« La haine est un moteur puissant. On la sous-estime, pourtant elle a ses qualités. Une bonne haine ciblée tient éveillé et alerte, elle aiguise les sens, protège, avertit, vivifie. »
Verena Hanf
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A Mexico, quand son époux et ses enfants lui laissent le temps, une jeune femme écrit. Elle revient sur son passé, sur une autre vie à New-York, un autre monde, une jeunesse révolue. Elle travaillait alors pour un éditeur et chaque jour voyait une nouvelle rencontre avec des personnes toutes plus surprenantes les unes des autres. Le récit oscille entre présent et passé, jusqu’au mélange, jusqu’à la folie, « Tout est fiction… », même la vie qu’elle invente au poète Owen. Un roman singulier, Valeria Luiselli réussit parfaitement à surprendre son lecteur aussi bien par son écriture que par les méandres qu’elle l’incite à emprunter.
Ecouter la lecture de la première page de "Des êtres sans gravité"Fiche #1322
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Claude Bleton
1937, Chine et Japon s’affrontent. La bataille de Nankin sera terrible et terrifiante, massacres, viols… les pires atrocités seront commises. Au cœur de la ville, dans une église, sont réfugiées des jeunes filles rapidement rejointes par un groupe de prostituées. Dans cet espace réduit, des personnes très différentes, aux préjugés marqués, cohabitent sous la pression de la guerre, l’ennemi ayant décidé d’ignorer la neutralité de ce lieu. La promiscuité exacerbe ces différences, chaque comportement, chaque sentiment ne peuvent échapper à l’autre. Les jeunes filles fascinées par ces femmes différentes ne cachent pas non plus leur mépris. Situations tragiques où chacune et chacun se révèlent : méchanceté, rivalité, jalousie, petitesse, violence mais aussi pour d’autres dévouement, solidarité, entraide, douceur, honneur et sacrifice, « Il leur faudrait du temps, il leur faudrait grandir beaucoup encore, pour comprendre vraiment ce qui s’était passé ce soir-là, comprendre ces femmes qu’elles avaient considérées comme la lie de la société. ».
« Une belle mort ne vaut pas une vie médiocre. »
Fiche #1321
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Chantal Chen-Andro
Stéphanie HOCHET
Sang d'encre
Editions des Busclats
177 | 100 pages | 06-07-2013 | 11€
Le narrateur a toujours été fasciné par les tatouages mais sa peau demeure vierge d’encre. Il est cependant devenu l’ami de Dimitri, un tatoueur, et se contente de lui fournir des modèles. Lors d’un voyage en Italie il découvre par hasard une phrase latine sur le temps qui passe (Vulnerant omnes, ultima necat – toutes blessent, la dernière tue) et immédiatement, il sait, c’est La phrase, qu’il veut posséder, montrer, revendiquer. Il exige que Dimitri la lui tatoue sur la poitrine. Mutation immédiate, il devient un autre homme, la phrase tout autant que le tatouage l’obsède, phagocyté, étouffé, il accepte cette espèce d’emprisonnement même si Dimitri et son rôle l’inquiètent. Pourtant l’encre commence de s’éclaircir et une maladie pointe et modifie son sang, sang et encre se mêlent... Avec une écriture maîtrisée et puissante, Stéphanie Hochet offre une réflexion originale et rare sur le tatouage devenu si commun mais aussi sur le temps qui passe et la mort.
"La laideur est d'une douleur qui ne vous apprend rien, au contraire qui pourrait vous rendre bête et méchant."
Fiche #1320
Thème(s) : Littérature française
Léo Martin est commissaire dans un quartier populaire de Santa Clara (Cuba) où la débrouille et les petites affaires permettent à chacun de survivre. L’existence est périlleuse, chaque pas peut mener à une impasse (« Mais le destin est ce qu’il est. Il en a rien à branler, le destin. Il est inflexible. »), le quartier est une vraie piste de tango. Beauté et tragédie. Léo connaît parfaitement le quartier et ses habitants et croit tout savoir de leurs petites activités. D’ailleurs, ici, tout le monde sait tout sur tout le monde et lorsqu’il découvre un trafic autour de lunettes de soleil, il n’est pas étonné. Pourtant, l’assassinat d’un jeune homme ébranle ses convictions… Aurait-il raté quelque chose ? Existerait-il un lien entre les deux affaires ? Ce roman noir, policier, d’amour mais peut-être surtout social propose une étude de mœurs rythmée et très réaliste d’un quartier populaire cubain.
"Puchy a toujours dit que le quartier était un monstre. Je l'ai entendu le dire tant de fois que j'ai fini par me l'imaginer moi-même ainsi : une pieuvre pourvue d'un million de tentacules."
Fiche #1319
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Morgane Le Roy
Le narrateur est mort. A trente-cinq ans. Définitivement. Certes, il l’a voulu. Son corps est rapatrié au Maroc, mais ses parents absents, il faut qu’il patiente. Il patientera. Longtemps. Quarante jours. Et chacun lui rendra visite, une dernière fois, viendra devant sa dépouille et parlera sans retenue, enfin. Les révélations se succèdent, le voile se lève. Il écoutera et entendra. Souvent avec surprise, faut-il être mort pour connaître son entourage ? Les démons se dévoilent, les secrets jaillissent. Le discours est réaliste, sans concession, vif, souvent ironique. Les coutumes et croyances sont décrites sans lourdeur, « On servira à manger au peuple, et on ne saura plus si l’on fête ou si l’on deuille. », en espérant que le dessert ne soit pas trop long à arriver !
« Autour de moi, les garçons et les filles oscillaient entre trois expectatives mythiques. Celle de Baudelaire et de ses paradis artificiels. Celle d’Artaud et de ses hôpitaux. Celle de Bukowski au cœur d’une folie ordinaire. Il n’y avait de place pour rien. Ni devant ni derrière. »
« A Paris, mon père n’est qu’une ombre arabe parmi les les ombres arabes. Personne ne le connaît autrement qu’en habit d’ouvrier. Mais à Fès, mon père est un Autre. Un homme qui en impose. »
Fiche #1317
Thème(s) : Littérature étrangère
A partir de trois portraits croisés, « Un été » nous parle de la Turquie d’aujourd’hui mais aussi de l’Europe. Yakup quitte pour la première fois la Turquie pour venir en France où il rencontre d’autres exilés européens. Il a croisé peu de temps auparavant la jeune Leyla qui vient d’apprendre que son mari Halil s’apprête à la quitter sans raison apparente. Elle nous emmène dans une errance sur les traces de son enfance et son père qui vient de se suicider à travers Istanbul la belle. Un livre dense avec trois personnages que les évènements n’ont pas épargnés mais qui reste attachés à leur pays et à la vie.
Ecouter la lecture de la première page de "Un été"Fiche #1318
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : François Skvor
Le souffle médiatique est puissant et étouffant et Gary Montaigu va l’apprendre à ses dépens. Au sommet de son art, cet auteur populaire reconnu de tous vient d’obtenir le prestigieux et estimé Booker Prize. Pourtant la célébrité aveugle, et il accepte de participer à une émission de téléréalité « Un écrivain, un vrai ». Les caméras s’installent à son domicile et filment sans discontinuité, rien ne leur échappe, sa femme, attirée par les lumières étoilées, est aux anges… Peu à peu, l’extérieur s’installe, exprime son avis. Son écriture devient prisonnière, sa liberté disparaît, les téléspectateurs interviennent, guident, font pression, une écriture participative s’élabore. L’écrivain résiste, plie, la toile est en effet tissée, un contrat signé ne peut être rompu, sa femme véritable araignée venimeuse et le producteur veillent. Mais reste-t-on écrivain en acceptant de devenir star et en répondant aux exigences de tout un chacun, star également, nécessairement ! Gary saura-t-il s’échapper, briser la toile et retrouver une liberté perdue ? Pia Petersen continue l’œil pétillant de titiller le lecteur avec un ton aussi réfléchi que grinçant et moqueur.
Ecouter la lecture de la première page de "Un écrivain, un vrai"Fiche #1316
Thème(s) : Littérature étrangère
Ils sont onze élèves « ordinaires » de terminale S. Le bac s’achève, une photographie immortalise cet instant avant de plonger dans une autre vie. Cet été là ne peut être comme les autres. Le départ en vacances marque une première séparation, chacun aura son été et onze récits très différents, un par élève, décrivent leurs premiers pas dans un nouvel environnement souvent à l’ombre de leurs familles mais aussi leurs sentiments, leurs rêves, leurs inquiétudes… Septembre arrivera très vite, et ils se sont promis de se retrouver... Onze brefs portraits variés qui forment un livre rythmé d’un moment important de la vie de nombreux adolescents.
Ecouter la lecture de la première page de "Rendez-vous en septembre"Fiche #1315
Thème(s) : Jeunesse
Anne FLORET
Dominique BERTAIL
Le bateau du petit marin
Place des victoires
171 | 13-06-2013 | 9.95€
Un très jeune marin ne peut s'endormir et chaque nuit, veille à sa fenêtre, face à la mer. Une nuit, il voit un bateau couler et décide alors de construire son propre bateau pour rejoindre l'île dont il rêve. Un superbe album tout en poésie et en douceur pour tenter d'endormir les petits récalcitrants...
Fiche #1314
Thème(s) : Jeunesse
Mémé Cornemuse, la terrible, est de retour ! Elle est devenue concierge, après avoir éliminé discrètement la titulaire en place d’un élégant coup de couteau, dans un immeuble dont les occupants sont tous plus fous les uns que les autres. Mais il en faut plus pour impressionner Mémé Cornemuse ! Même quand Ginette de retour d’une aventure périlleuse mais amoureuse débarque affolée après avoir découvert son mari assassiné, elle ne perd pas son sang froid, il le faut, elle prépare en parallèle le casse du siècle et ne verrait pas d’un bon œil la venue des pandores ! Alors Ginette mènera son enquête seule et en apprendra de belles sur son défunt mari et son frère… comme le lecteur qui découvrira quelques pans de l’histoire personnelle de Mémé Cornemuse. Le ton est truculent et caustique, la gouaille décapante, les personnages bigarrés, illuminés et déglingués, le vocabulaire et les sentences décapants entre Dard et Audiard. Aussi féroce que jubilatoire !
Ecouter la lecture de la première page de "La vieille qui voulait tuer le bon dieu"Fiche #1313
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Sheldon Horowitz, vieux Juif ronchon de 82 ans ("Ca signifie... il est juif, ce n'est pas un barjo banal."), ancien marine, a quitté les Etats-Unis pour vivre en Norvège aux côtés de sa petite-fille Rhéa et de son compagnon. Pourtant ses morts et sa culpabilité l’ont accompagné dans ce dernier périple, les morts qu’il n’a pas su éviter, les morts qui l’ont quitté, la mort qu’il a donnée ou provoquée ("J'ai tué mon fils, Bill. Il est mort parce qu'il m'aimait"), les guerres… Il s’installe dans un pays étrange, qu’il ne connaît pas et lorsque sa voisine se fait violenter par son compagnon, il ouvre sa porte et l’accueille accompagnée de son fils. Il assiste avec ce petit garçon à son assassinat, encore un mort… Mais il décide immédiatement de protéger ce petit, qui ne lui parle pas, qui ne sourit pas. Une cavale folle suivie par ses morts, toujours présents, qu’il interpelle et questionne, pleine de rebondissements, de dangers comme de moments loufoques ou de tendresse bourrue, mais sa volonté, cette fois, est indéfectible, il ne quittera pas le gamin. Avec comme toile de fond la Norvège contemporaine, le récit oscille entre passé et présent, entre rêve et réalité et offre les différents points de vue des divers personnages gravitant autour de Sheldon. Encore un vieux bourru particulièrement attachant !
"Quel idiot j'ai été de m'être cru capable de faire quelque chose. De m'être cru capable de prouver que j'étais plus fort que mon destin. C'est ce qui a tué mon fils. J'ai feint d'être un homme d'action, mais je ne suis qu'un rêveur."
Fiche #1312
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Sylvie Schneiter
Frank Delage entame une longue traversée, retour de l’Ancien Monde vers le Nouveau. Australien il est venu en effet présenté son piano révolutionnaire en Europe. Le récit mêle le bilan de ce voyage initiatique d’un homme introverti et ses réflexions que ce retour lui évoque accompagné d’Elisabeth, la seule avec sa mère qui a accordé quelques échos à son invention.
Ecouter la lecture de la première page de "La traversée"Fiche #1310
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Patrick Repousseau
Sonia, la quarantaine, vit dans la maison de ses rêves, de son enfance, au bord de la Tamise, un fleuve puissant, changeant, personnage omniprésent. Depuis quelques mois, son mari Greg la délaisse, voyage beaucoup et souhaite vendre cette maison pour partir loin des rives de ce fleuve. Sa fille Kit a rejoint d’autres cieux. A force de contempler ce fleuve, les souvenirs refluent et au milieu de cette enfance, le mystérieux Seb qui semble l’avoir marquée à jamais. Aussi, lorsque Jez, un jeune de 15 ans, le neveu de son amie Helen, vient emprunter un disque de la collection de Greg, elle ne veut plus le quitter, et en un instant, elle décide de le retenir, de le séquestrer. Obsédée par sa jeunesse, son physique, son apparence, elle le veut exclusivement, sans partage et le séjour se prolonge d’autant plus que l’enquête la délaisse et s’oriente vers un coupable inattendu. La violence est contenue ce qui accroît la tension jusqu’à la rupture ! La fluidité du récit est assurée par l’alternance des points de vue et des descriptions des quotidiens des deux femmes. Une trame et un suspense envoûtants, tendus, stressants, sans temps mort, vous ne contemplerez plus la Tamise du même œil !
Ecouter la lecture de la première page de "Désordre"Fiche #1311
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction :
Julie Sibony
La lecture de l'excellent "Adieu, Torero" m'incita à rechercher d'autres titres d'Olivier Deck, quelle joie, quel bonheur de trouver ce deuxième petit bijou !
Gaspar vit seul, loin du monde et de sa folie, retiré. Enfin, presque. Un vieux cheval fidèle l’accompagne. Ils vivent ensemble de longue date, seuls survivants d’une famille de gens simples. Ils ont entretenu longtemps les rails de la voie ferrée, jusqu’à sa disparition et bien après. Les paysans et mineurs ont alors rejoint la ville, mais eux, sont restés, ils se suffisent à eux-mêmes, n’exigent rien, vivent simplement, en harmonie, durement et âprement. Mais les Hommes en ont décidé autrement, une décision administrative a tranché, Gaspar, résigné, devant ces hommes qui savent et qui parlent d’épizootie, partage encore quelques derniers instants avec son cheval en le menant pour une ultime fois vers le village, pas à l’abattoir, cela lui aurait été impossible, son ami Léon le boucher fera le travail, en toute amitié, simplement. Tristement éblouissant !
Fiche #1309
Thème(s) : Littérature française
Louise est une brillante élève de Terminale S, aimée et admirée de tous. Pendant un cours de maths, Louise se sent mal et quitte la classe accompagnée de l'attentionné Samuel de deux ans son cadet pour aller à l’infirmerie. Ils trouvent portes closes et se dirigent vers les toilettes. Louise s’enferme et Samuel patiente. Mais lorsqu’il aperçoit le sang coulé, affolé, il court prévenir le Proviseur qui découvre Louise avec un enfant sur le ventre. Stupéfaction générale y compris de Louise qui hurle qu’elle n’a jamais eu de rapports. Cet évènement est un véritable tremblement de terre et bouleverse évidemment les entourages familial et amical de Louise. Les différents points de vue, l’ensemble des questions soulevées et des réponses avancées sont énoncés avec réalisme comme sont décortiquées les relations entre adultes et ados. L’évènement marque à jamais et aucun retour en arrière n’est admis, Louise doit décider de l’avenir de cet enfant, puis devra vivre avec cette décision, et elle en est en effet consciente. Aborder le déni de grossesse d’une adolescente était inédit et périlleux et Isabelle Pandazopoulos l’a parfaitement réussi, sans clichés ni pathos, loin de toute morale imposée, en préférant stimuler la réflexion du lecteur au cœur d’un flot continu et puissant d’émotions.
Ecouter la lecture de la première page de "La décision"Fiche #1306
Thème(s) : Jeunesse Littérature française
Fernanda GARCIA LAO
La peau dure
La Dernière Goutte
164 | 181 pages | 27-05-2013 | 16€
Violeta galère dans son métier (elle est actrice), ses amours, ses relations aux autres. Même sa main la fait souffrir atrocement et elle accepte l'opération. Quand elle se réveille dans son lit d’hôpital avec une nouvelle main greffée, ce n’est qu’une étape de plus ! Mais quelle étape ! Pourra-t-elle un jour l’accepter Elle, cette Main étrange et intrigante, se reconstituer et ne faire plus qu’un. Pour cela, elle se lance dans une enquête noire, morbide, rocambolesque pour trouver son ancienne propriétaire puis connaître son passé, ce qu’elle a fait, les évènements auxquels elle a participé, ses blessures… et enfin s’accepter.
« La provocation n’est pas une fin en soi mais un système de pensée. »
Fiche #1307
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Isabelle Gugnon
David S. KHARA
Le projet Morgenstern
Critic
163 | 365 pages | 27-05-2013 | 20€
Le projet Morgensten est le troisième opus des aventures d’Eytan Morgenstern agent du Mossad qui a passé sa vie à pourchasser sans relâche et sans pitié les anciens nazis. Pour mieux appréhender le parcours et les sentiments de cet agent insaisissable, cet ultime (vraiment ?) combat nous entraîne en 1942 sur les traces du chef de la Gestapo chargé d’éliminer un enfant échappé du centre médical du 3è Reich, en 1943 en Pologne au cœur d’un groupe de résistants qui vient d’accueillir un adolescent aux pouvoirs étranges et enfin aux Etat-Unis en 2003 dans une petit ville du New-Jersey où un libraire et sa femme, ancien agent du CIA, s’apprêtent à vivre l’enfer. L’intrigue est nerveuse, les personnages attachants, les descriptions des phases d’action particulièrement réussies et efficaces.
Ecouter la lecture de la première page de "Le projet Morgenstern"Fiche #1308
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Jean dès son plus jeune âge est un enfant ballotté, partagé entre plusieurs familles, enfant objet, il accepte, attend la vie, sereinement. Né sous X, Jean-Jean est adopté par une première famille et devient Jean. Son arrivée au milieu de ce couple bourgeois brinquebalant n’améliore pas l’ambiance et il est confié à sa troisième mère qui s’occupe déjà de trois enfants sous l’œil d’Oncle Grimace. Jean accepte encore son sort, écartelé entre ses deux familles, il refuse de choisir et revendique ce non-choix entre « le chaos » et « l’appartement bourgeois ». Roman d’apprentissage à l’écriture rythmée et précise souvent drôle d’un enfant "Robin des Bourges" qui sans juger le monde instable des adultes s’accroche à la vie.
Ecouter la lecture de la première page de "Coeurs d'assaut"Fiche #1305
Thème(s) : Littérature étrangère
Le fils rend visite de manière impromptue à son père, vieil homme sauvage retiré du monde, en autarcie, dans la montagne, au-dessus de Briançon (« On a l’impression d’être sur les terres de quelqu’un qui vit tranquille, sans avoir besoin des gens, avec son idée personnelle de la liberté. Seul, loin des villes et des hommes. »). Ils ne sont pas vus de longue date, le fils vient apprendre une triste nouvelle au père qui l’accueille au fusil. Pourquoi cette inquiétude, que peut-il craindre ? Néanmoins, que d’efforts pour cet accueil froid et singulier ! Les deux hommes se connaissent peu mais la conversation se tisse aisément dévoilant une ambivalence parfaite du discours et des sentiments : entre tension et drôlerie, tristesse et joie, admiration et mépris, colère et tendresse, respect et humeur… une histoire de père et de fils. Le fils accepte de passer finalement la nuit dans le refuge paternel et ce cours séjour permettra à chacun de dévoiler ses peurs, regrets, espoirs et amours. Cette lecture (quelle écriture !) vous procurera un pur instant de plénitude, sans aucun ressentiment, devant un miroir avec un père, son fils, la vie et la mort.
« La paix, il n’a pas l’air de l’avoir trouvée, dans ce coin de sauvage loin des routes et des mers, loin des hommes. Il s’est mis à l’écart comme si le monde allait l’oublier, mais le monde lui colle aux chausses, il n’en a pas fini avec lui. Il attend le grand jour pour lui régler son compte et ce rendez-vous lui fait peur. »
« Quand on est tout seul avec soi pour ennemi, il y a des pensées pires que la réalité. »
« Il n’y a pas beaucoup de mots convenables à mettre sur les beautés. On n’en met que sur son sentiment ; c’est faible. »
Fiche #1304
Thème(s) : Littérature française
La rumeur court à Cronce, petit village isolé de Haute-Loire. Des étrangers (jamais les bienvenus) au village, couple d’écrivains, se sont installés dans la maison de Marie Belland. Cela devient rapidement le sujet de conversation favori des villageois. Mais au fait, où est cette maison, existe-t-elle d’ailleurs ? Et Marie Belland, qui s’en souvient ? Qui était-elle ? Alors quand il faut apporter une lettre aux écrivains, l’affaire se complique, le mystère s’épaissit… Roman énigmatique et joueur, de l’incertitude comme de la certitude, de la réalité comme du rêve, des croyances et des ignorances à la prose qui court comme la rumeur ! Seule certitude, ce livre existe et il faut le lire !
« Les maisons passent de mains en mains, d’histoires en histoires, jusqu’à l’avènement des ruines. Curieusement, on les nomme demeures. »
Fiche #1302
Thème(s) : Littérature française
Un petit album plein de poésie et d'humour qui rappelle aux grands-mères et à leurs petits-enfants que l'abus de rouge peut nuire à la santé !
Fiche #1303
Thème(s) : Jeunesse
Samira Sedira a même oublié l’odeur des planches qu’elle a pourtant longuement foulées et puissamment respirées. En effet, après une formation de comédienne, elle a joué de nombreux rôles, fréquenté moult salles de théâtre. Et puis, un jour, tout s’arrêta, le rideau tomba et personne ne fut là pour le lever. Plus de rôles, plus de travail, plus rien, exclusion, solitude et isolement s’installent progressivement. Sans identité, sa vie se délite. Le chômage, fin de droits, retour au boulot, et elle s’engage comme femme de ménage. Les souvenirs reviennent. L’exil de ses parents, leur sacrifice, son obligation de réussir, sa mère qui ne s’est jamais intégrée, l’impression de revivre son calvaire aujourd’hui avec en plus un sentiment de mépris de soi et de culpabilité face à cet échec qui semble établir que rien ne bouge, seule demeure l’attente, l’attente de dignité, de reconnaissance, de travail, de son pays, du retour… Ce témoignage sincère et direct est sensible, émouvant, intense tant dans l’émotion qu’il suscite que dans la multitude des thèmes abordés (l’exil, le travail et le chômage, les femmes exilées, les enfants d’immigrés, la réussite, le monde du théâtre, le salariat et les petits boulots…).
Premier roman
Fiche #1301
Thème(s) : Littérature française
Un joli documentaire (comme d'habitude dans cette collection) présentant les caractéristiques des volcans et la vulcanologie.
Fiche #1294
Thème(s) : Jeunesse
Léo le petit tétard grandit. Sa queue disparaît, des pattes apparaissent... Léo est désappointé, que faire de ces pattes ? Il parait que c'est normal, Léo grandit ! Mais Léo est triste et reste au fond de la mare, jusqu'au jour où ses pattes lui seront d'un grand secours...
Fiche #1295
Thème(s) : Jeunesse
Un superbe album fleurant bon la poésie et la sagesse qui nous raconte une trajectoire, l'histoire d'une vie, l'histoire de La Vie.
Fiche #1296
Thème(s) : Jeunesse
Une histoire sans paroles, bel hommage au vent et au jeu.
Fiche #1297
Thème(s) : Jeunesse
Sylvain VICTOR
La petite fille qui voulait voir des éléphants
Atelier du Poisson Soluble
153 | 11-05-2013 | 16€
en stockNina part retrouver sa tante Akwa en Afrique. Elle va enfin réaliser son rêve et voir des éléphants, son animal préféré ! La petite débarque avec ses préjugés et découvrira une autre Afrique bien loin des clichés habituels et son cousin Koffi se fera un malin plaisir de le lui rappeler !
Fiche #1298
Thème(s) : Jeunesse
Un album sans texte dans lequel on assiste d'abord à la naissance du visiteur qui part ensuite explorer le monde. Sa curiosité est sans limites, rien ne l'arrête, pas même la surprise finale !
Fiche #1299
Thème(s) : Jeunesse
La biographie du grand cuisinier étoilé Yannick Alléno qui revient sur son parcours, de sa jeunesse en banlieue parisienne, de l'apprenti qu'il fut au grand chef cuisinier et d'entreprise qu'il est devenu en passant par les rencontres et les maîtres qui l'ont épaulé et accompagné.
Fiche #1300
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Une discrète et attentionnée narratrice s’attache à dresser le portrait de deux êtres qui s’opposent autant qu’ils s’assemblent. Alternativement, l’un vole, l’autre trébuche, l’un court, l’autre attend, tous les deux ont un corps brisé, tous les deux attirent l’attention, sont observés de tous et pourtant vivent une solitude certaine. Le premier est son demi-frère, Henri, prognathe au développement mental interrompu, le corps étiré, malaxé, violenté par son père pourtant si aimant, il tombe mais se relève, incassable, toujours, et continue d’avancer, malgré la douleur et la différence. Le second est Buster Keaton, star déchue du cinéma, sa carrière est lancée par ses chutes dès l’enfance, de plus en plus violentes, sans limite, incassable, il imagine ensuite toujours plus haut, plus fort, pantin désarticulé, rien ne l’arrête. Portraits miroirs, qui n'en font qu'un, émouvants et inclassables de deux êtres aussi fragiles qu’invulnérables, deux résistants, à part, qui ne trouveront pas leurs places dans la société.
Ecouter la lecture de la première page de "Le garçon incassable"Fiche #1293
Thème(s) : Littérature française
Deux hommes se croisent, par hasard, pendant la guerre d’Espagne. Ils sont du même camp, mais leurs choix diffèrent. A l’abri d’un muret, ils vont pourtant s’apprivoiser d’abord, puis s’écouter et se dévoiler alors que les balles d’un sniper ennemi sifflent. La mort et le danger les désinhibent et ils se livrent à cet inconnu de passage sans aucune retenue. L’amitié perce rapidement alors qu’ils ne se sont pas engagés pour les mêmes raisons et que l’instant est décisif pour leur place dans cette guerre pour la liberté… Le torero ne peut reculer ou abandonner, il restera dans l’arène quelles qu’en soient les conséquences, le Français a décidé de retrouver la femme qui l’a incité à s’enrôler. Texte bref mais terriblement efficace, émouvant, tragique et puissant.
Ecouter la lecture de la première page de "Adieu, torero"Fiche #1292
Thème(s) : Littérature française
« Cette histoire est dédiée à la génération de l’éternelle jeunesse » : l’homme arrive au bout du chemin, l’issue est proche. L’homme est en effet très âgé, vit seul depuis longtemps, et revient avec un œil acéré sur sa longue marche vers le deuil et la mort, deuil d’une vie, de la vie, de ses proches. L’analyse est lucide, franche, réaliste, sans concession mais l’œil reste pétillant et le sourire du clown triste ; une distance voire une certaine autodérision introduisent une légèreté heureuse et salvatrice. Tout au long de cette analyse de la vie, de la vieillesse et la mort, la bouilloire chuinte, occupe l’esprit et marque l’attente. La vie se rétrécit et les souvenirs jaillissent de partout et nulle part. Un témoignage unique d’une certaine philosophie de vie, expérience aussi unique qu’universelle.
« … en chaque être humain sommeille le désir d’être irresponsable et de se livrer à tout ce qui lui vient à l’esprit, sous l’étendard victorieux de la maladie : nous sommes tous de pauvres types. »
« En vieillissant, on jaunit de l’intérieur tandis qu’on devient gris à l’extérieur. Tout cela est la faute aux reins et au foie, et sûrement pas aux sucreries. »
« Il n’existe rien de plus injuste que cette brutalité, cette violence qu’est le vieillissement. Personne ne vieillit de la même manière et il n’y a pas deux êtres qui le fassent selon les mêmes règles. Cette inégalité tient à la nature aussi diverse que semblable de l’être humain dans tous les domaines. Elle est l’unique loi de la vie. »
Fiche #1289
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Eric Boury
Laolao la vieille vendeuse d'éventails se lamente, la saison est trop fraiche et personne n'achète ses éventails. Quand le calligraphe Wang Xizhi passe devant elle, elle lui fait part de ses inquiétudes. Le célèbre artiste ému et attentionné met aussitôt son art au service de cette vieille dame inconnue, et elle ne le regrettera pas ! Un bel hommage à ce célèbre calligraphe qui ne vivait pas dans une tour d'ivoire.
Fiche #1290
Thème(s) : Jeunesse
Ils sont trois, forment un trio bancale, où l’un observe et écoute les deux autres dans un premier temps. Observation de l'autre, de ses sentiments mais auto-observation également. Deux d’entre eux viennent de subir la fin d’un amour, une séparation. L’œil est perçant, l’attention ultime. Chaque mot frappe, chaque regard consenti est pesé. Puis le trio se forme, Jules et Jim peuvent l’accompagner et rejoindre l’Avventura, un café en bord de Marne. Confusion des sentiments, désir à fleur de peau renaît en prenant son temps avec comme idée récurrente, lancinante et obsédante, comment s’en sortir ?
Premier roman
"Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon cœur
D'une langueur
Monotone."
Fiche #1291
Thème(s) : Littérature française
La vie des pêcheurs islandais est âpre, le froid, la neige et les tempêtes, la mer et sa violence, la fragilité des embarcations… mais chacun part et repart même s’il sait qu’il peut s’agir du dernier voyage. Chaque marin sait ce qu’il doit faire et à quel moment. Malgré tout, leurs esprits voguent, s’occupent. Parmi eux, Baldur et le gamin ont une passion commune, la lecture et les mots et ils se font une joie de la partager sur mer. Mais le jour du départ, Baldur s’aperçoit qu’il a oublié le livre de poésie qu’il est en train de lire et repart le chercher. Il en oublie sa vareuse, erreur fatale, la mer et le froid ne pardonnent pas d’approximation. Au retour, le gamin que cette disparition a bouleversé et ébranlé, rapporte ce livre assassin à son propriétaire, autre amoureux des livres et de la lecture, sans avoir encore décidé s’il allait continuer le chemin de sa vie. Premier opus de sa trilogie, J.K. Stefánsson prouve immédiatement son sens du détail, son art de la description, son amour des mots et de la langue, il se dégage une grande puissance de ses textes. Le lecteur est immédiatement happé et immergé dans le récit, la vie, la mort, la douleur, la souffrance mais aussi le rêve, les espoirs, les petits instants de bonheur. Entre Ciel et terre, quoi d’autres que la vie et la littérature ?
« Les hommes n’ont nul besoin de mots, ici, en pleine mer. La morue se fiche des mots, même des adjectifs comme sublime. La morue ne s’intéresse à aucun mot, pourtant elle nage dans les océans, presque inchangée, depuis cent vingt millions d’années. Cela nous apprend-il quelque chose sur le langage ? Eh bien, nous pouvons peut-être nous passer des mots pour survivre, mais nous en avons besoin pour vivre. »
Fiche #1288
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Eric Boury
Le Ballot et le Chinois ne se quittent pas. Inséparables bien que très différents, ils grandissent ensemble dans l’Espagne des années quarante. Ces deux enfants prennent leurs loupes pour analyser avec précision et humour, avec leur clairvoyance et bon sens enfantin mais sans caricature ni mièvrerie, le monde des adultes. Ils veulent absolument tout comprendre de ce monde qu’ils observent sans interruption et laissent parfois libre cours à leur imagination débordante. Amoureux des mots, de leurs mots, ils ne se lassent pas de le décrire. Jusqu’au jour où « l’éternel féminin » en la personne de la jeune orpheline de guerre, Elke, vient à leur rencontre… Un roman original, inventif, tendre, plein d’humour et non dénué d’ironie.
Fiche #1285
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Nelly Lhermillier
Rachel aime un homme, plus que tout, plus qu’elle-même certainement. Elle accepte tout, absolument tout, sans aucune retenue, même la violence et la perversité les plus ultimes. Domestiquée sexuellement, elle est devenue sa chose. Et puis un jour, elle dit stop mais se méprise et tente d’en finir. Elle se retrouve dans une clinique et revient alors sur son expérience et sur le cheminement qui l’a amenée à ce statut d’esclave. Elle évite toute facilité et n’endosse pas le rôle de victime, elle n’a pas seulement subi, loin de là, elle reconnaît en effet sa responsabilité et son acceptation dans cette relation univoque et dans ces violences. Et seule cette lucidité lui permettra tant d’en l’analyse de cette relation consentie que dans la revisite de son enfance, d’éloigner la dépression qui la mine et commencer une seconde vie.
Premier roman
Fiche #1286
Thème(s) : Littérature française
Deux jeunes amoureux partent pour la Slovénie pour concrétiser cet amour ou y mettre un point final ? « Nous étions venus en Slovénie pour changer d’air, mais il semblait qu’il se viciait à notre approche et nous suivait comme une nuée de moucherons ». Le jeune homme est le narrateur mais il donne aussi son interprétation et le lecteur profite donc d’une double vision. Il est lucide, parfois désinvolte, décrit les faits quotidiens anodins ou singuliers mais surtout la vie du couple. Leur différence point rapidement et leur périple chaotique dans ce pays mystérieux la mettra en évidence voire l’exacerbera. Un premier roman délicat et élégant non dénué d’humour sur un couple sans lendemain.
Premier roman
Fiche #1287
Thème(s) : Littérature française
Une jeune femme s’apprête à rejoindre son amant dans un hôtel du bord de mer. Encore sur le quai de métro, rêveuse, elle y est déjà. C’est alors qu’un vieil homme la fixe un bref moment, interrogatif et serein, il lui sourit, se retourne et se jette sur la voie. Le choc est immense, bouleversée, elle se lance dans une errance sans fin dans les rues de Paris par cette nuit d’orage et de pluie. Enfermée dans ses interrogations le temps de l’explosion de cette orage, elle revient sur son histoire mais aussi sur celui de cet anonyme : pourquoi a-t-il croisé sa route, par hasard, vraiment ? Pour le savoir, elle se retourne sur son passé, sur notre passé, pour tenter d’identifier les évènements historiques ou intimes qui ont influé sur leur existence, qui les ont amenés sur ce quai, à cet instant précis. Saura-t-elle abandonner cet homme et s’affranchir de cette rencontre ? En un instant la mort et l’amour se sont heurtés, et l’auteur revient sur ses rencontres amoureuses. Elle ne pourra pourtant trouver les mots pour expliquer à son amant, photographe de l’éphèmère, les raisons de son retard et de son absence à leur rendez-vous. Un roman aussi dense que succinct avec l’écriture minimaliste et précise de Michèle Lesbre, son extrême justesse dans les descriptions, son art de décrire un monde qui bouge et qui gronde tout en donnant l’impression de calme et d’immobilisme mais aussi son extrême aptitude à installer une atmosphère très personnelle que l’on retrouve avec tant de plaisir de livres en livres.
Ecouter la lecture de la première page de "Ecoute la pluie"Fiche #1284
Thème(s) : Littérature française
Jill est en pleine adolescence, à 16 ans, suite à une tumeur apparue plus tôt, elle est aveugle. Son père s’occupe tendrement d’elle mais elle voudrait tant être comme les autres, faire tout comme les autres, être regardée comme les autres… Même après avoir rejoint l’Institut National des Jeunes Aveugles à Paris et s’être jointe à une bande de copains soudée et dévouée, elle continue d’agir singulièrement pour une jeune aveugle. Lors de l’une de ses escapades, elle assiste à une agression et bouleversée, elle s’aperçoit qu’elle rêve maintenant en couleur (« La deuxième nuit, la lumière apparut. Elle se tut. La troisième, les couleurs. Elle s'inquiéta en silence. La quatrième, les contrastes. Elle se mit à espérer. Au petit matin de la cinquième nuit, Jill retrouva le sourire. Elle voyait en dormant. Pour la première fois depuis des années d'obscurité totale, elle distinguait les images, des couleurs et même la lumière du jour. C'était inouï, inespéré, troublant. ») puis que ses rêves puisent leurs substances dans la réalité. Interdite, elle s’interroge, mais lorsqu’elle rencontre le jeune Louis qu’elle a vu en danger dans l’un de ses rêves, elle n’hésite pas ! Elle doit l’aider et lance sa bande de copains à sa recherche. Un long voyage haletant dans les rêves et dans la réalité qui lui permettra peut-être de ressentir autrement sa cécité et le regard des autres. Le récit est rythmé, les thèmes intéressants et atypiques, et les personnages attachants, que demander de plus ?
« C’est fou d’ailleurs comme les regards faisaient du bruit quand on savait les écouter. »
« Ralentir ou poursuivre ? Seul, sans guide. Courir aveugle et sourde aux dangers. Il y en avait forcément. Tant pis il fallait les accepter… Mais qui pouvait regarder le soleil sans se brûler les yeux ? Il suffisait de le sentir pour être heureuse. Se laisser inonder de sa lumière, de sa chaleur, de son énergie et dire oui à la vie. »
Fiche #1282
Thème(s) : Jeunesse Littérature française Polar/Thriller/Noir
En Afghanistan, « Bash posh » désigne des jeunes filles déguisées en garçon qui donnent le changent à l’extérieur de l’antre familial. Sans descendance masculine, les familles risquent en effet l’opprobre et préfèrent déguiser ainsi l’une de leurs filles, du moins jusqu’à la puberté. Elles ont alors une vie de garçons, partagent le quotidien d’autres garçons, de leur père, l’extérieur leur étant accessible. Puis, le jour de leurs premières règles, tout change. Retour à la maison, à sa place, avec le voile… Charlotte Erlih suit les traces de Farrukh et/ou de Farrukhzad. Elle (ou il) est barreur dans un équipage d’avirons. Ses camarades dans ce groupe amical et soudé ignorent qu’à leur tête se trouve une jeune fille. Ils ambitionnent une participation aux JO et se donnent corps et âme à ce projet. Pourtant, Farrukh va devoir redevenir Farrukzhad et après avoir goûté à l’amitié, à l’entraide, à l’effort partagé, à une certaine liberté mais aussi à l’attention de son père, pourra-t-elle accepter de replonger dans un monde de servitude ? Un superbe roman qui expose le poids des religions, de la famille et des traditions sur des jeunes filles qui ne souhaitent qu’apprendre, découvrir, et vivre !
"C'est avec ce livre (ndlr Un amour de Swann) que j'ai compris que toutes les blessures du coeur, même les plus profondes, finissent par se recoudre, murmure-t-il. Il faut juste du temps. Becucoup de temps parfois. Mais ça passe."
"C'est précisément par ce que tu vas être enfermée qu'il est primordial que tu aies ton jardin intérieur. Celui-là, personne ne pourra t'empêcher de t'y promener. Toi seule en aura les clés."
Fiche #1283
Thème(s) : Jeunesse Littérature française
Cela fait bien longtemps qu’Olivier n’est plus retourné sur les lieux montagneux de son enfance et a quitté père et mère. Il a quitté ce monde après la mort "bête" et accidentelle de son frère Marc grand espoir du monde du ski, admiré et idole de tous et surtout de son père. Olivier avait toujours accepté la place dans l’ombre de son frère que le père, vieil homme bourru, lui avait octroyée mais cette disparition l’avait repoussé loin. Sous l’insistance de sa compagne et de sa mère, il revenait enfin, la boule au ventre, bien décidé à parler à son père malgré l’angoisse et la tension qui l’animent. L’auteur nous fait ressentir parfaitement les sentiments d’Olivier qui revient sur la rivalité entre deux frères, la préférence assumée d’un père pour l’un des fils mais aussi son désir d’apaisement et de libération de la parole. Après « Tous les trois », Gaël Brunet confirme son intérêt pour l’intime d’une famille qu’il aborde avec une grande pudeur et sensibilité en laissant toujours poindre une lueur d’espoir malgré la lourdeur des évènements imposés par la vie.
Ecouter la lecture de la première page de "La battue"Fiche #1281
Thème(s) : Littérature française
Camille apprécie les tombolas organisées par les bonnes œuvres de sa petite commune bretonne, autant pour se débarrasser d’objets inutiles tel ce pic à glace que pour la curiosité de gagner des lots inattendus voire incongrus tel ce bel homard. Il faut dire que Camille semble avoir peu d’occupations, son mari semble ailleurs avec sa vis dans le crâne, quelques discussions avec sa meilleure ami au café « La veuve pochard débitante »… Le calme… Et puis « Clac ! », un manoir au bord de la côte semble raviver son couple, et un touriste anglais retrouvé assassiné… que d’occupations ! Camille Dietrich nous parle de couple et de quotidien, de folie, d’amour mais avec un ton singulier et juste oscillant avec bonheur entre noirceur et humour.
Premier roman
Fiche #1280
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Quels liens peut-il exister entre l’assassinat de Federico Garcia Lorca en août 36 sous le regard amusé de l’étrange Capitan et le corps calciné d’une femme retrouvé en août 2011 entre les rails à proximité de Marseille ? Quelle passion, quelle haine, quels secrets, quelles ambitions ont-ils conduit à ces deux drames ? Il ne fallait pas moins de deux enquêteurs pour démêler les fils de cette enquête entre Madrid et Marseille en passant par Pau. Aïcha Sadia commissaire à Marseille et son équipe sont rejoints par le ténébreux Thomas Roussel qui a reçu un appel à l’aide de son ex depuis Marseille, un tandem efficace qui n’hésitera pas à percer les secrets d’états pour arriver à la vérité. De beaux personnages, une intrigue bien ficelée, des rappels historiques instructifs, un récit rythmé, le bonheur, quoi !
"Et la chanson de l'eau
Reste chose éternelle...
Toute chanson
est une eau dormante
de l'amour.
Tout astre brillant
une eau dormante
du temps.
Un nœud
du temps.
Et tout soupir
une eau dormante
du cri."
F. Garcia Lorca
Fiche #1279
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Alice Ferney propose au lecteur de monter dans un manège, montagne russe qu’est la vie de couple. On pense y monter à deux, un long parcours chaotique, où certains, s’ils n’ont pas refusé auparavant de prendre place, peuvent souhaiter descendre avant la destination. L’histoire de couples (deux couples de deux générations successives), de leur naissance où chacun arrive avec son vécu, son enfance, ses parents et leurs empreintes indélébiles, son origine sociale, ses différences, à leur épanouissement, mais aussi à leur usure voire à leur déchirure, aimer ne suffisant pas parfois pour vivre et vieillir ensemble. Alice Ferney montre qu’un couple passe aussi par la découverte de l’autre et dissèque les différents états des couples, entre épanouissement et enfermement, les déséquilibres, petits égoïsmes et autres jalousies, les illusions, les extases, leur complexité mais aussi et peut-être surtout l’implication évidente ou non du passé personnel ou commun. Une plongée dans l’intime toujours aussi passionnante.
« … preuve s’il en faut que le mariage unit deux familles et deux styles, et qu’on le traverse non pas en tête à tête mais en lignée, non pas à deux mais à six. »
Fiche #1278
Thème(s) : Littérature française
Dès que le volage Adolphe croise la belle et troublante Ellénore, son seul but sera de séduire cette femme mariée. Voyage périlleux au pays de l'amour, aller simple sans retour... Une superbe adaptation du célèbre roman de Benjamin Constant.
Fiche #1275
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Premier d'une série de six albums, adaptation de la célébrissime trilogie de Stieg Larsson. On retrouve avec plaisir ses personnages et maintenant avec de "belles gueules".
Fiche #1276
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Premier volume d'un diptyque nous plongeant au coeur d'un Moyen Age cruel, amoureux et surtout fascinant. Blanche est la jeune et nouvelle reine d'Entremonde. La guerre approche, les rivalités s'expriment, les proches avancent leurs pions voire leurs dagues, seul réconfort, le beau Maldoror, mais il appartient au Monde d'En Bas...
Fiche #1277
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Après le décès de sa grand-mère avec laquelle il vivait, un professeur de collège d’histoire et géographie hérite de sa maison. Il s’y retrouve seul, un peu perdu, notamment dans la chambre rouge, espace qu’il a commencé d’aménager avant la mort de la vieille dame. Une chambre qu’il aimerait bien voir habitée, par une belle âme si possible pour la protéger, l’élever encore. Oui mais qui ? Un jeune homme beau comme un ange qui vit dans la rue presque devant chez lui le croise, il l’enlève. Hasard des rencontres, de la vie. Le huis clos devient vite dérangeant, ambigu. Entre attirance et répulsion, douceur et violence, sans rébellion, les sentiments contradictoires traversent ces deux hommes. Lequel des deux acceptera ou décidera de briser les chaînes de la relation qui les unit ? En sus d’un style travaillé, d'une écriture poétique et musicale, Claire-Lise Marguier réussit déjà dans ce premier roman à varier le ton, les effets et surtout bousculer le lecteur.
Premier roman
Fiche #1274
Thème(s) : Littérature française
Violette a accouché d’un petit garçon, rupture dans une lignée de femmes. Tribu de femmes, sœurs, mères, les hommes sont partis, ont disparu ou n’ont su ou pu partager leurs existences. Quatre générations de femmes volontaires et solidaires, parcours de fillettes à femmes, entre gaîté et tristesse, sourires et larmes, vies contrastées et mouvementées sur lesquelles les liens maternels peuvent aussi bien peser qu’animer. Femmes qui prendront leurs destins en main, participeront et profiteront de l’émancipation des années 70 mais souhaiteront toujours rester ensemble, conserver un lien puissant et indéfectible. Anne Icart explore avec tendresse et justesse les sentiments contrastés et la psychologie au cœur de cette saga familiale féminine.
Premier roman
Fiche #1272
Thème(s) : Littérature française
Comment trouver l'amour à cinquante ans quand on est parisienne
Le Rouergue
129 | 192 pages | 25-03-2013 | 18€
Comment trouver l’amour à cinquante ans quand on est parisienne ou comment une suite d’évènements, de hasards, de coïncidences, amène des vies minuscules vers le bonheur. Au centre de la ronde, Catherine Tournant, prof rigoureuse, divorcée, une fille loin d’elle se retrouve face à ses préjugés et à l’amour quand elle rencontre le père de Dimitri Diop, jeune plombier noir venue la dépanner. Quel autre lien que l’amour et Paris peut-il exister entre ces trois personnages, Jérémie Lesdiguières, styliste gay, Eve-Marie Saada psychanalyste, et Natacha Jackowska, lycéenne qui vient de perdre sa mère et quitter le lycée ? Un roman résolument optimiste ouvert vers le bonheur, peut-être un peu trop…
"... et maintenant si c'est vraiment l'amour qui se présente à nous, sommes-nous capables de le vivre ?"
Fiche #1273
Thème(s) : Littérature française
Elles ont seize ans en 1981. Elles ne se quittent pas (« Ton amitié faisait rempart. La mienne te suffisait »), partagent tout de leur vie autocentrée, les larmes, les rires, les pleurs, les amours, la musique, la littérature... Amies pour toujours ? Cécile et Alice, trente ans plus tard, reviennent sur ces moments qui marquent la fin de l’enfance et l’adolescence et le passage dans le monde des adultes. La relation fusionnelle a pris fin, maintenant éloignée l’une de l’autre, chacune présente son parcours. Même très liées, même si l’on croit tout pouvoir dire, des silences et non-dits persistent et ont en effet participé à leur séparation. Mais l’amitié ne s’oublie pas et ces moments demeurent gravés à jamais. Peut-être espèrent-elles les retrouver à l’âge adulte ? Ces instants de complicité, « la sensation de pouvoir tout dire », ces confidences intimes, à qui les confier maintenant ? Kethévane Davrichewy place l’amitié au centre du roman et dissèque à la perfection avec une écriture précise et musicale la fin de l’adolescence mais aussi les effets du temps qui passe.
Ecouter la lecture de la première page de "Les séparées"Fiche #1271
Thème(s) : Littérature française
Abel a dix-sept ans lorsqu’il se retrouve poussé dans un train. Départ contraint loin de son ami Antoine et de Lou seule figure féminine qui a cru en lui. Il part loin de ses repères et de toute tendresse pour l’Arche, un centre de désintoxication. La drogue l’a broyé et l’Arche continue d’une autre façon, sevrage, isolement, violence. Il convoque son passé et revient sur son parcours chaotique, sentiment de solitude, d’inutilité, quel sens donner à sa vie, une seule passion le dessin, mais à part Lou, personne n’y prête attention. Abel hésite, se rebelle, plie, se replie, s’accorde parfois quelques respirations et laisse la vie pointée d’abord timidement, en espérant que tout ira bien pour cet adolescent en danger. Un livre vif, tendu, rythmé tant par le style que par l’alternance entre passé et présent d’Abel. Un superbe premier roman qui annonçait en effet les suivants parus chez Sabine Wespieser. Tout ira bien est maintenant disponible à l’Ecole des Loisirs.
Premier roman
Fiche #1270
Thème(s) : Jeunesse Littérature française
Monsieur Lion a la crinière en pétard et son ami le petit singe l'incite à aller visiter le coiffeur. Aucune coiffure ne lui sera épargnée, couettes, frisettes, teintes... Hilarant !
Fiche #1263
Thème(s) : Jeunesse
Une suite de gros plans très colorés et contrastés suivent le lent voyage d'un escargot au cours d'un rêve vers un amour inaccessible, et la poésie n'est jamais bien éloignée des rêves !
Fiche #1264
Thème(s) : Jeunesse
Le grand livre des petites différences à l'aide d'une suite de tableaux où des alignements de cinq animaux s'exposent permet à l'enfant d'identifier et de trouver les différences minimes ou non. Un apprentissage toujours aussi ludique dans cette belle collection.
Fiche #1265
Thème(s) : Jeunesse
Mister Bud, le chien de la maison, coule une vie tranquille et bien réglée, le roi de la maison. Alors lorsque Zorro, un p'tit nouveau, prend place dans son domaine, ça n'est pas gagné ! Un trait de crayon très drôle, et une amitié sympathique sur le dos d'un matou filou !
Fiche #1266
Thème(s) : Jeunesse
Dans un vieux dictionnaire, i minuscule regarde la vie avec son père mais lorsque, à l'école des voyelles, non loin du y, il perdit son point, les aventures commençèrent et ses amis voyelles ne furent pas de trop pour l'aider ! Une approche et des illustrations particulièrement originales. Superbe.
Fiche #1267
Thème(s) : Jeunesse
Qui est le petit ? Par forcément celui que l'on croit ? Les apparences sont parfois trompeuses ! Un bel album de photos original qui jouent avec humour sur les perspectives.
Fiche #1268
Thème(s) : Jeunesse
Dans le pays des enfants-rois, les enfants n'ont pas à obéir à leurs parents et le petit roi ne s'en prive pas ! Il collectionne les tétines et il est intraitable avec ses nounous. Alors quand on ne lui apporte plus de nouveaux modèles, il est désespéré et la colère croît. Mathilde, la plus rusée des nounous organise alors un concours original qui le ramènera peut-être à la raison !
Fiche #1269
Thème(s) : Jeunesse
En 1954, les troupes de l’armée populaire vietnamienne harcèlent les troupes françaises. Parmi elles, Yann, jeune breton de Belle-Ile, se retrouve évacué vers Hanoï suite à une blessure au thorax. Yann est un taiseux, un rêveur et lorsqu’il voit la première fois, Mai, jeune Annamite envoyée par les sœurs du couvent, il la remarque à peine alors que Mai immédiatement est foudroyée. Histoire d’amour impossible, et pourtant, jour après jour, les liens se tissent et Yann découvre Mai qui tente alors de repousser au maximum le nouveau départ de Yann vers le front. Ce n’est que le début des épreuves qui entraveront leur relation : le père de Mai a d’autres projets pour sa fille et surtout la guerre et les combats, la séparation est inéluctable. Quand Yann part vers Diên Biên Phu, ils se marient, se jurent fidélité, de s’attendre et de se retrouver quand les combats seront achevés. Mais pourront-ils résister et surtout survivre à cet enfer ? Hoai Huong Nguyen a trouvé le ton juste pour osciller, avec mesure et poésie, entre douceur et violence et elle ceint habilement le lecteur d’une toile aussi douce qu’étouffante. Une belle et douloureuse émotion.
Premier roman
Fiche #1262
Thème(s) : Littérature française
Très loin de l’autofiction et du témoignage, Anne Serre s’empare d’un thème devenu tabou dans la littérature et construit un conte dérangeant, absolument pas graveleux seulement Écrit : la candeur et la douceur de cette écriture, les humeurs décrites contrastent avec les situations partagées par les jeunes filles. Le sexe, tous les plaisirs et jeux sexuels sont au cœur d’une famille, mère, père, enfants, amis… Ils ne font qu’un, un corps en constante évolution et qui n’en finit pas de se révéler, toute le monde participe à la découverte et au plaisir de l’autre, notamment autour de « la table au disque luisant » où tout semble si naturel : « Notre maison était évidemment pareille à un corps, pareille à une âme, avec ici ses désordres, là ses lacs de calme, ici encore sa froideur, et là, sa profondeur veloutée ». Les sentiments sont absents, la place étant occupée par le plaisir omniprésent et goûté par tous. Mais tous les contes ont une fin et les filles quitteront la famille chacune à leur manière. La narratrice, une des trois fillettes devenue adulte, s’extraira de ce huis clos familial par « la rampe » de l’écriture et continuera le jeu par l’écriture en espérant voir les émotions la rattrapent un jour, peut-être. L’écriture n’a pas d’interdits, Anne Serre le prouve encore !
« Longtemps, j'ai été privée de sentiments. Maintenant que j'approche de la quarantaine et qu'il m'est arrivé, grâce à Dieu, d'éprouver ici ou là de la tendresse, de l'affection, je considère cet âge où je ne sentais rien sinon ma force, avec curiosité. »
Fiche #1256
Thème(s) : Littérature française
Un album à rabats original qui permet au petit lecteur de suivre Léon, ou plutôt le crayon de Léon, passionné d'écriture et de dessin !
Fiche #1257
Thème(s) : Jeunesse
Ce superbe album grand format présente 18 poètes célèbres : Hugo, Verlaine, Michaux, Apollinaire, Char, Aragon, Vian... Une double page présente chacun d'eux avec un portrait, un texte où l'auteur se présente lui-même, une petite biographie et évidemment un poème.
Fiche #1258
Thème(s) : Jeunesse
Un voyage hivernal pour emmener les plus petits sur le chemin de la différence.
Fiche #1259
Thème(s) : Jeunesse
Grand Ours a trouvé un pot de miel, et il se fait menaçant ! Il ne veut partager avec quiconque ce délicieux miel et personne ne pourra s'en approcher, foi d'ours ! Pourtant Souris et ses amis aimeraient bien voir de près cet onctueux nectar !
Fiche #1260
Thème(s) : Jeunesse
Le lion pourrait manger les enfants mais il préfère leurs dessins si colorés, si goûteux. Il ne s'en lasse pas et les dévore jour après jour, rien ne vaut un dessin tout frais ! Mais les enfants commencent de se décourager et aimeraient bien garder quelques-unes de leurs oeuvres ! Ruse et poésie font bon ménage dans ce bel album.
Fiche #1261
Thème(s) : Jeunesse
Monsieur Y. est un tueur à gages, très consciencieux, depuis un an et deux mois, il suit Eduardo Blaisten sa prochaine cible. Monsieur Y. est entravé dans son travail par sa malchance mais surtout par une maladie, ou plutôt par des maladies. Hypochondriaque extrême qui reconnaît sa « relation complexe avec les médecins… 9000 fois plus dangereux qu’une arme à feu », il est atteint d’une multitude de maladies souvent imaginaires mais toujours inquiétantes et observant les nouveaux symptômes, il s’attend au pire chaque soir ! Pourtant Monsieur Y. ne s’en laisse pas conter, c’est « un homme de devoir kantien », et tout en accomplissant sa tâche avec application, sa culture lui permet d’évoquer tous les grands malades et hypocondriaques de la littérature, et le choix est immense, Proust, Molière, Poe, Voltaire, Tolstoï… Dans cette traque de la vie et de la mort, un premier roman qui oscille entre le noir et l’absurde et surtout toujours réjouissant.
Premier roman
Fiche #1255
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Catalina Salazar
Maria Bergman a seize ans lorsqu’elle décide de quitter sa mère pour rejoindre son petit ami Johannes Brendel et sa famille dans une ferme de Saxe appartenant alors encore à l’Allemagne de l’Est. Elle s’insère progressivement dans cette famille qui l’accepte et elle prend sa part de la rudesse de leur quotidien et affronte avec eux les tourmentes de la vie en RDA. Son destin semble tracer entre ce quotidien et ses lectures des Frères Karamazov mais c’est sans compter la passion qu’elle va rencontrer avec Henner, le fermier solitaire du domaine voisin. Un homme solitaire, cultivé et grossier, dur et tendre, violent et doux, protecteur et menaçant. Elle devient son objet, le souhaite et le désire (« Je lui murmure à l’oreille : ‘’fais de moi ce que tu voudras’’. Et c’est qu’il fait. »), une passion violente et torride qui la plonge dans le mensonge, l’écartèle entre deux mondes alors que les craintes de la réunification commencent de poindre. Le récit à l’écriture directe et limpide suit cette passion sans retenue, sans remords ni culpabilité, mais les passions sont souvent éphémères et leurs fins violentes. Daniela Krien relie ainsi subrepticement ce destin personnel et le destin d’une nation, fin d’un amour et d’une enfance qui coïncident avec les derniers instants d’un pays qui se préparent à des retrouvailles inquiètes.
Premier roman
Fiche #1254
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Bernard Lortholary
Le 28 novembre 1981, dans la baie de Los Angeles, quatre personnes s’embarquèrent sur un bateau pour une nuit du Thanksgiving : l’actrice Natalie Wood, son époux Robert Wagner dont la carrière s’étiolait, Christopher « Ronnie » Walker, acteur à la belle gueule de voyou et l’homme de confiance de Wagner, dans leurs bagages, dix kilos de cocaïne, un beau paquet de 250 000 dollars, tous les ingrédients pour un excellent roman noir : show-biz, drogue, sexe et décadence, en effet huis clos tragique sur un bateau, fatale à l’icône Natalie Wood qui fut retrouvée noyée. L’enquête conclut à une mort accidentelle, même si quelques zones d’ombres persistaient. Autant dire que Marin Ledun n’avait plus qu’à s’y plonger avec délectation ! Il retrace dans un roman bref, vif et tendu, cette nuit dramatique. Un couple explose, la drogue circule au cours de parties fines, les ressentiments jaillissent, la peur oppresse et le drame se dénoue. Série de polaroïds ou scénario captivant et percutant, cette piquante perle noire complète à merveille la collection « Polaroïd » de l’Atelier In8.
Ecouter la lecture de la première page de "No more Natalie"Fiche #1252
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
6h41, hasard de la vie, ils prennent le même train, le 6h41, un lundi matin, départ Troyes, arrivée Paris. Cécile vient de rendre visite à ses parents et part rejoindre sa fille et son mari. Philippe divorcé s’installe dans le même compartiment. Un regard, chacun reconnaît l’autre, tout en pensant que l’autre ne l’a pas reconnu. Presque trente ans qu’ils ne se sont pas vus. Jeunes, ils ont été ensemble quelque temps, il était charmeur, elle effacée. Partis à Londres en amoureux, leur retour fut solitaire et aussi brutale que leur rupture fût définitive et violente. Depuis ils ont vieilli, mutation physique et psychique. Que sont-ils devenus ? Cette expérience commune a-t-elle influé leur existence future ? Comment ont-ils évolué ? Ont-ils oublié ou le passé se conjugue-t-il encore au présent ? Le pardon est-il possible ? Les chapitres donnent la parole alternativement à l’une et à l’autre et nous font partager leurs souvenirs, réflexions et interrogations. Une heure trente de voyage et le rythme du récit est aussi rapide. Un joli texte de J-P Blondel, toujours aussi sensible et lucide, artiste de la description, introspections et bilan qui nous interrogent sur ce que nous sommes devenus, ce que la vie et les évènements ont fait de nous, sur l’idée que nous nous faisons de nous et des autres, un miroir parfois amer et toujours sans complaisance.
Ecouter la lecture de la première page de "06h41"Fiche #1253
Thème(s) : Littérature française
Olivier KOURILSKY
Dernier homicide connu
Glyphe
108 | 215 pages | 28-02-2013 | 16€
Claude à peine installée à la tête d’une équipe de la Crime se lance dans une longue traque. Deux meurtres viennent d’être commis, un proxénète et un producteur de films X sont retrouvés assassinés et atrocement mutilés. Dans un premier temps, tous les indices mènent à un prêtre de Saint-Séverin, coupable idéal rapidement innocenté, l’unité de l’équipe enquêtrice se fissure mais Claude tient le cap quitte à plonger au coeur des zones les plus reculées du métro parisien.
Fiche #1251
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Sébastien Arnoux, grand espoir lillois de ligue 1 de football, finit sa carrière dans la Deûle où il est retrouvé mort. La police exclut rapidement la piste criminelle. Malgré le peu d’estime que Lisa sa sœur lui portait, beau mâle au fric facile, elle prend en charge l’enquête. Viennent la rejoindre le trouble Jules, « une dégaine de brigand calabrais, le genre à poil sombre… », et sa cousine, la pulpeuse Emma, étudiante en droit. Le trio part à la rencontre des milieux interlopes lillois, monde du sport, des paris et d’internet, monde de la nuit, des rencontres et de la prostitution. Lorsqu’un deuxième corps est retrouvé, Italien ami de Sébastien, chasseur de mafieux italiens, leur enquête prend tous son sens et est relancée. Michel Quint revient dans son nord avec toute sa poésie pour un récit entre roman noir et polar mais surtout bien ancré dans les dérives de notre société contemporaine.
« La rumeur est signe d’humanité. »
Fiche #1250
Thème(s) : Littérature française
L’ombre et la folie de grands écrivains accompagnent tant dans l’écriture que dans les thèmes abordés ce « road-movie » d’un jeune Européen déboussolé aux Etats-Unis. Arrivé à Los Angeles, entre introspection et observation, autoportrait et portrait d’une Amérique à vau-l’eau, le jeune homme d’à peine vingt ans se livre, voyage, observe, participe, analyse, critique, interroge, aime, exècre… Voyage initiatique, parti pour ne pas revenir, il retrouvera pourtant la famille, les amis et le sempiternel et classique récit imposé du retour du grand voyageur, mais heureusement Quentin Mouron est à la plume et même cet ultime exercice sera singulier !
« On vend du rêve, c’est bien vrai – on sait aussi vous le reprendre. »
« Quand je joue, je sais pourquoi je joue, quand je vis, je ne sais pas pourquoi je vis. »
« Au fond, c’est l’habitude du malheur qui nous le rend incontournable. »
« La seule liberté, la minuscule – mais l’unique – c’est de se tromper soi-même, et d’abuser les autres. »
Fiche #1249
Thème(s) : Littérature étrangère
Francesco BARILLI
Manuel DE CARLI
Bello ciao - G8, Gênes 2001
Les Enfants Rouges
105 | 142 pages | 17-02-2013 | 10€
Une BD émouvante qui relate les évènements en marge du sommet du G8 de Gênes en juillet 2001 qui virent l'assassinat d'un jeune homme de 23 ans, assassinat jamais puni, nouvelle preuve évidente d'une violence étatique autorisée, une journée décrite par les proches de Carlo Giuliani avec retenue et émotion.
Fiche #1248
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Une petite peste, l'héroïne est vraiment une petite peste à tel point que tout le monde s'éloigne d'elle. Elle se retrouve seule, isolée. Alors quand elle tombe sur un vieux géant assis, elle pense trouver la victime idéale. Mais le vieux sage a plus d'un tour dans son sac !
Fiche #1242
Thème(s) : Jeunesse
Ouvrir un grand livre, puis un plus petit, puis un encore plus petit, puis les refermer un à un, quelle belle histoire surprenante !
Fiche #1243
Thème(s) : Jeunesse
Julie MIDDLETON
Dis papa, est-ce que les dinosaures sont morts ?
Kaléidoscope
102 | 16-02-2013 | 13.2€
Un papa et son petit garçon visitent le muséum et observent les différentes espèces de dinosaures afin de constater qu'ils sont bien morts. Le petit garçon voudrait bien le croire mais quelques indices le font douter, contrairement à son père qui ne voit rien, jusqu'au moment où...
Fiche #1244
Thème(s) : Jeunesse
Georges le gardien du zoo est catastrophé : Ouistiti a disparu ! Où est-il passé, il est si petit. Georges interroge chaque pensionnaire du zoo, sans succès, mais pourquoi va-t-il chercher si loin !!!
Fiche #1245
Thème(s) : Jeunesse
Un joli petit album frais et boutonneux pour parler d'une rencontre dont tous les enfants se souviennent ! La vilaine varicelle ne laisse heureusement pas de trace !
Fiche #1246
Thème(s) : Jeunesse
Gilles CHOUINARD
Rogé CHOUINARD
Tyranono, une préhistoire d'intimidation
Editions de La Bagnole
99 | 16-02-2013 | 11.9€
Les enfants dans une cour d'école ne sont jamais tendres entre eux, les dinosaures non plus ! Certains tentent d'imposer leur loi, se moquent, poussent à bout. D'autres souffrent en silence. Et puis, un jour, les circonstances permettent parfois d'inverser les rôles...
Fiche #1247
Thème(s) : Jeunesse
Michela Murgia nous transporte à nouveau au sein de la culture sarde, de ses croyances et coutumes. Le guide est Maurizio, un gamin solitaire, qui n’attend que l’été pour rejoindre ses grands-parents et pouvoir enfin vivre. Il y retrouve quelques copains et leurs aventures initiatiques leur font découvrir l’amitié, les conflits quand ils se retrouveront au milieu d’une bataille à la Don Camillo entre deux quartiers, la vie quoi ! Pourtant, si vous souhaitez découvrir Michela Murgia et la Sardaigne, préférez l’excellent « Accabadora », un premier roman inoubliable.
"Que soit toujours béni le respect pour la chair de notre chair, mais la rue et le fait d'avoir joué ensemble offrent aux enfants un lien de parenté plus étroit qu'ils n'oublieront pas à l'âge adulte. Il n'y a rien d'intuitif dans la génération : le sang suit des parcours troubles, et aucun gamin ne peut imaginer que partager le nom d'un père suffit pour revendiquer une semence commune."
Fiche #1241
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Nathalie Bauer
A quatre-vingt-dix ans, Octave Lassalle, ancien chirurgien, ne répare plus les cœurs depuis longtemps. Il vit seul dans sa maison avec toujours le désir de vivre (« C’est l’arrêt du désir qui fait le nid à tout ce qui crève. Plus d’élan, plus de vie. Et moi je veux vivre. Pas en attendant. Pleinement. »). Sa vie a continué après la mort de sa fille même si ses circonstances l’interrogent encore, la vieillesse l’a rattrapé, les questions aussi. Pour préparer ses dernières années, Octave réunit quatre personnes, trois femmes et un homme, il partage son temps, se frotte à d’autres vies, d’autres avis, quatre destins accompagnés de blessures bien évidemment, mais une foi partagée en l’homme et en la vie intacte, loin de toute religion. Ces cinq voix humbles, qui continuent de tenter de vivre, de douter et de se questionner, toujours respectueuses de l’Autre entretiennent et attisent le vif de la Vie, elles se mêlent, s’écoutent, s’éloignent, se rejoignent, se répondent. Un livre apaisant, lumineux et superbement humain.
« Il est ce profane. Ils sont ces profanes. Au cœur de chacune de leurs vie, le temple. Vif. Le seul sacré qu’il connaisse. Cette vie qui vibre et échappe à chaque pas. »
Fiche #1240
Thème(s) : Littérature française
Les animaux ont parfois des comportements étonnants, utiles ou gratuits, graves ou amusants... Douze animaux de la faune africaine, douze comportements ou caractéristiques, douze explications toujours avec humour tant dans les textes que dans les illustrations.
Fiche #1231
Thème(s) : Jeunesse
Il était une fois un pays habité par les dizaines et les centaines. Deux familles différentes qui ne voulaient se mélanger ! Un mur les protégeait et éloignait la menace. Mais les chiffres, où pouvaient-ils s'installer, ni dizaine, ni centaine, ils regardaient avec circonspection ces deux mondes et cet horrible mur ! Un album original pour aborder l'apprentissage des chiffres et nombres.
Fiche #1232
Thème(s) : Jeunesse
Et oui, n'en déplaise à certains, famille est au pluriel ! Et un sacré (...) pluriel. Béatrice reprend exhaustivement toutes les formes adoptées aujourd'hui par la famille aussi semblables que différentes ! Pour cette découverte, les animaux sont mis en scène et l'enfant doit associer le texte et l'image sur chaque page. Idéal pour aujourd'hui et demain !
Fiche #1233
Thème(s) : Jeunesse
Samanta MALAVASI
Une petite odeur qui rapproche
Les p'tits totems
93 | 03-02-2013 | 14€
en stockClovis farceur et gourmand a repoussé Lucien le putois, il parait qu'il sent trop mauvais. Pourtant quand la gourmandise de Clovis lui jouera un mauvais tour, qui sera là pour l'aider à se sortir de ce mauvais pas ?
Fiche #1234
Thème(s) : Jeunesse
Une petite fille s'ennuie, mais s'ennuie et s'ennuie encore ! Et ce n'est pas une patate qui va y changer quelque chose ! Quoique...
Fiche #1235
Thème(s) : Jeunesse
Le petit renard est très fier et heureux, son père vient de lui fabriquer un arc, petit renard endosse la peau d'un indien et part aussitôt à la chasse aux ennemis ! Mais ils se cachent et il ne rencontrera que les lapins qui sauront tempérer son âme belliqueuse !
Fiche #1236
Thème(s) : Jeunesse
Depuis que les machines parfaites ont investi la vallée des moulins, ses habitants ne rêvent plus, un monde parfait mais sans rêves ! Pourtant Anna la couturière résiste, quelques rêves l'habitent encore. Et lorsqu'elle rencontre l'Homme oiseau, elle découvrira qu'elle n'est pas seule à rêver. Superbe.
Fiche #1237
Thème(s) : Jeunesse
Charles Simard traîne des pieds, sa mère le gronde, pourtant il continue ! C'est son secret, car ainsi, C.S se mue en Capitaine Static. En effet, un soir d'Halloween, en mettant les pantoufles de laine tricotées par sa grand-mère, il s'est aperçu qu'il se chargeait d'électricité statique et devenait invincible. A l'école, certains vont vite l'apprendre. Un héros électrique sympathique et un album singulier puisque récit classique et bande dessinée sont mêlées ce qui satisfera petits et grands !
Fiche #1238
Thème(s) : Jeunesse Bandes dessinées
Ryad Assani-Razaki dans ce roman polyphonique donne la parole notamment à trois jeunes Africains, Toumani, Alissa et Iman. Ils partagent une Afrique où le passé colonial continue d’insuffler des comportements et agissements biaisés, dangereux et inhumains. Un enfant peut être acheté, laissé pour mort, chaque jour et sans souci. C’est dans un égout qu’Iman retrouve Toumani, la jambe mangée par les rats. Iman, superbe métis, a quitté sa mère qu’il ne voit plus alors que son père, blanc, est reparti de longue date en France. Alissa a rencontré Toumani avant que Monsieur Bia achète Toumani puis le jette comme un vulgaire objet usager. Les points de vue alternent, les personnages dialoguent par chapitre interposé, le jeune handicapé Toumani qui idolâtre Iman, aime Alissa mais reste désespéré, incapable de rêves, d’espoir, d’envisager un lendemain, un destin commun ; Alissa qui ne comprend pas pourquoi Toumani la repousse vers Iman ; Iman qui ne voit pas d’autre issue qu’un départ vers l’Europe. Le récit est rythmé, les destins détaillés, les choix et sentiments de chaque personnage disséqués et ce portrait humain de l’Afrique noire demeure désespéré et désespérant. Un premier roman fort et poignant.
Premier roman
« On dit que le destin d’un homme est entre ses mains. Mensonge. Souvent, le destin n’est que la pointe d’une lance projetée depuis plusieurs générations. »
« Je vis dans un monde où les rêves déplacés peuvent être fatals. »
« Le monde est ainsi fait, la valeur d’une personne est liée à son utilité. Je ne sais ni lire ni écrire et je tiens à peine debout. La véritable question n’est donc pas "Que veux-tu ?" mais "Que peux-tu te permettre de vouloir ?". Beaucoup ne le savent pas, mais même l’ambition est un luxe. »
Fiche #1239
Thème(s) : Littérature étrangère
Alexandre Leroy est un mathématicien reconnu internationalement. Il vit en Californie avec sa femme, Jessica, professeur de littérature, spécialiste du poète Armand Robin. Ils ont eu deux fils, le premier a suivi les traces de son père dans les mathématiques alors que le second est autiste : une famille qui s’effondre lorsque Alexandre se suicide apparemment sans raison. Jessica au cours des rangements découvre un autre homme, une autre identité, une autre vie. Elle croyait le connaître, elle découvre le silence et le mensonge, pourquoi a-t-il caché son histoire, jusqu’où est-il allé dans le mensonge, pour quelles raisons ? « Fallait-il que tu manques de confiance en moi pour me cacher ce passé ? » Pourquoi ce silence et ces non-dits ? Pourquoi n’a-t-elle rien vu ? Peut-on devenir autre, rayer son identité, cacher ses douleurs à tous ? Colère, stupeur, fureur, découragement, mais aussi peur et incompréhension, les sentiments les plus divers traversent Jessica, la bousculent. Mais la volonté de savoir, tout, absolument tout, demeure : « Ma colère de femme bafouée se dilue. Elle coule à mes pieds comme une flaque de sang noir. Je me vide. Demeure la peur d’apprendre autre chose. ». Le lecteur suit, avec impatience et beaucoup d’émotion, la progression de cette enquête intime qui aborde avec justesse moult thèmes, le silence et ses dégâts, les rapports de couple et le rapport à l’autre, l’histoire, l’identité… Un roman captivant.
« Il a beau être mathématicien, l’identité d’un homme, c’est autre chose que des fractions. Que ne lui as-tu appris qu’être ne se divisait pas ! »
« Taire, toujours taire, c’est se mutiler. »
Fiche #1228
Thème(s) : Littérature française
Anna et Gaëtan forment un couple heureux, ils ont réussi, riches et parvenus, ils espèrent toujours plus. Sans scrupules, les ventes immobilières s’enchaînent, l’argent coule à flots, la vie facile et cela leur parait juste, « A une époque, je gagnais plus en un mois que mon père en un an. Et ça me semblait juste. » Le cynisme est également de mise, « J’étais un petit con, avec délectation. » mais la crise les rattrape et ébranle leurs certitudes, la chute est immédiate, ils sont réduits à vivre à Cergy dans un modeste appartement familial. Ils rejoignent ceux qu’ils ont tant méprisés. La justice commence de s’intéresser à la société de Gaëtan, moins fier alors des combines qu’il a mises au point, pourtant l’été approchant, Anna souhaite partir à la mer et ils louent un deux-pièces dans une résidence du Lavandou. Sur la route, un accident les ralentit, Gaëtan croise le regard d’une gamine le visage en sang, il a l’impression qu’elle l’appelle mais il ne s’arrête pas, premier grain de sable avant la plage. Arrivés sur place, ils s’installent sans mots dans le deux-pièces minables. Elle va à la plage, il reste et tourne en rond. Le roman raconte cette escapade en revenant sur les évènements antérieurs et leur histoire. Le couple vacille, pourra-t-il résister, quel sera le comportement de chacun face à cette épreuve ?
Premier roman
Fiche #1229
Thème(s) : Littérature française
Au Repos-fleuri vivent des vieilles dames qui ont survécu à leurs époux. Alphonsine, 89 ans, n’est pas résignée et n’a aucune envie d’attendre la mort dans ce lieu ("Le faste et l'artifice sont dans mes veines. Le goût de l'indépendance aussi..."). Lorsqu’elle croise, par hasard, Alice, 30 ans, venue rendre visite à sa grand-mère, elle saisit l’occasion et lui propose de prendre la route, toutes les deux, un long voyage propice aux confessions et réflexions. Escapade de deux femmes si éloignées qui pourtant se découvrent des points communs : refus de la soumission, du mariage, révolte contre la gent masculine. Elles partagent alors leur parcours personnel et amoureux, souvent médiocres et sans grand bonheur. Le discours et le regard de ces deux Amazones en quête de liberté est glaçant, parfois violent et cru, souvent dérangeant, toujours cruel pour les hommes et sans concession.
"Je m'appelle Alice, j'ai 30 ans. Je mérite mieux que de pleurer un amant ou que de me tuer dans un cagibi de maison de retraite. Je suis encore jeune et jolie, paraît-il. Pour autant, qu'on se le dise, jamais je ne deviendrai vieille. Parce que je mérite mieux. Alors, pour mériter, je fuis."
"Je m'appelle Alphonsine, j'ai été femme mariée, j'ai durement lutté contre la mâle domination dans ma maison, contre l'assimilation de la femme au foyer à du moyen gibier. Je me suis montrée impitoyable pour gagner ma liberté. En cet instant précis, je suis encore femme mais ne suis plus mariée. Libérée, quand bien même devenue âgée..."
Fiche #1230
Thème(s) : Littérature française
Ismet s’est installé aux Etats-Unis, en Californie. Mais il demeure encore en Bosnie ("Une face (A)méricaine et une face (B)osniaque."), pour toujours et n’oublie pas la guerre ("Je compris que celui qui allait se lever pour monter dans l'avion à destination de Los angeles serait un homme en route pour son avenir, tandis qu'un certain Ismet de dix-huit ans resterait dans une ville assiégée, prisonnier d'une guerre sans fin."). Son récit tant dans sa forme que dans son contenu le démontre. Cet exil ("...les régimes se succèdent, aucun ne dure, mais tous poussent à la fuite.") restera douloureux, mais il saura nous le livrer avec humour et fougue. Il revient sur sa rencontre à Zagreb avec Asmir, ce fou, qui lui ouvre un peu involontairement les portes du théâtre et d’une autre vie, loin des cigarettes de sa mère mais surtout lui donne les clés pour rejoindre la Californie. Un texte rythmé à la structure inventive sur la guerre, l'exil mais aussi dans ce cadre, le long chemin d'un jeune vers le monde adulte.
Ecouter la lecture de la première page de "California Dream"Fiche #1227
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Karine Reignier-Guerre
Un jour, "presque par hasard", le père de Laurence Emmanuel lui avoue un secret pesant touchant leur passé commun. Nouvelle bouleversante, inattendue quoique « Je savais depuis tout à l’heure, et sans doute depuis plus longtemps encore, ce que j’allais entendre et que j’avais préféré ignorer, tant il était facile de laisser couler le temps comme l’eau, de fermer les yeux et de croire que l’ordre des choses demeurerait immuable. ». Immédiatement, Laurence Emmanuel va vouloir savoir, enquêter, fouiller le passé, partir sur les traces de quelqu’un pourtant disparu (point commun avec l’excellent « Eux sur la photo »). Rapidement, elle croise dans ce passé un homme, Guillermo Zorgen, figure de l’extrême gauche des années 70, période où le feu couvait derrière chaque engagement, mais pouvait aussi détruire quand certains le jugeaient nécessaire (« … tutoyer la mort, la frôler d’aussi près que possible, dans l’espoir de la rencontrer. »). Quels liens pouvaient donc exister entre ses parents et Guillermo Zorgen et ses engagements ? Son enquête lui ouvre des avis et des voies discordantes mais révèle une période unique où les engagements, les combats, les passions s’unissaient dans des destins parfois tragiques. On est loin de l’image idyllique que certains médias tentent d’imposer aujourd’hui, et l’Etat n’était pas en reste… les violences et manipulations traversaient tous les camps ! Laurence Emmanuel saura se trouver dans ce passé, se reconstruire en ne compromettant aucunement les liens affectifs avec ses parents, « Je ne voulais plus savoir, mais comprendre, ce qui n’avait rien à voir… ». Hélène Gestern confirme avec ce deuxième roman envoûtant sa maîtrise de la narration, Eux sur la photo était un roman épistolaire, ici, elle entremêle avec succès le récit de coupures de journaux, de lettres, d’articles et autres manifestes politiques, les voix se multiplient mais la recherche du passé, des secrets demeurent, sans aucun essoufflement.
Ecouter la lecture de la première page de "La part du feu"Fiche #1226
Thème(s) : Littérature française
Michel et son chien Janvion n’ont qu’une passion : les verts ! Ces deux Stéphanois même si la grande époque est loin continuent de ne vivre que pour ces p’tits bonshommes verts qui courent après un ballon ! Entre deux matches, ils égorgent ou étranglent cependant quelques petites vieilles qui croisent leur route mais en toute amitié ! Et même lorsque Michel commence de perdre un à un ses sens (odorat, goût…), cela ne vient pas perturber leur quotidien bien réglé surtout que le grand derby contre les prétentieux lyonnais approche ! Michel parfois un peu limité cite quand même Trust (et ça n'est pas donné à tout le monde ça !) au détour d’un raisonnement mais peut-on vraiment invoquer la raison chez Michel ? Caryl Férey s’est lâché ! Superbe délire grinçant, drôle, décapant, à l’humour noir avancé et aux références footballistiques qui raviront les amateurs et les autres.
« Le foot me rend malade mais je regarde quand même : c'est comme les fesses, on peut pas s'en empêcher. »
Fiche #1224
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Gouvernante d’étage dans un grand palace, cette femme est anonyme, en retrait, les sens en éveil, elle ne semble attentive et réceptive qu’aux odeurs, aux sensations, au toucher des tissus… On ne sait pas vraiment ce qu’elle en pense mais on la sent captive à ces perceptions. La matière, les odeurs l’attirent au contraire de ses congénères semble-t-il qui l’ignorent aussi royalement. Un effacement total, feutré, doux et douloureux à la fois et surtout hyper-sensible.
Premier roman
« Elle ne sait pas qu’elle se cache, elle se cache si bien qu’elle n’est même plus là pour elle-même, même plus pour se cacher. Tout la blesse malgré tout. »
Fiche #1225
Thème(s) : Littérature française
Une violente explosion fait disparaître de la carte un village ardéchois. Les sauveteurs découvrent presque une centaine de cadavres carbonisés, ou plutôt de mutants, véritables cobayes humains ayant subi des mutations génétiques. Alors que quelques lourds nuages obscurcissent sa vie personnelle, le commandant Vincent Auger après un échec professionnel, débarque dans le village. L’enquête dans laquelle il s’engage sans aucune retenue, progresse lentement et étape après étape, il arrive à chaque fois après Laure Dahan qui n’hésite pas à faire le ménage. En effet, la jeune femme est porteuse du virus (. « Un virus susceptible d’agir sur le centre nerveux du corps humain. Capable d’interférer sur le cerveau, de programmer ou déprogrammer les pulsions sexuelles et d’influencer le comportement des personnes par le biais de porteuses actives comme elle, véritable bombe virale. ») et ses jours sont comptés avant de retrouver sa fille que les initiateurs du projet ont enlevée. Ce virus, aussi protecteur que destructeur, décide d’agir, quand et où, il prend possession des corps, définitivement et est invincible. L’enquête se révèle longue et périlleuse et entraîne Auger de Berlin à Zagreb, en passant par le Maroc et l’Italie. Au cœur de ce polar futuriste, « Le transhumanisme …une sorte de doctrine philosophique… Amélioration du corps humain par la technologie… », l’homme nouveau continue de faire fantasmer, les politiques comme les privés, et année après année, il devient de plus en plus réaliste et proche du lecteur, en tous cas, Marin Ledun nous le fait rencontrer !
Ecouter la lecture de la première page de "Dans le ventre des mères"Fiche #1223
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Leïla et Sarah auraient pu être amies ou sœurs, elles sont deux ados qui se ressemblent, pourtant leur territoire n’est pas le même et les sépare, leur lieu de vie ou de naissance les oppose à jamais. Le récit alterne les vies de l’une et l’autre jusqu’à la confusion tant elles sont similaires. Chacune a une amie confidente mais si différente, chacune subit son lieu de vie, elles partagent la même Histoire, la même Terre et les Morts qui les séparent. Elles étouffent conjointement, l’entourage de chacune pèse sur son destin, l’insouciance et la gaieté se sont éloignées de longue date de leur pourtant jeune existence, la peur et la fureur les ont remplacées. Deux faces d’un même miroir nées pour se rejoindre, ultimement. Gwenaëlle Aubry sur ce sujet brûlant réussit le tour de force de ne pas prendre parti, de ne pas montrer sa préférence pour la jeune Juive ou la jeune Arabe, mais simplement de montrer que malgré leur similitude extrême, un destin tragique les attend, inexorablement et au-delà de leur drame personnel, rien ne laisse supposer la fin de cette danse tragique !
Ecouter la lecture de la première page de "Partages"Fiche #1222
Thème(s) : Littérature française
Dans l'excellente et superbe collection Accordéon (venez découvrir d'autres titres en magasin), Philippe Claudel évoque avec une grande poésie et fraîcheur, son enfance au travers des ombellifères et des souvenirs qu'elles lui rappellent, tous les sens sont en éveil, odeurs, sons, images. Venez prendre les chemins de traverse sur ses traces (et celles d'Emile Gallé), vous ne le regretterez pas !
Fiche #1219
Thème(s) : Littérature française
Dans la collection Accordéon, Claude Pujade-Renaud nous offre quelques poésies inoubliables.
"Ces nuages crèvent d'angoisse
Il faudrait les soulager
Les traire peut-être ?
Personne ne m'a appris"
Fiche #1220
Thème(s) : Littérature française
Quel monde voit-on lorsque l'on est petit ? Quelles sensations, quelles peurs éprouve-t-on ? Un livre tout en douceur, délicat et très frais qui aborde aussi bien des thématiques légères et drôles que plus "sérieuses" telle la séparation.
Fiche #1221
Thème(s) : Jeunesse
A Auschwitz en 1943, une vingtaine de riches hommes d’affaires juifs continuent de croire que leur argent les protège, que leur liberté peut s’acheter et Friedrich Brenske fait tout pour entretenir ce mirage. Et peut-être car « les femmes ont ce quelque chose qui fait vivre les poètes », Herman Cohen, le porte-parole du groupe, choisit une jeune femme, Katarzyna Horowitz, et l’entraîne avec eux, la liberté comme but ultime, mais quel prix sont-ils prêts à payer, quel prix est-elle prête à payer ? Pervers et cynique, Friedrich Brenske est un fin manipulateur, en effet l’espoir infini de vie du groupe le place dans une situation favorable. Arnost Lustig dissèque ces manipulations dans un huis clos malsain entre le bourreau et ses victimes, le bourreau s’efforçant d’édulcorer ses violences et espérant paraître conciliant face à des victimes qu’il sait sans limites, jusqu’à la docilité extrême, prêtes à tout pour continuer d’espérer, pour gagner quelques instants de vie. Seule Katarzyna Horowitz saura même à l’ultime instant ne pas courber l’échine et rappeler toute son humanité. Après « Elle avait les yeux verts », Arnost Lustig propose un deuxième volet encore plus bouleversant et terrifiant.
Ecouter la lecture de la première page de "La danseuse de Varsovie"Fiche #1217
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Erika Abrams
Zeno, alias M. Iceberger, glaciologue émérite, voit son vieux père s’installer chez lui alors que sa femme l’a quitté. Avec toutes ses illusions et son amour des glaciers, il décide alors de tout quitter et de partir pour un long voyage à la rencontre de l’Antarctique. Il aime la nature et les glaciers plus que tout mais le monde a changé, et le spectacle qu’il découvre le bouleverse et attise sa colère. Son meilleur ami, le glacier dépérit, va mal et Zeno se sent totalement impuissant. Que faire, quelle issue ? Pour le glacier ? Pour lui ? Un portrait attachant d’un anti-héros lucide, grincheux, ironique, écologiste désabusé qui nous livre une fable écologique (à la construction singulière) sans jamais culpabiliser le lecteur.
« L’individu est un mystère, quelques milliards d’individus organisés en système parasitaire, une catastrophe. Je suis fatigué d’être un homme dans ces circonstances. »
Offert à un ami qui partait pour un long voyage – Tang Shi
"Le jour d'hier qui m'abandonne, je ne saurais le retenir ;
Le jour d'aujourd'hui qui trouble mon cœur, je ne saurais en écarter l'amertume.
Les oiseaux de passage arrivent déjà, par vols nombreux que nous ramène le vent d'automne.
Je vais monter au belvédère, et remplir ma tasse en regardant au loin.
Je songe aux grands poètes des générations passées ;
Je me délecte à lire leurs vers si pleins de grâce et de vigueur.
Moi aussi, je me sens une verve puissante et des inspirations qui voudraient prendre leur essor ;
Mais pour égaler ces sublimes génies, il faudrait s'élever jusqu'au ciel pur, et voir les astres de plus près.
C'est en vain qu'armé d'une épée, on chercherait à trancher le fil de l'eau ;
C'est en vain qu'en remplissant ma tasse, j'essaierais de noyer mon chagrin.
L'homme, dans cette vie, quand les choses ne sont pas en harmonie avec ses désirs,
Ne peut que se jeter dans une barque, les cheveux au vent, et s'abandonner au caprice des flots."
Fiche #1218
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Dominique Venard
Louis a décidé de passer à l'action : une famille ordinaire, même pas divorcée, des difficultés pour rédiger son devoir d'espagnol, ça ne peut plus durer : "les parents ont toujours peur de se séparer à cause des enfants, ils ne pensent jamais que parfois ça serait sympa de se séparer pour les enfants.". Et petit Louis a de la suite dans les idées, même Benjamin Biolay en saura quelque chose !
Ecouter la lecture de la première page de "L'invité surprise"Fiche #1213
Thème(s) : Jeunesse
En 2005 (cela ne vous rappelle-t-il pas quelque chose ?), à Villeneuve-Saint-Maur, si proche et pourtant si éloigné de Paris, « De la tour, les enfants contemplaient l’école. Et de l’école, ils contemplaient la tour. » La tour Presov et le lycée Ravel représentent pour beaucoup leur seul univers et lorsque Déborah disparaît, fugue ou disparition criminelle, les flics s’installent dans le quartier ! Arénas mène l’enquête tout en préparant son concours de commissaire. La jeune Lila veut coûte que coûte s’en sortir, laisser la tour derrière elle, elle semble en avoir les capacités et la volonté suffisante mais son frère Hicham veille… L’enquête sous forme de témoignage sociologique et réaliste ouvre les portes d’une banlieue triste, isolée et désespérée, de ses établissements scolaires et des enseignants parfois désabusés.
Premier roman
Fiche #1214
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Pangbourne Village est une résidence de luxe à proximité de Londres qui accueille une dizaine de familles, enfants et adultes vivent en harmonie dans cet espace sécurisé. Du jour au lendemain, ce monde disparaît : les adultes sont retrouvés sauvagement assassinés et les enfants se sont évaporés. L’enquête échoue, les assassinats ne sont pas élucidés et les disparitions demeurent inexpliquées. Pour relancer l’enquête, la police fait appel au psychiatre Richard Greville qui présente maintenant son rapport, clinique, froid, précis, incisif qui dresse également le portrait d’une société riche, repliée sur elle-même, actrice d’un film écrit au scénario sans surprise, sans liberté ni improvisation (« La seule chose étonnante chez ces gens, c’est qu’ils aient trouvé le temps de se faire assassiner. »). Récit très court, percutant, dérangeant, glacial, joli uppercut notamment aux amoureux des caméras de surveillance et autres adeptes des sociétés sécurisées. Le texte date de 1988, à bon entendeur…
Ecouter la lecture de la première page de "Sauvagerie"Fiche #1215
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Robert Louit
Tristan est jeune, le plus jeune des quatre chasseurs qui avancent avec fusils et chiens dans l’aube vaporeuse. Tristan est différent de ces hommes, il conserve caché dans sa gibecière un lapin qu’il n’a pu tuer (« S’il survivait, tout ce qui avait été raté serait sauvé. »). Les trois autres forment un bloc, un groupe primaire, aux réactions basiques et lourdes, « rires pluriels et gras ». Un accident les surprend et bouscule la hiérarchie, l’organisation, le chasseur change de statut. Tristan se retrouve seul avec l’un d’eux alors que les deux autres partent rechercher de l’aide. L’atmosphère devient lourde quand la nature s’en mêle, une tempête les surprend et le déluge entreprend un nettoyage complet. L’écriture est aussi soignée et précise que les rapports humains sont violents, une fureur habite les personnages et accompagne sous l’œil éclairé du lapin philosophe le passage à l’âge adulte de Tristan.
Ecouter la lecture de la première page de "Une partie de chasse"Fiche #1216
Thème(s) : Littérature française
Le roi règne, heureux, enfin presque. Le roi a trois filles et s'inquiète de ne pas avoir de descendant mâle ! L'incertitude de sa succession l'inquiète. Et pourtant lorsque la guerre éclate, prisonnier, il sera bien heureux de retrouver ses trois filles et reconnaîtra enfin leurs qualités et leur amour. Un joli conte à l'encontre des idées reçues illustré superbement tout en rondeur et en fraîcheur comme à son habitude par Bruno Robert !
Fiche #1212
Thème(s) : Jeunesse
Laurent Minkowski, 42 ans, est marié avec Juliette, de vingt ans sa cadette. Alors qu’il apprend qu’il est victime d’une forte hypertension, le laboratoire de génétique où il était chercheur le licencie. Mais aux yeux de Juliette, il se doit de demeurer sans faiblesse, puissant et invincible, il préfère donc taire sa situation et se lance initialement dans de menus larcins (« Ce fut un curieux moment, poivré d’enfance… »). Julie, crédule, ne voit rien venir (« Par chance, Juliette était vétérinaire. Si j’avais été un hamster ou un lapin, cela n’aurait pas fait un pli, elle aurait deviné que je la baratinais. ») mais être un délinquant averti n’est pas donné à tout le monde. Les évènements, désagréments et autres mensonges s’enchaînent, irrémédiablement, Laurent se laisse entraîner et ne maîtrise plus grand-chose. Les aventures sont rythmées, rocambolesques, aussi improbables que drôles, Laurent (lequel des deux ?) surprend toujours avec humour le lecteur par ses trouvailles et innovations pour se couler dans la peau d’un bandit moderne.
« L’être humain est génétiquement programmé pour agir. Quitte à faire n’importe quoi. »
Fiche #1211
Thème(s) : Littérature française
Vieux Thomas vit seul au bord de la mer, loin des hommes, il les fuit et ne souhaite plus les rencontrer. Déçu ou aigri, la colère l'habite. Pourtant lorsqu'il retrouve inanimée une minuscule petite fille échouée sur la plage, il choisit de la protéger et la douce et petite musique de la vie reprend. L'homme retrouve immédiatement les gestes et l'attention et le lecteur se voit rêver que cette petite allumette ne s'éteigne jamais. Un superbe conte aussi beau et tendre que triste.
Fiche #1210
Thème(s) : Jeunesse
Le petit roi règne d'une main de fer sur son royaume. Belliqueux, il est à la recherche de l'ennemi qui lui permettra de se lancer dans de violents combats. Il a hâte de l'affronter, il dresse pièges, armée, stratagèmes... Seul souci, il ne trouve personne à affronter. Il reste seul et finira par se déclarer la guerre ! Quelle bêtise la guerre !
Fiche #1207
Thème(s) : Jeunesse
Arlequin ou les oreilles de Venise
Père Castor
65 | 09-12-2012 | 13.5€
Arlequin est le meilleur accordeur de Venise, aucun instrument ne lui résiste. Son talent est reconnu mais Arlequin n'est pas heureux, ses grandes oreilles sont source de moqueries. Pourtant, un jour, un musicien l'appelle et l'instrument qu'il va devoir accorder est bien particulier et bouleversera sa vie.
Fiche #1208
Thème(s) : Jeunesse
Quelle joie, un nouveau petit monstre vient de naître. Affreux comme les autres, des parents redoutables, il est appelé Boubouh ! Mais catastrophe, Boubouh a peur des enfants ! Dès qu'un petit se présente, Boubouh est terrifié et se cache ou s'enfuit. Heureusement, Papy Glups saura trouver la solution et l'aidera à vaincre ses peurs et surtout à apprivoiser les petits garnements !
Fiche #1209
Thème(s) : Jeunesse
Julian baigne dans un bonheur presque parfait. A 18 ans, champion de natation, passionné de dessin, amoureux de Leïla, des rêves qui ne demandent qu’à se réaliser, aucun nuage n’obscurcit son avenir, seules ses relations avec son père, syndicaliste ouvrier adepte d’une éducation à la dur, rigide et sans concessions, étendent une légère brume sur le tableau idyllique. Chaque année, ils s’opposent lors d’un bras de fer et cette année encore, Julian échoue. En rage, il enjambe une moto pour rejoindre Leïla et c’est l’accident. Julian s’en sort mais laisse un bras au bord de la route. Instant cruel sans retour en arrière possible, un destin bascule en une fraction de seconde. Son monde s’écroule, finie la natation, plus d’espoir de battre son père, la vie tout simplement s’éloigne. Plongée en enfer, chute vertigineuse, abandon de l’école et de tous ses autres projets et enfin découverte de la drogue et de son addiction profonde et malfaisante. Comment surnager ? Julian entraîne Leïla dans sa chute. Elle prend part au combat, ne l’abandonnera jamais quitte à tout accepter, à s’effacer, et à tomber très bas. Que pourrait stopper cette chute sinon un atterrissage brutal et violent ? Elle en est consciente mais il est déjà trop loin pour s’en apercevoir. Le chemin sera long, tortueux et éprouvant avant de renouer avec son père et pouvoir enfin se regarder avec franchise et se dire je t’aime. La lutte pour la vie de ces deux jeunes désespérés en quête d’amour anime ce western urbain sans concession, entre violence et amour, addiction et délivrance. Un roman poignant qui suscite une émotion âpre et puissante.
Ecouter la lecture de la première page de "Bras de fer"Fiche #1206
Thème(s) : Jeunesse Littérature française
Ferdinand et Jeanne se connaissent depuis toujours. Ils se sont rencontrés sur les bancs de l’école et ne se sont plus quittés. Formidable aventure humaine, amour partagé et constant, un premier amour qui dure et semble éternel ("... tu es toute mon histoire, toute ma mémoire, tu es l'autre part de moi, tu es mon bonheur, le témoin de nos accidents les plus secrets."). Mais l’homme reste rarement satisfait de son quotidien et lorsque Ferdinand corrige les épreuves de Jorgen Hörtan son auteur norvégien favori, il découvre l’histoire de deux amants qui choisissent sciemment de s’éloigner l’un de l’autre pour mieux se retrouver. Ferdinand convainc alors Jeanne de participer à ce « jeu de l’absence ». Les deux histoires s’entremêlent alors, les destins se croisent, deux histoires, deux romans, qui n’en font qu’un. Ferdinand et Jeanne décident donc de se quitter, de ne pas se donner de nouvelles avec la date des retrouvailles. Parenthèse de cinq mois pour mieux se retrouver, pour appréhender son amour, le mesurer, le titiller, le relancer et l’amplifier. Jeanne part à la rencontre de Pierre Loti pour continuer sa thèse tandis que Ferdinand demeure à Paris. Jeanne, jour après jour, rencontre après rencontre, découvre une autre vie, une liberté jamais éprouvée. Le jeu est risqué, l’espoir du bonheur retrouvé sera-t-il assez puissant pour qu’ils soient tous les deux au rendez-vous ? En mêlant fiction et réalité, en imbriquant les destins de ces deux couples, Jean-Daniel Verhaeghe réussit habilement à inclure le lecteur au cœur de ce jeu dangereux et tendu.
Premier roman
« En amour, la fidélité n’est-elle qu’une absence de désir ? »
Fiche #1205
Thème(s) : Littérature française
Alors que le problème de la prostitution semble ces derniers mois au centre des préoccupations de nos chers politiques, le petit pamphlet érudit et percutant d’Alain Paucard est le bienvenu, l’auteur abat les hypocrisies habituelles, le politiquement correct, avec vivacité et humour : "C'est au nom des Droits de l'Homme et de la Femme que la Marchandise veut interdire la prostitution et punir le client. Le but de la manoeuvre est tout simplement de vendre autrement, mais dans un monde sans pêché". Il revient sur l’histoire du plus vieux métier (pas selon Alain Paucard !) étayée par moult références littéraires, il interpelle avec tact le personnel politique, et construit pas(se) après pas(se) sa proposition flirtant parfois avec la misogynie pour mieux protéger ces femmes dont l’existence et le quotidien ne laissent jamais insensibles.
"Tant que, pour une raison ou une autre, il existera des putains, ce que nous pouvons faire de mieux pou elles est de les traiter gentiment, humainement, sans mépris... et d'être généreux avec elles."
Fiche #1203
Thème(s) : Littérature française
Jeanne Cordelier, l’auteur de La Dérobade revient par la voix de Dany la narratrice de l’histoire de sa famille. Grâce notamment à l’écriture, Dany s’est éloignée de cet espace de violence physique et morale, de méchanceté. Elle renoue avec son enfance ("Plus de témoins de ce qui avait été une enfance de merde, mais une enfance quand même"), une fratrie nombreuse qui aurait tant voulu être aimée, partagé une tendresse qui ne viendra jamais au contraire des coups, des humiliations, voire des viols. Un père violent et souvent absent, une mère malfaisante, perverse et vicieuse, le venin instillé n’est pas mortel malgré les souffrances immenses. Chaque enfant forge sa carapace, à sa façon, sans haine. Le groupe demeure uni, une tendresse sans illusion et franche les unit, chacun connaît l'autre parfaitement, lucidement ce qui n'interdit pas l'affection qu'ils se portent l'un à l'autre. Pour rendre compte de cette atmosphère et de ses relations extrêmes, de la vie, de la maladie, du vieillissement ("Tout finit par pencher, les seins, les couilles, et les paupières. Tout. On baisse. Et quand on part pas les pieds devant, c'est les mains. On part à tâtons."), de la mort, l’écriture se devait d’être violente, crue, sans concessions et sans effets. De même, le discours est direct, franc et lucide, et entraîne le lecteur au cœur de cette famille singulière.
"Les morts ont le pouvoir de mettre les choses en lumière."
Fiche #1204
Thème(s) : Littérature française
Hailu est chirurgien à l’hôpital d’Addis-Abeba. Sa femme est très malade mais il continue de croire et d’espérer en sa guérison. Ils ont deux fils, Youna enseigne l’histoire à l’université et est père d’une petite fille tandis que Dawit, étudiant en droit, rêve d’un monde libre et juste pour tous. Mais, 1974 marque un tournant dans l’histoire de l’Ethiopie qui vit alors le début d’une longue révolution, Hailé Sélassié est renversé (« Notre empereur a bâti le mythe de ce pays sur le sang de ceux qui étaient trop épuisés pour faire entendre leur propre vérité. ») et les militaires prennent le pouvoir. Certains peuvent espérer un instant demeurer en retrait, mais les évènements contraignent tous, y compris la famille d’Hailu, à réagir, à prendre parti, impérativement. La violence les rattrape, un à un. Fidélité à ses principes, engagement, courage, lâcheté, trahison, chacun devra trancher. Cette fresque historique décrit les réactions de cette famille comme d’une multitude d’autres personnages, anonymes ou non, capables du pire comme du meilleur. Ce premier roman tout en retenue et d’un style fluide dresse le portrait d'une Ethiopie moderne, pays marqué par la religion, épuisé par les famines, ravagé par les guerres, sans répit, jusqu’à l’épuisement. Maaza Mengiste sans jamais prendre parti ni juger dépeint également la complexité des sentiments, l’instant crucial où un choix définitif fait basculer d’un côté ou l’autre et replace l’humain au centre de l’histoire de l’Ethiopie.
Premier roman
Fiche #1202
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Céline Schwaller
Pike est un vieux truand retiré des affaires quand sa fille Sarah est découverte morte et qu’il se retrouve alors le baby-sitter attitré de sa petite fille. Pike a « oublié » pendant de longues années sa fille, mais il n’accepte pas son décès. La mort de Sarah l’entraîne sur les traces d’un flic véreux dans le monde interlope de l’Ohio et du Kentucky. Accompagné de son jeune ami Rory amateur de combats de boxe, le lecteur le suit dans ses péripéties dans les bars glauques à la rencontre des junkies défoncés et en manque, du monde de la prostitution, et surtout de la violence sans retenue et parfois gratuite. Mais Pike est un dur et rien ne peut le stopper, il a décidé d’éclaircir la mort de Sarah et de trouver son assassin et il avance, tranquillement, implacablement, presque sereinement et n’hésitera pas à supprimer ceux qui se mettront en travers de son chemin. Une couverture noire, pour un roman noir, digne des meilleurs titres de Bruce Springsteen ! A quand l’adaptation cinématographique, elle ne fait aucun doute !
Premier roman
"Il est possible d’échapper à sa bonne éducation. Il est possible d’échapper à peu près à tout, si on y met du sien."
"Un rêve est un hachoir à saucisse qu’on alimente en y pressant sa vie."
Fiche #1201
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction :
Jacques Mailhos
Elias doit se rendre à Poitiers pour l’enterrement de sa grand-mère qui s’est suicidée. Une grand-mère que tous les voisins estimaient souriante, aimable… alors que redoutable, elle a exercé tout son talent pour empoisonner l’existence de ses proches (« Même disparue, ma grand-mère est comme un tissu rêche. »). Ce suicide le jour du Yom Kippour, à Poitiers, accompagné d’une longue lettre d’adieu écrite en rouge et qui règle quelques comptes, incite Elias à convoquer la mémoire de ses aïeux pour mieux appréhender l’histoire familiale, une histoire qui va de pair avec l’histoire des pays qu’elle traverse. Une suite de tableaux éclaire cette saga familiale sur trois générations et son passé mais aussi l’Histoire (Pologne, Russie, France, Occupation…) avec comme point d’ancrage la grand-mère. Un passé qui ne passe pas, qui reste présent, que l’on peut seulement espérer accepter pour finalement errer dans ce labyrinthe le sourire aux lèvres.
Premier roman
Fiche #1200
Thème(s) : Littérature française
Yves LE NAOUR
Mauro LIRUSSI
Le soldat inconnu vivant
Roymodus
56 | 22-10-2012 | 16€
« Le soldat inconnu vivant » essai publié en 2008 par J-Yves Le Naour relatait l’histoire pathétique d’Anthelme Mangin, soldat amnésique qui survécut à la Grande Guerre, soldat inconnu vivant, il révéla le désarroi absolu des familles restées sans nouvelles de leurs proches partis à la guerre et oubliés quelque part dans un boyau, une plaine picarde ou lorraine… Anthelme Mangin devient alors l’enjeu d’une bataille féroce pour le souvenir, le passé, l’amour d’une femme, d’un frère, d’une mère, d’un père... Même lorsque la vérité éclate sans aucun doute possible, elle est niée avec aplomb par les proches et Anthelme reste la personne aimée qu’ils continuent d’attendre. Dans cette adaptation, tant les illustrations que le récit sont émouvants et singuliers, et cette BD est à découvrir par toutes et tous, de 11 à 99 ans !
Fiche #1198
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
C’est l’histoire d’Elle et de Lui. Une histoire d’amour. Il est immobile, paralysé, l’infini l’appelle. Pourtant ses pensées courent encore et il peut la regarder, elle, toujours aussi belle et aimante. Elle transcrit les mots qu’il aligne, péniblement. Pourra-t-elle continuer de l’aimer et le délivrer ? Jusqu’où est-elle prête à le suivre ? Un cri angoissant, un texte dérangeant voire violent qui bouscule le lecteur, un style indéniable, une maîtrise du rythme, du fond comme de la forme.
Premier roman
« Nous sommes entrés dans le monde par un cri. La vie aura permis d’en sortir avec des mots, qui ne sont jamais les mêmes, sont les seuls, peut-être, les derniers qui nous distinguent vraiment. »
Fiche #1199
Thème(s) : Littérature française
A Bruxelles, dans les années 70, Vincent étudiant en sociologie observe, réfléchit et doute. Il observe ses parents et leur amour étouffant, son père en train de mourir, sa promise Carine, son pote Nedad qui souhaite devenir sculpteur. Au milieu de ce quotidien prévisible et pesant surgit Suzanne, femme libre et libérée, et lorsqu’il la saura manipulatrice, il l’oubliera ainsi que Nedad. Vincent a toujours su se protéger des autres, il s’attachera à garder une distance pour mieux observer, ne pas se laisser accaparer mais aussi s’observer. Des potes, oui, il en aura, mais des amis, il n’en aura qu’un (« Nedad conclut que l’amitié est un égoïsme extrême, un narcissisme poussé à son comble où chacun prend son pied en solo en jouissant de son propre reflet dans un alter ego qu’il appelle son ami : une pratique spirituelle substitutive à l’inavouable désir charnel. »). Des années plus tard, Suzanne et Nedad resurgissent brutalement dans sa vie et lui confirment sa fragilité et le long périple qu’il lui reste à parcourir pour devenir un homme. Un texte sensible et désabusé sur l’amour, l’amitié, la faiblesse des hommes, leurs difficultés d’aimer, de s’engager.
Premier roman
Fiche #1197
Thème(s) : Littérature étrangère
Après l’apocalypse, la vie a repris son cours au prix d’un retour au stade primitif. Quelques tribus à l’état sauvage se partagent un territoire dévasté et inhospitalier. L’enfant noir appartient à la horde de Thôz, il est seul et rejeté par la tribu. Lorsque le vieux sorcier annonce son départ pour la ville des Dieux, il assure qu’à son retour l’enfant devra mourir. L’enfant noir panique et pourtant, lorsqu’il ne voit pas le vieux revenir, il part à sa recherche dans le monde mystérieux des anciens dieux où subsistent les vestiges d’une ancienne civilisation. Premier volume d’une superbe adaptation du roman de Stefan Wul.
Fiche #1196
Thème(s) : Jeunesse Bandes dessinées
Le temps a passé à Tchernobyl comme ailleurs, mais personne n’a oublié, à Tchernobyl comme ailleurs. Emmanuel Lepage et ses amis partent s’installer quinze jours non loin de la zone interdite en 2008, vingt-deux après. Un printemps à Tchernobyl relate ce séjour. Comment les habitants encore en vie ont-ils survécu ? Comment vivent-ils actuellement ? Le voyage donne lieu à de multiples rencontres, dans la joie, la mélancolie, le passé pointe toujours son nez et quand il s’éloigne, le présent le rappelle immédiatement. Même au pays de la mort, même si le danger est permanent, la vie continue, et Emmanuel Lepage réussit parfaitement à saisir ces quelques petites pépites de bonheur fugace, comme la beauté qui apparaît inopinément. Carnet de voyage ou bande dessinée atypique et émouvant, à ne pas rater !
Fiche #1195
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Le jeune garçon qui s’exprime a subi un terrible accident, son père est décédé, sa mère est dans le coma. Elle ne parle plus prolongeant ainsi le chaos engendré par cet accident. L’enfant attend, n’abdique jamais mais le silence reste de mise. Traumatisé dans son corps et dans sa tête, il se sent coupable et attend un mot de sa mère pour espérer surpasser ce sentiment de culpabilité. L’enfant conserve une vigueur étonnante mais les mots peinent à se placer, à s’organiser, la syntaxe hésite. Seuls les yeux perpétuent le lien qui les unit toujours en espérant et attendant un signe de tendresse. Un texte émouvant à la prose singulière portrait d’un petit garçon plein d’amour pour sa mère, confirmant qu’« on ne vit que par choix ».
Ecouter la lecture de la première page de "Les yeux"Fiche #1193
Thème(s) : Littérature française
C'est avec un immense plaisir que l'on retrouve le doux et gentil petit dragon Charles ! Il peut maintenant parcourir le monde, mais parcourir le monde seul, est-ce bien intéressant ? Charles part donc à la recherche d'un ami, et cela n'est pas si simple pour un petit dragon !
Fiche #1194
Thème(s) : Jeunesse
Dans ce roman polyphonique et épique qui enchaîne les scénettes en mêlant l’intime à l’Histoire, Laurent Gaudé décrit les derniers jours d’un colosse qui tremble et s’affaisse. A Babylone, un mal inconnu ronge Alexandre. Alors que l’homme conserve son envie de vivre et de combattre intacte, le mal progresse irrémédiablement. Inquiétudes, craintes et compassion chez certains, premiers indices de la guerre de succession pour d’autres, l’empire doit survivre mais qui en prendra la tête... Convulsions d’un homme, convulsions de l’empire. Comme d’habitude, le style et l’écriture sont parfaits, la construction étudiée, Laurent Gaudé excelle dans la tragédie, les portraits, Alexandre, Driptéis complétés ici par le portrait d’un empire, sa naissance, son extension, son apogée puis son déclin.
Ecouter la lecture de la première page de "Pour seul cortège"Fiche #1191
Thème(s) : Littérature française
Dans ce court roman, Frank Money se confesse d’un passé qui continue de le miner. La guerre de Corée est venue fracasser cet homme et amplifier la déjà puissante violence qui écrasa une enfance douloureuse dont la seule lueur fut sa petite sœur adorée. Dans leur tout jeune âge, ils assistent à un évènement horrible et fondateur et subissent la haine des blancs et du KKK envers leur quartier noir. Aussi des années plus tard, lorsqu'il reçoit des nouvelles alarmantes de sa sœur, il n’hésite pas un instant, il traverse l’Amérique encore ségrégationniste et vient la rejoindre pour retrouver les traces de leur enfance. Le retour est donc double, voyage dans l’Amérique et voyage intérieur. Recréer ce tandem fraternel avec sa soeur, revenir sur ses souvenirs et son passé, sur cette culpabilité et haine de soi qui le détruisent, tenter de faire la paix avec soi-même et de supporter les atrocités aussi bien subies que commises pour redevenir tout simplement un homme. Court texte, et pourtant la construction est fine et parfaite : Toni Morrison varie les points de vue, Frank parle à la première personne et s’adresse au narrateur (voire au lecteur) puis chaque personnage apporte sa pièce au somptueux édifice que constitue ce conte. Le style est puissant, poétique et musical. Magistral !
« Il lui faudrait se concentrer sur autre chose, un ciel nocturne, sans étoiles, ou mieux, des rails. Pas de paysage, pas de trains, juste des rails, des rails à l'infini. »
« Tu es jeune, tu es une femme, ce qui implique de sérieuses restrictions dans les deux cas, mais tu es aussi une personne. Ne laisse pas Lenore ni un petit ami insignifiant, et sûrement pas un médecin démoniaque, décider de qui tu es. C’est ça, l’esclavage. Quelque part au fond de toi, il y a cette personne libre dont je parle. Trouve là et laisse la faire du bien dans le monde. »
« Le malheur s’annonce pas. C’est pour ça qu’il faut que tu restes éveillée, sinon il franchit ta porte, c’est tout. »
Fiche #1192
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Christine Laferrière
Les immortelles constitue le résultat d’un marché entre un écrivain et une prostituée à Port-au-Prince. Un corps, un sexe contre la transcription d’un témoignage sur un monde que le dernier tremblement de terre a éprouvé, garder mémoire des femmes prostituées disparues, ne pas les oublier. Histoire de la belle et très convoitée Shakira, amoureuse d’un écrivain et des livres pourtant étrangers à ce monde. Brûlot vif, percutant, direct, cru, dérangeant, à la forme et au style singuliers.
« Finalement, un homme poète c’est un peu comme une femme engrossée par les mots. »
Fiche #1189
Thème(s) : Littérature étrangère
Antonio Yammara et l’énigmatique Ricardo Laverde se sont rencontrés dans une salle de billard. Ricardo intriguait et attirait Antonio jusqu’au jour où dans la rue, Ricardo se fait assassiner et Antonio est grièvement blessé. Malgré l’aide de sa famille qu’il adore, Antonio en reste traumatisé. Une angoisse latente le mine continuellement. Deux ans après, Maya, la fille de Ricardo, l’appelle. Elle n’a pas connu son père et espère compléter et comprendre l’histoire de ses parents. A partir de cette rencontre, Maya et Ricardo se lanceront dans une véritable enquête (à rebondissements) concernant autant Ricardo que l’histoire de la Colombie, de Bogota et de ses trafics, une histoire violente, sans limite qui a écrasé une génération complète. Avec son écriture aussi limpide que précise, Juan Gabriel Vasquez plonge le lecteur dans cette quête du passé, son acceptation pour espérer atteindre une certaine sérénité.
Ecouter la lecture de la première page de "Le bruit des choses qui tombent"Fiche #1190
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Isabelle Gugnon
Tout au long d'une année scolaire, le lecteur suit les pas de Georges, jeune élève doué au prénom suranné, qui rentre en sixième et a une passion, le foot et surtout Arsène Wenger, son modèle, son maître. Georges est un fin psychologue, le monde des adultes n’a pas de secrets pour lui et il le fait savoir parfois maladroitement ou naïvement mais toujours avec naturel et sans retenue à l’école, à ses profs, à ses camarades et à sa famille. Ses parents le laissent particulièrement tranquille et lui accordent toute leur confiance. Lors d’un anniversaire, Georges reçoit en cadeau des jumelles qu’il dédaigne d’abord quelque peu. Pourtant elles lui offrent La rencontre. En effet, elles lui permettent d’observer sa voisine d’en face, jeune femme de 20 ans, différente, qu’il surnomme immédiatement Arsène. Même s’il reconnaît ne pas connaître grand-chose aux filles et malgré leur différence d'âge, il n’aura alors de cesse, de l’approcher, de l’aider, de l’apprivoiser, de se faire accepter. Et Georges est plein de ressources, il ira même jusqu’à accepter de devenir son dog-sitter. Judith Arnaud propose un portrait émouvant et attachant d’un petit garçon rempli de bon sens et de tendresse accompagné d’une palette de personnages d’une grande fraîcheur (un cordial bonjour à Ali le libraire, mon frère !). Que du plaisir !
Ecouter la lecture de la première page de "Arsène"Fiche #1187
Thème(s) : Jeunesse
Mais qu'est-ce que tu fais là, tout seul ?
Héloïse d'Ormesson
44 | 265 pages | 25-09-2012 | 19€
Martin Ladouceur dit Ladouce est une légende du hockey canadien. Au firmament de sa gloire, sa vie n’était que débauche, alcool, sexe, no limit ! Adulé de tous, la gloire l’a aveuglé. L’homme désinvolte, grossier et prétentieux rentre au pays pour retrouver son club d’origine. Il arrive seul et le reste. Le soir de noël, il doit se rendre à l’évidence, il passera ce réveillon dans un palace déserté. N'y demeurent qu’un concierge, un groom, et une femme de chambre et Martin son fils de sept ans. Ce petit bonhomme, sans crier gare, saura faire exploser la carapace d’arrogance de l’ex-star et ce cadeau inattendu lui révèlera des sentiments inconnus ou oubliés de longue date. Une belle et fraîche rencontre.
Ecouter la lecture de la première page de "Mais qu'est-ce que tu fais là, tout seul ?"Fiche #1188
Thème(s) : Littérature étrangère
Dans un grand hôtel parisien, le Paradise, un trio se forme, autour d’un verre, d’une discussion, les liens se tissent entre Craig un américain désorienté, Elena une belle italienne esseulée et l’Italien volubile et vantard de la suite 205 sous les yeux attentifs de Sébastien le réceptionniste consciencieux. La relation aurait pu durer le temps de leur séjour, mais un grain de sable vient tout bousculer ! L’Italien est retrouvé assassiné dans sa chambre, assassiné trois fois (« L’annonce d’un crime est toujours salutaire, puisqu’elle nous rappelle à nous-mêmes que nous sommes vivants. »). L’enquête est décrite en pointillés, les réflexions, activités de Craig, Elena et Sébastien suggèrent, démontrent, infirment toutes les hypothèses possibles. Craig et Elena sont immédiatement complices et se sentent attirés l’un par l’autre, mais cette mort brutale et ce lieu les inhibent sensiblement : « Face à Craig, je me répète que les amours d’hôtel sont le lot des désoeuvrés du cœur. ». L’ombre imposante du défunt continue de s’imposer à l’enquête qui louvoie et aux tentatives de Craig et Elena pour nouer une vraie relation. Roman à trois voix, chacun raconte, observe, épie, interprète, suppose, le meurtre devenant presque anodin. Le va-et-vient permanent du récit entre les trois personnages le fluidifie et le rythme. Une vraie originalité dans ce premier roman !
Premier roman
« Passé quarante ans, le hasard bouscule la vie au lieu de la construire. »
Fiche #1186
Thème(s) : Littérature française
Lorsque Tano reçoit un appel téléphonique de Carmen, la fiancée de Manolo son ami de toujours, lui apprenant sa disparition, il décide immédiatement de repartir vers le Guatemala et le lac Atitlán. Il suit ses traces, place ses pas dans les siens, dans un pays où l’armée et les guérilleros s’affrontent. Manolo instituteur photographe s’est fondu dans ce paysage et dans la population pour mieux ressentir et faire ressentir le quotidien des populations indigènes. Une lutte sans merci et sans règles les oppose de longue date à l’armée au service du pouvoir et des grands propriétaires terriens décidés à récupérer leurs terres. Comme un parcours initiatique, Tano retrouve ces paysages et cette nature extraordinaires qui l’avaient déjà tant ému et bouleversé, ce lac qui vous aspire fatalement. Néanmoins, face à cette splendeur, il marche vers son destin et appréhende les injustices, violences, massacres, trahisons et autres manipulations subis par la population. Il n’a pas oublié les motivations profondes de son ami ("Jusqu'à ce que mes yeux soient remplis de terre, je veux voir et montrer ce qui se passe.") mais il se sent obligé malgré tous les dangers à savoir ce qu’il est advenu. Irrémédiablement. Le lecteur suit ce périple avec angoisse et espoir, entend avec émotion la voix des indigènes lucides qui sont conscients que leur monde s'achève. Après « Noir Toscan », Anna Luisa Pignatelli et sa prose poétique confirme son talent à aussi bien décrire avec précision la nature dans tous ses états et à y immerger le lecteur qu'à dresser des portraits d’une grande humanité.
"... les perdants étaient les seules personnes qu'il valait la peine de connaître."
Fiche #1183
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Geneviève Alvaro
Claire a quitté "le pays" pour en rejoindre un autre. Cette fille ne pouvait reprendre la ferme familiale, alors elle quitta le Cantal pour Paris et des études littéraires à la Sorbonne. Elle se consacre totalement à ses études, le choc est brutal, elle rattrape les retards. Elle connaît la campagne, elle apprend la ville et découvre la vie parisienne. Mais son premier pays reste ancré en elle, les odeurs, la nature, les lumières... Puis les pays se multiplient : l’écriture, la littérature, la langue, la transmission. Pourtant elle réussit à estomper leurs frontières et passer allègrement de l’un à l’autre avec toujours, cette toile de fond campagnarde. Avec ce texte littéraire servi par une écriture travaillée, Marie-Hélène Lafon interroge la force de l’enfance et de ses souvenirs sans omettre de nous faire partager ses émotions devant un monde qu’elle a quitté mais jamais oublié.
« Longtemps Claire avait tu ses enfances, non qu’elle en fût ni honteuse ni orgueilleuse, mais c’était un pays tellement autre et comme échappé du monde qu’elle n’eût pas su le convoquer à coups de mots autour d’une table avec ses amis de Paris. Elle avait laissé les choses parler pour elle, un morceau de frêne à l ‘écorce grenue, ou une ardoise festonnée de lichens roux qu’elle avait conservée au moment de la réfection du toit de la grange, dix ans après son départ. »
Fiche #1184
Thème(s) : Littérature française
Le roman s’ouvre dans la cathédrale Notre-Dame de Paris. Une famille attend le prêtre pour célébrer l’enterrement du grand-père pourtant loin d’être un catholique fervent… C’est alors qu’une petite dame s’approche du cercueil et pose un baiser furtif sur le front du défunt, geste inattendu et dérangeant qui déclenche l’intérêt de l’un de ses petits-fils. Alex Capus nous fait alors découvrir la vie de son grand-père et de ce couple à partir de leur première rencontre au moment de la première guerre mondiale et pendant les quarante années qui suivirent. Ils se rencontreront, la guerre les séparera, ils vivront chacun leurs vies sans jamais oublier cette rencontre et se retrouveront plusieurs fois bien plus tard. Un émouvant et vivant roman d’amour d’un couple qui traverse le temps et les péripéties du XXe.
Ecouter la lecture de la première page de "Léon et Louise"Fiche #1185
Thème(s) : Littérature étrangère
Ursula Hegi mène de front le portrait de Thekla Jansen une jeune institutrice allemande, et la description de la période où le nazisme prit son essor et ses idées rencontrèrent un écho dans l’opinion allemande. Un an après l’incendie du Reichstag, la peur s’est installée et la propagande devenue permanente. Alors que Thekla estimait et admirait son ancienne maîtresse contrainte de quitter son poste du fait de sa judéité, elle accepta pourtant de la remplacer, premier petit renoncement, premier pas vers l’acceptation d’une réalité violente et oppressante. Les garçons de sa classe s'enrôlent dans les jeunesses hitlériennes tandis qu’elle tente de les protéger, de les éveiller. Mais l’oppression s’accroît, la censure s’installe et ses tentatives deviennent timides. Sans jamais être convaincue, elle tente de comprendre ses élèves et estime, entre naïveté et ignorance, que ce n’est qu’une mauvaise période, un épisode à passer qui sera vite oublié. Pourtant l’ingérence du IIIe Reich dans la vie de tous l’obligera elle aussi à dévoiler et gérer un passé qu’elle ignorait et qui bouleversera son appréhension du quotidien. Après « Trudi la naine », Ursula Hegi confirme son talent à mêler portraits intimes et évocations historiques.
Ecouter la lecture de la première page de "Brûlures d'enfance"Fiche #1182
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Guillaume Villeneuve
Quarante ans. Où en est-il ? L’amour peut-il durer ? Un homme en vacances avec sa femme et ses enfants dans la maison de famille, comme chaque été, au bord de la mer, s’interroge. Tout lui pèse, un sentiment de lassitude l’envahit, tout ça ne cacherait-il pas une solitude déguisée ? Une vieille déchirure en profite pour se réveiller. Il continue pourtant d’aimer sa femme, mais son amour semble parfois suivre le mouvement de la marée. Alors il décide de les laisser repartir et de prolonger son séjour sur l’île de Ré. Réfléchir, se remémorer leur histoire pour mieux l’appréhender, la jauger, en espérant la dominer, devenir enfin acteur de sa propre vie pour prolonger leur histoire. Mais pendant ce temps, a-t-il penser à ce que fera sa femme ? L’éloignement recèle intrinsèquement certains dangers, saura-t-elle patienter ? Cette pause lui sera-t-elle permise ? Une prose riche et poétique pour ce regard perçant, douloureux et cruel sur un amour que l’on souhaiterait éternel…
Premier roman
Fiche #1181
Thème(s) : Littérature française
Frank a quitté la ferme familiale très jeune et n’y est revenu que très rarement. Après dix ans de silence, alors qu’il vient de se séparer de sa femme, Frank choisit de téléphoner à ses parents. Un enfant décroche, il dit se prénommer Alexandre. Etrange… Le frère cadet de Frank décédé s’appelait Alexandre. Il décide alors de revenir sur ses pas, à la rencontre de son passé. Il y retrouve ses parents vieillis, une propriété délabrée au coeur d'une nature intacte, mais une nature intacte et surtout Louise, sa belle-sœur revenue de la ville pour revoir cet enfant qu’elle a confiée à ses beaux-parents. Le refus du risque et du danger, la peur, la vie semblent rendre l’amour impossible entre ces deux là, « … tout rater pour ne rien avoir à perdre… », mais de quel amour parle-t-on ? Frank et Louise étaient destinés à se rencontrer, à se connaître, s’aimer à distance peut-être, sans douleur. Ils se découvrent tendrement, appréhendent silencieusement et avec délicatesse qu’ils avaient besoin l’un de l’autre. Au cœur d’une nature vivante et éblouissante, Frank et Louise, à défaut de refaire leurs vies, sauront et choisiront peut-être de la réinventer. Serge Joncour fait preuve dans ce roman d’une extrême tendresse et décrit la nature et cette relation avec le ton juste, avec mesure et par-dessus tout avec amour et vous ne pourrez que vous laissez entraîner par ce tourbillon d'amour.
« Faire attention, ça devient vite comme un réflexe, un mode de vie. »
« …sa vie, on ne la refait pas, c'est juste l'ancienne sur laquelle on insiste. »
Fiche #1180
Thème(s) : Littérature française
Christian De Metter a réussi une adaptation fidèle du premier roman de Douglas Kennedy, "Piège nuptial". Il donne forme aux personnages, "les gueules" sont conformes à l'idée que le lecteur pouvait s'en faire. Les portraits, les couleurs, la noirceur de certaines scènes accrochent le lecteur et comme le roman de Kennedy, on ne lâche pas la BD avant la fin du cauchemar !
Fiche #1179
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Un joli et appétissant album qui démontre que la cuisine incite aussi au voyage. A partir de la liste des ingrédients nécessaires à la réalisation d'un gâteau, un petit garçon découvre leurs origines : comment sont-ils produits, par qui, comment, où... A dévorer.
Fiche #1178
Thème(s) : Jeunesse
Simon Abramovitch vendeur de chaussures dans le centre de la France vient en mission à Valenciennes. Il a connu Pierre Weill dans un camp de travail et Pierre est disparu après son départ pour Auschwitz. Simon ne l’a pas oublié, l’homme, ses poèmes, et ses précieuses lunettes qu’un Allemand s'appliqua à écraser méthodiquement, proprement sous sa semelle. Or Pierre lui confia quelques notes et le temps est venu de les apporter à sa famille. Simon pense déposer le paquet et retourner aussitôt chez lui. Mais dès son arrivée à Valenciennes, ville qui n’a pas encore digéré la guerre, l’ambiance devient étrange, pesante et lorsqu’il franchit la porte de la maison bourgeoise de la sœur de Pierre, les souvenirs s’imposent (« La guerre était bel et bien finie. Alors quoi ? Alors rien. C’était lui dans le fond qui n’en avait pas terminé. »), les douleurs remontent, les sentiments deviennent confus, se venger, pardonner, oublier… Le choix est fait, depuis le début certainement, Simon le sait maintenant. Un texte touchant avec comme toile de fond la vengeance et l’ambiance d’une ville du Nord en convalescence aux lendemains de la guerre.
Premier roman
« Renoncer n’était jamais au fond qu’une affaire d’habitude. Comme tout le reste. »
Fiche #1177
Thème(s) : Littérature française
Comment une famille de quatre personnes du Nord de la France a-t-elle pu se suicider de concert, un soir presque comme un autre ? C’est le fils de la famille, « A défaut d’être distingué, je sortais de l’ordinaire », qui d’outre-tombe revient sur l’histoire de ce suicide collectif ainsi que sur l’enquête policière qui n’éclaircira pas cette affaire. Avec un ton décalé, un humour noir voire désespéré, il décrit avec froideur la lente et tragique dérive de cette famille ordinaire, portrait représentatif d’une France délaissée : une mère au foyer, un père qui sent la préretraite approcher, une sœur employée dans une auto-école en perte de vitesse… Quant à lui, le narrateur travaille dans un hypermarché, à la réception des marchandises et c’est là qu’il rencontre la belle et lumineuse Caroline, responsable de la Banque Alimentaire en qui il place quelques espérances… Jour après jour, irrémédiablement, la famille avance à pas tranquilles vers cette soirée, naturellement, et les préparatifs minutieux s’effectuent presque dans la bonne humeur même si « Se pendre, c’est un vrai casse-tête ». Dans cette chronique sociale, Philippe Cohen-Grillet a choisi l’humour noir et la banalité pour rendre compte de ce fait divers comme on l’a certainement honteusement alors qualifié, ce qui ne l’empêche de fissurer le mur de nos certitudes si elles perduraient…
Premier roman
« Si on a quelque chose à dire, on le doit de son vivant ! Après, c’est trop tard et on ferme sa gueule. »
Fiche #1176
Thème(s) : Littérature française
Paul Steiner aborde un tournant de son existence. Sa femme, sa seule passion, demeure dans leur maison malouine avec leurs deux enfants mais sans lui. Elle vient de le quitter, et déchiré, il ne l’accepte pas. Ses parents qui habitent toujours dans la maison de banlieue sud parisienne où il a essayé péniblement de vivre son enfance, vieillissent. Sa mère dépérit, son père égal à lui-même reste muet, distant et Paul reste interdit devant sa dérive vers « la Blonde » et le Front National. Son frère l’exhorte à venir s’en occuper quelque temps. De retour sur ces lieux qui l’ont fondé et auquel il espère toujours appartenir, il se voit confronter à cet espace périphérique qui constitue maintenant principalement la France et à ses évolutions. Nombre de ses anciens amis sont restés là mais rapidement, il se rend compte que, lui l’écrivain reconnu mais dans un certain milieu, est de fait exclus de ce monde. Il a vécu là, il s’est construit là mais il « était passé de l’autre côté ». Pourtant il n’appartient pas non plus à cet autre côté qu’il abhorre, étranger, il reste donc « condamné à errer au milieu de nulle part ». Et ces deux mondes savent lui rappeler vertement. Par la multiplicité des portraits, ce roman ample, sincère et attachant captive, aimante et bouscule parfois le lecteur : portait de la France des lisières, d’une banlieue, de l’exclusion, de mondes qui s’opposent ou s’ignorent, portrait d’un écrivain avec ses doutes, ses colères et ses convictions, portrait d’un homme sans territoire qui cherche sa place et son histoire.
« Personne ne sait quand exactement les fissures deviennent des failles, puis se muent en gouffres infranchissables. »
« On est ce qu’on peut. Mais de le savoir, rien ne nous console… »
« Je suis un être périphérique. Et j’ai le sentiment que tout vient de là. Les bordures m’ont fondé. Je ne peux jamais appartenir à quoi que ce soit. Et au monde pas plus qu’à autre chose. Je suis sur la tranche. Présent, absent. A l’intérieur, à l’extérieur. Je ne peux jamais gagner le centre. J’ignore même où il se trouve et s’il existe vraiment. La périphérie m’a fondé. Mais je ne m’y sens plus chez moi. Je ne me sens aucune appartenance nulle part. Pareil pour ma famille. Je ne me sens plus y appartenir mais elle m’a défini. »
Fiche #1174
Thème(s) : Littérature française
Alexis Kandilis est au sommet de son art. Chef d’orchestre célèbre, connu et reconnu de tous, il domine son art. L’homme est élégant, sûr de lui et de son art (« un jeune homme grec formé à Genève, qui semblait réunir en lui la beauté d’Apollon, une précision helvétique et le charme de l’Orient »), assez méprisant, il excelle dans son domaine mais reste assez antipathique. Papillonne autour de lui une cour d’admirateurs plus ou moins intéressés tandis qu’il est persuadé de poursuivre sa carrière et d’obtenir le B16 ou la direction pour les neuf symphonies de Beethoven, dernière consécration. Pourtant dès les premières pages, le lecteur ressent une faille que sa maîtrise, l’amour de son art, sa passion pour la musique laissent malgré tout transparaître, sans compter que le leitmotiv des Kindertotenlieder de Gustav Mahler lui rappelle sans pitié le secret qu’il escompte oublier. Lors de rencontres autour du jeu (poker puis roulette), il entrevoit que la gente fortunée n’a finalement que peu de considérations pour son art. Puis, lors d’une répétition, un incident relayé par la presse, déclenche une série d’évènements catastrophiques, les cicatrices lâchent... Son monde se brouille, les admirateurs d’antan s’éloignent. Il espère rebondir encore avec une idée singulière concernant la direction d’orchestre, ultime tentative, et il s’interdit l’échec… La petite musique de Metin Arditi et son orchestration sont toujours aussi parfaitement maîtrisées : l’art, l’aléatoire qui peut engendrer aussi bien le sublime que l’horreur parfaite et enfin la fragilité humaine, un trio exaltant au cœur de ce formidable roman.
« Regarder la bille. La regarder et la regarder encore. La suivre dans tous ses aléas, pour enfin comprendre et accepter. »
Fiche #1175
Thème(s) : Littérature étrangère
Les oubliés de la lande habitent « une terre si improbable que même la Mort ne s’aventurait pas jusque-là. », un village auquel aucun chemin ne mène, absent des cartes. Une trentaine d’âmes vivent une éternité de solitude, sans vieillissement, loin du monde qu’ils ont quitté pour moult raisons plus ou moins avouables. Une grande quiétude règne sur cette petite société dirigée par Jason le premier installé dans ce trou noir et encadrée par des règles précises. « L’éternité n’était pas plus supportable pour ces postulants à la vie éternelle que ne l’était l’idée de leur propre mort » et certains lorsqu’ils le décidaient, repartaient vers l’autre monde où la Mort les attendait sereinement. Pourtant, même ici, rien ne dure, éternité fragile… Lorsque Tom le seul enfant de la communauté découvre le corps d’un inconnu décédé aux portes du village, puis un premier animal mort de façon singulière et inexplicable, les évènements s’enchaînent et dérèglent vite ce quotidien si paisible, la Faucheuse aurait-elle rattrapé ces rescapés ? Fabienne Juhel et son écriture accomplie nous subjuguent avec une enquête palpitante et tendue que vous dévorerez, des portraits contrastés, attachants et inoubliables, et des thématiques (comme à son habitude) variées telles le temps, le sens de la vie, le Mal et la Mort (élément de la vie dans le monde celte). Un conte profond et fascinant, incontournable de cette rentrée.
« Il découvrait que raconter une histoire, c’était s’exposer d’abord à ne pas être cru, qu’"histoire" et "conte" étaient les cousins des mots "mensonge" et "affabulation". Et le conteur, une sorte d’illuminé, pour ne pas dire un fou. »
« Un héros ? Est-ce qu’on devient un héros en assumant sa condition de mortel ? »
Fiche #1172
Thème(s) : Littérature française
L.C. TYLER
Etrange suicide dans une Fiat rouge à faible kilométrage
Sonatine
29 | 235 pages | 16-08-2012 | 16.2€
Ethelred Tressider continue de rêver de Booker Prize alors qu’il édite des romans sous trois noms. Il est notamment l’auteur de polars dont l’enquêteur Fairfax arrive en fin de carrières. Elsie, son agent, l’incite fortement avec son franc parler à continuer son œuvre afin d’en tirer encore quelques faibles subsides. Lorsque la police vient leur annoncer la disparition de Geraldine son ex-femme, volage et grande manipulatrice, il devient cette fois l’acteur en chair et en os d’une nouvelle enquête. Poussé par Elsie qui ne lache pas d'une semelle, il se lance sur les traces de son ex avec des motivations assez obscures. Quant à elle, la police suit la piste d’un tueur en série malgré quelques réponses et comportements d’Ethelred ambigus. Ethelred ne serait-il pas mêlé plus qu’il ne le dit à cette disparition ? Entre deux réflexions littéraires, l’enquête digne d’un Poirot ou d’une miss Marple balade le lecteur avec une pointe d’humour permanente qui agrémente cette enquête so British !
Premier roman
Fiche #1173
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction :
Julie Sibony
Monsieur T-K travaille au sein d’une entreprise pharmaceutique spécialisée notamment dans les insecticides. Lors d’une soirée où son patron est présent, il est le seul à oser affronter un rat. Cela lui vaut d’être remarqué par son patron et désigné pour partir à l’étranger pour une mission de quelques mois voire quelques années. Il débarque à C. en pleine épidémie et dès qu’il foule le sol de C. sa vie devient un cauchemar. Soupçonné d’être contagieux, il est mis en quarantaine, puis libéré, il se retrouve sans sa valise dans un appartement au cœur d’un quartier envahi d’ordures pestilentielles. Son contact dans la succursale de C demeure injoignable et il apprend que son ex a été retrouvée sauvagement assassinée dans son appartement tandis qu’il ne se souvient de rien. Les policiers frappant à sa porte, il choisit la fuite et se retrouve parmi les SDF et les rats alors que l’épidémie paralyse toujours C.. La descente aux enfers continue, jour après jour, il disparaît, quitte l’humanité. Il s’éloigne de tous et de tout et personne ne s’en préoccupe. Hye-young Pyun nous offre un premier roman sombre, parfois absurde, souvent kafkaïen, toujours angoissant, féroce portrait d’une solitude provoquée et d’une chute incontrôlée.
Premier roman
"Tout comme les raticides accroissent la résistance des rats, les épidémies rendent les hommes plus forts. La race humaine n'est pas une espèce facile à éliminer"
Fiche #1171
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Françoise Nagel,
Lim Yeong-Hee
Bruno Bonnet, violoncelliste français vivant à New-York, parcourt le monde au gré de ses concerts. Lors de chaque représentation, il revoit toujours le visage d’Anna dont il a conservé une moufle qu’il place dans sa poche lors de chaque concert. Anna était une amie d’enfance morte à l’âge de douze ans devant ses yeux renversée par une voiture.
Hannah quant à elle a grandi au Pays de Galles avec ses parents et son frère Jonathan. Très complice avec lui, sa mort accidentelle l’a profondément marquée et elle conserve toujours sur elle des glands de l’arbre sous lequel il a été retrouvé mort. Rien ne supposait que les deux allaient se rencontrer, quel hasard pouvait les faire se croiser et surtout se reconnaître avec cette certitude qu’ils se connaissent de longue date ? Une belle rencontre, un joli texte sensible, pudique, tout en nuances.
« Les ombres n’avaient pas disparu. Un cadeau, de la part des absents. Ils ne gâchaient pas notre bonheur, au contraire ils lui rajoutaient du sens, de la profondeur. Et nous offraient ce supplément de passion dont nous aurions besoin un jour pour mieux nous aimer. »
Fiche #1167
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Micha Venaille
Au début du XXème, un groupe de jeunes Japonaises de 12 à 37 ans venant de toutes les régions du pays part en bateau à destination des Etats-Unis pour se marier. Elles ont en main une photo du futur époux qu’elles n’ont pas choisi, des portraits ressemblant à ceux de leurs pères et frères. Confiantes, pleines de rêves, elles débarquent à San Francisco et la déception sera à la hauteur de leurs espoirs. Les voix sont multiples, et rendent compte des différents instants de vie de ces femmes. Rien ne correspondra à ce qui était annoncé, l’accueil, la vie de couple, les enfants, le travail… Le déclenchement de la seconde guerre et Pearl Harbour éprouvera considérablement le quotidien de la communauté japonaise… Un récit choral puissant qui revient avec précision et humanité sur un exil tourmenté, décevant et amer.
Ecouter la lecture de la première page de "Certaines n'avaient jamais vu la mer"Fiche #1168
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Carine Chichereau
Au moins deux personnages par page, et néanmoins le lecteur ne s'égare au milieu de cette foule. Il les connaît ou pas, ils se connaissent ou pas, il les a rencontrés ou pas, ils se sont croisés ou pas, et le discours passe de l'un à l'autre comme une balle qui rebondit sans fin. Vif et frais, l'exercice de style est plaisant, léger et le lecteur se promène au milieu des personnages et de ce ping-pong infini, description magistrale de la vie.
Ecouter la lecture de la première page de "La vie"Fiche #1169
Thème(s) : Littérature française
Pour Lilly Bere, à 89 ans, le temps de la confession est venu. Irlandaise, elle a abandonné son pays pour arriver clandestinement dans le Nouveau Monde, elle revient sur son long parcours jusqu’à la mort de son petit-fils Bill : « Les souvenirs provoquent parfois beaucoup de chagrin, mais une fois qu’ils ont été réveillés vient ensuite une sérénité très étrange. Parce qu’on a planté son drapeau au sommet du chagrin. On l’a escaladé ». Au rythme des hommes de sa vie, elle montre ce que les guerres (Première guerre mondiale, Irlande, Vietnam, Koweit) qu’elle exècre lui ont enlevé. Le ton est douloureux, une douleur apaisée, voire résignée. Employée de maison, au milieu des exilés de diverses origines, elle rend compte des injustices et du racisme (envers les Noirs notamment) au sein de la société américaine mais aussi des tensions propres à la communauté irlandaise exilée. Une belle écriture au service du portrait émouvant de la vie d’une femme qui malgré quelques amitiés fortes sera continuellement bouleversée par la violence mortifère des hommes.
Ecouter la lecture de la première page de "Du côté de Canaan"Fiche #1170
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Florence Lévy-Paolini
La narratrice a trente trois ans, son mari la quitte, et sa meilleure amie Audur est enceinte de jumeaux. Hospitalisée, Audur lui confie son enfant, un jeune garçon différent, prothèses auditives, grosses lunettes déformantes. Quelque peu désemparée, elle n’a pas élevé d’enfants et les a peu fréquentés, elle hésite à l’accueillir. Venant de gagner à la loterie, cette femme libre décide de partir avec sa vieille voiture, de l’emmener visiter son île, un voyage pour se découvrir, s’apprivoiser. L’attachement ne fera que croître au fil des kilomètres, l’enfant saura lui faire ressentir la place qu’elle a prise à ses côtés (« Je t’avais dit qu’il te changerait »). Ses souvenirs, ses rêves et ce tour de l’île apaiseront peut-être son passé et lui ouvriront un nouvel horizon. Le voyage est joyeux, rythmé. Les péripéties attendrissantes de ce couple dans cette île singulière, poétique et pluvieuse, la liberté et le détachement de cette femme suscitent une complicité réelle avec le lecteur qui retrouve avec joie toute l’humanité et l’amour de la vie déjà instillés dans « Rosa Candida » avec un zeste de cocasserie en sus.
Ecouter la lecture de la première page de "L'embellie"Fiche #1165
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Catherine Eyjolfsson
« Le démiurge n’est pas le Dieu créateur. Il ne sait même pas qu’il construit un monde, il fait une œuvre d’homme, pierre après pierre, et bientôt sa création lui échappe et le dépasse et s’il ne la détruit pas, c’est elle qui le détruit. » et l’échelle de ce monde varie selon ses auteurs. Un petit village corse se meurt gentiment lorsque deux de ses enfants, étudiants en philosophie, décide de reprendre le débit de boisson qui va à vau-l’eau depuis quelques années. Ils sont unis par une amitié indéfectible, portent ce projet et s’y consacrent sans retenue aucune. A la surprise de tous, le commerce prend son essor et beaucoup du village et d’ailleurs viennent y prendre part et apportent leur pierre à l’édifice maintenant soutenu par une équipe entretenant ce rêve collectif. Jérôme Ferrari dresse ainsi le portrait de ce microcosme en le recadrant naturellement dans une perspective beaucoup plus large puisque mythologique ! L’écriture est précise, le roman ample, les personnages puissants, la tragédie saisissante, à découvrir « sur-le-champ » !
Ecouter la lecture de la première page de "Le sermon de la chute de Rome"Fiche #1166
Thème(s) : Littérature française
Enfant, Pierre Hunter vit entouré par l’amour de ses parents. Après leurs disparitions, il devient barman dans la petite ville de Shale dans le Midwest, ville quelque peu endormie. Pourtant le destin de Pierre sera bouleversé par des rencontres inattendues et parfois intrigantes et des évènements curieux. L’amour le surprend sur un lac glacé, il découvre inopinément un magot sous le capot d’une voiture dont le conducteur gît assommé au volant, il devient la cible d’une traque dangereuse… Un texte pétillant et rythmé qui brouille les pistes et les genres, l’atmosphère et les situations évoluent au gré des aventures rocambolesques de Pierre, les dialogues irrésistibles voire tordus oscillent entre sérieux, humour à froid, ironie et surréalisme. Vous le dévorerez !
Ecouter la lecture de la première page de "La contrée immobile"Fiche #1163
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Nicolas Richard
Les derniers jours de Smokey Nelson
Sabine Wespieser
20 | 345 pages | 08-08-2012 | 22€
Le 15 août 2008, quatre destins basculent définitivement. Smokey Nelson assassine atrocement dans un motel des environs d’Atlanta une famille de quatre personnes (les parents et deux jeunes enfants) faisant une halte sur le chemin qui les mène vers leurs parents. Les quatre voix hétérogènes reviennent sur cet évènement et ses dramatiques conséquences. Sidney Blanchard, noir comme Smokey Nelson, fut accusé un temps du meurtre et emprisonné. Nous le découvrons sur la tombe de Jimi Hendrix (né le même jour que lui) au départ d’un long voyage dans sa superbe Lincoln Continental blanche de 1966 accompagné de sa protégée Betsy ; il part à la rencontre de la Nouvelle-Orléans terre de son enfance que Katrina a transformée. Le discours est vif, imagé, souvent singulier mais rempli de bon sens. L’homme n’a pas oublié qu’il a frôlé le couloir de la mort, et qu’il ne doit sa survie qu’à Pearl Watanabe qui a découvert les corps le soir de l’assassinat. Elle croisa l’assassin et persista à affirmer que Sidney n’était pas l’assassin. Elle demeure encore interdite sur le fait que Smokey l’épargna. Plusieurs mois plongée dans le silence, elle ne retrouva un semblant de vie qu’en repartant sur son île, à Hawaï. Mais parfois les coïncidences… Elle accepte enfin de revenir dans la région d’Atlanta pour séjourner quelques temps chez sa fille au moment où l’exécution de Smokey est annoncée… La quatrième voie est la voie divine, celle qui accompagne depuis toujours Ray Ryan, le père de Sam, la maman assassinée. Cette voie le guide vers l’apaisement, même s’il part avec son fils Tom, membre des Combattants de Dieu pour assister à l’exécution tant attendue. Ils abhorrent cette Amérique contemporaine qu’il juge décadente et seule la parole de Dieu peut les sauver de l’enfer. Catherine Mavrikakis réussit un brillant et noir récit sans porter le moindre jugement sur l’acte lui-même aussi atroce qu'il fut, sur le ressenti de ces quatre voix de l'Amérique marginale, sur leurs tentatives de survie pendant 20 ans, elle dresse simplement en creux un portrait d’une Amérique qui tangue dangereusement. Du grand art !
« Moi, même en mourant, j’espère rigoler. Oui, je veux rire en crevant… C’est un peu la seule liberté, non ? Tu crèves, t’as pas le choix, mais au moins tu peux te marrer un peu… »
« Je suis juste un homme de trente-huit ans, bien banal. J’essaie de me donner du bon temps, en attendant la mort, qui vient toujours trop tôt… J’ai pas d’idéal, pas de destin… »
Fiche #1164
Thème(s) : Littérature étrangère
A la fin des années 70, l'URSS laisse partir quelques-uns de ses ressortissants. Certaines familles juives en profitent pour quitter le pays. Plusieurs générations de la famille Krasnansky se retrouvent ainsi à Rome en espérant un départ vers le Nouveau Monde. Entre la lenteur des services administratifs et ses tracas, chacun laisse parler son histoire, ses espoirs, ses regrets, ses craintes, partir aux Etats-Unis ou rejoindre Israël ? Certains s'adaptent immédiatement à l'Occident, d'autres font le grand écart entre leur passé et ce nouveau monde. Cette saga familiale relate le quotidien de la communauté juive russe au coeur de la Ville Eternelle en attente d'une liberté rêvée et espérée : "Notre jour aussi viendra, Samuil Leyzerovitch. J'en suis convaincu. Notre patience sera récompensée, et aussi nous serons libres".
Ecouter la lecture de la première page de "Le monde libre"Fiche #1161
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Elisabeth Peellaert
Linda est une vieille dame de 85 ans et elle se raconte à une jeune fille. Alternativement, chacune raconte, questionne l’histoire de Nelly Machat devenue Linda Breuse, Linda explique ce qu’elle est et la jeune fille les évènements qui ont construit cette vie et cette vieille dame. Le récit couvre une période large et révèle les secrets de cette mutation de la petite fille originaire de Bagnolet qui vit aujourd’hui à Génève dans un appartement envahi d’une multitude de tableaux et sculptures. D’une enfance solitaire, elle s’est créé un monde à part, puis elle s’est construit une vie indépendante, a vécu comme elle l’a décidé mais en cachant ses douleurs et failles. Par l’art et la peinture, elle a pu vivre et étouffer une colère latente. Aujourd’hui, la vieille dame réussit à adopter un ton détaché, parfois ironique, avec une belle et sage dérision même si le silence continue de l’habiter : « Ce n’est pas parce que tu es à nouveau bavarde que le silence n’est pas en toi comme une lame de fond évidente. ». Le récit est rythmé, le style est riche, l’écriture est élégante, maîtrisée, une brillante confirmation après L’embrasure.
« Je rêve d’une colère montgolfière qui s’élèverait dans le ciel en soulevant le poids du monde, une colère montgolfière qui ferait s’envoler un à un nos fardeaux, nos croix, nos boulets et tous nos maudits héritages. »
Fiche #1162
Thème(s) : Littérature française
Dans les années 80, une famille explose littéralement. Lors de vacances scolaires, le père rejoint la famille puis repart rapidement fondant une séparation qui a muri suite au comportement de son épouse. Chacun, les parents et la fille, révèlent sa vision de cette séparation, le fils ne s'exprimant qu'à l'ultime instant. Des versions différentes, des ressentiments différents, des décisions irrémédiables, cette période les marque à jamais. Et évidemment, les parents se déchirant, le lien entre le frère et la soeur n'en devient que plus prégnant et ce texte témoigne de la place prépondérante occupée par l'amour fraternel au coeur du traumatisme de la séparation familiale.
Premier roman
Fiche #1159
Thème(s) : Littérature française
Les ours occupent le monde d'en haut tandis que les souris restent dans le monde d'en bas. Deux mondes qui s'ignorent, ne se rencontrent pas, ne se connaissent pas et se craignent ! Les souris sous la coupe du Grand Dentiste de la Clinique Blanche récupèrent les dents de lait des enfants pour conserver des dents saines et pouvoir survivre. La Grise, gardienne de l'orphelinat, continue d'entretenir la peur de l'autre monde par des histoires toutes plus horribles les unes que les autres. La petite Célestine quelque peu rebelle peine à croire ces histoires mais part cependant à la recherche de dents. Elle échoue dans une poubelle où la découvre l'ours Ernest. Et voilà un couple atypique voire interdit qui se forme pour des aventures tumultueuses, les polices des deux mondes ne plaisantant pas ! Mais les deux compères ne s'en laisseront pas compter ! Ernest et Célestine n'auraient pas pu trouver mieux, du grand Pennac ! Le ton est vif, la forme originale (même le lecteur aura son rôle dans cette aventure), l'humour touche les petits et les grands, et les clins d'oeil explicites ou non mais toujours éclairés sur l'amitié, l'esprit critique, la manipulation des foules, les préjugés dévastateurs renforcent le récit.
Ecouter la lecture de la première page de "Le roman d'Ernest et Célestine"Fiche #1160
Thème(s) : Jeunesse
Par petites touches successives, Emmanuelle Guattari évoque son enfance et sa famille. Succession d’évènements, d’instants au sein d’un établissement atypique. La Borde accueille des pensionnaires, fous qui déambulent en toute liberté dans l’établissement au milieu d’un parc immense. La folie n’est pas placée à l’écart, isolée, elle est partagée. Apprentissage de la vie, apprentissage de la différence, les enfants évoluent avec une grande liberté, enfants de la campagne, indépendants se découvrant avec la folie comme toile de fond : « Nous traînions notre enfance au milieu des adultes. Sans bien tout comprendre. Un somnambulisme, dans les paroles et l’épaisse couche de fumée de cigarettes ». Un bel hommage empreint de tendresse et d’une sensibilité émouvante.
Premier roman
Fiche #1156
Thème(s) : Littérature française
Ce court roman évoque l’enfance douloureuse d’un homme âgé de 34 ans. Sa mère malade disparaît rapidement, et il demeure seul avec un père violent et alcoolique. Il rejoint alors ses grands-parents et un quotidien morose. Les souvenirs reviennent à la surface sans chronologie et la violence est omniprésente. L’enfant attendra une tendresse qui ne viendra jamais, étranger à ce monde d’adultes considéré comme adverse. Mais la cruauté déteint et l’enfant peut aussi la laisser s’exprimer. Entre hargne et compréhension, colère et sensibilité, sentiments confus et ambivalents, il tente parfois de comprendre son père, voire de l’excuser : « Mon père c’était ça. Il était pétri de rêves de grandeur qui vous interdisent de faire quoi que ce soit ». Un portrait sombre d’une enfance étouffée par la cruauté et la violence.
Premier roman
Fiche #1157
Thème(s) : Littérature française
Tiziano Terzani a été pendant trente ans correspondant en Asie du Spiegel et du Corriere della Sera. Il a beaucoup voyagé et vécu dans de nombreux pays au contact de cultures différentes, de modes de vies différents, des diverses religions pratiquées. Tolérant, ouvert aux autres, aux différences, le 11 septembre et ses lendemains l’accablent littéralement. Il écrit alors une première lettre au Corriere puis à une collègue italienne exilée aux USA et enfin une série de lettres de divers coins du monde. Tiziano Terzani crie son opposition aux guerres aux conséquences désastreuses, montre comment le 11 septembre a marqué la fin d’une époque, le passage à un autre monde acceptant la restriction des libertés individuelles, les tortures, Quantanamo, les mensonges d’états, le repli sur soi, la peur de la différence… Il tente d’observer une neutralité parfaite afin d’expliquer et comprendre notre monde et ses dérives face à l’Islam : « La substance de tout ce que je voulais dire était là : les raisons des terroristes, le drame du monde musulman face à la modernité, le rôle de l’Islam en tant qu’idéologie anti-mondialisation, la nécessité de la part de l’Occident d’éviter une guerre de religion, une issue possible : la non-violence ». Ses lettres parcourent le monde et ses problèmes auxquels il répond par un recadrage culturel et historique. Une belle découverte que cet homme libre, demeurant optimiste malgré tout, qui cherche simplement à exprimer une voix forte et singulière, prônant la non-violence, l’acceptation de l’autre et la tolérance mais sans aucune complaisance pour la politique américaine et le suivisme européen. Particulièrement instructif et enrichissant !
Ecouter la lecture de la première page de "Lettres contre la guerre"Fiche #1158
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Fanchita Gonzalez-Batlle
Notre-Dame-de-la-Merci est un village de la forêt québécoise. Au cœur de l’hiver, trois personnages se dévoilent dans leurs solitudes avec l’éclairage périodique du narrateur spectateur. Deux hommes, une femme, triangle amoureux éternel. Odette, femme singulière qui a logé quelques temps en prison, veuve d’un mari Hells Angels qui a prouvé que le ridicule pouvait tuer, continue de vendre quelques enveloppes remplies de cocaïne. Daniel étouffé par sa mère a vu ses femmes disparaître en lui laissant enfants, déneige la semaine et amoureux d’Odette a accepté de distribuer discrètement son courrier. Reste Jean, la figure du mal, qui fantasme ses sales coups, peine à ravaler sa violence et rêve d’un départ vers des cieux plus ensoleillés. Les trois destins sont liés, l’issue connue, et rien de les fera dévier, ils le savent, le lecteur le sait comme le narrateur et l'auteur, et pourtant, malgré cette impuissance partagée, l’espoir subsiste. Drame de la vie, drame de la solitude, drame contemporain, triste drame, une noirceur maîtrisée par une vraie écriture et une construction originale. A découvrir.
« L’amour lui est venu plus tard. Comme le sel sur la plaie. »
« Les villes sont pavées de faits divers. Et les pavés sont anonymes et se ressemblent. On leur marche dessus sans plus s’en rendre compte. Peut-être qu’ils aimeraient se déceler, grandir, vous tendre un croc-en-jambe, que vous vous étaliez ? Sans doute qu’ils aimeraient vous forcer à les voir. Les pavés des villes crient. L’évidence qu’on évite. »
« Le cri qu’on étouffe n’est qu’un silence de plus. Il y en a plein les rues, les métros, les usines, de sans épaisseur ces êtres qui frôlent les murs et les gens. Qui ne disent rien. Qui se ravalent sans cesse. »
Fiche #1155
Thème(s) : Littérature étrangère
Lucy est bibliothécaire dans le Middle West. Trentenaire d'origine russe et célibataire, elle apprécie son métier et principalement les livres. Pourtant on ressent un manque, un trouble. Parmi les visiteurs, seul le petit Ian attire son attention et l'intrigue. Il passe beaucoup de temps dans la bibliothèque, adore lire et choisit souvent des livres atypiques pour son âge. Elle le guide, l'épaule dans ses découvertes. Ian est le fils unique d'un couple de chrétiens fondamentalistes à l'éducation "rigoureuse". Or, un matin, elle le découvre reclus dans la bibliothèque. Il ne veut pas rentrer chez lui, et contre toute attente, elle accepte et ils partent immédiatement en voiture à la découverte de l'Amérique. Tout au long du voyage, alors que Ian laisse filer ses rêves, Lucy s'interroge sur les raisons de ce voyage, sur ses motivations profondes mais aussi sur son histoire familiale.
Avec un humour désespéré, Rebecca Makkai nous offre un road-book plaisant et contrasté.
Premier roman
"Après ce printemps nébuleux et cet été tortueux, je suis désormais certaine d'une chose : je ne peux pas sauver les gens. J'ai essayé, et échoué. Je suis sûre que certains en ce bas monde possèdent ce don, mais pas moi. Cependant, je continue de penser que les livres peuvent vous sauver."
Fiche #1154
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Samuel Todd
« Les impatientes » dépeint le parcours scolaire puis professionnel de deux lycéennes d’un établissement de banlieue dite difficile. Elles partagent une envie de vivre débordante, une impatience extrême et une énergie exceptionnelle malgré leur profondes différences. L’une est réservée, disciplinée, bonne élève, promise à un bel avenir et espère intégrer Sciences Po. L’autre est violente, agressive, exubérante, plus assidue aux soirées dans les boîtes de nuit qu’au lycée. Alima-Nadine Sissoko et Bintou Masinka voient brutalement leurs destins basculer lors d’un « incident » aussi violent que subit auquel elles participent. Elles intègrent alors de concert le monde professionnel des sans-grade dans un grand magasin. Pourtant leur force combative et leur haine de l’injustice ne les abandonnent pas alors qu’elles tentent de se frayer un chemin commun dans le monde adulte.
Premier roman
« …Des fois je me dis que j’aurais voulu vivre en Amérique eux ils ont Martin Luther King ils ont Obama et nous on a qui en France ? »
Fiche #1153
Thème(s) : Littérature française
Après « Mots de tête », Dominique Resch poursuit la chronique réjouissante d’un prof de Marseille en lycée professionnel, lycée qu’il n’abandonnerait pour rien au monde. Cette fois, le discours est peut-être plus centré sur le prof lui-même. Il n’a pas perdu sa tendresse et son attention pour ses élèves, il continue d’œuvrer pour que ses mots les atteignent, les interpellent, les bousculent, les émeuvent : « La route des mots est longue. Mais elle a un début. C’est ce qui est bien. Pour un élève, le tout est d’accepter de la prendre, d’accepter l’idée qu’elle puisse mener quelque part ». Néanmoins, il s’agit d’une route à double sens, le prof apprend aussi leur langue si novatrice, rapide, imagée… Toujours avec humour, il dresse un portrait sensible de la jeunesse tumultueuse avec qui il tente d’établir une proximité et une connivence maîtrisées espérant susciter un respect mutuel. Mais pour cela, il n’oublie pas d’énoncer les astuces et autres trucs qui permettent de les apprivoiser, de les captiver, cinéma, cirque et école sont parfois proches… mais si cela permet d’avoir envie de découvrir Catherine Deneuve !
Ecouter la lecture de la première page de "C'est qui Catherine Deneuve ?"Fiche #1152
Thème(s) : Littérature française
« La Capitana » narre la vie exceptionnelle et romanesque de Micaela Feldman de Etchebéhère, de la Patagonie à Paris et Berlin, en passant par la guerre d’Espagne, remarquable destin, vie aventureuse et amoureuse hors du commun. Mais également vie engagée, avec son compagnon, cette femme a toujours été aux côtés de ceux qui souffraient et luttaient, il y a chez elle une dimension humaine singulière, tous les hommes, ici et ailleurs, doivent être libres et elle ne cessera avec son mari de se battre physiquement et intellectuellement pour. A Paris dans les mouvements intellectuels des années 30, à Berlin auprès des ouvriers allemands, puis enfin, chassés par le nazisme, ils rejoindront la lutte contre Franco et les milices du Poum. Sans expérience militaire, elle prendra pourtant la tête d’une milice, les hommes aguerris l’admirent, la respectent et lui accordent leur confiance sans aucune retenue. Mais ce récit est aussi celui d’un couple, qui se construit au gré des luttes, des idées et convictions partagées et défendues, des rencontres fortuites. Roman historique, roman d’aventures, portrait d’une femme exceptionnelle libre, amoureuse et engagée qui a constamment cru en un monde meilleur et juste et d’une vie militante désintéressée, ce texte émouvant vous plonge au cœur de l’histoire tumultueuse du XXème.
« Tu te proclamais anarchiste et libertaire. La vie s’est chargée d’engagement, de responsabilité. Et d’espoir. Quand tu as prononcé, ton premier discours à quinze ans, tu as su que tu étais capable de transmettre des idées et d’inciter les autres à l‘action. »
Fiche #1150
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
François Gaudry
Marie est lycéenne en 1967 en Franche-Comté et espère en une vie différente de celle de sa mère. Amoureuse, elle se marie puis tombe rapidement enceinte, et à 20 ans a déjà deux enfants. Son destin et son quotidien semblent écrits, encadrés : les parents, le mariage, le travail, la famille... « La grande bleue » retrace année par année douze ans de son existence mais aussi de toute une génération de femmes des années 70, ces femmes ouvrières confrontées au monde du travail, découvrant la contraception et rêvant d’une autre vie. Avec minutie et dans une écriture limpide, Nathalie Démoulin implique le lecteur dans ce quotidien hésitant, dans les luttes permanentes pour une liberté qui se paiera parfois au prix fort, dans les lourdes conséquences de la guerre d’Algérie pour les hommes qui y participèrent mais aussi pour leurs proches, elle décrit également les relations et l’ambiance dans le monde du travail qui préfigurent parfaitement les tensions actuelles. Un témoignage parfaitement romancé du basculement de la vie des femmes après 68 qui grâce à leur audace et à leur volonté, à leur discrétion et à leur fragilité, sauront se construire et rêver des vies nouvelles en refusant de les subir.
« A la violence de ce qu’on vit s’additionne ce dont on se souvient. »
Fiche #1151
Thème(s) : Littérature française
Après « La fortune de Sila », Fabrice Humbert continue de dresser le portrait de notre société contemporaine en croisant trois destins si éloignés et pourtant si proches. La mondialisation a réduit notablement les distances entre les pays, resserré leurs liens et lissé leurs différences. En Colombie, la famille Mastillo survit sur un lopin de terre et accepte contraint de travailler pour des trafiquants de drogue, tandis qu’au Mexique, le sénateur Fernando Urribal, proche du pouvoir, règne en maître omnipotent et intransigeant sur un domaine. Enfin, dans une cité française, le jeune Naadir, brillant élève atypique, observe avec détachement les dérives de ses proches et de ses voisins. Les trois personnages voient leur existence basculer, et malgré leur volonté, leur envie forcenée de vivre, la violence de la société mondialisée n’en épargnera aucun. Même Urribal, image d’un pouvoir fort et intégré à la société, verra la roue tournée et son existence bouleversée. Trois chutes qui s’unissent face à l’ivresse effrénée du pouvoir. Fabrice Humbert avec une grande maîtrise narrative montre qu’ici ou ailleurs la mondialisation induit les mêmes conséquences, la même violence et que les destins de tous sont corrélés : « Les destins se mêlaient, à différentes échelles, l’invraisemblable fourmillement de l’activité humaine tissant un lien fatal : le monde les embrassait tous ».
« Trouver un endroit, trouver un lieu. C’est un peu ça, la vie, non ? »
Fiche #1148
Thème(s) : Littérature française
Jean Echenoz raconte sans raconter, décrit sans décrire. Chaque mot est pesé, dans la sobriété et la simplicité, subtile contraste entre la délicatesse de l'écriture et le thème abordé. En effet, il s'agit de la première guerre mondiale, de cette boucherie mais s'agit-il seulement de cela ? Cinq hommes sont mobilisés et partent, presque joyeux, en tous cas unis et certains de revenir rapidement. Mais vont-ils vraiment revenir et dans quel état ? Du grand art !
Ecouter la lecture de la première page de "14"Fiche #1149
Thème(s) : Littérature française
Viviane Elisabeth Fauville, jeune Parisienne, aborde une période difficile de son existence qui révèlera sa folie ou son instabilité. Le malaise s'installe dès les premiers mots. Elle a accouché il y a peu et son époux vient de la quitter. Seule dans son appartement avec son enfant, elle apparaît quelque peu désemparée, des moments de panique la bousculant périodiquement. Elle est suivie par un psychanalyste et au cours d’une consultation, alors qu’il semble se désintéresser d’elle et ne pas l’aider, sans aucune préméditation et sans véritable volonté, instant de colère, elle le tue avec un couteau de cuisine qu’elle portait dans son sac. Elle rentre chez elle en métro persuadée que son arrestation n’est qu’une question de minutes. Pourtant, après sa convocation, elle ressort libre du commissariat et devient « le jouet des circonstances ». Elle suit l’enquête en lisant la presse qui lui apprend que la police s’intéresse à une série de suspects proches du psy tous plus vraisemblables qu’elle. Peut-être déçue par ce manque de reconnaissance, elle part à leur rencontre et la rencontre de son destin. A l'aide d'une construction minutieuse, Julia Deck réussit un portrait d’une femme dérangée certes, qui voit la réalité lui échapper mais une femme multiple qui se métamorphose selon le lieu, l’instant, la personne qui l’accompagne. Mais qu’adviendra-t-il de ce caméléon fou, devra-t-il vivre éternellement seule avec son secret ou la vérité le rattrapera-t-elle ?
Premier roman
Fiche #1146
Thème(s) : Littérature française
Gouri est heureux, il conduit sa moto à laquelle il a adjoint une remorque bringuebalante. Une émotion contenue l’anime, il revient sur les lieux où il vivait avec sa femme et sa fille. Avant. Avant l’accident de la centrale de Tchernobyl. Avant sa fuite vers Kiev. A peine inquiet, sa mission dans la zone interdite le réjouit, revoir ses quelques amis qui sont demeurés sur place, revoir son appartement, là où sa fille Ksenia a fait ses premiers pas, à commencer de grandir. Il revient aussi pour elle, fera une halte chez Vera et Iakov, ses amis. Ils évoqueront quelques souvenirs, de leur joyeuse jeunesse, de ce monde disparu à jamais mais aussi de l’accident (« Enterrer la terre, évacuer les gens. ») et de ses conséquences permettant ainsi à Iakov d’oublier peut-être quelques instants sa maladie, puis Gouri partira remplir sa mission. Les courts récits d’Antoine Choplin sont toujours intenses, saisissants, une grande humanité émane de tous ses textes. Chaque mot est pesé, l’émotion affleure à chaque page, l’empathie pour les personnages inexorable. Incontournable !
« … des fois, je pense au diable et je me dis tien, si ça se trouve, il a installé ses quartiers dans le coin, et il est là, à bricoler. Il profite de l’aubaine pour se fabriquer un monde à lui. A son image. Un monde qui se foutrait pas mal des hommes. Et qu’aurait surtout pas besoin d’eux. Ca colle le vertige, ça, quand on y pense. Un monde qui continue sans nous. Hein. »
Fiche #1143
Thème(s) : Littérature française
Goliarda SAPIENZA
Moi, Jean Gabin
Attila
2 | 178 pages | 14-06-2012 | 17€
Moi Jean Gabin constitue l’autobiographie de Goliarda Sapienza, petite Sicilienne des années 30. Enfant, elle se promène au sein d’un monde bigarré, noir, parfois dangereux ou violent, mais sans peur, elle trouve toujours un protecteur. Elle est surtout l’un des nombreux enfants d’un couple engagé et vit au milieu de personnages hors du commun, insoumis, idéalistes, rêveurs mais prêts à tout pour défendre leurs idées, renoncer n’appartient pas à leur vocabulaire : « Tu ne dois jamais te soumettre à personne et moins que quiconque à ton père ou à moi. Si quelque chose ne te convainc pas, rebelle-toi toujours ». Alors que le pays se partage entre mafia et fascisme et que l’ambiance est lourde, un vent de liberté semble pourtant souffler sur cette famille, tous ses choix la singularisent : l’éducation (Goliarda ne va pas à l’école, l’école des fascistes !) et la culture, la place de la femme, l’athéisme, l’engagement politique, la défense des plus démunis : « …seul l’esprit de la lutte est immortel de lui seul jaillit ce que communément nous appelons la vie. ». Cette vie souvent âpre, parfois violente, n’est jamais dénuée de tendresse et surtout d’espoir. Forte volonté, détermination l’animent constamment : « … quand tout va de travers – il en sait quelque chose de ce qui va de travers – la vie, si l’on croit à la vie, vient à votre rencontre ». Basée sur cet hymne à la vie, à la liberté et aux rêves, la personnalité de Goliarda ne pouvait qu’être forte, lumineuse, animée par un souci de l’autre de tous les instants. L’art de la joie nous avait révélé une femme engagée et libre, Moi Jean Gabin en fournit la genèse.
Ecouter la lecture de la première page de "Moi, Jean Gabin"Fiche #1141
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Nathalie Castagné
« Le meilleur des jours » est l’hommage d’une fille à son père, un père exceptionnel. Dès sa naissance, il se fit remarquer. Prématuré, tout le monde le donnait pour mort. Miraculé, il fut nommé Behrouz, ou le meilleur des jours en persan. A sa mort, sa fille entreprend de retracer son parcours : personnage hors du commun, plein d’esprit, cultivé, épris de justice et de liberté, idéaliste et excentrique, toujours le rire aux lèvres qui ne trouvera jamais vraiment sa place dans la société. Combattant le salariat, il ne travaillera jamais: « Karl Marx et mon père avaient un point commun : ils ne travaillèrent jamais pour gagner leur vie. "Les vrais révolutionnaires ne travaillent pas", affirmait mon père. Cet état de fait lui paraissait logique : on ne pouvait œuvrer à l’abolition du salariat et être salarié – c’était incompatible. »
. Arrivé en France il poursuit des études (thèse sur l’œuvre de Karl Marx) qui resteront inachevées, il est vrai que l’ambition était grande, il pensait y trouver « la cause originaire de l’inégalité entre les hommes » et qu’alors « le monde deviendrait meilleur ». En 1979, il vit donc en exilé les évènements d’Iran qui installent la République islamique et accueillent les Iraniens qui fuient leur pays. Le récit élargit alors ses portraits à une série de personnages, souvent exilés, qui font des allers-retours en Paris et Téhéran et passent raconter leurs périples à la famille. Un saisissant portrait plein d’esprit, de lucidité, d’amour d’une fille envers son père vénéré, personnage atypique et attachant.
Premier roman
Fiche #1138
Thème(s) : Littérature française
Nouvelle consultation des comptes-rendus de lecture
Les comptes-rendus de lecture de l'année précédente (2011-2012)
Les comptes-rendus de lecture de l'année suivante (2013-2014)
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