« Ca fait toujours du bien d’arrêter d’être con. »
Marie-Sabine Roger
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Marin Ledun nous avait habitués à des récits noirs, sociaux, âpres, à des personnages denses, portraits sans concession de notre société violente et oppressive au côté de ceux qui souffrent. Il récidive sur bon nombre de points avec notamment son amour évident pour ses personnages et son regard aiguisé sur notre société, mais il ajoute cette fois un ingrédient inattendu et succulent : l’humour ! Pour cela, il nous permet d’accompagner une famille Malaussène bis : famille nombreuse, atypique, débordant d’amour où la parole est libre et les convictions profondes. Alors quand la tribu s’aperçoit que l’un des leurs a disparu, l’insouciance et la joie font place immédiatement à l’inquiétude. Puis quand il apparaît que Gus, le p’tit dernier au teint basané, aurait participé à un braquage dans Tournon, petite bourgade ardéchoise, la famille se met en marche et qui pourrait l’arrêter, certainement pas un flic aux yeux vert pêche ! Un gros bol d’air vivifiant à déguster sans modération : fantaisie, humour et déviances de notre société sans oublier de discrètes ou non mais efficaces références culturelles, cocktail explosif !
Ecouter la lecture de la première page de "Salut à toi ô mon frère"Fiche #2172
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Depuis plusieurs mois, Churchill et son destin sont particulièrement prisés par le monde de l'édition, mais heureusement, dans cet opus, Winston n'est qu'un prétexte pour nous offrir le portrait d'une suffragette avant l'heure. Clementine Harper, à la fin du 19ème siècle, n'est pas du même monde que Churchill. Néanmoins, elle est amoureuse, et elle tentera d'attirer son attention. Et pour cela, elle va bousculer toutes les conventions, les habitudes, les croyances, les archaïsmes, elle est femme mais elle se veut libre et indépendante. Elle le prouvera partout dans le monde et dans tous les lieux. Aucune peur, aucune limite, et une volonté à toute épreuve. Superbe portrait pour un caractère exceptionnel !
Fiche #2171
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Annie O’Neill, 31 ans, vit au cœur de Manhattan mais finalement quelque peu retiré du monde. Elle est entourée de livres de poche défraîchis dans la petite librairie dont elle est propriétaire. Quelques clients réguliers, quelques occasionnels et son ami et voisin Jack Sullivan. Ses parents sont morts de longue date, alors quand un client commence de lui parler de son père, l’émotion et la curiosité sont immédiatement au rendez-vous ! Cet homme, Forrester, lui propose une lettre écrite par son père à sa mère mais aussi les premières pages d’un mystérieux manuscrit écrit par un certain Haim Kruszwica venu à la libération de Dachau avec un soldat américain. Pourquoi Forrester vient-il aujourd’hui ? A quelle occasion a-t-il rencontré son père ? Pourquoi lui propose-t-il de lire chaque semaine un nouveau chapitre de ce manuscrit qui nous plonge dans les profondeurs de l’histoire de l’Amérique ? Qui est Forrester ? Des questions qui provoqueront également une réflexion sur sa vie, son identité, sa solitude, et déclencheront des rencontres plus ou moins bienveillantes sous l’œil protecteur de Sullivan. Un récit dense, prenant et brillant avec une double narration, une trame originale, une dose de tension, un personnage fragile et attachant qui saura forcer son destin (« il faut savoir saisir sa chance quand elle passe. ») pour trouver, on l’espère, enfin le bonheur en dévoilant puis en composant avec les fantômes qui l’entouraient.
« La vie, c’est les gens. Il y a un début, une fin, et entre les deux, rien d’autre que les gens. On ne peut pas vivre tout seul. »
« Buvons à l’incroyable et terrible ironie de toute chose, d’accord ? »
« Mais enfin, qu’est-ce qu’il faut pour être un tant soit peu heureux en ce monde ? »
Fiche #2170
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Claude Demanuelli, Jean Demanuelli
Frank est un carrossier réputé. Avec son ami Svend, ils tiennent une carrosserie et Frank excelle dans sa partie. Comme il excellait sur un ring : il a laissé des souvenirs inoubliables à tous les amateurs du noble art. Il s’est retiré des rings après une victoire amère et un combat hyper violent face à un adversaire qui traîne toujours dans les mêmes quartiers que lui… Jusqu’au jour où l’entrepôt où travaille Gerhard son père (ancien boxeur également) l’appelle car un accident grave a touché son paternel. Même si leurs relations étaient quelque peu distendues, Frank se déplace et découvre les petits trafics de son père et le voici rapidement impliqué. Gerhard de retour à son domicile, est soigné par Ellen une infirmière qui passe plusieurs fois par jour. Malgré ses ronchonnements et autres râlements, le courant passe entre eux et Ellen est aussi fortement intrigué par ce fils solitaire aux épaules carrées et au regard franc. Round après round, les trois vont apprendre à se connaître et Ellen et Frank vont progressivement dévoiler les secrets qui les habitent et les empêchent de vivre sereinement. Pourtant Ellen est bien éloignée du monde de la boxe et de la violence sous-jacente et rêve plutôt de théâtre. Saura-t-elle convaincre Frank de ne pas utiliser ses poings pour sortir son père de son mauvais pas, rien n’est moins sûr, les deux ont en commun un caractère affirmé ! Une rencontre atypique, des dialogues percutants, la réplique titille, cingle, claque comme dans un match de boxe, et le résultat du combat reste incertain jusqu’à son issue ! Gaïa a encore trouvé la comédie romantique (mais pas que !) de l’été, c’est indéniable.
Premier roman
Fiche #2169
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Bernard Saint Bonnet,
Susanne Juul
Ester est lasse de son environnement familial, fatiguée des cris voire même des rires, trop de monde, trop de bruit. Alors elle s’isole et grimpe dans son arbre à portée de mains des nuages. Solitude et calme dans le vent et le silence. Mais elle s’aperçoit rapidement qu’elle n’est pas si seule que ça, elle découvre un monde bienveillant, le monde qui lui procure joie et apaisement. Alors elle choisit de redescendre, de revenir dans le tumulte, mais elle est maintenant différente, a grandi et sait comment conserver sa gaîté, sa sensibilité et sa sérénité. Doux, tendre, poétique et apaisant !
Fiche #2168
Thème(s) : Jeunesse
Constantin, dit le Grec, habite toujours Némésis, son petit ketch blanc dans le port de Marseille et profite avec bonheur de la vie marseillaise. Et aujourd’hui, il est encore plus heureux : son amie Conservatrice du musée Borély lui annonce que lors de l’inventaire des réserves ils ont retrouvé une œuvre perdue pour tous, fantasmé par tous, un Goya, un Goya d’une série mythique. Curieux et intrigué, il accepte l’invitation d’Estello. Sa surprise ne fait que croître lorsqu’elle lui propose devant l’œuvre de revenir en soirée la voler puis de la vendre et de partager le butin, personne n’est au courant de l’existence de la toile, il n’y aura aucun obstacle... Seule explication : elle a un besoin impérieux d’argent. Constantin ne peut rien lui refuser, et puis cette splendeur ! Et le voici qui pour la première fois se transforme en gentleman cambrioleur ! Dès sa sortie pourtant discrète du musée, les événements ne vont pas se dérouler comme prévu et semble-t-il d’autres aimeraient bien récupérer cet objet de grande valeur ! Lorsque Constantin apprendra les raisons qui ont incité Estello à cette aventure, il ne pourra lâcher l’affaire qui l’emmènera vers le port de Hambourg, une ville et une mer plus fraiches que son port d’attache, même si la commissaire allemande Bella Block saura réchauffer poétiquement l'atmosphère... Une aventure rythmée entre Marseille et Hambourg éclairée par deux beaux personnages.
Ecouter la lecture de la première page de "Le Goya de Constantin"Fiche #2165
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Corine KOCH
Là-bas, c'est toujours loin
L'Harmattan
183 | 119 pages | 28-06-2018 | 15.5€
« Là-bas, c’est toujours loin » nous parle d’exil, d’envie puissante d’intégration, d’identités et d’humanité. Le récit croise deux histoires à seize ans d’intervalle. Celle de Sahraan un Cap-verdien qui a fait une folle promesse et qui la tiendra au-delà des conséquences : partir seul en 1974, s’exiler, laisser sa femme et sa fille, pour les retrouver après dix ans de silence. Sahraan fait le choix d’éviter les grandes métropoles et préfère une petite ville de l’est de la France où les hauts fourneaux demandent encore des bras puissants, forts et volontaires. Sa force de travail lui permettra peut-être un regard, une espérance d’acceptation même si la peur jamais ne le quittera. Seules deux personnes ouvriront leur cœur et leurs portes à Sahraan, le bouquiniste et la secrétaire de l’entreprise qui l’emploiera. L’arbrisseau de son pays qu’il a planté en arrivant au cœur de la ville prendra plus facilement son essor, ses racines trouveront, elles, leur place et seront acceptées d’autant plus que la ville leur devra beaucoup…
Et puis celle de Maira qui après la mort de sa mère sait qu’elle doit suivre en 1990 le chemin de son père pour savoir, pour le connaître, pour se connaître. Avec l’argent envoyé par Sahraan, elle a suivi des études et appris le français alors, rien ne peut la retenir, le moment est arrivé : elle part chercher ses racines bien loin de sa petite île avec une photographie, un nom et une ville. Un texte court à l’écriture rythmée pour une forte émotion toujours contenue et maîtrisée.
Premier roman
Fiche #2166
Thème(s) : Littérature française
Le grand poulpe est majestueux et particulièrement fier de ses tentacules : tous superbes avec une fonction particulière et essentielle. Enfin presque... Le huitième semble isolé et inutile, à quoi peut-il bien servir ? La réponse est peu évidente et d'ailleurs sert-il réellement à quelque chose ? Il faudra attendre un combat terrifiant avec la murène pour le savoir et dans le malheur, il prouvera à l'évidence qu'il est indispensable !
Fiche #2167
Thème(s) : Jeunesse
Neuf femmes, neuf portraits très différents, tous les âges, tous les milieux sociaux, tous les statuts, mère, fille, grand-mère, toutes les orientations sexuelles… Ce pourrait être un recueil de nouvelles mais le lecteur attentif distinguera néanmoins le fil ténu qui les relient. Leurs vies sont encadrées par la société et sa vision normative toujours aussi caricaturale de la femme. Elles se débattent toutes dans un quotidien morne, étouffées par un carcan aussi puissant qu’invisible. Mais il n’y pas d’âge pour se lever, trouver le chemin et sa place. Un livre pour espérer briser les murs des conventions, décider et acquérir une liberté de vie si naturelle.
« Malgré le mépris que lui inspire la norme autoproclamée, Diane ne peut échapper aux regards que font peser sur elle une religion dont le poison gangrène l’inconscient collectif ainsi que la société laïque avec ses images de réussite et son effroyable conformisme. Le regard des autres lui répète : Si tu n’es pas mère, Tu n’es pas une vraie femme. Ce à quoi Diane répond avec une arrogance provocatrice qu’elle ne voit pas ce qu’il y a de si remarquable à faire des enfants… tout le monde se reproduit, c’est la chose la plus facile au monde, les rats le font très bien, les cochons, les éléphants et les girafes. Les cafards. »
« Ce qui m’intéresse, ce n’est pas ce que je raconte mais la façon dont je le raconte. »
Fiche #2163
Thème(s) : Littérature française
Ib et Kaj sont jumeaux, physiquement similaires, mais leurs esprits diffèrent. Pourtant ils ne vont pas se quitter et suivront les mêmes engagements. Heureux en 1918, d’aller chasser les Rouges en Finlande au cœur d’une guerre civile, ils participeront et vivront les premières horreurs qui peut-être décideront de la suite de leur existence. Ce long, très long récit donne en effet une place centrale à l’horreur de la guerre mais aussi à la jouissance d’y participer puis aux difficultés d’en revenir. Ensuite il s’engageront à nouveau et combattront le nazisme. Le fil de leur vie les positionnera constamment sur une arête vertigineuse surplombant un gouffre sans fond et seule leur folie ancrée dans la violence les empêcheront de le réaliser.
« Qu’est-ce que la mort ? A la fois sujet de crainte et de désir. En soi, la mort n’est rien. Voilà ce qu’elle est. Comment définir le rien ? On ne peut pas en parler. Si on en parle, ce n’est pas la mort, mais la vie. »
« Quand on part à la guerre, on n’en ressort pas comme ça. On a oublié comment on faisait avant, comment on cultive, comment on répare une porte…On a oublié la patience nécessaire, on a oublié tout l’ennui qui va avec la paix. On n’a plus à se préoccuper de tout ça désormais. On est des hommes libres, on n’est plus des paysans, on est des guerriers ! »
Fiche #2164
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Alain Gnaedig
Edouard Louis sait nous parler de violence mais cette fois, son hurlement se mêle à un cri d’amour pour son père, un père mort avant l’heure, éprouvé et étouffé par la société, par la pauvreté et par le discours récurrent et si conventionnel des politiques. Edouard Louis ne mâche pas ses mots, il nomme, il désigne les auteurs de cette violence sourde et assassine, il se place du côté de ceux qui sont « à l’écart du monde ». C’est court, c’est percutant, c’est direct, sans artifice et si réel.
« … la politique, c’est la distinction entre des populations à la vie soutenue, encouragée, protégées et des populations exposées à la mort, à la persécution, au meurtre. »
« … nous sommes ce que nous n’avons pas fait… »
« Pour les dominants, le plus souvent, la politique est une question esthétique : une manière de se penser, une manière de voir le monde, de construire sa personne. Pour nous, c’était vivre ou mourir. »
Fiche #2161
Thème(s) : Littérature française
André Maillencourt, « le grand écrivain », après trois chefs-d’œuvre occupe son piédestal. La nouvelle d’une nouveau texte mettrait en émoi le petit monde littéraire alors quand la rumeur annonce une publication prochaine de ses mémoires, il piaffe d’impatience ! Dolorès, grande prêtresse de l’édition, qui a su le convaincre de l’intérêt du projet (littéraire évidemment) est inquiète. Maillencourt n’est guère intéressé et la page demeure blanche. Alors elle fait appel à un jeune écrivain (le narrateur), lui-même en mal d’inspiration, pour l’aider à coucher ses mémoires sur le papier. Les deux hommes vont se rencontrer quotidiennement et le nègre prendra très au sérieux sa nouvelle fonction. Rencontrer et écrire pour « le grand écrivain » reste naturellement un honneur. A force de travail et d’enquête, il va découvrir l’homme, l’auteur et ses failles et la réalité de son œuvre. Un récit vif, joyeux, ironique qui nous plonge avec bonheur dans le monde de l’édition avec ses relations biaisées, ses petits mensonges et « ses escroqueries littéraires » que ce petit milieu connaît sans jamais les dévoiler explicitement.
« J’ai été long à prendre conscience de cette vérité : j’étais un écrivain qui n’écrivait pas. »
« J’ai la rébellion rare mais radicale surtout dans un demi-sommeil. »
« Mes livres ne sont rien d’autre. Une invitation. J’invite celui que je veux, comme je veux. »
Fiche #2162
Thème(s) : Littérature française
64 garçons vivent retirés du monde. Encadrés, surveillés, leur existence est réglée. Tout est prévu et vérifié. Aucun écart possible sans sanction. Il faut respecter les règles, courber le dos, baisser les yeux. Mais pourquoi sont-ils ici ? Qu’attend-on d’eux exactement ? Que se passe-t-il à l’extérieur ? D’où viennent les nouveaux venus ? Où disparaissent certains ? Qui sont les créatures qui les surveillent ? Un premier volume qui retranscrit parfaitement l’ambiance du roman culte d’Yves Grenet et pose le décor pour une suite très attendue.
Fiche #2159
Thème(s) : Jeunesse Bandes dessinées
Un one-shot aussi esthétique que glaçant. Fabrice Le Hénanff nous place en effet au cœur d’une réunion historique et de l’horreur. A Wannsee, dans la banlieue de Berlin, le 20 janvier 1942, quinze hauts fonctionnaires rejoignent une belle demeure pour une réunion organisée par les SS. C’est en moins de deux heures que la solution finale sera définie et entérinée. Ils acquiesceront tous et repartiront à leurs occupations. Un graphisme et des couleurs exceptionnels, des dialogues directs et glaçants pour une tragédie sans équivalent.
Fiche #2160
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Un superbe album, de belles illustrations, des personnages attendrissants, pour nous faire partager la relation privilégiée et étroite entre un (énorme) papa et une (toute) petite fille ! Qua d'amour et d'attention !
Fiche #2158
Thème(s) : Jeunesse
Petit Lapin doit cette fois s'habiller. Et ce n'est pas le plus simple, il doit enfiler des bottes ! Alors avec sa mauvaise fois, sa colère voire sa mauvaise foi, cela devient (comme à chaque fois) très très drôle !
Fiche #2157
Thème(s) : Jeunesse
Le récit commence par un bel épisode de science fiction ! Une mère et sa fille heurte une biche avec leur Clio qui n’en ressort qu’avec le pare-choc abîmé et l’adolescente porte la biche pour la placer dans le coffre de la Clio, petite biche et costaude l’adolescente ! Heureusement, la suite est beaucoup plus réaliste et entraîne rapidement le lecteur aux côtés de trois adolescents qui choisissent de partir à l’aventure, vers la vie (« Je vais pas rester ici à attendre la fin du monde. Je veux le visiter, avant. »), et quittent leurs parents et la campagne pour la capitale. En effet Fleur et son frère violoniste Killian vivent reclus dans la station essence de leurs parents au milieu des pneus abandonnés et des odeurs d’essence, et tournent quelque peu en rond : « Elle commence quand, la vie, pour nous, putain ? » Killian est un violoniste promis à un grand avenir et détonne dans cet environnement. Alors quand un voyou s’écroule dans la station-service avec un sac débordant de billets de 500 euros, ils voient ça comme un signal et prennent la route avec les billets et leur pote Rodrigue, un fils à papa qui vient passer son temps libre dans le coin. Les trois compères vont se retrouver à Bagnolet dans un bouge où une faune parfois sympathique parfois dangereuse souvent violente s’est établie en marge de la capitale et de ses beaux quartiers. Il va falloir apprendre à survivre et à vivre (« La vie, soudain, me semble envisageable ») et peut-être à abandonner la violence sauvage à laquelle Fleur continue de succomber. Fleur la reine de l’uppercut va progressivement grandir, évoluer et s’ouvrir au monde et aux autres sans oublier son passé mais en l’acceptant. Une belle palette de personnages tous singuliers, des caractères bien campés, un récit rythmé et des aventures trépidantes, un nouvel opus de la collection Exprim’ que l’on dévore d’une traite.
Ecouter la lecture de la première page de "La sauvageonne"Fiche #2156
Thème(s) : Jeunesse
Christiane Tarpenbek, institutrice à Hambourg, a disparu. La presse à scandales l’a en effet portée à sa une, elle aurait insulté l’une de ses élèves, réfugiée somalienne. Difficile d’arrêter la machine, alors Christiane est partie (« Tout le monde a le droit de disparaître. »), vers un autre pays, et peut-être d’autres rencontres. Roland, son fils, bien qu’il n’en soit guère proche, refuse de croire cette version et engage une détective pour la retrouver. Celle-ci va aller à la rencontre de ses amis (mais le sont-ils vraiment ? Connaissent-ils vraiment Christiane ?) et les faire parler (« Beaucoup de gens pensaient la connaître et voyaient en elle un monstre qui s’en prenait aux enfants. »). Ils parleront autant de Christiane que d’eux, des confessions doubles, des impressions, des sentiments, des jugements, des interprétations, qui dressent un portrait, voire un miroir, pièce par pièce de l’absente et de la société allemande. Puis le lecteur retrouve Christiane dans le pays où elle a pu s’installer et à nouveau, peut tenter de la cerner par un portrait croisé, le sien et celui de l’homme qu’elle a rencontré et qui saura la comprendre et l’écouter. Un portrait original et vivant tant dans la forme que le fond d’une femme à part, solitaire, qui peine à trouver sereinement sa place dans notre monde et que personne finalement ne connaît vraiment ("Que peut-on faire quand on se sent seul mais qu'en même temps, on redoute les gens ?"), une étrangère donc...
Ecouter la lecture de la première page de "Hôtel Jasmin"Fiche #2155
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Alexia Valembois
Eva-Jeanne Szlomowicz est née à Lublin le 12 mars 1922 et suivit sa famille dans son exil français. Elle vécut une première mort à vingt ans, mais « mourir à vingt ans n’empêche pas la survie. » : Eva disparut pour laisser place à Jeanne et passa sa vie à survivre. Puis le jour où un Américain posait son pied sur la lune, une deuxième mort la consuma, l’enfant prit la décision de les quitter, l’enfant qui lui avait toujours dénié le titre de mère (« Tu n’es pas une mère comme il faut… Une mère doit juste être assez, partager la vie et passer le relais. »). L’enfant devant son refus de répondre à ses interrogations sur son histoire, leur histoire, n’avait pu grandir, se construire. Déportée à Ravensbrück en 1944, Jeanne à son retour choisit le silence (« Elle avait tout de suite su, quand elle était revenue, qu’il y aurait deux catégories de rescapés : ceux qui parleraient et ceux qui se tairaient. »), impossible de décrire l’horreur absolue, avait ignoré sa fille « préférant » son entreprise de parfums. Maintenant que Myriam n’est plus là physiquement, les souvenirs peuvent enfin percer, les fantômes reviennent et Jeanne peut mettre des mots sur son histoire, sur l’Histoire, et les tragédies multiples qui les accompagnent et qu’elle subit : un long dialogue avec la morte, car « ceux qui sont morts ne sont jamais partis… » Une confidence douloureuse d’une femme qui survécut seule et qui ne pouvait que marquer la fin d’une trajectoire cristallisée. Une écriture ciselée et épurée associée à une construction singulière et maîtrisée.
« L’absence est la plus assourdissante des présences… »
« Le passé devient fable quand il est récité, elle le sait, et se fier à sa mémoire est frôler l’imposture souvent. »
Fiche #2154
Thème(s) : Littérature française
« L’homme coquillage » est narré par une femme turque : « Je suis née et j’ai grandi en Turquie, moi ! » et ce n’est pas anodin ! Elle est physicienne et partie en Suisse pour poursuivre ses recherches. C’est lors d’un voyage pour un séminaire avec ses collègues à la Caraïbe qu’elle rencontre Tony, pêcheur de coquillages, qu’elle nommera L’homme coquillage. Première femme blanche à lui adresser la parole, elle décidera d’aller vers cet inconnu au physique singulier (« Mais ce n’est pas juste en regardant la couverture d’un livre qu’on peut savoir ce qu’il contient. »), rejoindre l’inconnu qui deviendra son mythe. Elle n’est guère heureuse dans son monde qu’elle décrit sans concession alors, solitaire, elle préfère, malgré le danger, rencontrer un autre monde, un autre regard, plus libre, plus ouvert, « l’homme coquillage qui m’a appris le chant de l’océan, Tony l’Homme Coquillage que j’ai aimé d’un amour profond, féroce et irréel ». Tony est particulier, à double facettes, comme chaque homme, bienveillant ou malveillant, sorcier ou magicien, « habile aux caresses autant qu’aux coups. Tony était comme ces enfants siamois dont le corps unique est coiffé de deux visages contraires. Le premier était dur et intrépide comme celui d’un corsaire aux larges balafres, le second, sensible et doux, celui d’un saint miséricordieux. ». Le lieu est aussi particulier, scindé en deux, les blancs et les autres, un « ghetto situé à même pas deux cents mètres des hôtels quatre étoiles » dans lequel « s’appliquait la loi universelle de tous les ghettos du monde ; la loi de la faim, de l’exclusion, du désespoir, de la violence. ». Enfin, elle est également particulière, son histoire personnelle et intime douloureuse l’a marquée à jamais, « Ne pas savoir oublier. Implacable vengeance de la mémoire. » Le récit intime courageux et sans concession d’un voyage fondateur aux frontières de l’amour et de la mort. Le premier roman d’Asli Erdogan enfin disponible en France qui livrait déjà quelques indices évidents de son regard sur la souffrance, son amour de la liberté et sa résistance absolue à toute oppression.
Premier roman
« Sous les tropiques, sur cette île éloignée de tout, j’ai appris que l’enfer et le paradis ne font qu’un, que seul un assassin peut être prophète, et qu’un homme, comme dans les séances de magie noire, peut en devenir un autre, car le contraire absolu de l’homme, c’est encore lui-même. »
« Son esprit n’était pas induit en confusion par des concepts tels que la psychanalyse, la névrose, l’existentialisme, et il savait ressentir cette chose à vrai dire élémentaire qu’est la douleur de l’autre. Il savait être triste pour l’autre. Il y avait en lui une sensibilité sans équivalent dans le monde hypocrite des gens trop instruits. »
« Car selon moi, écrire ne vient à l’idée que de ceux qui souffrent de ce mal que j’appelle ''la constipation de vivre''. »
Fiche #2153
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Julien Lapeyre de Cabanes
Patria, roman de plus de six cents pages, conte l’épopée basque à hauteur de familles, de leur quotidien qui, après la fracture du Franquisme, se heurte à celle de l’indépendance défendue violemment par l’ETA. Et deux familles, évidemment liées voire mélées au cœur d’un village, suffisent pour représenter le panel des engagements, des croyances, des sentiments et ressentiments, des réactions et actions, assassins, passifs ou victimes… Le récit débute en 2011 alors que l’ETA a annoncé la fin de la lutte armée. C’est aussi le moment où Bittori maintenant âgée décide de revenir dans son village où son mari Txato a été assassiné par l’ETA alors qu’il rechignait à verser « l’impôt entrepreneur ». L’enterrement qui, pour la famille correspondit au début d’une seconde vie, eut lieu loin de leur terre, Bittori ayant accompagné le défunt à San Sebastian, exil déchirant. Elle retrouve au village, Miren, forte femme, basque jusqu’au bout des ongles, restée fidèle à l’ETA. Son retour fait naturellement rejaillir les souvenirs, les rancœurs, et le passé toujours bien présent. Le récit dépeint donc passé et présent des familles de Bittori et de Miren (et leurs liens) : ce qu’ils étaient, ce qu’ils sont devenus, leurs rapports, les engagements ou non de chacun (« Les uns se sacrifient, les autres profitent. »), comment ont-ils vécu les évènements, l’assassinat de Txato, le jugement de son possible assassin… Il évoque également l’engagement définitif et radical, la terreur (… la machine de la terreur est lancée, rien ne peut plus l’arrêter. »), la fidélité, la trahison, l’impossibilité du bonheur (« … je ne vois pas de crime plus monstrueux que la prétention d’être heureux. ») le pardon et l’oubli et démontre que tout cela reste affaire purement individuelle et qu’au sein d’une même famille, chacun peut appréhender différemment les traumatismes de l’Histoire. Patria en exposant la vie de deux familles anonymes montre comment la politique et l’engagement peuvent empoisonner profondément les relations humaines entre personnes si proches les unes des autres et la difficulté du pardon : Patria y apporte à l’évidence sa pierre en rappelant qu’il n'y a rarement de vainqueur de ce genre de tragédie.
Ecouter la lecture de la première page de "Patria"Fiche #2152
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Claude Bleton
C’est l’histoire d’une rencontre, d’un amour à sens unique. Lorsque Valérie rencontre Bruno, dit l’Agrume, elle la tient son histoire d’amour, elle en est certaine. C’est tellement évident. Alors pour s’en persuader, elle se met à nous conter son quotidien, ce qu’elle pense être son couple, les petits faits anodins de la vie qui constituent cette histoire. Mais Bruno est à côté d’elle, elle fait partie parfois de sa vie, mais comme n’importe quel autre objet. Il la regarde parfois (toujours de haut), l’accepte parfois, lui parle parfois, lui répond parfois, lui prête attention parfois, l’Agrume est un artiste, alors naturellement il est différent et inventif, dans un autre monde… Les deux personnages ne sont guère attendrissants et seules l’écriture et le ton aériens permettent au lecteur de suivre agréablement avec souvent un sourire aux lèvres cette non-histoire.
Fiche #2151
Thème(s) : Littérature française
Jenny et Wade se sont rencontrés grâce à un chien, et Jenny força la porte du solitaire. Ils choisirent de s’isoler dans la montagne : « Wade et Jenny sont des gens des plaines. Des gens des plaines vivant sur une montagne dont ils n’avaient pas remarqué qu’elle était beaucoup plus grande qu’eux. Un terrain acheté sans trop réfléchir parce qu’il n’était pas cher, parce qu’il n’avait rien à voir avec la plaine. Que d’arrogance et de puérilité ! » Malgré les difficultés rencontrées, ils eurent deux filles, June et May. Puis, par une chaude journée d’août 1995, ils partirent tous les quatre avec le pick-up ramasser du bois. C’est alors que le drame se produisit : inexplicable, totalement inattendu et au-delà de la violence. Désintégration, plus de famille, plus d’avenir, plus rien. Le récit débute neuf années plus tard alors Wade s’est remarié avec sa professeur de piano Ann qui, évidemment, a connaissance de son drame. Mais Wade a la mémoire qui s’envole : « Dorénavant, tout est incertain, et il ne semble pas y avoir de frontière claire entre ce que Wade est capable de faire ou incapable de faire. » Son drame semble aussi s’éloigner de lui et Ann devient le seul témoignage d’évènements qu’elle n’a pas vécus. Alors ils vont l’obséder, et elle n’aura de cesse de tenter de reconstituer le déroulement du drame. Toujours la délicieuse manie de Gallmeister de nous trouver des perles ! Emily Ruskovitch ne fait pas dans la facilité, un drame absolu, un amour absolu, un isolement absolu, une violence sourde, une noirceur profonde, un va-et-vient constant entre présent et passé, et pourtant elle nous hypnotise et ses personnages nous attirent et nous entraînent malgré nous dans leur abime. Un premier roman puissant d’une grande virtuosité.
« Pour autant qu’Ann sache, Jenny avait elle aussi disparu de la mémoire de Wade. La vie qu’il avait menée avec elle, avec May et June, le son de la voix de ses filles et la dernière odeur de leurs vêtements, tout ça avait disparu par les nombreuses blessures de la maison, tel du sang qui s’écoule dans la nuit et qui plus jamais n’irriguerait leur histoire à tous les deux. »
« Il a perdu ses filles, mais il a également perdu le souvenir de les avoir perdues. En revanche, il n’a pas perdu la perte. »
Fiche #2150
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Simon Baril
Le salon du porc-épic est très prisé ! Les animaux de la savane s'y pressent : en effet, coiffeur débordant d'imagination, il trouve toujours la coupe la plus adaptée (et sur tout la plus hilarante) ! Mais quand le crocodile s'avance, ça se complique...
Fiche #2146
Thème(s) : Jeunesse
Michel MONTHEILLET
Maxime CHATTAM
La trilogie du mal - Intégrale - L'âme du mal
Jungle
165 | 150 pages | 08-05-2018 | 27€
Un jeune inspecteur fraîchement débarqué du FBI, entêté et sans compromis, des politiques obnubilés par leur carrière, un tueur (voire deux) en série sans limite, de l’horreur, des membres sectionnés, et de la tension… Une adaptation réussie des romans de Maxime Chattam !
Fiche #2147
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Pascale Kramer choisit de nous conter le quotidien d’une famille bordelaise bourgeoise. Ils auraient pu être heureux et sereins, voire insouciants. Mais une ombre pèse lourdement depuis tant d’années sur l’ensemble de ses membres : Romain, le fils, le frère, l’oncle, le beau-frère… pourtant doué, doux et aimant, les a quittés, il a emprunté le chemin de l’autodestruction et de l’alcool. Son isolement occupe les esprits de tous (« Romain était l’objet d’une attention écrasante. ») qui chercheront toujours à cerner et comprendre son éloignement, sa chute et ses rechutes avec toujours ce sentiment de culpabilité et ces regrets qui usent et usent encore. Enigme insoluble(« Rien, jamais, ne transparaissait du mal-être qui le poussait à engranger certains soirs de quoi s’abrutir quasiment jusqu’au coma en seulement quelques heures. ») menant à l’épuisement (« Cela demandait tant d’énergie d’affronter la persécutante violence des rechutes de Romain. »). Comment l’aider ? Peut-on l’aider ? Doit-on l’aider ? Le silence doit-il répondre au silence ou faudrait-il le briser violemment ? Romain est le personnage principal et néanmoins, jamais ne s’exprimera. Son portrait s’imposera par le regard des autres, par leurs visions, leurs réactions et la grande palette de sentiments qui les animera. Pascal Kramer montre parfaitement l’impact profond et permanent d’une fêlure (ici due à l’alcool) sur l’ensemble d’une famille, du plus jeune au plus âgé entravant le chemin de la vie et du bonheur partagé.
Ecouter la lecture de la première page de "Une famille"Fiche #2148
Thème(s) : Littérature française
Angélique a vécu cent cinq ans, alors Anne-José Lemonnier « dessine » cent cinq tableaux pour rendre hommage à sa grand-mère qui ne quittera jamais son village de Plouéden : le sel de la vie au cœur du bleu de la Bretagne et de sa nature. L’océan, les falaises, les nuages, le vent, la flore omniprésents traversent le temps et les saisons. Angélique ne se lassera jamais de les contempler et de les admirer, naturellement, le temps passant (pas le paysage), Angélique ralentira et ses observations s’en trouveront modifiées, une autre beauté apparaîtra. Chaque saison propose la sienne, ses propres couleurs, ses chants, ses odeurs et Angélique saura les apprécier et les relever. Un texte poétique, lumineux et contemplatif, d’une grande délicatesse, superbe hommage à une grand-mère, à sa vie modeste mais essentielle et à la nature immuable. Dès le livre refermé, on regrette que cent cinq saisons passent aussi vite !
« A cette pointe de la terre, entre son dernier cap et sa dernière presqu’île, le paysage symbolisait la constance exemplaire et la variation incessante. Il était en même temps ce qui dure et ce qui passe, la splendeur millénaire et l’extase d’une seconde. »
« Les âges se superposent et superposent leurs saisons, comme le jardin ses coins et ses recoins. »
Fiche #2149
Thème(s) : Littérature française
Un récit polyphonique parfaitement construit dresse le portrait du disparu, de celui qui est parti sans crier gare. Et pourtant Tanguy savait crier ! Tanguy était un homme engagé depuis toujours, un homme de combat, un homme de conviction, sans concession, militant radical anti-fasciste, refusant l’autorité, le pouvoir et la domination : « il était parfaitement imprévisible et pouvait se montrer aussi doux que violent, aussi ouvert aux autres qu’introverti. ». Au moment de sa disparition, en août 2016, Tanguy travaille dans une superbe villa bourgeoise atypique comme jardinier d’un parc luxuriant et exotique. Or, un feu détruira cette propriété peu de temps après la disparition de Tanguy, laissant un corps et quelques cendres, les hypothèses de son rôle dans cette catastrophe restant ouvertes. Son entourage reste interdit devant cette disparition, le jour de l’anniversaire de Xavier, son compagnon de jeunesse et de militantisme, alors ils vont parler, de la trajectoire de chacun, de leurs amitiés et inimitiés, des non-dits, des jalousies cachées, des petits secrets, des renoncements (« Que reste-t-il en chacun de nous de nos adolescences ? »), des petites lâchetés, car évidemment, même au cœur des barricades, chacun peut avoir ses petites contradictions… Ils ont tous la quarantaine, se sont tous levés contre la société, gardent un certain dépit envers elle, quelque soit la place qu’ils ont su ou pu y trouver alors le bilan de cette génération permettra-t-il de lever l’énigme de ce départ, de choisir entre victoire ou défaite ?
« Nous autres révolutionnaires sommes des idéalistes, des intransigeants. Nous sommes de ceux qui ne réclameront rien mais prendront tout. »
Fiche #2145
Thème(s) : Littérature française
« Seul un homme qui n'a pas d'histoire peut raconter la leur. », alors le Père Clément s’y colle. Histoire d’une famille de médecins, sur trois générations, et d’une famille de fermiers : la seconde voit la première s’installer dans son antre, Les Fontaines dans le Massif des Trois-Gueules, des étrangers de la ville qui font le choix de la campagne, de la nature et les étrangers restent souvent longtemps des étrangers… Histoire d’un village, histoire d’une terre, mais aussi de l’orgueil de l’homme face à la nature. Cette saga familiale sur trois générations expose avec la plume affûtée de Cécile Coulon les mutations de la société rurale, les liens et oppositions avec la ville voisine, les regards de la nouvelle génération sur la ou les précédentes, la place de la femme et son attitude… complétés par de belles pages sur la nature, sa beauté et sa violence.
Ecouter la lecture de la première page de "Trois saisons d'orage"Fiche #2144
Thème(s) : Littérature française
Du 8 au 14 juillet, sept jours pour découvrir un trio amoureux qui interroge le lecteur et continue de l’interroger après avoir achevé le roman : où est l’amour ? où est le coupable ? Samuel dirige une boîte de nuit à l’ancienne, comme il en reste quelques-unes, au bout d’une zone industrielle d’une ville de Normandie. Mais il est usé, comme son établissement, et aimerait bien partir, rebondir. Sarah est toujours disponible pour Samuel. Son passé douloureux lui pèse, mais elle vient régulièrement tenir les vestiaires de la boîte et occuper le lit de Samuel. La relation est trouble et se retrouve perturbée par l’arrivée du troisième larron : Rodolphe fut le mari de Sarah et l’ami de Samuel. Il a quitté, le croyait-il, ce monde après un drame terrible qui les a touchés il y a quinze ans. Mais ce fait divers refait surface et le (ou les) rattrape. La tension est palpable et permanente, l’ambiance brumeuse. Les relations au sein de ce trio sont également obscures, qui manipule qui ? qui est le responsable ? qui aime qui ? qui réussira à partir ? La trame du roman dévoile progressivement le second plan, le passé, qui continue d’étouffer ce trio glauque, désespéré et peu engageant jusqu’à l’explosion finale !
Ecouter la lecture de la première page de "Rien à voir avec l'amour"Fiche #2143
Thème(s) : Littérature française
Les Smartfaunes sont aujourd’hui omniprésents, intrusifs et aspirent un temps infini à ses adeptes. Même devant une superbe et appétissante blanquette, certains préfèrent leur écran ! Les repas de famille en ont été bouleversés… Mais quand on s’appelle Jean-Bernard Pouy, hashtag « Pépévousemmerde », on ne peut s’avouer vaincu et la mémoire de 68 sera d’un grand secours ! Jubilatoire en cette année anniversaire !
Fiche #2141
Thème(s) : Littérature française
Zaïm est un petit orphelin syrien atterri dans un camp de réfugiés. Il passe ses journées à jouer au foot, frapper dans des boules de tissu ou de cordes. Et le gamin a déjà tous les gestes, petit surdoué ! il est repéré et un agent vient lui faire signer un contrat et l’emmène dans un centre d’entraînement d’un grand club allemand à Stuttgart. Le rêve ! Mais Zaïm va vite se rendre compte des dérives de ce monde de compétitions et va devoir prendre rapidement une décision difficile et essentielle pour son avenir sportif et humain. Un joli (et court) texte réaliste pour ouvrir un dialogue plus large sur le dopage (notamment).
Fiche #2142
Thème(s) : Jeunesse
Dora et Adele vivent à Bologne, au cœur de deux quartiers proches l’un de l’autre et pourtant si éloignés. Adele est très jeune, à peine majeure, habite la cité des Lombriconi côté précarité et pauvreté et s’apprête à accoucher. Dora, trentenaire, partage avec son mari un grand appartement du centre ville et n’a toujours pas résolu son désir absolu d’enfants engendrant tristesse et amertume jusqu’à fragiliser son couple. Silvia Avallone choisit donc de nous faire vivre alternativement aux côtés de ces deux femmes en plein questionnement sur leur maternité avec des visions bien différentes (« Quand devient-on parent ? Quand on le désire, quand on accouche, ou qu’on le veut et qu’on l’affirme ? … C’est quand tu acceptes que ton fils soit un autre, et que tu l’aimes tel qu’il est. »). Adele ne souhaite pas que son enfant vive la même vie qu’elle, devienne inévitablement une perdante prisonnière de son quartier et envisage donc l’abandon. Dora professeur (« Née avec une malformation, mais fière. Bancale, mais déterminée. ») minée par son échec face à la maternité prend le chemin ardu de l’adoption. Le jeune Zeno établit un lien évident entre les deux femmes, entre les deux mondes. Voisin d’Adele, il l’observe débordant d’amour et suit avec brio les cours de Dora. Et Zeno, fin observateur, se décide à écrire cette vie, ce quotidien, ces vies. Il crée ainsi un lien multiple, plus dense, avec ces deux femmes : « Il pouvait raconter la douleur des autres, mais pas leur bonheur. Du bonheur, il était forcément exclu. ».
Après Anna et Francesca puis Marina, Andrea et Elsa, Dora et Adele rejoignent les portraits féminins réalistes et puissants de Silvia Avallone images de l’Italie des années 2000 où les difficultés immenses de vie entravent lourdement les rêves de la jeunesse mais n’empêchent pas chacun de continuer d’espérer en une vie meilleure.
« Parce qu’il y a des forces contre lesquelles on ne peut rien, répondit-il d’un ton détaché. Peut-être plus irréparables encore qu’un désir stupide et égoïste. »
Fiche #2140
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Françoise Brun
Une nouvelle enquête pour Valentin Pescatore qui de toute évidence adore se confronter aux gros et dangereux poissons ! Une tuerie vient de se dérouler à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis avec des méthodes qui ressemblent fort à celles des cartels de la drogue. Dix femmes, dix clandestines froidement abattues et rapidement, on s’aperçoit que le groupe était constituée de douze femmes… De l’autre côté de la frontière, une autre enquête se rapproche d’une multinationale, Blake, toujours soupçonnée de corruptions, financement occulte, corruption et jamais condamnée. La société est puissante, riche et peut compter sur de nombreux appuis dans les médias et chez les politiques et autres dirigeants du pays. Donc, pour avoir une chance, une enquête non officielle avec un relais médiatique sera peut-être plus productive… Les deux enquêtes vont bientôt ne faire plus qu’une entre Mexique, Italie et Etats-Unis, leurs enquêteurs formant ainsi une équipe attachante, équilibrée, entêtée, efficace et animée par une amitié et un respect mutuel évidents. Néanmoins, est-ce que cela suffira-t-il pour mettre à bas une multinationale prête à tout pour étendre son pouvoir, son influence et sa richesse ? Un polar qui se met en place tranquillement pour ensuite emmener le lecteur dans un rythme endiablé au plus près de la corruption mondialisée. Très très efficace !
« … les chercheurs ont décidé d’utiliser des avocats au lieu de rats pour leurs expériences de laboratoire. Pour trois raisons. La première, c’est qu’il y a plus d’avocats que de rats. La deuxième, c’est qu’il n’y a aucun risque que les assistants de laboratoire se prennent de sympathie pour les avocats. Et la troisième… C’est qu’il y a certaines choses que les rats refusent de faire. »
Fiche #2139
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Françoise Bouillot
Anastasia KOVALENKOVA
Kaplia - Voyage d'une goutte d'eau
Points de Suspension
155 | 22-04-2018 | 15€
en stockUn petit album d'une grande fraîcheur qui retrace l'existence mouvementée d'une goutte d'eau : les jours heureux, les joies, les belles surprises, les mutations, les rencontres comme les dangers et les peurs.
Fiche #2133
Thème(s) : Jeunesse
Les aventures d'une petite famille de souris qui doit chaque soir passer sous le lit d'un monstre pour aller chercher pitance. Mais on est tous le monstre de quelqu'un !
Fiche #2134
Thème(s) : Jeunesse
C’est toujours avec fébrilité, envie et bonheur que l’on ouvre le nouvel opus de Hyacinthe Reisch. Chaque titre déborde de poésie et de profondeur avec des illustrations au pinceau et à l’encre de chine toujours aussi sublimes. Et naturellement « … Et un peu de vérité » ne déroge pas à la règle ! On retrouve un indien sage, un ours raconteur d’histoires, et deux enfants qui écoutent passionnément. Un joli conte (philosophique) pour interroger avec sensibilité et subtilité la vérité et le mensonge, le réel et la fiction mais aussi l’image de soi. Un volume de plus indispensable !
Fiche #2135
Thème(s) : Jeunesse
Fabienne Juhel nous convie à une rencontre à l'écart d'une station balnéaire de la côte nord bretonne avec Jeanne Devidal (1908-2008) surnommée « la folle de Saint-Lunaire ». Elle mêle le récit de l’histoire de la vie de cette femme singulière avec un dialogue avec Jeanne. On apprend certains épisodes de sa vie, ses chavirements, Fabienne Juhel choisissant de laisser, à l’image du personnage, des zones d’ombre ; tout n’est pas dévoilé, un mystère continue de régner. Cette ancienne factrice vécut en marge, à côté du monde, dans sa maison, dans le vent, ouverte sur la mer avec ses animaux, ses Invisibles, son tilleul, son mirador : les deux intriguaient ou choquaient tout autant. Une maison digne du Facteur Cheval, de bric et de broc, réparée, recousue, collée, agrandie. Une forteresse, l’extérieur n’y rentrera pas et saura la rejeter sans retenue : « Tu aimes le silence et ils sont le bruit. Tu aimes la solitude et ils sont la masse, le nombre, comme pour les lapins. Tu préfères te tenir immobile sur la frange des nuages ; ils sont le mouvement. Alors, la femme se terre derrière les murs, mille-feuilles de parpaings, de briques, de cageots et de boîtes de conserve englués dans le ciment. Maison tanière. Forteresse. Bunker. Carapace. » Fabienne Juhel, aidée par son écriture toujours aussi maîtrisée, addictive et envoûtante, réussit à nous faire partager sa passion pour Jeanne Devidal. Comme dans ses précédents romans, on retrouve avec plaisir La Bretagne, les renards, l’eau, l’océan, le vent, la folie, et un nouveau portrait de femme brutalisée et chavirée par le monde qui lui-même ne semble pas avoir conscience de son propre chavirement.
"Vieillir te fait remonter l'enfance en bouche."
Fiche #2136
Thème(s) : Littérature française
Tous les ans, le clan des Caverneux part pour la grande chasse aux mammouths. Biface le chef prépare les siens. Les siens et pas les siennes ! Sa petite fille, Liloo, aimerait tant les accompagner. Mais Biface refuse, ça serait trop dangereux et ce n’est pas sa place. Elle trouve cela tellement injuste. Elle, la combattante, devrait rester ramasser des baies alors que Silex, le jeune artiste qui peint sur les murs, ne sait combattre et à aucune envie de le faire est contraint de les suivre. Mais la petite a du caractère et heureusement pour la tribu ! Un premier volume, frais, joyeux, rythmé qui augure une belle série.
Fiche #2137
Thème(s) : Jeunesse Bandes dessinées
Sylvia DOUYÉ
Paola ANTISTA
Sorceline - Un jour, je serai fantasticologue !
Vents d'Ouest
150 | 48 pages | 22-04-2018 | 11.5€
en stockL’île de Vorn accueille les jeunes membres d’un stage dirigé par Archibald Balzar le grand zoologue spécialiste des êtres fantastiques. Le lieu est étrange et les jeunes s’observent de biais dans un premier temps. Sorceline est impatiente de découvrir la cryptozoologie et Archibald Balzar promet que le meilleur d’entre eux pourra rester et devenir son assistant ! Belle compétition ! Mais une série d’évènements étranges et de disparitions viennent bouleverser le stage…
Fiche #2138
Thème(s) : Jeunesse Bandes dessinées
Laurine ROUX
Une immense sensation de calme
Les Editions du Sonneur
149 | 122 pages | 21-04-2018 | 15€
Un homme et sa grand-mère, une jeune fille, une grand-mère disparue, la narratrice et surtout la Nature forment les personnages principaux de ce conte aussi noir que lumineux. Les humains rescapés font partie des invisibles, derniers survivants d’un monde disparu après une catastrophe (« Nous étions la première génération du Grand-Oubli »), des parias isolés dans une nature qui reprend ses droits. Une nature à double facette aussi belle et douce que sauvage, violente et dangereuse. Comment la vie, l’amour et la mort peuvent continuer de s’y exprimer dans leur pureté originelle ? Entre noirceur et lumière, entre humanité et animalité, un terreau parfait pour construire un conte qui suggère, qui expose un chemin vers une sérénité originale de vie, convoque les silences pour mieux faire ressentir une nouvelle philosophie de vie avec le temps qui passe vers une issue connue de tous, « Nous sommes tous de passage. Simplement de passage. »
Premier roman
« Nous sommes des dieux qui ont reçu la beauté en héritage. La splendeur de la jeunesse est éternelle. Seuls comptent le plaisir de l’effort et celui d’être là. Simplement là, ici et maintenant. Seulement la puissance de l’instant, Igor et la taïga. Ainsi passent les années. »
Fiche #2128
Thème(s) : Littérature française
Siska GOEMINNE
Alain VERSTER
Je te vois, et toi ?
Versant Sud
148 | 21-04-2018 | 16.5€
La ville, lieu si propice à observer la vie, à susciter des rencontres. Mais pour cela, il faut se poser, ralentir voire s’arrêter, et observer. Ce bel album d’une grande douceur vous propose ce voyage dans votre quotidien aux couleurs et aux tons judicieusement surannés, un joli miroir de notre vie.
Fiche #2129
Thème(s) : Jeunesse
Joli cadeau qu’un livre pop-up ! Mais lorsque l’enfant ouvre le bel objet, quel surprise de voir le petit Ulysse se lever, quitter le pop-up et sortir du livre pour partir à l’aventure ! Une aventure qui va lui offrir une série de rencontres inoubliables avec différents héros des grands contes traditionnels. Un Ulysse original et un brin coquin !
Fiche #2130
Thème(s) : Jeunesse
Françoise ROGIER
Picoti... tous partis ?
A pas de loups
146 | 21-04-2018 | 13€
Une poule, un matin, est désespérée et inquiète ! Ses petits ont disparus. Et quant elle part à leur recherche, elle s’aperçoit que les autres pensionnaires de la basse-cour sont également aux abonnés absents ! Picoti, picota, que s’est-il passé ! Où sont-ils tous ? Une énorme et rassurante surprise attend cette maman apeurée au fond du bois !
Fiche #2131
Thème(s) : Jeunesse
Jérôme Leroy continue sa chronique d’une société pas si lointaine de la notre, accompagnant le Bloc maintenant arrivé au pouvoir et dont les idées extrêmes ont largement imbibé la population. Dans une grande ville de l’ouest, les effets « des désordres géopolitiques lointains importés dans cette grande ville portuaire de l’ouest » (mais pas que) commencent de poindre le bout de leur kalachnikov… Un indic convoque un flic pour lui faire part d’une nouvelle gravissime, le flic arrive trop tard avant d’être également tué, par erreur, par ses collègues, du grand art ! La ville tremble, un coup se prépare mais où ? Dans le même temps, au lycée, Flavien Dubourg, professeur au lycée professionnel et technique Charles Tillon, se fait une joie de recevoir Alizé Lavaux, une auteur venue dialoguer ou tenter de dialoguer autour de son dernier roman avec sa classe particulièrement remuante à l’exception de Stacy Billon, silencieuse, absente, le regard vide. Hélas, dès l’arrivée d’Alizé dans ce contexte tendu la rencontre part en vrille… Une journée terrible décrite tel un journal télévisé, une journée qui ne se passe comme prévu dont l’issue si proche de notre quotidien surprend néanmoins… Si réaliste et si désespérant ! Et pourtant l’humour noir, le ton, parfois la moquerie mais surtout la plume de Jérôme Leroy réussissent à nous faire sourire, grand exploit !
« … la petite Gauloise était le mal, le néant mais l’Imam avait dit que le Djihad pouvait utiliser le mal pour arriver à ses fins. »
Fiche #2132
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Jeanne a décidé de quitter ses parents et la ville qu’elle aime (« Quitter la ville qu’on a aimée, savoir quitter. ») et où elle a grandi. Elle fuit en effet Nice après la mort accidentelle de ses grands-parents pour rejoindre sa professeur de trombone à Sens. Elle habitera chez Mme Ducafy qui va l’entourer avec ses deux enfants, la soutenir et l’encourager. Une belle rencontre, une étape pour se reconstruire avant de repartir vers Paris et le Conservatoire puis sa rencontre avec Gabriel, joueur de violoncelle. Découverte de Paris et de la vie à deux ou plutôt à trois : Jeanne, Gabriel et la musique. « Savoir quitter » n’empêche pas de revenir et ce retour est parfois nécessaire pour clore la boucle…
Premier roman
« … seul le dépouillement sied à la musique. Il faut alléger le son de tout ce dont on pourrait le charger par peur du vide, par envier de briller ou pour compenser une faiblesse technique. La musique n’a besoin d’aucun effet, l’épure est son idéal. »
« L’amour n’existe que dans le détachement, soutenait sa grand-mère. Il faut être capable à chaque instant de quitter. Quitter l’autre, un lieu, une habitude. Etre capable de quitter sinon, ça n’est plus de l’amour, c’est autre chose. »
Fiche #2127
Thème(s) : Littérature française
Un mur s’écroule dans une propriété fatiguée des Yvelines et la propriétaire découvrira le périple exceptionnel de Yoldas, un maçon kurde qui a choisi ou subi l’exil, et qui lui propose son aide. Yoldas va se confier et Sarah Marty nous livre son témoignage qui donne corps et visage aux migrants, une incarnation absolue. L’exil du peuple kurde est singulier, ces apatrides quittent un pays qui n’est pas le leur et pourtant, la décision est douloureuse, abandonner son histoire, abandonner les siens, un sacrifice, une lourde culpabilité à surmonter. Ils vont se retrouver à quatorze. Progressivement le groupe va se former, se connaître, s’unir et ne former plus qu’un (« Il n’y a pas de victoire individuelle… »). Chacun a sa propre histoire, son vécu, ses souvenirs, les évoquera timidement alors que ses compagnons ne poseront que peu de questions, accepteront les silences ou les confidences. Une solidarité et une fraternité sans faille jaillira dans l’adversité des chemins de l’exil. Ils ont décidé de fuir la peur (« Il veut vivre dans un pays où les mots ne font pas peur, où ils ont le droit d’être écrits, d’être lus, d’être aimés comme d’être détestés. Il ne veut plus être muselé. »), de s’en éloigner et néanmoins durant ce périple, elle sera là, omniprésente, de tous les instants, dans tous les lieux, étouffante et inquiétante. Chacun aidera son compagnon à la supporter, à l’oublier pour quelques brefs instants, voire à rêver ensemble d’un futur souriant. Ces surhumains continueront, résisteront (« Dans quelles ressources a-t-il puisé pour échapper à sa peur ? »), face à l’inhumanité de ce voyage, face à la brutalité et l’avidité insatiable des passeurs. Ils côtoieront la mort, la peur, la faim, la violence mais le groupe toujours se dressera pour tenter de rattraper les épuisés, les exténués prêts à renoncer. Un récit puissant, haletant et terriblement émouvant pour ne pas oublier que chaque jour, sur les chemins européens, au bout de notre jardin, dans les mers qui bordent nos côtes, des hommes, nos frères, subissent un exil contraint et périlleux et perdent toujours un bout de leur histoire et parfois leur vie.
Premier roman
« Je veux aller dans un pays où le soleil se lève, je vais où les rires sont permis et où les couvre-feux n’existent plus. »
« … on ne reconstruit pas sur des ruines, sur des corps de femmes, d’enfants, d’hommes. On ne peut pas rebâtir sur des âmes sans être persécuté par leurs cris. Il faut fuir. Oui, s’offrir un autre destin. Yusuf aime l’idée de poser quelque part des fondations sur une terre qui n’a pas été nourrie de sang. »
Fiche #2126
Thème(s) : Littérature française
Narval est un ancien militaire qui a visité nombre de coins chauds de la planète : Congo, Irak, Bosnie, guerre du Golfe… Il ne participe plus aux opérations militaires mais sa mémoire n’a rien oublié. Aujourd’hui, lui, le Parisien, débarque à la gare Saint-Charles de Marseille, un coin plus calme… enfin presque… Il a en effet décider de quitter le clan corse qui l’employait à Paris pour venir s’occuper de la sécurité du maire de Marseille, contrat sans problème a priori. Narval est un professionnel reconnu et toujours en éveil. Heureusement pour lui, car, peu de temps après son arrivée, il échappe de peu à un traquenard qui aurait pu lui coûter quelques longues années de prison ! Narval ne lâchera pas l’affaire, il va falloir prouver son innocence et dévoiler les dessous de l’affaire. Il trouvera de l’aide auprès de Jean-No l’ancien docker et ami qui ne le laissera pas tomber et peut-être auprès de la belle Djamila rencontrée à l’accueil de son hôtel. Nous ne dévoilerons pas plus de l’intrigue et du déroulement de l’enquête, mais, un Parisien peut-il rester longtemps à Marseille ? Un récit rythmé, un beau personnage principal et une intrigue efficace.
Ecouter la lecture de la première page de "Le Parisien"Fiche #2124
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Hugues Pagan et son inspecteur Schneider qui n’a toujours pas oublié l’épisode algérien et d’une froideur égale sont de retour. Chef du Groupe criminel, accompagné de son adjoint Catala et de son équipe, des méthodes policières parfois limites, un supérieur hiérarchique collant, une rencontre avec Cheroquee une jeune femme mystérieuse et attirante, et une enquête sur le meurtre d’un collègue des stups après un interrogatoire rapide et singulier d’un petit dealer connu de tous : voici tous les ingrédients pour un roman noir parfait notamment grâce au style inimitable de Hugues Pagan pouvant mêler sans choquer sur la même ligne un argot imagé et un plus-que-parfait du subjonctif. Grand retour !
Ecouter la lecture de la première page de "Profil perdu"Fiche #2125
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Julien THÈVES
Le pays d'où l'on ne revient jamais
Christophe Lucquin
140 | 170 pages | 08-04-2018 | 19€
Le pays d’où l’on ne revient jamais nous transporte dans l’enfance, dans la ville où l’enfance fut vécue. Ici, il s’agit de H., une ville du pays basque des années 70, entre mer et montagne. Déjà deux faces, deux visions, une région à plusieurs facettes. Une enfance heureuse, une enfance douloureuse, entre ses parents et son frère. Suite à un retour au pays à l’âge adulte, les souvenirs reviennent, les douloureux comme les joyeux. L’expression est délicate même si rien n’est caché, toutes les émotions, tous les sentiments sont exprimés, décrits sans amertume, avec retenue et douceur mais également franchise. L’amour de la mère, l’effacement du père, « … entre un père relativement indifférent et une mère qui a tout avalé. », le temps qui passe, les manques, les doutes, la mélancolie, la recherche lancinante de son chemin vers l’âge adulte, le choix de quitter son pays comme sa mère. Cette confession n’est naturellement pas seulement une chronique familiale, c’est aussi le miroir de la France des années 60 à 2000 sur deux générations, deux périodes historiques bien différentes, « Ils ont fait ce qu’ils ont pu : c’est ce qu’ils aiment à répéter, aujourd’hui – mais ce qu’ils pouvaient, non, ce n’était pas assez. » Un texte qui nous emporte et dont le style et la forme interrogent le lecteur en jouant sur l’ambivalence de toute chose : le pays natal qui change mais reste immuable ou le passé qui ne disparaît jamais et partage notre présent.
« Se souvenir, ce n’est pas se souvenir de l’enfance, mais c’est se souvenir du mots des autres. »
« Nous vieillissons mais l’enfance est là. »
« On porte avec soi son enfance, les lieux qu’on a aimés, les personnes qu’on a désirées passionnément, celles qui nous ont fait le plus de mal et le plus de bien. »
Fiche #2122
Thème(s) : Littérature française
Cent ans de vie d’une famille, des gens modestes au coeur de la Bretagne et ailleurs. Une vie de petits tracas et de légers bonheurs, de lourds tracas et de grands bonheurs. Ils s’enchaînent dans le tourbillon de la vie du 20ème siècle. Une large famille, sur plusieurs générations, avec des vies ordinaires qui méritent néanmoins notre attention et le roman de Grégory Nicolas fera qu’ils ne seront pas oubliés ! Des amitiés, des amours, des concordances de vues, des divergences, des retrouvailles, des séparations, des balades en vélo, des maladies, des bouteilles de vin éclusées, de la résistance ou pas, des révoltes et toujours une grande humanité. Grégory Nicolas réussit le tour de force de nous faire rentrer dans sa ronde rythmée et envoûtante, et le moment est captivant, plaisant, enchanteur, émouvant et parfois drôle devant le spectacle offert par ces héros anonymes passant leurs vies à affronter les difficultés quotidiennes de l’existence. Grégory Nicolas est un vrai conteur et donne en cadeau la solution ultime à Macron pour déclencher une vraie révolte dans le pays !
Ecouter la lecture de la première page de "Des histoires pour cent ans"Fiche #2123
Thème(s) : Littérature française
Slávek Sykora est un vieil homme de plus de quatre-vingts ans, il est né le 21 juin 1707, qui contemple maintenant Prague et écoute ses rumeurs depuis sa fenêtre. Alité, il sent qu’il est temps d’écrire son testament (« Et puis quoi, je suis vieux, la fête est finie. ») ou le journal de sa vie. Enfant, il vivait heureux avec ses parents (« Ma mère était merveilleusement ma mère. ») lorsque, à l’âge de sept ans, la calèche du comte Sporck le renversa. Ses deux jambes broyées, sa vie bascula. Le comte en effet prit en charge son éducation et lui permit de travailler dans un théâtre et de s’occuper de l’éclairage devenant le « maître des lumières », d’un effroyable drame jaillit donc la lumière. Le récit est autant le portrait d’un homme amoureux du beau, du théâtre, de la musique, de l’opéra, de l’art, que de la vie artistique et culturelle du Prague de l’époque. Mais les épreuves n’épargnent pas non plus Prague qui vit les rivalités acerbées des religions et les guerres à répétition qui éprouvèrent régulièrement cette région. Anne Delaflotte Mehdevi nous offre les portraits du Prague des lumières, de ses conflits et de ses habitants du plus modeste au plus célèbre et nous fait partager l’histoire qui préfigure les bouleversements au cœur de l’Europe du siècle suivant. Quatre cents pages qui se dévorent grâce à son style, à sa construction, à son rythme, on a souvent l’impression de dialoguer avec Slávek un homme qui restera toujours du côté de la lumière et ancré définitivement dans sa ville : « J’ai le sentiment d’avoir vécu au bord, au bord du bonheur, au bord d’une scène, au bord d’un pays, mais dans Prague toujours. ».
Ecouter la lecture de la première page de "Le théâtre de Slávek"Fiche #2120
Thème(s) : Littérature française
Mike Fremantle, un ancien du Vietnam, dirige en 2016 un modeste commissariat dans le Michigan. Il fait son boulot sérieusement, honnêtement et consciencieusement et est toujours demeuré éloigné de la politique. Il est proche de la retraite, vit paisiblement avec sa femme d’origine vietnamienne et sa fille que sa mère voit déjà médecin, il ne lui reste « plus qu’à » être admise dans une école… Dans le même temps, au Nouveau-Mexique, Wilson Drake est en campagne électorale en vue de prolonger son poste de sénateur. En 1969, Wilson Drake s’appelait Billy Drake et combattait au Vietnam aux côtés du sergent Fremantle. Et dans ses discours de campagne, il a évoqué des faits d’armes qui sont maintenant contestés et remettent en cause sa réélection. Billy décide donc de faire appel à Fremantle pour confirmer ses affirmations, même si tous les deux savent qu'il s'agit un mensonge. Fremantle, l’amoureux de la vérité se laisse entraîner contre quelques crédits exceptionnels pour son poste de police… Le pouvoir lui ouvre ses portes, avec ses fastes, ses passe-droits, son argent et ses mensonges perpétuels. Saura-t-il résister, s’arrêter avant la catastrophe ou choisira-t-il le cynisme et le mensonge ? Une plongée vertigineuse, ironique et amère au cœur du pouvoir et des campagnes électorales où tout est permis, seul le résultat compte et malheur au perdant ! Un Iain Levison toujours aussi efficace et direct !
« C’est pour ça que les sénateurs ne veulent jamais renoncer à leur siège, que les présidents se présentent toujours à un second mandat. Ce qui compte n’est pas de gouverner, ce sont les privilèges… Qui a envie de retourner dans la file d’attente pour faire examiner ses chaussures aux rayons X après avoir vécu cette vie là ? »
« Nous vous écoutons, votre opinion est importante pour nous. Mais personne n’écoute. Fremantle le sait. Les gens qui croient que leur opinion est entendue sont moins susceptibles de provoquer des troubles. Voilà pourquoi on s’arrête ici : pour pacifier, soulager, roucouler des berceuses et endormir des masses en colère. Tout va bien, nous vous écoutons. »
Fiche #2121
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Fanchita Gonzalez-Batlle
Un superbe album (beau papier, fraicheur des illustrations, simplicité des couleurs) qui fera rire les grands et les petits avec une série de devinettes singulières aux réponses inattendues.
Fiche #2119
Thème(s) : Jeunesse
Maria est une femme amoureuse. Elle aime partager son existence avec William, son second compagnon. Elle aime particulièrement son petit-fils de trois ans, Marcus. Ils sont très liés, forte complicité qui semble indestructible, elle sait l’écouter, le regarder, le guider tout en lui laissant toute liberté. Elle l’accompagne dans sa passion pour les oiseaux toujours prête à s’envoler à ses côtés. Alors qu’un deuxième enfant est annoncé dans la famille, Marcus préfère parfois porter une robe plutôt qu’un short, ses ongles prennent parfois des couleurs inhabituelles et ses cheveux s’allongent. Dans le même temps, ses parents décident de ne pas faire connaître le sexe du nouveau-né, ce sera un bébé, un enfant, pour le genre, il aura tout le temps de choisir, « leur enfant vaut mieux que ces fadaises de garçon ou de fille. ». Marcus, quant à lui, choisit de changer de prénom, pourquoi l’en empêcher ? Maria, sans rien dire, en évitant de laisser transparaître ses doutes et ses sentiments qu’elle peine à formuler et même à identifier, est bousculée. Sa place, sa position évoluent, pas son amour. Chaque mot doit être pensé, chaque regard pesé. La spontanéité disparaît et l’équilibre familial change. Chacun y trouvera-t-il sa place ? Qui résistera ? Qui tombera ? Qui s’éloignera, qui restera ? Les liens s’estomperont-ils ? Angélique Villeneuve nous offre un nouveau bijou, entre puissance et douceur. Comme souvent, elle demeure dans le sentiment, le ressenti, évite tout jugement ou cliché. Maria n’est pas un livre à thèse, juste un livre d’amour puissamment humain. On est dans l’émotion pure et maîtrisée et dans la délicatesse. Angélique Villeneuve continue avec un immense talent et son écriture envoûtante (le roman se lit d’une traite) à construire son panthéon de portraits féminins et Maria vient d’y prendre une très belle place.
Ecouter la lecture de la première page de "Maria"Fiche #2118
Thème(s) : Littérature française
Quatre générations de femmes, un siècle de vie et un même destin. Ces quatre femmes libano-palestiniennes vivront plusieurs exils, connaîtront la tristesse des séparations et les joies des retrouvailles. Elles partageront l’angoisse des bombardements comme la violence des hommes mais apprendront à les maîtriser voire les ignorer. Elles opteront toujours pour le camp de la vie, en Palestine, à Beyrouth, à Bagdad, en France ou à Genève, Beyrouth conservant une place à part dans leur cœur : l’instant où on la quitte, le tumulte, le bruit et la vie plutôt que l’ordre, le calme et le train-train suisse (« …vie de tiraillement entre la légèreté libanaise d’un côté et la responsabilité franco-suisse de l’autre, entre l’insouciance de l’enfance et la maternité de l’âge adulte. »). Néanmoins « C’est drôle le Liban, comme les autres pays choisissent systématiquement de s’y attaquer. », l’insouciance a donc dû mal à résister face au déferlement récurrent de violence, l’exil s’imposera, toujours et encore, elles partiront mais emmèneront avec elles leur histoire, leur passé et le Liban. Un premier roman au rythme enlevé et au ton plaisant qui relate le dialogue entre ces quatre femmes attachantes qui, au-delà de leurs portraits, nous parlent à hauteur de femmes de ce pays déchiré par ses relations chaotiques avec ses voisins.
Premier roman
« Qu’est-ce qu’il y a de plus irresponsable que l’enfance ? »
« J’ai compris que détester, c’est s’interdire d’être l’autre. »
Fiche #2117
Thème(s) : Littérature étrangère
Gudbergur Bergsson avec son style épuré dresse le portrait du peuple islandais du XX ème siècle au travers d’une famille (jamais prénommée) installée dans une ferme isolée dans la campagne du pays. Des paysages décharnés et une nature que l’on ne peut qualifier de luxuriante ! Paysage ardu, vie ardue, personnages ardus. Pourtant, c’est le XXème, alors sans crier gare, imperceptiblement, le monde extérieur s’invite dans cet environnement, les visiteurs passent, certaines et certains s’éloignent, certains reviendront, d’autres non. La modernité et le « progrès » pointent leur nez et leurs effets… Qu’est-ce qui peut attirer dans ce lieu rugueux et lunaire où la vie reste un combat ? L’auteur dresse un portrait humain, sans épargner ses compatriotes, avec franchise et profondeur, il entraîne et aimante immédiatement le lecteur avec un ton et une écriture personnels au cœur de ce pays qui a pris une place prépondérante dans la littérature européenne, après le douloureux et inoubliable « Deuil », le voyage en vaut la peine !
« Parce que être libre signifie à la fois jouir de certains droits et être garant de la liberté et des droits d’autrui. »
« Les guerres sont-elles nécessaires pour que les hommes et les nations apparaissent sous leur jour véritable ? La paix fausserait-elle l’image des individus et des peuples ? »
« Cette conversation vit surgir l’étrange forme d’humour qui s’empare de certains vieillards quand ils comprennent qu’ils ont un passé aussi long que leur avenir est bref. »
Fiche #2116
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Eric Boury
Dans ce livre à volets (pliage original), le petit lecteur doit deviner quel animal associer au cri indiqué sur chaque page.
Fiche #2114
Thème(s) : Jeunesse
Concept très original, simple et parfaitement réalisé : il faut soulever un miroir à la verticale, puis faire pivoter avec l’autre main chaque figure de chaque page jusqu’à ce qu’apparaisse par reflet dans le miroir l’image d’un objet ou d’un personnage à reconnaître. L'image se forme, se déforme, se reforme au gré de la surprise de l’enfant ou de l’adulte et de leurs rires !
Fiche #2115
Thème(s) : Jeunesse
Caroff est échoué sur la rade de Brest. Seules sa femme et sa fille le maintiennent à flots. Il n’a plus de bateau et ses collègues du port ne veulent plus entendre parler de lui. Ils n’ont pas oublié son dramatique accident et le jeune mort resté au fond de l’océan. Caroff pense avoir trouvé la solution en acceptant de participer à un trafic qui passe par un retour sur la mer. Deux ou trois expéditions, des enveloppes avec du liquide et il pourra enfin partir avec sa famille et démarrer une nouvelle vie. On aimerait tant que ce soit possible… Un beau texte, bien noir, très marin qui offre un portrait des hommes animant le port et de beaux personnages : 180 et Yann deux petites frappes qui viennent pour encadrer Caroff, Brieuc qui semble repartir sur de bons rails avec son entreprise de taxi maritime, Delmas trafiquant basique, dangereux et sans humanité, Josette et René un vieux couple attendrissant sur le départ. Il ne vous reste plus qu’à monter sur le bateau pour goûter aux embruns et apprécier cette écriture, vous ne le regretterez pas !
Premier roman
Fiche #2113
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Marie-Hélène Coulanges grandit à Brigneau, un hameau de la campagne française, lieu perdu au milieu de la nature où la pauvreté est la règle : une pauvreté qui vous marque bien avant votre naissance et à jamais, une blessure qui restera toujours ouverte, impossible à oublier. Les enfants grandissent, forgent leur personnalité dans cet environnement, sans livres, sans sorties, sans chants, la candeur disparaît vite (« … il y a en elle une dureté infaillible à l’égard de ce que la pauvreté enlève aux enfants. »). La course vers la vie est en effet pipée à l’évidence, les gagnants sont identifiés dès le plus jeune âge... Dans la honte (« Marilène a honte de tout et d’elle-même. Elle ne sait pas pourquoi. ») et face au mépris des autres, il faut s’endurcir pour accepter de vivre à côté, dans un autre monde : la frontière est en effet immédiatement marquée et évidente, la franchir sera pour beaucoup un Everest. Marilène suivra le chemin des études qui finalement mettront aussi en évidence sa différence, « son retard », son refus d’accepter les injustices et la pauvreté et peut-être son incapacité à vivre dans le monde, « une vie qui ne produit rien de plus que de la fatigue et du sommeil. ». Un style épuré, des phrases courtes, directes, un narrateur qui prend du recul et de la hauteur en décrivant froidement, sans parti pris ni jugement, la lutte de Marilène, en espérant que sa quête de liberté ne reste pas vaine et que les mots et l’écriture lui ouvriront d’autres portes…
Ecouter la lecture de la première page de "Le bruit du monde"Fiche #2112
Thème(s) : Littérature française
Un album frais et rythmé pour rappeler aux mamans (et aux papas) de respirer calmement, de ralentir et de profiter de ceux qu'on aime et en particulier des p'tits bouts de chou en train de grandir !
Fiche #2111
Thème(s) : Jeunesse
Emma G. Wildford est une jeune et belle poétesse au caractère bien trempé. En cet été 1920 où le soleil brille et brûle, sa sœur enceinte se plaint de la chaleur alors qu’elle attend des nouvelles de son aventurier de fiancé, Roald, parti pour une expédition en Laponie, suivant les traces de son père. Mais depuis de longues semaines, pas de nouvelles. Elle s’inquiète surtout qu’il lui avait laissé une lettre au cas où. Elle se refuse à l’ouvrir craignant de forcer le destin. Elle préfère plutôt partir à sa recherche. Voyage périlleux déconseillé par tous, son entourage comme les membres de la Royal Geographical Society. Mais la rebelle ne s’en laisse pas compter ! Une belle histoire dans un écrin absolument superbe avec quelques surprises découvertes au fil de la lecture.
Fiche #2110
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Loin de Douala relate le voyage de deux jeunes Camerounais de Douala vers Yaoundé et le nord du Cameroun. En effet, après la mort du père de famille, les tensions devinrent insupportables pour Roger, l’un des fils, celui qui venait d’obtenir difficilement son brevet et n’avait qu’un seul Dieu, Roger Milla, le footballeur camerounais mythique. Alors, discrètement, il s’est éclipsé et a décidé de faire boza, c’est-à-dire rejoindre clandestinement l’Europe et ses beaux terrains de football. Le petit Jean et son ami-frère Simon (qui ne le laisse pas indifférent) ne peuvent l’accepter et partent vers le nord où Boko Haram sévit pour tenter le retrouver. Un voyage remuant, dangereux, initiatique, débordant de vie, de frasques, éclairant sur le quotidien du peuple camerounais. Du rythme, du souffle, de l’humour, un style singulier et attachant tant les images et le vocabulaire sont frappants, vous apprendrez peut-être ce qu’est un tourne-dos voire un plantain… Max Lobe nous plonge avec bonheur dans un quotidien où l’humour réussit semble-t-il à étouffer littéralement le danger et la misère.
Ecouter la lecture de la première page de "Loin de Douala"Fiche #2109
Thème(s) : Littérature étrangère
Damya aurait pu continuer de danser. Un soir de novembre de 2015 l’en a empêché. Damya aurait pu retrouver ce rendez-vous manqué avec un homme. Un soir de novembre de 2015 l’en a empêché. Mais Paris continue de vivre, avec ces blessés, sur le retour, lentement. Et Damya va arpenter ses rues. Elle est en effet chargée par l’une ses amies de repérer des figurants pour La Douleur qui représenteront les déportés qui rentrent, un casting géant, « La rue pullule d’étoiles anonymes », sous forme de traversée de Paris pour dénicher des visages éprouvés, des corps tordus. Elle doit rechercher la douleur et observera des hommes et des femmes dans leur vie quotidienne au coeur de la capitale, car ces potentiels figurants ont un passé et un présent bien réels qu’ils supportent et vivent souvent tragiquement bien loin des palaces parisiens. Hubert Haddad décrit avec poésie cette errance, ce voyage éprouvant avec une grande douceur, comme une danse lente, précise, aérienne et esthétique.
« Certains rêves ne durent qu’un éclair et contiennent en eux toute la mémoire. »
Fiche #2108
Thème(s) : Littérature française
Superbe album qui propose un abécédaire original (c’est encore possible !) dans le style « Carnet de voyage » où chaque lettre, chaque page, est associé à un pays, un portrait (jeune ou moins jeune) et le « Je t’aime » local. Des illustrations magnifiques et une très bonne idée que le lexique à la fin de l’album indiquant la prononciation (phonétique) de chaque « Je t’aime ». Un tour du monde à partager sans modération !
Fiche #2107
Thème(s) : Jeunesse
Dankala est un petit pays d’Afrique discret. Et comme presque partout sur le continent, les Africains ont besoin de notre aide, n’est-ce pas ? Alors une petite communauté d’expatriés se dévouent pour améliorer leur quotidien… La vie coule, tranquillement, sans surprise, le temps s’écoule, doucement. Rien ne semble vouloir bousculer les habitudes de chacun, l’ennui et cette attente interminable. Néanmoins, le meurtre d’abord isolé d’un soldat français vient tourmenter ce petit monde. Chacun réagit à sa façon, la peur s’incruste, la rumeur s’installe… Le climat devient de plus en plus malsain alors que les meurtres sauvages se multiplient. Finalement, ils revivent. Enfin ! Mais au plus profond d’eux, peu d’émotions et leurs certitudes restent indemnes. Isabelle Sivan, avec une belle écriture, décrit un monde poisseux, moite, oisif qui ne sait réellement pas trop où sa place est et ne vit pas avec mais à côté.
Premier roman
Fiche #2106
Thème(s) : Littérature française
En 1988, à Paris, Ana, une jeune fille tchèque à peine sortie de l’adolescence participe à une colonie de vacances organisée par le Parti. Au moment de repartir et de monter dans le train à la gare de l’Est, sa vie bascule. Elle décide de dire non, de ne pas monter dans le train pour rester à Paris. Après quelques vagabondages, elle trouve refuge au fond d’un café, « La joie du peuple », où une tribu bigarrée et bienveillante l’accueille : des personnages aux caractères bien trempés qui vont l’épauler, l’aider, la protéger. Ce conte délicat et lumineux décrypte sa seconde naissance finalement d’une grande douceur, la découverte d’un nouveau monde, d’une nouvelle culture, de l’art et enfin d’une nouvelle langue. Une belle éclosion sur le chemin vers une liberté assumée qui nous parle également avec justesse d’identité, d’exil et de liberté. Après l’inoubliable « Giboulées de soleil », Lenka Horňáková-Civade continue à étoffer avec succès ses portraits féminins.
« La solitude engendre la connerie. »
« Qui possède la langue possède une partie de l’âme de l’autre, peut saisir ses pensées, comprendre ses désirs, dévoiler ses besoins. »
« Et si l’essentiel c’était la beauté ? »
« En tout cas, ce qui compte, c’est la capacité de voir. Tout le monde ne l’a pas. »
« Devient-on adulte quand on cesse de croire aux contes de fées ? Il y a toujours une fable à laquelle on croit et c’est tant mieux. »
Fiche #2104
Thème(s) : Littérature française
Un homme semble fou, il mange la terre de son jardin, semble prêt à s’y enterrer, sous le regard suspicieux de ses voisins, bien cachés derrière leurs rideaux. « Bouche creusée » va remonter le fil de ce destin, de la folie de cet apiculteur suspect de partager parfois son temps avec un jeune étranger. La rumeur naît, grandit et explose. D’où vient-elle ? Quelle en est son origine, sa raison ? Qui va-t-elle ronger ? Quelle est le rôle de la narratrice ? Un premier roman au style bien marqué, une écriture typée qui accompagne parfaitement ce portrait diabolique et troublant de la rumeur.
Premier roman
Fiche #2105
Thème(s) : Littérature française
Carmin est l’un des fleurons de l’industrie française, entreprise minière, elle est implantée partout et ses employés parcourt le monde tels des aventuriers modernes. Evidemment l’Afrique est l’un de ses terrains de jeu favoris ! Mais la concurrence est rude pour signer de nouveaux marchés avec les dirigeants africains. Canada, Etats-Unis, Chine… sont aussi dans la course. Or Carmin s’apprête à signer un contrat aussi exceptionnel qu’inattendu : elle va en effet s’allier avec la Chine pour l’exploitation d’un gisement de cuivre au Congo comme on en a rarement vu. Tout le monde est sur le pont, les actionnaires et autres investisseurs voire boursicoteurs se réjouissent d’avance. Néanmoins, les délais sont réduits et Carmin dépêche une équipe de choc sur place encadrée par le bras droit du PDG de Carmin, un homme à poigne. Parmi eux, l’ingénieur Olivier Martel qui vient d’enterrer son collègue et ami mort étrangement après une embuscade en Afrique, accepte l’aventure en laissant sa petite fille et son épouse à Paris. Il va falloir éplucher les contrats, préparer l’inauguration et surtout lancer l’exploitation. Olivier Martel est prêt, motivé mais peut-être un peu trop pointilleux, il découvre rapidement quelques aberrations dans le déroulement du contrat. Dans le même temps, une équipe de barbouzes dirigée par un ancien militaire français est chargée de récupérer au Congo un dossier compromettant impliquant Carmin et l’Etat français dans une vieille affaire pas très « propre »… Un journaliste Raphaël Costa fait le lien entre ces deux affaires, alors à partir du moment où il contactera Olivier Martel, la vie de l’ingénieur ne sera plus la même ! Emmanuel Grand nous emmène dans un troisième voyage aussi réussi que les deux premiers ! Cette fois, l’Afrique et ses richesses sont au premier plan comme la géopolitique et l’économie. Comme à son habitude, Emmanuel Grand a bossé le sujet, l’intrigue et le suspense mais aussi le réalisme en sortent naturellement renforcés. Troisième opus et toujours un sans faute ! Prenez votre billet pour un voyage haletant, Kisanga sera disponible dès le 15 mars, avec comme guide Emmanuel Grand pour vous éclairer dans les arcanes du pouvoir politique et économique.
Ecouter la lecture de la première page de "Kisanga"Fiche #2103
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
C’est le moment pour Ellinor de parler, de raconter sa vie. Son mari, Georg, vient de mourir, et à soixante-dix ans, elle quitte leur maison pour rejoindre un appartement d’un centre ville. Georg fut également le mari de sa meilleure amie, Anna qui fut elle-même la maîtresse du mari d’Ellinor, Henning. Ils moururent dans un accident dans les Dolomites alors que Ellinor et Georg les attendaient dans la vallée. Même si ses sentiments sont ambivalents, Ellinor continue d’éprouver une affection et une admiration pour son amie. Après cet accident, elle épousera Georg et s’occupera des jumeaux de Georg et Anna (« Mais, pendant des années, je me suis occupée de ta maison, de tes garçons et de ton mari, et j’avais presque le sentiment que c’était la mienne, que c’était les miens. »). Alors Ellinor rédige une longue lettre en tutoyant sa destinataire, s’adressant sans retenue à Anna (elle peut tout dire à l’absente) pour revenir sur son existence, ses souvenirs, ses regrets, sa sensation de n’être toujours que la remplaçante, elle, la discrète, toujours prête à s’adapter, à supporter, une vie cachée, en retrait. Un court roman émouvant sur le souvenir, la mémoire, et au cœur des sentiments de deux couples formant une singulière famille.
« Nous qui ne sommes plus aimés, nous devons choisir entre la vengeance et la compréhension. »
Fiche #2102
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Alain Gnaedig
Salomé Jolain est une jeune journaliste fraîchement arrivée sur TV24 la télé qui monte avec à sa tête, le Roi, Alexandre Le Goff jeune patron ambitieux et exigeant. Alexandre Le Goff vit en couple avec Dorine, une restauratrice de tableaux et a accepté d’employer Valentin, un frère un peu « différent », il est l’homme à tout faire de la télé et adore Salomé. Salomé mène discrètement une enquête pour un long reportage, Le Goff lui a promis, sur les habitués de l’adultère et leur fréquentation régulière de chambres d’hôtel. Est-ce un hasard mais Alice Kléber, la tante de Salomé, gère un site internet qui fournit aux amateurs d’aventures extraconjugales des alibis pour justifier leur absence momentanée. Alice s’est retiré loin du beau monde et de l’agitation parisienne qu’elle connaît parfaitement, en Bourgogne. Elle y vit seule avec son chien adoré alors même si son voisin Lucien veille sur elle et l’aide dans son petit business. Tout ce beau monde va être retourné lorsque le corps de Salomé est retrouvé le crâne fracassé par une bouteille de champagne dans une poubelle non loin de l’hôtel de la Licorne où elle avait réservé une chambre. Le commandant Barnier de la crim’ est chargé de l’affaire avec son adjoint Maze, qui bouleverse hommes et femmes par sa fulgurante beauté. Une belle et noire palette de personnages qui vacillent entre Paris et la Bourgogne et surprendront même le lecteur attentif !
Ecouter la lecture de la première page de "Les infidèles"Fiche #2101
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Violaine Huisman dans son premier roman propose le portrait d’une mère et de ses deux filles, de l’amour qui les lie dans un environnement tortueux et imprévisible. La mère est en effet multiple, aussi aimante que négligente, un vocabulaire adulte, direct, sans limite, aussi imagé que grossier et parfois violent impliquant des blessures profondes. Les deux sœurs se serrent les coudes, s’entraident, aiment leur mère, atténuent ses crises (elle est maniaco-dépressive) et ses outrances, mais seront naturellement à jamais marquées par leur enfance. La mère veut avant tout vivre librement sa vie sans vraiment considérer les conséquences éventuelles sur ses filles. Un texte éprouvant qui n’épargne pas le lecteur sur les relations entre une mère perturbée et ses enfants sans que l’amour puisse éviter une fin dramatique.
Premier roman
Fiche #2100
Thème(s) : Littérature française
1988 sera une année charnière pour le narrateur. La journée, il est comptable, compte, ajoute, soustrait, vérifie et revérifie chaque opération. Le soir, il rejoint quelques amis dans un bar à l’ancienne tenu par Lisa dont il est secrètement amoureux. Puis il finit la nuit seul dans son appartement : « La planète interdite, c’est un bon résumé de ma vie. Le tout est d’en avoir conscience et de parvenir à s’en satisfaire. ». Rien d’autre (« La routine me sert de carapace. »). Enfin, presque, sinon une cicatrice, des écharpes et un poème qui l’accompagnent depuis l’enfance. Ce sont ses secrets. Mais cette année, enfin, peut-être pourra-t-il en parler, les partager. En effet, une fissure, la carapace s’effrite et il commence timidement de se confier à ses amis qui l’écoutent avec attention et le découvrent enfin. Puis d’autres personnes viennent chaque soir écouter et découvrir la suite de son histoire et de son grand-père adoré Pierre-Jean. Et ils sont de plus en plus nombreux. Le ton est parfois badin mais le lecteur ressent toujours un poids et une profondeur derrière cette légèreté, l’atmosphère est souvent digne de Jean-Pierre Jeunet voire Boris Vian, une poésie folle, le personnage et son appréhension de la vie étant si atypiques. La fin sera bouleversante. Une belle réussite que ce premier roman.
Premier roman
Fiche #2099
Thème(s) : Littérature française
La ville est dominée par la Flamme, une secte qui terrifie la population, enlève les enfants, et possède des pouvoirs absolus : pouvoir de pétrifier en statue tout rebelle, pouvoir de vider les êtres de leur « éther spirituel » pour les transformer en esclave docile. Face à eux, naturellement, quelques résistants qui cherchent à la combattre, à survivre, à aider les enfants délaissés et quelques-uns ont aussi des pouvoirs inattendus. De beaux personnages, un récit dense, un univers de fantasy bien rendu et un superbe dessin parfaitement ancré dans la fantasy.
Fiche #2098
Thème(s) : Jeunesse Bandes dessinées
Catherine est le mouton noir de la basse-cour ! Vilain défaut, elle est dépensière, sans aucune limite. Elle a toujours envie d'acheter, tout et n'importe quoi. Et ses compères la regardent de plus en plus bizarrement... Grinçant et au top de l'humour noir !
Fiche #2093
Thème(s) : Jeunesse
Un dessin et des couleurs d'une grande douceur pour parler des émotions de tous les jours, des petits moments anodins qui font une vie, des joies, des chagrins, petits instants qui filent et qui néanmoins nous constituent.
Fiche #2094
Thème(s) : Jeunesse
Madeline est triste : elle peine à apprendre à lire, elle bute sur les mots et quand il faut lire à haute voix, c'est le désastre... Comment sortir de l'échec ? Une certaine Bonnie saura trouver la solution, Madeline prendra confiance, et la lecture deviendra un plaisir.
Fiche #2095
Thème(s) : Jeunesse
Une forme particulièrement originale qui reprend avec brio et humour un conte classique.
Fiche #2096
Thème(s) : Jeunesse
Un abécédaire félin ! Sur chaque page, une lettre, sur chaque page un chat en position. Superbe, un alchabet à ne pas manquer.
Fiche #2097
Thème(s) : Jeunesse
Trois trains sont à quai, prêts pour le départ vers Rennes. Les passagers cherchent leur place et parmi eux, quatre personnes « Partout, des trains roulent. En Bretagne, trois trains continuent de converger vers Rennes. » Ils ne se connaissent mais pour chacun d’eux, ce voyage est essentiel, ils en espèrent un nouveau départ sans penser qu’il ne pourrait être qu’une arrivée… Leurs regards se croiseront peut-être sans y prêter gar(d)e tant leur attention est absorbée par leur projet. Il y a Suzanne qui vient du Morbihan pour vendre une montre précieuse à qui, pourtant, elle tient tant, il y a Gabin fraîchement sorti de taule qui vient trouver vengeance, il y a la jeune Lisa pleine d’espoir qui arrive pour une audition au Théâtre National de Bretagne et enfin, il y a Philippe un fugitif revenu discrètement d’Irlande pour voir une dernière fois son père aux portes de la mort. Une superbe nouvelle, en peu de pages, une belle atmosphère et une mise en place efficace et précise des personnages, qui nous place immédiatement sur le siège voisin de ces quatre protagonistes pour un voyage marquant.
Ecouter la lecture de la première page de "Départs"Fiche #2092
Thème(s) : Littérature française
L’hiver n’empêche pas la petite souris d’assurer sa tournée ! Elle est factrice et distribue le courrier. Mais aujourd’hui elle trouve Monsieur Hibou bien triste, voire grincheux ! Elle l’interroge et elle apprend qu’il se désespère après la chute des feuilles de l’arbre qu’il habite. Il va falloir patienter jusqu’au printemps suivant et le temps va être long ! Mais la petite souris est pleine de ressources et va faire appel aux animaux de la forêt pour ramener le sourire sur le bec de Monsieur Hibou ! Une belle histoire d’amitié pour les plus petits, un album qui se lit de haut en bas avec des illustrations très fraîches faites de collages.
Fiche #2087
Thème(s) : Jeunesse
Ville jaune et ville bleue sont voisines. Elles sont séparées par une rivière et un pont permet de passer de l’une à l’autre. Peu de chose les différencie, même les habitants se ressemblent et pourtant un conflit couve, les uns ont choisi la couleur bleue et l’autre la couleur jaune. Irréconciliable. Les disputes se répètent, les affrontements deviennent de plus en plus courant, le ton monte… Scénario hélas si courant… Heureusement la pluie saura réconcilier tout le monde pour assurer toérance et bonne entente de chaque côté du pont !
Fiche #2088
Thème(s) : Jeunesse
Une histoire tendre et douce pour une adoption singulière : Suzie la poule n'a jamais de petit, et le poulailler n'en revient pas lorsqu'elle décide d'accueillir et d'élever un jeune... hérisson ! Reste à savoir s'il petit piquant saura s'adapter à son nouvel environnement et au caquètement de sa maman !
Fiche #2089
Thème(s) : Jeunesse
Un joli petit documentaire pour découvrir les abeilles, leur vie, leurs petits secrets, leur quotidien et tout ce qu'on leur doit !
Fiche #2090
Thème(s) : Jeunesse
Sur le même et efficace modèle que "L'ours et l'enquiquineuse", "Hector et le colibri" nous propose une rencontre joyeuse et souriante entre l'ours Hector et un colibri particulièrement envahissant et bavard !
Fiche #2091
Thème(s) : Jeunesse
Une femme nous fait partager ses réflexions, son parcours pour arriver à la décision douloureuse du divorce. Quitter son compagnon de toujours, qui la harcèle, qui la torture chaque jour. Elle refuse le terme alcoolique mais sans l’alcool, elle n’est rien. Le chemin sera long et chaotique (« Il ne suffit pas de vouloir. Il faut pouvoir. ») pour accepter de le quitter, pour arriver, sans beaucoup de soutien, à la séparation peut-être définitive et perdre quelque chose. L’écriture ciselée de Fabienne Swiatly et ses mots sensibles et mesurés nous font partager une addiction évidente et le combat ardu pour en sortir.
Ecouter la lecture de la première page de "Boire et plus"Fiche #2079
Thème(s) : Littérature française
Jennifer DALRYMPLE
Le Bürlu, le Gnâk et le Pilou-Pilou
Atelier du Poisson Soluble
102 | 29-01-2018 | 15€
Un joli petit album pour parler avec humour et simplicité de la chaîne alimentaire. Très efficace tant sur l’aspect graphique que sur le fond !
Fiche #2080
Thème(s) : Jeunesse
Christophe SWAL
L'ours et le trappeur
Les Fourmis Rouges
101 | 38 pages | 29-01-2018 | 15€
Jacques et Mortimer n’auraient jamais dû se rencontrer. Et dans le cas contraire, son issue s’annonçait terrible ! Jacques est en effet trappeur alors que Mortimer est un ours. Mais Mortimer n’est pas un ours comme les autres. Il parle, il chante et joue parfaitement du concertina. Jacques n’en revient pas et une belle et inattendue amitié naît entre les deux. Pourra-t-elle résister aux évènements de la vie et de la nature ? Superbe conte, belles illustrations, pour les petits et les grands.
Fiche #2081
Thème(s) : Jeunesse
Le lion est en pleine chasse, et le lion a très très faim ! Il va dévorer la prochaine proie qui lui tombe sous les dents, c’est certain ! Alors quand il aperçoit une belle gazelle dodue, il s’en lèche les babines d’avance. Et pourtant, il est stoppé dans son élan par cette insolente, aujourd’hui, c’est le jour de la gazelle, interdit de toucher, il faut patienter ! Pauvre lion…
Fiche #2082
Thème(s) : Jeunesse
Une année dans les bois revient pour les plus petits (et leurs parents) sur la philosophie de Thoreau, son invitation à vivre pleinement, à être attentif à son environnement, à prendre le temps d’observer et d’apprécier, à ralentir le rythme effréné de nos vies… Un album d’une grande douceur et sérénité appuyé par des superbes illustrations aux tons pastels.
Fiche #2083
Thème(s) : Jeunesse
Dans Quelques battements d’ailes, le narrateur est … la montagne. Une grande montagne qui voit défiler les jours, les mois, les années, la vie qui passe. Et même elle n’est pas à l’abri du vieillissement, l’érosion la guette… Un superbe album, débordant de poésie, qui nous parle du temps qui passe et du vieillissement avec une grande et surprenante originalité.
Fiche #2084
Thème(s) : Jeunesse
Antonin Louchard fait encore mouche ! Cette fois, un lapin grincheux dialogue avec son professeur de dessin. Et évidemment le lapin d'Antonin traine des pieds pour écouter le prof et n'est pas tout à fait prêt à tenir compte de ses conseils... Encore un grand éclat de rire assuré !
Fiche #2085
Thème(s) : Jeunesse
Un enfant à la poursuite du bonheur, un enfant sauvé par le vent, un enfant guidé par le vent, un enfant qui parcourt grâce ou à cause du vent. Chaque page est un bijou de poésie !
Fiche #2086
Thème(s) : Jeunesse
Marie Le Boullec, médecin, près de Saint-Nazaire partageait une vie paisible avec son époux, Yves, photographe qui vient de mourir. Peu de temps après, le corps de Marie est retrouvé sur une plage, noyée mais avec quelques blessures singulières. Muriel Le Bris a rejoint depuis peu la rédaction du journal local et elle est réputée pour aimer fouiner avec insistance là où certains abandonnent rapidement. Or, elle demeure circonspecte devant la thèse du suicide… Alors aidée par Geneviève, une vieille voisine de Marie qui ne l’a pas oubliée, Marcel, amoureux transis de Muriel toujours prêt à la suivre jusqu’au bout du monde, Marie se lance dans une enquête vertigineuse entre l’Argentine et la France, entre les années 70 et 2000 qui la confrontera au régime dictatorial argentin où tous les coups étaient permis, où violence et torture étaient le quotidien de beaucoup. Les opposants traqués pouvaient être éliminés partout dans le monde. Le filet était déployé et peu s’en échappait. Marie l’avait peut-être cru quelques brefs instants… Ce récit entre roman historique, roman d’espionnage, polar, oscille constamment entre passé et présent, brouille les identités, nous parle d’engagements et de traques, de pouvoir et de mafia, mais aussi d’une mère qui ne pourra jamais se satisfaire de rester éloignée de son fils et n’abdiquera jamais. Un roman glaçant et habilement construit, un portrait de femme émouvant pour ne pas oublier la violence d’état et l’histoire de l’Argentine.
« Il fera ce qu’il est venu faire : la jeter à la mer depuis un avion. La mort qui devait être celle de Juana Alurralde en 1976 avait été différée à juin 2004. C’est bien tard, mais Raul Radias allait réparer son erreur. »
« Il existe une autre mort qui n’est pas la mort définitive, être brisé, broyé, mais combien de fois peut-elle être réduite en miettes sans être complètement brisée ? Une infinité. »
« C’est ça un disparu. Un vide, des souvenirs, des paroles, mais pas de corps. Comme le disait le dictateur Videla : ni vivant , ni mort, ni disparu. »
Fiche #2077
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
François Gaudry
Louis Claret est un professeur de province en fin de carrière. Séparé sans heurts de sa femme, il vit seul, et croise ses filles épisodiquement. L’heure du bilan approche et c’est la rencontre avec un ancien élève qui va le provoquer. Il est peintre et célèbre et Louis se rend à sa soirée de vernissage, en traînant les pieds, sans aucune motivation, simplement peut-être pour occuper cette soirée qui risquait d'être comme les autres. Il ne se souvient guère d’Alexandre Laudin, élève effacé à l’époque mais Alexandre fait le premier pas, l’un pratique les mots, l’autre la peinture. Louis va s’interroger sur sa vie, vie que l’on regarde souvent en spectateur, sur le temps qui passe, sa relation aux autres, sa femme, ses filles, son métier et ses élèves, ses projets, ses lectures. Alexandre provoquera une mise à nu partagée dans tous les sens du terme, un bilan particulièrement lucide et franc devant ce regard observateur et compréhensif. Les deux se confieront, s’écouteront, découvriront l’intimité de l’autre, ses failles, ses troubles avec délicatesse et bienveillance. Jean-Philippe Blondel a toujours le mot juste pour accompagner l’intime et les sentiments de personnages attachants et pour donner corps à ses personnages qui nous accompagnent délicieusement de roman en roman.
« On connaît si peu ses propres enfants, au fond. On connaît si peu les autres, en général. On ne fait que projeter sur eux les fantasmes qu’ils nous inspirent. »
« Parfois, je me prends à rêver que le progrès s’enraye et nous rejette sur un rivage vierge, ahuris et désoeuvrés. »
« Mais la vraie question, tu sais, Louis, la vraie question, c’est : Quand est-ce qu’on s’arrête, qu’on s’assied un peu pour souffler et réfléchir à qui on est vraiment et à ce qu’on souhaite, au fond ? »
Fiche #2078
Thème(s) : Littérature française
Un livre qui s'étire tranquillement à mesure de la lecture et de l'action du jeune lecteur et qui moque ceux qui ont la langue bien pendue...
Fiche #2076
Thème(s) : Jeunesse
Le récit s'ouvre sur le procès d'un membre du deuxième cercle jusqu'alors irréprochable. Mais Anne Bréjinski a commis l'irréparable à l'insu de tous, un acte révolutionnaire inattendu : subtiliser quelques graines revenues de l'ancien monde, et regarder pousser un plant de tomates. La société est en danger ! Edifiant et glaçant.
Fiche #2075
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Nsaku Ne Vunda naquit vers 1583 sur les rives du Kongo. L’enfant, attachant, sage et doué apprenait vite, et orphelin, les missionnaires s’occupèrent de lui. Il devint Dom Antonio Manuel le jour de son ordination. Dévoué, bienveillant, intègre, modeste, attentif à ses ouailles, il continue d’étudier les textes dans une zone reculée du Kongo. Dans le même temps, le roi, qui s’est laissé entraîner sur les pentes dangereuses du pouvoir, refuse de penser que le Pape cautionne le marché des esclaves et le charge d’alerter le pontife. Un long voyage attend le prêtre avec de belles rencontres comme Martin le mousse et d’autres plus périlleuses ! Il va en effet parcourir les mers et les océans du globe sur divers navires transportant marchandises et esclaves, ses frères, au fond de leurs cales, découvrir le Nouveau Monde, revenir vers le Portugal et l’Espagne en pleine Inquisition… Parcours initiatique d’un homme seul dans l’adversité absolue : comment survivra-t-il ? comment résistera-t-il ? Ce Candide africain (un buste de marbre noir est érigé dans la basilique Sainte-Marie-Majeure de Rome) confronté aux horreurs de l’époque s’interrogera sur sa croyance en un Dieu dogmatique mais ne renoncera jamais à sa foi en l’homme. Un roman puissant, prenant, rythmé, qui a évidemment des résonances dans tous les évènements d'hier ou d'aujourd'hui où l’homme s'applique allègrement à opprimer son prochain.
« Les dresser à implorer. Transformer les bourreaux en maîtres, afin que dans l’horreur les otages apprennent à accepter leur condition. »
« Le temps ne va pas nulle part, il ne s’arrête pas. Le présent reste un instant qui s’échappe, un point en mouvement continu, à la fois éphémère, minuscule et immense qui charrie avec lui tout le passé de l’univers. Chaque évènement et toutes les vies antérieures trouvent leur place dans la lancée infinie des siècles et n’en sortent plus. »
Fiche #2074
Thème(s) : Littérature française
Le narrateur est parisien, prof de lettres solitaire et désenchanté. Elle virevolte, dessine, peint et joue du violoncelle. En un instant, elle va le bousculer, le transformer, une boule de vie flamboyante, irrésistible, une flamme intense, une ferveur lumineuse. Et il se laisse entraîner dans cette folie souriante qui l’interroge sur lui-même, sur sa façon d’enseigner et sur l’art. Mais « les hommes passent et les fléaux reviennent. » Après un concert, « La Pathétique » de Tchaïkovski, Lou plonge dans un coma profond avec un diagnostic inattendu, la boulangerie qu’elle fréquentait vendait du pain infecté par la mystérieuse maladie de l’ergot. « Le mal des ardents » est de retour. Un roman captivant, rythmé à souhait, qui entraîne immédiatement le lecteur aux côtés de ce couple ardent, de la passion et de l’art.
Ecouter la lecture de la première page de "Le mal des ardents"Fiche #2070
Thème(s) : Littérature française
Un bel et doux album animé (pop-up, volets...) pour parcourir et découvrir les saisons.
Fiche #2071
Thème(s) : Jeunesse
Chat noir habite une maison blanche alors que chat blanc habite une maison noire. Alors lorsqu'ils se rencontrent, ce n'est guère pratique pour jouer, il y en a toujours un qui disparait ! Il va bien falloir qu'ils trouvent un nouvel endroit pour s'amuser ensemble librement !
Fiche #2072
Thème(s) : Jeunesse
Emmanuelle HAN
La sublime communauté - Les affamés
Actes Sud
87 | 375 pages | 22-01-2018 | 16€
en stockNotre monde s’apprête à disparaître. C’est la fin, la planète est dévastée. Les affamés errent alors que six mystérieuses portes apparaissent et semblent les appeler vers un nouveau monde, une renaissance. Tous s’y précipitent, enfin presque tous, quelques-uns refusent de fuir et le récit suit les aventures de trois d’entre eux. Trois jeunes, trois enfants, trois Transplantés aux trois coins de la planète (Argentine, Népal, Inde). Ils ne se connaissent pas, ils vivent loin les uns des autres, ils ne le savent pas encore, mais leur destin est lié et la Sublime Communauté en dépendra. Entre légendes et mystères, mythes et contes, fantastique ou dystopie et réalisme, nature et technologie, un roman d’aventures multiple et varié qui emporte irrésistiblement le lecteur vers le tome 2 !
Premier roman
Fiche #2073
Thème(s) : Jeunesse
Rodolphe fut un violoniste célèbre et reconnu avant de sombrer dans l’alcool et la solitude. Il vient de recevoir en héritage une ferme isolée dans la région de Saint-Affrique de sa grand-mère Emilie. Bloqué par une tempête de neige, le voilà enfermé dans cette région célèbre notamment pour Victor, l’Enfant sauvage de Truffaut. Cette retraite est propice à se retourner vers le passé, souvenirs d’une enfance absente (« Nous, les virtuoses, sommes tous des névrosés, des orphelins de l’enfance. ») occupée par l’apprentissage de la musique, par les injonctions de son père, les silences de sa mère mais aussi sa rencontre avec Lord Wilton, son ami, son confident, le violon de Menuhin (« On n’achète pas un tel instrument. On se prête à lui. ») qui l’accompagnera tout au long de sa carrière et de sa vie. Souvenirs de sa jeunesse d’enfant prodige, sa carrière, de son travail incessant entre torture et jouissance absolue, de sa gloire immédiate et de sa chute. Mais cette isolement est aussi propice à dialogue avec son Double, cet Autre plus sauvage, plus caché afin de pouvoir atteindre une nouvelle sérénité s’il parvient à le vaincre. Un livre étrange, profond et sauvage qui va creuser dans la part obscure d’un génie (avant peut-être d’être homme) accompagné par son violon.
« Les rêveurs ne meurent jamais. »
Fiche #2069
Thème(s) : Littérature française
Anne s’est mariée jeune avec Yvon, un vrai marin pêcheur, elle vit en effet en Bretagne. Yvon décéda rapidement après le bombardement de son bateau par les Anglais. Anne va dans un premier temps survivre avec Louis, leur fils, puis trouver une seconde maison en se mariant avec Etienne le pharmacien. Ils auront deux enfants mais elle s’« invente des ancres pour rester amarrée à la vie ». Etienne n’est finalement pas le père qu’il a promis pour Louis alors, un soir, il ne rentrera pas : il s’invitera sur un cargo comme il l'avait annoncé à neuf ans, prendra la mer, et alors la vie de sa mère et de ses proches seront bouleversées. Anne retrouvera la longue attente, les incertitudes, la peur. Elle résiste, comme accrochée à une bouée de sauvetage, mais chaque retour de bateau sans Louis la mine, le mal s’installe, torture, une destruction à petit feu. Alors Anne lui écrit, entre ses deux maisons, celle de la vie et celle de l’attente, deux maisons deux vies, rêve son retour et à la fête qu’elle organisera pour l’accueillir. Elle scrute à l’infini l’horizon annonçant le bateau de Louis jusqu’au jour où elle non plus ne rentrera pas. Gaëlle Josse a trouvé les mots justes pour traduire cette douleur immense induite par l’attente, pour nous ouvrir l’intimité d’une mère inconsolable, une immense délicatesse pour traduire cette obsession, ce manque absolu sur le fil de la folie.
Ecouter la lecture de la première page de "Une longue impatience"Fiche #2067
Thème(s) : Littérature française
Deux adolescents viennent de voir leur vie basculer en un instant. L’avenir joyeux, insouciant, c’est terminé pour eux, du moins le pensent-ils. Igor a eu un accident dans la voiture que conduisait son père et défiguré, il reste silencieux. Rhéa avait trouvé son double, Alex l’écoutait, la comprenait, elle pensait qu’ils n’avaient aucun secret l’un pour l’autre. Puis Alex, sans rien dire, sans laisser d’explications se suicide. Deux ados dans le gouffre, exclus de la vie. Et heureusement, ils vont croiser Fred, la personne qu’il fallait. Professeur de musique, bienveillant, à l’écoute, persévérant, qui ne les brusquera jamais, qui mesurera les douleurs et la solitude et désirera avant tout les aider. Il les ramènera, à leur rythme, vers le piano et la musique : une musique apportant l’oubli, le plaisir, le travail et l’effort, l’apaisement et le partage. Evidemment le chemin sera chaotique, accidenté mais il saura être patient. « Merci Schubert, merci la musique. ». Une belle et douloureuse expérience de deux adolescents extirpés d’un trou noir et du silence par la musique et un professeur exceptionnel.
Ecouter la lecture de la première page de "Deux secondes en moins"Fiche #2068
Thème(s) : Jeunesse
Ysabelle LACAMP
Ombre parmi les ombres
Le cinquième opus de la collection
83 | 185 pages | 17-01-2018 | 16€
Le cinquième opus de la collection « Sur le fil » des éditions Bruno Doucey qui relie Histoire et Poésie nous confronte à l’intimité de Robert Desnos dans ses derniers jours alors que la guerre s’achève et notamment dans le camp de Terezin. Un camp symbole de l’horreur machiavélique des Nazis qu’ils présentent comme un havre de paix, la ville promise, et où ils dépouillent, déportent et tuent. Robert Desnos y rencontre Leo Radek, un jeune Tchèque, pour qui il trouvera encore les mots, les mots pour dire, les mots pour rire, la poésie pour tenter de supporter l’inacceptable, « écoute la poésie ». Il se remémorera ses combats, ses amours, ses passions, ses mots, son écriture et sans jamais abdiquer, continuera d’espérer en la jeunesse et en Leo. Une émouvante et indispensable lecture qui pourra être enrichie par celle de l’excellent roman de Gaëlle Nohant.
Ecouter la lecture de la première page de "Ombre parmi les ombres"Fiche #2066
Thème(s) : Littérature française
Thomas vit au cœur de la forêt landaise ou plutôt survit entre la forêt et la mer. Des petits boulots, de la récup de ferraille aux vols de volailles dans les fermes du coin, une vie sans lumière et espoir. Jusqu’au jour où son rabatteur tente de l’escroquer. Thomas s’énerve, veut sa part et frappe le truand, le laisse pour mort et récupère l’argent caché dans son bureau. Instant de bascule, point de non retour. Une belle somme, trop belle. Le truand se relève, appelle ses amis, deux frères violents et sans pitié surtout que l’argent leur appartient : la course poursuite est lancée alors qu’une violente tempête est annoncée sur la région. Thomas arrivera par hasard chez Alezan, un vieux loup solitaire toujours prêt au combat qui n’a pas fini sa guerre d’Algérie. Une nuit où personne ne sortira indemne. Un récit noir très rythmé sans temps mort (comme le vent de cette nuit singulière) où l’on retrouve avec grand plaisir l’atmosphère de « En douce » et le portrait social sous-jacent des perdants ou des survivants de notre société.
Ecouter la lecture de la première page de "Ils ont voulu nous civiliser"Fiche #2063
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Un jeune homme est installé dans la maison de vacances de ses parents située en bord de mer, la haute saison est finie, il est seul, à part. Comme d’habitude, il se sent isolé, entraîné par un glissement sans fin, glisser ou chuter, mais toujours tomber : « C’était une amertume qu’il ne parvenait pas à contenir, à la fois une haine et une envie de pleurer, mais il ne savait pas pourquoi. » Il ne sait pourquoi, mais c’est inéluctable, une douleur qu’il ne peut surmonter ni maîtriser, une sensation de vide, de trou noir qui l'aspire. Le silence l’a envahi, les mots ont disparu. Mais un billet de train a été déposé sur la table. Pour la fête des mères, il va, il doit les retrouver tous. Sa mère, son père, sa sœur. Il revoit le regard de sa mère, froid, sans sentiment, obsédant, et le sourire constant de sa sœur. Il se rappelle le regard des autres sur lui et n’y a jamais détecté d’amour. Un très court texte douloureux et émouvant à l’écriture subtile, sobre et poétique, qui plonge au plus profond d’un jeune homme qui reste tragiquement en dehors du monde.
Ecouter la lecture de la première page de "Le funambule"Fiche #2064
Thème(s) : Littérature française
Bénédict Laudes enseigne la littérature comparée à l’Université de Lausanne et ce n’est certainement pas un hasard. Enfant d’une mère iranienne et d’un pasteur suisse, Bénédict naviguera toujours à la frontière, entre Orient et Occident, entre homme et femme, son identité, Bénédict ou Bénédicte, semble en effet double ? Devenu Maître Laudes aux yeux de ses étudiants Angélique et Nadir, le personnage aspire à la paix et à la réconciliation universelle entre les sexes, entre l’Orient et l’Occident, les croyants, les incroyants, le blanc, le noir, la nuit, le jour... Il se voit messager accompagné et épaulé par la littérature et la poésie pour unir et réunir en prônant la liberté.
« Dans les yeux des autres, elle est diffractée. Si ça ne tenait qu’à elle, elle serait ni-ni ou alors elle serait tout-à-la-fois. Mais elle ne serait pas ou bien-ou bien. L’alternative est un manque, une perte de soi en route. Elle veut rassembler toutes les parties. »
Fiche #2065
Thème(s) : Littérature française
En 2020, notre monde est en cours d’extinction. Le froid règne, l’âge de glace a repris place. Il neige au sud et la glace s’épaissit partout. La lumière s’estompe, il faut donc profiter de chaque instant. Et, dans le nord de l’Ecosse, certains résistent, s’organisent dans un parc de caravanes. Dylan, un géant épris de cinéma, vient de les rejoindre pour repartir à zéro. Il rencontre rapidement Constance et son petit garçon devenu Stella. Les efforts pour vivre et s’organiser face au climat sont permanents, et néanmoins les histoires d’amour et de famille perdurent. Jenni Fagan réussit parfaitement à installer une atmosphère particulière, poétique et silencieuse qui happe le lecteur dès les premiers mots. Un monde disparaît, mais un nouveau semble poindre et la féerie du propos laisse intact voire entretient tous les espoirs, lumineux !
Fiche #2058
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Céline Schwaller
La société est hyperconnectée, la vie humaine, naturelle a quasiment disparu. Tout est devenu informatique, numérique. La Terre est devenue autre. Et la catastrophe annoncée se produit : Le Bug. Toutes les données numériques disparaissent, plus aucune mémoire, plus de connexion. Le vide, la totalité des informations se sont volatilisées. Le silence numérique. Cataclysme mondial. Seul un homme, Kameron Obb actuellement dans l’espace, semble avoir résisté même si son corps révèle trace d’un invité peu sympathique et une tache bleue suspecte : il a conservé la mémoire, une mémoire monumentale, exhaustive puisqu’il se souvient d’absolument tout. Naturellement, il devient un enjeu primordial pour toutes les nations. Un premier volume superbe d’une trilogie que l’on attend maintenant avec impatience !
Fiche #2059
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
La famille Johannssen dans la baie de Seattle est une légende et ils savent bien l’entretenir, eux les descendants d’Islandais, marins émérites et courageux ! Le grand-père dessine les voiliers, le père les construit, la mère étudie leur finition et adaptation au vent et ils aimeraient bien que leurs enfants prennent la suite. Le père les entraîne dès leur plus jeune âge sur les plans d’eau. Bernard qui a certainement trouvé la devise de la famille (« Pour moi, la terre ferme, quelle qu’elle soit, est une intrusion ») et Josh sont doués et suivent les conseils appuyés de leur père. « Et puis il y avait Ruby. Elle, elle était un oiseau. » Ruby est d’un autre monde, elle sait exploiter à la perfection le moindre souffle, et tirer mystérieusement profit des qualités de chaque bateau. Néanmoins, comme Moitessier, elle refusera de suivre le chemin tracé et choisira d’autres voies… Douze ans après cette rupture, une course donne lieu à des retrouvailles émouvantes peut-être primordiales pour l’entreprise familiale comme pour la cohésion du clan. Un roman et une famille attachants, un ton oscillant entre légèreté et gravité, des personnages cabossés et une navigation ventée et époustouflante ! Une belle et fraîche découverte, une habitude chez Gallmeister et nous ne nous en plaindrons pas !
Ecouter la lecture de la première page de "Face au vent"Fiche #2060
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Jean Esch
Elisa est seule à la maison avec ses trois enfants, deux garçons et une petite fille, son mari étant en déplacement. Alors que tout le monde dort, un bruit et sa petite fille qui débarque dans la chambre en annonçant qu’il y a un monsieur dans la maison. On retrouvera le lendemain Elisa affreusement (euphémisme !) assassinée et Margret, la petite fille, recroquevillée sous le lit. L’officier qui n’en revient pas d’être chargé de cette enquête va devoir interroger cette jeune enfant et faire appel à une psychologue pour enfants. L’enquête s’annonce ardue. Pas d’indices, pas de mobile, pas d’autre témoin, seule une suite de chiffres insensée laissée par l’assassin. Ce même genre de suite de chiffres est entendu par un jeune radio amateur alors qu’une seconde femme, ancienne professeur de biologie, est assassinée avec le même procédé. L’Islande connaîtrait-elle un nouveau tueur en série qui choisissant ses victimes au hasard ? Quel pourrait être le lien entre ces trois personnages et le meurtrier ? Un nouveau polar islandais à ne pas manquer, glaçant, haletant, tortueux et familial !
Ecouter la lecture de la première page de "ADN"Fiche #2061
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction :
Catherine Mercy
Camille est collégienne et vit la séparation de ses parents : « Quand mes parents se sont séparés, je me suis fissurée. » Cette nouvelle situation l’incite à revenir sur ses années de bonheur. Elle est très consciente des personnalités de ses parents, de leurs qualités, de leurs travers. Elle partage ses interrogations entre deux parties d’échecs avec sa meilleure amie pour qui elle n’a aucun secret. La garde alternée a été mise en place mais il semble qu’elle ne pourra perdurer, sa mère souhaitant partir en Australie. Il va falloir choisir, un juge va essayer de l’aider même si « Aux échecs, on dit qu’on est Zugzwang quand tous les coups qu’on pourrait jouer sont forcément défavorables. ». Un court roman qui fait partager parfaitement les sentiments d’une jeune ado face à la séparation, au choix impossible entre ses parents et qui pourra malgré tout grandir sereinement.
« Un roi, une dame et un pion. Et aucune main pour nous bouger. »
Fiche #2062
Thème(s) : Jeunesse
Franck DUMANCHE
Nicolas OTÉRO
Le réseau Papillon - Aux arts, citoyens !
Jungle
74 | 55 pages | 10-01-2018 | 12.95€
en stockLa Normandie en 1940 est occupée. Les Allemands sont partout, surveillent, réquisitionnent. La résistance est déjà présente, les plus courageux, notamment, le réseau Papillon, Chef, Doc, Princesse et Bouboule, quatre gamins qui ont décidé d’agir pour la France ! Alors quand ils apprennent que Göring vient dans leur village pour repérer des œuvres d’art qu’il espère détourner, les quatre loustics n’ont guère envie de laisser partir ces tableaux vers l’Allemagne et de rester inactifs !
Fiche #2057
Thème(s) : Jeunesse Bandes dessinées
Sonny a seize ans, vit dans l’Irlande pauvre qui trime pour survivre. Il est déjà familier des petits boulots, de la précarité et de quelques larcins. Il a une copine border-line mais avec qui il peut parler. Puis il va rencontrer Vera, une jeune femme plus âgée, belle, attirante, appartenant à un autre monde, habitant en effet dans les beaux quartiers de Dublin. Il tombe éperdument amoureux de cette femme mystérieuse. Une histoire intense, il sent sa fragilité sans savoir l’expliquer, et aimerait naturellement l’aider, la protéger. Elle sait l’écouter et simplement, sans démonstration, lui apporte un peu de lumière tout en lui offrant les clés d’un autre monde (les livres, la lecture, la poésie, la peinture…) qu’il ignorait. A la deuxième personne du singulier, le récit est brut, rend parfaitement compte de la solitude et du quotidien éprouvant de certains quartiers irlandais et le dénouement final est plus qu’émouvant.
Premier roman
« Nous sommes des serre-livres, toi et moi, tu vois ce que je veux dire ? Ton esprit se projette, il va de l’avant, tu penses à l’avenir. Moi, je pense au passé, je pense... »
Fiche #2055
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Céline Leroy
Venise, la ville des masques, conserve ses mystères, son atmosphère et ses acteurs. Sur sa scène se trouve en effet Rodolphe Marchant. Il est malade, ruiné et alcoolique mais une rencontre singulière va l’extraire de cette noirceur : l'envoûtante Dorothy White, ancienne danseuse, va lui apporter un souffle de vie (« Elle était vieille, il était ivre. »). Il se fait passer pour un richissime ténor, Rodolfo Marchanti et ils décident alors de se donner sept jours pour danser une dernière valse et s’aimer. Ils saisiront quelques instants de bonheur et de sérénité au-dessus de ce mensonge et des faux-semblants mais ces quelques instants de grâce et ce retour à la vie n’excusent-ils pas ce mensonge ? L’écriture est poétique, délicate et raffinée, l’ambiance surannée, l’histoire d’amour étonnante, un court texte qui nous charme et que l’on lit d’une traite.
Ecouter la lecture de la première page de "Dernière valse à Venise"Fiche #2056
Thème(s) : Littérature française
Pietro et Bruno se rencontrent alors qu’ils ont onze ans, une rencontre pour la vie malgré leurs différences. Pietro est un garçon de la ville, fils d’un ingénieur amoureux de la montagne, bien inséré dans le monde. Bruno est un p’tit gars de la montagne, ancré définitivement dans son lieu d’origine (« Toi, tu es celui qui va et qui vient, moi je suis celui qui reste. Comme toujours, pas vrai ? »). Ils se rencontrent en effet à Grana, village au cœur du Val d’Aoste où les parents de Pietro ont trouvé une maison loin de Milan où ils habitent et travaillent. Pietro nous fait découvrir la naissance de cette amitié indéfectible qui va unir les deux gamins avec une admiration et un respect partagés. Malgré ses réserves, Bruno lui fera découvrir et apprécier la montagne, les arbres, la nature. Le père de Pietro profite de chaque week-end pour parcourir la montagne, gravir les sommets ce que Pietro n’apprécie guère contrairement à Bruno dont la compagnie de cet homme sévère et directif mais qui s’intéresse véritablement à lui rend heureux. Malgré les aléas de la vie, Pietro et Bruno resteront toujours proches et rien ne pourra les séparer. Un bel hommage à la montagne et une superbe et émouvante histoire d’amitié entre deux gamins opposés qui ne se quitteront plus et parcourront ensemble les sentiers de la vie et de la montagne au cœur d’une nature préservée ; "Les huit montagnes" offre également une réflexion débordant d'humanité sur la vie et sur la filiation. Bonne lecture et bonne ascension !
Premier roman
« A ton avis, le passé, il peut passer une deuxième fois ? »
« Le voilà, mon héritage : une paroi de roche, de la neige, un tas de pierres de taille, un arbre. »
« Peut-être ma mère avait-elle raison, chacun en montagne a une altitude de prédilection, un paysage qui lui ressemble et dans lequel il se sent bien. »
Fiche #2053
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Anita Rochedy
L’art de perdre convoque l’Histoire au cœur d’une saga familiale sur trois générations, histoire tumultueuse entre l’Algérie et la France, histoire des Algériens qui firent le choix de la France, histoire de leur accueil, de leur silence, de leur perte d’identité, et de toutes leurs pertes. C’est Naïma, la petite dernière, qui souhaite entreprendre ce voyage vers le passé, revenir sur ses racines, son histoire et l’ambiance de la France en 2015 n’y est pas pour rien... Ali, le grand-père est celui qui prit La décision. Il avait déjà combattu lors de la dernière guerre pour la France et il préféra la rejoindre. Lui et sa famille devinrent « harkis » dans les camps de transit, connurent l’humiliation et le mépris pour finalement rejoindre le camp des invisibles. Son fils, Hamid, voulut oublier l’Algérie, les silences de son père, sa soumission, la religion mais lui-même choisit aussi le silence (« Ils ne veulent pas du monde de leurs parents, un monde minuscule qui ne va que de l’appartement à l’usine, ou de l’appartement aux magasins… Un monde qui n’existe pas parce qu’il est une Algérie qui n’existe plus ou n’a jamais existé, recréée à la marge de la France. Ils veulent une vie entière, pas une survie. Et plus que tout, ils ne veulent pas dire merci pour les miettes qui leur sont données. »). Naïma, la troisième génération, veut comprendre : elle va entreprendre un voyage aux sources, vers Alger puis la Kabylie, qui lui ouvrira les portes de son passé et de l’apaisement. Alice Zeniter fait parfaitement ressentir l’effet des traumatismes engendrés par l’exil et le déracinement : chacun peut le ressentir à sa manière, mais tous préfèrent se taire et ne peuvent se soulager de ce poids qui les étouffe, seuls les regards permettent de comprendre. Brillant, intelligent, 500 pages passionnantes qui exposent en détail le ressenti de trois générations sur leur histoire, qui nous parle objectivement de l’Algérie et de la France, d’hier et d’aujourd’hui et alimente sereinement le débat récurrent (et parfois répétitif) sur l’identité.
« L’histoire est écrite par les vainqueurs. »
« Tu peux venir d’un pays sans lui appartenir, suppose Ifren. Il y a des choses qui se perdent… On peut perdre un pays. »
Fiche #2054
Thème(s) : Littérature française
Ils sont vingt-quatre. Vingt-quatre chefs d’entreprise en 1933. Vingt-quatre dirigeants, plus ou moins puissants, qui vont suivre, accompagner l’arrivée au pouvoir d’Hitler. Par lâcheté, par intérêt, par soumission, par connivence, ils vont prendre part ou financer le pouvoir hitlérien et surtout continuer de vivre, de produire, de vendre. Eric Vuillard décrit (et interroge) le comportement et les motivations des puissants (du monde politique ou économique) de l’Europe qui opteront pour « la politique d’apaisement »... face à l’efficacité pourtant terrifiante de Goering et Hitler. Et bien après la chute du régime, « Les entreprises ne meurent pas comme les hommes. », Eric Vuillard n’oublie pas de rappeler que l’influence et le pouvoir de ces grandes familles perdureront. Comme à son habitude, Eric Vuillard, dans un court récit au ton parfois ironique, décortique à hauteur d’homme, va à l’essentiel dans les coulisses de l’histoire, emprunte les chemins de traverse, avec clairvoyance, et aimante le lecteur, le questionne, le fait grandir.
« Ici, il n’y a qu’un seul cadrage qui vaille, il n’y a qu’un art de convaincre qui vaille, il n’y a qu’une seule manière d’obtenir ce que l’on souhaite – la peur. Oui, ici, c’est la peur qui règne. Terminées les politesses allusives, les formes retenues de l’autorité, les apparences. »
Fiche #2051
Thème(s) : Littérature française
Alissa et Richard étaient reconnus sur le Campus comme un couple heureux, souvent envié. Ils s’aimaient et rapidement naquit une petite fille, Una. Basculement définitif et irréversible dans la vie d’Alissa qui se retrouve seule avec le bébé dans une nouvelle résidence où tout le monde semble pouvoir observer la vie de ses voisins. Immédiatement, le doute l’assaille et l’étouffe : « Alissa ne pouvait plus la regarder, elle avait du mal à crier de se savoir absolument incapable d’assumer la responsabilité de cette vie dépendante d’elle face aux déceptions qui commençaient. » Incapacité à assumer et pourtant aucun retour en arrière possible. Pourra-t-elle être mère ? Pourra-t-elle le devenir et sortir de cette solitude ? Le couple survivra-t-il ? Un roman troublant et remuant sur le choix de la maternité et de son quotidien.
Ecouter la lecture de la première page de "L'implacable brutalité du réveil"Fiche #2052
Thème(s) : Littérature étrangère
Niels est un géant danois qui a pris part à la résistance après sa rencontre avec Sarah. Niels fut particulièrement actif et à la fin du conflit s’apprête à recueillir les lauriers de ses actions. Pourtant, il apprend qu’à Paris, Jean-François Cannonier, va être jugé pour collaboration. Les deux hommes ont travaillé ensemble, ont monté des pièces de théâtre, et des liens forts les unissaient. Niels décide d’entreprendre le voyage vers Paris. Il veut comprendre, ne pas juger, mais comprendre et dévoiler l’enchaînement des événements. Il arrive donc dans le Paris d’après guerre où règne une atmosphère pénible et malsaine et notamment au sein du monde qu’il a côtoyé, le monde du théâtre et littéraire, un monde qui sait théoriquement distinguer un héros d’un lâche. La réalité est plus trouble et plus floue... Niels découvre le déroulement des faits, ceux qui ont retourné leur veste au moment adéquat et continue d’avoir leur place dans le Paris d’après guerre. Il se refuse à juger, au règlement de compte, à l’assassinat en temps de paix. Mais pourra-t-il comprendre lui qui a pris les armes et tué. Une plongée qui questionne au cœur du roman national et du théâtre.
Ecouter la lecture de la première page de "Niels"Fiche #2049
Thème(s) : Littérature française
La jeune Gina est heureuse à Budapest, une certaine liberté entre son père militaire, une tante quelque peu frivole et Marcelle une préceptrice française avec laquelle elle s’entend très bien. Et puis, sans prévenir, brutalement, son père décide qu’elle ira dans une pension, dans la campagne hongroise, bien loin de l’ambiance de Budapest. Une pension religieuse avec des jeunes filles de toutes sortes. Son père garde le silence sur ses motivations et repart à Budapest. Gina se replie sur elle-même dans cet environnement inconnu. Les études et les enseignants, les autres pensionnaires, tout est compliqué, tendu malgré la statue d’Abigaël censée l’aider à résoudre ses soucis. Elle recherche dans son environnement l’Abigaël qui pourrait l’épauler, échafaude des hypothèses mais reste dubitative et tentera même de s’évader. Peu à peu, les nouvelles de son père s’estompent alors que les Allemands occupent la Hongrie. Superbe roman d’initiation au coeur de la grande Histoire débordant de sensibilité et de volonté, un plaisir immense de retrouver Magda Szabo, la densité de ses textes et son écriture précise et maîtrisée.
Ecouter la lecture de la première page de "Abigaël"Fiche #2050
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Chantal Philippe
Il y a toujours dans les personnages de Audur Ava Olfasdottir une part qui touchera chaque lecteur. Ils sont touchants, profonds, parfois drôles, et toujours humains. Elle excelle à leur donner corps et à les inviter réellement dans l’espace de chacun de nous. Jonas Ebeneser n’échappe pas à la règle ! Il a sept cicatrices et tente de les « réparer » comme il restaure et retape avec passion les objets endommagés ou hors d’usage. Lassé par son existence, avec le fusil de son voisin (pour en finir ou pour se défendre ?) et sa boîte à outils, il décide de quitter les trois femmes qui se sont éloignées de lui (son ex, sa fille et sa mère) pour aller dans un pays dévasté par la guerre où réparer n’est pas un vain mot. Mais réparer les autres et soi-même dans un pays éprouvé par la guerre peut aussi inciter à dresser un bilan objectif de sa vie et Jonas reste un modeste même s’il fait maintenant partie de ceux qui savaient et qui ont agi quoiqu’il en pense. Reconstruire, agir, se reconstruire et vivre. Délicat, sensible, lumineux et émouvant !
« Je suis comme l’aquarelle qui s’efface à l’eau. »
« Peu d’hommes tuent. La plupart se contentent de mourir. »
« Le silence sauvera le monde. »
Fiche #2047
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Catherine Eyjolfsson
Après l’excellent « Les pêcheurs d’étoile » de Jean-Paul Delfino qui nous plaçait aux côtés de Satie et Cendrars, Gaëlle Nohant redonne vie à Robert Desnos et nous permet de le rencontrer avec autant de bonheur et d’entretenir ainsi sa légende. L’homme est libre, engagé, révolté, sans compromis, une franchise absolue, attentif aux autres sans exception, il restera toujours fidèle à ses convictions (jusqu’à la mort) sans laisser poindre de contradictions. Evidemment, le roman nous confronte aussi avec le monde intellectuel et culturel de l’époque et notamment les surréalistes et André Breton dont Robert Desnos s’éloignera pourtant rapidement au même titre que Prévert et Queneau. Gaëlle Nohant connaît parfaitement l’œuvre et l’homme et malgré les 500 pages du roman, le chemin est léger, elle varie les styles à bon escient, les personnages sont aussi bien modestes qu’illustres, les comportements des surréalistes décryptés et surtout la vie et le parcours de Desnos traités précisément sans aucune lourdeur. L’homme est un amoureux fou de la vie et des femmes, de la poésie, du théâtre, de l’écriture et il n’oubliera pas de mettre en pratique ses convictions dans ses engagements comme dans sa vie au quotidien. Un roman érudit et passionnant qui nous incite à redécouvrir l’homme et le poète Desnos.
Ecouter la lecture de la première page de "Légende d'un dormeur éveillé"Fiche #2048
Thème(s) : Littérature française
Emmanuel Lepage a décidé cette fois de s’attaquer à un monument mythique, Ar-Men, ce phare qui résiste depuis des années aux assauts incessants de l’océan face à l’île de Sein, l’enfer des enfers. Mais, comme à son habitude, Emmanuel Lepage n’oublie pas la légende et les hommes : ceux qui ont construit le phare puis ceux qui l’ont entretenu, qui ont passé des nuits et des nuits à surveiller le feu à l'écouter trembler, ceux qui ont donc sauvé moult navires et marins. Brillant et superbe ! A noter que la première édition est accompagnée du DVD « Les gardiens de nos côtes » diffusé en janvier 2016 sur France 3.
Fiche #2046
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Prague fait partie des capitales européennes où beaucoup rêvent de séjourner, ville mythique, belle carte postale. Mais derrière la vitrine, que trouve-t-on ? Marek, après avoir déserté Prague au début des années 2000 pour les Etats-Unis, est de retour sept ans après. La ville a totalement muté. Son ami Jakub aussi. Sans parler des touristes qui ne viennent pas uniquement pour les belles pierres ! On suit les pérégrinations de Marek de clubs en bars, d’alcools en drogues, de filles en filles à la recherche de Sa ville et de son amour de jeunesse, Katarina. Le communisme a été expulsé laissant rapidement place à un capitalisme débridé. Il se retrouve donc devant mafias, prostituées, et la disparition du Prague populaire, un désenchantement flagrant et profond. Evolution classique, enrichissement exponentiel d’un petit nombre, appauvrissement et misère pour le plus grand nombre incitant même certains à regretter l’ancien régime… Un portrait dense, précis et désenchanté de Prague qui casse l’image idyllique de cette capitale européenne.
"On ne peut pas toujours rattacher la destinée d'un homme à celle de sa nation"
Premier roman
Fiche #2045
Thème(s) : Littérature française
Eric Boisset après une belle introduction nous propose quatre courts textes, tranches de vie de deux collégiens qui partagent tout et n’ont pas froid aux yeux. Il y en a donc toujours un pour entraîner l’autre, toujours un prêt à la faire la bêtise de la plus basique à la plus limite proposée par son copain, des adolescents plein de vie !
Fiche #2044
Thème(s) : Jeunesse
Une intégrale avec trois histoires du célèbre et inégalable loup de Delphine Perret qui réussit à faire exploser de rire les enfants comme leurs parents ! Le trait est simple mais vif et expressif, le ton est décalé, humoristique, moqueur. Un bonheur !
Fiche #2042
Thème(s) : Jeunesse
Fish Girl vit dans un immense aquarium surveillée par son gardien, Neptune, le dieu des mers. Intraitable, il la protège de l’extérieur, elle se doit juste d’intriguer, d’appâter les visiteurs pour ouvrir leur porte-monnaie. Certains la devinent, mais qui pourrait les croire ? Une sirène, ça n’existe pas ! Pourtant, un jour, la jeune Livia est vraiment décidée à en savoir plus sur cette mystérieuse « créature ».
Fiche #2043
Thème(s) : Jeunesse Bandes dessinées
Deux amants se retrouvent quinze après dans la ferme, une belle et grande maison, sans portes ni cloisons, avec de grandes baies vitrées : spectacle permanent au regard de tous (se sentir épier constamment ou accepter la transparence). Que sont-ils devenus ? Ont-ils encore à partager, quelque chose à se dire, doit-elle croire en cette seconde chance ? Annie rejoint en effet Etienne, professeur d’université, bourru sachant manier le silence qui lui a envoyé une lettre avec une carte blanche alors qu’elle l’avait quitté quinze ans plus tôt après cinq années de vie commune. Alors que les corps se reconnaissent immédiatement, les sentiments ont-ils changé, le refus de paternité d’Etienne va-t-il tomber, la compréhension mutuelle sera-t-elle possible ? Au cœur d’une maison étrange distillant une atmosphère singulière, Anne-Frédérique Rochat dissèque la vie de couple et son intimité, le désir de paternité mais rappelle aussi que vivre à deux se résume parfois à vivre l’un à coté de l’autre.
Ecouter la lecture de la première page de "La ferme (vue de nuit)"Fiche #2040
Thème(s) : Littérature étrangère
Mario, dix ans, vit seul avec sa mère. Il passe beaucoup de temps avec son ami Riccardo notamment dans leur cabane secrètre près du fleuve. Un jour, Mario veut absolument lui faire partager ce qu’il a découvert. Les voilà partis sur la terrasse de son immeuble pour rejoindre une fenêtre où il a observé, Monsieur Ruper, le voisin du dernier étage. Un homme bien sous tout rapport. Enfin, après ce que Mario a découvert… Monsieur Ruper semble séquestrer une jeune femme dont il s’occupe avec une attention toute particulière… Mario a décidé d’agir mais il le regrettera longtemps, un moment de bascule dans sa vie, sans retour possible ! Un roman oppressant, subtile et habile, qui bouscule le lecteur entre fiction et réalité (« On referme vos livres et on se trouve sans repère… ») et naturellement mensonge et vérité (… le faux se part des vêtements du vrai… La réalité finalement n’est qu’une poupée russe. ») tout en lui parlant étonnamment d’écriture.
« Le pouvoir n’est souvent qu’une question de forme : il suffit d’en prendre la posture pour s’en sentir investi. »
« Une femme humiliée est une bombe à mèche lente ; si on l’oublie, elle peut s’éprendre de destruction comme elle s’était éprise d’amour. »
« Pour moi, la vérité a toujours été du côté de l’imagination. »
Fiche #2041
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Le roman s’ouvre alors que Peppino est sur le chemin de la gare accompagné par son père. Il vient de réussir un concours administratif et quitte Luino, une belle ville au bord du lac Majeur pour Pontebba à proximité de la frontière Autrichienne. Et ce départ, même s’il ne le satisfait guère, tombe à pic ! En effet, il fait suite à une journée mémorable que ni lui ni beaucoup d’autres n’oublieront. La journée où sa vie a basculé, et ce n’est pas parce que le 28 octobre 1932 est la date du dixième anniversaire de la marche de Mussolini sur Rome ! Enfin, peut-être un peu quand même, en effet tous les participants à la manifestation commémorative qui se trouvaient sur la place de l’étude où il travaillait s’en souviendront aussi longtemps ! Un court roman, tendre, sensuel, ironique et drôle qui nous conte l’éducation sentimentale de Peppino au cœur d’une Italie fasciste, nous prouve à l’évidence tout l’amour que Peppino (et l’auteur) porte aux femmes et à leur corps et nous rappelle agréablement l’esprit frondeur de Piero Chiara.
Ecouter la lecture de la première page de "Le 28 Octobre"Fiche #2039
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Marie-Françoise Balzan
Benoît Sokal et François Schuiten se sont associés pour nous offrir un conte fantastique maritime de choix ! Une bête étrange, gigantesque, effrayante s’est échouée sur une plage de Roodhaven, sur la côte est des Etats-Unis. Et bizarrement, elle porte des traces d’un bateau de ce port qui a coulé des années plus tôt, laissant nombre de marins au fond de la mer. Alors les mauvais souvenirs reviennent hanter leurs frères d’aujourd’hui et ils sont bien décidés à comprendre d’où proviennent ces traces. Face à eux, un scientifique venu pour expertiser la bête… Une superbe BD qui traverse plusieurs thèmes, plusieurs genres sans perdre le lecteur, on attend la suite avec impatience !
Fiche #2038
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Nadia est une jeune fille brillante de la communauté noire d’Oceanside en Californie. Alors que sa mère s’est suicidée sans explications il y a quelques mois, elle choisit d’avorter, traumatisme indélébile, après sa rencontre avec Luke, le fils de pasteur, qui ne l’aide guère dans ce drame au cœur du communauté où la religion a une influence immense. Elle décide alors de partir pour de brillantes études à l’Université de Michigan et de laisser sur place son passé et notamment son amie Aubrey et Luke. Mais trois ans, après, elle revient sur place et retrouve ses amis et la communauté. La construction du « cœur battant de nos mères » aimante le lecteur en alternant la narration des vies de Nadia, Aubrey et Luke au cœur des différentes communautés fondement de la société et l’avis d’un chœur de vieilles femmes, de mères, qui commentent les évènements de la communauté.
Premier roman
Fiche #2037
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Jean Esch
Lorsqu’une jeune femme débarque au commissariat et demande à le rencontrer, Manuel Ferreira est loin de se douter qu’il est sur le point de vivre un dangereux retour dans le passé. Il est vite sensible aux charmes d’Adèle Lemeur, chercheuse en médecine, et la photo qu’elle lui montre ne change rien ! Il s’agit de Marie Moineau, l’institutrice qu’il n’a jamais oubliée : elle est morte, assassinée, une balle dans le dos, dans sa classe. Et Manuel était dans la salle de classe. Néanmoins, il n’en dit rien à Adèle et accepte de l’aider dans son enquête, une enquête sur un meurtre mais aussi, sans qu’elle le sache, une enquête sur sa famille, et toute famille a ses secrets bien gardés…
Ecouter la lecture de la première page de "Assassins d'avant"Fiche #2029
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Une petite fille se retrouve hébergée par sa tata. Elles sont immédiatement complices et la petite laisse parler sa curiosité : pourquoi sa tata vit-elle seule, sans mari ? La vieille dame élude la question mais lui raconte son histoire et surtout passe beaucoup de temps sur un banc à l’abri d’un sophora. Un arbre que la petite fille même adulte n’oubliera jamais… Un très bel album débordant d’émotion (encore bravo Zaü) sur la transmission.
Fiche #2030
Thème(s) : Jeunesse
Rocio BONILLA
De quelle couleur sont les bisous ?
Le Père Fouettard
51 | 08-10-2017 | 14€
Minimoni est une petite fille très active et adorant la peinture ! Elle a déjà de nombreuses reproductions à son actif, mais, elle s'aperçoit qu'elle n'a jamais dessiné de bisous ! Alors, c'est parti, enfin presque, quelle couleur adoptée ?
Fiche #2031
Thème(s) : Jeunesse
Une version jeunesse d'une grande fraicheur de Carpe Diem.
Fiche #2032
Thème(s) : Jeunesse
Maître Aspergus est un vieux peintre et son art est reconnu. Mais il n’aime plus ses tableaux et est quelque peu las. Heureusement une petite souris imaginative veille et va tout faire pour lui redonner la flamme et leurs destins vont en être bouleversés ! Superbe album.
Fiche #2033
Thème(s) : Jeunesse
Chat Chelou est l'image du gros matou, désagréable, agressif. Et lorsqu'il passe devant le poulailler délaissé par ses occupantes, il n'hésite pas une seconde, vole un oeuf et hop, le repas est terminé ! Devinez alors ce qu'il adviendra... De superbes illustrations qui rendent parfaitement ce chat et son caractère !
Fiche #2034
Thème(s) : Jeunesse
Un album tendre et émouvant qui aborde avec délicatesse et retenue le prolbème des sans-abris et du mal logement à travers le quotidien d'un petit garçon et de sa mère.
Fiche #2035
Thème(s) : Jeunesse
Un album qui va déclencher de nouvelles collections ! Une ode à ses petits instants de bonheur, qu'il ne faut pas rater, qu'il faut apprécier et donc collectionner !
Fiche #2036
Thème(s) : Jeunesse
Vincent Renard baigne dans le bonheur semble-t-il : une femme superbe et adorable, une petite fille mignonne et éveillée, brillant dans son métier. Enfin, belle façade pourrait-on dire ! Une étincelle et tout se délite ! Elle va prendre la forme de Kevin Delafosse, une connaissance de jeunesse, pot de colle, qui lui disputait ses copines au collège, et surtout Cécile son grand amour de jeunesse, sa place dans l’équipe de foot… Et l’âge n’arrange rien ! Kevin Delafosse a gardé toute sa puissance de nuisance ! Une belle (et drôle) histoire d’amitié !
Fiche #2028
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
En 1942, les Allemands occupent la Norvège. Cinq Allemands ont été tués et en représailles, cinq Norvégiens doivent mourir. Dans une école, Ida Grieg et cinq de ses plus mauvais élèves (quatre garçons et une fille) sont retenus en otage, un seul survivra (« Ironie du sort, les cancres allaient achever leur vie dans cette école. »), le lieutenant Abel Lehmann l’a décidé, enfin continue d'obéir malgré ses interrogations (« C'était si simple un ordre, si clair, si reposant. Ca vous transportait d'une rive à l'autre en vous épargnant d'être mouillé ou le risque d'être emporté par le courant. »). Or, Ida Grieg est une résistante et elle doit passer un message codé à son réseau. Pour cela, elle a une nuit pour que les cinq cancres apprennent un poème de Loki, dieu de la discorde, afin que le survivant puisse le réciter à sa libération. Les gamins, éloignés des mots et du langage, ne semblent guère conscients de la situation, ils ne craignent pas la mort et aimaient d'ailleurs si confronter sur la dalle du Preikestolen Lysefjord, ils semblent même prêts à profiter du coma passager d’Ida. Elle va devoir les apprivoiser, les tenter, les attirer, pour qu’ils acceptent, devant le précipice de la mort, l’effort de l’apprentissage, la rencontre avec les mots, le langage et la poésie et qu’ils prennent entièrement conscience de leur portée. Un court roman qui se lit vite, huis clos violent qui percute et interroge mais ouvre le chemin de la liberté et de la responsabilité à une horde sauvage.
Premier roman
« L'école de Stavanger abritant six personnes, pour que l'une d'elles restât en vie, il fallait nécessairement qu'aucune ne meure. »
« ... mourir ensemble est plus facile que survivre séparément »
Fiche #2027
Thème(s) : Littérature française
Une femme et un homme en Corée du Sud, ils ne sont pas nommés, seule la femme a un surnom « Tristesse de la neige qui tombe en abondance », ils ont subi des blessures, elle perd sa voix, il perd la vue. Ils vont se rapprocher lentement, apprendre à communiquer. Et entre eux, il est aussi affaire de pensée, de mots et de langage, centraux voire obsession pour leurs vies, d’ailleurs ils font connaissance dans un cours de grec. Ils perdent conjointement un sens, leur relation au temps évolue et le repli sur soi-même et la solitude semblent inéluctables. Néanmoins, cette rencontre les réveille, ils s’interrogent sur l’autre, cherchent à comprendre, à toucher et dévoiler l’inconnu ; l’apaisement, la sérénité et la bienveillance s’installent progressivement. Une belle rencontre, douce et tendre comme l’écriture de ce texte à apprivoiser dans les premières pages et qui flirte avec la poésie à son dénouement.
Ecouter la lecture de la première page de "Leçons de grec"Fiche #2026
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Jacques Batilliot,
Jeong Eun Jin
Alice Ferney dans son dernier roman a choisi de nous faire suivre le destin au XX ème siècle d’une grande famille française bourgeoise, les bien nommés Bourgeois. Cette famille nombreuse naturellement, 10 enfants et la grand-mère aura 24 petits-enfants (ce qui implique quelques difficultés pour le lecteur), reste inféodée au vieux triptyque famille, patrie et religion (« Le drapeau, l’armée, l’honneur, Dieu, voilà qui vous tenait un homme. »). Dans le même temps, Alice Ferney nous parle d’un siècle de l’histoire française et prouve ainsi qu’il n’y a évidemment pas une seule et unique histoire française mais des histoires. En effet, ce prisme, ce choix délibéré de famille qui expose leurs avis, leurs croyances, leurs comportements, voire leurs erreurs est emblématique d’une certaine France et malgré le talent de l’auteur, certains lecteurs risquent de demeurer devant le porche de l’église se contentant de regarder de loin cette famille...
« Il y a trois façons de vivre avec le passé : le contempler à l’instant où il est le présent, l’oublier quand il est perdu, en conserver à jamais le souvenir. »
Fiche #2024
Thème(s) : Littérature française
Après l’excellent « Porc épique », voici le deuxième opus de Manuel Rui traduit en Français, un recueil de nouvelles qui revient sur l’année 1975, l’année de l’indépendance de l’Angola. Il est donc question de transition, de pouvoir, de gouvernement, de guerre mais aussi d’enfants et de rêves mais Manuel Rui sait déjà que ce ne sera pas un long fleuve tranquille, les alligators ont la peau dure…
Ecouter la lecture de la première page de "Oui Camarade !"Fiche #2025
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Elisabeth Monteiro Rodrigues
Le père de Gaspard a la main lourde et il l’a encore frappé. Et Gaspard est parti. Avec son chien, son « petit bâtard ». Il rejoint les fuyards mais cette fuite est périlleuse. Ils sont tous les deux blessés et trouvent refuge chez Jean-le-blanc, un homme singulier qui fait tout pour que l’on ne puisse pas le cataloguer. Il enseigne à Gaspard les plantes, les livres et leur antre, cette forêt aussi protectrice que dangereuse : « Elle est alors devenue le refuge de ceux qui se refusaient à l’homme et de tous ceux que l’homme refusait. Elle est l’autre camp. Le camp des autres. » Gaspard se retrouve au milieu de personnages atypiques, en marge, qui ont su refuser la vie ordinaire, bien rangée, attendue. La forêt accueille en effet les exclus, ceux qui n’ont pas choisi leur camp, bannis de partout, ils n’ont pas emprunté le même chemin, effectué les mêmes choix. Ils préfèrent la liberté et l’amour, « nous sommes des êtres d’amour et de liberté. Oui d’amour et de liberté ! », mais les bien-pensants n’apprécient guère que l’on remette en cause leur monde… Thomas Vinau nous offre un très très beau texte, un double hommage à la forêt, à ses odeurs, à sa vie, à sa résistance à la puissance démultipliée de l’homme, à sa sauvagerie qui persiste mais aussi aux exclus, aux sans-grade, aux sans-abri, aux réfugiés, aux gueux et aux manants, aux chemins de traverse qu’ils empruntent et à la différence. Une belle écriture, poétique et puissante, pour ce roman qui trouve hélas de multiples résonances dans notre société contemporaine.
« La forêt est une langue, une science et une œuvre d’art. Tout peut te sauver ou t’achever. Ici il n’y a pas de maître. »
« Ne renonce jamais à refuser. »
« Si nous marchons ensemble, nous sommes assez de rats pour conquérir cette terre de damnés. »
Fiche #2022
Thème(s) : Littérature française
Ces rêves qu’on piétine réussit le tour de force de retracer en parallèle les derniers jours de Magda Goebbels et des survivants et morts des camps de concentration : le point commun de ces récits est la folie extrême, la folie inhumaine et destructrice. Dans les camps, au cœur de cette folie et de la violence sans limite, la lutte pour la survie est permanente et on suit en particulier Ava, une petite fille qui détient secrètement les lettres d’un père à sa fille. Quant à elle, Magda Goebbels continue de préférer oublier Richard Friedländer, son beau-père adoré, juif, qu’elle abandonnera et laissera mourir dans un camp. Elle avait d’autres ambitions, d’autres rêves, le pouvoir l’aimantait, elle acceptera tout de Joseph Goebbels pour approcher ce pouvoir puis devenue invulnérable, s’y installer, jusqu’à ces derniers jours, où elle emportera avec elle ses enfants. Sébastien Spitzner réussit à donner corps à l’Histoire, à l’incarner en établissant un équilibre parfait entre fiction et histoire. Ses descriptions très réalistes sont naturellement absolument terrifiantes, mais il réussit en croisant les deux récits à la fois à nous déranger et à nous entraîner.
Premier roman
Fiche #2023
Thème(s) : Littérature française
Paul, étudiant en architecture, passe ses nuits dans un hôtel. Il observe. Il est gardien de nuit, et scrute dans ses caméras les clients qui traversent l’image. Jusqu’à sa rencontre avec Amélia qui vit dans cet hôtel. Elle n’est pas comme les autres, un halo de mystère l’enveloppe et il perdurera tout au long de leur rencontre, de leur amour : il est intrigué, elle l’attire et le fascine. De milieux bien éloignés, ils vont en effet nouer une relation au cœur de la nuit et de la ville, avec leurs ombres et leurs peurs. Elle a 18 ans quand il la rencontre, d’un milieu aisé, sa mère poétesse qui a disparu. Ils se retrouvent dans le cours d’Anton Albers, elle leur parle de la nuit, de la ville (« La ville de demain, disait Albers, est une ville fantôme. ») et surtout de la peur, la peur qui accompagne cet espace jusqu’à en devenir son poumon malade. Comment vivre ? Comment y vivre ? Faut-il s’aimer ? Faut-il s’y installer ? Lutter ? Amélia préfère disparaître et part à la recherche de sa mère à Sarajevo, ville détruite par la guerre et la peur. Faut-il reconstruire ? Gommer les traces de ces horreurs, est-ce vital ou obscène ? La peur peut-elle disparaître et la guerre s’achever ? Jakuta Alikavazovic et son écriture précise et travaillée nous content une histoire d’amour prisonnière d’un monde où la lumière semble s’éclipser et de deux êtres qui tentent de croire un bref instant que vivre leur passion reste envisageable. Un livre dense, qui remue le lecteur, suscite son interrogation permanente.
« Il y a mille façons de détruire une ville, mille façons de faire la guerre, elles évoluent. Elles progressent, elles aussi ; d’aucuns disent même qu’elles sont la science. Son expression la plus directe. Tandis que les façons de résister, c’est-à-dire de vivre, de vivre dans une ville assiégée, sont toujours les mêmes. En se cachant. En priant. En condamnant les fenêtres. »
« Nous vivons dans un monde qui a entièrement cédé à la brutalité et à l’injustice. Chacun pour soi. Chacun pour soi et ses propres enfants. Son propre petit matériel génétique. Et pendant ce temps, le principe directeur du monde est devenu l’expulsion. »
Fiche #2021
Thème(s) : Littérature française
Reine n’a que 35 ans mais déjà au bout du rouleau. Usée, fatiguée, les finances et le moral sont au plus bas. Au chômage, trois enfants. Et pourtant, elle trouve enfin du travail, elle nettoiera les morts, et petit coup du destin, elle trouve dans les détritus entassés dans son jardin cet attendrissant symbole populaire, une vieille mobylette bleue et miracle, elle démarrera. Reine pourra ainsi se déplacer, se rendre au travail et en revenir. Second rai de lumière, sa rencontre avec Jorgen, un routier artiste qui a laissé tomber le pinceau par rejet de l’art moderne. Voilà les seuls moments de vie qu’elle trouvera mais aucun monde parallèle qui pourrait lui permettre de poursuivre sereinement, avec espoir. Néanmoins, la lutte pour la vie continue malgré le monde et la société qui l’étreignent, l’étouffent sans cesse. Archétype des invisibles, des oubliés, des insignifiants, des méprisés, elle traversera la France avec sa mobylette pour revoir les yeux de ses enfants qui lui ont été retirés. Ultime voyage témoin d’un passé qu’elle ne retrouvera jamais. Bouleversant, un texte qui prend aux tripes, et dresse un portrait précis et réaliste d’une femme emblématique des oppressés et exclus qui continuent d’être abandonnés et broyés par nos sociétés.
« Il faudrait que les pauvres se contentent de la joie d’être en vie. »
« Tout finit dans l’absence et le silence absolu du monde. »
« … on ne tue plus à bout portant les pauvres qui se rebellent. Aujourd’hui on les tue en les abandonnant, en les affamant, en les oubliant. »
Fiche #2020
Thème(s) : Littérature française
Les quatre personnages principaux d’Imago, isolés ou enfermés, aspirent à la liberté, ils diffèrent dans le chemin qu’ils espèrent emprunter pour y accéder ou employer pour casser la chrysalide qui les étouffe. Nadr se sent entravé en Palestine, il rêve d’un ailleurs libre, et la poésie et les poèmes de Darwich notamment l’épaulent et le soutiennent. Son frère Khalil a fait d’autres choix dont celui de la violence et est bien décidé à commettre un attentat, loin de son pays, en France. Fernando travaille pour le Fonds, une organisation internationale, et espère, depuis son bureau, influer sur le conflit. Enfin, Amandine, 62 ans, a choisi de se retirer loin du monde et de ses horreurs et vit en solitaire dans une forêt. A partir de ces quatre trajectoires que certains tentent de maîtriser, Cyril Dion nous entraîne au coeur de cette tragédie sans fin que reste le conflit israélo-palestinien sans oublier l’Occident, troisième pilier du drame, il nous confronte à ses acteurs principaux et à leurs sentiments, croyances et violence, cherchant toujours à expliquer ou à comprendre plutôt que de juger.
Premier roman
« Mille bombes ne pourraient rien contre la terre, contre les mots de Darwich. Tant qu’il reste une femme, disait son grand-père, la terre ne peut être perdue. »
Fiche #2017
Thème(s) : Littérature française
Au lendemain de la première guerre, quatre Savoyards, deux veuves, un orphelin, un ancien soldat débarquent en Nouvelle-Calédonie. Un éleveur franco-australien les accueille amicalement. Cinq après, nous voici arrivés au moment du bilan ! L’ambiance du pays est pesante, les violences coloniale et raciale perdurent à l’évidence, certains Kanaks commencent de réagir et au milieu de cet environnement électrique, les amours contrariés pourraient participer à l’allumage de la mèche ! De beaux et puissants personnages, un fond historique intéressants, âpre et passionnant !
Fiche #2018
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Un inconnu est arrivé aujourd’hui dans la classe : il est grand, il est poilu, il ne sent pas bon, il mange des aliments bizarres, il a un drôle de bonnet jaune. La plupart des enfants le regardent bizarrement, s’éloignent, rigolent, se moquent malgré les efforts de la maîtresse ! Mais la récré est vraiment un moment particulier et peut-être le yéti deviendra-t-il Maurice et trouvera-t-il sa place et des camarades inoubliables ! Une première lecture sur la différence et la discrimination qui permet d’ouvrir tranquillement et efficacement le débat avec les petits et les grands !
Fiche #2019
Thème(s) : Jeunesse
Un homme a enfin pris La Décision ultime : quitter ce monde et ses habitants médiocres qu’il méprise : « Plus je fuis et plus j’ai besoin de fuir plus loin encore. Mon seuil de tolérance envers mes semblables est au plus bas. Il ne s’agit plus de quitter le quotidien morne d’un carcan social, c’est au-delà… » Il prend la route et retrouve une région isolée qu’il connaît: « Riche de rencontres et d’expériences nouvelles, ce voyage-ci sera une suite d’évènements déroulés au hasard de sentiers inconnus. Une fuite en avant ». Loin de la société, il s’installe en solitaire au cœur d’une forêt et de la nature. Il est rapidement rejoint par un chien blessé qui l’accompagne dans ses balades, ses chasses, pêches et cueillettes. Il se prépare à vivre son premier hiver, instant où la puissance de la nature donne toute sa mesure. Mais est-il si bien que ça préparé à cette solitude ? Pourra-t-il résister à la sauvagerie et à la folie qui guettent ? Une fuite finalement assez désespérée d’un homme guère attachant.
Premier roman
Fiche #2016
Thème(s) : Littérature française
L’alimentation d’une famille angolaise après l’indépendance n’est guère variée : poisson frit, manioc et riz, et bis repetita ! Le père est un peu las de ce menu et compatit avec sa femme contrainte à des heures d’attente pour obtenir ces aliments. Il décide alors « d’inviter » dans leur appartement au septième étage un jeune porc afin d’abord de l’engraisser puis de le déguster à l’insu des voisins et de l’administration, espère-t-il ! Hélas, le cochon est attachant et ses enfants ne sont pas décidés à le manger, loin de là ! Ils imaginent divers stratagèmes pour repousser l’assassinat… Le cochon a pris une place évidente dans la famille, il s’embourgeoise même, « un pourceau raffiné », et permet aux enfants de partager avec d’autres les péripéties de cet élevage singulier. Leurs observations d’enfants du comportement des adultes sont un régal. Un court récit cocasse, ironique, critique qui dresse un portrait efficace de la société angolaise. Idéal pour débuter l’année en riant !
Ecouter la lecture de la première page de "Le porc épique"Fiche #2015
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Michel Laban
Deux frères, Félix et Noël, évacués avec d’autres, se retrouvent dans un camp au cœur d’une forêt. Leur monde continue en effet de s’écrouler : l’entreprise où travaillait leur père a fermé ses portes et condamné la région, leurs parents se sont séparés… La centrale de Fesselheim a rencontré un nouveau problème, et dans l’opacité habituelle, les causes et les conséquences restent assez flous même si les habitants s’y attendaient et vivaient avec la menace depuis longtemps. En tous cas, l’apocalypse est là et il va falloir partir, prendre la route, pour trouver une nouvelle place, un nouveau monde, « Ce lieu où attendre, Félix le sait depuis le début, on ne le construira pas pour nous, on ne nous y conduira pas. Il faut le trouver, ou l’inventer. » Un premier roman guère optimiste tant sur le passé, le présent que l’avenir !
Premier roman
Fiche #2012
Thème(s) : Littérature française
Cayenne est de retour ! Enfin, les technologies et techniques de surveillance ont quelque peu évoluées et le lieu est un peu plus éloigné, il faut six mois environ pour l’atteindre : il s’agit de Mars ! Les condamnés débarquent sur Mars et sont chargés de préparer le monde de demain et la tâche est immense ! Jasmine, une ancienne flic, après une bavure, débarque dans le camp et les aventures commencent dans ce camp de travail légèrement inhospitalier ! Premier volume d’une trilogie comme d’habitude chez D. Maghen excellente, scénario et dessin vous raviront !
Fiche #2013
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Le narrateur de cet album est Alain, un photographe. Il s’invite à Mont-de-Marsan pour aller la rencontre des manouches. Il a été en effet décidé qu’ils devaient quitter leur camp pour des logements neufs, un quartier sorti de terre pour eux. Il est accueilli par Marie qui lui ouvre les portes de la communauté. L’album va donc mêler photographies et dessin pour nous conter le quotidien des quelques familles présentes, les problèmes et questionnements sont abordés avec douceur, c’est tendre, humain et instructif.
Fiche #2014
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Paul conduit le bus de la ligne 221, une ligne calme, tranquille, vingt-sept arrêts avant le terminus, des passagers représentatifs de la banlieue qu’il traverse. Enfin presque. Paul remarque dans un créneau d’horaires particulier que de nombreuses femmes alourdies par de gros sacs montent dans son véhicule. Elles quittent le bus au même arrêt, peu de temps avant le terminus : le centre de détention. Elles sont femme, sœur, mère, grand-mère d’un détenu et elles arrivent, tendues, la boule au ventre, toujours dans l’incertitude. Et naturellement, le trajet est propice à la réflexion, à se remémorer le passé, la trajectoire qui a mené à cette catastrophe qui les conduit aujourd'hui à ce parloir, quelques instants trop courts dans ce minuscule espace crasseux pour tenter de renouer le dialogue, de parler, de questionner ou simplement se contenter d’être là dans cette « hutte calfeutrée dans la tempête. ». Mais cette fois, le trajet est singulier, l’une d’entre elles, âgée, fait un malaise. Que faire ? Appeler les secours et risquer de rater le parloir hebdomadaire ou parier pour une fois sur un avenir heureux et continuer la route. Une palette de portraits émouvants de femmes en survie.
Premier roman
Fiche #2011
Thème(s) : Littérature française
A Sylva, une petite ville paumée des Appalaches, un peu à l’écart du monde, des ossements sont retrouvés sur une rive de la rivière. Ils appartiennent à une jeune femme qui, des années plus tôt, aurait quitté la ville. C’était l’été 69, période où les hippies avaient encore les cheveux au vent. Elle s’appelait Ligeia, venait de Floride s’installer chez son oncle et sa tante suite à quelques « mésaventures » et une jeunesse mouvementée… La jeune délurée rencontra Bill et Eugene deux frères inséparables que l’apparition de ces os va contraindre à se retourner vers leur passé, à l’époque où ils vivaient encore à l’ombre d’un grand-père dictatorial et autoritaire. Bill est aujourd’hui un chirurgien brillant et toujours amoureux de la femme qu’il fréquentait déjà en 1969. Eugene est maintenant seul, sa femme et sa fille l’ont quitté et a sombré dans l’alcool. Et Ligeia comme elle l’avait déjà réalisé en 1969 va venir bousculer leur quotidien et leur relation et surtout ouvrir les plaies du passé qui n’étaient pas totalement cautérisées… Par le vent pleuré frôle le roman noir en explorant au passé et au présent quelques thèmes typiques : une relation fraternelle entravée par un grand-père dominateur, le mensonge et le secret, l’adolescence, l’alcool, la culpabilité et offre quatre portraits forts de personnages parfaitement réalistes qui aimantent le lecteur du début à la fin de ce court roman.
Ecouter la lecture de la première page de "Par le vent pleuré"Fiche #2010
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Isabelle Reinharez
Lola Lafon revient sur un fait divers qui a marqué l’histoire des Etats-Unis à une époque où les enlèvements politiques (ou pas) se multipliaient. En 1974, Patricia Hearst, petite-fille d’un magnat influant, est enlevée par un groupuscule révolutionnaire, la SLA, Armée de libération symbionaise. Evidemment les services de l’Etat se mettent en ordre de marche pour retrouver la fille si précieuse pour sa famille et l’Amérique mais elle reste introuvable (« Aujourd’hui, on la retrouverait, Patricia, par le biais d’une émission de téléréalité invitant les téléspectateurs à mener l’enquête eux-mêmes. »). Petit souci, le contenu des messages de Patricia que les ravisseurs fournissent, évoluent, et rapidement on sent qu’elle rejoint leur cause. Son enlèvement lui ouvre les yeux sur sa famille (« Le 4 février 1974, en me kidnappant, ils m’ont sauvé la vie. »), sur la domination et le pouvoir de certains, leur exclusive richesse, et elle se radicalise et se lance dans la lutte. L’horreur absolue pour le système, l’une d’entre eux, s’en va et claque la porte : « … l’Amérique subit une violente attaque et ce sont ses propres enfants qui la mettent en joue. ». Dans le même temps, Gene Neveva, une universitaire engagée (donc controversée) et aux méthodes singulières, s’installe en France avec son chien adoré dans une petite ville des Landes. C’est là que la contacte l’avocat des Hearst afin qu’elle intervienne pendant le procès et lui confie un énorme dossier qui permettra, selon lui, de mettre en évidence le lavage de cerveau qu'elle a subi et cause de cette révolte éphémère. Pour le traiter, elle engage Violaine, une jeune Française candide et timide (« L’ignorance de Violaine est votre chance d’une lecture vierge. »), du même âge que Patricia. Le récit retranscrit un dialogue à trois, Lola, Violaine et Gene, la rencontre de Violaine et Gene et l’élaboration du rapport Patricia Hearst à partir notamment duquel Gene écrira « Mercy Mary Patty ». Gene (et Lola) refuse la caricature, le parti pris, préfère le recul, l’analyse, la réflexion, le questionnement et donc le doute : « On ne trouvera dans ces pages ni victime, ni coupable, ni sainte, martyre ou héroïne révolutionnaire. », objectif ambitieux, périlleux et réussi ! Lola Lafon nous offre un livre dense et construit (nous vous laissons découvrir qui sont Mercy et Mary), une construction singulière, des personnages attachants, et surtout des interrogations toujours d’une actualité brûlante touchant à l’émancipation, la liberté, l’engagement, le féminisme, l’oppression, la pensée unique, la manipulation, rien que ça ! Puissant et passionnant !
Ecouter la lecture de la première page de "Mercy, Mary, Patty"Fiche #2009
Thème(s) : Littérature française
Olivier est prof de maths, partage sa vie avec sa compagne et ses deux enfants. Il aime le foot et malgré les années qui commencent à compter, il continue de pratiquer. Un match important l’attend, la demi-finale de la coupe de l’Hérault. Un évènement. Il s’en réjouit d’avance. Néanmoins demeure une formalité avant, aller récupérer les résultats d’une analyse suite à une fatigue subite. Et le match change de terrain. L’adversaire prend une autre figure et envergure : Olivier est atteint d’un myélome et les statistiques de cette maladie ne sont pas bonnes, peu de parieurs miseront sur son équipe, la côte est très très élevée, les bookmakers se régalent d’avance ! Alors Olivier nous fait tout partager, du vestiaire jusqu’au terrain, ses coéquipiers, ses adversaires, l’encadrement, ses joies, des désespoirs, ses peurs, ses transformations. Le CDI de la vie n’est pas encore gagné, mais c’est un hargneux, il ne lâchera pas l’affaire ! Le discours est accompagné d’un humour léger salvateur qui évite de transformer « L’homme de miel » en un match dur, violent et effrayant, mais distille une émotion permanente et contenue, une pudeur évitant pathos et voyeurisme, encadre le combat d’un Homme qui a décidé même le cou raide de rester debout et continuer de faire le choix de la vie et de l’espoir, « Oui, la vie est plutôt belle. »
Ecouter la lecture de la première page de "L'homme de miel"Fiche #2008
Thème(s) : Littérature française
Madeline (ou Linda) est une jeune adolescente, quelque peu isolée et sauvage. Même si elle fréquente l’école de la ville voisine, Whitewood, elle vit à l’écart, en forêt, à proximité des grands lacs du Minnesota, avec ses parents et ses chiens. Elle connaît comme sa poche la faune, la flore, la forêt qu’elle parcourt avec ses chiens et ses arbres, les lacs qu’elle sillonne à canoë et ses poissons : Emily Fridlund en fait une description éblouissante. Ses parents se sont installés à cet endroit après avoir fui une communauté. Son univers bascule le jour où une famille s’installe sur la rive opposée du lac. Elle observe aux jumelles l’enfant et ses parents qui appartiennent à un autre monde. Lorsqu’elle rencontre la mère Patra, celle-ci lui propose de venir s’occuper régulièrement du petit Paul, son mari, très occupé par son travail, étant reparti vers d’autres cieux… Dès les premiers instants, le malaise s’installe. Tout se déroule sans accrocs mais Paul a parfois un comportement étrange, sa mère également qui semble fragile et parfois ailleurs, leur relation est aussi singulière. Linda observe avec fascination la famille sans jugement ou avis déplacé. Elle s’installe progressivement au cœur de la famille et tisse des liens avec Paul et Patra, elle qui souhaiterait avant tout être aimée et partager. La narration est parfaitement maîtrisée, et différents thèmes (que nous vous laissons découvrir) s’entremêlent sans jamais perdre le lecteur mais en renforçant son malaise et son envoûtement comme son envie furieuse de connaître le dénouement, en sachant dès les premières pages qu’un procès est annoncé et que Linda témoignera. Un roman âpre et dérangeant. David Vann a trouvé sa consoeur et Gallmeister nous a encore déniché une pépite !
Premier roman
Fiche #2007
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Juliane Nivelt
Dix ans après, Marieke a décidé d’écrire, pour ne pas oublier cette histoire d’amitié, d’amour, de fidélité, de trahison et de secrets. Depuis leur enfance, Marieke et Veronica sont amies, inséparables. Néanmoins, leur lien semble a posteriori quelque peu déséquilibré, Veronica était toujours la première, celle qu’on regardait, celle qui captait, celle qui s’imposait (« Elle aspirait l’attention, l’admiration, et, bien sûr, aussi l’amour. »), mais Marieke lui restait fidèle et acceptait de demeurer dans l’ombre de son amie (« … je me réveillais très étonnée que Veronica m’ait choisie comme meilleure amie. »). Elles eurent toutes les deux un garçon, Veronica la première évidemment. Seule différence, Marieke continuait de partager sa vie avec son mari Calle alors que Veronica vivait seule. Veronica était musicienne tandis que Marieke était écrivain et avait réalisé son rêve, ouvrir une librairie. Toutes les deux avaient bénéficié et profité de la gentillesse, de l’attention et de l’amour de Klara, la tante de Veronica. A sa mort, désespérées, lors de son enterrement, elles s’étonnèrent de la présence d’inconnus. Elles découvrirent ensuite que chaque année, Klara s’absentait et partait pour un séjour en Malaisie dont elle ne leur avait jamais parlé. Que cachait-elle et pourquoi ? Les deux amies décidèrent de partir sur ses traces en Malaisie et à San Francisco et de percer ses mystères… Qu’allaient-elles découvrir ? Comment réagiraient-elles ? Accepteraient-elles les secrets de Klara ? Un voyage au cœur de leur intimité qui allait remettre en cause leur amitié profonde mais aussi leur permettre de mieux se connaître et mettre à jour des traits de leur personnalité qu’elles ignoraient ou préféraient se cacher. Chaque nouveau roman de Maria Ernestam surprend et envoûte le lecteur, et « Le pianiste blessé » ne fait pas exception !
« Pourquoi est-ce que rien ne perdure ? Bien sûr, nous les humains naissons pour nous battre. Mais il devrait tout de même nous être accordé de pouvoir poser le pied sur quelques pierres stables, ne pas déraper dans notre croyance illusoire en la permanence de toue chose, non ? »
« Les règles qui dictent nos comportements sont si profondément ancrées en nous que parfois, nous ne remarquons même plus que nous vivons comme si nous étions éternellement condamnés à agir à l’encontre de nos désirs véritables. »
« Mais nous ne voyons des autres que ce qu’ils nous montrent. Chacun de nous existe dans sa propre tête et dans son cœur, les seuls lieux où nous apparaissons tels que nous sommes, sans promesses et sans fard. »
« Le but de toute rencontre est de faire coïncider deux mosaïques humaines. Des fragments chatoyants de caractères, d’opinions et de rêves entrent dans un jeu de miroir, les couleurs s’intensifient et le résultat dépasse la somme des deux. »
Fiche #2005
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Anne Karila
Miguel est un vieux solitaire, à part son chien Ramon, il ne passe guère de temps avec autrui. Alors quand il reçoit une lettre de sa sœur lui annonçant qu’après la mort de son époux, elle a décidé de venir s’installer chez lui, c’en est trop ! Cette fois-ci, il ose, il refuse, il dit non, fuit le danger et préfère s’en aller avec Ramon son fidèle compagnon. Il repart à la source, prend un autobus pour retourner vers Montepalomas son village d’enfance, lieu qu’il n’a plus revu depuis la guerre civile. Tout a changé, les murs comme les âmes. Un barrage et son lac ont remplacé les vieilles pierres mais les souvenirs ne sont pas noyés et remontent à la surface. Il retrouve certains anciens et avec, les vieilles rancœurs, les vieux souvenirs, les vieilles haines… la guerre est finie depuis longtemps mais l’histoire n’est pas encore achevée. Miguel voyage entre passé et présent et les souvenirs sont éprouvants. Son frère assassiné par les Franquistes revient le hanter avec insistance, la guerre qu’il a subie, les délations, la torture, les humiliations, les manipulations de l'histoire, il ne peut avoir oublié et ce retour fait resurgir ces cauchemars. Ce voyage était néanmoins nécessaire pour constater que le passé était bien révolu, que son monde n’existait plus, une page avait été tournée et la vie continuait. A travers le portrait d’un homme simple, d’un homme du peuple, modeste qui s’est trouvé comme beaucoup sur le chemin de l’Histoire, l’a payé cher et jamais ne l’oubliera, Carine Fernandez revient brillamment sur cet épisode tragique de la guerre civile espagnole mais la place à hauteur d’homme et nous permet ainsi de suivre avec émotion le dernier voyage de ce vieil homme libre et indépendant afin qu’il constate que « .. c’est fini, son époque est morte avec ses idéaux, avec ses braves et ses démons. ».
Ecouter la lecture de la première page de "Mille ans après la guerre"Fiche #2004
Thème(s) : Littérature française
La petite fille a dix ans lorsque ses parents deviennent deux autres personnes, « mes parents deviennent un homme et une femme. Ils changent. ». Fêlure définitive. Ils divorcent, se séparent. Une trentaine d’années après, alors qu’elle est mère à son tour, elle revient sur cet épisode douloureux et va le revivre grâce à ses souvenirs (« Ecrire fait revenir les souvenirs. ») et au carnet de sa grand-mère. Cette rupture fera qu’elle ne sera jamais plus la même, un instant de bonheur avec l’un des deux et immédiatement, l’image du second apparaît accompagnée d’un sentiment de culpabilité, « Il y a toujours une part de moi près de celui avec lequel je ne suis pas. ». Un court texte, écrit avec retenue et délicatesse qui confirme qu’un divorce n’est jamais anodin et qu’il engendre parfois une plaie ouverte que même l’âge adulte et ses expériences ne peuvent cicatriser.
Ecouter la lecture de la première page de "Leur séparation"Fiche #2002
Thème(s) : Littérature française
C’est assez rare pour le souligner, Marie-Hélène Lafon cette fois reste en ville et délaisse la campagne. Néanmoins, le lecteur n’est pas perdu, car dès les premières phrases, il retrouve les mots, le style, les descriptions pointilleuses de Marie-Hélène Lafon, seul, peut-être, le rythme change pour nous parler des urbains, de leurs vies et surtout de leur solitude. Naturellement, les personnages font partie des modestes, des anonymes, et Marie Hélène excelle pour trouver le mot idoine pour décrire, faire ressentir leurs pensées, leurs sentiments, leurs façons de voir, d’exister, de rêver, elle sait trouver le mot juste, le qualificatif adéquat pour chaque personnage qui devient un intime du lecteur page après page. Le Franprix de la rue du Rendez-Vous à Paris est le lieu central où se croisent Gordana, la caissière, un homme qui vient chaque vendredi matin la rencontrer et une femme qui observe, imagine et en racontant les autres se dévoile aussi discrètement et modestement. Chacun vit sa solitude, rêve sa vie, et continue d’espérer pouvoir inventer son existence, « on peut s’attendre longtemps comme ça, on peut rester des années à se contempler, et vivre chacun de son côté. ».
Ecouter la lecture de la première page de "Nos vies"Fiche #2003
Thème(s) : Littérature française
Igor Kahn est un modeste, un invisible. Il est apprécié de tous sans être remarqué. Célibataire, un ou deux vrais amis. Le grand calme… Et puis, un jour, malgré une récente promotion, il fait partie des élus pour les licenciements, il faut bien restructurer, n’est-ce pas. Son départ se déroule dans le calme, sans éclats de voix, tranquillement. Peu de temps après, Igor gagne le gros lot au loto, de la même façon, calmement, sans excès. Il décide de s’installer au bord de l’estuaire de la Gironde, trouve quelques voisins sympathiques, et quelques passe-temps plaisants se complaisant dans sa nouvelle vie d’artiste. Il s’implique dans les associations locales et assiste même à des cours de philo où il découvre la théorie de l’happax existentiel proposée par Jankélévitch : l’happax révèle l’homme à lui-même et scinde ainsi sa vie en deux, il y a un avant et un après l’happax. Cette révélation ne bouleverse pas radicalement Igor même si, au plus profond de lui-même, il sent bien qu’il n’a pas encore vécu son happax, que les évènements de sa vie sont attendus, et son bonheur sans surprise. Alors, Igor se lance un défi, trois mois, trois mois pour trouver un nouvel élan à sa vie, de nouvelles étoiles éclairant à l'infini son existence. Igor ira en effet jusqu’au pays des luwaks pour initier et finaliser son nouveau projet de vie et apprécier les rencontres qui feront basculer son quotidien. Un récit d’une grande douceur, très rythmé qui emporte le lecteur dans le tourbillon de la vie.
Premier roman
Fiche #2000
Thème(s) : Littérature française
Hélène Gestern nous propose deux courts textes, Un vertige et Une séparation, qui se répondent et nous proposent une analyse fine, chirurgicale de l’éloignement amoureux et de la rupture : l’amour et ses multiples facettes, entre douceur et violence, du « vertige exquis » au terrifiant vertige. Elle nous décrit avec précision (comme à son habitude) les moments de tension, les moments d’attente, les moments où l’autre est l’essentiel et l’unique préoccupation, la solitude, les manipulations que l’on accepte et supporte puis qui suscitent la peur, la destruction de l’être menant à l’isolement, les indices de la future séparation que l’on commence par refuser puis que l’on accepte tout en continuant d’espérer jusqu’à l’issue fatale où seuls les souvenirs demeurent.
Ecouter la lecture de la première page de "Un vertige"Fiche #2001
Thème(s) : Littérature française
Erwan Lahrer le clame d’emblée, voilà le livre qu’il n’aurait jamais pensé écrire ! Erwan Lahrer écoute du rock depuis son adolescence, et sa passion n’a pas faibli, il continue même de porter ces fameuses santiags ! Alors il faisait en effet parti des fans impatients de voir et d’écouter Eagles of Death Metal au Bataclan le 13 novembre 2015. Etonnamment il était seul pour ce concert, il arriva avec ses santiags mais sans son portable pendant la première partie, trouva tranquillement une place pour la suite, observa ceux avec qui il allait partager ces instants lumineux et puis il dut se coucher, s’allonger, fermer les yeux et écouter, l’enfer s’invita dans la salle sous la forme de trois jeunes armés de kalachnikov. Erwan fut blessé, une balle dans les fesses, souffrit, douta souvent, pleura parfois, rencontra un personnel médical attentionné, professionnel et efficace, ressassa évidemment ses instants tragiques et rapidement se posa la question de l’écriture. Ses proches l’incitaient, il restait rétif, car « Tu ne sais pas relater. Relater t’ennuie. Relater t’enferme. » mais « L’époque exige l’autofiction. Traque l’individu entre les lignes de l’auteur. D’après une histoire vraie valorise. Les temps sont au voyeurisme. Or, si un roman n’est pas plus grand que la vie, à quoi bon ? » L’auteur et l’homme étaient aux premières loges, ils ont tous les deux un trou dans les fesses et « ne bandent plus ». Alors que dire ? que conter ? Comment le dire ? sous quelle forme ? L’écrivain s’interroge, l’homme aussi. Ils prennent l’avis de leurs amis, n’ont-ils pas aussi leur mot à dire sur cette soirée ? Qu’ont-ils pensé, ressenti quand ils ont appris la présence d’Erwan au Bataclan, quand ils sont restés de longues heures sans nouvelles, quand ils ont appris ses blessures ? Cette soirée est une expérience individuelle autant que collective, alors il va le faire, ou plutôt, ils vont le faire, nous narrer cette soirée, comme celles qui l’ont précédée et celles qui la suivront. Un récit émouvant, sincère, bouleversant, modeste, non dénué d’humour et d’espoir, et qui nous interroge ; une construction originale et brillante, un rythme soutenu, Erwan Lahrer réussit le tour de force de susciter espoir en relatant ces évènements d’une noirceur absolue, un grand roman bien loin des témoignages basiques et des poncifs habituels qui accompagnent parfois la narration de ces tragédies.
Ecouter la lecture de la première page de "Le livre que je ne voulais pas écrire"Fiche #1998
Thème(s) : Littérature française
Pierre a été reconnu bipolaire dès l’âge de 20 ans. Il séjourne régulièrement dans des établissements spécialisés et retrouvent ses frères de la nuit. Il les connaît tous et les médecins ont pris l’habitude, lui le journaliste de l’Humanité, de lui adjoindre Lucas, un financier. Conscients de leur état, ils peuvent en plaisanter et Lucas a l’humour dévastateur et l’ironie facile notamment concernant leur différence de points de vue économique et social. Son père continue de l’aider, de le soutenir tendrement et lui rend visite régulièrement ce qui incite Pierre à évoquer ses origines et sa terre. Il est issu d’une famille cévenole, ancrée dans sa région, dans son village capable de vivre quasiment en autarcie. Son père est garde-chasse mais un garde-chasse qui aime la nature, les arbres, et la poésie. Pierre développe un sentiment de culpabilité récurrent, d’avoir abandonné ce monde, de l’avoir délaissé et d’avoir donc participer à son effondrement. Car, ce monde se meurt, sa disparition approche, et Pierre ne peut l’accepter. Comme il ne peut accepter les discours des élites bourgeoises auxquelles appartient sa femme et sa famille. Pierre est bipolaire mais c’est aussi un être entier, écorché vif qui ne peut accepter les injustices, la bien-pensance et l’hypocrisie, et cela produit donc un mélange détonnant : Pierre ne peut jamais se retenir très longtemps ! Un récit autobiographique sous forme de cri, qui ne cache pas la violence prête à jaillir, qui nous parle aussi du monde médical psychiatrique au cœur du quotidien de Pierre, de feu la paysannerie mais aussi de sa vision du monde.
Premier roman (récit)
« C’est simple, le monde, c’est pas complexe, comme racontent un paquet de connards en permanence. Il y a les dominants, vous voyez, et il y a les dominés… et il faut juste choisir son camp. »
Fiche #1999
Thème(s) : Littérature française
Jeanne et Rémy forment un couple heureux. Depuis longtemps. Très longtemps. Ils se sont mariés jeunes, ont eu deux jumelles et la vie continue, sereinement, simplement, comme un petit ronronnement répétitif et sans surprise, dans la vie intime comme dans la vie professionnelle. Alors Jeanne tente de s’accorder, de capter quelques instants, quelques éclairs de liberté, filets de lumière éblouissants. D’abord dans sa vie routinière par quelques actions singulières, quelques beaux moments inattendus, mais aussi dans son admiration ultime de la plasticienne Marina Abramović qu’un professeur lui avait fait découvrir l’année du bac. Jeanne vivra un été particulier, sa meilleure amie se fait plaquer par son mari pour une plus jeune femme, elle croise son amour d’adolescente jamais oublié, elle rencontre la performeuse dans une entrevue silencieuse mais mémorable, autant d’évènements où Jeanne pourra choisir, apprécier quelques espaces de liberté mais aussi ressentir la poésie de la vie, appréhender « l’utilité de l’inutile » et l’élégance du quotidien.
« Les femmes ne sont pas moins fortes que les hommes, non, ce n’est pas ça, mais elles renoncent. Elles laissent leurs rêves pour réaliser ceux des hommes. »
Fiche #1997
Thème(s) : Littérature française
Antoine est appelé pour l’Algérie en 1960. Fils d’un communiste qui refuse l’Algérie française, il ne portera pas les armes mais les brancards. Pourtant sauver et soigner se révèleront tout aussi éprouvants et dangereux que combattre. Non seulement, la mort peut le rattraper à tout instant comme chaque soldat mais il est aussi confronté quotidiennement aux morts, aux blessés, aux membres déchiquetés, aux souffrances corporelles ou psychiques, aux peurs. Et à chaque fois, il doit décider quitte à se tromper, « … cette responsabilité, celle de ne pas accomplir les bons gestes à temps. ». Il se transforme parfois en confident et se retrouve face à la guerre et à ses horreurs. Comment réussir à se soustraire à ce cauchemar ? Comment sortir du silence qu’imposent ces faits ? Lila, sa femme, enceinte (elle accouchera d’une petite fille), a décidé malgré le danger de le rejoindre à Sidi-Bel-Abbès, « Antoine va et vient entre les blessés et sa femme, ici la mort qui rôde et là la vie à venir. C’est un étrange face-à-face… ». Et surtout, il passe beaucoup de temps avec Oscar amputé d’une jambe qui refuse de parler ; il finira par gagner sa confiance et apprendra sa tragique histoire. Brigitte Giraud nous délivre un roman poignant, portrait d’un homme modeste qui jamais n’oubliera sa fraternité ni naturellement les ravages de la guerre et saura résister pour ne jamais sombrer dans la sauvagerie et la barbarie.
Ecouter la lecture de la première page de "Un loup pour l'homme"Fiche #1995
Thème(s) : Littérature française
Danielle, 70 ans, est une ancienne neurologue appartenant à une famille de scientifiques. Elle accueille les siens chaque été dans sa villa non loin de Sanary, notamment son fils médecin psychiatre et son petit-fils élève en prépa évidemment brillant et promis à un bel avenir. Le mot émotion a été effacé par la famille, chez ces gens là, tout est en retenu, en maîtrise. Ces gens savent que tout peut s’expliquer scientifiquement, froidement, du fait le plus anodin au sentiment le plus extrême. Alors ne nous laissons pas aller… froideur et décence, sans jamais laisser transparaître ses sentiments… Mais cette année, tout change : Danielle a embauché une jeune employée de maison, Prisca. Personne ne sait grand-chose de cette jeune femme étrange et souriante. Elle les attire, les bouscule, les provoque et va les révéler à eux-mêmes. Elle les contraindra à se questionner sur eux-mêmes, sur leur passé, leur vie et leur avenir. Une petite piqûre finalement bien aimable qui les incitera à réagir, à se réveiller, à affronter le danger de la vie en sortant de celle formatée et sans surprise dans laquelle jusqu’à maintenant ils s’isolaient et dont ils se contentaient fièrement.
Ecouter la lecture de la première page de "Une mer d'huile"Fiche #1994
Thème(s) : Littérature française
François est amoureux, terriblement. Et ce qu’il redoute le plus, c’est que cet amour s’estompe. Il le sait, cela arrivera, c’est certain. Alors ne vaut-il pas mieux que cet amour s’arrête subitement à son apogée ? Et pour cela, il doit disparaître. Il causera évidemment de la peine à ceux qui l’aiment, mais il laissera une trace indélébile et l’amour subsistera, éternel, et puis, finalement, c’est presque jubilatoire de voir l’être aimé partir avec son urne... Alors, François organise son décès et meurt puis charge son ami Didier d’annoncer sa disparition. Néanmoins, l’amour peut réapparaître à chaque instant et François le rencontre à nouveau et les doutes et les peurs réapparaissent. Il ne voit pas d’autres solutions, une nouvelle mort au grand dam de Didier qui commence de se lasser d’être le messager de la mauvaise nouvelle ! Un processus infini (l’amour n’est-il pas infini ?) qui le mènera à devenir invisible ! Vif, surprenant, surréaliste et souvent drôle !
« La sociabilité est comme un muscle. Quand on ne s’en sert pas, elle s’atrophie. »
Fiche #1993
Thème(s) : Littérature française
Deux images d’enfants bouleversent un homme, un père, « Des images on ne ressort pas, ni ceux qui les habitent, ni ceux qui les regardent. ». On affirme parfois que tous les enfants sont les mêmes ou se ressemblent, mais ces deux enfants là sont différents. Le premier est couché sur une plage, immobile, silencieux, et mort. Le second vient de voir la mer engloutir ses êtres chers et il gesticule et hurle son désespoir. Deux chocs, deux images, une fixe une animée, une fictionnelle une réelle, deux images qui s’entrechoquent, s’unissent et se repoussent. Mais pour une explosion émotive similaire. Deux petits garçons qui lui rappellent naturellement son enfance mais aussi ses deux enfants. Que lui racontent ces deux images sur lui-même, sur son enfance au bord de la mer ? Que font-elles de lui ? Quel fantôme réveillent-elles ? Un roman qui bouscule le lecteur, par le fond et la forme, en abordant avec émotion et retenue, la force de l’image, les hommes devenus père, la paternité et l’enfance, et la vie et ses fantômes.
« On répond comme on peut. Mais ça ne suffit pas. Ca ne suffit jamais. »
Fiche #1992
Thème(s) : Littérature française
Dans ce roman d’apprentissage, Yves Bichet décrit le parcours initiatique du jeune Théo, 18 ans, qui aurait voulu être professeur de gymnastique et qui va faire son entrée dans la vie adulte dans des circonstances tragiques : « L’amour et la guerre frappent conjointement à sa porte. ». En 1961, l’Algérie n’est pas encore une guerre parait-il mais les morts déjà ne se comptent plus et son meilleur ami, Antoine, est revenu des combats mais dans le coma. C’est en lui rendant visite à l’hôpital qu’il découvre l’amour avec la mère d’Antoine tout d’abord puis avec Mila, une jeune femme libre, indépendante qui a pris la foudre et s’en est trouvée meurtrie à jamais. Elle va l’éclairer sur le conflit et le mener à refuser la guerre (« Toutes les guerres sont perdues d’avance… ») alors que l’objection de conscience n’est pas encore reconnue, et dans la clandestinité, on devient vite adulte...
Ecouter la lecture de la première page de "Indocile"Fiche #1991
Thème(s) : Littérature française
Manon apprend le grave accident de sa mère par sa sœur, au téléphone. La situation est grave, elle est plongée dans un profond coma. Manon n’a pas oublié les discussions avec sa mère quand elle était encore en pleine santé et possession de ses moyens : ne pas devenir un légume, en finir avant tout état végétatif, c’était une évidence. Alors Manon clame immédiatement, sans retenue, sans réfléchir, naturellement, « Autant qu’elle meure. ». Le père, et les deux autres enfants, choqués par cette réaction, refusent cette issue et la trouvent prématurée (« A partir de quand, me dis-je, à partir de quand est-il raisonnable de prononcer le mot ‘euthanasie’ sans passer pour un monstre ? »). Le premier roman de Charlotte Pons aborde donc au cœur d’une famille la fin de vie et l’euthanasie. Manon s’installe chez son père, frère et sœurs se retrouvent, ils ont grandi, vieilli mais sont encore enfants sans plus partager grand-chose (« Nos vies d’adulte pèsent bien plus que notre histoire commune et si elles nous éloignent les uns des autres, voire nous dressent les uns contre les autres, nous n’y trouvons rien à redire. »). L’état de la mère devient une préoccupation de tous les instants, agir, attendre, qui doit décider, quand décider… La question touche au présent mais aussi au passé, aux relations entre la mère et ses enfants, entre le frère et ses sœurs, entre les sœurs, entre le père et la mère, aux relations familiales dans leur globalité : « Il n’est pas question seulement d’euthanasie mais bien du lien que chacun d’entre nous entretient avec elle. Il est question d’être encore un enfant, une bonne fille, un bon fils. ». Charlotte Pons réussit à aborder de front une tragédie ordinaire qui guette chacun d’entre nous avec émotion naturellement, mais sans tristesse, met clairement en évidence les tensions familiales, l’impact du passé familial, malaxe l’humain et sa psychologie avec réalisme.
Premier roman
Fiche #1989
Thème(s) : Littérature française
Marie et Pierre sont jumeaux, orphelins de l’Assistance, d’abord placés de famille et famille, ils sont ensuite séparés et se retrouvent tous les deux dans une Institution. Ils sont surveillés, battus, peu nourris, habillés avec des loques. Le couple qui dirige ces institutions et les quelques adultes les accompagnant sont sans pitié. A part l’instituteur, aucun adulte ne vient à leur secours et quand cela arrive, ce couple infernal l’éloigne de leur établissement. Mais Pierre et Marie ne peuvent supporter cette vie et leur séparation mais aussi le traitement affligé à leurs amis, « les moins-que-rien ». Ils décident de réagir et de se révolter, d’abord avec quelques-uns puis d’autres suivront. Ils commenceront par aller conter leur quotidien au nouveau sous-préfet espérant trouver une oreille attentive et compréhensive… Récit très rythmé d’une histoire émouvante inspirée d’un fait réel de 1910 (dans le Morvan) avec un joli portrait d’un gamin intelligent, vif, volontaire et refusant l’injustice et la violence.
Fiche #1988
Thème(s) : Jeunesse
Pierre Bordage, expert de l'Imaginaire, nous propose étonnamment une rencontre très réelle, tellement humaine... une plongée au cœur d’un petite communauté partageant une passion vertigineuse, le jeu. Des habitués du casino qui ne comptent plus les heures passées à trembler devant la roulette et cette satanée petite boule qui saute de case en case. Les habitués finissent par se connaître, savent qu’ils souffrent du même mal ce qui génère souvent une solidarité et une entraide attendrissantes, et finissent par lier une relation avec toujours le casino comme point d’ancrage. Un texte très dangereux, car malgré la description précise du danger extrême d’addiction comme de celui d’y laisser quelques menues monnaies (…), le mal est si bien décrit que vous risquez d’avoir très envie de passer la porte d’un casino pour rencontrer cette petite boule et le grand frisson qu’elle procure !
Ecouter la lecture de la première page de "Tout sur le zéro"Fiche #1987
Thème(s) : Littérature française
En juillet 59, Che Guevara et son équipe parcourent le monde notamment pour trouver de l’aide, des armes ou autres matières premières pour atténuer l’emprise américaine. Il a laissé sa jeune épouse à la Havane et elle lui manque. « Tea time à New Delhi » relate son étape en Inde et sa rencontre avec Indira Gandhi. Elle n’a pas à l’époque l’aura du Che même si elle œuvre déjà aux côtés de son père, Nehru. La rencontre entre le Che et Nehru dégage une certaine tension, mais Indira demande à rencontrer Che Guevara seul. Immédiatement s’installe une connivence évidente entre eux, ils constatent en effet une certaine convergence de vue sur de nombreuses problématiques (humaines, politiques, philosophiques, littéraires…) et nous partageons leurs discussions. Le récit nous remémore l’histoire du Che parfois digne des meilleurs romans d’espionnage, et celle d’Indira, ils finiront tous les deux tragiquement leur existence sans avoir oublié leurs idéaux initiaux et en tentant toujours d’y rester le plus fidèle. Un roman captivant qui nous permet de partager les réflexions de deux grands personnages sensibles et épris de justice ainsi qu’un rappel historique enrichissant dont certains points ont toujours une actualité brûlante.
Ecouter la lecture de la première page de "Tea time à New Dehli"Fiche #1986
Thème(s) : Littérature étrangère
Erwan a du temps devant lui pour réfléchir. Il est en cellule et encore pour de longues années. Il lui est donc possible de songer à l’évènement, à l’instant où tout a basculé, où sa vie a définitivement pris une autre direction, loin de celles de son frère, sa femme et ses deux petites filles. Erwan était ouvrier dans un abattoir de la banlieue d’Angers. Chaque jour, il prend sa voiture pour rejoindre les frigos, ses collègues, ses chefs mais surtout les carcasses et les machines inépuisables qui transportent, coupent… Travail à la chaîne, dans le froid et le bruit, des sons métalliques qui vous habitent bien longtemps après avoir quitté l’usine (« Je vis pour l’usine. Je vis par l’usine. Même ici. Elle s’est greffée à moi. »), des odeurs, des images qui vous font réveiller en sueur en pleine nuit. Rien pour s’échapper, pour fuir, tenter simplement de survivre. Une répétition à l’infini des gestes et des carcasses qui défilent les unes après les autres. A peine embauché, le seul espoir réside en la retraite et de pouvoir en profiter quelques temps, quelques mois, quelques années au plus... Seul rayon de soleil, sa rencontre avec Laëtitia, une étudiante venue pour un stage d’été. Mais qui peut envisager de vivre durablement avec un gars travaillant aux abattoirs, dans les carcasses et le sang ? Un texte prenant qui met en avant un invisible, bien loin des reportages habituels qui vont exclusivement évoquer la souffrance animale, pourtant l’un n’excluant pas l’autre, Timothée Demeillers nous parle aussi sans artifice de la souffrance humaine, du monde du travail où s’accomplir demeure une affirmation simplement inenvisageable, une utopie. L’écriture et le style rendent parfaitement l’ambiance, l’âpreté et la difficulté du travail, sa répétitivité, les odeurs, l’agressivité des machines et des supérieurs. Une très belle et percutante découverte.
« Ceux que les mêmes gestes répétés à l’infini sur quarante ans n’ont pas trop amochés. Les mêmes gestes. Les mêmes mouvements du corps. Les mêmes muscles qui travaillent. Les mêmes tendons, les mêmes os. Les mêmes os, qui au fil du temps se déforment, se calcifient. On devient des sortes de mutants, à travailler à la chaîne. On devrait étudier ça en anatomie. Le corps d’un ouvrier à la chaîne. Les transformations du corps d’un ouvrier à la chaîne. Les douleurs. Les maux. La journée, ça va encore. Parce que les muscles sont chauds. Parce que les tendons sont chauds. Mais une fois au repos. La nuit. Les douleurs apparaissent. Les sales douleurs de trop répéter les mêmes mouvements mécaniques. Avec l’angoisse croissante de se dire que demain ça n’ira que plus mal. Parce qu’il faudra y retourner. Il faudra recommencer. »
Fiche #1985
Thème(s) : Littérature française
Sonja est une jeune femme rousse qui attire l’œil des hommes. Elle erre sur les routes depuis son retour d’Afghanistan après s’être engagée volontaire comme infirmière. Elle semble être partie confiante en ses idéaux et dans le discours officiel. La guerre et ses atrocités la ramèneront à d’autres réalités et sentiments qui l’inciteront en effet à son retour à ne pas rejoindre son mari et son jeune fils. Elle se retrouve à Mèze dans l’Hérault dans son van éreinté avec lequel elle se déplace et vit. Elle rencontre Pierre, ancien champion olympique de saut à la perche qui vend des poulets grillés. L’homme semble différent, son regard l’aspire. Pour la première fois, elle va à nouveau accepter l’autre, l’écouter et enfin réussir à parler de son histoire. Un sauteur à la perche s’élève dans les airs, vole dans un instant de grâce puis retombe. Et Pierre depuis son saut victorieux des JO n’en finit plus de chuter. Sa rencontre avec Sonja semble stopper ou du moins ralentir cette chute, petite étincelle qui le ramène à la vie. A leurs côtés, deux autres écorchés, Abbes, ami d’enfance de Pierre et fils de harki qui n’en a pas encore fini avec son désir de vengeance et Sabine qui espère sincèrement aider Sonja et l’accueillir dans son appartement et son lit. Ludovic Ninet relate avec précision, presque cliniquement, le quotidien de ce quatuor naufragé souvent lassé par la vie mais aussi leurs sentiments les plus intimes, leurs envies et phantasmes, leurs peurs, leurs espoirs et désespoirs… Chaque personnage apporte sa pierre aux thèmes du roman, la survie après la guerre, le suicide, l’amour, la vie de couple, un roman prenant, émouvant, sensible, des personnages attachants et inoubliables, une ambiance noire évidemment mais une lueur d’espoir continue de poindre tant que la vie est là… Un premier roman particulièrement réussi à découvrir absolument.
Premier roman
Fiche #1984
Thème(s) : Littérature française
Un petit album débordant de tendresse et d’émotions pour évoquer la mort (sans jamais la nommer) d’un petit compagnon à poils. Peu de texte, un dessin épuré, beaucoup de poésie et un système de calques pour évoquer l’omniprésence du disparu.
Fiche #1982
Thème(s) : Jeunesse
TIRSO
David MUNOZ
Les traqueurs - L'arme perdue des Dieux - Vol 1
Glénat
2 | 57 pages | 05-07-2017 | 14.95€
Le royaume d’Angleterre au XVII ème a encore une flotte efficace et fournie. Un groupe de scientifiques toujours aussi motivés à peine revenu d’expédition prépare la suivante. Une expédition périlleuse tant sur mer que sur terre : ils sont décidés à rejoindre la péninsule du Yucatan pour y capturer une créature aussi dangereuse que légendaire, le cerbère des dieux. Les circonstances amènent le jeune Jonas, amoureux des végétaux de sa serre, à prendre part au voyage. Un premier volume superbe, le dessin travaillé à souhait, les couleurs superbes, le récit rythmé et une sublime dernière page qui annonce un deuxième volume terrifiant !
Fiche #1983
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Jozef a quinze ans et l’école est déjà loin pour lui. A part pour y emmener sa petite sœur Ludmila qui l’adore. Il est déjà connu de la police quand, avec son pote Darius, ils décident de braquer la supérette du quartier. Ils se font évidemment prendre et se retrouvent au commissariat, Jozef menotté au radiateur. Il le sait, il le sent, il ne pourra sortir par la porte. En effet, Darius, après des aveux, est relâché et pour Jozef, le Centre Educatif Fermé est au programme ! Néanmoins, il réussit à s’échapper et le lecteur suivra sa cavale presque minute par minute dans un récit rythmé ; un parcours qui nous permet de comprendre cet ado se débattant dans le monde des exclus, en marge mais qui lui permet aussi de se découvrir. Le parcours chaotique d’un ado entre violence et tendresse qui saura faire le choix entre devenir un petit caïd aux gros bras sans avenir et apprendre à pleurer et à penser à demain même dans un monde guère accueillant.
Ecouter la lecture de la première page de "Jusqu'ici tout va bien"Fiche #1981
Thème(s) : Jeunesse
Nouvelle consultation des comptes-rendus de lecture
Les comptes-rendus de lecture de l'année précédente (2016-2017)
Les comptes-rendus de lecture de l'année suivante (2018-2019)
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