter, il fonce, droit. Il ne sait mentir et les hommes qui croisent son chemin s’en aperçoivent rapidement. Et ces petites et braves gens dignes représentants de l’espèce humaine n’apprécient guère ces solitaires, différents, qui choisissent la liberté et un autre chemin. Ils n’accepteront en effet jamais ce choix et cette existence et les écraseront toujours, d’une manière ou d’une autre. La peur les transforme en une horde sauvage dont la qualité première demeure la bêtise. Un âpre, violent et triste réquisitoire qui sent la terre et le sang.
Ecouter la lecture de la première page de "Le sanglier"Fiche #1469
Thème(s) : Littérature française
Au Mozambique, au bord de l’océan, un ancien pêcheur vieillit et se laisse gagner par la saudade tout en espérant enfin un geste d’amour de sa plantureuse voisine, la mulâtre Dona Luarmina. Elle n’accepte que de converser avec lui, et attend surtout qu’il lui raconte ses aventures et ses rêves. Mais le passé fait peur au vieux marin, dialogue de sourds, dialogues émouvants, percutants entre ces deux personnages que quelque chose aimante, c’est certain ! Superbe fable poétique, une nouvelle pépite, indispensable !
« Je ne suis heureux que par paresse. Le malheur, c’est trop de boulot ! »
« La vie est si simple que personne ne la comprend. »
« ... le temps avance par vagues. Le tout est de rester léger et une de ces ondulations nous emportera quelque part. »
« Vous devriez plutôt vous passer un rêve sur le visage dès le matin. »
« Si je construisais une cheminée dans ma maison, ce serait non pas pour laisser sortir la fumée, mais pour laisser entrer le ciel. »
« Le jour commence toujours par un mensonge. Car le soleil ne feint que de naître. »
« L’escargot ressemble au poète : il lave sa langue sur la route du voyage. »
Fiche #1467
Thème(s) : Littérature étrangère
Ruth a 75 ans et vit seul sur la côte australienne. Harry, son mari, est mort et se deux fils vivent bien loin d’elle, et à part quelques coups de téléphones réguliers, ils ne se voient guère. Sa santé décline, parfois déboussolée, quelques absences, quelques rêves, quelques souvenirs des îles Fidji où elle a passé son enfance et rencontré son premier amour, Richard, un jeune médecin venu aidé son père. Seuls vrais compagnons ses deux chats, les baleines au large et un tigre sauvage qui passe la voir, discrètement, le soir ou la nuit et laisse derrière lui son odeur puissante. Puis un jour, Frida pousse la porte, son frère, chauffeur de taxi, l’a déposée. Elle dit être envoyée par le gouvernement pour s’occuper d’elle et s’installe. Elle prend soin de Ruth si vulnérable mais pourtant la tension monte. Les femmes se jaugent, s’épient, mais aussi semblent s’apprécier parfois, s’agressent puis se consolent, pleurent puis rient. Frida prend sa place et devient vite indispensable même si Ruth tient à son indépendance et se rebelle. Faut-il avoir peur ? Qui doit avoir peur ? Le fil se tend progressivement jusqu’à la dernière page et la rupture finale nécessairement violente.
Premier roman
"Etre heureux, c'est un choix."
"Les enfants étaient éphémères."
Fiche #1466
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Corinne Chichereau
Oskar et le narrateur ont fait leurs études ensemble en Grande-Bretagne. Très différents, ils se sont néanmoins côtoyés souvent et se retrouvent maintenant dans leur pays d’origine, en Europe de l’Est. Oskar doit partir régler son divorce aux Etats-Unis et il invite le narrateur à le rejoindre et à s’installer dans son appartement pour l’occuper et prendre en charge ses deux chats. Celui-ci débarque dans un appartement impeccable, plancher superbe et fragile, mais une atmosphère froide et sans vie. Trop propre, trop net, trop rangé. Ecrivain, il produit des brochures et espère profiter de cet environnement pour enfin écrire un roman. Mais cet endroit sans âme est-il le lieu idéal ? Les directives du maniaque Oskar disséminées partout dans l’appartement l’aideront-ils ? Les chats ne lui faciliteront pas non plus la tâche et les évènements s’enchaîneront pour le plus grand malheur de l’appartement, de son gardien et de son propriétaire. Ce séjour permettra en outre de découvrir qui se cache derrière Oskar et son besoin si puissant de perfection, son ami n’est pas au bout de ses surprises ! Le ton est légèrement moqueur, so british, un zeste d’absurde et de loufoque, une goutte kafkaïenne, un goûteux cocktail !
Premier roman
« Nous vivons une époque formidable, et pas seulement grâce à la pénicilline, aux toilettes à chasse d’eau et au chauffage central : nous pouvons dorénavant survoler les nuages. Et ceux-ci tiennent leurs promesses de beauté sublime. »
« Une chambre n’est pas qu’une chambre. C’est la manifestation d’un état d’esprit, le produit d’une intelligence. .. Nous faisons nos chambres qui, à leur tour, nous font. »
Fiche #1465
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Françoise Pertat
Hollis SEAMON
Dieu me déteste
La Belle Colère
142 | 218 pages | 02-06-2014 | 19€
Richard Casey a attrapé un DMD ! DMD, comme Dieu me déteste mais il n’a pas dit son dernier mot et n’a pas l’intention de se laisser faire ! En réalité Richard Casey est malade de longue date et connaît l’issue tragique et inéluctable de la maladie. Pourtant, il vit encore à 150 à l’heure, a les mêmes envies que tous les ados, des expériences, de la fougue, de l’amour et des envies folles et pressantes, de l’imagination et tout cela malgré les souffrances et l’environnement hospitalier (hommage appuyé au personnel hospitalier). Le sujet est grave et pourtant, le roman réussit parfaitement avec un ton vif et de l’humour (Richard Casey est le narrateur) à nous entraîner énergiquement dans la spirale de la vie nous faisant quasiment oublier la maladie et la mort.
Ecouter la lecture de la première page de "Dieu me déteste"Fiche #1464
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Marie de Prémonville
Pour le dernier volume du cycle romanesque ouvert avec Mitsuba en 2006, nous retrouvons Tsuyoshi Toda et sa femme Aïko à la fin de leurs vies. Cinquante-six ans de vie commune après un coup de foudre dans un train. Elle lui a été autant dévouée que lui à son entreprise Goshima. Ils profitent maintenant de la retraite avec sérénité, bonheur et amour. Attentionnés l’un envers l’autre, Aïko revient sur le long chemin qu’ils ont parcouru ensemble, main dans la main, sur le temps qui passe mais sans oublier un présent que de petits gestes, des regards, des observations communes éblouissent. Une plongée dans l’intime avec tact, retenue et tendresse avec l’écriture inimitable de Shimazaki.
Ecouter la lecture de la première page de "Yamabuki - Au coeur du Yamato"Fiche #1462
Thème(s) : Littérature étrangère
Lily assiste aux funérailles avec son oeil critique de Réjean, son second mari resté élégamment fidèle à ses trois femmes. Lily n’est pas toute jeune non plus, mais la tristesse ne semble l’atteindre. D’ailleurs même si sa fille lui reproche vertement de ne plus être dans le coup, Lily reste vive, volontaire, pleine de vie, d’humour et de réparties. Même ses pertes de mémoire ne la catastrophent pas et l’incite à développer son imagination... Elle demeure curieuse et continue d’avoir envie de profiter de la vie et n’aura qu’un conseil pour le jeune lecteur « Faites au mieux et rêvez ! ». Un portrait sensible et touchant d’une vieille dame, l'oeil pétillant, lucide et amoureuse de la vie.
« Faut-il avoir un rêve pour être heureux ? »
« Que ressent une fleur qui se fane, se demande Lily. Est-elle dans la nostalgie de sa splendeur ou à l’affût des saveurs nouvelles de son flétrissement? »
« Au fond, être dans le coup, c’est se plaindre de sa vie. »
Fiche #1463
Thème(s) : Littérature étrangère
Les adaptations de l'Imaginaire de Stefan Wul se poursuivent avec succès. Lorrain débarque sur Sidar avec toutes ses illusions et sa naïveté. Il vient rechercher son double robot qui a disparu dans cette colonie. Dans une jungle hostile et dangereuse, il progresse difficilement malgré l'aide du Résident envoyé par la Terre. La BD est très rythmée, le dessin, les couleurs, la mise en page excellentes. Reste à patienter pour la découverte du tome 2.
Fiche #1460
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Nous retrouvons avec grand plaisir Pablo et son chat Python, le chat qui parle. Nous l'avions quitté avec ces cinq chatons et nous les retrouvons toujours très turbulents. Et les parents de Pablo les supportent de plus en plus difficilement et vont jusqu'à décider de s'en séparer ! Pablo et ses amis vont-ils les laisser faire ? De l'aventure, de l'amitié, de l'humour, une suite réussie qui prouvera à ceux qui l'avaient oublié que les chats savent aussi manier avec malice les clés et que les parents peuvent avoir de la mémoire, pour le meilleur et pour le pire...
Fiche #1461
Thème(s) : Jeunesse
Hélène, la narratrice, est une gamine de 8 ans et elle aimerait bien être le narrateur puisqu’elle se fait appeler Joe. Garçon manqué, aventureuse et volontaire, « exaltée devant les plus petits frétillements de la vie », passionnée, elle nous fait partager la vie de sa famille et de son quartier, un père prof légèrement désespéré, une mère assez silencieuse et ses sœurs. Le quartier est populaire, peuplé de personnages cabossés, blessés de toute part par la vie, santé, argent… Et puis, au milieu d’eux, Monsieur Roger, un vieil homme qui boit en râlant et en attendant sa dernière heure. Ils se rencontrent, l’amitié naît, ils peuvent alors veiller l’un sur l’autre. Un texte (au vocabulaire québécois parfois déroutant) fantaisiste, sensible, tendre, débordant d’émotions et d’humour.
Ecouter la lecture de la première page de "Mr Roger et moi"Fiche #1459
Thème(s) : Littérature étrangère
Une star, la Zerstor 500, avec sa suggestive couleur vert-de-gris ! Son domaine de prédilection : l’extermination, le génocide du livre. Et Guylain Vignolles est aux manettes de ce pilon efficace et insatiable. Pourtant, il l’exècre, cet ogre, capable de manger les meilleurs textes comme les jambes de son ami Giuseppe, et il fera tout pour le soulager, certains livres leur seront d’un grand secours. Sa vie est maussade, le monde du travail moderne et épuisant, seul instant de lumière, dans le train de 6h27, il lit aux passagers quelques pages volages qu’il a su subtiliser à « la chose ». Ces lectures susciteront d’autres rencontres, d’autres moments de bonheur et de partage, et qui sait même, un changement de vie. Si certains n’étaient pas encore persuadés que la littérature peut tout et de la force de la lecture, partez à la rencontre du liseur du 6h27 ! Un voyage jubilatoire pour un éblouissant hommage !
Premier roman
Fiche #1458
Thème(s) : Littérature française
En Argentine, un héros sans nom souhaite devenir invisible, un autre, pour mieux observer la vie présente et les fantômes du passé. Aussi, il quitte ses proches pour une station balnéaire isolée, s’éloigne et accepte la solitude, le prix à payer, pour endosser une nouvelle identité dans ce pays où de nombreux étrangers sont venus chercher une nouvelle vie, une nouvelle identité loin de leur passé ignoble. Un homme sans passé ni avenir dont seule la mémoire subsiste. Les chapitres alternent entre présent et souvenirs d’enfance et questionnent sur notre (ou nos) identité(s), ce que l’on devient, sur notre violence et ce qui peut nous faire basculer. Un surprenant roman sur le sens de la vie et l’identité mais aussi sur l’histoire mouvementée de l’Argentine évidemment liée à la notre.
Ecouter la lecture de la première page de "Banzaï"Fiche #1456
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Delphine Valentin
Un père accompagne sa fille à l’hôpital. Anorexique, elle a accepté ce séjour pour se soigner, reprendre des forces pour accomplir sereinement son année de terminale. La séparation est douloureuse et le père décide de lui écrire afin de tenter de l’aider à se raccrocher à la vie. Dès son plus jeune âge, elle aimait les mots alors il va lui montrer que d’autres femmes, avant elle, ont aussi souffert, lutter pour continuer à vivre. Il lui écrit les destins d’Hanna Arendt et de l’Albanaise Musine Kokalari. Il lui parle de mots, de poèmes, de musique et de chansons, de voyages, de nature mais aussi d’elle, de son anorexie de son corps, de lui et de ses difficultés à être père et mari, de son enfance et des histoires qui avaient sa préférence. Un court récit, tendu et combattant, émouvant, clairvoyant et un bel hommage à la littérature et à la poésie comme armes efficaces pour nous aider à vivre.
« Nos sentiments sont des musiques impossibles à écrire… »
Fiche #1457
Thème(s) : Littérature française
Une nuit terrible pour la famille de Manon réveillée par la police qui leur annonce la mort de Théo électrocuté sur les rails du métro. Accident, aucun doute, affaire classée. Sauf pour Manon, qui, connaissant la prudence de son frère, décide de mener sa propre enquête. Elle, si discrète, effacée, presque absente, part seule à la rencontre de son frère : « Il y a une semaine, elle croyait savoir qui était son frère. Chaque jour passé depuis n’a fait qu’épaissir le mystère. » Elle découvre un tout autre frère. Elle ignorait son homosexualité et surtout sa passion pour le graff. Et pour découvrir la vérité, Manon devra aller à la rencontre des graffeurs et de leurs bandes rivales adeptes d’une vie totale, extrême, violente, débordante de dangers et d’adrénaline, à la recherche de l’exploit, de l’art et de la compétition mais aussi de liberté : « Si tu veux vraiment vivre, faut être prêt à mourir. Sinon, tu végètes comme les automates qu’on voit partout à Paname, avec leurs tafs de merde, leurs apparts Ikea tous pareils, leurs lifes bien réglées, leurs bitures minables du week-end, leurs caméras de surveillance… » Un roman vif et prenant autour de l’enquête d’une jeune fille réservée mais volontaire qui vaincra ses peurs pour arriver à la vérité et une immersion singulière dans le monde du graff, une belle confirmation après Bacha Posh.
Ecouter la lecture de la première page de "20 pieds sous terre"Fiche #1454
Thème(s) : Jeunesse
Fatima, femme de ménage qui connaît donc si bien les chambres d’hôtel, est dans l’une d’elles et attend son amant. Elle en profite pour se remémorer son enfance. Sa famille était échouée dans un camp du Gard, « les incasables » comme on les nommait. Elle est née dans ce camp, loin de l’Algérie et de la France. Fatima raconte cette histoire avec son œil d’enfant qui demeure dans l’incompréhension mais aussi de femme. Ses parents ne parlaient pas du passé et de leur histoire, les enfants ne comprenaient pas les brimades, les silences, les violences subies, la soumission, la mise à l’écart (« Dans le monde des bons et des méchants, nous étions doublement montrés du doigt. Enfants de bougnoules, enfants de salauds. »). Fatima raconte et explique simplement, sereinement, sans pleurnicheries ni regrets, comment elle a embrassé son passé, digéré l’histoire et emprunté le chemin de l’apaisement.
« Ma vie, je l’ai souvent construite avec mes poings, à coups de dents, puisqu’il fallait y mordre à ma façon, s’inventer à partir de trois cailloux, de deux croyances, contre l’arbitraire, une existence unique. »
Fiche #1455
Thème(s) : Littérature française
Fin du XIXème, Albert Dada, enfant, tombe d'un arbre et depuis, il est différent. Il devient fugueur incontrôlable. Sans raison apparente, sans prévenir, à n'importe quel moment, il part, part, marche et marche encore. Rien ne l'arrête à part les prisons ou autres asiles. Sans l'intérêt du docteur Tissié, Dada marcherait encore ! En effet, à la recherche d'un sujet de thèse, Tissié expérimentera l'hypnose et ses effets jusqu'à obtenir une guérison complète de Dada. Deux beaux personnages pour une belle et enrichissante découverte !
Fiche #1453
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Lors d’un réveillon bruyant à Reykjavik, Maria n’entend pas vraiment ce que lui annonce son mari Floki. Après onze années de mariage, il la quitte en lui assurant néanmoins qu’elle sera toujours la femme de sa vie. Une évidence ! Il part partager l’existence de l’un de ses collègues homme, spécialiste comme lui, de la théorie de chaos, deux experts du domaine en effet, et Maria peut en juger d’elle-même ! Choc, déflagration, Flora se remémore leur vie commune, l’arrivée des jumeaux, leur démarche d’adoption qu’elle continuera seule, recherche des indices, des mensonges... Elle est épaulée par sa voisine, Perla, une naine experte conjugale et écrivain. Ce petit lutin, qui écrit un roman au thème pas très éloigné de l’expérience de Maria (fiction et réalité progresseront de conserve), deviendra vite indispensable et lui sera d’un grand secours pour affronter le passé, le présent et son futur après ce bouleversement. Comme à son habitude, Audur Ava Olafsdottir sait parler avec douceur de la vie et de ses bouleversements quotidiens, de la famille, des relations humaines, le ton est vif, drôle, ironique, tendre et la lecture particulièrement agréable et plaisante.
« L’ennui, poursuit-elle, c’est que les gens pensent que l’amour va tout sauver. Les plus emmerdants exigent que l’amour les sauve d’eux-mêmes. »
« L’expérience m’a appris que la conduite humaine est aléatoire, capricieuse et imprévisible. »
Fiche #1452
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Catherine Eyjolfsson
Trois vieux, Pierrot, Mimile et Antoine, se retrouvent pour l'enterrement de la regrettée et belle Lucette. Ils en profitent pour se remémorer leur passé commun en l'agrémentant de quelques remarques bien senties ! Avant de se quitter, Antoine doit aller rencontrer le notaire... Quand il revient, en furie, il prend son fusil et les quitte immédiatement ! Un trio de choc, du caractère, des dialogues percutants et un humour caustique, une crise de jalousie attendrissante, du costaud !
Fiche #1450
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Lors d’une visite des mines avec leur école, Giula et Arianna, deux amies inséparables, s’égarent dans les galeries et quelques instants après, se retrouvent mystérieusement sur une île inconnue, l’île du temps perdu. Sur cette île, se retrouvent tout ce qui se perd ou est perdu sur terre : humains, animaux, objets. Ici, pour la communauté qui y vit, ne rien faire est devenu un art, une volonté, une occupation ! La paresse est une qualité. Le temps coule au ralenti, "Cinq minutes sur Terre correspondent à une semaine sur l'île, ou quelque chose du genre. Ici, tout est lent." Pourtant, la frénésie d’activités qui s’empare de la terre, met en péril cette île, le temps noir la menace. C’est une question de vie ou de mort, et les occupants, dignes héritiers de Paul Lafargue, vont devoir inventer une solution. Joli conte entre magie, poésie et philosophie avec une construction originale.
Ecouter la lecture de la première page de "L'île du temps perdu"Fiche #1451
Thème(s) : Jeunesse
Olivier SALAÜN
Gala VANSON
Les quatre derniers animaux
Zinc éditions
127 | 30-04-2014 | 5€
Ils ne sont plus que quatre, à part quelques oiseaux. Quatre animaux, un boa, un petit éléphant, un gros éléphant et un ouistiti. Que vont-ils faire ? Demeurer ensemble ? Jouer ? Devenir amis ? Se battre ? S'entraider ? Se chasser ? Joli dialogue illuminé par des illustrations d’une grande fraicheur entre ces quatre personnages qui nous raconte simplement le conte de la vie, sans thèse ni solution, que l’essentiel !
Fiche #1449
Thème(s) : Jeunesse
Dans une zone perdue du Colorado, en 1896, la veuve MacKinnley vit seule avec son jeune fils Sean. Son mari n’a pas survécu à la bataille de Wounded Knee et sa fille est disparue mystérieusement quelques années plus tôt. Alors quand un cavalier solitaire arrive du haut de la colline, elle l’accueille le fusil pointé vers lui. Pourtant l’homme vient en ami pour lui apprendre qu’en ville, on s’apprête à juger MacFly, un homme accusé de kidnapping d’enfants. La veuve et son fils partent aussitôt, les blessures du passé se sont vite réouvertes… Après le polar (Piège nuptial), C. De Metter aborde le western avec un trait de crayon et des couleurs adaptés au genre, le scénario, les dialogues et les personnages sont dignes des meilleurs John Ford, les rebondissements inattendus. Que du bonheur !
Fiche #1448
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Léna, la cinquantaine, partage son existence en Paris et sa région natale, les Montagnes Noires de Bretagne. Léna vit seule, en souffrance mais un couple d’amis la mènera vers deux rencontres inattendues, de ces rencontres qui vous changent, qui réorientent votre vie, qui créent un lien indélébile, malheureuses ou heureuses, douces ou violentes, sombres ou lumineuses, de ces rencontres qui vous marquent à jamais. Elle croisera tout d’abord Ben, un jeune et bel Américain, son opposé qui pourtant il saura la séduire, elle y prendra du plaisir, y croira et finalement s’y brûlera et le repoussera. Puis elle se retrouvera aux côtés d’un couple et surtout de Maria, malade, qui se sait condamnée. Elle accepte néanmoins son destin avec sérénité, sait en parler calmement avec recul. Léna puisera de cette rencontre sagesse, partage, acceptation de soi et la force de continuer même seule. On retrouve avec grand plaisir l’écriture raffinée de Marie Le Gall dans ce bel hommage aux rencontres, aux rencontres qui font grandir et se trouvent souvent au centre de réconciliations. Et chacun aura droit à son (ses) rendez-vous : « Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous. ».
Ecouter la lecture de la première page de "Au bord des grèves"Fiche #1447
Thème(s) : Littérature française
Jeanne est une femme du peuple. Elle vit seule avec sa fille Léo, et travaille comme ouvrière fleuriste à son domicile, elle fabrique des fleurs artificielles, superbes, irréelles, si éloignées de la noirceur du quotidien. Métier artisanal qui exige précision, minutie, attention et concentration ce qui ne l’empêche pas de penser à Toussaint son époux. Il aimait la vie, grand, beau, il rayonnait au milieu de ses amis. Et puis, il y eut la grande guerre, il partit, il fut blessé, elle le sut mais il refusa qu'elle vienne le voir. Puis il revint, un jour, sans prévenir. Pourtant c’est un autre homme qui franchit la porte, blessé psychiquement et physiquement, un bandeau lui cachant le visage, le silence l’accompagnant. Mais si Jeanne sait qu’« elle a perdu sa vie d’avant », elle continue d’aimer, de vouloir cet homme, elle est patiente, courageuse et amoureuse, elle pansera chaque blessure avec douceur et attention. Elle et Léo continueront d’espérer de retrouver leur Toussaint (« Toussaint était à elles. ») et qu’il « bascule » à nouveau dans la vie et l’amour pour enfin ne redevenir qu’un. Angélique Villeneuve dans ce court roman (une belle habitude) a trouvé un angle singulier, émouvant et percutant pour évoquer la guerre, le quotidien de femmes simples, leurs vies éprouvantes au cœur de cet épisode tragique mais aussi la douleur de la disparition comme les difficultés du retour. Chaque mot est pesé, l'écriture ciselée, Angélique Villeneuve laisse deviner, ressentir, le ton est sensible sans pourtant jamais dissimuler réalité et vérité, les choses sont dites délicatement, les sentiments éprouvés, même le silence s’entend chez Angélique Villeneuve !
« Il est un creux immense, et Jeanne ignore s’il est possible de l’emplir. Si à eux deux ils en seront capables. »
« La victoire est belle, mais elle aplatit tout, voilà ce qu’elle se dit. La victoire assourdit les douleurs personnelles en en faisant plus qu’une, nationale. Elle n’écoute pas. Et Jeanne veut écouter. »
Fiche #1446
Thème(s) : Littérature française
Trois voix participent au récit de « Parler seul », trois visions, trois tons différents qui relatent les mêmes évènements, le même voyage. Chacun parle seul et pourtant le trio est particulièrement uni. Mario, le père, se sait très malade et condamné et veut absolument partager quelques derniers instants privilégiés avec son fils et lui offrir ainsi une bibliothèque riche de souvenirs. Lito a dix ans, plein de vie et de fougue, d’espoir et d’insouciance, ignore l’état réel de son père et adore parler et faire partager son enthousiasme. Elena, la mère, sait que son mari va mourir et accepte néanmoins de les laisser s’évader tous les deux dans un long périple en camion. Pour oublier ses peurs et sa colère et trouver du réconfort, elle se noie dans la lecture (« La lecture me calme les nerfs. Faux. Elle ne me les calme pas. Elle les oriente différemment. ») et l’écriture en attendant avec impatience les prochaines nouvelles. Chacun des trois raconte ce voyage à sa façon, résiste avec ses moyens, sa personnalité et expose ses sentiments et se nourrit des deux autres. Chacun a sa vision de la mort, de la maladie, du mensonge, mais aussi de la vie et surtout, les trois veulent vivre, et vivre encore. Une relation père-fils sublimée au cœur de ce roman intense et prenant, sans pathos et terriblement humain.
« Je me demande si, sans forcément en avoir conscience, on ne va pas vers les livres dont on a besoin. Ou si les livres eux-mêmes, qui sont des êtres intelligents, ne détectent pas leurs lecteurs et ne se font pas remarquer d’eux. Au fond, tout livre est un Yi King. Tu l’ouvres et c’est là, tu es là. »
« … les enfants deviennent adultes en jouant, un peu à l’inverse de nous, parents, qui jouons pour retourner en enfance… »
« … tout ce qui est dans mon corps est désormais mon ennemi, c’est ce qu’on appelle être mort. »
Fiche #1445
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Alexandra Carrasco
Stéphane Néguirec s’est installé à Cotonou au Bénin, bien loin de sa Bretagne natale et de sa famille. Un tantinet bohème, il se laisse bercer par la vie africaine et par les charmes évidents des femmes qu’il croise. Il pense être définitivement intégré dans cette nouvelle vie qui, pourtant, lui réserve encore quelques surprises. Sa rencontre avec la belle et plantureuse Déborah Palmer sera la première et l’entraînera dans de périlleuses aventures. En effet, lorsque la belle Ghanéenne lui propose le mariage, elle omet de lui annoncer que Jésus Light, son ex-compagnon, aussi violent qu’amoureux, est sur ses traces et qu’il fera tout, vraiment tout, pour la retrouver, elle comme le magot qu’elle lui a volé après le cambriolage d’une banque. Stéphane Néguirec comprendra un peu tard qu’il n’est plus maître de son destin, les évènements s’enchaîneront et il fera simplement de son mieux pour rester en vie ! Rythmé, vivant, imagé et dépaysant et captivant, une belle découverte.
Ecouter la lecture de la première page de "La traque de la musaraigne"Fiche #1442
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Le père de Ludovic est parti. Quelques mois. Sa mère pleure son absence et hurle son incompréhension. Aucune explication. Un matin, trois flics tapent à la porte, armes à la ceinture, interpellent son père, lui demandent de les suivre et le voici à l’ombre pour quelques mois. Pourquoi ? Pierre Brigneau était comptable, il est prisonnier, refuse de s’expliquer et préfère le silence. A sa sortie, le trio est tendu, s’observe. Pour se retrouver, l’un des rares amis encore présent auprès du père, leur offre un vieux camping-car. Le père et son fils partent pour un voyage dans les superbes Cévennes. Pierre a choisi cette destination et en expliquera progressivement les raisons profondes à son fils tout en lui dévoilant le moment venu, mot après mot, son histoire et son passé. Un triple portrait sensible et émouvant d’un père, d’un fils et de leur relation.
Ecouter la lecture de la première page de "Après la peine"Fiche #1443
Thème(s) : Jeunesse
Un homme a loué une maison pour un séjour. Seul. Face à l’océan. Il se saoule et se souvient de sa femme, son modèle, qu’il a si souvent esquissé et peint. Elle est partie et l’a abandonné, définitivement, lui et son art, elle ne pouvait continuer. Bref, intense, douloureux et poétique.
Ecouter la lecture de la première page de "Tes yeux sur moi c'est fini"Fiche #1444
Thème(s) : Littérature française
La combustion humaine retrace la trajectoire d’un éditeur suisse. Désabusé, amer, entre désespoir total et espérance ténue, entre mépris et incompréhension, en quête permanente de reconnaissance, il décrit le petit monde littéraire auquel il participe avec férocité, les auteurs, les éditeurs, la presse, les lecteurs, les libraires, les prix littéraires, il n’épargne personne, pas même lui-même. Face aux désirs incontrôlables d’écriture de tous ses contemporains, l’éditeur est solitaire, juge suprême subjectif noyé dans ces flots de mots, il doit choisir, élire, défendre, promouvoir… danse éreintante et infinie au rythme effréné ! Et en plus, l’éditeur maintenant doit aussi gérer les réseaux sociaux et sa multitude de messages plats et sans intérêt où chacun néanmoins a son avis évidemment digne d’intérêt ! A lire notamment par tous les écrivains en herbe avant de proposer leur excellent et incontournable manuscrit à un éditeur ou à un libraire !
Ecouter la lecture de la première page de "La combustion humaine"Fiche #1441
Thème(s) : Littérature étrangère
Aurélie a hérité du restaurant familial « Le Temps des Cerises » à la mort de son père. Son ami vient de la quitter, désespérée, elle flâne sans but, au hasard des rues parisiennes, passe la porte d’une librairie et choisit un livre, « le sourire des femmes ». Ce livre va la sauver, elle le lit d’une traite, et se reconnaît immédiatement dans l’héroïne. De nombreux indices lui confirment qu’elle est l’héroïne de cette histoire. Interloquée, elle veut impérativement rencontrer l’écrivain anglais auteur de ce premier roman. Elle prend alors contact avec son éditeur et c’est le début d’aventures improbables au cœur de deux mondes (l’édition et la restauration) qui se télescopent, de rencontres ratées, de quiproquos, de mensonges, de trio amoureux. Romantique, plaisant, efficace.
"Je savais écrire des lettres et inventer des histoires. Des histoires capables de séduire une femme romantique qui ne croyait pas au hasard."
Fiche #1440
Thème(s) : Littérature étrangère
Marko Voronine est enfin décidé : il quitte l’Ukraine, sa mère et sa sœur pour la France. Il a trouvé des passeurs roumains qui « l’aideront » à quitter son pays accompagné de quelques autres. Mais un passeur est un passeur, et le voyage tourne mal, les émigrants réagissent, tuent les deux passeurs, récupèrent le camion et l’argent et se lancent dans une fuite désespérée conscients que la mafia roumaine sera vite à leur trousse. Arrivés en France, ils décident de se séparer et Marko part vers la Bretagne et embarque pour l’île de Belz où il a trouvé un emploi en espérant faire le mort… quelques temps. L’accueil est glacial, son nouveau patron, Joël Caradec, le défend face aux autochtones qui voient en lui un marin du dimanche qui pourtant vole leur boulot. Le danger est partout, l’ambiance tendue : Dragos un tueur roumain est à ses trousses et ne fera pas de quartier, et sur l’île l’Ankou rôde, annonce son arrivée et suscite peur et méfiance. Le récit oscille avec vivacité entre la traque de Dragos, machine à tuer, et l’enquête de Marko sur l’île. Un premier roman à multiple facettes, suspense, atmosphère, légendes celtiques et fantastique, croyance populaire, de beaux personnages comme Papou le marin qui reste à terre, mais aussi roman social au cœur de la rude société des hommes de la mer dont l’avenir s’annonce orageux.
Premier roman
Fiche #1439
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Roch DOMEREGO
Evelyne DUVERNE
Mélipona la princesse Maya
Baroch Edtions
116 | 19-03-2014 | 12.5€
en stockUne princesse vient de naitre dans un royaume maya et sa mère n'a pas survécu à sa naissance. Le grand prêtre du royaume maya doit alors trouver rapidement un jeune jaguar afin qu'il veille plus tard sur elle. Mélipona et Nahaya ne se quittent plus, intrépides, ils parcourent la jungle et découvrent les abeilles sacrées messagères du Dieu de la vie. Les abeilles, Nahaya, Maman-lait et le grand prête, la jeune princesse est bien entourée ! Un joli conte au coeur de la jungle.
Fiche #1437
Thème(s) : Jeunesse Bandes dessinées
Une petite-fille vit chez ses grands-parents, elle se sent isolée, seule, abandonnée, rencontrera la vieille dame soviétique qui l’accueillera comme un trésor et partira à la découverte de son grand-père et de ses secrets. Dans la seconde, une femme perd accidentellement son mari, le magicien. Elle décide alors de partir au lac des Trois Monts au cœur de sources chaudes, voyage à la rencontre de son deuil mais aussi des autres. Elle raconte ses rencontres, ses recherches, la vie, la mort, sa douleur. Deux nouvelles débordant de délicatesse, de douceur, et de sensibilité et dégageant une certaine sérénité malgré les tracas du quotidien.
Ecouter la lecture de la première page de "Toutes les nuits du monde"Fiche #1438
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Stéphane Lévêque
C’est fait. Il la quitte, la laisse au bord de la route, lui dit au revoir. C’est fini. Pourtant il va falloir continuer le chemin et cette renaissance passe évidemment par Célestine, l’aïeule presque centenaire qui saura écouter, entendre dans le silence. Un court premier roman superbe, suggestif, qui fleure bon la campagne et le vrai et surtout composé par une prose particulièrement poétique. Une pépite !
Premier roman
Fiche #1434
Thème(s) : Littérature française
Jean-Michel CHEVRY
Kyym le petit mammouth
Bout de la rue
113 | 78 pages | 17-03-2014 | 12€
en stockKyym le petit mammouth regarde avec envie les enfants du village jouer, crier, courir. Pourtant il reste à l'écart. Mammouths et humains vivent en harmonie mais bien séparés ! Pourtant, lorsque l'un des enfants frisera la noyade, il faudra bien que Kymm intervienne et ce sera le début des aventures extraordinaires et émouvantes de Kymm le petit mammouth, le seul mammouth sachant lire et écrire !
Fiche #1435
Thème(s) : Jeunesse
Antoine Choplin nous offre cette fois quatre nouvelles qui partagent peut-être un monde déshumanisé, presque inerte, sans but, froid, les gouffres sont partout, chacun rencontrera le sien au bout de sa route. Et pourtant, dans chaque nouvelle, les héros poursuivent un but, fou, surréaliste ou anodin mais un but tout de même. Dans la première nouvelle, deux hommes évitent des gouffres dans un monde en perdition et détruit afin de rejoindre un canal salvateur. Dans la deuxième, le héros s’évertue à éviter le cour des choses, programme fou. La troisième se déroule dans un camp. Trois prisonniers décident de rendre un dernier hommage à une scientifique elle aussi internée et qui vient de décéder. Enfin, dans la dernière, un homme et un instrument exceptionnel avancent...
Ecouter la lecture de la première page de "Les gouffres"Fiche #1436
Thème(s) : Littérature française
Encore un très bel album dans la collection "Ohé la science" qui présente simplement et efficacement les différents régimes alimentaires de la faune. Carnivores, herbivores, insectivores, omnivores ou granivores, aucun n'y échappe !
Fiche #1425
Thème(s) : Jeunesse
A l'heure où les ombres s'allongent surgit un samouraï. La faim le tenaillant, il rentre dans une auberge. Trois bandits repèrent immédiatement son superbe katana. Le samouraï demeure impassible. Mais comment pourra-t-il résister à leur violence ? Superbe tant dans les illustrations particulièrement en phase avec le conte que dans le texte sous forme d'haïkus. A faire lire à tous les p'tits pirates !
Fiche #1426
Thème(s) : Jeunesse
La famille lapin vit bien au chaud la fin de l'hiver. Comme la forêt, tous attendent avec impatience le printemps. Pourtant, le plus jeune, Petit lapin, n'a encore jamais rencontré le printemps. A quoi peut-il bien ressembler ? Tendre et doux à la fois.
Fiche #1427
Thème(s) : Jeunesse
Une famille a garé sa camionnette sur la côte de Gascogne, non loin de la dune du Pyla pour y passer la nuit. Le lendemain matin, le garçon est réveillé bruyamment par des aboiements, un chien sans collier semble l'appeler. Le garçon sort sans rien dire à ses parents et suit le chien très agité qui part en courant. Où va-t-il le mener ? Une belle aventure d'où naitra une amitié qu'il n'est pas prêt d'oublier.
Fiche #1428
Thème(s) : Jeunesse
14-18 Une minute de silence à nos arrière-grands-pères courageux
Le Seuil
107 | 12-03-2014 | 18€
Un livre coup de poing qui montre en une série de gros plans la guerre, la guerre meurtrière, aveugle et violente. Sombre, sans texte, le dessin de T. Dedieu suffit. Pas de commentaire, grimaçant, le souffle coupé, pour ne pas oublier l'horreur de la guerre.
Fiche #1429
Thème(s) : Jeunesse
Le lapin adore les contes. Il les connaît tous par coeur et il n'a qu'une seule envie, être le héros d'un conte ! Il n'y a pas de raison pourquoi les contes ignorent-ils les lapins ?
Fiche #1430
Thème(s) : Jeunesse
Une méthode poétique et d'une grande douceur, calme et sérénité, qui donnera toutes les clés aux petits aventuriers pour observer les extraordinaires baleines.
Fiche #1431
Thème(s) : Jeunesse
Le papa de Loli est respecté dans la cité. Il adore son jardin et même les p'tits caïds du quartier regardent ça avec intérêt. Alors quand il se retrouve en prison, la solidarité de tous sauvera la famille et le papa qui a fait une grosse bêtise ! Un sujet difficile abordé avec tact, délicatesse et humanité.
Fiche #1432
Thème(s) : Jeunesse
Une superbe adaptation de la nouvelle fantastique de Maupassant. Une nouvelle lecture qui traduit bien la tension croissante et la montée progressive du fantastique et de la folie dans laquelle tombe le héros.
Fiche #1433
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Quelques années après la chute de Franco, à Gérone, un adolescent de la classe moyenne qui rencontre quelques soucis au lycée croise dans une salle de jeu Zarco et Tere une fille qui l’accompagne partout. Attiré par les deux et amoureux de Tere, Ignacio franchit la frontière, passe du côté de ceux qui n’ont rien, rien à perdre, frontière de quartiers, frontière sociale, frontière vis-à-vis de la légalité et frontière vis-à-vis de la liberté. Petits larcins puis braquage, Ignacio participe à tout. Puis Zarco est arrêté et prend la direction la prison. Zarco étant devenu une légende, un romancier est chargé de raconter cette histoire, recueille les témoignages et retrace le parcours chaotique de Zarco. Trois témoins apportent des points de vue différents à cette aventure : Ignacio est devenu un brillant avocat et vingt ans plus tard assurera la défense de son ancien compagnon, le commissaire de police qui a arrêté Zarco et le directeur de la prison. Au milieu de tous ces fils emmêlés, l’écrivain et le lecteur tenteront de faire émerger la vérité. Mais n’y en a-t-il qu’une ? Javier Cercas apprécie le doute, laisser la réflexion se construire et mettre à mal les certitudes, soulève questions et interrogations sans jamais asséner ses vérités, parle de rencontres, d’enchaînements d’événements, d’incertitude et de culpabilité. Un roman dense qui se dévore !
« Si on ne comprend pas qu’il y a des choses plus importantes que la vérité, on ne comprend pas combien la vérité est importante »
« Voyez-vous, j’ai toujours entendu dire que dans les relations entre les gens, la première impression est celle qui compte. Il me semble que ce n’est pas vrai : il me semble que la première impression est la seule qui compte ; tout le reste n’est qu’ajouts qui ne modifient en rien l’essentiel. »
« … un livre est comme un miroir, et que ce n’est pas le lecteur qui lit les livres mais les livres qui lisent le lecteur… »
Fiche #1422
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Elisabeth Beyer
Thomas arrive à la fin de sa peine de prison. Un dernier combat de boxe, une dernière victoire et c’est la sortie. Personne ne l’attend, alors il part à la rencontre de son passé et de la Dandine, la péniche de ses parents dans laquelle il a vécu son enfance puis de longues années. Son père est décédé et sa mère en maison de retraite. La Dandine a été rachetée par la famille de sa mère qui les méprisait au plus haut point. Pourtant Thomas ne semble pas animer par la haine ou la rancune et décide de les rencontrer ainsi que Nacira son amour de jeunesse… C’est noir, c’est âpre et ça laisse un goût amer, une réussite donc !
Ecouter la lecture de la première page de "A fond de cale"Fiche #1423
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Un polar de 640 pages est ardu à résumer ! Et si en plus, l’auteur est Steinfest, cela devient carrément impossible ! En effet, l’auteur construit des romans singuliers, polars certes, mais la résolution de l’intrigue est loin d’être rectiligne, elle passe par digressions, réflexions philosophiques, anecdotes, descriptions, faux semblants… sans oublier un zest d’humour ! On pourra néanmoins dire qu’il s’agit d’Anne Gemini une jeune maman totalement dévouée à son enfant unique handicapé qui l’accompagne 24 heures sur 24. Pour gagner sa vie, elle décide de devenir tueuse professionnelle, « en assassinant de parfaits inconnus sur l’ordre d’autres inconnus tout aussi parfaits ». Mais quand ce parfait inconnu est un ambassadeur norvégien même transparent, cela engendre nécessairement une enquête. Le privé chinois autrichien Markus Cheng est chargé de l’affaire et consentira même à revenir dans son pays d’origine à Vienne… et avec lui, vous découvrirez le 4711 dont la somme des chiffres ne fait pas 14 ! Foisonnant, dense et original !
« Mais les pensées, bien sûr, sont comme ce que l’on dit en général des insectes : importunes. »
« La patrie, c’est comme une arme qu’on se braque sur le front nuit et jour sans jamais presser la gâchette. »
« Après coup, on trouve toujours une bonne raison. A tout. Rétrospectivement, chacun de nous serait prêt à sauver le monde. Rétrospectivement. »
Fiche #1424
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction :
Corinna Gepner
Antoine Simiac est un orateur né. Il emporte avec lui la foule et il est donné gagnant aux prochaines élections présidentielles. Et pourtant, il ne sera pas élu. Il croisera la route d'un homme armé d'un gros calibre. Le poète est assassiné, le meurtrier arrêté et condamné. Mais agissait-il seul ? Manipulations ? Contrat ? Dix-sept ans plus tard, l'assassin sort de prison et une superbe jeune femme aguichante l'attend à sa sortie... Encore une histoire bien noire renforcée par le trait de crayon de Vincent Gravé. Superbe !
Fiche #1420
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Tout y est : le prisonnier évadé traqué par la police, la pépée en pleine nuit, seule dans sa voiture avec un cadavre dans le coffre. Les deux se croiseront et feront un bout de chemin ensemble. Mais madame est bien pire qu'une vipère ! Du noir dans le texte, dans les situations et dans les dessins, que du bonheur !
Fiche #1421
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Un nouveau virus, Animalia, affecte les hommes. Affaiblis, ils sourient puis meurent dans une béatitude heureuse. A Paris, au jardin des plantes, trois personnages entreprennent de sauver l’humanité. Jeanne est une scientifique rigoureuse, elle travaille au séquençage du génome des singes que le virus épargne. Elle rencontre Sheena, une petite femelle bonobo rejetée par les dresseurs qui a conservé toute son animalité. Jeanne recrute alors Zem, un homme étrange, vagabond admirateur des arbres, sorte de poète fou, pour les accompagner. Le lecteur est incité à s’introduire au cœur de chaque personnage, à endosser sa personnalité, éprouver ses sentiments et donc à partir avec eux à la recherche de la vérité, de sa vérité. Un premier roman singulier qui, de la genèse à aujourd’hui voire demain, offre trois portraits de personnages hors du commun, quelque peu éloignés du monde qu’ils veulent pourtant sauver.
Premier roman
Fiche #1419
Thème(s) : Littérature française
Antoine vit une histoire d’amour avec la Grèce et il aimerait la partager avec Laurence à qui il fait découvrir « ce scintillement du soleil sur la mer, cette sublime transparence… Elle était sidérée. Comme si elle n’avait jamais vu la lumière. » Patmos aimante irrésistiblement ses visiteurs. Puis ils découvrent une vieille baraque sur un grand terrain. « Une petite maison. Ce n’est pas une vraie maison, en fait : un rêve de maison. Comme Patmos n’est pas une île, mais un rêve d’île. ». Ils l’achètent, la retapent aussi bien pendant les étés caniculaires que pendant les hivers glaciaux, croisent une Grèce en pleine crise loin des clichés habituels. En outre, Antoine est persuadé que cette maison n’est pas comme les autres, elle est si proche d’une grotte où saint Jean aurait eu une vision de l’Apocalypse… « Ce Jean m’obsédait. ». Entre nature et spiritualité, Antoine Silber dresse un portrait amoureux délicat et sensible d’un pays lumineux, d’une île spirituelle et d’une sublime petite maison blanche aux volets bleus, "La Grèce était si belle ! La Grèce ne mourrait jamais !".
Ecouter la lecture de la première page de "Les cyprès de Patmos"Fiche #1418
Thème(s) : Littérature française
Thomas GORNET
Je porte la culotte - Le jour du slip
Le Rouergue
95 | 62 pages | 01-03-2014 | 7.5€
en stockRéalité, rêve ou cauchemar ? D’un côté, une culotte, de l’autre un slip. D’un côté Corentin, de l’autre Corinne. L’un se réveille fille, l’autre se réveille garçon ! L’horreur ! Pourtant, chacun d’eux devra vivre une journée à l’école, avec ces copines et copains avec cette mutation incroyable ! Drôle, très drôle !
Ecouter la lecture de la première page de "Je porte la culotte - Le jour du slip"Fiche #1417
Thème(s) : Jeunesse
Boby, né « souzixe », vit en famille d’accueil. A l’école, il vaut mieux ne pas l’embêter, p’tit dur aux allures de caïd, il ne se laisse pas faire et le fait savoir ! Un soir, devant l’arrêt de bus, Mado, grosse, fatiguée et solitaire, arrive avec ses sacs de courses, et se fait agresser par trois ados. Boby intervient, met en fuite les agresseurs et acceptent de raccompagner Mado. Mado en est toute retournée, personne n’est jamais venu dans son antre, toute fière de lui présenter ses plantes carnivores et son élevage de mouches ! Boby reste quelque peu interloqué voire apeuré devant Mado mais il s’apercevra rapidement que cette rencontre le marquera à jamais. Une belle et émouvante rencontre entre deux « extra-terrestres » !
Ecouter la lecture de la première page de "Mado m'a dit"Fiche #1416
Thème(s) : Jeunesse
Anna est avocate et mariée à Bertrand. Le couple s’est installé à la campagne et semble baigner dans le bonheur. Ils ont décidé de vivre pour eux, sans enfant. Pourtant deux évènements vont venir ébranler Anna. Elle croit voir un enfant s’introduire pour la nuit dans une vieille remise au fond du jardin. Elle l’observe, il devient son petit (« Se penser mère. » alors qu’elle est consciente que « Dans ma famille, les mères n’aiment pas leurs enfants. ») sans pourtant oser dévoiler à d’autres son existence. Dans le même temps, Ava, sa mère, disparaît. Une mère qui ne lui jamais apporté ce qu’elle attendait. Anna n’a connu de courts instants de tendresse qu’avec sa grand-mère. Cette disparition l’incite à être différente, elle change et revient progressivement sur son passé, ses désirs, ses manques. Ava avait définitivement pris possession d’Anna et Anna, marquée à jamais par cette enfance, profitera-t-elle sereinement de cette libération ou plongera dans une folie incontrôlée et sans fin ? Un portrait émouvant d’une femme animée de sentiments complexes que la souffrance mine puissamment et pousse à l’isolement.
Premier roman
Fiche #1414
Thème(s) : Littérature française
Taguchi Hiro et Ohara Tetsu se rencontrèrent par hasard sur un banc, dans un parc. Taguchi, le plus jeune, sortait de la chambre où il était resté cloîtré deux ans. Ohara venait d’être licencié, il n’osait l’avouer à sa femme et venait manger la gamelle qu’elle lui préparait. Leurs solitudes se font face. Ils s’observent, puis se parlent, se confient. Chacun se raconte avec franchise, sans faux semblant ni retenue. Ils avancent tous les deux, ensemble, à un rythme contenu presque main dans la main. Aucun des deux ne s’épargne et ils vont apprendre à se connaître. Au coeur de chaque confession, au milieu d’une histoire simple, une violence sourde apparaît subrepticement. Le temps et la parole les libèrent, ils s'aident ainsi mutuellement pour enfin s’accepter. Un roman singulier et attachant, un écrivain autrichien à l’écriture japonisante qui, par petites touches et avec délicatesse et subtilité, susurre un hymne à la vie réconfortant.
Premier roman
« Rencontrer quelqu’un, c’est s’impliquer. »
« Plus jamais, je me l'étais juré, je ne voulais avoir part à la souffrance d'un autre. Il devrait le savoir. Que pleurer et agoniser sont des affaires privées.
Fiche #1415
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Olivier Mannoni
Caroline N. Spacek est un écrivain accompli, adulé. Dès son premier roman, elle a marqué et impressionné le monde littéraire. Elle vit maintenant loin de l’agitation, du monde, retirée et barricadée dans une grande maison à la campagne. Presque inexplicablement, elle accepte pourtant de recevoir Lou un jeune étudiant. Il ne la connaît pas mais admire son œuvre. Ils passeront finalement deux mois ensemble. Quelque chose semble les rapprocher, peut-être une enfance violente, peut-être pas. Il s’efface, l’écoute, serait prêt à tout pour suspendre le temps et tout apprendre d’elle, tout comprendre. Il laisse s’installer avec bonheur et surprise une intimité qu’il n’espérait pas, « Lui faire ouvrir les doigts. Savoir ce qu’elle dissimulait au creux de sa paume. ». Progressivement, elle revient sur sa vie, son écriture, son œuvre. Elle revit littéralement son histoire, dissèque son travail et retrouve tous les sentiments, fougue, colère, désespoir, qui l’ont alors animée, loue la seule richesse à ses yeux, les livres, les mots et la lecture. Elle revient sur la métamorphose qu’elle a accomplie par les mots, par sa volonté, aussi forte et combattante que fragile, la femme est terriblement attachante. Un roman (ou deux) parfaitement maîtrisé, travaillé, construit qui livre le portrait fascinant d’une femme fière et fragile mais aussi une réflexion sur l’écriture, les mots, la création, les douleurs et joies qui l’accompagnent, la recherche du mot parfait et la solitude qui s’installe inexorablement. Un premier roman étonnant !
Premier roman
« Les phrases étaient du métal aussi, une substance pure qu’il fallait extraire patiemment du sable dur de la mémoire. »
« Ce qu’ils appelaient violence, c’était simplement ce qu’ils ne reconnaissaient pas. »
Fiche #1413
Thème(s) : Littérature française
Après une longue période d'éloignement, une fratrie de quatre se retrouve entre les murs de leur enfance, « Ils se tiennent aux quatre coins de la pièce. » « Ces murs nous ont façonnés, nourris, portés. Tu imagines parfois notre vie, sans Somanges ? Je repense à nos rires, notre complicité, nos disputes, ces petits riens du quotidien qui ne laissent de trace qu’à l’intérieur. ». La mère les a convaincus de venir, il faut débarrasser, vider la maison, elle ne peut y demeurer seule. Chacun se retrouve, la parole évoque le passé, discrètement, avec moult sous-entendus. L’héritage futur est même évoqué. Pourtant, deux ans plus tard, rien n’a évolué, ils se retrouvent en Grèce, chez l’aîné revenu dans leur pays d’origine. Chacun prendra la parole, l’objectif le fixera, le dévoilera petit à petit : sa relation aux autres, les souvenirs, comment s’est-il construit sur l’histoire de cette famille, ses différences, sa fragilité, sa colère. Entre douceur et violence, l’image de chacun se construit page après page, devient nette malgré une tension permanente, il y eut connivence et fusion puis rupture, le lien s’est brisé et le passé demeure inscrit en eux (« Tu l’as dit, c’est inscrit en nous, on ne se débarrasse pas de son passé. ») mais si la parole se délie, ils repartiront peut-être plus libres et légers… Ce court roman choral au style parfait se lit d’une traite et aborde avec justesse le poids de la famille qui impose souvent à chacun sa place (« J’ai tenu le rôle qu’on m’avait assigné. »), sa manière d’être (« Les habitudes familiales doivent-elles cesser à un certain point de notre existence ? Le peuvent-elles ? Ou faut-il renoncer, prendre de la distance au risque de se perdre ? »), le poids et le venin des silences, et glisse quelques vérités sur la culpabilité, l’enfance, l’éloignement, la solitude et l’émancipation.
Ecouter la lecture de la première page de "Quatre murs"Fiche #1411
Thème(s) : Littérature française
Abel Truman est au cœur de Wilderness, roman ample et puissant, qui oscille entre deux périodes de la vie de ce vieux solitaire. Hanté par son passé, sa honte et son sentiment de culpabilité, Abel Truman a décidé de fuir et pris part à la tristement célèbre bataille de la Wilderness. Cassé de toute part, il a survécu et vit maintenant en ermite sur la côte du Pacifique Nord-Ouest avec son chien. Pourtant, il a décidé d’entreprendre un ultime voyage. Dernières aventures toujours aussi périlleuses, les mauvaises rencontres sont légion… et les instants d’humanité rares qui le mèneront néanmoins vers une rédemption finale. Grande et longue épopée aussi violente et noire que sublime dans ce roman éclairé à la fois par un style délicat et parfois poétique et sa construction (va-et-vient permanent sur 30 ans d’existence).
Premier roman
Fiche #1412
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
François Happe
Anita, la cinquantaine bourgeoise, est au centre de l’histoire d’un bonheur. Un mari vénéré, deux enfants, un chien. Tendance égocentrique, elle semble apprécier pleinement sa vie, son univers, « Heureuse d’être là où je suis », et être bien installée dans son petit bonheur bourgeois, facile, si simple… enfin… presque… Elle tente surtout de s’en persuader. Et elle ne pensait certainement pas trouver en Noureddine, un jeune petit voyou déjà bien éprouvé par la vie, une béquille salvatrice, ni que son beau frère, Simon, homme solitaire, triste et marqué par la vie, rencontrerait Nathalie sa voisine perdue après la trahison de son mari. Chacun se frotte à la vie, se heurte aux soucis et tracas alors que nos existences paraissent parfois tracées, imposées voire subies. Pourtant les rencontres peuvent réorienter, sauver, réveiller, susciter quelques instants fugaces ou persistants de bonheur partagé et nous permettre d’emprunter collectivement le chemin de la liberté. En variant les styles au gré des personnages, Geneviève Damas réussit avec «bonheur» un roman polyphonique qui met à mal quelques préjugés en louant les rencontres, le partage dans la différence, la solidarité et l’entraide.
"Peut-être que, la vie, ce n'est rien d'autre que ça, écumer le monde en tout sens en cherchant désespérément le panneau qui vous indique la route pour chez soi."
Fiche #1410
Thème(s) : Littérature étrangère
P'tit cousu demeure dans la pièce oubliée du château de Grottegroin et c'est là qu'il découvre le journal de bord du capitaine Eclair, un terrible pirate avec lequel il se trouve quelques points communs ! P'tit cousu pirate, ça lui plait bien, et les pirates n'ont peur de rien, enfin presque !
Fiche #1409
Thème(s) : Jeunesse
Victor Beauregard a neuf ans, quelques certitudes, beaucoup de rêves et de projets. Pour l’instant, il a décidé d’écrire un livre, qu’il dédicacera peut-être dans la librairie de sa mère, pour partager avec ses futurs lecteurs ses dernières vacances avec sa mère et son amie Pilar et sa grande sœur Alicia. Ses parents se sont séparés, son père est donc hélas absent et en outre, il a toujours refusé d’occuper cet appartement à Cap Martin (« J’aimerais bien l’aider à grandir même si je suis petit en tout. »). Soleil, mer, orages, copains et copine occupent les journées jusqu’à la rencontre avec des jumeaux étranges. Mais rien ne peut effrayer le courageux et insouciant Victor ! Toujours aussi tendre, poétique et sensible les romans de Gilles Paris. Pas de grande théorie psychologique ou psychanalytique, simplement la sincérité, la naïveté, la fraîcheur et la candeur d’un enfant de neuf ans qui n’est pas pressé de grandir comme le lecteur n’est pas pressé de le quitter !
« Et si grandir c'était essayer de rendre sa vie meilleure, jour après jour ? »
Fiche #1408
Thème(s) : Littérature française
Jean-Claude LEROY
Rien seul
Cénomane
85 | 112 pages | 29-01-2014 | 15€
Cédric est encore si jeune quand il suit Jean-Pierre sur la route. Petits boulots, des rencontres rapides, Judith qui le prend sous son aile puis Annick qui donne naissance à Violaine. Pourtant, le regard noir, il continue de vivre au jour le jour. Peu d’espoir et sans illusion, il sait inconsciemment ce que sera son avenir. Que peut-il attendre de cette société ? Il intrigue, dérange, mais « Il y a simplement qu’il s’ennuie, qu’il doit redoubler d’efforts pour rester dans le monde. » Il reprend son chemin, que faire d’autre ? Quelques répits, aussi courts et inattendus qu’épisodiques. Et pourtant. Une lueur ténue, la rencontre par hasard, au gré de pérégrinations, avec la grand-mère, une solitaire taciturne qui lui ouvre la porte, ne lui demande rien, n’exige rien, n’attend rien. Elle partage simplement son quotidien. Il se laisse prendre, presque emporter par la vie, humble, sans paroles, mais avec tant d’humanité. Un regard en dit parfois plus. Il réapprend quelques gestes, quelques odeurs, quelques sentiments inhérents à la vie auprès de cette grand-mère. Mais la société bien-pensante pourra-t-elle l’accepter ? Elle s’occupe nous et l’on devrait évidemment l’en remercier ! Un texte émouvant appuyé par une belle écriture suscitant un triste cri de révolte.
« Des chants d’esclave naquit le blues, or il y aujourd’hui une mélopée de la soumission qu’il faut savoir pousser, sans art, afin de complaire aux miliciens de la cohésion sociale. »
« La vie survient du passage du temps. »
Fiche #1407
Thème(s) : Littérature française
Cathy YTAK
Thomas SCOTTO
Le garçon d'écume - Le garçon des rives
Le Rouergue
84 | 44 pages | 27-01-2014 | 7.5€
en stockDeux textes comme toujours dans la collection Boomerang qui se répondent et qui parlent cette fois d'amitié entre deux petits garçons. Deux garçons de chaque côté du livre et de la rive. L'un regarde passer les péniches mais surtout celle de Sylvain et l'autre observe les maisons défilées depuis la péniche mais surtout celle de Samuel. Ils se font signe, timidement et espèrent se rencontrer un jour. Puis, enfin, la péniche fait une halte non loin de la maison.
Ecouter la lecture de la première page de "Le garçon d'écume - Le garçon des rives"Fiche #1406
Thème(s) : Jeunesse
Comment fait-on l'amour pendant la guerre ?
Buchet-Chastel
83 | 160 pages | 26-01-2014 | 15€
en stock« Comment fait-on l’amour pendant la guerre ? ». Ici, ailleurs ? Question obsédante, intemporelle, universelle. Donatienne dans les rues de Nantes ou de Beyrouth feint de chercher sa réponse. Donatienne est écrivain et entretient une relation amoureuse à distance avec Jad, journaliste à Beyrouth. La guerre et cette question l’obsèdent. Elle, l’écrivain, comme chacun d’entre nous, est poursuivie, par une guerre, par ses guerres. Personne ne peut y échapper, celles que chacun a vécues, celles de ses ancêtres, celles de son pays, mais aussi naturellement, celles des autres. Nous la faisons, nous la subissons, nous l’attendons, les écrivains la relatent en infléchissant parfois l’histoire. Et pourtant, nous restons, nous vivons, nous faisons l’amour. Un court roman à l’écriture précise et soignée singulier par sa construction et sa tentative de réponse à cette question essentielle.
« La guerre n’est pas un récit, c’est une impuissance à vivre, à parler, à écrire. »
« La littérature n'est pas la vie, écrit sa fille, elle est simplement le révélateur de l'invisible de la vie : c'est-à-dire l'essentiel et la plus grande part de ce que nous sommes. »
« ... il est bien inutile de se chercher une identité, on a juste à vivre dans les lieux que le destin nous offre. »
Fiche #1403
Thème(s) : Littérature française
Recueil de neuf nouvelles (certaines très courtes) souvent sombres qui se déroulent toutes dans l’environnement d’un collège. Action, suspense, fantastique, rêve pour décrire le collège du futur où les nouvelles technologies ont pris toute leur place. Chaque collégien trouvera à coup sûr la nouvelle qui lui conviendra dans ce recueil !
Ecouter la lecture de la première page de "Tu veux savoir ?"Fiche #1404
Thème(s) : Jeunesse
Côte mexicaine paradisiaque, enfin presque : « Ici, la réalité est déjà déformée. » Enlèvements, assassinats, drogue. Et même sur ces dérives, un peu d’imagination, pas de scrupules et il y a du fric à se faire ! Mario Müller, ancien rocker, l’a compris et crée un complexe touristique antre de la terreur, « … on vivait dans la Pyramide et que ce complexe touristique était censé représenter la Ville. On était isolés, en marge de tout. ». Les activités proposées aux touristes avides d’émotions fortes sont singulières, le GO est imaginatif ! Pourtant, lorsque Tony, un ancien compagnon de son épopée musicale arrive, la petite communauté tremble… Assassinat, enquête, flic pas très net... Un huis clos tendu enclin à une plongée au plus profond de la noirceur de l’âme humaine et de la société mexicaine.
« Les Etats-Unis ont toujours une guerre à te proposer pour expier tes fautes. »
« Le prix à payer pour tout ce que j’avais consommé, c’était la réalité. »
« Le tiers-monde est là pour sauver les européens de l’ennui. »
Fiche #1405
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Isabelle Gugnon, Juliette Barbara
Au fin fond d’une vallée perdue, dans le froid, un peuple continue de vivre, simplement, loin de tout, en symbiose avec la nature. Jusqu’au jour où un groupe d’aventuriers décide de s’y installer afin d’exploiter les riches et nombreuses matières premières de la vallée. L’avenir de la vallée s’obscurcit, le progrès a ses lois… Que pourront Kraa l’aigle puissant et maître de la vallée et son frère le jeune indien Yuma contre cette évolution mortifère ? La colère blanche de l’orage est le troisième et dernier volume de cette série superbe tant au niveau du scénario que du graphisme.
Fiche #1400
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Alors qu'une future maman attends un heureux évènement, elle observe la nature et relève ses transformations et mutations, la chenille devient papillon, le têtard devient grenouille... Et puis il est là, l'enfant si attendu, et il ne lui reste qu'à découvrir le monde. Une attente fraiche et poétique !
Fiche #1401
Thème(s) : Jeunesse
Voici une superbe édition intégrale de la série diptyque Fraternity qui nous plonge au coeur d’une communauté vivant en autarcie au moment de la guerre de sécession. Fraternité et partage animent ces hommes. Partage des richesses, partage des tâches, une nouvelle société… Mais les tensions et jalousies apparaissent. Et quand ils découvrent un enfant sauvage et une étrange et dangereuse créature, la communauté vacille…
Fiche #1402
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Le couple d’Estelle et d’Arnaud vacille dangereusement autour de leur fils unique Auguste. Estelle est sur le départ. Pourtant la famille, comme tous les ans, part vers la même destination, loin de Marseille et de son port. Direction le Cap-Ferret et la même place de camping avec la vieille tante héritage d’une lointaine période où le couple flottait dans l’harmonie parfaite. Une baignade entre deux engueulades. Puis, le frère d’Arnaud débarque à l’improviste, comme d’habitude. Fraîchement sorti de Fleury, insouciant, sans retenu, il mord la vie et adepte du parler vrai, il n’hésite pas à bousculer ce couple en perdition. Estelle tente de l’ignorer, Arnaud ne peut le rejeter (c’est son frère tout de même !), Auguste l’adore. La tension va crescendo autour des destins maintenant liés du couple et du frère au parcours chaotique... Vif, nerveux, on le lit d’une traite, la vague vous heurtera de plein fouet et vous emportera, inexorablement !
Ecouter la lecture de la première page de "Baignade surveillée"Fiche #1398
Thème(s) : Littérature française
« En plus je m’appelle Frédérique. C’est vraiment pathétique. ». Frédérique se croit évidemment différente, « nous sommes nombreuses à être des "trop" ou des "pas assez". ». Fred se moque de l’apparence, ne se maquille pas, ne sait pas danser, style garçon manqué, elle a une passion : le skate. Pourtant, sans vraiment se l’avouer, elle ne désespère pas de trouver le prince charmant, elle aussi aimerait découvrir l’amour. Jo Witek explore avec justesse et humour l’âge où les jeunes filles se cherchent, se construisent, éprouvent les premiers émois amoureux et les recherchent alors que boutons et appareils dentaires font traîtreusement leur apparition. Elle n’oublie pas le rôle et parfois le poids de la famille (même si, ici, ce n’est pas n’importe quelle famille). Un roman vif, drôle et optimiste qui incite chaque ado à croire en lui, à s’accepter, à savoir forcer le destin si nécessaire et enfin à laisser les complexes au bord de la piste !
Ecouter la lecture de la première page de "Un jour j'irai chercher mon prince en skate"Fiche #1399
Thème(s) : Jeunesse
Bruno Kerjen vit en région parisienne et travaille dans une grande entreprise de l’électronique : « Il n’aimait ni ne détestait son métier, l’accomplissant davantage par devoir que par passion, soucieux du travail bien fait. ». On pourrait dire la même chose pour sa vie, un environnement très restreint, peu de rencontres, peur des autres et des femmes, peu d’espoir, de rêves et d’envies, amoureux du silence. Bruno, lucide et « larbin de sa propre vie », craintif et non totalement désespéré, « Voilà ce qu'on est, Bruno, des middle, des mecs qu'on voit sans voir, qu'on fréquente sans aimer, des mecs comme il y en a tant dans le paysage, des types qui ne manquent à personne mais dont on ne peut pas se passer parce que ça fait ressortir les autres, les têtes de vainqueur. », c'est comme ça, c'est sa vie. Lors d’un retour à Saint-Malo où il retrouve un ancien camarade, il croise Marlène, la belle Marlène, son premier amour inscrit en lui, la dangereuse Marlène de ses années de lycées. Une lumière s’allume, il rêve de l’avoir pour lui seul, elle jouera de cette envie, de cet espoir. Bruno avait-t-il droit au rêve ou ne restera-t-il qu’un standard ? Nina Bouraoui dresse ainsi le portrait douloureux de la France des invisibles, « ils étaient nombreux et leur nombre voué à augmenter. »
Ecouter la lecture de la première page de "Standard"Fiche #1396
Thème(s) : Littérature française
Maureen et Francis O’Mara habitent une modeste maison de Froggie, non loin du Loch Ness. Ils partagent une grande fierté, leur fille unique, Patricia. Ils ont tout fait pour elle et ne sont pas peu fiers du dernier prestigieux diplôme qu’elle vient d’obtenir. Ces jours-ci, c’est l’euphorie et l’agitation. Patricia vient passer quelques jours avec eux pour fêter ses 25 ans. Ils ont tout prévu et la fête sera inoubliable ! Francis envoie un chauffeur pour récupérer Patricia à la descente de son train et c’est le drame, l’horreur. Patricia est retrouvée morte au bord de la route et le chauffard ne s’est pas arrêté. Le couple tombe dans une torpeur profonde alors que l’enquête officielle débute. Rapidement, dans le silence, ils tombent d’accord. L’enquête traîne et il leur faut trouver le coupable par eux-mêmes et venger la mort de leur Patricia. Francis ira jusqu’au bout, rien ne l’arrêtera, pas même les vents de l’enfer. Pour démarrer, un seul indice, une trace de pneus, mais il en faut plus pour décourager et stopper le têtu Francis, la traque est lancée… Noir, captivant et tendu !
Ecouter la lecture de la première page de "Si tu meurs, elle reviendra"Fiche #1397
Thème(s) : Jeunesse
Josie est une vieille dame qui mène une vie de solitude dans une maison isolée au cœur de la campagne irlandaise (superbement décrite par Edna O’Brien). McGreevy est un homme traqué, clandestin en fuite, il appartient à l’IRA. Il se réfugie dans la maison de Josie. Face à face étrange, ambigu, tendu. Josie se confie progressivement, revient lucidement sur son mariage, sur son mari violent, ses amours fantasmés. Elle ne comprend pas McGreevy et son engagement, elle osera une question, puis deux, le dialogue se noue et les deux se rapprocheront l’un de l’autre malgré leurs différences, la tension et la peur partagée. Dans ce roman à la construction singulière et à l’écriture accomplie, Edna O’Brien excelle encore une fois pour nous parler sans retenue ni parti pris de l’Irlande (« Terre si vieille et hantée, si affamée et repue. »), des femmes, des luttes et des convictions menant souvent au sacrifice, de la fraternité et de la haine, du poids de l’histoire, de la religion et de la violence sur les destins individuels.
« Cette façon qu’avait le soldat de croire qu’ôter la vie à un Anglais compenserait des siècles d’injustice, mais comment cela pourrait-il ? »
« Quand nous ôtons la vie, nous crions d’une certaine voix, et quand nous perdons la vie nous crions d’une autre voix. »
« Oui, les fils sombres de l’Histoire formaient boucle sur boucle, les enserrant peu à peu dans ses rets, elle et les gens comme elle - pris au piège. »
Fiche #1394
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Jean-Baptiste de Seynes
Les personnages principaux appartiennent à la même entreprise, Buronex et l’on suit une semaine de leur quotidien. Agathe, la secrétaire, omniprésente, pilier de l’entreprise, elle est là depuis très longtemps. Assez désagréable, elle ne se laisse impressionner par personne, ni par la jeune sage et docile stagiaire Ludivine, ni par Norbert le jeune directeur commercial grand amateur des expertises économiques déblatérées sur les ondes radiophoniques. Pourtant la semaine s’annonce mouvementée, en pleine crise, un gros client américain arrive avec l’espoir d’un contrat juteux ! Chacun va devoir abattre ses cartes, « A l’heure où le monde allait à sa perte, le bonheur était à portée de mains »… Conte ironique, légèrement amer, fable endiablée, pétillante et folle !
Ecouter la lecture de la première page de "L'euphorie des places de marché"Fiche #1395
Thème(s) : Littérature française
Pedro aimait les mots, les mots des autres, la poésie. Il aimait les partager, les faire voler, passer. Il était joyeux, fou, sans limite. Il regardait chaque personne, chacun trouvait sa place à ses côtés, il prenait les devants. Mais il est mort, il s’est envolé et l’un de ses deux amis écrit une longue lettre d’amour. Dans cet hommage, il revient sur son parcours au cœur d’Haïti où la vie est si trépidante, ardue, exubérante, violente et si terriblement humaine. Pourquoi la poésie ne l’a-t-il pas sauvé ? Où se situe la rupture ? Toujours aussi vif et sensible !
« C’est toujours sur le dos des autres qu’on développe des amitiés. »
« La mort ne commence rien, à part ce sentiment de perte qui habite nos insomnies. »
« Nul n’échappe au pouvoir de la détestation. Il y a toujours quelqu’un pour détester quelqu’un. »
« Tu t’en foutais pas mal des genres, des conventions qui font les esclaves. »
« Quand on publie un texte de son vivant, je suppose que c’est comme une lettre de demande, un appel au secours. On s’imagine qu’un lecteur, une lectrice, répondra à l’appel. Mais des textes posthumes ne peuvent plus rien pour leur auteur. Ils renvoient les lecteurs à leur aveuglement, à tout ce qu’ils n’ont pas pu saisir. »
Fiche #1391
Thème(s) : Littérature étrangère
Georges, agent immobilier, vit dans une ville de bord de mer où les chantiers navals ont fermé. Les projets immobiliers fleurissent, les lieux se transforment, « se modernisent ». Mais Georges est las de tout ça. Il change de travail et décide de remplacer le gardien du cimetière qui vient de décéder, un lieu idéal pour convoquer les fantômes du passé. Il espère y retrouver le calme tandis que la spéculation et les ambitions continuent d’animer la ville. Certains habitants particulièrement motivés y participent avec entrain préférant ignorer les craintes de leurs voisins devant ces mutations profondes. Georges, lui, a choisi de résister ! Une écriture singulière pour cette fable cruelle, drôle qui nous interroge judicieusement sur notre participation à la transformation des lieux et à la « modernisation » de notre environnement.
« Je l’ai très tôt soupçonné de posséder ce don là : être suffisamment servile pour que les autres le soient aussi, tout naturellement. »
Fiche #1392
Thème(s) : Littérature française
David FOENKINOS
La tête de l'emploi
J'ai lu
69 | 286 pages | 12-01-2014 | 13.5€
A 50 ans, Bernard, qui travaille dans une banque, semble convaincu que ses prochaines années ressembleront beaucoup aux dernières qu’il vient de vivre. C’est sans compter les surprises inattendues que nous réserve l’existence… Licencié, séparé de son épouse, sa vie bascule et s’accélère. Bernard retrouve alors ses vieux parents, vient bousculer leur quotidien et devra vite se réinventer ! Le lecteur éprouve un grand plaisir à lire l’histoire du antihéros Bernard, une histoire contemporaine qui peut concerner chacun d’entre nous. Bien ficelé, plaisant, drôle et frais. Reste à savoir si François Damiens acceptera le rôle de Bernard !
« On confère toujours d’étranges qualités aux silencieux, aux discrets. »
« Les enfants masquent les fissures de nos murs. »
« Se maintenir dans le bonheur est épuisant alors qu’il n’y a finalement aucun effort à fournir dans la chute. »
Fiche #1393
Thème(s) : Littérature française
Le jour de l’Assomption, Notre-Dame s’anime plus que d’habitude. Ca fourmille de partout, même les ecclésiastiques sont nerveux, la procession organisée en son sein pour honorer la Vierge Marie rassemble de nombreux fidèles. Le lendemain, tout le monde y compris les membres de l’église repère une jeune femme assise sur un banc, belle, éblouissante et provocante dans une robe très courte, immobile, elle attire autant qu’elle réfléchit la lumière. Pourtant, lorsqu’une Américaine s’assoit à côté d’elle, elle s’écroule. Certainement morte déjà depuis de longues heures, les visiteurs n’avaient rien remarqué. Petite révolution, la police débarque en nombre avec à sa tête Landard et Gombrowicz, deux flics qui ne font pas dans la dentelle, rapidement suivis par une jeune procureur, Claire Kauffmann qui prend vite cette affaire très à cœur. Tout le monde est interrogé, le personnel de la cathédrale et les fidèles. On sait rapidement qu’elle était présente le jour de la procession, avec la même tenue, et qu’elle a eu une altercation avec un jeune homme, angle blond au comportement saugrenu, un habitué des lieux. Coupable idéal. Mais pourquoi aurait-il refermé le vagin de la victime avec de la cire ? Le père Kern reste dubitatif devant trop d’évidences. Malgré une maladie sourde et handicapante qui le ronge et aidé par le prisonnier qu’il visite régulièrement, il mène sa propre enquête ce que remarque évidemment Landard et Gombrowicz… Alexis Ragougneau mène parfaitement le fil de l’enquête mais surtout propose une série de personnages emblématiques, vrais, épais, chacun (sur)vivant comme il le peut avec son histoire et ses failles.
Premier roman
Fiche #1390
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Sublimissime bijou noir que ce coffret ! D’abord dans la forme, l’objet est superbe, soigné, présentation impeccable. En outre, il réunit quatre grands auteurs et les quatre nouvelles sont à la hauteur de leur réputation, aucun doute, elles forment bien un ensemble cohérent et le coffret prend tout son sens. Enfin, le thème, toujours d’actualité, les femmes en colère, évidemment attrayant et traité avec personnalité par chaque auteur, des femmes courageuses aux caractères bien trempés, en colère, et souvent violentes. Chez Didier Daeninckx, onze vieilles dames, sans peur, viennent régler son compte à un banquier digne héritier d’une histoire chaotique. Chacune racontera sa vie de misère et le coup de massue finale porté par les placements pourris de la banque. Chez Marc Villard, Cécile et sa fille Lulu partage un mobile home à Ritsheim. Le froid s’installe, la neige tombe, seul l’alcool réchauffe la mère. Elles découvrent à proximité de leur caravane le cadavre d’une jeune Asiatique. Lulu ne le supporte pas et se lance dans une enquête avec l’intention évidente de venger cette mort inacceptable. Dominique Sylvain nous place au cœur d’un couple qui a décidé d’enfanter par procuration. Issara les aidera à obtenir l’enfant tant désiré. Pourtant, Elsa marche dans Bangkok, excitée, sur les nerfs, cherchant son enfant et son amour disparu. Elle est loin de penser qu’elle abandonnera d’elle-même son désir de vengeance devant la violence du réel. Enfin, Marcus Malte nous propose de rencontrer Tamara, une Guyanaise, qui a hérité d’une maison en métropole, et décide de s’y installer et de se lancer dans l’élevage de cochons. Etrangère, noire, travaillant comme un homme, le village la regarde avec un œil haineux. Sauf une petite fille, une gamine intrépide qui brave les interdits, et vient la rencontrer en cachette. Jusqu’un jour, Tamara décide de stopper ces agressions. C’est terminé, elle l’a décidé !
« Il ne suffit pas d’être Français pour ne pas être étranger. » (Marcus Malte, Tamara, suite et fin)
Fiche #1388
Thème(s) : Littérature française
Sublimissime bijou noir que ce coffret ! D’abord dans la forme, l’objet est superbe, soigné, présentation impeccable. En outre, il réunit quatre grands auteurs et les quatre nouvelles sont à la hauteur de leur réputation, aucun doute, elles forment bien un ensemble cohérent et le coffret prend tout son sens. Enfin, le thème, toujours d’actualité, les femmes en colère, évidemment attrayant et traité avec personnalité par chaque auteur, des femmes courageuses aux caractères bien trempés, en colère, et souvent violentes. Chez Didier Daeninckx, onze vieilles dames, sans peur, viennent régler son compte à un banquier digne héritier d’une histoire chaotique. Chacune racontera sa vie de misère et le coup de massue finale porté par les placements pourris de la banque. Chez Marc Villard, Cécile et sa fille Lulu partage un mobile home à Ritsheim. Le froid s’installe, la neige tombe, seul l’alcool réchauffe la mère. Elles découvrent à proximité de leur caravane le cadavre d’une jeune Asiatique. Lulu ne le supporte pas et se lance dans une enquête avec l’intention évidente de venger cette mort inacceptable. Dominique Sylvain nous place au cœur d’un couple qui a décidé d’enfanter par procuration. Issara les aidera à obtenir l’enfant tant désiré. Pourtant, Elsa marche dans Bangkok, excitée, sur les nerfs, cherchant son enfant et son amour disparu. Elle est loin de penser qu’elle abandonnera d’elle-même son désir de vengeance devant la violence du réel. Enfin, Marcus Malte nous propose de rencontrer Tamara, une Guyanaise, qui a hérité d’une maison en métropole, et décide de s’y installer et de se lancer dans l’élevage de cochons. Etrangère, noire, travaillant comme un homme, le village la regarde avec un œil haineux. Sauf une petite fille, une gamine intrépide qui brave les interdits, et vient la rencontrer en cachette. Jusqu’un jour, Tamara décide de stopper ces agressions. C’est terminé, elle l’a décidé !
« Il ne suffit pas d’être Français pour ne pas être étranger. » (Marcus Malte, Tamara, suite et fin)
Fiche #1389
Thème(s) : Littérature française
C'est l'histoire d'un papa qui est souvent absent de la maison. Son fils attend son retour avec impatience. Et pour cause, il lui raconte toujours des histoires extraordinaires, son papa est pirate ! Le petit garçon rêve d'aventures, d'océans, de combats... Jusqu'au jour il doit partir en catastrophe en train avec sa mère vers la Belgique... Une histoire tendre et émouvante où un petit garçon découvre que son père est un héros certes, mais pas celui qu'il croyait.
Fiche #1384
Thème(s) : Jeunesse
La terreur règne, un ogre affamé dévore tout ce qui lui tombe sous la dent, son appétit n'a pas de limite. Jusqu'au jour où il croise un orthodontiste rusé et professionnel qui lui fait remarquer que ses dents ne sont plus alignées et qu'il risque gros ! L'ogre ne le sait pas, mais sa vie changera définitivement après cette modeste remarque ! Un régal !
Fiche #1385
Thème(s) : Jeunesse
Un petit album carré qui éclaire simplement et avec beaucoup d'humour et de fraicheur le mystère de la naissance.
Fiche #1386
Thème(s) : Jeunesse
Une croccinelle cherche à mordre une poule ! Mais comment a-t-elle pu avoir des dents ? Attention, le loup arrive, il a peut-être la réponse ! Drôle et grinçant !
Fiche #1387
Thème(s) : Jeunesse
Claudine GALEA
La fille qui parle à la mer - Le garçon au chien parlant
Le Rouergue
61 | 60 pages | 08-12-2013 | 7.5€
en stockEncore un beau et émouvant dans la collection Boomerang qui propose deux histoires qui se répondent. Oyana est une petite fille qui a quitté sa maison, son village et se retrouve au bord de la mer avec sa mère. Elle s'isole régulièrement au bord de l'eau, lui parle, l'apprivoise, le bateau qui doit les emmener vers un autre monde se faisant attendre... Loïc ne quitte jamais son grand chien noir qui lui parle. Ils ne font qu'un. Jusqu'au jour où le grand chien trouve cachée derrière un rocher au bord de la mer une petite fille endormie. Claudine Galea réussit à parler simplement et avec tendresse et humanité de l'exil et de l'immigration.
Ecouter la lecture de la première page de "La fille qui parle à la mer - Le garçon au chien parlant"Fiche #1383
Thème(s) : Jeunesse
Superbe bande dessinée ou roman graphique qui relate l’enquête d’un frère qui part à la recherche de sa soeur partie 10 ans plus tôt en Indonésie pour aider, soigner, une population exsangue et meurtrie par le tsunami. Elle a disparu, une enquête officielle a eu lieu, pas de traces, pas d’indices. Mais son frère, Romain, est lassé de voir sa mère souffrir et dans l’attente. Débarqué en Indonésie, il se lance à corps perdu sur les traces de sa sœur en tentant d’éviter les pièges à touristes ! Epaulé par une Papoue aussi belle que mystérieuse, Romain parcourt les îles de l’archipel alors que sa sœur lui apparaît régulièrement en rêve. Où peut-elle bien être, vit-elle encore, pourquoi a-t-elle disparu sans laisser de message ? Profond, émouvant et superbe !
Fiche #1382
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Danton, Hugo, Churchill. Trois monstres. Trois ogres. Trois grands fauves, à l’affût. Prêts à bondir, à se défendre comme à prendre l’offensive. Très tôt confrontés à la mort, boulimiques de la vie, elle les a happés. Ils sont vifs, alertes comme le style d’Hugo Boris notamment dans la nouvelle sur Danton (ma petite préférée !). Dompteur accompli, Hugo Boris aime décidément surprendre ses lecteurs, quatrième livre, toujours très différents des précédents, entre le recueil de nouvelles, la biographie romancée et le roman historique, il tire un fil ténu entre les trois, nous propose sa vision de leurs destins exceptionnels, trois grands hommes engagés qui ont marqué l’histoire de France et la mémoire collective.
Ecouter la lecture de la première page de "Trois grands fauves"Fiche #1381
Thème(s) : Littérature française
1987. Buenos Aires. Le couple de Vittorio et Lisandra vacille. Il est psy, elle danse le tango. C’est alors que Lisandra est retrouvée morte, sur le trottoir. Défenestrée. Evidemment, les discordes du couple viennent rapidement aux oreilles des policiers et Vittorio coupable idéal est emprisonné. Une de ses patientes, Eva Maria, ne croit pas à sa culpabilité. Alors qu’elle va le voir en prison, il lui confie les cassettes sur lesquelles il a enregistré ses conversations avec ses patients. Eva Maria découvre alors un autre homme et remonte le fil de l’histoire argentine, elle qui n’a toujours pas accepté la disparition de sa fille mais n’a pas rejointe les Mères de la place de Mai. Sous l’œil protecteur d’Esteban son fils, Eva Maria mène son enquête sans envisager qu’elle peut aussi rejoindre le camp des suspects… Avec une écriture rythmée et un style vif, des personnages ambivalents, Hélène Grémillon nous offre à la fois une intrigue tendue et haletante au cœur d’un drame psychologique et familial dans l’Argentine post-dictature et une analyse fine et éprouvante de la jalousie, de l’amour, de l’enfance et du poids du passé où histoire individuelle et grande histoire se mêlent à la perfection.
« … souffrir ne veut pas dire la même chose pour tout le monde. »
Fiche #1380
Thème(s) : Littérature française
En 1937, Antonin Artaud eut la mission de rapporter d’Irlande la canne authentique de saint Patrick, patron des Irlandais. Plus d’un demi-siècle plus tard, trois hommes, un écrivain mexicain, un poète et un collectionneur se donnent la même mission. Ces hommes ont en commun leur passion pour Artaud mais aussi pour l’eau-de-vie. L’aventure sera folle et extravagante. Les verres se videront, les voix deviendront fortes, les échanges virulents, mais la mission demeurera ! Etonnant hommage aussi loufoque qu’inventif à Artaud, aux poètes et à la folie.
Ecouter la lecture de la première page de "Dis-leur qu'ils ne sont que cadavres"Fiche #1379
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Jean-Marie Saint-Lu
Un bestiaire de 75 animaux pour devenir un homme. L’enfant se promène, attentif, observateur au cœur de cette faune. Ils ne font qu'un. Il apprend et grandit en même temps. Puisse la sagesse l’emporter ! Un ouvrage exceptionnel tant par ses illustrations que la poésie de son texte aussi ténu que poétique, une merveille !
Fiche #1378
Thème(s) : Jeunesse
Jean Deichel, la quarantaine, vit encore dans son appartement. Pas de travail, pas de volonté et sentiment politiques (« la politique mange les corps qui ont encore la faiblesse d’y croire »), pas d’opinion semble-t-il, il vit seul (« … peut-être n’avais-je pas besoin de faire croire aux autres que j’étais vivant. ») sans existence politique. En effet, quoi de plus beau que de s’asseoir devant sa fenêtre et dialoguer avec le soleil. Mais sa propriétaire a peu à voir avec la poésie ! Dehors, Monsieur Deichel ! Il récupère quelques affaires et s’installe dans son seul bien, sa voiture enfouie sous des pétales de cerisiers avec ses deux compagnons, Godot et son papyrus. L’homme n’est pas révolté, a quitté délibérément le monde du travail et profite de tous les instants et des quelques rencontres au cours de ses errances. Distrait, il vit presque sereinement et paisiblement dans « l’intervalle » malgré sa plongée effective dans la pauvreté et sa disparition sociale. Pourtant, depuis l’intervalle, tout reste possible : « Le monde n’est pas complètement asservi. Nous ne sommes pas encore vaincus. Il reste un intervalle, et, depuis cet intervalle, tout est possible. ». Il se réveille peu à peu à la lecture de mots, de slogans tagués sur les murs qu’il rencontre au hasard de ses flâneries. Il sera happé par une envie, un courant politique. Sa solitude (je) rejoint une communauté (nous) qui décide de prendre, d’occuper sa place et le chemin de la guerre. Il rejoint les sans-papiers et les autres, les Maliens et les autres, les Dogons et les autres ; ils s’arment de masques sacrés ou non et vont défier, fiers, ensemble, les fleurons de notre société. Les renards pâles apatrides et sans identité sont en marche, défient l’autorité et sa violence mais leurs cris seront-ils assez puissants pour vous réveiller ? Esthétique uppercut rageur et poétique !
« …je découvrais que la solitude est politique. »
« On ne fait parfois que subir ce que l’on croit désirer. »
« La solitude est un pays qui brûle. »
« … l’œil braqué en permanence sur nos gestes nous rappelle qu’à chaque instant nous sommes virtuellement fautifs. »
« … personne, pas même le plus enragé des révolutionnaires, ne peut aller aussi loin que la République française. »
Fiche #1377
Thème(s) : Littérature française
Enfin ! Le troisième roman de Khaled Hosseini est enfin disponible, grande impatience à le découvrir et une fois de plus, Khaled Hosseini nous enchante avec une fresque exceptionnelle et inoubliable. Le lecteur retrouve ses thèmes favoris, la famille, la condition de la femme, la séparation et l’Afghanistan avec peut-être cette fois, une ouverture au monde plus importante. Pourtant le livre s'ouvre sur un conte populaire typique évoquant un démon qui kidnappe les enfants dans les villages afghans. L’intrigue du roman y trouve évidemment des résonances en évoquant le destin d’une petite Afghane, Pari, et de toutes les personnes qu’elle croisera de 1950 à nos jours de Kaboul à Paris, en passant par la Grèce et la Californie. Son histoire commence par une rupture qu’elle n’oubliera jamais. Lorsqu’elle a à peine quatre ans, sa mère est déjà morte, son père sévère et pauvre ne s’occupe pas d’elle. Au contraire, son frère Abdullah, âgé de 10 ans, la protège et l'élève créant un lien fort et unique entre eux d'eux. Pourtant en partant pour Kaboul, son père décide d’abandonner la petite et de la confier à une riche famille. Abdullah n’oubliera jamais cette déchirure alors que Pari débute un long voyage émaillé de nombreuses rencontres et semble bien occupée par sa nouvelle vie… Khaled Hosseini sait parfaitement susciter puis entretenir une émotion sourde qui ne faiblit pas tout au long du roman aux personnages denses et profonds ; avec leurs faiblesses et leurs forces, ils se débattent avec simplicité et volonté uniquement pour vivre. Pourvu que l’on n'ait pas à attendre à nouveau six ans pour découvrir le prochain Hosseini !
Ecouter la lecture de la première page de "Ainsi résonne l'écho infini des montagnes"Fiche #1376
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Valérie Bourgeois
Après quatre lectures de Madame Bovary, Isabelle se sent-elle délaissée et proche d’Emma ? En tous cas, une lassitude l’atteint, elle et son couple. Elle ne sait plus trop où elle en est avec son mari, malgré ses trois enfants, Maxime, Clara et Ben qui est handicapé (« Il aura été la faille et le ciment de la famille. »). Autour de la famille gravitent les amis. Mateo qui se mariera bientôt en Espagne est l’ami de Maxime dont Clara est amoureuse. Clara a une amie inséparable, Camille, aussi brillante que belle qui attire la lumière. Partie à la montagne, elle décède par accident et ce drame vient heurter de plein fouet la famille. Fin de l’enfance pour Clara, mise à nu des autres et révélation des secrets de la famille et de son entourage. Les destins se croisent, les liens se font et se défont, les solitudes s’installent…
Premier roman
« Elle savait. Parce que les mères savent toujours. »
Fiche #1375
Thème(s) : Littérature étrangère
Morris GLEITZMAN
Temps de chien pour les requins
Les Grandes Personnes
52 | 225 pages | 29-10-2013 | 14.5€
en stockOliver a dix ans, des parents riches, très riches qui dirigent une grande banque australienne. Il a tout, sauf ce qu’il souhaiterait plus que tout ! Evidemment un peu plus d’attention et d’écoute de ses parents mais aussi un chien. Il passe en effet beaucoup de temps devant la vitrine d’une animalerie et a lié connaissance avec une petite boule de poils qu’il rêve d’accueillir. Une ancienne gouvernante (sa mère a la fâcheuse habitude d’en changer régulièrement) le remarque et décide de kidnapper le chien en menaçant de l’assassiner si Oliver ne lui trouve pas 11 000 dollars, environ la somme que ses parents lui ont « volée ». Elle leur a confié avec confiance ses économies mais le placement s’est révélé moins rémunérateur que prévu… et elle a tout perdu ! Oliver décide alors de trouver seul la rançon, il a écouté ses parents et même nul en maths, il a compris le monde financier pas si compliqué que ça quand on en a les clefs ! Le voici parti pour des aventures loufoques (il découvrira même la quantité d'eau bue par un dromadaire !), incontrôlables mais aussi dangereuses. Un roman d’aventure plein d’humour qui éclairera les boursicoteurs en herbe ou plus expérimentés sur les dérives du monde bancaire. Instructif, haletant, drôle et morale, que demander de plus ?
Ecouter la lecture de la première page de "Temps de chien pour les requins"Fiche #1374
Thème(s) : Jeunesse Littérature étrangère
Traduction : Valérie Le Plouhinec
Mon frère est un cheval - Mon cheval s'appelle orage
Le Rouergue
51 | 46 pages | 28-10-2013 | 6.5€
en stockBoomerang est une collection des éditions du Rouergue qui propose deux histoires directement en relation, le livre se lit donc par les deux côtés. « Mon cheval s’appelle orage » expose le bonheur d’une petite fille à qui ses parents font un cadeau exceptionnel, un superbe cheval, compagnon attendue de longue date. Elle l’appelle Orage, il est encore fougueux, sauvage et il faudra le dresser. Mais la petite est impatiente, une nuit, elle va le voir, grimpe sur son dos, et les voici partis pour une chevauchée fantastique. Mais où Orage peut-il bien l’amener ? Le petit garçon de la seconde histoire s’appelle Elvis comme son frère, un cheval né le même jour que lui. Ils ne se quittent pas et espère ne jamais se quitter. Pourtant Elvis et sa famille subissent les affres de l’hiver et la famine guette. Il décide alors lui-même de vendre son compagnon pour continuer de vivre. Un même animal, deux sentiments bien différents mais autant d’amour et d’attachement. Belle émotion qui n’entrave pas la réflexion.
Ecouter la lecture de la première page de "Mon frère est un cheval - Mon cheval s'appelle orage"Fiche #1372
Thème(s) : Jeunesse
Au Japon, les disparitions n’engendrent que le silence, la vie continue, aucune recherche n’est lancée (« Il faut que vous sachiez d’abord qu’ici, au Japon, un adulte a légalement le droit de disparaître… Dans le fond c’est une sorte de déménagement, mais sans laisser d’adresse. »). Les évaporés (ou johatsus) ne laissent pas de trace (« Qu’on ne retrouve pas les évaporés du Japon. ») et s’éloignent simplement. Richard B. un Américain poète suit pourtant Yukiko, la femme qu’il aime encore et qui avait fui des années plus tôt le Japon, afin d’enquêter et de comprendre pourquoi Kaze, son père, s’est évaporé. Cette enquête le mène à la rencontre des Yakuzas modernes et dans les quartiers pauvres de l’île, au cœur des camps de réfugiés ; après le tsunami et Fukushima (« Tout est blanc, même le bruit. »), le Japon et son économie sauront trouver et employer ces évaporés… Evidemment la fuite est au cœur de ce roman troublant et sensible : Pourquoi partir ou fuir ? Fuir, n’est-ce pas continuer de lutter pour vivre ? Peut-on imposer ce départ aux siens ? Que vont-ils ressentir ? Doivent-ils chercher les disparus ou accepter ? Peut-on oublier le passé ? Quid du contrôle de nos vies ? Notre vie est-elle vraiment notre vie ?
A partir de quatre voix, de quatre itinéraires, de quatre visions, Thomas B. Reverdy nous offre un portrait instructif du Japon et de ses mystères, mais aussi un polar et un roman d’amour, et enfin un hommage à Richard Brautigan.
« La misère est une énergie renouvelable. »
Fiche #1373
Thème(s) : Littérature française
Adalbert nous livre ses mémoires, Adalbert est un gamin plein d'envie et de caractères. Pourtant, sa famille s'inquiète en permanence pour lui, il est petit, voire malingre, timide, et la confiance n'est pas de mise. Alors quand il décide de quitter l'école privée pour rejoindre son meilleur copain et la publique, la panique guette...
Ecouter la lecture de la première page de "Les mémoires d'Adalbert"Fiche #1370
Thème(s) : Jeunesse
Basile est un secrétaire sans histoires et sans travail. Il ne voit guère qu’Hélène, une amie, seule elle aussi, le bar de Grant et pad son grand-père. Pourtant son univers se trouvera bouleversé après une visite anodine à son médecin qui lui annonce qu’il est atteint d’un mal, étonnamment rare il est vrai et pourtant incurable. Personne ne sait quand ni dans quel ordre mais Basile va perdre les sens, tous, un à un. Il lui faut donc s’y préparer. Course contre la montre sans maîtrise aucune du temps. Mais peut-on s’y préparer ? Pad et Hélène tenteront en tous cas de le convaincre lors d’un dernier voyage désespéré, libre et désordonné. Que nous reste-t-il quand nos meurtrières se referment une à une ? Quel avenir, quelle issue ? Basile résistera-t-il à la folie (« … choisir d’être fou avant de le devenir par la force des choses. ») et au désespoir qui le taraudent ?
« Les quatre grandes émotions de l’homme sont la peur, la colère, la peine et la joie, il a dit. Trois saletés contre un espoir, j’ai répondu, c’est inégal. »
Fiche #1371
Thème(s) : Littérature étrangère
Dell Parsons a 15 ans lorsque sa vie bascule. Il vit aux Etats-Unis, au beau milieu de nulle part, rêve d’échecs et d’abeilles, un enfant « normal ». Sa sœur jumelle voudrait quitter ses parents, couple étrange et bancal, un père pilote de bombardier « faisait pleuvoir la destruction sur terre » et une mère institutrice. Ils commettent un hold-up (digne des pieds-nickelés) pour rembourser leurs dettes et sont arrêtés immédiatement. Sa mère les confie à son amie Mildred pour éviter l’orphelinat. Alors que sa sœur préfère la fuite, lui, docile, suit Mildred qui l’emmène au Canada, loin de l’Amérique qui a vu ses rêves se perdre. Elle y retrouve son frère, individu aux pratiques douteuses et au passé trouble. Au milieu de cette nature sauvage, Dell continue d’apprendre et de grandir, d’observer les adultes tout en quittant l’adolescence. Bien longtemps plus tard, devenu professeur, il retrouve sa sœur et autour du carnet de notes écrites en prison par leur mère, ils reviennent sur leur existence, leurs choix, leur envol brisé par leurs parents. Richard Ford dissèque avec brio la vie et les sentiments de Dell, le basculement de son existence, son désir de normalité, son passage à l’âge adulte et son appréhension pleine de sagesse de la vie. Roman poignant d’apprentissage (aussi vaste que le Canada) qui aimante le lecteur dès la première phrase !
« Dans ce monde, il y a deux sortes de gens, a dit Mildred. Oui, enfin, il y en a de toutes sortes. Mais au moins deux : ceux qui comprennent qu’on ne sait jamais ; et puis ceux qui pensent qu’on sait toujours. »
« Tu as tout fait, elle a dit. Nous essayons tous. Tu essaies. J’essaie. On essaie tous. Que faire d’autre ? »
Fiche #1369
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Josée Kamoun
Un homme, à Turin, en 1982, répand les cendres d’une femme qui s’est suicidée. Gautier, jeune photographe, habitait le même immeuble qu’Hanja Sauber, vieille dame éprise de liberté et affectionnant l’isolement. Gautier se retrouve avec une cassette, les entretiens de la vieille dame avec son psy, et une lettre qu’elle a lui a confiée et qu’il redoute de découvrir. Quel est donc ce secret qui a hanté jusqu’à ses derniers instants son amie Hanja ? Pourquoi lui répétait-elle inlassablement « Je ne suis pas quelqu’un de bien. » ? Entre appréhension et désir de savoir, Gautier se lance dans une enquête entre Berlin et Paris des années 80, et à l’aide de ces deux documents, des rêves et de la petite voix (« … elle n’avait plus la force de lutter contre la petite voix qui existe en chacun de nous. Cette toute petite voix qui, sans cesse et avec férocité, nous rappelle à l’ordre. ») qui hantent Hanja, il remonte dans son passé et vers la vérité. Un texte percutant d’une grande justesse qui montre parfaitement comment un terrible secret peut étouffer une vie. L’oubli pour certains demeure impossible et si la parole ne se libère pas notamment par honte ou par peur (peur partagée, puisque Gautier redoutera également de déclencher la confession de Hanja), la culpabilité les rongera minutieusement et impitoyablement...
« Le temps est une cascade puissante qui déferle sur les individus. »
« On ne peut pas dresser éternellement une barrière entre les hommes. Les idées s’élèvent suffisamment les unes contre les autres. Et le béton est bien moins solide que les courants de pensées. »
Fiche #1368
Thème(s) : Littérature française
Betty, 95 ans, vit à Marseille et se lasse que personne ne veuille l’écouter. Agathe, sa petite-fille, brillante élève pleine de vie, passe alors une annonce pour recruter un écrivain prêt à écrire la vie de sa grand-mère. Ses enfants et petits-enfants se cotisent et voici Jean, 40 ans, qui se lance dans l’aventure. Il vit avec Laura une Italienne et s’occupe de la petite Sonia qui a choisi le silence. Voici tous les ingrédients pour un roman sur le temps, sur les voix, sur les voies empruntées par nos vies, sur les âges, les personnages ont de 8 à 95 ans ! Evidemment, chacune, chacun a son histoire, a vécu et continue de vivre sa vie, Betty revient sur ses sentiments, son parcours sans amertume ni rancœur (« La tristesse lui est un sentiment inconnu. ») même si elle reconnaît avoir vécu « en retenant sa respiration. » Les histoires s’entremêlent sans confusion aucune, avec douceur et sensibilité. Emmanuelle Lambert passe avec grande légèreté de l’une à l’autre, de Marseille à Paris, en passant par Alger et Trieste. « C’était quoi le plus beau ? La lumière. » selon Betty, héroïne modeste de ce texte lumineux et pétri d’humanité.
Ecouter la lecture de la première page de "La tête haute"Fiche #1367
Thème(s) : Littérature étrangère
La disparition de Jim Sullivan est un défi, mais aussi deux textes qui s’emboîtent parfaitement l’un dans l’autre. En effet, dès la première page, le narrateur écrivain nous annonce tel un torero tentant la passe parfaite, qu’il a décidé d’écrire un roman américain. Il doit donc respecter l’idée qu’il se fait d’un roman américain. L’ambitieux malicieux et moqueur s’interroge, interpelle le lecteur, stoppe la progression de l’intrigue, tâtonne, applique et explicite ses recettes, cherche son chemin, ébauche puis affine ses personnages et enfin, se laisse happer (comme le lecteur) par l’histoire. Un fait divers réel avec un chanteur emblématique disparu mystérieusement, un mari prof de fac, évidemment, séduit par une étudiante puis quitté par sa femme mais qui ne lâche pas l’affaire et passe beaucoup de temps dans sa voiture en écoutant Jim Sullivan, un adultère avec un amant collègue du mari, Detroit la ville de l’automobile… Tout en donnant vie à ses personnages, l’auteur et/ou le narrateur mettent à jour leurs fiches. Tanguy Viel réussit brillamment l’examen en construisant une vraie fiction autour de personnages denses et réels tout en disséquant avec humour les ficelles de la création. Le lecteur, sourire aux lèvres, suit de pair les deux fils narratifs. Roman américain, roman français, roman d’aventure, méthode d’écriture, analyse littéraire, hommage à la fiction, scénario, mais où va-t-on classer ce livre singulier et si attachant !
Ecouter la lecture de la première page de "La disparition de Jim Sullivan"Fiche #1366
Thème(s) : Littérature française
Janis Otsiemi offre à ses lecteurs un reportage sur le modèle des docs TV au cœur des services de la gendarmerie de Libreville. Une chronique, écrite avec un langage imagé et local, au jour le jour où les enquêtes se suivent et s’entremêlent. La corruption, la politique, les affaires ne sont jamais loin…
Ecouter la lecture de la première page de "African tabloïd"Fiche #1365
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Romain PUÉRTOLAS
L'extraordinaire voyage du fakir qui était coincé dans une armoire Ikea
Le Dilettante
42 | 253 pages | 29-09-2013 | 19€
Qui aurait imaginé suivre avec tant de plaisir les pérégrinations folles et tragi-comiques à travers l’Europe d’un fakir indien à la recherche d’un matelas à clous ? Ajatashatru Lavash Patel débarque en effet à l’Aéroport Charles de Gaulle avec cette mission incongrue, acquérir le dernier modèle de matelas à clous d’Ikea. L’homme est rapidement intrigué par les Européens mais filou, ne s’en laisse pas compter, le premier à s’en apercevoir sera le chauffeur de taxi gitan qui le prendra en charge à son arrivée… Une fois sur place, stupéfait par la quantité d’articles proposés, le matelas tant recherché est évidemment en rupture, Ajatashatru se retrouve enfermé dans une armoire Ikea en partance pour l’Angleterre. Il va faire le tour de l’Europe avec un œil affûté qui sait repérer nos invraisemblances, nos contradictions. Il rencontrera les sans-papiers, « les vrais aventuriers du XXI ème siècle », la star Sophie Morceaux, des Soudanais catapultés d’un pays à un autre, ira jusqu’en Libye et sera de retour en France pour un évènement heureux… Une expérience loufoque, singulière, joyeuse, délirante, oscillant entre réalisme et surréalisme, pétillante, parfois philosophique et toujours hilarante ! En espérant que ce roman au vocabulaire imagé connaisse le même succès que le catalogue Ikea !
Premier roman
Fiche #1364
Thème(s) : Littérature française
Deux hommes se parlent, correspondent, s’écrivent. Après sept années d’emprisonnement, l’un sort de prison, l’autre passe outre les conseils de son entourage et espère l’aider à reprendre part à la vie, retrouver une place dans la société. Le miroir se brouille, l’un doute, s’angoisse, s’interroge sur ses motivations, l’autre demeure « un homme à casier », subit un rejet gratuit et immédiat, « la haine aveugle des satisfaits ». Peu à peu, lettre après lettre, mot après mot (« … des mots, faute de mieux. Mais des mots, malgré tout. »), les solitudes se révèlent et se rejoignent, les mêmes interrogations sur la vie sont soulevées et restent souvent sans réponse. Les murs de la prison pour l’un sont remplacés par des murs invisibles tout aussi infranchissables. L’autre, insensiblement, s’isole, se retrouve happé par son alter ego (« Je ne pourrai plus jamais me défaire de lui. Il a scellé nos vies, nos histoires. Me voilà enfermé avec lui à tout jamais. »). Un roman intimiste et philosophique qui incite à la réflexion sur des thèmes aussi vastes que primordiaux tels la liberté, la prison, le sens de la vie, la justice, le pardon… Un texte fort qui vous hantera longtemps.
« Tout est petit là-bas. Aucune grandeur possible. Il ne faut pas se mentir là-dessus. On est ramené à ce que l’on est, à ce que l’on ne cessera jamais d’être, sans illusion possible sur ce qu’on pourrait être. Pas de salut, pas de pardon, pas de rémission. Rien. L’horreur de ce que l’on est. L’horreur humaine. »
« Quand il n’y a plus d’amour, il ne reste que la folie. »
« On choisit son esclavage, on choisit ses mensonges, à défaut de pouvoir choisir autre chose, une vraie vie. Mais la "vraie vie"… On ment sa vie. »
Fiche #1363
Thème(s) : Littérature française
Un petit livre grand par sa douceur, sa poésie et son humanité, la vie qui passe, le temps qui passe, lentement mais inexorablement. Superbe !
Fiche #1362
Thème(s) : Jeunesse
Touché par le départ de sa femme, Landry, paysan français, décide de participer à un voyage organisé et part découvrir avec quelques collègues les vastes étendues du Grand Nord. Lors du séjour, il se blesse et les laisse repartir. Il tient compagnie à son nouvel ami Germain, ancien chercheur en biologie cellulaire qui a tout abandonné pour s’installer au Groenland. Lors d’une promenade, il surprend un nid de sanderlings, petits limicoles qui migrent le temps venu vers des contrées plus clémentes. Mais le temps de la migration est aussi venu pour Landry et il revient au pays, retrouve ses enfants, son exploitation, tous les personnages du village notamment la tenancière du café, lieu essentiel où la parole se libère. C’est alors que, bien loin de là, au nord de l’Europe, un volcan rentre en éruption et libère un énorme nuage de cendres, qui au gré des vents envahit progressivement l’Europe et la région jusqu’à l’étouffer et provoquer d’importantes migrations (humaines). Bouleversement total, réactions extrêmes, peurs, l’apocalypse est parfois imminente. Nouveaux dangers, nouvelles violences mais aussi nouvelles solidarités. Néanmoins, une vie inédite s’organise dans un environnement chamboulé par cette catastrophe naturelle. Le soleil disparaît. Faut-il partir ou attendre le retour du soleil et la prochaine migration des sanderlings ? Anne Delaflotte Mehdevi nous précipite dans un monde paysan ébranlé par ce nuage et ses conséquences et dresse des portraits denses et sincères d’un univers qui vacille.
Ecouter la lecture de la première page de "Sanderling"Fiche #1361
Thème(s) : Littérature française
Violette est une femme « d’un certain âge, quel bel euphémisme », seule, en effet elle a choisi volontairement « le silence social ». Elle s’est isolée des liens familiaux (marre d’être « la tache grise » des réunions familiales) et sociaux. Elle n’attend rien des autres et préfère se parler vertement d’ailleurs, la dame est directe et n’a pas la langue dans sa poche ! Enrique jeune Bolivien exilé et sans papiers est seul également, mais il subit sa solitude comme sa pauvreté. Il ne comprend pas pourquoi les gens ont peur de lui. Mais « l’île déserte n’existe pas » et le hasard des rencontres illumine parfois les vies. Les deux se croisent, un sourire (« son sourire soulage mon silence social »), un regard, elle décide de l’aider, ce « maigrelet ». Elle repoussera les barrières dont elle s’était entourée, elle redevient humaine, elle renouera les liens avec le monde et le passé qui n’est jamais mort mais aussi avec l’homme qu’elle a quitté. C’est décidé, elle arrête de « mordre ». Enrique reconnaîtra dans « madame patate » sa grand-mère, trouvera une nouvelle famille, une protection, de l’amitié et une véritable place à leurs côtés. Un bel hommage aux rencontres lumineuses qui peuvent bouleverser nos vies et écorner les préjugés, à l’attention portée aux autres qui peut tous nous sauver. Un style vif et personnel pour ce très joli premier roman.
Premier roman
Fiche #1360
Thème(s) : Littérature étrangère
Un soir, une banlieue. Youssef Chalaoui, fatigué, rentre chez lui. Ils sont encore là. Les policiers surveillent, contrôlent, en espérant encore en leur pouvoir. C’est la fois de trop. Bavure. Youssef tombe, il est mort. Embrasement local puis national. Loïc Merle en suivant trois personnages principaux ancrés dans leur solitude, Youssef, Clara égérie combative et féministe des évènements, et le président Henri Dumont fuyant, décrit les espoirs et peurs, les rêves et compromissions mais aussi l’inéluctable. Ivresse du pouvoir, ivresse du groupe, ivresse du chaos, ivresse de la colère, ivresse de la liberté, que d’ivresses depuis toujours avec au bout la révolte individuelle ou collective, « Une seule nuit peut changer votre vie ». Un premier roman ambitieux, dense composé de phrases de grande amplitude, sans paragraphe et au vocabulaire riche.
Premier roman
« … on se trouvait dans les rues des Iris aux noms de communistes morts, de villes normandes, de poètes, le communisme manquait toujours, et les pommiers, et la poésie. Dans cette réalité tronquée des noms d’avenues, de bâtiments, mieux valait dormir… et rêver de voyages possibles, accessibles, en charter… et éviter du regard ces noms qui leur faisaient sentir la France, sa domination sans partage, qui s’alliaient aux Voix pour les provoquer : Etrangers étrangères, étrangers pauvres étrangers… »
Fiche #1359
Thème(s) : Littérature française
Dans la rue Pareille à Lyon, une série de personnages sans lien autre que ce lieu se croisent, s’effleurent à peine, le jour de l’Epiphanie, en attendant la révélation. Il sont tous uniques et ordinaires, subissent les contraintes de notre société, cinq personnages au cœur de notre monde. La première partie de ce roman s’applique à décrire leur quotidien ce jour particulier : souffrance, licenciements, solitude, douleur mais aussi douceur et délicatesse. De manière anodine, ils croisent parfois une femme aux gants rouges qui ne semble pas leur porter attention. Pourtant Susanna, originaire aussi de cette rue, est présente pour rassembler ces fragments de vies dans une œuvre d’art. Premier changement de point de vue. La deuxième partie s’attache à la journée particulière de Susanna, autre regard sur ces personnages uniques qui participe à l’élaboration de cette œuvre. Subrepticement, le rôle de l’art notamment de l’art contemporain est abordé, pourra-t-il redonner vie à ces personnages, les aider à trouver leur place ? La dernière partie ou dernier angle de vue revient sur l’histoire de la rue, un passé mouvementé qui peut redonner espoir et atteste qu’une révolte bienveillante est toujours possible. Une construction singulière pour un roman unique !
Premier roman
Fiche #1355
Thème(s) : Littérature française
Milo est en train de mourir sur un lit d’hôpital avec, à ses côtés, son ami Paul Schwarz. Réalisateur new-yorkais d’origine argentine, Paul lui parle de son projet de film narrant la vie de Milo, ce qui a fait sa vie, ses fondements, sa généalogie. Nancy Huston excelle pour passer d’un continent à l’autre, remonter le temps et une généalogie heurtée et multiple, dévoiler les liens cachés et l’héritage familial assumé ou non, disséquer le quotidien de l’exil qui « ramène de force à l’enfance » et témoigner de la violence qui accompagne nos vies. Sur le rythme de la capoeira, elle nous entraîne cette fois à Montréal, à Dublin, en passant par Rio en suivant les lignes brisées d’une chaîne familiale. Une nouvelle fresque d’ampleur dont le rythme est hélas parfois rompu par les longs paragraphes en Anglais (voire en Joual) traduits en bas de page.
Fiche #1356
Thème(s) : Littérature étrangère
Trois amis de longue date, Mari, Anna et Fredrik, décident d’orienter différemment leur vie : ils fondent une société au nom étrange, Le peigne de Cléopâtre, dont le but ambitieux est de résoudre les problèmes des gens. Ils ont des compétences variées et complémentaires et pensent pouvoir répondre à toutes les demandes de leurs futurs clients. La société prend rapidement son essor, les clients sont ravis, et le succès au rendez-vous. Pourtant dans leur vie personnelle, les trois amis sont moins heureux ! Mari depuis la disparition de son artiste de mari en Irlande demeure insatisfaite, Anna a vu s’éloigner Greg et sa fille sans savoir ou vouloir les retenir, et enfin Fredrik se cache pour rencontrer Miranda au Fata Morgana, une boîte de travestis. Jusqu’au jour où une vieille voisine se présente avec son problème et sa solution : elle s’est rendu compte que « … l’imparfait était un temps merveilleux pour parler d’un époux comme le mien » et souhaite donc naturellement que Le peigne de Cléopâtre supprime son mari. Elle est prête pour cela à donner beaucoup d’argent. Les trois compères n’avaient pas envisagé ce genre de travail ! Pourront-ils résister ? Est-il si facile de tuer un homme ? Qui le fera ? Et si le problème se représente… Que de questions, que de doutes… Encore plus surprenant et déroutant que « Les oreilles de Buster » mais même intensité croissante et même efficacité, l’âme humaine n’a aucun secret pour Maria Ernestam, reine des faux-semblants !
« Tout serait tellement plus simple si les êtres humains culpabilisaient à bon escient. »
« La vie n’est-elle pas un spectacle ironique où à la fin, seul le fou sauve son honneur ? »
Fiche #1357
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Esther Sermage
Le héros semble être arrivé au bout de sa vie. Pris dans une baïne, il est au bord de la noyade. Pourtant, il est sauvé par une femme. Ils font connaissance, pour la remercier, il lui demande ce qu’elle souhaite. Elle lui propose donc de partir à la recherche de Madeleine pour la tuer. L’homme accepte rapidement sans savoir s’il en sera capable mais « L’essentiel, c’est de jouer son rôle ». L’enquête débute, il part sur ses traces, découvre une à une les facettes de cette femme, son passé. Cette traque l’incite aussi à faire « un détour », à s’interroger sur sa propre vie. Voyage entre le passé et le présent alors que ses interrogations et rêves l’entraînent également vers le futur. Il rencontrera beaucoup de femmes, chaque femme contient le négatif d’une autre » qui le guide innocemment vers Madeleine. Un roman poétique émaillé de nombreuses références littéraires ou cinématographiques.
Premier roman
Fiche #1358
Thème(s) : Littérature française
Maria da Graça est femme de ménage, marié à un marin médiocre qu’elle tente d’empoisonner, gentiment… Elle est au service de monsieur Ferreira, un vieux cochon qui la viole allègrement et régulièrement. Mais Maria trouve ça pratiquement normal, voire y prend même quelques plaisirs. En outre, l’homme est cultivé, et il lui parle de Goya, Rilke, Bergman ou Mozart, de grands hommes capables d’impressionner Dieu. Or Maria a maintenant quelques soucis avec Dieu, ou plutôt avec Saint-Pierre qu’elle rencontre chaque nuit dans ses rêves surtout après le suicide de Ferreira. Elle souhaite ardemment le rejoindre et Saint-Pierre n’est pas totalement convaincu (« quel provocateur ce saint pierre, quel salaud ») et ne lui prête guère attention mais Maria n’est pas femme à se laisser faire, "je ne suis pas femme à fuir mes obligations" ! La meilleure amie de Maria, Quiteria, est également femme de ménage. Même cruauté de la vie (« … je ne peux me payer que la mort, la vie est trop chère pour moi. »), même âpreté et difficultés mais aussi même quête de bonheur, même désir de vivre, d’aimer et de sexe. Quiteria se prostitue et tombe amoureuse d’un Ukrainien étrange, déglingué vivant un exil douloureux. Seul le petit chien, Portugal, qu’elle a recueilli, semble serein et regarde tout ça avec calme sans porter aucun jugement. Un portrait cru et direct d’une société portugaise où le peuple se débat vigoureusement dans des difficultés immenses mais que la quête d’amour aide à survivre. Le style est vif, rythmé et singulier, l’humour décapant et les personnages atypiques et attachants.
« … ce qui nous sauve c’est que nous sommes tellement en bas de l’échelle que nous n’avons même plus à craindre de tomber plus bas, nous y sommes déjà, par nature. notre chemin ne peut que remonter. »
Fiche #1354
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Daniel Schramm
Alors que l’hiver approche, Carole est de retour dans sa vallée natale, au cœur de la Vanoise ("Je suis née ici, d'un ventre et de ce lieu."). Son père lui a promis de la rejoindre, elle, son frère et sa soeur. Elle a quitté le village de longue date alors que son frère et sa soeur sont restés. Elle craint légèrement ces retrouvailles, les liens se sont effrités, eux sont restés soudés, ont accepté le passé, pourra-t-elle retrouver sa place dans la fratrie ? Mais, cette fois, elle a le temps, elle attendra son père, comme auparavant sa mère l’a tant fait. Claudie Gallay établit tranquillement, sereinement, l’atmosphère au coeur de ce village à l’ancienne. Les personnages sont simples mais cabossés, toujours si humains. Tous conservent une part de rêve, lueur d’espoir et béquille d’existences souvent rudes. Dans ces villages, dans ces familles, les secrets perdurent et Carole mettra à profit cette pause pour parler, revenir sur le passé, notamment sur l’incendie de leur maison qui les a tous éprouvés pour repartir grandie et apaisée. Claudie Gallay avec un style direct et sec et de nombreux dialogues, nous enchante encore avec ce beau roman, ses personnages attachants, et comme Christo dont Carole traduit une biographie, elle sait dévoiler quand il le faut, les non-dits, les secrets et la vérité de ses personnages.
« Ici, comme ailleurs, c’est l’ennui qui fait devenir salaud. »
« Les pères sont les failles des filles. »
« La vie, on ne la refait pas. On fait des choix et on laisse des choses. »
« Tu te souviens trop, Carole, il faut te dépolluer de tout ça. »
Fiche #1353
Thème(s) : Littérature française
Une famille, parents, trois enfants, sans histoire, heureuse, enfin jusqu’au drame absolu. Le fils brillant et chéri, 17 ans, désigné pour réaliser ce que le père n’avait pu faire, se tue accidentellement. Quand les parents apprennent ce drame (« La mort de Frédéric fut un tsunami »), le grand frère de Frédéric est avec eux, contrairement à sa sœur, la narratrice, ce qui l’obsèdera longtemps. Elle exprime pourtant ce qu’elle a ressenti ou vu, les cris de sa mère, les silences de son père, les moments particulièrement pénibles, les réactions ou non-réactions de chacun, la douleur, le sentiment d’injustice et d’incompréhension, de culpabilité… Elle accompagne, épaule ses parents qu’elle adore en doutant parfois de leur capacité à pouvoir l’aimer. Cette disparition ne sera jamais oubliée, personne ne sera définitivement consolé, évidemment, néanmoins la force de la vie et le temps adoucissent insensiblement la douleur et à son rythme, chacun reprend son chemin.
Premier roman
« J’ai fait le deuil de mon frère ; j’ai gardé son rire au chaud dans un coin de mon cœur, je lui ai fait un nid d’amour… Je n’ai pas fait le deuil de la douleur de mes parents, ces orphelins d’un fils. »
« La mort ne respecte rien, ni l’ordre des choses, ni la vie qui s’éveille, ni les rêves inachevés. »
Fiche #1352
Thème(s) : Littérature française
Augustin, écrivain, et Esther se sont séparés. Une passion qui a duré et l’écrivain revient sur cette période et tente d’analyser aussi bien cette phase que les fissures qui les amèneront progressivement à cette rupture. Il dissèque, revient en boucle sur son passé. En effet, Augustin partage son existence avec trois fantômes. Trois fantômes qui le torturent et l’obsèdent. Ses parents d’abord : sa mère qui l’a toujours rejeté et a constamment violenté sa famille, Toto, son père, qui a tout accepté da sa mère. Augustin a si peur de lui ressembler, d’éprouver les mêmes sentiments, d’être aussi lâche. Et puis, il y a Cécile, l’amour précédent, qui l’a quitté pour un autre homme. Augustin n’a pas tourné la page et continue de l’aimer. Augustin revient en boucle sur l’influence de ces trois personnes, sur la période de son enfance et sa vie de couple avec Cécile et tente d’y déceler des résonances concernant son amour pour Esther. Il dissèque minutieusement, jusqu’au plus profond, ses sentiments amoureux, de leurs naissances jusqu’à leurs lentes érosions puis leurs morts.
Ecouter la lecture de la première page de "Vertiges"Fiche #1351
Thème(s) : Littérature française
Un jour presque comme un autre, Sabine, la petite élève de 5ème décide de dire non : elle n’ira pas à l’école aujourd’hui. Elle préfère partir à la découverte de Paris et ce parcours par une rencontre inattendue et chanceuse lèvera beaucoup d’incompréhensions. Pourquoi cette fuite ? Sabine a senti rapidement qu’elle n’était pas à sa place dans cette classe. Pas d’atomes crochus avec les profs qui arrivent à lui faire craindre la culture et peu de soutien, solitaire dans une classe qui l’ignore. Et chez elle, elle ressent de la honte et de la pitié face à sa mère (« La mère de Sabine n’est vraiment pas une femme comme il faut. Sa mère, c’est une femme comme il ne faudrait pas. »). Alors que sa prof déclame sur un ton distingué un poème de Victor Hugo, elle rit et aussitôt sa prof décide de convoquer sa mère. C’en est trop, « C’est venu tout d’un coup, cette révolte, ce refus de continuer, peut-être parce que, cette fois, quelque chose s’est passé, quelque chose de très fort, mais qu’elle ne comprend pas encore tout à fait. Quelque chose qui touche au plus profond d’elle-même… quelque chose comme un dégoût, informulé, du monde où elles vivent, de l’injustice qu’elle sent qui leur est faite, à sa mère, et à d’autres. ». Et cette escapade se révèlera salvatrice, grâce à la Rencontre de deux jeunes anglais qui sauront l’écouter, la valoriser mais aussi lui faire sentir ce qu’est la culture et sa primauté et surtout qu’elle est ouverte et accessible à tous, que la vie et la poésie ne font qu’un. Compréhension mutuelle. Moment fugace de bonheur, « Tout, aujourd’hui, est comme un poème ». Sabine sortira grandie de cette rencontre et reviendra avec d’autres envies et résolutions. On retrouve avec grand plaisir l’écriture de Marie Sizun dans ce portrait attachant d’une petite fille solitaire qui apprendra que « culture » n’est pas un gros mot. Marie Sizun démontre aussi toute l’importance des rencontres, de croiser les bonnes personnes qui sauront faire grandir et évoluer. Un texte résolument optimiste malgré le regard critique qu’il porte sur un enseignement uniforme, aveugle et solitaire se gardant de prendre en compte les individualités de chaque élève.
« De nouveau, la magie du mot. Et si c’était ça, la poésie ? Ce trouble pour un mot. Ce bonheur à le retrouver. A le savourer. »
Fiche #1350
Thème(s) : Littérature française
Luca âgé d’une dizaine d’années vit seul avec sa mère et son chat. Il ignore tout de son père et voit passer quelques hommes dans la maison, mais ils ne font que passer. Un matin, avant de partir à l’école, il s’aperçoit que sa mère est morte. Il ne peut y croire et part à l’école en espérant qu’elle se réveille. Hélas, à son retour, il doit bien s’y résoudre, sa mère est belle et bien morte. Néanmoins, par peur de l’orphelinat, il décide de se taire et continuer de vivre comme avant, premier mensonge qui en entraînera d’autres… Marina Mander en faisant parler le petit Luca qui a ses mots, ses expressions et son imagination évite les écueils misérabilistes et nous offre un récit poignant et intense mais aussi frais et même parfois joyeux. Pourtant le regard de Luca, que l’on aimerait tant protéger, sur le monde adulte est particulièrement aiguisé et loin d'être tendre. Une émouvante et vibrante tragédie prétexte aussi à décrire le monde de l’enfance et sa psychologie.
« Les adultes n’imaginent pas tous les trucs que les enfants doivent s’inventer pour être ce qu’ils sont. »
Fiche #1349
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Diane Ménard
Dans un modeste village des Abruzzes, Azaka ne passe pas inaperçu. En effet, l’homme est arrivé d’Haïti. Âgé d’une dizaine d’années, il est resté coincé longtemps sous les décombres lors du tremblement de terre qui a terriblement éprouvé le pays. Sauvé par un volontaire italien, il y laissera ses rêves mais aussi son père et son frère. Il prendra donc plus tard le chemin de l’exil, douleur des exilés déchirés par l’abandon des leurs et de leur pays et torturés par leur histoire. Entre curiosité et rejet, il s’installe et rencontre l’Italie, les Italiens et leurs traditions, le pouvoir et l’influence des Mammas mais aussi l’humour permanent qui permet à tous d’accepter le quotidien. Il croit même en son intégration alors que très amoureux et attentionné pour son épouse Mariagrazia (qui a su passer outre les pressions familiales), ils attendent un heureux évènement, une fille espère-t-il. Pourtant, comme une malédiction ou un bégaiement de l’histoire, l’Italie subit à son tour un terrible tremblement de terre, et dans ces moments, au cœur des drames, les tensions sont exacerbées… Le récit de Louis-Philippe Dalembert aborde moult thèmes souvent graves mais toujours avec humour (l’exil et le déplacement, les rencontres inattendues, le poids des traditions, la vie au cœur des catastrophes naturelles, le racisme, la religion…) et confirme que la vie demeure la plus forte malgré les évènements qui viennent l’écorcher.
« Le malheur sait aussi bien diviser que rapprocher les humains. Il suffit d’un rien, d’un geste, d’un mot, du silence même, pour que l’on bascule d’un côté ou de l’autre. Dans l’horreur ou la générosité. »
Fiche #1347
Thème(s) : Littérature étrangère
Après la mort soudaine de son mari, sans expérience professionnelle aucune, ni ressources, Nettie, 59 ans, se trouva bien dépourvue… Femme au foyer, elle devait maintenant trouver un emploi, et vite ! Aussi, elle publia une annonce afin de proposer ses services de lectrice, variante des anciens Mitschlafer : « Femme, 59 ans, d’apparence maternelle, hanches larges, voix agréable, vient vous border et vous faire la lecture avant que vous vous endormiez. Discrétion assurée. Intentions sexuelles totalement exclues ». Nettie reçoit immédiatement des propositions et le lecteur accompagne cette lectrice novice à la rencontre d’une palette hétéroclite, enfants, adultes, femmes, hommes, de personnages qu’elle aidera à s’endormir, certes, mais aussi à qui elle redonnera goût à la vie. Ils lui confieront la clé de leur intimité et elle saura en faire bon usage au même titre que sa propre clé ! Et comme cela passe par la lecture, que demander de plus, le bonheur quoi ! Un voyage empreint de douceur, de tendresse et d’humanité.
Ecouter la lecture de la première page de "La femme à la clé"Fiche #1348
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Isabelle Rosselin
Esther GIL
Laurent PATURAUD
Victor Hugo, aux frontières de l'exil
Daniel Maghen
24 | 112 pages | 30-08-2013 | 19.5€
en stockEn septembre 1853, Victor Hugo vit en exil sur l'île de Jersey avec ses proches. Mais déjà sans Léopoldine. Au cours de séance de spiritisme, elle lui apparaît et le questionne. Au péril de sa vie en cette période troublée, il regagne le continent et mène l'enquête au coeur d'un Paris bouillant... Comme d'habitude chez Daniel Maghen, superbe !
Fiche #1346
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Le jeune héros grâce à une boîte de maquereaux récalcitrante tombe amoureux d’une caissière. De leurs premières rencontres jusqu’à leur séparation, il nous fait partager souvent avec humour, ses espoirs, ses envies et surtout revient sur son enfance, ses chiens, sa sœur, son père et sa mère qui les a quittés rapidement avec un type « qui ne pipait mot ». Contemplatif et rêveur, cette période est toujours très présente en lui et prétexte à anecdotes. Un texte très vivant, un parcours caractéristique de notre époque et un humour attachant.
Premier roman
« Trouver un logement lorsqu’on cherche un travail est aussi difficile que de trouver un travail lorsqu’on cherche un logement. »
Fiche #1345
Thème(s) : Littérature française
Sofia la grise à la fin de l’ère communiste continue d’accueillir les Wunderkind dans son Conservatoire pour Enfants Prodiges. Konstantin, pétri de talent, est l’un des meilleurs. Ils sont trois, différents, impétueux, rebelles, orgueilleux, fiers parfois prétentieux et arrogants mais tous obsédés par leurs instruments et leurs interprétations et en rupture totale. Ils acceptent seulement de s’effacer devant la musique, berceau de leur liberté. Des ados qui refusent l’institution et sa violence permanente, le pays et son régime politique, les autres élèves vus comme des moutons, leurs parents… Deux exceptions pour Konstantin, sa prof de piano qui croit en lui et a réussi à établir une confiance partagée et un respect mutuel, et son oncle Ilya emprisonné pendant plus de trente ans qui tente de lui faire partager sa sagesse. Ces ados, déjà adultes et pourtant encore enfants, épris de liberté (« La clé de la liberté se trouvait au bout de mes doigts. ») découvrent aussi l’amour et ils en profitent bien malgré l’institution qui veille. Toujours sur le fil, l’exclusion les menace à chaque instant : On m’avait fait croire que j’apportais la lumière. Et voilà que j’avançais à tâtons dans l’obscurité. C’était plutôt cruel. ». Entre ses réflexions sur son art, Konstantin nous fait partager sa vie, ses passions et déchirements tout en dressant en creux un portrait cruel de la Bulgarie des années 80. Un superbe concert dense et particulièrement rythmé que ce « Wunderkind ».
« Si nous naissions tous idéalistes, alors l’existence ne pouvait être qu’une longue déception. Heureusement, il y avait la musique. »
« Le mal naît toujours d’une éthique en or massif. »
« Il est facile de prononcer les mots, de reproduire comme un perroquet, l’intonation de chaque phrase, d’imiter les inflexions de la parole humaine. Tous les ambitieux le font, c’est à celui qui saura le mieux parfaire l’expression de la marionnette universelle. Mais croire aux mots, être les mots, les suivre dans l’abîme : cela réclame rien de moins qu’une aptitude au martyre. Avec la musique impossible de mentir impunément. Chaque trahison se traduit par une banalité mélodique. La cupidité et la complaisance se transforment en pauvreté harmonique, la colère et le nihilisme en bruit et en dissonance. L’esprit superficiel étouffe le rythme de la phrase musicale ; il n’a pas d’oreille. »
« La vie n’est qu’une répétition générale. »
Fiche #1344
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
France Camus-Pichon
Immense puzzle qui traverse le temps (les 60 dernières années du XX ème) et les continents (Amérique, Europe). Les personnages se découvrent tranquillement au gré de leur existence, les pièces s’emboîtent et les liens se font, subrepticement, presque par magie. Deux hommes initient cette saga : John venu défendre une terre étrangère dans son bombardier B-24 est abattu et parcourt, blessé, la campagne française. En danger, il tombe, par hasard, sur un Allemand en mauvaise posture, aurait pu le tuer mais choisit de l’épargner. Les deux hommes prennent alors des chemins opposés sans savoir que cette rencontre et son issue marqueront à jamais les destins des personnages qui prennent part à ce brillant récit mosaïque.
« Il s’est aussi rendu compte que ce que les gens pensent être leur vraie vie n’en est que la surface. La vérité n’a pas besoin d’être démontrée, au fond de soi on sait déjà tout. »
Fiche #1343
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Micha Venaille
Longtemps après. Longtemps après, Suzanne Langlois parcourt les établissements scolaires pour raconter, témoigner. La question presque anodine d’une jeune élève la bouscule. Mi-avril 1944, elle partit pour Ravensbrück dont elle ignorait tout, comme cette jeune fille aujourd’hui. Kinderzimmer témoigne du départ de Mila, ni emblème de la résistance ni prisonnière politique, avec d’autres femmes depuis Romainville. Elles savent qu’elles ne seront pas fusillées comme les hommes mais déportées vers Ravensbrück. Mila ignorait également qu’elle ne partait pas seule, elle était enceinte. Rencontre d’un soir avec un résistant blessé, elle qui codait des messages au cœur de partitions. Quatre cents femmes débarquent au milieu des hurlements des Allemands et des chiens dans ce camp où plus de quarante mille femmes vivent. Le camp a sa propre langue et Mila doit vite apprendre. Rapidement, la vie du camp vient à elle, mais c’est une autre vie, « Une guerre dans la guerre », d’autres gestes, d’autres regards : « Le camp est une régression vers le rien, le néant, tout est à réapprendre, tout est à oublier ». Le camp n’est pas hors du temps et de l’espace, le camp est dans le monde, dans la vie malgré l’omniprésence de la mort et la puissante horreur du quotidien. Les corps, leurs formes, leurs états, sont révélateurs, chacune voit son propre corps dans le corps de l’autre, de sa voisine, de la prochaine morte, de la prochaine condamnée… Chaque geste est primordial, une lutte pour la vie, pour continuer d’y croire (« … ne pas mourir avant la mort. »), sans nécessairement en prendre conscience : « N’empêche, rien ne change, vous êtes debout. ». Comme partout, l’entraide et la solidarité demeurent salvatrices, une petite attention (« De vraies humaines vivent encore ici. »), et la vie repart, mais jusqu’à quand ? Mila saisira que son cas n’est pas isolé et qu’au sein du camp, une Kinderzimmer accueille les enfants nés à Ravensbrück, la vie et la mort côte à côte. Mila découvre son corps et s’interroge sur cette naissance. Elle et ses amies s’accrochent à ce petit bout de chair qui a déjà tant lutté dans le ventre de Mila et qui continue aussitôt l’accouchement de lutter pour sa vie. Mila et les autres mères se soutiennent, combattent pour ne pas perdre, ne pas abandonner, jamais. Mais la guerre fut longue, très longue. Un livre éprouvant, grave et émouvant, qui en maîtrisant parfaitement le lien entre fiction et histoire, grave dans le marbre « l’instant présent » vécu par des personnages simples qui ont aussi écrit l’Histoire.
« Qu’on ne dise pas à Mila que rien ne vaut la vie. »
« Tous les jours tu fais ton choix : tu continues ou tu arrêtes. Tu vis, tu meurs. »
« La vie est une croyance. »
Fiche #1342
Thème(s) : Littérature française
Monsieur Martin qui maîtrise le Picard est avec Didier, son comptable, en plein bilan lorsque le facteur (mais est-ce vraiment le facteur ?) dépose une lettre. Pas n'importe quelle lettre, une lettre bleue ! Elle ressemble furieusement à celle d'un huissier. Panique. Ouf, ce n'est pas que sa (terrible) soeur. Mais finalement, un huissier, cela aurait peut-être été préférable ! En effet, sa soeur le somme de venir les rejoindre, elle et ses parents, près de Limoges et les problèmes s'enchaînent, Monsieur Martin subit sans pouvoir s'extraire de cette spirale ! Mais heureusement, il conserve tout son humour décalé et décapant ! Une plongée en enfer accompagnée de longs éclats de rire ! Un roman au style très singulier.
Ecouter la lecture de la première page de "Une si lente obscurité"Fiche #1341
Thème(s) : Littérature française
Ecrire et publier un livre est toujours une aventure. Celle de « La méthode Arbogast » fut particulièrement périlleuse et son auteur, Valentin Noze en sut quelque chose ! Notre destin tient parfois à un fil et celui de Valentin bascula à cause d’un ballon de baudruche et d’un moineau ! Rien ne le prédestinait à devenir un nouveau James Bond au cœur d’un trafic d’animaux sauvages et notamment de grenouilles au pouvoir étonnant ni à définir une nouvelle méthode d’autohypnose ! Réjouissant et quelque peu moqueur !
Ecouter la lecture de la première page de "La méthode Arbogast"Fiche #1337
Thème(s) : Littérature française
Un vieil homme avec deux sacs de vêtements est abandonné sur les Champs-Elysées par une femme qui semble pourtant attentionnée. Un fonctionnaire venu assister à la Conférence des Poids et Mesures assiste à la scène. Il signale au serveur cet abandon et ce petit geste irrémédiable lui vaut d’hériter du vieil homme qui reste muet quelques jours avant de répéter « Ne les laissez pas me tuer ». Le récit oscille alors entre présent et passé, entre témoignage et enquête. Le lecteur assiste à la survie d’une petite communauté à Pripiat après Tchernobyl : « Je n’ai plus rien à perdre et à Pripiat on n’est pas si mal. Sauf qu’on y meurt, mais on meurt partout. ». Ces samosiols, « … c’est comme ça qu’on appelle ceux qui sont retournés chez eux… C’est un peu une insulte… Ils reviennent car ils n’ont pas d’autres endroits où aller. », continuent de vivre dans une terre morte et dangereuse. Des éclairs de vie jaillissent, furtifs, et ils ne les ratent pas. L'homme s'adapte à tout... Certains semblent garder illusion d’un nouveau monde mais sont vite rappeler à la raison (« … c’est précisément ce que nous voulons, aller nulle part. On est très bien comme ça. »). Les trafics s’organisent, le voyeurisme les atteint aussi… Cette petite communauté est rejointe par un scientifique résistant, Vassili Nesterenko, qui n’a pas cru en la thèse officielle, et que les services secrets ont repoussé jusque là. Cet homme qui a été ébranlé dans ses convictions, dans sa croyance absolue en la science et dans le progrès associé, parcourt la ville sur sa bicyclette et continue de croire que leur communauté posera les fondements d’un nouveau monde. Un roman magistral par sa construction mais aussi par son spectre, à la fois roman historique, enquête scientifique, témoignage, polar, portrait libre du scientifique Vassili Nesterenko qui paiera cher sa volonté d’informer des conséquences de la catastrophe de Tchernobyl. Après "la nuit tombée" de Antoine Choplin, essentiel pour ne pas oublier…
Ecouter la lecture de la première page de "Le cycliste de Tchernobyl"Fiche #1340
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
François Gaudry
Célestin est né en 1900. Il est comptable, solitaire, costume gris, effacé. Comme son père. Seule passion, les mots, les dictionnaires et les mots-croisés. Destin tracé, prédéfini, sans surprise (« Célestin n’avait du bonheur qu’une image diffuse et, lorsqu’il s’interrogeait sur son existence, il préférait penser qu’il n’était pas malheureux. »). Mais quelques rencontres en décideront autrement. Tout d’abord, Mathieu, rencontré au cimetière Montmartre, passion de pêche. Seul ami à qui il pouvait se confier et partager des moments de calme et de réflexion intime. « Puis vint Rose. ». Elle était serveuse. Ils lièrent connaissance, elle lui demanda s’il était croyant et Célestin resta incertain. Cette question le hanta de longs moments et marqua une pause dans leur relation. Il s’interrogeait sur l’amour, la foi, le sens de la vie. Il devait tenter de trouver des réponses avant de retrouver Rose. Un superbe portrait d’un homme simple qui souhaite comprendre le sens de son existence pour mieux la maîtriser. Un premier roman à l’écriture soignée et raffinée.
Premier roman
Fiche #1338
Thème(s) : Littérature française
Quentin a passé une année catastrophique dans son ancien établissement. Seule issue, quitter Saint Ex et ses copains, changer de lycée et se retrouver au lycée Clémenceau. L’accueil est glacial, il n’appartient pas au même quartier, au même monde et chacun garde ses distances. Les profs, les élèves. Néanmoins, une prof, La Fernandez est différente. Elle sait écouter et « sent » sa classe. Il la provoque. Elle résiste. Elle le provoque. Il résiste. Passionnée de théâtre, elle monte cette année une pièce de Tennessee Williams, le personnage principal dégage de nombreux points communs avec Quentin. Elle le voit bien dans ce rôle, mais il doute et hésite : « Je sentis que ma vie prenait un tournant – j’avais peur de ce que j’allais perdre et, encore plus, de ce que j’allais gagner. ». Elle saura faire sauter les verrous, « Me donner des conseils, me houspiller, m’appeler Silber, me casser, faire naître en moi de la fierté. » et ouvrir les portes d’une nouvelle existence à Quentin. Un face-à-face émouvant et avec toujours autant d’humanité et de compréhension du monde des ados, ce nouveau roman de J-P Blondel se dévore !
« C’est comme ça, par ici. On se débrouille. On fait vivre une économie parallèle puisque l’économie principale nous laisse sur le bas-côté. »
Fiche #1339
Thème(s) : Jeunesse Littérature française
En 1994, Jude McManus a 17 ans quand son père est retrouvé mort dans les eaux d’un lac. Il était flic à Chicago et de lourds soupçons pesaient sur lui et son équipe, Phil Stroke et Bill Malvasio. Accident ? Suicide ? Cette disparition ne sera jamais élucidée même si Jude assiste à la perquisition en règle de sa maison par les collègues de son père qui ne se gênent pas pour donner leurs avis. Phil et Bill quittent quant à eux le devant de la scène… On retrouve Jude en 2004 comme garde du corps d’Alex, un scientifique américain, dans la République du Salvador. Dans ce pays gangrené par la pauvreté, la violence et la corruption, Alex est venu réaliser un audit pour un grand groupe concernant l’exploitation de l’eau. Bill Malvaisio navigue également entre les Etats-Unis et le Salvador. L’homme n’a plus aucune limite et il agit aussi bien pour son compte que comme homme de main d’un chef mafieux. Bill contacte alors Jude lui proposant de faire venir au Salvador Phil Stroke pour le relancer et le sortir de la panade. Jude y voit l’occasion de connaître enfin la vérité sur la fin de son père mais une certaine proximité avec ces deux hommes a résisté au temps et aux doutes sur leur honnêteté à Chicago. Bill parait sincère et repenti, mais Bill ne fait rien gratuitement… et Jude même s'il refuse longtemps la réalité, vient de tomber dans un engrenage terrible. La trame est dense puisqu’elle allie une intrigue haletante, un portrait efficace des relations entre l’Amérique et le Salvador comme de l’état affolant de cette République.
Premier roman
« Je pense que nous sommes tous des ordures. »
« Et qu’était l’amour sans un peu de trahison ? »
« Peut-être qu’ici c’est ça, la seule solution quand on veut sauver quelque chose, pensa-t-elle en rentrant dans la maison. Il faut le tuer d’abord. »
« Pourquoi est-il si difficile pour nous autres Américains – et pus particulièrement pour nous autres hommes américains – de concevoir qu’on puisse ne pas avoir envie de nous ? »
Fiche #1336
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction :
Pierre Szczeciner
Maria Cristina Väätonen quitte Lapérouse et sa famille à seize ans au début des années 70. Ville obscure et brumeuse, sans véritable vie, entourée de marais, une mère malade, religieuse, protectrice, une sœur jalouse et diminuée, un père effacé mais qui acceptera son départ pour Santa Monica. Elle arrive avec ses rêves (« Maria Cristina Väätonen aurait probablement aimé être une femme scandaleuse. »), rencontre Joanne une jeune femme un peu perdue qui pourtant saura la protéger et l’aider à trouver sa voie. Maria Cristina devient par hasard la secrétaire d’un grand écrivain qu’elle admire, devient son amante et lui confie son roman autobiographique où elle règle quelques comptes avec sa jeunesse. Il semble vouloir la guider, l’épauler dans la vie et dans le monde de l’édition mais pygmalion ou brigand, Maria Cristina saura lever le voile sur cet homme mégalo et égocentrique tout en acquérant définitivement sa liberté. Maria Cristina vient étoffer la palette déjà riche de portraits féminins de Véronique Ovaldé, des femmes volontaires, indépendantes, fières et de caractère, qui sauront conquérir leur espace de liberté.
« Les drames ne surviennent pas dans le hasard et le chaos des choses. Les erreurs de jugement participent d’une grande organisation souterraine qui se répand en racines et radicelles vivaces sous vos pieds, lesquelles attendent leur heure, patiemment, muettement, creusant leurs chemins multiples et fertiles, endurantes pourritures, jusqu’au moment où elles sortent de terre, explosent au grand jour et vous enserrent les chevilles pour vous soustraire à la lumière et vous emporter dans leur obscurité. »
« La beauté est une injustice et un hasard. »
« Il lui répète que le succès d’un livre est de toute façon un malentendu. »
« Qu’y a-t-il de plus agaçant que les gens qui vous offrent des choses inacceptables, pense Maria Cristina, et qui portent chacun de vos refus systématiquement à votre passif, ces gens qui comptent sur votre politesse ou votre docilité pour vous faire accepter ce que vous n’avez jamais réclamé. Et accepter fera de vous leur obligé. »
Fiche #1335
Thème(s) : Littérature française
Joe, ancien marine puis agent du FBI, a atteint le degré maximal d'horreurs qu'il pouvait supporter. Il s'est retiré du monde, ne parle plus et attend. Peut-être l'appel d'un de ses anciens supérieurs qui lui propose de travailler en marge, sans règles, tel un justicier solitaire d'ordre divin. Les affaires s'enchaînent jusqu'à sa rencontre avec un sénateur qui lui demande d'exfiltrer sa jeune fille qui a été enlevée pour se retrouver dans un réseau de prostitution géré par des mafieux sans aucune limite. Quand ils s'attaquent à la seule personne à laquelle Joe était encore attaché, ils n'ont pas idée de l'erreur fatale qu'ils viennent de commettre... Un court roman noir, tendu, haletant, digne des meilleurs du genre.
Ecouter la lecture de la première page de "Tu n'as jamais été vraiment là"Fiche #1333
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Jean-Paul Gratias
Mei, jeune Chinoise, est venue en ville pleine d’espoir, un travail, un logement, de l’argent… Finalement, elle dort, loge, travaille dans l’usine de textiles qui l’a embauchée. A chaque nouvelle commande, un nouveau slogan (« Ton courage tu donneras sans limite pour construire une Chine prospère. ») motive ces petites mains qui ne font qu’une avec leur machine, efficaces, aguerries à la douleur, sous l’œil sévère d’un contremaître sans pitié veillant au respect de délais toujours plus oppressants : « Je n’ai pas été au bout de ma douleur car je sais qu’elle est sans fin. Pourtant, je dois garder ma fierté. » Et pourtant, la jeune Mei continue de rêver, sa vie ne fait que commencer, elle rêve d’une rencontre, d’un amour pour la vie. Et le rêve peut-il devenir réalité dans le monde de Mei ?
Premier roman
Fiche #1334
Thème(s) : Littérature française
Charlène a 40 ans. Elle vit encore chez ses parents, avec et pour ses parents. C’est elle qui régit tout, dévouement absolu, pour eux, pour elle ? Elle a une sœur de 20 ans sa cadette qu’elle a élevée (« Heureusement, il y a Diane. C’est ma bouée de sauvetage, ma raison de vivre, mon bébé, mon enfant. Normalement, si tout va bien, elle devrait disparaître après moi, je ne serai donc pas toute seule, jamais. »). Les rôles sont inversés, Virgile et Fantine, les deux parents, ressemblent plus à deux ados attardés, parfois entre le burlesque et le ridicule, et qui semblent se satisfaire pleinement de la domination et du rôle de Charlène. Pour les congés de juillet, Charlène a décidé de louer une petite maison et d’y installer sa famille. Au calme, proche de la nature. Elle continue de diriger mais en profite pour dresser un bilan de son existence, besoin d’amour, sacrifice, égoïsme, exister pour ou par les autres, trouver sa place, aimer ou étouffer, espérer être indispensable, peur du vide et de la solitude. Charlène est attaché à son petit monde sur lequel elle a pris l’habitude de régner, elle ne peut accepter aucune défaillance… Un conte cruel où l’égoïsme et la peur du néant mutent un amour total en phagocytose destructrice.
« Mais on n’enferme pas les gens qu’on aime dans la peur, juste pour les garder auprès de soi. Ca ne se fait pas. En tout cas, ça ne s’avoue pas. »
Fiche #1331
Thème(s) : Littérature étrangère
Une adaptation réussie d'une nouvelle de Kipling qui revient sur l'évolution de certaines espèces africaines ! De l'humour, du rythme et un trait de crayon adapté et très vivant. Pour petits et grands !
Fiche #1332
Thème(s) : Jeunesse Bandes dessinées
Ellen est somnologue (« Viens, doux sommeil, ou je meurs à jamais, Viens à présent ou ne viens plus jamais. »), elle continue d’aider ses patients face à leurs problèmes de sommeil (« C’est un lieu vers lequel on descend, une utopie de la profondeur. ») alors qu’elle-même commence de le perdre et que sa mère est plongée depuis longtemps dans un long sommeil. Après un épisode irlandais, Ellen est revenue en Allemagne et vit près du vieux Rhin dans un paysage touffu peuplé de nombreux animaux. Elle n’a jamais réellement accepté le départ de son amant alors qu’elle était enceinte. Autour d’elle gravitent une série de personnages participant à une chorale mais liés pour une autre raison sans le savoir, pour la plupart tout du moins (« Ce soir-là à Grund, Marthe m’a rencontrée, Andreas a rencontré Marthe et Orla a renconté Andreas. »). Son récit est croisé avec les pensées de Marthe qui espère toujours retrouver son fils disparu des années plus tôt. Andreas, son ami d’enfance, est devenu un personnage singulier solitaire. Dès les premières pages, le lecteur sent le malaise et la douleur qui unissent ces personnages hantés par la disparition, mais ressent aussi la densité du propos par la multiplicité des thèmes au centre desquels le sommeil, la vie et la mort, le récit mérite toute son attention et parsemé de questionnements, il l’implique fortement. Une fois ce roman refermé, le lecteur n’a qu’une envie, le reprendre, et il le mérite !
« Les merles chantent-ils de joie ou de désespoir ? »
Fiche #1330
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Corinna Gepner
Colum McCann est vraiment un écrivain à part. A partir d’une lettre et de son parcours, une lettre anodine, identique à tant d’autres, il dresse les portraits croisés de personnages à travers le siècle entre les Etats-Unis et l’Irlande (« Un si beau pays. Un peu sauvage pour l’homme, quand même. »), leurs histoires, leurs allers-retours mais évidemment aussi l’Histoire. Il tisse sa toile dense, tranquillement, mais avec force et détermination et le lecteur se plait à s’y laisser prendre. 1919, Jack Alcock et Arthur Brown, deux aviateurs ont transformé un bombardier en avion de paix et espèrent relier pour la première fois sans escale l’Amérique et l’Irlande. Au moment de partir, une jeune fille leur confie une lettre à poster à leur arrivée. 1845, Dublin, Frank Douglass, un ancien esclave noir venu d’Amérique, assure des conférences dans le pays et défend la cause des abolitionnistes. Il rencontre un peuple attentif à son discours mais pauvre et affamé. 1998, New York, le sénateur américain G. Mitchell, Irlandais de sang, effectue moult allers-retours entre les deux pays et mène un ultime combat, une ultime négociation pour ramener durablement la paix en Irlande. En outre, une lignée anonyme relie ces trois figures : la modeste et jeune Lily Duggan qui après sa rencontre avec Frank Douglass, prendra en main son destin et décidera d’émigrer aux Etats-Unis (« Nos vies sont des tunnels qui parfois se connectent, laissant entrer le jour à des moments inattendus, puis elles nous replongent dans le noir. »). Une grande et superbe épopée où histoire et destins individuels sont étroitement liés et qui prouvent que notre monde est finalement bien petit.
« La recherche pointilleuse du mot. On déroule la chaîne au-dessus du puits, le seau descend dans l’obscurité. On le remonte vite chaque fois, jusqu’à ce que, au moment le plus inattendu, il arrive à draguer le fond. Porter le précieux chargement à la lumière, puis de nouveau fouiller le néant. »
« Il est toujours difficile d’estimer les conséquences de nos actes, mais je suis sûre que nos vies résonnent après nous. »
« Il n’existe pas d’histoire qui, en tout ou partie, ignore le passé. »
Fiche #1329
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Jean-Luc Piningre
Un nouveau fou arrive dans un asile russe. De son monde, il ressent le mal. Dès ses premiers pas, il le détecte, il a pris cette fois la forme de trois fleurs de pavot, d’un rouge aussi éclatant que mystérieux, aussi attirant que dangereux. Mais il sauvera le monde avant de mourir. C’est ainsi. Il l’a décidé et les hommes n’y pourront rien. Une nouvelle tendue et brillante, comme un éclair qui claque.
« Aucune autorité n’obtient autant de respect de ses subordonnés qu’un médecin psychiatre de ses fous.
Fiche #1327
Thème(s) : Littérature étrangère
Donald, lassé et insatisfait de son quotidien, a décidé de prendre le large. Trois mois de congés à bord de son voilier, loin de tout, pour se recentrer et trouver un apaisement dans ce combat contre la mer et contre lui-même. Pourtant, lors de la dernière étape, sa fille, Maria, âgée de sept ans, doit le rejoindre. Trois jours tous les deux, sur la mer, dans ce petit espace, à partager tous les instants. Enfin. Un père, une fille, complices. Se prouver qu’il pourra le faire. Puis l’arrivée prévue, triomphante, fiers, devant sa femme rayonnante qui les attendra sur le port, pour repartir, tous les trois, unis. Les premiers instants avec Maria sont heureux, paisibles. Mais rapidement, le lecteur ressent le trouble de Donald, sa fragilité, ses doutes et ses peurs, une anxiété de tous les instants, la peur de l’échec permanente, l’atmosphère se tend, comme le bateau, l’homme tangue, hésite. L’orage gronde, et lorsqu’il découvre que Maria n’est plus dans son lit, Donald et le lecteur paniquent, tremblent. La tension est extrême jusqu’à l’arrivée au port qui ne prendra donc pas la forme escomptée… Un grand bonheur que ce premier roman, un style riche, un univers maritime parfaitement décrit, attirant et dangereux, omniprésent et obsessionnel, un suspense sans faiblesse, et le portrait émouvant d’un père en plein doute et parfaitement angoissé.
Premier roman
« Tout le monde est à moitié sourd et aveugle. Les gens ont beau penser le contraire, ça vaut pour tout le monde. »
« L’eau n’a ni sentiment ni histoire. Elle ne fait rien, elle est, c’est tout. Si elle t’assassine, si elle te noie, il n’y a là rien à chercher que ta propre stupidité. La mer n’est ni une amie ni une ennemie. »
Fiche #1328
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Danielle Losman
Kinsaku Matsuo est le dernier descendant d'une famille de guerriers. De père en fils. Mais Kinsaku sait depuis toujours qu'il ne sera pas guerrier. Il peut se battre mais avec d'autres armes : les mots et la poésie. Un joli texte pour faire découvrir aux enfants Basho-Kinsaku Matsuo l'un des maîtres de la poésie sous forme de haïku.
Fiche #1325
Thème(s) : Jeunesse
Le narrateur croit s’être construit une carapace indestructible, une vie bien réglée, protégée (« Oui, il y a chez moi cette forme de régularité, ou plutôt d’exactitude, qui est la réalité de mon existence. Là est ma force. Là est ma vie. »). Jusqu’au jour où, dans une file d’un supermarché, un ado le traite de « pauvre type ». Jamais il n’avait entendu cette sentence, jamais il ne l’avait pensée ou supposée. Ces deux mots le transpercent, sa protection se fissure, et l’homme décide de s’enregistrer, de se raconter, de présenter son « petit panthéon privé ». Il est cultivé, a beaucoup lu, hanté par les mots, il sait trouver la citation adéquate et définitive à toute situation, ce qui lui a permis jusque là de mépriser allègrement son prochain, de s’estimer supérieur au cœur de ce petit monde clos qu’il s’est construit. Ces deux mots et le calme avec lequel ils ont été énoncés lui ouvrent une nouvelle humanité, sorte de rédemption qui semble être salvatrice et la prose raffinée et recherchée de Michel Layaz accompagne parfaitement cette redescente sur terre d’un grand présomptueux en espérant qu’il ne représente pas l’un des archétypes de nos sociétés modernes !
Ecouter la lecture de la première page de "Le tapis de course"Fiche #1326
Thème(s) : Littérature française
Rose Meller, femme, écrivain, juive, en 1932 à Vienne, sut de quoi était capable la justice et la puissance dévastatrice d’une sentence. Ce roman, écrit après la guerre, restitue sous forme d’allégorie, son histoire mais aussi les remous et dérives de l’époque. Un avocat (narrateur) du parti socialiste autrichien défend un juif viennois pour une affaire qui semble ordinaire. Cet homme s’est vu refuser la réparation de son monocle et a décidé d’en emprunter un en attendant la réparation… Accusé de vol, le procès est ouvert. Joutes oratoires entre un avocat, un procureur et un juge. Les regards se font agressifs, méprisants, hargneux, les camps s’affrontent. M. Joseph Schmidt ira jusqu’au bout de son désir de justice. Jusqu’au bout du monde, puisque, après l’arrivée d’Hitler et les fuites ou exils des protagonistes vers les Etats-Unis, le procès reprendra sur cette terre, mais quelle différence, la justice et ses travers ne traversent-ils pas les continents ?
Ecouter la lecture de la première page de "La sentence"Fiche #1324
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Georges Andersen
Il était temps. Il était temps pour Bjarni Gislason depuis sa maison de retraite d’écrire à Helga pour lui clamer une dernière fois son amour, un amour qu’il a jugé impossible. Les témoins sont disparus, sa femme Unnur comme Helga et son époux et il peut enfin se raconter, revenir sur sa vie rude d’éleveur de brebis, sur l’opération malheureuse que subit sa femme, sur son attirance jusqu’à l’obsession pour Helga. L’homme d'une grande sérénité est simple, poète, vrai, attentif à son environnement et sa confession âpre, sincère et lucide. Un monologue aussi éblouissant et émouvant que rugueux que l’on lit d’une traite.
"Croire au progrès et se l'approprier est une chose, mais c'en est une autre que de mépriser le passé... C'est quand les gens tournent le dos à leur histoire qu'ils deviennent tout petits."
Fiche #1323
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Catherine Eyjolfsson
Nouvelle consultation des comptes-rendus de lecture
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