« Parce que nous sommes juste des choses qui roulent dans une pente et qui tôt ou tard s’arrêteront. »
Alessio Forgione
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« Douze palais de mémoire » relate la fuite d’un père et de sa fille de six ans (qui a conservé toute sa naïveté et son innocence) en alternant les voix, les visions, les sentiments. Ils fuient par la mer leur pays écrasé par un régime communiste autoritaire en espérant rejoindre les Etats-Unis. Le père est un homme cultivé, ingénieur qui a participé à la construction de missiles. Sa femme est décédée brutalement et un sentiment de culpabilité continue de l’habiter. Avec émotion et tendresse, on suit le voyage périlleux (la mer et ses occupants peuvent être aussi merveilleux et éblouissants que dangereux) de ces deux exilés et de leur mémoire, un voyage salvateur vers une autre terre pour tenter de tout recommencer.
Ecouter la lecture de la première page de "Douze palais de mémoire"Fiche #2710
Thème(s) : Littérature française
C’est l’année du bac pour Soledad. Une fois cette formalité accomplie, un été d’enfer l’attend : départ pour des vacances en toute liberté avec copines et copains. Mais patatras, quelques jours avant, tout s’écroule. Ses parents se séparent, sa mère part en Sicile avec son nouveau compagnon et son père déprime. Résultat : direction les Pyrénées pour un séjour avec sa grand-mère, « ces trois semaines s’annoncent grises et maussades » ! L’enfer et l’ennui annoncés ! Pas de wifi, pas de télé, la campagne, coincée… Sa grand-mère prend soin d’elle, fait tout pour qu’elle ne s’ennuie pas, la confie à Doméné et son van un herboriste accompli. C’est avec lui qu’elle découvre sa cabane saccagée et un couteau ensanglanté : la peur pointe son nez… Des évènements étranges voire violents s’enchaînent mais sa grand-mère la rassure, elles seront toujours protégées par le chêne Albert qui veille depuis qu’elle et feu le grand-père l’ont planté… Un été qui va donc s’avérer beaucoup plus mouvementé que prévu… Une aventure qui mêle avec réussite le réalisme et l’imaginaire des contes
Ecouter la lecture de la première page de "Un été avec Albert"Fiche #2711
Thème(s) : Jeunesse
Il sera bientôt père lorsque son propre père parti comme chaque matin sur son bateau de pêche meurt en mer. Pour retrouver son père, il choisit alors de raconter son histoire ou l’histoire de Ar c’hwil, personnage à part entière, son bateau, un coquiller blanc et bleu. Histoire d’un bateau, histoire d’un marin pêcheur, histoire d’un métier mais aussi histoire d’une famille bretonne, des départs, des retours, des absences, beaucoup d’amour, de vie, de joies et de peines... Un métier âpre et dangereux qui, crise après crise, garde néanmoins son attrait, des héros au quotidien : attirance pour la mer, la liberté, les grands espaces, pour une communauté fraternelle qui sait se serrer les coudes et s’entraider et ce marin là le prouvera, sans vantardise, secrètement, juste pour rester cohérent avec ce qu’il est. Son fils le découvrira au fil de son enquête. Un bel hommage à la mer, aux marins et à la Bretagne étoffé par une émouvante relation père-fils, Grégory Nicolas confirme son talent de conteur tenant en haleine le lecteur, le reliant immédiatement à ses personnages sans jamais oublier d'ajouter des embruns d'humour.
Ecouter la lecture de la première page de "Les fils du pêcheur"Fiche #2712
Thème(s) : Littérature française
Jim Carlos est un solitaire depuis que sa femme et sa fille l’ont quitté pour la Bretagne. Alors, sa vie avec Lebowski son fidèle Golden Retriever, doux et mou à la fois, semble lui convenir : il est jardinier, observateur, expert en métaphore, plein de bon sens, de philosophie et d’humour, et il en faut quand on est service de la haute société ! Il a en effet été engagé par les Loubet, un couple bien lisse, parfait, dans les apparences, « Tout était presque normal dans cette famille, mais le presque était énorme, et même flippant. » : elle est prof d’économie dans le supérieur, il est rédacteur en chef à la télévision, accompagnés de leur fille, petite peste qui a la phobie des chiens. Ces gens savent lui faire sentir où est sa place avec humanité bien sûr, chez ces gens-là… Mais la façade se fissure peu à peu… Jim apprend qu’ils ont eu une fille aînée dont personne ne parle… Puis Lebowski déterre un os qui après vérification s’avère être un os humain… Ces nouvelles expliqueraient-elles la disparition inquiétante de Jim qui intrigué s’était lancé dans une enquête sur les traces de cette fille cachée et de ce mystérieux os… Heureusement, il a laissé deux cahiers pour nous faire partager ses derniers jours avec les Loubet ! Un récit très chabrolien, thriller drôle et ironique, étude de classe, tout y est même la douceur et la nonchalance des Golden !
Ecouter la lecture de la première page de "L'os de Lebowski"Fiche #2707
Thème(s) : Littérature française
En pleine pandémie, une auteure vit un confinement singulier, elle est partie soigner son dos en Inde dans un centre ayurvédique, soigner son dos, se nettoyer, voire retrouver l’inspiration. Elle se retrouve entourée de femmes indiennes pour les soins et accompagnée d’une cohorte de gens cosmopolite. Un bonheur pour celle qui adore écouter les autres, les faire parler, observer les comportements, regarder les visages. Et naturellement, en phase de confinement, une écrivaine trouve dans la littérature, les auteurs et les textes des sujets de réflexion. La pandémie s’étendant, le centre se ferme progressivement, la menace s’accroît, l’atmosphère se tend. Un obstacle peut-être nécessaire, une étape obligatoire, pour que l’auteure se convainc que l’inspiration est toujours là. Et nous, cet obstacle, comment allons-nous le surmonter, Ganesh attend !
« Ce n’est que dans l’échec, dans la grandeur de la catastrophe que l’on peut en venir à connaître quelqu’un. »
Fiche #2708
Thème(s) : Littérature étrangère
1928. Jeux olympiques d’Amsterdam. L’épreuve reine, le marathon, sous un temps de chien, les favoris paradent avant le départ devant les journalistes, les Américains, les Anglais, Les Finlandais, les Japonais nouveaux venus… Personne ne prête attention au dernier petit et modeste Français qu’on nomme d’ailleurs par son prénom, El Ouafi. « Marathon » retrace la course exceptionnelle et inattendue de El Ouafi Boughéba, sa remontée vers la tête de la course pour une victoire qui tombera vite dans l’oubli. 2 h 32 minutes 57 secondes pour ce jeune manœuvre des usines Renault de Billancourt totalement abandonné ensuite par la France et les instances sportives, douloureuse facette de l’olympisme… Une BD qui réussit parfaitement à inclure le lecteur dans la course, presque à courir aux côtés de El Ouafi Boughéba et lui rend un vibrant hommage. La France ne compte que trois champions olympiques du marathon dont le dernier, Alain Mimoun, en 1956 rappellera à la France l’existence de El Ouafi Boughéba.
Fiche #2709
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
1968. Brighton. Un trio réuni autour d’un film : Talbot, traducteur et producteur, Elfrida, écrivaine qui a connu son heure de gloire et reste bloquée devant une page blanche, et Anny, jeune actrice américaine qui a rapidement rencontré la notoriété. Monde de paillette, d’apparence ou le moi public et le moi privé sont parfois très éloignés, mais derrière le miroir, chacun reste avec ses secrets et ses failles : homosexualité refoulée, opium ou alcool, vie sexuelle intense, mensonges, chacun vit sur le fil entre sa célébrité et ses tourments. William Boyd avec tendresse, humour et ironie accompagne ce trio (épaulé par une belle palette bien garnie de personnages secondaires) au cœur de leur duplicité et sur les chemins empruntés pour assumer ce qu’ils sont.
« Nous cachons tous notre jeu, non ? Nous sommes des mystères. »
Fiche #2705
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Isabelle Perrin
Sur fond d’une enquête, « Rouges estampes » nous entraîne sur les traces de la Commune, une BD historique réussie avec comme héros principal, Raoul Avoir, artiste graveur, reconverti en commissaire. En pleine occupation de Paris, un meurtrier, inspiré par des estampes japonaises, tue atrocement femmes puis communards. Une enquête comme un journal au jour le jour de la Commune qui rend compte au plus près des évènements de cette épisode historique, propice à de belles rencontres.
Fiche #2706
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
C’est l’histoire d’une femme, l’histoire d’une mère. Mariée à 23 ans, deux ans après elle accouche d’un garçon, et un an et huit mois plus tard, elle se sépare de son mari, du père de son enfant. Elle rejoint alors le camp des mères célibataires et la peur s’installe : peur pour son enfant, peur des autres, peur de ne pas être à la hauteur (arriver à se faire confiance), peur de son départ inéluctable, peur de perdre son amour. Tout assumer : son bébé, son travail, et quand cela deviendra possible sa vie de femme. Ils devront grandir ensemble, elle devra supporter les séparations propres à chaque étape de la vie puis accepter la rupture de cet attachement puissant et se séparer. « Ce qu’il faut d’air pour voler » décortique à partir de photos de famille vingt ans de vie, les relations tendres ou tendues, vingt ans pour voir grandir ce petit homme et le voir s’élancer dans sa propre vie en fissurant une relation fusionnelle, vingt ans avant de pouvoir oser penser à soi après s’être exclusivement consacré à son fils. Un portrait intime et tendre d’une mère, de ses doutes, de son amour pour son fils, et de leur séparation ultime propice à deux renaissances.
« D’une génération à une autre, le passé nous prend en otage. »
« On abime toujours d’autres passés en voulant réparer le sien. »
Fiche #2704
Thème(s) : Littérature française
Sam Zabriski a décidé de s’installer à Saint-Airy, un village dans lequel chaque maison a son histoire. Il a jeté son dévolu sur une maison médiévale à restaurer, une maison particulière, la maison du Disparu. Lui aussi a une histoire, mais personne ne la connaît. Par contre, chacun remarque immédiatement son ambiguïté, personne intersexe, « … je me sens du genre neutre, entre les deux. Parfois l’un, parfois l’autre. », ce ne sera ni il ni elle mais iel et cela bousculera les conventions de la langue. Alors évidemment, chacun a son avis, son jugement, ses interrogations, ses peurs, « Une blague, c’est rassurant pour contrer l’inenvisageable, l’impensable. »… Pourquoi est-il venu ici ? Que cache-t-il ? Qu’a-t-il réellement entre les jambes ? Un village pur, si propre… Enfin ce n’est peut-être qu’une apparence et derrière les volets fermés se cachent parfois des trafics inattendus… Malgré des épisodes violents, des jugements acerbes, Sam s’impliquera dans la commune jusqu’à découvrir ce que trament certains… Et même lorsque la différence semble accepter, ce n’est souvent qu’une façade, le moment venu, le bouc émissaire est vite et dangereusement élu… Un roman ample, multi-thèmes, loin de la neutralité de son héros, parfois thriller, parfois sociétal, parfois psychologique, parfois même comédie mais toujours passionnant et singulier.
« C’est bien beau, l’honnête vie de labeur, mais cela ne fait plus rêver personne. »
« Vouloir transformer quelqu’un en ce qu’on voudrait qu’il soit, ce n’est pas de l’amour. »
Fiche #2703
Thème(s) : Littérature française
Voilà une nouvelle version singulière et drôle du petit chaperon rouge qui joue avec les mots, avec le loup, avec le petit chaperon rouge, avec mère-grand et avec le petit lecteur !
Fiche #2702
Thème(s) : Jeunesse
L'oncle Angelo est heureux de retrouver son petit neveu et c'est partagé ! Il arrive par le train et chacun reprend ses habitudes, les histoires, le vélo... Et puis un jour, le gamin pousse un peu plus loin que d'habitude, continue la route et n'est au bout de ses surprises ! Deux découvertes qui vont certainement changer sa vie d'enfant et peut-être d'homme. Un superbe album d'une immense tendresse et douceur renforcées par un dessin exceptionnel rappelant un certain Sempé.
Fiche #2701
Thème(s) : Jeunesse
L’équilibre d’une vie est parfois ébranlé par les mauvaises rencontres ou les préjugés et les personnages de « La fragilité des funambules » tentent tous avec plus ou moins de réussite d’avancer sur le fil de leur vie. Il y a tout d’abord Adriana, une jeune Roumaine qui a quitté traumatisée la Roumanie en laissant son fils Cosmin à ses parents qui s’en occupent avec beaucoup d’amour et d’attention. Elle s’est installée à Bruxelles et s’est éloignée de son passé en devenant nounou de Mathilde, petite fille d’une famille bourgeoise d’expatriés allemands : Nina, la mère, est psy et Stefan, le mari, souvent absent, a le portefeuille bien garni. Adriana a rencontré Gaston avec qui elle partage ses week-ends. Chacun tente de trouver son équilibre, Adriana avec son passé, Nina avec l’alcool et l'insatisfaction de son existence, Stefan enfermé dans sa rigidité, Mathilde qui tente d’attirer l’attention par ses caprices à répétition, seul Gaston semble mieux maîtriser les évènements et capable de réagir rapidement face aux évènements. Adriana garde constamment en elle une colère qui la rend dure avec les autres comme avec elle-même. C’est dans cet univers qu’arrive Cosmin contraint de quitter ses grands-parents. Il se fait une fête de découvrir Bruxelles et ses Diables Rouges, de retrouver sa mère à qui il rappelle un passé douloureux. Mais quand un évènement singulier se produit, les préjugés ont la peau dure… et l’équilibre va vite devenir instable pour chacun des personnages et leur vie tanguer dangereusement. Verena Hanf donne la parole à chaque personnage et nous permet de faire connaissance avec chacun d'eux, d'installer puis de creuser notre relation. Elle réussit grâce à sa finesse, sa justesse et son humanité, à nous faire rentrer dans leur univers, espérer continuer le chemin avec eux et entrevoir un destin positif et serein pour chacun de ses personnages.
Un nouvel opus qui vient brillamment compléter les deux précédents.
« La haine est un moteur puissant. On la sous-estime, pourtant elle a ses qualités. Une bonne haine ciblée tient éveillé et alerte, elle aiguise les sens, protège, avertit, vivifie. »
Fiche #2698
Thème(s) : Littérature étrangère
Un héros en déroute est à la baguette, ou plutôt au crayon : un homme de 50 ans, séparé de sa femme, qui suit une cure de désintoxication même si « au niveau santé, il n’y a pas que l’alcool qui va pas », moment particulier en milieu hospitalier propre à l’observation, mais aussi à l’introspection et au bilan, un bilan qui le mènera sur les traces de son père. Mais l’homme a du répondant ! Il se joue des mots, maltraite les mots, jeux de mots, des images, des sons, maltraite les sons, jeux de sons. Il surprend, il déroute, il interroge, il agace, il oblige à lire à voix haute pour le suivre. Il nous raconte pourquoi il s’est retrouvé là, ses relations avec le monde médical et les psys. L’autodérision règne, le ton est souvent ironique et drôle tant l’homme est lucide parfois désespéré, jamais désespérant : « … si la relation écriture littérature me permet de m’imaginer mort et assez grandiose, la vie, elle, me ramène souvent au fait, qu’en réalité, je suis vivant et assez minable. » Voilà un texte singulier, une période d’apprentissage et le souffle d’Alain Turgeon vous emporte avec ses mots et sa langue (bien pendue) le sourire aux lèvres sur des thèmes pourtant souvent grinçants.
Fiche #2699
Thème(s) : Littérature étrangère
Le petit éléphant a un truc qui le démange dans le dos. Impossible de se gratter. Il va falloir trouver de l'aide... Le crocodile ? trop de dents. L'hippopotame ? Trop violent ? Le paresseux ? Trop lent. Mais qui va donc le sauver ? Des illustrations d'une grande fraicheur et un texte très drôle.
Fiche #2700
Thème(s) : Jeunesse
La campagne de 2022 s’annonce, chaque parti soigne son poulain, et comme les précédentes campagnes, tout est déjà écrit : sécurité, immigration, sécurité, immigration…. Sans vision, sans imagination, sans remise en question, dans la continuité de la politique mise en œuvre depuis 50 ans, les programmes vont être à peu près identiques à ceux de l’élection précédente et le jeu de théâtre va reprendre, chacun à sa place, sans surprise. Alors « Paresse pour tous » est un programme politique ambitieux mais aussi un OVNI littéraire voire politique ! Un grand bol d’air, un courant d’espoir lumineux… Emilien Long, prix Nobel d’économie, publie « Le Droit à la paresse au XXIème siècle », et décide alors de se lancer en politique et de se présenter aux présidentielles de 2022 ! Candidature atypique : aucune expérience en politique, candidature de la société civile (cet homme n’est pas en politique depuis sa première expérience étudiante…), campagne menée depuis Marseille et Sormiou bien loin du microcosme parisien, une équipe disparate, totalement débridée et non formatée et surtout une rupture totale avec la politique menée et soutenue par la gauche et la droite depuis tant d’années. Le cadre théorique économique est précis, étudié mais singulier, réduire à son strict minimum le temps de travail (trois heures par jour), plafonner les salaires et partager : « La paresse, ce n'est ni la flemme, ni la mollesse, ni la dépression. La paresse, c'est autre chose : c'est se construire sa propre vie, son propre rythme, son rapport au temps - ne plus le subir. » Naturellement les habitudes du monde politique et économique sont bouleversées, les élites politiques et médiatiques secouées : cet homme est fou, c'est un clown, « Liberté, égalité, fraternité, paresse », comment peut-on y croire sérieusement ? Une farce ! Que chacun retrouve sa liberté, son humanité, construise librement sa vie, rejette l’esclavage au travail (« Le travail est la meilleure des polices »), quelle utopie ! Mais l’homme est sincère et ses arguments font mouche, alors tranquillement, sereinement, naturellement, il va se faire une place dans cette élection et la peur va gagner peu à peu ses concurrents face à ce candidat improbable, insaisissable, capable de faire une pétanque en pantoufles à treize jours du premier tour sans les caméras des médias pour le spectacle, conservant du temps libre tout au long de la campagne pour vivre et lire « La Hulotte » à ses enfants ! « Une utopie peut-elle devenir réelle ? Une utopie doit-elle devenir réelle ? » Espérons que ces questions ne resteront pas théoriques et que des utopies renaissent des cendres laissées par les politiques menées depuis plusieurs décennies à « gauche » comme à droite… Votez Emilien Long ! Un roman qui vend du rêve et de l’espoir, alors pourquoi s’en priver ?
Post-scriptum : Quand on a adoré un texte, on peut se permettre deux bémols anodins : avoir préféré Arthur H à Trust (et notamment "Bosser huit heures") et oublié l’excellent et incontournable référence à « Alexandre le bienheureux » !
« Ah, la radicalité : elle est compliquée ; elle fait peur, elle semble rude. Elle secoue. Elle est menaçante. Mais elle est nécessaire : c’est ce qu’il faut retenir. Elle sert à casser les dogmes, les scléroses, les certitudes imposées. Elle permet de s’obliger à réfléchir… »
« Qui a décidé un jour que la vie adulte serait grise, contrainte, formelle, sinistre ? »
« Et je pense que dans notre pays, les élections ne sont pas truquées. Elles sont donc un véritable lieu d’expression, dès lors qu’il y a des candidats portant un projet alternatif. »
« Mais tu vois, en fait tout ce qu’on vit depuis des décennies c’est qu’on s’impose des schémas d’impossibilité. »
Fiche #2696
Thème(s) : Littérature française
Joe joue du piano. Partout. Dans les gares, dans les aéroports. Il attend. Il attend qu’elle passe et le reconnaisse enfin. Mais qui est-elle ? Pour le savoir, il faut remonter cinquante ans en arrière, retour en enfance (meurtrie) au moment où il pousse les portes d’un centre d’un orphelinat, « Les Confins » dans les Pyrénées. Il vient en effet de perdre ses parents et sa sœur après un accident d’avion. Joe comprend immédiatement ce qui l’attend : discipline absolue, prières, violences physiques et psychiques, nourriture infâme… Un monde fermé, isolé où tout est permis aux adultes. Et interdit de se plaindre, de tenter de se révolter, de vouloir relever la tête, les sanctions tombent. Malgré tout, les gamins continuent de vivre et dans ce milieu abrupt, gardent leur naïveté et humour. Au coeur de cet enfer, Joe donnera des cours de piano à Rose, la fille modèle du bienfaiteur de l’établissement, rencontre entre le jour et la nuit, mais ils apprendront à se découvrir puis à espérer ensemble. Jean-Baptiste Andrea avec sensibilité revient sur les marques indélébiles que sont l’enfance et le premier amour et implique totalement le lecteur en mobilisant tous ses sens, l’ouïe et le toucher avec la musique et le piano, l’odorat avec les odeurs de ce lieu clos, la vue avec les descriptions de ce que voient ces gamins et le goût avec la nourriture abjecte.
Ecouter la lecture de la première page de "Des diables et des saints"Fiche #2697
Thème(s) : Littérature française
Quand la grenouille est devenue loup ! Une nouvelle version originale et hilarante !
Fiche #2694
Thème(s) : Jeunesse
Momo est de retour ! Quelle joie de le retrouver ! Et en plus, pour les vacances, il est accompagné par Boo et à deux, tout est mieux ! Il va donc falloir retrouver les deux filous sur chaque page.
Fiche #2695
Thème(s) : Jeunesse
Voilà un voyage singulier, raffiné, une visite principalement de villes d’Amérique du Nord. Une promenade tranquille, douce, lente, chaque vision est poétique (comme l’écriture, sublime, « Je me suis noyé dans les délices de l’écriture… », « Ecrire écarte une langue convenue. ») et les descriptions nous rattachent à quelque chose de vécu, à une espérance, à une réflexion sur le passé, le présent ou l’avenir, à une réflexion sur l’écriture. Légèrement mélancolique, voire triste, (« La tristesse est le luxe de ceux qui sont en vie et c’est une pente que je ne peux m’empêcher d’éprouver. »), cette pérégrination nous interroge sur notre rapport au monde, sur notre place, sur notre façon d’être, de vivre. Un voyage poétique au cœur de l’écriture et des grandes villes nord-américaines autant qu’intérieur.
« Les époques s’érodent et nous encouragent à ne pas nous figer. C’est du changement que se nourrit la petite flamme. Elle continue à percer en crochet d’espoir. »
« Trop de gens ne mordent rien du monde. Trop centrés sur eux-mêmes, ils stérilisent leur humus. »
« Ainsi la création s’appuie-t-elle sur le chaos. »
Fiche #2693
Thème(s) : Littérature française
Louise a enfin gagné le gros lot ! Elle a rencontré l’homme idéal, attentionné, tendre, intelligent, à l’écoute. Carlos a changé de métier et quitté l’Espagne pour devenir sage-femme, un signe, l’homme parfait… enfin presque… Deux menus défauts : une manie à toujours fermer les tiroirs et les portes, et une somniloquie quotidienne : des rêves, où Carlos parle en Espagnol avec violence ce qui ne lui ressemble pas. Perturbée, Louise décide de l’enregistrer et demande à sa meilleure amie, Jeanne, de traduire le discours de Carlos. Ô surprise, Carlos parle d’assassinat, de mort, invective ses interlocuteurs, revient sans cesse sur les mêmes lieux, obsession troublante… Quand Louise tente de lui en parler, Carlos se ferme, esquive et disparaît, alors elle décide de partir à Marbella avec Jeanne sur les traces du passé de Carlos. Les deux femmes, nouveau couple amateur de Sherlock et Watson au féminin, ne sont pas au bout de leurs surprises, un voyage périlleux et dangereux pour découvrir un autre Carlos et donc mieux le connaître mais aussi pour permettre à Carlos d’enfin assumer son passé. Toujours un plaisir de retrouver l’humour et le ton juste et léger des faux polars de Pascale Dietrich.
Ecouter la lecture de la première page de "Faut pas rêver"Fiche #2691
Thème(s) : Littérature française
J'ai dix-huit ans, tous les âges à la fois, et j'ai un papa
Serge Safran
139 | 186 pages | 23-05-2021 | 17.9€
en stockAlbertine a vécu son enfance avec sa mère. Enfin, vivre n’est peut-être pas le terme idoine tant son enfance fut douloureuse avec la sorcière, violente, méchante, égoïste, manipulatrice… une enfance faite de souffrances et de manque d’amour. La sorcière ne se préoccupe en effet que de ses amants et de son métier de traductrice de romans à l'eau de rose. Impossible de fuir devant le chantage au suicide alors les histoires qu’Albertine s’invente et écrit forment son seul espace de liberté. A peine majeure, sa mère la met dehors avec trois sacs IKEA et l’adresse de son père duquel elle ne connaît rien. Une rencontre inattendue, et un homme qui lui raconte une autre histoire, un homme qui la soutient, l’aide à apprendre à ne plus avoir peur de la sorcière et l’invite à devenir raconteuse d’histoire, vivre sa vie dans l'imaginaire. Isabelle Minière avec sa justesse, sa sensibilité et son humanité habituelles continue d’explorer nos fragilités en abordant une multitude de thèmes essentiels traversant nos vies, la filiation, la paternité et maternité, les violences physiques et psychologiques sur une enfant ou une ado, les manipulations et mensonges, la construction de son identité…
« Les confidences, ça se mérite. »
« Ou bien on est tous un peu dérangés, dès l’instant qu’on a une mère ? »
Fiche #2692
Thème(s) : Littérature française
Judith PEIGNEN
Ariane DELRIEU
Les sortilèges de Zora Tome 1
Vents d'ouest
138 | 55 pages | 22-05-2021 | 11.95€
en stockC'est l'heure de la rentrée pour Zora. Pour son plus grand malheur, sa grand-mère a décidé qu'elle devait aller cette année au collège et se mêler aux nonsorciers. Elle ne sera pas sorcière, c'est décidé ! Mais Zora n'a pas dit son dernier mot, et la petit sorcière a du caractère et du répondant : s'ennuyer avec les nonsorciers, ça n'est pas une vie !
Fiche #2690
Thème(s) : Jeunesse Bandes dessinées
David CHAUVEL
Patrick PION
Sigrid - Sur cette terre inconnue
Delcourt
137 | 65 pages | 17-05-2021 | 16.5€
en stockSigrid, une jeune viking, a décidé de partir à l'aventure, découvrir un autre monde en l'an 1000, alors elle monte dans son drakkar avec quelques hommes et son oncle Harvard qui s'est invité. Mais l'aventure tourne vite au cauchemar, une mystérieuse maladie mortelle décime l'équipage. En pleine tempête, prêt à mourir, Harvard lui confie qu'il convoyait un bien précieux en toute discrétion... Son drakkar échoué, Sigrid se retrouve isolée, à moitié morte, à Terre-Neuve, protégée par un indien intrépide... Un premier tome alléchant (il y en aura deux), le monde Viking, de l'aventure, du suspense et le dessin est à la hauteur !
Fiche #2689
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Dans un trio amoureux, la manipulation est souvent à l’œuvre, en effet, avec Giorgia, Filippo et Maurio, les sommets sont atteints, la mise en scène parfaite, chaque personnage joue son rôle remarquablement et « L’exercice » frise le thriller psychologique. Giorgia et Filippo vivent à Milan, des métiers sans passion, après quelques renoncements, ils ont délaissé leurs rêves quand Giorgia rejoint la troupe de théâtre de Mauro. Peu de temps après, elle se défenestre espérant voler, reste quelque temps dans le coma, et est diagnostiquée schizophrène paranoïaque. Mauro et Filippo, main dans la main, du moins c’est ce que croit Filippo, se proposent de la ramener à la vie, mais une autre vie, une autre personne, une transformation radicale, une mue totale. Acceptera-t-elle ce nouveau rôle, elle qui aimerait parfois se dissoudre ? Deviendra-t-elle l’actrice de cette nouvelle vie ? Qui la dirigera réellement et mènera le jeu ? Quatre mains ou uniquement deux ? Au cœur des troubles psychiques et de la manipulation, du monde du théâtre et des acteurs, L’exercice dresse le portrait d’un trio qui construit ensemble et dangereusement sa nouvelle « version de la réalité ».
Premier roman
« Les mères… une question difficile. »
« Ce que nous faisons tous n’a rien à voir avec la sincérité. Cela consiste à sélectionner des vérités acceptables. »
Fiche #2688
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Nathalie Bauer
Catherine Mavrikakis nous livre une lettre d’adieu, une lettre d’amour à sa mère. Un journal de deuil, le livre de la séparation. Arrivée au Québec en 1957, sa mère n’oubliera jamais la France, son pays d’origine et jamais elle ne s’intégrera dans son nouveau pays préférant s’isoler. Mariée à un Grec, elle préfèrera rester repliée sur elle-même et sur ses enfants, « Tu n’as jamais cultivé ton jardin ». Catherine Mavrikakis aurait tant aimé partager avec elle, des auteurs, des livres, partager ce qu’elle aimait, respectait… Mais sa mère était exclusive, accaparante, parfois cruelle et méchante, aucune autre nécessité, aucun autre besoin qu’elle et ses enfants. Elle aurait tant aimé garder sa fille auprès d’elle, ce qui leur interdira toute conversation tournée vers l’intime. Malgré le voile que crée la mort, l’auteure n’oublie pas le caractère de sa mère, elle reste lucide même si l’amour est également présent. Un texte qui marque certainement un tournant dans la vie de Catherine Mavrikakis qui a évité malgré la douleur des souvenirs du passé et de la mort de sa mère un règlement compte brutal et préféré une sorte d’aide au deuil, quelques indications pour apprendre à continuer de cultiver son jardin, à observer les mauvaises herbes comme les autres, à prendre soin des graines du passé comme de celles à venir…
Ecouter la lecture de la première page de "L'absence de tous bouquets"Fiche #2687
Thème(s) : Littérature étrangère
Jim est un retraité paisible, solitaire, et serait retiré du monde s’il n’était pas chauffeur Uber. Mais sa tranquillité va être bouleversée lorsqu’une nouvelle voisine Corina s’installe dans l’appartement voisin avec son jeune fils. En effet, à peine installée, elle frappe à la porte en pleurs, son mari, Grolsch, engagé dans les forces spéciales en Afghanistan, a vidé leur compte. Etrangement, Jim, le petit retraité transparent, le chauffeur Uber payé à la course, lui donne 1000 dollars en liquide sans s’inquiéter du remboursement et lui promet de veiller sur elle. Grolsch est un tueur, un tueur au service de l’état américain, dans les vallées afghanes. Avec son coéquipier, ils doivent assassiner des cibles désignées. Or, il vient de changer de coéquipier et lie connaissance avec Kyle, un jeune militaire ambitieux qui cache son homosexualité à sa hiérarchie comme à ses collègues et s’est même marié à une copine de lycée pour mieux brouiller les pistes et est devenu en même temps père. Après une mission ratée qu’ils ont tenté de cacher en mentant à leur capitaine, les deux reviennent dans leur foyer, retrouvent femmes et enfants. Reste maintenant à maître Levison à déplacer tranquillement les pièces du puzzle pour qu'elles trouvent leur place ! Iain Levison continue de dresser habilement et brillamment avec son œil critique et précis et son humour, le portrait de l’Amérique et de ses travers (ici l’engagement militaire hors sol, l’homosexualité, Uber…) avec des romans frisant le polar et des personnages modestes percutés par l’Histoire, et quand la fin inattendue renverse la morale, c’est du bonheur !
Ecouter la lecture de la première page de "Un voisin trop discret"Fiche #2686
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Fanchita Gonzalez-Batlle
Cinquante ans de vies en Amérique, de 1970 à nos jours, une chronique de la famille Sorensen. Marylin et David, les parents, s’aiment comme au premier jour, un amour et un désir intacts, un bonheur partagé. Un bonheur parfois handicapant pour leurs quatre filles (« … sont tellement heureux qu’ils me donnent envie de me mettre la tête dans le four. »). Comment ces quatre là vont-elles trouver leur place : Wendy, « pyromane de sa vie », reine des addictions, Violet, celle qui paraît parfaite mais dont le secret – partagé avec Wendy – réapparaîtra des années plus tard, Liza prof à l’université et la petite dernière, Grace souvent dans la difficulté mais adepte du mensonge, « Quand on était la benjamine, c’était les aînées qui plaçaient la barre ». « Tout le bonheur du monde » relate donc la saga des Sorensen, le couple parental central, l’adolescence de leurs filles, leur passage à l’âge adulte, les rivalités, soutiens, disputes, jalousie, entraides, rires et pleurs mais toujours l’amour… Le secret de Violet prendra la forme de Jonah, un adolescent de quinze ans, qui bousculera l’équilibre familial et permettra de suivre les réactions de David et de ses femmes. Drôle, émouvant, vif, rythmé, une vraie saga entre passé et présent à découvrir en attendant son adaptation cinématographique.
Premier roman
Fiche #2685
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Laetitia Devaux
Ils sont venus témoigner un à un, subir un interrogatoire, parler de l’Ours, donner leurs impressions parfois leur jugement. Il vient d'être arrêté, c’était un gamin différent, sans père, alors, c’est la tradition dans la vallée, on l’a surnommé l’Ours. Ce surnom lui allait comme un gant, tant il était grand, trapu, costaud, silencieux, grognant parfois. Souffre douleur de la cour d’école, il suscitait autant l’attirance que la répulsion dans cette vallée où certains se retirent, sans se cacher, juste à la marge, vivant de pas grand-chose, continuant d’être surnommés les hippies, pour oublier leur passé, leurs origines dans cette terre vierge, peut-être « terre d’expérimentation » d’une autre société, d’autres relations humaines et avec la terre. L’antre de l’Ours était encore plus isolé, au fin fond de cette vallée, sur les hauteurs, là où personne ne passe. Il y vivait avec Mariette, sa mère, une louve protectrice, dévouée et aimante. L’Ours, sorte d'enfant sauvage, passait beaucoup de temps dans la nature, éprouvant son don de soigner et celui mystérieux de détecter le mal chez ces animaux, et alors il devenait agneau, doux et protecteur. Son repaire était une grotte partagée avec les fées observant les déviances des hommes et protégeant les enfants. La cohabitation avec le village et les autres habitants de la vallée suivait son cours, « mais les brav’s gens n'aiment pas que l'on suive une autre route qu'eux », alors le jour où un évènement singulier se produit, les véritables sentiments, peurs et haines jaillissent et lorsque l’Ours sera découvert avec une petite fille inconnue, venue de nulle part (l’Ours est-il le père ? L’a-t-il enlevée ? Mariette serait-elle la mère ?...) vivant dans la grotte de l’Ours et des fées, la bonne société se doit d'agir, sa mère et lui l’éprouveront violemment et douloureusement. Ce texte sous forme d’une suite de témoignages entrecoupés de poèmes féeriques implique nécessairement le lecteur qui se crispe page à page sentant aux travers des témoignages le mécanisme froid et inhumain de la machine à exclure et à juger ceux qui sont pas dans la norme. Il tremblera jusqu'à la fin redoutant la catastrophe finale. Violaine Bérot complète brillamment sa description précise et directe de la violence des relations humaines par un opus ou conte aussi beau que brutal.
Ecouter la lecture de la première page de "Comme des bêtes"Fiche #2683
Thème(s) : Littérature française
C’est l’histoire d’un homme, vous, moi, un homme qui, pour une raison inconnue, change de chemin, quitte le convenu, l'attendu, abandonne la routine. Un matin, au lieu de tourner à droite pour rejoindre son lieu de travail, il part à gauche, définitivement à gauche. Et immédiatement, dès le bout de la rue, il découvre l’inconnu, de nouveaux lieux, de nouvelles personnes, de nouveaux objets, un autre regard sur la vie. Avec des rebonds à la Devos, les rencontres stupéfiantes et les situations inattendues s’enchaînent, un inventaire à la Prévert, les chiens se mettent à miauler, les fleuristes à vendre des lunettes, les ânes chantent la Marseillaise, les chiens guides perdent la vue... C’est imprévisible, surprenant, loufoque, absurde, fantaisiste et donc évidemment souvent très drôle.
Ecouter la lecture de la première page de "Le contraire de d'habitude"Fiche #2684
Thème(s) : Littérature française
Soizic a été abandonnée par sa mère chez ses grands-parents à la campagne, Jacqueline et Jean-Claude, un couple bancal, déjanté, organisé autour de l’alcool et du tabac, une famille qui partage l’alcool et ses ravages ceinte de secrets et de non-dits, « terrain propice aux dérapages » (« L’alcoolique détruit tout, il joue aux quilles avec la foule, il casse ses jouets. »). Le mal-être de Soizic naît ici, marquée à jamais, alors elle décide de fuir, de partir pour Paris, espérer vivre, construire une version de sa vie, avec comme seul bagage le nom d’un cousin bouquiniste. Installée dans un hôtel miteux, Soizic prend ses marques dans la débrouille sans gommer son mal-être avant de rejoindre les bouquinistes sur les quais. Vraie rencontre avec Paris et les Parisiens, beauté, laideur, douceur, violence, richesse, pauvreté, bonheur, tristesse, le spectacle permanent des contrastes. Découverte au milieu des livres et des auteurs d’un métier compliqué et multiple dont les difficultés sont peut-être édulcorées par la liberté qu’il procure, un métier où il faut faire sa demande comme pour un mariage, une découverte des quais, « c’est addictif, un refuge pour ceux qui errent dans les rues, qui ne savent pas quoi faire d’eux-mêmes… une maison sans portes, pour les clients, les bouquinistes et leurs amis. ». Portrait émouvant et attachant d’une jeune femme, ne se sentant jamais à sa place, sur le chemin de la vie, de la liberté, qui passera par un métier âpre et singulier au coeur de la littérature et d’une ville tout en contraste.
Premier roman
« A Paris, dans la grande ville, être seule, c’est pas pareil qu’ailleurs… C’est un manque des autres quand ils sont partout. Ce n’est plus comme être seule à la campagne, là où il n’y a personne dans qui se regarder. »
Fiche #2679
Thème(s) : Littérature française
La surface du lac semble calme et apaisée comme le quotidien d’une famille aisée installée dans une maison au bord du lac. Bérangère, 55 ans, est mariée à François, ils ont eu trois enfants, et un passé colonial dont le jardinier, un vieil Algérien, reste le témoin. Rythmé par les nages de Bérangère dans le lac, un monde lisse mais seulement au premier abord, en surface, car une violence sourde bout derrière les silences et les soupirs. Et cette fois, la dernière conquête extraconjugale de François est particulière puisqu’elle va rencontrer Bérangère : elles vont faire connaissance, s’apprivoiser, créer progressivement un lien singulier et inattendu pour finalement s’unir face à un ennemi commun et partagé, machisme et violence masculine, en attendant de pouvoir s’en libérer.
Ecouter la lecture de la première page de "Les risées du lac"Fiche #2680
Thème(s) : Littérature française
Le narrateur connaît Jacob, ses origines, son destin, sa vie, sa mort prématurée. Il choisit de nous conter son histoire en lui adressant une longue lettre, en le tutoyant rapidement, « un tutoiement de tendresse ». Jacob est né dans une famille yéniche, a priori des voyageurs. Mais celle-ci a choisi d’installer sa roulotte en Auvergne et de vivre de la vente de ses paniers, première rupture. Jacob est beau, très beau et est repéré par un jeune rentier qui décide de l’extraire de son monde, de le façonner dans un nouvel environnement, changement d’identité, mutation absolue. Mais peut-on briser ou seulement ignorer les frontières prononcées entre deux mondes si différents ? Peut-on espérer passer d’un monde à l’autre et un retour en arrière sera-t-il possible ? L'exclusion de l'autre n'est-elle pas le seul point commun de ces deux mondes ?
Ecouter la lecture de la première page de "Jacob"Fiche #2681
Thème(s) : Littérature française
Ils vivent l'un à côté de l'autre, pas vraiment ensemble, mais un peu quand même. Une mère et son fils, toujours attentifs l'un à l'autre. Chaque soir, un rituel, la mère, avant de diner, passe chez lui et sort les chiens. Mais à chaque fois, les chiens sont différents, des noms différents, des races différentes... Le fils ne s'en inquiète pas, bien au contraire. En effet, c'est plutôt le jour où sa mère stoppe sans explication ses sorties, qu'il commence de s'interroger et que la peur le gagne. Il n'ose questionner sa mère et ses interrogations impactent ses dessins. Comment pourra-t-il continuer de protéger sa mère et l'aider à reprendre ses promenades avec ses chiens singuliers ? Un plaisir de retrouver la sensibilité et l'humanité d'Isabelle Minière et ses personnages.
Ecouter la lecture de la première page de "Sortir les chiens"Fiche #2682
Thème(s) : Littérature française
Le calme règne à Mandeville, petite ville québécoise, entre la chasse et les tournées au café, pas grand-chose ne se passe, « Les paysages sont reposants. Les gens, pas trop compliqués. ». Trop calme ? Les vacanciers délaissent la région et les commerçants commencent de se plaindre de voir les clients s’évaporer et les chiffres d’affaire chuter. Le problème est évoqué avec le garagiste lors d’un conseil municipal houleux quelques jours avant la découverte du corps d’un voleur de plants de cannabis. Immédiatement Mandeville fait la une de l’actualité, « Parlez-en bien, parlez-en mal, mais parlez-en. », les projecteurs se tournent vers elle, et les journalistes (même TF1 en parlera, c’est dire !) et les premiers touristes arrivent. Alors pourquoi ne pas amplifier le phénomène, jouer la carte du tourisme du crime et tuer quelques personnes qui le méritaient bien ? Un justicier, sans trop se forcer, « Le goût de tuer est en nous », défenseur de Mandeville (qui va être rebaptisée Meurtreville) est né ! Il enchaîne les meurtres jusqu’à se faire doubler par un concurrent, un traître ! Un court polar original, drôle et gentiment immoral. On avait connu avec « Sonate de l’assassin » un pianiste qui tuait pour atteindre le sublime, voici maintenant un village qui tue pour survivre !
Ecouter la lecture de la première page de "Bienvenue à Meurtreville"Fiche #2677
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Ophélie, 35 ans, est cancérologue et reprend le travail après la naissance de son troisième enfant. Elle attendait ce moment, donner la vie, donner de soi, se partager, prolongement d’elle-même, une naissance pour une renaissance. Mais le quotidien peut aussi peser, noircir le tableau idyllique de la maternité et de la naissance. Elle veut être parfaite, épouse parfaite, belle fille parfaite, mère parfaite, médecin parfaite. Attentive à ses enfants qu’elle a désirés, soucieuse de leur présent et de leur avenir. La course effrénée reprend, les biberons, changer les enfants, préparer à manger, travailler, soigner ses patients, espérer accéder à un nouveau poste… course sans fin, aveuglément, seule, sans jamais trouver quelqu’un à qui se confier, se sentir toujours au service de, sans pouvoir prendre de distance, de liberté… jusqu’à ce que l’épuisement la gagne et commence à produire ses premiers effets pour ne plus se reconnaître, sortir de sa vie. Un texte incisif, percutant, portait douloureux d’une femme, de la vie d’une femme, des souffrances d’une mère. Un livre à partager en couple pour peut-être ouvrir un dialogue fondateur et salvateur.
Premier roman
Fiche #2678
Thème(s) : Littérature française
Ralph est mort, assassiné par des pirates au large du Nigeria. Il était jeune et parcourait le monde à la recherche de l’or noir. Alors la femme qui l’a aimé décide de partir sur ses traces pour le retrouver, le trouver, le rencontrer à nouveau : grand écart entre l’Islande, Ralph dévorant les sagas islandaises du Moyen Âge, et l’Afrique, lieu où Ralph vivait ses aventures, exploitant les richesses d’une autre terre. Aventurier lucide, virant parfois au mercenaire, il connaissait les dangers de son engagement comme l’exploitation outrancière de l’Afrique par l’Occident. Elle les vivra également épaulée par un nganga (guérisseur), découvrira les croyances nordiques ou africaines comme les mythes et légendes, les modes de pensée, notre dépendance absolue au pétrole et la fascination totale de Ralph pour ce liquide visqueux, notre refus de reconnaître notre impact sur l’Afrique et la planète continuant de « fermer les yeux sur les conséquences redoutées », refusant toute évolution remarquable. Récit d’un voyage initiatique qui aimante le lecteur notamment par la variation du style, permettant de vivre le deuil d’une histoire d’amour, un vibrant hommage amoureux à Ralph, l’homme englouti par l’or noir et l’aventure.
Premier roman
Fiche #2675
Thème(s) : Littérature française
Voilà un album qui nous présente une narratrice bien singulière... Elle ne se trouve pas belle, timide, jamais à sa place, en effet, il s'agit d'une tache. Patience, patience, il lui faudra attendre une rencontre, La rencontre avec celui qui la mettra en valeur, lui démontrera sa beauté et ce qu'elle peut apporter aux autres pour briser ce sentiment et cette solitude.
Fiche #2676
Thème(s) : Jeunesse
Franck, vingt-et-un ans, est né du côté des chantiers navals de Saint-Nazaire, le Saint-Nazaire industriel. Il a vu son père trimé sans relâche, lever le coude souvent, trop souvent, partagé la tristesse de cette vie qu’il estime monotone et sans intérêt, en tous cas qu’il ne souhaite pas reproduire. Alors l’espoir de devenir footballeur pro lui maintient la tête hors de l’eau et lui permet d’espérer de changer de rive. Il a déjà pu accéder avec ses deux compères Yann et Clément à un autre monde où l’argent coule à flots et le reste aussi… Alors Franck ne peut patienter, et trouve moyen, temporairement pense-t-il, de satisfaire ses nouveaux besoins par de l’argent facile. Mais changer de rive n’est pas donné à tout le monde et le roman s’ouvre avec le suicide de Franck, une chute vertigineuse et mortelle depuis le pont monumental de Saint-Nazaire. Sa sœur, Julia, brillante avocate qui avait quitté la région et sa famille de longue date, revient pour son enterrement et retrouve un ancien ami de lycée en charge de l’enquête. Une intrigue bien menée et construite mais si vous souhaitez découvrir Emmanuel Grand, n’oubliez pas ses trois excellents précédents romans.
« ... la vérité n'est pas un objet solide que l'on peut saisir entre ses mains et mesurer avec précision. C'est un concept mou, malléable, protéiforme. »
Fiche #2673
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir
Parias alterne les récits d’un père et de son fils, deux êtres perdus dans leur douleur, séparés à jamais après un drame. Le père est en prison et s’adresse à sa femme vénérée, aimée, toujours, encore. Ils étaient issus de milieux différents, lui le nomade, elle la fille de la ville. Il était prêt à tout pour elle, alors il tournera le dos à ses origines, renoncera au sable, à la vie d’errance, à son cheptel familial et la rejoindra, inoubliables moments de bonheur partagé. Après le drame, le fils partira rencontrer les dunes mais reviendra rapidement, même pour une vie pauvre et compliquée, sur les lieux de l’enfance, sans vraiment comprendre les évènements et désespéré de ne pouvoir recréer des liens avec son père et sa petite sœur. Un récit sensible et poétique qui, au travers d’un drame intime et des mots d’un père et d’un fils que personne n’entend et qui se perdent dans le désert, dépeint le face à face entre le monde moderne invasif et oppressant et le monde traditionnel des Bédouins.
« ... c'est la dure loi de la vie, l'impitoyable logique des rapports de force, celle que connaissent bien les animaux et les enfants, et que les grandes personnes feignent d'ignorer. »
Fiche #2674
Thème(s) : Littérature étrangère
Dans cette belle collection, un nouvel imagier sur le thème de la météo avec d'exceptionnelles photos (réelles) d'animaux.
Fiche #2672
Thème(s) : Jeunesse
Entre les années 40 et aujourd’hui, dans Les danseurs de l’aube, deux couples de danseurs se répondent, se font face, dialoguent autour de leur art mais aussi des évènements de chaque période, deux histoires intimes qui s’entremêlent au cœur de l’Histoire. La danse n’est pas anodine, le flamenco et la musique qui l’accompagne : une danse qui bouscule, une danse de liberté qui « brise les chaînes », une danse pour exprimer l’amour, la passion, la grâce, une danse violente, faite aussi de colère, virevoltante, où les corps se déchirent, se dressent et crient, une danse brûlante, de feu et de vie. Ces deux couples vont éprouver la difficulté de vivre dans la différence. Sylvin et Maria Rubinstein, frère et soeur juifs (ils ont existé), ont fui la Russie avant de découvrir le flamenco et être reconnus dans le monde entier. Mais la seconde guerre brise leur destin, Maria disparaît et Sylvin doit endosser ce destin pour deux et il s’y engagera sans retenue, affrontant tous les périls aussi bien face aux Allemands et que sur la scène. A Hambourg, en 2017, Lukas, jeune homme trouble toujours en quête de sa véritable identité rencontre Iva une belle et sauvage Hongroise en fuite et leur couple produit une danse respectant la tradition du flamenco mais innove également dans un flamenco passionné, brûlant et explosif ne laissant pas indifférent… A cent ans d’intervalle, racisme, intolérance, peur de l’autre, de la différence restent présents et puissants et ces jeunes danseurs y feront face, résisteront avec courage et volonté, notamment en dansant, avec leurs corps, leurs cris, les bras levés, la tête bien droite, volontaires, jusqu’au bout.
« La zone trouble entre le bien et le mal se révèle plus étendue qu’il ne l’imaginait. Ce n’est pas une simple ligne, c’est un pays entier. Un continent. »
Fiche #2671
Thème(s) : Littérature française
Chronique d'une vie de la naissance à la mort, à l'âge de 78 ans. Soixante-huit chroniques d'une page en six cases, avec toujours une pointe d'humour. 78 pages pour résumer toutes les étapes d'une vie, le temps passe vite !
Fiche #2668
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Gyô, le fils du prêtre Ren, vient de maladroitement briser un vase précieux. Il n'arrive pas à le réparer alors part se cacher dans la forêt. Il y rencontre une vieille dame, en fait Baba-san est l'esprit qui veille sur le temple. Elle l'aidera s'il réussit à récupérer son éventail magique qu'un monstre lui a dérobé. Mission ardue et dangereuse... Mais Gyô est un petit garçon futé et saura trouver de l'aide. Un joli conte japonisant avec des travaux (et du matériel) proposés à la fin de l'ouvrage, découpage, collage, coloriage…
Fiche #2669
Thème(s) : Jeunesse
Eliot est le prince de la savane, alors pour devenir un bon roi, il doit être courageux et brave. Il s'y prépare en faisant un plongeon royal depuis un arbre majestueux surplombant l'étendue d'eau. Ses amis l'accompagnent et commencent de plonger, de plus en plus haut. Et un prince naturellement doit sauter plus haut que ses sujets, même si cela commence à faire très très haut... A moins que le prince privilégie l'intelligence au courage, qui sait, cela pourrait être possible !
Fiche #2670
Thème(s) : Jeunesse
Après une rupture brutale et inattendue avec Claire, Nathan repart vers leur passion commune, le Japon. Il y rencontrera Jun, une jeune Japonaise, qu’il épousera. Ils s’installeront en France, en Bretagne et auront un fils. Puis Jun s’éloignera, se lassera et ils divorceront avec une garde alternée. Jusqu’au jour où Jun et Léo disparaissent, Jun est repartie au Japon avec Léo, sans prévenir, sans un mot, sans laisser d’adresse. Alors Nathan repart au Japon pour un combat inégal, les pères au Japon n’ont pas de place réelle et aucune disparition n’est inquiétante. Lui l’amoureux du Japon et de sa culture découvre l’envers des sublimes cerisiers en fleur, ce qui se cache derrière les sourires de façade et derrière une douceur apparente, une violence latente et inouïe, voire cruelle. Personne ne pourra l’aider, la France, le Japon. Mais, lui tentera d’épauler sa voisine, Lise, qui, elle aussi, s’est retrouvée privée son fils. Ces deux parents, pour des raisons différentes, ont vu le lien unique avec leur enfant rompu, rupture de la filiation. Entre la Bretagne et le Japon, la quête désespérée d’un père pas très à l’aise dans sa vie et ses sentiments, dans le monde qui l’entoure, pour retrouver son fils. Douloureux et bouleversant.
Ecouter la lecture de la première page de "Tout peut s'oublier"Fiche #2667
Thème(s) : Littérature française
Malcom Kershaw est libraire, gérant d’une librairie spécialisée en littérature policière à Boston épaulé par deux employés. Il est associé avec un auteur de polars à succès qui passe plus de temps au bar que dans la librairie. Quand la femme de Malcom est morte dans un accident, il s’est retrouvé seul avec sa librairie, ses polars, et Nero le chat qui ne quitte pas la librairie. Une vie solitaire consacrée à sa librairie. Jusqu’au jour où une agente du FBI pousse la porte de la librairie et lui rappelle que quelques années plus tôt, pour animer un blog, il avait établi et publié la liste de ses huit crimes parfaits, huit polars aux assassins malicieux et précis avec des meurtres ou des mises en scène singulières. Il avait oublié cette liste mais Gwen Muvley est persuadée qu’un tueur est en train de reproduire à l’identique ces crimes parfaits. Et après quelques doutes, Malcom est troublé surtout qu’il a l’impression que ce tueur doit le connaître… Le libraire change de casquette et devient enquêteur, un enquêteur particulier qui ne « faisait pas plus confiance aux narrateurs qu’aux gens réels » et attention, il faut parfois se méfier des libraires… Un polar diabolique, une tension croissante, enrichi naturellement par ses liens avec d’autres polars de référence.
Ecouter la lecture de la première page de "Huit crimes parfaits"Fiche #2666
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction :
Christophe Cuq
La vie moderne nous éloigne du dehors, de la nature alors que la vie est là, tout près, derrière la fenêtre, il suffit d'ouvrir la porte, de faire quelques pas et la beauté éclatante de la nature est à portée d'oeil : les pinceaux doux et précis et les couleurs de Cindy Derby nous le rappellent dans une éclatante démonstration.
Fiche #2664
Thème(s) : Jeunesse
Traduction : Flo Brutton
Amik est une petite créature de 9,7 cm (selon la hauteur de sa mèche), sorte de gremlin souriant, gentil et amical, mais il a beau parcourir le monde, il ne trouve personne qui lui ressemble. Il part donc dans une quête de l'autre qui lui permettra de constater qu'il n'est pas tous seul. Un personnage attendrissant que l'on a envie de cajoler pour un superbe album sur la différence et l'amitié.
Fiche #2665
Thème(s) : Jeunesse
Alice et Aude se sont connues enfants, sur les bancs de l’école à Lyon et sont devenues amies, inséparables, malgré leurs différences : milieux différents, résultats scolaires différents... Aude se place en protectrice d’Alice mais en 1975, alors qu’Aude prend le chemin des prépas, Alice part à Venise pour un stage d’art auprès d’un maître. A ses côtés, on découvre une Venise multiple, attirante, étrange, resplendissante, sale, luxuriante, pauvre... En pleine analyse d’un poème atypique d’Apollinaire, Aude choisit de partir rejoindre son amie et s’installe en colocation avec elle et d’autres : jeunesse vénitienne, libre, joyeuse, collective, et souvent engagée. L’art et l’engagement vont de pair dans la Venise des années 70 : « Je n’admets pas qu’on se prétende artiste en ayant une idée aussi vile de l’humanité. », changer le monde par l’art et la lutte. Jusqu’au jour où Alice disparaît mystérieusement, apparemment sans raisons, et qu’Aude, « ahurie de douleur », doit retourner en France. Quarante ans plus tard, au cœur d’une vie désenchantée, cette disparition entravant toujours le quotidien d’Aude, elle repart à Venise sur les traces d’Alice pour enfin trouver des explications. Dominique Paravel avec son style raffiné nous offre le roman de Venise, d’une jeunesse fougueuse, libre et engagée, et de l’amitié.
« Et la mesure d’Alice était sans mesure. »
« Venise est une utopie… elle a été inventée par des rêveurs, si le monde ne rêve plus, elle disparaîtra. »
Fiche #2662
Thème(s) : Littérature française
Ils sont nombreux les invisibles dans notre société moderne (pourquoi perdre du temps avec ces non-productifs ?) et « Bientôt minuit » nous ouvre les portes du repaire de l’une d'elles : les anciens, les personnes âgées, le 4ème âge… Séjour dans un établissement côté, la pension des Alouettes, une pension qui se paie au prix fort, au plus près du quotidien de Lucien qui, après s’être retrouvé en pyjama, perdu, au milieu de la rue, décide que c’est peut-être le moment. Il invite un ancien amour à le rejoindre, ils s’étaient promis de finir ensemble, alors Emma va le retrouver. Ils ne se font pas d’illusion sur ce qu’ils sont et sur où ils vont (« Ils sont enceints tous les deux, gros de leur mort, reste à connaître le terme. »), mais désirent partager leurs derniers moments et si possible, quelques-uns seront beaux. Mais l’environnement et cet isolement sont-il propices à laisser poindre ces quelques instants lumineux ? Chaque être est différent, dans son histoire, dans son ressenti, dans son état actuel, mais l’individu est nié, effacé, devient invisible, absent. Infantilisation, violence, délaissement, mépris, manque de temps, horaires inattendus, goûters, repas douteux, douches quand c'est possible, liberté perdue… Les quelques personnes attentives et attentionnées ne permettent d’oublier ces épreuves. Heureusement les souvenirs partagés permettent de s’évader quelques instants mais la seule solution ne serait-elle pas de partir, « Partir. Partir et faire comme si ils avaient un avenir. ». Dans cet espace inhospitalier (doux euphémisme), Marie Pavlenko réussit néanmoins à dégager quelques moments de tendresse et même de sourires, mais hélas, quiconque a déjà franchi la porte de ces établissements, reconnaîtra le réalisme de la description, inhumanité et violence transforment ces établissements en triste et terrible mouroir où tout amour, empathie et attention sont absents.
Ecouter la lecture de la première page de "Bientôt minuit"Fiche #2663
Thème(s) : Littérature française
Un album ludique et drôle sous forme d'imagier imaginatif et créatif ! L'enfant découvrira ou redécouvrira le lion, l'autruche, le rhinocéros... mais pourra aussi laisser courir son imagination et créer de nouveaux animaux et les nommer, le rhinodaire, le litruche...
Fiche #2660
Thème(s) : Jeunesse
Plouf, c'est le canard qui n'aime pas l'eau et enfile son ciré jaune dès la première goutte. Nouille, c'est la grenouille verte qui adore l'eau. Rien à voir donc entre eux... et pourtant... Un tendre album avec une belle amitié au coeur de la différence.
Fiche #2661
Thème(s) : Jeunesse
Traduction : Emmanuelle Beulque
Christophe ARLESTON
Mini LUDVIN
Le grimoire d'Elfie
Drakoo
107 | 80 pages | 29-03-2021 | 16.9€
en stockA la mort de leur mère, trois sœurs se retrouvent seules. La plus grande Louette a dix-huit et prend la route. Les deux plus petites, Elfie et Magda, sont placées sous la responsabilité de leur oncle et surtout de leur tante… Et puis un jour, Louette revient avec le jugement qui lui accorde la garde de ses sœurs et les voilà parties dans un bus transformé en librairie. Elles s’installent dans une petite île bretonne et rapidement Elfie va s’apercevoir qu’elle a hérité des pouvoirs de sorcière de sa mère et ça sera bien utile pour l’enquête qui les attend…
Fiche #2656
Thème(s) : Jeunesse Bandes dessinées
Sur son lit de mort, son père fait promettre à Jimmy de ne pas chercher à retrouver et rencontrer sa mère, Mary. Elle les a abandonnés lorsqu’il était bébé et depuis trace sa route… Analphabète, elle ne se débrouille qu’avec les nombres et les signatures. Car pour détrousser certains naïfs, savoir signer est nécessaire… Elle est la fille d’une sorte de gourou qui avait tenté de l’éloigner de l’envie de posséder, du luxe… et c’est raté, elle adore le luxe et tous les objets qui le rappellent ou le représentent alors les hommes riches deviennent sa proie et elle est prête à tout pour assouvir ses désirs. Elle n’est personne et peut-être s’en satisfait-elle. Et naturellement, elle est recherchée mais cette fois, son fils se lance aussi à ses trousses et va découvrir progressivement qui est sa mère. Un roman étonnant et complet, une ambiance particulière, du suspense, de la légèreté, de l’émotion, de la solitude, de la tristesse, des mensonges et de la tromperie, de la misère, l’abandon et la quête d’origine…
« Ce que tu dois comprendre, ma chérie, c'est que le monde est rempli de cons. Et on n'y peut pas grand-chose. Essaie juste de ne pas en faire partie. »
Fiche #2657
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Céline Schwaller
Un superbe album envoûtant que l’on peut lire et relire tant il est riche notamment en références artistiques, une plongée dans l’imaginaire d’une petite fille solitaire, un peu à part, qui peine à communiquer avec les autres mais qui va rencontrer son double et suivre un bout de chemin avec lui pour s’ouvrir à la vie.
Fiche #2658
Thème(s) : Jeunesse
Traduction :
Chun-Liang Yeh
Chamalla n’est pas une petite fille comme les autres : les fées, les princesses, pas pour elle ! Elle, ce qu’elle aime, ce sont les ogresses, les histoires d’ogresses qui font peur. Et son père est un spécialiste alors chaque soir, Chamalla attend avec impatience la nouvelle histoire. Néanmoins, parfois, certaines histoires peuvent se prolonger dans la nuit profonde…
Fiche #2659
Thème(s) : Jeunesse
François accepte enfin de franchir le pas après un courrier avec une promesse étrange, il revient en effet dans la maison de sa grand-mère à Saint-Béat dans les Pyrénées où la Garonne est encore un fleuve fougueux et parfois violent. Cette maison l’a accueilli tous les étés pour des vacances inoubliables, notamment grâce à Jean et Geneviève, frère et sœur, de la ferme d’à côté. Ils ont grandi ensemble. Première découverte de la liberté, de l’amitié et de l’amour, rencontre avec une étoile filante… On n’oublie pas les premières fois, qu’elles soient douces et tendres ou dramatiques. François retrouve intacte la maison et la Garonne de son enfance avec néanmoins une pointe d’inquiétude, pourquoi cette invitation ? Comment Jean va-t-il l’accueillir ? Ont-ils encore quelque chose à se dire, à partager après tant d’années ? Le passé peut-il leur permettre de se retrouver ? Un court texte émouvant au style maîtrisé, retour sur un passé adolescent qui restera à jamais au centre de la vie d’adulte de François.
Premier roman
Fiche #2654
Thème(s) : Littérature française
Eugénie et les mystères de Paris - On a volé la liberté
Vents d'Ouest
102 | 48 pages | 24-03-2021 | 14.5€
en stockParis, 1885, l’expédition de la statue de la Liberté se prépare. Et bizarrement, les caisses semblent prendre un chemin détourné… Qui empêchera la catastrophe ? En digne successeur de Vidocq, trois garnements s’y attèlent avec talent ! Eugénie enquêtrice hors pair, Arthur un apprenti vitrier battu par son père et Charles un orphelin sans-abri qui n’a peur de rien forment un trio efficace au cœur de Paris et les voleurs l’apprendront bien vite !
Fiche #2655
Thème(s) : Jeunesse Bandes dessinées
La foudre est tombée sur la Lorraine (entre autres) et sur Villerupt en particulier, les usines ferment les unes après les autres. Au cœur de ce désastre, Figuette et Moïra. Figuette fait tout pour émerveiller, éblouir Moïra, sa femme, partager ses délires, imaginatif, débordant d’une douce folie, entre sa fille Zoé et sa femme, il espère continuer d’entretenir la flamme du bonheur dans cet espace triste qui se referme. Mais Moïra choisit néanmoins de partir, alors il se retrouve seul avec sa fille (à laquelle il réserve désormais sa fantaisie), Mouche le rottweiler et les menaces de fermeture de son usine. Avec ses collègues, ils préparent le douloureux avenir en alimentant discrètement une cagnotte solidaire… un monde ouvrier où la solidarité reste d’actualité. Figuette espère encore retrouver Moïra et s’efforce d’entretenir les rêves de Zoé, de la protéger dans son cocon d’amour (l’amour comme paratonnerre), croire en la vie, croire en l’avenir, coûte que coûte. Sans jamais choisir entre le roman social et une folle histoire d’amour d’un homme pour sa femme et sa fille, un premier roman réjouissant, humain, réaliste qui dissèque avec justesse les sentiments qui font une vie.
Premier roman
« Moïra rêve de romance, d’une vie écrite par un dieu qui aurait enfin du talent. »
Fiche #2652
Thème(s) : Littérature française
La fille décrit « La folie de ma mère » en commençant par le début, depuis son plus jeune âge, une relation mère-fille qui se noue difficilement dès les premiers instants. Le père meurt rapidement, sans regret, « Il ne m’adressait pas la parole mais des torgnoles », il sera absent, mais qui sera vraiment son père ? La mère est enseignante et féministe, une femme libre qui entend bien le rester. Alors comment accepter, accueillir une petite fille, puis deux… Une forte personnalité imprévisible, instable et excessive qui bascule peu à peu vers la folie, peu d’amour, peu de tendresse, peu d’écoute : il est temps que la petite fille, l’ado puis la femme lui parlent, l’interpellent, la questionnent, reviennent, sans accusation, sur ces secrets, ces silences, ces non-dits qui les ont accompagnées. Seuls points communs qui auraient pu les réunir, ou qui les réunit, la littérature et l’écriture, et « La folie de ma mère » le prouve. Une douloureuse déclaration d’amour que le style travaillé et épuré rend percutant et haletant.
Ecouter la lecture de la première page de "La folie de ma mère"Fiche #2653
Thème(s) : Littérature française
Pouy et Villard se retrouvent pour deux courts textes qui se répondent, s’entremêlent, se complètent. Pouy ouvre le bal en nous présentant Jean-Pierre et Clotilde. Jean-Pierre, le père, est peintre et vit de sa peinture et Clotilde, sa fille, une jeune ado révoltée au caractère bien trempé. Ils se rapprochent à chaque vacances avec leur excursion en train dans leur maison singulière de Bretagne, une gare désaffectée entourée de poules et d’un coq, et leur dernier séjour va les plonger au cœur d’une manifestation puis dans un face à face avec des forces de l’ordre à la gâchette facile… La mère selon Pouy et Jean-Pierre est partie en Inde ouvrir ses chakras et envoie régulièrement des cartes postales pour leur rappeler qu’elle ne les oublie pas… Enfin, c’est la version de Pouy et de Jean-Pierre mais Villard lui choisira de nous raconter la véritable histoire de Véro, une femme enfermée dans la routine qui a choisi l’adrénaline et l’impression que la vraie vie était ailleurs : elle va se frotter à l’illégalité puis avec humanité à la France socialement en difficulté.
Ecouter la lecture de la première page de "La mère noire"Fiche #2649
Thème(s) : Polar/Thriller/Noir
Superbe portrait d'une région où les hommes et les loups ne s'affrontent pas dans une lutte mortifère, mais s'observent, s'admirent, se respectent pour continuer de vivre en harmonie en acceptant de partager l'espace commun.
Fiche #2650
Thème(s) : Jeunesse
A vingt ans, alors qu’elle devait partir enseigner à l’étranger, son père craque, et elle restera. Douze années plus tard, ce matin-là, c’est son tour de craquer, de s’effondrer : « Clara, la vaillante, vacillante. Une lettre en plus qui dit l’effondrement. » Alors évidemment, Clara s’interroge, questionne sa vie, son enfance, ses amitiés, ses amours, ses rêves, « Mais qu’est-ce que la vie a fait de nous ? » Pourquoi cet épuisement ? Tenir et vivre, Tenir ou vivre, ou se réinventer, Clara va devoir retrouver son chemin vers la vie. Gaëlle Josse avec un style épuré, en se jouant des mots autant que des lettres, dissèque les sentiments éprouvés lors d’une chute (dépression, burn-out) et souligne l’importance d’une amitié pour retrouver la lumière et comme toujours avec Gaëlle Josse, la sensation de simplicité dans la complexité.
Fiche #2651
Thème(s) : Littérature française
Un doux, tendre et poétique hommage aux mots, aux livres, à la fantaisie et à la rêverie. Cet ours rempli de couleurs vous émerveillera !
Fiche #2647
Thème(s) : Jeunesse
Quel travail impressionnant ! Une BD d'une densité exceptionnelle qui revient sur cinquante années de décisions politiques et sociales, comment sommes-nous passés du programme du CNR à celui de Hollande puis de Macron ? Quelles ont été les décisionnaires ? Ceux au devant de la scène et ceux plus en arrière plan, héros des bureaux cossus des beaux quartiers ? Comment le néolibéralisme a gagné le combat des idées dans les sphères du pouvoir économique et politique, voire ailleurs ? Une BD-reportage essentielle pour son aspect historique et pédagogique mais qui nous rappelle aussi que l'état actuel de notre société n'est pas issu d'un hasard malheureux... Monumental !
Fiche #2648
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Voilà un texte qui n’a peur de rien : en plein confinement, il nous présente Ninon enfermée (presque) de son plein gré dans un conteneur ! Et en plus, le texte est un roman épistolaire, forme assez singulière aujourd’hui. Le pari est gagné, le ton est drôle, ironique, parfois loufoque, décalé, en tous cas toujours plaisant, les lettres rendent un texte rythmé qui rebondit de pli en pli, et naturellement derrière l’aventure de Ninon qui peut paraître légère se dresse le portrait de notre société glaciale donc notre portrait. La retraite de Ninon est aussi la fin d’un monde : elle était concierge, ce métier disparaît, l’immeuble qu’elle gérait va être démoli pour laisser place à un parking… alors Ninon, en prenant sa retraite, décide de vendre son logement en viager à un important investisseur. Sa retraite est automatiquement virée sur le compte de ce financier invisible qui s’est engagé à lui assurer un logement jusqu’à son dernier jour, et en plus elle voyagera, royal ! Elle s’installe en effet avec le strict minimum et ses maigres économies dans l’un des dix mille conteneurs du Ship Flowers, voguera sur les mers, de port en port… Mais rapidement Ninon ressent l’impasse et la solitude dans laquelle elle s’est fourrée… Alors elle espère convaincre son propriétaire domicilié naturellement dans un paradis fiscal de résilier son bail : pour cela elle va écrire, contacter, répondre, se confier (une belle relation peut encore aujourd'hui se nouer par l'écriture de lettres), relancer… que de lettres pour quitter le grand large et retrouver le vent, l’herbe et le goudron, le regard de l’autre, le chant des oiseaux… la vie !
Ecouter la lecture de la première page de "Une loge en mer"Fiche #2645
Thème(s) : Littérature française
Ils sont trois, trois pieds nickelés, trois bras cassés ! Antoine Percier, au RSA, vivant dans une caravane avec de fortes convictions écolos, Jean-Jacques assez sûr de lui qui vient pourtant de se faire virer par sa femme et est hébergé par Antoine et enfin le bien nommé Canard, cuisinier aux petites combines mais qui pense tenir le coup du siècle ! Ils vont enlever Julien, frère jumeau d’un milliardaire et locataire depuis 30 ans d’une chambre dans une maison de fous. Mais ces trois là sont sûrement aussi fous que lui et évidemment si l’idée peut paraître crédible et réalisable, avec cette triplette, l’aventure virera rapidement au rocambolesque et au burlesque, même les situations les moins drôles vous tireront un sourire. Un grand bol d’air et un énorme direct avec le sourire dans la moralité !
Ecouter la lecture de la première page de "Mon frère, ce zéro"Fiche #2646
Thème(s) : Littérature française
Basile se fait une joie de retrouver sa dameuse, la neige, les arbres et les pistes de La Valjoux dans les Vosges. Saisonnier, il revient chaque année avec son combi T2 mais cette année sera différente : il logera chez le vieux Germain, son grand-oncle dont le seul souvenir qu’il a est sa prestation modeste dans Les Grandes Gueules. Germain, vieux solitaire, a été mis devant le fait accompli par sa fille très directive : l’accueil est digne de ce vieux bougon qui passe plus de temps seul dans sa cave que dans la cuisine. L’arrivée de Basile coïncide avec l’installation d’une jeune femme étrangère au village dans la maison voisine, une maison abandonnée de longue date, dans laquelle dans les années soixante-dix un couple de Slovaques avec ses quatre Malamute avaient tenté de développer une activité de chiens de traîneaux, ils quittèrent le village après un échec cuisant en ayant suscité haine et peur de la part des villageois. Basile et Germain vont apprendre à se connaître, s’apprivoiser soir après soir et Basile découvrira aussi rapidement que sa voisine est également employée par la station et est une experte au volant de sa dameuse. Mais la neige venant à manquer, une procession est organisée, et quelle réussite ! Le village croule sous la neige qui semble ne jamais vouloir s’arrêter, le village devient isolé, seul au monde, et tout est en place pour un huis clos montagnard sous tension : pourquoi la neige ne s’arrête-t-elle pas ? Une malédiction ? Qui est le ou la responsable ? Alors quand la Bête semble de retour, les vieux secrets du village refont surface et le coupable semble tout trouvé… Les écrivains du Nord de l’Europe n’ont qu’à bien se tenir, Jean-Paul Didierlaurent nous offre un vrai conte nordique dans les Vosges, tendu, âpre, de beaux personnages si humains mais aussi un vrai hommage aux Vosges, à sa forêt et ses arbres, et à la neige.
« La vie finit toujours par nous tuer… »
« Un loup sera toujours plus malin qu’un préfet. »
Fiche #2644
Thème(s) : Littérature française
C'est une histoire de ver, pas de vers. Enfin, pas sûr. Il s'appelle Ver Saï et se rêve un destin : il sera roi. Pas roi des vers, mais roi de toutes les bestioles du marais. Comment prendre le pouvoir ? Par la peur, évidemment ! Mais le ver se doute-t-il de la fin des rois... Toujours aussi drôle Jérôme Camil, un cru royal !
Fiche #2643
Thème(s) : Jeunesse
Une ferme au Pays-Bas, les Mulder, une famille nombreuse, religieuse, rigoriste. La plus petite est la narratrice, elle nous décrit ce monde sans amour, sans délicatesse, violent, violence des parents mais aussi violence au sein de la fratrie. L’aîné des enfants va mourir ce qui renforcera cette ambiance pesante presque nauséabonde. Nous ne sommes pas au Moyen-Âge, mais finalement pas si loin, et la fillette engoncée et enfermée dans sa parka rouge s’apercevra par elle-même que toutes les issues vitales ont été obstruées par cette famille malsaine…
Premier roman
Fiche #2642
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Daniel Cunin
Eliete a 42 ans, un mari, deux filles, couple moyen, mère moyenne, une vie plate sans histoires, normale, et la sensation d’être seule, toujours seule. Son mari et ses filles portent plus attention à leur écran de téléphone qu’à elle. Elle est invisible, sur le côté, ne partage rien avec eux, avec son pays, même la victoire de l’équipe de foot du Portugal face à la France la laisse indifférente ! Alors elle se retourne, regarde son passé, l’analyse, retrouve sa mère, sa grand-mère, ses rêves, ce qu’elle est devenue. En même temps que ses doutes et ce retour dans le passé, sa grand-mère perd la mémoire et s’installe chez elle. Alors Eliete va aussi fréquenter les réseaux sociaux, rencontrer des hommes, le sexe, pour finalement retrouver sa solitude avec plus de confiance mais aussi découvrir un secret de l’histoire familiale. A travers Eliete, Dulce Maria Cardoso dresse le portrait des femmes de la deuxième moitié du XX ème mais aussi du Portugal.
Ecouter la lecture de la première page de "Eliete la vie normale"Fiche #2640
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Elodie Dupau
Alexandre VOISARD
Des enfants dans les arbres
D'autre part
88 | 94 pages | 22-02-2021 | 17€
en stockVoilà un texte particulièrement apaisant, véritable ode à la nature - la forêt et l’eau. Hommage à son éblouissante beauté mais sans oublier le danger qui peut parfois l’accompagner. Une famille, quatre enfants, et un père qui raconte, qui dit, qui apprend, qui éveille, qui donne le goût des plantes, de la flore, de la faune, des arbres, de l’eau. Ecouter le vent, l’eau qui court, respirer les odeurs, courir dans la forêt ou dans la prairie, construire une cabane, se rouler dans l’herbe, accepter les mystères de la forêt, tous ces petits instants dont il faut profiter et qui nous construisent.
Ecouter la lecture de la première page de "Des enfants dans les arbres"Fiche #2641
Thème(s) : Littérature étrangère
Un modeste village sarde se meurt, plus d’école, plus d’enfants, plus de maire… Quelques parents et grands-parents sont restés et la vie va renaître mais pour certains, elle est mal venue. Des migrants s’installent accompagnés de quelques humanitaires, certains les considèrent avec crainte comme des envahisseurs, un groupe de femmes va franchir le pas et aller à leurs devants, préférer la parole, le partage et la rencontre à la peur. Il va falloir apprendre à vivre ensemble, pas d’autres solutions, et vivre ensemble n’est jamais aisé (des deux côtés) mais reste possible. Accepter l’autre, accepter la différence, apprendre de l’autre, se nourrir de l’autre sans ignorer les difficultés… Une chronique tendre, humaine, généreuse mais équilibrée et réaliste.
"En ces temps-là, on détestait ceux qui se portaient mieux que les autres, pas comme aujourd'hui, où l'on déteste ceux qui vont plus mal."
Fiche #2636
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Marianne Faurobert
Depuis la prison, un homme, avant de mourir, choisit de se confesser, d’écrire son histoire, sa trajectoire chaotique et violente. Il y a urgence, alors pas d’artifice, pas de concession, sur un rythme effréné (pas de virgules), le lecteur prend de plein fouet une réalité âpre et dérangeante. Après la déchirure indélébile de son enfance, ses souvenirs et la vie en prison, son quotidien est accompagné par le Démon « qui me contraignait mais qui me rendait fort alors je l’ai accepté. » et une violence permanente subie ou infligée. Du brutal !
Premier roman
Fiche #2637
Thème(s) : Littérature française
Martine GOZLAN
Le rendez-vous des Gobelins
Ecriture
85 | 172 pages | 21-02-2021 | 18€
La narratrice est journaliste et a fait d’un café des Gobelins son annexe alors qu’une vieille dame venue d’un autre temps s’adresse à elle et semble la connaître intimement, l’enquête s’impose ! Une remontée dans le temps sur les traces de sa famille, de l’exil, des femmes du passé, de leur condition, de leur combat pour la liberté, entre Lituanie, Russie, Algérie et France, entre passé et présent. Rose, la grand-mère et sa petite fille vont se découvrir à petit pas, la plus jeune découvrira la source de leur mélancolie, le poids et l'impact de la religion. Un parcours intime qui attire le lecteur contrairement au parcours journalistique de la narratrice.
Premier roman
« Le passé est une plante carnivore, on n’est libre qu’à condition de s’en débarrasser. »
Fiche #2638
Thème(s) : Littérature française
Une biographie romancée de Niki de Saint Phalle à l’image de sa vie, mosaïque, multiple, libre, indépendante, insoumise, un rythme oscillant, pas de chronologie stricte, des témoignages, des interviews parfois fausses, des citations, une langue directe et moderne, un tumulte foisonnant nourrissant une création artistique exceptionnelle vitale face à ses démons d’enfance et à une longue dépression. Un biographie qui éclaire brillamment l’œuvre d’une avant-gardiste atypique et libre aussi bien dans son art que dans sa vie.
Fiche #2639
Thème(s) : Littérature française
Gravimal est un architecte autoritaire, mégalomane et utopiste, Xoxox sera sa ville créée selon sa volonté, son esthétique : son modèle un palmier, une ville faite d’impasses, un monde en labyrinthe d’impasses (et d’égouts) où les étrangers ou les touristes se perdent. Deux minuscules ruelles et une gare ferroviaire pour entrer et sortir, une nouvelle société écologique semble née avec son gourou. Mais lors du carnaval annuel, en 2042, la mystérieuse et téméraire Paoletta, tueuse à gages, est venue pour assassiner le roi de la ville… Sera-t-elle résoudre l’énigme, est-ce la fin du monde de demain et qui se cache derrière elle ?
Fiche #2635
Thème(s) : Littérature française
Il bricole, il picole, il rêvasse, un looser déjà retiré d’un monde en fin de vie, juste avant la catastrophe. Tout le monde feint de l’ignorer, fait l’autruche mais le sait, elle va arriver, elle arrive, elle est passée. Et lui, le looser, avait prévu l’affaire avec son catakit. Il se retrouvé isolé, dans sa cave, avec son chien, son lapin, ses vieilles affaires, ses pensées, son langage vert, son humour et son ironie. Le temps passe mais le temps a-t-il encore un sens si le monde disparaît, alors n’est-ce pas le moment parfait pour dresser un inventaire (« La vie ce petit inventaire merdouilleux ») des questions auxquelles l’on n’a jamais pensé ou trouvé de réponses, revenir sur nos travers qui ont provoqué cette catastrophe attendue et espérer malgré tout en un nouveau monde sur des bases révisées.
Ecouter la lecture de la première page de "Fin de saison"Fiche #2634
Thème(s) : Littérature française
Abir avait dix ans. Smadar avait treize ans. Abir, palestinienne, allait acheter des bonbons, Smadar, israélienne, une partition. Elles étaient pleines de vie, des rêves plein la tête. Elles sont mortes toutes les deux à quelques années d’intervalle, tuée qui par un kamikaze, qui par un soldat. Bassam et Rami, les deux pères dévastés, auraient pu sombrer dans une haine mortifère, ils vont choisir le Cercle de la vie, le Cercle des parents, combattants pour la paix : « Je n’ai plus le temps de haïr. Nous devons apprendre à nous servir de notre douleur. » Parler, se rencontrer, se connaître et tenter de se sauver comme les oiseaux migrateurs qui traversent le ciel de ces deux pays pour enfin éviter ces morts absurdes. Un combat âpre, de tous les instants, éternel et infini comme le nombre de côtés d’un apeirogon. Un texte dense, kaléidoscope, pour espérer et réfléchir, au cœur d’une guerre qui n’en finit pas et qui entretient et consolide une haine à laquelle ces deux pères tourneront le dos préférant croire à la vie et que « tout est atteignable. Tout est possible même l’apparemment impossible. ». On rêve qu’ils aient raison…
Ecouter la lecture de la première page de "Apeirogon"Fiche #2633
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Clément Baude
Elle ne sera pas la femme de l’amour d’une vie. Peu après la naissance de son fils, elle s’est séparée de Mathieu, son amour de jeunesse. Aujourd’hui, son garçon a grandi, et elle est avec Pierre. En fait, pas vraiment, elle est l’amante de Pierre qui est marié avec Sarah. Elle vit une osmose parfaite avec Pierre, leurs corps s’attendent, s’accueillent, s’aimantent, « On n’est plus rien devant le désir ». Elle partage tout avec Pierre… quand il est là car il repart toujours. Ils auraient dû enfin partager ces petits moments du quotidien, ne faire plus qu’un, lors d’un week-end à Turin mais, au dernier moment, Pierre annule. Alors elle décide de partir seule : évidemment, dans la gare, dans le train, dans la chambre d’hôtel, sur les trottoirs de Turin, chaque instant sera propice aux interrogations, à une profonde introspection, sur sa place de femme, de mère, sur sa relation aux hommes, à l’amour. Doit-elle accepter la place qui est la sienne avec Pierre, accepter les attentes, ses départs, ce « demi-amour » ou souhaite-t-elle réellement retrouver une vie de couple et ses contraintes voire son enfermement… Dans ce court texte, Madeline Roth (le récit est écrit à la première personne) réussit parfaitement, notamment grâce à son style, à nous confronter à l’intimité d’une femme en plein questionnement, chaque mot est pesé, les sentiments sont disséqués, simplement, sans artifice.
Premier roman
« On croit qu’on quitte l’autre, c’est juste avec soi qu’on n’arrive plus à vivre. »
Fiche #2631
Thème(s) : Littérature française
Roxanne fait sa rentrée en première S au lycée Sully, un établissement renommé et parfait pour le chemin prévu vers l’excellence, vers la réussite : classes préparatoires, grande école, pourquoi pas Polytechnique… Un destin tout tracé et un bel avenir promis. Ses parents l’aiment et veulent le meilleur pour elle, elle le sait, elle le sent : peur de l’échec, peur de décevoir, alors la pression monte, classe après classe, année après année. Les adultes ne s’en doutent pas et restent indifférents à sa souffrance, à ses doutes, doute sur sa réussite scolaire, doute sur son apparence, sa personnalité… Alors Roxanne slame ses sentiments, sa vie, ses peurs. Pour soigner son acné, elle prend un médicament puissant que son dermato abandonnera. Alors un ami cardiologue de son père fera une ordonnance de complaisance sans savoir qu’elle sera l’étincelle d'un évènement terrifiant qui couvait depuis longtemps. Vanessa Bamberger avec ce drame nous entraîne dans les tourments de l’adolescence, ses interrogations, ses peurs face à un monde de compétition, de comparaison, chacun évalue l’autre, se mesure à l'autre, affronte la pression parentale, sociale, la pression de l’apparence, des bandes d’ados, des réseaux sociaux… Une tragédie qui sonne vraie et qui interroge avec justesse et émotion les adultes (parents et/ou enseignants) comme les adolescents.
« Entre-temps vous reproduisez les élites comme à l’usine, sur le même modèle, avec élimination des pièces défectueuses, pour ne pas ralentir la machine… Au sommet de la pyramide il n’y en aura qu’un. »
« Vous êtes peut-être trop vieux, pour comprendre que c’est le silence, pas le suicide, qui est contagieux. »
Fiche #2632
Thème(s) : Littérature française
Ils sont deux couples voisins, deux pavillons proches l’un de l’autre, à proximité d’une forêt et de la nature. Chantal et Guy, Elisabeth et Thierry, le narrateur. Guy et Thierry sont très liés, peu de mots, mais une connivence et complicité évidentes, ils peuvent rester ensemble de longs moments à observer un insecte remonté la tige d’une plante. Jusqu’au matin où Thierry découvre autour de la maison de ses amis des voitures de police, des hommes masqués, casqués et armés. Quand Thierry et Elisabeth apprennent ce qui est reproché à Guy, tueur en série de jeunes femmes, c’est un bouleversement absolu et violent qui traverse le couple. Guy devient l’image du mal et son couple un monstre à deux têtes mais comment n’ont-ils pas pu le voir, le ressentir, s’en douter ? Thierry aurait-il pu arrêter Guy ? N’a-t-il pas une part de responsabilité ? Comment Guy a-t-il pu le trahir et lui mentir à ce point ? Mais devant l’horreur des actes de Guy, ce sentiment puissant de trahison n’est-il pas déplacé ? Culpabilité, colère, chagrin, haine, le couple vacille. Leur maison, leur intimité ont été souillées par ce monstre et sa compagne, est-il possible de l’oublier ? Les tensions du quotidien, les reproches tus, prennent une autre ampleur et Elisabeth s’éloigne. Le lecteur suit Thierry sur son chemin de résilience, il lui faudra passer par une introspection profonde, tenter d’exprimer enfin ses sentiments, les accepter, et surtout revenir sur ses failles (lointaines ou non) personnelles et intimes qu’il niait ou ignorait jusqu’à maintenant pour pouvoir alors retrouver le chemin de la vie. Un portrait bouleversant et inoubliable d’un homme fracassé par le quotidien à la recherche d’une renaissance.
« La fureur du réel fait si mal. »
Fiche #2630
Thème(s) : Littérature française
Les fidèles de Vaux Livres (et les autres) connaissent les romans de Marie Sizun, son amour de la Bretagne, ils savent que les maisons et relations familiales sont au cœur de son œuvre, que les femmes sont le ciment de ses intrigues et reconnaissent après peu de mots son style et son habileté à nous attacher à ses personnages. Alors ils vont être servis et comblés avec « la Maison de Bretagne ». Tout y est ! Claire quitte pour une semaine Paris pour vendre la maison familiale de Bretagne qu’elle louait jusqu’à maintenant. Petit contretemps : elle découvre un cadavre dans une chambre. Et l’enquête (presque anecdotique) sera le temps du souvenir, repenser à sa mère, son père, sa sœur, une famille où chacun est parti de son côté, retrouver dans ce lieu d’ancrage ses sentiments et ressentiments de l’époque pour mieux dans cette Bretagne éblouissante trouver l’apaisement.
Ecouter la lecture de la première page de "La maison de Bretagne"Fiche #2629
Thème(s) : Littérature française
Victoria CASSANELL
La grosse grattouille
Didier
76 | 24-01-2021 | 13.9€
en stockGros ours vient de se réveiller, et il a une furieuse envie de se gratter, vous savez, dans le dos, juste à l'endroit inatteignable ! Alors il retrouve son arbre favori à grattouilles, et commence à se frotter, mais catastrophe, l'arbre se casse alors que ça le démange toujours ! Heureusement un castor passe par là...
Fiche #2628
Thème(s) : Jeunesse
Traduction : Michèle Moreau
C’est La Décision ! Yvonne, 80 ans, ne peut plus rester chez elle, elle doit abandonner sa maison, son chien, ses souvenirs sur place et rejoindre un EPHAD et Yvonne n’y va pas avec le sourire ! Une nouvelle chambre, une nouvelle vie, et surtout, elle, la femme indépendante, n’est plus maître de son emploi du temps, de ce qu’elle peut faire ou pas… Mais Yvonne garde son caractère et trouvera rapidement quelques alliés dans l’EPHAD pour vivre, vraiment vivre, jusqu’au bout ! Une BD émouvante et débordante de vie qui aborde avec un humour appuyé ce moment tant redouté pour nos proches et nous-mêmes.
Fiche #2627
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Elisabeth et Stéphane sont déjà un vieux couple parisien. Le couple a vacillé quand Stéphane a eu une aventure avec la belle Carla, mais ils ont su se retrouver ou du moins essaient-ils de s’en convaincre. Alors, ils décident, au grand dam de leur fille Maëva, de prendre un nouveau départ, déménager en banlieue, au cœur d’une campagne éloignée de Paris. Retrouver le chemin du bonheur, de la complicité. Ils oublient seulement de parler, de se confier, continuent de cacher leurs sentiments et émotions, alors ils peineront à combler leur éloignement et les obstacles se dévoileront rapidement… Stéphane prendra chaque jour le RER et Elisabeth renouera avec la peinture avant peut-être de retravailler. Pour Maëva, les premiers contacts avec le collège sont compliqués à l’image de son comportement avec le collégien handicapé de sa classe... Chacun va devoir trouver ses marques et le chemin sera chaotique, les corps vont s’animer, se découvrir et se redécouvrir, se toucher, s’esquiver, dans la violence parfois, ou dans l’extrême douceur et la sensualité. Maëva et Elisabeth, sans le savoir, s’éloignent en même temps de la cellule familiale en tenant la main aimante d’un autre. Le bonheur est-il encore possible ? La famille et le poids du quotidien le permettront-ils ? Un premier roman (abordant une multitude de thèmes au cœur de nos vies) qui débute avec un soleil accueillant semblant encore prêt à éclairer le destin d’une famille mais qui finit en un violent éclair, dans une tempête subite, aussi explosive que dévastatrice.
Premier roman
Fiche #2623
Thème(s) : Littérature française
La vie de Paul Solveig s’effrite et tourne en rond. Sa femme s’échappe et un robinet de son appartement fuit. Le plombier qui le sauve laisse tomber une photographie que Paul trouve exceptionnelle, cadrage particulier, lumière étonnante... De l’art. Alors Paul décide sur un coup de tête ou un coup de dés de franchir le pas d’une autre vie, tout quitter, même s’il aime encore sa femme, pour se reconstruire, se redécouvrir, et partir à la recherche de ce photographe et de cette femme, la mère du plombier, disparue sous le régime communiste. Direction Blednice, une petite ville de Moravie. Voyage vers l’inconnu, il ne connaît ni le pays, ni la ville, ni la langue, mais lui, Paul Solveig, se connaît-il vraiment ? Or Paul n’est pas un détective, néanmoins il sait qu’il ne repartira pas sans les réponses qu’il est venu chercher. Rapidement, Paul fera de belles rencontres qui l’aideront dans son enquête mais aussi à appréhender la culture tchèque en lui offrant les clés du pays et de leur maison. Une enquête souvent ubuesque et drôle, frisant parfois le conte, sur le chemin d’une anonyme perdue dans un régime autoritaire, mais aussi un hommage appuyé à l’art, la musique, le cinéma et la littérature tchèque (mais pas que) qui font de nous ce que nous sommes et peuvent parfois nous sauver.
Ecouter la lecture de la première page de "Le silence des carpes"Fiche #2624
Thème(s) : Littérature française
Hatoko est devenue femme et mère en même temps. Elle a épousé Mitsurô et découvert le bonheur de devenir la mère de sa petite fille. Comme sa grand-mère l’a fait avec elle, elle va l’initier à la calligraphie et partager les gestes de tous les jours et ses petits secrets. Profiter de chaque instant, même dans les gestes anodins du quotidien. En parallèle, écrivain public, elle accueille aussi les secrets et demandes singulières de ses clients avec bienveillance et attention. Dans « La république du bonheur » suite de « La papeterie Tsubaki » (peut se lire indépendamment), on retrouve la même tendresse, la même douceur, la même humanité, la même délicatesse, la même attention à l’autre, la même capacité à trouver le bonheur dans les gestes du quotidien et dans notre environnement.
« … blesser quelqu’un involontairement est encore plus grave que de le faire de façon délibérée. »
« Si on peut quitter le partenaire qu’on a choisi de son plein gré, pourquoi les liens du sang nous interdisent-ils de quitter une famille qu’on n’a pas choisie. »
Fiche #2625
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Myriam Dartois-Ako
Certains moquent sa différence en l’appelant « Gros matou », elle, elle se dit « félinofille farouche ». Alma vit sur le côté, seule, à la marge. Peu lui font confiance, peu lui prêtent attention. Alors, oui, elle est farouche devant l’autre. Seule Emma, mère de substitution, a toute sa confiance. Alors quand elle disparaît, Alma se retrouve isolée, seule avec Pierrot son chat roux. Pourtant, quand Fred et Paul l’accueillent dans la cuisine de leur restaurant, la vie semble reprendre. D’autant plus, qu’une nouvelle voisine s’installe à côté d’elle. Peut-être le début d’une belle rencontre… Verena Hanf dans cette courte nouvelle réussit parfaitement à planter le décor, ses personnages, à nous émouvoir et à nous faire aimer Alma.
Fiche #2626
Thème(s) : Littérature étrangère
Joris CHAMBLAIN
Olivier FRASIER
Alyson Ford - Le temple du jaguar
Vents d'ouest
70 | 65 pages | 14-01-2021 | 15.5€
en stockAlyson Ford, 11 ans, a du caractère et son collège le sait. Aussi douée que rebelle. Ses parents sont partis depuis quelques semaines à la recherche de Harry son grand-père à l'autre bout du monde. Alors quand elle reçoit leur lettre l'appelant à l'aide, après quelques secondes de stupeur, digne héritière d'une famille d'explorateurs, elle part, seule, pour un long voyage et à l'arrivée trouvera son animal totem et le jeune Paolo pour affronter les dangers qui l'attendent... Un premier tome très prometteur.
Fiche #2622
Thème(s) : Jeunesse Bandes dessinées
Nina et Nino sont deux petits chats. Inséparables et pourtant si différents. Nina est la sagesse incarnée, petite chatte modèle, alors que Nino déjà rebelle enchaîne les bêtises. Enfin, tout le monde le pense dans le village et il faudra attendre la surprise des dernières pages pour vraiment les connaître...
Fiche #2620
Thème(s) : Jeunesse
Marc TRÉVIDIC
Giuseppe LIOTTI
Les fiancées du califat
Rue de Sèvres
68 | 68 pages | 10-01-2021 | 15€
en stockLes mécréants ne se méfient pas des femmes : à Toulouse, une cellule s'est créée autour de Oum Ghalib dont le mari Abou Ghalib est parti en Irak pour le jihad. Elles sont rusées, discrètes, prêtes à tous pour prouver leur légitimité et préparent donc un attentat... Même la DGSI qui les a repérées a du mal à croire dans le sérieux de ce projet, sauront-ils réagir à temps ? Un thriller tendu et réaliste.
Fiche #2621
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Elle l’aime, elle pense son amour absolu et infini. Indestructible. Partage et confiance pour la vie. Et pourtant, elle va s’apercevoir qu’il la bafoue, qu’il ne l’a jamais vraiment aimée, regardée, qu’il la trompe certainement depuis le premier jour. Alors c’est la chute. Vertigineuse. Dangereuse. Ce sex addict devient l’Autre, l’Enfoiré puis le Salaud. Sa trahison l’obsède, questionnement ininterrompu, sur elle, sur lui, sur son amour, sur le désamour dans sa famille. Mais elle choisit de ne rien lui dire et observe cet homme devenu anonyme, ce traître. Elle, la reporter de guerre, qui a affronté la mort et le danger, se sent si fragile. Fragile mais enragée, dépitée et dégoûtée. Que faire ? Le frapper ? Le tuer ? L’envie de faire mal, de nuire et une haine latente s’installent. Où l’emmènera cette rupture ? Elle s’isole dans sa douleur mais rencontre un SDF qui va l’écouter, il connaît les drames familiaux et le désamour, alors il va l’aider. L’aider à se venger, à mettre un point final à cette histoire, à cette vie, pour mieux repartir sur le chemin d’une autre vie et peut-être de l’amour.
« Accepte l’inattendu, accepte ce que tu n’as pas demandé et qui te déstabilise, alors seulement tu pourras danser avec le chaos. »
« C’est l’amour qui tient les hommes debout, c’est la haine qui les fait tomber. »
Fiche #2618
Thème(s) : Littérature française
Jean-Frédéric VERNIER
L'enfant loup
Ateliers Henry Dougier
66 | 185 pages | 04-01-2021 | 16€
Il a fallu quarante ans à cet enfant pour apprivoiser, mettre des mots sur son enfance, sur ce qu’il a vécu, ce qu’il a vu, ce qu’il a fait. Quarante ans plutôt, partis de Lille après la mort brutale de son père, il s’installe en effet avec sa mère à la campagne dans une maison isolée, lieu propice à l’imagination. Et Adrien dans sa solitude (sa mère s’isole de plus en plus dans un autre monde) devra en avoir pour tenter de surmonter son traumatisme, pour tenter d’accepter l’inimaginable. Il rencontrera un grand loup blanc, non loin du bois des Morts-Vivants, figure de l’ami, de celui qui accompagne, écoute, de l’homme apaisé et du père protecteur mais aussi parfois violent. Il pourra enfin se confier. Un conte singulier qui interroge le lecteur page après page qui cherchera mot après mot à comprendre les angoisses de cet enfant et les faits du passé qui l’ont à jamais marqué et qu’il ne pourra oublier.
Premier roman
« Nul ne peut, à neuf ans, par décret personnel, se passer d’amour et de joie de vivre. »
Fiche #2619
Thème(s) : Littérature française
En 1961, Max, tout juste 20 ans, ne connaît pas grand-chose de la vie, mais ce dont il est sûr, c’est qu’il ne veut pas suivre le chemin de son père et de son frère et finir dans les mines de Saint-Etienne. Alors aller voir le soleil, le sable, découvrir autre chose, ça le tente, et à quelques mois de la fin de la guerre d’Algérie, il décide de délaisser sa famille, Monique sa petite amie et de partir en Algérie. Il commence de déchanter sur le bateau lors d’un voyage houleux avant de rejoindre la frontière entre la Tunisie et l’Algérie où il se retrouve rapidement confronter à la guerre, aux violences, à l’attente, passer le temps, s’emmerder, se masturber... Néanmoins malgré l’horreur du quotidien, il rencontre un rayon de soleil, Leila, une jeune infirmière, et en tombe amoureux. Ils rêvent ensemble, l’amour et ses projets fous au-delà de la guerre et de la haine. Ils préparent leur retour et mais au moment de partir, Leila a été enlevée et a disparu. De retour à Saint-Etienne, il épousera sa fiancée et les évènements nous sont relatés par ses conversations au comptoir d’un bar notamment avec Ali son vieil ami pourtant du camp opposé au moment de la guerre mais ce face-à-face amical est terriblement efficace pour revenir sur les déchirements et l’absurdité de la guerre.
Ecouter la lecture de la première page de "Les Bleus étaient verts"Fiche #2617
Thème(s) : Littérature française
Zahra ABDI
La complainte de la limace
Belleville
64 | 212 pages | 01-01-2021 | 19€
Une rencontre avec les femmes iraniennes (« … capable de pleurer à l’intérieur tout en éclatant de rire… »), ça se mérite ! Le lecteur doit s’adapter au rythme du récit, les narratrices alternent, Shirine, une prof de littérature au chômage, Afsoun une maître de conférences animatrice d’une série télé et mariée à un universitaire à l’ego surdimensionné et enfin la mère de Shirine jamais remise de la disparition de son fils Khosrow qui n’est pas revenu de la guerre du Golfe. Shirine se partage entre plusieurs mondes tant elle est accro au cinéma et à la littérature. Sa mère lit sans cesse les lettres échangées entre son fils et Afsoun. Une vie au cœur d’un quartier de Téhéran, un quartier en mutation où tout disparaît et renaît dans le bruit et la poussière, le pays avance, mais la surveillance et les contraintes demeurent, même si Shirine préfère l’imagination et les rêves au voile. Un roman singulier qui dresse le portrait de femmes, mère, amie, sœur face à la disparition de l’être aimé, avec des sentiments et réactions différents face à cette perte définitive, dans un Iran qui change à petits pas.
Premier roman
« J’ai la sensation d’une limace froide et gluante qui enfonce ses cornes dans mon oreille. La complainte de la limace est un des sons les plus tristes que j’ai jamais entendus. C’est une plainte insistante qui se glisse au fond de l’âme. »
Fiche #2616
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Christophe Balaÿ
La campagne bretonne comme tant d’autres voit disparaître un à un dans la tristesse, l’impuissance, voire la violence, ses paysans et agriculteurs. Goulven, un ancien prof en disponibilité, vit aux côtés de l’un d’eux. Goulven, après un divorce houleux, tente de reconstruire sa vie alors que son ami Fabien et sa femme Laura (qui ne laisse pas insensible Goulven) tentent de survivre dans leur ferme, les emprunts s’enchaînent, les banquiers sont à l’affût et exigent projets et nouveaux investissements, endettement toujours et encore, fuite en avant. Impossible d’arrêter le projet d’une vie, tourner le dos à ses rêves, préférer (mais quel serait l'autre choix ?) continuer d’espérer tant que c’est possible, se tuer à la tâche, jusqu’au bout du bout : « On restait prisonniers d’une camisole qui vous raccrochait au monde par des fils solides. » La fatigue, l’usure, le désespoir s’insinuent au cœur du couple comme un discret serpent venimeux qui vous hypnotisent. Le village voisin découvrent en même temps la violence, un meurtre, des braquages… Un monde en mutation profonde, sans concession qui n’hésitera pas à éliminer certains d’entre eux, d’entre nous. Un roman noir à multiples facettes et à la plume maîtrisé, qui dresse un portrait réaliste, douloureux et émouvant d’une campagne qui se meurt.
« Au bout du compte, la nostalgie n’est qu’une question de choix. »
« Nous sommes de l’étoffe dont sont faits les rêves… »
Fiche #2614
Thème(s) : Littérature française
Camille, petite fille de six ans, pendant les vacances chez sa grand-mère, fait la mauvaise rencontre qui va la marquer à jamais. Monsieur Charles abuse d’elle, et comme il le lui a demandé, même si elle sait qu’il n’aurait pas dû faire ce qu’il a fait, elle garde le silence. Un poids pour toujours. Elle poursuit néanmoins son chemin, revient régulièrement dans la maison d’enfance, mais reste à côté, en dehors du temps, souvent seule. Jusqu’au jour où un tableau remet de la lumière sur son passé, il la trouble, l’homme portraitisé ressemble à l’image qu’elle a gardée de son agresseur et sera le déclencheur de sa rencontre avec le peintre Andréa. Un long chemin douloureux et solitaire vers la réparation.
Ecouter la lecture de la première page de "Comme une ombre portée"Fiche #2615
Thème(s) : Littérature française
Joséphine, une grand-mère solitaire, se promenait en forêt quand elle rencontra un tigre. La peur passée, elle s'approche, lie connaissance et les voici qui rentrent à la maison tous les deux. Une belle complicité et une franche amitié prennent corps. Mais le tigre ne pourra pas rester éternellement au milieu du béton, il faudra bien qu'il reparte un jour et qui pourrait le remplacer... Un bel album émouvant et tendre sur l'amitié.
Fiche #2613
Thème(s) : Jeunesse
Traduction : Inge Elferink
Nathalie VESSIÉ-HODGES
Le grand méchant Chelou
Atelier du Poisson Soluble
60 | 03-12-2020 | 16€
en stockCe loup est pataud, trouillard, une silhouette et un faciès qui prêtent au sourire et à la tendresse mais ce loup a faim, très très faim. Où trouver pitance ? Et si la solution se trouvait dans les livres et les contes ? Notre loup croit bien avoir trouver la solution... mais mère-grand veille au grain !
Fiche #2612
Thème(s) : Jeunesse
Ernst Hanfstaengl, dit Putzi, « petit bonhomme » malgré ses deux mètres, né d’un père allemand et d’une mère américaine, fut marchand d’art à New-York vers 1910. Il rentra ensuite en Allemagne, heureux de rejoindre Hitler. Subjugué par cet homme et aimanté par le pouvoir, Putzi, aussi charmant que monstrueux, n’aura de cesse de s’en approcher. Le piano et Wagner joueront un rôle essentiel. L’honneur, la patrie (ou plutôt les patries, il n’a pas oublié les Etats-Unis et rêve d’un rapprochement, n’ont-ils pas le même ennemi, les Rouges), le pouvoir sont au centre de ses préoccupations. Il deviendra responsable de la presse étrangère en 1933, sa marche vers le sommet lui semble alors inéluctable et sa disgrâce n’en fut que plus douloureuse. Un roman historique d’un historien parfaitement documenté, un portrait nauséeux…
Premier roman
« Jamais l’Allemagne ne fut plus elle-même qu’avec et sous Hitler. »
« Hitler est un produit de l’histoire allemande. Il a compris mieux que quiconque que le peuple allemand abreuvé de modernité, de sciences et de progrès, avait besoin d’une foi, d’une transcendance. »
Fiche #2611
Thème(s) : Littérature française
En cette fin d’année 1985, Noël approche à New Ross (Irlande) et l’ambiance reste morose. Chômage, misère sont le quotidien de beaucoup. Bill Furlong se débat avec sa petite entreprise de bois et de charbon et sa famille (il a cinq filles). Il fournit le couvent voisin et ne prête crédit aux rumeurs qui parlent d’enfants illégitimes, de ventes d’enfants (lui qui n’a pas connu son père), d’oppression… Pourtant suite à un regard furtif, il choisit de savoir, de pousser la porte, de lever le voile, sur ces femmes mais aussi sur ses origines personnelles. Tout en retenue et sensibilité, Claire Keegan dresse le portrait d’un homme, bon, généreux, humain, tendre, héros ordinaire qui saura enfreindre ce que la bonne société et son hypocrisie imposent. Un très court mais intense roman.
« Pourquoi les choses les plus proches étaient-elles souvent les plus difficiles à voir ? »
Fiche #2609
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Jacqueline Odin
Quelle joie de retrouver le style d’Aki Shimazaki dans le premier volume d’un nouveau cycle tant elle nous aide, roman après roman, à mieux appréhender le Japon, son histoire et ses habitants. Cette fois, vous allez rencontrer Anzu, une jeune mère divorcée, modeste, animée d’une passion absolue et salvatrice pour la poterie. Rien ne peut ébranler cette passion, son ex-mari, ses parents, sa sœur, son beau-frère si attirant, tout ça coule, même lorsque la vérité et les mensonges deviennent violents et éprouvants. Avec douceur et ténacité, avec la discrétion et la fragilité du muguet (Suzuran), Anzu saura résister à tous les séismes (dans tous les sens du terme). Toujours aussi subtile et maîtrisé, on attend la suite avec impatience.
Ecouter la lecture de la première page de "Suzuran - Une clochette sans battant "Fiche #2610
Thème(s) : Littérature étrangère
Gleb est un guitariste virtuose et en 2012, à cinquante ans, apprend qu’il est atteint de la maladie de Parkinson. Un écrivain à succès, après leur rencontre fortuite, lui propose d’écrire sa biographie, occasion pour revenir sur son parcours personnel, intime, familial et professionnel. Un récit à deux voix, entre passé et présent, entre enfance et âge adulte, entre rêves et espoir (et la ville de Brisbane en fait partie) et désillusion, avec toujours la musique en fond, son passage de la domra à la guitare, et l’histoire de l’URSS, de la Russie et de l’Ukraine. En parallèle de l’évolution de la maladie, on suit sa réflexion sur sa vie, son passé, sa vie de couple, sa rencontre avec Vera, pianiste virtuose, la fille qu’il n’a pas eue et qu’il ne pourra sauver, mais aussi son combat pour la vie, pour le présent et l’espoir d’un avenir, d’un rêve. Un vrai roman russe qui vous emportera.
« …là où finit le mot, la musique commence. Ou bien, c’est vrai, la peinture. Ou bien tout simplement le silence… »
« La musique ne peut exister qu’en harmonie avec le silence. »
Fiche #2608
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Anne-Marie Tatsis-Botton
Médor traîne dans le quartier, dépité, triste, affamé. Heureusement, Mère-Grand lui ouvre sa porte, aux petits soins pour lui, elle lui ouvre son frigo, le coiffe, le lave, il devient le roi de la maison ! Jusqu'au jour où elle doit s'absenter et Médor retrouve la désagréable sensation de faim...
Fiche #2604
Thème(s) : Jeunesse
Notre monde n'est plus et quelques enfants (les mouches) survivent en triant, récupérant et revendant des détritus. Une organisation précise, avec des chefs qui ont survécu ! Jusqu'au jour où la jeune Lizzy trouve un objet singulier sans utilisation précise ou connue mais elle suppose qu'il a une grande valeur, et elle est bien décidée à le découvrir ! Un joli conte pour un bel hommage au livre.
Fiche #2605
Thème(s) : Jeunesse
Un texte tout en douceur et retenue pour évoquer la maladie d'un enfant et libérer la parole et ne pas avoir peur de ses sentiments.
Fiche #2606
Thème(s) : Jeunesse
Izumi est pêcheur sur une île lointaine au milieu de la mer du levant. Par hasard, il découvre une crique où les poissons dorés pullulent, des poissons très prisés et qui se vendent très chers. Mais Izumi fait des jaloux et ses concurrents après avoir découvert son trésor vont pêcher sans retenue... Un conte qui aborde avec sens le respect de la nature, le problème de la sur-pêche (ou de la chasse) et qui se conclut avec quelques feuilles accompagnées de modèles d'origami pour donner naissance à des poissons en papier.
Fiche #2607
Thème(s) : Jeunesse
Franck est chauffeur de taxi, une vie tristounette, d’autant plus que son chat vient de mourir. Lorsqu’il prend en charge Hélène une vieille dame seule avec sa valise, il est loin de douter de l’impact de cette rencontre. Hélène part à l’aventure, bien décidée à retrouver un amour passé. Elle est prête à tout, débordant de folies, de vie, de rêves, de poésie, elle s’est libérée de tout, ne reviendra pas en arrière, sur le passé, la vie et l’avenir l’attendent et elle emporte Franck avec elle, un duo de choc est formé. En ces temps gris et confinés, « le souffleur de nuages » vous offre un grand bol d’air frais, joyeux, débordant de vie, et vous incitera à devenir « un souffleur de nuages et n’oublie jamais que la vie peut être belle. Mais il faut savoir la regarder » et Nadine Monfils a assez de talent pour vous y faire croire (Nadine, vous avez la plus belle page 46 des romans de la rentrée) ! Un voyage réconfortant et léger qui nous fait du bien.
« Les mots sont la médecine de l’âme. J’écris de la poésie, pour le plaisir. Les poèmes sont des boutons de bottines. Malheureusement aujourd’hui, on marche en basket. »
« J’aime que les mots soient comme des bonbons qu’on a envie de laisser fondre sur la langue du diable. Des mots à sucer, à rêver, à enfermer dans une boîte à malice. Juste pour le plaisir de les ressortir de temps à autre. Et de les faire rôtir au milieu d’un champ de pâquerettes. »
« Un poète, c’est une chaise à trois pieds, qui écrit avec ce qui lui manque, pour pouvoir s’asseoir pour l’éternité. »
« Vivre, c’est prendre le risque de mourir à chaque instant. Alors autant vivre à fond. »
« Il partait du principe que le pessimisme est un fabricant de naufrage. »
Fiche #2602
Thème(s) : Littérature étrangère
Une série hommage au western et au genre et à ses œuvres référence avec, plus singulier, une femme comme héros. Elle débarque pour se marier à Silver Creek en juillet 1900. Beau projet, une nouvelle vie, mais l’heureux élu vient de mourir brutalement. Mais que cache réellement Emily ? Pourquoi est-elle vraiment venue ? Certains vous le découvrir à leurs dépens très rapidement ! Très efficace !
Fiche #2603
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Seth, vingt-deux ans, il a longtemps rêvé d’une carrière dans le base-ball, il est finalement plombier et une vie sans surprise. Son grand-père Ati vient de rejoindre la maison familiale après la mort de sa femme. Ati parle peu, mais franchement et directement, sans fioriture, parfois avec violence et ironie, « un animal assez difficile à approcher ». Relation tendue donc, mais la tendresse et l’admiration ne sont jamais loin et « Pourtant, il exerçait sur Seth un magnétisme contre lequel il lui était impossible de lutter ». En arrivant le grand-père confie une cassette à la famille leur conseillant de la regarder. Seul Seth s’y attellera pour une plongée absolue dans le monde des Inuits dont Ati est un digne (peut-être le dernier ?) représentant. Ati est arrivé avec sa mythique Chevrolet Impala et il propose un marché à Seth : un long voyage (peut-être plus long qu’il ne le pense), de Los Angeles à Vegas, et l’Impala sera à lui. Seth ne peut refuser cette proposition malgré ses craintes et le fait de rater un match important des Dodgers. En parallèle, le lecteur partagera donc la découverte d’un monde singulier et disparu (« Il est des mondes dont on n’apprécie les subtilités qu’à l’instant où on les voit disparaître. ») par Seth et le long voyage d’Ati et Seth, entre chaud et froid, entre désert et glace, entre colère et sourire, pour qu’ils puissent se connaître, se découvrir et s’apprivoiser, en espérant qu’il ne soit pas trop tard...
Ecouter la lecture de la première page de "Maktaaq"Fiche #2601
Thème(s) : Littérature française
Des chiens, du plus petit ou plus grand, du plus poilu au tondu, petites oreilles, grandes oreilles, une revue complète qui nous permet de les observer minute après minute, jour après jour, dans leurs occupations et préoccupations : qu'observent-ils ? Qu'attendent-ils ? Que souhaitent-ils ? Que rêvent-ils ? ... Un superbe album où le texte et les illustrations (exceptionnelles) ne font qu'un pour rendre un hommage poétique débordant de tendresse, d'émotion, de joie et d'humour à ces boules de poils qui nous accompagnent au quotidien et rendent souvent la vie plus légère.
Fiche #2600
Thème(s) : Jeunesse
Elles ont toutes rencontré l’horreur, la violence masculine, brute et déchirante. En quelques minutes, leur existence a basculé, traumatisme définitif. Comme souvent, la justice officielle est restée aux abonnés absents, alors la colère gronde, l’orage menace. Elles décident de se réunir, créer un collectif féminin, se grouper, faire face, tenter de reprendre leur vie en main, retrouver ces monstres et les affronter. Les blesser, pas physiquement, mais là où ça fait mal, pour qu’ils ressentent vraiment la peur et la violence, « une vengeance qui laisse des traces, une vengeance chiante, pas juste des bleus qui disparaissent dans la semaine. ». Se faire justice, radicalement, sans demi-mesure. Pourtant la réparation reste impossible et elles le savent. Mais ce chemin douloureux vers la vie créera entre elles une amitié forte et indéfectible. Un cri de femmes blessées, puissant, vif et réaliste.
Premier roman
Fiche #2599
Thème(s) : Littérature française
Rose n’a jamais connu son père qui vient de décéder. Mais lui l’a toujours suivie, de loin, Rose vit en effet à Paris, alors que lui réside au Japon. Avant de mourir, il lui a écrit une lettre lui proposant de venir au Japon. Elle découvre tout d’abord légèrement contrariée à Kyoto la demeure de ce riche marchand d’art. Paul, l’assistant et admirateur de son père l’accueille et sera son guide. Son père a prévu un voyage au coeur du Japon, une découverte d'un pays, de lieux, du monde minéral et végétal qui l’entourait, des jardins, des arbres, des fleurs, des odeurs et couleurs, mais aussi de pierres et Muriel Barbery en multiplie les descriptions précises et imagées. Peu à peu, l’attirance prend corps, envers les lieux mais aussi envers les personnes, elle les découvre, elle se découvre. Un parcours initiatique tout en douceur et en retenu pour assister à la (re)naissance d’une femme.
« Si on n’est pas prêt à souffrir, dit-elle, on n’est pas prêt à vivre. »
« Par le seul fait de vivre, tous les risques ont déjà été pris. »
« La vie est transformation. Ces jardins sont la mélancolie transformée en joie, la douleur transformée en plaisir. Ce que vous regardez ici, c’est l’enfer devenu beauté. »
Fiche #2598
Thème(s) : Littérature française
Après « Je sais pourquoi chante l’oiseau en cage », nous retrouvons dans « Rassemblez-vous en mon nom », Maya Angelou (ou Rita) âgée de dix-sept ans avec Guy, son bébé sans père. Nous allons partager deux années de son existence, de petit boulot en petit boulot. Elle avance fièrement vers son indépendance au gré des rencontres, belles ou mauvaises, tendres ou dangereuses. Elle est éduquée, aime passionnément la lecture, adore la danse et la musique, découvre le jazz, mais la vie l’éloigne de la culture et le danger provient en particulier de sa recherche éperdue de l’amour, sentiment qui peut l’aveugler et remettre en cause ses capacités de jugement, par amour elle est prête à tout ! Mais Rita a du caractère et à chaque mésaventure, elle trouvera les ressorts pour rebondir, déménager, partir, changer de travail, quitter l’homme qu’elle aime et toujours conserver sa liberté. Portrait d’une femme sincère, indépendante, libre et volontaire : la vie de Maya Angelou est vraiment digne d’un roman.
« L’apitoiement sur soi, à ses débuts, est aussi agréable qu’un matelas de plumes. Ce n’est qu’à la longue qu’il devient inconfortable. »
Fiche #2597
Thème(s) : Littérature française
Billy est venu du Canada pour prendre part aux combats de la première guerre. Déjà son départ fut mouvementé, alors que dire de son arrivée dans les tranchées ? Pourtant Billy fit preuve de tant de courage qu'il fut reconnu comme héros de guerre ! Mais qui est donc ce valeureux combattant ? Un chevreau canadien devenu mascotte d'une section, un album inattendu qui relate cette histoire vraie.
Fiche #2596
Thème(s) : Jeunesse
Sept ans que Marika a quitté Berlin pour la France et ses frères. Elle revient accompagnée par son fils Solal pour rencontrer pour la première fois son père Thomas, metteur en scène. Trois jours qui devaient être éclairés par cette rencontre mais trois jours qui vont s’obscurcir rapidement : Berlin va retrouver la cataclysme de son histoire sous une autre forme. A 600 km de là, un volcan éteint se réveille, réchauffe dangereusement l’atmosphère et libère une multitude de particules noires, polluantes et étouffantes. Dans le même temps, un tremblement de terre aussi soudain qu’inattendu sépare Berlin en deux, « la ville a mugi de douleur et s’est déchirée dans un cri dégueulasse, un cri de mort, grave, qui remonte du plus profond, du plus loin, du ventre de la terre. ». A cet instant, Solal et Thomas sont ensemble dans le métro. Thomas s’efface et n’aura de cesse que de sauver Solal et de le ramener vers la vie. Marika quant à elle se lance dans une course effrénée pour retrouver son fils et parcourt en tous sens la ville détruite, au cœur de la panique, de la fuite collective, de « l’encadrement » policier. Marika est une combative, elle montrera une énergie folle pour retrouver son fils. Astrid Monet traduit parfaitement la tension, parfois la terreur, l’état des lieux et l’effondrement de l’environnement sans oublier de nous faire partager les instants de tendresse entre Solal et ses parents comme les moments de solidarité entre ceux qui refusent de partir et de céder au chaos dans une ville marquée par l’Histoire.
Ecouter la lecture de la première page de "Soleil de cendres"Fiche #2595
Thème(s) : Littérature française
Faire trop de sport, manger trop de chips, boire trop d’alcool, fumer trop de cigarettes, regarder trop la télé, trop twitter… chacun ses passions qui peuvent vite devenir exclusives voire excluantes et addictives. Et le jeune Théo sans en être conscient est en train de le découvrir. Adepte des jeux vidéos, il a découvert Land of the Living Dead, un jeu pour adultes où les zombies sont rois. Il se croit libre, puissant, maître de son destin mais le jeu l’aspire dans un autre monde. Il en oublie ses copains, la belle Yaëlle et l’école. Comment arrêter et se détacher de cette emprise ? Heureusement, Théo a de très bons copains attentifs qui l’aiment et ne tombent pas dans son travers, une sœur attentionnée, un éducateur à l’écoute, et ils réussiront ensemble à lui ouvrir les yeux puis à l’inciter à parler et à se confier à ses proches, la lumière du bout du tunnel jaillira ! Un roman qui aborde avec réalisme l’addiction ici au jeu vidéo et peut permettre d’ouvrir un débat de fond sur tous les types de dépendance.
Fiche #2592
Thème(s) : Jeunesse
L'ours Robear a décidé d'écrire sa première histoire. Très volontaire, il se met devant sa machine à écrire et se lance dans l'aventure sous l'oeil de son meilleur ami. Mais Robear avec ses grosses pattes a un peu de mal à taper sur les bonnes touches, les mots s'en trouvent tout retournés ! Heureusement son ami veille...
Fiche #2593
Thème(s) : Jeunesse
Elle a à peine quinze ans dans le milieu des années 90 et revient passer ses vacances d’été en famille dans le village natal de sa mère, au cœur de la campagne française. Elle devient la seule fille d’un petite groupe d’ados désoeuvrés, six p’tits mecs qui la surnomment la Bourge, ils veulent rester libres, refusent les contraintes : « Peut-être les silences derrière l’esbroufe qui laissait à penser que rien n’était grave ni à prendre au sérieux. » Elle découvre le groupe, l’amitié, l’amour. Ils ne font rien, le vide, l’ennui, sauf à enchaîner des petites transgressions qu’ils jugent anodines, bien loin des jugements de leurs parents et des adultes… Et cette période restera un moment charnière de sa vie. Ils vivront non loin les uns des autres et cet été restera ancré dans sa mémoire même si elle a repris une fois les vacances achevées le chemin prévu, les études, elle sera prof, mari, enfants… Eux resteront, rien ne changera.
Premier roman
Fiche #2594
Thème(s) : Littérature française
Benjamin Grossmann croit avoir réussi à s’extirper du quartier populaire de l’Esp parisien où il a passé son enfance. Il est devenu le pape des séries en France, monde de paillette, richesse et proximité avec le pouvoir, du moins les décideurs. Il revient voir sa mère mais regarde la population, ses anciens voisins, de haut, sans sentiment, des invisibles. Néanmoins, un soir, il se fait voler son portable et le voilà à nouveau plongé dangereusement dans l’arène. Les évènements s’enchaînent (effet papillon ou « Comment être sûr de la part du hasard dans une tragédie ? ») : un gamin mort, une flic qui le bousculent au-delà de la mort, une lycéenne du quartier filme la scène et sa vidéo devient virale, les politiques et les médias s’en mêlent, les communautés s’affrontent, les rivalités de quartier rejaillissent, les émeutes grondent, un monde s’effrite. Un récit rythmé qui portraitise notre société à la dérive où chacun reste dans un équilibre fragile et où tout peut basculer et entraîner les masses et les individus en instant.
Ecouter la lecture de la première page de "Arène"Fiche #2591
Thème(s) : Littérature française
Sandrine Willems choisit de lier deux vies de deux époques, un siècle les sépare, et pourtant elles semblent si imbriquées. Schubert et une passion exclusive pour la musique, Marie-Jeanne pour la dentelle, ils partagent le goût du travail accompli, de la perfection, de l’absolu : « Oui ces mélodies étaient pareilles à la dentelle, entretissant leurs fils sur le silence, avant de s’y renfoncer. » Entre silence et musique, ils s’interrogent sur leur vie, sur leur solitude face à leur création, sur leur incapacité à vivre leur passion amoureuse. Schubert et Thérèse, Marie-Jeanne et Clément. La musique de Schubert (une vie compliquée, une mort précoce et une musique lumineuse) va se frayer un chemin dans la vie de Marie-Jeanne retirée en Ardèche, l’accompagner et l’épauler dans son quotidien, dans sa solitude, adoucir sa mélancolie. Entre lumière et douleur, une écriture sensible et dépouillée accolée à deux personnages seuls marqués par une mélancolie que seul le sublime de la nature et de la musique pourront sauver.
« On croit toujours aller vers l’autre et on ne va jamais qu’à côté. »
Fiche #2590
Thème(s) : Littérature étrangère
1999 fut peut-être une année charnière, la tempête de cette fin d’année avant de changer de siècle pourrait en effet être le début de la traduction environnementale du monde créé par l’homme, le début d’une série de catastrophes toujours en cours. Cette année là, comme les précédentes, Alexandre est dans sa ferme dans le Lot, il a choisi de reprendre la ferme de ses parents, a préféré la nature à l’exode, ses sœurs sont parties vers la ville. C’est le moment pour se retourner, revenir sur son passé intime, ses rencontres, ses engagements, son travail, ses luttes. Car Alexandre n’est pas un homme isolé, perdu sur sa colline, reclus dans sa ferme, l’homme est résolument tourné vers les autres, bien ancré dans un certain collectif humain et le monde ne l’oublie pas, il impacte son quotidien au jour le jour. Alexandre est un fidèle : fidèle à sa terre qu’il aime plus que tout, fidèle à ses idées, fidèle à la nature, fidèle à Constanze une est-allemande qu’il sait éprise de liberté et prête à parcourir le monde. Alors Alexandre sera aussi un militant, rêvera en une certaine société, espèrera en quelques politiques avant de subir leurs trahison et renoncements. En vivant aussi les mutations de notre société et du monde agricole depuis sa ferme, son intelligence et sa clairvoyance lui permettront de déceler les failles et dangers des choix politiques nationaux (voire même à l’échelle supérieure), de l’élevage intensif, des politiques énergétiques, de la religion aveuglante du progrès… Trente ans d’histoire, histoire humaine, histoire sociale, histoire politique, histoire de la France et du monde avec au centre Alexandre, agriculteur et paysan du Lot. Serge Joncour est un romancier, il écrit donc des fictions et pourtant il reste toujours dans le vrai, dans l’authentique et nous touche par sa franchise et sa lucidité. Le lien avec ses personnages est toujours immédiat et profond. Cet homme est un magicien !
« Ce qui compte c’est pas de bouger, c’est d’être là. »
« …et faire de la politique, c’est apprendre à ne plus penser par soi-même… »
Fiche #2589
Thème(s) : Littérature française
Deux soeurs et leurs filles passent l’été 53 dans une maison isolée de l’arrière-pays niçois. Les hommes sont absents. Le temps se passe dans l’attente, entre impatience et peur. Chaque voiture qui passe est peut-être celle qui ramènera l’un d’eux ou qui apportera une mauvaise nouvelle. Les sentiments et les ressentis pour les deux absents divergent. L’un est présenté comme parfait, un héros (il est parti combattre en Indochine) et l’autre comme un raté noyé dans l’alcool. Sauf par sa fille, pour qui il reste son héros. Elle n’a pas oublié les instants de bonheur partagés avec son « cueilleur d’étoiles » mais souffre néanmoins de la comparaison permanente presque obsessionnelle entre son père et son oncle : « L’écart est trop grand entre mon père et lui. Entre un zéro et un héros… Un zéro, mon père ? Je fais et refais le calcul, 1000 fois gentil + 1000 fois rigolo = 2000, pas zéro. » Alors évidemment, des affrontements, des joutes deviennent inévitables. Chacune défendra son héros. Un récit bien ancré dans son époque, qui par la vision d’une petite fille qui a conservé sa naïveté et son humour, dresse le portrait d’une famille, nous parle de la filiation, des amours maternel et paternel, de l’opposition latente entre les visions adulte et enfantine, de l’absence, des petits moments de bonheur qui passent, de l’impact des déchirures entre adultes sur les enfants… Un roman prenant et émouvant entre tendresse, douceur et douleur.
Ecouter la lecture de la première page de "Les grandes poupées"Fiche #2588
Thème(s) : Littérature française
Olivier PHILIPPONNEAU
Le porc-épic de Schopenhauer
Editions 3oeil
35 | 07-09-2020 | 9€
Les éditions 3oeil lancent Philonimo, une nouvelle collection pour évoquer avec les petits et les grands des concepts philosophiques ou plus simplement les relations humaines et la vie. De superbes petits ouvrages façonnés à la perfection, un beau papier, un texte simple et direct mais évitant de bêtifier l’idée force de l’ouvrage et son jeune lecteur. Le porc-épic de Schopenhauer permettra de parler du vivre ensemble, de la différence et de la politesse alors que Le cordeau d’Epictète nous aidera à savoir où est le bonheur et peut-être le trouver !
Fiche #2587
Thème(s) : Jeunesse
Il est le Roi, elle est sa princesse. Il est le Roi de l’Archipel Loin-Confins et Tanah, sa fille, lui voue une confiance absolue, l’écoute avec passion et partage son imaginaire, ses histoires extraordinaires vécues comme réalité par la petite princesse : « Tanah ne cherche pas à savoir si ce que raconte son père est réel ou pas, vrai de vérité vraie ou simple pacotille. Il raconte, elle écoute, elle ne s’en lasse pas. Elle est pétrie de foi. ». Ces histoires, ce monde extraordinaire, l’amour partagé entre un père et sa fille, leur relation privilégiée marqueront à jamais Tanah et seront le ciment de sa vie d’adulte. Pourtant, assez jeune, une crise plus marquée, les rois sont parfois fragiles, et la petite fille se confrontera à la réalité de son père. Mais jamais elle n’oubliera complètement Loin-Confins, son Roi, ses rêves. Le Roi vieillira, la Princesse grandira mais restera toujours à ses côtés. Un conte avec une tendre relation entre un père et sa fille qui démontre la puissance de l’imaginaire et la place prépondérante de l’enfance dans notre vie d’adulte.
Ecouter la lecture de la première page de "Loin-Confins"Fiche #2585
Thème(s) : Littérature française
Dans son dernier roman, Alice Ferney dissèque l’intimité de ses personnages, des personnages bien ancrés dans leur époque : le couple, la maternité, la filiation, l’amour, le désir d’enfant, la sexualité, la gestation, enfant naturel, enfant fabriqué… Et naturellement la science et la médecine (voire l’économie) ont aujourd’hui leur mot à dire et percute souvent ces thématiques. Alice Ferney expose tous les possibles, tous les poins de vue, les pour, les contre, les hommes, les femmes... Pour incarner cette plongée dans l’intime, le récit débute avec un accouchement tragique puisque Ada, déjà mère de Nicolas, meurt en accouchant de sa fille, Sophie. Alexandre, le nouveau père, se retrouve seul et restera toujours très lié à Sandra, une célibataire féministe, nullipare volontaire et assumée qui gardait Nicolas pendant l’accouchement. Ils sauront dialoguer et débattre de leur intimité. Alexandre reprendra pied progressivement et grâce à un site rencontrera Alba, une femme libre, une femme qui se construit, se décide. Avant de se marier, il saura qu’elle refuse toute relation sexuelle, « Elle ne voulait pas d’un mâle ni davantage être femelle. ». Mais ce mariage, Nicolas et Sophie vont réveiller chez Alba son désir d’enfant sans abandonner son refus de rapport sexuel, et aujourd’hui, la loi et la science peuvent satisfaire ce désir intime et puissant. Alors Alexandre acceptera à nouveau de l’accompagner. Alice Ferney explore avec précision et clairvoyance (et parfois humour) l’intimité d’un couple hétérosexuel en 2020 et l’impact de la science et du savoir médical sur cette intimité et la maternité.
Ecouter la lecture de la première page de "L'intimité"Fiche #2586
Thème(s) : Littérature française
Dans la continuité de Little Tulip (mais on peut lire néanmoins New York Cannibals sans avoir lu Little Tulip), on retrouve avec plaisir Paul le tatoueur et sa fille adoptive Azami devenue flic et hyper musclée ce qui a dégagé de l'espace pour de superbes tatouages ! Elle vient d’apprendre qu’elle ne pourra certainement pas enfanter (merci les amphétamines) quand elle trouve par hasard un bébé dans une poubelle. Immédiatement, elle décide de le garder sans rien dire et avec Pavel le pouponnent avec bonheur. Mais ce nourrisson avait naturellement une histoire et les voici plonger dans une enquête et une traque périlleuses et violentes avec des résurgences inquiétantes du passé russe de Pavel (ou Paul) au cœur du New York interlope où tout est possible même le pire, des trafics singuliers, une folie sanguinaire pour des personnages exceptionnels ! Toujours aussi efficace !
Fiche #2584
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Le phylloxera provoqua en France un bouleversement à la fin du XIX ème : pratiquement l’ensemble du vignoble français fut touché et disparut (notamment à Vaux-le-Pénil !). Cette catastrophe eut évidemment des conséquences humaines. En 1873, un vigneron du côté de Lons-le-Saunier, sur les coteaux du Jura, vit sa vigne dépérir et mourir et décida du jour au lendemain de fuir la misère annoncée avec quelques économies et pieds de vigne en poche et partit vers la Californie. Le hasard ou le destin le fit accoster à Valparaiso au Chili, fondement de cette saga familiale sur quatre générations. Une longue renaissance attendait cet homme (et sa vigne) : un mariage, trois fils et la France se rappelle à son bon souvenir. Les trois fils partent pour la première guerre et seul Lazare reviendra, personnage central du roman. Une saga qui s’étire jusqu’à la mort de Salvador Allende, moment où le dernier de la lignée bouclera le cycle de l’exil en revenant en France après avoir été torturé puis libéré notamment grâce au combat de sa mère. Le premier Lonsaunier changea de nom en arrivant au Chili, le dernier fera de même en revenant en France. Un saga exceptionnelle entre deux pays, entre deux cultures, avec des personnages puissants, lumineux, qui décideront à un moment ou à un autre de leur destin et qui nous rappelle si besoin que l’histoire de l’humanité est une histoire d’exil et de déracinement. Une construction habile qui ne perd jamais le lecteur, un style maîtrisé, un conte (avec un zeste de magie sud-américaine) qui vous emporte aux côtés de personnages principaux et secondaires inoubliables, à découvrir absolument.
Ecouter la lecture de la première page de "Héritage"Fiche #2583
Thème(s) : Littérature française
La famille Spautz règne royalement sur la mort au Luxembourg. Elle gère l’agence Lumières-de-l’Est (« Mourez, nous ferons le reste ») de pompes funèbres avec un quasi monopole. Depuis très longtemps. Depuis toujours. Enfin peut-être. De père en fils. La fille Janelle a déjà bien endossé le costume de croque-mort et s'apprête à initier son jeune frère. Mais, gros souci, le petit dernier, le successeur, Gabriel ne montre pas une motivation extrême pour suivre le chemin tracé par le destin familial. Sa rencontre avec son premier mort, Alphonse Pétrelle, le marquera à jamais. Alors que faire ? Baisser la tête et devenir agent de pompes funèbres dans la lignée ou relever la tête et faire ses propres choix. Il va pouvoir y réfléchir puisque son père, amoindri après avoir été foudroyé un jour d’alunissage…, l’inscrit dans une école de formation aux métiers du funéraire. Une étape qui va lui permettre de réfléchir à son avenir mais aussi de découvrir les secrets d’un passé bien enfouis de sa propre famille. Une plongée précise et souvent drôle dans le quotidien d’un métier ignoré : Jean Teulé avait portraitisé le jeune et joyeux mouton noir d’une famille intimement liée au suicide dans Le magasin des suicides, Olivier Bleys nous fait rencontrer avec bonheur son frère croque-mort débordant de vie : « Si fossoyeur j’allais devenir, ce serait d’un genre qu’on n’avait jamais vu, jovial, avec des habits de couleurs et le sourire aux lèvres, plutôt voyagiste de l’au-delà qu’escorte des endeuillés. »
Ecouter la lecture de la première page de "Mon nom était écrit sur l'eau"Fiche #2582
Thème(s) : Littérature française
Tom vit avec ses parents en pleine nature, dans le quartier de Peyrache. A chaque vacances, sa sœur, son frère et leur famille les rejoignent pour des soirées de Backgammon parfois tendues. Il est musicien, sa famille reconnaît son talent. Et pour l’instant, on pourrait penser que cela lui suffit. Tom est hypersensible, écorché vif, il voit les couleurs des gens et touche leurs émotions, leurs sentiments, leur personnalité et il en souffre. Mais deux rencontres vont bouleverser sa vie, deux doubles qui vont lui permettre de grandir et de se révéler à lui-même mais aussi aux autres. Tout d’abord, un chasse-neige et une piqure d’abeilles, une abeille de Marie, la belle apicultrice, sauvage, libre et exceptionnellement belle et c’est l’amour qui lui tombe brutalement dessus. Devenu fou d’amour, il est subjugué mais rencontre dans le même temps une jalousie maladive et dangereuse et la peur de perdre Marie. Deux sentiments qui le mèneront vers l’inacceptable. Puis, Franck, dit La Chtouille, manager fou et looser, amoureux de la vie, de la musique, de la drogue, du sexe croit immédiatement en lui et en son talent. Et il est bien décidé à le mener sur le chemin périlleux du succès et de la gloire. Rien ne les arrêtera, ils ne se quitteront plus. Portrait d’un jeune homme passionné en train de se découvrir, portrait d'une femme libre, portrait d’une famille oscillant naturellement entre amour et colère, portait d’un amour absolu, le tout sur fond de musique et de création. Un premier roman évidemment rythmé, mais avant tout virevoltant et débordant de vie avec de brillants épisodes poétiques.
Premier roman
« Il se passe parfois des moments qui nous échappent, à croire que les éléments se contactent et s’arrangent dans notre dos pour créer des instants uniques, particuliers, des tsunamis émotionnels, des brasiers géants qui enflamment le ciel et qui en changent les couleurs. »
« La générosité ne s’apprivoise pas les gars, elle reste sauvage, on peut en tirer les fruits mais c’est elle qui décide au fond comme la foudre, le vent. »
« Au début j’ai pensé qu’on se voyait tous comme ça, comme des êtres lumineux et colorés, et que chacun se gargarisait de la beauté des feux d’artifice de l’autre. »
« Le monde est une névrose. »
Fiche #2580
Thème(s) : Littérature française
Le héros sort de chez lui en pantoufles, des charentaises véritables, pur laine. La porte se referme, et patatras, les clés sont restées à l’intérieur ! Cela pourrait être terrible, faire appel à un serrurier, casser une fenêtre, hurler... Que nenni ! L’homme se retrouve sur le trottoir avec ses pantoufles, confortable, douce, silencieuse et décide sereinement de les garder et de poursuivre sa journée. La mutation est immédiate, il est devenu un autre homme qui va découvrir le pouvoir inattendu de ses charentaises. Les regards changent. Et finalement, il le supporte bien, sans honte, sans gêne, l’hostilité, les moqueries ou autres réactions ne l’arrêteront pas. Même la police ne pourra rien y faire. Il les gardera partout, au travail, au café, dans une soirée, dans une boîte échangiste... Il pourrait devenir un nouveau type de performeur voire un membre éminent d’une nouvelle congrégation ou d’un parti politique. Et si en plus, les pantoufles permettent de rencontrer l’amour, quelle belle intuition de les avoir conservées ! Un texte doux et drôle (les pantoufles autorisent même les calembours !) comme ces belles charentaises de chez nous mais aussi un singulier hommage à la différence.
Ecouter la lecture de la première page de "Les pantoufles"Fiche #2581
Thème(s) : Littérature française
Creuser dans son jardin, trouver un objet ancien, puis une source, les fouilles deviennent alors clandestines, deux voisins s’y retrouvent : c’est parti pour une immersion totale dans l’histoire et les légendes provençales. « Le dit du Mistral » est un roman singulier, un conte bousculé par le Mistral omniprésent et les odeurs du Luberon, un voyage dans les rêves, dans le langage provençal si imagé, au cœur de la nature chatoyante où la faune sauvage rode sous l’œil attentif du chat Le Hussard. L’attachement des personnages (tout en conservant un œil critique et parfois moqueur) à leur espace de vie, aux arbres, aux rivières, à la faune, aux couleurs et aux odeurs, à la magie des lieux, à la liberté d’errer à l’ombre du Ventoux est immense et ils nous le font partager modestement mais avec efficacité. Quel hommage à l'imaginaire (provençal) ! Dommage que Le Tripode ne fournisse pas comme marque-page un billet de train pour le Luberon !
Premier roman
Fiche #2579
Thème(s) : Littérature française
Nathalie s’installe dans un cirque à Vladivostok pour créer des costumes. Cette femme devenue solitaire et qui ne parle pas la langue du pays va observer et rendre compte de la vie du cirque, apprendre à connaître (voire à devenir leur confidente) les athlètes restés pour préparer un concours international : un numéro de barre russe. Deux personnes supportent une barre sur laquelle un troisième exécute des acrobaties. Ce seront Nino (le plus jeune) et Anton les deux porteurs accompagnés par Anna l’acrobate. Ces trois là n’ont pas de liens particuliers hors de la piste et pourtant leur relation sera puissante. On suit son évolution, sa progression dans un cadre particulier, un entraînement hors norme, éprouvant, répétitif mais toujours accepté. Anna confie en effet sans retenue sa vie aux deux porteurs avec une confiance nécessairement totale, le doute est interdit. Ils recherchent l’exploit, le numéro inédit stupéfiant de beauté en oubliant le risque quand Anna vole follement et avec légèreté au-dessus de la barre, l’enchaînement de quatre sauts périlleux, tension permanente. Leur existence est confinée dans ce cirque avec ses odeurs, le froid, la promiscuité, l’obligation de partager l’espace et d’apprendre à connaître et comprendre l’autre. Avec son style feutré et maîtrisé et la douceur de ses mots, Elisa Shua Dusapin réussit parfaitement à nous plonger au cœur d’une relation d’êtres interdépendants qui exige compréhension et coopération et à nous faire ressentir la tension et le danger permanents qu’ils vivent.
Ecouter la lecture de la première page de "Vladivostok Circus"Fiche #2577
Thème(s) : Littérature étrangère
L’héroïne auteure de cette confession aime tant la vie qu’elle entretient une longue idylle avec la mort. La famille l’oppresse et l’aspire dans une vie gelée alors elle se protège, cherche ailleurs, quitte temporairement Barcelone après des études d’art quelque peu laborieuses pour l’Ecosse, multiplie les rencontres, enchaîne les aventures sexuelles en assumant son homosexualité, s’enivre dans la lecture. Et pour être vivante, définitivement vivante, elle faudra qu’elle passe par cette confession, expose ses sentiments, son corps avec franchise, folie, humour et ironie ce qui entraîne joyeusement le lecteur dans sa folle et vertigineuse ronde qui permettra de briser son permafrost et rejoindre le camp de la vie.
Premier roman
« Je ne dors pas mais mon fixe est débranché, mon portable éteint. Et alors ? C’est ma façon d’être humaine. »
« ... rien ne rend plus aveugle qu’un lien de parenté. »
« Le doute, petite fissure par où s’infiltre la chaleur du monde, violation hardie du permafrost. »
« Je pleure comme le fruit pendu trop longtemps à l’arbre pleure l’excès de sucre. »
Fiche #2578
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Annie Bats
La cuillère prend naissance au Pays de Galles dans une famille (nombreuse) qui gère un hôtel. Une petite cuillère brillante, en argent ciselé, avec quelques marques distinctives est découverte. Une des filles de la famille s’éprend immédiatement de l’objet en ce jour tristement particulier : son père qu’elle adorait vient de mourir brutalement et tout le monde est éprouvé (« ... le gallois transmet mieux que toute autre langue le sentiment de perte. »). Malgré l’angoisse et la tristesse qui l’étreignent, la toute jeune femme (elle fête quasiment au même instant ses dix-huit ans) entreprend une enquête, un voyage initiatique et de reconstruction sur les traces des origines de cette mystérieuse cuillère. Son grand-père qui retrouve l’alcool à cette occasion la guide vers une piste française, la cuillère pourrait provenir de Bourgogne suite à un achat de quelques caisses de vin. Seren, dans la Volvo de son père, part enquêter. Un road trip rythmé (on roule vite en Volvo si elle n’est pas en panne !) plein d’humour, de vie, de rencontres et d’autodérision qui l’entraînera jusque dans un grand domaine de Bourgogne où les secrets de cette cuillère et même un peu plus se révèleront à elle et à sa famille à sa grande surprise !
Premier roman
« Dans cette nuit où personne ne dort je réalise que nous vivons entouré de choses auxquelles nous n’accordons aucune importance jusqu’à ce qu’elles disparaissent, se cassent ou se révèlent sous une lumière nouvelle. »
« On choisit sa route, mais on ne commande pas au vent. »
« Les gens veulent fatalement que l’on fasse ce qu’ils veulent que l’on fasse. Qu’est-ce que je veux ? ».
« Je sais que je peux apprendre à vivre sans ton père, mais sans lui je ne sais pas comment apprendre. »
Fiche #2575
Thème(s) : Littérature française
C’est l’histoire d’un été en Normandie. L’histoire d’une enfance, d’un enfant avec sa grand-mère. Chaque jour passe dans l’ennui, l’attente comme spectateur de sa vie. Les journées à la plage, le bain, les repas avec sa grand-mère attentionnée, « Notre vie est une symphonie de robinets qui coulent, de chasses tirées, de bains vidés, de vaisselle lavée, de linge essoré. » Il comble sa solitude par une grande imagination et une acuité extrême sur son environnement : comme un crabe enfoui dans le sable, il passe son temps à observer sans être vu, observer les familles, les enfants et la tendresse au cœur de cette vie qu’il ne semble pas connaître, rêver des relations, des amitiés. Et puis l’inattendu, l’inespéré. Autour d’une méduse, la rencontre avec Baptiste. Puis Baptiste et sa mère, Baptiste et sa famille. Deux garçons qui apprennent à se connaître, se découvrent, grandissent ensemble. Chaque petit geste a son importance, chaque regard, chaque mot, dans la timidité, la pudeur et la prudence. Tout a sens. Le jeune narrateur idéalise d’abord la famille de Baptiste alors que lui a honte de la sienne d’autant plus que sa tante schizophrène s’installe chez sa grand-mère. Un roman sur ce moment particulier de l’enfance qui se construit aussi grâce à l’autre et à l’amitié dans le moment présent en attendant le futur où tout reste possible.
Premier roman
« J’ai du mal à comprendre pourquoi, quand une personne en frappe une autre, ce n’est pas celui qui a donné le coup qui porte la trace. »
Fiche #2576
Thème(s) : Littérature française
Landon Carpenter est née en 1909, il descendait des Cherokees et les blancs aimaient tant à le lui rappeler. Malgré les épreuves, il gardera toujours la sagesse de son peuple, sa connaissance immense de la nature, son respect absolu de cette nature et de la vie mais aussi sa capacité à raconter les contes et légendes de son enfance voire à en créer quand la vie l'exigera. La première femme, Alka Lark, qui s’adressera à lui avec respect, sans a priori, lui le nègre, il l’épousera. Landon est un homme différent, modeste, effacé « Je me suis toujours entendu que j’étais insignifiant... Tu t’entends dire ça suffisamment et tu te mets à le croire. » et chez les Cherokees, les femmes ont une place à part, la place d'Alka sera respectée. Après une première naissance rapide d’un garçon, Leland, la famille sillonne l’Amérique au gré des naissances, des rencontres plus ou moins heureuses et des petits boulots souvent éprouvants du père puis revient en 1961 à son point de départ : Breathed dans l’Ohio, une maison maudite, avec huit membres de la même famille disparus avec des impacts de balle dans la maison, non loin de collines, en pleine nature. Trois garçons, Leland déjà engagé dans l’armée, Lint un gamin différent très demandeur des histoires (« ... non seulement Papa avait besoin que l’on croie à ses histoires, mais nous avions autant besoin d’y croire. ») et du pouvoir quasi-magique de son père, Trustin qui passe son temps à peindre et dessiner. Trois filles, trois sœurs complices, Fraya parfois anormalement en retrait, Flossie qui rêve de paillettes et d’Hollywood et Betty qui aime mettre avec poésie sur le papier ses sentiments, ses rêves et ce qu’elle vit. Betty, la narratrice, ressemble à son père, la même peau foncée, le même grand écart entre le monde cherokee et la vie américaine, et donc les mêmes jugements immédiats et péremptoires, la petite indienne est différente, et on le lui rappellera sans cesse, parfois violemment. Néanmoins Betty épaulée par son père, ses croyances, ses connaissances, son histoire, sa bienveillance et son amour, saura résister à l’adversité, protéger sa famille, se construire épreuve après épreuve, et une fois tous les secrets familiaux dévoilés (« Je me suis rendu compte que les secrets que l’on enterre sont des graines qui ne produisent que du mal supplémentaire. ») pouvoir devenir femme et in fine prendre son envol vers le Bout du monde sans jamais oublier son père et sa famille, et la puissance de la nature, c’est une certitude. Un portrait inoubliable, envoûtant et bouleversant d’une famille dans l’épreuve avec un père tendre, aimant, dévoué, d’une sagesse exceptionnelle et toujours aussi prompt à partager ses légendes indiennes et attentif à Terre-Mère, une leçon de vie.
« Il y a des hommes qui connaissent le montant exact de leur compte en banque, a poursuivi Maman. Il y a ceux qui savent combien de kilomètres indique le compteur de leur voiture et combien elle pourra encore parcourir. D’autres connaissent le score à la batte de leur joueur de base-ball préféré et ils sont plus nombreux encore à savoir la somme exacte que l’Oncle Sam leur a soutirée. Ton père, lui, ne connaît rien de tout ça. Les seuls nombres que Landon Carpenter a en tête, c’est le nombre d’étoiles qu’il y avait dans le ciel la nuit où ses enfants sont nés. »
« Devenir femme, c’est affronter le couteau. C’est apprendre à supporter le tranchant de la lame et les blessures. Apprendre à saigner. »
« Un arbre prêche mieux que n’importe quel homme. »
« Maintenant, mêmes ses rides ont des rides. »
« La pensée m’est alors venue qu’être enfant, c’est savoir que le balancement du berceau nous rapproche et en même temps nous éloigne de nos parents. C’est le flux et le reflux de la vie qui, tour à tour, nous pousse vers les autres, puis nous en écarte, peut-être dans le but de nous permettre d’acquérir la force nécessaire pour affront l’instant où ce mouvement de balancier nous aura tellement éloigné de la personne que nous aimons le plus qu’elle ne sera plus là quand nous reviendrons vers elle. »
« Tu sais quelle est la chose la plus lourde au monde, Betty ? C’est un homme qui est sur toi alors que tu ne veux pas qu’il y soit. »
« Les gens croient que c’est quand ils vous supplient de rester, mais en fait, c’est quand ils vous laissent partir que vous savez qu’ils vous aiment pour de bon. »
Fiche #2573
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
François Happe
Konrad et Andreas sont deux frères déjà inséparables quand la guerre se déclare. Et elle va encore les rapprocher, leurs parents, juifs et communistes, disparaissent dans les camps. Ils sont dans Berlin quand les Soviétiques libèrent la ville. Presque par hasard, ils sont recrutés par la Stasi et leur parcours permettra de mettre en scène les relations tendues entre les deux Allemagne qui atteignent leur paroxysme avec le match de football lors de la coupe du monde de juin 1974 entre la RFA et la RDA. Deuxième coup de maître pour le duo Collin-Goethals !
Fiche #2574
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Un carnaval peut-il éclairer d’une lumière singulière et joyeuse la banlieue ? Ou ne restera-t-il que le défilé furtif de personnages bigarrés dans un monde à part avec clown triste en tête ? Hector Mathis renoue dans « Carnaval », « autopsie d’un vertige », avec Sitam personnage de son premier roman déjà percutant « K.O. ». Avec ce sentiment « d’avoir été présumé coupable toute mon enfance... », il s’est éloigné de ses amis mais ressent déjà son erreur. Alors qu’il recherche Capu sa compagne, il apprend la mort de l’un d’eux et revient sur les lieux de son adolescence. Retour sur le passé, sur l’enfance, ajustement du présent. Il revient avec une banlieue (« Foutue résidence à suicides ») qui a continué de se dégrader, mais il n’est plus seul. La maladie l’accompagne. Il est condamné depuis l’âge de vingt ans (« Mort vivant dès la vingtaine. »), une sclérose et toutes ses conséquences au quotidien. Ce retour est prétexte aux souvenirs de l’époque de cette amitié fraternelle puissante, de leurs folles aventures, de leurs dérives, de leur vie en marge, de leur précarité mais une époque où ils rêvaient encore, surtout ensemble, toujours ensemble même si « On était coupables, pour sûr ! Infréquentables ! Mauvais ! Nuisibles ! ». Le constat est lucide, direct et donc se mue en cri de rage contre la société, contre la maladie, contre les hommes, cri de désespoir, parfois débordant de larmes mais au milieu de rires de ces adolescents débordant néanmoins de vie. Un style en total adéquation avec ce cri dans l’urgence, percutant, musical, rythmé. Le « K.O. » est brillamment confirmé !
« Moi je suis banlieusard à tout jamais. Paris me recrache chaque fois qu’elle tente de m’engloutir. Elle me régurgite. »
« Le produit c’est l’homme. Un sac de viande avec une connexion Internet. Bourré de frustrations. »
« L’homme, c’est un singe ! Un singe plus doué que les autres mais doué pour quoi ? La violence et la prétention ! Rien de plus... »
Fiche #2572
Thème(s) : Littérature française
Un siècle de l’histoire de trois générations d’une famille entre Figeac, Aurillac, leurs beaux paysages oubliés, et Paris et notamment l’histoire d’un fils de père inconnu, « A père inconnu, fils inconnu. ». Gabrielle accouche à 37 ans et confie son fils, André, à sa sœur Hélène. Le petit André se retrouve à Figeac avec Hélène et Léon et leurs trois filles, Gabrielle repartant travailler à Paris ne retrouvant André que chaque été. André adopte immédiatement sa nouvelle famille, Léon l’adore et c’est réciproque, « Léon parle comme ça, il a ses mots à lui qu’André aime bien ; ce sont des mots qui arrangent les choses, font rire, ou sourire, et consolent le monde. Il préfèrerait qu’Hélène et Léon soient ses vrais parents, et les cousines ses vraies sœurs. Il préfèrerait mais il a toujours su la vérité. » : il reste néanmoins un vide, ce père inconnu qui ne connaît pas l’existence d’André. Cent ans de vie modeste, de silence, « Soupire rime avec sourire... », d’histoire de vies, de vraies vies, histoire de familles, donc avec son lot de soucis et de tensions mais que l’écriture et le style de Marie-Hélène Lafon apaise et contrebalance avec une certaine sérénité. Comme d’habitude, le seul reproche à faire à Marie-Hélène Lafon est de contraindre le lecteur à sortir trop rapidement du tendre et doux cocon dans lequel elle l’installe si efficacement.
Ecouter la lecture de la première page de "Histoire du fils"Fiche #2571
Thème(s) : Littérature française
Ce qu'il faut de nuit
La Manufacture de Livres
18 | 188 pages | 07-08-2020 | 16.9€
Une famille du 54 (pourtant supportrice du Football Club de Metz) au quotidien simple et heureux. Mais la moman disparaît et le père reste seul avec ses deux fils, Fus et Gillou, Gillou et Fus, tant il les aime tous les deux, sans différence. Un père aimant et attentionné qui aime partager des moments d’intimité avec ses garçons, en silence dans la complicité, notamment autour de leur passion pour le foot et les matchs du dimanche de Fus. Il milite pour le PS depuis toujours, et les gamins le suivent souvent, lors des réunions de la cellule (même si aujourd'hui cela se résume à un goûter entre quelques-uns) ou les distributions de tract. Il pense que les valeurs qui lui sont chères ont été transmises, comme ça, simplement, dans les petits actes et comportements du quotidien, sans beaucoup de paroles. Mais le hasard des rencontres, l’adolescence, et Fus va suivre un autre chemin, dériver. Gravement. Violemment. Alors que l’avenir s’ouvre pour Gillou qui entame de hautes études, le trio se voit ébranler, bouleverser en un instant. Terrible basculement. Fus s’est-il éloigné définitivement de sa famille ? Mais l’amour restera présent au cœur de la tempête. Il faudra simplement que le père dépasse sa pudeur, s’en rende compte, l’accepte, le prouve, et enfin l’exprime lui qui n'a jamais trop su comment communiquer avec ses deux enfants. Un premier roman fort, prenant, bouleversant, social, politique, familial, intime, une tragédie d’amour.
Premier roman
« Que toutes nos vies, malgré leur incroyable linéarité de façade, n’étaient qu’accidents, hasards, croisements et rendez-vous manqués. Nos vies étaient remplies de foultitude de riens, qui selon leur agencement nous feraient rois du monde ou taulards. »
Fiche #2569
Thème(s) : Littérature française
C’est l’histoire d’Elias Naccache, une étoile filante de la toile. Un gamin brillant né au Liban, exilé qui n’a pas que peu connu son père assassiné, parti de rien, depuis la banlieue, pour s’installer dans les paillettes, le monde d’en haut, la richesse, le pouvoir... Un petit génie du web qui revend à prix d’or sa première idée, sa première entreprise. Avenir assuré, peut-être... L’euphorie du succès, la richesse empêchent ou gomment dans un premier temps les doutes professionnels ou intimes. Et puis, presque du jour au lendemain, Elias disparaît. Déconnexion ultime. Il a rejoint des volontaires en Syrie pour combattre Daech aux côtés d’autres chrétiens. On ne le retrouvera pas. Mort ? Disparu pour brouiller les pistes ? Un magazine people pressentant le sensationnel charge un ami de jeunesse écrivain, toujours resté en contact avec le célèbre disparu, d’enquêter, de reconstituer le puzzle de sa vie, de ses choix, de ses amours, de son intimité. Qui est vraiment Elias ? A-t-il endosser les thèses d’extrême droite par idéologie ? Qu’est ce qui l’a mené sur ce chemin : un amour impossible, un échec professionnel, un désir de revanche, la vengeance de son père, une profonde réflexion... L’œil amical de son ami d’enfance mène une enquête minutieuse entre la France et le Moyen-Orient et rencontre toutes les connaissances d’Elias, en espérant toujours retrouver ses traces et peut-être le dénicher cacher au fin fond du Morvan. Un premier roman qui se lit comme un polar avec un narrateur qui, en exposant son intimité, dresse un portrait aussi objectif que possible d’Elias, d’une certaine France mais également des problématiques identitaires qui minent nos sociétés depuis quelques décennies maintenant.
Premier roman
Fiche #2570
Thème(s) : Littérature française
Un camp. Des femmes, des hommes enfermés. Privés de liberté. Parfois, un camion passe et en emporte quelques-uns. Les autres restent et continuent d’attendre. Le camp n’est situé ni dans l’espace ni dans le temps (ce qui renforce naturellement la puissance et la portée du récit). Et puis certains, malgré leur fatigue, n’en peuvent plus d’attendre et se décident à partir. Prendre les sentiers, escalader la montagne, avec comme rêve, les plaines du Nord-Est, un eldorado, un lieu de vie agréable, « Et il y a pas un autre endroit où tu as plus envie d’aller que celui-là. D’ailleurs tu te poses même pas la question d’aller ailleurs que là. » Garri est accompagné d’Emmett, de Jammar et de Saul le poète rejoints ensuite par Tayna et avant d’atteindre l’éden espéré, une épreuve les attend. Gravir et dépasser un large et haut massif. Trouver son chemin, éviter les pièges, sursoir aux dangers mais aussi admirer les paysages, les sommets, les rivières... Des difficultés qui vont resserrer les liens du groupe, souder ces cinq là à jamais, révéler une humanité et une amitié absolues mais aussi permettre à chacun de partager à l’instant voulu quelques bribes d’un passé souvent lourd comme de quelques souvenirs plus heureux. Chacun a pris ce chemin avec son passé et son présent, et le groupe les endossera pour mieux repartir dans une nouvelle direction. A chaque roman, Antoine Choplin et son style nous émeuvent, créent instantanément ce lien fort entre ses personnages et le lecteur qui aimerait tant les accompagner, les aider et en tous cas jamais ne les oubliera.
Ecouter la lecture de la première page de "Nord-Est"Fiche #2566
Thème(s) : Littérature française
Anna est une petite fille qui touchée par une forte fièvre mystérieuse deviendra une autre, ou plutôt deux autres. Dans deux mondes différents. Elle entend ce que les autres n’entendent pas, elle voit ce que les autres ne voient pas, les miroirs lui parlent... Pour aller mieux, un mystérieux Georg lui prescrit deux médicaments, à prendre chaque jour, un bleu, un blanc. Alors la peur l’accompagne : peur de ce qu’elle vit, de son attirance pour le sang, de la menace qui rode, mais aussi peur de ce qu’elle est, de ce qu’elle serait sans les médicaments, de ce qu’elle va devenir, de ce qu’elle serait capable de faire, du moment où la bête va se révéler... Un court roman qui se lit d’une traite et qui aimante et attire le lecteur dans le monde et le tourbillon de l’étrange.
Ecouter la lecture de la première page de "Une bête aux aguets"Fiche #2567
Thème(s) : Littérature française
Un hameau et trois maisons isolées. Dans la première vivent Bergogne, sa femme Marion, leur fille Ida. A côté, la deuxième est habitée par Christine, une peintre retirée du monde artistique qui vit là depuis longtemps et a connu Bergogne gamin. Radjah le chien navigue entre les deux maisons. La troisième est vide et en vente. Bergogne a repris la ferme de ses parents et se débat dans les difficultés habituelles de ce genre d’exploitation. Il est très amoureux de sa femme même s’il sait que certaines zones d’ombres l’accompagnent et qu’elle cache quelques secrets. Ida adore les contes que continue de lui lire sa mère, des contes pour trembler. Dans deux jours, elle aura quarante ans et Bergogne prépare la fête et la nuit sera longue... Christine et deux collègues de Marion seront là. Mais le passé de Marion va faire violemment irruption avant que la fête prenne son envol. Deux hommes débarquent suivis par un troisième, tuent Radjah et les séquestrent un à un. Rapidement, il ne fait aucun doute qu’ils connaissent très bien Marion et son histoire... La discussion s’ouvre, la tension monte, la peur et les menaces pointent leur nez... Que ce soit dans un roman de soixante pages (« Ce que j’appelle oubli ») ou ici de six cent trente pages, Laurent Mauvignier excelle à tenir en haleine le lecteur et à installer une proximité évidente avec ses personnages, leur histoire familiale, leurs secrets, leur vie et leur destin.
Ecouter la lecture de la première page de "Histoires de la nuit"Fiche #2568
Thème(s) : Littérature française
A la tête de l’entreprise Bouké et Parteneure, ils sont deux, Stefan et Elsa. Stefan Bouké et Elsa Parteneure. Une réussite. Ils sont restés maîtres dans leur entreprise et s’apprêtent à lui faire subir une mutation. Un rachat de société, Vue mer. Il reste à l’annoncer à l’équipe. Stefan monte dans sa voiture pour se rendre à cette réunion, mais ne démarre pas. Pourquoi se déplacer, alors que tout est défini à l’avance. Depuis longtemps. La petite comédie de la vie, la petite comédie de la vie d’entreprise, les rôles sont déjà distribués, chacun à sa place (mais qui a décidé de cette place ?) : le gentil, le méchant, le silencieux, le râleur, le suiveur... Alors il se joue la scène. Les comportements de chacun, leurs pensées, leurs arguments, leurs gestes, leurs regards, leurs silences, leurs discours, son propre jeu avec Elsa… Il profite de l’occasion pour tirer le portrait de ce petit monde, de son monde, avec cynisme et ironie. Il pense être le marionnettiste et tenir les ficelles avec une maîtrise absolue. Mais est-ce si sûr ? Une satire efficace et percutante (le ton est léger pour un tableau bien noir) du monde de l’entreprise où la hiérarchie et le sentiment de supériorité restent bien ancrés dans l’esprit préformaté de certains dirigeants encore persuadés de rester les maîtres omniscients et indispensables du jeu de la vie.
Ecouter la lecture de la première page de "Vue mer"Fiche #2564
Thème(s) : Littérature française
C’est le temps des copains… Chaque été, en Corse, ils se retrouvent. Les frères soleil, deux frères et leur cousin qui vit sur le continent. Ensemble, ils sont heureux, jouent, courent, pêchent, se baignent, débordant de vie et d’enthousiasme. Pourtant, Rémi ressent sa différence, il n’habite pas l’île, rien n’y fait, alors il fait tout pour leur ressembler et est prêt à tout pour le groupe, pour prouver son appartenance, son lien à ses cousins comme à l’île. Cette légèreté apparente n’enlève rien au passé. La Corse peut être aussi exceptionnelle dans la beauté que dans la violence. Et chaque famille a sa part, cachée au fond d’une armoire, dans les silences des réunions de famille. Et cette famille là n’échappe pas à cette tradition. Les adolescents grandissent et les jeux changent. L’amour, la haine, le racisme prennent alors leur part et Rémi cherche toujours sa place. Et il va la découvrir dans la violence, dans l’horreur, en une fraction de seconde. Une nouvelle génération, une nouvelle blessure, de nouveaux silences, un goût amer dans la bouche, la vision se trouble un instant, « quelques éclaboussures », le paysage pourtant lumineux et sublime s’obscurcit puis l’histoire et la vie reprennent, « la Corse au premier plan », comme si rien ne s’était passé, enfin presque… Un récit familial contrasté, à l’image de la Corse, entre beauté absolue et violence inouïe et entre parole (toujours entravée par les racines) et silence.
Ecouter la lecture de la première page de "Frères soleil"Fiche #2565
Thème(s) : Littérature française
Bruna Husky est une réplicante de combat, techno-humain, femme de demain, une vie programmée pour dix ans, de 25 à 35 ans. Et ce compte à rebours l’interroge et l’angoisse : comment vivre quand la date de fin est fixée définitivement ? Dans le même temps, dans une zone dangereuse, elle enquête sur des poubelles atomiques accompagnée d’un inspecteur protecteur, d’un tripoteur ambigu, et d’une jeune réplicante lui ressemblant particulièrement. Entre le roman d’anticipation et le polar, « Le poids du cœur » nous interroge sur nos espoirs, notre vie, notre avenir et ce que nous faisons sur terre et ce que nous allons faire de la Terre.
« Nous allons tous mourir. Ce que nous faisons pour supporter ça, c’est l’oublier. »
« Vieillir, tu sais, c’est devenir peu à peu l’otage de ton corps. Toi, tu croyais naïvement que ton corps c’était toi, mais à partir d’un certain âge tu découvres qu’en réalité c’est un extraterrestre, un inconnu… Et encore plus angoissant, que c’est un inconnu qui te tue. »
« Moi, j’ai toujours eu peur de ceux qui ont plus de réponses que de questions. »
Fiche #2563
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Myriam Chirousse
Comment survivre au mal absolu quand on a quatorze ans ? Comment étouffer ses cris, sa révolte, sa douleur ? Dita a en effet douze ans quand elle découvre son premier camp nazi, ce sera Terezin, puis Auschwitz. Evidemment, elle sera confrontée à l’horreur, à la mort, à la maladie, à la souffrance, à la peur, mais un rayon de lumière viendra des livres. Huit livres. Huit livres à protéger, à cacher, à réparer. Huit livres à chérir. Désignée comme responsable, elle sera « Mademoiselle la bibliothécaire ». Des hommes prendront d’énormes risques pour assurer un semblant de classe, pour parler de ses livres, de leurs récits, rencontrer leurs personnages, les commenter, les compléter, s’envoler ailleurs, dans un autre monde, un monde libre, vers la vie, le monde d’hier, le monde de demain. Un instant, un bref instant, mais si vital. Un roman (basé sur des faits réels) bouleversant autour d’une héroïne exceptionnelle qui rappelle le trésor qu’est la littérature et comment elle peut nous aider à vivre même au cœur de l’horreur absolue.
Ecouter la lecture de la première page de "La bibliothécaire d'Auschwitz"Fiche #2562
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Myriam Chirousse
Alabama, 1880, Kate et Arthur Keller, le Capitaine, vingt ans plus âgé qu’elle, dans leur plantation, attendent un heureux évènement. L’accouchement se déroule sans problème, naissance d’une fille, Helen. Le bonheur inonde la maison. Et puis une mauvaise et féroce fièvre, une fièvre sans nom qui attaque le nourrisson. Ceux qui savent assurent qu’elle va mourir. Sa mère continue d’y croire. C’est sa petite. Elle va survivre. Elle survivra. Mais elle en sortira muette, sourde et aveugle. La mère et la fille en reviennent soudées, unies par un lien absolu à jamais. Pourtant, ceux qui savent voient en cette chose une sauvageonne, une folle, voire une bête ou un objet. L’ombre et la nuit semblent étouffer le domaine et la petite fille. Mais Kate, entre doute et culpabilité (« Elle ne peut pas céder. Elle ne veut pas… les mères sont tenues de s’acharner jusqu’au bout pour sauver leur progéniture. »), se refuse à abandonner Helen, la protège envers et contre tout et se lance à la recherche du chemin qui pourra la mener vers le savoir et la lumière. « Dans la grande tristesse de l’amour », le périple sera long, tortueux, pénible, hésitant, dangereux à cet instant où Le Sud et le Nord n’ont pas encore digéré la paix et les tensions raciales persistent, « ils ne sont plus esclaves mais le sont toujours ». « Les femmes résistent à tant de choses » mais jusqu’où cette mère sera-t-elle prête à aller pour sa fille ? Comment sortiront-elles de cette épreuve ? L’amour absolu l’incitera à accepter la séparation et de la confier à une autre, Anne pour qu’elle applique sa méthode et l’accompagne vers son statut de femme indépendante et « la belle lumière ». Angélique Villeneuve va une nouvelle fois vous illuminer avec ce portrait émouvant de femme endossant parfaitement son costume de mère et la puissance salvatrice de l’amour.
« Qui sait quels sont les vents qui nous poussent à faire ou à dire. Qui sait, après tout, s’il existe un hasard. »
Fiche #2560
Thème(s) : Littérature française
Noële n’a connu qu’elle, ne connaît qu’elle, la Géante. Elle vit à ses pieds, masse de pierre impressionnante, protectrice ou dangereuse. Noële y est totalement insérée, incluse dans la nature, elle la connaît parfaitement, la respecte, l’écoute, la scrute, la craint. Un peu sorcière, elle connaît les plantes, sait s’en nourrir, comment se soigner. Seul Rimbaud, son frère, qui parle davantage aux arbres qu’aux hommes l’accompagne. Existence spartiate, mais elle semble l’accepter. Jusqu’à l’arrivée de deux inconnus. Deux personnes bien ancrées dans le monde d’aujourd’hui, ouvertes sur l’extérieur. Ils connaissent le monde, elle ne connaît rien du monde, elle connaît La Géante, ils ignorent tout de la Géante. Maxim s’installe dans une maison proche d’elle, malade, il est venu se mettre à l’écart. Noële va jouer le rôle de factrice, et s’occuper des lettres échangées entre Maxim et Carmen. Et Noële les lira, découvrira une autre vie que la sienne, d’autres mots, les apprivoisera, d’autres sentiments jusqu’à interférer dans la relation. L’écriture de Laurence Vilaine magnifie une nature indomptable et le portrait de cette femme solitaire prête à s’éveiller à un autre monde.
Ecouter la lecture de la première page de "La Géante"Fiche #2561
Thème(s) : Littérature française
Avoir six ans à Beyrouth en pleine guerre civile, une main d’homme pour la maintenir du côté de la vie. La main d’un géant, son père. Dima témoigne de son amour total pour son géant, aux mains protectrices, aux mains qui l’emportent, qui la guident. Ces deux là, même s’ils ne savent pas se le dire, s’aiment profondément avec cette toile de fond terrible. Toujours sur le point de déménager, la famille est en mouvement, presque nomade. Ce père, colosse fragile, est inclassable, étranger aux religions, aux partis, mauvaise herbe dans ce monde qui se déchire donc à la marge, ne pouvant choisir son camp et préférant reconstruire son pays par les mots, en tentant d’estomper les maux, de se rassurer, affirmant toujours que tout va bien. A côté des mots, son seul refuge : les plantes et les arbres. Il lui fait découvrir leur douceur, le lien que l’on peut tisser avec le monde végétal, l’apaisement possible, un monde bien ancré dans la terre, mauvaises herbes ou pas, toujours à protéger, voire les aider à pousser, à grandir vers le ciel, à trouver leur espace de liberté, de vie. Mais la petite sait, sait qu’ils vont être séparés, ressent la souffrance et les angoisses de ses parents. A douze ans, c’est l’exil, la famille, sans le père, rejoint la France, d’autres arbres, une autre vie, une autre langue... L’homme libre les laisse partir pour une nouvelle vie mais ne peut se résoudre à quitter le Liban. Une séparation qui sème la graine de l’écriture de ce superbe roman qui magnifie une relation père-fille avec un arrière plan angoissant, une émouvante histoire d’amour mais aussi de perte.
Premier roman
« La poésie, c’est peut-être ce qu’on écrit quand on n’arrive pas à pleurer comme les autres. »
« Il faut que je mette au point une technique de l’oubli bien plus performante la nuit. »
« On sait que tout est mort quand la colère meurt. Quand la révolte meurt. On sait qu’il n’y a plus rien à faire quand on ne réagit plus, quand il n’y a plus de rage, quand la révolte dépose les armes au pied de la résignation. »
Fiche #2559
Thème(s) : Littérature française
Ils sont trois amis, différents mais unis, Serbe, Croate qu’importe dans la Yougoslavie d’hier. En 1990, Damir et Jimmy avec à leur côté Nada, forment les Bâtards célestes, un duo rock, qui anime les nuits de Zagreb avec son tube « Le vent froid a gommé les frontières ». Des jeunes comme les autres, les mêmes rêves, les mêmes espoirs et qui pensent appartenir à une même nation, une même terre. Bien loin de se douter que l’Histoire va leur prouver le contraire et chambouler avec une fulgurance inattendue et violente leurs destins. Progressivement, la politique va s’immiscer dans leur quotidien. Même leur dernier succès « Fuck you Yu » prendra sa part même involontairement à l’explosion de la Yougoslavie. L’ogre de la division a faim, et rien ne l’arrêtera. Pendant longtemps, ils ne vont pas y croire, préférer tourner le dos, en rire. Mais la pression va croître, et il deviendra obligatoire de choisir, choisir son camp (« Il faut choisir ton camp, Damir. On ne peut pas rester au milieu comme ça. »), et donc s’impliquer ou partir, fuir. Les atrocités peuvent commencer, l’harmonie et la cohabitation vont disparaître, les petites haines, les petites rancoeurs jaillissent et prennent de l’ampleur. Au milieu de cette haine, un Français, le Français qui reste énigmatique pour ses frères de lutte. Il a quitté Nevers et sa jeune amoureuse, Katia, jeune adolescente punk qui pense avoir trouvé l'amour de sa vie, pour s’engager aux côtés des Croates. Il ne semble pas ressentir la peur et ses motivations profondes demeurent troubles. Ils vont tous se retrouver dans l’enfer : le siège de Vukovar, abattoir à ciel ouvert, une ville où tous se côtoyaient en sachant peut-être que le jour prochain de la séparation viendrait. Timothée Demeillers continue son exploration de l’histoire européenne et de sa jeunesse. Il a certainement pris son envol avec ce roman polyphonique ambitieux, dense et ample à la fois, qui parle de nous dans la douleur et la violence et dissèque la progression inexorable de ces fièvres patriotiques et religieuses qui main dans la main, mènent à chaque fois, inexorablement, vers la guerre, la haine de l’autre et de sa différence.
Ecouter la lecture de la première page de "Demain la brume"Fiche #2558
Thème(s) : Littérature française
Gabrielle est une nouvelle venue sur l’Île d’Orléans, bout de terre sur les eaux du Saint-Laurent face à Québec. Elle apporte avec elle sa réputation, ex-détenue, limite tête brûlée, en tous cas prête à aller très loin pour faire avancer sa cause : la protection de l’environnement, de la planète et de ses espèces et la lutte contre la corruption. Alors les projets d’une grande compagnie pétrolière sur l’île, vous imaginez ce qu’elle en pense ! Alors quand un ouvrier guatémaltèque est retrouvé assassiné et que l’enquête officielle s’intéresse uniquement au contremaître, coupable idéal, Gabrielle secondée par « Chef » un ex toujours amoureux, jeune retraité de la police amateur de polars et de romans noirs, est bien décidée à mener sa propre enquête…
« On se flagelle, ça nous donne l’illusion d’agir, alors qu’on reste tranquillement assis sur nos sièges chauffants. »
« L’amateur de polar est un sadique qui n’ose pas passer à l’acte… »
« Il ne faut pas être surpris qu’il y ait de plus en plus de criminels envoyés à l’asile plutôt qu’en prison : tant qu’on a affaire à des dingues, on n’a pas à se poser de questions. On laisse le fou dans son coin, on le regarde se débattre, comme s’il n’avait rien à voir avec nous. »
Fiche #2556
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Cela faisait des années que Paul n’était pas retourné à Lahaye, petite ville de Province, en Touraine. Sa mère lui demande de la représenter pour les obsèques de sa tante Marie-Claire, une tante sulfureuse qu’il a très bien connue pendant son adolescence... En effet, Paul passait ses étés chez ses grands-parents à Lahaye. Alors ce voyage est aussi un retour dans le temps, une immersion dans les années 60, une plongée au cœur de son adolescence et de la vie toute simple et de ces faits anodins qui l’accompagnent. C’est l’année des premiers amours, sa tante et Charlotte lectrice de l’Amant de Lady Chatterley, des découvertes musicales, de l’arrivée de la télé, du début de l’équipement en électroménager, des premiers retours bouleversés de l’Algérie (« La guerre, ça dure longtemps après la paix. Il y en a qui continuent à mourir durant des années… »), et de quelques secrets bien cachés… Un roman tendre qui fleure bon la nostalgie pour les fameuses années 60.
Ecouter la lecture de la première page de "Ce bel été 1964"Fiche #2557
Thème(s) : Littérature française
Un album tout en bleu pour partir à l'aventure, partir en balade en famille. Départ à l'aube, il fait encore nuit, laisser les lumières de la ville derrière soi, marcher, grimper, et au sommet attendre le spectacle inégalable du lever de soleil sur les cimes d'une montagne encore endormie.
Fiche #2554
Thème(s) : Jeunesse
Un été norvégien aurait pu rendre compte des lamentations, des regrets débordant d’aigreur et de mélancolie d’un écrivain vieillissant se retournant vers sa jeunesse mais E. M. Gudmundsson a évité ce piège avec tendresse et joie. Il nous offre le roman d’une génération d’Islandais ancrée dans l’Europe entre la Norvège et l’Europe du sud, une génération de « trop jeunes pour être hippies et trop vieux pour être punks ». Alors ils flirteront avec les idées anarchistes, prendront la route, et Gudmundsson entamera son chemin de littérature et de poésie (« Je suis devenu poète même si j’ignorais ce que ça signifiait. Je ne le sais toujours pas, la poésie, c’est une pièce dans laquelle on pénètre, et d’où on ne ressort jamais. »). Vivre, écrire. « Ecrire, c’est vivre ». Et pour vivre, des petits boulots. Apres, durs, en Norvège notamment. Ils y brûleront leur jeunesse accompagnée parfois par la drogue. Gudmundsson invite parfaitement le lecteur à le suivre, à l’accompagner, dans ses rêves, dans ses naïvetés, dans son amour de la poésie, dans son admiration d’auteurs. Le regard sur sa jeunesse est réaliste enrichie d'une pointe d’ironie sans mélancolie. Un bel et discret hommage à la jeunesse, au voyage, à la poésie, aux rêves et à la poésie.
Ecouter la lecture de la première page de "Un été norvégien"Fiche #2555
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Eric Boury
Domenico Trevi, dit Mimi, est à la tête de la Sacra, dans les Pouilles, une organisation mafieuse violente, cruelle et prête à tout pour conserver son pouvoir, accroître sa richesse et sa domination. Alors il sait que la vie n’a que peu de valeur et la mort fait partie de son quotidien (« Les morts méritent le respect. Toujours. ») ; Mimi et ses hommes dévoués et obéissants ne comptent plus les cadavres qu’ils laissent derrière eux… Cette fois, c’est différent, Mimi est touché dans sa chair, son fils Michele de quinze ans est mort, il s’est suicidé. Mais il faut bien faire payer à quelqu’un ce drame : ce sera Nicole à qui Michele offrait ses poèmes et qu’elle a éconduit avec mépris et moquerie. Qui pourrait sauver la Belle de la Bête ? Au cœur de ce drame, de cette vengeance, de cette violence bestiale et de cette organisation mafieuse, Andrea Donaera donne la parole aux différents acteurs, variant les points de vue, les sentiments entre l’amour et la haine, la bestialité et l’humanité. Son style entêtant renforce la puissance et la tension de la trame, variations de rythme, scansions, musicalité, répétitions, courts dialogues nous entraînent dans une ronde dangereuse, une danse du feu brûlante et obsédante au goût amer de sang. Une très belle découverte.
Premier roman
Fiche #2544
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction :
Lise Caillat
Nouvelle consultation des comptes-rendus de lecture
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