« … toute société en dégénérescence est obnubilée par la surveillance et la peur. »
Violaine Bérot
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Dans un village du Morvan, trois jeunes, les Zéros, sont inséparables. Matéo, Richard et José ne se quittent jamais, des caractères très différents mais une amitié profonde et surtout une passion partagée et absolue pour Héros une BD. Ils attendent chaque nouveau numéro avec tension et impatience. Chaque volume est conservé avec précaution. Héros n’est en effet pas une BD comme les autres et même pour José, c’est bien plus qu’une BD, elle « dévoile l’indicible », dissimule des messages, des vérités, annonce des évènements mystérieux, seuls les initiés les détectent et il en fait partie. La passion les pousse à écrire et dessiner leur propre série, une nouvelle saga mythique dans la même lignée. C’est un soir où ils discutent de leur projet qu’un homme gravement blessé apparaît mystérieusement, leur confie une fiole avec un liquide étrange avant que des hommes armés les pourchassent. Avec Héros, ils avaient appris à croire en l’impossible, la réalité les rattrape ! Richard s’apercevra rapidement qu’il est maintenant doté de pouvoir très singulier et incroyable. Le village morvandiau ne sera plus jamais le même, ils vont découvrir un monde parallèle auquel participent des gens qu’ils connaissent très bien et prêts à tout pour conserver leur pouvoir et prendre le pouvoir. Imaginaire ou réalité, super-pouvoir, danger et violence, lutte de pouvoir, dangereux monstres, créatures maléfiques, mais aussi histoires familiales et relations d’ados « classiques », un récit dense et tendu qui oscille parfaitement entre deux mondes.
Ecouter la lecture de la première page de "Héros - Livre 1 - Le réveil"Fiche #2367
Thème(s) : Jeunesse
Juliette est encore une enfant. Elle vit avec sa mère d’origine polonaise, coiffeuse à domicile, son petit frère et sa petite sœur. Son père a pris la poudre d’escampette avec une plus jeune femme. D’un côté, la galère est souvent le quotidien de sa mère, de l’autre celui de son père est plus serein. Alors quand elle souffre d’un mal de ventre aigu, l’appendicite est naturellement la première hypothèse. Néanmoins, Juliette quitte sa mère devant sa réaction et rejoint sa grand-mère officiellement pour soigner une maladie contagieuse. Il n’en est rien, Juliette est en effet enceinte de plus de six mois. Tom, un Australien de passage qui l’a surnommée Bluebird, est reparti sans savoir. Elle sera seule à assumer, à choisir, à décider : abandonner l’enfant ou le garder. Alors Juliette choisit d’écrire à cet enfant une longue lettre, franche, ne cachant aucun sentiment, aucune sensation. Elle parle de ce déni de grossesse à cet être qu’elle n’a pas su voir ou qui s’est trop bien caché, elle lui parle de l’enfant qu’elle est, de ses doutes, ses peurs, de son questionnement (qu’est-ce qu’être enceinte ? peut-on être mère à seize ans ? …), comme de ses émotions et ses rêves. Elle esquisse ainsi un délicat autoportrait, ses relations avec sa famille, mère, frère et sœur, père, belle-mère, et grand-mère, leur réaction à l’annonce de sa grossesse, son parcours devant la psy et l’assistante sociale. Elle relate aussi sa rencontre avec Yvette, une femme africaine violée, et de son expérience de la maternité puis de l’amour maternel. Un court texte d’une émotion constante, une confession délicate avec les mots universels et intemporels d’une adolescente seule devant la maternité, fondement d’une nouvelle existence quelle que soit sa décision finale.
« On a tous besoin de quelqu’un qui caresse notre visage, qui attache sur nous ses yeux doux, qui nous murmure des mots qui n’appartiennent à personne. »
Fiche #2366
Thème(s) : Littérature étrangère
Pippo petit-fils d’émigrants italiens né en France est français. Il est architecte et ne connaît pas grand-chose de ses origines. Sa mère atteinte de la maladie d’Alzheimer voit sa mémoire disparaître. Alors il décide qu’il est temps pour lui de partir à la recherche de ses racines dans le Cilento, région pauvre au sud de Naples. Il y rencontre la belle et attirante Gina qui travaille au musée de Paestum qui va l’épauler dans ce voyage dans le temps : l’Italie d’aujourd’hui et ses positions contrastées devant les migrants, l’Italie de Mussolini entre résistance (son grand-père a aidé un couple attachant d’archéologues opposants) et régime totalitaire, moment de l’histoire où l’étranger est déjà mis à l’index et où les origines de l’Italie sont niées, l’Italie plus ancienne qui doit beaucoup à l’évidence à la Grèce. Un roman important entre passé et présent au moment où l’Europe d’aujourd’hui timorée continue d’oublier que nous ne sommes que mélange et tous des migrants passés ou futurs, c’est donc aussi nous qui débarquons sur les plages méditerranéennes.
Ecouter la lecture de la première page de "Les aventuriers du Cilento"Fiche #2364
Thème(s) : Littérature française
Le narrateur a choisi ou subi l’exil. Il est installé aux Etats-Unis avec sa famille, Arabe israélien, il a quitté Israël avec sa femme et ses trois enfants. Ecrivain, il a publié une nouvelle, seule fiction de son catalogue, qui fit scandale en Israël et orienta définitivement son existence. Depuis, il est nègre et après des interviews enregistrées sur cassette, il retranscrit, modifie, reformule des identités, des biographies au cœur desquelles il arrive à parler aussi de lui. Il mêle ainsi fiction et réalité sans pouvoir toujours exprimer la totalité de ses sentiments. Son père hospitalisé après un infarctus, il revient en Israël, retrouve les odeurs, les peurs et inquiétudes du pays, les relations entre Israéliens et Arabes mais aussi entre Arabes mais sa place n’est toujours pas là à l’évidence. Où est sa place ? En existe-t-il une ? La réalité de son exil semble indiquer que non. Entre fiction et réalité, un émouvant portrait d’un homme seul, rejeté et à l’identité floue.
Ecouter la lecture de la première page de "Les modifications"Fiche #2365
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Jean-Luc Allouche
Freyja et Huldar sont de retour : elle travaille toujours comme psychologue à la Maison des Enfants et il est encore flic. Leur dernière collaboration (cf. ADN) s’est mal terminée et a quelque peu perturbé leur vie professionnelle ultérieure. Huldar est maintenant relégué aux taches annexes, notamment rechercher la signification et l’enfant auteur dix ans plus tôt d’une lettre annonçant la mort de six personnes désignées par leurs initiales. Et c’est lors d’une vérification anecdotique qu’on a bien voulu lui confier qu’il découvre deux mains dans un jacuzzi ! Ce n’est que le début de l’horreur, violence aussi bien psychologique que physique ! Ils ne seront donc pas trop de deux (Freyja et Huldar) pour espérer tirer les fils de cette histoire de vengeance diabolique. Et ce ne sera pas simple tant l’affaire est complexe, que les relations entre la psy et le flic sont hésitantes et que leur hiérarchie parfois peu coopérative. Un polar très noir au cœur des traumatismes de l’enfance, Yrsa Sigurdardottir même sans un rythme échevelé nous tient en haleine du début à la fin, elle est trop forte ! Et bonne nouvelle, le couple Freyja-Huldar ne s’est pas encore trouvé, on espère donc une suite !
Ecouter la lecture de la première page de "Succion"Fiche #2363
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction :
Catherine Mercy, Véronique Mercy
Irène vit comme elle le peut dans une petite bourgade de l’Hérault, « Un de ces endroits où on arrive parce que les loyers n’y sont pas chers, et d’où on ne repart plus parce que s’ils n’y sont pas chers, c’est qu’on n’y trouve pas de boulot. » Ses enfants, Jérémie, Larissa, Richard et Suzy, entre seize et vingt-deux ans, habitent le même monde qu’elle, le monde de la débrouille, des petits boulots, des précaires, des p’tites affaires, de la pauvreté. Et Irène a du caractère, et la colère s’installe, croît sereinement devant les injustices et le mépris quotidiens. Et c’est d’une prostate que naît un cataclysme familial. Après avoir déposé son père à l’hôpital, elle le récupère le lendemain sans prostate, souffrant, blême, avec deux mètres d’intestin en moins et un orgueil atteint par un toucher rectal offensant ! C’est en trop, « … je laissais juste la rage sortir. » Une rage qui vient du cœur, qui vient des tripes, incontrôlable. Ce monde inaccessible avec ses dominants, ses petites mains qui exécutent et pérennisent le système, ce système social bien réflèchi pour que chacun reste à sa place, ce monde va trembler, Irène entre en guerre et ça va saigner. Elle attaque par « le bas » de l’échelle mais est bien décidée à monter les barreaux un à un ! Et belle surprise pour Irène, sa tribu lui emboîte le pas, et celle-ci très imaginative est loin d’être maladroite. Son père va vivre une fin de vie en apothéose et quand tout ce beau monde se retrouve au cœur d’une fête organisée dans le château de bourgeoises accueillant le beau monde bien propre en apparence, quel feu d’artifice ! Quelle folie, on se marre et on se dit parfois, pourquoi pas et c'est pour quand ?
« Apparemment, la façon dont les émeraudes passent des entrailles des pays pauvres aux bijouteries des pays riches ne pose pas de problèmes moraux. En revanche, la façon dont les émeraudes passent des bijouteries dans les poches des pauvres des pays riches est un scandale insupportable. »
« Des croyants de la démocratie, des culs-bénits de l’Etat Social. Qui ne voient vraiment aucun inconvénient à ce que les flics prolifèrent, à ce que les taules existent, à ce que la justice soit rendue. Qui trouvent absolument normal qu’il y ait des maîtres et des esclaves, des patrons et des employés. Des patrons qui se torchent avec la peau des employés et des employés qui disent merci patron. Qui trouvent que tout ne va pas si mal dans ce monde tout à fait acceptable et qui pourrait être pire. Qui parait-il est pire ailleurs. »
« C’est un des avantages de l’inconvénient d’être sans emploi, on n’a pas de maille mais on a du temps. Comme l’avait toujours dit mon père, OK, le temps c’est de l’argent, mais l’argent c’est du temps. Ici, tout le monde avait l’emploi de son temps, faute d’un emploi tout court. »
« J’aurais même pas pu dire quelle gueule il avait le président. Il changeait tout le temps. Un masque de clown interchangeable sur un corps politique qui tendait à notre progressive extermination, dans des formes qui ne fassent pas bouger les contours extérieurs de la démocratie. Doigté et élégance, les souris votent pour le chat. »
Fiche #2362
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
James Vann est de retour en Californie. Il débarque depuis l’Alaska et retrouve sa famille, parents, frère, ex-femme et David et Cheryl, ses deux enfants. Une famille inquiète. Son frère le prend en charge dès son arrivée à l’aéroport et tente d’établir le dialogue, de le soutenir. James en effet ne le cache pas, c’est certainement son dernier voyage, il a décidé d’en finir, il est venu avec son Magnum et il ne repartira pas. Il est en perpétuel questionnement, « Mais je n’arrive pas à interrompre mes pensées. Mon cerveau ne s’arrête jamais. » Pourquoi vivons-nous ? Quelle est notre place, pourquoi continuons-nous d’explorer le chemin ? Des raisons mercantiles ? égoïstes ? « Je pense que c’est le problème, cet instant où j’ai commencé à avoir besoin d’une raison. Qui sait pourquoi cet instant est apparu. » Un questionnement vertigineux. En outre, face à son passé, il considère sa vie ratée, deux vies de couple, deux séparations, un père à temps partiel, le fisc qui lui tombe dessus… Ses « cogitations sur l’existence, lancinantes et infinies, à toujours tout remettre en question » font que vivre devient une épreuve insurmontable. Mais Doug veille et le surveille, le prend sur son dos et tente désespérément de le ramener sur le chemin de la vie, tout vie mérite d’être vécue. Et naturellement la tâche est ardue, pénible. Le lecteur suit assidûment cette épreuve, les efforts de Doug et même parfois de James et espère jusqu’au bout que James déposera le Magnum au fond de sac, reviendra sur son choix définitif et retrouvera une place auprès de ses enfants et de la vie. Un récit qui plonge au cœur de la torture psychologique qui étouffe un homme sans réponse qui peut être lu comme un préquel ou un miroir à l’inoubliable Sukkwan Island.
« …il aimerait pouvoir la rassurer, être un père, être normal, être celui qu’il est censé être, mais c’est tout bonnement impossible. Comment réussissait-il à le faire avant ? »
« Comme ce serait incroyable de dormir, simplement. »
« Aucun néant ne peut être assez vide pour effacer tout ce que nous avons aimé ou tout ce qui nous manque. »
« Et un sentiment terrible de perte…. Une caverne en lui, insondable. Une pierre y tomberait pour l’éternité. »
Fiche #2361
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Laura Derajinski
Des citadins pensent partir en vacances et se retrouvent dans un endroit isolé de la forêt bien loin des villes. Ils se préparent à un joli moment, vivre ensemble, petit communauté l’espace d’un instant, dans la sérénité et la joie, au cœur d’une nature accueillante. Mais « Les gens de la clairière » prend rapidement la forme d’un conte, or les contes peuvent aussi être noirs et terrifiants. Dans cette solitude, ils vont devoir trouver de la nourriture, être confrontés à la mort, même les enfants vont s’adonner à des jeux cruels, et s’apercevoir que la nature n’est pas aussi bienveillante qu’ils le supposaient, « c’est comme ci on était en guerre contre d’invisibles ennemis. » Dans le chaos, « la civilisation ne nous a pas laissé grand-chose. » « Faire la part du feu et ensuite reconstruire. Nous ne sommes pas armés contre le Désordre. Nous allons apprendre à l’être. » et « Les gens de la clairière » est peut-être la première leçon pour nous y préparer ! Pour information, ce roman a été publié pour la première fois en 1971 et son auteur a ensuite disparu dans une clairière inconnue de tous !
Ecouter la lecture de la première page de "Les gens de la clairière"Fiche #2360
Thème(s) : Littérature française
La catastrophe de Tchernobyl a transformé de larges zones en désert. Enfin presque. Certains ont fait le choix de revenir. En effet, sans argent, où aller ailleurs ? Baba Dounia, un peu plus de quatre-vingts ans, la langue bien pendue, est de ceux là. Et puis ici, la tranquillité est accueillante et les jardins les nourrissent, la nature a repris ses droits même si elle reste dangereuse. Baba Dounia est reconnue de tous et ne craint rien ni personne. Elle a une fille et une petite fille qu’elle ne connaît pas, elle est seulement entourée de quelques uns et des morts, dont son mari, « depuis qu’il est mort, il est très poli l’hypocrite. ». Elle n'ignore pas l’issue, sa noire destinée, ils sont condamnés mais c’est aussi leur force, vivre avec, vivre comme si, mais vivre dans un désespoir heureux. Un père et sa petite fille viennent s’installer. Baba Dounia, comme le village, ne peut accepter que cette petite fille puisse ainsi être mise en danger, elle ne laissera pas faire. Un conte apocalyptique joyeux et ironique qui nous offre le portrait attachant d’une vieille dame entêtée, franche, lucide et d’un optimiste désespéré.
Ecouter la lecture de la première page de "Le dernier amour de Baba Dounia"Fiche #2358
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Isabelle Liber
Marie, Simon et Jean ont vieilli depuis 1962. Mais ils ne peuvent avoir oublié cette année précise et cette période. Il est peut-être temps de rouvrir les pages de ce livre jamais refermé. Jean était alors rentré d’Algérie avec son histoire, son passé, fils d’un officier mort en Algérie, attiré par les idées extrêmes de l’époque. Manipulateur et violent, il réussira à réduire à néant la complicité qui liait Marie et Simon. Ils ne seront pas les seuls à en souffrir, Paul Boisselet, le paisible bibliothécaire qui trouve dans son métier ses derniers espoirs, en fera aussi les frais. Eliane Serdan, dans ce court récit et ces portraits d’ados écrasés par l’Histoire, réussit parfaitement à rendre l’atmosphère de ces années, le silence pesant et étouffant, les antagonismes violents et la tension extrême qui animaient les relations au sein des familles, des groupes d’amis et de tous les collectifs où chaque camp avait une position tranchée et définitive.
« … dans le silence, j’entends la levée du vent dans les arbres. Aucune musique, si parfaite soit-elle, ne saurait me donner pareille sensation de plénitude. »
« L’écrivain n’invente rien. Il révèle. Son rôle n’est pas de démythifier le réel, ni de l’assécher, mais de nous en faire découvrir l’étrangeté, la dimension cachée. Lorsqu’il nous communique sa vision et que nous parvenons par la magie de l’écriture à voir ce qui n’était pas accessible à l’œil nu, alors les livres mettent le rêve à portée du regard. »
« Les pays imaginaires sont les seuls où nous puissions trouver refuge. »
Fiche #2359
Thème(s) : Littérature française
Madame Jules a un mari, son mari son amant et cela lui suffit. Etre unique, exclusif. Ils s’aiment, se regardent, se touchent, beaucoup, toujours et encore. Le monde disparaît devant leur amour. Fusion de tous les jours, enfermement permanent. Ils se suffisent. Elle le pense. Elle le croit. Jusqu’au jour où un vilain phantôme en deux phrases et une proposition, introduit le doute, le questionnement. Qui doutera de l’autre ? Son amant, son mari est-il réellement toujours avec lui ? N’y a-t-il pas à apprendre, à connaître, à aimer à l’extérieur : « J’ai oublié qu’il y avait un monde derrière ma porte. J’ai oublié qu’il y avait un autre monde que celui de ma chambre. » On retrouve avec plaisir l’écriture, le style et la musique d’Emmanuel Régniez qui décrit ici une nouvelle facette d’une vie de couple.
Ecouter la lecture de la première page de "Madame Jules"Fiche #2357
Thème(s) : Littérature française
Roger regarde autour de lui, et tout lui parait beau, brillant, attachant, lumineux… alors que lui… personne ne prête attention à lui et il se trouve bien éloigné des canons de la beauté habituels, alors il prend la route pour essayer de changer, de devenir quelqu’un d’autre. Un joli personnage doux et sensible au cœur d’une fable pour favoriser et entretenir l’estime de soi et apprendre à s’aimer tel que l’on est.
Fiche #2354
Thème(s) : Jeunesse
« Le berger et le loup c’est pas fait pour être ensemble. » Or Gaspard est berger dans le massif des Ecrins. Il vit seul avec son chien Max. Même l’hiver, il reste en haut, dans ses montagnes. Plus personne ne l’attend nulle part, personne ne viendra le voir, alors la solitude ne lui fait pas peur. Mais un loup attaque ses moutons, et c’est lui ou son troupeau. Il le tue malgré l’interdiction dans le parc naturel en épargnant son louveteau. C’est le début d’une longue histoire entre ces deux solitaires sur fond de violence, haine, admiration voire respect dans les paysages splendides des Ecrins où la vie est âpre et la nature sauvage. Un grand récit qui rejoint ceux de Melville, Hemingway ou De Luca et les face à face virils ou animaux où chacun se reconnait dans le regard de l'autre, ses menaces, ses peurs, ses espoirs, son questionnement.
Fiche #2355
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Tannicia est une petite fille de huit ans au caractère bien trempé ! Alors lorsqu’elle se retrouve dans un monde inconnu peuplé d’humanoïdes à têtes d'animaux n’ayant jamais rencontré d’humains, c’est le début d’une grande aventure périlleuse et d’un long chemin pour revenir chez elle et retrouver ses parents et son frérot. Une belle réussite et un petite fille à laquelle on s’attache immédiatement.
Fiche #2356
Thème(s) : Jeunesse Bandes dessinées
Frère Richard Weatherford est pasteur dans une petite ville de l'Arkansas, une petite ville où la vente d’alcool reste interdite (ce qui n’empêche une grande partie de la population ne remettant pas en cause cette loi d’aller s’approvisionner dans le Comté voisin…) , et où l’affichage hebdomadaire peut être « Dire non à Jésus, c’est dire oui à l’Enfer ». Un bonheur ! Richard Weatherford est respecté de tous et ses prêches écoutées avec attention. Il est marié, cinq enfants et depuis le cinquième refuse tout rapport avec sa femme. Mais tout le monde a ses petits secrets et l’un d’eux aiguise l’appétit d’un maître chanteur. Richard va devoir trouvé très rapidement 30 000 dollars sinon tout ce qu’il a construit, sa réputation, celle de sa femme, vont s’écrouler et il en sera fini de sa respectabilité et de sa crédibilité. Jusqu’où Richard sera prêt à aller pour taire son secret et garder les apparences bien nettes ? Pourra-t-il préserver sa femme et son couple et protéger ses enfants ? Jake Hinkson donne la parole à chacun des protagonistes principaux, « Un propriétaire de débit de boisson. Son ex-employé mécontent. Un étudiant viré dépressif et la petite pute de la ville. » et Penny la femme du pasteur, chacun s’exprimant à la première personne assurant rythme et crédibilité à la trame. Un récit explosif et noir qui dresse aussi en creux le portrait d’une Amérique profonde et rigoriste qui s’accroche violemment et désespérément à ses convictions avec néanmoins l'apparition de quelques fissures dont Trump ne pourra empêcher le développement...
« Voilà ce qu’on gagne à écouter un pasteur. Ils sont pires que les hommes politiques ou les vendeurs de voiture d’occasion. Les mecs qui gagnent leur vie en parlant peuvent pas être honnêtes. »
Fiche #2350
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction :
Sophie Aslanides
Lorsque le jeune lecteur découvre les premières pages de cet album, il apprend la terrible nouvelle : ce livre s'est ouvet pour la dernière fois ! Catastrophe ! A moins qu'il apprenne par coeur une formule magique et qu'il puisse la répéter au bon moment !
Fiche #2351
Thème(s) : Jeunesse
A travers le portrait de Robin, un bouquetin différent, qui refuse de se battre avec ses congénères, "L'étoile de Robin" est un superbe album sensible, débordant de douceur et de poésie qui nous parle de la vie, du temps qui passe, de l'entraide et de la solidarité et d'amitié.
Fiche #2352
Thème(s) : Jeunesse
Alfred Engel possède un beau et grand vignoble au coeur de l'Alsace. Il le gère seul, sa femme étant morte, avec ses trois enfants. Mais nous sommes en juin 40 et l'Alsace change à nouveau de pays ! Les Allemands reviennent, s'installent et au sein de chaque famille, chacun devra choisir son camp, faire à nouveau allégeance aux Allemands, ou partir ou résister. Certaines familles vont se déchirer...
Fiche #2353
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Jean est bibliothécaire, amoureux des livres, il leur est totalement consacré. Il a une fille et des parents adoptifs qu’il aime. Jusqu’au jour où il reçoit une lettre d’un notaire lui annonçant que sa mère biologique lui lègue 1144 livres. Il pense d’abord refuser, puis se rend sur place et « Une fin d’après-midi, trente-huit cartons contenant mille cent quarante-trois livres entrèrent dans ma maison. ». Que de livres ! Par lequel commencer ? Trier ? Allait-il rencontrer sa mère avec ces livres ? Les titres sont nombreux, variés, donc difficile d’entrevoir la femme qu’elle était, la lectrice éventuellement. Alors naturellement, même si Jean affirme et argumente que ses parents sont ses parents adoptifs, il y a un « mais »… et ses livres vont ouvrir une réflexion et un questionnement sur ses origines, origine et racine deux mots imposés et radotés à l’envi par le monde médiatique. Au travers de ce questionnement du lien à ses origines, l’auteur rend un réel vibrant et émouvant hommage à la lecture, à l’acte exclusif de lire, à la littérature et à la joie de lire.
Premier roman
Fiche #2349
Thème(s) : Littérature française
Les parents de Rose sont divorcés. Claire vit à Paris et le père à Giens. Ils ont tenté de la préserver, sans cris ni pleurs, malgré ses allers-retours chaque week-end entre Paris et Giens. Quelques mois après un accident de la route à un feu rouge grillé par un autre conducteur, Rose assure qu’elle ne voit plus les couleurs. Elle se retrouve dans un monde gris, noir et blanc, sans couleurs. Le père qui a toujours voulu la protéger, la regardait grandir avec amour et attention, s’en retrouve bouleversé. Il s’interroge sur le monde, doit affronter sa vérité, son environnement, il devient encore plus attentif en continuant de tout partager avec elle, les petits gestes anodins du quotidien, la littérature, la peinture, tout en espérant que cela ne s’arrête jamais. Un récit tendre, doux et sensible d’un homme qui s’interroge sur la paternité et l’amour partagé entre une petite fille et son père.
Ecouter la lecture de la première page de "Regarde ton père"Fiche #2348
Thème(s) : Littérature française
Nathan, le narrateur, a aujourd’hui 28 ans. Il a quitté très jeune, trop jeune, sa famille, ses parents et son frère qu’il ne revoit que très rarement et choisi la solitude. Il revient cette fois après le décès accidentel de Gabriel son jeune frère. Il retrouve ses parents anéantis, comme des fantômes, absents. Alors il va se faufiler progressivement dans la vie de Gabriel, partir à sa recherche mais aussi de lui-même. Rejoindre la troupe de saltimbanques, rencontrer sa petite amie, découvrir la vie de groupe et notamment Bastien bienveillant avec tous, « si talentueux pour rassembler les gens sous sa coupe bienveillante ». Puis Nathan prolongera son voyage initiatique vers la Bretagne où il se liera avec Christian un ancien gardien de phare, très malade mais aussi très volontaire. Ils trouveront ensemble dans une amitié partagée sérénité et écoute, « Nous étions devenus des étrangers intimes ». Un récit initiatique d’un homme qui arrive toujours trop tard, d’atmosphère, sensible et doux, de rencontres et surtout de beaux, très beaux personnages.
Premier roman
« … j’aurais pu faire de grandes choses, si je n’avais pas été tant obsédé par les petites. »
Fiche #2347
Thème(s) : Littérature française
Sa mère vient de mourir. Sam a treize ans et se retrouve seul avec sa peine et son père. Un père rude qui dépèce les baleines et décide pour Sam qu’il est peut-être temps de devenir un homme et qu’il a été trop protégé jusque là. Alors il l’emmène sur les chantiers de Moreton Island. Mais Sam ressent immédiatement leur différence notamment devant l’horreur de son travail. C’est son père, il partage son deuil, ils ont une histoire en commun, mais il espèrera progressivement dévier du chemin paternel et même peut-être entraîner dans ses pas ce père taciturne et dur. Même quand il lui offre un chiot, il tente de lui imposer une éducation violente. Pourtant le père et le fils vont progressivement se rapprocher, s’apprivoiser, s’accepter. Conte initiatique, « Le rêve de la baleine » dépeint un face à face âpre qui passera par des étapes violentes pour espérer un apaisement commun.
Premier roman
« Son père était comme ça. Ne rien montrer, faire avec, ne pas se plaindre. Mais il savait que lui n’était pas comme ça et il commençait à craindre que son père ne cherchât à lui enlever sa douceur, cette part en lui qu’il avait héritée de sa mère. »
« Il prit alors conscience qu’il ne serait jamais à la hauteur des attentes de son père, ce qui fut un soulagement. Il n’aimait pas la personne qui était son père, sa sévérité, son indifférence, et pourtant il désirait son approbation. »
Fiche #2344
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Alexandre Lassalle
L’histoire l’a déjà montré, l’homme est capable du pire comme exterminer son prochain, simplement parce qu’il vient d’ailleurs, n’a pas la même couleur, ne parle pas la même langue ou n’a pas la même culture. « Les métèques » n’est pas daté, avant-hier, hier, aujourd’hui ou dans un futur proche ou éloigné. Lorsque la famille Herbet (trois enfants) est convoquée à la préfecture de Marseille, les enfants ignorent la réalité de leur famille. La préfecture leur demande en effet de reprendre leur patronyme d’origine qu’ils avaient choisi d’abandonner dans le passé, ils découvrent alors, surpris, leurs vraies origines. Le fils aîné, Célestin, sent immédiatement le danger. Quelques nuits plus tard, la famille est assassinée et seul Célestin réussit à prendre la fuite. Il s’échappe, mais vers quoi ? Un exil intérieur, une fuite sans but dans le danger constant, chercher sa place, une errance cachée dans la marge entraînant moult rencontres. Un roman coup de poing qui nous prend dès la première page et nous interroge bien après la lecture de la dernière page !
Ecouter la lecture de la première page de "Les métèques"Fiche #2345
Thème(s) : Littérature française
Arthur raconte sa vie, une vie de bébé laid (« On n’a pas idée d’être aussi un laid pour un bébé ! », quel désarroi pour les parents), d’enfant laid, d’adolescent laid, d’étudiant laid, de jeune homme laid, « j’étais laid, c’était ça ma différence. ». Il découvre que tant de choses restent interdites aux laids qui restent isolés et seuls et peuvent parfois ne se sauver que par l’humour et la dérision. Il voudrait tant être comme les autres, passer inaperçu, être simplement accepté mais ses relations sont à jamais marquées par son visage et notamment avec les femmes. L’art peut représenter, reconnaître et aduler le laid (« Que la laideur inspire la beauté ça restait un mystère pour moi. »), pas la vie. Alors pourquoi ne pas recourir à la chirurgie esthétique ? Mais un autre visage créera-t-il réellement un autre homme ? L’adoption par ses proches de son nouveau visage sera-t-elle possible ? « Je suis né laid » par ce portrait tendre, émouvant et parfois drôle, démontre que l’aspect physique reste au cœur des relations humaines et guide notre rapport au monde quel que soit l’amour que l’on peut rencontrer.
« On n'est pas responsable de ce qui nous passe par la tête, on est seulement responsable de ce qu'on en fait. »
« Vous êtes un homme normal, sauf que les autres ne le savent pas. Ils généralisent, à partir de votre physique. Comme si une personne laide ne pouvait pas être une belle personne. »
Fiche #2346
Thème(s) : Littérature française
Alors que sa mère Mitsuko vient de mourir, Tarô, son fils se retrouve seul avec sa grand-mère. Il la questionne sur son histoire, sur sa mère. Tarô sourd et muet est un half, son père disparu rapidement serait Espagnol. Peintre, il s’apprête avec l’héritage à ouvrir une galerie en lieu et place de la librairie si réputée de sa mère qui a vu défiler bon nombre d’amoureux du livre et de culture. Il retrouve alors de manière inattendue Hanako avec qui il a passé beaucoup de temps dans son enfance avant son départ subit. Ils se retrouvent immédiatement et l’amour les unit. Rapidement Tarô décide de quitter sa compagne actuelle et de vivre avec Hanako avant de convoler. Lorsque Hanako présente Tarô à ses parents, sa mère sombre dans un état inquiétant et refuse absolument ce mariage. Aki Shimazaki clôt le cycle « L’ombre du chardon » et continue avec succès son chemin entre l’intime et l’histoire japonaise, entre l’intime et le poids de la société japonaise toujours avec son style superbe dépouillé et précis.
Ecouter la lecture de la première page de "Maïmaï - L'ombre du chardon"Fiche #2343
Thème(s) : Littérature étrangère
Stéphane Carlier fait dire à l’un de ses personnages : « Tu devrais écrire sur les chiens, reprit-elle. Les gens adorent les histoires de chiens. » et Stéphane Carlier a peut-être endossé le conseil pour lui-même. En partie du moins, car naturellement « Le chien de Madame Halberstadt » est bien plus qu’une histoire de chien, même si le carlin de Madame Halberstadt prend une grand part aux aventures et au destin de Baptiste. Surtout que Baptiste, écrivain (« J’avais écrit un livre que personne ne lisait. »), quelque peu désabusé n’est pas au sommet de sa forme : sa femme vient de le quitter pour son dentiste et même s’il s’y connecte de nombreuse fois par jours, ses romans sont dans les profondeurs du classement des ventes sur Amazon (les réflexions sur les ventes de romans valent leur pesant d’or). Jusqu’au jour où sa voisine devant se faire opérer lui confie pour quelques jours Croquette, un petit carlin obèse et au souffle court. Rapidement les évènements s’enchaînent et Baptiste constate que la présence de cette boule de poil a une influence positive sur sa vie et même semble-t-il sur les ventes de son dernier roman qui a gravi quelques marches dans les ventes amazoniennes accompagnées de quelques commentaires positives étonnants. Un récit de vie improbable et sensible qui nous aimante, débordant de fraîcheur, d’humour pince-sans-rire qui nous accompagne du début à la fin pour notre plus grand bonheur et celui de Fanny Ardant...
« Il n’était probablement pas assez à gauche ni assez littéraire mais elle avait appris à ne pas attacher d’importance à ce qui n’en avait pas. »
Fiche #2341
Thème(s) : Littérature française
Le petit chat d’Anna est mort. Anna traverse en effet le hall de son immeuble avec un petit coffre fait pour transporter les chats, mais cette fois, le chat est mort, il ne bouge plus. Et Anna est interdite, où l’enterrer ? Elle part donc dans une longue quête avec la dépouille de son chat. Et ça n’est pas si simple de trouver un espace libre ni de se séparer de son chat. Alors Anna va aller de rencontre en rencontre. « Nécrologie d’un chat » suit le parcours d’une femme sur trois jours qui perd le contrôle de sa vie, ne semble plus la maîtriser, ni son destin, elle suit un chemin abstrait comme une fuite, dévie après un obstacle, semble attendre voire souhaiter le suivant. On a rapidement la sensation qu’un gouffre s’ouvre tranquillement sous ses pas, d’abord subrepticement puis de plus en plus clairement. Et rien n’empêchera la chute. Tout ça pour un chat ? Ca serait trop simple ! Un texte âpre qui se lit d’une traite face une femme que rien ne pourra sauver, vous ne saurez rien d'Anna et néanmoins vous ne l'oublierez pas.
Fiche #2342
Thème(s) : Littérature française
Quelle joie de retrouver la famille Mabille-Pons, ses six enfants, Kill-Bill, le bouvier bernois baveux et les chats paresseux. Sauf que cette fois, les parents, Adélaïde et Charles sont partis se bronzer sur les plages polynésiennes. Rose, vingt-deux ans, la plus punk de la tribu, prend en charge la famille et doit s’occuper de tout : les repas, les sorties du soir, les réunions de parents d’élèves, les devoirs… Même en congé sabbatique, les journées seront bien remplies. Dans le même temps, elle apprend une grande nouvelle, son compagnon, Richard, lieutenant de police, rencontré dans le premier opus, n’a pas pu s’empêcher de la mettre enceinte ! Pour l’instant personne n’est au courant, mais dans la tribu, les informations circulent vite… Rose continue son activité au salon Popul’Hair croisant coiffure et littérature mais le salon est cambriolé et étonnamment un roman disparait. Peu de temps après, les meurtres s’enchaînent et rapidement, la famille comme Richard s’aperçoivent que Camille, la sœur cadette, est proche ou a connu les disparus… Toujours aussi hilarant que ce bel hommage à une famille résistante, débordant de vitalité et d’amour mais aussi au roman noir (et à la lecture), Marin Ledun glissant quelques références à (re)découvrir et partager pour les amateurs de noir.
Ecouter la lecture de la première page de "La vie en rose"Fiche #2340
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Serge, le narrateur, est un être singulier, il ne semble jamais vraiment à sa place et souffre parfois d’aphasie, souvent à des moments cruciaux, au milieu des autres, il perd la parole. Son frère aîné incarne la réussite, envié de tous (enfin de presque tous...), il est ministre des finances, bien habillé, bien propre sur lui, beau parleur. Il peut donc faire embaucher Serge dans une entreprise où, évidemment, Serge est un peu en marge, décalé. Seule la jeune et belle Laura lui témoigne un peu d’intérêt. Après avoir fait échouer (par sa sincérité et son honnêteté, candide chez les requins) la vente d’une entreprise aux Japonais, il est envoyé avec Laura dans cette petite entreprise. Mais la punition se transformera en un boomerang inattendu et violent ! Un premier roman vif, incisif, plein d’humour, moqueur, pamphlet de la réussite à tout prix, portrait de la connivence entre milieu politique et économique, des petites ou grosses magouilles, débordant de situations cocasses, un premier roman véritable bol d’air !
Premier roman
« Les relations de famille nous abîment. Tous. Toute notre vie. C’est triste à dire mais c’est vrai. La famille plane comme un nuage noir au-dessus de nos têtes dont la menace permanente nous empêche d’être véritablement nous-mêmes. »
« Les temps n’ont pas vraiment changé depuis l’époque féodale… le plus gros changement c’est les costumes à la place des cottes de mailles. »
Fiche #2339
Thème(s) : Littérature française
Caryl HART
Rosalind BEARDSHAW
Les bonnes manières pour les petits dragons
Gallimard
166 | 13-05-2019 | 14.9€
Un album qui présente de manière détournée grâce à un petit dragon toutes les bonnes manières pour être le plus gentil de la maison !
Fiche #2336
Thème(s) : Jeunesse
Un mur sépare deux mondes. D'un côté, le gentil chevalier qui croit que le mur le protège. De l'autre le méchant ogre qui aimerait bien manger les petits enfants du monde d'à côté. Enfin, c'est ce qu'il se dit, c'est ce que l'on croit... Un album très fin pour parler des préjugés, de la peur de l'autre mais aussi de l'entraide et de la solidarité.
Fiche #2337
Thème(s) : Jeunesse
Un troupeau de moutons est heureux dans une prairie bien verte. Mais non, dans le bois, rode le loup, le méchant loup qui va les croquer un à un ! Heureusement, Super-Mouton est là et les protégera. Il va arriver, c'est sûr. Il ne va pas tarder ! Mais Super-Mouton s'inquiète, que fait le loup ? Et il n'est pas le seul à s'inquiéter : les trois petits cochons, le chaperon rouge, tout le monde l'attend et commence à s'énerver ! Trop marrant !
Fiche #2338
Thème(s) : Jeunesse
« Il fallait que je vous dise » débute par la rencontre entre Aude et Martin Winckler dans un café au Canada. Elle a souhaité le rencontrer pour connaître son chemin jusqu’à l’IVG. En effet, Martin Winckler, médecin généraliste, s’est engagé pour l’IVG et a aidé et accompagné des femmes dans ces moments douloureux. Pour Aude, c’est l’occasion de revenir sur son expérience personnelle et intime puisqu’elle a elle-même avorté. La confrontation de leurs expériences et vécus dresse un portrait sensible et émouvant de l’histoire de l’avortement mais aussi de ces instants où chaque femme se sent seule, perdue, dans le doute absolue, où elle doit choisir alors qu’elle a l’impression de ne pas avoir le choix, où elle craint parfois d’être influencée, où des émotions et des sentiments aussi inconnues que contradictoires l’assaillent. Un récit émouvant, sensible, sincère qui illustre parfaitement et avec une grande humanité qu’« aucune femme ne recourt de gaîté de cœur à l’avortement. » mais que cela demeure toujours son droit absolu. Indispensable.
Fiche #2335
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Et bien, c'est possible, Ken Follett peut aussi publier des textes courts ! La belle et l'oiseau est un joli conte à destination des petits et grands qui relate le mariage forcé entre la très jeune Katerina et le sultan. Il a quatre-vingt-dix-neuf femmes et aucun homme ne doit poser son regard sur elles. Alors quand Katerina croise subrepticement et par accident le regard d'un jeune musicien et tombe immédiatement amoureuse, le danger est immédiat et seule la magie pourra sortir les jeunes amoureux des griffes du sultan jaloux !
Fiche #2334
Thème(s) : Jeunesse
Traduction : Fabien Le Roy
Ludovic Ninet, journaliste sportif et romancier (« La fille du van », gros coup de cœur de Vaux Livres en 2017), a longtemps pratiqué le rugby et écrit de nombreux articles sur le sujet. Il nous offre aujourd’hui un petit éloge du rugby qui se lit d’une traite, entre deux matchs ! L’auteur est évidemment amoureux de ce sport, de ses pratiquantes et pratiquants mais il a su prendre du recul et dresse un portrait objectif de ce sport, de son environnement et de son évolution. Ninet est un esthète, un amoureux de l’art, de l’artiste et du beau geste, donc exigeant, et il le reconnaît, depuis quelques temps, un goût amer accompagne les matches du Quinze de France, il en analyse les causes ce qui lui permet de remonter dans le passé récent ou non du rugby. Il revient sur ses caractéristiques, sport atypique déjà dans sa règle principale (« avancer en se passant le ballon en arrière »), qui allie rugosité et finesse, force et légèreté, acceptant une grande variété de morphotypes. Il démontre que la violence ne lui est pas intrinsèque même si avoir la joue écrasée contre la pelouse sous le poids affirmé d’un pilier ou plaquer un colosse lui rendant quelques dizaines de kilos lui manque : donc Ludovic Ninet parle aussi beaucoup du corps, le façonner, le bouger, le violenter, le protéger… des vestiaires, de leur ambiance et des relations qui s'y nouent. Dans l’histoire de ce sport, le passage au professionnalisme fut évidemment un tournant que Ninet décrypte aussi bien dans les avancées que dans les pertes qu’il a induites. Analyses, anecdotes, historique, confidences personnelles, un mixte rythmé et équilibré qui ravira aussi bien les spécialistes aguerris que les novices.
Ecouter la lecture de la première page de "Petit éloge du rugby"Fiche #2333
Thème(s) : Littérature française
C'est le grand jour, Monsieur Anatole a invité Mademoiselle Blanche pour le goûter. Alors il se doit de réussir son gâteau, hélas depuis une heure, c'est la catastrophe ! Rien ne va, rien de bon ! Alors ses amis (et leurs grands-mères) vont y mettre leur grain de sel et trouver une recette plus qu'originale pour un goûter ! Reste à savoir si Blanche appréciera ! Un grand Voltz !
Fiche #2324
Thème(s) : Jeunesse
C'est l'histoire d'un petit bonhomme différent. Il n'a pas peur de porter deux gants de couleurs différentes ni d'être seul. Cela lui permet d'observer ce qui l'entoure, la nature notamment. Il a un grand copain, un majestueux et très vieux chêne. Il adore grimper sur ses branches et observer le monde. Alors quand le vieux chêne vient à mourir, le petit bonhomme aura une idée lumineuse et singulière ! Un superbe petit album (illustrations et textes) qui, mine de rien et avec beaucoup de douceur et de tendresse, aborde une multitude de thèmes essentiels à la vie.
Fiche #2325
Thème(s) : Jeunesse
Dans la forêt, un petit Coati cherche des fruits lorsque Ocelot lui tombe sur le dos. Bizarre, pourquoi Ocelot est-il tombé ? Il va falloir aller voir ! C'est le début d'une étonnante remontée jusqu'à la canopée. Un bel album pouvant être lu comme une nouvelle version de l'effet papillon qui nous rappelle que la forêt amazonienne (et les autres) comme tous ses habitants est essentielle pour l'humanité.
Fiche #2326
Thème(s) : Jeunesse
Une très belle histoire d'amitié entre un chat (libre) et un tigre (enfermé). Sous un ciel étoilé, le tigre confiera son secret à son ami et le chat fera tout pour le satisfaire et son retour à la liberté. De superbes illustrations et couleurs au service d'un joli récit sur l'amitié et la liberté.
Fiche #2327
Thème(s) : Jeunesse
Les Mamans sont toujours pleine de ressources quand il s'agit de leurs protégés. Et aujourd'hui, son p'tit gars ne veut pas aller à l'école, il en a marre de marcher, l'école est trop loin ! Heureusement, sa maman est pleine d'imagination et elle saura l'emmener sur des chemins plus lointains mais qui reviendront discrètement vers l'école...
Fiche #2328
Thème(s) : Jeunesse
De superbes illustrations pour nous relater l'escapade de Paolo le petit perroquet bleu meilleur ami de Camille qui goutera quelques instants à la liberté avant de revenir se mettre au chaud dans les bras calins de Camille.
Fiche #2329
Thème(s) : Jeunesse
Isabelle GRAND
Bianca SPATARIU
Salix au bord de l'eau
Le Cosmographe
154 | 08-05-2019 | 10.9€
en stockUne petite histoire pour décrire la vie d'un saule, de son environnement et de la faune avoisinante. Quelques pages documentaires accompagnent judicieusement (et ludiquement) le récit. Chaque illustration est un bijou !
Fiche #2330
Thème(s) : Jeunesse
Les princes ont souvent toutes les qualités, les princesses le savent bien. Enfin, comme souvent, il y a la façade, le paraître et le reste, souvent moins joli, moins idéal. Guillaume Guéraud nous offre avec un brin d'espièglerie deux histoires en une qui nous révèle qui est vraiment le prince charmant si parfait ! Une première page décrit l'homme parfait et la seconde en noircissant quelques syllabes du même texte révèle la personnalité du petit prince ! Drôle et original.
Fiche #2331
Thème(s) : Jeunesse
Une belle histoire d'amitié entre un jeune chevalier belliqueux et un monstre solitaire aux activités originales et inattendues.
Fiche #2332
Thème(s) : Jeunesse
Maida et Gene ont partagé cinquante ans de leur existence. Une vie commune heureuse jusqu’à la mort de Maida qui plonge Gene dans un désarroi profond. Alors évidemment, Gene se remémore son passé. Ils ont eu une fille, Dary, et été très proches d’un autre couple, Gayle et Ed, et leur deux enfants. Ses relations avec Dary le perturbent et le choc de la disparition de Maida redonne naissance au passé : leur rencontre, leur vie à deux, la naissance de Dary, l’amitié avec Gayle et Ed mais aussi leurs illusions, leur amour, leur folie parfois ; nombreuses questions sur leur rapport intime mais aussi sur leur rapport aux autres. Ont-ils été heureux ? Se connaissaient-ils vraiment ? Qu’ont-ils réellement partagé ? Qu’ont-ils réussi ensemble ? Entre tendresse et mélancolie, portrait émouvant par son questionnement d’un homme vulnérable et dévasté par son deuil qui se dévoile et qui émouvra chaque lecteur.
Premier roman
Fiche #2321
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Juliane Nivelt
Emilien Jargnoux, fils de boucher fut envoyé en pensionnat en 1965 et il a tenu un journal pendant quelques mois. C’est donc lui qui nous conte cette histoire qui s’étend de 1965 à nos jours, principalement, avec comme toile de fond le paysage alpin du Sonnenberg, enfin peut-être, au cœur d’une abbaye où un orgue Ashley, monstre singulier ou espèce de Moby Dick montagnard, fait preuve de son pouvoir inquiétant, suscitant attraction et peur absolue. Le pensionnat accueille en internat des garçons, les filles demeurant sur le côté. Les adultes souvent étranges sont en perpétuelles observations, aux aguets alors que l’orgue semble immaîtrisable, il se libère parfois et alors, ses sons libèrent également les corps et les esprits de chacun. Un conte baroque et absolu frisant l’étrange qui propose, comme tout conte qui se respecte, une lecture multiple cachant plus ou moins ses références.
Ecouter la lecture de la première page de "L'orgue du Sonnenberg"Fiche #2322
Thème(s) : Littérature française
Lorsque la sonnette retentit un soir, Armand ne s’attendait pas à voir Angelina, sa mamie devant l’entrée. Qui plus est avec sa valise ! Angelina ne supporte plus les papiers peints et pépé Hubert. C’est décidé, elle part, elle divorce et vient s’installer chez sa fille et son gendre. Mais Armand ne comprend pas : les parents, il l’a constaté à l’école, ça divorce, d'accord, mais les grands-parents, c’est impossible ! Alors avec son humour, sa naïveté et surtout son amour, Armand va œuvrer pour les retrouvailles heureuses de ses grands-parents !
Fiche #2323
Thème(s) : Jeunesse
Régis LOISEL
Olivier PONT
Un putain de salopard - Isabel
Rue de Sèvres
148 | 88 pages | 24-04-2019 | 18€
C’est parti pour un voyage en plusieurs volumes au Brésil. Max croise par hasard Christelle et Charlotte fraîchement arrivées comme lui au Brésil. Il vient sur les traces de son père inconnu, peut-être un putain de salopard et elles viennent pour trois mois prendre en charge un dispensaire perdu au fond de la forêt. C’est aussi l’occasion pour elles de retrouver Corinne le chaînon manquant de leur triplette adolescente. Et voilà une belle équipe pour vivre des aventures périlleuses au cœur du Brésil. Superbes dessin et couleur, des destins et des intrigues qui se croisent, du danger, des voyous, de beaux personnages, des femmes libres, indépendantes et de caractère, tous les ingrédients pour faire une série incontournable.
Fiche #2320
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Isabelle AUPY
L'homme qui n'aimait plus les chats
Les éditions du Panseur
147 | 122 pages | 23-04-2019 | 12.5€
Ils habitent une île. Le narrateur, vieil homme, nous informe que sur le continent, ils étaient différents. Ici, ils sont venus chercher autre chose, construire un autre monde, vivre sur une île est nécessairement singulier (« On voulait trouver une manière d’être comme soi, tout simplement. »). Les chats, libres et indépendants comme toujours, partageaient cette île avec les humains jusqu’au jour où sans aucune explication, chats errants, chats domestiques, les félins disparaissent discrètement. Comment ? Pourquoi ? Cette disparition marque une rupture. Les îliens aimeraient trouver une explication et en informent le continent. L’Administration comme à son habitude trouve la solution, les comprend et prend en compte la nécessité de la présence des chats sur l’île. Pour les remplacer, des chiens sont débarqués du continent et l’Administration qui parle « le convaincu » (une langue que nous subissons aussi depuis si longtemps…) précise aux habitants que ce sont des chats. On leur fournit même la laisse pour promener ces nouveaux chats et on leur vante leur caractère, « Ce sont des chats puisque tout le monde le dit. » Que faire ? Certains acceptent cette proposition, d’autres font mine de l’ignorer et certains la refusent : début d’une désunion sur l’île. Un chat, un chien, tout cela n’est-il pas qu’une habitude ? Une question de langage ? Pourquoi ne pas évoluer, passer outre ? Ca n’est pas si grave, pourquoi se révolter ? Quelle évolution entraînera la venue de ces nouveaux chats ? Le récit dresse les portraits notamment de ceux refusant cette injonction et abordent avec originalité le contrôle des individus, comment imposer sa volonté, sa vision par le langage, comment générer la désunion et le passage du « on » au « je ». Les deux citations en épigraphe de Bradbury et Orwell illustrent parfaitement les thématiques de ce premier roman abouti et maîtrisé qui questionnera efficacement chaque lecteur.
Premier roman
Fiche #2319
Thème(s) : Littérature française
C’est l’heure du Bac. La narratrice est au rattrapage et pourtant, la veille au soir, c’était la grosse fête. Avec sa bande, « l’Association des Cassos Anonymes ». Elle est jolie, elle le sait et les garçons aussi. Donc le groupe, « la royauté » roule des mécaniques, et regarde les autres, « la plèbe » avec un mépris. Et l’escalade des invectives est partie… Certains vont en souffrir au plus profond d’eux-mêmes. Et là aucun rattrapage n’est possible alors lorsqu’elle attend son tour pour l’examen et croise leur souffre-douleur favori, tout remonte à la surface. Un texte émouvant, qui va droit au but, décrit sans juger, et laisse parler le harceleur et dévoiler ses sentiments intimes. Court, direct, bouleversant et on l'espère efficace !
Ecouter la lecture de la première page de "Rattrapage"Fiche #2317
Thème(s) : Jeunesse
Chrystal est sur la bonne voie, du moins lui semble-t-il. Brillante scolairement, elle achève son master en neurosciences. C’est une très belle femme qui ne laisse personne indifférent. Ses parents sont fiers d’elle. Néanmoins, il faut bien commencer à chercher du boulot : « … on apprend vite, lorsqu’on cherche du boulot, qu’on n’est pas la seule. Pour un poste ouvert, cinquante candidats se pressent au portillon. Dans le lot, il y a forcément quelqu’un de mieux que vous. Ce n’est même plus de la statistique, c’est la fatalité. ». Même le diplôme pose problème, « J’étais donc surdiplômée et inemployable… et en plus, c’était ma faute. » Alors, elle va accepter un emploi dans une entreprise internationale spécialisée dans l’information médicale qui gère des Call center spécialisés pour professionnels. Elle recrute principalement de jeunes surdiplômés restés sur le carreau, sans emploi. Ils sont brillants, savent travailler, durs à la tâche, et certains sauront résister à la pression… En effet, l’entreprise est passée maître dans l’art d’exploiter leur envie de travailler et leur peur de retomber dans le chômage sans moyen d’existence. Chasse à la prime, courbé l’échine, se taire, satisfaire le petit chef qui vous observe et finalement se laisser broyer en silence… Le récit est assuré par les connaissances de Chrystal qui se confient à un mystérieux enquêteur et retracent la descente aux enfers de Chrystal. Une variante aussi réaliste mais encore plus noire du « Paradoxe d’Anderson », un violent et efficace uppercut qui nous plonge au cœur de l’oppression du monde du travail et des nouveaux modes de management. On retrouve avec grand plaisir le rythme et la tension d’« Ubac », un récit dense, percutant, ramassé qui entraîne le lecteur dans une spirale vertigineuse dont il ne ressort pas indemne et n’est-ce pas ce que l’on demande à la littérature ?
Ecouter la lecture de la première page de "Elle le gibier"Fiche #2318
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Voilà un recueil de nouvelles bien noires et proches de nous ! Treize textes au cœur de la banlieue parisienne, d’est en ouest, du nord au sud, très au sud même, puisque vous pourrez passer une nuit inoubliable et glaçante dans la forêt de Fontainebleau où les sorties nocturnes sont très animées et parfois dangereuses même si un seul loup n’y est présent… Vous découvrirez le kanun, coutume médiéval albanaise, qui peut même s’appliquer à Pantin, vous saurez ce qu’il est advenu à Nanterre le jour où Johnny est mort, comment Emma tentera d’oublier sa différence à Mantes-la-Jolie, le désastre d’une rupture amoureuse à Montreuil, les conséquences des attentats et de la pression sur le monde musulman à Fleury-Mérogis, un collectionneur singulier à Arcueil… Treize auteurs pour treize portraits réalistes, des récits tendus, âpres, parfois même désespérés qui dessinent en creux le portrait de notre société : "Je crois en l'infinie capacité des hommes à se piéger eux-mêmes..." (Cloé Mehdi, Je ne suis pas Paris)
Fiche #2316
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Quelle joie de retrouver le lapin d'Antonin ! Toujours aussi grognon et entêté ! Cette fois, il a la charge des courses pour sa maman et Madame Bergeron n'a pas de tarte aux cornichons sauvages. Quelle erreur ! Lapin va insister, n'en doutez pas !
Fiche #2314
Thème(s) : Jeunesse
Elliot n'en peut plus de regarder Lisa et de ne pas la comprendre. C'est l'amour fou mais il ne sait comment gérer sa relation. Peut-être sa soeur pourra-t-elle l'éclairer et l'aider. Ils semblent tellement différents, alors Elliot tel un Martien va tout tenter pour se rapprocher de son amoureuse. Tendre, drôle, parfois loufoque, on suit avec plaisir Elliot sur le chemin de ses premières rencontres.
Ecouter la lecture de la première page de "Elliot vient de Mars"Fiche #2315
Thème(s) : Jeunesse
Court texte percutant et puissant qui donne la parole alternativement à l’indien et à l’homme blanc. Chacun scande ses certitudes, son savoir. Ils sont face à face et avec peut-être l’impression que le fossé est trop large pour qu’ils puissent se rejoindre, voire même se comprendre. Un même monde, une même nature mais deux appréhensions, deux humanités, deux philosophies et deux prises en compte de l’individualité si différentes.
Fiche #2313
Thème(s) : Littérature étrangère
Joan et Jan ne sont séparés que par un « o » tant ils sont proches. Jan est le petit-fils de Joan et relate l’arrivée de ses grands-parents venus de la campagne chez lui, à Barcelone. Il décrit une belle complicité, une écoute, un partage, un dialogue et des questions parfois sans réponse. Le retour de l’école est un moment propice, ils ne sont que tous les deux et en profitent pleinement. Et puis, les silences deviennent plus longs et un jour, Joan oublie le goûter du petit. L’oubli s’installe mais Jan et la famille vont tout faire pour que Joan garde le cap et résiste à ce changement profond. Un joli texte, tendre, délicat, sensible et poétique avec en son cœur, un petit-fils et son grand-père mais aussi les arbres, la nature, les lieux de vie qui nous accompagnent et la mémoire.
« … c’est le silence qui me dérange. Le silence qui parle quand tout le monde se tait, quand papi ne termine pas sa phrase, quand mamie déplie un souvenir sur la table entre les pelures d’orange et que papi ne le voit pas. C’est à cause de ce silence que je voudrais être sourd. »
Fiche #2312
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Juliette Lemerle
Vera est de retour. Après huit années de suspension injuste pour dopage, elle retrouve la piste, son ambiance, le speaker habituel, Michèle Colnago sa rivale espagnole éternelle, les anonymes désintéressés et atypiques de ces courses, les familles au bord de la piste, les tentes pour se reposer et manger, les toilettes qui sentent le vomi, rien n’a changé dans le monde des courses extrêmes. Vera court les 24 heures. Aller jusqu’au bout de soi, se surpasser. Mélange de souffrance et de bonheur. Instant de liberté totale. Enfin presque. Car si les jambes courent et enchaînent les tours, le cerveau aussi. Et les obstacles de la vie peuvent rattraper violemment les coureurs au détour d’un virage : la famille, le travail, la domination des hommes, même en courant, rien ne disparaît. Alors, parfois quand la fatigue se fait sentir, tout ça devient vraiment trop lourd ! Mais ces coureurs là savent tendre la main même à leur concurrent principal quand cela devient vital... Encore un grand Ledun entre compétition sportive et oppression des femmes.
Ecouter la lecture de la première page de "Aucune bête"Fiche #2311
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Quatre ans que l’on attendait le tome 2 de Rosa un diptyque déjà mythique ! Et ça valait le coup surtout que pour commencer il a fallu relire le tome 1 avec autant de bonheur qu’en 2015. Et nous voici replongés dans un pari fou, désigner l’homme le plus ardent, le plus doué, le plus doux, le plus fort d’un petit village de Normandie et ce sera Rosa qui le désignera. Elle s’est déclarée volontaire pour récupérer suffisamment d’argent pour les soins de son vieux mari très malade. Et dans ce second volume, elle commence d’y prendre plaisir. Aussi, elle se questionne, ne serait-elle pas devenue le jouet du diable ? Alors quand le curé s’en mêle et lui interdit l’église, elle est déconfite. Mais Rosa ira au bout du pari, passera bien les trois nuits promises avec chaque concurrent, découvrira les petits secrets de chacun d’eux, leur dureté, leur sensibilité, leur intimité et surtout elle trouvera le chemin de la liberté, de l’amour et de la vie. Dessin superbe, texte drôle, puissant, terriblement humain, tous les personnages trouvent leur place, sont singuliers et typés, portrait réaliste des petitesses et des grandeurs dont l’homme est capable. Rosa est entrée dans nos cœurs à jamais ! Merci Monsieur Dermaut.
Fiche #2310
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
L’histoire de Giula et de Salvatore débute alors qu’ils sont enfants sur une petite île italienne face aux côtes africaines. Elle est Milanaise, il est natif de l’île. Ils se côtoient pendant les vacances, elle est la fille d’un architecte riche et reconnu originaire de l’île mais qui l’a quittée pour ses études, il est le fils d’un pêcheur de l’île. Ils vont jouer ensemble, apprendre à se connaître, puis à s’aimer. Adolescents, ils font l’amour pour la première fois sur une petite plage isolée, instant de tendresse et de douceur absolu. Mais l’âpreté de la vie les rattrape immédiatement puisque le corps d’un gamin s’échoue sur la plage, un gamin qui avait comme eux rêvé d’autre chose. Moment fondateur, Giula et Salvatore sont liés à jamais. Ils se quitteront, se retrouveront, partiront, reviendront, mais toujours, malgré leur milieu différent et le chemin de la vie qui les éloigne, ils partageront le souvenir de cet instant double. « Les tortues reviennent toujours » nous relate donc avec sensibilité la relation entre Giula et Salvatore mais aussi le comportement dans cette île devant l’arrivée des migrants. Un texte malgré l'arrière-plan thématique d’une grande douceur et d’une grande humanité.
« Expliquer qu’un pays qui ne se souvient pas d’avoir été un peuple migrant n’a ni futur ni passé. »
Fiche #2309
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Jacques Van Schoor
« Les sœurs aux yeux bleus » s’ouvre en 1877 là où « La gouvernante suédoise » s’était achevée. Hulda est morte en laissant cinq enfants dans la maison de Meudon sous la responsabilité de l’énigmatique, austère et peu sympathique Léonard Sézeneau. Livia, la gouvernante, l’accompagne à nouveau avec ses filles à Saint-Pétersbourg pour quelques années (les deux garçons restant en pension). A leur retour, ils se quittent et Livia et chaque enfant suivent leur propre chemin. Mais les ombres du passé sont bien noires et les unissent à jamais. Les enfants peinent à se détacher du destin de leur mère et de la responsabilité selon eux de Livia. Les fantômes du passé continuent à roder puisqu'ils rattrapent aussi Lô la petite fille de l’une des sœurs. Marie Sizun comme à son habitude nous entraîne sur les traces de ses héroïnes, trois femmes qui entrent dans le XXème avec leur peine, leur secret, mais bien décidées à maîtriser leur destin, à gagner leur indépendance et en même temps unies à jamais par leur passé familial. Marie Sizun est une virtuose, elle sait susciter avec sensibilité l’envie de savoir, de découvrir l’intimité de ses personnages, de les connaître, d’accéder à leurs sentiments profonds, elle aime ses personnages et nous aussi !
Ecouter la lecture de la première page de "Les soeurs aux yeux bleus"Fiche #2308
Thème(s) : Littérature française
Dani est un père absent. Il gagne bien sa vie mais parcourt le monde pour son travail en laissant Nora, sa femme, gérer tout et s’occuper de leur fils Tom. Alors que Tom a sept ans, Dani reçoit un terrible appel de Lauren, sa belle-sœur. Un appel qui bouleverse tout, immédiatement, Tom était à la plage accompagné par sa grand-mère et Tom s’est noyé. Dani rentre immédiatement, retrouve sa femme et doit s’occuper dans un état second des formalités. La culpabilité l’assaille, il se reproche son absence, d’avoir si peu partagé avec Tom, il a peur d’oublier les expressions de Tom, ses rires, ses gestes... Alors comme si Tom répondait à ses prières, il se retrouve à ses côtés : « Bien sûr, c’était une hérésie de croire à cette vision, mais avais-je d’autres alternatives ? ». Le moment du partage et de la complicité sont enfin venus, ils vont partir tous les deux pour Belle-Île, construire un univers bien à eux, une île unique où ils vont pouvoir retrouver l’essentiel et le chemin d’une nouvelle vie, autrement, avec et sans Tom. Nora quant à elle suivra un chemin encore plus douloureux. Un roman évidemment bouleversant mais Alain Gillot notamment avec la présence artificielle mais vivante de Tom a trouvé le ton juste évitant les larmes et nous offre un livre tendre et délicat.
« Ce que l’homme recherche par-dessus tout, c’est un peu de tendresse, je l’avais compris désormais, mais il ne sait pas la demander, encore moins la procurer, car il doit pour cela tomber l’armure et il n’a jamais appris à le faire. Il faut que la mort frappe, que le rideau se déchire pour qu’il commence à en prendre conscience. La plupart du temps beaucoup trop tard. »
Fiche #2306
Thème(s) : Littérature française
Le narrateur n’a rien vu venir, le vieillissement de ses parents lui était étranger et pourtant, l’esprit de ses parents commence à s’envoler trop souvent vers d’autres cieux, et ils ne peuvent rester seuls chez eux, dans la maison familiale qui déborde de souvenirs partagés. Il doit donc les accompagner s’installer dans leur nouvel environnement, un Ehpad. Il relate cet évènement, ce bouleversement et partage ses réflexions, ce que cela déclenche chez lui : questions, souvenirs, réflexions, culpabilité, tristesse… dans une délicatesse et une tendresse remarquables. Le personnel de l’Ehpad est accueillant et attentionné mais ce n’est définitivement pas chez eux et ils semblent le savoir, le sentir. Le fils observe leur nouvelle vie, leur fragilité, se remémore les moments de joie, une nostalgie mesurée devant la lente et inéluctable dégradation. Un texte sensible, pas nécessairement triste, mais qui nous remue car si proche de chacun de nous et si redouté : "Et je me rendais compte qu'on ne s'y fait pas : voir ses parents en maison de retraite. On fait avec, c'est tout.".
Premier roman
« Non, les vieux ne retombent pas en enfance, je crois qu’ils remontent en enfance. »
Fiche #2307
Thème(s) : Littérature française
Laurent Seksik nous propose un texte assez différent de ses précédents, car cette fois, il affronte frontalement son histoire personnelle et principalement sa relation à son père. Il se rend sur sa tombe un an après son décès, une année de deuil, le moment de se confier est venu pour lui le fils obéissant qui a comblé ses parents en devenant médecin et écrivain. La douleur de la mort de son père est immense, le chagrin immense, il se rappelle donc les moments de connivence, les confidences, le partage de leur passé commun mais aussi la maladie qui progresse, annonce le pire même si l’on refuse longtemps de l’admettre et dessine la triste fin : « Un homme appartient à son passé et à ceux dont il doit bâtir l’avenir. »
Ecouter la lecture de la première page de "Un fils obéissant"Fiche #2304
Thème(s) : Littérature française
C’est l’homme qui parle, se confie enfin. Ses enfants le questionnent, réveillent ses souvenirs et le sortent du silence. Tout jeune, son projet était établi, une ferme, une famille, du travail et de l’amour, construire, créer, exploiter. C’était simple, ça serait comme ça. Il a tout fait pour. Toujours. Le bonheur est passé par là, les enfants dansent en chantant des comptines. Instant fugace. La vie, l’extérieur, les ont rattrapés, empêchés, le réel s’est imposé. Années 70, la PAC se met en place avec quelques dégâts collatéraux comme certains ont l’habitude de le dire. Il n’a pas compris (« Je ne sais pas si c’est toujours après que l’on sait, que l’on peut savoir. »), il faisait partie de ceux qui allaient rester au bord du chemin, faillite, plus de choix, tout arrêter, « Il me semble que j’étais mort. Et que c’est pour ça que j’ai pu continuer. », se retrouver hors du monde, tenter de tout recommencer mais rester droit. Laisser le temps passer pour pouvoir se retourner, en parler. Le style prend une grande place dans ce portrait émouvant d’un homme seul, contraint et étouffé par le monde extérieur, il est percutant, travaillé, rythmé, accompagne parfois le sens, ou se place en opposition. L’intime rejoint brillamment l’universel dans ce premier roman bouleversant et inoubliable.
Premier roman
Fiche #2305
Thème(s) : Littérature française
Claire est médecin dans un hôpital parisien et accueille dans son service un homme qu’elle reconnaît immédiatement : Dominique fut son amant quinze ans plus tôt à Marseille alors qu’avec son amie Manu, toutes jeunes, elles travaillaient dans le théâtre associatif que dirigeait Dominique. Il est alors beau, brillant, talentueux et séducteur. Tout le monde l’adore, les parents, les enfants qu’il encadre et naturellement Claire et Manu. Le soleil, le théâtre, « La tempête » de Shakespeare, l’amour… Les enfants arrivent avec leurs histoires, leurs fragilités et se fondent dans la troupe, nouvelle petite famille. Ils n’ont pas encore la maîtrise de la façade construite par les adultes pour se protéger, pour simuler, de leurs mensonges et restent dans la vérité et donc parfois dans la violence. Parmi eux, Jo est à part, dérange presque. Elle semble étrange, solitaire, en souffrance ici et ailleurs. Dominique, Claire et Manu en sont naturellement conscients mais que feront-ils ? Souhaiteront-ils et pourront-ils percer son secret et la sauver ? Maltraitance ? Harcèlement ? Le drame se déroulera devant leurs yeux. Les retrouvailles avec Dominique, que Claire ne pourra sauver, font rejaillir le passé et rappellent cruellement à Claire cette impuissance, hier comme aujourd’hui. Un roman prenant et émouvant avec en filigrane l’enfance maltraitée, la responsabilité, la culpabilité, l’impuissance et le remord.
Ecouter la lecture de la première page de "Midi"Fiche #2303
Thème(s) : Littérature française
Une nouvel hommage à la différence à base de couleurs et de formes, ils n’ont pas la même couleur, ils ne s’aiment pas, ils ne veulent rien partager, ils ne veulent pas se voir, il faut édicter des règles pour clarifier la situation. Jusqu’à ce que les différences dépassent ces règles et les rendre obsolètes, l’amitié est aussi dans la différence !
Fiche #2301
Thème(s) : Jeunesse
Un homme, soixante dix ans, seul chez lui, entame une conversation qui vire parfois à la confrontation avec le fils qu’il n’a jamais eu. Evidemment ce bilan de vie est prétexte à aborder moult thèmes universels qui touchent et questionnent chaque lecteur. Portrait d’un homme écrivain qui n’a pas oublié qu’il avait été ouvrier, qui n’a pas oublié les montagnes qu’il a gravies, ses parents et sa maison, ses lectures et les écrivains qui l’ont accompagné, ses expériences d’escalade comme sa rencontre avec la justice, mais aussi ses engagements politiques (« … un engagement politique repose sur un comportement plutôt que sur un idéal. ») qui n’ont pas varié et sa fidélité à ses choix moraux et éthiques. L’écrivain revient également sur l’acte d’écrire et sur ses écrits, « Ce qui m’importe c’est la page qui me tient éveillé pendant que je l’écris, non pas celles déjà écrites, jamais plus relues. » et leur avenir. Une confession éclairante d’un grand Monsieur, guide en montagne et dans la vie.
« La liberté que j’ai connue a été celle d’aller et de rester là où je ne pouvais faire autrement. »
« La littérature parvient à sauver une langue même de l’usage qu’en font les bourreaux. »
« Exister, ici et maintenant, n’est ni nécessaire ni justifié par un devoir d’exister. »
« La liberté a été d’avoir un dé en main avec le choix de le lancer ou pas, comme devant un mur, à escalader ou pas. »
« En littérature, l’indescriptible n’existe pas. »
Fiche #2302
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Danièle Valin
Locus Solus débute une nouvelle collection d'albums "La table ronde" avec trois titres pour trois personnages : Merlin, Morgane et Arthur. Les contes sont accessibles aux plus petits, agrémentés d'un humour magique, et accompagnés des superbes illustrations de C. Le Guen. Trois albums à ne pas rater !
Fiche #2300
Thème(s) : Jeunesse
Réédition d'un classique, indispensable à toute bibliothèque : il balaie les différences entre les animaux vis-à-vis de l'habillement mais avec un humour décalé et dévastateur jusqu'à la chute exceptionnelle !
Fiche #2299
Thème(s) : Jeunesse
Une bande de six ados canadiens sont partis en voyage, une classe verte sympa en Louisiane jusqu’au moment du départ où l’apocalypse s’invite à leur séjour ! Un virus est en train de transformer l’humanité. Les malades mutent, deviennent inhumains, insensibles et violents. Les ados se retrouvent prisonniers dans une zone de quarantaine alors que l’un d’eux est atteint par le virus. Que faire ? Le laisser ? Le soigner ? Tenter de s’échapper tous ensemble ? Des épreuves et des questions qui permettront à chacun de se révéler au cœur d’un monde où la survie devient la priorité et le danger est de tous les instants. Un premier tome extrêmement prometteur.
Fiche #2297
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
A Huntsville, petite ville du Mississippi, on n’a pas trop l’habitude de voir passer des étrangers alors en plus si l’un d’eux s’arrête et semble vouloir rester au moins quelques jours, les regards inquisiteurs se multiplient. Ray Harper a débarqué un jour au volant d’une Mustang en piteux état tombée malencontreusement en panne. Il n’est pas habillé comme eux, il ne fait rien comme eux, il dit aller vers le Sud, ne sait pas trop où, ni pourquoi mais est contraint de s'installer ici quelques temps pour travailler, se refaire et réparer la Mustang. Il se sait observé, il reste stoïque face aux rumeurs et aux provocations, lie connaissance avec la serveuse du bar et trouve rapidement du travail. Mais la tension persiste. Est-ce le hasard qui l'a fait stopper ici ? Que cherche-t-il ? Quel passé est-il venu retrouver ? Le laissera-t-on poser ses questions et trouver ses réponses ? Quels secrets cache la communauté de Huntsville ? On retrouve avec immense plaisir les personnages et le style de Lionel Salaün qui a encore accru ses puissances descriptive et évocatrice. Ses personnages sont toujours denses, complexes, noirs, humains, violents, le bonheur n’est jamais chose simple, la route chaotique, la vie âpre et le passé de l’Amérique n’est jamais très loin surtout dans ce sud perdu où tout est possible les jours d'ouragan... Un bijou !
« Ray retrouva là, bien sûr, la curiosité commune à tout un chacun, homme ou animal, confronté à l’inconnu, avec son lot habituel de défiance, d’intimidation, de crainte et ce message, inscrit au fond des prunelles sombres, sur les traits durcis et les lèvres verrouillées de chacun : Passe ton chemin ! »
Fiche #2298
Thème(s) : Littérature française
« La bonne vie » revient sur le destin de Roger Gilbert-Lecomte né en 1907 mort en 1943, fondateur avec trois amis inséparables (dont Roger Vailland) de la revue « Le Grand Jeu ». Dès le lycée, ils sont différents, croquent la vie, exècrent sa banalité. Ils sont prêts à toutes les expériences : « Ce qu’il hait plus que tout : les petites certitudes et la petite vie. » Il côtoie le milieu culturel des années 30 (Breton, Artaud…) et suit tous les chemins possibles qui mènent à la création, sans aucun compromis : « … l’écriture, les amitiés, l’amour et l’aspect sont une seule et même chose qui doivent tous tendre vers l’Absolu. » Un portrait émouvant d’une descente aux enfers d’un amoureux de la vie qui s’est épuisé en refusant le petit confort bourgeois qui l’attendait, en préférant créer et tenter d’atteindre à chaque seconde le Suprême, l’Absolu, mais dans la vie, il y a parfois quelques instants de poésie, et toujours la mort.
Ecouter la lecture de la première page de "La bonne vie"Fiche #2296
Thème(s) : Littérature française
Mijie est une femme de caractère, après l’armée et le décès de son époux, elle a ouvert une échoppe de cirage de chaussures et gère parfaitement son affaire et ses employées. Elle vit aux côtés de sa belle mère une vieille dame sage, bienveillante et attachante dans la ville de Wuhan, personnage à part entière du roman. Fengchun vit dans le même quartier, c’est une jeune femme élégante, cultivée qui a suivi des études et pourtant délaissée par son jeune mari. Quelle surprise pour Mijie lorsque cette dernière demande à être embauchée… Elle accepte en pensant qu’elle repartira rapidement mais le récit relate la relation qui va se construire et se nouer entre ces deux femmes, une belle amitié parfois ambiguë qui prend son envol au cœur d’une Chine qui oscille encore passé et modernisme.
Ecouter la lecture de la première page de "Une ville à soi"Fiche #2293
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Hang Ling, Vanessa Teilhet
Maria Sonia Cristoff est née en Patagonie et après vingt ans d’absence y revient pour écrire ce texte qui expose son pays bien loin d’un catalogue pour touristes. La Patagonie est selon elle le pays de l’isolement et elle le démontre avec une palette de personnages représentatifs de l’ambiance, de la solitude, du vide qui les entoure, « … excès de lumière, ou de vent, ou de silence. » Ils semblent exclus de tout, déphasés, perdus dans une nature hostile. Elle parcourt ces villages fantômes éparpillés dans l’immensité du pays, écoute, observe les quelques habitants qui s’y terrent et s’y retrouvent enfermés. Se dégagent de ce récit atypique aussi bien dans la forme que dans le fond l’atmosphère du pays, la folie qui menace chacun, sans oublier une pointe de surréalisme pour peut-être mieux accepter cet isolement caractéristique de cet immense pays.
Ecouter la lecture de la première page de "Faux calme"Fiche #2294
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Anne Plantagenet
Cette fable se passe dans un pays imaginaire, un pays où les dictatures et les coups d’état s’enchaînent. La situation politique ne fait qu’empirer. L’état oppresse mais la famille aussi : Léonora et Marcio en témoignent. Ils sont jumeaux et vivent dans la ferme de leurs parents durs et violents. La région est pauvre et le programme de production de la ferme exténuant et intraitable. Tout est noir autour de Léonora et Marcio alors jamais ils n’abandonnent l’espoir de la joie et ils se construisent leur bulle, un amour fusionnel et incestueux et un jeu sur l’identité (qui est le garçon ? qui est la fille ?). Quand le père les surprend, il les sépare et l’on va suivre le chemin des jumeaux pour se retrouver, pour se trouver, pour enfin se connaître, grandir, se réinventer et devenir autonome : « Les mots que vous allez lire n'ont d'autre ambition que de témoigner de notre histoire, depuis notre enfance compliquée jusqu'au temps de l'apaisement. » Un joli texte souvent noir mais qui n’abandonne pas l’espoir sous les pierres.
« Posez-vous dans votre fauteuil, oubliez tout et criez les mots qui vous viennent. Criez-les plusieurs fois, doucement puis de plus en plus fort. Si vous ne ressentez rien après quelques minutes, c’est hélas qu’on ne peut rien pour vous : sans que vous le sachiez encore, vous êtes morts. »
« Il n’y a pas de destin, sauf celui de demeurer qui vous avez à être… quoi que vous fassiez, quoi que vous perdiez, quoi que vous acquériez, vous restez avec vos fantômes. Avec vos peurs couleur corbeau. Avec vos manques venus de l’enfance. »
Fiche #2295
Thème(s) : Littérature française
David McCae est un écrivain new-yorkais, un vrai citadin. Il est en train d’écrire les mémoires d’un gouverneur qui vise une réélection. L’auteur éprouve des difficultés à achever le livre hommage alors son éditeur le convainc de partir pour l’Alaska (« … dernier endroit après l’enfer où j’avais envie de mettre les pieds… ») et retrouver un célèbre alpiniste Dick Carlson qui aurait des faits sympathiques à raconter sur le gouverneur. David McCae se retrouve perdu dans un milieu hostile au cœur de l’immensité froide de l’Alaska, dans une nature sauvage, brute, aussi exceptionnelle que dangereuse et violente, où survivre n’est pas un vain mot et où les hommes laissent souvent exprimer leur violence. Et David va le découvrir progressivement comme la vérité sur le « héros » Carlson. Toute cette violence va faire resurgir des souvenirs pénibles de l’enfance que David avait édulcorés… Le froid et l’immensité repoussent loin les frontières de l’humanité mais mettent aussi à l’épreuve l’envie absolue de vivre. Un roman âpre et prenant qui nous emporte dans un joli voyage glaçant !
Ecouter la lecture de la première page de "Terres fauves"Fiche #2292
Thème(s) : Littérature française
Alma est une mère en souffrance. Elle voit en effet Billie, sa fille, dépérir, s’affaiblir progressivement. Devant l’échec des traitements, les médecins envisagent une opération. Pour Alma, ce n’est pas la solution, le mal est ailleurs, un chardon pousserait à l’intérieur de sa fille. La mère et la fille sont très liées, voire reliées par un fil invisible, s’épaulent mutuellement, et si elles partageaient ce mal ? Si les graines du chardon avaient été plantées par Alma ? Alma va chercher dans les livres anciens pour élucider ce mal, elle observe tous les signes avec application et cherche explications et solutions. Dans ce double combat pour faire fleurir le chardon, pour alléger les valises de leur vie, la mère et la fille partagent leurs obsessions, des instants de douleur, de tendresse et de doute. Un premier roman émouvant et prenant dans une langue poétique (éclairée par quelques références littéraires) sur la transmission, sur le lien étroit entre une mère et sa fille et l’équilibre de leur relation.
Premier roman
« Le matin est un tigre qui rampe doucement en attendant de vous sauter à la gorge. »
« On n’entre pas facilement dans le malheur des autres, il est comme un bois trop sombre, une terre dévastée et lointaine pleine des grincements de la nuit. »
« Admirer la vie et s’en sentir dépossédée ? Est-ce cela la mélancolie ? »
Fiche #2291
Thème(s) : Littérature française
Personne n'a peur des gens qui sourient
Flammarion
118 | 268 pages | 11-02-2019 | 19€
C'est décidé, Gloria quitte la Côte d’Azur lumineuse et ensoleillée pour le brouillard de l’Est de la France et ses forêts. Elle fait ses valises et avec ses deux filles part pour un voyage sans retour : elle s’installe dans une maison isolée dans la forêt où enfant, elle passait ses vacances. Pourquoi cette fuite ? De qui ou de quoi a-t-elle peur ? Pour elle ? Pour ses filles ? Cherche-t-elle à se protéger ou à les protéger ? Pourquoi les isoler à ce point ? Le récit tendu alterne les chapitres concernant le passé et le présent et revient sur les évènements sombres qui ont marqué le passé de Gloria comme sur les fantômes qui la hantent. Que cache son sourire ? D’où vient cette sourde peur et cette colère ? Leur impact sur le caractère et le comportement de Gloria pourra-t-il s’estomper ? Gloria vient compléter la déjà large bibliothèque de portraits féminins de Véronique Ovaldé, il prend une place singulière sur l’étagère, noire, sombre et questionnante.
« Il suffit d’un sourire pour que l’on te croie neutralisée. »
Fiche #2289
Thème(s) : Littérature française
Le narrateur était enfant au moment de l’entre-deux-guerres. Il adule sa famille et leurs amis. Un monde heureux, une vie aisée et facile dans l’opulence, la bourgeoisie juive semble se ravir d’un monde sans faille que rien ne semble pouvoir entraver. Rien ? Quelques signes viennent néanmoins obscurcir le présent et l’avenir mais peu semble y porter attention, trop peu… Les deux courts textes qui composent « Un monde sans faille » relatent cette chute vertigineuse et surtout fulgurante d’un monde qui se croyait protégé et intouchable et n’avait rien vu venir. Une jolie découverte qui n’est pas sans rappeler la prose de Zweig.
Ecouter la lecture de la première page de "Un monde sans faille"Fiche #2290
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Claude Bonnafont
Vers la fin du XIX ème, René Dolomieu est un peintre bénéficiant d’une petite renommée, quelques portraits sensibles l’ont fait remarqué. Il côtoie les grands maîtres et se partage entre Paris et la région de Fontainebleau que l’on visite agréablement à ses côtés. L’homme est sensible, quelque peu mélancolique, et totalement épris de la peinture, bien loin de lui toute recherche de célébrité et autre ambition mal venue : il peint des toiles qui resteront longtemps cachées sur des sujets brûlants mais aussi sur sa passion voire son obsession des tas, agglomérats de toute sorte, désordre constant miroir de la société. En outre, René Dolomieu demeure bien ancré dans son époque, il n’oubliera pas la pauvreté absolue de son enfance et restera toujours en contact avec tous les milieux ne se réservant pas au milieu particulier de la peinture. René semble toujours en retrait, mais il plait aux femmes qui le lui font savoir et parfois même s’imposent à lui. René reste détaché, semble subir son destin mais lorsqu’il se marie enfin, il découvre un autre monde, le monde de la porcelaine qui l’emmènera jusqu’au Japon et lui ouvrira d’autres techniques et visions artistiques.
Dans ce premier roman très maîtrisé, Isabelle Dangy réussit parfaitement à donner corps et âme à un peintre doux, désintéressé, attentif aux autres, amoureux de son art, elle nous parle aussi de destin, de création, de couleurs et de lumières et nous fait traverser à ses côtés une vie à la fin du XIX ème et parcourir notre région avec un intérêt évident. Une belle découverte pour ce roman singulier.
Premier roman
« … le peintre solitaire et novateur avait pressenti la dynamique de déconstruction, voire de désintégration qui serait celle du siècle suivant et l’avait anticipée en fabriquant un monde de résidus interchangeables et de débris savamment organisés. »
Fiche #2287
Thème(s) : Littérature française
« Un meurtre, un flic, un village plein de secrets, j’ai les ingrédients de base sous la main. Je vais mélanger de mon mieux et tant pis si ça fait des grumeaux. » Le ton est donné, mais rassurez-vous, les grumeaux seront digestes et la folie douce de J.M. Erre y est pour beaucoup. En effet, à Margoujols, petit village de Lozère, un cirque s’est installé, un cirque à l’ancienne qui montre la différence, un cirque qui expose des monstres ; femme à barbe, sœurs siamoises, homme le plus petit du monde ou homme à trois jambes… Mais après la mort du directeur, c’est au tour de l’homme homard d’être retrouvé sauvagement assassiné. Il faut quand même bien enquêter et un trio s’y colle : Pascalini l’adjudant, son adjoint Babiloune et la fille du maire, jeune tétraplégique en fauteuil qui ne communique qu’avec un doigt et un ordinateur et narratrice du récit. C’est l’occasion idéale de rencontrer les habitants qui oscillent entre silence, médisance et mauvaise fois absolues. Des rencontres surprenantes, des secrets révélés, une enquête loufoque, des réflexions aussi profondes que légères, du pur déjanté et le bonheur total !
Ecouter la lecture de la première page de "Qui a tué l'homme-homard ?"Fiche #2288
Thème(s) : Littérature française
Flora GRIMALDI
BANNISTER
Tib et Tatoum, Bienvenue au clan
Glénat
114 | 48 pages | 08-02-2019 | 11.5€
en stockTib est un p'tit gars vif et débordant de joie. Mais il a une tâche sur le visage et ses jeunes copains n’oublient pas de lui rappeler continuellement ! Sa différence devient un obstacle pour se faire de vrais copains. Alors quand il découvre dans la forêt, Tatoum, un jeune dinosaure aussi seul que lui, il l’a enfin trouvé son copain ! Pourtant, il aimerait bien partager sa découverte et Tatoum avec les autres. Mais qui pourrait croire que les dinosaures existent encore ? Et en plus Tatoum n’a aucune envie de quitter sa forêt et sa solitude ! Une BD pour les plus jeunes, tendre, fraîche et avec une belle pointe d’humour !
Fiche #2285
Thème(s) : Jeunesse Bandes dessinées
Leone Campora est bientôt arrivé au bout du chemin lorsqu’il rejoint une chambre de l’hôpital de Grenoble. Le vieux mafieux indétrônable est alité et la famille unie le pleure déjà ! Notamment sa femme Michèle et ses deux filles Alessia et Dina. Comme souvent dans les familles, l’une a pris la suite du père et gère ses propres petites « affaires » dans l’arrière cour de sa pharmacie, et l’autre espérant peut-être racheter la famille œuvre dans l’humanitaire. Et toutes se sont accommodées depuis toujours des morts et trafics accompagnant le patriarche, il faut bien assurer ce train de vie qui fait leur bonheur. Mais peut-être une fin calme et ordinaire l’attend dans cette chambre d’hôpital ? Raté ! En dernier cadeau, le vieux leur lègue un tueur à gages payé pour tuer Michèle sa propre femme, la mère de ses filles, qui a fauté il y a déjà de longues années avec Bernard son meilleur ami ! Affront ultime qui doit être lavé ! La famille va devoir faire bloc et les trois femmes vont s’occuper de ces mecs, au comportement si prévisible et prouver qu’elles peuvent les remplacer sans aucune hésitation. Les femmes prennent le pouvoir même au cœur de la mafia, et qu’est-ce que cela change ? Tout et pas grand-chose ! Un court texte rythmé, noir et drôle, avec quelques portraits efficaces de machos et qui montre néanmoins le sourire aux lèvres que les femmes et les hommes placés dans certaines situations se ressemblent tant !
Ecouter la lecture de la première page de "Les mafieuses"Fiche #2286
Thème(s) : Littérature française
Jonas, le narrateur, est équipé d’un prénom bien « moisi » et ressemble fortement à l’auteur. Il se retrouve rapidement seul, son père et sa grand-mère disparaissant rapidement, avec sa mère restant un peu à l’écart préférant s’occuper de sa déprime perpétuelle. Mais Jonas rencontre très jeune un ami, le sauveur, celui qui fait attention à vous, toujours présent, qui vous aide à grandir, à vous construire. Cet ami, c’est le rock ! On suit donc le chemin initiatique d’un ado assez perdu et seul mais néanmoins entouré de ses idoles et de la musique. Ils sauront lui procurer l’émotion qui permet à chacun de se sentir vivant et lui permettront également de tomber dans la littérature et de trouver ainsi la seconde béquille assurant son équilibre. Un portrait vivant, vif et attachant d’un ado sauvé par le rock (quelle playlist !). A noter les belles illustrations (toujours bien intégrées dans le texte) de Topolino.
Ecouter la lecture de la première page de "Mes nuits apaches"Fiche #2284
Thème(s) : Littérature française
Le récit débute presque par « Il n’y a tout simplement rien dans ma vie qui vaille d’être raconté. Absolument rien. », Konstantin le rétorque à une journaliste qui souhaiterait qu’il lui relate le fil de sa vie. Et dès cette affirmation erronée, le lecteur est emporté par le tourbillon de vie, les décisions, les réflexions de Konstantin, et les 400 pages prenantes sont dévorées à un rythme infernal ! A 67 ans, Konstantin Boggosch né Müller se considère toujours comme exclusivement le fils de son père, nazi et criminel de guerre : « Je sais, je ne me libèrerai pas de ce père, de cet héritage. Je ne peux pas me libérer, je ne peux pas être libre. A cause de lui… J’ai peur que le démon survive en moi. » Le passé familial entrave sa vie dès le collège puis dans sa vie professionnelle et intime à l’âge adulte. C’est aussi sa décision, son frère n’appréhende pas de la même façon les actes et décisions de leur père. Il ne cessera de voir et lire dans le regard, dans les sourires des autres le passé de son père, son passé, « … j’étais celui qui m’avait conçu, celui qui était mon père. ». Alors il part, choisit l’exil. D’abord en France, à Marseille, trouve des petits boulots et côtoie un groupe d’anciens résistants. A la construction du mur, il suit le chemin inverse de beaucoup et revient s’installer en Allemagne de l’Est. D’un côté du mur, une société dirigée, oppressante et inique et de l’autre les anciens grands nazis restés au sommet du pays et du pouvoir économique. Il ne pourra jamais ignorer ou feindre d’ignorer les ombres du père et du passé et sa vie en sera le reflet. Un immense portrait d’un homme droit, intègre, cohérent que les fantômes du passé détenant son dossier personnel éprouveront toute sa vie mais qui choisira de rester debout et de « regarder l’enfer sympathique que vous avez si joliment construit. » « L’ombre d’un père » traverse soixante ans d’histoire allemande et européenne et démontre que les murs peuvent s’élever à tout moment, partout, en tous lieux, entre toutes personnes et cette histoire n’est pas terminée…
Ecouter la lecture de la première page de "L'ombre d'un père"Fiche #2282
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Nicole Bary
Basile est fou amoureux de Charlie, mais Charlie n’est jamais seule, une intruse se place toujours entre eux deux. Charlie est en effet harpiste et passionnée par son instrument, son enfant, ou plutôt ses enfants, elle en possède six, passionnée par la musique et la maîtrise de son instrument. Un instrument bien loin d’être comme les autres, de part sa taille et son poids, et sa proximité avec le musicien. Le rival prend donc de la place et beaucoup de temps mais il va bien falloir que le mari aimant se faufile entre eux deux ! « Le mari de la harpiste » nous permet de partager le quotidien de ce trio amoureux singulier avec tendresse, légèreté et humour. Un grand bol d’air sans aucune fausse note !
Ecouter la lecture de la première page de "Le mari de la harpiste"Fiche #2283
Thème(s) : Littérature française
Steve est un bon et beau cheval mais il se trouve commun, et certainement pas exceptionnel, surtout quand il regarde ses petits copains. Alors lorsqu'il trouve par hasard une corne d'or, il croit enfin avoir trouvé la solution ! En licorne d'or, il se trouve beau, exceptionnel et est certain que tous vous le remarquer ! Un bel (voire exceptionnel !) album pour montrer aux petits qu'il n'est pas nécessaire de se déguiser pour être soi et que chacun est exceptionnel par essence !
Fiche #2281
Thème(s) : Jeunesse
Jean est pianiste et passe beaucoup de temps à répéter dans son appartement. Sous l'oeil amical d'Arsène et Arsène est un... rat ! Arsène est rentré un jour dans l'appartement et n'en est plus sorti. Mais Jean le cache, il ne veut pas que ses voisins l'apprennent, donc pas de bruit, pas de sortie... Jusqu'au jour où Jean décide de les inscrire à un concours très particulier... Un bel album avec un message d'une grande humanité (normal avec un rat !) et le trait de crayon et les couleurs de Ronan Badel épaulent parfaitement les personnages et la thématique. Superbe.
Fiche #2278
Thème(s) : Jeunesse
C'est l'histoire d'un dragon qui dévore un chevalier. Court, très court mon ami ! Trop court, peut-être ? Original et très drôle.
Fiche #2279
Thème(s) : Jeunesse
Catastrophe ! Un ours est tombé à la mer ! Et son petit copain pirate le regarde s'éloigner, ils pleurent, ils crient, ils se débattent, mais l'aventure semble mal partie ! Il faudra attendre la dernière page pour rassurer tout le monde et avoir une bonne surprise !
Fiche #2280
Thème(s) : Jeunesse
Marie est serveuse dans un bar au Havre lorsqu’elle rencontre Alexandre, un étudiant passionné de cinéma et littérature. Elle l’écoute, le regarde ébahie, l’admire mais rapidement le gouffre entre eux deux apparaît, le mur entre leurs mondes est beaucoup trop épais et résistant. Une rupture houleuse et voilà Marie devant un juge. Seconde rencontre, seconde possibilité de changer le cours de la rivière, de la vie. Les mondes sont aussi différents et néanmoins quelque chose d’indicible se noue avec ce juge plus âgé que Marie, bougon, taiseux, râleur et solitaire. Elle ose lui demander de l’aide après sa condamnation, il accepte en fixant les règles et la voici devenue chauffeur du juge. L’écoute, l’attention, le dialogue parfois, atteignent Marie, la font réfléchir, changer, découvrir. Le flot de la vie semble réellement se dévier. Histoire d’une belle rencontre qui permettra à une jeune femme de découvrir le monde, de se lever, de vivre peut-être enfin sans peur, avec envie et curiosité et à un juge austère de retrouver quelques couleurs et de l’humanité dans son quotidien. Un roman au style fluide, attachant par ses personnages, leurs images dans le miroir de notre société, leur rencontre, leur mutation, mais aussi pour « s’interroger sur son propre courage de changer les choses » inhérentes à sa propre vie, à son entourage, voire encore plus loin.
« Dans la station balnéaire, même la mer apparaît plus confortable et plus sereine qu’au Havre. Ici, les flots évoquent le repos et l’éternité, là-bas, la lutte et le commerce. Ici, le casino est un loisir. Là-bas, un recours. »
« On ne choisit pas d’aimer. C’est aimer qui te choisit. »
« … notre époque avait honte de la douceur. »
Fiche #2277
Thème(s) : Littérature française
Ils sont les deux premiers à s'en être aperçus, le pingouin et l'ourson : c'est sûr, la banquise fond ! Catastrophe ! Ils se dépêchent de prévenir leurs petits copains et leurs parents. Mais que faire ? Qui trouvera la solution ?
Fiche #2273
Thème(s) : Jeunesse
Un imagier sous forme de livre à rabats, sur chaque page une question et un rabat qui cache le véritable objet ou animal avec de belles trouvailles.
Fiche #2274
Thème(s) : Jeunesse
Le petit crocodile est bien curieux, il veut tout savoir sur le petit lecteur, ses goûts, ses envies... Et lui, petit croco qu'aime-t-il ? La réponse est sur la dernière page sous forme de pop-up dangereux !
Fiche #2275
Thème(s) : Jeunesse
Marie-Madeleine Madac Miremont élève seule ses huit enfants dans un petit village de l'Aube, compliqué ! Surtout qu'elle s'est spécialisée dans l'épinard, et que ses tartes aux épinards remportent peu de succès sur le marché du village. Tout changera lorsqu'elle recevra par erreur un colis venant de Somalie contenant quelques fines herbes inconnues ! De quoi égayer le village et les élections législatives qui commencent ! Une belle réussite, fraiche, joyeuse, moqueuse, rythmée qui n'est pas sans rappeler une certaine Paulette jouée par Bernadette Lafont.
Fiche #2276
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Guillem est le petit dernier d’une famille où tout le monde adore lire. Pas lui. Il a horreur des livres, alors quand il est contraint d’emprunter un livre à la bibliothèque de l’école, à part Tintin… Mais Mme Milstein est intraitable : il doit prendre aussi un livre sans dessins ni images ! Grrr ! Un jour, il tombe sur un vieux livre non référencé « La tribu des Zippoli » et rentre à la maison. Quand il lit les premières lignes, il n’en revient pas : elles s’adressent directement à lui ! Comment est-ce possible ? En plus, quand son frère ou sa mère le lisent, ils ne lisent pas les mêmes mots. Etrange ! Et Guillem va découvrir la lecture, le monde du livre, l’imaginaire avec un grand bonheur et une grande impatience. Et que faire lorsque l’on a fini un roman, sinon choisir le suivant !
Fiche #2269
Thème(s) : Jeunesse
Traduction :
Edmond Raillard
Alou est un jeune chasseur de miel. Il se dirige vers un baobab qui abrite un essaim sauvage prêt à récupérer du miel lorsque qu’un 4x4 s’arrête à ses côtés. Des djihadistes l’interpellent et remarquent, affront suprême, qu’il a gravé son bâton ! Ils l’épargnent mais le frappent et font exploser le baobab. L’explosion pulvérise l’arbre mais parmi les débris, Alou récupère une statuette représentant une femme enceinte. Un vieux sage du pays Dogon reconnaît la Maternité rouge œuvre d’un grand maître. Une autre statue se trouve en ce moment au Louvres et le vieil homme lui ordonne d’aller mettre à l’abri cette seconde statue à Paris bien loin des barbares terrorisant la région. Voilà comment Alou rejoint le camps des migrants. Lax a trouvé un angle singulier pour parler des migrants, de leur voyage et de ses dangers, de leur arrivée en Europe et de leur quotidien parisien… Encore un bijou, le dessin, les couleurs et le contraste de la statue, la mise en page, tout est parfait et tellement humain.
Fiche #2270
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
« A bord de l’Aquarius » est le journal de bord des deux auteurs qui ont pris part à la vie, aux sauvetages de l’Aquarius, un témoignage indispensable du quotidien des sauvés et des sauveteurs. Les deux auteurs se retrouvent rapidement confrontés à chaque cas particulier qui touche tous à l’horreur. Les exils sont évidemment subis, ils ignorent pour la plupart les dangers extrêmes qui les attendent, et le chemin pour arriver jusqu’à l’Aquarius n’est jamais apaisé. Les deux auteurs sont accompagnés par un témoin inhabituel, un petit rouge-gorge, qui connaît bien le bateau et ses règles et les éclaire de ses connaissances. Une BD documentaire indispensable, qui fixe sur le papier la réalité et dont on ressort terriblement ému, en espérant qu’il sera de même pour ceux qui doutent de l’intérêt des missions de l’Aquarius et de l’engagement de son équipage.
Fiche #2271
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Un couple se couche. Elle est réveillée dans la nuit par un bruit bizarre. Une blague d’Antoine son époux ? Impossible, il est en arrêt cardiaque. Elle pratique un premier massage cardiaque avant l’arrivée des pompiers, puis sa vie bascule. Paniquer est impossible, expliquer immédiatement au cœur de la nuit à Margot et Victor, leurs enfants de six et trois ans puis le coma d'Antoine ( « sommeil qui ressemble à la mort ») devient central : va-t-il se réveiller, sera-t-il le même, qu’aura-t-il perdu, pourrait-il gagner quelque chose, le questionnement est infini, les sentiments multiples, abandon, culpabilité, espoir, tristesse, désespoir, peur, les émotions restent cachées, tues, impossible de les partager vraiment, elle est devenue spectatrice, l’espace temps a changé, sa scène est devenue le monde hospitalier, elle veillait cette nuit particulière, et sa veille continue. Un texte court et intense qui se lit d’une traite, une émotion permanente et un style très maitrisé qui s’adapte à chaque sentiment, à chaque pensée. Une immense preuve d'amour.
Premier roman
Fiche #2272
Thème(s) : Littérature française
Depuis l’âge de dix ans environ, ils en ont vingt cinq, les jumeaux sont tous les deux des accidentés de la vie : une sale maladie héréditaire (vrai personnage décrit avec beaucoup de pudeur) a forcé la porte de leur vie et détruit patiemment leur existence, presque tranquillement. « C’est curieux comme nous n’encaissons pas les chocs de la même façon. Et pourtant de vrais jumeaux. » L’un entame une sorte de pas de deux avec la mort, alors que l’autre essaie de l’ignorer en lui tournant le dos et en vivant au jour le jour. Trouver les solutions que l’on peut pour gagner du temps... L’un est resté avec leur père, l’autre s’en est éloigné. Leur mère est hospitalisée, elle a rejoint un autre monde, absente, ailleurs. Ils continuent d’aller la voir même s’ils en ressentent une souffrance intense. Elle ne prononce qu’un mot, elle répète « Varsovie » et donc voici le trio parti vers l’inconnu, nouvelle étape ou dernier voyage vers un espace à découvrir, une nouvelle vie… Un roman bouleversant au coeur d’une famille ravagée par le silence et la maladie, un style et un ton justes à la hauteur adéquate qui impliquent naturellement le lecteur sans jamais l’étouffer par la douleur de la situation.
« Le souvenir d’une amitié, c’est encore de l’amitié. »
Fiche #2268
Thème(s) : Littérature française
Elles ont encore frappé ! Et très très fort ! Attention aux crampes pendant la lecture et la découverte de ce pou grincheux qui cherche son bonheur dans tout espace poilu, quoique… même les chauves ne sont pas à l’abri d’une petite visite ! On retrouve même avec plaisir un chat que Séverine et Pauline ont déjà fait souffrir ! Un des meilleurs de la série, symbiose totale entre le texte et le dessin, un humour dévastateur. Indispensable pour les bibliothèques des petits et des grands.
Fiche #2265
Thème(s) : Jeunesse
LILIA
C'est toi ma maman
Mango
94 | 19-01-2019 | 14.5€
Une douce et tendre histoire de la vie : par hasard, Betty, une oie, découvre un petit crocodile, seul et abandonné. Elle décide de lui ouvrir son cœur et de l’adopter. Elle va l’élever avec amour, le protéger. Et puis les années passent, l’âge aidant, les rôles progressivement vont s’inverser.
Fiche #2266
Thème(s) : Jeunesse
Pull est un chien triste. Il a commis une terrible faute et il n’arrive pas à s’en remettre malgré ses compagnons de vie, les autres chiens qui l’accompagnent dans la caravane abandonnée dans laquelle ils vivent. Le jour d’un départ en vacances, Pull a abandonné ses maîtres. Ils sont disparus, impossible de les retrouver. Mais quoi de mieux qu’une communauté attentionnée et aimante pour repartir sur le chemin d’une autre vie ? On retrouve avec plaisir le trait et les couleurs de Claire Lebourg comme la douceur et la tendresse de son propos.
Fiche #2267
Thème(s) : Jeunesse
La baie de Hong Kong s’apprête à éprouver le passage d’un violent typhon. Ethan Coetzer a donc choisi ce moment particulier pour inviter ses richissimes clients à venir à l’abri de son bunker déguster quelques uns des plus grands millésimes. Il leur loue en effet cet espace hyper sécurisé pour conserver les plus grands vins de la planète. Mais la place est déjà occupée. Elles sont trois, ou plutôt ils sont quatre : trois femmes et un rat. Trois braqueuses et un rat dressé aux ordres de ces femmes atypiques, provocatrices, drôles, esthètes et très professionnelles. Un braquage ne peut être une réussite que dans la soudaineté, alors Bacchantes est un court texte rythmé qui se lit d’une traite. Céline Minard adore les références et autres clins d’œil, l'inspectrice Jackie Thran ne dira pas le contraire, et là, ça déborde ; elle apprécie aussi les fins qui interrogent voire bousculent le lecteur, et ici, on est au sommet !
Fiche #2263
Thème(s) : Littérature française
KAZ
Sophie CHARPIN
En avant vers la mare aux fées
Sabot Rouge
91 | 18-01-2019 | 14€
en stockPourquoi aller en forêt par un temps gris et pluvieux lorsqu’on a la télé bien au chaud et à l’abri ! Héléna et Fabio se laissent néanmoins entraîner par leur père pour une balade dans la forêt de Fontainebleau. Ils traînent des pieds, râlent en suivant leur papa sur les chemins, jusqu’à ce qu’ils se laissent emporter par une aventure extraordinaire ! Leur vision de la forêt change et le lendemain, leur père l'apprendra à ses dépens ! Bel hommage à l’imagination et bienvenu à ce nouvel éditeur qui a pour ambition de placer le patrimoine et son histoire au cœur de son catalogue. De superbes illustrations pour ce premier conte suivi d’une présentation de la mare-aux-fées non loin de Bourron-Marlotte.
Fiche #2264
Thème(s) : Jeunesse
Papa loup râle ce matin, il aurait apprécié une grasse matinée, mais les petits le réveillent, ils ont faim, et le grand méchant loup doit aller leur chercher de quoi se mettre sous la dent : un lapin ou un biquet feront l'affaire ! Mais le méchant loup est un grand sensible et l'affaire va vite se compliquer !
Fiche #2262
Thème(s) : Jeunesse
L’inspecteur Zigic et sa partenaire le sergent Ferreira de la section des crimes de haine enquêtent sur deux meurtres qui se sont déroulés dans le même quartier de Peterborough : deux hommes d’origine étrangère massacrés à coups de poings et de bottes. Et l’assassin masqué n’a pas craint les caméras de surveillance puisqu’il a revendiqué son geste avec un salut nazi. Néanmoins, cette enquête est rattrapée par un nouveau drame : deux femmes et un homme également immigrés sont renversés devant un arrêt de bus et semble-t-il le conducteur a choisi délibérément de les heurter. Pure coïncidence ou les meurtres sont-ils liés ? La pression est immense : il va falloir faire vite et discrètement. Pression médiatique mais aussi politique, l’extrême droite est en pleine croissance et prête à exploiter tous les évènements quitte même à les provoquer… Zigic et Ferreira vont se heurter à une enquête difficile où chaque piste envisagée se révèle rapidement comme une impasse, la tension les atteint aussi face à leur impuissance… Un polar bien noir au cœur de l’Angleterre en crise économique et politique avec un modèle multiculturel remis en cause pour certaines communautés.
Ecouter la lecture de la première page de "Haine pour haine"Fiche #2261
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Lise Garond
La question avec chaque nouveau roman d’Antoine Choplin est simple : va-t-il enfin nous décevoir ? Et bien, c’est encore raté avec « Partiellement nuageux » qui nous entraîne dans un voyage vers le Chili, l’Histoire et la Mémoire. Ernesto vit seul avec son chat, Le Crabe, dans une vieille bâtisse, isolée, sans confort. Il est astronome et remonte dans le passé (et la mémoire) grâce à Walter un télescope dépassé. Il passe des nuits avec Magellan et ses compagnons alors que le vieux Walter nécessite une révision et une nouvelle lame de Schmidt. Il se rend alors à Santiago pour parler financement et commande. Et devant le musée de la mémoire, il fera La rencontre qui bouleversera sa vie, Ema, un regard et ils se reverront, s’approcheront, s’observeront, découvriront leurs blessures, leurs secrets, leurs morts (la dictature n'a épargné personne...), affronteront leur pudeur et timidité (« Hier je voulais marcher tout seul vers le nord, et aujourd’hui je voudrais bien qu’on marche tous les deux ensemble vers le sud. ») pour peut-être pouvoir enfin rejoindre paisiblement le camp de la vie. Quel bonheur de retrouver le style d’Antoine Choplin avec ce roman tout en retenue et en émotion contenue, une maîtrise absolue !
Ecouter la lecture de la première page de "Partiellement nuageux"Fiche #2260
Thème(s) : Littérature française
Un bébé déposé dans un village du désert, et Laurent Gaudé nous entraîne dans un conte reprenant une pièce de théâtre de 2003. De la tragédie au conte, encore un exercice parfaitement réussi ! Ce bébé à l’odeur de désert, même les hyènes n’en veulent pas, alors Mamambala le recueille et lui donne un nom, « Par le sel de ces larmes dont tu as couvert la terre, je t’appelle Salina ». Une vie de douleurs et d’exils attend le bébé venu de nulle part et c’est son dernier enfant qui se charge aujourd'hui du récit sans aucun jugement. Un mariage forcé, un amour interdit, des naissances, une adoption, mort et vengeance, la haine de l’autre, le poids des traditions traversent le destin de Salina à travers le drame d’un triple exil : trois enfants, trois exils. Laurent Gaudé nous offre un nouveau portrait d’une femme puissante mais condamnée, une vie volée que la vengeance ne pourra sauver. Toujours aussi brillant et maîtrisé !
« Je sais, moi, qu’une guerre ne s’achève vraiment que lorsque le vainqueur accepte de perdre. »
Fiche #2256
Thème(s) : Littérature française
Les enfants de ma mère relate le bouleversement de la vie familiale et des femmes d’un milieu aisé de l’après 68. Françoise votera pour la première fois en 81 et pour Mitterrand, « heureuse d’avoir commis une grosse bêtise. » Elle aura deux enfants, puis divorcée, « Elle n’était plus la femme de quelqu’un. Elle deviendrait quelqu’un. » Mais « changer la vie » et devenir quelqu’un n’est pas un long chemin tranquille… Elle ouvrira son appartement parisien à tous, fera ce qu’elle peut avec ses enfants, souvent dépassée, s’occupera des gamins perdus, fracassés par la vie qu’elle accueillera, et en s’occupant du « désordre des autres » délaissera peut-être ses enfants, et notamment Laurent hypnotisé par son ami Victor, prêt à tout avec lui, ressentir le frisson et la tension du danger au détriment de sa liberté… On retrouve avec plaisir le style de Jérôme Chantreau pour un roman emblématique d’une certaine France des années 80.
« L’héroïne, c’est une maison avec un feu de bois, un canapé et une couette. On y entre et on ne veut plus en sortir. Pour quelle raison ? Dehors, tout est froid et difficile. »
« Mais il n’avait de résolution que dans ses rêves. »
Fiche #2257
Thème(s) : Littérature française
C'est l'heure de l'histoire du soir, avant de s'endormir. Papa se lance, ce soir, c'est l'histoire de madame Dujabot, dite Colette. Et Colette est une poule particulière, elle a des dents ! Papa semble heureux de son histoire mais Antoine veille au grain, il ne faudrait tout de même pas en faire trop ! Comme d'habitude avec André Bouchard, décalé et hilarant !
Fiche #2258
Thème(s) : Jeunesse
Notre chevalier a une passion, les dragons ! Alors il se lance dans de longues études et obtient brillamment son master. Et maintenant, il ne lui reste plus qu'à trouver du boulot ! Un récit très drôle qui nous rappelle sourire aux lèvres que le chômage traverse l'histoire de l'humanité !
Fiche #2259
Thème(s) : Jeunesse
Einar est à un tournant de sa vie. Ou plutôt à Treize jours » d’un nouveau tournant de sa vie. Treize jours et trois ultimatums : décider s’il rejoint sa dernière maîtresse, banquière énigmatique recherchée par la police, décider de son avenir au sein du Journal du soir, et enfin retrouver (peut-être avec l’aide de la police) le tueur d’une lycéenne retrouvée assassinée dans un parc. Or, cette lycéenne lui rappelle sa fille Gunnsa plus jeune qui va se joindre à lui et avec fougue pour l’enquête en ignorant parfois les dangers face à une jeunesse en pleine dérive fricotant avec les milieux interlopes du monde de la nuit, prostitution, drogue, alcool, et autres réseaux sociaux… Et naturellement les relations entre Gunssa (bien partie pour prendre la suite d’Einar) et son père croiseront le déroulement de l’enquête et les choix finaux d’Einar. Des personnages humains, sensibles, en prise directe avec les difficultés de la vie, des relations amoureuses et filiales et du monde du travail, un polar noir très contemporain au cœur d’une société islandaise minée comme d’autres par les difficultés sociales et économiques.
« Il n’y a aucune limite à ce dont l’homme est capable. Ca se vérifie tous les jours. Nous ne sommes que des animaux. Nous sommes des prédateurs, des prédateurs en tenue de camouflage. »
Fiche #2255
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction :
Eric Boury
« Le livre de Dina » reste dans la mémoire de tous ceux qui l’avait rencontré il y a déjà maintenant de longues années. C’est donc avec émotion que l’on retrouve la famille de Dina aujourd’hui avec son testament (qui peut être lu indépendamment) et à nouveau une saga monumentale avec tous ses ingrédients : une chronique familiale évidemment, une chronique sociale de la Norvège du XIXème et début XXème, de la psychologie, de la violence, de l’amour, du désir, la condition féminine, les secrets et non-dits, la puissance des paysages, du climat, de la nature et de la mer norvégiennes… Karma avant de sombrer dans la folie et le silence partage lors de l’enterrement de Dina, sa grand-mère, sa confession. Dina lui a avoué avoir assassiné deux hommes, elle est coupable, elle le reconnaît et veut maintenant rejoindre la mer. Dans l’assistance certains savaient mais avaient gardé le silence, d’autres le découvrent et « le testament de Dina » permet de dévoiler l’histoire de Dina, Karma, Anna, Hanna et des hommes qui les ont entourées et aimées. Magistral.
« La très vieille propension des femmes à rechercher la protection et la dépendance. La sotte propension des hommes à vouloir montrer leur force. »
« Etre libre, c’est avoir la possibilité de partir. De changer de rôle. Une chance qui était offerte à n’importe quel homme. Tandis que les femmes étaient confinées dans des endroits qu’elles ne semblaient pas choisir. Des pièces dans lesquelles les autres passaient ou venaient parce qu’ils avaient à y faire. Mais dans lesquelles ils ne restaient pas. C’étaient à croire que les femmes étaient une race à part, nées pour être là où on les attendait. Un mal nécessaire. Qui pleurait, saignait. »
Fiche #2253
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Loup-Maëlle Besançon
« On ne choisit pas non plus les trottoirs de Manille de Paris ou d’Alger pour apprendre à marcher… » et Nami n’a effectivement pas choisi ! Il est né dans un petit village de pêcheurs, quelque part près d’un lac, dans une région occupée par les Russes. Une catastrophe a eu lieu et le lac s’assèche jour après jour comme la vie sauvage et la vie humaine. Nami va subir violence, douleur, désespoir mais l’espoir de retrouver sa mère le maintient du côté de la vie. Pour cela et pour fuir la violence, il partira vers la capitale, elle aussi en piteux état, détruite. Il rencontrera une petite communauté qui lui apportera de l’aide et du réconfort, de l’espoir et la force après ce parcours initiatique de retourner près de ce lac, là où tout a commencé. Nami deviendra un héros en refusant de rejoindre le cas de la destruction et de la mort. Un style précis, travaillé pour décrire et faire ressentir une atmosphère d’une noirceur permanente et affirmée où le droit a disparu, où chacun lutte pour sa survie et doit toujours être prêt à fuir ou combattre le quotidien et l’ombre russe si pesante.
Ecouter la lecture de la première page de "Nami"Fiche #2254
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Christine Laferrière
Lynx sait frapper les arbres pas les mots, il sait les admirer, les observer, les sentir : « Son vrai monde, c’est la forêt. Seuls les arbres lui sont une famille. Avec ce qu’ils contiennent de vent broyé, d’épaisseurs, de solitude blanche. » Pourtant il pressent que les mots sont aussi forts et puissants que les arbres. Il a grandi avec un père taiseux et une mère délicate. Lynx est parti, a parcouru le monde avant de revenir. La mort brutale de son père (accident, suicide ou …) écrasé par un tronc et l'envie de partir renaît. Et puis Lilia arrive. C’est une femme, mais pas comme les autres, pas comme celles d’une nuit. Et puis elle a un petit. Elle sera à part. Alors Lynx leur propose la maison d’enfance. Elle acceptera. Lui opte pour la grange, il a préféré s’éloigner de son enfance. Lilia parle peu, elle aussi, elle préfère manier et travailler les mots à l’écrit, bûcheron écrivain, quelle différence ? Les mots comme la forêt peuvent être doux et accueillants, les mots comme la forêt peuvent être noirs et violents. Il est possible de s’y perdre. Ils demandent tous les deux autant de précision et d’attention. Et cet été, le plus chaud depuis très longtemps, l’atmosphère est pesante… Un style poétique envoûtant qui sait jouer avec les temps, le conditionnel interrogeant toujours le lecteur, au cœur d’une forêt, de ses arbres, de ses silences mais aussi du processus d’écriture.
Ecouter la lecture de la première page de "Lynx"Fiche #2252
Thème(s) : Littérature étrangère
Monsieur Jaume a déjà derrière lui une longue existence et son avenir est immense. Immortel. Monsieur Jaume est atteint d’immortalité. Chance ou malédiction ? Depuis 1702, son année de naissance, Jaume a traversé notre histoire et aujourd’hui, par une nuit de neige, l’envie de se confier le frappe devant Virgile, un bistrotier de la rue Saint-André-des-Arts qu’il fréquente depuis de longues années et qui n’a jamais quitté son bistrot. En route pour un long voyage dans le temps, dans l’Histoire (plus de 300 ans d’évènements marquants) mais aussi vers tous les coins de la planète. Il l’écoute d’abord de loin comme une parole habituelle de bistrot, puis intrigué et enfin curieux, l’immortalité l’attire. Mais l’immortalité est-elle vraiment un cadeau ? Qu’est ce qui peut résister à l’immortalité ? Quel est le secret de l’immortalité ? Le récit de Jaume est-il réel ou imaginaire ? Série de questions qui tiennent en haleine le lecteur au cœur de ce récit de voyages et de cette réflexion sur le temps qui passe.
« A moins d’être un imbécile, un sot, ou un doux rêveur, il ne faut jamais vivre des promesses des autres. De celles que l’on se fait à soi-même, peut-être. Et encore… »
Fiche #2251
Thème(s) : Littérature française
Un joli livre cartonné avec des flaps permettant de cacher et découvrir des animaux au milieu de leur environnement familier.
Fiche #2249
Thème(s) : Jeunesse
Sitam partage la cabane brinquebalante d’Archibald, un amoureux fou du jazz qui vit en marge, reclus, chassé du monde qui parlera de lui avec retenue mais surtout écoutera Sitam lui confier son histoire et dévoiler sa trajectoire au cœur de la précarité et de la guerre. Sitam est maintenant posé mais fuit depuis quelque temps. Il s’est évadé de Paris après un attentat pour parcourir l’Europe en plein chaos. Un passage en Hollande où il constitue avec amitié une petite bande que sa maladie éclipse. Elle l’incite en effet à reprendre la route, et il ferme la boucle en revenant en banlieue. Portrait d’un jeune homme qui abhorre son époque et sa société, qui choisit l’errance dans un monde en perdition et qui trouve son seul refuge dans la musique et les mots. Le texte est vif, nerveux, un flux constant le traverse, une poésie et une musicalité permanentes, le tout prend à « l’estomac » en abordant de front la vie, la maladie, la mort, l’amitié, la solidarité, la tendresse et le désespoir. Vous n’échapperez pas au KO !
« Pour continuer à traquer la beauté, faut beaucoup de silence… »
Premier roman
Fiche #2250
Thème(s) : Littérature française
Adrien participe à un nouveau repas de famille mais son esprit est ailleurs, il attend une réponse au message qu’il a envoyé à son ex. Alors il observe ses convives avec distance. Tout est figé, connu d’avance, il sait ce qu’il va manger, il devine les sujets de conversation, il attend les discours habituels puis les réponses de chacun… Alors seul l’humour même grinçant peut sauver. Sa soeur et son futur époux n’échappent pas à ses prévisions, seule surprise, il lui est demandé de prévoir un discours pour leur mariage, et c’est la famille, bien sûr, il ne peut refuser… Alors on suit ses pensées, ses souvenirs avec son ex, ses réflexions sur ces repas avec ceux qui écoutent et ceux qui parlent, ceux qui font semblant, sur les familles et ses obligations. Entre rire et émotion, « Le discours » traite avec clairvoyance de la famille, de la place et du rôle de chacun, mais fournit aussi en creux le portrait d’un homme décalé, seul, nulle part à sa place. On se retrouve nécessairement dans une situation, dans un regard, dans une réaction… et on rit beaucoup !
Ecouter la lecture de la première page de "Le discours"Fiche #2247
Thème(s) : Littérature française
Etienne est journaliste et n'a pas oublié qu'il aurait aimé devenir écrivain. Il retrouve un texte écrit à vingt ans qui le confirme. Il est temps pour lui de se retourner, de se remémorer sa jeunesse et d’observer avec lucidité et parfois ironie ce qu’il est devenu. Cette trouvaille vient opportunément rafraîchir les souvenirs, l’époque de la guerre d’Algérie mais en même temps les prémices d’une certaine liberté sexuelle et ses trois sirènes, Muriel, Livia et Thalie et enfin, déjà cette idée du suicide, la liberté ultime. Le roman par une double narration croise avec subtilité les deux époques en jouant sur la forme, le fond et l’écriture et avec comme fil rouge l’amour puissant de Thalie et Etienne, complices absolus des années 60 à aujourd’hui.
Ecouter la lecture de la première page de "L'amour dans les sixties"Fiche #2248
Thème(s) : Littérature française
Elle vit seule dans un monde uniforme. Blanc. Boule de neige, elle aimerait aller voir ailleurs si un autre monde existe. Une bourrasque, et elle commence de dévaler la pente et les couleurs apparaissent, puis des animaux. Une autre vie qui bouleversera son existence. Conte initiatique et poétique avec de superbes illustrations.
Fiche #2246
Thème(s) : Jeunesse
Un nouvel album pour imager, expliquer, dédramatiser les émotions mais quel album ! Les six émotions primaires s'incarnent en six petits capitaines de couleurs différentes qui se présentent dans un livre accordéon que le petit lecteur curieux déplie. Un rabat découpé donne corps à chaque émotion. Mise en application et verbalisation grâce à un jeu sur le verso de l'accordéon. Joli, graphisme et couleurs superbes, démonstratif et ludique. A ne pas rater !
Fiche #2245
Thème(s) : Jeunesse
Il y a bien longtemps les éléphants n’avaient de trompe mais seulement un modeste nez, bien décalé par rapport à leur taille et donc l’animal apparaissait assez disgracieux. Jusqu’au jour où un petit éléphant trop curieux énerva tout le monde avec ses questions et notamment son envie de savoir ce que ce soir mangera le crocodile ! De superbes illustrations pour cette adaptation du texte de Kipling.
Fiche #2244
Thème(s) : Jeunesse
Une BD qui revient sur l'histoire des Noirs américains des années 60 à nos jours à travers le destin de Curtis qui, dès son plus jeune âge, montre un don et un amour de la danse absolus. Et naturellement, il ne peut rester indifférent au talent de Mickael Jackson, mais leur engagement, leurs préoccupations comme leur quotidien sont loin de se rejoindre... Un portrait attachant et un intérêt historique évident.
Fiche #2242
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Un livre marionnette qui fera hurler de rire les petits (et les grands) devant la recherche du grand méchant loup qui ne réussit pas à faire passer son hoquet et peine à trouver quelqu'un qui lui fera peur !
Fiche #2243
Thème(s) : Jeunesse
"Henry et la liberté" relate l'histoire vraie d'un d'Henry Brown qui bravera les risques et le danger pour sa liberté, le combat d'un enfant noir au coeur de l'Amérique esclavagiste du XIX ème.
Fiche #2238
Thème(s) : Jeunesse
POG
Marianne ALEXANDRE
Le renard Tokela
Des Ronds dans l'O
68 | 11-11-2018 | 16€
en stockLe peuple des sept feux a ses rites et coutumes. Or quand les caribous commencent de migrer, c'est le moment pour les jeunes de prouver leur courage et vaillance : ils doivent trouver leur animal totem, le tuer pour revenir au village affubler de leur peau. Et l'heure de la jeune Winoma est venue. Mais tuer un animal, elle ne peut s'y résoudre et pourtant il va bien falloir qu'elle revienne avec un peau ! Bel album d'initiation et d'amitié.
Fiche #2239
Thème(s) : Jeunesse
La Reine et le Roi ont cinq filles. Ils règnent sur un royaume paisible dans une harmonie parfaite. Et leurs filles y participent, elles possèdent toutes en effet un don qui l'entretient. Enfin presque toutes ! Une exception ! Iris n'a pas de don et elle en souffre. Le royaume s'inquiète, quelques tensions apparaissent, il va vraiment falloir trouver le don d'Iris ! Superbe album sur le bonheur et les capacités de toutes et tous !
Fiche #2240
Thème(s) : Jeunesse
Un petit album efficace qui éclaire la notion d'amitié et notamment celle qui se répand à l'infini sur les réseaux sociaux.
Fiche #2241
Thème(s) : Jeunesse
Fin XIXème, elles étaient dix. Dix à s’engager, à choisir, à partir. En 1910, il n’en reste qu’une, Valentine, soixante quatre ans, et le temps de « faire les comptes » est venu. Alors Valentine va les raconter. En effet, en juin 1873, dix femmes (la plus jeune a dix-sept ans) vont quitter un village du canton de Berne. La plupart travaillent, certaines sont mariées, d’autres ont des enfants, la hiérarchie, elles s’y sont déjà confrontées, dans la famille, dans le couple, dans le travail… Alors elles choisissent le camp de la liberté, du collectif, du participatif, de l'égalité, un nouveau monde, avec chacune en poche un oignon protecteur : long et compliqué voyage pour atteindre l’Argentine, destination finale. Elles rencontreront l’hostilité des hommes (les Anarchistes dérangent et resteront toujours des bêtes à abattre), les bouleversements politiques de l’époque, et même dans le dénuement total, elles persévéreront sur le chemin de la liberté en prenant leur décision collectivement, ne se fatigueront jamais et garderont « la force de s’insurger. » Le voyage va éprouver le groupe mais elles resteront toujours libres et solidaires. Un roman historique qui nous permet de découvrir une palette de portraits d'anonymes très humains qui iront au bout de leurs convictions. Ca fait du bien, on en redemande !
« Ce qui compte ce n’est pas de réaliser l’utopie anarchiste, c’est d’être anarchiste. »
Fiche #2237
Thème(s) : Littérature française
« Vient toujours le moment où il faut choisir. Choisir entre l’insupportable et … l’insupportable. On ne voit pas arriver ce moment. » Sa vie s’est en effet terminée le jour où elle a décidé de mettre fin à l’inacceptable. Elle a tué son mari, elle a tué « l’homme ». C’était la seule façon de s’en sortir, de se libérer et pourtant sa vie s’est arrêtée à cet instant, « je suis passée de l’autre côté de ma vie ». Elle a été condamnée, elle a été emprisonnée, elle a purgé sa peine et est sortie de prison, dans le silence. Elle a rejoint son frère, le seul en qui elle continuait d’avoir confiance. Puis une écrivain est venue pour recueillir son témoignage et écrire son histoire. Elle-même a trouvé en prison dans les mots la force de survivre, elle écrivait pour les autres prisonnières. Alors elle accepte. Elle raconte son enfance, le comportement de sa mère, le mariage forcé, les coups… Ses études supérieures n’auront rien empêché… Elle raconte les mensonges, les brimades, le silence, réel enfermement avant la prison, baisser les yeux et se taire, la soumission, « mes semblables et moi étions génétiquement programmées pour l’obéissance, la soumission. », la haine qui s’installe et grandit, l’enfermement et la vie carcérale. « Nulle autre voix » expose sans artifice la condition de la femme en Algérie sans guère d’espoir, un récit très rythmé, des phrases courtes, un ton doux et violent, poétique et âpre, et affleurent toujours une révolte et une violente colère.
« Le visible et le caché. Deux socles sur lesquels repose la société. Ce qui ne se voit pas n’existe pas et ne peut donc être répréhensible. »
« Pour moi, la première violence est de s’arroger le droit de disposer de l’autre. Du corps de l’autre. Au nom d’une supériorité légitimée par la naissance, le sexe, l’argent, la position sociale ou encore par des lois humaines ou divines. »
Fiche #2236
Thème(s) : Littérature étrangère
Alfa Ndiaye et Mademba Diop sont originaires du même village africain, « plus que frères », ils vont éprouver leur vingt ans et leur amitié au plus profond des champs de batailles de la première guerre mondiale. Tirailleurs, ils vont obéir aux mêmes ordres, jaillir des tranchées coupe-coupe et fusil à la main, croiser la mort et le regard bleu des ennemis à tuer (sifflement, attaque, destruction, mort, enchaînement inéluctable et répétitif). Mais, rapidement, Mademba s’écroulera, blessé à mort et implorant Alfa de l’achever. Alfa ne pourra s’y résoudre. Devenu seul, la folie l’accompagnera pendant les assauts, mais n’est-ce pas ce que la France lui demande (« La France du capitaine a besoin que nous fassions les sauvages quand ça l’arrange. »), et après : elle ne semble plus vouloir le quitter. Il effraie ses ennemis, ses frères de combat mais sa violence insoupçonnable , il l'a choisie, il l'entretient délibérément et il l'assume. Il devient le sorcier fou honni par tous et est évacué. En retrait, il pourra réfléchir et revenir sur son passé, son enfance, la naissance de son amitié avec Mademba, son premier amour, son sentiment définitif de culpabilité de n’avoir pas su le protéger puis abréger ses souffrances et enfin sa volonté de résister aux ordres et à l’horreur. Une écriture parfois simple et poétique mais toujours singulière, parfois précieuse et chantante, accompagnée de répétitions pour mieux ressentir l’horreur et la folie ultimes, une plongée dans l’atrocité absolue d’une guerre, un réquisitoire contre ceux qui la décident et mènent une génération à l’abattoir. Indispensable notamment pour cette année du centenaire et pour ne pas oublier les hommes venus de terres lointaines que l'on a choisi de sacrifier délibérément !
Premier roman
« … j’avais été inhumain par obéissance aux voix du devoir. Mais j’étais devenu libre de ne plus les écouter, de ne plus obéir à ces voix qui commandent de ne pas être humain quand il le faudrait. »
« La folie temporaire permet d’oublier les balles. La folie temporaire est la sœur du courage à la guerre. »
Fiche #2235
Thème(s) : Littérature française
Dans une même rue, dans un même village, dans une même ville, certains pourtant voisins se croisent mais ne se voient pas. Ils appartiennent à des mondes différents. Un mur opaque les sépare et lorsqu’un évènement fortuit laisse apparaître une lucarne sur l’autre monde, cela ne dure qu’un bref instant et elle se referme rapidement, chacun rejoignant son camp. Et naturellement, l’un des côtés permet tout et l’autre seulement peur, survie et douleur, chacun naît d’un côté et y demeure. Les deux mondes ne se comprennent plus, ne peuvent plus appréhender les sentiments de l’autre, la scissure est franche, les chemins sont parallèles et ne peuvent donc plus se croiser. Malgré ce constat et ce pré requis, François Bégaudeau ose envisager qu’une rencontre amoureuse pulvérise ce mur, esthétique gageure avant que tout ne rentre dans l’ordre !
« … la saleté d’un riche est un style, celle d’un pauvre un stigmate. »
« Pour survivre il faut manger, pour manger il faut de l’argent, pour l’argent il faut du travail et il n’y en a pas. Le piège se referme. Un collet sur une cheville. »
« Que ces gens aient pu supporter l’insupportable est la marque, selon Sophie, de l’exceptionnelle adaptabilité de l’espèce humaine. Ou de son accablante docilité, ajoutera la petite voix critique en elle… La girafe parachutée au pôle Nord ne veut pas de cette vie, cette vie ne sied pas à son organisme, et alors elle a la dignité de ne pas s’adapter, elle meurt la tête haute, elle meurt en girafe. L’homme lui s’adapte à tous les milieux. A tout il se fait, à tout se conforme… il se conforme, avec le temps, ça finit par bien lui aller. »
Fiche #2234
Thème(s) : Littérature française
A quatorze ans dans les années 90 quand on découvre le monde à Heillange, au cœur d’une région où les hauts-fourneaux prennent leur temps pour s’arrêter et mourir, on rêve d’ailleurs, on rêve d’autre chose que la vie incarnée par ses parents. On rejoint ses amis, on croit former une bande, on écoute Nirvana, et pourtant on rêve. Et alors, c’est la première rencontre, le premier amour, on y croit. Et puis rapidement, on s’aperçoit que la société est morcelée et que l’on n’appartient pas au bon morceau, au bon côté. Alors, la survie commence avec quelques instants d’euphorie et de joie qu’il ne faut pas rater et surtout beaucoup de tristesse et de désespoir. Combien réussiront à partir ? Combien seront condamnés à rester ? Pourront-ils exister librement ? Où sont passer les collectifs d’antan ? Un grand roman d’initiation générationnel qui revient sur le début de la période où la nouvelle génération ne vivra pas mieux que ses parents, où les politiques menées en Europe par l’ensemble des partis de droite comme de gauche ont accepté de sacrifier des pans entiers de leurs sociétés, sacrifice humain autant qu’abandon de territoires et en ce sens, ce brillant et émouvant roman a hélas de multiple résonances aujourd’hui encore.
« On mourrait maintenant à feu doux, d’humiliations, de servitudes minuscules, d’être mesquinement surveillé à chaque stade de sa journée ; et de l’amiante aussi. Depuis que les usines avaient mis la clef sous la porte, les travailleurs n’étaient plus que des confettis. Foin des masses et des collectifs. L’heure, désormais, était à l’individu, à l’intérimaire, à l’isolat. »
« Ces femmes qui, d’une génération à l’autre, finissaient toutes effondrées et à moitié boniches, à ne rien faire qu’assurer la persistance d’une progéniture vouée aux mêmes joies, aux mêmes maux… »
Fiche #2233
Thème(s) : Littérature française
Il n’a jamais possédé grand-chose, Petit, même pas son nom. La tribu l’a accompagné et le Vieux lui a tout appris. Il a lui donné le plus beau, le moyen de partager avec les autres, de s’exprimer sans parler, sans les mots, mais avec son âme, par l’intermédiaire d’un bâtonnet troué où il a d’abord cherché la musique avant d’apprendre à le faire chanter. Tous attendaient ce son, ce rythme, qu’il leur offrait. Même ses chèvres obéissaient à ses chants. Il adorait se promener sur les chemins que le Vieux lui avait montré, seul avec son harmonica et ses chèvres. Puis, un jour, d’autres en ont décidé autrement, et il a fallu partir avec comme seul bagage, son instrument, cet harmonica qui toujours lui ouvrira les portes d’une certaine forme de liberté. Une nouvelle émouvante et puissante accompagnée de superbes illustrations qui en font un très bel objet.
Ecouter la lecture de la première page de "Roses & Blues"Fiche #2231
Thème(s) : Littérature française
Boris est un naturaliste aguerri, de grandes connaissances, une passion mais il faut bien vivre… Alors il se met au service de grandes entreprises spécialisées dans les grands projets d’urbanisation ou autres et rend ses expertises souvent favorables. Il est bien parfois troublé par ses conclusions devant le vol d’une libellule en voie de disparition, mais ses doutes s’éteignent rapidement… Cette fois, il œuvre dans les Landes et ironie du sort, loge chez un couple sympathique mais qui milite contre le projet et se lie avec un vieux loup sauvage également en guerre. Non loin de là, un nouveau riche a passé outre les lois du littoral pour ériger une villa moderne au milieu des dunes et face à la mer et une ZAD commence de prendre de l’ampleur pour empêcher la mise en place d’une zone de stockage de produits dangereux. L’orage approche, l’atmosphère se tend, tout est en place, même la météo, pour un joli et dangereux feu d’artifice ! Un roman vert noir efficace !
« … car il arrivera un jour où l’humanité aura terriblement peur de crever. »
Fiche #2232
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Une nouvelle adaptation très réussie d’un roman noir de l’inégalable Jean-Patrick Manchette qui nous offre 190 pages de noir bonheur et de lecture attentive. Ils sont six, en marge de la société bien pensante, chacun avec son caractère et son histoire bien personnels, loin de former une unité, un bloc. Pourtant ils s’associent et forment le groupe Nada pour un coup d’éclat : l’enlèvement de l’ambassadeur américain qui a ses habitudes dans une « alcôve » parisienne. Opération risquée mais ils peaufinent l’organisation et partent de la maison close après quelques dommages collatéraux avec leur précieux colis. Mais l’opération ne fait que commencer et la police ne reculera devant rien pour régler l’affaire et ne leur laissera pas le droit à un retour en arrière…
Fiche #2229
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
On le sait maintenant et « Un monde à portée de mains » le confirme à nouveau, Maylis de Kerangal excelle pour immerger le lecteur dans un monde inconnu, singulier. Elle nous permet cette fois avec Paula, Jonas et Kate de découvrir un pan du monde artistique : ils ont appris dans une école bruxelloise l’art de la recopie, du trompe l’œil, l’art de l’illusion. Ils savent reproduire les mêmes gestes que des artistes ont effectués des années, voire des siècles plus tôt. Ils assurent ainsi un lien marqué entre les hommes d’hier et d’aujourd’hui, malaxent le temps, contredisent l’oubli et l’effacement mais aussi interrogent l’évolution et l’état de l’humanité. Ils savent créer et assembler les couleurs, choisir les matières naturelles, les observer, sorte de faussaires officiels, leur art est reconnu. Maylis de Kerangal est précise (comme son écriture), elle maîtrise parfaitement son sujet et enrichit naturellement la découverte de ce monde par ses personnages, une histoire humaine avec de la passion amoureuse mais aussi une passion absolue pour leur métier qui les place à part, des espoirs et des doutes, des rêves. Toujours aussi passionnant !
« Je croyais que tu voulais être peintre. Paula sursaute : je veux peindre, c’est tout. »
« … peindre vraiment, aimer vraiment, s’aimer vraiment, c’était la même chose. »
Fiche #2230
Thème(s) : Littérature française
Superbe adaptation du célèbre roman de Jean-Claude Mourlevat qui relate le voyage initiatique du jeune Tomek à la recherche de Qjar la rivière qui ouvre les portes de l’éternité. Graphisme, mise en page, colorisation, tout est parfait.
Fiche #2228
Thème(s) : Jeunesse Bandes dessinées
Juillet 36 : Hitler prépare les JO de Berlin, tout à sa gloire. Participer ? Ne pas participer ? Une bande de copains athlètes préfèrent partir vers l’Espagne pour participer aux Olympiades populaires en opposition aux JO officiels. Ils partent joyeux, affûtés, et motivés. Seul problème, l’Histoire les rattrape, Franco est en effet bien décidé à « nettoyer » l’Espagne. Les Olympiades populaires s’éloignent mais les athlètes ne peuvent rester indifférents et s’engagent avec courage dans le combat. Passionnant et instructif.
Fiche #2225
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
2009, le jugement des anciens nazis n’est toujours pas terminé. Marcel Grob, 83 ans, se retrouve dans le bureau d’une jeune juge d’instruction. Le face à face est tendu, il l’interroge sur son passé et son intégration en 1944 dans la Waffen SS. Marcel Grob est Alsacien et soutient qu’il a été engagé « malgré lui ». Le juge semble en douter et le pousse dans une confession totale. Un long voyage éprouvant au cœur de l’horreur et de l’inhumanité de la guerre mais aussi qui revient sur la difficulté de juger. Encore une superbe BD au coeur de l’Histoire chez Futuropolis !
Fiche #2226
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Après « Trottoirs », Jean-Luc Manet nous offre une nouvelle rencontre avec son libraire devenu SDF… Romain partage maintenant un container avec un vieux de la vieille qui n’a comme compagnon qu’un petit chien bâtard, puant et sale. Ils cohabitent tous les deux à l’abri des regards. Chacun a ses habitudes pour la manche et passer le temps. Cette triste routine est perturbée par l’irruption de Christelle une jeune journaliste bien décidée à percer les difficultés de l'existence de Romain qui devient d'ailleurs dangereux, les SDF disparaissent les uns après les autres sans laisser de traces… Immersion totale et réaliste dans le quotidien de Romain que l’on retrouve avec plaisir en attendant le troisième opus !
Ecouter la lecture de la première page de "Aux fils du calvaire"Fiche #2227
Thème(s) : Littérature française
Violette Morris fut assassinée le 26 avril 1944 sur une petite route de Normandie par un groupe de résistants l’accusant d’intelligence avec l’ennemi, ils l’avaient même surnommée « la hyène de la gestapo ». Quelques temps plus tard, son amie Lucie Blumenthal, ancienne avocate devenue par la force des choses détective, part sur sa trace afin d’élucider les vraies raisons de cet assassinat. Violette Morris était en effet une femme qui dérangeait, notamment la gente masculine : sportive accomplie (boxeuse, athlète, nageuse…), chanteuse de cabaret, et pour couronner le tout, homosexuelle. De quoi déranger la bonne société ! Un premier volume qui ouvre le bal de cette enquête et de ce portrait passionnant.
Fiche #2224
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Jean-Philippe Blondel nous propose cette fois la rencontre d’un trio amoureux adolescent : Anaïs, Adrien et Sanjeewa. La danse est au cœur de leur vie, une passion absolue partagée : « Moi, les seules choses qui me font vibrer, ce sont les mots et la danse. » Les garçons sont naturellement différents mais partagent en plus de la danse une certaine différence : l’un a des parents sourds et muets, l’autre a subi l’exil et le déracinement. Ils vivront les affres et les rivalités classiques d’un trio mais sauront se réunir et s’entraider lorsque Anaïs aura besoin d’eux pour surpasser son éloignement de la danse. Jean-Philippe Blondel offre un superbe et émouvant portrait (ça devient une habitude !) d’un trio d’adolescents mus par une passion qui réussit même à rythmer l’écriture de l’auteur !
« On n’appartient pas à un pays. On appartient aux gens que l’on rencontre. »
Fiche #2223
Thème(s) : Jeunesse
Elle est jeune, venue à Paris pour suivre des études littéraires, écrit déjà mais enchaîne les refus et les petits boulots ingrats pour payer ses études. Elle voudrait trouver un travail intéressant et valorisant et trouver sa place grâce à ses capacités. Car sa place en effet ne l’attend pas, toute prête, bien au chaud dans la lignée familiale, ni dans la société ni en amour. Alors ou ils l’ignorent ou ils la regardent, le sourire aux lèvres, le mépris au coin de l’œil, pesant, insistant. Jusqu’à ce que la honte la submerge, la honte de ne pas être à sa place, de ne pas maîtriser les codes, les références, le langage (« Je n’avais pas les armes, je n’avais pas les mots. »), la honte d’être pauvre. Mais elle refuse d’être paralysée et enfermée par cette honte, envie de crier, la colère gronde, s’installe, une colère qui se mue souvent en haine. Et puis, elle publie, passe de l’autre côté (« Je suis passée du bon côté de la vitre teintée. »), profite enfin d’une certaine liberté, mais en réalité, rien ne change (« …que fréquenter toutes ces personnes d’un certain milieu ne change rien, ne permet jamais d’en être, qu’on en est jamais sauf à y être né, et quand bien même vous en êtes, qu’est-ce que tout ça peut bien changer ? Cela vous aide-t-il à trouver ne serait-ce que le très petit début d’un sens ou d’une raison de continuer à jouer ? »), elle n’oublie pas (« J’ai été à leur service avant de les fréquenter. Je n’oublie rien. »), elle continue d’observer de ressentir cette condescendance, cette arrogance et ce mépris, de ceux qui sont persuadés de savoir, ont le pouvoir : « Ces gens qui ne se sont jamais sali les mains à la boue de la moindre nécessite subie. ». Ils s’octroient le droit de la juger vulgaire. Alors la colère croît, et la haine avant la révolte surgit, « J’avais la rage. », processus d’une radicalisation que la société et sa classe dirigeante engendrent. Le roman, au plus près des émotions, un cri, un coup de poing, décrit le chemin chaotique et dangereux emprunté par une jeune femme pour trouver sa place. Un souffle violent le parcourt de la première à la dernière ligne et en effet l’écriture et le rythme y sont pour beaucoup et traduisent parfaitement les sentiments, les impressions, les ressentiments, de sa désintégration naîtra une énergie d’écriture hors norme. La claque de la rentrée !
Ecouter la lecture de la première page de "Désintégration"Fiche #2222
Thème(s) : Littérature française
Une maitresse a la bonne (ou mauvaise) idée de demander à ses bambins ce qu'ils souhaiteront faire plus tard. Chacun y va de sa réponse et avoue le métier qu'il envisage. Jusqu'à Juliette...
Fiche #2220
Thème(s) : Jeunesse
Mais qui est-il ce grand méchant ? Il est terrifiant, il se cache, surgit quand on ne l'attend pas, monstrueux et pourtant minuscule, les dents longues, il aime le sang... On frissonne d'avance de le découvrir...
Fiche #2221
Thème(s) : Jeunesse
Venu du Congo, Sese Tshimanga pensait faire étape au Maroc avant de rejoindre la France. Finalement il restera à Casablanca et survivra grâce à quelques menus trafics et arnaques. C’est lui qui découvre le cadavre d’Ichrak, une jeune femme au magnétisme puissant. Ichrak passait son temps à trouver des ressources pour acheter les médicaments de sa mère et continuait de rêver d’un père qu’elle n’a jamais connu. Sese faisait tout pour la prendre dans sa toile. Et le meurtre d’Ichrak l’incite à nous faire partager leur histoire. Qui l’a tuée ? Qui était Ichkar, cette lectrice de Kaoutar Harchi ? Mokhtar Daoudi, le flic en charge de l'enquête, qui a pourtant bien connu sa mère ne semble guère motivé pour trouver le coupable… Quant à leurs trafics, grains de poussière dans une immense carrière grouillante… Tout est magouille, les projets immobiliers ne profitent qu’aux riches et sont propices à toutes les malversations possibles et d’une autre ampleur ! Avec son ton vif, ses expressions singulières, In Koli Jean Bofane dresse une série de portraits de personnages étonnants mais aussi d’un Maroc un peu moins sage et droit (sexe, pouvoir, argent) que celui que l’on nous vend habituellement… A la fois conte, chronique, étude sociologique, malgré la pauvreté, le racisme, la corruption, les trafics, le texte réussit à rester réjouissant, bel exploit !
Ecouter la lecture de la première page de "La belle de Casa"Fiche #2219
Thème(s) : Littérature étrangère
Un quotidien difficile quand on s'appelle Monsieur Caca ! Et tout le monde prend un malin plaisir a vous rappelé votre nom singulier et imagé... Alors pour trouver l'âme soeur... A moins que... Comme l'indique le sous-titre, on peut dire que c'est bien le livre le plus bête du monde, mais ça fait tant de bien !
Fiche #2218
Thème(s) : Jeunesse
Philippe Martin est un policier français en poste à Paris. Il connaît bien Barcelone puisqu’il y séjourne tous les étés depuis 1992. Mais cette fois, son voyage est d’un autre ordre. Une jeune femme a été retrouvée morte dans sa baignoire avec un mot à l’adresse de son père, Philippe Martin. Ses collègues espagnols l’appellent et espèrent aussi qu’il les aidera à retrouver son ex-femme qui l’a quitté sans un mot ni explication il y a 25 ans en oubliant de lui dire qu’elle était enceinte. Rapidement Philippe Martin a la confirmation qu'il est bien le père de la morte et doute de la thèse du suicide. Il va devoir enquêter sur sa propre fille alors qu’elle lui est inconnue. Un récit noir et tendu, un inspecteur costaud et fin, et le Barcelone interlope, un dessin net, construit et précis. Un superbe one-shot.
Fiche #2217
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Lise est une actrice qui ne tourne plus et Franck un producteur dont les dernières réalisations n’ont pas rencontré leur public. Sa trésorerie commence à montrer des signes de faiblesse et il a dû s’associer avec deux jeunes aux dents longues qu’il soupçonne de vouloir l’évincer. Lise a loué une maison isolée dans le Lot pour trois semaines, pas de téléphone, pas de WIFI, un confort spartiate ; peu enthousisaste, Franck suit Lise… Elle se sent tout de suite chez elle alors que Franck est troublé par des peurs répétées. En outre, cette maison a une lourde histoire : le récit alterne entre 1917 et 2017 créant un pont naturel entre les époques. En effet, en 1914, il ne reste que peu d’hommes (et Serge Joncour nous parlera avec émotion et tendresse des femmes restées ancrées dans leur domaine) lorsque Wolfang, un Allemand, vient s’installer sur les sommets surplombant le village, il est dompteur et cherche un endroit isolé pour s’établir avec ses bêtes sauvages et s’éloigner du conflit. Le maire acceptera mais certains verront en lui l’incarnation des Allemands et de la guerre, sans compter la peur que ses bêtes sauvages viennent terrifier leurs troupeaux… Mais, à chaque mort sur le front à annoncer aux familles, la sauvagerie animale apparaît toute relative : « Souvent les animaux font cela, les chiens s’adonnent à ce genre de tueries gratuites, et aussi les loups quand ils déboulent dans des cheptels de bêtes vives, comme les hommes en ce moment même, balançant des grenades dans des tranchées farcies de soldats, l’homme n’est pas le seul animal à être bestial. Pour Franck, l’installation est problématique, il découvre avec crainte un autre monde, la nature, les villageois, les chasseurs, même sa rencontre avec ce chien mi-loup mi-chien aiguise ses craintes. Mais il réussira à apprivoiser cet environnement, il se sentira lié à ce lieu et son histoire, et lui, le vieux loup, invitera même ses deux jeunes loups des villes associés pour mettre au clair leur collaboration… Serge Joncour nous offre à nouveau un récit prenant où l’homme et l’animal se partage un quotidien âpre, de beaux personnages denses et toujours une nature aussi protectrice que dangereuse, les bruits, les odeurs, les couleurs, le vent. La sauvagerie de l’animal n’est pas grand-chose face à celle de l’homme et le chien-loup rappelle à l’évidence cette ambivalence, la liberté des quelques animaux sauvages survivant restant une ambition, voire une utopie, pour certains hommes.
« Et même si vivre à l’écart, vivre pleinement à l’abri des autres ne se peut pas, parce qu’il n’y a plus la moindre zone sacrée, plus la moindre zone blanche sur les cartes, pas le moindre territoire où la vie sorte toujours victorieuse, il existe au moins des zones d’accalmie coincées entre deux combats, des zones à l’écart. »
Fiche #2216
Thème(s) : Littérature française
Séverin blaireau vit heureux près de la forêt. Il passe son temps à la parcourir et à ramasser châtaignes, champignons et autres ingrédients nécessaires à ses mixtures. Lors de l'une de ses promenades, il trouve des mots sur des petits billets dispersés un peu partout. Intrigué, il en cherche la source et découvre une petite pirate au caractère bien trempé mais ayant perdu sa mémoire perdue dans son bateau échoué dans une écluse. Séverin relève le défi ! Il va tout faire pour aider la pirate à retrouver sa mémoire et le chemin de la mer. De beaux personnages, de la tendresse et de l'humour et une belle fraicheur.
Fiche #2214
Thème(s) : Jeunesse Bandes dessinées
Voilà les QuiQuoi de retour avec toujours le même humour fou et dévastateur ! Cette fois, Pamela dessine un chien, enfin quelque chose qui ressemble un chien et la bande le trouve particulièrement moche et ressemblant plutôt à un cheval ! Ils vont tout faire pour s'en débarrasser avant que les remords ne les minent...
Fiche #2215
Thème(s) : Jeunesse
Une famille habite une maison isolée avec son arbre du bonheur dans l’Oise à Essaimcourt : « Essaimcourt a la beauté de ses arbres presque morts… » Elle vit pour l’instant dans une certaine insouciance. Les parents travaillent en usine, quelques emprunts, une maison à crédit, une voiture à crédit, mais toujours des projets et les enfants continuent de susciter joie et bonheur. La plus grande prépare le bac en section économie et révise les théories économiques qui éprouvent ses parents et étouffent son village ; mais s’il faut en passer par là pour espérer une vie meilleure et éviter le paradoxe d’Anderson... Aline et Christophe sont aux petits soins pour Mathis, le petit dernier, atteint d’une maladie inconnue. Et puis un jour, vous apprenez au boulot, au détour d’un couloir, ou devant la machine à café que l’usine vient d’être rachetée qui par un concurrent chinois qui par un fond de pension américain. Et le lendemain, un courrier, Le courrier, cinq lignes brèves directes après trente ans pour vous annoncer cordialement que vous ne faites plus partie de l’équipe. La violence ultime. Désespoir, sentiment d’abandon, d’inutilité, plongée dans un long tunnel noir sans fin. C’est Aline la première qui subit le viol, la maladie mortelle : « Cancer du chômage. Elle fait partie des métastasés. Effondrée, elle s’arrête sous son arbre. Plus rien ne surgit à l’intérieur de son ventre. La bête s’est installée. Elle est là pour longtemps, elle le sent… Rien n’a encore changé, mais tout est différent. » Pourtant, le couple préfère faire illusion devant les enfants, ne rien dévoiler, et tenter de continuer à survivre, à la protéger. Mais la violence de notre société n’a guère de limite, et les seules questions qui demeurent sont : jusqu’à quand tiendront-ils et jusqu’à quand les enfants l’ignoreront-ils ?
Chronique sociale, réaliste et désespérée de notre société où le déclassement devient la règle, où l’espoir s’amenuise chaque jour, où le monde ouvrier disparaît, où les plus pauvres sont devenus majoritaires mais impuissants. Indispensable !
« Dans la queue, personne ne crâne. Tout le monde a peur, un jour aussi, de ne plus pouvoir y arriver… L’écart de salaire entre ceux qui vendent et ceux qui volent est devenu si ténu qu’il faut surveiller tout le monde. »
« Ils nous laissent une vue bien dégagée sur les usines vides, comme ça, quand tu passes devant en allant pointer au chômage, tu jures de fermer ta gueule la prochaine fois que tu trouveras du boulot. »
« Il n’y a pas mieux aujourd’hui pour enseigner la géographie aux enfants que de leur apprendre où sont passées les usines de leurs parents… »
« Vivre sans usines, c’est vivre sans poumons. »
« Depuis la grève et le licenciement d’Aline, Christophe n’y croit plus, ni à lui ni aux autres et à leurs promesses d’un monde meilleur. Dieu, Karl Marx, Mark Zuckerberg se moquent bien d’eux. Les pauvres n’ont pas plus de chance de s’en sortir qu’un taureau dans l’arène. On les laisse espérer, c’est tout, pour mieux les obliger à tourner en rond, parce qu’on a besoin d’eux pour remplir les caisses, les églises et les réseaux. C’est le même mensonge depuis toujours. ‘‘Chrétiens, prolétaires, facebookeurs de tous les pays, unissez-vous, le monde est à vous.’’ En vérité, il est à eux. »
Fiche #2209
Thème(s) : Littérature française
Tristan PICHARD
ERNESSE
L'histoire du singe qui a fait caca sur la tête du lion
Locus Solus
40 | 06-09-2018 | 8.9€
Le lion est le roi des animaux, il est craint de tous et n'a peur de rien pour se faire respecter. Alors quand un petit singe maigriot lui fait caca sur la tête, vous imaginez sa colère et ses rugissements ! Il n'en fera (peut-être...) qu'une bouchée ! Hilarant et voilà comment un lion rejoint une taupe dans les bibliothèques !
Fiche #2210
Thème(s) : Jeunesse
Un documentaire à la présentation originale et particulièrement raffinée qui relate les différentes étapes d'une fouille menant à une découverte spectaculaire !
Fiche #2211
Thème(s) : Jeunesse
Le récit débute au début du XX ème dans une cour d’usine. Les patrons font déjà la loi mais certains ouvriers croient encore en leur pouvoir. Marcello s’exprime aussi bien à l’oral qu’à l’écrit : il adore passer des mots doux sous forme de poésie à son amoureuse avec qui, malgré sa famille, il espère prendre le large. Il est ouvrier, pauvre, intelligent et enjoint ses collègues à ne pas courber l’échine et à résister. Mais les temps sont durs alors quand les patrons envoient dans les bars des émissaires promettant un eldorado, quelque part en Amérique latine pour prendre part à la construction d’un canal… Marcello refuse et les incite à refuser. Il se retrouvera pourtant sur le bateau et bien loin de ses projets et de Louisa. Seul son souvenir lui permettra de tenir mais le temps et le travail titanesque à assurer font leur œuvre… Le récit, l'émotion, la description du monde du travail, les personnages et les aspects graphiques, tout est à la hauteur. Un bijou !
Fiche #2212
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Un imagier ludique et original où Momo prend un malin plaisir à se cacher un peu partout dans des positions inattendues ou dans des déguisements loufoques !
Fiche #2213
Thème(s) : Jeunesse
Frédéric BRRÉMAUD
Frank LECLERCQ
Les dossiers de la seconde guerre mondiale - 1938
Clair de Lune
36 | 48 pages | 05-09-2018 | 14.5€
Le Tour de France a toujours été un évènement regardé par tous, attendu de tous, donc une vitrine qui peut susciter des actions violentes pour obtenir un retentissement maximum. L’édition de 1938 n’échappe pas à la règle ! L’Allemagne hitlérienne trouve l’Italie un peu hésitante et souhaiterait qu’elle la rejoigne plus promptement alors elle projette secrètement de créer un incident diplomatique sur le Tour en s’en prenant au meilleur d’entre eux, le célèbre Gino Bartali ! Le renseignement français a eu vent du projet et va rechercher Antonin Magne pour qu’il prenne part au Tour et surveille et protège Bartali. En manque d’entraînement, pourra-t-il suivre le rythme et la roue de Bartali, rien n’est moins sûr. Pourtant l’avenir de l’Europe en dépend !
Fiche #2208
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Une nouvelle trilogie pour relater le destin de China Li. En 1920, âgée de sept ans, elle est jouée et perdue par son frère. Il la contraint à prendre le train pour Shanghai où son propriétaire l’attend. Il s’agit du terrible Zhang Xi Shun, l’un des dirigeants de la triade « la Bande verte », qui tient la ville. Le pire l’attend. Néanmoins, l’honorable Zhang découvrant son don pour le dessin, elle va devenir sa protégée…
Fiche #2207
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Didier, 45 ans, est un agriculteur breton qui gère sa ferme come il le peut avec sa sœur, Soazic, une sœur attentionnée et d’un grand secours à la fois pour la ferme et sa vie intime. Mais Didier est un peu las, la fin approche et il n’a encore jamais connu le grand amour. Alors plutôt qu’une émission de télé, il choisit Meetic pour rencontrer l’Amour et part timide et apeuré à la rencontre de Coquinette… Dans le même temps, s’installe à la ferme Régis, un collègue qui a dû vendre sa ferme et son tracteur après faillite et voilà « les conneries en stéréo » pour Soazic. Rabaté continue avec bonheur et humanité son exploration du monde agricole avec ici des dialogues frisant le Audiard et le dessin précis et tout en rondeur de Ravard s’adapte parfaitement aux aventures drôles et émouvantes de ses héros.
Fiche #2203
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Carole TREMBLAY
Maurèen POIGNONEC
La soupe aux lentilles
La Courte Echelle
33 | 02-09-2018 | 17€
en stockDeux frères se mettent à table. Le repas s'annonce calme et rapide : une soupe de lentilles. Quelle erreur, la soupe est trop chaude, il va falloir patienter et c'est en effet le début d'une longue aventure sur le chemin du savoir car le petit va enchaîner les questions les unes après les autres devant cette soupe étrange et intrigante ! A chaque question, des propositions plus ou moins réalistes ou loufoques attireront le petit lecteur même si à un moment donné, il faudra bien la manger cette soupe !
Fiche #2204
Thème(s) : Jeunesse
La gardienne d’un musée est triste, terne, morose. Elle surveille les œuvres et passe son temps à interdire aux visiteurs tout ce qui pourrait les mettre en danger. Tout le monde l’ignore mais elle a constamment une photo de petite fille dans sa poche. Elle s’arrête souvent devant un tableau qui l’attire contrairement à bon nombre de visiteurs qui le trouvent affreux et les plus petits n’hésitent pas à lui dire et à se moquer. Jusqu’au jour où un petit garçon avec une écharpe rouge, viendra jour après jour se placer devant ce tableau pour l’admirer. La rencontre était inévitable… Une belle histoire tendre et mélancolique autour d’une amitié inattendue.
Fiche #2205
Thème(s) : Jeunesse
Mila et Théo, les héros de Indociles, luttaient contre la guerre d’Algérie, nous les retrouvons au cœur des évènements de 68 dans la France de De Gaulle. Ils forment maintenant un trio avec la venue de Delphine, une étudiante en médecine. Ils vont donc se confronter et se joindre au tumulte de l’époque, politique, libertaire, joyeux, fou, sexuel à Lyon. Ils participeront avec innocence et allégresse au mouvement, or c’est à Lyon dans la nuit du 24 mai, qu’un commissaire mourra accidentellement, renversé par un camion, évènement qui rebattra les cartes et changera l’atmosphère et les réactions de chaque camp. Progressivement les rêves s’estompent, le fossé s’élargit entre les meneurs, les partis et la base. La désillusion grandit et les rêves perdus inciteront certains à prendre le chemin de la radicalisation, voire de la violence. Mila et Théo pourront-ils à nouveau résister aux évènements violents de l’Histoire, et à la fin de l’innocence ? Feront-ils partie de ceux qui continueront le combat ou de ceux qui se rangeront ou renonceront sans jamais pouvoir être réellement consolés ? Avec toute sa sensibilité habituelle, Yves Bichet rend hommage et dresse une série de portraits de manifestants qui ne pourront rejoindre à l’issue de 68 les rangs du pouvoir politique ou économique. Ils étaient petites mains, ils étaient candides, ils le resteront, avec leurs désillusions. Mais il permet aussi avec la trajectoire de ses personnages de comprendre le basculement de certains dans la violence, ce mécanisme n’étant pas étranger à notre société contemporaine.
« Ces théoriciens de la révolution et de la lutte des classes tentent de prendre le train en marche et paniquent à la perspective d’être dépassés par les évènements. Ils courent après l’ancien monde. Ils ont peur. Ils se feraient un plaisir d’attaquer plus impulsifs et plus déterminés qu’eux. Par chance ce sont souvent leurs propres enfants qui défilent dans les rues et, au milieu de cette ambiance de folie, de jubilation, et d’irrespect général, on espère qu’ils n’oseront pas trop montrer leurs muscles. »
« On emprunte, on s’endette et on pollue. On dépense, on gaspille et on jouit. »
Fiche #2206
Thème(s) : Littérature française
Norma Hewitt vit dans une maison isolée au coeur du Kansas, avec beaucoup d’espace autour d’elle. Elle a eu deux maris. Ils sont morts tous les deux, et le second lors d’un mystérieux accident de chasse. Elle couve ses trois enfants comme une mère poule. Graham le plus âgé est en train de s’éloigner tranquillement de la maison familiale et espère partir avec son amoureuse vers New York. Tommy après une violente altercation s’est fait exclure de l’école et elle lui a trouvé un travail dans un commerce d’Emporia ; il est secrètement amoureux de Tessa mais n’ose l’approcher, il l’observe, l’épie de loin, en attendant le moment propice. Mais Tommy est différent, il possède en lui une violence inexpliquée qui prend parfois le dessus et le pousse à des actes terrifiants. Enfin, Cindy est la petite dernière, une vraie poupée ; sa mère l’a inscrite à un concours de mini miss et prend très à cœur sa participation, un rayon de soleil dans son existence. A Wichita (environ 150 kms d’Emporia) Hayley Hives est une jeune femme moderne, beaucoup de sorties où circulent alcool et drogues, quelques amis, un amoureux élu… Sa mère est morte dans un accident de voiture et son père semble ne rien pouvoir lui refuser. Elle a décidé de reprendre le golf pour participer à un grand tournoi qui devrait lui apporter la célébrité. Elle s’apprête à prendre la route qui passe par Emporia… Ces deux mondes vont se rencontrer, s’aider, se heurter, s’affronter. La violence, l’amour, la haine, l’amitié atteindront un paroxysme stupéfiant. Norma est à la tête d’un clan, et elle fera tout pour qu’il reste uni mais parfois, une décision (Norma ou n’importe qui d’autres), prise sous la pression, en une fraction de seconde, peut entraîner définitivement, comme un effet papillon, des existences sur des chemins obscurs et dangereux dont on revient jamais indemne. Jeremy Fel nous offre un récit haletant, entre le roman noir et le thriller psychologique, plus de 700 pages n’offrant aucun répit au lecteur qui en redemande !
« Comment expliquer aux autres qu’une vie simple, sans histoires, abritait en son sein le plus inavouable des cauchemars. »
Fiche #2202
Thème(s) : Littérature française
Fin 78, la colère gronde en Angleterre, la grève s’étend, l’économie est proche de l’arrêt : « ... en ce commencement d’automne 1978, quand l’histoire est déjà entamée, qu’elle vient de plus loin, comme en dehors d’elle, mais qu’on ne sait pas encore où elle va ni comment les choses vont se nouer exactement. A ce stade de l’histoire, personne ne sait trop bien ce qui peut arriver. » Les manants commencent de relever la tête et de ne plus accepter leur condition : « Toute l’Angleterre était au bord d’une espèce de précipice en 1978. » Tous les secteurs sont touchés, les relations dans les entreprises changent et prennent en compte ce ralentissement et cette incertitude : « ... lorsque le dérèglement est général, rien ne peut l’arrêter, c’est comme une révolution sans armes. » Parmi eux, Candice est une jeune femme qui jongle entre son boulot de coursier à vélo et ses répétitions théâtrales : elle jouera le rôle titre dans Richard III. Aujourd’hui et hier, il est donc question de pouvoir, de comédie, de conquête du pouvoir, finalement peu d’évolution ! C’est le moment aussi où une femme d’abord discrète apparaît, elle sourit, joue habilement avec les images et les symboles (« Il n’y a pas besoin de faire pour régner. Juste d’attendre... Le pays est tellement exaspéré qu’elle n’a rien à faire. »), les travaillistes seront balayés par Margaret Thatcher qui assistera à la première des Shakespearettes et l’hiver du mécontentement donnera naissance à un nouveau monde, une nouvelle ère, les manants (le mouvement Punk ne résistera pas non plus) rejoindront leur place pour très longtemps !
« Les forts haïssent les faibles, c’est là leur seule faiblesse. »
« Le chaos, c’est quand tout devient possible. Personne n’est assez malin pour maîtriser ça, sauf peut-être le diable. »
« On dirait que les familles sont faites pour ça. Elles créent des rôles, des règles, des interdits et des silences infranchissables. Tu deviens un individu, mais dans la famille non, tu dois tenir un rôle, respecter les règles, ne pas transgresser, se taire. A la fin c’est toujours à elle qu’on en veut... »
« Car c’est cela, le pouvoir, ce n’est que cela : une comédie. Comme mettre une claque à un gamin. Humilier un subalterne. Forcer une femme. Allons ce n’est pas sérieux. Comment peut-on se prendre au sérieux en faisant cela ? Comment peut-on s’enorgueillir d’être ainsi un fort parmi les faibles ? Comment peut-on y croire soi-même ? »
« Aujourd’hui, fini de rêver. Il n’y a pas d’alternative. »
Fiche #2201
Thème(s) : Littérature française
Hector, Sylvie et Lester forment une famille heureuse (« Nous avons été heureux, se dit Sylvie. Nous le serons encore. »), avec ses règles, ses habitudes, ses rites, le couple est légèrement déséquilibré mais Sylvie, « légèrement opaque et parfaitement immobile », s’en accommode. Hector est professeur, philosophe alors qu’elle tente de se convaincre qu’elle n’est rien : « Elle conservait l’impression de ne pas le connaître. De ne pas se connaître elle-même. Elle enviait les personnes qui avaient l’air finies, terminées, déterminées. Elles savent ce qu’elles aiment, ce qui est bon pour elles. Pas Sylvie... Elle mourrait sans se connaître elle-même. » Ils s’envolent vers les Etats-Unis, « prélevés hors de notre vie », suite à une nomination d’Hector dans une université de Caroline du nord. Changement radical d’environnement, beaucoup est à refaire, à reconstruire. Hector, le frenchy, devient le héros de l’université et de ses femmes, comme Lester qui mène un groupe d’enfants vers une autre vie, une autre espérance. Pour Sylvie, c’est un peu plus compliqué, « C’est comme si, par la magie du déplacement, elle se retrouvait non plus face au futur, mais braquée vers l’enfance, sa jeunesse qu’elle n’avait jamais pris le temps de ressasser. » Elle est assaillie par nombre de souvenirs et d’interrogations, elle doit retrouver sa place et part s’occuper dans un atelier de poterie, faute de mieux. Ici, ils restent les français, représentants d’un mode de vie et de pensée et les évènements tels le Bataclan continuent de les atteindre au plus profond d’eux-mêmes voire de remettre en cause certaines de leurs convictions et croyances. L’Amérique, elle, s’apprête à élire un nouveau président, très « atypique » et inattendu. Agnès Desarthe est un auteur très dangereux ! Trois personnages, trois pensées, et comme pour chacun de ses romans, elle installe immédiatement une proximité avec le lecteur happé par leurs destins, qui observe leurs sentiments intimes, suit leur introspection et questionnement sur le sens de la vie. « La chance de leur vie » est également un texte sur le temps qui passe, le couple et l’amour à l’épreuve du temps. Du grand art, et l’écriture y est naturellement pour beaucoup.
« Commencer par penser que l’on n’est pas capable, c’est le préalable à tout ce qui suit. »
« Du matin au soir, presque tous les jours, des catastrophes, des crimes. Ca me donne l’impression d’être criblée, en morceaux. On écope, on écope. Mais la plupart du temps, on reste assis à côté de la radio, devant l’ordinateur, complètement cons. »
« C’est la génération des initiés, se dit-elle, sans réfléchir. Ils ont tout vu, tout appris, ils savent avant d’avoir vécu, ont voyagé avant d’être partis. Pas d’ailleurs pour eux, pas de plus tard. Ils sont nés avec une boule de cristal entre les mains. Ils ne rêvent pas de l’Amérique, ils la reçoivent sur leurs écrans. Ils ne rêvent pas de sexe, il est partout proposé. Ils ne rêvent pas de liberté, ils la possèdent. Qu’espèrent-ils alors ? Où iront-ils ? Que réclameront-ils ? »
« La revanche en amour n’existe pas. »
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Fiche #2200
Thème(s) : Littérature française
Dani Mosca, musicien, a quarante ans lorsque son père meurt. Malgré leurs relations tendues, il décide un an après son décès de s’occuper du rapatriement du cercueil dans sa ville natal au nord de l’Espagne. Ce voyage sera propice à un bilan de vie, une réflexion intime sur son existence. Il revient naturellement sur son enfance avec ses parents, la formation de son groupe de musique avec deux collégiens qui fonderont une amitié forte et fidèle et partageront des expériences fondatrices et inoubliables, puis sa vie d’homme, ses amours, ses aventures, ses goûts musicaux, et sur l’Espagne... Les souvenirs alternent avec les péripéties du voyage avec un chauffeur patient et à l’écoute. Un long discours frais, franc et direct, souvent drôle, qui apporte quelles pistes aux questions bilan : Quels étaient nos projets ? Que sont-ils devenus ? Qu’a-t-on fait de notre vie ? Que sont devenus nos idéaux et quels sont-ils aujourd’hui ?
« Devenir adulte signifie peut-être accepter le chaos, du moins apprendre à vivre avec. Chaos qui trouble l’enfant. C’est pourquoi il invente un monde solide, comme celui qu’il fabrique avec ses blocs de construction. Avec des mots puissants comme papa, maman, famille, avenir. »
« Nous connaissons tous la fin. Et elle n’est pas heureuse. C’est une drôle d’histoire : nous en savons le dénouement mais en ignorons la trame. »
« On ne triomphe pas parce qu’on a du talent, mais parce qu’on est moins mauvais que les autres. »
« Dire du mal des politiques, c’est comme commenter le froid chaque fois qu’arrive l’hiver. »
« Mais on ne doit pas vendre sa liberté, il faut résister, aussi compliqué que ce soit. Pas de question de se marginaliser, il faut se battre avec une certaine visibilité qui ne soit pas contraire à ses principes. »
« L’art de ne pas faire ce qu’on attend de vous exige la précision du chirurgien et l’entêtement du fou. »
« Contrairement à ce qu’on croit, on meurt à petit feu. »
Fiche #2199
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Anne Plantagenet
Ils étaient quatre, inséparables, quatre étudiants rouennais de la fac de lettres qui partageaient toutes leurs expériences. Vingt ans plus tard, Philippe, journaliste quelque peu désabusé à Paris, décide de repartir à leur rencontre. Il est finalement assez inquiet des rencontres qu’il va imposer. L’un d’eux n’a jamais répondu à ses appels. Il décide donc de louer un studio pour une semaine à Rouen (« Les trajets sont rarement très longs à Rouen. Les habitants tournent dans cette ville comme dans un manège. ») et de découvrir ce qu’ils sont devenus. Ont-ils été fidèles à leurs rêves ? Qu’auraient pensé les étudiants qu’ils étaient de leur vie d’aujourd’hui ? Que sont devenus leurs amours passés ? Ont-ils oublié leur jeunesse et le lien qui les unissait ? Remuer le passé après une rupture brutale n’est jamais simple et surtout les conséquences restent toujours incertaines...
Premier roman
« On tombe souvent amoureux pour les raisons les plus insignifiantes. »
Fiche #2198
Thème(s) : Littérature française
Rencontrer un rêveur ne peut qu’ouvrir l’esprit du lecteur et susciter son intérêt ! Et le jeune collégien Michel est l’un d’eux, un vrai, un pur ! Il habite à Pointe-Noire une modeste parcelle (équipée tout de même de WC protégés...) aux cotés de Maman Pauline et Papa Roger, qui font parfois les sévères, haussent le ton, mais adorent le petit Michel. C’est lui qui nous raconte avec toute sa naïveté, sa franchise ("... on va encore dire que moi Michel j'exagère toujours et que parfois je suis impoli sans le savoir...") mais aussi son œil attentif le quotidien de la famille et réussit parfaitement à nous rendre compte des aléas de la vie congolaise des années 70 et à nous faire rire sans effets calculés ni construits. Mais nous sommes en 1977, en mars 77, un mois particulier pour le Congo puisque le camarade président Marien Ngouabi est assassiné à Brazzaville. Immédiatement Michel est confronté à l’histoire du Congo et à la politique et nous offre quelques explications mémorables sur le fonctionnement général congolais. Il n’oublie pas l’héritage de l’époque coloniale, les européens ne sommes donc pas épargnés... Alors quand la famille apprend qu’un des oncles de Michel, en tant que proche du président a été assassiné, la tristesse, la colère voire l’envie de vengeance animent Maman Pauline prête à tout pour la mémoire de son frère et naturellement Michel en est le témoin privilégié... Un portrait attachant et souriant d’un jeune adolescent rêveur qui apprendra à observer les cigognes dans le ciel congolais et qui découvre tous les méandres de la vie intime comme celle d’un citoyen congolais que la politique ne laisse jamais indifférent.
Ecouter la lecture de la première page de "Les cigognes sont immortelles"Fiche #2197
Thème(s) : Littérature étrangère
Daniel BESACE
Cachalot
Riveneuve
24 | 130 pages | 09-08-2018 | 15€
Lorsqu’une baleine blanche agressive, aveugle et mortifère déchire la promenade de Nice laissant après elle désolation et pleurs, le narrateur est submergé de tristesse et d’interrogations : « Quelque part en ce monde, quelque chose doit être combattu pour que des êtres cessent de désirer le néant, cessent de désirer engloutir d’autres hommes. ». Paris, Sarcelles, c’est terminé pour lui, il part affronter la bête. Il descend vers la Méditerranée, achète et retape un bateau et direction les Açores à la recherche d’« un animal puissant, fantasmagorique, littéraire, presque éternel, incarne l’envoûtement qui pousse les humains à s’entre-dévorer... ». Le conte philosophique est lancé, entre réflexion profonde intime ou existentielle et aventures extraordinaires, le marin affronte la vie, la mort, le danger, s’affronte lui-même, l’autre et même Dieu, se remet en cause, nous met en cause pour espérer obtenir une forme d'apaisement général. Un conte brillant qui interroge sur notre condition d’Homme, notre place dans l’univers, notre avenir et notre capacité à enfin coexister avec l’Autre.
Premier roman
« ... l’écriture n’est pas la lecture, qu’écrire est une tentative pour planter une forêt dans quelques centimètres carrés, tandis que la lecture est l’exploration d’une forêt. L’écriture est d’abord un doute. Un livre dans les mains apaise souvent l’immensité. Les livres sont à la dimension de notre esprit, pas à la dimension de l’univers... Les livres sont des témoins de notre ignorance, et leur beauté tient de leur imperfection. »
« Ce n’est pas l’absence de religion qui provoque la guerre, mais l’absence de poésie. »
« Car être humain, c’est être frappé de cette effrayante malédiction, le besoin méthodique de détruire la Nature et sa propre nature. Seule une conscience animale semble capable d’apaiser l’humain. »
« La violence, n’est donc qu’un mécanisme sordide. »
Fiche #2196
Thème(s) : Littérature française
Amemiya Hatoko a vingt-cinq ans, sa famille est « une lignée d’écrivains calligraphes qui remonte, parait-il, à l’époque Edo, au XVIIème siècle. » Un long apprentissage, fastidieux, est donc nécessaire pour maitriser cette pratique. Enfant et adolescente, Hatoko y est soumise sous les ordres et conseils de sa grand-mère, « l’Ainée » qui l’a élevée. Un jour, elle a l’impression de se faire voler sa jeunesse, alors elle se rebelle et part. Aujourd’hui, elle est de retour pour reprendre la papeterie Tsubaki de sa grand-mère et son métier d’écrivain public. Le récit mêle donc ses souvenirs avec sa grand-mère qu’elle va (re)découvrir et ses rencontres pour son travail. Chaque lettre est différente, chaque demande aussi, Hatoko reçoit un large panel de la population. Ecrire pour les autres est un art : choisir les mots, le papier, l’encre, la plume, la disposition, l’enveloppe, un travail précis, minutieux, rien n'est laissé au hasard. Demander l’écriture d’une lettre, c’est aussi susciter une rencontre, un aveu, une confession et Hatoko doit savoir écouter, analyser, comprendre. La culture japonaise fleure à chaque page, atmosphère douce et délicate avec l’influence constante de la nature et des saisons : on n’écrit pas la même lettre en automne (« ... une saison qui donne envie d’écrire. ») et en été comme on ne mange pas la même chose : « Manger amer au printemps, vinaigre l’été, piquant l’automne et gras l’hiver. » Une belle plongée vaporeuse, profonde et délicate dans la culture japonaise sous la forme d’un portrait féminin et d’un lieu de partage où chacun est reçu avec attention et humanité.
Ecouter la lecture de la première page de "La papeterie Tsubaki"Fiche #2195
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Myriam Dartois-Ako
Le narrateur est un prêtre irlandais d’un petit village qui révèle comment sa vie va être bouleversée par un évènement avec lequel a priori il n’avait aucun lien et par la décision, dans l’instant, qu’il va prendre quand une gamine terrifiée frappe à sa porte. De retour de l’étranger, sa famille est arrivée récemment au village qui l’observe attentivement depuis et reste interdit devant des comportements qu’il juge étrange. La famille s’est en effet installée dans le pavillon du lotissement et en sus de l’atmosphère étrange induit par le lieu lui-même, des faits étranges s’y produisent : l’électricité se coupe, des bruits suspects, des objets disparaissent, avant que les occupants se mettent également à disparaître un à un. La petite est affolée, le prêtre l’héberge mais se sent obligé de prévenir la police et sera donc interrogé. A partir de cet instant, sa vie change de cap. Chacun a son idée, son explication sur cette affaire de disparitions, sur le rôle du prêtre et de la petite. Le temps apportera-t-il peut-être ses explications... Un texte étrange, dans la suggestion, laissant toute liberté à l’imagination du lecteur sans délivrer toutes les clés de l’intrigue.
Ecouter la lecture de la première page de "Rien d'autre sur terre"Fiche #2194
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Mona de Pracontal
Milieu des années 80, la banlieue rouge subsiste encore et Leila (12 ans) et Mehdi (10 ans) grandissent au milieu des tours. Ils ont été adoptés par Danielle, institutrice, communiste et militante et Dédé, un père quelque peu indifférent. « Anomalie » relate de ces années jusqu’à leur âge adulte et c’est Mehdi qui a enfin décidé de se confier, d’oser parler de ce duo déséquilibré et néanmoins indissociable qu’il formait avec sa sœur. Il parlera des relations entre préados et ados, tendres ou romantiques un jour, violentes ou haineuses le lendemain. Il reviendra sur ce trio qu’il formait avec Mai une ado de l’âge de Leila qui nageait chaque jour pour soulager une douloureuse scoliose. Mais ce trio était aussi bancale, Leila, toujours Leila, « hors catégorie, intensément garçon, intensément fille. », Leila libre, gagnante, qui impose, mène, une ogresse qui aimante, attire. Ce trio inscrira chez chacun des traces indélébiles, et chez Mehdi, même adulte, ils resteront à fleur de peau. Un roman attachant sur la préadolescence (période dont chacun se souvient) et les bouleversements qu’elle peut induire au moment des passages à l’adolescence puis à l’âge adulte et bien longtemps après.
« ... vous restez toujours le jouet du désir de l’autre. »
Fiche #2193
Thème(s) : Littérature française
Le 12 mai 1976 sera un grand jour pour Nicolas Laroche, le premier, le dernier. A treize ans et demi, il s’apprête à vivre sa première finale de coupe d’Europe, de football naturellement, Saint-Etienne affrontant le tenant du titre, le Bayern de Munich dans l’Hampden Park de Glasgow. Adolescent passionné de foot, il nous raconte en parallèle l’avant-match, sa vie, ses copains, le collège (« D'ailleurs, je déteste être adolescent. Je n'aime pas ce temps où tout nous semble définitif alors que tout est transitoire.). Sa préparation du match est perturbée, quelques mois avant le jour J, sa mère quitte la maison, ses parents divorcent. Mais avant la rencontre, son père a déjà trouvé une remplaçante accompagnée d’une chose s’annonçant être son fils : « Maman est partie et papa l’a remplacée par Virginie, un peu plus tard. Moi je l’ai remplacée le jour même par une équipe de football. » Même si l’ASSE prend une grande place dans ses pensées, un questionnement récurrent revient concernant ses parents, leur rupture, le départ de sa mère, l’amour de son père. Il vacille et seuls les Verts le maintiennent en état de continuer à jouer ! Alors lorsqu’il s’installe avec son père, sa nouvelle femme et son fils (quelle tristesse de regarder avec ces ignares, et oui, regarder un match de football, c’est aussi une histoire de partage et d’amitiés), il est tendu, très tendu. La victoire doit être au bout, sinon comment supporter de vivre toute son existence en vaincu, à se poser sempiternellement les mêmes questions sans réponse, pourquoi cette défaite ? pourquoi ces maudits poteaux étaient-ils carrés ? ... Joli et émouvant portrait d’un adolescent sensible et toujours dans l'absolu, bouleversé sans avoir pu en parler par la séparation de ses parents et adulant (hélas peut-être) une équipe de football devenue mythe.
Premier roman
« C’est cela que j’aime le plus dans le football : se diluer dans une foule qui vibre à l’unisson et se laisser emporter par ses mouvements démesurés. Ouvrir la bouche pour crier et sentir les gradins vibrer sous la clameur démultipliée. Se dresser en levant les bras au ciel et voir la vague soulever une écume de milliers de mains tendues. Je suis entré en football comme on entre en religion, le jour où pour la première fois j’ai été secoué par cette jouissance éphémère de se sentir tout-puissant en disparaissant dans la houle d’une foule. C’est cette émotion que depuis j’aime ressentir au stade, ce moment océanique où l’on ne se laisse pas simplement emporter par la vague, mais où l’on devient la vague. »
« Finalement, c’est toujours la même histoire lorsqu’il s’agit de la foi, ce n’est qu’à la fin que l’on sait si on a eu raison d’y croire ou pas. »
Fiche #2191
Thème(s) : Littérature française
Vivian Gornick aime les villes, l’urbain et particulièrement New York et Manhattan (« La plupart des gens qui vivent ici ont besoin – en grande quantité – des preuves de l’existence humaine, et ils n’en ont pas besoin de temps en temps, mais chaque jour. C’est de ça dont ils ont besoin. Ceux qui s’exilent dans des villes plus sages sont capables de s’en passer. Pas ceux qui viennent à New York. »). Alors la ville lui sert de confidente et elle nous entraîne dans ses pérégrinations new yorkaises accompagnée de son ami homo. Ils se sentent tous les deux différents (« Je n’étais ni dans le monde ni en moi. ») et ont l’œil aiguisé. Ils observent précisément la faune de chaque quartier et rendent compte de leurs avis et impressions, captent les émotions. Mais dans le même temps, elle s’interroge sur son vécu, sur ses combats, ce qui la représente, parle de ses passions notamment pour la littérature (le texte est étayé de remarquables citations), de la liberté, du féminisme, de la solitude autant redoutée que souhaitée. Un joli double portrait d’une femme exceptionnelle et d’une ville qui l’est tout autant.
Ecouter la lecture de la première page de "La femme à part"Fiche #2192
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Laetitia Devaux
Mourir n’est pas de mise s’intéresse aux dernières années de Jacques Brel. Des années où le grand Jacques a choisi de tourner le dos à la scène, au succès et préféré sa liberté, une liberté retrouvée loin des salles de concert européennes même si « sa vie, il se l’était faite belle à ravir, il l’avait dévorée sans jamais devenir un adulte résigné ou prudent qui consent à enterrer ses rêves. ». Profiter des quelques années (même s’il ignore combien) qu’il lui reste à vivre. Il naviguera, pilotera un avion, s’installera là où il le souhaitera, construira la maison à l’endroit choisi et selon ses plans. Fidèle en amitié, il n’oubliera pas ses amis, il les choisira et les accueillera dans ses élégants habits en dépliant le tapis rouge avec une table garnie avec goût. Il ira aussi à la rencontre des habitants des Iles Marquises qui ne le connaissaient pas, les aidera, saura les écouter et découvrira une autre philosophie de vie. Mais évidemment, ces années libres, sereines seront aussi les années de la maladie, une maladie qui fatigue, use et fait terriblement souffrir, son ultime combat. Un court texte qui rend avec douceur un hommage élégant et appuyé à un mythe à un instant particulier de son existence.
Premier roman
« ... on se disputa gentiment sur le terme de talent. Brel le réfutait absolument. Pour lui, il n’y avait que l’envie, une envie effrayante. »
« Les larmes roulaient en lui-même et il se demandait : la vie, est-ce grave ? Est-ce sérieux ? »
Fiche #2190
Thème(s) : Littérature française
Les aéroports sont des lieux particuliers, lieu d’arrivée, lieu de départ, lieu de transit. On y reste quelques minutes, quelques heures, souvent avec de la joie, parfois avec de la tristesse ou de la fatigue. Il peut même nous arriver d’y passer une nuit, inconfortable sur un siège ou un bout de moquette épaisse. La vie ne semble jamais s’y arrêter. Derrière ces passagers toujours en mouvement, mobilisés par leur seule aventure, un autre monde coexiste, un monde qui se fait discret, qui se cache. Des SDF, des sans papiers y trouvent un accueil plus calme et plus avenant que sur les trottoirs parisiens. La narratrice de Roissy est de ceux là. Déguisée en passagère, elle vit d’un terminale à l’autre, également toujours en mouvement pour éviter de se faire repérer et s’invente des histoires, des destinations, une vie. Elle ignore comment elle s’est retrouvée dans ce lieu, sans mémoire, elle ne connait ni son passé ni son identité. Elle nous fait partager son existence, ses compagnons de route, le danger qui les guette, les rituels quotidiens, les nuits, les petits larcins pour améliorer le quotidien, les combines pour passer au travers de la vidéosurveillance... Les journées sont donc bien remplies mais n’empêchent pas quelques souvenirs de surgir subrepticement au détour d’une phrase, d’un mot, d’une vision. Elle continue d’espérer retrouver le chemin de son passé et de sa vie même si les premières images la terrorisent. Un grain de sable brésilien vient bouleverser cette routine : un homme qu’elle a croisé plusieurs fois attendant l’arrivée du vol Rio-Paris l'interpelle. Et contrairement à la règle qu’elle s’est donnée, il lui confiera son histoire et elle acceptera de lui parler puis sa compagnie. Un premier pas vers une renaissance... Un exceptionnel et bouleversant portrait de femme en quête de son passé dans un environnement singulier et avec une palette de seconds personnages tout aussi réussis.
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Thème(s) : Littérature française
Le 2 décembre 2018, le Panthéon accueille un nouvel hôte illustre : le plus jeune président de la République française, Emmanuel Macron. Fastes, grands discours, émotion, le pays voire le monde suit cette cérémonie, un nouveau JFK rejoint l’histoire. Emmanuel Macron a été assassiné, empoisonné par un morceau de chocolat débordant de strychnine. La revendication de l’Etat Islamique tombe presque immédiatement et l’auteur est vite retrouvé, un bon petit français qui a rejoint le camp d’Allah. Affaire résolue, tout le monde y trouve son compte... Enfin, presque... « Tuer Jupiter » montre qu’il ne faut parfois pas se satisfaire des évidences et reprend minutieusement la chronologie des évènements, telle une enquête journalistique, ouvre les portes fermées, tire les rideaux clos, et nous plonge au cœur de la géopolitique mondiale où tous les coups à l’extérieur de son pays sont permis pour en tirer profit en son sein.
Ecouter la lecture de la première page de "Tuer Jupiter"Fiche #2188
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Une carte postale qui parait anodine et la trajectoire de Jeff Valdera s’en voit détournée, retour vers le passé ! La carte représente des photos d’un ancien hôtel de Davos et un texte anonyme dans un français approximatif les accompagne. Or, jeune, Jeff accompagna régulièrement sa tante dans cet hôtel. Adolescent au milieu d’adultes, il avait l’art de faire le beau, de pérorer, provoquer, interpeller, questionner dans une insouciance libre. Connu de tous, il partageait son temps entre les pensionnaires et les parties d’échecs ou de go insouciant face aux oppositions (étatiques ou individuelles) entre la RDA et la RFA de l’époque qui pourtant intéressaient les autres pensionnaires de l’hôtel. Or, l’auteur de la carte est Frieda Steigl, fille d’un ancien pensionnaire, elle a parcouru les archives de la Stasi (Jeff Valdera y est cité explicitement) et l’accuse d’avoir aidé la Stasi donc d’avoir une part de responsabilité dans sa mort. Le duel est âpre : histoire contre mémoire (« ... ma version personnelle semble en décalage avec la sienne. »), mémoire officielle contre mémoire individuelle, fiction ou réalité : « Ce n’est pas rien de ne plus maîtriser qui on est, au moins qui on a été, ce qu’on a fait ou pas fait, ce que d’autres ont fait de soi. Nous avons vécu la même histoire et une autre, comment est-ce possible ? Ou alors c’est toute notre vie qui est comme ça, on se goure jour après jour sur ce qu’on croit vivre, la plupart du temps sans s’en apercevoir. » Français Vallejo nous offre un nouvel opus sous forme de questionnement intime ou non mêlant à nouveau histoire et Histoire pendant la période de la guerre froide et des rivalités germaniques.
Ecouter la lecture de la première page de "Hôtel Waldheim"Fiche #2187
Thème(s) : Littérature française
Une jeune femme solitaire et silencieuse rencontre Andronica, qui va bientôt accoucher de jumeaux. Andronica vit en marge, à la périphérie de notre société. Elle accepte que la jeune femme la suive et lui apprend que le père a disparu le matin de la nuit où il l’a violée alors qu’ils faisaient route ensemble. L’accouchement se déroule dans une roulotte et deux garçons pointent leur petit nez vers un monde guère accueillant. Andronica remplie de haine et de colère est bien décidée à retrouver le père pour qu’il reconnaisse ses deux garçons et entérine les prénoms. Après, chacun sa route, qu’il disparaisse ! Les deux femmes et les deux bébés partent à pied dès le lendemain de l’accouchement et les rencontres vont s’enchaîner. Elles vont rapidement être rejointes par deux autres femmes, « nous te suivons, Andronica, trois femmes sont à tes côtés, une pour chanter, une pour parler, une pour le silence. » puis aller aux devants d’une société périphérique, qui tente de survivre, souvent dans la colère et la peur, sans grand espoir mais avec courage. Néanmoins, ce voyage initiatique sera peut-être l’occasion pour que toute cette colère qui gronde s’agrège et leur permette à toutes et tous de trouver leur place et d’être enfin reconnus et acceptés par une société souvent ambivalente à leur sujet. Des voix singulières, une palette de personnages émouvants et denses au cœur d’une expédition inoubliable qui n’aurait pu être que punitive et qui finira bien au-delà...
Premier roman
"Mais tant que je ne suis pas en paix, je suis en guerre, non ?"
Fiche #2186
Thème(s) : Littérature française
Le temps d’un été, Claire, 30 ans, rejoint ses grands-parents à Tokyo, immigrés au Japon après la guerre de Corée. Même si pour eux il n’existera toujours qu’une unique Corée, un pays qui n’existe plus, on leur a imposé de choisir, alors venant de Séoul, ils ont choisi la Corée du Sud. Et Claire, sans véritablement connaître leur histoire, est bien décidée à les convaincre de retourner visiter leur pays natal qu’elle ne connaît pas (elle parle le japonais mais pas le coréen). L’atmosphère familiale feutrée mais tendue, entre la grand-mère qui bougonne et le grand-père de retour de sa salle de jeux qui tempère, incite peut-être Claire à s’écarter tout en observant : elle scrute la vie autour d’elle et donne des cours de français à Mieko qu'accompagne sa mère détachée, ailleurs, une gamine japonaise, avec qui des liens se créent au fil des rencontres. Le récit se situe à la croisée des cultures, « Ce n’est pas ma faute, je pense, si je ne raconte rien. Si j’oublie le coréen. Ce n’est pas ma faute si je parle français. C’est pour vous que j’ai appris le japonais. C’est les langues des pays dans lesquels on vit. », au cœur d’une atmosphère particulière qu’Elisa Shua Dusapin fait parfaitement ressentir comme elle sait, par quelques images et quelques mots apaisés, évoquer les sentiments doux ou violents de chacun. Une belle confirmation après « Hiver à Sokcho ».
Ecouter la lecture de la première page de "Les billes du Pachinko"Fiche #2185
Thème(s) : Littérature étrangère
La narratrice est dans un temps de « latence », elle s’est séparée du père de sa fille, et vit actuellement avec un jeune bulgare. Et puis, lors d’une soirée entre amis, Sarah arrive en retard et immédiatement s’impose, prend sa place, prend la place. Elles s’écrivent, elles se revoient et une passion fulgurante les emporte. Et la narratrice les raconte, Sarah et cette passion folle. Folie des sentiments, folie des corps, Sarah déborde de vie, « Elle est vivante », exubérante, passionnée, enfant souvent, femme parfois, elle aspire ce qui l’approche et la narratrice se laisse prendre par le tourbillon. Un tourbillon qui va de plus en vite jusqu’à la rupture, violente et définitive. Récit d’une passion étouffante, sans limite, que seuls la maladie et la folie pourront rompre. L’écriture de Pauline Delabroy-Allard réussit parfaitement à rendre compte de ce tourbillon de la vie et du rythme imprimé par Sarah à la vie de ces deux folles amoureuses.
Premier roman
Fiche #2184
Thème(s) : Littérature française
Vous avez apprécié « Pike », vous allez adorer « Evasion » qui commence le soir du réveillon 1968 dans une petite ville du Colorado qui vit notamment grâce à sa prison et ses gardiens. Cette nuit là, un blizzard puissant est tombé sur la ville mais les évènements bousculeront néanmoins le terne quotidien de cette Amérique profonde : douze détenus se sont faits la belle et se retrouvent dans la nature ! La machine de guerre se met en branle immédiatement menée par le directeur de la prison, homme à poigne sans aucune limite : morts ou vifs, les douze prisonniers doivent être de retour rapidement, c’est un ordre, et tout est permis, même prendre quelques médicaments pour faciliter la traque et désinhiber quelques freins... Naturellement l’affaire intéresse les journalistes toujours à l’affût de sensationnel et souvent aux ordres des plus forts... Le récit donne chapitre à chacune des parties et la plume de Benjamin Whitmer, la noirceur absolue du propos d’une maîtrise totale, la puissance des personnages tiennent en haleine le lecteur de la première à la dernière page, du grand art ! Mais plutôt qu’un long discours, un court florilège de petits et noirs bijoux :
« Les choses deviennent toujours plus noires. Quiconque n’a pas compris ça vit dans un autre monde. »
« On ne peut jamais cerner personne dès lors qu’il est question de ressentiment. »
« Mais on a toujours ses souhaits dans une main et de la merde dans l’autre... »
« Vivre dans cette ville, c’est comme se faire étrangler, mais très lentement. Le genre de mort lente et suffocante à laquelle on met une vie entière à s’habituer. Et puis on meurt. »
« Rien n’égale la violence que les gens comme il faut sont capables d’exercer au nom de la préservation de la vie comme il faut. »
« S’il y a le moindre truc qui risque de tourner mal, il tourne mal, toujours. Si t’as une toute petite chance dans ce putain de monde, elle t’échappe avant même que tu l’aies vue venir. »
« Quand il buvait, c’était un homme plus plat. Quand il s’arrêtait, c’était un homme plus pâle. On ne gagne jamais. »
« Comment se retrouve-t-on coincé dans une vie qu’on n’a jamais voulue ? Voilà la vraie question. Et elle n’a qu’une seule réponse. Personne ne vit la vie qu’il a voulue. »
« Ce monde est fait pour tenir votre cœur captif le temps qu’il faut pour le broyer. »
« Peu importe combien d’amour il y a dans le monde, cela ne suffit pas. Pas pour la paix ni la lumière ni le soulagement de la douleur. Peu importe combien d’amour il y a dans le monde, cela ne suffit pour rien du tout. »
Fiche #2182
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction :
Jacques Mailhos
« Trois fois la fin du monde » décrit trois périodes de l’existence de Joseph Kamal. Son frère (« C’était lui le voyou de la famille, pas moi. ») organise un braquage, Joseph s’y joint, ça tourne mal, son frère est tué par la police et lui se retrouve en prison. Plongée immédiate en enfer et en violence. Dès la fouille, il n’est plus le même homme. Il découvre la promiscuité, la saleté, l’enfermement, la violence, la haine, le combat pour survivre, la perversité : un quotidien décrit précisément et sans artifice par Sophie Divry. Impossible de stopper le cauchemar, il faut patienter et courber l’échine en abandonnant son innocence, son humanité et sa confiance en l’autre. Un évènement extérieur vient pourtant à nouveau bouleverser son quotidien : une explosion nucléaire dérègle tout et Joseph en profite pour s’évader. Il rejoint le monde extérieur et surtout la nature. Peu survivent à l’explosion mais Joseph est de ceux-là : il choisit de s’isoler, se cacher, de se construire une nouvelle vie, seuls un mouton et une chatte l’accompagneront et l’apaiseront. La nature l’entoure, le cerne, et même peut-être le protège et Joseph en apprécie la beauté induisant une sérénité revenue et une nouvelle approche de l’humanité bien loin de son épisode carcéral : « Et, l’humanité, c’est cet homme, il n’y en a jamais eu d’autre. Joseph est l’espèce humaine tout entière. » Mais cette humanité peut-elle survivre dans la solitude absolue ? Un court texte contrasté entre violence et douceur, humanité et inhumanité, illuminé par une écriture poétique (alternant entre le récit et les paroles de Joseph) et de superbes descriptions de la nature et de ses couleurs puissante et indestructible.
Ecouter la lecture de la première page de "Trois fois la fin du monde"Fiche #2183
Thème(s) : Littérature française
Ludovic-Hermann WANDA
Prisons
L'Antilope
9 | 288 pages | 02-08-2018 | 19€
En 2003, Frédéric, vente après vente, livraison après livraison, était devenu à Paris Blondin, dealer à succès et notamment dans les beaux quartiers qu’il fournissait en produit herbeux facilitant l’envol vers d’autres mondes. La qualité des produits de « cet étudiant en disponibilité », son sérieux, et une petite réputation commençait de naitre alors qu'il arrivait gare du nord après un aller-retour vers la Belgique pour recharger les stocks. Mauvais jour, mauvais tirage : un douanier lui demande d’ouvrir son sac et ne goûte guère à son contenu même s’il s’abstiendra de goûter à l’herbe. Frédéric a déjà l’art de la répartie et conserve son humour, en effet, si son Dieu lui propose cette épreuve, il lui suffit seulement d’en trouver la raison. Le juge lui octroie six mois pour la trouver et pourtant, l’évidence lui apparaît immédiatement. Il lui offre l’arme ultime, l’arme définitive, l’arme infaillible : la lecture. Son compagnon de cellule, Richard, juif et toxico, emboîte le pas vers une renaissance salvatrice : « Pour nous, Fleury, c’est pas une prison, c’est un centre de remise en forme ! » Les deux hommes s’épaulent et se découvrent page après page : leur langage, leur apparence, plus qu’une évolution, une révolution ! Frédéric garde son bagou, sa vivacité, mais maintenant ses arguments sont étoffés, construits même s’il est conscient que le chemin est encore long. La réussite de ses examens universitaires et la sortie de Fleury, c’est par là ! Il ne lui restera plus qu’à éviter les pièges que la vie lui réservera inévitablement et espérer que son Dieu tout puissant et bienveillant ne l’abandonne... Prisons propose un fil qui se plait à prendre à contre-pied le lecteur chapitre après chapitre en variant les narrateurs-observateurs (vous découvrirez par vous-même les invités célèbres y participant), les points de vue, et surtout en variant le langage et donc le rythme. Frédéric a un pied dans deux mondes et le récit le souligne parfaitement. Entre français des banlieues et français littéraire, le parcours motivé et motivant de Frédéric suscitera un espoir partagé.
Premier roman
« Existe-t-il plus grande prison que l’orgueil masculin ? »
« ... désormais, je sais que je suis bien plus qu’un corps. Je suis d’abord un esprit et un récit, un esprit qui peut être aussi vaste que l’univers, un récit qui peut être aussi profond qu’un gisement de pétrole. Le tout c’est de lire, encore et toujours ; de comprendre, encore et toujours ; d’avancer sur le chemin du questionnement et de la connaissance, encore et toujours ; de la connaissance du monde, des autres, et, au bout du chemin, de mon moi profond. »
Fiche #2181
Thème(s) : Littérature française
L’homme est jardinier à la ville de Nogent-le-Rotrou. Anonyme, solitaire, son entourage ne connaît rien de lui, de son passé, une vie bien rangée, sans éclats. Jusqu’au jour où il apprend qu’une romancière viendra dans cinq jours dédicacer à la librairie de la ville son premier roman : il la reconnaît tristement, c’est la fille de la femme qu’il a tuée trente ans auparavant, meurtre pour lequel il a passé des années en prison. Le compte à rebours est lancé : immédiatement, même s’il redoute de la rencontrer, il sent qu’il ira vers elle, ultime punition, « heure des comptes », ou porte ouverte pour un retour à la vie, pour se poser les bonnes questions et peut-être trouver réponses : cinq jours de tension, mal-être, ambigüité... De son côté, la vie et la mort ont éprouvé la romancière, sa mère a donc été assassinée mais sa fille est également morte d’une maladie foudroyante après une erreur de diagnostic. Le récit alterne les souvenirs de l’un et l’autre au jour le jour. Tout est interrogations, tentatives d’explications et de pardon. Les deux situations sont-elles si différentes ? Où sont les barreaux des prisons de chacun, quelle est « la plante grimpante qui s’enroulera autour des barreaux de nos cages, prison ou chagrin, jusqu’à en fendre le mortier » ? Comment ont-ils pu survivre dans leur prison ? Serait-il possible qu’ils s’en évadent, seuls ou mutuellement ? « Au grand lavoir » propose un dialogue puissant et tendre qui interroge brillamment et subtilement sur notre capacité à pardonner, à se détacher sans oublier, et à continuer de vivre avec nos disparus et à côté des responsables.
« Alors j’irai au grand lavoir là-bas, où la mémoire se récure contre le granit rugueux, où la langue se rince au torrent qui mousse comme un savon d’encre, où la fiction fait Javel. Je regarderai l’eau crasseuse s’écouler dans une grande synovie de mots et je laisserai sécher les éclaboussures au soleil de leur consolation. Grande lessive. »
« Et l’amour brisé par une mort injuste n’est pas soluble dans la réparation par l’argent ou la prison. Il n’y a pas d’économie du pardon. »
Fiche #2180
Thème(s) : Littérature française
« Je voudrais que la nuit me prenne » est illuminé par la voix de l’innocence, la voix de l’enfance. Le temps a passé mais tous ont en souvenir les huit ans de Clémence, heureuse auprès de parents attentionnés, débordants d’amour, de tendresse et d’une légère folie bienveillante. Alors seize années plus tard, Clémence replonge avec délice dans ces journées joyeuses avec la conviction que le souvenir est demeuré intact malgré un voile noir qui suscite un malaise interrogatif. Mais les mots de la petite Clémence nous entraînent dans leur tourbillon repoussant les explications à plus tard, on veut continuer de croire en le bonheur, la vie et l’amour, « C’est ça l’enfance, ma Clémence, que rien ne soit impossible. » Isabelle Desesquelles nous offre une pépite bouleversante d’émotions retranscrivant parfaitement et avec sensibilité les liens entre générations et porte toute son attention au bonheur, à la vie et à sa fragilité.
« Je réalisais combien l’absence est une présence. »
« Je sais moi le mal que peut faire tout ce que l’on ne sera pas. »
« Un enfant, il ne peut pas être que du malheur. »
Fiche #2179
Thème(s) : Littérature française
Fin 1918, les combattants français et allemands ont quitté les tranchées, chacun laissant dans ces boyaux une grande part d’eux-mêmes. Quel homme pouvait en sortir fièrement et vainqueur ? Hyacinthe Kergoulé, jeune breton de 20 ans, fut l’un d’eux. Après avoir passé quelques jours au fond d’un abri, seul, cerné et observé de rats et de morts (« C’était magnifiquement horrible. »), torturé par la faim, la soif et la peur suscitant même l’envie d’en finir, Hyacinthe nous ouvre les portes de sa seconde vie, un bras en moins et un passé insurmontable. En effet, ces derniers jours comme soldat seront fondateur pour sa seconde naissance aussi douloureuse qu’ardue. Tout restera ancré en lui : les goûts, les odeurs, les sensations... cette diète marquera à jamais son alimentation, sa faim, son envie d’être rassasié ou de jeûner (bon appétit messieurs dames !). La mort n’ayant pas voulu de lui, il faudra néanmoins se construire une nouvelle vie, une nouvelle existence et souvent mentir, se cacher, se taire : « ... je les épargnais en inventant des histoires, tant mal que bien, un peu moins insupportables et surtout plus crédibles que la réalité. » Qui pourrait en effet comprendre ou simplement mesurer cette haine née dans l’horreur, indélébile, sans fin, ancrée au plus profond de lui-même, mais toujours prête à jaillir, à mordre : « Mon monstre intérieur ne m’avait donc pas réellement quitté. Il hibernait simplement. » Hyacinthe Kergoulé nous livre le récit sans artifice de son retour des tranchées, il nous autorise à rencontrer son double, survivant des tranchées sans jamais les avoir quittées, qui rongera jusqu’à l’os lui et son futur. Le récit est évidemment terrifiant frisant parfois l'horrible mais l’écriture et le ton de Gildas Guyot réussissent à nous tenir en haleine, tendu, inquiet, toujours attentif au destin et au parcours de Hyacinthe. Il parvient même à nous tirer quelques sourires lors de descriptions précises, réalistes et singulières. Un obus littéraire qui laisse de belles, profondes et douloureuses traces comme toutes les guerres qui n’en finissent jamais !
Premier roman
« Mais ce qui est frappant lorsque l’on revient à la vie parmi les morts, c’est le silence qu’ils sont capables de faire, tous ensemble. »
« Je prenais tout doucement conscience que je ne craignais pas vraiment l’allemand mais la haine puissante et indomptable qu’il avait fait naître en moi. Cette haine que je pensais avoir vaincue alors que, depuis tout ce temps, elle hibernait sagement. Cette haine qui, si on la découvrait, allait faire s’écrouler tout le mensonge sur lequel reposait ma petite vie rangée. »
Fiche #2178
Thème(s) : Littérature française
Joaquim a vingt ans en 1993 quand il arrive à Sarajevo, ville assiégée et meurtrie. Il vient faire face à la mort, la fixer, il est photographe, adepte de l’argentique, loin de la mitraille numérique irréfléchie et non maitrisée. Joaquim vient tragiquement de faire face à la mort, sa sœur s’est suicidée en se jetant par la fenêtre de l’appartement alors qu’il était en toute confiance dans son bain, rupture totale, blessure profonde jamais cicatrisée, responsabilité et culpabilité ne le quitteront jamais. Alors la mort, il veut la défier, l’affronter, voire la rencontrer mais elle ne l’embrassera pas. Il se retrouve au cœur de Sarajevo où chacun tente de survivre avec dignité et courage espérant encore, espérant toujours, entre l’élection de Miss Sarajevo et les tirs mortifères de snipers. Mais Joaquim survivra, sans jamais oublier, et continuera de parcourir le monde avec cette peur du vide et des fenêtres et baies vitrées ancrée en lui, l’appareil photo en bandoulière, choisissant ou non d’appuyer sur le déclencheur pour laisser une trace. Il évoquera son enfance étouffant sous les non-dits et les silences, source de cataclysmes, la mort de sa mère, sa rupture avec son père « posté en lisière d’une famille qu’il avait construite comme malgré lui. », son dernier voyage à Rouen après la mort de son père. Ingrid Thobois montre avec perfection comment la douleur s’insinue, se fige, et pourquoi et nous livre un émouvant et douloureux portrait d’un homme éprouvé mais qui restera sur le chemin de la vie.
« On n’est jamais trop jeune pour se souvenir. On n’est jamais trop vieux non plus. »
« On n’oublie jamais rien ; on escamote ou on enfouit. »
« L’amorce de la vie ne se retrouve parfois qu’à l’endroit de la mort. »
Fiche #2177
Thème(s) : Littérature française
Après avoir découvert sa stupéfiante aventure, Nathalie Léger part à « la recherche d’une femme qui a voulu faire régner la paix dans le monde par sa seule présence en robe de mariée... » : Pippa Bacca, mariée sans mari, décide en effet de sauver le monde en joignant Milan à Jérusalem vêtue d’une robe de mariée. Elle s’interroge sur ses intentions, performance artistique ultime, « nuée idéaliste, le désir de réparer, le désir de répandre le bien, non pas le bien lui-même, mais son idée... Ce n’est pas son intention qui m’intéresse ni la grandeur de son projet ou sa candeur, sa grâce ou sa bêtise, c’est qu’elle ait voulu par son voyage réparer quelque chose de démesuré et qu’elle n’y soit pas arrivée. » Mais comme « tout n’est qu’affaire de famille », le déroulement de son enquête est lourdement perturbée par sa mère. Une mère rapidement divorcée, un époux et père injustement parti pour laisser une femme bafouée à jamais. Seuls les mots pourraient peut-être enfin réparer et puisque sa fille écrit, qui mieux qu’elle pour redonner une voix, un corps, une place, une pensée à sa mère, et les mères savent être très persuasives avec leurs filles... Mais ce projet n’est-il pas in fine aussi fou que celui de Pippa Bacca et la fin ne sera-t-elle pas identique ?
« La fin d’une vie est grande comme un mouchoir de poche, on se cogne à tous ses bords, a-t-elle dit. »
Fiche #2176
Thème(s) : Littérature française
C’est l’histoire d’un chat et de deux souris. Ils sont attendrissants tous les trois. Le chat semble doux, gentil, attentionné, protecteur. La première souris reste étonnée que ce chat brillant s’intéresse à elle. Mais elle y croit jusqu’au jour le matou préfèrera une autre souris. Et les apparences sont souvent trompeuses, le chat possède aussi des griffes et parfois sa sauvagerie originelle jaillit au travers d’un violent coup de pattes. Quant aux souris, si elles arrivent à s’allier pour éviter le pire, elles sont capables de devenir fauve par leurs ruses et intelligences. Néanmoins, le combat demeure a priori déséquilibré alors l’aspect psychologique, les manipulations et faux-semblants sont primordiaux, et Greer Hendricks et Sarah Pekkanen les ont développés avec une attention évidente et accomplie associés à une narration qui monte en puissance tout au long de l’affrontement pour le plus grand plaisir du lecteur (un seul bémol mais qui n’entache en rien la lecture, que les traducteurs adorent à un point inégalé le mot sororité !). Inattendu et très efficace !
Ecouter la lecture de la première page de "Une femme entre nous"Fiche #2175
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Corinne Daniellot,
Pierre Szczeciner
Une jeune trentenaire née en banlieue parisienne vit un quotidien bien éloigné de ses origines guadeloupéennes. C’est peut-être néanmoins l’instant de se retourner une dernière fois vers son passé familial et interroger ses racines. En effet elle ne connaît la Guadeloupe que comme « une métropolitaine en vacances », sa « vie était ailleurs. » et tout le monde le savait, le sentait, et lui faisait ressentir. Or, coup de chance, elle a une tante, véritable conteuse hors pair, à la parole libérée, qui depuis son lit d’hôpital parisien est toute prête à lui relater l’histoire familiale, les Ezechiel descendants d’esclaves, emblématique de l’histoire de la Guadeloupe et à exposer aussi bien son parcours (et celui de sa famille) qu'à dresser le portrait sans fard de la société antillaise (« D’ailleurs les Antillais critiquent les Antillais. »). Le discours d’Apollone, surnommée Antoine, parfois entrecoupée par les avis d’autres membres de la famille, revient sur les années guadeloupéennes, « Quelques éblouissements et puis rien que des blessures. », des années de débrouille de la campagne au taudis de Pointe-À-Pitre, suivi de l’exil. Antoine subira en effet deux ruptures, le départ de Morne-Galant en 1947 puis l’envol depuis Pointe-À-Pitre vers la métropole vingt ans plus tard abandonnant tout ce qu'elle avait construit. L’installation en banlieue, « quitté un nulle part pour un autre nulle part », perdus, isolés, à l’écart, à une époque où la France se construit grâce à eux mais aussi sans eux, « Nous, les Antillais, nous avons toujours su nous adapter, pas vrai ? De la case d’esclaves aux HLM, nous savons ce que signifie survivre. » Puis le travail se fait rare, les regards changent, « Je dirais qu’en métropole, nous sommes devenus noirs vers 1980 à partir du moment où avoir du boulot n’est plus allé de soi. » et néanmoins ces « immigrés de l’intérieur » choisiront de rester, toujours, jusqu’au bout de leur histoire. L’écriture est imagée, le vocabulaire précis, le ton singulier, quelques expressions créoles colorées viennent installer une ambiance particulière et un rythme tonique. Un premier roman qu’on ne lâche pas et permet notamment d’« aimer mon histoire et la matière dont elle était faite ; une succession de violences, de destins liés de force entre eux, de soumissions et de révoltes. »
Premier roman
« La nuit n’est pas menteuse comme le jour. C’est la nuit que tu peux lire en toi-même comme dans un livre, et voir les autres comme ils sont vraiment. »
Fiche #2174
Thème(s) : Littérature française
Deux volumes pour nous permettre de rencontrer deux familles qui vont se heurter violemment toutes les deux à la première guerre mondiale. Ca devient rare en BD, les auteurs ont su cette fois se restreindre… et comme on n'est jamais satisfait, on en redemanderait ! Deux familles très différentes et éloignées : Ousmane vit au Sénégal tandis que Jean est un paysan de la France profonde. La famille a contraint leurs destins mais la guerre viendra les bouleverser et les rompre subitement. Le récit nous parle donc d’horreur et de guerre, de son absurdité comme du pouvoir absolu des gradés qui s’arrogeaient le droit de vie ou de mort sur les soldats, il nous parle également de rencontres, d’amitié, d’amour, de racisme, de colonisation mais aussi de la place de la femme dans la société. Une photographie parfaitement réussie, aussi émouvante que réaliste, de la France au coeur de la première guerre.
Fiche #2173
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Nouvelle consultation des comptes-rendus de lecture
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