« Pourquoi les choses les plus proches étaient-elles souvent les plus difficiles à voir ? »
Claire Keegan
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Guillaume Chérel imagine une rentrée littéraire 2016 atypique. Ils sont dix auteurs, cinq femmes, cinq hommes, dix parmi ceux qui mobilisent régulièrement les médias, omniprésence médiatique, des grands habitués des plateaux télés à avoir reçu une invitation étrange. Le bien nommé Un Cognito les invite (moyennant rémunération naturellement) pour un séjour dans l’ancien monastère de Saorge, havre pour les fantômes du passé... Sont prévus débats littéraires avec l’élégant et amical Augustin Traquenard, cocktails et dédicaces. Intrigués, les stars de la rentrée acceptent et se retrouvent dans ce lieu austère avec une cuisinière médium et un guide italien, Un Cognito se faisant attendre… Rapidement, le programme attendu n’est pas respecté et des évènements étranges, voire inquiétants se produisent… Une nouvelle version hilarante (et moqueuse) des dix petits nègres (le suspense en moins) avec quelques passages d’anthologie (notamment le portage d’un Jean de Moisson légèrement émoussé par un Yann Moite et un David Mikonos assez maladroits !).
Ecouter la lecture de la première page de "Un bon écrivain est un écrivain mort"Fiche #1871
Thème(s) : Littérature française
« Dedans » évoque trois instants de vie en prenant le temps à rebours. Le narrateur est en prison et décrit, sans artifice, avec un regard froid, presque sans jugement, le monde carcéral et ses règles, sa vie quotidienne minutée. L’absurdité permanente, la violence mais parfois aussi la fraternité, l’incompréhension sont criantes. Puis deux tableaux viennent compléter le portrait, l’adolescence et l’enfance éclairent le récit. Ce premier roman original par sa construction et son écriture réussit l’exploit de nous parler de prison en évitant une atmosphère pesante et désespérée tout en étant dans le réalisme total, brillant exploit !
Premier roman
Fiche #1808
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Serge Quadruppani
Diane Peylin avec « Même les pêcheurs ont le mal de mer » nous plonge dans une saga familiale sous l’angle des hommes de la famille Oroczo. Trois générations d’hommes et une malédiction frappant leurs femmes. Valente, le père, Rafa, le grand-père, et Salvi le fils, « un Oroczo d’occasion ». Les trois nous donnent leur vision, leur quête, leurs relations aux autres, aux femmes, à la mer et au vent, à la pêche. Une famille rude à la tâche et rude aux sentiments (« … chez les Oroczo, câliner c’est aussi écraser. »). Ils avouent leurs sentiments comme leurs ressentiments, leurs désirs, les non-dits et mensonges, leur rancœur, les colères et regrets… Au cœur de ce triple récit s’impose la figure du père, celle qu’ils chercheront tous les trois, souvent en vain et le secret qui sans signe apparent s’immisce et innocule son poison innocemment...
« Mon père ne m’a jamais donné de coup, pourtant, plus d’une fois il m’a mis à terre. »
Fiche #1807
Thème(s) : Littérature française
« Furio est un monstre. » Furio est représentant de commerce, fier de son métier et de son expérience dans le monde de l’édition, il a quatre amours : sa fille, Caterina, sa femme, Elisa, sa voiture ancienne, une Duetto qu’il chouchoute, et enfin ses chaussures, en effet, pour un représentant, les chaussures sont essentielles, pour un monstre aussi... Il a connu Elisa à l’école, l’a épousé et lui a tout offert : une maison quelque peu isolée il est vrai (avec un endettement à très long terme), une petite fille, elle a tout pour être heureuse. Il est le mari idéal et un papa poule, tout du moins l'estime-t-il... Mais que cache son sourire de représentant expérimenté ? Pourra-t-il résister aux difficultés professionnelles et aux mensonges de sa femme ? Giampaolo Simi a mis en place une construction vraiment singulière qui se joue de la chronologie et joue aussi avec le lecteur, fausses pistes, indices parsemés ici et là, observe et décrypte parfaitement la psychologie de ce personnage étrange, et nous offre un texte oppressant et tendu.
« Comme tu l’as appris de tes camarades, dans les vestiaires, on donne le pire de soi. »
« La vérité ne sert jamais à rien, putain, c’est ça, le problème. »
« Le temps est un fleuve lent mais puissant, qui emporte tout avec lui : haine, douleur et surtout énergies. »
Fiche #1806
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Sophie Royère
Bébénosaure est heureux sur le dos de sa maman. Il se sent protégé et accède aux feuilles les meilleures. Et puis, Bébénosaure glisse du dos de sa mère et tombe malencontreusement au sol. Il part à sa recherche, rencontre d'autres petits et le danger approche... Un tendre album aux couleurs très contrastées (l'arrière plan étant noir) pour les petits et leur maman.
Fiche #1805
Thème(s) : Jeunesse
Peter Harper est un compositeur reconnu mais après un divorce mouvementé, il a besoin de s’isoler et de rester seul quelques mois. Il choisit Clenhburran, un petit village des côtes irlandaises, isolé, calme, venté, propice à la solitude et au retour de l’inspiration musicale, du moins l’espère-t-il. Il est si seul dans sa maison isolée que finalement, il voit d’un bon œil la présence de voisins non loin, sait-on jamais, on peut toujours avoir besoin d’aide... Un soir, la région est en alerte, les orages y sont courants mais celui annoncé devrait être particulièrement violent, la prudence est de mise. Il choisit néanmoins de répondre à l’invitation de ses voisins et brave le danger. Pourtant, au retour, un arbre brisé obstrue la route. Alors qu’il sort de sa voiture pour évaluer la situation, il ressent bourdonnements, et autres impressions bizarres et se réveille à l’hôpital. Il aurait pris la foudre et depuis un mal de tête l’accompagne. Et ce mal est complété par des rêves bizarres, ces rêves semblent réels, l’avertissent de graves dangers dans le futur et certains faits semblent le confirmer. Evidemment ses proches et le personnel médical demeurent incrédules et le considèrent progressivement comme fou. Il devient de plus en plus inquiet lorsque ses enfants s’installent pour les vacances et s’il voit l’avenir, pourquoi ne pas intervenir sur le déroulement du réel pour tenter d’éviter le pire ? Mais le laissera-t-on faire et trouvera-t-il quelqu’un pour le croire et l’aider, en effet, il se sent bien seul face à l’avenir. Du rythme et du suspense, tendu, angoissant et oppressant, de l’imaginaire, et l’Irlande toujours aussi attirante, pour une première, c’est une vraie réussite !
Premier roman
Fiche #1804
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction :
Delphine Valentin
Théo a 26 ans, engagé dans les luttes en Belgique et il n’hésite pas à faire le coup de force et à s’engager physiquement et violemment. Théo se considère néanmoins bien éloigné des djihadistes qui partent vers la Syrie pour un engagement religieux, lui, il est d’un autre versant de la révolution, plus politique ou plus romantique diraient certains. Et pourtant… Suite à ses actions et à un incident, il choisit de s’exiler en Colombie. Il s’y retrouve avec Angela une franco-colombienne révoltée qui abhorre notre société contemporaine et ses injustices. Ils décident rapidement de partir vers le sud de la Colombie pour y rejoindre la guérilla, de vrais révolutionnaires ayant toujours l’espoir ultime de changer le monde. En milieu hostile, au coeur des combats, l’église fait l’interface entre la population et les combattants. Et Théo, à sa grande surprise, se retrouve à leurs côtés dans cette « guerre sale » et découvre une guérilla pas loin d’avoir muté en mafia, mais ce n’est que le début du chemin chaotique de Théo vers une vie peut-être plus apaisée et une foi en l’avenir… Un roman qui questionne ouvertement notre rapport à la violence : la fraternité et l’amour suffiront-ils pour parvenir à un monde meilleur ? L’indignation suffit-elle ? La violence peut-elle être légitime, quand faudrait-il y recourir, jusqu’où, contre qui, avec qui ? Qui paiera le prix (toujours élevé) de la guerre ? Des questions intemporelles au cœur de ce texte qui est aussi un roman d’aventure sur la Colombie.
Ecouter la lecture de la première page de "Et dans la jungle, Dieu dansait"Fiche #1802
Thème(s) : Littérature étrangère
Siri illustratrice est immédiatement intéressée et motivée par un projet en milieu carcéral. Un détenu lui offre un portrait d'elle qui la touche et plus tard, après une rencontre fortuite, ils vivent une liaison intense. Mais Siri ne sait que peu de choses sur Dorian qui se confie peu, semble cacher un secret et adopte parfois des comportements étranges, pouvant friser la violence. Son frère, avocat, la rassure mais il ne peut y avoir de voile sur sa relation, elle doit absolument savoir qui est Dorian. En parallèle (mais ce n’est ni gratuit ni artificiel…), Françoise Pirart rend compte d’une exécution capitale aux Etats-Unis en 2014 après le meurtre de deux jeunes gens. Une vertigineuse histoire d’amour entre deux êtres meurtris par la vie avec comme toile de fond une réflexion sur la peine de mort.
« Tous les hommes sont lâches, Siri. Mais certains le cachent mieux que d’autres. »
Fiche #1803
Thème(s) : Littérature étrangère
Une mère, Angélique Villeneuve, est à terre. Elle est atteinte, son fils, une nuit, dans sa chambre, s’est tué. Vingt ans de bonheur, de partage, pulvérisés en un instant. Les interrogations s’imposent, deviennent omniprésentes sans pour autant nous relater le passé de la famille et les éventuelles raisons de cet acte. Est-il parti accompagné de ces lumineux instants partagés ? Comment continuer sans lui, avec lui, sans créer de chapelle et de mausolée ? Les mots évidemment sont au centre du chemin emprunté par la mère : les entendre, les dire, les accepter, comme ce mot suicide qui siffle comme un serpent jailli d’un taillis ou comme ce mot qui néanmoins n’existe pas en Français qui la désignerait comme « orpheline d’enfant » ou plus simplement comme son prénom tant de fois exprimé sans y prêter attention. Comment vivre avec sa présence permanente malgré son absence définitive ? Pourra-t-elle être autre que la mère d’un suicidé ? Le regard des autres, leur peur, évolueront-ils ? Angélique Villeneuve nous parle avec franchise de son parcours intime dans ce chaos, de l’état de choc qui l’anéantit jusqu’à ces petits instants où la vie la pince et lui envoie de légers flashs de lumière. Pour cela, elle pratique dans ce récit le tutoiement, impliquant évidemment immédiatement le lecteur et établit ainsi un dialogue entre la mère dévastée et l’écrivain voire entre deux mères. On retrouve naturellement la superbe et précise écriture d’Angélique Villeneuve dans ce récit juste, pudique, digne, émouvant, doux et chaud par l’humanité qui s’en dégage, il rejoint le camp des livres qui nous font grandir et nous aident à vivre.
« Lorsqu’un enfant meurt, est-on toujours sa mère, est-ce qu’un enfant perd sa mère en même temps que la vie ? »
« Faudrait-il, de surcroît, se remettre de ce que l’on vit ? »
Fiche #1801
Thème(s) : Littérature française
Un petit garçon part vers l'hôpital et laisse son chien à la maison. Mais ce dernier a oublié de lui dire quelque chose. Il suit l'ambulance et se retrouve bloqué derrière les grilles de l'hôpital. Heureusement une belle chaîne de solidarité se crée pour que le petit garçon découvre le message de son copain et surtout prenne le chemin de la guérison. Pour tous les petits malades ou non !
Fiche #1795
Thème(s) : Jeunesse
"Toutes les mamans se ressemblent. Et toutes les mamans sont différentes." Une voix d'enfant dresse le portrait de sa maman donc des mamans, mais sa maman est pourtant unique ! Un superbe album tendre et poétique qui en outre propose une aide au petit lecteur pour écrire le portrait de sa maman.
Fiche #1796
Thème(s) : Jeunesse
Cela faisait longtemps que vous vous posiez cette question : mais pourquoi donc les lapins n'ont qu'un petit bout de queue ridicule ? Ne cherchez plus, ce conte chinois vous révèlera la réponse avec un grand sourire !
Fiche #1797
Thème(s) : Jeunesse
Le chapifoin en a marre, les lapins adorent sa fourrure et son odeur et viennent l'importuner à longueur de journée, seule solution proposée par le rat toujours aussi rusé se séparer de sa fourrure... Un bel album frais et tendre sur l'amitié, la différence et l'entraide.
Fiche #1798
Thème(s) : Jeunesse
Marie HALLEUX
Peur noire
Voce Verso
148 | 18-06-2016 | 14.5€
en stockUn superbe album sans texte pour parler aux petits (et aux grands) de leurs peurs ou cauchemars, un peu de courage et hop, ce vilain monstre gris disparaît !
Fiche #1799
Thème(s) : Jeunesse
Monsieur Bernard règne sur sa boutique, Aux P'tites Choses. Ses clients y trouvent les mots de leur choix, petits, grands, gros, tendres, violents... Mais de nos jours, les mots doux sont très prisés, si demandés que Monsieur Bernard redoute leur disparition dans ses tiroirs, heureusement Monsieur Bernard a plus d'un mot à son arc !
Fiche #1800
Thème(s) : Jeunesse
Prune et Merlin viennent de s’installer à la campagne, ils ont trouvé la maison de leur rêve, le bonheur les attend après quelques travaux naturellement. Merlin est dessinateur de BD, une série de treize volumes dont le personnage principal est inspiré de son meilleur ami, Laurent et qui a rencontré son public et le succès, et illustrateur de la grande encyclopédie des oiseaux. Et puis, première tuile, Laurent, son pote, son inspirateur, meurt,. Au-delà de la tristesse, cette disparition l’interroge sur son art, son œuvre. Quel avenir pour Jim Oregon, le héros de sa série ? Et si en outre, Laurent, de manière posthume, s’en mêle, tout se complique, « Je n’ai jamais pu bosser sous la contrainte… ». Marie-Sabine Roger nous entraîne avec bonheur à la rencontre de sa nouvelle tribu avec comme héros principal, Merlin, cet enchanteur moderne qui nous fait partager, entre fiction et réalité, avec sa gouaille, sa verve, son humour et sa sensibilité, le quotidien d’un écrivain qui sait « changer la vie des gens ». Sans détour, il nous confie ses réflexions intimes sur la création, sur l’écriture et l’imaginaire, sur les personnages de fiction leur liberté et leur force, sur le pouvoir de l’écrivain, sa relation avec ses personnages, sur les lecteurs et les éditeurs... Drôle, vif et vivant, et toujours aussi humain, Marie-Sabine Roger aime clairement ses personnages et nous aussi !
« Les morts ne sont pas tristes, il n’y a pas de raison que les vivants le soient. »
« Ca fait toujours du bien d’arrêter d’être con. »
« On peut croire que le temps passe mais c’est nous qui passons, pour ne plus revenir. »
« Ils font encore confiance aux hommes politiques. Cons comme des poussins qui voteraient Renard. »
« Les lecteurs… Mettez une apostropher, on entend ‘‘l’électeur’’. Ce n’est pas un simple jeu de langue, une pirouette. On est lu parce qu’on est élu. C’est le lecteur qui fait l’auteur, et pas uniquement l’inverse. »
Fiche #1794
Thème(s) : Littérature française
Le vieux général est enfin parti. Pinochet s'éloigne du pouvoir en 1990 et certains ont pu croire en un Chili libéré : « Il se trompait. Le passé et le présent étaient liés, comme le fil invisible qui l’avait relié pendant quarante ans à Manuela. Tout était en place dans le théâtre d’ombres que constituait sa vie. Un ultime règlement de comptes avec l’Histoire. ». Quelle route emprunta le Chili ? Le libéralisme à outrance avait trouvé son terrain de jeux et les acteurs sans scrupule de la dictature n’en avaient pas fini. Condor démarre dans les quartiers pauvres de Santiago alors que des ados y sont retrouvés morts, quelques morts anonymes de plus, sans importance. Sauf pour Gabriela une jeune Mapuche qui fréquente le quartier, vidéaste engagée et dotée de pouvoirs propres à sa communauté. Persuadée que la mort de ces gamins n’est pas naturelle, elle rencontre Esteban un avocat des causes perdues, issu d’une riche famille proche du pouvoir, rencontre amoureuse chaotique de deux êtres qui se cherchent. Ils se lancent dans une enquête noire, intense, périlleuse qui va les confronter avec les trafics de drogue, les trafics d’influence, la misère sociale… et surtout les inciter à remonter dans le passé, notamment sur les traces des participants à l’opération Condor qui n’ont que peu d’intérêt à ce que cet épisode ne revienne à l'une de l’actualité… Caryl Férey nous offre une nouvelle fois une superbe palette de personnages, un récit noir intense et pimenté à souhait, un zeste de violence mais si réaliste, enfin une intrigue éminemment politique et sociale et un suspense qui vont crescendo. Incontournable !
Ecouter la lecture de la première page de "Condor"Fiche #1793
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Claire et Antonin sont des jeunes cadres dynamiques, brillants, ils ont suivi de grandes études, se disent performants, sont sûrs d’eux, de leur talent, de leur réussite, de leur supériorité et ils ne le cachent pas, ils appartiennent au beau monde. Rien ne semble ébranler leurs certitudes. Et, pourtant… Sans trop savoir pourquoi, un jour, la supérieure de Claire, modèle absolu de la femme qui a tout réussi, commence de ne plus la regarder, elle n’est plus reconnue, ignorée parfois. Claire reste interdite, ne comprend pas mais doit se rendre à l’évidence, une autre est en train de lui ravir la place. Ce bouleversement la plonge dans le silence, elle ne peut partager cette mise à l’écart avec Antonin ou d’autres, reconnaître son échec est strictement impossible. Comment continuer lorsque l’adrénaline disparaît ? Comment continuer si la lumière s’estompe et si les fondements qui ont construit sa vie intime et professionnelle vacillent ? Un roman cinglant et cruel qui offre une variation sans concession sur le thème de réussite et qui dresse un portrait noir de cette caste, nouvelle aristocratie matérialiste, que le travail a absorbé et qui reste persuadée de sa supériorité et de son destin hors norme.
Premier roman
Fiche #1792
Thème(s) : Littérature française
Varian est né prématuré et dès son plus jeune âge sera différent. Aussi doué que fragile, il est rejeté des autres, même si ses parents, bon vivants et amoureux de la vie, l’épaulent au mieux. Son père marin pêcheur perd son boulot à cause de la sur-pêche, les poissons se font rares ! Il dépérit et choisit de partir où se trouve le travail et de l’argent à gagner. Les hommes y sont bien payés mais sont devenus, ont muté en machine, ils extraient sans discontinuité et en masse de l’ambroisie, ils travaillent, détruisent la terre tout en se détruisant eux-mêmes, dorment, mangent, boivent, violent voire assassinent une autochtone un soir comme les autres... Lorsque son père cesse de donner des nouvelles, Varian part à sa recherche. Il se retrouve en prison où l’on cherche, par tous les moyens, à le faire avouer ce qu'il manigançait avec son ami le Dr Luka. Seule échappatoire, le club des miracles relatifs qu’il fonde avec Luka et sa soeur et qui lui permet de lire de la poésie de Vyssotski et notamment ses poèmes de résistance. Un roman âpre et éprouvant sur notre monde d’aujourd’hui et de demain qui nous place sans artifice face aux monstruosités et à l’inhumanité assumée de nos sociétés.
« Etre une bernacle ! La vie d’une bernacle voilà la belle vie On n’aurait pas à aller constamment de-ci de-là à s’agiter à faire la conversation ou le plein d’essence à jouer avec les mômes Non on s’accrocherait à sa roche et basta »
Fiche #1791
Thème(s) : Littérature étrangère
Les amateurs de la série Tramp se souviennent certainement de Josef, dit Tanguy-la-vie-dure que l’on retrouve dans cet album (récit complet), et qui confie ses carnets à Yann Calec sur le point de quitter l’Indochine. Son histoire débute alors que la première guerre mondiale fait rage en Europe et s’installe en Afrique de l’Est. On retrouve Josef et son père, pasteur allemand et médecin, qui possède et pilote le seul avion de la région. Le passage à l’âge adulte de Josef sera douloureux… Une belle aventure, dense et émouvante, avec un fond historique précis.
Fiche #1790
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
« Depuis l’adolescence, je cherchais une relation de profonde intimité, non pas sexuelle mais affective et spirituelle, un accord étroit des âmes… dans l’espoir imprécis de connaître un jour une amitié parfaite. » Puis Peter rencontra Thomas. Complicité immédiate. Ils ont marché ensemble, ont partagé paroles, silences, confidences, se sont abandonnés à l’autre. Fusion d’un instant, d’une nuit ou fusion pour la vie. Peter prit sa décision, sciemment, après réflexion mais sans hésitation, il choisit le moment de sa mort comme la personne à côté de laquelle il souhaitait être à cet instant, ils s’endormirent, un seul se réveilla qui naturellement chercha explications et partit sur les traces de son double (il en savait si peu sur cet homme), mais comment Peter aurait-il considéré cette enquête ? Un texte à l’atmosphère particulière et à l’écriture délicate et précise qui touche à l’intime, à la vie et à la mort.
« … la poussière du monde s’enfuyait entre ses doigts tandis que sa main reposait sur ma poitrine – et cette sensation me dispose à la douceur. »
« Je suis un nihiliste doux, je n’en veux à personne juste à la vie en général. »
Fiche #1789
Thème(s) : Littérature française
Jean est violoncelliste, musicien accompli, il maîtrise son instrument et son art mais Jean est obsédé depuis longtemps par une voix, une voix mystérieuse qu’il entend en permanence. Une voix en retrait et pourtant si présente par sa perfection qui le bouleverse et l'intrigue, elle insiste, s’insinue, prend possession de lui, entre terreur et extase, amour et haine, elle le pousse vers une folie qui prend corps dans des crises récurrentes. Alors, son ami luthier Nathanaël, l’envoie vers le sud à la recherche du guérisseur Manuel d’Algirdas et du monde gitan, de ses croyances et de ses rituels, qu’il a quitté il y a déjà de longues années. Un voyage pour se trouver, une quête de sa voix intérieure pour la transformer définitivement en alliée et parvenir à un apaisement salvateur.
Ecouter la lecture de la première page de "La voix intérieure"Fiche #1788
Thème(s) : Littérature française
Une enquête rondement menée dans le Paris du début du XX ème qui mène le lecteur sur les traces de ses contes favoris et surtout de ses héros préférés, aucun n’est épargné... Bien mené et construit, délirant, décalé, loufoque, hilarant, absurde, on en ressort grandi, joyeux et plein d’entrain ! Indispensable par ces temps moroses…
Fiche #1787
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Marco FURLOTTI
Le dragon et la souris
Nuinui
138 | 30-05-2016 | 9.9€
De superbes illustrations pour une histoire d'amitié entre un dragon et une souris qui saura motiver et entraîner Gaston pour tenter de remporter la célèbre Coupe des Vallées. Et pour cela, il faudra peut-être qu'il maîtrise quelques instants sa gourmandise...
Fiche #1785
Thème(s) : Jeunesse
Une seule lettre vous manque et le sens évolue, la carotte devient malencontreusement crotte... et cet excellent et enrichissant anti abécédaire propose un exemple de ce type pour chaque lettre de l'alphabet. Une réédition en lutin pour apprendre en riant et en s'étonnant !
Fiche #1786
Thème(s) : Jeunesse
Destiny narre la rencontre inattendue de deux femmes, de deux mondes : Anne, blanche, classe moyenne et cultivée, prochainement grand-mère et Destiny, noire, Nigériane, démunie, sur le point d’accoucher. Elles auraient pu s’ignorer, mais cette fois, peut-être sans raison, elles vont se regarder, échanger, se confronter, aller l’une vers l’autre. Pour Anne, la migration et les migrants prennent corps, s'incarnent. Elle s’attache à Destiny et sans effacer l’incompréhension et les doutes qui parfois l’animent, elle sait que leurs destins propres comme ceux des mondes auxquels elles appartiennent sont maintenant liés, inexorablement. Destiny est persuadée qu’elle trouvera le chemin vers la vie, une vie simple, tranquille, au milieu des autres, comme les autres. Et pour Anne, c’est aussi une question de survie, malgré les différences, l’Autre et moi ne font qu’un. Pierrette Fleutiaux, sans nier les difficultés et avec une certaine dose d'optimisme, choisit clairement et brillamment le camp de l’humanité face aux barbelés qui (re)naissent un peu partout en Europe.
« Atteindre à l’ordinaire de la vie passe par des risques extraordinaires, avec la mort comme compagne tout à fait banale. »
Fiche #1784
Thème(s) : Littérature française
Un bel album cartonné minimaliste et efficace (répétition) pour les touts petits qui nous parle du temps qui passe, du soleil, des nuages, de la pluie, d'une journée, donc de nous !
Fiche #1782
Thème(s) : Jeunesse
Estelle quitta les foyers de la DDASS pour un poste de préparatrice en pharmacie dans une vallée alpine et surtout dans le village bien nommé Val Plaisir, une petite station où elle se sentit chez elle immédiatement d’autant plus qu’elle tomba rapidement amoureuse du beau Jérémy, le patron du bowling local. Ils vivaient dans le bonheur parfait notamment depuis que la petite Lilas était née. Hormis l’arrivée des loups dans la vallée, calme et sérénité étaient au programme de chaque journée, l’entente parfaite que vint troubler l’arrivée inattendue de Nadia, sœur jumelle de Jérémy de retour après quelques années des Etats-Unis où elle était partie brutalement et dont il n’avait jamais parlé. Immédiatement, la complicité entre les deux sera criante voire trouble, relation fusionnelle exclusive. Nadia demeure distante et froide avec Estelle et Lilas, la tension s’installe et quelques évènements inquiétants viennent bouleverser Estelle qui prend peur. Que cache Nadia ? Qui est-elle vraiment ? Que vient-elle chercher ? Pourquoi Jérémy lui avait caché son existence ? Estelle frise-t-elle la paranoïa ? Le séjour se prolonge, les questions se multiplient, le malaise envahit la maison, l’angoisse croît, et lorsque l’on touche à son petit, même une agnelle peut se transformer en louve et « Comme une louve, je défendrais mon petit jusqu’à mon ultime goutte de sang »… Tension extrême, trois personnages plus complexes qu’il n’y parait initialement et parfaitement rendus, un roman noir dangereux, une fois ouvert, il est impossible de le refermer ! Efficacité totale !
Ecouter la lecture de la première page de "Ubac"Fiche #1783
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Juliette Pommerol a peur de quitter ses parents et sa douzaine de doudous, elle l’a déjà montré en CM2 lors du départ en classe de neige… Et cette année, en sixième, certains et certaines, dont la cruelle Flavie, ne l’ont pas oublié, les moqueries fusent ! Alors, quand Flavie lui annonce son départ vers l’Angleterre, Juliette choisit une nouvelle fois le mensonge, et affirme qu’elle aussi franchira la Manche pour un séjour d’une quinzaine de jours. Alors tout s’emballe, la voilà contrainte de partir avec ses craintes et ses peurs, bien loin de ses parents. Elle divise néanmoins le nombre de doudous par deux et l’aventure commence ! Et les Littlestone vont lui ouvrir un nouveau monde et l’aider à grandir : visite de Londres, camping en Ecosse et même la rencontre d’un adorable petit rouquin ! Trop fort ces Angliches !
Ecouter la lecture de la première page de "Juliette Pommerol chez les Angliches"Fiche #1780
Thème(s) : Jeunesse
L’année commence mal pour Taloula : la rentrée est un enfer ! Sa meilleure amie Adèle se retrouve dans une autre classe, elle ne peut choisir sa place dans la classe et se retrouve à côté de Jean qui ressemble furieusement à son frère. Et en rentrant, sa mère et son père (artistes dans un cirque) lui mettent la pression pour qu’elle leur raconte sa journée ! Heureusement Taloula a son journal et elle peut se confier librement pour notre plus grand plaisir !
Ecouter la lecture de la première page de "Comment j'ai survécu à la sixième"Fiche #1781
Thème(s) : Jeunesse
A chaque fois qu’Alex s’approche, c’est la même chose, il est atteint d’une bleuïte aiguë ! Alors quand la maîtresse annonce une sortie vers … la bibliothèque, ce lieu étrange et dangereux où les livres font la loi, Alex traîne, râle, gronde… Mais bien obligé de suivre la maîtresse et Mina amoureuse des livres. Alex découvrira que dans une bibliothèque, on trouve parfois des pièges et que l’on peut se faire happer par un livre pour le meilleur !
Fiche #1779
Thème(s) : Jeunesse
Les îles bretonnes sont souvent balayées par le vent, un vent puissant qui bouleverse la vie et bouscule parfois les curieux en haut des falaises… Le maire de Trevedic le savait mais sera néanmoins retrouvé mort au bas des rochers. Sa fille, Edelweiss, quitte donc son mari parisien bobo et « un peu connard » pour revenir sur l’île où elle est née afin d’enterrer son père (« Dans une heure, je serais dans un autre monde, une société miniature, celle où j’avais grandi. »). Mais son île a changé, étrangement, elle sent que quelque chose cloche. Des voitures de luxe peuplent l’île, des caméras de surveillance sont apparues, quelques yachts sont amarrés… Alors quand elle se met à douter de l’accident de son père (« A Trevedic, on comprend très tôt que le vent est la clef de tous les alibis. »), Edelweiss se doit d’enquêter auprès des îliens évidemment peu bavards : « Les îliens sont pudiques. Ils n’évoquent leurs malheurs que chez eux, abrités par le cercle de mer qui fait barrage au reste de l’humanité. » et même « Il y a un honneur à ne pas parler ». Mais Edelweiss a de la suite dans les idées, et malgré les menaces claires qu’elle subit, elle est bien décidée à découvrir la source de cette mutation et richesse intrigantes. Une enquête vivifiante et légèrement immorale, juste ce qu’il faut, qui prouvera que les Bretons imaginatifs ont de la ressource et que si les huîtres venaient à manquer, ils ont déjà trouvé un produit de substitution !
« Il ne faut pas chercher à aimer tout chez un homme. Je l’ai appris à mes dépens. Il faut en aimer une partie suffisante, au moins cinquante pour cent. Le reste, il faut parvenir à l’accepter, sinon c’est mort. »
Fiche #1777
Thème(s) : Littérature française
Alors que son fils rencontre la musique dans un chemin chaotique, Michka Assayas qui connaît si bien l’histoire du rock, nous confie son expérience inédite de musicien, une aventure artistique qui lui permettra également de recréer du lien avec du fils, ce côté fut une réussite. Michka Assayas se libère enfin, malgré sa peur : « La politique dominait tout, c’est vrai, mais moi, je ressentais surtout le malaise de ne pas être à la hauteur. » Le fils et le père appartenaient à des mondes différents, le monde de la musique pourra les réunir et créer une nouvelle complicité mais pour cela, le père, lui le spécialiste reconnu du rock, devra accepter son incompétence en tant qu’interprète musical et sa vulnérabilité et Michka Assayas réussit à nous faire partager cette expérience en toute modestie et honnêteté.
« Enfin, voilà : j’avais beau avoir la quarantaine passée, je me sentais comme un jeune punk aussi enthousiaste qu’incapable, qui n’allait pas laisser son incompétence et ses limites le freiner. »
« Renoncer à son idéal au nom d’une exigence écrasante traduit une haute idée de l’art qui, de nos jours, se fait rare. »
Fiche #1778
Thème(s) : Littérature française
Trois femmes d’une même famille, trois générations confrontées aux aléas de la vie. Anna-Maria s’éloigne de sa famille fortunée après sa rencontre avec Fabrizio un journaliste engagé auprès de la classe ouvrière. Ils ont rapidement un fils, Gino, mais Fabrizio meurt étrangement au cours d’une manifestation. Anna-Maria choisit de s’exiler en Calabre pour élever son fils seule. Très jeune, Gino rencontre Bruna, Gino l’épouse et un an après la naissance de la petite Graziella, il décède brutalement. Anna-Maria et Bruna se retrouvent ensemble et nouent une relation de confiance, apaisée sans pouvoir se libérer totalement : « Cependant, ni Anna-Maria ni Bruna n’arrivaient à se confier, à évoquer leur désarroi, le manque, les aspirations tues et refoulées. Chacune se campait dans une fausse dignité, de peu de décevoir l’autre qu’elle imaginait plus forte. ». Bruna choisit néanmoins de partir pour Turin. Graziella bouclera la boucle en revenant dans le village qu’avait choisi Anna-Maria. L’Italie découvre à cette époque le fascisme et la guerre. Ces femmes subissent alors la pauvreté, la misère, la solitude, le poids et la violence des hommes quand ils sont présents mais elles se battent et continuent d’espérer en la vie. La situation et la place de la femme n’évoluent guère au cours de ces trois générations qui devront combattre âprement pour espérer obtenir des instants d’apaisement et de bonheur. Un portrait délicat de trois générations de femmes que les évènements n’épargneront pas et en creux de l’Italie du XX ème.
« L’enfant nous demande de l’aider à agir seul. »
Fiche #1776
Thème(s) : Littérature française
La première guerre mondiale a mangé de nombreux hommes, des jeunes hommes surtout, venus de partout. Wei a pris le bateau laissant derrière lui une Chine paysanne et pauvre. Il partait découvrir le monde sans savoir que les champs de bataille allaient l’accueillir. Il survécut, ne retourna pas au pays, mais n’oublia rien. Un joli texte instructif sur l’histoire et la mémoire illustré à merveille par le trait de Zaü.
Fiche #1775
Thème(s) : Jeunesse
Au début des années 30, la Grande Dépression étreint l’Amérique et l’Amérique profonde n’est pas épargnée. Dick Wilson après 15 ans d’absence revient sur les lieux de son enfance au nord-ouest de l’Oklahoma. Un territoire pauvre où le soleil brûle, la terre sèche et l’eau rare. En outre, depuis peu, la zone est asphyxiée par le vent et les terribles tornades dust bowl qui font voler le sable et la terre. Les fermiers ne s’épargnent point, le travail est harassant et permanent, les résultats maigres et la misère partagée, les hommes sont rudes, rustres et secs. Dick débarque avec une belle voiture, un beau costume, propre sur lui, il semble avoir réussi, et retrouve la ferme familiale intacte : le père n’a pas changé, lui et sa violence aveugle avaient provoqué son départ avec sa mère, mais le père vit maintenant avec l’ancienne copine de Dick, Annie Mae, et leur petite fille ; la mule Jessie est toujours là et a donc résisté à la rage et la violence répétée du père. Dick est-il venu régler ses comptes ou seulement monter une affaire juteuse sur fond de prohibition et/ou de recherche pétrolière ? Un roman réaliste et noir, au plus près des personnages et de leur destin, le lecteur est immédiatement au milieu du décor tant l’atmosphère l’enveloppe dès les premières pages, tous les personnages apportent leur pierre au récit et y trouvent parfaitement leur place, Jasper l’homme à tout faire de Dick étant particulièrement réussi. Une tragédie digne des grands auteurs américains inspirés par l’Amérique profonde.
Ecouter la lecture de la première page de "La terre des Wilson"Fiche #1774
Thème(s) : Littérature française
Hervé GIRAUD
Histoire du garçon qui courait après son chien qui courait après sa balle
Thierry Magnier
125 | 125 pages | 19-04-2016 | 10.5€
Ils sont trois, unis à jamais. Le garçon nous raconte leur histoire, Cali sa sœur jumelle et Rubens leur dalmatien inséparable de sa balle jaune (« Souvent, on s’asseyait au bord de la rivière, épaule contre épaule, le chien au milieu. On regardait dans la même direction. »). La vie est belle, joyeuse, remuante, les bêtises nombreuses et partagées : « …Cali, le chien et moi, on est solides comme l’arbre, on n’est qu’un, une seule cellule, je suis les freins, elle est le moteur, lui le carburant… » Ils sont différents, mais se complètent. Rien ne semble pouvoir venir obscurcir ce bonheur quotidien, rien n’est prévu en ce sens, mais les prévisions s’effondrent parfois, et sans explication probante, la fatalité : « Aussi vrai que un plus un font toujours deux, nul n’est à l’abri du hasard tel qu’il s’organise dans notre dos et ce que des gens très forts comme mon père n’ont pas prévu, c’est qu’il se passe quelque chose même lorsque les ordinateurs sont éteints. » En effet, le même jour, le garçon assiste à la fugue de Rubens qui contrairement à son habitude ne revient pas éreinté s'écrouler dans son panier et apprend que Cali est atteinte d’une maladie redoutable. Mais le bonhomme ne s’en laisse pas compter, les deux évènements sont certainement liés donc s’il retrouve Rubens, sa sœur sera sauvée. Entre deux visites de sa sœur à l’hôpital, le garçon part donc à la recherche du chien qui courait après sa balle ! Un roman très fort au ton original et juste, un héros attachant à l’humour désespéré. Tendre et si triste.
« Avec les gens en blanc, c’est bizarre, on a l’impression qu’ils savent mais ne disent pas tout. Ils ont des têtes à nous expliquer que le lait, c’est bon pour notre croissance, nous disent que c’est riche en calcium mais alors qu’un jardinier amateur saurait nous faire comprendre le principe de la photosynthèse des plantes, eux ne savent pas nous dire pourquoi le calcium, c’est utile. »
Fiche #1773
Thème(s) : Jeunesse
Une petite fille de 9-10 ans nous raconte sa vie, sa relation avec sa mère, leur départ à Broadway. Elle vit seule avec sa mère, son père et son frère étant partis vers Paris : « Tout ce que je demandais, c’était d’être avec mon père, ma mère, mon frère et mes amis. », c’est son rêve, son souhait le plus fort. Mais, en attendant, elle demeure seule avec sa mère, accepte et réalise tous ses désirs. Comédienne, sa mère décide de partir à Broadway, certaine que la gloire et les rôles l’attendent. Coup de tonnerre, c’est la fille qui est embauchée en premier pour un rôle grâce à sa voix qui séduit le producteur. La petite fille nous relate alors le quotidien de ce duo où elle fait tout pour sa mère, ses désirs étant étouffés : la petite fille n’étant pas finalement celle que l’on croit ! Après l’excellent « Papa tu es fou », William Saroyan continue d’explorer avec tendresse les relations filiales mais introduit cette fois, un déséquilibre évident dans le lien familial.
« Une maman c’est bien suffisant, quelquefois même c’est trop. »
« Parce que les parents n’ont jamais été des enfants, semble-t-il, et pourtant c’est bien ce qu’ils restent toujours. Ca continue ainsi toute la vie. C’est comme ça, il faut l’accepter et faire de son mieux. »
Fiche #1772
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Annie Blanchet
A la fin du XIX ème, en Géorgie, deux gamins, deux Joseph, partagent les mêmes airs de jeux dans les rues de Gori. L’un est l’arrière-grand-père de Kéthévane Davrichewy et l’autre, que l’on surnomme Sosso, deviendra Staline. Les deux gosses se ressemblent, amis un jour, rivaux le lendemain, affrontements physiques comme intellectuels. L’auteur dresse le portrait de ce duo mais aussi de la Géorgie d’alors. Les gamins grandissent et prennent des chemins différents, Sosso part au séminaire et Joseph au collège où il rencontrera son premier véritable ami Lev Rosenfeld futur membre du triumvirat soviétique avec Staline. L’aventure de la vie mènera Joseph, qui continuera d’espèrer en une Géorgie indépendante, jusqu’en France où il refusera toujours de rejoindre Staline. Des questions restent sans réponse : qui était vraiment Joseph pour Sosso ? Qu’aurait accompli Joseph aux côtés de Sosso ? Le portrait de cet homme seul, incapable de se livrer, courageux, doutant toujours, fidèle à ses premiers engagements et convictions (« Moi je voudrais simplement faire quelque chose pour la Géorgie, qu’on y vive mieux, qu’on nous laisse être Géorgiens. ») permet aussi à l’auteur d’établir un pont entre ce grand-père et son père. Kéthévane Davrichewy plonge dans son histoire personnelle en mêlant avec succès la petite et la grande histoire ; elle dresse avec sa belle écriture un portrait attachant, nous parle de transmission et de non-dits dans une enquête aussi intime qu’historique.
« L’héroïsme se transforme en crime, et le crime en héroïsme selon la comédie que jouent les hommes… »
Fiche #1770
Thème(s) : Littérature française
Tamnay-en-Bazois est un petit village de la Nièvre, cœur de la France, cœur de la campagne avec son lourd quotidien : appauvrissement, désertification, commerces et services publics aux abonnés absents. Néanmoins certains continuent d’y survivre, tout le monde se connaît, tout le monde s’observe. Certains sont nés là, ont grandi là et n’oublient pas. N’oublient pas leurs potes, leurs adolescences, leurs galères et leurs joies. Julie, Vlad, Romain et Chris ne se quittaient pas, ils formaient le Gang, unis comme les doigts de la main, même si l’amour inévitable pourra les éloigner sensiblement. Mais l’adolescence vit aussi des drames inoubliables, qui marquent à jamais une vie, un destin. Chris a choisi de partir et revient aujourd’hui après dix années. Ils retrouvent les trois compères, Julie enceinte et Chris vivent ensemble, Vlad est devenu un dealer affirmé mais fait profiter le coin de son petit commerce illicite. D’autres sont toujours là : le Dalton un simple d’esprit parfois dangereux, Cédric devenu inséparable de Vlad et souvent imprévisible, Mélodie la troublante belle-mère de Cédric, le pote JR devenu gendarme. Tous ces personnages bien ancrés dans le réel d’aujourd’hui ont pourtant tous un pied dans le passé et les drames d’aujourd’hui vont violemment réveiller ce passé ! Benoît Minville décrit avec perfection cette zone délaissée et en alternant l’histoire passée et actuelle dresse le portrait de personnages forts aux caractères affirmés mais aussi d’une région abandonnée. Un western rural noir qui parle aussi de clan et d’amitiés infaillibles.
Ecouter la lecture de la première page de "Rural noir"Fiche #1771
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Moïse Chant-d’Amour a fait découvrir à Saturnin, le narrateur, un vieil entrepôt délabré où il se sent immédiatement chez lui et décide de le rénover pour en faire un parc d’attractions, « Pas seulement un anti-Disneyland mais aussi et même surtout un anti-Bayreuth. », où musique classique et opéras, les sauveurs de l’humanité, règneront. L’aventure peut commencer et quelle aventure ! Tout est en effet possible dans ce lieu habité par une foule bigarrée et extravagante et surtout si vivante, des êtres en marge de la société bien pensante, des sans voix qui apparaissent dans toute leur humanité avec leurs qualités et leurs travers. Cet endroit insalubre devient pierre après pierre quasiment habitable, l’entraide devient la règle, la vie ensemble s’installe. Ils s’acceptent dans ce lieu partagé, un endroit à eux où la lumière brille. Un premier roman fou, lumineux et truculent où l'homme retrouve sa place.
Premier roman
Fiche #1769
Thème(s) : Littérature française
1958, l’Algérie fait encore partie de la France. Les clubs de football notamment les pros comptent de nombreux joueurs algériens dont le célèbre Rachid Mekhloufi qui porte le maillot vert. La guerre d’Algérie perdure et ces joueurs ne restent pas insensibles, douze d’entre eux s’engagent définitivement, abandonnent tout et décident courageusement de quitter clandestinement la France afin de créer la première équipe d’Algérie, l’équipe du FLN. Tout est organisé, réglé, mais la tension et les dangers sont grands, une aventure exceptionnelle, incroyable. Mais les douze sont déterminés, vont mener à bien leur projet inattendu, porter ce premier maillot et jouer sur moult terrains du monde et ce qui ne gâte rien battre de nombreuses équipes officielles nationales ou non. Du sport, de la politique, de l’histoire, captivant, à (re)découvrir absolument.
Fiche #1768
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Le lecteur accompagne Mickael, dit Mickey, lors de son dernier été, neuf semaines, dans son quartier de Belfast avant son entrée en collège. Bon élève, il a été admis dans un collège d’élite et espère ainsi quitter son environnement habituel et les autres gamins du quartier, son père l’en empêchera malheureusement et il rejoindra le collège du quartier. L’Irlande de la fin des années 80 vit encore ses conflits qui pèsent lourdement sur l’ambiance, l’atmosphère et le quotidien des adultes et des enfants. Et Mickey continue de rêver au cœur de ces tensions extrêmes, son rêve absolu étant de partir aux Etats-Unis avec sa mère et sa petite sœur. Mais en attendant, il faut bien vivre et sa grande sensibilité ne passe pas inaperçue. Son regard acerbe, douloureux, moqueur, tendre et parfois triste nous décrit son entourage mais rend aussi compte du climat pesant de l’Irlande, de la pauvreté et du climat social déjà délétère, et ses variations de ton, sa vision d’enfant rendent le roman vivant et rythmé. Parcours initiatique et regard émouvant et attachant d’un enfant rêveur et malicieux dans cette Irlande au climat trouble et à l’atmosphère si singulière.
Premier roman
Fiche #1767
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Florence Lévy-Paoloni
Marc AUGÉ
La sacrée semaine qui changea la face du monde
Odile Jacob
118 | 72 pages | 11-04-2016 | 9.9€
en stockJusqu’au 1er avril 2018, le monde continue de suivre son chemin chaotique entre conflits et commémorations. Or ce 1er avril, le Pape Francesco apparaît sur le balcon de la place Saint Pierre devant une foule en liesse qui attend la parole vénérée, la bénédiction urbi et orbi annuelle. Francesco ne prononcera qu’un cours discours mais qui provoquera une longue onde de choc : « Dieu n’est pas mort. Il n’est pas mort car il n’a jamais existé. » Sidération absolue, cataclysme ! Une phrase qui transperce le monde, croyances et certitudes se fissurent, le monde politique, le monde religieux, les monothéistes n’y retrouvent plus leurs saints ! Les catholiques évidemment, mais les musulmans et les juifs sont également pantois et prennent peur. Un monde sans Dieu serait-il possible ? Le narrateur nous raconte cette folle semaine et nous fait partager son dialogue avec Théo sur les événements pour finir par nous donner les clés sur l’origine de ce comportement papal inattendu… Une joyeuse fiction très éclairante !
Ecouter la lecture de la première page de "La sacrée semaine qui changea la face du monde"Fiche #1765
Thème(s) : Littérature française
Lors d’un week-end de vacances avec sa femme, Constantin Caillaud découvre étonnamment le roman « Neige noire » de son auteur favori Emilien Petit. Il croyait connaître tout de l’œuvre de cet écrivain, aussi il se lance dans des recherches à propos de ce livre ignoré de tous. Un livre qui ne semble pas exister, d’ailleurs au moment de le montrer à Hélène, son ancienne maîtresse qui lui a fait découvrir cet écrivain, Constantin ne peut retrouver cet exemplaire unique et part à sa recherche au cœur du monde littéraire. L’enquête est donc une absolue nécessité, une enquête sans meurtre, sans coupable, et même l’existence de l’objet du délit est remise en cause... Ce n’est peut-être qu’un rêve, ou alors une folie douce, ou bien encore une machination finement réglée… Colombe Boncenne joue en permanence entre fiction et réalité avec le lecteur, elle lui laisse choisir son chemin et son roman, elle propose sans jamais imposer. Un premier roman d’une grande finesse et maîtrise, et un belle et singulier hommage à la littérature.
Premier roman
Fiche #1766
Thème(s) : Littérature française
La fourmi 68 vient nécessairement derrière la fourmi 67 et elle précède évidemment la 69 dans la longue file de fourmis qui partent au travail. C’est comme ça. Inexorablement. Chaque jour. A l’aller puis au retour. Pas de temps libre, le travail, pas de plaisir, juste le travail. Jusqu’au jour où Bouda un puceron va semer la zizanie dans cette vie bien réglée et la fourmi 68 commencera à observer et apprécier le monde qui l’entoure. Et il faudra alors choisir entre la liberté mais le danger et une vie régentée et bien morne.
Fiche #1762
Thème(s) : Jeunesse
Dans la famille Toucouleur, les règles sont précises et intangibles. Les enfants font la vaisselle à partir de 8 ans. C’est comme ça. Enfin, jusqu’au jour où Fatoumata décide de remettre en cause ladite règle, elle exige une augmentation de son argent de poche et décide de faire la grève de la vaisselle. Ca crie, ça gronde, ça menace, c'est tendu, les négociations s’ouvrent. Et la mère a aussi ses revendications... Excellent, jubilatoire et formateur !
Fiche #1763
Thème(s) : Jeunesse
Une sœur et un frère partagent la maison familiale, seuls dans leur château au milieu des fantômes. Ils ne se quittent pas. Seule exception, les jeudis où le frère prend le bus, part en ville chercher quelques livres. Sa sœur ne quitte jamais le château. Et pourtant l’inattendu survient. Un jeudi, en ville, il voit sa soeur dans un bus. Irréel. Incroyable. Elle ne sort jamais et refuse de prendre le bus. Le frère reste pantois et dans l’incompréhension totale. Comment lui parler ? Comment l’interroger ? Doit-il l’interroger ? Le doute s’installe, les hypothèses le minent. Le petit monde protégé qu’ils s’étaient construit (notamment au coeur de leur bibliothèque) loin du monde commence de se fissurer… La tension monte, les crispations aussi, les portes claquent et s'ouvrent, le lecteur attend avec crainte le sang... Un texte particulièrement singulier et tout aussi étrange et inquiétant qu’attachant, une écriture envoûtante, sèche et répétitive quand il le faut, une tension maîtrisée qui accroche le lecteur, un conte noir obsédant à partager sans modération !
Premier roman
Fiche #1764
Thème(s) : Littérature française
Un village est poursuivi par trois fléaux : un tigre mangeur d’hommes, un monstrueux poisson tout aussi dangereux et le jeune Zhou Chu toujours prêt à combattre pour prouver son courage et sa puissance. Les villageois sont las de cette violence aveugle et gratuite. Alors quand Zhou Chu décide de s’attaquer à ses deux concurrents, ils espèrent recouvrir leur liberté et leur tranquillité, seule la belle et douce Yisha s’inquiète pour son cousin… Entre le conte et la poésie, un sublime album avec des illustrations exceptionnelles qui complètent parfaitement le texte, les deux oscillent en permanence entre douceur et violence et nous parle de courage, de reconnaissance, de fierté, de violence et surtout de sagesse. Incontournable !
« Se dépasser soi-même est plus important que dominer les autres. »
Fiche #1761
Thème(s) : Jeunesse
Hervé, enfant, a été séparé deux ans de sa mère par la volonté de son père. Deux années qui ne seront jamais rattrapées se rappelle-t-il en observant, à 34 ans, avec émotion et nostalgie une photographie prise en 1978 sur une plage de l’océan aux côtés de sa mère. Les mots, les sensations, les sentiments, les images resurgissent. Instants éphémères de retrouvailles au cours d’une fugue commune au Maroc, quelques moments loin du père, heureux, seul avec sa mère. Ce cliché déclenche une introspection profonde d’Hervé qui revient sur son enfance, ses relations avec ses parents, mais aussi sur les livres, la lecture (« Lire a sauvé mon enfance. ») et l’écriture (« Ecrire m’apprend à aimer vivre. Ecrire m’empêche d’avoir peur de vivre. »), qui lui ont ouvert son chemin d’homme. Un texte délicat au style épuré sur la filiation et la paternité, la création mais aussi la solitude qui ouvre la voie d’un apaisement salvateur.
« La folie est l’ombre de l’écrivain. Elle veille sur lui, c’est sa frontière entre le rêve et le monde d’ici. »
« Il existe toute sortes d’amours, mais il faut chercher avec persévérance celui qui nous manque depuis l’aube de notre temps, celui qui est pétri dans la contrée sauvage de notre solitude, celui que le langage a modelé avant le langage, celui qui nous transformera et nous inculquera la capacité de nous aimer nous-mêmes, puis d’aimer le monde plus que nous-mêmes. »
Fiche #1759
Thème(s) : Littérature française
Il passe son temps à regarder et admirer ses parents danser. Ils dansent, et dansent encore, sur Mr Bojangles de Nina Simone. La musique de Nina Simone nous emporte dans un tourbillon festif, d’un pied sur l’autre, d’une page à l’autre, le lecteur danse avec le couple au rythme des variations, entre joie et tristesse, larmes et pleurs, bonheur et mélancolie, extase et folie. Et quand ils ne dansent pas, un air frais de folie permanent anime la maison sous l’œil hautain de Mlle Superfétatoire, un grue exotique aussi digne que la famille est déjantée. Un amour immense, excentricité d’abord puis une folie qui pointe son nez et s’installe paisiblement, mais notre société peine encore à accepter la folie, même douce... Un premier roman atypique et gai comme un pinson fou !
Premier roman
« Ceci est une histoire vraie, avec des mensonges à l’endroit, à l’envers, parce que la vie c’est souvent comme ça. »
Fiche #1760
Thème(s) : Littérature française
Sous forme de flashs illustrant une play-list judicieusement choisie, Fabienne Swiatly propose une exposition d’instantanés de vie d’une femme et de ses rapports avec les hommes, de l’enfance avec ses frères à l’âge adulte, et ses rencontres (les hommes sont de passage), ses errances, ses amours souvent fugaces voire futiles, ses espoirs et désillusions, ses départs et ses voyages, une trajectoire de vie simple et chaotique qui se lit d’une traite, tant le rythme est là et le personnage attachant.
« Un chanteur d’origine algérienne représente la France dans une boîte de nuit au Mali, je suis comblée, moi la compagne de route des Touche pas à mon pote, de la Marche des beurs, de la France c’est comme une mobylette, pour avancer elle a besoin de mélange. Des militants, des utopistes, des naïfs mais nous pensions sincèrement que nous étions tous des enfants d’immigrés, avant de se prendre les pieds dans un voile qui a troublé notre regard. Séparation. »
Fiche #1758
Thème(s) : Littérature française
Juan Luis LANDA
Arthus Trivium - Les anges de Nostradamus - Vol 1
Dargaud
109 | 48 pages | 29-02-2016 | 17€
en stockEn 1565, dix ans après la publication de ses Prophéties, la réputation de Nostradamus s’est répandue sur tout le territoire. On l’interroge, on le consulte… Les mystères affluent alors que Nostradamus vieillit, et pour les résoudre et s’y confronter, trois disciples, Arthus Trivium, Angélique Obscura et Angulus Dante, parcourent le pays pour expliquer ces phénomènes que la science et la religion n’ont su résoudre. Des aventures souvent dangereuses… Le dessin est précis et grandiose, le scénario fouillé et très rythmé.
Fiche #1757
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Le Far West de Marcus Malte nous offre deux nouvelles bien noires mais non dénuées d’humour. Dans la première, « Les Cowboys », des appels répétés au bureau du shérif, grand amateur de Marvel, signale une bête étrange, espèce d’énorme lézard, en balade dans la ville, le dernier témoin l’a vu monter dans un Dodge noir. Pas d’infraction, rien à signaler, alors pourquoi intervenir, n’y aurait-il pas quelques humains dans la ville bien plus dangereux que cet animal ? Le shérif ne pourra néanmoins retenir sa curiosité et son équipe ne s’en remettra pas… « Les Indiens » retrace la triste et inéluctable trajectoire d’un trio déglingué par la vie qui malgré l’amour et l’amitié ne pourra démêler les fils d’un destin hélas si tristement prévisible. Terriblement efficace.
Ecouter la lecture de la première page de "Far West"Fiche #1756
Thème(s) : Littérature française
C’est l’histoire de Louis, ou plutôt de Lou-Louis. Un p’tit gamin, rondouillard aux lunettes, donc naturellement le souffre-douleur de l’orphelinat dans lequel il a été placé. Et pourtant, Louis rencontrera la vie, l’amour mais aussi la mort, saura vaincre sa timidité pour ouvrir son cœur à sa dulcinée, la belle Clara accompagnée de son éléphant Pégase. Superbe, les illustrations, les couleurs, les personnages… une somptueuse histoire suscitant une profonde émotion.
"La vie, c'est des étapes...
la plus douce, c'est l'amour,
la plus dure, c'est la séparation,
la plus pénible, c'est les adieux,
la plus belle, c'est les retrouvailles."
Fiche #1755
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Noémie CAILLAULT
Maligne
Payot
106 | 94 pages | 14-02-2016 | 10€
Maligne relate le quotidien d’une jeune trentenaire pendant un an. Une année particulière, une année de lutte pour la vie, puisqu’elle a appris qu’elle avait un cancer du sein, mais heureusement (…), il s’agit « d’un petit cancer », quelle chance ! Le lecteur assiste à une année de soins, de traitements, de chimio, de sentiments face à la maladie, de réactions des proches dont sa mère si maladroite, d’angoisses, de relations avec le corps médical, de découverte des hôpitaux parisiens (« je fais le guide Michelin des hôpitaux »). Sujet pesant mais que Noémie Caillault éclaire de sa fougue, de sa vivacité et surtout de son humour, elle trouve le ton juste et réussit à nous faire sourire et à retrouver espoir au cœur de cette terrible maladie. Un bel hymne à la vie !
Fiche #1754
Thème(s) : Littérature française
Et que celui qui a soif, vienne - un roman de pirates
Le Rouergue
105 | 480 pages | 08-02-2016 | 21.8€
Depuis quand n’avez-vous pas lu un romain d’aventures maritimes et de pirates ? Pour beaucoup, ce type de lecture reste un lointain souvenir et Sylvain Pattieu choisit étonnamment de nous rafraîchir la mémoire. Il nous fait monter à bord de trois bateaux, un négrier, un vaisseau pirate et un navire marchand, qui voguent sur les mers et leurs équipages seront certainement amenés à se croiser... A l’époque, le commerce ne peut se passer de la mer et des bateaux, il se développe déjà vertigineusement et des grandes sociétés ou organisations trustent l’activité et tirent profit de cette première mondialisation. Certains refusant cette vision du monde et de l’homme choisissent une autre utopie et hissent le drapeau noir. Sylvain Pattieu, avec une vision toute romantique de ces hommes bigarrés d’origines et de caractères divers, nous relatent leur quotidien, leurs trajectoire et destin, tout y est : des combats et des morts, du vent et des embruns, des femmes et des hommes, des abordages et de l’aventure, de l’amitié et de l’amour, de la fidélité et de la trahison, de l’oppression et de la liberté, des thèmes toujours d’actualité ! En outre, si le lecteur vient à somnoler lorsque le vent se fera calme et la voile loin d’être bordée, Sylvain Pattieu a trouvé une méthode originale plus efficace qu’un coup de sabre pour le réveiller. Revigorant !
Ecouter la lecture de la première page de "Et que celui qui a soif, vienne - un roman de pirates"Fiche #1753
Thème(s) : Littérature française
Nous entrerons dans la lumière
Aux Forges de Vulcain
104 | 308 pages | 06-02-2016 | 19€
La fin du monde est proche, la fin d’un monde, excès de chaleur entraînant assèchement et destruction, bouleversement des vies, il est temps de payer l’addition, « Les disettes et les épidémies sont arrivées chez nous, juste retour de balancier. ». La végétation disparaît ou au contraire envahit l’espace. La plupart ont fui, quelques-uns sont restés et il faut bien survivre. Environnement glauque, pillages, vols, les bandes ne font que passer, la peur demeure. Antoine est resté et déambule au milieu de ce monde avec son appareil photo. Il s’est refusé à abandonner sa fille Chloé qui, suite à un traumatisme, vit dans un établissement pour enfants malades depuis l’âge de huit ans. Elle a maintenant dix-sept et a peu connu le monde extérieur. Elle va l’affronter. Alors le père et la fille vont se retrouver et prendre ensemble la route (cela ne vous rappelle-t-il pas quelque chose ?) vers le port de Saint-Nazaire, un voyage dans un environnement hostile où Antoine découvre sa fille, la regarde s’éveiller, grandir, fixe ces instants sur la pellicule comme la mémoire d’un ancien monde. Paradoxalement, il revient vers la vie et abandonne progressivement la peur. Un chemin semé d’embûches mais qui renoue les liens entre un père et une fille en les menant vers la lumière et un nouveau monde. Une belle piqûre de rappel, noire mais pas désespérée !
Ecouter la lecture de la première page de "Nous entrerons dans la lumière"Fiche #1752
Thème(s) : Littérature française
Maximo est un adolescent solitaire, passionné par les sciences qu’il découvre dans deux revues scientifiques qu’il adore. Son savoir croit de jour en jour, il en est conscient et assez satisfait et pense qu’il s’agit d’un passage obligé vers l’âge adulte. Etre adulte, enfin ! Une pensée, une attente, un espoir qui l’obsèdent. Il a 17 ans, vit chez sa mère, son père a disparu et son oncle fait preuve d’une présence parfois pesante, quant à son frère, il l’agace profondément. Aussi, pour accélérer sa mutation, Maximo, quelques poils sur le menton, postule pour une place de groom dans un hôtel. La patronne est charmée et intriguée et convainc son époux de l’embaucher, et voici, Maximo, ne cessant de s’observer, parti pour un voyage sans retour, d’une journée vers le pays adulte. Un roman d’apprentissage rythmé et d’une grande maîtrise bonifié par un ton et une atmosphère singuliers.
« Moi, je crois que je suis devenu adulte quand j’ai cessé d’y penser. Ca viendra »
Fiche #1751
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
François Gaudry
Antoine, 25 ans, vit en Normandie au milieu des livres, il travaille chez un vieux libraire. Il apprend lors d’un flash TV la mort de Jean-François Laborde, un politique à l’origine de l’explosion de sa famille et de son départ. Il vivait alors en banlieue, lui au lycée, son petit frère au collège. Laborde représente l’image emblématique du politique classique, cumulard, proche du pouvoir et affilié au principal parti de droite. Cette annonce inattendue laisse Antoine interdit, dans un état stationnaire, « à la renverse », mais les évènements du passé, si pénible pour l’enfant qu’il était alors, remontent à la surface. Sa mère qui travaillait à la mairie aux côtés de Laborde fut mêlée à un scandale (abus sexuels) touchant également le maire. Laborde (et son équipe) pour se dédouaner n’eut aucune limite, peu importe les conséquences, et notamment pour les proches des femmes impliquées que le dégoût envahit et ne quitta plus. Olivier Adam n’oublie jamais les lisières et les dommages collatéraux ! Comment grandir ensuite, « On ne pouvait rien bâtir avec moi, rien projeter. Vivre à mes côtés, c’était plonger sa main dans l’eau et la regarder filer entre les doigts. », comment pouvoir éprouver encore des sentiments, le vide devient l’évidence. Etranger à sa propre vie. Les enfants subissaient de plein fouet le scandale, et n’étaient pas épargnés loin de là dans leurs établissements et leur quotidien, le regard d’autrui devint alors insupportable. Antoine décide de se rendre aux obsèques de Laborde et de se retrouver face au passé, dresser le bilan (noir) de la génération de ses parents, le comprendre pour peut-être enfin renaître, « La vie n’est pas finie. ». Olivier Adam continue brillamment de tracer son sillon et aborde cette fois le fait divers ébranlant un monde politique si prévisible et évidemment ne s’intéresse pas aux héros à la une des médias, mais à ceux qui sont à leurs côtés, invisibles, et à leur souffrance. Une ville de banlieue, la mer et le vent, l’enfance, la fratrie et la famille, les déchirures indélébiles de l’enfance, univers « adamesque » par excellence avec une écriture toujours aussi précise, qui fait mouche une nouvelle fois.
Ecouter la lecture de la première page de "La renverse"Fiche #1750
Thème(s) : Littérature française
Les trottoirs sont parfois dangereux, même ces territoires sont au cœur d’enjeux avec leurs propriétaires et leurs envieux. Romain navigue à vue dans ce milieu. Il fut libraire, connut l’amour des livres et celui de Virginie qui mourut trop tôt. Il actionna ensuite « le toboggan social » et intégra ce monde aussi proche qu’éloigné du monde des actifs comme on dit. Il rejoignit alors les trottoirs parisiens et chaque jour, ses pérégrinations recommencent, un peu de chaleur, un café, quelques pièces, de quoi manger, son banc en face des flics... Seules deux personnes lui rappellent qu’il est encore humain : ses rencontres amicales avec une prostituée venue de l’Est et un flic qui traverse parfois la rue pour lui donner à manger et échanger simplement quelques mots. Puis un SDF est assassiné, puis un second. La peur commence d’émouvoir la communauté des invisibles avant qu'un troisième disparaisse également. Qui pourrait leur en vouloir ? Qui gênent-ils ? Jean-Luc Manet nous offre un trio (le sans-abri, la prostituée et le flic) particulièrement attachant et émouvant et nous parle avec sensibilité et humanité de nos frères, de nous et de notre société.
"La normalité me rend invisible et c'est bon. Vive l'uniformité : le camouflage ultime ! Je goûte ce nouvel anonymat dont la clochardisation me prive. Etre SDF ne vous rend pas transparent pour autant. Bien au contraire. Les autres supportent votre aspect, parfois votre odeur, en éprouvent, de la gêne, de la honte, de la compassion, de l'écoeurement, de la tristesse, de l'amusement... Quasiment tout le dictionnaire défile dans des regards qui font mal et vous tuent à petit feu."
Fiche #1748
Thème(s) : Littérature française
En suivant Jack un jeune ramoneur insoumis et rebelle, cette superbe BD (prévue en deux volumes) nous rappelle qu’à Londres (et ailleurs), il n’y a pas si longtemps (1865, soyons vigilants !), les gentlemen bien propres sur eux, dirigeant des entreprises à forte main d’œuvre, détenaient le pouvoir absolu sur la population, des enfants jusqu’à leurs parents, et qu’ils savaient en user jusqu’à l’horreur absolue !
Fiche #1749
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Michel ONFRAY
Un requiem athée
Galilée
99 | 40 pages | 26-01-2016 | 11€
en stockNombre de fêtes païennes ont été phagocytées et remplacées au calendrier par des fêtes religieuses. Michel Onfray reprend le même procédé en adoptant la structure de la prière des morts pour donner vie à un requiem athée, superbe ode à la vie. La mort est remise à sa place, inéluctable, loin d’être triste par essence, simplement et banalement à l’issue de la vie, une vie, un passage qui laisse ses traces et ses souvenirs chez ceux qui restent, ensuite, ce n’est que poussière et plongée dans le néant, sans crainte, ni peur. Un éblouissant et émouvant hommage à sa femme et à la vie, à lire et à relire.
Fiche #1747
Thème(s) : Littérature française
La pauvreté s’étend, elle est partout, à hauteur des yeux d’enfants (« Avant même qu’ils ne sachent lire et écrire, ce que nous offrons à ceux que nous élevons, c’est la misère à hauteur de leurs yeux… »). On feint de ne pas la voir, on détourne les yeux, on l’ignore, on la nie. Mais les enfants d’aujourd’hui ? Ils sont nés avec cette pauvreté, en silence, ils la voient, la ressentent, elle les enserre. Une fois adultes, quel sera leur sentiment, leur appréhension de la pauvreté ? L’habitude, l’indifférence et l’acception auront-elles remplacé l’indignation, la commisération et le refus ? Pour en parler et susciter le débat, la narratrice s’adresse à la femme qu’elle a vue devant le porche d’une église à Venise, une masse informe, seul indice d'une humanité, une main tendue vers le ciel. Cette vision marque définitivement la narratrice (« Vous pesez sur ma conscience et c’est bien. »), ne quitte plus ses pensées, modifie sa vision de son quotidien et de son environnement. Un court récit non dogmatique, qui ne fournit pas de réponses clé en main, mais bouscule le lecteur, suscite moult interrogations et incite à oser une profonde réflexion et un regard lucide et précis.
« La vraie victoire des ultrariches, c’est que les prochains pauvres se battent contre les pauvres. »
« … alors que la seule question, bientôt, sera : comment faire pour ne pas être pauvre ? »
Fiche #1745
Thème(s) : Littérature française
Eva Sundström est une belle trentenaire célibataire de Stockholm et en plus, elle est Inspectrice à la police criminelle et totalement dévouée à son boulot. Alors que deux jeunes artistes en vogue disparaissent avec des inscriptions étranges sur les murs et une odeur de plomb, on lui colle évidemment l’affaire. Des disparitions mystérieuses qui vont l’amener à envisager l’existence d’un monde mystérieux peuplé d’inquiétantes créatures et à rencontrer Joseph Wörg spécialiste de la civilisation viking et de sa mythologie. Un premier volume très rythmé au dessin très réaliste de bon augure pour la suite !
Fiche #1746
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Quatre tableaux durs, brutaux pour dresser le portrait de Gazâ, un enfant d’une dizaine d’années, devenu adulte trop tôt, sans enfance et qui aurait pu mourir dès sa naissance. Sa mère morte peu après sa naissance, il suit son père, passeur turc, cynique, sans scrupules ni limites, bien décidé à exploiter au mieux la misère des hommes sur le chemin de l’Europe. L’homme comme une marchandise. Avant leur départ, il doit les garder, les stocker… Trafic inhumain, racket, vol, viol, chantage, barbarie, au sein de cette clandestinité, l’horreur est permanente, l’impuissance des clandestins immense. Et Gazâ et son père ne sont pas les seuls à en profiter… Pourtant, par étourderie, Gazâ deviendra meurtrier, et sera accompagné par le fantôme du disparu. Il en sera ébranlé même s’il continuera à accompagner son père.
Un livre coup-de-poing particulièrement réaliste qui explore la noirceur de la nature humaine, les relations de pouvoir. Puissant et terrifiant.
« Le fait d’obéir et de se soumettre permettait de commettre en toute sérénité tous les pêchés, tous les crimes du monde sans être l’auteur de ses propres actions. L’obéissance était un vrai miracle… Plus de responsabilité, plus de remords. Tout le monde aurait dû obéir, pour rejeter ses fautes sur autrui. Que l’on dirigeât une nation ou une bande de gamins, c’était l’unique moyen de rester sain d’esprit. »
« Je pleurai tout mon soûl ! C’est cela, la véritable liberté de l’homme. Pleurer tout son soûl. Et aussi, peut-être, pleurer pour ce qu’il veut… »
Fiche #1743
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Jean Descat
« La nébuleuse de la Tête de Cheval » est le roman d’apprentissage de Tom, un petit Norvégien de onze ans en 1951. A Oslo, dans les beaux quartiers, le gamin est entouré d’adultes : sa mère Lister, belle, peintre – elle s’attache à peindre le beau – a comme amant Le Moine, issu de l’assistance publique que Tom adore tout comme Bobbie l’oncle zazou. Pourtant, chacun sort de la guerre avec son histoire personnelle : Lister fut tondue à la fin de la guerre, Le Moine résistant et déporté porte en lui l’ombre de cette période, et Bobbie pilote de guerre. Les habitudes du groupe sont bouleversées par l’arrivée d’Helga une jeune Islandaise qui aimante tous les hommes. Un texte libre, direct, extrêmement vivant, frais, avec un zest de loufoque parfaitement maîtrisé.
« Si, je sais, mais si tu as une immense famille et un tas de gens autour de toi, ça devient ta geôle, une bonne geôle rassurante. Je parle comme une vieille baleine, mais je suis souvent seul. Enfin, si tu supportes ça, tu arrives plus près de la vie. »
Fiche #1744
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Céline Romand-Monnier
Mary, « Je m’appelle Mary. C’et un nom. », un nom, mais deux femmes et deux époques. La première est une jeune Américaine des années 50 qui quitte l’Amérique en plein maccarthysme pour suivre son époux artiste peintre. La seconde est une adolescente des années 2000 internée avec sa mère dans un château, sorte d’hôpital psychiatrique. Quels liens unissent ces deux femmes ? Les portraits deviennent flous, les différences s’estompent, la folie et la réalité se mêlent, le lecteur est intrigué, dérangé, s’interroge. Des sensations l’envahissent, aucune certitude, il devine un lien fort mais ne peut le deviner, reste hésitant, interdit. Un texte qui bouscule et occupe longtemps l’esprit du lecteur !
Premier roman
Fiche #1742
Thème(s) : Littérature française
Alexis Ragougneau permet aux lecteurs de son premier roman, « la Madone de Notre-Dame », de retrouver le duo bancal d’enquêteurs Landard-Gombrowicz, la juge Claire Kauffmann, le père Kern et Notre-Dame. Quelques jours avant Noël, une bande de SDF envahit Notre-Dame, s’y installe, bien décidée à y fêter Noël ! Ils ont à leur tête Mouss, « le roi des gueux », un jeune bien décidé à hurler sa rage. Le père Kern se trouve là par hasard, demeure enfermé avec eux, tente de les tempérer et hésite à s’engager totalement à leurs côtés ou à céder aux pressions de sa hiérarchie. Finalement, l’intervention policière règlera tout, il en sera pour quelque chose à son grand dam... Néanmoins, peu de temps avant Pâques, le corps de Mouss est repêché dans la Seine, il est mort noyé mais atrocement mutilé tel un Christ contemporain. Les enquêtes démarrent, celle de Landard et Gombrowicz et celle de Kaufmann évidemment. De même, Kern ne pourra résister longtemps et se lancera à son tour sur les traces du ou des tueurs. Encore une intrigue complexe, dense et rondement menée, une histoire de chemin de croix et de sacrifice au cœur du quotidien des SDF.
Ecouter la lecture de la première page de "Evangile pour un gueux"Fiche #1741
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Attila, un prénom qui évoque immédiatement la guerre, et Julia Kerninon choisit d’y adjoindre l’amour. Attila, rude Hongrois, la cinquantaine, a toujours connu la galère, travaille la nuit et adore peindre. Puis c’est La rencontre avec son opposé, l’âge, l’origine sociale, tout les sépare. Theodora, vingt-cinq ans, Autrichienne, fille unique de l’un des plus grands chanteurs d’opéra de Vienne, riche et cultivée, gâtée par la vie sans trop la connaître. Rencontre impossible, et pourtant. Telles les relations chaotiques entre leurs deux pays, Theodora et Attila vont engager le combat et apprendre à partager leurs vies. Attila, le guerrier qui a engagé le combat contre Theodora, contre les autres mais aussi contre lui-même, sera obligé de reconnaître qu’il apprend de Theodora et déposera définitivement les armes. Julia Kerninon, experte en art de la guerre, décrypte les stratégies, les avancées et reculs, les victoires et défaites de chaque partie, observe avec précision les mouvements de l’amour, les vagues qui animent cette relation. Après « Buvard », belle confirmation d’une grande maîtrise.
« …la vérité ne se répartit pas exclusivement entre la parole et le silence, entre ce qui est dit et ce qui est tu, mais elle occupe d’abord et surtout les territoires immenses et sans nom qui les séparent. »
« …l’amour rappelle qu’il y a des frontières et qu’on ne les franchit pas impunément. »
« Tout le monde réécrit l’histoire. L’histoire, c’est la réécriture. »
Fiche #1739
Thème(s) : Littérature française
Dans les années 80, en Argentine, trois femmes (et beaucoup d’autres) sont assassinées. Trois jeunes femmes pauvres, trois affaires jamais élucidées qui n’ont pas beaucoup intéressé les médias, « faits divers » vite oubliés et les disparitions de femmes perdurent depuis. En 1973, Selva Almada était enfant et quarante plus tard, elle n’a pas oublié, elle est toujours vivante et « ce n’est qu’une question de chance » ! Aussi, elle décide aujourd’hui de mener sa propre enquête, de partir sur les traces de ces femmes et de leurs familles, pour les connaître, leur accorder un semblant de dignité, « leur donner une voix », et tenter d’élaborer quelques hypothèses. Cri de révolte, ce récit puissant et sensible fait froid dans le dos !
Ecouter la lecture de la première page de "Les jeunes mortes"Fiche #1740
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Laura Alcoba
Tom a été profondément choqué par les attentats du 7 janvier 2015. Mais que faire ? Comment réagir et ne pas rester inactif ? Tom décide rapidement de créer un journal satirique dans son collège. Il trouve trois autres compères prêts à le rejoindre dans cette aventure, chacun trouve son rôle, même si le quatuor est loin d’imaginer les périls encourus ! Ils ne souhaitent pourtant nullement provoquer, seulement faire rire et réfléchir, vaste programme et si subjectif ! Ils vont très vite déchanter et affronter l’adversité comme leurs illustres aînés... Un roman pédagogique bien venu qui aurait pu s’intituler « Charlie expliqué à ma petite fille » !
Fiche #1735
Thème(s) : Jeunesse
Un superbe album fait d'ombres et de découpes pour réviser les expressions de la langue française incluant le nom d'un animal. Une partie de l'expression est proposé sur la page de gauche à l'enfant qui doit deviner le nom de l'animal dissimulé derrière le feuillage de la seconde page.
Fiche #1736
Thème(s) : Jeunesse
Un livre très frais et joyeux avec des volets pour deviner où dorment quelques animaux (dommage que le papillon dorme dans un cocon !) jusqu'au loup bien évidemment !
Fiche #1737
Thème(s) : Jeunesse
Un petit livre débordant de tendresse pour les artistes en herbe et leurs parents !
Fiche #1738
Thème(s) : Jeunesse
Gilda a rejoint depuis peu le camp des divorcées ! Une semaine sur deux, elle retrouve son fils Trévor. Elle est bouleversée par cette séparation qui lui offre néanmoins une certaine liberté, et elle compte bien en profiter ! Initialement actrice, elle se dit maintenant ou plutôt, elle se pense, écrivain. Et elle y met de la conviction et de l’application ! Elle est aidée par Philomène, une ancienne éditrice, qui tente d’apporter de l’aide aux chômeurs « décidés à emprunter le chemin sinueux de la littérature. ». « Au feu, Gilda ! » nous fait donc partager le quotidien d’une femme représentative de notre époque avec fraîcheur et humour et surtout, Géraldine Barbe a trouvé une forme singulière qui renforce la vivacité du texte et emmène ainsi le lecteur aux côtés de Gilda.
Ecouter la lecture de la première page de "Au feu, Gilda !"Fiche #1734
Thème(s) : Littérature française
Quand on a un grand-père qui a défendu la France et combattu dans les tranchées en 14 puis a été raflé par cette même France et assassiné en Algérie, un jour ou l’autre, ce souvenir s’impose et Ahmed Kalouaz, prolongeant son travail de mémoire, devait évidemment nous le présenter. Il le fait à l’occasion d’un nouveau séjour hospitalier propice aux souvenirs et aux bilans : le récit est succinct, débordant d’émotion, de tendresse et de tristesse, mais c’est aussi un vibrant hommage à la langue, à la poésie et aux mots. En parallèle, Ahmed Kalouaz nous fait partager son questionnement face au destin de son grand-père et le chemin que lui-même a parcouru depuis son enfance. Il évoque son choix de combattre et d’émouvoir avec les mots, ce qui le conduira jusqu’à une révolte apaisée. Il n’oublie pas de rendre humblement hommage à ses guides et maîtres et il le fait dans une langue sublime avec une poésie évidente, parfaitement rythmée contrairement à la tachycardie qui le bouscule.
« La vie, c’est cette idée un jour d’avoir voulu faire chanter les mots pour rattraper le temps perdu ou, oubliée dans des famines anciennes, donner la parole à des générations de muets. »
Fiche #1733
Thème(s) : Littérature française
La mère d’Hildur vient de mourir. Elle lui lègue une lettre, une petite maison jaune sur une île, et beaucoup de souvenirs. Hildur n'a jamais pu dire ''Mamam'' ou ''mère'', elle appelait sa mère Siggy, une mère atypique, froide, extravagante, dépressive et mélancolique. Alors Hildur revient sur ses souvenirs avec une grande originalité, pour comprendre sa mère et son comportement mais peut-être aussi pour mieux appréhender ses propres liens avec son fils Tumi. Le fil du discours est étonnant, les enchaînement surprenants autant que l’écriture et les images suscitées ce qui fait que ce livre sur la mort, la dépression, et la famille est unique.
Premier roman
« J’ai envie de vivre et mourir à la fois. D’être et de partir. Nous sommes tous bipolaires. Le désir d’un retour aux sources vit en chacun de nous, en lui s’unissent les balbutiements et la fin. Nauséeuse, j’entends une voix qui monte des profondeurs de la mer : ''Tu est l’argile de la terre'' … »
Fiche #1732
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Jean-Christophe Salaün
Khadi Hane nous parle du Sénégal d’aujourd’hui à partir du destin tragique d’un jeune Sénégalais arrivé en France pour se soigner mais aussi pour mourir dans un coin du parc Montsouris, un lieu que son père lui a indiqué des années plus tôt, à moins que la jabotage d’un pigeon ne le sauve in extremis. Le destin l’a amené à cet endroit, un peu malgré lui. Il a en effet croupi des années en prison après avoir tué le Chinois responsable de la mort de son frère. A travers cette trajectoire, Khadi Hane rappelle l’influence croissante et la présence actuelles des Chinois en Afrique, mais elle parle aussi d’amour, de haine et de vengeance, de prison, d’homosexualité au cœur d’une Afrique exposée elle aussi à la mondialisation.
Ecouter la lecture de la première page de "Demain, si Dieu le veut"Fiche #1731
Thème(s) : Littérature française
Frida vient d’avoir dix-huit ans. Elle est enfin majeure et ce pourrait être un grand jour. Néanmoins, elle n’a pas oublié le temps passé où petite fille, elle était entourée d’une mère et d’un père aimants. Et puis, du jour au lendemain, ce fut l’enfer, les disputes, le silence et la séparation. La blessure est encore ouverte, aucun pardon, de l’incompréhension, de la haine mais aussi toujours de l’amour. Elle s’est éloignée d’eux sans les quitter des yeux. Cette journée devrait être particulière car ils lui avaient promis de tout lui expliquer le jour de ses dix-huit ans. Tiendront-ils leur promesse ? Quel est ce lourd secret qui a provoqué l’explosion définitive de cette famille, de sa famille ? Cette chronique d’une catastrophe annoncée est tendue, très tendue et surtout noire de noir !
Ecouter la lecture de la première page de "Le crime histoire d'amour"Fiche #1729
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction :
Eric Boury
Deuxième roman d’Emmanuel Grand, et l’on peut déjà constater qu’il réussit parfaitement à singulariser ses histoires dans une région, la Bretagne dans le premier (« Terminus Belz »), le Nord de la France cette fois et à camper des personnages complexes et attachants. Wollaing, petite ville du Nord de la France, subit un chômage pesant et handicapant depuis que les usines ont fermé une à une et notamment la grande aciérie Berga qui employait tant de monde et où chacun a tissé des liens ou des haines et ne les a pas oubliés. Dans cette friche industrielle, la classe ouvrière n’espère plus que la survie et chacun se débrouille comme il le peut, Pauline une jeune toxico qui peine à sortir de la drogue, Antoine Vanderbeken un médecin dévoué et attentif à la population et à ses difficultés, Freddie patron d’une salle de sport mais aussi expert en la récupération des mensualités impayées de prêts non officiels… Alors lorsque Pauline est retrouvée tristement assassinée, Wollaing gronde, le coupable idéal semble désigné mais c’est sans compter la pugnacité et l’instinct du commandant Erik Buchmeyer, flic borderline et moins cartésien que son attirante assistante le lieutenant Saliha, qui n’hésitera pas à remonter loin, très loin afin d’éclaircir le passé, de mettre à jour les liens et blessures ouvertes. Des rebondissements, du suspense, une trame complexe, des personnages fouillés, une région dévastée et oubliée, du social et des luttes ouvrières, une grande confirmation que ce deuxième polar d’Emmanuel Grand !
Ecouter la lecture de la première page de "Les salauds devront payer"Fiche #1730
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Amandine MOMENCEAU
Maman renard
L'Agrume
80 | 30-12-2015 | 18€
Un superbe album en papiers habilement et délicatement découpés à la finition parfaite et particulièrement soignée qui nous permet de suivre à la trace quatre petits renardeaux qui débordent de vie et souhaitent avant tout la découvrir sous l'oeil protecteur de leur maman ! Ingénieux et d'une grande douceur.
Fiche #1726
Thème(s) : Jeunesse
Le lion est le roi des animaux alors quand on a peur du noir, c'est la catastrophe ! Même Keena la petite souris en est toute étonnée, mais pour vaincre sa peur, rien de mieux que ses amis !
Fiche #1727
Thème(s) : Jeunesse
Albert a la tête ailleurs, dans les nuages, dans ses rêves. Même en classe, c'est plus fort que lui, il se concentre un instant, et s'échappe aussi vite dans ses rêves tous plus extraordinaires les uns que les autres. Et une vie sans rêve est-elle souhaitable ? Quelle solution sinon le partage...
Fiche #1728
Thème(s) : Jeunesse
Stéphanie CLAVERIE
L'homme qui n'a pas inventé la poudre
La Différence
77 | 175 pages | 29-12-2015 | 17€
A 35 ans, Sébastien est différent. Il l’a toujours été et il n’a pas vieilli, a conservé beaucoup de l’enfance et de cette différence initiale et fondatrice ("...Sébastien s'offre le luxe de vivre comme une grande personne."). Devenu jardinier municipal sur l’île d’Oléron, les fleurs et les plantes sont ses amis comme ceux qui n’ont pas peur de lui et l’acceptent avec sa candeur et sa naïveté. Dans cet univers, Sébastien trouve quelques amis, sa place et son chemin, comme « La terre, il ne faut pas l’enfermer. Elle a besoin d’espace, elle a besoin d’air pour s’épanouir. ». Un bel hommage à la différence que ce chemin singulier et lumineux vers le bonheur.
Premier roman
« Le temps s’étire au jardin. L’angoisse s’apaise. Les tracas de la vie d’homme n’ont pas leur place dans cet univers. Ici, on ne rationalise pas la tâche, on ne fait pas la chasse au temps perdu, aux gestes inutiles. Ici, on se vautre dans l’infini du temps qui s’arrête, on prend racine dans le présent. Ici, on est dans un jardin sur l’île d’Oléron. »
Fiche #1724
Thème(s) : Littérature française
Fouad, la cinquantaine, ne connaît que la France, seul son prénom semble trahir quelques origines orientales. Sa mère arrivée à vingt ans en France ne lui a en effet jamais fait partager son histoire et ses origines libanaises. Néanmoins, lorsqu’il reçoit le courrier d’un cousin lui demandant de venir au Liban pour signer la vente de la maison Zeidawi, demeure bien connue de sa mère, il part sans hésiter. Immédiatement, il semble retrouver des sensations, des odeurs, des sons, des lumières, une famille, un pays. Au cours de ce voyage initiatique, il découvre l’histoire de sa mère, des clans et de sa naissance. On suit sans retenue les péripéties de Fouad dans sa quête des origines, sur le chemin de la vérité et de la parole. Une enquête prenante au cœur de Liban et de ses familles, de la guerre qui traverse ce pays depuis si longtemps, des femmes et des secrets de famille, et sur le passé qui vous rattrape toujours mais peut aussi permettre de rebondir.
« Le Liban est comme un vaste corps malade : à peine croit-on avoir étouffé la violence en un lieu que surgit une autre ligne de front. »
Fiche #1725
Thème(s) : Littérature française
Sophie est un jeune écrivain en difficulté, avec son écriture et avec la vie. Au chômage malgré ses diplômes, installée dans une précarité partagée aujourd’hui par beaucoup, elle se débat, entre petites combines et débrouille, dans son quotidien difficile avec la faim qui la tenaille constamment. Autour d’elle, quelques amis l’aident. Sophie Divry continue de parler de nous et de notre société mais cette fois, le ton est libre, enjoué, loufoque ou cocasse. Elle joue avec le lecteur, joue avec les mots et la typographie, aucune censure, la littérature totale, un portrait décalé qui interpelle, fait sourire ou rire, réfléchir ou énerve, qui pousse à la réaction, c’est vif, inventif, explosif, audacieux et totalement atypique.
« Sans doute le conditionnel a-t-il été inventé par une famille pauvre pour mieux supporter sa condition. »
« … le pire du chômage n’est jamais le début. Le pire, c’est l’installation dans cette idée, justement, que rien de nouveau n’arrivera plus… »
« Tu érigeras une clôture devant ta maison. Et quand tu seras bien tout seul, avec ton tout seul-famille et tout seul-enfant, tu seras libre comme il faut l’être dorénavant : libre tout seul dans ta cage. »
Fiche #1723
Thème(s) : Littérature française
Benjamin RENNER
Un bébé à livrer
Vraoum
74 | 17-12-2015 | 25.5€
en stockUne cigogne doit livrer un bébé et patatras, elle tombe et semble se blesser, impossible de voler, et donc de mener ce bébé à destination. Heureusement, trois compères, un lapin, un cochon et un canard sont là et elle leur confie le paquet, à eux de jouer ! Une aventure totalement dingue, un ton décalé, des acteurs débordant d’amour et de bonne volonté, mais quelque peu maladroits... Epopée folle, déjantée, irrésistible, à mourir de rire !
Fiche #1721
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
En 2003, Douglas meurt subitement dans un accident. Sa bande de vieux copains se retrouvent pour ses obsèques. Ils étaient ensemble au moment de la guerre du Vietnam et à cet instant, l’Amérique se prépare à déclarer la guerre à l’Irak. Douglas était au centre de ce groupe, et chacun revient avec ses souvenirs, ses illusions mais qui a conservé ses convictions ? ses rêves ? Le Douglas qui vient de mourir correspond-il au Douglas de leur jeunesse qu'ils admiraient tant ? Chacun revient donc avec son passé mais aussi son présent, son couple, et ses amours et chacun va se révéler dans cet instant particulier.
« … tout être humain possédait un ''corps subtil’’ mystique, que ce soit à l’intérieur, ou sous la forme d’une enveloppe, ou d’une émanation, et qu’il révélait des choses à celui capable de le distinguer. Ces corps subtils t’indiquent l’essence d’une personne, ses secrets, par exemple. Si tu es suffisamment attentive, tu les aperçois. Leur couleur et leur intensité varient. »
Fiche #1722
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Hélène Papot
Une famille, une maison, un pays : intimité des notables libanais entre grandeur et déclin, splendeur et misère, paix et guerre, le tout observé par le chauffeur de la famille, proche mais toujours extérieur au clan, au cercle. Skandar, le patriarche, dirige la famille et son entreprise de négoce en tissus. La maison est habitée par la rivalité entre sa femme et sa sœur mais aussi par un personnel féminin important. Skandar règne sur ce monde fragile qui va se détériorer progressivement, la famille, l’entreprise, le pays. Après sa disparition subite, restent les femmes et il va falloir lutter, lutter pour conserver son mode de vie, ses privilèges. Une fresque attachante notamment grâce au point de vue extérieur adopté qui nous plonge au cœur de l’histoire d’un pays singulier au centre du Moyen-Orient et de ses conflits.
Ecouter la lecture de la première page de "Villa des femmes"Fiche #1720
Thème(s) : Littérature étrangère
Le temps est venu de se confier. Margarine dans un dernier souffle se doit de revenir sur son parcours, de la Tchécoslovaquie, en passant par Berlin au moment de la chute du Troisième Reich, jusqu’à Paris en tant que baronne. Adolescence chaotique (« Dès mon plus jeune âge, j’avais été battue, bâtie pour la soumission ; un monde sans moi ni lois ! »), elle quitte son oncle et sa tante pour tenter de retrouver sa mère. Elle la découvre mourante et prostituée. Elle sera sa remplaçante et envoyée dans un camps de soldats français SS. Elle y rencontre l’horreur et l’amour. Livrer ses souvenirs, sans retenue, sans filtre, dans l’urgence (« Tout se bouscule, un passé à écrire, un avenir compté… Nuits blanches pour pensées noires. »), la fin étant proche, les mots semblent peut-être enfin la libérer (« Je prie le lecteur de bien vouloir excuser mon ton acerbe et ce chaos. Ils cachent ma nudité face à la vie, mon impuissance aussi. Le temps est venu… ») mais surtout partager ses sentiments, son impuissance, sa soumission définitive. La langue est crue, percutante, parfois aussi violente que les faits décrits. La guerre est une horreur, les sentiments qui animent ses acteurs inhumains et apocalyptiques. Les guerres propres n’existent pas !
Premier roman
Fiche #1719
Thème(s) : Littérature française
Olia rencontra par hasard Bourmistrov, homme inquiétant et intriguant. Lorsqu’il lui proposa un marché étrange mais rémunérateur, il souhaitait uniquement la regarder manger, chaque lundi, dans un appartement, elle accepta néanmoins sans savoir qu’elle rentrait dans un jeu macabre, cruel, pervers dont elle ignorait les règles, et dont elle n’avait appréhendé la portée (et la symbolique) et que peu d’idées de l’issue. Petit bijou obsédant de manipulation et totalement atypique.
Ecouter la lecture de la première page de "Soupe de Cheval"Fiche #1716
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Bernard Kreise
Une famille recomposée au top et très remuante ! Sept enfants, et Saucisse le basset artésien qui balade sa bonne humeur au milieu de cette maison de fous. Le 6 juillet 2015, Jade a seize ans et se prépare à partir rejoindre l’une de ses amies partie au Canada. Sur le chemin de l’aéroport, elle croise son demi-frère Rodolphe, l’homme idéal, son idole, son amoureux parfait. Cette rencontre lui rappelle ses aventures deux ans plus tôt qu’elle va nous faire découvrir. Un mensonge anodin de petite fille l’avait en effet entraînée sur des terrains glissants et dangereux ! Un texte enlevé et particulièrement vivant qui aborde avec justesse le côté parfois destructeur et immaîtrisable des réseaux sociaux.
« Parfois, la vie est une vieille mamie qui ressert une louche de problèmes alors qu’on en a déjà trop mangé. »
Fiche #1717
Thème(s) : Jeunesse
Micah adore son grand-père Ephraim qui est actuellement très malade. Micah a écouté longuement son grand-père lui parler du cirque Mirandus, lieu inédit où chaque artiste a un don magique, et notamment « L’homme qui plie la lumière », le seul qui pourrait sauver Ephraim. Micah part donc à l’aventure accompagné de son amie Jany. Un voyage initiatique à la rencontre de la magie et de son histoire. Texte très frais sur l’amitié, l’aventure, la mort et qui nous engage à entretenir la magie présente en chacun de nous.
Ecouter la lecture de la première page de "Circus Mirandus"Fiche #1718
Thème(s) : Jeunesse
Traduction : Farah Hamzi
L. L. DE MARS
Vies de la mort
The Hoochie coochie
67 | 122 pages | 28-11-2015 | 16€
Attention, pépite ! Un bijou d'horreurs et d'humour noir qui nous parle de nous, de la vie et de la mort mais aussi de la mort et de la vie avec humour et poésie et surtout sans limite ! Ames sensibles s'abstenir !
Fiche #1715
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Pas grand-chose n’effraie Alexandra Hemingway. Elle sait prendre les risques nécessaires pour résoudre ou régler ses affaires. Et son corps en porte les stigmates… Lorsque l’on retrouve un corps d’enfant dans l’East River affreusement mutilé, elle se lance immédiatement à fond dans l’enquête. Néanmoins, lorsque les meurtres et macabres découvertes s’enchaînent, elle commence de trembler et de douter, heureusement, sa ténacité est extrême, et il fallait ça pour remonter les fils particulièrement mêlés de cette enquête. Un roman âpre et tendu (âmes sensibles, passez votre chemin), une intrigue particulièrement complexe, et une enquêtrice tête brûlée attachante.
Ecouter la lecture de la première page de "Les innocents"Fiche #1712
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Arnaud Baignot
Les aventures de Nanou le petit mammouth - Coup de théâtre à Versailles
Oskar
65 | 83 pages | 26-11-2015 | 8.95€
en stockNanou depuis de très longues années était tranquille, en hibernation totale, lorsqu’un vétérinaire explorateur le découvrit ! Fier, très fier, le Cornélius et impatient de montrer sa découverte à Louis XIV. Un mammouth qui vous comprend et vous parle, quoi de plus extraordinaire ? Même Molière en sera impressionné… Néanmoins, à la cour du Roi-Soleil, les intrigues et ambitions révèlent parfois quelques surprises et Nanou et ses deux amies les mouettes devront être très attentifs et prudents.
Ecouter la lecture de la première page de "Les aventures de Nanou le petit mammouth - Coup de théâtre à Versailles"Fiche #1713
Thème(s) : Jeunesse
Philippe Claudel nous offre un petit bijou inclassable chez Finitude, un récit sur l’écriture, les écrivains et les éditeurs, la lecture et les lecteurs, une revue à la Prévert pleine d’humour et de tendresse, d’humour noir ou d’ironie, de folie ou de philosophie. Le lecteur est surpris à chaque page, le jeu se met en place comme un ping-pong endiablé que l’on aimerait infini, le rythme est parfait, les échanges rapides sur trois lignes ou une page. Au détour d’un mot, on croit reconnaître un écrivain, au détour d’un autre, on reste interdit. Un OVNI percutant la biblio du grand Philippe Claudel qui se lit, une fois n'est pas coutume, le sourire aux lèvres !
Ecouter la lecture de la première page de "De quelques amoureux des livres..."Fiche #1714
Thème(s) : Littérature française
La bien nommée Fidèle ne quittera pas sa famille et continuera de la porter longtemps malgré un poids parfois insupportable. Sa famille dysfonctionnelle compte en effet sept enfants, une mère souvent dans le vague et un père qui se trouve très régulièrement « au mauvais endroit au mauvais moment » ce qui le conduit irrémédiablement et directement à la case prison. Ce clan particulièrement vivant et attachant vit dans un café « Le bout du monde » tenu d’une main de fer par le père et fréquenté par des clients devenus souvent amis. Fidèle, Fifi ou Bouboule est le point d’ancrage de cette tribu déglinguée toujours sur le fil. Dotée d’une mémoire hors norme, elle est brillante à l’école ce qui la mène telle une bête sauvage à se confronter aux élèves des beaux quartiers mais surtout à rencontrer la belle Sarah... C’est vif, rapide, direct, ardent, trépidant, débordant d’émotions vraies, le ton est juste et libre et ce fut un réel plaisir d’accompagner Fidèle sur son chemin de vie, on espère simplement la retrouver dans une suite !
Ecouter la lecture de la première page de "Dysfonctionnelle"Fiche #1711
Thème(s) : Jeunesse
Snowe assure sérieusement son boulot de flic dans une petite ville du Michigan. La petite routine qui s’est installée au fil des ans est bouleversée le jour où il s’aperçoit, interloqué, qu’il a un pouvoir étrange et incroyable : il lit dans la pensée des gens. Bien pratique dans son métier, les délinquants n’ont plus de secrets pour lui mais aussi dans sa vie quotidienne et personnelle ce qui s'avère in fine assez perturbant. Bien loin de lui, Brooks Denny vit ses dernières heures dans le couloir de la mort et possède le même pouvoir qui lui permet d’exceller pendant les parties de poker en prison. Ces comportements exceptionnels n’ont pas échappé au FBI qui dépêche Terry une enquêtrice qui propose à Brooks un marché : la vie sauve contre une observation d’une négociation secrète entre le gouvernement américain et un chef d’Etat africain. Mais Brooks n’est pas aussi crédule que le FBI l’estime, et détecte la manipulation et s’enfuie. Une fuite qui le mènera jusqu’à Snowe et quand deux manipulés se rencontrent… Entre le polar et le roman d’anticipation, Iain Levison nous parle efficacement de l’homme d’aujourd’hui et de demain, de surveillance et de manipulation déjà bien au cœur de nos sociétés… Suspense garanti !
« Les gens croient que la confiance se mérite, mais en réalité croire ce qu’on vous dit, est chez les humains, la configuration par défaut. »
Fiche #1710
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Fanchita Gonzalez-Batlle
Un couple, Sara et Björn, décide de quitter la ville pour s’installer à la campagne, un peu à l’écart d’un petit village. Le calme, la nature, les espaces, la liberté, une seule maison en face d’eux, bonheur et sérenité immédiats. Ils arrivent avec leur chat et s’installent confiants et plein d’espoir. Les voisins semblent sympathiques, ils lient rapidement connaissance, seul souci notable, leur chat, un gros matou qui a pris possession du territoire et terrorise tous les occupants. Chaque chat fait partie intégrante de sa famille prête à tout ou presque pour défendre son protégé… C’est toujours avec un immense plaisir que l’on reçoit un nouveau Maria Ernestam, et le petit dernier nous a à nouveau surpris et rempli de bonheur ! Maria Ernestam, à chaque roman, est particulièrement généreuse, puisqu'à chaque récit, elle nous en offre deux en réalité. Elle nous permet en effet de rencontrer des personnages, de lier connaissance, et lorsque l'on commence de se familiariser à ces personnages, de les connaître, et de les apprécier, au détour d’une page, on s’aperçoit, agréablement confondu, que Maria Ernestam nous a franchement mené en bateau (une croisière plaisante !) et découvre alors d’autres personnages. La reine des faux-semblants !
Ecouter la lecture de la première page de "Patte de velours, oeil de lynx"Fiche #1709
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Esther Sermage
A sa naissance, Lula Ann Bridewell, est noire, superbement noire mais pour ses parents, terriblement noire. Son père quitte le foyer familial immédiatement et sa mère garde ses distances, ne fait guère preuve d'amour et l'élève durement. Pour prouver son amour et attirer l'attention de sa mère, Lula commet un mensonge lourd de conséquences qui l'accompagnera toute sa vie. Puis Lula prend son envol vers la vie, devient Bride, joue avec sa beauté, multiplie les rencontres jusqu'à celle avec Booker qui pourrait être la bonne… Toni Morrison continue de tracer son chemin et retrouve ses sujets favoris, comme les traumatismes de l'enfance, le mensonge, la revanche, le racisme et la différence... Une série de thèmes propices à l'enfermement mais aussi, et heureusement c'est ici le choix de Toni Morrison, à la délivrance, et chacun des personnages principaux de ce dernier roman, in fine, accédera malgré les obstacles à la sienne. Toujours aussi puissant !
« Il soupçonnait que la plupart des vraies réponses concernant l'esclavage, le lynchage, le travail forcé, le métayage, le racisme, la Reconstruction, la ségrégation, le travail pénitentiaire, les migrations, les droits civiques et les mouvements de Révolution des Noirs avaient toutes trait à l'argent. Argent retenu, argent volé, argent comme pouvoir, argent contre guerre… La haine qu'éprouvaient les Blancs, leur violence, était le carburant qui faisait tourner le moteur du profit. »
« Le soleil et la lune se partageaient l'horizon dans une amitié distante, aucun n'était décontenancé par l'autre. »
« Le monde politique était une abomination, ses militants, à la fois les rétrogrades et les progressistes, semblaient rêveurs et mal avisés. Les révolutionnaires, armés ou pacifiques, n'avaient aucune idée de ce qui devrait se passer une fois qu'ils auraient "gagné". Qui gouvernerait ? Le Peuple ? Ben, voyons. »
Fiche #1705
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Christine Laferrière
Dans cette saga dense et envoûtante, à partir d'un petit village de Franche-Comté et d'une vieille bâtisse aussi étrange qu'isolée, Anne-Marie Garat fait voyager le lecteur aussi bien dans l'espace que dans le temps, notamment par l'histoire contée par Lottie, une vieille dame solitaire qui occupe seule la vaste demeure des Ardenne. Elle héberge une jeune femme venue au village demander l'autorisation de consulter les archives avec ses étudiants, jeune femme également sur les traces de son histoire. Les deux femmes partagent immédiatement une complicité bienveillante et Lottie part dans une longue confession, raconte tout, ces souvenirs, ces rêves et inventions, son histoire scellée dans ce domaine. Il est parfois de ces rencontres qui offrent les clés d'une vie... Anne-Marie Garat est une véritable conteuse et si certains l'ignoraient ou en doutaient encore, « La Source » saura les convaincre. Anne-Marie Garat sait raconter des histoires avec un style personnel, un rythme particulier et un vocabulaire précis et élaboré où chaque mot trouve parfaitement sa place. Laissez-vous emporter, vous ne le regretterez pas !
Ecouter la lecture de la première page de "La source"Fiche #1706
Thème(s) : Littérature française
Mercia Murray a cinquante-deux ans, a quitté depuis longtemps l'Afrique du Sud pour l'Ecosse et vit avec Craig en qui elle a toute confiance. Pourtant Craig vient de la quitter, pour une plus jeune, une Ecossaise, blonde, avec qui il aura un enfant. Un univers bien éloigné de Mercia… Elle reste interdite et s'interroge. Alors, lorsque l'occasion se présente, elle retourne en Afrique du Sud. Retour vers un pays, mais est-ce vraiment chez elle, vers une histoire. Elle retrouve Jake son frère, donc son enfance, « Pour Jake, c'est à cela que se résume leur enfance : la crainte du Père et de Dieu ». Une enfance régie par un père rigoriste, très religieux (« La culpabilité – voilà la véritable couleur de leur enfance »), ce qui n'évitera pas quelques graves déviances que Mercia découvrira tout en s'occupant de son neveu, seul personnage innocent de l'histoire. Un roman noir creusant les secrets de famille sur fond d'apartheid et d'exil.
Fiche #1707
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Edith Soonckindt
Kinshasa s'apprête à accueillir un grand sommet international et tout doit briller, évidemment. Du moins, ce qui sera visible aux honorables hôtes… Journée importante pour le pays, pour Kinshasa et pour les dignitaires du régime. Néanmoins, l'orage gronde, l'atmosphère s'électrifie et l'impact sur la vie de la ville commence de se faire sentir. Alors que l'eau fait son apparition, le sang coule. Un gamin de la rue se fait massacrer par une patrouille de police, l'étincelle qui fait exploser la poudre. La révolte gronde. Clara Arnaud en suivant quatre personnages très différents dresse un portrait réaliste de cette ville immense et tentaculaire.
Premier roman
Fiche #1708
Thème(s) : Littérature française
Depuis qu'elle est morte, elle va beaucoup mieux
Les Editions du Sonneur
56 | 72 pages | 03-10-2015 | 12€
en stockLa mort flâne et prend parfois son temps, et regarder sa mère emprunter ce long chemin dont l'issue est prédéterminée, absolue et non négociable est aussi souvent interminable. C'est la mort. C'est la vie. Et l'observateur sait qu'il suivra le même chemin, demain ou un peu plus tard, comme dans un miroir, c'est en effet aussi sa mort, qu'il observe à travers cette femme qui s'éloigne, et qu'il accepte peu à peu (« Finalement, rendre visite à ses parents âgés, c'est venir les regarder mourir et s'habituer à cette pensée atroce de leur propre dénouement et de notre vie sans eux qui étaient notre dernier rempart. »). Mais quoi de plus commun ? Franz Bartelt décrypte presque sereinement ces moments où la vie continue tout en étant déjà disparue, où sa mère vagabonde en attendant sa fin de vie, « cette décrépitude, cette immense fatigue qui confine à un genre de folie tranquille, d'éloignement du quotidien. ». Longue période éprouvante où tout s'estompe, et s'éloigne tranquillement. Sans révolte, avec réalisme et parfois même avec humour, Franz Bartelt regarde la mort en face, n'engage pas le combat, analyse les passages obligés, la diminution des facultés, la déchéance, la faiblesse, la folie jusqu'à envisager sa propre mort sans jamais oublier que « toutes ses vies finissent par avoir été belles, parce qu'elles ont été vécues jusqu'au bout... »
Ecouter la lecture de la première page de "Depuis qu'elle est morte, elle va beaucoup mieux"Fiche #1704
Thème(s) : Littérature française
Une petite mouche est bien curieuse et téméraire ! Elle s'approche d'un lion et de sa fourrure, elle est intriguée par la corne d'un rhinocéros... jusqu'à rencontrer un caméléon... Un livre joyeux et plein de surprises avec des rabats et des textures à toucher.
Fiche #1699
Thème(s) : Jeunesse
Madame Canard est bien triste, toutes ses amies (poule, chouette...) ont pondu leur oeuf et pas elle. Alors quand elle trouve par hasard un oeuf, elle est heureuse et ne le quitte plus. Mais ses camarades trouvent cet oeuf un peu bizarre et sont moqueurs ! Mais les moqueries ont leur limite et ils l'apprendront bien vite !
Fiche #1700
Thème(s) : Jeunesse
Deux histoires qui n'en font qu'une (collection Boomerang). Max et Léo sont jumeaux, l'un est doux, calme, attentif et le second est plus remuant... Mais ils sont prêts à échanger leur casquette pour une journée et se mettre dans la peau de l'autre !
Fiche #1701
Thème(s) : Jeunesse
Noé attendait ce jour avec impatience, c'est l'anniversaire de sa mère, et il est tout heureux de lui faire un beau cadeau. Il a fabriqué une boîte à trésor et pendant que sa mère travaille, il décide de sortir de la maison et d'aller à l'aventure pour remplir sa boîte de plein de belles choses. Mais il trouve sur sa route un petit chat qui l'emmène vers d'autres chemins qui le mèneront à la rencontre de... sa maman ! Un petit texte plein de tendresse et de douceur.
Fiche #1702
Thème(s) : Jeunesse
Aurélien ROSSET
Emprise
Akileos
51 | 166 pages | 25-09-2015 | 19€
en stockDans le même temps que la pluie, le vent, les éclairs et les orages se déchaînent, une petite ville du Maine bascule dans l'horreur. En venant constater les dégâts des intempéries sur la forêt, un garde forestier découvre des cadavres affreusement mutilés avant d'être attaqué par une ombre mystérieuse. Les inspecteurs Monica Ruiz et Marcus Obson prennent en charge l'enquête. Peu d'information, peu d'indices, et il faut se presser, les cadavres se multiplient de manière assez étrange... Un thriller percutant qui met en place immédiatement une atmosphère singulière, un dessin et des couleurs superbes, on ne lâche pas du début à la fin.
Fiche #1703
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Dovalé occupe la scène d'une petite ville d'Israël. Comique, il semble apprécier les plaisanteries grasses et salaces, mais sait jouer de, et avec son public. Sans retenue, il emporte chaque soir le public dans son délire. Mais ce soir là, il a convié à son spectacle le juge Salazar qu'il a connu à l'âge de l'adolescence. Et le spectacle suit un autre chemin, Dovalé entre deux plaisanteries se confesse, parle de son enfance et notamment d'un jour particulier de son adolescence où il apprit une nouvelle gravissime qui le marquera à vie. L'atmosphère se tend, les spectateurs sentent que Dovalé est dangereusement sur le fil, la salle réagit plus ou moins bien face à ce spectacle inédit de ce « gamin de cinquante-sept ans (qui) se reflète dans un vieillard de quatorze. ». Portrait d'un homme blessé à jamais, roman éprouvant que les ruptures de ton rendent parfois perturbant.
« L'homme propose et Dieu le nique... »
Fiche #1697
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Nicolas Weill
Rase campagne ou la chronique au jour le jour d'une campagne électorale à St-Marcel-sur-Riselle, élection locale ou élection nationale, le jeu est le même ! Le Maire indéboulonnable remet son poste en jeu ! Les ententes officielles et officieuses se multiplient comme les combines en tout genre… Le vieux lion n'est pas au bout de ses surprises mais l'expérience saura le guider dans cette aventure ! Un portrait drôle, grinçant et hélas réaliste d'un monde politique très occupé à sauver ses fauteuils !
Fiche #1698
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
A Londres, au début du XXème, John Patterson et Martin Bromley sont des amis véritables, même des frères de lait (« Le lait est plus épais que le sang »), c'est en effet la mère de Martin qui a nourri John à sa naissance. Lorsque la Première Guerre se déclare, leur vision diffère. Martin est exalté, même trop jeune, il n'envisage d'autres choix que l'engagement, il faut combattre et en découdre, affronter les Allemands, même en Angleterre. John trouve quant à lui son exaltation bien loin de la violence, dans la littérature et la poésie ce qui le décide à refuser de combattre malgré toutes les pressions de son entourage et tout particulièrement des femmes qui estiment son refus preuve de lâcheté. Son père distribue avec peine les lettres revenant du front, lettres donnant des nouvelles, apportant souvent un peu d'espoir illusoire ou lettres de mort annonçant le décès d'un frère, d'un père, d'un époux… John apprendra ainsi la mort de Martin dans une lettre que son père n'a pas distribuée. Et plus tard, sur le front, il aidera ses camarades à rédiger ces fameuses lettres, lettres souvent bien loin de la réalité : « Dans cette guerre, chacun tournait la vérité à sa façon. ». Il découvrira l'histoire tragique de cette mort qui l'interrogera sur la nécessité de la révéler. Stefan Brijs tout d'abord offre un angle de vue parfaitement original de la Première Guerre et fait également parfaitement ressentir les avis et attitudes opposés devant la guerre, questionne sur le courage, sur la bravoure, sur la lâcheté, sur l'engagement, sur la capacité de choisir librement et la prise des événements sur ces choix, sur l'humanité propre à chacun et ainsi rend son propos intemporel et cruellement d'actualité.
« Un mauvais lecteur, c'est quelqu'un qui se promène en forêt sans voir les arbres. »
« Souffrir à cause du monde ou plutôt souffrir du monde. Ça va mille fois plus loin que la mélancolie. C'est prendre conscience que le monde dans lequel on vit ne répondra jamais à nos attentes. Et cette conscience ne cesse de peser toujours plus. »
« Le monde est comme il est. Soit on suit son mouvement, soit on y succombe. »
Fiche #1696
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Daniel Cunin
A cette époque, le Nord et la mine ne font qu'un. Tout le monde y travaille, tout le monde s'y tue à la tâche et la famille de Marcel ne fait pas exception. Comme tous, son avenir est tracé. Une amoureuse et la mine. Mais Marcel s'est promis d'échapper à son destin, à sa condition. Il ne descendra pas toute sa vie dans les galeries de la mine. C'est certain. Il rêve d'autre chose. Et quand l'occasion se présente, il prend la route, part vers Paris, ville lumière dont l'arrière-boutique est également bien sombre, « la seule chose que j'avais réussi à gagner en venant à la capitale, c'est une conscience politique... », et changer le monde comme échapper à sa condition reste souvent un rêve ou un cauchemar. Superbe et émouvant, le dessin et le texte ne font qu'un, à ne pas rater.
Fiche #1695
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Adrienne depuis qu'elle est veuve vit dans la solitude, son fils Augustin exilé aux Etats-Unis ne revient qu'épisodiquement. Friedrich est marié depuis de longues années avec Lisbeth et depuis le suicide de leur fils à 24 ans, ils se sont éloignés l'un de l'autre et le silence s'est installé entre eux. Friedrich est un musicien passionné et court de concert en concert. Un soir, il croise Adrienne qui lui parle de sa musique avec franchise, justesse et sans artifice. Quelques mots, et Friedrich est ému et troublé comme jamais, personne ne l'a jamais compris à ce point. Dès le lendemain, il ne se souvient que de sa voix et de ce qu'elle lui a dit, il lui écrit alors un mail et initie une longue correspondance (via internet, donc immédiate, à toute heure et sans intermédiaire), où chacun se dévoilera, où chacun apprendra à passer outre ses peurs et ses pudeurs, à comprendre l'autre puis à l'aimer, ils se créeront un espace commun et partagé loin du regard des autres : « Vous lire, vous écrire, savoir que toujours nous aurons quelque émerveillement à partager, telle est en ce bas monde ma seule consolation. ». De cette rencontre furtive et de ces nombreuses lettres jaillira un amour sublimé, l'amour par les mots est éternel, l'amour par les corps s'épuise et s'étiole. Autour du tryptique, solitude (« La solitude, oui, mais la grande liberté aussi. »), silence et musique Michelle Fourez réussit avec une grande douceur à greffer un amour franc, éternel, tendre et éblouissant, « Qu'un amour qui se nourrit de mots, un amour où l'on se parle vrai ne peut se tarir parce que le temps a passé, parce que les corps se sont abîmés. ».
Ecouter la lecture de la première page de "Adrienne ne m'a pas écrit"Fiche #1693
Thème(s) : Littérature étrangère
Lorsque l'on est un jeune orphelin de Pointe-Noire et que le prêtre de l'établissement décide de vous appeler Tokumisa Nzambe po Mose yamoyindo abotami namboka ya Bakoko soit « Rendons grâce à Dieu, le Moïse noir est né sur la terre des ancêtres », en lingala, la suite ne peut être que singulière ! Néanmoins, heureusement pour le lecteur, cet enfant adoptera vite le surnom « Petit Piment » suite à un exploit mémorable. C'est à cette époque que la révolution socialiste redistribue les cartes, tout semble possible, enfin presque… Petit Piment choisit de suivre les dangereux jumeaux de la chambrée et de quitter Bonaventure son meilleur ami pour partir vers l'inconnu, vers l'aventure mais aussi la vie donc la folie… Il rencontrera un série de personnages mémorables, comme Maman Fiat 500 une patronne de bordel très maternelle et diverses petites frappes de Pointe Noire. Un récit initiatique sauvé par la fantaisie, l'invention, la liberté et la gouaille d'Alain Mabanckou.
Ecouter la lecture de la première page de "Petit Piment"Fiche #1694
Thème(s) : Littérature étrangère
Mirko et sa sœur Simona après un périple douloureux s'arrêtent à Lyon en 2001. Comme beaucoup de leurs compatriotes, ils ont quitté le Kosovo, pays en guerre, guerre qu'ils ont vécue et subie et ne pourront jamais oublier. Après un passage par l'Italie, ils s'installent en France et l'aventure continue dans le dédale des formalités administratives pour obtenir un statut salvateur, trouver un foyer… Chacun réagit en regard de son vécu. Simona est particulièrement volontaire, décidée à rester en France et accorde une importance primordiale à la langue qu'elle découvre et apprend. Elle veut se l'accaparer, s'imprégner des mots, les faire siens, et chaque phrase devient une victoire et une preuve d'amour à son nouveau pays (« Simona garde les mots en bouche comme des bonbons. Elle en suce le silence jusqu'à ce que son cerveau veuille bien associer les images aux sons, aux lettres et restituer une partie de leur corps. Elle roule sa voix sur cette nouvelle langue. Elle l'aime. Elle la crache. Elle la chante avec toute la hargne qui l'habite. »). Mirko, plus âgé, mutilé et peut-être plus marqué par la guerre, demeure plus silencieux et solitaire. Il a trouvé un autre mode d'expression dans les graffs. Chacun essaie de protéger l'autre tout en vivant comme il le peut son exil. L'auteur montre bien que, contrairement aux poncifs habituels, toute généralisation est insensée, chaque exil (et chaque douleur) étant en effet singulier, douloureux et personnel. Sans larmoiement mais avec clairvoyance, elle décrit la difficulté immense de l'exil mais aussi les belles rencontres qu'il suscite et l'importance de la langue. Des courts chapitres, des phrases courtes, un style percutant pour un livre essentiel au coeur d'une actualité si pénible.
« Chacun a vécu sa peur comme il a pu, au gré de l'urgence, de sa haine… Mirko et sa sœur Simona sont partis sans réfléchir dans la fumée d'un incendie. Ils ont tout quitté. La peur de Milosevic, Mitrovica, leur ville, plus loin le village des grands-parents. A chaque lieu, une nouvelle vérité, une nouvelle impossibilité. »
Fiche #1691
Thème(s) : Littérature française
Clémence est infirmière dans une maison de retraite et très compréhensive, elle donne la permission de minuit à quelques uns de ses patients afin qu'ils prennent du bon temps dans le casino voisin ! Et patatra, l'escapade est découverte et Clémence virée. Acte fondateur d'une petite communauté qui choisit la liberté et l'amitié. Les vieux s'échappent accompagnés d'une simplette et d'un autre agent de la maison de retraite pour se joindre à Clémence. Ils sont cinq, unis, solidaires et bien décidés à vivre ensemble et à tout partager. En pleine canicule, les voici partis sur les routes pour une aventure pleine de rebondissements. Le pays souffre, l'équipe s'en aperçoit, voit les injustices et ceux qui en profitent et rentre en résistance. Entre Robin des Bois et Zorro, ils rejettent la société et le monde qui les entourent et sont bien décidés à agir, ils savent comment soulager certains pour en faire profiter d'autres… Progressivement, leur notoriété grandit, la police commence de s'intéresser à eux et les jeunes de banlieue de les imiter. Ce groupe légèrement libertaire et en tous cas débordant de générosité et d'imagination réveille ainsi la France dans cette torpeur imposée par la chaleur inhabituelle. Un récit vif, tonique, joyeux, optimiste parcouru par des personnages attachants et débordant d'humanité qui nous laisse espérer qu'un monde meilleur est encore possible !
Ecouter la lecture de la première page de "L'été contraire"Fiche #1692
Thème(s) : Littérature française
Anwar Sadat a été sauvagement assassiné et son assassin arrêté immédiatement. Il s’agit de son voisin, le jeune Margio. Il ne nie pas avoir participé à ce meurtre, mais selon lui, il n’en est pas l’auteur, il s’agit en effet du tigre qui en lui, dans son corps. Depuis quelques temps, il se sait habiter par ce fauve qu'il tente depuis de réfréner et dompter. Seuls quelques indices le trahissent comme des yeux et un regard bien singuliers. Mais cette fois, lors de sa dernière rencontre avec Anwar Sadat, il n’a pas eu le temps de le stopper, le fauve a jailli comme un éclair, en effet Anwar a commis l’irréparable, trahir la mère de Margio ! Pour expliquer ce destin, Eka Kurniawan décrit le quotidien d’une famille indonésienne, du mariage de ses parents jusqu’à la mort prématurée de sa dernière petite sœur qui plongera sa mère dans un abîme dépressif, en passant par son amour impossible pour la belle Maharani, fille de Anwar Sadat. Au cœur de ce conte tragique, Eka Kurnawan place naturellement l'amour extrême d'un fils pour sa mère et le destin dramatique de deux familles mais nous parle aussi en miroir, de manière vivante et imagée, du quotidien de son pays, l’Indonésie.
Fiche #1687
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Etienne Naveau
« Le train des orphelins » rend compte d’un épisode de l’histoire des Etats-Unis (et de l’Irlande) en confrontant le destin cruel de deux femmes à deux époques du XX ème siècle. En 2011, Molly, 17 ans, jeune métisse indienne, rencontre Vivian, une vieille dame d’origine irlandaise de quatre-vingt-onze ans qui a donc beaucoup de fantômes autour d’elle. Deux femmes unies par une enfance d’orpheline (« Qu’elle est misérable votre enfance quand on se dit que personne ne vous aime ou a envie de s’occuper de vous, lorsque l’on est toujours l’étranger qui contemple du dehors ce qui se passe à l’intérieur. »), aussi la narration passe des années 30 aux années 2000 pour confronter ces deux expériences. Vivian est arrivée toute jeune en Amérique et fut rapidement confiée à des organismes soi disant sociaux qui organisaient le placement de ces enfants, le train des orphelins parcourait le pays à la recherche de familles d’accueil et naturellement le pire était souvent le quotidien de ces enfants. Après quelques échecs et plusieurs changements de prénom, Vivian trouva un peu d’apaisement dans une famille. Elle se mariera mais avouera enfin à Molly avoir refusé être mère… Molly à la mort de son père vivra des expériences similaires, fréquentera les foyers, sera ballottée de famille en famille. Le lien se tisse donc immédiatement entre ces deux femmes et la parole se libère, chacune trouve une sérénité nouvelle après leurs rencontres et leurs échanges et réussit peut-être à se convaincre d’avoir enfin trouvé sa place dans le monde. Un roman en partie historique, particulièrement bien construit, et très prenant.
Fiche #1688
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Carla Lavaste
En 1972, le narrateur est encore jeune mais du haut de ses douze ans, il accompagne ses parents, observe, écoute et se souvient aujourd'hui des évènements violents qui traversèrent l’Europe. Maintenant âgé de cinquante cinq ans, il livre ses pensées, ses souvenirs, ses remarques, ses analyses à partir de cette année 1972 où il se rendit en Pologne avec ses parents. Il dresse la liste des morts disparus du fait de leurs idées, leurs actes, ils ont osé se dresser contre l’état et mourront comme des chiens (« Nous cherchons à penser comme des hommes mais il arrive encore qu’on nous abatte comme des chiens parce que parmi les hommes il s’en trouve toujours qui se sentent supérieurs aux chiens. »). Il souhaite faire éclater cette violence d’état obscure et sans limite, la rappeler, sans cesse, afin que l’on n’oublie pas le trouble de cette période qui aura (et a) des conséquences vis-à-vis du fameux projet européen que l’on nous vend depuis des années. Certains choisiront aussi la voie de la violence, d’autres non, mais ils ne seront pas épargnés non plus. Face à cette situation, il rappelle l’incapacité des pays voisins à réagir, leur atonie malsaine (« Naturellement nous ne ferons rien. »). Mais le narrateur nous parle (parfois crûment) aussi de minorités, d’amours, de sexe et de rencontres. Un retour terrifiant sous forme de cri sur la période d’après 68, époque d’espoir et de colère qui induira chez certains un terrible désespoir envers la politique et qui nous interroge brutalement sur notre passé et notre avenir.
Ecouter la lecture de la première page de "Entre les deux il n'y a rien"Fiche #1689
Thème(s) : Littérature française
En 1920, les colons règnent encore sur Madagascar. Les colons mais aussi leur langue. Et face à eux, certains tentent de résister, chacun avec ses moyens. Pour Esther et Rabe, la culture et la langue sont leurs armes. Esther dite Anja-Z est une poétesse, une femme aussi libre dans sa vie que dans son écriture. Rabe, 10 ans plus jeune, autodidacte, écrit aussi et voue une admiration sans faille pour Esther, la poétesse puis ensuite pour la femme également. Leurs rencontres sont autant des rendez-vous amoureux que des confrontations intellectuelles. Le récit opère un va-et-vient régulier entre les pensées de l’un et de l’autre, entre les langues du pays. L’oragé parle donc d’amour, de rencontres, de liberté, de langue (« La langue elle pense à la langue, à la poésie de sa langue et pas à la poésie qui se dit invention nouvelle venue d’ailleurs, car non, on n’a pas attendu les vers colportés de l’Europe, pour que la poésie soit là, soit vive. La langue n’a pas attendu ça. »), de littérature et de poésie (« La poésie, bête à apprivoiser, Rabe. Pas une princesse apparue par miracle. Non. Un ailleurs ouvert, unique, à soi. »), de résistance mais rend aussi compte de la situation du pays en 1920, du comportement outrancier des colons. Et pour cela, Douna Loup a totalement revu et adapté son écriture et son style aussi bien dans la forme que dans le fond à ce double portrait original et attachant et à ce bel hommage.
« On peut parler de tout et c’est même parce qu’on en parle que cela existe, non ? »
Fiche #1690
Thème(s) : Littérature française
Dès la première phrase, le ton de ce conte est donné : « Il était une fois une vilaine petite fille qui venait de naître. L’histoire commence là. ». Aucun membre de la famille n’est nommé, chacune et chacun portent son rang, la petite fille deviendra successivement la fillette, la fille puis l’aînée. Elle est née de l’amour de deux personnes, un amour total, exclusif (« L’amour entre eux est déraisonnable, vertigineux, enragé.). Elle fut donc immédiatement l’intruse dans cette relation. La mère et le père, malgré leurs nombreux enfants, ne vivent que l’un pour l’autre (« Le père ne regarde que la mère. »), et c’est donc l’aînée qui prendra tout ce petit monde en charge. Cela se fait simplement, naturellement, sans que la fille ne soit surprise voire révoltée par son rôle (« Elle s’est habituée depuis toujours, à coup de volonté, de certitudes, à tout maîtriser de son corps et de ses émotions. »). Elle n’aura ainsi pas le temps de l’enfance, de l’insouciance, de l’adolescence, pas le temps de grandir et de se construire, de rêver, adulte et responsable, elle le sera dès son plus jeune âge et portera sans cris, sans mots, le quotidien de cette famille. Par son style et sa construction, Violaine Bérot implique immédiatement le lecteur dans ce conte douloureux et émouvant.
Ecouter la lecture de la première page de "Des mots jamais dits"Fiche #1683
Thème(s) : Littérature française
Dans les fables et parfois dans la vie, des rencontres inattendues et singulières peuvent se produire. « Il était une fois un vieil homme », un clochard, vieux, sale, isolé (« Lui non plus ne savait pas qui il avait été. Il se souvenait juste que tout l’avait déçu, qu’il avait abandonné sa maison, sa vie, et qu’il s’était mis à dormir dans la rue, en plein froid, dans le monde vide. »), qui ne rit plus et a quasiment perdu la mémoire et la raison, pourrait-il rencontrer une jeune femme merveilleusement belle ? « Fable d’amour » non seulement la rend possible mais introduit l’amour au cœur de cette rencontre. Elle l’accueille, l’épaule, lui réapprend tout, « Ensemble nous allons faire quelque chose de grand ». Mais cet amour aussi puissant soit-il peut-il durer et résister à la vie et au-delà ? Espérer en l’inespéré a-t-il un sens ? Cette fable philosophique subversive et évidemment sans concession nous interroge à propos d’Amour, de vie et de mort, de saleté et de beauté, de cruauté et de tendresse, de douleur et de douceur.
« Car il est tout aussi facile de passer de la vie à la mort que de la mort à la vie, même si les vivants ne le savent pas. Même s’ils ne savent pas que le monde des vivants est empli de morts : ils ne peuvent pas le savoir parce qu’ils sont morts. »
Fiche #1684
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Laurent Lombard
Nous sommes en Grèce, mais cela pourrait se dérouler dans n’importe quel autre pays européen. C’est à Athènes, mais cela pourrait se dérouler dans n’importe quelle autre grande ville européenne. Nos sociétés sont en crise, uniformément, se scindent en différents mondes chacun feignant d’ignorer l’autre. Deux hommes se rencontrent dans un train en direction d’Athènes. L’un d’eux est bien décidé à parler et l’autre sera contraint à écouter cette logorrhée. L’homme décrit sa réalité, son quotidien, son ressentiment face à ce monde d’aujourd’hui qu’il ne reconnaît plus, envahi par les « autres » (« Je sais pas quand c’est arrivé, mais c’est comme si un soir je m’étais endormi sans eux, et je m’étais réveillé le lendemain au milieu de ce bordel. »), c’était tellement mieux avant. Il a même réfléchi à une terrifiante solution radicale (« Ils vont repartir comme ils sont venus. Sans que tu t’en rendes compte. »). Celui qui écoute est dans un autre monde, semble ailleurs, il y a une incompréhension totale entre eux, il regarde les réactions des autres, reste hermétique en continuant de refuser cette réalité, et mettra du temps avant d’être vraiment dérangé par ces avis inquiétants induisant une prise de conscience face à ce discours haineux et extrémiste. Un court brûlot percutant, véritable coup de poing qui frappe là où ça fait mal, cri désespéré avant qu’il ne soit trop tard et auquel il faut absolument porter attention.
Premier roman
Fiche #1685
Thème(s) : Littérature étrangère
Claire Castillon enchaîne les portraits de trois femmes d’aujourd’hui, deux amoureuses sous le regard d'Esther qui peinent à trouver leur place au sein de leur couple alors que les amours se font et se défont. A la manière d’un Lelouche, Claire Castillon décrit le quotidien d’un microcosme bien occupé par ses petits soucis amoureux et psychologiques.
Ecouter la lecture de la première page de "Les pêchers"Fiche #1686
Thème(s) : Littérature française
Pascale Gautier dans un style vif et imagé alterne les portraits de quatre personnages en peine dans leur morne vie de tous les jours. Ils tentent tous de surnager dans les difficultés de leur quotidien souvent handicapés par leur pesante famille. José vieux solitaire sort peu, et passe quasiment exclusivement son temps devant la télé, « un homme informé en vaut deux ». Agnès travaille à Paris, elle a en effet choisi de s’éloigner de sa famille (« Elle a trop vu ses parents et l’horreur qu’était leur quotidien à deux. Elle a au moins l’avantage d’avoir l’horreur du quotidien toute seule ! ») même si ses frères n’oublient jamais de se rappeler à son bon souvenir, et elle tombe exclusivement amoureuse d’hommes mariés ! Ferdinand partage encore son quotidien avec sa femme (« En fait, ils sont restés ensemble parce que c’était facile. ») et sa fille, caricature d’ado détestable mais Ferdinand fatigue : « Il est fatigué, Ferdinand. Il aimerait s’exiler. ». Enfin Auguste la cinquantaine continue de vivre célibataire mais sous la coupe d’une mère tyrannique et de son père. Pascale Gautier les observe avec délectation, humour et tendresse, se débattre comme ils le peuvent, elle montre bien comment le ras-le-bol se met en place, les situations s’aggravant jusqu’à la chute finale où les clefs sont mises sous la porte et chacun part vers la liberté. Elle dresse ainsi un portrait réaliste de notre société où le vivre ensemble reste encore ardu !
« Pas de guerre, pas d’Occupation. Le quotidien. Le boulot. Les vacances. Le métro. Le dodo. L’être humain a rétréci. C’est peut-être ça le progrès. Devenir tout petit petit. »
« S’il faut toujours penser qu’il y a pire pour se dire que ça va bien, c’est que quelque chose cloche sérieusement. »
« Finalement, personne ne voit et tout le monde croit voir ! »
« Pourquoi la majorité aurait-elle raison ? Pourquoi, parce que tout le monde veut vivre comme on nous l’ordonne depuis la naissance, ce serait ce qui serait bien ? … Et il faut sacrément d’énergie quand on sait qu’on est minoritaire pour se redresser et refuser. »
« Il arrête de ne pas vivre en attendant de ne plus vivre. »
Fiche #1682
Thème(s) : Littérature française
Robert Seethaler nous emmène à la rencontre d’Andreas Egger dont nous allons suivre pas à pas la vie entière. Andreas est un homme que l’on n’oublie pas. De la lenteur, peu de mots, et pourtant ! Pas de long discours pour le décrire, seulement un regard, un regard sur ses mains, Andreas fait en effet partie des hommes que leurs mains décrivent, une vie de labeur sans plainte, éprouvante et acceptée, mais qui n’empêche pas quelques espoirs et quelques instants de bonheur. Portrait bouleversant et attachant, tout en retenue, débordant d’émotion qui se lit d’une traite.
« Les cicatrices sont comme les années, se disait-il, elles s’accumulent petit à petit, et tout ça finit par faire un être humain. »
« Alors qu’un homme selon lui devait élever son regard, pour voir plus loin que son petit bout de terre, le plus loin possible. »
Fiche #1676
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Elisabeth Landes
Richard Ford et son personnage décalé Frank Bascombe dresse un portrait brut de l’Amérique d’Obama (et souvent de l’Amérique anti Obama) après le passage de l’ouragan Sandy dans le New Jersey qui accentue évidemment les failles déjà bien ouvertes de la société américaine.
Fiche #1677
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Josée Kamoun
Thomas Vinau épluche avec poésie notre vie quotidienne, faits anodins ou pas, propices à la réflexion dans de courts textes toujours empreints de sensibilité et d’humanité.
Ecouter la lecture de la première page de "Bleu de travail"Fiche #1678
Thème(s) : Littérature française
Philip S. est issu d’une riche famille suisse qu’il quitte rapidement pour Berlin à la fin de l’été 1967. Il y vivra sa passion du cinéma, notamment au sein de l’Académie du film. L’homme reste discret mais vient à réfléchir à une théorie du cinéma, sans concession : « En tournant le dos à sa riche maison familiale, il avait rejeté sa froideur puritaine et son culte de l’argent. La liberté artistique était alors son seul souci, et il ne croyait pouvoir déchiffrer le monde qu’à travers l’intransigeante passion de sa vision créatrice. ». Il rencontre sa femme (la narratrice) et son fils qui l’accompagneront tout au long de sa trajectoire tragique. Il réalisera une œuvre, l’œuvre totale, son « Voyageur solitaire » qui donne l'explication globale de notre monde à qui veut bien la comprendre. Il demeurera longtemps à la recherche de « la frontière entre l’art et la vie », « … il est celui qui observe et qui montre… » Mais ses choix et sa réflexion l’amènent à s’engager et à fréquenter des milieux radicaux qui ne peuvent se satisfaire de l’observation. Et ce récit décrit parfaitement le basculement de cette trajectoire d’homme. Empreint d’absolu, il se laisse sciemment et irrémédiablement aspirer par l’action directe et sacrifiera « son art à la vie dans la clandestinité. ». Il met en place un double vie dangereuse avec sa femme et son fils entre les deux, tout en connaissant évidemment dès le début l’issu fatale de cette aventure. Son choix est fait, définitif, sans retour en arrière possible. Ulrike Edschmid tout en nous parlant d’art et de cinéma dresse le portrait sensible (et réussi) d’un homme engagé et révolté des années 70 qui ira jusqu’au bout de ses convictions, refusant de tricher et les compromis.
« Tout ce qui arrive dans le monde est lié à notre propre existence, qu’il s’agisse de la guerre au Vietnam, des anciens nazis au gouvernement ou de l’augmentation du prix des tickets de métro. Tout est lié, et chaque nouvelle problématique mène à un questionnement général sur la société dans laquelle nous vivons. Nous voulons tirer de chaque événement un concept nouveau. Et chaque concept représente un changement profond de la société qu’on appelle révolution. »
« Les adieux sont incompréhensibles, comme la mort. »
Fiche #1679
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Anna De Fries
Trinité, Berthe et Simone vivent à Seclin dans le Nord et se rencontrent fréquemment et parlent, et elles ont beaucoup de choses à dire, ces « réfractaires au désordre établi » ! Ces trois prolos le disent sans retenue, avec toute la liberté qu’elles s’octroient et surtout avec leur langage (parfois bien vert) et leurs expressions, « j’entretiens des rapports de courtoisie avec la langue française » malgré quelques « trous de conjugaison ». « On mange, on boit, on se parle, on s’aime et surtout l’on rit » résume parfaitement ce roman singulier. Un bon mot à chaque page, des dialogues truculents et vifs, de l’humour en permanence, une critique évidente de notre société où les pauvres sont écrasés et en réalité délaissés, de l’ironie et de la révolte. Des personnages solidaires débordant de vie qui tentent de vivre comme ils l’entendent et espèrent continuer de rire en refusant « la dictature de la tristesse », un sentiment bien éloigné à la lecture de ce texte !
« L’action doit toujours précéder la réflexion. C’est ce que n’ont jamais compris nos chers intellos. »
« Je hais la modération sous toutes ses formes. Qui ne consume pas sa vie la laisse s’éteindre. »
« Tu as raison, on enjolive toujours le passé. On se souvient de l’ivresse et on oublie la gueule de bois. »
« Oui, ma Berthe, ça pèse lourd, les chagrins. J’ai les artères obstruées par les larmes refoulées. »
Fiche #1680
Thème(s) : Littérature française
Louis Catella est un homme emblématique. Communiste catholique, lui et l’usine (Fonderies et Aciéries du Midi) ne font qu’un. Si l’on parle de lui, on parle de l’usine, réciproquement et nécessairement et le temps de la confession est venu. Louis se raconte dans un monologue destiné à son plus jeune fils qui avait sept ans au moment de sa mort. Il raconte son métier, l’usine, le syndicat, ses engagements et ses luttes, mais aussi la famille, son amour pour Rose et pour ses enfants, la lutte pour la vie et pour les quelques instants de bonheur volés. Louis et ses enfants forment une famille de gauche, la vraie gauche, « Même les enfants ne connaissent que la bonté et la ferveur de la gauche, c’est grave de ne pas être de gauche, c’est un principe, tous les gens qui viennent à la maison sont de gauche. Et même dans la gauche, il y a la gauche gauche et la gauche un peu moins. Tonton Henri, il est un peu moins, il est socialiste, mais il est à gauche quand même, notre ami Alexandre, c’est pareil, à gauche mais un peu moins. ». Les enfants comme Louis ont un chemin tracé, tout d’abord parce que c’est comme ça (« Très tôt on comprend que certaines choses nous sont étrangères, tout s’organise entre ceux qui peuvent et ceux qui ne peuvent pas, ceux qui vont à l’école et ceux qui travaillent, c’est l’un ou l’autre. ») mais aussi pour des raisons pécuniaires (« L’école s’impose comme une fausse route, pleine de dangers, et qui ne permettra pas ni à ma mère ni à mon frère ni à personne de vivre. Il faut très vite gagner de l’argent. »). Puis en 1974, Louis meurt et il faut continuer la route. Le fantôme de ce père observe la vie de la famille sans lui, dialogue avec ce plus jeune fils, avec tendresse et douleur mais aussi regrets, doute et culpabilité. En effet, la tradition a été rompue, le fils est devenu prof abandonnant l’usine, le PC et la CGT, et tente de justifier ses choix auprès de ce père modèle. Tableau sensible et poignant de la condition ouvrière des années 70, une époque révolue où le Nous (« Nous existons, même sans rien, même estropiés. ») avait encore un sens et portait espoir et rêve. Portrait vivant sans concession, sans misérabilisme, dans la vérité et le réalisme, à la construction particulièrement accomplie.
Premier roman
Fiche #1681
Thème(s) : Littérature française
D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pied
Gallimard
27 | 444 pages | 12-08-2015 | 22.5€
Après son inoubliable trilogie, Jón Kalman Stefánsson nous offre un nouveau voyage au cœur de l’Islande, dans « l’endroit le plus noir du pays », une ville particulière oubliée de tous, Keflavik, « Celui qui habite Keflavik ne vit pas vraiment en Islande, ni tout à fait sur terre, il est ailleurs, à l’arrière de toute chose, perdu... ». Pour retracer l’histoire de ce bout de terre, Stefánsson joue avec le temps et sa chronologie en considérant la saga sur trois générations d’une famille, des marins, des pêcheurs, un poète, des femmes, de l’amour, des rêves, de la folie, la mort, c’est donc aussi l’histoire du temps, de sa force et son action inexorable, élimant tout sur son passage, l’amour, les vies et les mots bien aidé parfois par les politiques et leurs fameux cotas. Dense, âpre, puissant, humain, tout simplement éblouissant, mais dommage qu’un billet pour l’Islande ne soit pas glissé dans le roman !
« Nulle part ailleurs en Islande, les gens ne vivent aussi près de la mort. »
« … les souvenirs sont des gros blocs de pierre que je traîne derrière moi. »
« La vie, lit-on quelque part, est un faisceau de lumière qui traverse brièvement les ténèbres et s’évanouit l’instant d’après. »
« Je ne suis pas certain qu’on tente vraiment de comprendre les autres – faisons-nous réellement tous les efforts nécessaires ? N’essayons-nous pas, au contraire, constamment, notre vie toute entière, d’amener les gens à envisager le monde de la manière dont nous l’envisageons ? N’est-ce pas là un de nos plus grands maux ? »
« Celui qui lit tellement de poésie qu’il vient à imaginer qu’il peut nager jusqu’à la lune doit pouvoir vivre plus longtemps, le monde ne saurait se passer de ce genre de personnes. »
« La vie naît par les mots et la mort habite le silence. C’est pourquoi il nous faut continuer d’écrire, de conter, de marmonner des vers de poésie et des jurons, ainsi nous maintiendrons la faucheuse à distance, quelques instants. »
« Quel mal y a-t-il, évidemment aucun, nous devrions tous de temps en temps sortir en courant de chez nous et crier à tue-tête pour glorifier la vie, à moins que l’existence ne coule de source et ne relève à ce point de l’évidence ? Combien de fois sommes-nous sortis pour célébrer la vie, cet animal éreinté, cette fleur battue par les vents, cette note puissante et profonde ? »
Fiche #1675
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Eric Boury
Gustave même s'il est chauffeur routier à l'international n'a finalement jamais quitter la petite ville de province de l'Est de la France où il a passé son enfance. Son père est mort il y a peu, sa mère perd la mémoire et est maintenant en maison spécialisée. Gu continue donc d'occuper en vieux célibataire la maison où il a grandi. Il n'a pas oublié ses amies d'enfance, Betty et surtout Stéphanie dont il est encore secrètement amoureux. Alors quand il voit un Américain sorti de nulle part tourner autour d'elle et Stéphanie succomber au charme de ce John Lloyd, c'est inévitable, Gu ne peut rester sans réagir. John Lloyd disparaît sans laisser de de traces ni d'explication au grand désespoir de Stéphanie qui charge immédiatement Gu de l'enquête et Gu est à la fois le mieux et le plus mal placé pour élucider l'affaire ! Un faux polar qui se lit d'une traite, des personnages forts et caractéristiques, une atmosphère bien noire entre Gailly et Simenon, ne reste plus qu'à trouver le scénariste et les acteurs ! Du grand art !
Ecouter la lecture de la première page de "Sans état d'âme"Fiche #1674
Thème(s) : Littérature française
« Ce cœur changeant » traverse l'histoire de l'Europe de 1889 à 1931 à travers l'intimité de Rose, fille d'un couple atypique, René officier français et Kristina une Danoise exubérante, d'une beauté étonnante et d'une liberté totale. Rose grandit sans l'attention de ses parents, seule sa nounou, choisie par sa mère, s'en occupa. La solitude accompagna finalement Rose tout au long de son existence. Vers 17 ans, elle arrive à Paris et les rencontres se multiplieront, une vie souvent proche des bas-fonds et éprouvante et oscillant entre les extrêmes, paillette et déchéance. Mais elle continue, toujours, s'accroche, toujours, force de vie stupéfiante, malgré le passé et l'avenir (« C'est ainsi qu'elle avait toujours voyagé, songeait-elle, sans regarder vers l'avenir que se précipitait vers vous comme une bête sauvage, mais plutôt tournée calmement vers le passé dont on parvenait à retenir certaines bribes tandis qu'il défilait à l'envers, jusqu'au néant. »), autant dans sa vie personnelle et intime que face aux graves événements de l'époque. Évidemment le destin de cette femme singulière et son caractère sont attirants et intéressants par eux-mêmes mais ils doivent aussi beaucoup à l'écriture et au style foisonnant, chaud et précis d'Agnès Desarthe.
Ecouter la lecture de la première page de "Ce coeur changeant"Fiche #1671
Thème(s) : Littérature française
Hugues SERRAF
Comment j'ai perdu ma femme à cause du tai chai
L'Aube
24 | 150 pages | 31-07-2015 | 16€
Un couple s'étiole, prend ses distances, puis se sépare. L'homme reste interdit et la femme disparaît. Le coupable idéal est désigné, le mari ! Il a même laissé ses empreintes sur un sabre sanguinolent ! Le corps de la femme reste introuvable mais l'époux se retrouve immédiatement en prison, et rejoint un Coloc heureusement amical dans une cellule « crade et grise ». Il arrive avec sa vision de la prison construite à partir des films et livres abordant le sujet et tente de retrouver quelques indices de vérité... Son Coloc très curieux aux réflexions pleines de bon sens l'incite à lui raconter son histoire, histoire assez classique d'un couple que le temps pousse vers la sortie et la séparation. Plongée efficace dans l'histoire d'un couple et dans l'univers pénitentiaire, le tout sur un rythme soutenu et avec un ton inventif et décalé et surtout débordant d'humour !
Premier roman
Fiche #1672
Thème(s) : Littérature française
Hizya est une jeune Algérienne. Diplômée, comme beaucoup, elle ne peut travailler dans son domaine et se retrouve employée dans un salon de coiffure. Cet échec représentatif de la jeunesse d'aujourd'hui révèle aussi une réussite : sa famille a accepté qu'elle sorte de la maison, qu'elle travaille, petite victoire vers une indépendance, premier pas vers la liberté. Car Hizya a des envies, des projets, ils lui sont personnels et elle n'a pas envie qu'on les lui impose. En outre, le salon de coiffure est propice aux conversations, les femmes racontent librement leurs espoirs, leurs envies, leurs rêves mais souvent rattrapées puissamment par la réalité, la famille et la tradition. Hizya puise aussi sa force dans un poème antique, dont l'héroïne possède le même prénom, qui demeure un véritable hymne à l'amour, à la beauté et à la femme. Cela l'épaulera dans son combat pour la liberté, un combat de tous les jours, qui se gagne petit à petit, par petit morceau. Maïssa Bey nous offre un superbe texte à l'écriture poétique, à la fois portrait d'une jeunesse algérienne prête à résister et pourtant oppressée par la tradition et le poids familial mais aussi véritable hymne à la liberté et cri puissant et émouvant d'une jeune femme qui veut pour elle et pour les autres autre chose que ce que lui destine sa famille et la société, être soi, réaliser ce qu'elle a choisi et s'émanciper.
« C'est ainsi que, de génération en génération, pour maintenir la tradition, des mères exercent leur pouvoir – le seul qui leur soit permis – sur d'autres femmes, d'autres mères, dans l'espace domestique – le seul qui leur soit réservé. »
« C'est moi qui les autorise à sortir tête nue ! Tu entends ? L'essentiel est ce qu'elles ont dans la tête, et non sur la tête ! »
« C'est de moi qu'ils ont peur. Ils ont peur de nous. Ou, et l'idée me vient brusquement, d'eux-mêmes. Je voudrais tellement savoir pourquoi. Savoir de quoi se nourrit cette peur venue du fond des âges et qui semble croître sans cesse pour déferler sur le monde. »
« Dans notre milieu règnent en maître deux devises : la loi du silence et le culte du caché. Pourtant je m'obstine à croire que je pourrais être de celles qui veulent forcer le destin. »
Fiche #1673
Thème(s) : Littérature étrangère
Detroit, la ville de l'automobile, le mythe, « le travail est un divertissement puissant. ». Puis un jour en 2008, les voitures s'en vont, les hommes suivent, enfin ceux qui le peuvent. Pour d'autres fuir est impossible et ils demeurent dans cette ville fantôme dévastée (« Traverser la ville me donne toujours l'impression de regarder un porno. Tu sais, une fascination coupable. »), cimetière de notre civilisation, en tentant de survivre et en espérant peut-être découvrir le nouveau rêve américain. Et les comportements classiques de l'homo sapiens persistent au milieu de cette misère, quand certains se soutiennent et s'entraident, d'autres se laissent aller à exploiter cette détresse. Comme dans un western classique, un cow-boy solitaire débarque de manière incongrue dans la ville désertée à la grande surprise des survivants. Il s'appelle Eugène, jeune ingénieur français, il doit concrétiser un projet de transformation pour l'industrie automobile mais Eugène préférera partir à la rencontre de cette ville et de ses habitants. Il croisera dans un bar Candice et son histoire aussi chaotique que celle de Detroit, et ces deux là apprendront à se connaître dans cet environnement bien singulier. Dans ce même quartier, le petit Charlie comme beaucoup d'autres enfants vient de disparaître et sa grand-mère Gloria avec l'inspecteur Brown partent à sa recherche. Par ces deux biais, Thomas B. Reverdy happe le lecteur et place à nouveau son histoire et ses personnages au cœur d'une catastrophe éprouvante, catastrophe économique cette fois, qui, pratiquement du jour au lendemain, bouleverse, transforme, maltraite la vie, les espoirs et les rêves. Fort, percutant et sensible !
Ecouter la lecture de la première page de "Il était une ville"Fiche #1669
Thème(s) : Littérature française
Violaine et Anatole vivent ensemble depuis longtemps, très longtemps (trop longtemps ?). Ils ne font plus qu'un, chacun s'est endormi à sa façon sur l'autre, peut-être n'ont ils pu éviter cet écueil du couple. Néanmoins, pour Violaine, il est temps. Il est temps d'avoir un enfant ce qu'Anatole a toujours refusé, et continue de refuser obstinément. Et même dans un vieux couple, le temps est souvent une obsession et régulièrement chacun adopte la sienne : temps de vie, temps pour faire des enfants, temps pour espérer et rêver, temps d'attendre, temps pour la jalousie, temps des frustrations, temps pour parler, temps pour changer... Eux ont atteint le temps tranquille d'un couple qui ronronne, calmement, sereinement en regardant nager leur poisson rouge. Mais cette envie d'enfant et la réaction d'Anatole vont gripper ce joli ronron, introduire le doute et la peur et rendre possible la chute voire la folie. L'auteur opère un va-et-vient constant entre les deux personnages semant le doute dans l'esprit du lecteur qui peine à choisir son camp ! Un roman vif, plein d'humour, qui aborde avec sérieux mais le sourire aux lèvres la vie à deux et la difficulté de faire durer le bonheur au cœur d'un couple.
« On ne réalise pas qu'on nage en plein bonheur quand on se contente de barboter dedans. »
Fiche #1670
Thème(s) : Littérature étrangère
Le nouveau directeur du lycée a décidé de reprendre les choses en main ! Il assène ses vérités et ses interdictions à qui mieux mieux. Tout devient interdit, seul le travail demeure autorisé ! Et les élèves acceptent, sans mots dire. A la grande surprise du délégué adjoint de première qui vient d'arriver dans l'établissement. Il est discret, un peu retrait, aime observer, souvent de loin mais là, il faut agir et se mouiller. Il décide de venir avec sa caméra et de filmer la vie au lycée, l'amour au lycée et montrer que le lycée est un lieu d'apprentissage mais également un apprentissage à la vie où chacun initie son chemin et cette expérience lui permettra aussi de faire ses premiers pas d'homme libre. Comme toujours, un excellent Blondel pour les ados !
Ecouter la lecture de la première page de "Un endroit pour vivre"Fiche #1666
Thème(s) : Jeunesse
Chose exceptionnelle, la même année que Cathy Jurado-Lécina, Ingrid Thobois a choisi de revenir sur le destin exceptionnel de Jeannot. Expérience fascinante que cette double lecture, une même histoire et deux points de vue très différents, deux écritures, deux approches, deux réussites ! Ingrid Thobois a choisi le monologue comme expression et c'est Paule, la sœur aimante et très proche de Jeannot qui nous fait partager leur quotidien. Paule restera jusqu'au bout aux côtés de Jeannot, elle l'accompagnera jusque dans sa folie, l'épaulera, de son retour d'Algérie jusqu 'à sa mort. Elle nous le raconte, avec ses tripes, sans chronologie, souvent avec poésie et avec un ton oscillant entre naïveté et réalisme, toujours avec franchise, brut sans artifice, elle suscite sans imposer, pas de longs discours, du rythme, un mot ça et là révèle une clé. Solitude, indifférence, peur, l'isolement de la famille apparaît clairement, un homme au milieu d'autres hommes va mourir et malgré tout, Paule continue de crier, sans détour, son amour pour Jeannot. Un texte bouleversant sur la folie, sur l'amour, sur la famille, sur l'exclusion et la différence.
Ingrid Thobois nous rendra visite le vendredi 15 novembre 2015.
Fiche #1667
Thème(s) : Littérature française
Michael Turner a choisi de rejoindre Londres après la mort de sa femme Caroline assassinée au Pakistan. L'homme est encore meurtri voire névrosé mais il a lié connaissance avec ses voisins, les Nelson, un couple sans histoires et leurs deux petites filles. Il devient le confident, l'ami sûr, toujours là quand il le faut, aussi complice avec Josh qu'avec Samantha. L'histoire s'ouvre avec son entrée dans la maison des Nelson, portes ouvertes et pourtant personne dans la maison semble-t-il du moins... Très loin de Londres, dans le Nevada, un autre homme est blessé, meurtri et peine à se relever. Le commandant McCullen qui a toujours été fier de son métier et de son action, était l'homme qui commandait le drone à l'origine de la mort de Caroline, le monde est si petit, et la culpabilité l'étreint... Owen Sheers nous offre un roman haletant et tendu à souhait que l'on dévore et qui nous parle de culpabilité, d'amour, de vie et de mort, de vérité et de mensonge, de ces instants furtifs où les vies basculent, de notre monde d'aujourd'hui hyper connecté.
Fiche #1668
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Mathilde Bach
Amélie est avec ses parents au bord de la mer et sur la plage, la petite n'est guère rassurée et s'ennuie quelque peu. Alors quand un poisson vient la chatouiller, elle retrouve le sourire avec ce nouvel ami. Pourtant, le soir, il faut quitter la plage et son copain et Amélie est bien triste. Le lendemain, elle revient bien décidée à rapporter le soir le poisson chez elle... Un bel album sur l'amitié, la liberté et le respect de l'autre.
Fiche #1662
Thème(s) : Jeunesse
Chakra est à la tête d'une tribu de macaques, enfin de gros macaques ! La bande habitant un temple où les visiteurs les gavent est devenue obèse et cela ne peut plus durer. Chakra propose une journée de jeûne pour tenter de maigrir. Ses congénères acceptent, du moins semblent accepter, ne dit-on malin comme un macaque ! Pour tous les amateurs de régimes qui ont un jour craquer devant une pâtisserie alléchante !
Fiche #1663
Thème(s) : Jeunesse
Renarde a un secret et trop heureuse, elle ne peut s'empêcher de le confier à Lapin qui lui promet évidemment de ne pas le révéler. Enfin... Les secrets voyagent vite dans la forêt... Comme à son habitude, Emilie Vast nous livre un album empreint de douceur et de poésie qui célèbre cette fois l'arrivée d'un enfant, Renarde est devenue Maman Renarde !
Fiche #1664
Thème(s) : Jeunesse
C'était il y a dix ans, dix ans pour pouvoir enfin se confier à une journaliste, même si elle ne parlera pas directement d'elle mais préférera raconter l'histoire de Bénédicte et Guillaume. A la fin des années 90, ils formaient un couple parfait avec leur petite fille Emilie âgée de deux ans. Bénédicte achevait alors ses études et devait obtenir un boulot à la fin de l'année. Le couple n'envisage alors pas de deuxième enfant. Ils partent en vacances dans la joie, « Ils étaient bien tous ensemble. La petite était resplendissante, … Guillaume et Bénédicte formaient un joli couple avec une jolie petite fille, des amis charmants, dans une maison sans défaut, pour des congés mérités. ». Néanmoins, Bénédicte ressent lassitude et fatigue et, en rentrant de vacances, ce qu'elle a occulté depuis avril devient évident, elle est enceinte. Alors qu'elle s'interroge sur ce déni et que Guillaume se félicite de cette bonne nouvelle, « une grossesse, rien qu'une bonne nouvelle », elle se lance avec un sentiment de culpabilité et retard dans les examens habituels. Des examens qui révèlent qu'elle a eu deux maladies qui peuvent s'avérer dangereuse pour le foetus. Il faut attendre. Le couple est ébranlé, chacun attend de son côté, le silence s'instaure, l'éloignement s'opère. Les rapports avec le monde médical se compliquent. Et puis, la terrible nouvelle tombe, il y a peu de chance que le nouveau né n'ait pas de graves séquelles. Anne Révah aborde l'interruption thérapeutique de grossesse avec beaucoup de pudeur et de retenue, explore avec sensibilité les réactions du couple et de chacun de ses membres, les conséquences partagées ou non, le comportement du corps médical et fouille par petite touche cette blessure qui ne cicatrisera jamais.
Ecouter la lecture de la première page de "L'enfant sans visage"Fiche #1661
Thème(s) : Littérature française
Une tribu débarque dans un village balnéaire de la côte atlantique pour la saison, des Lyonnais qui fabriquent des bijoux l'hiver et ont décidé de tenter l'aventure, La Saison, sur un marché de la côte. « Les Bijoux » rejoignent le camp des marchands ambulants : Bruno, grand, costaud, fier, Jeanne, sa femme beaucoup plus jeune, Alexis, onze ans, leur jeune fils, et Virgile, le sage, la soixantaine qui a beaucoup bourlingué. Le marché est régi par un petit chef au grand pouvoir, Forgeaud, sans scrupules, manipulateur, qui place, déplace, fait payer, surtaxe (« Forgeaud représentait à ses yeux un spécimen formidable des principaux traits, selon lui, du génie français : la roublardise, le cynisme et la félonie. Ne manquait pas l'arrogance, elle provenait d'un fonds de bêtise, de brutalité sans faille. »). Le monde des ambulants s'en accommode et Eric Holder nous décrit un monde vivant, où les amitiés se nouent, les personnalités s'affrontent, la solidarité habituelle, où chacun se bat pour gagner un peu d'argent parfois avec des méthodes un peu limite et pour obtenir sa part de bonheur malgré les difficultés évidentes. Un roman truculent et vif au coeur d'un microcosme rarement évoqué et constitué de personnages attachants capables d'affronter les situations les plus cocasses.
« Ils sont comme tous les ambulants, amoureux de plein air et de vent. A la côte, il y a moins de dehors, il y a moins de dedans. Dedans c'est dehors et réciproquement. »
Fiche #1660
Thème(s) : Littérature française
Wajdi MOUAWAD
Stéphane JORISCH
La petite pieuvre qui voulait jouer du piano
Editions de La Bagnole
12 | 48 pages | 13-07-2015 | 16.9€
Hector est une pieuvre, une jeune pieuvre qui serait totalement heureuse si elle pouvait assouvir sa passion : elle désire plus que tout apprendre le piano, mais une pieuvre et un piano, est-ce possible ? Sa famille, ses amis lui font les gros yeux et le regardent au mieux avec incompréhension. Mais Hector a de la volonté et le voici parti vers un long voyage vers les abîmes, voyage initiatique qui le mènera à la rencontre de nouveaux amis et surtout de Glenn Gould qui saura lui montrer le chemin de sa vie. Superbe, textes, couleurs, et illustrations au même niveau d’excellence !
Fiche #1657
Thème(s) : Jeunesse
Les Quiquoi et l'étrange maison qui n'en finit pas de grandir
Actes Sud
11 | 32 pages | 13-07-2015 | 12€
en stockOlive l’artiste a décidé de dessiner une maison. Et à quoi sert une maison si ce n’est pour rentrer dedans et la visiter. Alors voici Olive, sa bande de joyeux lurons et surtout de ses armes hyper-puissantes, sa gomme et son crayon et sa bande, partis dans une grande aventure pleine de dangers et de découvertes ! Frais, original, joyeux et hilarant.
Fiche #1658
Thème(s) : Jeunesse
Elle est énorme cette Roche et néanmoins, elle a décidé d’aller à la rencontre du Monde. Alors comment faire ? Son entourage la prend pour une folle, aussi, quand un géologue se penche sur elle, elle l’implore, l’implore encore, de l’emmener découvrir le Monde. Mais ce géologue n’a que faire des désirs fous d’une Roche ! Alors, armé de son marteau, il tape, il tape, il casse jusqu’à réduire la Roche en poussière, mais rien de mieux pour voyager qu'un grain de poussière ! Encore un joli émouvant conte philosophique chez HongFei !
Fiche #1659
Thème(s) : Jeunesse
Un attentat est commis à Paris lors de son marathon annuel. Au milieu des concurrents, un anonyme, le père d'un prof de français qui apprend peu de temps après que l'une des personnes impliquées dans cet attentat est l'un de ses anciens élèves à qui il n'a pas su tendre la main au moment crucial, peut-être... La culpabilité l'accable, lui qui a choisi ce métier et son établissement pour aider les enfants à apprendre, à s'en sortir et à grandir. Aussi, alors qu'il relit le texte d'Anne Frank brûlant d'actualité, il se décide à écrire à sa petite sœur juive et à sa petite sœur d'écriture, une lettre par-delà la mort et le temps qui croise deux destins, deux vies non dénuées de points communs. Si ce journal demeure d'actualité, il interroge évidemment notre présent, notre société, son évolution et son futur hélas attendu, et Hafid Aggoune réussit parfaitement à l'intégrer dans notre quotidien. On retrouve ici avec grand plaisir l'écriture poétique et maîtrisée d'Hafid Aggoune. Il confirme encore son art pour bousculer le lecteur et surtout l'inciter (à relire Anne Frank naturellement) à la réflexion et à l'interrogation avec, entre autres, au coeur de ce livre les rapports filiaux, l'écriture (et la course à pied !), la différence, l'émancipation.
Hafid Aggoune nous rendra visite le jeudi 24 mars 2016.
« ...l'étranger n'est pas celui qui vient d'ailleurs, mais celui qui s'éloigne de nous. »
« ...les morts ne sont jamais absents, seuls les vivants nous manquent. »
« Mais nous avons notre part de responsabilité si nous n'aimons pas assez ou mal. »
« ...j'aime les enfants... pour ce qu'ils ne sont pas encore, pour tout ce qu'ils peuvent devenir, et je les aime pour ce présent immense qu'ils vivent comme si la vie était notre unique bien. »
« Où vont les larmes des hommes qui ne pleurent pas ? »
« Je crois que la grande différence entre les êtres quels que soient leurs origines ou leur milieu social, c'est l'amour que l'on reçoit et la nature de cet amour durant l'enfance. »
« Rien n'est plus vertigineux qu'une photo d'enfance, s'y miroiter devant l'être que l'on ne sera plus et qui sommeille en nous revient à tenter de voir un fantôme en plein jour. »
« J'avais oublié à quel point nous ne sommes ni une fonction, ni un métier. Ni une religion, ni un milieu social. Nous sommes des hommes et des femmes faisant de notre mieux le temps de notre existence. »
« On écrit pour que quelqu'un entende un autre coeur battre, même seul. »
Fiche #1656
Thème(s) : Littérature française
Cet homme a mené une belle vie, simple, heureuse, honnête, et elle vient de s’achever. Il arrive confiant devant saint Pierre, sa place au paradis, il n’en doute pas, lui est réservée. Mais saint Pierre lui rappelle un petit épisode de son passé pas si anodin que ça, lorsque, âgé de sept ans, il avait osé voler trois caramels mous dans le magasin du village. Et saint Pierre n'apprécie guère et le renvoie sur terre, pour tout recommencer ! Chance ou punition ? Une perle aussi sucrée et délicieuse que les caramels mous dans la collection « Petite Poche », de courts textes non illustrés à partir de sept ans.
Fiche #1653
Thème(s) : Jeunesse
Dans une vallée tranquille, la population vit heureuse, paisiblement. Et puis, un jour, le terrible Effaceur s’installe. Il impose sa loi avec sa gomme comme arme terrifiante. Les habitants sont terrorisés, se cachent, se taisent. Plus de rires, plus de joies, plus de couleurs, plus de vie donc. Jusqu’à ce qu’une petite fille sache affronter l’Effaceur et ramener vie et couleurs dans la vallée. Un joli texte poétique et bourré d’espoir (collection « Petite Poche », de courts textes non illustrés à partir de sept ans).
Fiche #1654
Thème(s) : Jeunesse
Deux couples prennent le chemin des vacances, personnages emblématiques de la classe moyenne de notre société, « le camp des modernes ». Deux appartements mitoyens vont accueillir les Bourdon et les Laforêt, tous ravis de pouvoir prendre un peu de bon temps avec leurs enfants. Mais le temps libre est aussi propice à la réflexion, à l'analyse et parfois à faire apparaître au grand jour les failles et frustrations tues depuis de longues années comme les envies (ou fantasme?) furieuses de changement. Un premier roman qui aborde parfois cruellement, mais toujours avec le sourire voire ironie, les dérives de notre société et qui, à travers le quotidien de deux couples ordinaires, parle du monde du travail, des relations de couple et d'amour ou de désamour, de l'argent et du matérialisme, de l'apparence et de la consommation, mais aussi de l'ennui. Un portrait aussi grinçant que drôle et vif !
Premier roman
Fiche #1655
Thème(s) : Littérature française
Déjà dans le train, Bedrich observe les arbres. Arrivé à Terezin (République Tchèque) en 1941 avec sa femme et son fils, il repère immédiatement sur la place les deux ormes, puissants, enracinés, immobiles et inamovibles. Eux, encadrés par des militaires, partent s'installer dans la ville-ghetto. Les familles sont séparées, chacun part dans son dortoir, observe ses comparses en silence et découvre la tâche qui lui est allouée. Bedrich intègre le bureau des dessins. Le crayon permet de s'évader mais est aussi l'objet de toutes les tentations. Or, déjà en 1941, un crayon est une arme et peut témoigner de l'horreur du quotidien, et les totalitaires et autres obscurantistes n'ont jamais apprécié... Quel trait suivra le crayon de Bedrich ? Antoine Choplin nous offre encore un court roman où chaque mot est pesé, qui nous parle d'humain, de vie et de mort, de résistance et sait toujours aussi bien opposé la forme traduisant une douceur même fragile et le fond d'une violence affirmée.
Ecouter la lecture de la première page de "Une forêt d'arbres creux"Fiche #1652
Thème(s) : Littérature française
Etienne est photographe de guerre, un homme parmi d'autres. C'est lui et c'est nous. Et Jeanne Benameur a le don de placer dès les trois premières lignes le lecteur aux côtés d'Etienne. Immédiatement, les liens se tissent avec Etienne qui a toujours été au plus près du feu, du danger et cette fois, il s'est retrouvé prisonnier. Otage. Longtemps. Alors lorsqu'il est libéré, le gouffre de la vie l'étourdit et il part naturellement retrouver les lieux de son enfance, petit village sauvage perdu au milieu d'une campagne boisée, « Ouvrir les paupières. Retrouver le jour. Comme tout le monde ». Renouer avec l'image du passé dont il se souvient, sa mère et les deux petits égarés qu'elle avait accueillis, Enzo le taiseux, Jofranka la petite devenue avocate au tribunal de La Haye. Il estime alors que sa reconstruction passe par son enfance, mais ne risque-t-il pas de découvrir que l'on demeure aussi otage de notre enfance ? Jeanne Benameur réussit parfaitement à toucher tout autant l'intime que l'universel. Elle expose Etienne et en même temps elle nous incite à la réflexion, à l'interrogation et à l'introspection. Comme dans tout bon film, les personnages secondaires prennent une place importante et contribuent à renforcer la densité évidente au texte. Elle nous parle de prison, de captivité, de confinement, de peur, de silence et évidemment de liberté. Nous avons tous une partie de nous prise en otage, laquelle ? Qui est l'oppresseur ? Pourquoi et comment l'acceptons-nous ? Elle décrypte tranquillement la complexité de l'Homme, et sans aucune description, fait ressentir l'extrême violence de la guerre, de l'enfermement. Et pour cela elle joue avec les mots, la ponctuation, délivre les flots tendus de pensée d'Etienne, maîtrise le rythme et emmène le lecteur sur le chemin de l'espérance.
« Parce qu'elle est bien là, la différence entre corps et chair. Les corps peuvent bien retourner à la liberté. La chair, elle, qui la délivre ? Il n'y a que la parole pour ça. »
« Oh Etienne non l'enfance et le monde ne se rejoignent pas. Et personne n'y peut rien. On peut juste faire en sorte que vivre soit encore possible. Malgré tout. Avec les mots. C'est pauvre, les mots. Mais c'est tout ce qu'on a. »
Fiche #1651
Thème(s) : Littérature française
Freedom Oliver, joli nom évocateur au parfum poétique et pourtant, dès l'ouverture, la dame vous refroidit : « Je m'appelle Freedom Oliver et j'ai tué ma fille. C'est surréaliste, et je ne sais pas ce qui me fait le plus l'effet d'un rêve : sa mort ou son existence. Je suis coupable des deux. ». Le ton est donné et le personnage s'impose immédiatement. Freedom fut accusée du meurtre de son mari et passa quelques moments en prison. Elle fut alors séparée de ses deux enfants rapidement adoptés par une famille de religieux au-dessus de tout soupçon, famille idéale, dans la droiture, la voilà rassurée… Le coupable en prison, innocentée et protégée par le FBI, elle se terra dans l'Oregon sans jamais révéler sa véritable histoire, même si le sympathique, attentionné mais bourru flic Mattley flairait bien quelques secrets inavoués. Néanmoins, lorsqu'elle apprend quasiment simultanément la sortie de prison de l'accusé et la disparition de sa fille, Freedom ne peut rester insensible et passive. La louve est lâchée et rien, vraiment rien, ne pourra la stopper. Une palette de personnages et de caractères exceptionnels, de la tension, du suspens, de la folie, un ton et une construction singuliers, une vraie réussite!
Premier roman
Fiche #1650
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction :
Claire-Marie Clevy
James Lavery a 17 ans. Neuf ans auparavant, son père, Conn, est mort. Pour l'Irlande, bien sûr. En héros, évidemment. Sa mère a alors plongé dans l'alcool et s'est rapprochée de Sully, un gars hâbleur et pas trop fiable. Le jeune homme a dû tenter de se construire écrasé par la présence posthume du héros alors que c'est son père qui lui manque, le poids de l'Irlande, la mort et la violence omniprésentes. Il est si facile de suivre le même chemin. Pourtant, courageusement, à partir de ses rêves qu'il nous fait partager, James saura adopter un autre itinéraire, découvrir en Conn un père, puis l'apaisement, et éteindre la culpabilité, la colère et la violence qui l'animaient en éloignant ainsi la mort de son quotidien. Un superbe et émouvant roman d'initiation avec cette ambiance si singulière qu'apportent l'Irlande et son histoire.
Premier roman
« J'aime L'Irlande. J'aime ses ciels bas et étroits. J'aime sa silhouette fragile sur les cartes. Je suis sur le point de mourir pour l'Irlande. Je vais devenir immortel. Je vivrai dans les paroles des chansons que chantent les anciens… Mon sang sera une rivière où d'autres patriotes se baigneront, ils puiseront leur force dans ma bravoure. »
Fiche #1647
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Richard Bégault
La science avance, avance, et rien ne peut l'arrêter. Le possible s'étend expérience après expérience. Hubert Haddad envisage dans « Corps désirable » une nouvelle étape, la transplantation d'une tête humaine sur le corps d'un autre homme. On y viendra, sans aucun doute. Cédric après un accident devient le cobaye idéal. L'opération est une réussite, l'aspect purement médical est résolu, le corps et les organes sont réunis, vivent, la vie triomphe et la médecine aussi. Mais qu'en est-il de la pensée, de la psychologie ? Cédric pourra-t-il accepter ce corps sans questionnement ? D'où vient-il ? Quel est son vécu ? Quelle est son influence ? Pourra-t-il encore aimer et être aimé ? Hubert Haddad dans un roman troublant à suspens aborde une longue série de questions essentielles, le progrès, la science, la médecine, l'identité, l'amour, la vie, la mort.
« Un être humain qui veut se perfectionner doit toujours rester lucide et serein, sans donner l'occasion à une passion ou à un désir momentané de troubler sa quiétude et je ne pense pas que la poursuite du savoir constitue une exception à cette règle. »
Fiche #1648
Thème(s) : Littérature française
Nouvelle consultation des comptes-rendus de lecture
Les comptes-rendus de lecture de l'année précédente (2014-2015)
Les comptes-rendus de lecture de l'année suivante (2016-2017)
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