« Les historiens ont écrit, encore et encore, sur chaque massacre, chaque génocide, chaque convulsion de l’Histoire. Plus jamais cela. Chaque génération a prononcé cette phrase. Est-ce que l’Histoire ne sert à rien ? »
Laurent Gaudé

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Vous appréciez nos comptes-rendus, vous souhaitez nous soutenir mais vous n'avez pas la chance d'habiter aux alentours de Vaux-le-Pénil, tout n'est pas perdu ! Vous pouvez commander l'ouvrage de votre choix sur le site LesLibraires et choisir Vaux Livres comme librairie indépendante. Nous nous ferons un plaisir de vous livrer au plus vite. Nous comptons sur vous.

Année 2019-2020



MADAME MONSIEUR

Saskia HALFMOUW

Je m'appelle Mercy
Steinkis

186 | 30-06-2020 | 12.5€

en stock

Un album émouvant qui relate le périple de Taiwo, une jeune femme sur le chemin de l’exil qui sera sauvée par SOS Méditerranée et donnera naissance à sa petite fille Mercy. Mais c’est aussi l’histoire d’une belle rencontre entre Madame et Monsieur et cette maman qui sera à la base de cet album et de la chanson « Mercy » qu’ils chanteront lors de l’Eurovision 2018. Les droits générés par la vente du livre seront reversés à Mercy et Taiwo.

Fiche #2552
Thème(s) : Jeunesse


François BOUCQ

Jérôme CHARYN

Bouche du diable
Le Lombard

185 | 122 pages | 30-06-2020 | 17.45€

Un récit qui débute en Ukraine, passe par la Russie pour s’achever aux Etats-Unis. Au cœur de l’intrigue, Bouche du diable, un gamin avec un bec-de-lièvre qui sera recruté par les services soviétiques, formé, dressé et envoyé aux Etats-Unis pour devenir un espion aussi discret qu’efficient. Il remplit parfaitement sa fonction mais l'envie de liberté et des rêves étranges vont l’emporter vers d’autres chemins particulièrement périlleux et dangereux… Un duo d’auteurs toujours aussi efficaces !

Fiche #2553
Thème(s) : Littérature française

Les titres de François Boucq lus par Vaux Livres

Les titres de Jérôme Charyn lus par Vaux Livres


Gilles MACAGNO

Je t'aide, moi non plus
Delachaux et Niestlé

184 | 127 pages | 21-06-2020 | 15.9€

en stock

Voici une triplette dont vous vous souviendrez longtemps : le professeur Noyau, Kropotkine et Darwin ! Quelle brillante idée de les associer pour nous expliquer que la survie n’est pas dans la compétition, ce que pourquoi beaucoup d’entre nous ont été élevés, gavés voire dressés, mais dans la solidarité et l’entraide ! De l’infiniment petit et au roi des animaux, tout y passe ! Des exemples illustrent parfaitement cette théorie, sans l’entraide, notre monde ne serait pas. Et surtout le ton est à la fois sérieux et drôle, pour ceux qui connaissent, on est dans la lignée de la fameuse et indispensable revue « La Hulotte » (et c’est un compliment !). Indispensable pour les petits et les grands, les novices et les experts, merci à Gilles Macagno de nous aider à y voir plus clair !

Fiche #2551
Thème(s) : Jeunesse Bandes dessinées


William BOYLE

L'amitié est un cadeau à faire
Gallmeister

183 | 380 pages | 08-06-2020 | 23.8€

Rena semble vivre paisiblement son veuvage. Elle fut la femme d’un célèbre mafioso de Brooklyn, Vic le Tendre, tout un programme ! Jusqu’au jour où son vieux voisin, Enzio, amoureux de son Impala, magnifique voiture rutilante, pousse un peu plus loin ses avances et devient très pressant. Réaction de défense impulsive, un coup de cendrier, l’homme tombe et elle part en croyant l’avoir tué. Elle « empreinte » sa superbe Impala et s’en va trouver Adrienne sa fille et Lucia sa petite fille, les seules personnes qui, croit-elle, peuvent l’écouter et l’aider, même si leurs liens sont très distendus. A l’arrivée, rien ne se passe comme prévu, elle se retrouve héberger et épauler par leur voisine, Lacey Wolfstein, une ancienne actrice de porno, qui immédiatement l’enlace de toute son amitié. Rapidement, elles vont apprendre que Enzio n’est pas mort et se retrouver dans une fuite dangereuse, un road-movie effréné où chacune apprendra à se connaître. Un engrenage où chacune peut prendre sur le fil une décision, bonne ou mauvaise, sans en mesurer les conséquences qu’elles risquent néanmoins d’éprouver dans leur chair. Mais ce collectif de femmes est bien décidé à goûter à la liberté et elles vont s’endurcir et découvrir que l’amitié peut alors d’être d’un grand secours, « Ca signifie que l’amitié est la plus belle des histoires d’amour. » Une course folle, parfois drôle, toujours très imagée, rythmée et animée de trois femmes de caractère, libres et bien décidées à défendre leur indépendance.

« On est tous des épaves qui avons pas dit notre dernier mot. Tant que c’est pas mort, ça peut être réparé. »

« Une vraie dure à cuire. C’est plutôt une bonne chose. Dans ce monde, ça aide d’être dur. »

Ecouter la lecture de la première page de "L'amitié est un cadeau à faire"

Fiche #2550
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Simon Baril


David ALMOND

Levi PINFOLD

Le barrage
Editions D'eux

182 | 07-06-2020 | 16.5€

Un barrage, un lac artificiel et des terres, des vies disparaissent. Alors avant ce long silence, un père et sa fille viennent regarder, écouter, sentir l’espace qui vit ses derniers instants. Et pour saluer les occupants d’hier et ceux qui sont partis, la petite a pris son violon et sa musique enveloppe la vallée. Une superbe album sensible et émouvant, un salut mélancolique à ce qui disparaît, à ceux qui disparaissent et un bel hommage à la musique. Le texte et les superbes illustrations se répondent parfaitement dans cette tendre ronde infinie et finalement universelle.

Fiche #2549
Thème(s) : Jeunesse
Traduction : Christiane Duschesne


Jean-Philippe BLONDEL

Il est encore temps !
Actes Sud

181 | 143 pages | 01-06-2020 | 15€

en stock

Lou est une lycéenne assez désespérée. Eloignée des réseaux sociaux, elle se pense transparente, sans attrait, sans intérêt. Donc sans vraies amies, sans vrais amis. Alors elle le regarde le monde de loin mais avec acuité, le bilan est anxiogène et le désespoir croît : objectivement, notre monde est en train s’éteindre et notre et son espérance de vie se comptent en décennies. Alors pour une adolescente comme elle, pourquoi continuer la comédie ? le lycée, apprendre, pourquoi ? Et puis, un jour, presque par hasard, elle visionnera une vidéo de Greta Thunberg, et sa vie (notre vie ?) s’en trouvera bouleversée ! Ne pas attendre l’apocalypse en déprimant, impuissante, mais agir, agir et encore agir, à son échelle, puis interpeller, bousculer, faire réfléchir... Lou à son grand étonnement devient une meneuse hors pair, prend la parole, affronte mais aussi s’aperçoit qu’elle n’est pas seule, et à plusieurs, tout devient possible ! Comme à son habitude, Jean-Philippe trouve le ton juste, l’équilibre entre l’intime et le collectif, pour entraîner le lecteur ado ou adulte dans ses thématiques et son univers. « Tout ne fait que commencer. »

« C’est lorsque personne ne hurle plus à propos de rien que la partie est perdue. »

« L’écologie va remplacer la politique. Les plus hostiles vont brandir la bannière de la liberté… Mais nous tiendrons bon. Ce sont par les femmes que les choses changeront, de toute façon. Les hommes au pouvoir depuis des milliers d’années, on voit où ça nous a menés. »

« Est-ce qu’il ne faut pas obligatoirement briser des illusions et cesser des rêves pour changer de système ? »

Ecouter la lecture de la première page de "Il est encore temps !"

Fiche #2548
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Jean-Philippe Blondel lus par Vaux Livres


Cyril LECLERC

Le crépuscule des vainqueurs
L'Escampette

180 | 180 pages | 31-05-2020 | 16€

« Le Crépuscule des Vainqueurs » en se situant au cœur d’une grande société cotée (surcotée ?), multinationale de la finance, dépeint l’état actuel de notre monde : financiarisation, profit à outrance, folle consommation, omniprésence des grandes marques, absence de sens, vacuité de nos existences et disparition de vraies relations humaines, digitalisation à outrance, mépris des classes dirigeantes, peur du chômage, compétition permanente entre les salariés, hiérarchisation, catastrophe écologique… Le portrait est réaliste et direct avec un ton ironique, acerbe, drôle et parfois cynique. Mais notre quotidien est devenu le cadre idéal à des manipulations tant locales qu'à l’échelle de notre société donc globales et mondiales. La machine semble devenue incontrôlable et qui sera prêt à l’affronter, à la reprogrammer ? Les soulèvements prévisibles voire attendus suffiront-ils ? « Le Crépuscule des vainqueurs » est aussi une affaire de survie, et pointe là peut-être le problème essentiel, survivre d’accord, mais pourquoi ? Notre société devenue folle, notre économie, notre consommation, ont réussi à nous le faire oublier.

Premier roman

« C’est l’avantage avec les gens désespérés, ils sont prêts à croire n’importe quoi pourvu qu’on leur promette un monde meilleur. L’espoir fait vivre, mec. Ils vont élire un nouveau gouvernement tout beau tout neuf et on pourra repartir de plus belle pour cinq ans. »

« La corruption, c’est pas une question d’éthique, c’est une question de zéros, p’tit gars ! »

Ecouter la lecture de la première page de "Le crépuscule des vainqueurs"

Fiche #2545
Thème(s) : Littérature française


Fabrice COLIN

Antoine BRIVET

Wonderpark - Libertad
Jungle

179 | 50 pages | 31-05-2020 | 12.95€

Non loin de chez eux, Jenn et Mervin ont toujours connu Wonderpark, un parc d'attractions déserté et qui n'a jamais ouvert. L'accès est interdit et leurs parents les ont prévenus du danger mais comme tout bon ado, ils vont aller le visiter et ils ont la mauvaise idée d'emmener avec eux leur petite soeur Zoey. Lors de la visite, elle disparaît dans les bras d'un inconnu ! Et pour la retrouver, il va falloir aller à la rencontre d'autres mondes...

Fiche #2546
Thème(s) : Jeunesse Bandes dessinées


George TAKEI

Harmony BECKER

Nous étions les ennemis
Futuropolis

178 | 205 pages | 31-05-2020 | 25€

en stock

Décembre 1941, les familles américaines préparent noël dans la joie et parmi elles, celles d’origine japonaise. Le petit George s’en réjouit d’avance. Il est l’aîné des trois enfants de la famille Takei. Mais le 7 décembre 1941, les forces aéronavales japonaises attaquent la base américaine de Pearl Harbour et les Etats-Unis entrent en guerre contre le Japon. Les Américains d’origine japonaise deviennent suspects, dangereux et sont pourchassés. Roosevelt décide immédiatement de se protéger de l’ennemi intérieur et promulgue le décret 9066. Ces dangereux ennemis (environ 120 000) sont arrêtés et internés dans des camps. Ils le resteront jusqu'à la fin de la guerre. George Takei (acteur de la série Star Trek) relate ces évènements (déjà évoqués dans le superbe « Certaines n’avaient jamais vu la mer » de Julie Otsaka) et cette période tragique à la fois avec ses yeux d’enfants puis avec recul et sa réflexion d’adulte. Un superbe roman graphique parfaitement mis en valeur par le dessin d’Harmony Becker dans la lignée du grand Taniguchi.

Fiche #2547
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Traduction : Sidonie Van Den Dries


Angélique THYSSEN

Judith GUEYFIER

Fatou du monde
Rue du Monde

177 | 28-05-2020 | 17.5€

Fatou est une petite fille du froid, du blanc, de la neige et de la glace. Fatou est née au Groenland : étonnant ce prénom du soleil au pays des icebergs ! Alors même si elle est heureuse dans sa famille, en ce lieu, Fatou rêve, rêve de sa sœur du Sénégal, rêve de chaleur et de soleil, de rencontres et de découvertes. Et espérons-le, les rêves d’enfants peuvent être les mêmes au Groenland, au Sénégal et partout dans le monde.

Fiche #2543
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Judith Gueyfier lus par Vaux Livres


Robert SHECKLEY

La montagne sans nom
Le Passager Clandestin

176 | 41 pages | 26-05-2020 | 4€

en stock

Encore une nouvelle publiée en 1955 visionnaire ! Et dire que certains continueront d'affirmer, on ne savait pas, on ne se rendait pas compte ! Ils devraient lire l’intégrale de la collection Dyschroniques ! La terre n’en finit plus de ses grands travaux et de l’exploitation absolue de ses ressources. L'homme continue de se penser supérieur, apte à tout maîtriser, à tout contrôler. La nature reste à son service. Quelles solutions pour l’avenir ? Coloniser (et le mot est choisi) les planètes. Nouvel espace pour éduquer et maîtriser les habitants de ces nouveaux mondes puis continuer de développer nos grands projets inutiles et surtout mortifères mais les hommes s’en apercevront-ils à temps ?

Fiche #2542
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Bruno Martin


Benoît SÉVERAC

Tuer le fils
La Manufacture de Livres

175 | 282 pages | 17-05-2020 | 18.9€

Matthieu Fabas est écroué en prison pour de longues années. Il a commis un crime homophobe même s’il nie l’être : « J’ai tué un homme dans le but que mon père m’admire. Mais ça n’a pas suffi. Ca ne suffira jamais. Je n’en ferai jamais assez pour devenir qui que ce soit, quoi que ce soit à ses yeux. » Son père n’appréciait pas les homos, son père pensait que son fils était peut-être homo, alors Matthieu tua, massacra un homo du quartier. Pour son père, un motard, un homme, un vrai (que cache-t-il pour le clamer si haut ?). Pour enfin qu’il le regarde, qu’il le considère, et utopie ultime, peut-être qu’il l’aime. Mais même dans cet acte, son père le rejettera. En prison, seul moment de libération, un atelier d’écriture dont nous partageons les séances. L’écrivain le remarque, le complimente, l’incite à écrire son histoire, à parler de lui et de son père. Benoît Séverac en profite pour nous parler avec justesse de l’écriture et de « l’acte de création ». Matthieu l’apprécie et est sensible à l’attention que lui porte cet écrivain qui lui conseille de confronter son père à ses responsabilités lorsque, enfin, il sortira de prison. Se confier semble le soulager, le mener vers une nouvelle vie, sans vengeance ni haine. Hélas, le lendemain de sa libération, son père est retrouvé assassiné malgré une mise en scène improbable de suicide. L’inspecteur Cérisol et son équipe enquête sérieusement malgré les doutes immédiats pesant sur Matthias : coupable idéal, sa haine pour son père était au coeur de ses écrits en prison, pour se reconstruire ne devait-il pas tuer le père, retour à la case départ, Matthieu retrouve la prison. Une évidence peut-être un peu trop prononcée ? Une enquête un peu trop rapide ? Coupable ? S’il n’est pas coupable, qui pourrait le sortir de là ? A partir des dégâts d’une relation père-fils avortée, Benoît Séverac, en jouant avec les évidences, construit une intrigue policière captivante autour de personnages ayant tous une part d’humanité mais aussi des failles, des doutes voire une noirceur ce qui les rend à l’évidence attachant et surtout permet à l’auteur d’évoquer concrètement et avec réalisme une série de problématiques au cœur de notre société.

Ecouter la lecture de la première page de "Tuer le fils"

Fiche #2540
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir

Les titres de Benoît Séverac lus par Vaux Livres


Franck BOUYSSE

Né d'aucune femme
La Manufacture de Livres

174 | 333 pages | 17-05-2020 | 20.9€

en stock

Rose est l’aînée de trois sœurs. Fin XIXème, elles partagent avec leur mère et leur père, un quotidien ardu, pauvre. Vie si compliquée, que le père décide de vendre Rose, de la confier à un homme riche qui la prendra à ses services. Il le fait la mort dans l’âme et en cachette de son épouse et de ses filles. Rose s’installe dans sa nouvelle vie, une belle, riche et grande demeure, un homme, maître des forges, et sa mère l’accueillant froidement. Des tâches précises, des ordres directs, jamais aucun compliment, toujours des reproches et des critiques. L’épouse vit recluse dans sa chambre, personne ne la voit, seul un médecin passe périodiquement la soigner. Une ambiance lourde et étrange. Seul Edmond, sorte d’homme à tout faire, semble différent et d’ailleurs la met en garde rapidement contre ses maîtres. Que lui veulent-ils exactement ? Pourquoi l’ont-ils achetée, mais à cet époque, chacun sait qu’un homme, une femme peuvent appartenir à un autre homme. Totalement. Définitivement. Sans condition, « … chacun doit rester à sa place, l’huile surnage toujours au-dessus de l’eau, ainsi va le monde, tu comprends. » Et Rose va l’éprouver. Dans sa chair. Dans son âme. Puissant, âpre, sombre et lumineux à la fois, profond, émouvant et addictif avec une construction habile et maîtrisée, une écriture et un style magnétiques, une lecture obligatoire pour tous les amoureux de la littérature.

« Les mots … ils sont des habits de tous les jours, qui s’endimanchent parfois, afin de masquer la géographie profonde et intime des peaux ; les mots, une invention des hommes pour mesurer le monde. »

« Parce qu’être lâche, c’est pas forcément reculer, ça peut simplement consister à faire un pas de côté pour plus rien voir de ce qui dérange. »

« C’est tout le problème des bonnes gens, ils savent pas quoi faire du malheur des autres. S’ils pouvaient en prendre un bout en douce, ils le feraient, mas ça fonctionne pas comme ça, personne peut attraper le malheur de quelqu’un, même pas un bout… »

« Nous n’avons rien à espérer du passé. Ce sont les hommes seuls qui ont eu l’audace d’inventer le temps, d’en faire des cloisons pour leur vie. Pas un seul ne peut vivre assez longtemps pour se croire exister, pas un seul n’est en mesure de saisir la vie quand elle le traverse… »

Ecouter la lecture de la première page de "Né d'aucune femme"

Fiche #2541
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Franck Bouysse lus par Vaux Livres


Vanessa BAMBERGER

Alto Braco
Liana Levi

173 | 255 pages | 09-05-2020 | 10€

en stock

Depuis maintenant de longues années, Brune, Douce et Annie (dite Granita) forment un trio équilibré, avec ses habitudes, ses règles, ses sous-entendus et ses silences. Brune partage en effet son existence parisienne avec sa grand-mère et sa grand-tante depuis la mort précoce de sa mère. Deux grands-mères pour grandir et vivre bien loin de leur région d’origine, l’Aubrac. Comme l’habitude le veut, Douce et Granita tiennent un bistrot, le Catulle sans aucun temps libre et sous une charge de travail importante. Mais aujourd’hui, l’équilibre est rompu, le trio brisé par la mort de Douce, la grand-mère de Brune. Le voyage vers l’Aubrac devient obligatoire. Brune et Granita retrouvent Lacalm et leurs souvenirs : la nature, les paysages le climat rude, les odeurs, les éleveurs, et les vaches. Retrouvailles avec la familles, les proches, les cafés… Retrouvailles avec un pays et ses fameuses racines qui questionnent Brune qui ressent cette « force invisible qui m’avait attirée sur l’Aubrac. » et se demande si « si l’Aubrac pouvait m’avoir été transmis » même si « Je n’avais pas été élevée dans l’idée d’appartenance à un pays, d’un droit à la terre. » Elle (re)découvre l’âpreté de la vie des éleveurs, les rivalités entre le monde d’hier et celui d’aujourd’hui, l’impact des changements de consommation. Son père se débat dans cet environnement : il a repris la ferme familiale, s’épuise dans les difficultés, peine à survivre, n’a pas fait les bons choix et les bons investissements et s’apprête à vendre sa ferme et ses terres. Alors Brune entrevoit sa mission, « J’étais revenue sauver la ferme de mon père. » mais pour cela, elle va devoir découvrir les secrets de sa famille, et ses origines et liens avec ce pays : « Il ne faut pas oublier d’où on vient. Ou plutôt, il faut savoir d’où l’on vient pour pouvoir l’oublier. Je n’appartenais pas à une terre, mais à une histoire, dont je devais connaître le début pour en écrire la fin. » Un récit émouvant qui allie l’intime, la découverte des secrets de famille, la transmission, la question des racines et un bel hommage à l'Aubrac évidemment mais aussi aux vaches et au monde de l’élevage.

« L’Aubrac a la particularité d’être un pays de femmes, de maîtresses femmes, proclamait Granita, oubliant de préciser qu’il s’agissait de travailleuses de l’ombre. »

Ecouter la lecture de la première page de "Alto Braco"

Fiche #2539
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Vanessa Bamberger lus par Vaux Livres


Geneviève HELLER

Une coupable idéale ?
Les Presses Littéraires

172 | 250 pages | 06-05-2020 | 12€

Isabella Gomez est une très belle femme. Et les hommes et la passion l’accompagnent depuis longtemps mais les drames passionnelles aussi. Son dernier mari vient d’être retrouvé carbonisé dans sa voiture à quelques pas de leur maison avec des traces de médicaments dans le sang, les médicaments qu’Isabella prend régulièrement. En outre, Isabella est couverte de dettes, conséquence d’une addiction au casino et au jeu et d'une expérience professionnelle malheureuse. Cette mort règlerait ses problèmes financiers... Néanmoins, on décompte pas moins de deux tentatives d’empoisonnement et trois morts de 1983 à 2008 autour d’Isabella. Tout la désigne comme la coupable idéale, mante religieuse, femme fatale… Elle clame son innocence au commissaire Langlais et à son lieutenant Caroline Dufay. Et le commissaire, intrigué et/ou attiré, doute devant l’évidence. Pourra-t-il résister à cette évidence de culpabilité reconnue par tous et passer outre l’avis de Caroline qui remarque son trouve devant l’accusée. Isabella est-elle poursuivie par les drames de la passion ou est-elle une dangereuse manipulatrice ? Un récit efficace et maîtrisé avec les points de vue de l’enquêteur et de l’accusé qui placeront le lecteur aux côtés du jury afin de se forger son intime conviction !

Premier roman

Fiche #2538
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir


Frédérique COSNIER

Pacemaker
Le Rouergue

171 | 126 pages | 03-05-2020 | 14.5€

Ils ne sont que trois dans la famille : Louise, Anselme son père et Gary le chat aussi apaisant que violent avec les petits oiseaux. « Pacemaker » nous fait partager une de leur journée, une journée singulière, où tout semble se détraquer : le pacemaker d’Anselme s’affole et une prise d’otages a lieu dans une école. Les liens entre ces trois là sont forts. Anselme aux origines incertaines, son corps est sa mémoire, a su partager avec Louise son amour de la danse, art dans lequel s’expriment les corps, dans lequel les corps se touchent, se frôlent, racontent leur histoire, leurs rêves. Mais la danse est aussi une histoire de rythme comme la vie, comme les cœurs. Louise fait partie d’un groupe de danseuses, les Gazelles, qui doivent se produire autour d’un spectacle de danse orientale. Mais qu’est-ce que la danse orientale ? Les danseuses et danseurs sont-ils aussi orientaux ? Faudrait-il qu’ils le soient ? Néanmoins, la prise d’otages vient tout remettre en cause, tout bouleverser, et provoquer questionnements. Elle devient immédiatement un évènement, les médias s’en emparent et chacun a son avis, son explication. Les préjugés, les croyances resurgissent, les jugements rapides se forment, les accusations jaillissent, les identités et les origines affirmées et mises en cause. Un court roman lumineux, délicat et poétique qui nous rappelle que rien ne demeure figé et isolé et qui nous interroge avec sensibilité sur les notions d’identité, d’identité culturelle, de liens, d’origine, des notions au cœur de notre société et qui peuvent vite dériver vers des points de fixation archaïques et dangereux.

Ecouter la lecture de la première page de "Pacemaker"

Fiche #2537
Thème(s) : Littérature française


Anne SCHMAUCH

Guillaume LONG

Simone se bastonne
Milan

170 | 93 pages | 02-05-2020 | 7.5€

Les petites crevettes prennent joyeusement chaque matin le bus pour rejoindre leur école. Il y en a de multiples espèces, différentes tailles, différents corps, différentes couleurs… La moins bien lotie semble-t-il c’est Simone Crevuche : elle est minuscule et en plus transparente ! Alors personne ne la voit, on l’écrase, on la bouscule… et Simone est très en colère ! Notamment après César Luminex, une grosse crevette luminescente que toutes les crevettes craignent, il se moque méchamment et menace régulièrement Simone. Mais aujourd’hui, Simone est bien décidée à ne plus se faire et affronter le monstre : elle va entraîner avec elle dans des aventures périlleuses ses camarades de classe et sa soeurette ! Une aventure très fraîche à dévorer, l’histoire, pas les crevettes !

Fiche #2536
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Anne Schmauch lus par Vaux Livres


Amélie CORDONNIER

Un loup quelque part
Flammarion

169 | 270 pages | 01-05-2020 | 19€

Visite de contrôle chez le pédiatre. Visite de routine. Enfin presque. L’auscultation ne révèle rien si ce n’est qu’Alban est en parfaite santé. RAS. Mais, au moment de le rhabiller, la mère repère une petite tâche noire dans les plis du cou, un petit point anodin, rien dit le pédiatre, juste une légère pigmentation sans importance. Vincent, son mari, ne voit pas non plus le problème, mais, pour elle, l’inquiétude a déjà poussé la porte et s’installe entre elle et sa famille, Esther, la grande sœur, Alban et Vincent. Elle ne peut l’exprimer, elle ne peut la partager. Alors évidemment, le sentiment va croître, évoluer, passer différents stades dans cette solitude, l’angoisse, l’affolement, la colère, la culpabilité, l’effroi, jusqu’à l’obsession voire la psychose. La jeune mère ne se reconnaît plus, elle ne reconnaît plus la mère aimante et attentionnée qu’elle fut avec Esther, et rentre dans une grande souffrance, voit le mal qu’elle fait, imagine celui qu’elle pourrait faire, et ne sait comment réagir, comment évoluer, comment aimer, comment maîtriser ce rejet. Elle cache Alban et subit sa métamorphose. Elle panique devant sa dureté et la maltraitance qu’elle fait subir à Alban, tout en étant consciente du puits de désamour dans lequel elle sombre et dans lequel elle entraîne Alban. Et elle sait qu’elle ne pourra trouver seule la solution lorsqu’elle part sans prévenir Vincent rejoindre son père à l’autre bout de la France : en retrouvant son père, peut-être pourra-t-elle trouver son fils… Le récit d’Amélie Cordonnier sur un sujet difficile reste sans artifice ni jugement, direct, place le lecteur au cœur des pensées, des sentiments d’une mère en souffrance qui pense ne pas pouvoir aimer son enfant, le rejette littéralement voire le maltraite. Elle étouffe devant son incapacité à aimer et le lecteur suffoque avec elle et espère jusqu’à la fin qu’elle trouvera le chemin lui permettant d’exprimer ses sentiments, de les partager pour mieux retrouver la voie de l’amour.

Ecouter la lecture de la première page de "Un loup quelque part"

Fiche #2535
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Amélie Cordonnier lus par Vaux Livres


Marie SIZUN

Ne quittez pas !
Arléa

168 | 240 pages | 28-04-2020 | 20€

Plus personne aujourd’hui n’a connu une vie sans téléphone. Pire ou mieux, cet objet singulier, même s’il a disparu de la place du village, de la gare ou du coin de la rue, s’est totalement imposé dans notre existence et souvent devenu un incontournable de notre quotidien quitte à en devenir son esclave moderne. Le téléphone marque de son empreinte nos vies. Nous nous souvenons tous d’une conversation anodine ou cruciale qui nous a marqués à jamais, d’une voix suscitant émotion, joie ou tristesse, d’une nouvelle jubilatoire ou lugubre jaillissant après une sonnerie nous interrompant de manière inattendue : « Celles du téléphone sont les plus mystérieuses, les plus étranges, les plus touchantes… Car, ces voix lointaines, elles sont les vôtres, elles sont les miennes et, ce qu’elles murmurent, crient, rient ou pleurent, c’est l’histoire toujours recommencée de nos vies. » Parler du téléphone, c’est donc parler de nous, de nos vies, de nos émotions, de la vie, de la mort, de l’amour et Marie Sizun dans ce recueil de nouvelles nous propose avec sa lucidité habituelle et son style raffiné quarante instantanés de vie balayant toute la palette d’émotions et d’évènements qui fondent notre existence.

Ecouter la lecture de la première page de "Ne quittez pas !"

Fiche #2533
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Marie Sizun lus par Vaux Livres


Anna HOPE

Nos espérances
Gallimard

167 | 358 pages | 28-04-2020 | 22€

Trois femmes et une longue et profonde amitié. Elles se sont connues jeunes et à environ quarante ans, ont su conserver cette amitié (« … elles forment une tribu… ») et cette connivence, mais il est peut-être temps de dresser un bilan, de se questionner, sur cette amitié et sur leur vie. Dans l’effervescence des années 90, à Londres, elles débordaient d’envies, d’espoir, de rêves, envie de lutter, de réagir. Que sont-elles devenues (« Voilà ce que j’ai espéré et voilà ce que je suis devenue. ») ? Ont-elles réalisé ces rêves ? Quels sont ceux d’aujourd’hui ? Hannah s’est mariée mais peine à avoir l’enfant tant désiré et enchaîne les inséminations et les échecs rejaillissent sur son couple. Cate a eu un enfant mais pour cela s’est mariée parce qu’il le fallait et a renoncé à son homosexualité et de plus, sa vie professionnelle est un échec. Lissa artiste peine à vivre pleinement de son métier. Chacune voit dans l’autre la part qu’elle aurait aimé être, ce qu’elle aurait aimé vivre et l’amitié n’empêche pas une pointe de rivalité. « Nos espérances » accorde alternativement la parole à chacune d’elles pour dresser le bilan (voire l’hommage) d’une amitié féminine et de son évolution, de la vie de femmes des années 90 qui n’oublient pas ce qu’elles doivent à leurs mères malgré les relations parfois tendues qu’elles ont pu entretenir avec, du désir d’enfants et de la maternité et de l’amour.

Ecouter la lecture de la première page de "Nos espérances"

Fiche #2534
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Elodie Leplat


Ian MCEWAN

Une machine comme moi
Gallimard

166 | 387 pages | 26-04-2020 | 22€

Ian McEwan nous transporte dans le Londres des années 80, et évidemment il y met son grain de sel, Thatcher doit gérer la défaite de la guerre des Malouines, un leader prometteur et brillant de l’opposition prêt à prendre le pouvoir est assassiné dans un attentat, et le génial Alan Turing, pilier de l’informatique moderne et pape de l’intelligence artifielle, est toujours en vie et actif dans le monde de la recherche. Dans le même temps, l’humanité accueille de nouveaux venus ! Des robots à l’image de l’homme ont été créés, un premier jet de douze Adam et treize Eve sont mis en vente et Charlie se décide malgré le prix à acquérir son Adam, un androïde à l’intelligence stupéfiante, plus vrai que nature. Ils savent tout faire, tout ressentir, émotions, joie, tristesse, ils savent raisonner, expliquer, créer, composer des haïkus, aimer, avoir des pulsions et des rapports sexuels, « une version améliorée de nous-mêmes », « le triomphe de l’humanisme – ou son ange exterminateur ». « Les humains étaient éthiquement défaillants », les robots le seront-ils ? Comment leur apprendre ces défaillances ? Dans le même temps, Charlie est à l’aube de sa grande histoire d’amour. Il aime Miranda et sait qu’il ne vit maintenant que pour elle. Un couple à trois se forme. En premier lieu, ils vont devoir configurer Adam, premier casse-tête du nouveau couple. Adam sera en effet leur premier enfant et ils peuvent décider d’influer sur son caractère, son psychisme, choix cornélien… Puis rapidement, Adam le prévient, Miranda cache quelque chose et n’est pas nécessairement celle qu’il croit… Adam surprend chaque jour le couple sur tous les plans. Il semble heureux de sa vie, même lorsqu’il apprend qu’un quart de ses frères et sœurs ont choisi l’autodestruction. En effet, observer les humains et leurs comportements peut aussi s’avérer surprenant et décevant et les êtres parfaits que sont ces robots pourront-ils le supporter ? Cette nouvelle cohabitation est donc ardue et rapidement se posera la question ultime, si ces robots sont des êtres consciencisés, l’homme, son créateur, a-t-il le droit de mort sur lui ? Un roman intelligent qui, en plus d’une intrigue passionnante, nous interroge sur nous-mêmes, sur ce que nous sommes, notre éthique, nos contradictions, nos émotions, notre relation à l’autre et à la technologie.

« Si nous ne connaissons pas notre propre esprit, comment avons-nous pu concevoir le leur et nous attendre à ce qu’ils soient heureux parmi nous ? »

« On trouve un certain répit dans la sensualité d’un lit rien qu’à soi, pendant quelques temps du mois, jusqu’à ce que le fait de dormir seul acquière sa propre tristesse muette. »

Ecouter la lecture de la première page de "Une machine comme moi"

Fiche #2532
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : France Camus-Pichon

Les titres de Ian McEwan lus par Vaux Livres


Marie-Eve LACASSE

Autobiographie de l'étranger
Flammarion

165 | 182 pages | 25-04-2020 | 18€

Marie-Eve Lacasse à travers 94 courts récits dresse le portrait d’une jeune femme (à peine quarante ans) nulle part chez elle, toujours à part, à l’extérieur, jamais à sa place, étrangère à sa vie. Originaire du Canada, exilée en France, naturalisée avec difficulté, donc ni Canadienne, ni Française. Elle a toujours été embarrassée, tiraillée avec ce qu’elle est, son image, ses idées, sa façon de se comporter, sa relation aux autres, avec sa petite fille, la révélation de son homosexualité, elle est sans concession avec elle-même et les remises en question permanentes. Seul espace de sérénité et de plénitude, le chemin qu’elle suit avec ses écrivains favoris et la littérature. Alors progressivement, elle acceptera de les rejoindre et d’écrire, mais « Ecrire pour le livre, pour servir le livre, car il n’y aucun autre espace de liberté possible. » Une introspection vive et percutante qui évite le nombrilisme et anime une jeune femme sur le chemin de la liberté et de l’acceptation de soi : « Mais qu’est-ce qu’être soi, sinon la succession des transformations qui nous composent, comme un palimpseste ? »

« Aimer c’est comme écrire : il faut être attentif aux choses. »

Ecouter la lecture de la première page de "Autobiographie de l'étranger"

Fiche #2531
Thème(s) : Littérature française


Isabelle MINIÈRE

Bouche cousue
Le Verger

164 | 95 pages | 19-04-2020 | 8€

Elle l’appelait Tintin. Elle s’appelait Flora. Il l’aimait. Et puis un jour, « Ce n’était plus comme avant, en tous cas. Avant quoi ? Je ne savais pas. Juste ce constat : ce n’était plus comme avant ». Alors elle prend deux sacs, lui dit au revoir et s’en va. Rejoindre l’autre. Séisme, tremblement de terre violent. Tintin s’effondre, pourra-t-il retrouver son prénom ? Pour lui-même. Pour les autres. Renaître après cette petite mort qu’il avait rêvée dans ce cauchemar qui l’avait tant bouleversé. Mais rien ne sera possible s’il ne retrouve pas sa voix disparue avec le départ de Flora : « J’avais remarqué qu’on se porte beaucoup mieux quand on ne pense plus. Et quand on ne parle plus ? » Avec sa sensibilité habituelle, Isabelle Minière nous place au cœur d’une rupture et d’une reconstruction et dresse à nouveau le portrait attendrissant d’un homme sensible.

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Fiche #2530
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Isabelle Minière lus par Vaux Livres


Alan PARKS

Janvier noir
Rivages

163 | 521 pages | 18-04-2020 | 11.5€

en stock

« A Glasgow, les hommes étaient petits et râblés. » mais aussi amateurs de whisky, de pubs et autres milieux interlopes. Et Harry McCoy y nage comme un poisson dans l’eau. 1973, trente ans et Harry McCoy vient d’être nommé inspecteur. Il continue néanmoins de fréquenter les bordels et son ami d’enfance Stevie Cooper qui lui a sauvé plusieurs fois la mise dans les foyers et est devenu un caïd aussi dangereux que violent. Murray, son chef, est exigeant mais l’a déjà protégé d’un faux pas qui aurait pu lui coûter sa place. Un de ses indics en prison lui assure qu’une jeune femme va être assassinée. Avant qu’il ne la trouve, elle est effectivement tuée par un jeune gars qui se suicide immédiatement après. Pourquoi ce meurtre ? Pourquoi ce suicide ? Comment ces deux là sont-ils liés ? Pourquoi cet indic l’a appelé ? McCoy accompagné de son jeune et très inexpérimenté adjoint se lancent dans l’enquête dans une ville où la pauvreté côtoie à chaque coin de rue l’extrême richesse. Et quand ils trouvent les traces de la puissante et intouchable famille Dunlop, tout se complique, McCoy a en effet un lourd arriéré et un amer contentieux avec cette famille… Une enquête de vingt jours, un flic pas net, atypique, borderline mais qu’on a envie de connaître, amoureux de Glasgow grande ville européenne explorée à la fois du côté des plus pauvres comme du côté des puissants, un climat brouillardeux, une ambiance parfois glauque, de la violence, du sexe mais aussi de l’humanité, premier volet d’une série de douze romans autour de l’inspecteur Harrie McCoy, nous lirons la suite !

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Fiche #2528
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Olivier Deparis


Luce D'ERAMO

Le détour
Le Tripode

162 | 450 pages | 18-04-2020 | 25€

« Le Détour » est le fruit de vingt-cinq années d'écriture pour dresser cette introspection absolue, pour se trouver, retrouver une identité, descendre avec difficulté au plus profond de soi en mettant de côté à force de lucidité tous les a priori qui nous accompagnent. Faire remonter le passé pour dire son histoire, pour redécouvrir voire découvrir son histoire. En effet, « Le Détour » interroge aussi la mémoire et les souvenirs. Il relate le parcours de Luce d'Eramo qui, élevée dans une famille bourgeoise de dignitaires fascistes soutien de Mussolini, partit de son propre chef en Allemagne en 1944 pour intégrer un camp de travail nazi. Elle a 19 ans quand elle décide de se rendre compte par elle-même de ce qui se passe dans un Lager mais aussi de constater jusqu'où elle est capable d'aller, d'éprouver les évènements, découvrir ce qui peut vous changer, faire évoluer votre vision du monde, de l'homme. Donc elle raconte tout, sans concession, à différentes périodes, se souvient de l’horreur, de la faim, la maladie, du mépris, de la violence, du sexe, des rivalités de classe notamment, des évasions, de l’accoutumance au pire, de la lutte pour la survie... Oui, elle est fasciste, mais elle peut néanmoins revendiquer de meilleurs conditions de travail, de vie. En 1944, elle travaillait dans les camps, fin 1945 elle reviendra paralysée en Italie sans jamais avoir accepté aucun passe-droit. Une année pour une seconde identité. Et « le Détour » témoigne de cette mutation totale et du long chemin à parcourir pour que Luce d’Eramo l’appréhende. Le Détour vous interrogera aussi longtemps !

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Fiche #2529
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Corinne Lucas Fiorato


Alex TAYLOR

Le sang ne suffit pas
Gallmeister

161 | 320 pages | 11-04-2020 | 23€

Hiver 1748, parti depuis un an accompagné par son chien féroce au sang de loup, Reathel, devenu un voyageur après la mort de sa femme et de son enfant, arrive dans les Crazy Jack Mountains (ouest de la Virginie) non loin de Bannock. En plein territoire shawnee. Tout le monde cohabite dans cette « …terre pleine de ténèbres, de danger et de sang… » : quelques meurtres et massacres, quelques scalps, quelques ventes d’humains et d’enfants… A Bannock, le médecin et l’aumônier font leur loi. Les Shawnees sont encore craints mais leur chef Black Tooth sait que son peuple vit ses derniers jours : « L’homme blanc ne quittera pas ma terre. Il n’est pas de quantité d’or suffisante pour lui… L’or est comme un dieu à ses yeux. Il n’en a jamais assez. » Avant de mourir, il exige un dernier enfant blanc. Il veut l’enfant que Della, « une beauté de sang-mêlé », est en train de porter. Or, celle-ci a disparu avec un Allemand dans la montagne. Les deux frères Bertram, avec son œil de verre, et Elijah, ne quittant jamais sa pipette de laudanum, partent à leur recherche. Mais Reathel les a déjà croisés par hasard et la vision de cette femme enceinte réveille chez lui des sentiments disparus depuis longtemps. « Le sang ne suffit pas » décrit donc la traque autour de cette femme et de son enfant, des hommes prêts à tout, mais aussi en compétition avec une ourse solitaire en quête de sang et de chair humaine. Un western brut, âpre, violent où Alex Taylor décrit aussi parfaitement les sentiments (ou ressentiments), la psychologie de ses personnages que leurs actions et comportements, les images défilent comme dans un film et plongent le lecteur au plus profond des périlleuses montagnes enneigées et de la noirceur humaine.

« Si l’homme tirait une fierté quelconque, ce n’était pas de son travail, mais de sa férocité. »

« Et les hommes paient pour les mensonges qui chantent une douce musique à leur oreille. »

« On ne connaît jamais la force d’attraction de la vie jusqu’à être confronté à la mort. »

« … car en chaque homme existe une vaste contrée où les mots sont bannis et le monde interdit de séjour, une contrée bien-aimée quand bien même c’est une contrée de désolation. »

« Quoi d’autres, sinon des cicatrices, pouvait rendre la mesure d’un homme et de ce que son âme avait enduré ? A quelle autre aune que la souffrance pouvait-on juger une vie ? »

« La seule richesse à tirer de la douleur, si richesse il y avait, était une capacité à supporter une douleur plus grande. »

« … le chagrin était une chose dont un homme pouvait faire des réserves, l’entasser comme de l’or au creux de son âme, même si c’était un trésor amer. Il y avait une sorte d’égoïsme à se croire seul dans le secret des neiges cruelles de la souffrance. »

Ecouter la lecture de la première page de "Le sang ne suffit pas"

Fiche #2527
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Anatole Pons

Les titres de Alex Taylor lus par Vaux Livres


Catherine MAVRIKAKIS

L'annexe
Sabine Wespieser

160 | 240 pages | 08-04-2020 | 20€

Anna, 48 ans, espionne aux ordres d’une organisation secrète, l’Agathos, vient d’achever sa dernière mission. Dans l'échec, deux morts, des documents perdus, d’autres agents mis en danger... Alors l’Agathos a décidé de la retirer du monde en la protégeant. Peut-être. Elle se retrouve dans l’Annexe avec d’autres collègues inconnus dans un lieu inconnu même si elle pense être à Montréal. Ironie du sort, elle est obsédée par Anne Frank et passait régulièrement des heures dans son Annexe devenue musée à Amsterdam. Alors évidemment les situations n’ont rien à voir, mais le huis clos et le confinement se ressemblent. Comme elle, d’une trahison la mort peut surgir à chaque instant. Et très rapidement, elle se doute de qui sera son bourreau : Celestino, un espèce de majordome qui les a accueilli et gère leur quotidien. Et ce Cubain homo parle, parle beaucoup, parle encore, l’envoûte, l’ensorcelle tel Kaa le serpent hypnotiseur, et notamment grâce à la littérature : « Je déteste les espions incultes », avec Anne, il va être servi et en jouer, il a trouvé son point faible et elle en connaît le danger. Amoureuse de la littérature, elle retrouve le plaisir de lire, de découvrir dans la lecture des amis, des questionnements, des réponses, des rêves… Peut-on en vouloir à son bourreau s’il vous réveille à la littérature (« Je ne craignais même plus la mort grâce à toi, à toi et la littérature. ») ? Elle situe son environnement et ses collègues dans la littérature, elle leur trouve une incarnation, un couple devient les Tourgueniev, le chat devient Moortje, celui d’Anne… Celestino assure ne rien savoir d’elle, il la prénomme Albertine mais il la met en garde aussi « Il faut se méfier de tout le monde. ». Et puis les espions meurent les uns après les autres, Albertine sait que son tour viendra, elle l'accepte, accepte la mort, elle qui l'a tant donnée. Mais avec la littérature tout reste possible, jusqu’au dernier mot. Un roman d’espionnage tendu, érudit mais pas précieux qui rend un hommage singulier à Anne Frank, à la lecture, à la littérature et à ses artisans. Brillantissime !

« Les chimères des écrivains, comme le pire des cauchemars, restent moins éprouvantes que les manifestations détraquées de nos civilisations. »

« L’humain est capable à la fois du meilleur et du pire et, quand les deux s’entremêlent, quelque chose d’extrêmement jubilatoire vient réjouir les pervers que nous sommes. »

« Nos vies sont enfermées dans de petites habitudes idiotes qui nous donnent une personnalité. Ces habitudes ridicules construisent une charpente sur laquelle s’appuient nos faibles raisons de vivre. »

Ecouter la lecture de la première page de "L'annexe"

Fiche #2526
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Catherine Mavrikakis lus par Vaux Livres


Pierre NOTTE

Les petites victoires
Gallimard

159 | 230 pages | 06-04-2020 | 19.5€

Depuis quand la vie des femmes est un enchaînement de luttes suivies parfois de petites victoires ? Depuis toujours peut-être, les hommes y veillent en effet… Clémence à bientôt quatre-vingt ans n’a jamais abandonné et elle le confirme lorsqu’elle s’installe pour une journée à une terrasse de café, se déchausse, et demande un paquet de cigarettes, surtout pas des bios, elle préfère celles avec additifs ! « Les petites victoires », à travers le destin de quatre femmes, trois générations d’une même famille, Clémence, ses filles Lydie et Margaux et sa petite-fille Prune, confirme la permanence de cette lutte même si évidemment, elle a parfois évolué. Elles ont pourtant vécu dans des lieux différents, des milieux différents, mais partagé les mêmes difficultés et notamment subi le même machisme souvent outrancier. Parfois elles se sont soutenues, souvent elles ont dû se débrouiller seules pour espérer une nouvelle petite victoire. Un roman écrit par un homme pour peut-être passer au niveau supérieur avec de grandes et définitives victoires.

Ecouter la lecture de la première page de "Les petites victoires"

Fiche #2525
Thème(s) : Littérature française


José Ramón ALONSO

Marco PASCHETTA

Graines - Un petit grand voyages
Plume de carotte

158 | 60 pages | 05-04-2020 | 18€

en stock

Un joli documentaire qui détaille avec précision et érudition le voyage extraordinaire des graines, de la plus minuscule à la plus imposante, et toute dévoile le mystère de la vie et n'oublions pas qu'elles nous sont indispensables !

Fiche #2521
Thème(s) : Jeunesse


Pierre BOISSERIE

Cyrille TERNON

Le banquier du Reich, Tome 1
Glénat

157 | 56 pages | 05-04-2020 | 14.95€

en stock

En 1951, au détour d’un vol en avion avec sa femme, Hjalmar Schacht fait escale à Tel-Aviv. Rapidement il est reconnu et une fois l’avion reparti, un agent du Mossad prend place à ses côtés et l’interroge. En effet Hjalmar Schacht fut ministre des Finances et conseiller du Führer de 1933 à 1943. Il oeuvra pour éviter la banqueroute de l’Allemagne dans les années 30 suite à la première guerre et participa directement ou indirectement, volontairement ou pas, toute la question est là, au réarmement de l’Allemagne. Il eut des alliés dans l’Europe et en Allemagne mais aussi beaucoup d’opposants. Plaçant l’économie au-dessus de tout, son action et ses convictions révélèrent des ambiguïtés évidentes et troubles. Une BD historique (en deux tomes) parfaitement menée.

Fiche #2522
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées


Pierre MAKYO

Frédéric BIHEL

Malaurie l'appel de Thulé
Delcourt

156 | 138 pages | 05-04-2020 | 20.5€

En juillet 1950, Jean Malaurie peut enfin mener à bien son projet le plus cher. Partir seul au nord du Groenland à la rencontre de Thulé, de ses habitants, de leur culture et spiritualité, du froid mythique et dangereux, de la glace, de sa géologie, de ses roches… L’homme (bien loin des comportements colonialistes de ses prédécesseurs) saura se faire accepter par les Inuits et devenir quasiment l’un des leurs. Après les épreuves, le respect sera partagé et mutuel. Un superbe témoignage (Jean Malaurie est co-auteur) d’un homme exceptionnel.

Fiche #2523
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées

Les titres de Pierre Makyo lus par Vaux Livres

Les titres de Frédéric Bihel lus par Vaux Livres


Gilles JOBIDON

Le tranquille affligé
Leméac

155 | 165 pages | 05-04-2020 | 21€

« Le tranquille affligé » nous transporte au milieu du XIXe, du côté de la Chine, à une époque où les grands colonisateurs espéraient encore mettre la main sur quelques pays, quelques peuples et leur richesse. Jacques Trévier, un jésuite défroqué appelé maintenant Chang, mandarin à la Cour impériale, s’est littéralement fondu dans la Chine de l’époque. L’homme est horloger, devenu maître du temps chinois, amoureux des livres et érudit sur l’histoire chinoise ancienne. Il doit assurer aujourd’hui la mission de « ramener d’une île de la mer d’Oman un maître teinturier dont l’art du noir éliminerait tous les maux qui gangrènent la Chine ». Alors que jamais il n’a été attiré par une femme, il va rencontrer « Ce qu’il y a de plus simple et de plus extraordinaire à la fois. Un homme amoureux d’une femme. » et revenir avec une femme albinos sublime, au prénom de fleur, qui attire l’œil de tous pour son plus grand malheur et maîtrisant la couleur noire. Un court conte qui nous entraîne dans sa ronde avec un style singulier et attachant jouant sur le rythme et la ponctuation, oscillant entre le XIXe et le XXIe reflétant parfaitement la permanence de certains comportements (trafics, espionnage, exploitation des ressources, sentiment nationaliste…) Un roman direct, musical, minimaliste, qui laisse sa place au lecteur. Et en plus ce texte singulier déborde d’humour, alors ne nous privons pas de ce prix 2019 des cinq continents de la francophonie.

« L’enfance est une épreuve dont beaucoup ne sortent pas vraiment. »

« Lao Tseu dit que la meilleure façon de faire l’expérience de la vie humaine est de la contempler avec un sentiment bouleversé de vivre. Et un léger sourire. »

« On ne vit pas le cœur éteint, mais on peut vivre le cœur brisé. Les cœurs brisés font les plus belles musiques. »

« La peine est un espace qui nous est réservé pour apprendre de ce qu’on a perdu. Et on perd si souvent. »

« Ton problème est de penser que la vie est une chose sérieuse. »

Ecouter la lecture de la première page de "Le tranquille affligé"

Fiche #2524
Thème(s) : Littérature étrangère


Jérôme CAMIL

Paf !
Alice

154 | 05-04-2020 | 15€

en stock

Une série de crimes inexpliqués fait trembler la ville. Cette nuit encore ! Terrible ! Mais le célèbre commissaire Rustik et son fidèle assistant l’inspecteur Lipstik sont sur le coup et Rustik a sa petite idée ! Pourvu qu'il puisse révéler la solution de l'énigme à temps car le meurtrier rode et reste dangereux ! Une enquête qui fait coup double, démasquer les coupables et résoudre une énigme datant de la préhistoire. Troisième album de Jérôme Camil et toujours aussi drôle !

Fiche #2520
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Jérôme Camil lus par Vaux Livres


Thomas MULLEN

Darktown
Rivages

153 | 480 pages | 01-04-2020 | 10.8€

en stock

Atlanta, quartier Darktown, 1948. Quelques politiques aux motivations diverses imposent au département de la police d’Atlanta la création d’une patrouille de huit policiers noirs. Parmi eux Tommy Smith médaillé de la seconde guerre et Lucius Boggs fils du pasteur noir très connu dans la ville. Mais naturellement, ces flics n’ont absolument pas les mêmes droits que leurs collègues blancs. Peu de droit, peu de pouvoir, juste autoriser à observer leurs collègues tabasser les noirs, les juger sans aucune preuve voire à créer ces preuves, accepter en baissant la tête leur mépris, sans parler de toutes les violences, lynchages, magouilles et corruptions quotidiennes. Un noir en uniforme reste un affront pour tous. Un soir de patrouille, Lucius et Tommy assistent à un accident et dans la voiture se trouvent un blanc qui les envoie paître et une jeune femme noire superbe qui semble s’être faite tabasser. Quelques jours après, elle est retrouvée morte, assassinée, dans un dépotoir. Evidemment personne n’enquêtera pour trouver ses assassins. Lucius et Tommy décident d’enquêter aussi discrètement que possible risquant leur poste et leur vie. Bienvenue dans l’enfer et l’horreur de la ségrégation ! Un vrai polar avec une vraie enquête, une vraie tension (Thomas Mullen réussit parfaitement à nous faire ressentir la peur pour et de Lucius et Tommy), un vrai suspense, mais aussi le portrait réussi d’une société revendiquant son racisme, refusant la population noire, refusant ces huit pionniers, une société blanche, violente, sans limite n’admettant pas l’évolution qui arrive sur la pointe des pieds !

« … je ne peux imaginer pour toi d’endroit plus abominable qu’Atlanta. Tu ne t’apercevras pas avec horreur que le monde autour de toi est gangrené, parce que tu le sais déjà. Ici, le mal ne recèle aucun mystère. Il se prélasse en pleine lumière et frappe quiconque ose l’approcher… »

Ecouter la lecture de la première page de "Darktown"

Fiche #2519
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Anne-Marie Carrière


Laurent SEYER

Ne plus jamais marcher seuls
Finitude

152 | 200 pages | 28-03-2020 | 17€

Naomi Strauss est l’archétype de la Parisienne, trentenaire, bobo de gauche, prête à s’engager depuis le boulevard Saint-Germain pour toutes les causes humanistes, écologiques, progressistes comme on dit habituellement. Elle est journaliste dans un hebdo plutôt à gauche qui propose une rubrique dressant le portrait de personnes représentant des courants de pensée opposés à la ligne du journal. Le journaliste de cette rubrique absent, elle se porte volontaire pour un séjour en Angleterre pour rencontrer un pro-Brexit. Elle se réjouit de ce séjour, cela fait tellement longtemps qu’elle n’a pas revu Londres. Raté ! Ce sera Liverpool et ses quartiers pauvres ! Ce sera Nick Doyles, un chauffeur de taxi, supporter naturellement des Reds, buveur de bière, pro-Brexit et anti-immigration. Un autre monde ! Pourra-t-elle comprendre cet homme ? Envisager ses motivations ? Découvrir son histoire, son quotidien ? Alors qu’un feu dévaste un immeuble dans Liverpool et que les attentats frappent Paris, Naomi découvrira derrière ses choix politiques qu’elle juge erronés et archaïques, qu’il y a des hommes, des humains avec de vrais sentiments, leurs convictions et leurs contradictions. Mais, ne rêvons pas, ces deux mondes peuvent parfois, suite à un concours de circonstance, se croiser, et même parfois se comprendre le temps de cette rencontre ou d’un évènement particulier, ils n’en resteront pas moins deux mondes bien distincts, avec ceux qui restent persuadés de savoir, de représenter le monde d’aujourd’hui et de demain, qui conserveront leur mépris et les autres, ceux qu’ils jugent dépassés, rétrogrades, sans avenir et surtout abrutis ! Les évènements d’aujourd’hui (Coronavirus) feront peut-être douter et réfléchir les premiers au moins quelques secondes, mais rien n’est moins sûr ! Laurent Seyer nous propose un deuxième roman percutant avec ce face-à-face singulier entre deux mondes à nouveau sur fond de football. Les aspects humains, sociaux, politiques sont traités avec réalisme et parfois humour, les personnages crédibles et représentatifs, l'amour absolu des Reds parfaitement rendu. Un seul défaut, une extrême jalousie envers Naomi qui s’assoira malgré elle sur les gradins des Reds, un rêve, « You'll never walk alone » !

« Elle en avait pour plus de six cents euros de fringue sur elle, achetées dans les boutiques à la mode du boulevard Saint-Germain et ce plouc sapé comme un ado des années quatre-vingts trouvait qu’il lui manquait une écharpe de Liverpool pour être présentable ! »

« D’aucuns disent que le football est une question de vie ou de mort, mais c’est en fait beaucoup plus important que cela. »

Ecouter la lecture de la première page de "Ne plus jamais marcher seuls"

Fiche #2518
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Laurent Seyer lus par Vaux Livres


Joe WILKINS

Ces montagnes à jamais
Gallmeister

151 | 310 pages | 27-03-2020 | 23€

Dans le Montana, au cœur des Bull Moutains, Wendell Newman, 24 ans, se retrouve seul avec ses dettes dans son mobil-home. Sa mère vient de mourir et son père a disparu alors qu’il était gamin, en fuite dans les montagnes ou mort, seul, en pleine nature. Il travaille dans un ranch. Mais la région va mal, beaucoup sont pauvres et l’agriculture est à la peine, éprouvée notamment par les emprunts et les investissements. Pourtant ils restent viscéralement attachés à cette terre, « Il existe une contrée pour chacun de nous et qu’on peut appeler chez nous… Ces plaines et ces collines… Ces terres c’est nous. » En outre, les armes sont toujours là, la chasse un quotidien. Certains continuent de haïr Obama et l’écologie, prônent l’indépendance et n’hésitent pas à remettre en cause les décisions de l’Etat et de l’Agence de protection de l’environnement. Une chasse aux loups est même annoncée. Wendell connaît ces gars là mais garde ses distances même si l’histoire de son père l’en rapproche. Sa vie change lorsque les services de l’enfance lui confie Rowdy, le fils de sa cousine, un gamin différent, qui garde le silence, proche de l’autisme ; immédiatement un lien fort et tendre se noue entre eux deux, Wendell affiche un autre visage et endosse avec timidité et douceur un rôle de père, lui qui a perdu le sien trop tôt et qui ressent la peur et la honte de ne pas en être capable. Wendell pourra-t-il échapper à son histoire, à son destin, avec Rowdy sur ces chemins de traverse ? En tous cas, je peux vous l’assurer, cet espoir vous fera tourner les pages de ce roman en tension très très vite ! Une palette de personnages exceptionnels, portrait de l’Amérique rurale actuelle. Apre, douloureux, tendre, où l’on croise la bêtise, l’intelligence, l’humanité, la violence, la tendresse, la solidarité, l’amour, la solitude, l’espoir et la mort.

Premier roman

« Il faut de l’entraînement pour devenir un homme libre. »

Ecouter la lecture de la première page de "Ces montagnes à jamais"

Fiche #2517
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Laura Derajinski


Susan KRELLER

Villa Pirasol
Les Presses de la Cité

150 | 235 pages | 26-03-2020 | 19€

Gwendoline, 84 ans, vit enfermée dans sa Villa Parasol. Une vie depuis longtemps dans la solitude, les souvenirs, la résignation et la soumission. Elle partage cet espace clos avec Thea, plus jeune qu’elle, qui la maintient sous sa coupe avec autorité, comme si elle avait un différent à régler avec elle. Mais jusqu’à aujourd’hui Gwendoline a toujours préféré le silence et n’a jamais su lever la tête, prendre son destin en main. Gwendoline a vu tous ses proches disparaître. Sa mère, son père que les livres n’auront pu sauver, loin de là, et qui aura connu les camps, son fils disparu suite à la maltraitance et la sévérité de son mari, un deuil sans sépulture, et enfin cet époux violent et cruel. Mais aujourd’hui, la rumeur court, son fils serait de retour. Thea craint qu’il n’exige sa part, elle dresse alors un mur entre Gwendoline et l’extérieur. Gwendoline saura-t-elle enfin à 84 ans malgré sa fatigue et sa lassitude briser ce mur, devenir visible, se libérer et dire non ? Une histoire de soumission, une histoire de l’Allemagne, un huis clos qui n’en est pas un, puisqu’à travers cette longue vie de Gwendoline, Susan Kreller revient aussi sur le poids de l’histoire, histoire de l’Allemagne, l’avant-guerre, la guerre (« la période des Égarés ») et l’après-guerre.

Premier roman

« … qu’on résiste ou pas n’a aucune importance parce que, l’enjeu, c’est de devenir quelqu’un à qui on fait croire qu’il résiste. »

Ecouter la lecture de la première page de "Villa Pirasol"

Fiche #2516
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Corinna Gepner


Jorge COMENSAL

Les mutations
Les Escales

149 | 206 pages | 25-03-2020 | 19.9€

Ramón, 50 ans, est avocat, donc la parole, l’éloquence sont au cœur de son métier, de sa vie. Ramón vient d’apprendre qu’il est atteint d’un cancer à la langue, « … une décision simple en apparence – vivre ou mourir – mais loin d’être évidente… » autrement dit attendre la mort ou choisir l’opération, une amputation de la langue et la perte de la parole. « Les mutations » s’attache à détailler le bouleversement dans la vie de Ramón et de ses proches suite à cette opération, tant sur le plan physique que sur les plans psychologique, social, financier ou familial… Carmela, sa femme, Paulina, sa fille, et Mateo, son fils, vont apprendre à connaître le nouveau Ramon (« Concentrés sur leurs objectifs scolaires sans pour autant renoncer à leurs hobbies respectifs, la masturbation et le karaoké, ils n'avaient pas remarqué la détresse de leurs parents. »). Il est maintenant accompagné de son perroquet, Benito, qui, lui, parle, et en profite pour proférer insultes, injures et autres propos salaces. Ramón a accepté l’aide d’une psy, Teresa, elle-même atteinte d’un cancer, qui fait tout pour épargner la douleur à ses patients. Il continue de rencontrer son oncologue plus préoccupé par la reconnaissance de ses pairs et sa notoriété que par la guérison de Ramón. Un sujet difficile abordé avec un angle singulier, des personnages hauts en couleur et un humour souvent noir et cinglant.

Premier roman

« Sartre disait que l’enfer, c’est les autres, et il avait raison. Le problème, c’est que parfois, je suis une autre, donc mon propre enfer. »

« La médecine est un métier rudimentaire et en grande partie intuitif, dont on ne peut pas espérer des résultats toujours probants. »

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Fiche #2515
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Isabelle Gugnon


J.M. ERRE

Le bonheur est au fond du couloir à gauche
Buchet-Chastel

148 | 185 pages | 24-03-2020 | 15€

Michel H., 25 ans, est à la recherche du bonheur depuis toujours ! Enfant morose, adolescent souffre-douleur et adulte neurasthénique, il n’a à l’évidence toujours pas trouvé la clef ni son but de vie, même le suicide, il l’a abandonné et continue de chercher, « Je me dois de réussir ma vie, c’est l’injonction contemporaine ». Parfois même, car Michel H. est un cérébral et réfléchit beaucoup en oubliant que « Ne pas avoir à réfléchir, c’est le secret de la paix intérieure. », il en arrive à la conclusion que « c’est le bonheur qui rend malheureux ». Il est en couple depuis peu avec une jeune femme rencontrée dans un groupe de paroles mais elle vient de le quitter en lui laissant quelques livres bien loin de son idole, l’écrivain humoristique selon lui, l’autre Michel H. avec qui, il semble avoir quelques points communs. Il pense pouvoir trouver comment reconquérir sa dulcinée dans cette petite bibliothèque de feel good ou autre développement personnel. Le challenge : trouver le bonheur et accueillir à nouveau sa bien aimée en douze heures. Il ne reculera devant rien dans son petit appartement sous l’œil dubitatif voire inquisiteur de son couple de voisins, Mme et M. Patusse. En nous interrogeant sur ce qu’est le bonheur dans notre société, J.M. Erre nous offre une tragi-comédie dont le seul risque est de nous faire mourir de rire, un objectif de vie que Michel H. a omis ! Evidemment quand on recherche l’éclat de rire à chaque page, il peut y avoir quelques ratés ou longueurs, mais ils sont très vite pardonnés quand on fait le bilan du nombre de perles rencontrées tout au long du roman, J.M. Erre est le pape de la tragi-comédie et les Michel H. les rois du stand-up ! Morale de l’histoire : si votre vieille crêpière est toujours au fond de votre armoire, même couverte de toiles d'araignée, conservez là à tout prix, elle peut encore servir…

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Fiche #2514
Thème(s) : Littérature française

Les titres de J.M. Erre lus par Vaux Livres


Marion RICHEZ

Chicago
Sabine Wespieser

147 | 135 pages | 23-03-2020 | 15€

Léviathan veille, va peut-être se réveiller, et la planète le saura. Pourtant, la vie continue. Et un trio représente cette continuité de la vie, dans une amitié sereine, un trio équilibré d’une grande douceur. L’aventure durera un an, ils le savent. Ramona vient en effet d’arriver à Chicago, c’est une jeune professeur londonienne venue pour un an pour enseigner le français. Son regard neuf observe la ville avec une attention particulière et identifie ses failles issues de son histoire. Elle rencontre Jon, garagiste, et Suzanne, esthéticienne, qui lui apportent la lumière et cette amitié mystérieuse, intense, une complicité apaisante qui rompt leur solitude. Ils déambulent chaque semaine dans Chicago, personnage à part entière du roman, au milieu des bâtiments, face au lac, observant la lumière, partagent leur goût pour l’art, la musique, le tout avec peu de mots, mais des regards, des sensations en appréciant à sa juste hauteur le moment présent, les petits instants de plaisir simple mais essentiel de la vie. Délicat, imagé, épuré, doux même si, à chaque instant, l’un de nos actes peut participer au déclenchement du déchaînement de violence du Léviathan.

« En retour, ils lui offrent cette ivresse d’un présent brut, vécu à plein, sans rien sacrifier aux regrets, aux remords, sans non plus se consumer en projets d’avenir. »

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Fiche #2512
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Marion Richez lus par Vaux Livres


Florence COCHET

Un caillou au fond de la poche
Actes Sud

146 | 130 pages | 23-03-2020 | 14.3€

Un prénom un peu désuet, Henri a tout pour être différent. Hyper doué, des troubles de l’autisme, il a deux surnoms à l’école « La calculette » dans les bons jours et sinon « Le taré ». Il est donc naturellement isolé, souffre-douleur des Cavaliers infernaux, et n’a qu’une et une seule compagnie, une amie indéfectible mais aussi garde du corps, Daisy qui préfère l’appeler H. Elle le protège, elle est son repère, l’aide face à l’adversité mais aussi pour progresser dans sa relation aux autres. Elle est patiente, attentive et prête à tout pour lui. Il sait ce qu’il lui doit et il saura aussi se surpasser pour elle. Mais ce matin là, lors du message habituel au lever, elle lui annonce qu’elle sera absente, une gastro la cloue au lit. Une journée d’enfer s’annonce ! Comment va-t-il faire pour échapper aux quatre Cavaliers infernaux ? Que vont-ils lui faire subir ? Qui pourrait le sauver ? Un caillou ? Une belle histoire, un joli conte qui nous parle d’amitié, de différence, de harcèlement, de respect, d’écoute, de confiance en soi et qui expose avec justesse des relations entre jeunes adolescents mais aussi entre adolescents et adultes et parents.

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Fiche #2513
Thème(s) : Jeunesse


Anne-Marie GARAT

La nuit atlantique
Actes Sud

145 | 308 pages | 22-03-2020 | 21.5€

Hélène est enfin décidée à se débarrasser et vendre sa petit villa isolée sur la dune d'une petite station balnéaire de Gironde. Elle l’a achetée il y a dix ans, ne l’a guère utilisée et cette vente marque une rupture, une rupture avec dix ans de vie de femme libre, active et célibataire nullipare, mais dès son arrivée, rien ne se passe comme prévu : un photographe nippo-canadien squatte la maison puis Bambi, sa filleule adorée, débarque à l’improviste avec son mal être, sans compter quelques rencontres inattendues avec le voisinage alors que l’océan en profite pour se déchaîner. Instant de bilan pour découvrir et accepter que la souffrance et les difficultés de ces dix années passées sont finies et que la vie continue. De vrais personnages et thématiques, un face-à-face maîtrisé entre présent et passé mais dommage que parfois le style crée une large dune que seuls les lecteurs les plus motivés pourront franchir.

« Ce que lisent les gens est une porte d’entrée royale sur leur territoire le plus privé, un aveu ou une déclaration publique de tout ce qui agite leur esprit et leurs sentiments, leurs attentes, leur rêves et leurs désirs imaginaires, des plus compromettants parfois, leurs impasses et leurs errements… »

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Fiche #2511
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Anne-Marie Garat lus par Vaux Livres


Patrick FORT

Le foulard rouge
Gallimard

144 | 365 pages | 21-03-2020 | 21€

« Le foulard rouge » nous entraîne à travers trois destins au cœur de l’Histoire, au cœur du camp de Gurs, ouvert de 1939 à 1946, où furent internés notamment Espagnols, Italiens et Juifs… Giovanni Fontana, l’homme au foulard rouge, vit aujourd’hui en solitaire, dans les Landes, et l’Histoire se rappelle à sa mémoire. Il doit revenir à Gurs. Il s’était évadé du camp et c’est là qu’il a connu son seul amour, Maylis qui aidait les prisonniers. Il la croyait morte et c’est elle, qui aujourd’hui, le convie à un retour sur le passé. Elle s’est mariée avec Victor qui était également présent au moment du camp. Ce qui s’est déroulé dans ce camp, personne ne peut l’oublier : délation, violences, viols, prostitution, marché noir… l’horreur au quotidien (« Nous avons défendu la république d’Espagne, et une autre république, celle des droits de l’homme et du citoyen, nous emprisonne. A ne plus rien y comprendre. ») même si certains, risquant de rejoindre également le camp, ont fait un autre choix, le choix de l’humanité, de la solidarité, de l'entraide. Le récit montre parfaitement que certains souvenirs ne peuvent jamais s’effacer, que même cinquante ans après, le pardon reste difficile pour certains et pour d’autres s’accepter, accepter ses actes d’alors, est aussi ardu : « L’oubli était une imposture, un mur vacillant aux pierres mal scellées, dressé entre un avant et un après dont la frontière invisible se désagrégeait dès qu’on la frôlait. ». Trois voix qui reviennent avec une émotion intense sur un épisode douloureux de notre histoire mêlant parfaitement une histoire intime et la grande Histoire.

« L’uniforme sert souvent à donner une importance factice à des hommes qui en sont dépourvus. Ajouter des galons à un abruti et il se pavanera. Donnez-lui un peu d’autorité et il se prendra pour le roi du monde. »

« Le départ n’est supportable que s’il contient la promesse du retour. »

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Fiche #2509
Thème(s) : Littérature française


Joseph D'ANVERS

Juste une belle perdue
Rivages

143 | 351 pages | 21-03-2020 | 20€

C'est un beau roman (voire Roman) c'est une belle histoire (même si Fugain est peut-être éloigné des nombreuses références musicales de ce texte) : une histoire d’amour, de passion entre Ana et Roman. Mais les histoires d’amour finissent mal en général… Il faut dire que le handicap était lourd pour ces deux là. On découvre l’enfance de Roman au fil de son quotidien d’adulte : des parents qui boivent jusqu’à la déraison, la violence d’un père qui n’hésite pas à frapper femme et enfant, jusqu’au jour, où, à l’âge de douze ans, Roman se retrouve seul. La boxe le sauvera dans un premier temps. Puis on viendra le chercher pour rejoindre des frères, des anges, une vraie famille et Ana. Une vie où chacun (tous écorchés vifs, abimés de la vie) prend soin de l’autre, une vie trépidante, tendue, débordant de musique, d’alcool, de drogues, de violence, de sexe, d’argent et de fêtes nocturnes. Mais pour le mériter, périodiquement, l’équipe unie, solidaire et très organisée, doit braquer des villas pour dérober des objets d’art repérés par Igor, leur chef au pouvoir absolu craint de tous. Roman et Ana (la belle perdue) ont trouvé leur marque dans cette famille et leur amour grandit au fil des opérations. Roman commence même parfois à croire en ce bonheur et à retrouver sa poésie naturelle. Mais naturellement, tout ça ne pouvait pas durer éternellement et la boule que Roman avait dans le ventre dès les premières heures après sa seconde naissance parmi les anges va accélérer sa croissance et son destin va le rattraper… C’est noir, vif, rythmé, intense, le drame était inévitable, le destin tracé et ces instants de bonheur pour Roman et Ana ne pouvait être qu’une courte parenthèse, c’était écrit, et Joseph d’Anvers l’a écrit avec talent.

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Fiche #2510
Thème(s) : Littérature française


Louise CANDLISH

Chez nous
Sonatine

142 | 475 pages | 20-03-2020 | 22€

Bram Lawson s’est encore fait prendre ! Une deuxième aventure hors mariage, et Fiona décide que c’est terminé. Ils se séparent. Enfin, pas tout à fait. Ils conservent leur belle maison dans un quartier chic de Londres et se la partageront avec leurs deux jeunes fils qui garderont ainsi leurs marques. Quand l’un sera à la maison, l’autre occupera un appartement qu’ils loueront. Fiona est assez fière de son idée et ils arrivent semble-t-il à gérer cette nouvelle situation et les deux garçons semblent le vivre sans perturbation. Elle s’autorise même une aventure avec Toby rencontré par hasard dans un bar. Jusqu’au jour où, en arrivant chez elle, elle trouve des déménageurs en train d’installer de nouveaux propriétaires, un couple qui dit avoir acheté légalement Sa maison ! Ses affaires ont en effet disparu. Elle appelle immédiatement Bram mais son numéro est hors service. « A cet instant, son cauchemar éveillé devient quelque chose de tellement terrifiant qu’il n’a plus de nom. » Se sont-ils fait magistralement arnaqués ou Bram est-il lié à cette mauvaise surprise ? Pourquoi a-t-il disparu ? Fuite ? Machiavélique et tendu à l’extrême avec une construction singulière qui croise les confessions ou les versions de Fiona et de Bram sur l’origine de cette catastrophe mais aussi sa progression au présent.

« Mais personne ne nous a prévenus que les pires désastres seraient ceux dont nous serions seuls responsables. »

« …la fuite n’était que la prison sous un autre nom »

Ecouter la lecture de la première page de "Chez nous"

Fiche #2507
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Caroline Nicolas


Stefan BRIJS

L'année du chien
Héloïse d'Ormesson

141 | 252 pages | 20-03-2020 | 20€

Paul se remet à peine de son divorce lorsqu’il rencontre Ava. Quant à elle, elle vient de quitter pour la nième fois un petit ami. Immédiatement naît entre eux une relation singulière, une ambiguïté étrange, un lien fort qui leur permet d’absolument tout se dire, sans aucune retenue, même leurs expériences sexuelles, complicité partagée. Ils se frôlent, se touchent, s’observent, s’apprécient, s’entraident, relation fusionnelle, connivence absolue, peur de se perdre. Amitié ? Est-ce possible ? Sont-ils réellement sincères ? Le désir mutuel pourra-t-il rester inopérant ? Paul pourra-t-il se contenter de ses fantasmes ou saura-t-il oser ? Fiodor, le Golden de Paul, observe d’un œil compréhensif et doux ces deux là se dépatouiller dans une relation tendre et sensible.

Ecouter la lecture de la première page de "L'année du chien"

Fiche #2508
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Daniel Cunin

Les titres de Stefan Brijs lus par Vaux Livres


Alejandro PALOMAS

Une mère
Pocket

140 | 320 pages | 19-03-2020 | 8.3€

en stock

Barcelone, un 31 décembre, Amalia est tendue, impatiente, joyeuse, anxieuse, entre euphorie et stress, un mixte de sentiments face à ce repas de réveillon qui s’annonce avec enfin tous ses enfants. Elle a subi de longues années un mari méprisant et retrouvé une certaine liberté depuis un divorce douloureux (« Elle a besoin de temps pour assumer qu’il n’y a plus personne pour lui faire du mal juste parce qu’elle est qui elle est. »). Ils seront tous présents aux côtés de leur oncle. Sept couverts pour six personnes, le septième étant réservé aux absents (dont Ingrid la meilleur amie d’Amalia). Chacun arrive avec son histoire, ses douleurs, ses joies, son passé. Amalia aimante, protectrice et bienveillante mais parfois aussi pesante, épuisante et maladroite, Fernando qui vit seul avec son dogue allemand, Emma qui n’arrive pas à se remettre de la mort de sa précédente compagne, Olga la nouvelle amie d’Emma, Silvia obsédée par la propreté qui se noie dans le travail ne pouvant avoir d’enfants, l’oncle Eduardo séducteur qui aimerait tant être indispensable. Le repas est donc propice à nous faire découvrir une vie de famille avec ses secrets (chacun est constitué d'une face A et d'une face B mais peu connaissent les deux faces), ses non-dits, ses rancunes mais aussi son amour, évidemment le lecteur s’y retrouvera à un moment ou à un autre, le récit est vif et rythmé, toujours vivant, parfois loufoque et drôle, l’humeur est variable, mais notre attention constante grâce notamment au ton et au style de l’auteur.

Premier roman

« …le seul avantage d’un mari, c’est qu’au moins il ne t’emprunte pas tes culottes ou tes soutiens-gorge. »

Ecouter la lecture de la première page de "Une mère"

Fiche #2506
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Vanessa Capieu

Les titres de Alejandro Palomas lus par Vaux Livres


Ali AL-MUQRI

Le pays du Commandeur
Liana Levi

139 | 155 pages | 17-03-2020 | 16€

Le Commandeur règne d’une main de maître sur son pays et ses habitants. Son image est partout dans le pays, sur les murs, dans les maisons… et toute critique reste interdite, le Commandeur doit être vénéré. Le narrateur est écrivain, vient d’un pays voisin et a accepté de rédiger une nouvelle biographie du Commandeur, évidemment il va falloir louer le grand homme ! Il va se confronter avec la peur, tous se taisent, peur de tout, peur de tous, l’angoisse paralyse, chacun craint son voisin, tout le monde est suspect. L’écrivain participe à une commission chargée de superviser cette biographie et il sent cette soumission l’atteindre, il a accepté pour l’argent, sa femme étant malade et ayant besoin de soin, il ne peut plus reculer. Pendant ce séjour, seconde difficulté, il rencontre la fille du Commandeur qui souhaite l’épouser, lui, l’auteur d’un ouvrage sur la sexualité qui pourra donc la comprendre et notamment sa frustration. Jusqu’à quand le peuple acceptera-t-il cet asservissement ? Un frémissement est ressenti… Mais si la révolte prend son envol, que deviendra-t-il ? Ne sera-t-il pas considéré comme un allié du tyran ? Un court texte mais efficace qui évoque avec humour et ironie la soumission, le népotisme, le pouvoir absolu, les compromissions, la peur, la religion, la sexualité, la condition des femmes, la liberté, une série de thèmes aussi intemporels qu’universels.

« Chacun a un certain courage en lui, mais les courageux ne sont pas tous disposés à mourir sans avoir au moins goûté à la saveur de la vie. »

Ecouter la lecture de la première page de "Le pays du Commandeur"

Fiche #2505
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Khaled Osman, Ola Mehanna


Christian CHAVASSIEUX

Noir canicule
Phébus

138 | 16-03-2020 | 17€

Eté 2003, la canicule s’installe et la France étouffe. Les morts s’accumulent. Ceux dus à la chaleur, ceux dus à la maladie, et les autres. « Noir canicule » propose de suivre les destins croisés d’une série de personnages, de les découvrir progressivement, de surprendre leurs relations, de constater l’impact de la chaleur sur leur destin. L’atmosphère est en effet pesante mais aussi étrange. Lily accompagne lors d’un aller et retour dans la journée, dans son taxi deux vieux paysans qui n’ont jamais quitté leur ferme pour un dernier et étrange voyage vers Cannes où ils doivent rencontrer leur sauveur. Lily appelle plusieurs fois dans la journée Nicolas son ex pour prendre des nouvelles (entre autres) de son ex beau-père hospitalisé. Bernard l’un des fils des fermiers reste à la ferme et en profitera pour accueillir son amante, une belle jeune femme de la ville. Jessica et Rose les deux filles de Lily restent seules et Jessica sèche son entraînement de handball pour rejoindre son futur amoureux… Cet été fut particulier pour beaucoup et tous les personnages de ce roman vont l’éprouver intimement, ils ne seront plus les mêmes après cet épisode exceptionnel et Christian Chavassieux nous le fait parfaitement ressentir, presque tranquillement, au rythme permis par la chaleur. Les personnages se dévoilent au fil des heures alors que la mort rôde avec insistance et que la chaleur semble faire perdre à beaucoup le contrôle de leurs vies. Un roman parfaitement construit et troublant avec des personnages réalistes dont les failles et faiblesses mais aussi l’humanité rendent attachants.

Ecouter la lecture de la première page de "Noir canicule"

Fiche #2504
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Christian Chavassieux lus par Vaux Livres


Henri GALERON

Virelangues et trompe-oreilles
Les Grandes Personnes

137 | 15-03-2020 | 14.5€

en stock

Un petit album à découvrir et partager à haute voix entre les petits et les grands mettant en avant une sélection de virelangues (Groupe de mots difficiles à articuler, assemblés dans un but ludique ou pour servir d’exercice d’élocution, « Six souris sous six lits sourient sans souci à six chats sur six lits. » et de trompe-oreilles (Phrase difficile à comprendre, souvent formée de monosyllabes, qui donne l’impression d’être en langue étrangère ou d’avoir une autre signification, « Il m’eût plu qu’il n’eût plus plu. »).

Fiche #2499
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Henri Galeron lus par Vaux Livres


Adèle TARIEL

Céline RIFFARD

La révolte des cocottes
Talents hauts

136 | 17 pages | 15-03-2020 | 12.5€

Le poulailler est ébullition : les cocottes menées par Charlotte en ont marre ! Elles font tout dans le poulailler, elles couvent, s’occupent des poussins, nettoient, veillent au bien être de Hadoc, le coq... Charge mentale extrême ! Charlotte est décidée, volontaire, et Hadoc va s’y frotter !

Fiche #2500
Thème(s) : Jeunesse


Jared MURALT

La Chute - Episode 1
Futuropolis

135 | 72 pages | 15-03-2020 | 15€

Un album sorti début mars et prémonitoire ! Le monde est en plein chaos, un virus particulièrement virulent à mis le monde à plat : crise sanitaire extrême, les morts s'enchaînent, les quarantaines aussi, crise sociale et économique. Le monde est totalement renversé et la survie le quotidien de tous et notamment de Liam resté seuls avec ses deux enfants. Nous attendons la suite du Coronavirus et le deuxième volume !

Fiche #2501
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées


Jérôme LAFARGUE

Par les flammes
L'ire des marges

134 | 30 pages | 15-03-2020 | 6€

en stock

Le monde ou du moins l’humanité est en train de s’effacer (« Il n’en était pas surpris. Qu’opposer d’autre à l’effondrement que l’abandon aux sens les vils ? »). Un vieil homme entame son dernier voyage. Il emprunte les chemins avec son fidèle cheval au cœur d’une nature qui a déjà repris sa place aussi belle et lumineuse que violente. Il part à la recherche d’un désert où il espère retrouver celui dont il n’a plus prononcé le nom depuis si longtemps. Un long chemin où la disparition de l’humanité et la puissance de vie de la nature se font face. Toujours aussi ensorcelante l’écriture de Jérôme Lafargue pour une nouvelle qui pourra peut-être nous aider à partir avec le sourire, la nature nous survivra !

Ecouter la lecture de la première page de "Par les flammes"

Fiche #2502
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Jérôme Lafargue lus par Vaux Livres


Aurélien DELSAUX

Pour Luky
Noir sur Blanc

133 | 288 pages | 15-03-2020 | 18€

Ils sont trois, trois ados en classe de seconde, Luky, Diego et Abdoul. Ils vivent aux Renarts, une cité de Saint-Roch non loin des montagnes iséroises, un quartier à mauvaise réputation qui sera peut-être un jour rénové... « Pour Luky » nous permet de les suivre pendant un an. Ils appartiennent à une cité mais savent aussi vivre dehors, « une fois qu’Abdoul a fait ses devoirs, Diego la moitié, Luky rien du tout, ils partent dans la plaine à la recherche d’un coin d’eau ». Ces trois là partagent tout, se disent à peu près tout, leurs rêves comme leur quotidien, savent s’écouter et même se disputer entre rires, moquerie et tendresse, connaissent leur différence, Abdoul le Harry Potter arabe ou plutôt kabyle qui aime apprendre et la lecture, Diego qui à part l’Equipe ne lit pas grand-chose et Luky qui n’aurait pas dû se retrouver dans cette seconde classique. En classe, chacun arrive avec son histoire, a beaucoup en lui, peut être en dehors de la norme, mais comme tous, reste en attente même si sa confiance envers les adultes peut avoir été échaudée et rêve son futur, certains enseignants feront l’effort de le comprendre. La parole est essentielle au milieu de l’ennui qu’ils peuvent ressentir et comble la fin de course de leur adolescence, écouter son pote mais s’écouter aussi pour mieux se construire, mettre des mots sur ses rêves, sur sa vie de demain. Aurélien Delsaux dresse un portrait réaliste, tendre et attachant de ces trois jeunes à l’issue de leur adolescence dans un style oral et fluide parfaitement inscrit dans le vécu du trio.

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Fiche #2503
Thème(s) : Littérature française


Laurence KUBLER

Etienne FRIESS

Le grand méchant catalogue des loups
Margot

132 | 12-03-2020 | 19.9€

Superbe catalogue de grands méchants loups ! Il y e n a pour tous les goûts, du Loup Yétu au Louphoque en passant par le Loubard. Pour chaque spécimen, pour mieux effectuer votre choix, il est précisé son expérience et sa dangerosité, vous ne pourrez pas vous tromper !

Fiche #2498
Thème(s) : Jeunesse


Marie MAHER

Pour la beauté du geste
Alma

131 | 117 pages | 08-03-2020 | 15€

en stock

Ils sont morts. Tous les deux, l’un après l’autre. La mère puis le père dans un accident. Restent la maison à quelques heures de Paris et le grand chien gris. Peut-être le seul qui ressent sa douleur, la douleur persistante de cette fille qui a toujours voulu partir, une autre vie. C’est peut-être le moment. Vendre la maison et partir avec le grand chien. Cela semblait facile, « Commencer et vider. Vendre. Sans réfléchir, sans s’attarder, sans même regarder ce qui passe entre les mains. ». Mais il va falloir passer par les souvenirs, par l’enfance, retrouver les trains de la gare toute proche, ceux qui passent sans s’arrêter, ceux qui s’arrêtent, ceux qui reviennent toujours, retour sur elle-même entre passé et présent, tenter de franchir la douleur pour trouver la beauté, ultime effort pour enfin commencer sa vie. Court, percutant et douloureux.

Premier roman

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Fiche #2496
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Marie Maher lus par Vaux Livres


Patrick MARTINEZ

Les silences de Rose
Diabase

130 | 110 pages | 08-03-2020 | 13€

Patrick Martinez dans un court texte nous fait partager l’histoire de Rose, une jeune femme qui, enfant, a été violée. Enfance détruite, Rose devient observatrice du monde qui l’entoure, de l’homme qui lui fait subir ces violences répétées, de sa mère agressive et détestable, alors elle fait un pas en arrière et observe, en silence. Elle semble ailleurs, absente, enfermée. Comment mettre des mots sur cette souffrance extrême ? Passer par l’écrit pour esquisser son cri et se retrouver ? « Il fallait qu’isolée, se repliant sur elle-même pour s’écouter, se parler en silence, elle puisse s’y retrouver dans un flot de paroles si présent et pourtant, elle le sentait, le devinait, lui appartenait de moins en moins. » A qui se confier ? Comment trouver ses mots ? A qui les confier ? Peut-elle encore attendre quelque chose de l’Autre ? Pascal Martinez, sur un sujet difficile et brûlant, en plaçant le lecteur au plus près de l’intimité de Rose, de l’intime, de ses sentiments, avec une pudeur et une sensibilité extrêmes, réussit parfaitement et avec émotion à nous mener aux côtés de Rose sur le chemin de sa vie.

Premier roman

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Fiche #2497
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Patrick Martinez lus par Vaux Livres


Perrine LE QUERREC

Rouge pute
La contre allée

129 | 96 pages | 05-03-2020 | 15€

Voilà comment Perrine Le Querrec introduit son dernier ouvrage : « Pendant plusieurs semaines, des femmes, des héroïnes, m’ont confié leur vie et leurs mots. Notre besoin commun de briser le silence et l’indifférence autour des violences conjugales et ses nombreux visages. [...] C’est cela que vous allez lire. ». Violences conjugales, violences du quotidien, libérer la parole puis la transmettre. Comment rendre compte de ces témoignages intimes ? Comment dire l’indicible ? Comment ne pas trahir ? Comme dire l’horreur ? Comment dire l’inimaginable ? Comment accompagner le quotidien ? Comment traduire la violence ? Comment plonger dans l’intimité de ces femmes sans indiscrétion ? Exprimer, expliquer, montrer, ressentir, crier, hurler. La poésie et les mots, les rythmes, les silences de Perrine Le Querrec collent à la perfection à cette terrible épreuve qui marque à jamais et permettent aux lecteurs d’entrevoir avec humanité et sans voyeurisme tout en conservant la brutalité du témoignage une réalité bouleversante.

Ecouter la lecture de la première page de "Rouge pute"

Fiche #2495
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Perrine Le Querrec lus par Vaux Livres


NIMROD

La traversée de Montparnasse
Gallimard

128 | 115 pages | 01-03-2020 | 12€

Kouassi fut orphelin très jeune, adopté par le Président ivoirien puis confié à un couple qui l’a aimé, choyé : une éducation soutenue, des lieux de rêve, mais toujours la peur de ne pas mériter sa vie, de ne pas être à sa place. Parisien, il est devenu un dandy au cœur d’un monde raffiné, cultivé, le monde « d’En-Haut ». Kouassi évolue parmi eux mais n’a rien oublié de sa jeunesse, des contes africains, des arbres qu’il continue d’observer à Paris et dont il tire ses forces. Ses amis appartiennent à une classe qui s’estime supérieure à ses compatriotes qu’ils enveloppent de leur mépris, alors un Noir a-t-il une chance d’être totalement accepté et considéré comme l’un des leurs ? Un roman de Nimrod se mérite, son écriture d’un style raffiné et poétique, ses ellipses, ses envolées, font de cette quête d’identité un récit singulier et unique.

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Fiche #2494
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Nimrod lus par Vaux Livres


Jérôme BONNETTO

La certitude des pierres
Inculte

127 | 190 pages | 28-02-2020 | 16.9€

Ségurian est un petit village de montagne, au cœur de la nature, intact, isolé : « On est une race, un bois… C’est qu’on vient d’un pays à l’intérieur d’un pays comme la langue chante son accent local, son vocabulaire, une autre langue au fond de la langue, d’autres hommes parmi les hommes. C’est la terre qui décide ici… On est un bois, un bloc, une race. ». Le loup rôde, les chasseurs veillent, la loi, c’est eux. Et puis un étranger pousse les portes le jour de la fête du village, la Saint-Barthélemy et sa procession. Pas si étranger que ça, ses parents habitant le village. Mais il est parti très jeune et Guillaume Levasseur revient bien décidé à installer une bergerie. Mais pourquoi ce retour tardif ? Il est obstiné, travailleur et rien ne devrait l’empêcher de faire paître son troupeau aux alentours. Néanmoins les chasseurs donc le village ne voient pas son arrivée d’un bon œil,« un empêcheur de chasser en rond », et ne sont pas prêts à partager l’espace sauvage où le sanglier est traqué. Les moutons et leurs chiens pourront-ils cohabiter ? Alors tout naturellement, deux clans se forment. Les rumeurs, petites mesquineries et méchancetés s’enchaînent. Quelle sera l’étape suivante ? Guillaume pourra-t-il résister aux pressions et rester du côté de la loi ? Jusqu’où chaque camp est-il prêt à aller ? Qui pourra pacifier la situation ? Il faudra attendre cinq nouvelles processions, cinq années tendues et dangereuses, pour connaître le dénouement. Un superbe (et noir) récit, un affrontement obscur et violent au cœur d’une nature protégée. Le style parfait maîtrisé et lumineux rend compte aussi bien des sentiments, de l’âpreté du travail, de la psychologie de chaque personnage, de leur frustration, de leur colère, de leurs envies, de leurs rêves que de la beauté de l’écrin de nature environnant le village.

« L’hiver replie les âmes sur elles-mêmes, rétracte les envies comme les coins d’une vieille lettre jetée aux flammes. »

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Fiche #2493
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Jérôme Bonnetto lus par Vaux Livres


Fabienne JUHEL

La Mâle-mort entre les dents
Bruno Doucey

126 | 285 pages | 25-02-2020 | 19.5€

en stock

Fabienne Juhel est une spécialiste de Tristan Corbière, une thèse, commissaire d’une exposition, responsable du contenu d’un site officiel… Alors quelle jouissance certainement d'avoir pris en main son destin, décidé de ses rencontres, maîtrisé ses aventures et tenu son crayon. En effet, dans « La Mâle-mort entre les dents », Fabienne Juhel métamorphose Tristan Corbière en poète reporter de guerre et le charge de rendre compte d’une page noire de l’histoire, en pleine guerre de 1870, la France sacrifiera des milliers de Bretons, ses « Nègres blancs ». A Conlie, Tristan, homme malingre exempté de service militaire, bien loin de l’archétype du combattant, réussira à s’introduire, « Un trublion au milieu des troufions. », dans le camp auprès des Bretons venus s’engager pour combattre les Prussiens. Ils ne connaîtront que la boue, le froid, la maladie, la faim, des armes qui n’en sont pas, le mépris absolu des généraux... Mais la plume de Corbière, ses mots, sa poésie mais surtout ceux de Fabienne Juhel, sont là pour en rendre compte, rappeler la trahison de la République et pour que tous ces Bretons ne restent pas des « morts pour rire ». Ne reste plus au lecteur qu'à prolonger son aventure de lecture par la (re)découverte du poème de Tristan Corbière, « La pastorale de Conlie ».

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Fiche #2492
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Fabienne Juhel lus par Vaux Livres


Pierre JARAWAN

Tant qu'il y aura des cèdres
Héloïse d'Ormesson

125 | 495 pages | 24-02-2020 | 23€

« Notre père a changé notre vie en nous racontant une histoire », mais il est temps pour Samir, le fils, devenu adulte, de découvrir la vérité et les secrets cachés derrière cette histoire, derrière l’Histoire, derrière un pays. Samir est né en Allemagne où ses parents libanais se sont exilés pour fuir la guerre et offrir à leurs enfants une autre vie. Petit Allemand, certes, mais éprouvant une attirance et même une nostalgie pour le pays de ses parents, son pays, leur exil lui pèse et lui-même ne semble pas trouver sa place en Allemagne. Un soir alors qu’il a huit ans, une photo bouleverse son père qui disparaît et laisse la famille sans nouvelles. Samir en reste bouleversé, une fêlure qui jamais ne semble pouvoir se refermer. Incapable de construire quoique ce soit, incapable de se projeter… Pourquoi son père si aimant, si gai, est-il parti ? La femme qui l’aime comprend que seul un voyage initiatique au Liban pour découvrir aussi bien le présent que le passé, la réalité que les secrets, lui permettra de comprendre son histoire et peut-être de revenir apaisé. Il se confrontera à la complexité du Liban, au poids des religions, aux destructions psychiques et physiques des guerres qui continuent de tisser leurs toiles, aux mensonges et aux secrets, aux regrets et aux remords mais aussi à la beauté du pays, à la force et l’envie de vivre de ses habitants. Même si Pierre Jarawan cite en exergue un proverbe libanais « Si quelqu’un croit avoir compris le Liban, c’est qu’on le lui a mal expliqué. », il nous apporte néanmoins quelques lumières sur sa complexité et déclame une histoire d’amour émouvante et langoureuse pour ce pays en souffrance depuis si longtemps. Un premier roman parfaitement maîtrisé qui nous tient en haleine durant près de cinq cents pages.

Premier roman

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Fiche #2491
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Paul Wider


Hannelore CAYRE

Richesse oblige
Métailié

124 | 220 pages | 23-02-2020 | 18€

Les temps ne changent guère : la caste des nantis reste la même, leur pouvoir, leur richesse aussi. Toujours prêts à mépriser les manants, prêts à tout pour protéger leurs comptes en banque mais aussi leur famille, hier comme aujourd’hui. « Richesse oblige » le démontre en faisant un aller et retour entre la Bretagne et Paris, entre 1870 et les années 2000 autour des De Rigny, grande famille perturbée hier, par un intrus, fils illégitime reconnu par le fils maudit, et aujourd’hui par Blanche De Rigny, une descendante inconnue venue de nulle part, du peuple avec ses prothèses, sa fille punkette au caractère bien trempé et ses deux chiens vagabonds. Rencontre détonante et dangereuse pour ces grands bourgeois surtout qu’un « léger » esprit de revanche anime Blanche guère disposée à se laisser écraser par les dominants !

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Fiche #2489
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir


Emmanuelle HEIDSIECK

A l'aide ou le rapport W
Editions du Faubourg

123 | 140 pages | 23-02-2020 | 16€

Dans nos chères sociétés libérales où tout est marchand, où les services publics s’éteignent « tranquillement », les actes gratuits, désintéressés, solidaires, ou la gentillesse deviennent parfois suspects voire dangereux pour les tenants du système. Ces comportements font souvent preuve d’humanité mais aussi de réflexion donc le pouvoir préfère anticiper (la première édition de ce roman eut lieu en 2013 pour un récit situé en 2015) et interdire tout acte gratuit ! Pourquoi les relations humaines échapperaient-elles aux règles du marché ? Sourire est devenu un acte politique ! La concurrence déloyale est proscrite : le bénévolat, aider un quidam, aider sa famille de manière régulière et répétée sans rétribution deviennent interdits et condamnables, ils entravent et menacent le marché, seul le profit et la consommation restent d’actualité et louables. Un professeur à la retraite en fait les frais, donnant l’impression de ne guère se soucier du délit d'ADS (Aide, Don, Service), il semble éprouver un malin plaisir à aider son prochain ! Affront absolu pour le pouvoir, discrète arrestation, menottes puis garde à vue. Dans le même temps, deux hauts fonctionnaires du ministère de l’Intérieur, A et B, tentent de s’entendre pour rédiger le rapport W, pilier fondateur de cette nouvelle loi, mais les deux compères ont des visions légèrement différentes pour lister l’ensemble des modèles de délits et condamnations… Un monde et une idéologie que l’on reconnaît, décryptés avec un humour grinçant qui nous interroge sur notre humanité et sur ce que nous sommes prêts à accepter, hier, aujourd’hui et demain ! Un court roman d’anticipation percutant de réalisme !

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Fiche #2490
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Emmanuelle Heidsieck lus par Vaux Livres


Yaël KÖNIG

Staccato
De Borée

122 | 262 pages | 22-02-2020 | 18.9€

Nathan Godfine apprécie la grande musique et partage cet intérêt avec son meilleur ami, Baptiste Del Chiaro, critique musical. Or, à l’opéra de Nice, après cinq représentations, la vedette principale, le baryton Isaac Van Jong, est assassinée. Sauvagement. Etranglé peut-être avec une fine cordelette, puis le torse littéralement dépecé. Le commissaire Nathan Godfine replonge dans le passé : quinze plus tôt, il avait échoué lors de sa première enquête et ce nouveau meurtre le lui rappelle brutalement. Immédiatement, il soupçonne qu’il est en train de retrouver le même meurtrier. Il ne doit pas échouer cette fois, la pression monte et les meurtres s’enchaînent. A chaque fois, des interprètes renommés sont tués et des poupées singulières aux doigts cassés sont retrouvées auprès de la victime. Le meurtrier adepte de la beauté ultime, séraphique, persuadé de son génie absolu pour la musique et notamment de ses interprétations au violon, nous livre quelques confidences. Il sait qu’il doit « tuer pour faire naître la beauté ». Alors il va se lancer dans une série de meurtres… Nathan se lance dans une enquête rythmée au cœur du monde musical et il devra éviter les fausses notes et trouver un final détonnant !

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Fiche #2488
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir


Isaac ASIMOV

A voté
Le Passager Clandestin

121 | 52 pages | 21-02-2020 | 5€

en stock

Isaac Asimov dans cette courte nouvelle de 1955 nous place au cœur des élections de 2008 aux Etats-Unis. Un algorithme superpuissant a été développé pour faciliter et encadrer cette phase démocratique : les sondeurs ont pris la main, le panel est réduit à sa plus simple expression. Un électeur est désigné par l’algorithme et après une série de tests, le Président sera désigné par la machine ! Et cette fois, c’est Marc qui est désigné, un électeur qui habituellement ne vote pas, le poids de la responsabilité lui tombe dessus ! Puissance des sondeurs, omniprésence de l’informatique, manipulations… un petit texte qui nous rappelle quelques faits…

Fiche #2487
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Denise Hersant


Minh TRAN HUY

Les inconsolés
Actes Sud

120 | 315 pages | 09-02-2020 | 21.5€

Une nuit par pleine lune, dans le parc d’un château, un corps flotte dans un étang. Prélude à un thriller gothique haletant ? Minh Tran Huy est aux commandes avec la maîtrise du suspense effectivement mais elle vous accompagnera bien plus loin, du côté des contes noires, du fantastique et aussi au plus proche d’une réflexion sur notre société. Lise a rencontré Louis et Louis a rencontré Lise. Marqués à jamais. Un amour puissant, le premier, celui qu'on espère éternel. Mais ils appartiennent à des mondes différents, à des classes différentes, il a toujours eu tout, elle a connu le manque. Lise est la fille d’un couple d’exilés d’un milieu modeste qui a gravi les échelons de la hiérarchie à force d’études et de travail ; intégré professionnellement ils ne se sentiront jamais légitimes, jamais vraiment à leur place faute d’avoir assimilé les codes. Lise mal-aimée par sa mère souffre de la jalousie de sa sœur. Louis vient d’un milieu riche où règnent les lois de l’apparence, du superficiel et de l’argent, amasser sans trop savoir pourquoi, paraître dans un entre soi et un égoïsme affirmés. L’amour du prince et de la princesse pourra-t-il résister à son environnement ? Lise veut laisser vivre sa naïveté et espérer en cet amour absolu mais la réalité est souvent plus cruelle que les rêves d’une petite fille. Deux voix nous font connaître entre amour et mystère l’histoire de ce couple, celle de Lise et celle de l’Autre, personnage mystérieux qui se révèlera à l’issue du récit. Un conte noir captivant qui rappelle que l’amour engendre bien souvent autant de bonheur que d’« inconsolés ».

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Fiche #2486
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Minh Tran Huy lus par Vaux Livres


Richard MATHESON

L'examen
Le Passager Clandestin

119 | 46 pages | 07-02-2020 | 5€

Tom est en train de réviser son examen. C’est son fils Les qui l’aide, lui fait répéter des suites de chiffres à mémoriser, lui pose toute sorte de questions et même lui propose quelques exercices physiques. Tom a plus de 60 ans et tous les cinq ans doit se plier à cet examen. Et il doit absolument le réussir sinon la société et ses lois ont décidé que, inapte à la vie, il devrait mourir, joli remède contre la surpopulation et le vieillissement de la population. Mais cette fois, Tom semble légèrement flageolant dans son apprentissage ; Les est inquiet et s’interroge sur le comportement à tenir, sur ce qu’il doit dire ou ne pas dire et même ressentir : est-il peiné devant la forte probabilité de l’échec de son père à l’examen final ? souhaite-t-il vraiment sa réussite ? n’aurait-il pas dû ignorer ses tendres souvenirs de moments partagés avec son père et abréger plus tôt sa vie : « Il était impossible de dire : J’espère que le vieux va échouer, j’espère qu’on va le tuer. Et pourtant, tout ce qu’on pouvait dire d’autre n’était qu’un hypocrite succédané car c’était exactement ce qu’on pensait. » Une courte nouvelle de 1954 terriblement efficace, « Mourir, la belle affaire ! Mais vieillir, oh vieillir. »

Fiche #2485
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Jacques Chambon


Mamdouh AZZAM

L'échelle de la mort
Actes Sud

118 | 102 pages | 02-02-2020 | 12.8€

Salma est une jeune femme mariée dont le mari est parti dans de lointaines contrées. Elle est restée dans le petit village du sud de la Syrie où elle s’est mariée très jeune et la famille l’accuse d’avoir souillé son honneur. La famille est unie devant cet affront qui doit être lavé, aucun soutien à espérer, surtout pas des femmes, ils vont lui faire payer et elle va mourir enfermée dans une cave. En effet, Salma leur a fait l’affront d’aimer, de connaître à nouveau l’émoi des sentiments et Abdelkarim retombé en adolescence et transi d’amour n’y pourra rien. Les hommes, les mâles et leur « trompettes de virilité » ont tous les droits, aimer plusieurs femmes, entretenir des relations avec plusieurs femmes, mais les femmes, non. Elles doivent obéissance jusqu’à laisser s’épuiser leurs sentiments et soumission totale. Les amours interdits doivent demeurer cachés sinon la cruauté et la jalousie accompliront leur œuvre terrifiante.

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Fiche #2484
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Rania Samara


Emmanuelle HEIDSIECK

Trop beau
Editions du Faubourg

117 | 106 pages | 28-01-2020 | 15€

en stock

Marco Bueli, trente-six ans, est un BG, un beau gosse, très beau, trop beau ? Immédiatement, il attire et aimante, amour, amitié, attention, personne ne lui résiste. Il n’y peut rien, physique de rêve, c’est comme ça. Cela pourrait être une bénédiction, mais ça tourne au handicap. Finalement, ce sont eux, les très belles et les trop beaux, les proies, vous pouvez le croire ! Sa beauté agresse le commun des mortels et il en paiera le prix. Notamment sur le plan professionnel. Sa beauté extrême entraîne harcèlement et jalousie et il a déjà subi plusieurs licenciements. Il ne l’accepte plus et est bien décidé à demander réparation, la loi sur les discriminations le lui permet, procès qui rejoint celui de l’Américaine Melissa Nelson (citée dans le roman) licenciée par son patron car trop tentante et irrésistible pour ce faible homme. Aussi, il participe avant ce procès à un groupe de parole « beaux-trop beaux » coaché par Mikle où belles et beaux viennent confier leurs malheureuses expériences. Parmi les canons de beauté présents, il repère évidemment la sublime Lena mais, dans un premier temps, garde ses distances, sûr de lui, on ne se refait pas, même avec cette beauté exceptionnelle, il sait qu’elle ne pourra lui résister. Un récit vif, caustique, où l’auteur, sourire aux lèvres, pointe avec délice quelques dérives de notre société : judiciarisation, victimisation, individualisme, loi de l’apparence, groupes de parole et thérapie comportementale... Pour cela, elle varie le style des trois parties du récit, fait appel au contes classiques et lieux communs de notre quotidien, le tout dans un humour dévastateur et percutant.

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Fiche #2483
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Emmanuelle Heidsieck lus par Vaux Livres


Joy HARJO

Crazy brave
Globe

116 | 19 pages | 26-01-2020 | 19€

La vie et le destin d’une petite Amérindienne sont bien souvent préétablis et guère joyeux. « Crazy brave », récit autobiographique écrit à la première personne de Joy Harjo, montre qu’une autre voie est possible. En respectant ses ancêtres, sa culture, sa connaissance de Gaïa, son Histoire, avec beaucoup de courage et de volonté, « Les tiens n’ont pas fait tout ce chemin à pied pour que tu laisses tomber tes rêves. », guidée par son « système d’alarme », Joy Harjo choisira le chemin de l’art, de la peinture (« Peindre c’était être proche de mes ancêtres. »), de la poésie, de l’écriture et écrira sa propre histoire commencée par deux grossesses précoces et deux compagnons violents bien décidés à lui imposer sa place. Sa communion avec la nature, les ancêtres, leur croyance, la musique et les mots la sauveront. Elle sait que sa génération est à un tournant pour sa communauté, « Ma génération incarne aujourd’hui notre mémoire. », il faut donc graver leur histoire, sans oublier leur passé en étroit lien avec la nature, puis le chemin contraint imposé par les Européens et les Américains jusqu’à « la colonisation » et « la déshumanisation ». Une belle découverte que ce récit, ce conte, ce long poème magnifiés par la musique amérindienne des mots et d’une femme courageuse et volontaire qui se libèrera par les mots.

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Fiche #2481
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Joëlle Rostkowski, Nelcya Delanoë


Danièle SAINT-BOIS

La fille du troisième
Julliard

115 | 258 pages | 26-01-2020 | 20€

C’est une histoire de flics et donc d’enquêtes, cette fois des meurtres de vieilles dames s’enchaînent. Mais « La fille du troisième » est aussi une plongée dans le monde de Lesbos. Swany est une enquêtrice à la vie tumultueuse. Elle est la fille d’un couple de femmes auxquelles elle n’a pas encore révélé son homosexualité. Elle est en effet secrètement la maîtresse de la commissaire Louise qui ne semble pas prête à plaisanter avec l’infidélité et le mensonge. Pourtant, lors d’une fête entre voisins, sous l’œil complice et protecteur de Bella belle haïtienne adepte du vaudou, elle tombe dangereusement amoureuse de Yaël la fille du troisième ce qui plongera Louise dans une profonde colère empreinte de violence. Une enquêtrice sensuelle, vivante, pleine de fougue et amoureuse, assez rare pour le souligner, à l’œuvre dans une enquête propice à aborder moult problématiques très contemporaines.

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Fiche #2482
Thème(s) : Littérature française


Ingrid THOBOIS

Si tu meurs, n'oublie pas
Bayard

114 | 143 pages | 24-01-2020 | 13.9€

en stock

Yann et Alex sont cousins et se retrouvent tous les étés pour des vacances familiales à Digne-les-Bains lors desquelles ils ne se quittent pas. Ce dernier été, Yann fête ses 18 ans, c’est un élève brillant et a une passion absolue et exclusive pour le Japon, son histoire et sa culture, son avenir est tracé. Alex, 15 ans, fils unique, encore très gamin, n’est guère intéressé par l’école et préfère de loin ses écrans, geek en puissance. Mais ensemble, ils ne font qu’un, Alex voue une admiration totale pour Yann. Néanmoins, cet été, Alex ressent les premières craintes de séparation, d’éloignement. Ils sont si différents, Yann va passer du côté des adultes et partir pour ses études à Paris, rencontrer d’autres personnes, d’autres centres d’intérêt. Resteront-ils toujours aussi proches ? Yann n’oubliera-t-il pas son cousin ? Le 15 août, pour ses 18 ans, Yann et Alex partent en boîte en voiture pour une soirée festive et joyeuse. Mais au retour, Yann roule trop vite, c’est l’accident et la mort. Alex vit son premier deuil, sa première rentrée sans Yann, et sait qu’il n’y aura plus d’été avec lui. Les deux familles quittent leur lieu de vacances désespéré, la rentrée sera difficile. Douleur immense. Yann n’est plus là et pourtant quelques temps après, Alex sent sa présence et le voit et Yann est en colère, presque violent ce qui ne lui ressemble pas. Folie ? Fantôme ? Les morts nous quittent-ils vraiment ? Alex s’interroge sur cette présence puis sur les raisons profondes de cet accident. Il espère trouver ses réponses en partant retrouver quelques jours la mère de Yann. Un roman tout en maîtrise qui suit avec émotion un jeune ado (qu’on a terriblement envie d’aider) sur le chemin de la guérison et de la résilience.

Fiche #2480
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Ingrid Thobois lus par Vaux Livres


Peter SWANSON

Vis-à-vis
Gallmeister

113 | 395 pages | 23-01-2020 | 23.8€

Hen et Lloyd ont une vie de couple apaisée et heureuse. Ils viennent de s’installer dans une nouvelle maison, dans une petite ville à l'écart de Boston. Son mari fait le trajet pour son travail alors que Hen a son propre atelier dans la ville. Lloyd est aux petits soins pour Hen du fait de sa bipolarité. Ils commencent de connaître leurs voisins, un couple sans enfant, comme eux et sympathisent jusqu’à ce qu’ils aillent chez eux pour un dîner amical. Ils visitent la maison et Hen frise le malaise dans le bureau de Matthew : elle remarque un trophée d’escrime qu’elle croit reconnaître. Il avait été cité dans une affaire de meurtre d’un jeune homme dans le passé qu'elle avait suivie. Tout le monde remarque son malaise même si elle en tait les raisons. Hen est alors persuadée que son voisin est un tueur. Mais ni Lloyd ni la police ne la croit du fait de sa maladie et de son passé : étudiante, elle avait agressé une jeune fille persuadée qu’elle la persécutait et lui voulait du mal. Alors Hen doit trouver plus de preuves et se lance dans une enquête périlleuse et tendue. Matthew n’est pas dupe et sait exploiter avec perversité la position inconfortable de Hen. Jeu du chat et de la souris, mais qui est le chat ? qui est la souris ? Un lien étrange se crée entre eux deux. Hen vit-elle une nouvelle crise ou est-elle définitivement en danger ? Matthew est-il un justicier dangereux ou victime d’une coïncidence ? Un thriller psychologique à la tension extrême, aux relations ambiguës et dangereuses, aux manipulations habiles. Un bijou que l’on dévore trop vite, on en redemande !

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Fiche #2479
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Christophe Cuq

Les titres de Peter Swanson lus par Vaux Livres


Antoine LAURAIN

Le service des manuscrits
Flammarion

112 | 215 pages | 20-01-2020 | 18€

Violaine Lepage, 44 ans, est une éditrice parisienne reconnue. Très belle femme, un mari très amoureux, elle sait s’entourer de collaborateurs efficaces et ses choix d’édition sont reconnus. Peu de temps après un grave accident qui la plonge dans un coma temporaire, un manuscrit, « Les fleurs de sucre », fait l’unanimité dans son équipe et est publié même si son auteur reste inconnu. Pour Violaine, son récit est particulier et rappelle de douloureux souvenirs intimes que peu connaissent. Lorsque le roman apparaît sur la liste du Goncourt, la maison s’active pour retrouver l’auteur. Une autre enquête, policière cette fois, débute en parallèle : des meurtres similaires à ceux du roman se produisent… Une immersion tendue dans le monde de l’édition avec une enquête très scénarisée, ne reste plus qu’à attendre l’adaptation !

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Fiche #2474
Thème(s) : Littérature française


Christian JOLIBOIS

Marianne BARCILON

Pourquoi, moi, j'ai jamais de calins
Ecole des Loisirs

111 | 20-01-2020 | 13.5€

Un album tendre qui nous fait partager les plaintes d'un bébé hérisson qui désespère de ne trouver personne capable de lui faire un gentil petit câlin. Ah ces aiguilles ! Heureusement, Maman hérisson est là et trouvera la solution rendant jaloux les autres bébés animaux de la forêt !

Fiche #2475
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Marianne Barcilon lus par Vaux Livres


Alessandro PIGNOCCHI

Mythopoïèse - Petit traité d'écologie sauvage
Steinkis

110 | 125 pages | 20-01-2020 | 16€

en stock

C'est inattendu mais salvateur pour la terre, les mésanges ont pris le pouvoir ! Les animaux, la nature, reprennent la place qu'ils n'auraient jamais dû quitter. La faute à qui ? Nos chers ex-dirigeants se sont retirés. Place à la nouveauté, les discours sont révisés, la politique et les lois aussi. Les dessins et illustrations (notamment les différentes espèces de mésanges) sont superbes, le texte est drôle et subversif et les habitants de Bois-le-Roi toujours aussi singuliers ! Nous ne citerons que le dernier dialogue de deux belles hirondelles des cheminées : « Pourquoi ces gens lisent des BD sur l'écologie au lieu d'aller jeter des cailloux dans des vitrines de banques ? Je ne sais pas les gens sont bizarres. Et pourquoi les deux en même temps comme dirait Manu ne serait-il pas possible ? »

Fiche #2476
Thème(s) : Littérature française


Miguelanxo PRADO

Le triskel volé
Casterman

109 | 102 pages | 20-01-2020 | 20€

Artur est un jeune universitaire et en plus de son travail quotidien, son directeur lui a demandé de cataloguer des vieux ouvrages. Il déniche un vieux fascicule d’un ancien chercheur considéré par ses collègues comme un peu fou qui l’intrigue. Un ordre magique existerait, ordre ancien peuplé d’anges et de démons avec comme clé un talisman celte gravé d’un triskel. L’objet est recherché par tous. Pour les démons, les humains sont devenus un danger alors que les anges continuent de les défendre, l’enjeu est de taille, la fin de l’humanité sur terre ! Une enquête haletante entre magie, surnaturel, science et le monde des antiquaires.

Fiche #2477
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées
Traduction : Anne Cognard


Virginie NOAR

Le corps d'après
François Bourin

108 | 252 pages | 20-01-2020 | 19€

Le corps. Le corps d’une petite fille, d’une fille, puis d’une femme. Leur lutte. Une femme enceinte. La vie prend forme et la lutte continue. « C’est que du bonheur », ou pas. Une femme qui a accouché et la vie est née. La lutte s’intensifie et c’est à cet instant particulier que la narratrice établit une sorte de bilan, s’aperçoit des violences subies, des pressions, des regards... Devenir une mère comblée ou pas. Suivre les injonctions de la société ou pas. Choisir entre la mère et la femme, ou pas. Trouver sa voie, « Quels sont les chemins qui mènent au désir d’une vie à fabriquer ? » Un récit qui dissèque le joli conte de la maternité et ses poncifs habituels, la condition féminine et continue d’espérer en un chemin vers l’émancipation. Le discours est franc et direct, les phrases sont courtes, hachées, le style incisif, le rythme rapide, c’est parfois cru et brutal mais toujours percutant.

Premier roman

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Fiche #2478
Thème(s) : Littérature française


Yves GAUDIN

En vérité
Héloïse d'Ormesson

107 | 176 pages | 19-01-2020 | 16€

Qu’est-ce qui pousse, Emile Blanchard, ancien flic, a traversé chaque jour une nationale en espérant et attendant le choc fatal et final ? Emile Blanchard a terminé sa carrière avec une enquête douloureuse sur un triple meurtre, trois morts avec le même procédé (trois scientifiques empoisonnés avec les langues sectionnées), trois meurtres en trois jours, et la hiérarchie qui redoute le tueur ou la tueuse en série... Dans le même temps, Emile supporte de plus en plus difficilement de voir sa mère dépérir et plonger dans la dépendance. Mais que faire ? L’irréparable ? Emile revient avec franchise sur cette enquête et sur le chemin qui l’a mené dans ce puits de désespoir. Un roman noir, sorte de pomme empoisonnée aussi délicieuse que dangereuse que l’on croque à pleine dents, portrait grinçant des hommes, de leurs amours, de la vieillesse, de la mort, de la société, et de notre belle justice.

« Ah ! les rêves, si seulement on savait, en les faisant, qu’ils ne sont que des chiens sans maître. »

Ecouter la lecture de la première page de "En vérité"

Fiche #2472
Thème(s) : Littérature étrangère


Fabrice HUMBERT

Le monde n'existe pas
Gallimard

106 | 247 pages | 19-01-2020 | 19€

Ethan Shaw est de ceux que l’on admire, de ceux qui attire la lumière. Alors quand il est accusé d’avoir violé et assassiné une jeune mexicaine, Adam ne peut y croire et il décide de revenir à Drysden, la ville où il l’a connu adolescent, il en était son meilleur ami, son idole. Il en était son opposé, timide, fragile, réservé et pourtant Ethan le révèlera à lui-même et il ne l’a pas oublié. A partir de cette enquête, Fabrice Humbert nous propose un nouveau roman monde d’une puissante réflexion qui décrypte nos codes, notre société. Une plongée dans le mensonge permanent, dans un monde où la fiction a remplacé la vérité, où tout est construit. Et si tout est construit, tout devient possible et peut se déconstruire. Evidemment Fabrice Humbert ne tombe pas dans le piège du complot mais revient sur les premiers écrivains qui « voulaient avoir prise sur le monde » et néanmoins restaient dans la fiction en créant un flou artistique entre vérité et fiction. Ces constructions fictives recherchent périodiquement leurs meurtriers, Ethan en sera l’un d’eux, et nous les jette en pâture, sans aucune réflexion, aucune analyse, aucune évolution postérieure. Nous sommes arrivés au bout de l’histoire, le récit est devenu plus convaincant que la réalité, « Le monde n’existe pas », « le monde est devenu un récit » et « Tout ce que nous vivons est un livre ou un film. », le vrai et le faux forment maintenant une belle équipe ! Un roman qui pousse à la réflexion mais qui trouble et apeure et démontre s’il en était nécessaire que nous avons basculé dans un autre monde : « La fiction est la réalité. La réalité est la fiction. La confusion inévitable mène au malheur. Ou peut-être à une autre forme d’humanité. »

Ecouter la lecture de la première page de "Le monde n'existe pas"

Fiche #2473
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Fabrice Humbert lus par Vaux Livres


Guillaume GUÉRAUD

Ma grand-mère est une terreur
Le Rouergue

105 | 95 pages | 18-01-2020 | 9€

en stock

Quand Louis, dix ans, apprend qu’il va passer une semaine de vacances avec sa grand-mère dans un coin perdu, en pleine forêt, sans télé, le vide, il frise la syncope ! En plus mémé Kalachnikov comme la surnomme les habitants du village voisin manipule mieux la baguette et sa canne que la tendresse ! L’enfer annoncé va se transformer en une aventure inoubliable. La mairie a décidé de construire une grande route non loin de la maison de mémé et de sacrifier la forêt qui l’entoure. Alors mémé, plus efficace qu’une meute de zadistes, n’est pas décidée à se laisser faire. Avec ses pouvoirs magiques, sa gouaille, ses convictions et sa canne, mémé Kalachnikov et Louis qui prendra sa part se lancent dans un combat qui semble néanmoins perdu d’avance mais mémé en a vu d’autres et Louis découvrira avec étonnement son passé ! Drôle et percutant, des dialogues francs et directs, pour les jeunes futurs révolutionnaires !

Fiche #2471
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Guillaume Guéraud lus par Vaux Livres


Pascal MANOUKIAN

Le cercle des hommes
Le Seuil

104 | 330 pages | 17-01-2020 | 21€

Tout réussit au personnage principal du Cercle des Hommes. Homme d’affaires très riche, puissant, il vient d’être nommé « à la tête d’un des plus importants consortium miniers du monde. », une femme plus jeune et éblouissante, des propriétés au quatre coin du monde, un portable dans chaque poche… Quand il se met aux commandes de son petit avion pour survoler l’Amazonie, il est loin de se douter qu’il est à un tournant de sa vie. En effet, devant la falaise aux aras, il va subir une attaque en règle de ces oiseaux majestueux et multicolores. Son avion s’écrasera au milieu de la forêt et il se réveillera blessé et entouré par des Yacou, huit Yacou, derniers représentants d’une tribu isolée. Prisonnier, sans portable, sans rien, dans une fosse avec des cochons sauvages et menaçants sous l’œil inquiet et inquisiteur de la tribu qui s’interroge sur sa vraie nature. Toute sa richesse, son pouvoir, ses propriétés ne lui seront d’aucun secours pour les convaincre qu'il n'est ni cochon ni animal. Ici, « Rien ne se vendait. Rien ne s’achetait. Tout se prélevait, après avoir demandé la permission et s’être fait pardonner d’avance. La richesse se trouvait ailleurs. » Et il va falloir qu’il l’intègre et qu’il prenne son temps pour comprendre les codes, le langage, trouver la protection de certains, éviter les dangers, mais « Après tout, pour la première fois de son existence, il goûtait au seul luxe que sa fortune ne lui permettait pas de s’offrir : prendre son temps. » La tribu semble heureuse, gérée par une vraie démocratie et libre dans son Cercle, dans sa vie toute simple, totalement incluse dans la Nature idolâtrée, « … la science tenait déjà tout entière dans la nature et le bonheur… », bien loin de la toute puissance et de l’« effronterie envers la nature, par péché d’orgueil, pour avoir eu la prétention d’être plus efficace que les saisons, d’exiger tout, tout de suite, tout le temps… ». Pourtant son espace vital se réduit drastiquement. De nouvelles bêtes, monstrueuses, jaunes, aux dents acérées, tuent les arbres sacrés dans un vacarme assourdissant et rien ne semble pouvoir les arrêter. Alors le chemin va être long, passionnant, dangereux, pour que ce frère de Carlos Gohsn (mais nous avons tous un peu de Carlos !) redevienne le Yacou qu’il fut (car nous avons tous été Yacou !), et il faut se dépêcher de ne pas l’oublier ! Ce roman d’aventure, ce conte philosophique voire écologique nous offre une belle rencontre, improbable et passionnante, incitant à la réflexion et peut-être à l’action, comme Pascal Manoukian nous le rappelle avec cette citation d’Albert Einstein : « Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal mais par ceux qui les regardent sans rien faire. »

Ecouter la lecture de la première page de "Le cercle des hommes"

Fiche #2470
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Pascal Manoukian lus par Vaux Livres


Patrice GAIN

Le sourire du scorpion
Le Mot et le Reste

103 | 207 pages | 16-01-2020 | 19€

Tom et Luna, les jumeaux, et Mily et Alex, leurs parents forment une famille heureuse et continuent de jouir d’une belle liberté. Ils vivent à la marge, esprit de bohème, saltimbanques ou saisonniers, avides de rencontres, ils enchaînent les petits boulots et se déplacent avec leur maison, une vieille camionnette rappelant le monde du cirque. Le récit débute alors qu’ils se trouvent au départ du canyon de la Tara au Monténégro et sont impatients (excepté Mily apeurée par un mauvais pressentiment) de plonger le raft à l’eau pour partir naviguer dans une aventure collective à laquelle s’est joint Goran un Monténégrin croisé sur la route. Le canyon est impressionnant, les passages des rapides aussi, la tension croit au fil de la descente mais Goran épaulé par Alex semble maîtriser. Jusqu’au drame. De retour sur la terre ferme, non loin des Grands Causses et des gorges du Tarn, la famille ébranlée peine à retrouver le chemin de la vie, de l’insouciance et de la liberté (« On avait laissé tant de choses là-bas. Chaque jour s’ouvrait, comme un calendrier de l’avent, sur un lot de conséquences qui devaient nous conduire je ne sais où. Elles s’agglutinaient comme des batraciens aux premiers jours du printemps. Leurs copulations n’engendraient rien de bon. Loin de diluer, notre douleur s’engluait dans un baume acide. »). Ils s’installent dans une vieille ferme abandonnée et en ruine, et les enfants, notamment Tom, s’interrogent sur le drame, sur sa genèse, sur les relations nouées avec Goran avant et après le drame, il les a en effet suivis en France et les aide avec beaucoup d’abnégation. Tout ça n’est-il qu’un malheureux hasard ? Patrice Gain maîtrise parfaitement la tension de son récit, excelle à décrire la sublime beauté de la nature sauvage et parfois violente, à nous attendrir devant le parcours chaotique de Tom vers la vérité, portrait d’un ado émouvant et réfléchi, et nous rappelle si nécessaire qu’une guerre n’est jamais propre, sa violence absolue et qu’elle ne se termine jamais. Un roman noir au style riche, travaillé, parfois précieux, évocateur, dans une langue raffinée, un voyage et une rencontre inoubliables au cœur d’un Causse sauvage et intact.

« Je me demandais si c’était ça la vie. Empiler les mauvais coups, les désillusions et les ennuis jour après jour, mois après mois… »

« On ne refait pas sa vie, on la poursuit, avec d’autres horizons parfois, d’autres personnes souvent, mais on n’efface pas le passé. »

« Je me demandais ce qui nous définissait : était-ce l’ensemble de nos actes ou seulement les conséquences de nos erreurs ? »

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Fiche #2469
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Patrice Gain lus par Vaux Livres


Camille BONVALET

Echographie du vide
Autrement

102 | 183 pages | 12-01-2020 | 16.9€

Emmanuelle vit en couple, une jeune femme « médiane », « normale », très amoureuse de son mari Léon et de son petit chat. Elle a 28 ans et fait part à son gynécologue de sa décision : se faire ligaturer les trompes et ne pas avoir d’enfant. Il a fallu dans un premier temps trouver un gynécologue qui acceptait sa décision et d’appliquer la loi qui le lui permet. Mais maintenant, elle rentre dans un entre-deux, le compte à rebours est lancé, quatre mois de délais, quatre mois de réflexion. Alors Emmanuelle observe, observe sa vie, observe son couple, sa sexualité d’hier et d’aujourd’hui, ses parents, son petit chat, ses amis, sa meilleure amie et son bébé... Quelle place prendrait un enfant dans cet univers ? Qu’est-ce qu’être femme ? Etre femme sans enfanter ? Qu’est-ce qu’une femme libre ? Ne s’est-elle pas laisser enfermer dans une routine au milieu de Léon et du petit chat ? Comment partager sa décision avec Léon ? Comment en faire part à ses amis ? « Echographie du vide » laisse place aux réflexions d’une jeune femme moderne face aux injonctions à la maternité et à une décision encore singulière et définitive.

Premier roman

« Ce qu’on a l’air cons, quand même, lâche Emmanuelle en s’esclaffant.
- Comment ça ?
- A être adultes.
»

« Le vent est libre, certes, mais c’est du vent. »

Ecouter la lecture de la première page de "Echographie du vide"

Fiche #2466
Thème(s) : Littérature française


Ricardo ROMERO

Je suis l'hiver
Asphalte

101 | 205 pages | 12-01-2020 | 21€

Ils sont deux flics dans une petite bourgade argentine perdue au milieu de nulle part, en pleine pampa, bien seuls dans cette pampa sauvage et inquiétante. Pas grand-chose à faire semble-t-il, alors en écoutant la radio quand elle ne grésille pas trop, le collègue de Pampa Asiain parle beaucoup pour noyer leur ennui. Tout le monde se connaît dans le coin. Jusqu’au jour où Pampa se rend pour inspecter un coin isolé sur la rive d’un lac. Il fait froid, la neige commence à tomber et à recouvrir la campagne d’un blanc immaculé et pourtant Pampa décide de se baigner. Il découvre alors le corps d’une jeune femme pendu à un arbre. Il la reconnaît, et en une fraction de seconde, prend une décision étonnante et dangereuse qui va changer son existence, il décide de ne rien à dire à personne de sa découverte et se persuade qu’il s’agit d’un meurtre et qu’il en trouvera son auteur. « Je suis l’hiver » fait alors partager l’errance de Pampa à travers cette région à la découverte des secrets de ses habitants. L’atmosphère du récit est étrange, inquiétante de bout en bout, les personnages aussi troublants que sombres, et eux comme le style de Ricardo Romero aimantent littéralement le lecteur à cet ambiance étrange avec la sensation permanente d’une menace latente sur l’issue de l’enquête de Pampa et sur ses motivations.

Ecouter la lecture de la première page de "Je suis l'hiver"

Fiche #2467
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Maïra Muchnik


Alejandro PALOMAS

Le petit garçon qui voulait être Mary Poppins
Le Cherche Midi

100 | 223 pages | 12-01-2020 | 20€

Guille, petit bonhomme attendrissant de neuf ans, rêve d’être Mary Poppins. En effet, il a connu Mary Poppins avec sa mère qui partageait souvent avec lui ses aventures. Mais depuis, sa mère est partie pour un long voyage et n’en est pas revenue, seul avec son père, il attend donc sa lettre hebdomadaire avec impatience. Alors pour pallier cette absence et alléger ces attentes, Guille a choisi les mots, les histoires et le rêve. Sa différence l’isole à l’école, il reste seul avec Nazia sa petite copine, également rejetée par les autres. Cet univers qu’il s’est créé lui permet de montrer de la joie, des sourires, mais derrière ce masque, qu’y a-t-il ? Sonia, sa maîtresse, et Maria, psychologue scolaire, s’interrogent. Son père tente de le protéger, fait tout pour, et préfère garder le silence sur le départ de sa maman, mais qui protège qui réellement ? Tendre, émouvant, lumineux, délicat, derrière chaque sourire, les larmes ne sont pas loin. Un livre magique qui rappelle que derrière l’innocence des enfants, il y a aussi une remarquable acuité pour découvrir ce que les adultes veulent leur cacher.

Ecouter la lecture de la première page de "Le petit garçon qui voulait être Mary Poppins"

Fiche #2468
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Vanessa Capieu

Les titres de Alejandro Palomas lus par Vaux Livres


ZOSIENKA

Le gardine de la lune
Saltimbanque

99 | 10-01-2020 | 14.9€

Emile l'ours blanc est heureux et quelque peu anxieux de la responsabilité dont il hérite : il a été élu gardien de la lune et en fait, il ne la connaît pas trop. Alors dès le premier soir, il s'attelle avec sérieux à la tâche et prend plaisir chaque nuit de la regarder dans le silence et de dialoguer avec elle. Rapidement, l'inquiétude grandit, la lune diminue de taille. Que se passe-t-il ? Malade ? Triste ? Emile va devoir enquêter ! Un joli conte pour une belle rencontre douce, tendre qui endormira à merveille les petits (et les grands.

Fiche #2465
Thème(s) : Jeunesse
Traduction : Nadja Belhadj


Raphaële FRIER

Gilles ABIER

Ca pue ! Ca gratte !
Le Rouergue

98 | 48 pages | 08-01-2020 | 7€

Deux classes de deux établissements scolaires bordelais et marseillais entament une correspondance. Pour l'initier, les enseignants proposent aux élèves de confectionneur (peut-être avec amour...) eux-mêmes un objet qu'ils enverront à leur correspondant. Comme d'habitude dans la collection Boomerang, deux histoires se répondent, et cette fois les deux volants décrivent ce que reçoit et confectionne Mathis le Marseillais et Camille la Bordelaise. Et parfois les cadeaux sont empoisonnés...

Fiche #2464
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Raphaële Frier lus par Vaux Livres

Les titres de Gilles Abier lus par Vaux Livres


Pierre SÉRISIER

L'intraitable chagrin de la bourgeoisie
L'Aube

97 | 395 pages | 02-01-2020 | 23€

Manger une huître est parfois dangereux, maître Lambert s’en aperçut à ses dépens, mais trop tard, une fausse route, et la mort au détour d’un bon repas ! Jacques Lambert notaire à Rouen était l’un des membres emblématique de la haute société provinciale française. Une femme kleptomane, chacun a ses petits travers, trois grands enfants. Peu de temps avant sa mort, Jacques Lambert avait rédigé un testament léguant son étude à sa fille à la grande surprise de son fils aîné Jean-Baptiste qui espérait bien prendre sa suite. Son second fils, Gilles, s’occupe de généalogie et se délecte de mettre à jour les petits secrets familiaux, même lorsque cela peut atteindre les proches de sa famille… Pierre Sérisier dresse un portrait décapant et très chabrolien d’une famille bourgeoise qui se complait dans son petit monde clos et méprisant mais aussi de notre société et ça cogne dur !

« Quand la connerie est érigée en système de pensée, il n’est pas utile de l’imprimer sur du papier demi-format. Un tweet suffit. On gagne du temps. »

« La vraie victoire des argentiers, c’est la défaite de notre imagination. »

« Aujourd’hui, l’épaisseur morale de ceux qui nous gouvernent est si fine qu’ils pourraient se rouler une clope avec. D’un autre côté, pourquoi ils s’emmerderaient ? Elle date de quand la dernière révolution qui a marché ? »

« Etre riche a aussi cet avantage : personne n’a vraiment envie de fouiller vos poubelles. »

Ecouter la lecture de la première page de "L'intraitable chagrin de la bourgeoisie"

Fiche #2461
Thème(s) : Littérature française


Morag HOOD

Petit pois carotte
Gallimard

96 | 02-01-2020 | 12.9€

Jean-François est un petit pois heureux, il a plein d'amis, tous des petits pois. Ils se ressemblent beaucoup. Jusqu'au jour où un intrus, un étranger, un être différent vient les bousculer : Charlotte la carotte ! forme, couleur, comportement, ils sont vraiment différents mais vont apprendre à se connaître et deviendront de vrais amis. Vive la différence !

Fiche #2462
Thème(s) : Jeunesse
Traduction : Louise Drouet


Timothée DE FOMBELLE

Marie LIESSE

Le jour où je serai grande, Une histoire de Poucette
Gallimard

95 | 02-01-2020 | 14.5€

Un superbe album où Poucette nous propose son album de photos qui passe en revue tous les instants de bonheur même furtifs qu'elle a déjà vécus et qu'elle ne veut surtout pas oublier. Un bijou de poésie et de tendresse.

Fiche #2463
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Timothée De Fombelle lus par Vaux Livres


Hélène DELFORGE

Quentin GRÉBAN

Amoureux
Mijade

94 | 01-01-2020 | 20€

en stock

Qu'est-ce que l'amour ? Ce sentiment mystérieux qui traverse tous les âges, fugace ou éternel, cette émotion fulgurante, partagée ou non, cette sensation insaisissable qui marque à jamais, à deux, en famille, l'amour qui naît, qui s'achève ou qui renaît. Un superbe album débordant de poésie rappelant avec émotion aussi bien par le texte que par les superbes illustrations de Quentin Gréban que chaque amour reste unique et essentiel.

Fiche #2459
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Quentin Gréban lus par Vaux Livres


Natacha DIEM

L'invention d'Adélaïde Fouchon
Piranha

93 | 205 pages | 01-01-2020 | 18€

Adélaïde vit à Paris avec son mari et ses deux enfants lorsqu’elle apprend la mort de son père. Retour à Bruxelles, un voyage, une pause dans sa vie de femme, sa vie de mère, sa vie amoureuse propice à un retour dans le passé et sur une enfance singulière. Elle grandit au milieu de trois adultes (« Chez moi, il y a une maman qui dort entre deux papas, chacun fait un peu ce qu’il veut quand il veut… »), une mère, deux pères, un couple à trois face à une petite plutôt solitaire avec sa chatte Raspoutine, Eluard son hamster et ses grands-parents aimants mais bien éloignés. Les regards qui se posent sur eux, sur elle, lui font ressentir très tôt leur différence, sa différence et il lui faudra déployer beaucoup d’énergie pour se faire accepter mais aussi pour accepter les autres. Mais peut-être est-ce le fondement de son questionnement sur l’amour, sur la vie. Elle déborde d’énergie et de vie, mais la mélancolie, la colère voire la violence ne sont jamais très loin. Ce décès fait tout ressortir : rancœur, joie, tendresse refoulée, connivence, douleurs… et le cœur de sa vie, la solitude et l’anormalité, hier et aujourd’hui. Adélaïde nous fait partager son intimité, son questionnement sur sa façon de vivre, d’aimer, d’être aimée, de continuer de grandir et de s’accomplir en tant que femme et elle le fait franchement, sans retenue, avec beaucoup d’autodérision, on rit souvent, parfois jaune, dans une atmosphère moqueuse et grinçante. Le style est direct, rythmé et très imagé. Une belle rencontre !

Premier roman

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Fiche #2460
Thème(s) : Littérature française


Thibault BÉRARD

Il est juste que les forts soient frappés
L'Observatoire

92 | 297 pages | 30-12-2019 | 20€

Sarah a toujours su garder l’âme de la punkette qu’elle fut, rebelle et libre, la preuve, même morte, elle continue de nous raconter sa vie. Elle a vécu une véritable idylle avec Théo, alchimie immédiate, ils firent la route ensemble. Un premier petit garçon, puis une petite fille alors qu’ils avaient déjà appris la terrible nouvelle. Sarah était malade, gravement malade, atteinte par un cancer à la progression rapide. Elle dont le leitmotiv qui horripilait Théo était « Moi je vais crever avant quarante ans, de toute façon » allait devoir lutter. Et pour cela elle était bien entourée. Par Théo évidemment mais aussi par de nombreux amis qui interviendront à la hauteur de leur possibilité. Elle revient sur l'épreuve qu'est la montagne russe que fait vivre le cancer, soins, rémissions, espoir, fatigue extrême, ras-le-bol, angoisse, résister, continuer de vivre, de lire, de chanter et de rire, ne pas se laisser abattre et combattre, Sarah et Théo sont forts mais « …même les forts s’effondrent lorsque les coups s’accumulent. » Un émouvant et bouleversant récit entre rires et larmes où la vie reste le personnage principal et « Toutes les vies sont des aventures extraordinaires… »

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Il est juste que les forts soient frappés"

Fiche #2458
Thème(s) : Littérature française


Gabrielle TULOUP

Sauf que c'étaient des enfants
Philippe Rey

91 | 170 pages | 22-12-2019 | 16€

M. Lusnel, principal du collège André-Breton de Stains, malgré les difficultés quotidiennes rencontrées ne se serait jamais douté qu’un matin le premier appel viendrait de la police afin de l’avertir que huit garçons du collège étaient soupçonnés de viol. Tous les âges sont représentés. Fatima soutenue par sa mère a eu le courage de la parole, de briser la loi du silence et de ne pas cacher cette agression, de porter plainte au risque de devenir la paria du quartier, certains assurant même qu’elle l’avait bien cherché ! La communauté pédagogique, enseignants, surveillants… semble soudée, motivée et attentive à ses élèves, ses petits, ses tout petits, presque bébés à leur entrée en sixième mais comment va-t-elle réagir ? Sept vies broyées dès l’enfance, sept enfances achevées dans l’horreur et l’incompréhension : « Lusnel se dit que ces enfants ne savent qu’ils sont coupables. Il repense à Fatima. Elle savait à peine qu’elle était victime, ces garçons ne comprennent pas qu’ils sont bourreaux. » Ce traumatisme va révéler chacun d’eux, les interroger sur leur responsabilité éventuelle et sur la faillite de leur mission (« On ne choisit pas d’être éducateur si on n’espère pas réécrire la fin. »), réveiller d’anciens traumatismes, mettre en lumière leur solitude, leur appréhension de la hiérarchie et de la justice. Emma, l’une des professeurs, d’habitude si calme et mesurée, réagit vertement face aux positions compréhensives de certains élèves vis-à-vis des violeurs et face à l’apathie de certains de ses collègues. Elle semble au bord de la rupture puis ressentira une culpabilité profonde d’immiscer sa douleur dans celle de Fatima, il faudra bien néanmoins qu’elle affronte ses angoisses pour espérer reprendre sa place auprès de ses petits protégés et peut-être rencontrer à nouveau l'amour. Gabrielle Tuloup nous offre un deuxième roman brillant et émouvant qui en se plaçant singulièrement au cœur d’une équipe pédagogique aborde avec sensibilité, justesse et maîtrise les conséquences violentes des abus sexuels. Aucun jugement, aucune recherche d'excuses, aucun manichéisme, juste observer et comprendre. Un deuxième roman, et on le sait déjà, Gabrielle Tuloup est en train de construire une œuvre, aucun doute possible.

« Ces gosses sont des enfants de la rupture. »

« L’enfance a une date de péremption, pas la même que celle indiquée sur les paquets. Elle pensait qu’elle avait le temps de voir venir. On ne voit jamais rien venir. »

Ecouter la lecture de la première page de "Sauf que c'étaient des enfants"

Fiche #2457
Thème(s) : Littérature française


Valérian GUILLAUME

Nul si découvert
L'Olivier

90 | 128 pages | 16-12-2019 | 16€

Le héros de Nul si découvert n’est pas un homme comme les autres, ce roman non plus. Il est seul, sa mère est morte, alors il cherche la compagnie. Il passe ses journées à admirer les aliments, les produits et autres objets des grandes surfaces commerciales. Dès son arrivée, il adore se faire palper par les vigiles puis il salive, sue, laisse tomber quelques gouttes de plaisir et d’émotion. Il admire aussi ses congénères qui errent, très à l’aise, dans ces antres de la consommation et ne manquerait pour rien au monde une animation ou une loterie. Accompagné de son démon, il doit le nourrir et dévore tout ce qui est possible. On le regarde bizarrement, on l’ignore et parfois on se moque, on le pousse voire on le frappe, il subit la violence de quelques-uns sans jamais ne réagir : il préfère garder son sourire habituel et cacher ses émotions. Puis, c’est La Rencontre avec la sublime Leslie à la piscine, il l’aime immédiatement, elle le regarde, elle lui parle, tout devient possible mais son démon acceptera-t-il de le partager ? Nul si découvert décrit la descente aux enfers d’un être hypersensible à la recherche de l’Autre (« J’ai eu des envies de traverser l’époque avec le cœur et les choses pour respirer partout comment c’est la vie ») dans une société consumériste qui n’a guère de considérations pour ses sentiments. Un texte sans ponctuation qui contraint le lecteur à adapter son rythme, ses pas, à ceux du héros pour l’accompagner dans sa descente vertigineuse dans un monde hostile où il ne pourra trouver sa place.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Nul si découvert"

Fiche #2455
Thème(s) : Littérature française


Robert SEETHALER

Le champ
Sabine Wespieser

89 | 280 pages | 16-12-2019 | 21€

L’homme vient dès qu’il le peut dans ce lieu particulier : le cimetière de Paulstadt. Depuis la seconde guerre, il a connu la plupart de ceux qui sont enterrés là. Et il les entend parler, paroles d’hier mais encore aujourd’hui depuis ce banc qu’il s’est accaparé. Alors il devient le passeur de mots, le passeur d’histoires. Chacun va se raconter pour dresser le portrait d’une petite ville par ses habitants, leur destin, des moments de vie furtifs ou pas, leurs aventures, leurs mésaventures, leurs rencontres, leurs vies et leurs morts. Ce collectif simple, modeste, qui fleure bon la douce mélancolie nous démontre que ce qu’il reste d’une vie n'est souvent qu’un instant fugitif, une étincelle de bonheur, un visage croisé, une larme qui peine à tomber, un paysage lumineux, un arbre qui nous attire, un flocon de neige qui s’égare… Robert Seethaler nous émeut dans la simplicité et la modestie, avec sensibilité il met toujours l’homme, l’humanité et la vie au cœur de ses romans, sans artifice, loin des palais et des richesses amassées, notre bonheur n’est pas là, et ses romans font partie des rencontres qui éclairent une vie.

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Fiche #2456
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Elisabeth Landes

Les titres de Robert Seethaler lus par Vaux Livres


Mesha MAREN

Sugar run
Gallmeister

88 | 382 pages | 15-12-2019 | 23.6€

Jodi McCarty est libre, enfin presque, il faut encore qu’elle se présente régulièrement devant un conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation et respecte quelques lourdes contraintes. Elle vient en effet à sa grande surprise d’obtenir sa liberté conditionnelle alors qu’elle était condamnée à perpétuité pour meurtre. A sa sortie, elle part vers l’inconnu, vers Chaunceloraine, avec peu de certitudes : « Son plan se réduisait à un trait fin s’étirant entre des points de souvenirs flous, une constellation imaginaire qu’elle était seule à voir. Elle s'est promise de retrouver Ricky Dulett, le petit frère de Paula, une femme qu’elle a aimée à la folie, pour qui elle était prête à tout, sans aucune limite, totalement accro, « le prisme à travers lequel elle veut tout expérimenter. ». Elle est aujourd’hui seule, sans codétenue, sans Paula, et surtout avec le poids de la liberté de ses choix. Sur la route, elle embarque la belle Miranda et ses enfants qui préfèrent la suivre et quitter un chanteur violent en fin de carrière. Elle retrouvera Ricky devenu maintenant adulte avec le passé qui continue d’entraver son avenir, puis une ville qu’elle a quittée vingt ans plus tôt, inchangée, passé et présent se mêlant sans retenue. Dans le domaine et la cabane de sa grand-mère, la troupe quelque peu bancale espère créer un havre de paix, oublier le passé et construire un présent dans la sérénité et le bonheur. Mais le monde pourra-t-il oublier ce passé et les accepter ? Un premier roman dense, au style affirmé et lumineux, qui mêle habilement présent et passé et dresse le portrait de deux femmes qui ne demandent simplement qu’à être heureuses et à ce qu’on accepte sans l’oublier leur passé.

Premier roman

« Elle regarde Paula et se demande si on peut protéger quelqu’un de son passé. »

Ecouter la lecture de la première page de "Sugar run"

Fiche #2453
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Juliane Nivelt


Constance DEBRÉ

Love me tender
Flammarion

87 | 189 pages | 15-12-2019 | 18€

« Love me tender » ou la longue apnée d’une femme qui a choisi sa place envers et contre tous. Contre sa famille, contre son ex-mari. Elle fut jeune avocate, mariée, mère, et elle quitte tout, pour s’affirmer, loin de sa famille et de son confort matériel, ne cache plus et revendique son homosexualité. Alors hors ses longues séances de natation, elle subit l’oppression, le rejet des autres. Son ex est prêt à tout pour la salir aux yeux de son fils dont il a la garde. Elle sert les dents, se révolte, hurle, crie avec violence ses sentiments et explore les questions essentielles de son existence : L’amour ? Le sexe, « Ca déstresse le sexe. Et puis c’est gratuit, c’est comme la messe. » ? Le sexe et l’amour ? Le sexe sans l’amour ? L’amour pour son fils ? Etre mère ? La rupture ? La liberté ? La famille ? La différence ? Le rejet et le jugement des autres ? Un style percutant et rythmé, un cri, un uppercut d’une femme qui ne veut plus se plier aveuglément à ce qu’« on » lui dit et choisit son destin malgré la violence qu’elle va subir mais « on » reste fort et puissant, et pourra-t-elle éviter la résignation ?

Ecouter la lecture de la première page de "Love me tender"

Fiche #2454
Thème(s) : Littérature française


Stéphane FIÈRE

La campagne n'est pas un jardin
Phébus

86 | 358 pages | 05-12-2019 | 20€

Dorlange est un petit village de moyenne montagne où vivent ceux qui y sont nés et y sont toujours restés, ceux qui y sont nés, sont partis et sont revenus, et ceux qui sont venus s’y installer pour changer de lieu, changer de vie. Petites querelles habituelles, petites inimités ou amitiés décryptées dans la première partie du roman se voient bouleversées par l’annonce du maire : le préfet envisage de choisir Dorlange pour accueillir des migrants syriens. La décision n’est pas encore prise mais l’effet est immédiat. Deux camps se font face dans cette commune qui vote habituellement à l’extrême droite. Les discussions sont houleuses, les clans jaillissent au grand jour, la droite, la gauche, les anciens, les néo-ruraux, les femmes, les hommes, ceux qui ouvrent leur porte, ceux qui s’enferment chez eux, les agriculteurs traditionnels, les adeptes du bio… « La campagne n’est pas un jardin, c’est un champ de bataille, un camp retranché. »

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Fiche #2452
Thème(s) : Littérature française


Yaël HASSAN

Ange, le gardien
Editions du Mercredi

85 | 143 pages | 27-11-2019 | 9€

en stock

La cité des Marronniers est une cité paisible et elle le doit beaucoup à sa gardienne. Madame Da Silva a su insuffler un état d’esprit particulier, crainte par les jeunes, elle a su s’imposer. Mais Madame Da Silva prend une retraite bien méritée et la cité part à vau l’eau, plus de respect, plus d’entraide, du bruit, de la saleté, des vols… La catastrophe jusqu’à l’arrivée d’Ange. Ange Orsoni, 45 ans. Le personnage impressionne, un ancien militaire toujours suivi de près par Balthazar, son chien. Il est mandaté par l'office HLM pour rétablir l'ordre. Immédiatement il impose un règlement strict (« Ange ne faisait jamais avec, en fait ; c’étaient les gens qui faisaient avec Ange. »), affronte les meneurs des jeunes, traque les incivilités, menace. Mais Ange n’a pas que l’âme militaire et répressive, Ange a aussi un cœur et des activités étonnantes qu’il saura partager avec les habitants. Et surtout il a une idée à la minute pour rendre la vie plus agréable dans la cité et il deviendra vite indispensable, chacun devra le reconnaître. Un joli portrait d’un homme qui saura démontrer son humanité comme sa rigueur et d’une cité qui réussira à oublier ses différences pour créer un vrai collectif et prendre en main son destin.

Fiche #2451
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Yaël Hassan lus par Vaux Livres


Annabelle COMBES

La calanque de l'aviateur
Héloïse d'Ormesson

84 | 375 pages | 24-11-2019 | 19.5€

Jeep et Leena sont frère et sœur. Leur mère est partie et leur père mort. Ils se sont alors éloignés, n’ont pas suivi le même chemin. Leena le silence et Jeep, après avoir goûté aux paradis artificiels, est parti aux Etats-Unis sur les traces familiales et ne vit plus que pour et par le jazz. Leena, « … qui ne marche pas droit, sa fille du vent, sinueuse. », fragile et sensible, a décidé d’acheter une mercerie en ruines dans un petit village non loin de l’océan pour la retaper et créer un lieu de rencontres, un lieu d’échanges et d’écoute autour des mots, des livres, de la poésie. « Dans chaque livre, il y a une phrase pour un homme… », reste à le et la trouver et « Quand vous trouvez votre phrase, plus rien d’autre n’existe. » Leena, « passeuse de phrases » est là pour aider chacun dans sa quête et son accomplissement. Rencontre après rencontre, page après page, l’histoire familiale se dévoile, Leena reprend espoir et retrouve un peu de sérénité. Véritable ode aux mots, à la poésie, à la lecture, à la littérature (et aux librairies) « La calanque de l’aviateur » dans un style poétique et travaillé propose également une vraie belle trame romanesque et un personnage émouvant, attendrissant, blessé qui saura sortir du silence, retrouver le chemin de la vie et réussir sa renaissance.

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Fiche #2450
Thème(s) : Littérature française


Géraldine COLLET

Célia MARQUIS

On dit du loup
Les 400 coups

83 | 18-11-2019 | 11€

en stock

Le loup est féroce, affamé, méchant. Tout le monde le sait, tout le monde le dit. Mais ce n'est pas suffisant pour Léon, le petit lapin. Il veut s'en rendre compte par lui-même. Alors ses affaires dans un baluchon, il part sur les chemins à la rencontre du méchant loup. Le petit téméraire rencontrera-t-il le fauve et comment cela se terminera-t-il, on frissonne !

Fiche #2446
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Géraldine Collet lus par Vaux Livres


Julie MOULIN

Domovoï
Alma

82 | 300 pages | 18-11-2019 | 18€

Clarisse est la fille d'Anne décédée il y a dix ans. Clarisse est étudiante à Sciences-Po et à part un Domovoï inquiétant, nain poilu et barbu protecteur du foyer (mais qui est-il vraiment pour la famille de Clarisse ?), elle ne connaît pas grande chose du voyage de sa mère en Russie. Pourtant elle semble si heureuse sur une photo de groupe de l’époque retrouvée dans les affaires de son père. Alors vingt-deux après, Clarisse part sur les traces de sa mère, de son histoire. Le récit alterne entre Clarisse et Anne, entre la Russie de 1993 et la Russie de 2015, entre l’histoire intime et familiale et l’histoire de ce pays immense envoûtant et intriguant mais avec toujours comme des étoiles lumineuses permanentes la culture, la langue, les croyances et la mélancolie russes. Un voyage initiatique, hommage appuyé à l’âme russe, éclairé par un double portrait féminin attachant basculant à vingt ans d’écart dans l’âge adulte.

« Nous avons cela en commun, les Russes et nous, d’être désemparés face à l’avenir. »

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Fiche #2447
Thème(s) : Littérature française


Céline DEBAYLE

Baudelaire et Apollonie
Arléa

81 | 160 pages | 18-11-2019 | 17€

On connaît évidemment de Baudelaire ses poèmes et les ennuis qu’ils lui ont parfois apportés, mais peu de l’homme et de sa vie sentimentale, « Baudelaire et Apollonie » comble ce manque. Apollonie Sabatier inspira en effet dix poèmes des Fleurs du mal et durant cinq ans, elle conserva son amour pour lui même s’il ne fut qu’une seule fois son amant. A partir de leurs échanges épistolaires, Céline Debayle nous fait entrer discrètement dans leur intimité, dans le salon qu’Apollonie, appelée la Présidente, tenait et où elle accueillait le tout Paris culturel et littéraire. Un délicat et émouvant portrait d’une femme libre, muse amoureuse d’un poète ténébreux et tourmenté dans le nouveau Paris haussmannien.

« L’art n’a de compte à rendre qu’à la beauté, pas à la morale... »

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Fiche #2448
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Céline Debayle lus par Vaux Livres


Bakhtiar ALI

Le dernier grenadier du monde
Métailié

80 | 320 pages | 18-11-2019 | 22€

Mouzaffar avait pratiquement disparu, considéré comme mort. Vingt et un ans prisonnier dans le désert. Il avait sauvé la vie de son meilleur ami, chef révolutionnaire alors que son fils n’avait que quelques jours. Dès sa sortie, il part à sa recherche. La guerre a transformé son pays dévasté les hommes (s'ils ne sont pas morts) et leur folie. Alors il entreprend un long voyage guidé par trois fragiles grenades de verre sacrées, plonge dans les secrets de familles, explore les effets de la guerre, constate l’incurie et les trahisons des puissants. Il s’adresse au lecteur pour mieux l’impliquer, l’aspirer avec lui dans ses peurs, dans ses rêves, faire ressentir le climat étouffant de la guerre et les bouleversements qu’elle induit. Un long roman, conte ou fable, envoûtant et poétique.

« Il y a une chose que leur main ne peut pas atteindre c’est le fond de notre cœur. »

« … l’humanité est comme une lampe, elle s’éteint et s’allume. C’est une lampe à l’intérieur de nos âmes. Il est possible qu’elle s’éteigne à tout jamais et ne se rallume pas. Il est possible qu’elle s’allume et qu’elle s’éteigne… Mais qu’elle reste toujours allumée, que nous soyons toujours éclairés par notre humanité, c’est une chose complexe et moi je ne l’ai pas vue… »

« Toi-même, tu es le fils d’un pays où les jeunes hommes sont toujours seuls. »

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Fiche #2449
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Sandrine Traïda


Guillaume SIAUDEAU

Lundi mon amour
Alma

79 | 138 pages | 11-11-2019 | 16€

Ceux qui appréhendent la vie autrement, qui préfèrent les rêves au quotidien, au réel, trouvent difficilement leur place dans notre monde. Harry s’en apercevra rapidement à ses dépens après avoir été acheté un billet pour la lune : direction l’hôpital. Devant un personnel médical attendri, il entreprend la construction d’une fusée avec ce qu’il trouve sur place : papier toilette, trombone, moteur d’aspirateur… Le voyage se prépare vers ce satellite dont l’apparence change chaque nuit mais qui conserve toujours sa même beauté. Voilà un bel et singulier OVNI ou plutôt LVNI qui vous transportera sur votre lune, il vous guidera en effet pour trouver votre propre lune, cet endroit particulier où vous pouvez vous éloigner, rêver, vous évader, un endroit dont « on ne revient vraiment jamais. » Entre Amélie et Boris, une folie douce et communicative, un bel hommage au rêve et à l’imagination, à la poésie, à la vraie vie, sans artifice, à la résistance pacifique à notre monde éprouvant et étouffant. Un roman lunaire !

« Une grande majorité d’entre nous pourrait citer le nom du premier homme à avoir été sur la lune, mais personne ne saurait dire qui a été le premier à être dans la lune. Il faudrait, pour cela, remonter bien plus loin. »

Ecouter la lecture de la première page de "Lundi mon amour"

Fiche #2441
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Guillaume Siaudeau lus par Vaux Livres


Eric HÉRENGUEL

The Kong Crew - Manhattan jungle
Ankama

78 | 65 pages | 11-11-2019 | 15.9€

en stock

Nous sommes en 1947. Kong a pris possession de Manhattan devenu une zone interdite et dangereuse. La Kong Crew est une unité de l’US Air Force qui veille sur cette zone et empêche quiconque d’y pénétrer sous peine de ne jamais en ressortir. Un scientifique et un journalise passent outre et vont explorer la zone. La Kong Crew va devoir intervenir…

Fiche #2442
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées


Jean-Claude SERVAIS

Le fils de l'ours
Dupuis

77 | 70 pages | 11-11-2019 | 18.95€

En 1760, un village de la vallée de Munster, au cœur des Vosges, fête la mort de l’ours. Une femelle vient d’être tuée et ses deux petits finiront avec les montreurs d’ours. Tout le monde est présent Matthis, le fils du fermier le plus important de la région, Eva et Maria, les jumelles qu’on dit filles de sorcières. Matthis, au grand dam de son père, n’est pas insensible à leurs charmes mais peine à les distinguer… Entre histoire, légende et tragédie, un superbe album !

Fiche #2443
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées


Christine NAUMANN-VILLEMIN

David B. DRAPER

Le grand méchant loup et ses 14 loupiots
Mijade

76 | 11-11-2019 | 12€

en stock

Aujourd’hui, le grand méchant loup doit aller chasser et rapporter à manger à sa famille. Les trois petits cochons n’ont qu’à bien se tenir. Mais l’école des louveteaux est fermée et ses quatorze loupiots vont devoir l’accompagner et rien ne va se passer comme prévu !

Fiche #2444
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Christine Naumann-Villemin lus par Vaux Livres


Sylvain TESSON

La panthère des neiges
Gallimard

75 | 168 pages | 11-11-2019 | 18.9€

« La panthère des neiges » relate le voyage de Sylvain Tesson au côté de trois amoureux de la vie sauvage (les livres de Vincent Munier sont de longue date chez Vaux Livres), de la faune, des forêts, de la montagne. Lui, l’homme des villes, l’homme toujours en mouvement, va devoir partager les longs moments d’affût, longs instants d’immobilité, de lenteur et de silence dans un environnement hostile, « attendre l’improbable ». Mais heureusement, l’esprit peut continuer de divaguer et nous offrir ses analyses et réflexions. Et on connaît l’esprit brillant et affûté de Sylvain Tesson, son œil lucide et sans concession sur notre société, sur nous et sur lui-même. Alors la quête de cet animal mythique qui sait si bien se cacher et nous observer emporte ailleurs le lecteur dès les premiers mots. Un puissant hommage à la beauté sauvage et à la patience d’un instant furtif, inqualifiable et inoubliable.

« Loups ! ne restez pas en France, ce pays a trop de goût pour l’administration des troupeaux. Un peuple qui aime les majorettes et les banquets ne peut pas supporter qu’un chef de la nuit vaque en liberté . »

« Rencontrer un animal est ma jouvence. L’œil capte un scintillement. La bête est une clef, elle ouvre une porte. Derrière, l’incommunicable. »

Ecouter la lecture de la première page de "La panthère des neiges"

Fiche #2445
Thème(s) : Littérature française


Luis SEPULVEDA

Joëlle JOLIVET

Histoire d'une baleine blanche
Métailié

74 | 120 pages | 10-11-2019 | 12€

en stock

Luis Sepulveda nous offre un exceptionnel cadeau, écouter et suivre la fameuse baleine couleur de lune, un cachalot d’une beauté rare, gigantesque et pourtant d’une douceur étonnante. En charge de protéger un couloir de mer, il surveille et aide ses congénères jusqu’à ce que les hommes arrivent et les chassent, de plus en plus nombreux, de mieux en mieux armés... Un conte puissant, émouvant, tendre, un message universel pour le respect absolu de la nature, des animaux et donc de l’homme.

Fiche #2438
Thème(s) : Jeunesse Littérature étrangère
Traduction : Anne Marie Métailié

Les titres de Luis Sepulveda lus par Vaux Livres

Les titres de Joëlle Jolivet lus par Vaux Livres


Charlotte ERLIH

J'ai tué un homme
Actes Sud

73 | 125 pages | 10-11-2019 | 13.9€

en stock

Arthur est un gamin brillant. Il a réussi à rejoindre le prestigieux collège Henri IV. Intéressé, il n’a de cesse d’apprendre et de travailler. Passionné par l’histoire, sa professeur lui fait découvrir Germaine Berton, une révolutionnaire des années 20 bien décidée à en découdre avec l’Action française, elle espère assassiner de Léon Daudet. Cette découverte plonge Arthur dans un autre monde : il se prend pour Germaine, profond épisode délirant, temporaire ou pas, Arthur ne reconnaît plus le monde dans lequel il vit ni ses proches. Surmenage ? Maladie ? Ses parents sont impuissants, désespérés et dans l’incompréhension totale même si sa mère, infirmière, a travaillé dans le service dans lequel il va être interné. Charlotte Erlih aborde de front un sujet original et délicat touchant un adolescent, la schizophrénie. Elle montre avec tact et clarté les sentiments de chacun, leurs réactions, les obstacles pour revenir à la vie, la confrontation au monde médical, l’impact sur le couple parental… Sensible, réaliste et bouleversant.

Fiche #2439
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Charlotte Erlih lus par Vaux Livres


Jean-François PAILLARD

L'affaire suisse
Asphalte

72 | 220 pages | 10-11-2019 | 19€

Narval, ancien militaire retiré (parait-il) des affaires, revient tout juste de son voyage éprouvant à Marseille quand ses collègues porte-flingues de Pépé Bartoli lui rappellent leur bon souvenir. Le voyage n’est pas terminé ! Il va falloir qu’il reparte du côté de la riche Suisse récupérer le fruit d’un casse réalisé quinze plus tôt dont Pépé n’a pas pu profiter faute à son associé de l’époque qui l’a joué solo… Narval reprend donc la route mais avec une double pression : celle de Pépé mais aussi celle d’Edgar son supérieur à la Centrale (Servie de renseignement militaire). Pépé s’en doute-t-il et cette mission ne serait-elle pas un piège ? On le sait néanmoins, Narval est un têtu, sait parfois désobéir et prendre quelques risques pour arriver à ses fins ! Le voyage sera donc tendu, mouvementé, dangereux au cœur des grandes fortunes suisses et internationales, pas toujours très honnêtes et parfois prêtes à tout pour protéger leur pouvoir, leurs petites affaires notamment africaines et leur richesse !

Ecouter la lecture de la première page de "L'affaire suisse"

Fiche #2440
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir

Les titres de Jean-François Paillard lus par Vaux Livres


Jean-Claude SAMOUILLER

La Bordurie septentrionale
Sydney Laurent

71 | 90 pages | 07-11-2019 | 11.9€

en stock

La Bordurie est une petite république, un peu moins 10000 m2, un peu plus de 700000 habitants, et le calme avec un peu de mélancolie pour les gestes et la vie du passé. Néanmoins, rode une certaine peur de la mondialisation, de l’autre et donc de leur plus prochaine voisin, la Syldavie. Peur qui va être exploitée au mieux par un quatuor au pouvoir qui rêve à une grande et majestueuse Bordurie, pure et puissante : un petit officier, un publicitaire, un historien approximatif et un homme de main prêt à tout ont trouvé ainsi leur mission et tentent d’emmener le pays dans leur fantasme. Une fable imaginaire, enfin pas tant que ça, comme toute bonne fable, elle parle en effet de nous, de nos travers, de nos déviances (toute ressemblance avec des faits, des personnages… ne saurait être que…), de nos peurs et si l’humour s’en mêle, elle fait mouche !

Fiche #2434
Thème(s) : Littérature française


Alice DOZIER

Eddie, cyber-chien
Actes Sud

70 | 90 pages | 07-11-2019 | 12€

en stock

Eddie est un enfant dans un monde du futur où tous les animaux ont disparu. Personne ne sait ce qu'ils sont devenus mais la technologie est puissante et a permis naturellement de pallier le manque affectif des enfants pour leurs animaux de compagnie. Des cyber-chiens ont été créés et Samuel s’entend à la perfection avec le sien. Dès qu’il rentre de l’école, il le réveille et la complicité est immédiate. Sauf le jour où le réveil est impossible ! Plus de cyber-chien ! Un bug informatique, une panne ? Les adultes restent impuissants mais Samuel n’a pas dit son dernier mot et est prêt à tout pour retrouver son compagnon, même à se confronter avec les résistants à ce monde qui ont choisi de vivre en marge. Un joli texte émouvant entre réalité et imaginaire avec un p’tit gars courageux qui devra prendre une décision difficile pour l’avenir de son compagnon.

Fiche #2435
Thème(s) : Jeunesse


Catherine DABADIE

Au nom de l'ours
Actes Sud

69 | 192 pages | 07-11-2019 | 13.8€

en stock

Lucrèce a des parents un peu différents. Ils vivent dans une vallée reculée, à l’écart d’un village, passent beaucoup de temps au cœur de la nature encore sauvage. Mais cette année est différente, Lucrère va enfin faire sa rentrée au collège et c’est la première fois qu’elle ira à l’école. Grande décision, gros bouleversement ! D’autant plus que le village est secoué par quelques évènements inhabituels : le maire et son équipe ont en effet donné leur accord à un grand projet de développement dont profitera évidemment la vallée : un tunnel ! Deux clans s’affrontent, et les parents de Lucrèce sont parmi les meneurs du clan opposé au projet et Lucrèce les suit notamment pour protéger le dernier ours de la vallée qu’elle rencontre fréquemment lors de ses promenades. Néanmoins, au collège, elle rencontre Simon qui n’est rien d’autre que le fils du responsable des travaux du projet de tunnel ! L’histoire se complique ! Un héroïne attachante au caractère bien trempée qui va devoir peut-être choisir entre deux mondes, construire et affirmer ses convictions, grandir. Un texte réaliste qui revient avec réussite (et humour) sur l’impact des grands travaux sur notre environnement et la façon dont ils sont imposés aux populations locales.

Fiche #2436
Thème(s) : Jeunesse


Nicolas MATHIEU

Rose Royal
In8

68 | 77 pages | 07-11-2019 | 8.9€

Rose a atteint la cinquantaine en conservant charme et beauté mais en laissant derrière elle une vie avec ses joies, ses hommes et donc ses peines, un peu de bonheur, beaucoup de malheur. Les hommes constituent bien la partie triste et pénible de son bilan de vie. Elle est devenue quelque peu solitaire et a pris l’habitude de se rendre chaque soir après le boulot dans un café, le Royal, où elle a ses rites. Boire, lire le journal, regarder, écouter, et parfois rire avec sa copine Marie-Jeanne, la coiffeuse. Et puis arrive ce qu’elle s’interdisait, ce qu’elle ne croyait plus possible, Luc rentre dans le café avec un chien gravement blessé et finalement, elle se convainc que le grand amour est encore possible, ils n’appartiennent pas au même monde, mais peut-être est-ce une chance ? Pourtant elle sait que ce grand amour n’autorise pas tout, il faudra le prouver, l’affirmer, plus jamais elle ne veut revivre son passé, la tension va croître alors que la relation prend son essor... Nicolas Mathieu nous offre à nouveau un portrait émouvant d’une femme simple qui, malgré les obstacles répétés de la vie, n’a pas abandonné son envie de bonheur même si elle porte maintenant toujours avec elle un petit revolver… Encore un bel opus de la collection Polaroïd, un diptyque noir avec le Marin Ledun abordant la violence faite aux femmes.

Ecouter la lecture de la première page de "Rose Royal"

Fiche #2437
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir

Les titres de Nicolas Mathieu lus par Vaux Livres


Laurent TARDY

L'un et l'autre
Bilboquet

67 | 29-10-2019 | 14.5€

Deux nez sur l’océan glacé. Deux nez en danger se font face. Seuls. Chacun sur son morceau de glace. Un pingouin et un ours. Vont-ils affronter les dangers seuls ou choisir de s’unir ? Le pas vers l’autre n’est jamais simple, ils pourraient se contenter de leur solitude. Peur de l’autre, peur de la différence. Mais le plus petit va oser plonger et aller à la rencontre de l’autre, qu'aurait-il à perdre ? Le début d’une amitié indéfectible. Ils seront maintenant deux, ensemble pour longtemps. Superbe, tout est parfait, un texte aussi poétique que philosophique et des illustrations en parfaite harmonie.

Fiche #2433
Thème(s) : Jeunesse


Roland BUTI

Grand National
Zoé

66 | 160 pages | 28-10-2019 | 16€

Carlo est jardinier et les évènements autour de lui s’enchaînent et il semble s’en étonner mais avec un calme à toute épreuve. Sa fille a délaissé ses parents et sa femme vient de le quitter. Son amour persistant, elle lui manque cruellement. Il travaille avec Agon, un Kosovar aussi fort que sentimental, amoureux de la littérature, qui vit dans un modeste cabanon au cœur d’une nature accueillante (élégamment décrite) à qui Carlo peut se confier sans retenue. Mais Agon se fait tabasser par des inconnus pour une raison mystérieuse. Puis Pia, sa mère qui vit dans une maison de retraite s’en échappe pour rejoindre un grand hôtel, l’Hôtel National, où elle semble connue. C’est ainsi que Carlo va découvrir l’histoire de sa mère, de la femme qu’elle fut, de la façon dont elle vécut la guerre. Carlo est donc à ce moment où l’on découvre des facettes inconnues de ses proches, comprendre les autres, se comprendre, il le fait avec calme et sérénité dans une atmosphère mélancolique et avec un certain détachement. Un court roman envoûtant au style parfait.

Ecouter la lecture de la première page de "Grand National"

Fiche #2431
Thème(s) : Littérature étrangère


Jérémie LEFEBVRE

L'Italienne qui ne voulait pas fêter Noël
Buchet-Chastel

65 | 260 pages | 28-10-2019 | 16€

« C’est difficile à croire mais l’Italienne que tu as devant les yeux est en train d’oublier qu’elle appartient à sa famille ». En effet, c’est décidé, Franscesca, étudiante à la Sorbonne, rentre à Palerme pour annoncer qu’elle refuse de fêter Noël en famille. Délaisser parents, frère, et sœur face à la tradition de Noël. Après une rapide phase de questionnement, la famille passera à l’offensive et sera prête à tous les mensonges pour la faire changer d’avis. Francesca en dialoguant avec son chat Souris rapporte tous les évènements de cette « histoire horrible » propices à revenir sur les rapports frères-sœurs, père-fille et mère-fille, sur la famille et son pouvoir d’absorption, les traditions, mais aussi nous parle de l’actualité des sociétés italiennes et françaises avec une douce ironie à l’image de ce roman, un ton qui peut paraître léger et même drôle pour aborder des problèmes cruciaux au cœur de notre intimité et de nos sociétés européennes.

« Les histoires horribles, ça se met en place comme ça. Dans une perfection d’autant plus parfaite qu’elle n’a pas l’air parfaite… Une perfection qui inclut des éléments d’imperfection un peu comme le capitalisme inclut des éléments de justice sociale ; ainsi, elle devient indétectable, elle se croit invisible, et l’histoire horrible peut vraiment commencer. »

Ecouter la lecture de la première page de "L'Italienne qui ne voulait pas fêter Noël"

Fiche #2432
Thème(s) : Littérature française


Richard WAGAMESE

Starlight
Zoe

64 | 269 pages | 27-10-2019 | 21€

Franklin Starlight vit en total symbiose avec la nature et la faune sauvages. Quand il ne s’occupe pas de sa ferme, il part en solitaire au cœur de cette nature où le calme est la règle (« C’est le calme qui est normal. Les animaux le savent. Ils ne l’ont jamais perdu comme nous. Ils vivent au milieu du calme. Ils le portent sur eux. »). Il observe et photographie la faune avec respect et amour représentant ainsi ce qu’il ressent. Mais sa vie de taiseux est bouleversée quand il accepte d’héberger Emmy et sa fillette Winnie. Emmy n’a connu que la violence des hommes et a fui celle de Cadotte son compagnon. Franklin avec patience et attention est prêt à les aider à s’apaiser, à retrouver calme et confiance et sa meilleure alliée sera la nature. Mais Cadotte n’a pas digéré cette fuite et est prêt à parcourir beaucoup de chemin pour assouvir son désir de vengeance. Dernier opus (inachevé, le lecteur choisira donc sa fin apaisée ou non ce qui n’en entache en rien la lecture de ce superbe texte) de Richard Wagamese (appartenant à la nation des Ojibwés) qui nous plonge dans une nature sauvage irrésistible grâce à de superbes descriptions et place le lecteur émerveillé au cœur de chaque scène. Sublime !

« ‘‘Progrès’’ c’est rien d’autre qu’un mot de paresseux pour ‘‘facile’’. »

Ecouter la lecture de la première page de "Starlight"

Fiche #2427
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Christine Raguet


Chris CANDER

La mécanique du piano
Bourgois

63 | 431 pages | 27-10-2019 | 22€

Deux femmes, deux familles, deux pays, un piano et un prélude de Scriabine. En URSS, en pleine guerre froide, la petite Katya découvre le piano et ne peut plus s’en passer. Un voisin allemand lui offre un piano exceptionnel, un Blüthner. Devenue adulte et pianiste reconnue, elle choisit l’exil avec sa famille vers les Etats-Unis et abandonne à regret son piano. Près de cinquante ans plus tard, Clara, une jeune mécanicienne de Caroline du Sud regarde son piano en souvenir de son père qui lui a donné peu de temps avant sa mort. Elle n’a jamais réussi à en jouer mais hésite à s’en séparer. Et quand elle poste une petite annonce pour le vendre, elle s’aperçoit immédiatement qu’il lui est impossible de le quitter. Trop tard, un acquéreur est déjà là. Mais Clara n’est pas décidé à tourner totalement la page… Chris Cander captive le lecteur dès les premières pages avec le portrait de ces deux familles, de ces deux femmes, de ce piano : des milieux sociaux différents, des âges différents, des pays différents, un même cadeau, un piano au parcours étonnant, une appréhension de la musique différente, ce parallèle entre ces deux femmes nous aimante du début à la fin et au cœur des récits qui se croiseront des sentiments puissants et la musique de Scriabine.

Ecouter la lecture de la première page de "La mécanique du piano"

Fiche #2428
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Florence Cabaret


Alice BRIÈRE-HAQUET

Julie GUILLEM

Le si petit roi
Hong Fei

62 | 27-10-2019 | 14.9€

Une superbe adaptation d’un conte indien qui revient à sa façon sur le fameux Carpe diem ou comment profiter de la vie sinon de vivre pleinement l’instant, comment connaître le monde sinon de vivre pleinement sa vie, la vie nous apprend tout. Une grande plénitude se dégage des illustrations et du texte accessible dès le plus jeune âge et sans limite pour l’âge supérieur, il n’est jamais trop tard !

Fiche #2429
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Alice Brière-Haquet lus par Vaux Livres


Hildegard MÜLLER

Le lion trop petit
Minedition

61 | 27-10-2019 | 14.2€

en stock

Il était une fois un petit lion. Si petit, qu'il était devenu la risée de tous les autres animaux. Jusqu'au jour où le crocodile en hurlant de rire affirma que les lions pouvaient toucher la lune avec leur patte. Quel défi ! Mais le petit lion est rusé et aidé de son ami le corbeau rien n'est impossible !

Fiche #2430
Thème(s) : Jeunesse
Traduction : Julie Duteil


Lucy Ruth CUMMINS

Le lion qui avait faim
Le Genévrier

60 | 24-10-2019 | 13€

en stock

C'est l'histoire d'un lion qui avait très très faim ! Il se lèche les babines car il a devant lui quelques proies faciles mais qui vont vite se dérober... Mais elles croient lui avoir échappé peut-être un peu trop rapidement et le lion n'est pas à l'abri d'une désagréable surprise !

Fiche #2425
Thème(s) : Jeunesse
Traduction : Gaël Renan


Etienne DAVODEAU

Christophe HERMENIER

Les couloirs aériens
Futuropolis

59 | 108 pages | 24-10-2019 | 19€

en stock

Yvan vient de passer la cinquantaine. Un cap. Difficile, il vient de perdre successivement sa mère, son père et son boulot. Ses deux enfants se sont éloignés comme sa femme partie travailler à Taipei. Alors seul, il décide de s’installer chez son pote de jeunesse dans le Jura, au cœur de la forêt enneigée. Un séjour propice à la réflexion, aux souvenirs, aux questionnements, bilan de vie, avant peut-être de reprendre le chemin de la vie. Une chronique de vie émouvante. Toujours aussi tendre et humain.

Fiche #2426
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées

Les titres de Etienne Davodeau lus par Vaux Livres


Maria ERNESTAM

Jambes cassées, coeurs brisés
Gaïa

58 | 318 pages | 20-10-2019 | 22€

Lisbeth a 38 ans, célibataire depuis qu’elle s’est séparée de Harry. Elle est enseignante, a quelques amies proches, vit dans une petite au bord de la mer dont elle est fière. Noël approche, il faut s’y préparer et les évènements vont s’enchaîner. Tout d’abord le coiffeur et la coupe d’une stagiaire singulière transforme son apparence, un bel apollon débarque dans son établissement pour lui piquer ses heures de sport et monter une classe de ski pour faire de son établissement un établissement d’excellence avec la bénédiction de la directrice, le retour insistant de Harry, son autoritaire de sœur enceinte qui voit son conjoint vouloir prendre le large… Comment gérer tout ça ? Lisbeth, quitte à prendre quelques libertés avec la vérité, saura mener avec humanité sa barque dans ce petit chaos et en profitera même pour se libérer, s’affirmer et prendre enfin ses décisions en faisant fi des pressions amicales, familiales et autres… Maria Ernestam ajoute une belle nouvelle corde à son catalogue, un livre chaleureux, humain, frais et drôle.

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Fiche #2423
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Anne Karila

Les titres de Maria Ernestam lus par Vaux Livres


Akira MIZUBAYASHI

Âme brisée
Gallimard

57 | 240 pages | 20-10-2019 | 20€

En 1938, les relations entre la Chine et le Japon sont plus que tendues. A Tokyo, Yu, professeur d’anglais, continue néanmoins de partager sa passion pour la musique avec trois étudiants chinois. Jusqu’au jour où leur répétition est interrompue par des militaires. Ils les accusent de complot, les arrêtent et brisent le violon de Yu. Le lieutenant Kurokami trouve Rei, le fils de Yu, caché dans un placard mais choisit le silence et lui confie même le violon brisé de son père. Rei ne reverra jamais plus son père. Cet instant restera à jamais figé dans sa mémoire. Fondement d’une nouvelle vie, il sera adopté par un journaliste français et partira vivre en France où il deviendra luthier. Il souhaitera évidemment redonner vie au violon de son père. L’histoire de son père et de son violon resteront le fil unique de sa vie, guideront ses choix, orienteront ses rencontres. Akira Mizubayashi avec une immense délicatesse et une maîtrise absolue excelle à émouvoir le lecteur, à lui faire ressentir la puissance de la musique et des mots, l’art face à la violence et l’oubli, la douleur de la perte du père. Beau, profond et émouvant.

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Fiche #2424
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Akira Mizubayashi lus par Vaux Livres


Bernard CHAMBAZ

Un autre Eden
Le Seuil

56 | 350 pages | 19-09-2019 | 19.5€

Bernard Chambaz reprend la route, en vélo cette fois. Et il est bien entouré ! Il convoque pour ce long voyage son amoureuse, son fils Martin (ça ne vous rappelle pas le titre d’un grand roman d’un certain London ?) décédé accidentellement et le monstre Jack London, tous les deux nés à un siècle d’intervalle. Il nous offre donc un roman atypique, inclassable. Evidemment l’hommage à Jack London est marqué, boulimique de la vie, un homme dans la fureur de vivre, la fureur de faire dans une liberté totale. London mange la vie par tous les bouts, sans aucun temps mort, sans aucune retenue dans tout ce qu’il entreprend et il entreprend beaucoup, toujours avec passion et parfois dans l’excès. Bien loin des écrivains des beaux quartiers parisiens mais plutôt familier des bas-fonds, il sera marin, éleveur, chercheur d’or, correspondant de guerre… et toujours dans l’engagement politique mais aussi dans l’écriture et la lecture. Alors pour reposer Jack ou retrouver Martin, Bernard Chambaz les fait se rencontrer et crée ainsi dans la connivence des moments de plénitude, de poésie, de calme et d’apaisement. Bernard Chambaz a trouvé la forme adéquate et le récit parfait pour rendre un hommage original et attachant à deux morts qui continuent de vivre à ses côtés et donc au notre.

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Fiche #2422
Thème(s) : Littérature française


Heyna BÉ

Eric PUYBARET

Rodrigo et les petits papiers
La Martinière

55 | 16-09-2019 | 16€

Rodrigo fut un grand voyageur. Il partit très tôt de chez lui pour parcourir le monde, découvrir, aller à la rencontre de l'autre. Puis il se fit vieux et revint dans la maison de son enfance pour se reposer. Jusqu'au jour où Pablo un petit curieux poussa sa porte et l'interrogea sur son voyage. Il n'en fallait pas plus pour que Rodrigo reparte en voyage et vante les mérites du voyage et du vagabondage. Un conte débordant de douceur, de tendresse et de poésie accompagné de superbes illustrations mises en valeur par une palette de couleurs exceptionnelle.

Fiche #2419
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Eric Puybaret lus par Vaux Livres


Martin BALTSCHEIT

Marc BOUTAVANT

L'histoire du lion qui ne savait pas nager
Glénat

54 | 16-09-2019 | 12.5€

en stock

Le lion, roi de la jungle, est dans l'embarras ! Les autres animaux risquent de se moquer sans fin de lui, le couard, qui n'ose pas se lancer dans l'eau pour aller sauver la lionne. Elle est en effet bloquée sur un ilot et il ne sait pas nager ! Belle énigme ! Sera-t-il surmonter sa peur ? apprendre rapidement à nager ? Et la lionne est-elle vraiment en danger pour qu'il risque sa vie ? Une histoire drôle pour parler de preuve d'amour, de courage mais aussi de ruse !

Fiche #2420
Thème(s) : Jeunesse


Jean-Philippe BLONDEL

La grande escapade
Buchet-Chastel

53 | 268 pages | 16-09-2019 | 18€

« La grande escapade » est un roman emblématique de la France des années 70 et des mutations de l'époque. Il dissèque la vie des enfants, des parents, des instituteurs d’une petite ville non loin de Paris. Tout a changé depuis : les enfants ne sont plus les mêmes, les relations familiales, les relations prof-elève, l’école, les méthodes pédagogiques, tout a évolué drastiquement et ce roman nous le démontre habilement en exposant notamment les peurs de ceux qui s’apprêtent à les vivre. Les gens vivaient alors encore ensemble, évidemment de belles choses en découlaient mais aussi d’autres moins lumineuses, toute communauté a ses travers. On suit l’évolution de ce monde autour de Philippe Goubert, 10 ans (en 1975), un enfant sage, attentif, un peu maladroit et d’une palette de personnages, enfants et adultes. On va partager avec lui ses aventures, le début de la mixité, l’évolution même ténue du statut de la femme, les évolutions pédagogiques de certains instituteurs qui pointent, les convictions des adultes qu’ils ont un rôle prépondérant auprès de leurs enfants. Ce petit monde bouillonne et il faudra attendre « la grande escapade », un voyage où quelques-uns de ces acteurs laisseront libre court à leurs sentiments et envies pour qu'ils acceptent ces changements dans leur vie intime. Entre rire et gravité et toujours avec nuances, Philippe Blondel aime ses personnages et nous les fait aimer avec toujours autant de bonheur et de charme.

« Parfois les adultes ignorent le poids qu’ils peuvent avoir sur la destinée des enfants qui ne sont pas les leurs. »

« Ce qu’on souhaite avant tout, c’est que rien ne change radicalement et que chacun puisse vivre son existence comme il l’entend, tout en ayant bonne conscience parce que quelqu’un d’autre s’occupe des milieux défavorisés. Bref, on est de gauche, quoi. D’une gauche de la couleur du rosbif qu’on sert régulièrement lors de ces repas. Pas saignant. Ni bien cuit. Juste à point.

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Fiche #2421
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Jean-Philippe Blondel lus par Vaux Livres


Sylvie KRIER

Un cheval dans la tête
Serge Safran

52 | 200 pages | 13-09-2019 | 17.9€

Jack est avant tout un homme épris de liberté et a choisi de vivre à la marge malgré les difficultés. Il vit dans un espace qu’il aimerait certainement qu’on qualifie de ranch, entouré de ses chevaux et poulains. En effet il élève avec passion des chevaux, construit une lignée, des esthètes mais peine à en vivre, il ne compte plus les mises en demeure, les visites d’huissier, mais l’homme est rusé et têtu et loin d'être prêt à abdiquer et à lâcher l’affaire. Il est aidé par quelques proches. D’abord Chayton un homme étrange, parfois inquiétant, silencieux, et dévoué. Louise sa fille à l’adolescence difficile et Célie avec qui il vit une histoire d’amour tumultueuse et par intermittence. Enfin un frère entre amour et haine et quelques voisins solidaires. Chacun se débat dans ses difficultés mais la rage de vivre libre persiste. Jack espère enfin sortir du tunnel lorsqu’un riche industriel lui propose de s’associer à lui, la roue aurait-elle enfin tourné ? Le récit polyphonique donne la parole à Jack, Célie et Louise et dresse un portrait émouvant et réaliste de cette tribu qui se débat avec ténacité pour simplement vivre et aimer comme ils l’ont souhaité.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Un cheval dans la tête"

Fiche #2418
Thème(s) : Littérature française


Victor JESTIN

La chaleur
Flammarion

51 | 140 pages | 12-09-2019 | 15€

Un camping, le bord de mer, les Landes, fin de vacances, les baignades, les premiers amours, le soleil et la chaleur, les fêtes et les animations en continu avec injonction d'y participer. Pourtant Léonard s’ennuie. Il traîne, reste quelque peu à l’écart et croise le chemin d’Oscar et de Luce. Mais Oscar va mourir. Léonard le regardera mourir étranglé par les cordes d’une balançoire. Il poussera à l’extrême sa propension à l’indécision, ne fera rien, ne bougera pas. Que faire ensuite ? Cacher le corps ? Se taire ? Appeler à l’aide ? Avouer ? Pourquoi va-t-il décider d’enterrer le corps et choisir le silence ? N’est-ce pas lui in fine qui a tué Oscar qu’il ne connaissait qu’à peine ? Le lendemain, alors que Luce se rapproche de lui à son grand étonnement, toutes ces questions et la culpabilité commenceront de l’obséder ; le choix de silence deviendra vite étouffant et renforcera sa solitude déjà pesante. Très rythmé, efficace, on accompagne avec un léger malaise dans une atmosphère poisseuse et molle cet ado qui n’a pas su prendre la « bonne » décision dans l’instant basculant sa vie dans une autre dimension.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "La chaleur"

Fiche #2417
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Victor Jestin lus par Vaux Livres


Géraldine JEFFROY

Un été à l'Islette
Arléa

50 | 130 pages | 11-09-2019 | 17€

« Un été à l’Islette » est une lettre confession d’Eugénie, préceptrice d’un été pendant lequel elle côtoie un trio de créateurs exceptionnels : Camille Claudel, Rodin et Claude Debussy. Eugénie est en effet la préceptrice de Marguerite la petite châtelaine d’un château sis non loin d’Azay-le-Rideau où Camille et Rodin louent deux pièces. De cet été naîtront trois œuvres marquantes : « La valse » de Camille Claudel, « Balzac » de Rodin et « L’Après-midi d’un faune » de Claude Debussy. Il est donc beaucoup question d’art, de création, de la violence inhérente à l’acte de créer, de la force de travail nécessaire (Camille Claudel notamment proche de la folie pousse toujours à l’extrême son implication dans son travail), de la tension permanente accompagnant l’artiste, le combat face à l’œuvre ou pour l’oeuvre mais il est aussi question d’amitié (la relation entre Camille et Debussy semble douce et apaisante dans ce tourbillon créatif), d’amour et de passion et la violence peut parfois aussi s’y exercer. Un court roman qu’on ne lâche pas au cœur de l’art qui nous permet de côtoyer trois monstres dont les œuvres continuent de nous accompagner, un ton feutré et une écriture délicate au sein d’une violence latente.

Ecouter la lecture de la première page de "Un été à l'Islette"

Fiche #2416
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Géraldine Jeffroy lus par Vaux Livres


Lenka HORNÁKOVÁ-CIVADE

La symphonie du nouveau monde
Alma

49 | 290 pages | 08-09-2019 | 18€

en stock

1938 fut un année charnière, bouleversement collectif ou individuel et intime, nombre de destins ont été alors ébranlés. Dans ce troisième roman, Lenka Horňáková-Civade confirme sa maîtrise absolue à assembler ou entremêler l’histoire intime et universelle, la petite et la grande histoire et à s’attacher à des destins modestes froissés par l’histoire mais épris de liberté et souhaitant simplement, tout simplement vivre. Le témoin principal est cette fois une poupée, témoin candide du drame de cette période et de la vie des femmes qu’elle accompagnera. Elle est l’amie de Josefa, une petite fille juive. Néanmoins sa mère Bojena ne l’est pas. En effet, Bojena fuyant la Tchécoslovaquie vers le Nouveau Monde a accouché à Strasbourg le même jour que la mère biologique de Josefa morte en couches alors que le bébé de Bojena mourrait à son tour. Elle partira avec Josefa et la poupée lien emblématique avec cette journée particulière et sa double famille. Mais rapidement elles seront contraintes de fuir vers le sud, rejoindront Marseille où elles rencontreront Vladimir (double de Vladimír Vochoč), jeune consul de la Tchécoslovaquie : un homme libre et humaniste bien décidé à sauver tous ceux qui le demandent, juifs ou non, avant la débâcle et la fin de son pays. L’Europe abandonnera certains pays dont la Tchécoslovaquie pour préserver la paix, échouera lamentablement et ce sera le guerre. Elles la vivront dans le danger en Provence avant de repartir vers Prague à l’issue du conflit. Troisième opus, troisième réussite, à nouveau au cœur de l’Europe, entre la Tchécoslovaquie et la France, Lenka Horňáková-Civade revient avec bonheur sur ses thèmes favoris l’art, la musique, le chant comme outil de transmission, les femmes éprises de liberté mais broyées par l’Histoire.

Ecouter la lecture de la première page de "La symphonie du nouveau monde"

Fiche #2415
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Lenka Hornáková-Civade lus par Vaux Livres


Laure SIRIEIX

Chiara ARSEGO

Bertille & Louis être ou ne pas être... à la hauteur
Bilboquet

48 | 07-09-2019 | 14.5€

en stock

Elle est grande, certains lui disent qu'elle est trop grande. Il est petit, certains lui disent qu'il est trop petit. Moqueries, maladresses, le quotidien est parfois pesant. Cela ne les empêche pas d'avoir leurs rêves, mais les autres les laisseront-ils y accéder ? Peut-être en s'unissant, cela deviendra-t-il possible... Un superbe album abordant avec douceur la différence et l'exclusion.

Fiche #2414
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Chiara Arsego lus par Vaux Livres


Louis-Philippe DALEMBERT

Mur méditerranée
Sabine Wespieser

47 | 330 pages | 05-09-2019 | 22€

Elles sont parties pour des raisons différentes, elles sont de pays différents, de conditions différentes, de religions différentes et néanmoins, elles se retrouvent toutes les trois unies avec le même espoir, la même envie, le même rêve sur un vieux chalutier en direction de l’Europe, un long voyage d’environ neuf mois pour débarquer en Italie, quitter l’enfer et le traverser pour pouvoir accéder à la paix. La première étape nait dans la décision de partir, de l’exil : un choix douloureux mais réfléchi. Et puis c’est l’immersion dans un autre monde, violent, avide, un monde de trafic où leur humanité niée disparaît. Chochana la Nigérianne et Semhar l’Erythréenne se croiseront puis prendront le même chemin en s’aidant, se soutenant. Elles seront dans la cale du chalutier alors que Dima la bourgeoise syrienne voyage sur le pont pensant pouvoir les ignorer. Même sur le bateau, racisme, domination et violence ne se sont pas éteints. Louis-Philippe Dalembert avec sa si belle écriture décrypte chaque étape du départ à l’arrivée en Europe, il place le lecteur aux côtés de ces trois femmes accompagnées chacune par leur Dieu, le questionne, lui fait vivre cet exil, partager les doutes et les peurs, l’interroge sur ses propres capacités à supporter l’innommable (à quoi sommes-nous prêts lorsque notre survie sera en jeu ?) et montre que face à la violence absolue toutes sortes de réactions sont possibles. Une émouvante et captivante tragédie romanesque à la hauteur de celle qui continue de hanter nos côtes méditerranéennes.

Ecouter la lecture de la première page de "Mur méditerranée"

Fiche #2413
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Louis-Philippe Dalembert lus par Vaux Livres


Andrew RIDKER

Les altruistes
Rivages

46 | 458 pages | 02-09-2019 | 23€

Dans la famille Alter, ils sont quatre, les parents Francine et Arthur et les deux enfants Maggie et Ethan. Famille juive de classe moyenne, le récit oscille entre le passé, le présent et le futur de ce clan. Francine est une mère dévouée (« L’incarnation de ce qu’on attendait des femmes, de ce à quoi elles devaient renoncer pour s’y conformer. »), aimante, qui meurt rapidement d’un cancer. Arthur n’a pas la même appréhension de l’altruisme… Un premier échec professionnel en Afrique puis des postes précaires d’enseignant concourt peut-être à une certaine aigreur (« Il est incapable de faire une chose gentille sans veiller à ce que la terre entière soit au courant. ») et isolement. Maggie voudrait tout faire pour aider les autres, s’engage en ce sens face au système mais peine à supporter les mauvais côtés de son père et la mort de sa mère. Ethan a annoncé assez jeune son homosexualité mais depuis la mort de sa mère s’est retiré du monde. Une saga familiale réussie avec des personnages pouvant susciter pour certains de la sympathie et pour d’autres de l’antipathie avec des réflexions non dénuées d’humour et d’ironie sur la vie, la mort, le couple, les enfants, l’argent, l’égoïsme ou le partage et la judéité.

Premier roman

« On travaille, on travaille, on travaille dans le but déconseillé de ne jamais avoir besoin de travailler. »

« En vieillissant, tu t’en apercevras plus tard, on a de plus en plus de mal à éprouver de l’empathie. C’est un muscle qui s’atrophie… Tu te mets à penser à toi, à ta cellule personnelle, et rapidement tu oublies les autres. »

Ecouter la lecture de la première page de "Les altruistes"

Fiche #2412
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Olivier Deparis


Martin PAGE

Ronan BADEL

Le permis d'être un enfant
Gallimard

45 | 01-09-2019 | 15.5€

en stock

Astor est un gentil p'tit gars, un doux rêveur, il adore observer les petites bêtes, rêver, regarder les nuages et même s'occuper du potager de ses parents ! Quel scandale ! Etre différent, ça n'est pas autorisé alors il reçoit un jour un courrier de la Commission de l'enfance qui le convoque, il va perdre son permis pour être un enfant et devoir le repasser ! Un professeur va prendre en charge ses révisions et ça n'est pas gagné ! Un joli texte tout en douceur (comme les illustrations de Ronan Badel) sur la différence.

Fiche #2407
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Ronan Badel lus par Vaux Livres


Philippe THIRAULT

Roberto ZAGHI

Le vent des libertaires Tome 1
Les Humanoïdes Associés

44 | 56 pages | 01-09-2019 | 15.5€

Remarquable récit tiré du destin exceptionnel de (l'oublié) Makhno, fils de paysans ukrainiens qui prendra le chemin de l'anarchie, de la désobéissance et de la lutte. Il se dressera face aux Allemands, au bolcheviks et aux Russes blancs. Tout ça pour un seul homme ! Un nouveau rappel que les expériences anarchistes ont toujours été âprement combattues par l'alliance de l'ensemble des partis officiels, la gauche et la droite trouvent alors un ennemi commun face à leurs petits intérêts...

Fiche #2408
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées


Wilfried N'SONDÉ

Aigre-doux
Actes Sud

43 | 56 pages | 01-09-2019 | 11.5€

Il est différent et ils le remarquent. Alors, invariablement, à chaque nouvelle rencontre, à chaque soirée, revient inexorablement la même question qui exclut, qui stigmatise, mais « d’où tu viens toi ? », « t’es originaire d’où ? » Mais cette fois, c’est la fois de trop ! Il en a marre d’encaisser, de se taire, de s’effacer, il s’énerve, claque la porte et s’en va et s'interroge. Il en a marre de ces sempiternelles racines, lui qui a deux jambes, qui marche, bouge, qui s’épanouit dans la culture environnante, sorte d’éponge qui croît là où il est à cet instant précis, lui qui habite ce quartier depuis si longtemps. Seul l’amour pourra lui permettre de passer outre. Un court texte percutant qui aborde frontalement les sentiments d’un adolescent face à l’identité, aux racines, à la différence et au racisme.

Fiche #2409
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Wilfried N'Sondé lus par Vaux Livres


Jean DUFAUX

Jacques TERPANT

Nez-de-cuir
Futuropolis

42 | 64 pages | 01-09-2019 | 16.9€

Superbe adaptation du roman de Jean de La Varende qui détaille la vie du Comte de Roger de Tainchebraye à son retour des champs de bataille (1814). L'homme courageux, sans peur, s'est battu comme un beau diable mais revient blessé, le visage défiguré, sans nez. Après de longs mois de soins, il réapparait en public avec un masque sur le visage. Qui est-il devenu ? Il intrigue et notamment les femmes. Il enchaîne les aventures sans jamais pouvoir aimer à nouveau. Jusqu'à sa rencontre avec Judith de Rieusses, un amour qui ne pourra se réaliser mais qui l'accompagnera jusqu'à ses derniers instants. Un dessin précis et raffiné, des couleurs parfaites, et un scénario à la hauteur.

Fiche #2410
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées

Les titres de Jean Dufaux lus par Vaux Livres


Audur Ava OLAFSDOTTIR

Miss Islande
Zulma

41 | 01-09-2019 | 21.5€

Découvrir un nouveau roman d’Audur Ava Olafsdottir procure toujours un grand bonheur, notamment pour ses personnages, leurs failles et leur humanité. Pourtant dans « Miss Islande », peut-être de manière plus prégnante que dans ses précédents romans, l’Islande n'est pas loin d'être le personnage principal, ce pays attaché à ou amoureux de ses volcans, de la mer, de son climat, de ses couleurs souvent sombres, « spectacle aussi grandiose que terrifiant ». Mais l’Islande, est aussi le pays des mots où « il est un mot pour chaque pensée qui vient au monde ». Les trois autres personnages baignent dans cet espace, la jeune Hekla (nom d’un volcan) persuadée de son destin d’écrivaine quittera rapidement son père pour Reykjavik et occupera des petits boulots en attendant. Elle y retrouvera son ami Jon John, homosexuel, et son amie d’enfance Isey qui deviendra très (trop ?) rapidement maman de deux enfants et figera ainsi si vite son avenir. Hekla passe autant de temps avec sa machine à écrire (même dans le monde de l'écriture, être femme peut être un handicap) que Jon avec sa machine à coudre, il est en effet styliste. Ces deux là dénotent, ne rentrent pas dans les cases habituelles. Et en 1963, leurs différences sont vécues par certains comme des agressions et ils peuvent parfois leur faire savoir avec violence. Mais Hekla et Jon resteront unis pour faire face. Encore donc de beaux portraits lumineux et attachants, deux poètes combattants pour leur différence et leur liberté face aux vieux conservatismes.

« Nous sommes tous pareils, des baleines déboussolées et mortellement blessées. »

Ecouter la lecture de la première page de "Miss Islande"

Fiche #2411
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Eric Boury

Les titres de Audur Ava Olafsdottir lus par Vaux Livres


Natacha APPANAH

Le ciel par-dessus le toit
Gallimard

40 | 125 pages | 29-08-2019 | 18.9€

« Le ciel par-dessus le toit » en peu de mots, mais Natacha Appanah trouve toujours le mot juste, dépeint la noirceur qui enrobe le destin d’une famille dans un pays qui a connu une époque autoritaire. Le plus jeune, Loup, vient de passer sa première nuit en prison, mais ce n’est qu’une dernière étape dans l’histoire de la famille. Il avait quitté Phénix sa mère en prenant la route avec une voiture alors qu’il n’avait pas le permis pour retrouver sa sœur, Paloma. Et maintenant il ne veut voir personne d’autre qu’elle. Mais Paloma a eu deux vies, une première où elle se prénommait Eliette, petite fille modèle exhibée par ses parents, puis après une agression sexuelle, l’enfance s’est envolée, elle est devenue Paloma, dure et fragile à la fois (« …elle se méfie des gens polis et elle ne pleure plus. Jamais. »), écorchée, violente, révoltée, en rupture avec sa famille qu’elle a quittée et bien décidée à « arracher à coups de dents sa place au monde. ». Le quotidien est donc plutôt sombre. Mais malgré tout, autour du procès de Loup, chacune semble prête à trouver le bon mot et à faire un léger pas en direction de l’autre avec subrepticement un rai d’amour.

Ecouter la lecture de la première page de "Le ciel par-dessus le toit"

Fiche #2405
Thème(s) : Littérature étrangère


Juliette ARNAUD

Maintenant, comme avant
Belfond

39 | 235 pages | 29-08-2019 | 17€

Dans un village du sud de la France, Rose a grandi entre son père Emiliano, sa grand-mère, Bruno le copain protecteur d’Emiliano et Gros son chien. Sa mère après un concert les a en effet quittés alors qu’elle n'était encore que bébé. Et puis l’été de ses dix-huit ans, Pomponnette ou plutôt Manette est enfin de retour. Alors Rose a le pardon difficile, que sait-elle de Manette ? Que sait d’elle Manette ? Qui est cette femme qui l’a abandonnée dans son couffin ? Pourquoi a-t-elle osé revenir ? Elles sont étrangères et que cela dure, la colère et le ressentiment restent intacts et violents. Mais son père comme Gros ont le pardon facile, ils l’aiment encore et l’accueillent avec tendresse et amour. Sauront-ils amener Rose jusqu’au pardon ? Un roman rythmé, féroce et drôle, qui varie efficacement les styles, joue avec la chronologie et les digressions, pour dépeindre les conséquences de l’absence d’une mère comme le courage de son retour.

Ecouter la lecture de la première page de "Maintenant, comme avant"

Fiche #2406
Thème(s) : Littérature française


Florian PIGÉ

Bulle d'été
Hong Fei

38 | 27-08-2019 | 15.5€

Un superbe album tout en délicatesse qui nous parle de ces longues vacances qui un jour s'achèvent néanmoins et de ce fameux jour où il va falloir à nouveau s'asseoir dans une salle de classe et découvrir ses nouveaux camarades pour l'année à venir.

Fiche #2403
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Florian Pigé lus par Vaux Livres


Alexandra MAXEINER

Anke KUHL

Tout le monde à table !
La joie de lire

37 | 27-08-2019 | 12.9€

en stock

Manger et la nourriture sont au centre de notre vie, et ça nous occupe beaucoup ! Cet album offre avec humour une revue complète dans le monde de tout ce qui tourne autour de l'alimentation, comment sont fabriqués les aliments, d'où viennent-ils, où finissent-ils, qui mange quoi, qui aime quoi, comment tel aliment est cuisiné dans tel pays, comment les repas sont-ils organisés, mange-t-on à table, dans la voiture, devant un ordinateur, quels sont les différents types d'aliments... Une revue exhaustive et un voyage mondial très instructifs au coeur de l'alimentation.

Fiche #2404
Thème(s) : Jeunesse
Traduction : Hélène Boisson


Rocco GIUDICE

Mangoustan
Allary

36 | 190 pages | 26-08-2019 | 17.9€

Mangoustan aura l’honneur de réunir les trois femmes de ce roman. Mangoustan est en effet le nom du prochain typhon qui va balayer Hong Kong et ces trois femmes pour diverses raisons éprouveront cette nuit ventée ! Elles n’ont pas grand-chose en commun, à part peut-être leurs époux et leur porte-monnaie ! Et lors de cette nuit, elles auront peut-être l’absolue confirmation qu’aucune femme ne doit brader son indépendance lors du mariage, « dépendre de son compagnon est un danger considérable. ». Après trente ans de vie commune, Laure vient de se faire jeter par son mari qui est parti avec une jeune employée de maison. Irina, Ukrainienne partie de rien, est au bout du chemin avec son époux suisse, riche et de très bonne famille. Enfin, nous connaissons tous Melania, ex-mannequin slovène, qui a signé un contrat de mariage bien encadré avec un fou devenu président des Amériques et qui compte bien se faire réélire !

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Mangoustan"

Fiche #2401
Thème(s) : Littérature étrangère


Kaouther ADIMI

Les petits de Décembre
Le Seuil

35 | 249 pages | 26-08-2019 | 18€

A Dely Brahim à l’ouest d’Alger, la cité du 11-Décembre a encore en son sein un terrain vague, zone de rendez-vous des gamins du quartier et surtout terrain de football où se retrouvent régulièrement Jamyl, Mahdi et Inès. Une vie harmonieuse malgré le climat (dans les deux sens du terme) d’Alger. Jusqu’au jour où deux généraux déclarent être propriétaires du terrain et veulent y installer de belles villas dont ils ont déjà établi les plans. Les gamins les bousculent et refusent ce diktat. La résistance s’organise, ils laissent la peur à leurs parents et refusent de faire place. Les militaires sont d’abord quelque peu désarçonnés, faire plier les adultes, ils savent, mais avec des enfants, la corruption, la peur s’avèrent un peu moins efficaces… A travers l’enjeu de ce terrain, Kaouther Adimi dresse un portrait de la société algérienne, avec sa corruption, ses abus de pouvoir et ses lâchetés, mais aussi de sa jeunesse et de ses espérances mettant ainsi en évidence le fossé générationnel. Son récit est parfaitement équilibré entre le passé avec le témoin privilégié qu’est Adila la grand-mère d’Inès et le présent voire l’avenir avec ces gamins encore débordant de projets et de rêves et pas encore fatigués par les luttes qu’ils devront mener. Une passionnante et instructive chronique algérienne entre le sépia du passé et la couleur contemporaine.

« Une révolution c’est beau, c’est con et à la fin, c’est souvent triste… »

« Ne cède jamais aux adultes, ne cède jamais aux peurs des grands. »

Ecouter la lecture de la première page de "Les petits de Décembre"

Fiche #2402
Thème(s) : Littérature française


Jean-Paul DUBOIS

Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon
L'Olivier

34 | 250 pages | 25-08-2019 | 19€

Paul Hansen et Patrick Horton (Hells Angel tatoué et violent) se partagent depuis quelques années un espace restreint, une cellule de prison canadienne ! Les deux hommes sont différents, abordent l’emprisonnement et la promiscuité avec des sentiments parfois opposés mais une confiance et un respect se sont installés au fil du temps. Dans cet univers clos, propice à la réflexion, chacun pense à ce qu’il a été, au chemin suivi pour arriver dans cette cellule et principalement Paul, cet exilé franco-danois toulousain fils de pasteur. Ses rêves invitent son passé et ses proches à ses côtés derrière les barreaux infranchissables. Il était superintendant à l’Excelsior, une résidence pour riches, où il était devenu homme à tout faire et savait aider les résidents et répondre à toutes leurs demandes. Entre deux services, il parcourait le ciel avec sa compagne indienne qui pilotait un avion. Jusqu’à l’arrivée d’un nouveau gérant. Nouveau management, nouvelles relations, nouvelle hiérarchie, les conflits jaillissent et Paul et son chien ne sont pas prêts à tout accepter. On continue de retrouver avec bonheur les Paul et leur chien de Jean-Paul Dubois, un nouveau portrait attachant débordant d’humanité, de sensibilité et tendresse qui nous parle aussi de notre société capable de faire dérailler certains face aux humiliations répétées et à l’injustice. Mais Jean-Paul Dubois conserve son humour et tout en étant réaliste, et une forme d'optimisme, puisqu’il continue de situer ses héros et les autres dans un même monde.

« Les inégalités de la vie sont généralement reconduites et confirmées par voie de justice jusque dans notre mort. »

« La vie c’est comme les canassons, fils : si elle t’éjecte, tu fermes ta gueule et tu lui remontes dessus tout de suite. »

Ecouter la lecture de la première page de "Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon"

Fiche #2397
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Jean-Paul Dubois lus par Vaux Livres


Jean-Luc VÉZINET

ZAÜ

Le bois des esprits - Le jour où les chemins disparurent
L'Autre Regard

33 | 25-08-2019 | 14.5€

Un superbe album qui nous offre deux contes pour les petits et les grands à partir de légendes afro-cubaines sublimé par les illustrations de Zaü.

Fiche #2398
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Zaü lus par Vaux Livres


Virginie TÉOULLE

Claire LE ROY

Mon animal totem
Magellan & Cie

32 | 25-08-2019 | 18€

en stock

Après un rappel de la notion d'animal totem, cet album nous propose vingt animaux totem avec leurs caractères et des bijoux d'illustration. Il ne vous reste plus qu'à trouver le votre !

Fiche #2399
Thème(s) : Jeunesse


Yiyun LI

La douceur de nos champs de bataille
Belfond

31 | 158 pages | 25-08-2019 | 20€

« La douceur de nos champs de bataille » est le récit poignant (presque philosophique) d’une mère (l’auteure) dialoguant avec son enfant bien-aimé qui a choisi le suicide à seize ans. Elle est écrivaine et dès l’âge de dix ans, elle s’est totalement dévouée aux mots, alors elle continue, même dans cette disparition, dans cette mort inattendue. Elle réussit à convoquer son fils et à établir un dialogue : « Nikolai … et sa chère mère se rencontrent dans un monde à l’espace-temps indéterminé. Ce n’est pas un monde de dieux ou d’esprit. Ce n’est pas un monde rêvé par moi… C’est un monde créé par les mots, et par eux seuls. Pas d’images, pas de sons. » Mais derrière les mots, il y a les questions, et elles sont multiples, simples ou complexes, et surtout sans fin. Trouver un sens, à chaque mot, à chaque acte, chaque seconde. Avec une grande poésie, de la pudeur et de la retenue, sans jamais juger et remettre en cause le choix définitif de Nikolai (on ne saura rien de ses raisons), Yiyun Li progresse dans son deuil face au harcèlement de ces questions qui s’enchaînent et pour les réponses, la mère aimante a parfois encore besoin de lui. Sur un sujet difficile et bouleversant, Yiyun Li réussit un récit intense, questionnant mais aussi apaisant.

« Fondamentalement, devenir adulte, c’est jouer à cache-cache avec sa mère et gagner… »

« Mais qualifier d’inexplicable le geste de Nikolai, c’était comme qualifier de perdu un oiseau migrateur se retrouvant sur un nouveau continent. Qui peut dire que l’oiseau vagabond n’a pas une bonne raison de modifier le cours de son vol ? »

« Les mots ne sont pas à la hauteur, oui, mais parfois leurs ombres peuvent toucher l’inexprimable… »

Ecouter la lecture de la première page de "La douceur de nos champs de bataille"

Fiche #2400
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Clément Baude


Pascal DESSAINT

L'horizon qui nous manque
Rivages

30 | 250 pages | 18-08-2019 | 19€

Non loin de Calais, un peu à l’écart de tout, dans un campement atypique, un vieux solitaire passe son temps à sculpter et créer des oiseaux biscornus avec du matériel de récupération et à préparer ses fusils pour la prochaine saison de chasse. Néanmoins, Anatole accepte dans son domaine tout d’abord Lucille une ex-institutrice partie aidée les migrants de la jungle et dégoûtée par son démantèlement et l’abandon de ses occupants. Vient se joindre rapidement Loïk, un ex-taulard, imprévisible, coléreux (« Loïk, c’était ce qu’on faisait de mieux dans le pire. ») mais auquel le duo va s’attacher. Entre Proust, Gabin et Capdevielle, le trio apprend à se connaître, à s’écouter, chacun trouvant sa place. Les trois sont installés maintenant dans la marge, peut-être définitivement, ne rêvent plus à grand-chose, même si parfois, un lueur d’espoir les anime encore : « Ce qui serait bien avant de mourir, ça serait d’être heureux, un peu, tu ne crois pas ? ». Ils ont choisi une certaine liberté sachant que la société les a exclus et ne leur donnera plus rien (« Parce que tu viens d’où tu viens, tu avanceras toujours dans la vie avec du plomb dans les jambes. Tu iras moins vite et moins loin. »), entre solitude et amitié, progressivement le trio prend son élan, « Il y avait plus de réussite à essayer de vaincre le danger ensemble, parfois ça marchait. » et parfois non ! Un superbe et amer triple portrait d’exclus (avec des répliques frisant le Audiard) qui sauront créer quelques instants un cocon d’amitié et de solidarité auquel on a envie de croire mais qui explosera violemment comme s’ils ne pouvaient échapper à leur destin et que leur horizon jamais ne pourra s’éclaircir.

« Ce n’était pas le monde que nous voulions, et pourtant nous y vivions, sans trop de désir mais avec une certaine volonté. »

« Personne, me suis-je dit, n’a trouvé la solution pour combler la solitude. »

« Tu as du mal à prendre du plaisir quand personne ne te l’a appris. »

Ecouter la lecture de la première page de "L'horizon qui nous manque"

Fiche #2396
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir

Les titres de Pascal Dessaint lus par Vaux Livres


Hélène VEYSSIER

Jardin d'été
Arléa

29 | 108 pages | 17-08-2019 | 17€

Dans un quartier de Gémenos, non loin d’Aubagne, se mêlent les autochtones et les vacanciers pour l’été. L’un d’eux organise une soirée dans sa luxueuse villa. Les couples arrivent avec leurs enfants et même avec un chien. La soirée se déroule dans la bonne humeur, les adultes font connaissance, les enfants jouent ensemble et s’occupent du chien. Jusqu’à un moment de bascule. Un homme venu avec sa femme et sa petite fille Louise se lève et rejoint une autre femme venue elle avec son mari et Jean son fils de cinq ans. Ils se rejoignent, se regardent et s’en vont. Peut-être pour toujours. C’est Jean et quelques autres convives ou proches de sa mère qui nous racontent cette soirée. Jean sera marqué à jamais par cet abandon sans explication et cette absence lui pèsera chaque jour. Son père recevra bien quelques lettres, mais sa mère disparaîtra à jamais. Un court roman, tendre et émouvant, qui nous décrit par petites touches successives, ces moments où nos vies basculent et la douleur de l’absence qui ne se referme jamais.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Jardin d'été"

Fiche #2395
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Hélène Veyssier lus par Vaux Livres


Emmanuelle PIREYRE

Chimère
L'Olivier

28 | 220 pages | 16-08-2019 | 18.5€

en stock

Emmanuelle Pireyre se met en scène (et quelle scène !) dans Chimère en acceptant d'écrire une tribune sur plusieurs pages pour Libération à propos des OGM. Elle prend très au sérieux la rédaction de son article, se documente et part rencontrer en Angleterre une biologiste qui travaille depuis de longues années sur les manipulations génétiques et espère donner naissance à une chimère, mi-homme mi-animal dont la science pourrait tirer profit. En poursuivant sa documentation elle se retrouve témoin d’un appel européen aux citoyens, un thème par pays, un panel de citoyens tirés au sort, de la réflexion, de la mise en pratique et une grande messe pour écouter les conclusions et peut-être en tirer profit. Elle s’immerge à la fois dans le panel français qui a pour thème comme par hasard « Le temps libre » et dans cette extraordinaire chimère engendrée par l’homme qu'est l’Europe. Emmanuelle Pireyre réussit parfaitement son coup au point que le lecteur balance entre récit et roman, avec un rythme endiablé, elle aborde une série de thèmes cruciaux de notre société d’aujourd’hui et de demain et le plus fort avec un humour dévastateur ! Alistair, la chimère mi-épagneul breton- mi-homme et son joli peignoir brillant vous accompagnera longtemps !

Ecouter la lecture de la première page de "Chimère"

Fiche #2394
Thème(s) : Littérature française


Peter FARRIS

Les mangeurs d'argile
Gallmeister

27 | 330 pages | 12-08-2019 | 23€

Jesse Pelham est très proche de son père Richie, un solitaire (« Mais je plains les gens qui ne supportent pas d’être seuls. ») qui intrigue son entourage. Il le partage avec Grace sa belle-mère et Abbie Lee sa demi-sœur. Ils vivent heureux dans leur domaine du sud de la Géorgie. Ils partagent leur passion pour la chasse et la faune avec bonheur. Son père lui construit en cachette un mirador pour mettre en pratique ce qu’il lui apprend. Mais peu de jours avant de lui faire la surprise, il fait une chute mortelle alors qu’il voulait y apporter la dernière touche. Jesse est désespéré, erre dans ses bois, ses champs, n’a plus goût à rien et rencontre par hasard un vagabond amaigri, sale et affamé qui dans un premier temps lui fait peur. Mais Jesse est curieux et lie connaissance avec Billy, un fugitif, ancien militaire désespéré (« C’est la guerre, c’est plus facile de tuer quand tu considères que l’ennemi vaut pas plus que du bétail. »), pourchassé depuis des années par le FBI. L’homme lui apprend que son père n’est peut-être pas mort accidentellement et Jesse plonge dans le monde adulte où l’on ne peut plus se fier à personne : « On peut plus faire confiance à personne, on peut plus croire en rien. Plus aujourd’hui. » A sa belle-mère et son frère prêcheur charismatique sorti de nulle part, au shérif aux relations douteuses... Mais le gamin est entêté et veut savoir les causes de la mort de son père propriétaire de ce vaste domaine au gisement de kaolin aiguisant l’appétit de certains... « ... quand toutes les lumières s’éteindront pour de bon, c’est là qu’on verra le pire des gens. », les lumières ne sont pas encore éteintes, alors que sera le pire ! Et encore une pépite chez Gallmeister, ça devient une habitude ! Le récit se joue avec maitrise de la chronologie et de deux trames qui s’entremêlent à la perfection pour construire dans une tension permanente un roman noir autour de Jesse et Billy deux personnages inoubliables.

« Ca t’arrive jamais de penser qu’on est tous des victimes ? »

Ecouter la lecture de la première page de "Les mangeurs d'argile"

Fiche #2393
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Anatole Pons


Marie DARRIEUSSECQ

La mer à l'envers
POL

26 | 250 pages | 10-08-2019 | 18.5€

Rose et ses deux enfants changent temporairement d’environnement, une pause dans un quotidien peut-être répétitif. Elle abandonne quelques temps le centre médico-psycho-pédagogiques et ses patients : elle s’est fait payer une croisière pour noël, la Méditerranée, le repos, les animations, la fête, quelques escales et visites touristiques ou historiques, « une excursion hors de sa vie ». Une ville luxueuse embarquée avec éventuellement quelques rencontres amicales voire plus. Son mari, agent immobilier perfectionniste, est resté à quais. Ils envisagent un déménagement en province, retour à Clèves, non loin de l’Espagne, pour enfin quitter les tracas parisiens et son ciel triste et pollué. Le voyage commence dans la joie, Emma et Guillaume prennent leurs marques. Mais sur la Méditerranée il n’y a pas que des yachts qui naviguent, de frêles esquifs surchargés de passagers sont en quête de liberté et d’un nouveau monde. Certains font la fête sous les lampions, d’autres combattent pour leur survie. Dans le même espace. Contraste terrible et terrifiant. Indécence absolue. Mais est-il plus indécent de boire une coupe de champagne avec un bâbord une barque prête à basculer que de se baigner sur les plages varoises dans le plus grand cimetière maritime voire d’admirer le paysage depuis les calanques de Cassis ou de compter les morts chaque soir devant le 20h ? Marie Darrieussecq rappelle que la situation n’est pas inédite, « la petite fille aux allumettes est morte de faim et de froid sous les fenêtres des festins », n’avons donc nous pas changé ? Or le yacht de Rose croisera l’un de ces bateaux en perdition et le capitaine « brave » et courageux décidera de mettre les chaloupes à la mer et d’en remonter les occupants. Les survivants sauf un, décédé. Rose choisit et décide de stopper la fête et de venir voir, et même d’aider. Un choix de héros, sans le savoir : elle croise le regard de Younès, et lui confie le portable de son fils. Le fil rouge entre les deux ne se coupera plus. Elle mènera Rose sur des chemins inattendus, de Calais à Clèves, un chemin humain, d’entraide, de solidarité, un petite goutte d’eau pour un monde meilleur où l’on accepte de partager et d’ouvrir ses portes à l’autre.

Ecouter la lecture de la première page de "La mer à l'envers"

Fiche #2390
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Marie Darrieussecq lus par Vaux Livres


Ingrid SEYMAN

La petite conformiste
Philippe Rey

25 | 190 pages | 10-08-2019 | 17€

La petite conformiste, Esther, est née dans une famille anticonformiste dans toute sa splendeur ! Des soixante-huitards excentriques toujours dans leurs rêves. Sa mère secrétaire anticapitaliste et athée et son père juif pied-noir aux propos parfois étranges, déjantés et constamment apeuré par l’éventualité d’un nouvel holocauste vivent nus. L’éducation est dans le laisser aller, sans contrainte, interdit d’interdire, mais Esther aimerait bien qu’on la regarde, qu’on l’admire. Une famille de gauche évidemment mais qui n’hésite pas à inscrire Esther dans une école catholique des beaux quartiers marseillais qui en réaction choisira de se faire baptiser. Elle trouve une amie aussi en rupture avec ses parents qui la comprend mais à treize ans, elle découvrira le secret de son père et sa vision changera, mais peut-être un peu trop tard. Un récit ambivalent, fou et déjanté parfois, souvent drôle mais aussi grave et questionnant sur la normalité, la maladie et la peur perpétuelle des Juifs.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "La petite conformiste"

Fiche #2391
Thème(s) : Littérature française


Catherine GUCHER

Et qu'importe la révolution ?
Le Mot et le Reste

24 | 193 pages | 10-08-2019 | 17€

Dans la montagne ardéchoise, éloignée de tout, une petite communauté d’amis partagent un quotidien fait de vrais hivers, de vrais étés, de lumière, de solitude, d’entraide, d’amitié, une vie sauvage proche de la nature, une vie simple, vraie « Mais lorsque la nuit tombait, une vieille nostalgie ranimait leurs anciennes convictions. » En effet, ils se sont retrouvés là après de longues années d’engagement, ils ont cru en la justice, la fraternité, en un monde sans frontières, toujours aux côtés des pauvres, des opprimés, luttes incessantes et puis ils sont venus là, un peu retirés du monde, mais libres et en accord avec leurs convictions restées intactes. Jeanne gardera toujours la tête haute et clamera toujours avec la même conviction « Hasta la victoria sempre ». Mais qui reprendra le flambeau ? Pas son fils qui a choisi un autre modèle de vie, de société et reste en colère face à cette mère distante, trop engagée et libre. Fidel Castro n’est pas loin d’être son messie, en tous cas, elle refuse de croire en son échec, même si elle a douté évidemment face à l’évolution en Amérique latine ou à l’Est, « j’ai détesté ces hommes qui portaient la mort en même temps que la révolution » mais reste sur l’admiration de ses années de jeunesse, Fidel continue d’incarner ses idéaux qu’elle n’a pas abandonnés et Cuba le seul rayon de soleil. Alors à l’annonce de sa mort, le passé se fait plus prégnant et elle doit retourner une dernière fois sur les terres de sa révolution. Mais pas avec n’importe qui. Avec Ruben, son grand amour inachevé. Arrivé en France pendant la retirada à l’âge de trois ans, devant le terrible accueil de la France, il fut contraint de s’exiler à Oran avec sa grand-mère et jamais l’odeur de sang ne le quittera. Alors il la laissera partir à Cuba pour éviter de revivre les horreurs qu’il a toujours en tête et fera alors office de traitre à la cause. Mais il est temps aujourd’hui de s’expliquer, de refaire ce voyage pour vivre ensemble une dernière épopée. Un superbe et émouvant hommage que ce portrait d’une femme libre et engagée qui restera fidèle à elle-même mais aussi d’une amoureuse de la vie. Un récit d’une très belle écriture raffinée et maîtrisée, empreint d’une émotion constante décrivant Jeanne emblème d’une génération où l’idéologie n’était pas encore un gros mot, où l’homme pouvait encore être une priorité et passer avant l’économie, où un monde meilleur pouvait poindre au bout du chemin mais une génération qui a vu aussi les obstacles se multiplier et le sang couler à flots, les échecs s’enchaîner. Pour peut-être se rassurer, on (ré)écoutera l’inoubliable Mano Solo et son couplet « Dans la vie, ce qui compte c’est pas l’issue c’est le combat. »

« Les souvenirs ont les dents longues ; dans les armoires de famille se cachent des brigades de fantômes. »

« La vie, finalement, c’est toujours beaucoup de sang. »

« ... malgré nos désirs de croire, rien ne correspond jamais aux images que nous nous faisons de la vie, qu’il s’agisse de l’amour ou de la politique. »

« La compassion se nourrit de pitié et je déteste la pitié à cause de tout le mépris et de la suffisance qu’elle contient. »

Ecouter la lecture de la première page de "Et qu'importe la révolution ?"

Fiche #2392
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Catherine Gucher lus par Vaux Livres


Eirìkur Örn NORDDAHL

Gaeska
Métailié

23 | 277 pages | 07-08-2019 | 18€

L’Islande vit quelques mutations étonnantes et deux couples principaux éclairent cette période atypique sur quatre jours. Un couple de députés (la femme deviendra premier ministre) aux vues politiques opposées, l’attachée parlementaire de la première et son mari ouvrier. Meilleure preuve du changement : le député de droite se laisse aller à quelques pensées de gauche (surtout quand il se retrouvera avec dans ses bras la petite Amelia à la recherche de ses parents clandestins) mais ce n’est rien devant ce qui attend le pays : certaines femmes prennent le pouvoir pendant que d'autres se jettent de la fenêtre de leur appartement, la crise économique et sociale ébranlent le pays, les banques frisent la déroute, un nombre important et inédit d’immigrés sortis de nulle part envahissent le pays, tout change, sauf la nécessité selon certains d’emprunter et le directeur français du FMI et « son phallus n’était pas des plus regardants. » Un roman fou, très singulier, l’auteur nous offre un texte déjanté mais cette folie est loin d’être gratuite, elle offre aussi une belle réflexion débordant d’humour (de tous types) sur la société islandaise, sur le système qui étreint nos pays, sur nos démocraties (les réflexions d’anthologie du jour 4 entre 21h00 et 00h00 sont à lire et relire avant chaque scrutin !), sur les dérives possibles qui nous attendent mais aussi sur l’immigration, la différence, la religion et sur la place de la femme dans ce chaos machiste. Acceptez la douce folie de Eirìkur Örn Norddhal et vous ne regretterez pas ce drôle de voyage en Islande !

Ecouter la lecture de la première page de "Gaeska"

Fiche #2389
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Eric Boury

Les titres de Eirìkur Örn Norddahl lus par Vaux Livres


Colin THIBERT

Torrentius
Héloïse d'Ormesson

22 | 128 pages | 06-08-2019 | 15€

Au XVIIème, en plein Calvinisme, à Haarlem, œuvre le peintre flamand, Johannes van der Beeck sous le nom Torrentius. Le peintre, maître de la lumière, excelle dans les natures mortes avec une approche très personnelle mais propose aussi sous le manteau des eaux-fortes pornographiques. En effet, l’homme est un amoureux de la vie, provocateur et séducteur, hédoniste accompli, il apprécie les bonnes bouffes, le vin, la fête, les amis et par-dessus tout les femmes. Alors naturellement il fascine autant qu’il dérange. Les prédicants toujours habillés en noir et ne jurant que par la Bible ne peuvent laisser ce blasphémateur libre. Ils sont prêts à tout pour qu’il avoue et renie ses dires et ses actes du plus anodin au plus symbolique. La torture est un moyen comme un autre qu’ils pratiquent allègrement et efficacement. Au cœur de cette société hypocrite (un seul ami continuera à le soutenir), l’homme n’abdiquera pas, résistera à tous les supplices et réussira à fuir vers l’Angleterre (Charles 1er est amoureux de son art) mais l’homme physiquement meurtri s’est vidé, « Pour n’avoir pas cédé quand ils me torturaient, j’ai cru être le plus fort. Je me trompais. Ils n’ont pas seulement broyé mes chevilles et mes genoux, Charley, ils sont parvenus à briser le ressort qui m’animait. Je ne parviens plus à peindre, j’en ai perdu le goût et l’envie. Je ressemble à un coquillage dont on admire les reflets nacrés, oubliant qu’il n’y a plus rien de vivant à l’intérieur. ». Et le bailli et sa clique n’ont pas dit leur dernier mot ! Remarquable et percutant portrait d’un homme éclairé qui « est toujours allé à l’encontre des idées reçues » ce que les obscurantistes de l’époque n’admettront et lui feront payer cher, un texte qui tisse ainsi des liens évidents avec notre époque.

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Fiche #2385
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Colin Thibert lus par Vaux Livres


Edna O'BRIEN

Girl
Sabine Wespieser

21 | 245 pages | 06-08-2019 | 21€

Personne n’a pu oublier l’enlèvement de lycéennes en 2014 par Boko Haram. Edna O’Brien incarne cette terrible histoire dans le parcours de Maryam, une jeune adolescente nigériane. On n’imagine donc plus le calvaire, on le vit à ses côtés : l’enlèvement, les viols à répétition, les mariages forcés, les accouchements, la soumission, la honte et le désespoir, la violence et la mort omniprésentes, le mépris de ces petits hommes minables. Maryam accouchera et pourra s’évader, difficulté ensuite de retrouver les siens, puis impossibilité de retrouver sa place. Cet enlèvement a tout bouleversé, elle et son entourage qui l’accuse d’avoir souillé le sang de la communauté. Aucun pouvoir ne viendra en aide à ces persécutés (« Monsieur, vous n’êtes qu’à quelques pas de moi, mais à des années-lumière d’elles dans leur cruelle captivité. Vous n’y étiez pas. Vous ne pouvez pas savoir ce qui nous a été fait. Vous vivez du pouvoir et nous de l’impuissance. »). Malgré les moments de découragements et de désespoirs, Maryam est une obstinée, elle n’abandonnera pas, ni sa fille, ni elle, et continuera jusqu’au bout à espérer trouver une petite lumière, un espace de vie sereine. Un portrait plus qu’émouvant, qui prend aux tripes, un hommage puissant pour ne pas oublier ceux qui ont subi et continuent de subir les pires atrocités dont l’homme est capable.

Ecouter la lecture de la première page de "Girl"

Fiche #2386
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Aude de Saint-Loup, Pierre-Emmanuel Dauzat

Les titres de Edna O'Brien lus par Vaux Livres


Samira EL AYACHI

Les femmes sont occupées
L'Aube

20 | 242 pages | 06-08-2019 | 20€

Petit Chose est né avec une mère et un père. Néanmoins, le 14 juillet, pétard inattendu et violent, il ne grandira qu’avec sa mère et seulement quelques week-ends avec son père qui est parti. Garde classique à la demande du père, la garde est accordée à la mère, c’est la normalité, elle le souhaitait évidemment ? Elle est heureuse, n’est-ce pas ? Elle doit finir une pièce de théâtre, tenter de la vendre, finir sa thèse, assurer ses cours et ses corrections, changer la couche et faire les courses puis le ménage, alors cette normalité, elle est prête à la remettre en cause. Pourquoi dans le cadre d’une séparation, la femme doit-elle seule assumer un enfant et totalement son quotidien ? Qui a décidé de cet état de fait et de cette normalité ? Les hommes ? Courir, courir toujours, après le temps qui passe devant les tâches immenses, celles déjà effectuées, celles qu’il reste à faire, burn-out annoncé. Le planning déborde, seules les Wonder Woman réussiront. Alors elle tente d’endosser le costume avec toujours l’impression de ne pouvoir y arriver, comment grandissent les enfants de mère solo, que deviennent-ils ? Evidemment, la désertion du père l’obsède, colère froide, et la place de l’homme dans le couple et dans la famille est disséquée, remise en cause. La lutte doit continuer et le combat est loin d’être gagné, « Ne rien lâcher », même elle, parfois, reconnaît, « Tu te rends compte à quel point ton intelligence est infectée par des idées toutes faites. » Et puis, l’impression de se faire manger par Petit Chose, petit prince cannibale qui l’empêche de vivre autre chose que lui, mur infranchissable qui entrave sa vie de femme, sa vie intime, sa vie professionnelle et sociale, sorte de retrait du monde, de la vraie vie. Culpabilité et honte de ce sentiment inavouable, impossibilité de le partager avec qui que ce soit, tabou absolu. Très occupée, le chemin sera donc long et chaotique pour à nouveau croire en l’autre, surtout s’il est homme, mais aussi pour admettre la place du père (d’autant plus qu’il l’a choisie seul) aux côtés de Petit Chose. Un roman coup de poing non dénué d’humour sur la séparation, la maternité, notre société toujours aussi patriarcale et les vieux réflexes ancrés dans notre inconscient et la lutte toujours à mener (par les femmes et les hommes) pour qu’ils deviennent définitivement surannés.

« L’amour fini a toujours besoin de radoter. »

« L’enfant n’est pas un temps mais une géographie, il suffit de poser le doigt au bon endroit, et le paysage se déplie. »

Ecouter la lecture de la première page de "Les femmes sont occupées"

Fiche #2387
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Samira El Ayachi lus par Vaux Livres


Mirko SABATINO

L'été meurt jeune
Denoël

19 | 280 pages | 06-08-2019 | 19.9€

en stock

« L’été meurt jeune » est la chronique d’un village des Pouilles au début des années 60. Au centre du récit, trois gamins de douze ans, Primo (le narrateur), Mimmo et Damiano, trois petits gars différents mais amis absolus et inséparables. La ville est calme, peu d’activités, tout le monde se connaît et tout le monde s’épie. Ils partagent leur vie de tous les instants, à l’école, en dehors, dans leur famille. Un jour, un groupe de gamins les agresse plus violemment qu’à l’habitude et ils décident de réagir, fondent un pacte à trois et décident que dès que l’un d’eux sera dans la difficulté, le clan réagira dans son unité, toujours à trois, et l’aidera. Ils ne font plus qu’un mais sans le savoir, c’est le début de la fin de leur enfance et de leur adolescence. Le clan devra œuvrer trois fois, une fois pour chacun d’eux, et à chaque fois, la violence deviendra plus prégnante et indispensable à leurs yeux. Ils sauront rester unis malgré les hésitations de l’un ou l’autre et découvriront à leur dépens que « ... certaines blessures ne cicatrisent pas, restent ouvertes à vie. ». Une bouleversante histoire d’amitié entre trois gamins que les histoires et les dérives d’adultes viendront anéantir dans un désespoir partagé, un vrai Pagnol qui finit en roman noir absolu !

Premier roman

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Fiche #2388
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Lise Caillat

Les titres de Mirko Sabatino lus par Vaux Livres


Julia DECK

Propriétée privée
Minuit

18 | 175 pages | 04-08-2019 | 16€

Voilà des mois que leur projet murît avec bonheur : les Caradec vont enfin déménager, quitter leur appartement et devenir propriétaire d’une belle petite maison dans un écoquartier qui se crée en banlieue. Ils ont nécessairement trouvé la belle affaire, elle est du métier, urbaniste, elle travaille sur le réaménagement urbain et connaît le domaine. Quant à lui, il est sous médicament et ne quitte guère l’appartement mais partage cette joie. Ils s’installent donc dans une rue qui voit naitre une petite dizaine de maisons en même temps. Chaque heureux propriétaire s’installe et découvre ses voisins : naissance d’une nouvelle communauté. Chacun se renseigne, observe, écoute. Pour le chat aucune notion de propriété, il passe allègrement d’un domaine à l’autre. Et finalement l’intimité se retrouve réduite à sa plus simple expression, pour le plus grand bonheur de certains et le plus grand malheur d’autres... Même porte fermée, le voisinage continue d’impacter les Caradec surtout qu’ils restent en peu en retrait de la communauté donc nécessairement suspects et notamment pour leurs voisins immédiats, les Lecoq, remarquablement intrusifs et curieux. Julia Deck nous offre un petit bijou, roman noir débordant d’humour, étude sociologique, tout y est, aussi profond que léger, un roman à la Chabrol (sans la bourgeoisie provinciale) que l’on dévore d’une traite.

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Fiche #2382
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Julia Deck lus par Vaux Livres


Sébastien VERNE

Des vies débutantes
Asphalte

17 | 190 pages | 04-08-2019 | 16€

Adrien ne quitte jamais son appareil photo et reste toujours en veille pour trouver le cliché, le bon plan, le bon éclairage. Même lorsqu’il devient chauffeur de taxi à La Crosse dans le Wisconsin au début des années 90, aussi bien dans son taxi que pendant ses heures creuses, il photographie et veut fixer ce qu’il voit et particulièrement les femmes et les hommes qu’ils croisent, leur humanité, leurs forces et leurs faiblesses. Et ce job lui offre une multitude de rencontres, souvent singulières, en tous cas de vrais personnages emblématiques pour beaucoup d’une certaine Amérique. Puis Adrien quitte ses Gros-Bills pour rejoindre Rockport dans Le Maine. Un de ses clichés a été repéré et il est embauché par un centre photographique réputé. Il se retrouve dans un tout autre environnement, des pros de la photo, du matériel à foison, des clichés exceptionnels, des stagiaires qui défilent. Et surtout Gloria la responsable de la galerie et Travis un photographe reporter de guerre qui rêve de retourner en Somalie. Chacun prend ses marques et le trio se forme mais il faut bien trouver quelques occupations annexes : « Ils sont trois imposteurs de circonstance, de la mauvaise graine joyeuse. » Leurs petits trafics vont prendre de l’ampleur et ils vont vite se faire rattraper... Vingt ans plus tard, Adrien est revenu en France et semble avoir accepter les pantoufles d’une vie bien rangée quand cette période va se rappeler à ses (bons ?) souvenirs... Des vies débutantes dresse le portrait d’un jeune homme qui cherche son chemin orienté par sa passion, la photographie. Il accepte de suivre les méandres imposés par ses rencontres heureuses ou pas et de parfois laisser filer la vie comme bon lui semble. Un roman d’apprentissage attachant et émouvant d'un jeune homme tendre et amoureux au rythme crescendo qui finit en apothéose.

Premier roman

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Fiche #2383
Thème(s) : Littérature française


Giosué CALACIURA

Borgo Vecchio
Noir sur Blanc

16 | 150 pages | 04-08-2019 | 17€

Borgo Vecchio est un quartier de Palerme que trois enfants nous font découvrir dans son âpreté et sa violence « Dans le quartier on ne meurt pas d’amour, mais seulement par haine. » Mimmo et Cristofano, deux petits gars amis indéfectibles, plus heureux ensemble que dans le cercle familial, Céleste (que Mimmo aime) la fille de Carmela qui reçoit les hommes du quartier en priant la vierge pendant que Céleste patiente sur le balcon. Pour ces gamins, seul Totò, sorte de robin des bois séducteur, présente un peu d’humanité. Les autres semblent prêts à tout pour survivre dans ce quartier déshérité étouffé par la misère sociale. Court texte qui rappelle les tragédies antiques, où la violence, le drame et la mort rodent en permanence et la seule issue semble la fuite.

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Fiche #2384
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Lise Chapuis


Marc PAUTREL

L'éternel printemps
Gallimard

15 | 112 pages | 03-08-2019 | 13€

Lors d’un repas entre amis, Marc Pautrel est immédiatement attiré par la seule femme présente. Il ne la connaît pas, elle est plus âgée que lui, plus étrange qu’attirante, elle l’aimante instantanément. Elle lui dit tenir une librairie de livres anciens, ils se promettent de se revoir. Ils se revoient. Connivence immédiate. Ils se rencontrent dans sa librairie, lors de nombreux repas dans des restaurants, ils marchent ensemble côte à côte dans les rues et parcs parisiens et surtout ils parlent, dialoguent autour de tout et de rien, parlent et s’écoutent, et semblent s’accomplir tous les deux dans ces discussions. Ils se racontent leur vie passée, tous les deux divorcés ils ont déjà eu une longue vie amoureuse et sont actuellement seuls. Pourtant devant la porte de son appartement, chaque soir, elle lui souhaite « Bonne nuit » et s’esquive. Comment cette relation évoluera-t-elle ? Ces discussions et rencontres peuvent-elles durer à l’infini ? Marc franchira-t-il la porte ou est-il en train de découvrir une nouvelle forme d’amour ? Marc Pautrel nous fait partager avec une immence douceur et tendresse une rencontre amoureuse singulière, peut-être l’amour éternel, en tous cas de ces rencontres qui vous marquent à jamais.

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Fiche #2380
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Marc Pautrel lus par Vaux Livres


Jean MATTERN

Une vie exceptionnelle
Sabine Wespieser

14 | 134 pages | 03-08-2019 | 16€

Lorsque David propose à Emile rencontré par hasard sur un banc parisien de profiter de la vue exceptionnelle de son appartement sur Paris et sur la Seine, il ne sait pas que sa vie vient à nouveau de basculer en instant. Il sort d’une rupture à Londres avec une femme dont il allait reconnaître Simon son fils. Or avec Emile, il va vivre son homosexualité, et vingt-cinq ans plus tard ils partagent toujours cette vue exceptionnelle et leurs vertiges mutuels. Ils vivent paisiblement leur vie de couple malgré leurs différences, Emile neurochirurgien dans la maîtrise, David mélomane auteur de biographies de musiciens dans l’émotion. Emile sachant que David reste nostalgique voire obsédé de l’instant où il allait devenir père vacille le jour où il voit Simon franchir le seuil de son cabinet. Jean Mattern avec une immense retenue et maîtrise nous parle de ces instants non maîtrisés où en une fraction de seconde nos vies basculent (« Est-ce ainsi, en quelques minutes, que nos vies changent à jamais ? »), des coïncidences étranges qui peuvent les (ré)orienter, d’amour et de paternité, des vertiges de la vie et surtout de belles émotions.

« Rien n’est jamais plus près de nous que nos rêves avortés. »

« Mais certains souvenirs sont tapis dans notre conscience comme ces cancers qui dorment dans nos cellules, avant de se réveiller. »

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Fiche #2381
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Jean Mattern lus par Vaux Livres


Séverine CHEVALIER

Clouer l'ouest
La Manufacture de livres

13 | 185 pages | 01-08-2019 | 15.9€

Karl est vraiment dans la panade ! Pour preuve, son retour sur les terres de son enfance. Retrouver la ferme familiale, le Doc, son père, sa mère partie dans un autre monde virtuel et médicamenteux, et son frère Pierre l’Indien. Il les a quittés, jeune, vingt ans plus tôt, pour partir à l’aventure, vers l’ouest, vers la mer, la liberté. Depuis il est à Limoges, a eu une petite fille qui a cinq ans, qu’il adore mais qui ne parle pas et est séparé de sa mère. Il vivote et des dettes colossales de jeu le contraignent à prendre le large mais pas sur un bateau, à soixante cinq kilomètres de Limoges, au cœur d’une nature où les bêtes sauvages restent nombreuses et chassées. Il retrouve le village intact. Tout le monde est resté là avec ses rêves et ses secrets, le bonheur n’a jamais franchi leurs portes. Les relations dans la famille restent intactes et personne ne s’attendait à son retour alors qui sera prêt à l’aider ? « Il faut bien que les choses se soient passées d’une certaine façon », le récit tendu avec une violence sous-jacente permanente tient en haleine par le mystère qui l’entoure, par sa construction mais aussi par l’écriture singulière et percutante. Noir et sauvage.

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Fiche #2377
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir


Brigitte GIRAUD

Jour de courage
Flammarion

12 | 160 pages | 01-08-2019 | 18€

Livio a dix-sept ans et doit faire un exposé sur les premiers autodafés des nazis. En faisant ses recherches, il découvre que dans les années 20, à Berlin, Magnus Hirschfeld, médecin juif allemand, a œuvré pour l’égalité homme-femme et a défendu le droit des homosexuels. Il a créé un institut où les comportements sexuels étaient étudiés et une large bibliothèque constituée. Livio ose et franchit le pas, il présentera ce médecin et la destruction de sa bibliothèque puis son exil. Mais son discours est double, car dans le même temps, il mêlera sa propre histoire, son intimité, sorte de coming out, au yeux de tous, il annoncera sa différence, Camille sa promise le découvrira, les autres élèves, les enseignants, sa famille. Il s’est toujours su différent, a vécu dans l’inquiétude et la peur, il est homosexuel et c’est le jour pour le dire. Le monde a-t-il évolué ? Comment la différence est-elle aujourd’hui vécue, admise ? Les autodafés (« Là où l’on brûle les livres, on finit par brûler des hommes. », Heinrich Heine) font-ils définitivement partie du passé ? Quelles seront les conséquences de cette confession ? Comment ses relations avec ses proches vont-elles évoluer ? Une vie apaisée ou une fuite comme Magnus ? Le titre dit tout, il faut encore aujourd’hui beaucoup de courage pour assumer sa différence, mais il faut craindre qu’un unique jour ne suffira pas… La différence reste encore périlleuse, angoissante et crainte et la condamnation facile et commode. Un livre engagé et essentiel aujourd’hui sur la différence, l’homosexualité, le courage et la résistance.

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Fiche #2378
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Brigitte Giraud lus par Vaux Livres


Anne Cathrine BOMANN

Agathe
La Peuplade

11 | 165 pages | 01-08-2019 | 18€

Psychanalyste en fin de carrière, il a soixante-douze ans passés, et tout ce temps à écouter et analyser semble quelque peu l’avoir vidé. Il décompte les consultations (« Encore 688 consultations. A cet instant, j’avais le sentiment que c’étaient 688 de trop. ») qu’il lui reste et semble parfois absent, pressé d’en finir. Mais l’arrivée d’une ultime et jeune patiente, Agathe, vient bouleverser ses derniers instants de psychanalyste. Il note immédiatement son odeur de pomme qui lui rappelle son enfance, sa fragilité et l’impression de vide qui l’accompagne. Il l’écoute et elle l’intrigue. Lui qui a toujours su garder une distance et un détachement lui prête une attention et une curiosité inattendues. Il accepte de nouer un dialogue inhabituelle. Il n’est plus seul à poser des questions, elle l’interroge aussi, il s’interroge, il réfléchit sur elle mais aussi sur lui, ils partagent un miroir et sa pratique professionnelle s’en voit brouillée, la frontière habituelle avec sa patiente s’estompe. Un tendre et doux face-à-face de deux êtres vidées par la vie qui sauront rallumer avec douceur, questionnement et écoute l’étincelle de la vie.

Premier roman

« Comment découvre-t-on de quoi on a peur ? »

« … comment pouvez-vous passer votre vie à soulager la souffrance des autres sans avoir un regard pour la vôtre ? »

« Je crois que la vie est à la fois trop courte et bien trop longue. Trop courte pour qu’on ait le temps d’apprendre comment on doit vivre. Trop longue parce que le déclin devient de plus en plus visible chaque jour qui passe. »

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Fiche #2379
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Inès Jorgensen

Les titres de Anne Cathrine Bomann lus par Vaux Livres


Olivier ADAM

Une partie de badminton
Flammarion

10 | 378 pages | 31-07-2019 | 21€

Paul Lerner est de retour, le double d’Olivier Adam a vu ses beaux jours parisiens s’obscurcir, ses derniers romans se sont moins vendus, l’argent ne coule plus à flots et le microcosme parisien l’oublie peu à peu. Il est temps avec sa famille (sa femme, sa fille et son fils) pour un retour en Bretagne. Il rejoint comme journaliste un journal local et sera donc en première ligne pour observer, découvrir, ressentir et connaître ce qui anime et remue le pays. Ce retour est évidemment propice à une introspection, un bilan, sans aucune autosatisfaction mais plutôt avec autodérision voire remise en question. D’autant plus que même en Bretagne, la vie n’est pas nécessairement un long fleuve tranquille ! En effet une série d’évènements inattendus vont venir ébranler la famille et son entourage. Il a maintenant 45 ans et sait que ses casseroles l’ont suivi, qu’il a l’âge de prendre la vie comme elle vient, attendre et voir venir, et de profiter des moments de bonheur quand ils arrivent sans avoir à l’évidence répondu à la question « comment exister ? » A nouveau, Olivier Adam mêle avec bonheur et fluidité l’intime et les évènements et tensions (racisme, réfugiés, mariage pour tous, homophobie, corruption…) qui traversent le pays et viennent percuter le quotidien des individus, de leur couple et de leur famille. Un seul regret, inviter Paul dans un gymnase, sur un terrain de badminton afin qu’il découvre qu’il lui aurait été plus confortable de se mettre au sport de rue !

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Fiche #2376
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Olivier Adam lus par Vaux Livres


Jean-Paul DELFINO

Assassins !
Héloïse d'Ormesson

9 | 237 pages | 30-07-2019 | 18€

En 1902, une cheminée mal entretenue, un peu trop de fumée, intoxication et un mythe disparaît. Version officielle. Jean-Paul Delfino revient sur la trajectoire de Zola et ses dernières années, l’écrivain n’est peut-être pas encore reconnu à la hauteur de son importance et de son talent mais la haine que certains lui vouent est absolue et immense. L’époque est propice à un antisémitisme violent et affiché. Les discours, les articles de presse ne font pas dans l’ellipse et la demi-mesure, l’intolérance et la haine s’affichent vertement, « J’accuse », son talent, ses origines, son mode de vie, certains ne peuvent le supporter. Qui sont-ils ? Jusqu’où sont-ils prêts à aller ? Jean-Paul Delfino dans un récit haletant rappelle l’enfant et l’homme qu’était Zola, son approche de la vie et de l’écriture, ses doutes, démontre que Zola dans son entièreté n’a pas pris une ride, rappelle la violence de cette période et dévoile sa version des derniers jours de ce monstre de la littérature. Joli et efficace coup de poing !

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Fiche #2374
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Jean-Paul Delfino lus par Vaux Livres


Jérôme LAFARGUE

Le temps est à l'orage
Quidam

8 | 168 pages | 30-07-2019 | 18€

Joan n’a que vingt ans et déjà beaucoup perdu : ses parents, sa petite sœur, son meilleur ami Will et sa très jeune femme. Il se retrouve seul avec sa petite fille Laoline et son chat immortel. Il s’est installé dans un lieu sauvage et mystérieux près des lacs d’Aurinvia, non loin de la côte aquitaine, un espace qu’il doit protéger. Il fréquente peu la ville et doit y affronter les regards, regards de peine pour ceux qui connaissent ses morts, regards de crainte ou interrogatifs pour ceux qui savent qu’il fut tireur d’élite dans des territoires où la France défend ses intérêts, deux ans d’engagement pour une cause qui se fanera rapidement, papa éprouvé ou guerrier en sommeil, qui est-il vraiment ? On lui confère des pouvoirs étranges, un mystère l’entoure et aimante ceux qui le croisent. En s’intéressant au passé familial, il se retrouve plonger au XIXème sur les traces de Guilhem devenu luthier dans la région qu’il habite aujourd’hui. Il établit un parallèle évident entre leurs parcours de guerriers (ont-ils eu le choix ?) et d’amour de la nature et des arbres. Alors quand certains envisagent aujourd’hui de les détruire à des fins mercantiles, Joan a certes abandonné les armes mais pas son engagement et sa puissance de « conviction ». C’est toujours avec un immense plaisir que l’on retrouve les atmosphères et l’écriture précise et raffinée de Jérôme Lafargue, son amour absolu de la nature et des arbres et ses personnages complexes et étourdis par les épreuves de la vie.

« Il faut peu de choses pour que la misère vous agrippe par la gorge et vous lacère le dos jusqu’au cœur. »

« Nous portons tous des masques sociaux. Ils nous protègent du regard public, nous permettent de conserver une intimité. »

« La nature est un fantôme. Une chose que nous avons idéalisée, qui nous échappe et nous nargue, comme un rêve sans cesse recommencé et dont nous ne pouvons jamais reconstituer la trame exacte. »

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Fiche #2375
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Jérôme Lafargue lus par Vaux Livres


Hubert MINGARELLI

La terre invisible
Buchet-Chastel

7 | 182 pages | 29-07-2019 | 15€

La guerre se finit à peine et un photographe de guerre ne parvient pas à quitter l’Allemagne. Il a vécu la libération d’un camp et reste hanté par ce qu’il a découvert. Vide, mélancolique, et surtout sans espoir envers les hommes, il est désespéré devant leur aptitude au mal, leur violence et leur haine. Alors finalement, il reste et décide d’arpenter la campagne allemande pour photographier les gens de ce pays, ceux qui ont accepté, encouragé, refusé de voir la réalité ou laissé faire. Qui sont-ils ? Que deviennent-ils ? Rêvent-ils comme lui de ces moments insoutenables ? Qui a été et qui sera encore capable de tuer ? Il est accompagné par un jeune soldat anglais fraîchement débarqué et qui n’a pas connu la guerre. Le dialogue entre les deux hommes est hésitant, le jeune soldat peinant à se confier, en effet un secret intime douloureux entrave leur relation et sa vie. On retrouve l’écriture délicate et sans artifice d’Hubert Mingarelli pour décrire ce voyage au cœur de l’Allemagne vaincue de deux hommes hantés par leur souvenir et détruits par la violence humaine.

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Fiche #2373
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Hubert Mingarelli lus par Vaux Livres


Olga LOSSKY

Risque Zéro
Denoël

6 | 332 pages | 28-07-2019 | 20.9€

en stock

On nous vend depuis quelques années la société idéale à risque zéro qui nous prend en charge de A à Z et donc nous surveille en permanence dans un monde aseptisé. L’homme maîtrise tout, prévoit tout, anticipe, gère… Evidemment, le monde médical n’est pas oublié et le système Providence en est l’incarnation. Les adhérents ont accepté une puce sous-cutanée qui contrôle leur santé et leur environnement. Le logiciel a pris la main sur leur vie. Agnès, anesthésiste, bien que pas totalement convaincue a adhéré comme son mari, Victorien, l’un des concepteurs du projet. Agnès n’est à l’aise ni dans son monde « simplifié, sécurisé », ni dans celui de ses grands-parents qui ont choisi de vivre loin du sien, isolés, en autarcie. Son existence va être chamboulée et bouleversée après le décès lors d’une opération d’une adhérente de Providence. Agnès se retrouve au centre de la polémique et de l’ouragan médiatique. Elle choisit de fuir avec en Afrique du Sud avec ses enfants, son grand-père et le chien, coupure radicale pour retrouver une vie moins encadrée, moins dirigée, avec moins de confort, mais plus d’humanité où l’erreur et l’échec redeviennent à l’ordre du jour. Retrouver l’acte de soigner, être « juste sensible à la personne qu’elle a en face d’elle. », « des humains qui soignent d’autres humains comme on peut. ». Risque zéro nous offre une belle réflexion sur la société de demain, nous interroge sur le risque zéro, sur la gestion numérique de notre santé (et du reste), sur la perte d’une certaine humanité et donc sur la liberté. Elle réussit néanmoins à ouvrir quelques fenêtres ténues sur un retour à l’humain…

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Fiche #2372
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Olga Lossky lus par Vaux Livres


Olivier DORCHAMPS

Ceux que je suis
Finitude

5 | 253 pages | 24-07-2019 | 18.5€

Une grande année se prépare pour Marwan : à la rentrée, pour la première fois, il enseignera l’histoire-géographie à une classe de Terminale. Mais son père meurt. Et à sa grande surprise comme celle de ses deux frères, il apprend que celui-ci a décidé de se faire enterrer au Maroc. Cette décision interpelle Marwan et le fait à nouveau réfléchir sur son identité et ses origines : « Je suis né en France. Je n’ai jamais vécu au Maroc. Je ne me sens pas Marocain. Et pourtant, où que je sois, en France ou au Maroc, je n’ai pas le choix de ma propre identité. Je ne suis jamais ce que je suis, je suis ce que les autres décident que je sois. » Son père semblait totalement intégré et avait trouvé sa place à Clichy. Alors pourquoi repartir maintenant : « On vit ici, on meurt chez nous. » Il commence d’interroger sa mère et apprend que son père l’a désigné pour accompagner sa dépouille par avion pendant que le reste de la famille fera le voyage en voiture. Accompagné de Kabic ami de la famille et grand-père de substitution, il retrouvera Mi Lalla sa grand-mère et ce retour fera naître de nouvelles questions et jaillir de petits et grands secrets. Olivier Dorchamps a trouvé le ton juste pour cette émouvante chronique familiale qui évoque avec sensibilité, clairvoyance et réalisme l’identité, les racines et l’héritage familial, ses secrets et silences, le deuil, l’exil mais aussi l’impact d’une double culture sur chaque destin.

Premier roman

« Finalement grandir c’est ça : c’est perdre des morceaux de soi. »

« Combien de Voltaire finissent mécaniciens parce qu’ils sont nés plus près d’un garage que d’une école ? »

« … j’ai pris conscience que le temps qui passe, c’est le temps qu’il reste. »

« … l’exil a relégué le bonheur aux souvenirs d’avant. »

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Fiche #2371
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Olivier Dorchamps lus par Vaux Livres


Adrienne YABOUZA

La pluie lave le ciel
L'Aube

4 | 190 pages | 22-07-2019 | 17.9€

La République des Murmures, emblématique d’une Afrique vacillante, vient de franchir un nouveau palier. Les rebelles s’approchent du pouvoir et le président M’Mollo M’Mollo pourtant fraichement élu, est contraint de rejoindre ses comptes en banque bien loin de sa région natale. Alors pour tous ceux qui ont acquis un petit pouvoir, un petit espace protégé, le temps est venu de choisir et les belles vestes africaines se retournent facilement ! Au milieu de tout ça, « être une femme dans la bordellerie de chaque jour, ça n’avait jamais été facile », l’avenir des femmes s’obscurcit encore mais malgré tout ce qu’elles subissent, elles conservent encore la force de combattre. Adrienne Yabouza réussit le tour de force d’établir un bilan réaliste et funeste d’une Afrique corrompue où l’islamisme s’installe dans l’horreur, où l’influence des grandes puissances (nouvelles et anciennes) reste immense, le tout à travers un récit fantaisiste et drôle.

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Fiche #2370
Thème(s) : Littérature étrangère


Guillaume LAVENANT

Protocole gouvernante
Rivages

3 | 190 pages | 21-07-2019 | 22€

Un couple et ses deux enfants accueillent une jeune femme, elle vient prendre le poste de gouvernante et s’occupera principalement d’Elena, la petite dernière. Elle semble polie, discrète, attentive. Immédiatement, elle trouve sa place dans la famille, proche des parents et d’Elena, seul le garçon restant distant, mais rapidement le lecteur ressent une tension et des motivations autres. En effet, elle participe à un protocole établi par un mystérieux Lewis, une oeuvre collective au sein d’un collectif anonyme. Chaque pion connaît sa place et son rôle dans cette œuvre folle, magistrale qui risque d’ébranler les certitudes de beaucoup dans un dérèglement absolu mais aussi de révéler à chacun ce qui est ou était vraiment important. Une œuvre de cette ampleur se met en place dans le silence, dans le secret par des anonymes insaisissables, puzzle géant où chaque pièce se dessine avant de prendre place et en ne laissant aucune trace. Au top départ, chacun sait ce qu’il doit effectuer et plus personne ne pourra stopper cette immense armée blanche. Un premier roman intriguant, tendu du début à la fin et parfois dérangeant par le vouvoiement employé qui place le lecteur du côté de l’organisation, comme si, lui aussi, pouvait se laisser aller à guider, ordonner la gouvernante et ses acolytes.

Premier roman

« La vie, disait Lewis, si vous en contrôlez les paramètres accessoires, c’est comme un coup de billard à cinq bandes. Si l’impact de départ est précis, vous pouvez prévoir au millimètre où arrivera la boule. »

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Fiche #2368
Thème(s) : Littérature française


Pete FROMM

La vie en chantier
Gallmeister

2 | 384 pages | 21-07-2019 | 23.6€

Marnie et Taz forment un couple heureux, un amour profond et partagé. L’argent manque parfois mais ils savent passer outre et joyeux, ne craignent jamais de regarder l’avenir en face. Alors quand Marnie annonce qu’elle est enceinte, leur bonheur explose, les projets jaillissent. Ce sera une fille, et ils en rêvent ensemble à chaque instant. Ils retapent la petite maison qu’ils ont achetée pour mieux l’accueillir. Néanmoins le jour de l’accouchement l’impensable arrive : Marnie meurt en donnant naissance à la petite Midge. Taz change de dimension, tente d’assurer au jour le jour, donne l’absolue priorité à Midge mais semble dans un autre monde. Il continue de parler de Marnie au présent et la ressent toujours à ses côtés. Très entouré, ses amis le voient s'éloigner et tentent de le ramener dans leur monde mais Taz n’arrive plus à envisager l’avenir, à chaque jour suffit sa peine. Son meilleur ami, le dévoué Rudy, lui impose presque Elmo comme baby-sitter pour lui permettre de reprendre son travail. Elle s’entend à merveille avec Marnie et commence malgré les peurs et les réticences de Taz de prendre une modeste place dans la petite maison. Un superbe texte dans la maîtrise absolue, une émotion contenue du début à la fin, au cœur du deuil et de la reconstruction, de l’amitié, de la paternité et de l’amour.

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Fiche #2369
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Juliane Nivelt


Albena DIMITROVA

Nous dînerons en français
Galaade

1 | 210 pages | 19-07-2015 | 18€

Alba a dix-sept ans lorsqu'elle est admise à l'hôpital du gouvernement bulgare pour une paralysie galopante. Loin de son milieu habituel, elle va faire La Rencontre avec Guéo, cinquante-cinq ans et membre du Politburo. La complicité initiale se mue rapidement en passion. L'histoire se déroule quelques années avant la chute du mur et les régimes communistes tendent à disparaître. Et Guéo est bien placé pour le savoir, il a toujours été militant et rédige alors un rapport destiné à sauver le régime. Alors surveillance ou espionnage ne l'émeuvent guère. Il préfère la vie (sans contraintes) et Alba. Pourtant le quotidien s'embrume et il décide de faire partir Alba, définitivement marquée par cet homme et cette rencontre, en France où il la rejoindra dès que possible. « Nous dînerons en français » est le roman de la fin d'une période en Bulgarie, d'une passion entre deux êtres différents, d'un rendez-vous manqué et Albena Dimitrova a choisi de nous le faire partager avec son accent dans sa langue d'adoption qu'est le Français ce qui renforce la poésie et la fraîcheur du trait.

Ce roman a été réédité en 2023 par les éditions Intervalles.

Premier roman

« En toute chose politique c'est pareil, une fois les extrémités bien bordées, il faut attraper la bonne mais boudeuse voix du milieu »

« Je n'ai jamais possédé le cœur de Guéo. Lui non plus, il n'a jamais possédé le mien. Nous les avons juste fait battre ensemble. Etions-nous libres? »

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Fiche #1665
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Albena Dimitrova lus par Vaux Livres


Nouvelle consultation des comptes-rendus de lecture

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