« Nous ne détruisons pas la planète. Nous ne détruisons que nos possibilités d’y vivre. »
Jens Liljestrand

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Année 2022-2023



Agnes RAVATN

Le tribunal des oiseaux
Actes Sud

177 | 228 pages | 29-06-2023 | 22€

Fuite sentimentale, fuite professionnelle, Allis, spécialiste des légendes nordiques, choisit un poste d’aide à domicile au fond d’un fjord norvégien perdu et sauvage. L’homme qui l’accueille est plus jeune que prévu et sa femme est absente. Elle devra s’occuper de la maison, des repas et du jardin : des nouveautés (souvent éprouvantes) pour elle ! Immédiatement, une atmosphère étrange et tendue s’installe, les deux ont des choses à cacher et espèrent qu’elles le resteront. Allis d'abord intriguée sera rapidement fascinée par Sigurd. Que peut-il faire de ses journées, seul, dans une pièce quasi vide ? Pourquoi ces sautes d’humeur ? cette solitude ? Où est passée sa femme ? Peu à peu, ils vont se rapprocher mais sans que l’atmosphère se détende et que la tension diminue. L’inquiétude et la menace couvent… Un huis clos parfaitement hitchcockien !

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Le tribunal des oiseaux"

Fiche #3035
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Terje Sinding


Marente DE MOOR

La vierge néerlandaise
Les Argonautes

176 | 315 pages | 29-06-2023 | 22.9€

Eté 1936, l’atmosphère est en train de changer… Janna, jeune néerlandaise de dix-huit ans, pratique brillamment l’escrime. Aussi, son père décide de l’envoyer en Allemagne auprès d’un grand maître, Egon von Bötticher qu’il connaît. Il habite une grande propriété qui a eu son heure de gloire mais sombre aujourd’hui dans le gris et la tristesse. L’homme est renfermé, rustre, ses méthodes sont brutales et il continue d’organiser des combats de Mensur (combats avec des armes réelles) interdits par le régime. Janna est intriguée notamment par son lien avec son père puis la jeune femme sentimentale sera attirée par cet homme. Autour d’eux gravitent un couple de domestiques dévoué, Henni et Heinz, des jumeaux, jeunes éphèbes également élèves d'Egon. Un roman d’atmosphères multiples : Immersion dans l’ancien monde aristocratique allemand sur le point de disparaître, immersion dans un monde entre Belgique, Pays-Bas et Allemagne entrant en guerre et géré par des nazis déjà sans limite, immersion dans le monde de l’escrime, ses lames et ses combats, immersion dans le monde des adultes d’une jeune femme découvrant l’amour, immersion de la grande Histoire dans l’histoire personnelle et intime.

« Car c’est la perspective de la mort qui nous rend vivants. »

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Fiche #3038
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Arlette Ounanian


Michèle PEDINIELLI

Boccanera
L'Aube

175 | 247 pages | 26-06-2023 | 11€

Première enquête de la privée corse Ghjulia Boccanera dite Diou à Nice (vrai personnage secondaire du roman) : une femme libre, de caractère, entêtée, à l’humour débridée et ironique, téméraire et prête à toutes les aventures. Dorian Lassalle, beau jeune homme, la contacte après la mort de son amant, Mauro Giannini, riche ingénieur en BTP. Les causes du meurtre restent incertaines. Elle récupère une clé USB à son domicile et c’est le début d’un dangereux engrenage, Dorian est assassiné, elle subit deux tentatives d’assassinat, puis une femme agent immobilier est massacrée… Boccanera sera accompagnée par son ex, le commandant Jo Santucci qui ne passera pas très loin de la correctionnelle… et ils ne seront pas trop de deux pour démêler les fils de cette intrigue. Un personnage vif et attachant pour un roman noir qui se dévore et nous parle aussi de réfugiés, de travaux urbains, d’homophobie…

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Fiche #3034
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir


Corrado FORTUNA

Le dernier loup
Gallmeister

174 | 195 pages | 25-06-2023 | 22.2€

Tancredi Pisciotta la quarantaine a ressenti le besoin d’effectuer une pause, de renouer avec son passé, son enfance, la nature. Alors il revient à Piano Battaglia, petit village du massif montagneux des Madonies en Sicile pour se ressourcer. Il retrouve les vieux du village, le bistro, et surtout le silence et les regards. Rapidement, lors d’une randonnée, il découvre un jeune berger mortellement blessé qui avant de mourir lâche deux mots : le loup. Mais les loups, le village s’en est occupé il y a bien longtemps… Une enquêtrice et Tancredi vont affronter les secrets du village pour comprendre cette mort et remonter dans les faits du passé que certains partagent silencieusement... Corrado Fortuna nous offre un suspense prenant, de belles pages sur la nature sauvage et réussit parfaitement à nous faire ressentir les différences entre le silence apaisant et lumineux de la forêt et les silences honteux des hommes cachant des souvenirs douloureux.

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Fiche #3032
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Anita Rochedy


Frédéric PERROT

Ce qu'il reste d'horizon
Mialet-Barrault

173 | 200 pages | 25-06-2023 | 19€

C’est l’histoire et la mutation d’un homme qui a eu la chance d’avoir des parents refusant d’être adultes et qui jamais n’en a été gêné. Devenu adulte, il les a même aidés pour qu’ils conservent toute leur insouciance. Mais ses deux héros viennent de mourir, et « ça ne leur ressemblait pas, mourir. ». C’est un choc terrible qui va totalement transformer sa façon de vivre, d’appréhender la vie. Il se réfugie dans un grand appartement vide, la plateforme, espace de liberté absolue au treizième étage, avec Tartuffe, le chien de ses parents, et ne fera que ce qui lui plait quand il l’a décidé. L’accompagneront dans cette nouvelle étape de sa vie, Anita une amie d’enfance compréhensive, Mme de Marigneau, une vieille dame toujours aux côtés de sa folie, Sampras qui s’installera dans la Plateforme et saura s’insérer dans un mode de vie atypique. Certains essaieront en vain de lui faire vivre son deuil autrement mais « Mon projet, finalement, n’avait de folie que son extrême simplicité : avant de mourir, je voulais vivre. » Un personnage atypique, entre rires et émotion, imaginatif, débordant d’une douce folie, une ode à la vie, à la différence loin des normes imposées par nos sociétés, une vraie fantaisie pour un grand bonheur de lecture.

« La réalité n’est que le fruit d’un manque cruel d’imagination. »

« Les fous sont plus utiles aux sages que les sages aux fous. »

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Fiche #3033
Thème(s) : Littérature française


Olivier JACQUEMOND

Un amour sous la guerre
Intervalles

172 | 185 pages | 18-06-2023 | 18€

Un amour sous la guerre tire sa réalité du Liban des années 70. Esther est une jeune Libanaise avide de liberté. Antonin est un jeune peintre français venu chercher une pointe d’exotisme. Ils vont se rencontrer, s’aimer. Vivre leur amour entre le Liban et la France, dans l’exil et au contact de la guerre : guerre religieuse, guerre entre états, guerre entre clans, « Une guerre d’usure, une guerre invisible, une guerre sournoise. Ici, la guerre est dans les têtes. Une guerre intime. » L’attraction du Liban est intense, « Le Liban est mon monde, le monde est mon Liban. », mais la violence est permanente, presque intégrée, au cœur de chaque famille, dans chaque conscience. Alors évidemment, cet environnement vient percuter l’intimité, les amours et les amoureux. Chaque roman ayant cadre le Liban nous permet, croit-on, de mieux appréhender sa réalité. Mais chaque nouvel opus bouscule nos certitudes et Un amour sous la guerre ajuste brillamment l’esquisse .

« Offrir à manger, c’était honorer ; terminer son repas, c’était aimer ; se resservir, c’était pardonner. »

« Parfois, il vaut mieux la guerre. Avec la guerre, le monde absurde vire au tragique. C’est préférable aussi. »

« Une guerre de susceptibilités, une mosaïque de contentieux, avec des raids punitifs, des embuscades, des prisonniers, et des morts, plus qu’il n’en faut. »

« Dans un conflit, la vraie question n’est pas qui gagne mais à qui profitera la paix. »

Ecouter la lecture de la première page de "Un amour sous la guerre"

Fiche #3031
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Olivier Jacquemond lus par Vaux Livres


Hadrien KLENT

La vie est à nous
Le Tripode

171 | 350 pages | 16-06-2023 | 19€

A l’issue d’une campagne atypique relatée dans « Paresse pour tous », Emilien Long, prix Nobel d’économie, a été élu Président de la République avec un programme joyeusement révolutionnaire et notamment une réduction drastique du temps de travail. Alors, il est temps pour lui et son équipe de se confronter à la réalité et à son fameux principe. Promesses, promesses, toujours des promesses : vont-ils les tenir ou comme leurs prédécesseurs les trahir et les abandonner sur le bas-côté de la route du pouvoir. D’ailleurs il est peut-être également temps de remettre en cause l’image de l’homme providentiel, la mystique du sauveur absolu… Les mutations économiques et démocratiques envisagées vont évidemment venir heurter des pouvoirs établis de longue date et les résistances seront puissantes… Mais Emilien Long et son équipe sont plein de ressource, débordent d’idées et d’enthousiasme : être colibre, être décalé, chacun fera son choix pour un changement de rythme vital, « Se recentrer sur ce qu’on est plutôt que sur ce qu’on fait. », une autre appréhension de la vie, des relations humaines, du temps, du pouvoir... Le Président et ses ministres sauront toujours animer et faire vivre leur collectif, la confiance jamais ne s’étiolera et surtout, ils ne s’isoleront pas dans une tour d’ivoire castratrice et aveuglante. Le collectif conservera et développera sa capacité d’autoévaluation et d’autocritique se protégeant ainsi des dérives inhérentes à l’exercice du pouvoir. L’équipe défendra sa cause et ses idées à l’ONU bien aidée par sa secrétaire et n’abandonnera pas l’espoir d’un monde meilleur et un bonheur pour tous : Hadrien Klent nous redonne envie d’y croire, bel exploit !

« Les possédants sont possédés parce qu’ils possèdent. »

« Nous sommes la voix de ceux qui admettent que mieux doit prendre la place de plus. »

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Fiche #3030
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Hadrien Klent lus par Vaux Livres


Maryline DESBIOLLES

Il n'y aura pas de sang versé
Sabine Wespieser

170 | 148 pages | 12-06-2023 | 18€

Elles sont quatre, ovalistes dans les ateliers de soierie lyonnaise, elles tissent, « avec les quatre relayeuses nous avançons dans le mois de juin 1869, vers la grève, la première grève de femmes, de sorte que bien entendu la ligne d’arrivée est la ligne de départ, mais aussi de tous les départs possibles, du commencement, puisqu’il s’agit de la première grève de femmes, que rien n’est enregistré, aucun record. » La grève est une affaire d’hommes souvent armés, prêts à en découdre, alors celle-ci peut paraître aussi anachronique que la forme du récit, un relais de quatre femmes (un relais sportif de femmes, impossible, une grève de femmes, impossible), des femmes venues de partout, de toutes régions françaises, d’Italie… Elles ne savent ni lire, ni écrire, mais seront unies par une course, unies par un métier, unies par une injustice, unies par l’envie de participer, de revendiquer, de se lever, de bouger. Le style est précis, raffiné, le relais est une course rapide, alors le texte est ramassé pour un hommage vibrant à quatre héroïnes oubliées, qui tenteront de forcer les portes bloquées par les hommes et dont les vies seront heurtées à jamais par ce mouvement.

Ecouter la lecture de la première page de "Il n'y aura pas de sang versé"

Fiche #3028
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Maryline Desbiolles lus par Vaux Livres


Céline GANDNER

Marie JAFFREDO

Paysans, le champ des possibles
Steinkis

169 | 115 pages | 12-06-2023 | 21€

Un road trip à la rencontre des nouveaux modèles de paysans, des nouveaux paysans, des anciens qui ont évolué dans le respect de la nature : viticulteurs, forestiers, maraîchers, éleveurs, céréaliers, le panel est étoffé. Revenir aux savoirs ancestraux, en les complétant, les adaptant si nécessaire. Redonner sens et produire de la qualité dans le respect de l’environnement. Marie-France Barrier et Céline Gandner relate ces rencontres, ces expériences enrichissantes et vivifiantes et le tout est renforcé et appuyé par le superbe dessin et les couleurs de Marie Jaffredo.

Fiche #3029
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées

Les titres de Marie Jaffredo lus par Vaux Livres


RODOLPHE

Laurent GNONI

Naufrageurs
Daniel Maghen

168 | 72 pages | 22-05-2023 | 16.5€

en stock

Quand au large de Greenway apparaît un navire par gros temps, le village se réjouit d’avance du naufrage. Un bateau échoué apporte marchandises, bois… et tout le monde, les naufrageurs, y trouve son compte sauf les naufragés… Alors parfois, le village se réunit pour forcer la main aux naufrages… jusqu’au jour où le bateau fut le Meredith avec à son bord un précieux chargement…

Fiche #3025
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées

Les titres de Rodolphe lus par Vaux Livres


Gabriele BAGNOLI

Aurelle GAILLARD

La bulle, bienvenue sur Adenaom, Tome 1
Auzou

167 | 70 pages | 22-05-2023 | 13.95€

Un matin, Welling et son petit frère Moé se réveillent dans un endroit inconnu, sur une île, bien loin de leur orphelinat. Rapidement, ils retrouvent d’autres enfants venant du même centre. Ils apprennent rapidement qu’ils ont été choisis pour survivre à la fin du monde mais resteront prisonniers sur cette île. Evidemment, certains douteront de la version officielle et n’auront alors qu’une idée, aller vérifier dehors et s’échapper et ça ne sera pas simple ! Une belle palette de personnages, un scénario bien ficelé qui tient en haleine.

Fiche #3026
Thème(s) : Jeunesse Bandes dessinées

Les titres de Aurelle Gaillard lus par Vaux Livres


Susie MORGENSTERN

Susie la souris qui lit !
Gründ

166 | 22-05-2023 | 14.95€

Susie habite la maison d’une famille sympa, pleine de joie et de vie. Mais elle leur fait peur et se sent bien seule. Alors quand la famille s’absente, la souris s’aventure dans la maison et notamment dans la bibliothèque où elle découvrira tous les bienfaits du livre et de la lecture !

Fiche #3027
Thème(s) : Jeunesse


Hannes KÖHLER

Cette autre vie
Actes Sud

165 | 375 pages | 21-05-2023 | 23.5€

Martin a accepté le (dernier) vœu de son grand-père, Franz, octogénaire : retourner aux Etats-Unis où il a été emprisonné à la fin de la seconde guerre dans des camps de travail. 1944, la guerre se terminait, pendant le voyage et dans les camps, les Allemands s’affrontaient : ceux qui allaient rester, ceux qui allaient repartir, ceux qui pensaient que tout était fini, ceux qui continuaient d’y croire… En commun leur restait l’embrigadement par la doctrine nazie, une emprise totale et une docilité absolue. Tout au long de leur périple, le petit-fils et le grand-père vont se rapprocher tendrement au gré des souvenirs de Franz qui éclaireront aussi les relations intrafamiliales. Franz ne choisira pas une autre vie et optera pour le retour au pays, se mariera avec une Allemande et travaillera finalement pour les Américains. Trois générations d’Allemands et le passé reste présent, un petit caillou parmi d’autres, un doigt sectionné, la puissance et les conséquences de l’embrigadement dans un épisode (emprisonnement d’Allemands sur le sol américain) peu connu : enrôlement, obéissance, aveuglement, violence, hier, aujourd’hui…

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Cette autre vie"

Fiche #3024
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Justine Coquel


Kerstin EKMAN

La course du loup
Denoël

164 | 208 pages | 15-05-2023 | 20€

A la lisière d’une forêt profonde vivent Ulf, garde-chasse à la retraite, sa femme Inga et leur vieille chienne Zenta. Ulf passe beaucoup de temps dans une caravane qui passe inaperçue, au cœur d’une nature sauvage à observer la faune, la flore, les couleurs, les traces... à écouter les bruits et le silence. Ulf était un chasseur redouté et reste chef de chasse. Mais l’heure de la retraite aussi sonne de ce côté. Surtout que le doute commence de l’assaillir : il a vu en effet Haut-sur-Pattes, un loup, le loup, majestueux, grand, leurs regards se sont croisés et il en a été ébranlé au plus profond de lui-même. Ulf se répète à l’envi qu’il a vu un loup mais ne peut en parler à quiconque. Sa femme sent sa fébrilité et lui conseille de relire ses propres textes sur ses chasses et celui de Tourgueniev. Mais cela ne fait que renforcer sa sensation d’avoir manqué quelque chose, d’avoir agi, chassé sans conscience de son impact et son envie de dresser son bilan de vie (et de mort). Il souhaiterait que ce loup jouisse sans contrainte et sans crainte de sa liberté alors que le village préfèrerait éradiquer tous les loups de la région. La tension monte, Ulf devient gênant et ne peut s’opposer à la violence des jeunes chasseurs. Alors, quand un homme se vidant de son sang est retrouvé… Un superbe roman (avec du suspense) contrasté, entre douceur et violence, entre sérénité et colère ; portrait émouvant d’un homme vieillissant se remettant en question et s’interrogeant (nous interrogeant ?) sur le temps qui passe, sur nos choix et le sens de la vie au cœur d’une nature sauvage magnifiée par l’écriture et les descriptions de Kerstin Ekman.

Ecouter la lecture de la première page de "La course du loup"

Fiche #3022
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Marianne Ségol-Samoy


Jérôme D'ASTIER

Tendre hiver
Arléa

163 | 125 pages | 15-05-2023 | 17€

Deux jeunes hommes décident de tout quitter, de partir loin de leurs familles. Joseph vient d’un milieu bourgeois, son frère le bat, sa mère n’a aucune tendresse et il a trouvé un jour son père mort au pied du lit. Jean est d’un milieu modeste, un père qui boit, une mère envahissante. Alors ils partent vers le soleil, le Luberon, une renaissance, un nouveau départ. Mais la destination n’est pas choisie par hasard. Jean écrit, s’adonne à la poésie et c’est ici que vit le poète qu’il vénère. Ils s’installent dans une maison abandonnée, vivent un quotidien précaire, des conditions difficiles mais sont éblouis l’un par l’autre et par cette expérience inédite et courageuse et cette liberté retrouvée. L’amour, le soleil, la liberté, la poésie, le début de l’aventure est idyllique. Mais Jean et le poète se rencontreront, alors Jean s’éloignera et pour Joseph la lumière s’éteint, l’amour s’éloigne et il ne peut plus compter sur Jean pour atténuer son mal être : « Je ne suis qu’un pisseur, un pleureur, un rien du tout. Une mauviette. C’est à peine si j’existe. Même la honte que j’ai de moi ne me rachète pas. » alors il ne noie dans le désespoir. Une triste histoire d’éloignement, Les histoires d’amour finissent mal en général

« Et puis, afficher son goût des hommes c’était une bonne façon de repérer vite les cons. »

Ecouter la lecture de la première page de "Tendre hiver"

Fiche #3023
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Jérôme D'Astier lus par Vaux Livres


Dennis LEHANE

Le silence
Gallmeister

162 | 445 pages | 14-05-2023 | 25.4€

South Boston, quartier irlandais de Boston, 1974. C’est ici que vit Mary Pat Fennessey, au cœur d’un quartier pauvre (« Ils sont pauvres parce que la quantité de chance qui circule dans ce monde limitée et qu’ils n’en ont jamais reçu la moindre part. »), d’une communauté, où tous se connaissent et s’entraident, se protègent. Mary Pat Fennessey a déjà perdu un fils quand sa fille Jules partie pour une soirée ne rentre pas. Cette même nuit, un jeune noir est retrouvé mort sous les rails d’un train dans ce quartier blanc. Southie se tend, s’inquiète. Les mafieux aussi : ce « bruit » n’est pas bon pour les affaires. D’autant plus, que les tensions raciales se sont accrues suite à l’annonce du busing pour la rentrée prochaine : il s’agit de transférer des élèves noirs vers les écoles blanches et vice versa. Jules est en terminale et elle, comme sa mère, comme la communauté unie, s’opposent à cette décision : chacun doit rester chez soi, les Blancs chez eux, les Noirs chez eux et tout ira bien, pas de mélange, même si Mary Pat semble parfois hésitante face au racisme primaire et violent et au manichéisme ambiants, mais la communauté est plus forte. Mary Pat est folle d’inquiétude et même si elle rencontre un inspecteur de police à l’écoute, elle se lance dans une enquête solitaire et périlleuse, les mafieux du quartier qui soi disant le protègent ne sont pas des tendres… mais Mary Pat non plus, surtout qu’il est question de sa fille, et cette mère, lionne blessée, ne reculera devant rien ni personne pour forces les portes qui se sont refermées et découvrir la vérité. Roman, roman noir, polar, une vraie réussite que ce portrait d'un quartier, d'une femme, d’une mère (c’est aussi un livre sur la transmission) au cœur d’une tragédie cernée par le racisme ordinaire et la violence, un retour réussi après six ans d’absence de Dennis Lehane.

« … ce n’est peut-être pas l’amour qui est le contraire de la haine. C’est l’espoir. »

Ecouter la lecture de la première page de "Le silence"

Fiche #3021
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : François Happe


Albena DIMITROVA

Nous dînerons en français
Intervalles

161 | 205 pages | 02-05-2023 | 12€

en stock

Alba a dix-sept ans lorsqu'elle est admise à l'hôpital du gouvernement bulgare pour une paralysie galopante. Loin de son milieu habituel, elle va faire La Rencontre avec Guéo, cinquante-cinq ans et membre du Politburo. La complicité initiale se mue rapidement en passion. L'histoire se déroule quelques années avant la chute du mur et les régimes communistes tendent à disparaître. Et Guéo est bien placé pour le savoir, il a toujours été militant et rédige alors un rapport destiné à sauver le régime. Alors surveillance ou espionnage ne l'émeuvent guère. Il préfère la vie (sans contraintes) et Alba. Pourtant le quotidien s'embrume et il décide de faire partir Alba, définitivement marquée par cet homme et cette rencontre, en France où il la rejoindra dès que possible. « Nous dînerons en français » est le roman de la fin d'une période en Bulgarie, d'une passion entre deux êtres différents, d'un rendez-vous manqué et Albena Dimitrova a choisi de nous le faire partager avec son accent dans sa langue d'adoption qu'est le Français ce qui renforce la poésie et la fraîcheur du trait.

Cette chronique a été rédigée en juillet 2019 suite à la première édition aux éditions Galaade. Les éditions Intervalles vous permettent aujourd'hui de rédécouvrir ce roman épuisé depuis de trop longues années.

Premier roman

« En toute chose politique c'est pareil, une fois les extrémités bien bordées, il faut attraper la bonne mais boudeuse voix du milieu »

« Je n'ai jamais possédé le cœur de Guéo. Lui non plus, il n'a jamais possédé le mien. Nous les avons juste fait battre ensemble. Etions-nous libres? »

Fiche #3020
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Albena Dimitrova lus par Vaux Livres


Stéphane AUDEGUY

Dejima
Le Seuil

160 | 285 pages | 01-05-2023 | 18.5€

Dejima mêle brillamment la petite et la grande histoire avec érudition dans le Japon du XX ème. Les chapitres alternent entre l’histoire du Japon, sa place dans le monde, et le destin multiple de Mabel une jeune américaine fraîchement mariée qui visite Kyoto en 1902. Elle apprécie la ville, le pays, l’atmosphère, les croyances et coutumes. Elle reviendra en 1946, après la seconde guerre et Hiroshima, et oeuvrera pour sauver une jeune orpheline en mal de liberté qui finira par muter en renarde sauvage. Un roman singulier entre documentaire, roman et roman frisant le fantastique, déstabilisant parfois, à l’image du Japon.

« La liberté est là, terrible et splendide, poison et remède. »

Ecouter la lecture de la première page de "Dejima"

Fiche #3019
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Stéphane Audeguy lus par Vaux Livres


Eliane SERDAN

Le petit Antonin
Serge Safran

159 | 165 pages | 30-04-2023 | 16.9€

en stock

Antonin, 11 ans, rentre en sixième. Le garçon est discret, aime le français mais pas les maths, et subit une vie de famille agitée. Il tente de donner le change mais reste bouleversé par la séparation de ses parents. Surtout qu’on est loin de l’entente cordiale avec le nouveau compagnon de sa mère… Antonin d’une sensibilité aiguisée n’est pas à l’âge des demi-mesures dans les sentiments. Antonin aura le bonheur de rencontrer La Prof, celle qui peut changer votre destin, orienter votre vie : Mme Ferrière, une prof de français en fin de carrière qui conserve tout l’amour de son métier même si les injonctions de sa hiérarchie ne l’impressionnent plus. Face à des collégiens qu'elle a certes vu évoluer mais en qui elle continue de placer son espoir et son émerveillement, elle partage son amour de la littérature et de la poésie, et déguste les petits instants de grâce qui se dégagent parfois. Antonin va l’émouvoir, attirer son attention et révéler ses capacités pour exprimer par écrit ses espoirs, ses bonheurs, ses malheurs au même titre qu’Eliane Serdan qui, dans ce superbe roman, réussit parfaitement à décrire la beauté, les pépites de bonheur qu’il faut attraper sans réserve mais aussi la violence, la maladie, rendre hommage à la transmission, au partage, à l’écoute de l’autre et aux promesses de la jeunesse. Un petit bijou de sensibilité.

Ecouter la lecture de la première page de "Le petit Antonin"

Fiche #3017
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Eliane Serdan lus par Vaux Livres


Aylin MANÇO

Les éblouis
Sarbacane

158 | 382 pages | 30-04-2023 | 18€

Luce vient d’arriver dans l’internat du lycée Jamet bien décidée à vivre sa vie : des rencontres, des amis, des amies, des fêtes, des amours, et surtout régler l’énigme du fantôme qui hante l’établissement. Pour cela rien de mieux qu’une tribu, qu’un gang de rebelles ! Des rebelles un peu particulier puisqu’à part Luce, ils ont tous une particularité vécue comme pouvoir magique, surnaturel ou malédiction, c’est selon et surtout comment les utiliser, comment s'en défaire ? Mais même avec ces pouvoirs, cela ne les empêche pas d’être de vrais ados avec toutes leurs préoccupations, envies et doutes habituels, une série de portraits d’adolescents réussis et crédibles au cœur d’une enquête tendue qui tient en haleine le jeune et moins jeune lecteur.

Fiche #3018
Thème(s) : Jeunesse


Cécile LADJALI

La nuit est mon jour préféré
Actes Sud

157 | 280 pages | 28-04-2023 | 21.5€

Le dialogue, les mots, le langage, les échanges, l’écoute, le partage peuvent-ils nous sauver ? Cécile Ladjali pour envisager une réponse se place au cœur du conflit israélo-palestinien entre passé et présent. Tom dirige un service dans un hôpital psychiatrique, reste hanté par sa naissance au moment où la sœur jumelle de sa mère tombait dans le coma suite à sa passion pour l'apnée ; il entretient des relations compliquées avec sa mère où le silence s’impose souvent. Il suit deux patients qui prennent une place particulière : Hephraïm Steiner, un vieux musicien et Roshan une jeune Palestinienne de 20 ans, habitant Ramallah et enceinte. Deux patients enfermés dans leur silence, dans leur passé mais un trio qui va se rapprocher, qui trouvera les mots pour briser le silence, les haines, les rancoeurs, les préjugés et pour aller mieux… Une rencontre avec des personnages attachants mais enfermés qui vont se libérer par les mots, une vraie fiction, dense et précise, avec un style toujours aussi raffiné étayée par une profonde réflexion incitant au questionnement et à une pointe d’optimisme.

« … les êtres se débrouillaient seuls avec leurs cauchemars, et que personne n’était en mesure de les aider à sortir de la nasse où ils pataugeaient. »

« C’est très difficile, Tom, de pleurer en silence. »

« Seul l’artiste a la capacité de nous modifier en profondeur. »

« Le sacré, c’est ce qui nous permet de vivre ensemble. »

« Les souvenirs sont le ferment de la mémoire qui, elle, est conscience et peut être domptée. Mais face aux souvenirs, nous n’avons aucune prise… Nous les subissons sans parvenir à les transformer en mémoire. »

Ecouter la lecture de la première page de "La nuit est mon jour préféré"

Fiche #3016
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Cécile Ladjali lus par Vaux Livres


Lionel SHRIVER

A prendre ou à laisser
Belfond

156 | 284 pages | 27-04-2023 | 22€

Kay et Cyril en couple depuis toujours s’interrogent très tôt sur la fin de vie. Ils souhaiteraient prendre les devants, envisager toutes les possibilités, toutes les impossibilités, toutes les impasses… Avant tout, ne pas devenir un poids, une charge financière, psychologique. Alors pourquoi ne pas décider de la date de la fin ? Quatre-vingts ans, c’est suffisant, ils partiront ensemble, c’est le pacte de ce couple de quinquas. Trente ans après cette décision, l’échéance approche et on les retrouve en plein Brexit, tiendront-ils leur engagement ? Tous les deux ? La situation n’a-t-elle pas évolué ? Médicalement ? Dans les EHPAD ? Un roman à la construction singulière qui, sans noirceur, aborde des questions essentielles qui n’épargneront personne telles la vieillesse, l’isolement, la place des personnes âgées, la maladie, la mort, la retraite, l’argent, la déchéance, l’enfermement… et surtout propose une palette de réponses, à chacun de choisir tant qu’il le peut !

« Car, pour conserver la maîtrise de sa fin de vie, il faut avoir la volonté de renoncer à une petite tranche d’une existence qui n’est pas encore pourrie. »

« Je doute qu’on comprenne ce qu’est la vie tant qu’on ne l’a pas perdue… »

« Kay et Cyril Wilkinson découvrirent par eux-mêmes qu’être très, très vieux n’était pas le pire, le pire était d’être très, très vieux, et fauchés. »

Ecouter la lecture de la première page de "A prendre ou à laisser"

Fiche #3013
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Catherine Gibert


Violaine BÉROT

Nuits de noces
La Contre Allée

155 | 90 pages | 27-04-2023 | 15€

en stock

Un long, magnifique et poignant cri d’amour sous forme de poème : une histoire d’amour, une rencontre, la rencontre, mais c’est un homme d’église. Il faudra qu’il la quitte pour la rejoindre. Il le fera envers et contre tous, l'amour sortira vainqueur. L’amour perdurera : l’amour absolu, unique, exclusif. Les enfants arriveront, le quotidien s’installera, et malgré les craintes, l’amour restera. Jusqu’à la fin, jusqu'à la mort de cet homme, de son homme laissant une femme inconsolable. Totalement dépouillé, chaque mot est à sa place, pas un de trop, pas un ne manque. Superbe. Le souffle de cet amour ne s’éteindra jamais grâce à ce texte et l’amour des parents de Violaine Bérot vous illuminera à jamais.

Ecouter la lecture de la première page de "Nuits de noces"

Fiche #3014
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Violaine Bérot lus par Vaux Livres


GIJÉ

Fabien MORIN

Nées rebelles
Deman

154 | 145 pages | 27-04-2023 | 21.5€

en stock

Superbe et instructif projet de ces cinq dessinateurs et trois scénaristes que de dresser le portrait de cinq jeunes filles à travers le monde, cinq jeunes filles qui se lèvent et disent non. Nées rebelles, Le poing levé, elles espèrent en un monde meilleur et s’engagent pour changer le monde, elles en ont certainement fait plus que nombre d’adultes : Greta Thunberg et son combat pour la planète, Malala face aux talibans, Yusra Mardini nageuse syrienne auprès des réfugiés, Emma Gonzalez contre les armes aux Etats-Unis et Melati et Isabel Wijsen contre la pollution en Indonésie. Des causes, des jeunes femmes et un roman graphique à soutenir !

Fiche #3015
Thème(s) : Jeunesse Bandes dessinées


Daphné VANEL

Jusqu'à la mer
Mialet-Barrault

153 | 136 pages | 26-04-2023 | 18€

Voilà un texte atypique ! Pour l’apprécier, vous devrez accepter de rentrer dans une longue errance avec Daphné Vanel et de divaguer avec ses personnages, le but n’est pas fixé clairement, à part la recherche d’un formulaire administratif, un prétexte anecdotique pour arriver jusqu’à la mer… Cette quête sera propice à des rencontres avec des personnages tous plus ou moins singuliers et quand les rencontres pourraient s’arrêter, un évènement inattendu les relance, une trame donc loufoque avec un humour décalé, sorte de saute-mouton fou d’un personnage à l’autre, d’un évènement à l’autre. Un premier roman étonnant.

Premier roman

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Fiche #3011
Thème(s) : Littérature française


Arnaud RYKNER

L'île du lac
Le Rouergue

152 | 135 pages | 26-04-2023 | 15.9€

Un très long poème d’une grande douceur et mélancolie, une île au milieu du lac, une maison, un homme seul avec un rapport essentiel aux éléments, la nature, le Japon, avant la fin du monde, peut-être un rappel tardif que le bonheur était à portée de main, dans l’eau, dans l’air, la montagne, les arbres et nous l’avons laissé échapper, notre place n’est peut-être plus là. Un souffle particulier accompagne la lecture de cette prose poétique atypique.

Ecouter la lecture de la première page de "L'île du lac"

Fiche #3012
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Arnaud Rykner lus par Vaux Livres


Philippe GODOC

Kepone
Viviane Hamy

151 | 430 pages | 25-04-2023 | 21.6€

Marc Montroy journaliste à L’écologue enquête sur le scandale du chlordécone. Première étape : Hopewell en Virginie, la capitale de la chimie. Il rencontre le professeur Ashland qui lui confie quelques informations et oriente ses recherches vers une société aux multiples ramifications. Dans le même temps, il apprend que son père, résidant en Guadeloupe, est atteint d’un cancer. Il part immédiatement et apprend à son arrivée la mort violente du Pr Ashland. Ce n’est que le début d’une longue série… Puisque, naturellement, Marc Montroy va continuer son enquête en Guadeloupe où le chlordécone a été largement épandu et dont les conséquences sur la santé perdurent. Célio, le père de Marc, persuadé que son cancer vient du chlordécone, propose son aide. Marc retrouve aussi quelques amis plus ou moins motivés par ses recherches… Une enquête entre passé et présent dans les eaux troubles guadeloupéennes (et autres) où nagent allègrement industriels, politiques, mafieux… un joli monde prêt à tout pour que leurs secrets le restent… Un polar très documenté et haletant au cœur d’un problème de santé publique et d’un scandale d’état.

« Blanc et Noir s’écrivait avec une majuscule, pas métis. »

Ecouter la lecture de la première page de "Kepone"

Fiche #3008
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir


David HENNEBELLE

Vers la flamme
Arléa

150 | 130 pages | 25-04-2023 | 19€

Dans les années 69, Paliki, photographe, au cours d’un premier reportage découvre en traversant la Sierra Parima, les Yanomani : semi-nomades, chasseurs, agriculteurs, ils vivent heureux au cœur de la forêt tropicale avec les animaux, les arbres, les plantes, les esprits… Une fois rentrée de ce premier voyage, Paliki n’aura qu’une envie : repartir auprès d’eux pour témoigner, montrer, protéger. Après l’obtention d’une bourse, elle repart et les retrouve. Les liens sont effectifs, et jour après jour, elle trouve sa place parmi eux (« L’intimité s’accordait avec l’immensité. ») et va délaisser progressivement ses boîtiers pour simplement vivre. Mais vivre, c’est aussi subir et affronter la violence de la modernité qui n’a que faire de ces « sauvages » et de la forêt. Tuons, rasons, exploitons, massacrons, détruisons. Un roman qui se lit d’une traite aussi doux et beau que triste et violent. Témoignage absolu de notre mortifère aveuglement.

Ecouter la lecture de la première page de "Vers la flamme"

Fiche #3009
Thème(s) : Littérature française

Les titres de David Hennebelle lus par Vaux Livres


Mathieu BELEZI

Le petit roi
Le Tripode

149 | 115 pages | 25-04-2023 | 15€

Une mère vient avec son enfant chez son grand-père dans une ferme provençale isolée. La mère va repartir mais pas l’enfant. Même si l’enfant quitte ainsi les disputes incessantes de ses parents, leurs violences répétées, il ressent immédiatement un lourd sentiment d’abandon, une incompréhension et une douleur absolues. Rage et violence deviennent son refuge : « je me venge sur les faibles », sur les animaux, sur le plus fragile de l’école. Il est violent, sans pitié, sans limite : martyriser, menacer, tuer, un quotidien affreux mais qui n’efface en rien sa douleur. Un hurlement de douleur ininterrompu, que seule peut-être la mort pourra éteindre.

Ecouter la lecture de la première page de "Le petit roi"

Fiche #3010
Thème(s) : Littérature française


Verena HANF

L'enfer du bocal
Deville

148 | 160 pages | 24-04-2023 | 17€

en stock

Le monde de Jacques Janssens vient de basculer. Ce vieux poisson rouge qui s’ennuyait dans son aquarium vient d’être poussé sur le côté par ses collègues requins et piranhas. Il a tout donné pour son entreprise qui est devenue ce qu’elle est grâce à lui mais aujourd’hui il est qualifié de low performer. Il reste apathique, amorphe. En effet que peut représenter cette mise à l’écart, cette chute hiérarchique, par rapport au drame de sa vie : le départ définitif de son fils Bruno. L’adolescent révolté et idéaliste refusait la vie de ses parents, l’absence de rêves, des mous qui acceptent tout, qui subissent, alors un jour, il a dit adieu, adieu à ses parents, adieu à sa sœur, adieu le quotidien plus ou moins partagé, adieu les parties d’échecs, adieu. Mais le fantôme de Bruno reste omniprésent et le couple, Clara et Jacques, en souffre en silence, les deux jumelles de Corinne, leur fille, ne peuvent le remplacer. Il est peut-être temps de se poser les bonnes questions, de revenir sur son passé, son enfance, alors que Clara décide de faire un break et de partir très loin de Jacques. Seule petite lueur d’espoir, l’arrivée à la DRH d’une nouvelle collègue singulière et bizarrement très accueillante, mais Jacques reste méfiant (« La confiance, ça se sait, est complètement déplacée au sein d’une société à but lucratif. »). Un portrait débordant d’humanité d’un homme en fin de carrière qui s’interroge avec lucidité sur son destin, son enfance, sa famille, sa relation au travail, sa vie. Cela aurait pu être le triste portrait d’un looser déprimé en fin de parcours mais rassurez-vous, fidèles lecteurs de Verena Hanf, vous connaissez son optimisme pathologique, la fin sera heureuse et pleine d'espoir. Comme à son habitude, elle trouve le juste équilibre entre l'intime et les problématiques qui traversent notre société. Rien ne dure sauf l’émerveillement et Verena Hanf sait nous guider pour le découvrir et même si ce n’est "que" de la fiction, ça fait du bien !

« Le hasard n’existe pas. C’est toi qui définis le jeu. Toi et l’autre. »

Ecouter la lecture de la première page de "L'enfer du bocal"

Fiche #3007
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Verena Hanf lus par Vaux Livres


Carole LABARRE

L'or des mélèzes
Mémoire d'encrier

147 | 120 pages | 17-04-2023 | 17€

120 pages, 34 chapitres, L’or des mélèzes propose en effet une série de tableaux relatant la vie de familles innues, peuple des régions subarctiques et boréales du Québec et du Labrador. Les tableaux s’enchaînent décrivant une vie au plus près de la nature, de la faune, des vies de joie mais aussi de peine et de douleurs. Les femmes ont un rôle essentiel notamment dans les difficultés et dans les mutations dues à la « modernité ». Un roman conte, chronique familiale, chronique d’un peuple, sensible, émouvant, avec une pointe de mélancolie et une écriture poétique et ciselée.

Premier roman

« Toute sa culture n'est que survivance. Elle n'est que résilience. Elle n'est que résistance. Tu es toi aussi un enfant de la Terre. Tu es innu. »

Ecouter la lecture de la première page de "L'or des mélèzes"

Fiche #3006
Thème(s) : Littérature étrangère


Florian PRÉCLAIRE

Le cavalier de Saumur
Actes Sud

146 | 165 pages | 16-04-2023 | 19€

Le cavalier de Saumur est l’histoire d’une rencontre. Une rencontre entre un petit-fils, l’auteur, et René-Frantz, son grand-père. A partir de quelques carnets de poésie, d’états de service, le portrait d’un militaire de carrière atypique va être dressé : un militaire volontaire qui participa aux grands conflits du vingtième siècle, mais aussi un grand amoureux, sensible, tendre et un brin mélancolique. Le récit débute en 1917 avec une blessure, passera par Constantinople, Casablanca, puis par la seconde guerre, un parcours laissant de douloureuses traces aussi bien physiques que psychiques. René-Frantz ne parcourra pas les champs de bataille à cheval puisqu’il s’occupait des chars mais néanmoins, cavalier, le cheval aura une place importante dans sa vie, comme la nature et la forêt. Il rencontrera l’amour avec une riche vicomtesse, connaîtra donc le luxe avant de tout perdre. Une rencontre émouvante, une connexion évidente entre deux générations, entre le passé et le présent (il y a évidemment du René-Frantz en Florian et Florian va le découvrir) décrites avec une écriture raffinée et maîtrisée.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Le cavalier de Saumur"

Fiche #3003
Thème(s) : Littérature française


Victoire N'SONDÉ

Petit POUZET

Brazza-sur-Seine
Toom Editions

145 | 76 pages | 16-04-2023 | 18€

en stock

Chez Albertine, dix ans, on vit comme à Brazza alors que la famille vit dans un immeuble d’une petite ville de banlieue, Le Mée-sur-Seine pour ne pas la citer. Albertine, avec sa franchise et sa naïveté, va donc nous décrire son quotidien à Brazza-sur-Seine, avec ses frères, ses sœurs, ses parents, le reste de sa famille, ses ami(e)s de diverses origines, à l’école, dans la rue... Une série d’histoires courtes aussi vives qu’Albertine, souvent joyeuses même si les difficultés ne sont pas niées, en tous cas débordantes de vie et de tendresse et qui dressent le portrait d’un quartier et d’une famille des années 80 au coeur d'une banlieue française.

Fiche #3004
Thème(s) : Jeunesse Bandes dessinées


Haruo UMEZAKI

Le cerf-volant fou
Cambourakis

144 | 247 pages | 16-04-2023 | 11€

Eisuke, prof d’université dans les année 50 à Tokyo, se retrouve immobilisé suite à une malencontreuse chute. Il reçoit la visite d’un de ses plus vieux amis : ils évoquent le passé, un passé marqué par la guerre et la disparition de Jösuke, le frère jumeau d’Eisuke. La vie puis la guerre avaient rapidement éloigné les jumeaux. Quelques jours avant son rapatriement de Mongolie, Jösuke s’est mystérieusement empoisonné, une mort étrange et toujours douteuse. Eisuke ne l’a finalement que très peu connu et les deux compères vont tenter de comprendre les raisons de sa mort, de dresser son portrait et par la même occasion, le portrait d’une génération de Japonais marquée à jamais par la guerre.

Ecouter la lecture de la première page de "Le cerf-volant fou"

Fiche #3005
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Jacques Lalloz


Bruno PELLEGRINO

Tortues
Zoe

143 | 145 pages | 10-04-2023 | 16.5€

Bruno Pellegrino se fait narrateur de ce texte, entre témoignage, roman et essai. Une série de vignettes avec en commun, la peur de la mémoire, de sa mémoire : « La mémoire humaine est vivante, indisciplinée, faillible et mouvante , et donc bon, bref, ça reste entre nous, mais personne n’y comprend vraiment quoi que ce soit. ». Déjà enfant, il rangeait, triait par peur de perdre et d’oublier. Alors tout au long de sa vie, quoi conserver ? se débarrasser de quoi ? où est l’essentiel ? que faire de ses souvenirs ? Archiver ou écrire ne peuvent être hélas une solution, alors comment se satisfaire de l’oubli ? Soucieux de sa mémoire, l’écrivain est naturellement attaché aux détails et Bruno Pellegrino excelle à nous les décrire, et Tortues, texte atypique, ne sera pas qu’un furtif souvenir, le lecteur s’en souviendra !

Ecouter la lecture de la première page de "Tortues"

Fiche #3001
Thème(s) : Littérature étrangère


Sara BOURRE

Maman, la nuit
Noir sur Blanc

142 | 195 pages | 10-04-2023 | 19.5€

Maman, la nuit oscille entre cri d’amour et cri de haine pour Maman mais « Maman a disparu. C’est pas simple. ». Elles habitaient dans une maison isolée près d’un village qui les regardait avec méfiance et suspicion. Les hommes passent, souvent la nuit, et la petite observe, attend une parole, un geste d’amour de sa mère qui la trouve « éparse et découpée… poisseuse et encombrante… Et laide, très laide. » La petite résiste à tout : une tentative d’avortement, le dédain, le manque d’amour, « Parfois j’ai des pensées comme des échardes à l’intérieur. Des pensées épaisses brûlantes des grandes traînées de lave des explosions des catastrophes imminentes là dessous ma peau. » Attendre pour que ça s’améliore, mais maintenant c’est trop tard. Alors que va-t-elle devenir après cette disparition et avoir tant attendu de l’être adulé ? Un premier roman singulier par son style très affirmé, poétique, maniant souvent le contraste entre la douceur de l’écriture et les sentiments à l’œuvre, et un rythme sec, rapide et maîtrisé.

Premier roman

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Fiche #3002
Thème(s) : Littérature française


Stéphane KIEHL

Noir - Une histoire dans la nuit
La Martinière

141 | 09-04-2023 | 16.9€

Une superbe album qui relate le voyage d'un enfant et de son cheval au coeur de la nuit, du noir, de la pénombre, un soir de violent orage. Surmonter et faire face à ses peurs avec un ami, quoi de plus beau ?

Fiche #2998
Thème(s) : Jeunesse


Jérôme LAFARGUE

Lisière fantôme
Quidam

140 | 200 pages | 09-04-2023 | 20€

en stock

Jérôme Lafargue avec ce roman s’attaque à un projet ambitieux : en se situant à la lisière du réel et du magique, tenter d’ébranler les certitudes de notre monde qui espère tout savoir, tout comprendre, tout maîtriser. Eu égard à l’état de notre monde, il arrive donc à point nommé. Augustin, vingt-six ans, brillant, un goût aiguisé de la connaissance, fait le grand écart entre la société moderne et une vie à l’écart, au cœur de la nature landaise. Augustin en effet rédige notes, dossiers, rapports pour les autres, sur commande, tous les sujets étant possibles. Il peut aussi les représenter lors de conférences partout de la monde, une sorte de mercenaire du savoir. Jusqu’au jour où des évènements inexpliqués se produisent dans sa maison, un pull se déplace, un parfum inonde la maison, l’impression d’une présence devient persistante et est-ce une coïncidence, il découvre la poésie d’une jeune bergère du XVIIème au destin fatal. Augustin se lance alors dans une enquête, une quête parfois dangereuse, qui le mènera sur les traces et le passé de sa famille, « … famille de chamans, de médiums, sorciers, désenvoûteurs, guérisseurs, que sais-je encore… ». Pas besoin de croire aux fantômes pour déguster ce nouvel opus, roman, conte et polar, de Jérôme Lafargue. Brillant et habile !

« Augustin mesure le fossé abyssal que sa civilisation a creusé entre l’humain et le non-humain. »

« La part d’inexplicable, c’est ce qui fait le sel de la vie. »

Ecouter la lecture de la première page de "Lisière fantôme"

Fiche #2999
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Jérôme Lafargue lus par Vaux Livres


Peggy-Loup GARBAL

Vengeresses
Philippe Rey

139 | 126 pages | 09-04-2023 | 16€

Elles ne font qu’une depuis toujours. Jumelles et autistes. Mises de côté, délaissées, abandonnées. Enfance terrible et terrifiante. Elles ont tout subi, têtes baissées, sans un mot, les pires violences, notamment celles des hommes de leurs nombreuses familles d’accueil. Aucun amour. Seul le père aurait semble-t-il pu les aimer mais il est mort trop tôt. Alors, un jour, elles décident de relever la tête, d’affronter le regard de leurs bourreaux, leur rage jaillit violemment. Elles vont les retrouver, un à un, une à une, tranquillement, et se venger. Définitivement. Lors de ce voyage qui fait remonter les noirs souvenirs, elles resteront unies comme toujours dans l’accomplissement de leur vengeance. Un premier roman tendu (qui se dévore) de deux sœurs qui décident de répondre à la violence de la société par une autre violence, un voyage sans retour possible.

Premier roman

« Le monde va là où il est censé aller, madame : droit dans le mur. »

Ecouter la lecture de la première page de "Vengeresses"

Fiche #3000
Thème(s) : Littérature française


Stéphanie JANICOT

Disco Queen
Albin Michel

138 | 235 pages | 03-04-2023 | 19.9€

Soizik, prof proche de la retraite, est dans une mauvaise passe et reste alitée dans une chambre d’hôpital. Elle a donc du temps pour se raconter et pour rêver. Et le plus fou de ses rêves serait d’ouvrir dans son village breton une boîte disco, les paillettes, la joie, l’exubérance, le partage, la danse, la folie… Ses deux filles et sa meilleure amie vont alors lui venir en aide pour que ce fantasme devienne réalité. Pour couronner le tout, si John Travolta venait sur sa piste… Une ode à la légèreté, de l’optimisme, de la fantaisie tout en questionnant avec profondeur la famille, la maladie, la trahison, les différences, nos choix de vie…

« … il est si difficile de devenir léger, cela ne nous est pas donné à la naissance. »

Ecouter la lecture de la première page de "Disco Queen"

Fiche #2997
Thème(s) : Littérature française


J.M. ERRE

Les autres ne sont pas des gens comme nous
Buchet-Chastel

137 | 200 pages | 26-03-2023 | 19€

Julie a l’habitude de clamer que Les autres ne sont pas des gens comme nous, pourtant Julie est normale, elle a 25 ans, aime lire, très occupée par les réseaux sociaux, attendant le grand amour, mais, en effet, il y a un mais et les lecteurs de « Qui a tué l’homme-homard ? » le savent, elle est tétraplégique, ne peut bouger, ne peut parler ce qui ne l’empêche pas de nous faire partager sa réalité, sa vision du monde, de la société, des autres. Julie déborde d’humour, un humour noir, féroce, acide flirtant parfois avec la loufoquerie. En outre elle continue de manier avec assurance l’ironie. Cette « spectatrice du réel » a l’œil particulièrement affûté et ses constats nous bousculent, nous poussent à réfléchir sur ce qu’est la vie, une vie. J.M. Erre fait toujours un pas de côté, toujours en décalage avec un humour sans limite pour notre plus grand plaisir.

Ecouter la lecture de la première page de "Les autres ne sont pas des gens comme nous"

Fiche #2995
Thème(s) : Littérature française

Les titres de J.M. Erre lus par Vaux Livres


Fabienne SERBAH LE JEANNIC

Messali
Diabase

136 | 132 pages | 26-03-2023 | 15€

en stock

Et si Meursault, le personnage du roman d’Albert Camus, n’avait finalement pas été condamné à mort ? Messali nous propose un parcours de vie marqué par ce meurtre et par deux années passées dans la prison de Barberousse. A sa sortie de prison, Meursault prend en effet le bateau et s’installe à Paris. Il y travaille, se marie, devient père puis grand-père. De 1945 à 1973, Meursault va traverser l’Histoire, l’après-guerre, la décolonisation, 68, les engagements politiques, la confrontation d’idées… En 1973, il voit naître son petit-fils, Messali, un prénom qui résonne différent pour Meursault et son gendre. De Meursault à Messali, Fabienne Serbah Le Jeannic a trouvé un angle singulier pour dresser le portrait émouvant d’un homme marqué par son acte tragique et d’un pan de l’histoire française impactant encore notre quotidien.

Ecouter la lecture de la première page de "Messali"

Fiche #2996
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Fabienne Serbah Le Jeannic lus par Vaux Livres


Anne BAILLY

Marianne BARCILON

Jean-Poil et Poiss-Kaï
Kaléidoscope

135 | 21-03-2023 | 13€

en stock

Le chat Jean-Poil est toujours de mauvais poil ! Bouder, s'ennuyer, voilà son programme et il s'applique ! Jusqu'au jour, où dans son bocal, Poiss-Kaï débarque. Jean-Poil, c'est certain, n'en fera qu'une bouchée... ou pas ! Une histoire jubilatoire d'une amitié improbable.

Fiche #2993
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Marianne Barcilon lus par Vaux Livres


Masoud GHAREHBAGHI

L'île des chats
Cambourakis

134 | 21-03-2023 | 15€

en stock

C'est l'histoire d'une île habitée par des chats. Une île devenue décharge publique après le passage d'un bateau qui y a laissé une quantité impressionnante de déchets. Et les chats ont l'air d'apprécier ces déchets, cette puanteur... Sauf une famille qui n'en peut plus et décide de prendre son destin en mains... Une fable écologique qui par l'angle des déchets fait briller la lumière de l'espoir : il est peut-être encore temps...

Fiche #2994
Thème(s) : Jeunesse
Traduction : Catherine Renaud


Alessandro ROBECCHI

Le tueur au caillou
L'Aube

133 | 415 pages | 19-03-2023 | 21.9€

Milan, non loin du centre ville, deux meurtres coup sur coup, deux hommes du monde des affaires, de la haute, un propriétaire de plusieurs boucheries puis un promoteur. Caillou sur le gâteau, chaque cadavre est retrouvé avec un caillou en évidence sur le corps. Pas de lien entre eux, pas d’affaires obscures, les questions restent sans réponse. Les rumeurs et les hypothèses les plus folles commencent de courir, la peur commence à faire son oeuvre, la télé enchaîne les reportages et les interviews des proches des victimes, alors la police fait appel à soi disant des spécialistes. Mais, dans l’ombre, déclarée en vacances, l’équipe locale continue son enquête. Ils s’installent leur bureau clandestin chez l’un d’eux pour le plus grand plaisir de sa femme. Mais rapidement, un troisième meurtre, un courtier, personnage trouble, accroît les interrogations et la tension. Il va bien falloir trouver un lien entre ces trois là et remonter dans le passé et au cœur des années 80. Une « belle » enquête et une belle palette de personnages aux caractères et aux personnalités variés pour un portrait efficace du Milan populaire.

Ecouter la lecture de la première page de "Le tueur au caillou"

Fiche #2991
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Agathe Lauriot dit Prévost, Paolo Bellomo


Franck MIGNOT

Mollesse
POL

132 | 138 pages | 19-03-2023 | 17€

Le narrateur est Monsieur Tout le Monde, il est venu s'installer avec sa famille en province, non loin de la mer : 3 enfants, une femme qui s’est éloignée comme le covid, discrètement. Une vie assez banale et un homme qui la regarde, ordinaire, sans aspérité et semble presque s’en satisfaire si ce n’est quelques fantasmes qui viennent l’égayer. La première partie du récit est à l’image de cette vie : tranquille, banale, lente. Puis une rencontre, la rencontre et tout bascule, tout s’accélère, même le récit. L’adultère, un coït inattendu et rapide et tout devient insaisissable, sans maîtrise, le piège se referme sur tous les protagonistes avec un poids et une angoisse permanents. Une descente aux enfers de Monsieur Tout le Monde, un premier roman explosif !

Premier roman

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Fiche #2992
Thème(s) : Littérature française


Fabienne SWIATLY

L'année de la caboulotte
La Fosse aux Ours

131 | 120 pages | 07-03-2023 | 16€

en stock

Pourquoi partir loin pour s’isoler, s’immerger dans la nature, regarder le ciel, écouter les oiseaux chanter, admirer le lièvre tracer et le renard chasser, suivre et écouter l’eau qui coule, parcourir les sentiers, admirer les cimes, ramasser quelques champignons : Fabienne Swiatly a choisi en effet d’habiter un an une roulotte, une cabane, que dis-je une caboulotte au cœur de la Drôme. Alors, elle va renouer avec la nature, avec la solitude mais naturellement, cet isolement sera propice aux souvenirs, aux questionnements, à l’introspection et comme à son habitude, elle nous en fait part sans artifice et avec franchise. Cerise sur la gâteau, Fabienne Swiatly nous parle de son œuvre, de son écriture, de son travail et apporte quelques clés à ses fidèles lecteurs (et aux autres). Un voyage en Drôme en caboulotte à ses côtés s’impose à toutes et tous !

Ecouter la lecture de la première page de "L'année de la caboulotte"

Fiche #2990
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Fabienne Swiatly lus par Vaux Livres


Camille FROIDEVAUX-METTERIE

Pleine et douce
Sabine Wespieser

130 | 220 pages | 23-02-2023 | 20€

Elle a fait un bébé toute seule ! Stéphanie a bravé tous les obstacles, tous les avis et Eve est née. Evidemment, un ami homo accepte le rôle de père intime. Elle organise une grande fête pour célébrer la naissance d’Eve et cette occasion unique permet de dresser une série de portraits féminins et d’interroger leurs existences, leurs envies, leurs rêves, leur sexualité, leurs relations avec les hommes, avec la famille, la maternité, leurs corps et le temps avec un objectif principal « puisqu'il faut tout féminiser désormais », « Délivrez-nous du mâle. »

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Pleine et douce"

Fiche #2989
Thème(s) : Littérature française


Mariajo ILUSTRAJO

Débordés
Glénat

129 | 22-02-2023 | 14.5€

L'eau monte. D'abord une flaque anodine, puisque les chevilles sont atteintes et ça continue. Cela devient dangereux. Comment faire ? Seul, chacun reste impuissant mais groupés, ensemble, la solution pourra être trouvée ! Un bel album pour encourager la solidarité et l'entraide.

Fiche #2984
Thème(s) : Jeunesse
Traduction : Emma Gauthier, Susie Morgenstern


Jean-Sébastien BORDAS

Les enfants perchés de la révolution, Tome 1
Casterman

128 | 65 pages | 22-02-2023 | 11.95€

en stock

Au printemps 1789, Michel, 11 ans, partage un quotidien compliqué avec son père artisan et son oncle qui peine à trouver sa place. Michel aide souvent son père, tailleur, et dès qu'il a quelques minutes, il rêve de créer des machines, de rouages, de mises au point, qui aideraient son père et d'autres... Mais son père, lors d'une manifestation pour de vrais salaires pour tous, disparaît et Michel se retrouve dans un orphelinat. Il s'évade rapidement pour retrouver une bande de gamins qui occupent les toits parisiens... Un premier volume prometteur qui mêle contexte historique et aventures de gamins attachants.

Fiche #2985
Thème(s) : Jeunesse Bandes dessinées


Josephine MARK

Voyage de malade
Gallimard

127 | 183 pages | 22-02-2023 | 19.9€

en stock

Loup venait à l'infirmerie pour un ou deux points de suture, il repartira avec Rongeur, un lapin en convalescence. Rongeur sauva en effet Loup des chasseurs alors chez les loups, on a un code d'honneur : Loup devra protéger Rongeur jusqu'à ce qu'il soit rétabli (et pas le dévorer !). Seul problème, la convalescence est prévue pour cinq mois ! Alors, les compères prennent la route avec à leur trousse un chasseur déterminé accompagné de son chien féroce. Pour notre plus grand plaisir ! L'amitié, la maladie, la convalescence, l'entraide traités avec humour et sensibilité dans une folle aventure (il y a du Grand Méchant Renard dans ce sympathique Loup !).

Fiche #2986
Thème(s) : Jeunesse Bandes dessinées
Traduction : Paul Derouet


Michèle LESBRE

La Furieuse, rives et dérives
Sabine Wespieser

126 | 150 pages | 22-02-2023 | 17€

La Furieuse inonde le Jura et le Doubs de ses tourbillons, de son flux infini (« J’ai besoin de ce flux permanent qui me rassure, m’apaise et fait naître en moi de multiples envies d’évasion, de dérives. »), de sa colère, mais aussi de sa limpidité. Michèle Lesbre nous invite à un voyage pluriel, voyage dans l’espace, voyage dans le temps, voyage en mouvement, voyage immobile, voyage réel, voyage dans la littérature… Le récit est illuminé de douceur, de nature, de poésie, de souvenirs, de rêves. Dans l’ombre, toujours Léon, le grand-père, (« … j’étais sous le charme de cet homme à la dégaine un peu bohème… ») et Mathilde, la grand-mère (« Quel monde Mathilde avait-elle imaginé ? ») : « Quels voyages ont hanté les imaginaires de Léon et Mathilde ? » La pérégrination avance à son rythme, nous remontons pas à pas à la source et regardons passer le temps tranquillement, sans aigreur ni regrets : « La précipitation dans laquelle nous vivons n’aurait pas été de son goût, il s’en tiendrait à l’écart comme je le tente moi-même. » Alors, prenez votre temps pour déguster et apprécier ce court récit splendide et érudit.

« Il me semble alors qu'il n'y a pas d'autre vie que le passé. Je me ressaisis, mais le pense à nouveau. »

« C’est ça qui est effrayant. Une mémoire et pas de souvenirs. »

« Ecrire… c’est au contraire tenter d’atteindre une cohérence sur la durée, de porter jusqu’au bout les images qui ne s’effacent pas, les chagrins, mais aussi les éblouissements, les désirs, ce qui pour moi est la fidélité. »

Ecouter la lecture de la première page de "La Furieuse, rives et dérives"

Fiche #2987
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Michèle Lesbre lus par Vaux Livres


Fabienne SWIATLY

Elles sont au service
Bruno Doucey

125 | 77 pages | 22-02-2023 | 13€

en stock

62 instantanés de vie, 62 diapositives de vies souvent niées, oubliées, anonymes avec au centre de l’image, les femmes. Quelques lignes pour décrire, susciter, évoquer. Une phrase qui pourrait paraître anodine, une situation qui pourrait paraître sans conséquence, et l’injustice, la violence, le mépris, la misogynie deviennent évidents. Fabienne Swiatly est experte pour choisir sa focale, pour traduire en image une situation et vice-versa, chaque mot est compté, à sa place. Et comme souvent chez Fabienne Swiatly, les femmes prennent une place prépondérante dans ses billets : avec une extrême sensibilité et humanité et une attention aigue, elle nous parle de celles que certains nomment invisibles, victimes de la précarité, victimes des hommes, exploitées, le combat est permanent et parfois abandonné par lassitude devant sa violence et sa permanence. Celles qu’on sait invoquer, convoquer, quand nécessaire et si souvent oubliées quand la nécessité s’éloigne... Un recueil à mettre absolument entre toutes les mains, mains de femmes, mains d’hommes, mains d’adolescentes et d’adolescents.

Fiche #2988
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Fabienne Swiatly lus par Vaux Livres


Clément BÉNECH

Un vrai dépaysement
Flammarion

124 | 298 pages | 21-02-2023 | 19.5€

Romain d’Astéries est le fils d’une grande famille, tous plus excellents et brillants les uns que les autres, alors quand il annonce qu’il souhaite être prof, professeur certifié, même pas agrégé, il doit faire face à l’ironie voire le mépris. Mais il est bien décidé, personne ne l’arrêtera vers son souhait d’enseigner, d’apprendre, de faire apprendre en faisant bouger les lignes, les méthodes pédagogiques... En outre, il opte pour un dépaysement total puisqu’il demande un poste en Guyane. Première déconvenue avec le monstre administratif, dépaysement, oui, il va le vivre, mais en Auvergne, dans un petit collège isolé. Il constatera rapidement qu'il n'ait pas besoin d’aller en Guyane pour que sa fougue et son envie rencontrent des obstacles et de la réticence. Mais le jeune prof ne se laissera pas endormir, malgré quelques déceptions, déconvenues et mauvaises surprises, il réussira à embarquer tout le monde sur le chemin du savoir et la découverte de l’autre. Plein de vie, drôle avec un zeste d’optimisme.

« Il s’agissait dans ces lieux d’apprendre à apprendre. Mais ce que recouvrait cette expression limpide pouvait varier vivement selon les formateurs. »

Ecouter la lecture de la première page de "Un vrai dépaysement"

Fiche #2983
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Clément Bénech lus par Vaux Livres


Patrice GAIN

Les brouillards noirs
Albin Michel

123 | 250 pages | 18-02-2023 | 19.9€

Raphaël Chauvet est violoncelliste. De festival en festival, de concert en concert, il parcourt la France et le monde. Seul. Sa femme l’a en effet quitté avec sa fille qu’il n’a pas revue de longue date. Un dimanche, après un concert, sur la presqu’île de Crozon, un appel téléphonique le marquera à jamais. Nathalie, son ex, lui annonce que sa fille a disparu. Elle était aux îles Féroé et personne n’a de nouvelles. Elle participait à des manifestations contre de vieilles traditions violentes et sanglantes pratiquées par les autochtones, un massacre pratiquement à mains nues de baleines et dauphins. Raphaël n’hésite pas, il prend l’avion et part à la recherche de sa fille. Il se rend compte très rapidement qu’il n’aura pas ni aide de la police locale ni aide des officiels français. Heureusement, quelques membres des associations venues manifester se joignent à lui sur la piste de sa fille. Une nature sauvage, attirante et violente comme les habitants, des traditions âprement défendues, une tension permanente, un père désespéré et en souffrance, un style maîtrisé, tous les ingrédients pour un roman noir réussi.

« Je grimpe parce que sur le chemin de nos vies rêvées, il y a tellement de monde en rade sur le bas-côté qu’on ne trouve la lumière et le silence qu’en s’élevant. »

Ecouter la lecture de la première page de "Les brouillards noirs"

Fiche #2982
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir

Les titres de Patrice Gain lus par Vaux Livres


Amandine DHÉE

Sortir au jour
La Contre Allée

122 | 120 pages | 13-02-2023 | 16€

Une rencontre fortuite, autrice et thanatopractrice deux mots qui s’entrechoquent, et un dialogue qui s’engage. Gabriele, après une reconversion, a choisi de devenir thanatopractrice, un métier à part, un métier qui dérange, un métier qui interroge, dès lors que la mort en est le cœur et le fondement : embellir, habiller, maquiller, toucher aux apparences, pour les instants ultimes, spectacle à part juste avant la tombée du rideau. Parler de la mort, c’est évidemment aussi parler de la vie et vice-versa, c’est parler de soi, c’est parler de sa famille, de ses proches, de ses enfants qui ont souvent la question naïve qui fait mouche, c’est intime et universel. Alors le dialogue (en plein confinement…) entre Gabriele et Amandine accompagné de moult questions est extrêmement vif et même parfois drôle et incitera le lecteur à formuler ses propres questions.

« Je veux expliquer sa famille à mon enfant, péter la gueule aux fantômes, comme on chante pour traverser une forêt obscure. Je parle pour qu’on n’ait plus à en parler. »

Ecouter la lecture de la première page de "Sortir au jour"

Fiche #2980
Thème(s) : Littérature française


Angélique VILLENEUVE

Je suis ton manteau
L'étagère du bas

121 | 13-02-2023 | 16.5€

De superbes illustrations pour accompagner cette nouvelle histoire d’Angélique Villeneuve qui aidera les jeunes enfants à grandir, à prendre confiance, à affronter leurs peurs et à les dépasser. Igor a peur, toujours peur, jusqu’à en être paralysé. Alors son père, imaginatif et protecteur, crée un manteau particulier, un manteau qui va permettre à Igor de s’envoler vers le monde et les autres sans oublier son merveilleux papa !

Fiche #2981
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Angélique Villeneuve lus par Vaux Livres


Marin LEDUN

Free queens
Gallimard

120 | 408 pages | 12-02-2023 | 21€

Serena Monnier, journaliste, rencontre par hasard Jasmine Dooyum, une adolescente prostituée d'origine nigériane. Elle a échappé à ses proxénètes lors d’une maraude de l’association Bus des femmes. Jasmine est une battante, une guerrière, prête à beaucoup pour retrouver sa liberté. Cette rencontre oblige Serena. Elle part rapidement au Nigeria pour enquêter sur ce trafic humain, sur ces départs contraints, sur ces filières d’exploitation violente et sans scrupules des jeunes femmes, un réseau qui opère aux yeux de tous. Dans le même temps, non loin de Kaduna sur l’A11, Oni Goje, un flic affecté à la sécurité routière, découvre les corps de deux jeunes femmes, affaire vite classée, mais ces deux corps anonymes le bouleversent, c’est fini, il ne sera plus « aveugle et sourd » : ils l’incitent progressivement à enquêter discrètement et hors procédure afin de trouver les coupables mais aussi d’identifier les victimes. Ces deux enquêtes nous plongent dans le monde de la nuit, dans les bars de Lagos et d’ailleurs où la First, une bière locale, une institution, et ses hôtesses, esclaves modernes, règnent. Et les enjeux financiers sont énormes, voyous, politiciens, mercenaires, proxénètes, industriels, noirs comme blancs, tout le monde veut sa part du gâteau et n’accepte aucune limite pour rester maître de la poule aux œufs d’or. Serena et Oni vont donc affronter tous les dangers pour donner la parole à ces jeunes femmes réduites à l’état d’esclaves et leur permettre de retrouver un espoir de vie libre. A chaque opus, Marin Ledun aborde frontalement et avec précision les dérive et failles de nos sociétés : cette fois il s’agit du Nigeria, de la corruption, de l’implication de l’occident, des filières de prostitution et des femmes qui y perdent leur vie et leurs espoirs. Et une nouvelle fois, outre la trame « policière », c’est efficace, totalement crédible, instructif et argumenté et toujours avec une palette de personnages complexes, du plus attachant au plus repoussant.

Ecouter la lecture de la première page de "Free queens"

Fiche #2978
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir

Les titres de Marin Ledun lus par Vaux Livres


Wilfrid LUPANO

Jérémie MOREAU

Le singe d'Hartlepool
Delcourt

119 | 110 pages | 12-02-2023 | 17.95€

en stock

En pleine guerre napoléonienne, un navire français fait naufrage au large de Hartlepool. Un seul rescapé et quel rescapé ! Un singe ! Le singe du navire que les marins avaient habillé avec un uniforme français. Les habitants d’Hartlepool vivent l’arrivée de cet étranger avec peur et inquiétude… Une BD essentielle qui décrypte avec intelligence et ironie le racisme et la peur de l’autre. Aussi drôle que triste !

Fiche #2979
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées

Les titres de Wilfrid Lupano lus par Vaux Livres


Myriam OUYESSAD

Ronan BADEL

Le loup ne viendra pas
L'Elan vert

118 | 08-02-2023 | 13.9€

Petit lapin s’inquiète auprès de sa mère : est-ce que le loup viendra ? Elle tente de la rassurer, mais la peur persiste. Page après page, situation après situation, la peur s’installe, l’obsession est là et la question continue de se poser. Inlassablement, maman lapin tente de rassurer le petit. Jusqu’à la dernière page et une belle surprise, pour petit lapin et le lecteur !

Fiche #2977
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Myriam Ouyessad lus par Vaux Livres

Les titres de Ronan Badel lus par Vaux Livres


Douna LOUP

Boris, 1985
Zoe

117 | 160 pages | 06-02-2023 | 17€

Une histoire familiale, un lointain ancêtre, un grand-oncle sorte de fantôme familial, dont on parle parfois, notamment à propos de sa mystérieuse disparition. Alors un jour, c’est le moment : Douna Loup part sur ses traces sans vraiment savoir pourquoi (« Il m’est difficile de dire exactement les raisons de mon intérêt soudain. »), mais le voyage et le récit le révèleront peut-être... Boris est né en 1941 en URSS, juif, brillant mathématicien et d’une grande franchise. Il aime déjà la marche et la solitude au milieu de la nature sauvage. En URSS, il se renferme et choisit souvent le silence. Après une longue attente, il obtient enfin son billet de sortie, ce sera finalement les Etats-Unis. Et pourtant c’est dans le Chili de Pinochet en 1985 où la barbarie n’est jamais loin qu’il disparaît sans explication. Douna et ses filles partent à sa recherche et espèrent trouver les raisons de cette disparition. Et comme dans tout voyage, Douna part aussi pour se connaître, aller à la rencontre d’elle-même, se dévoiler donc le récit oscille entre le « je » et le « tu » quand elle s’adresse à Boris. Un portrait d’un homme attachant, brillant et amoureux de la nature, une double enquête parfaitement menée sur la disparition de ce fantôme au cœur d’une dictature et sur les motivations et l’intimité de l’enquêtrice.

« Mais un voyage, c’est toujours la remise en question totale des plans préétablis. »

Ecouter la lecture de la première page de "Boris, 1985"

Fiche #2975
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Douna Loup lus par Vaux Livres


Robert PICCAMIGLIO

Avant le retour à la nuit
La Fosse aux Ours

116 | 218 pages | 06-02-2023 | 20€

C’est l’histoire d’une petite fille devenue vieille, trop vieille pour mourir. Une petite fille italienne qui quitte l’Italie fasciste pour les Alpes françaises. Une vie modeste, ouvrière, plusieurs petits boulots, un mari tailleur de pierres mort quelque mois après sa retraite et trois fils pour qui elle espère le mieux. Le premier part aux Etats-Unis, le second est avocat, et le troisième, le narrateur, est comptable. Ecrire la douleur, la culpabilité mais aussi son et leur histoire face à cette décision sans retour possible : il vient de l’installer en effet dans « la Résidence heureuse » et son refrain lancinant entre les larmes deviendra « Ici c’est pas chez moi. ». Enfermée avant de mourir, prisonnière, la mort sera rapide alors qu’elle avait rejoint le silence, elle, la bavarde qui n’avait de cesse de parler, de se raconter. Et lui, il les connaît ses histoires, alors il va nous les faire partager avec lucidité et souvent tristesse et dresser le portrait de sa mère, une femme emblématique d’une classe sociale dont les difficultés de vie n’ont guère évolué depuis de longues décennies...

« Seule la musique avait le pouvoir de faire qu’on se sente immortel. Pas les mères. Ni les femmes. »

« Non, je ne suis pas seul. Je suis solitaire. Un solitaire n’est jamais seul. »

« En les observant je me suis demandé, à quoi bon vieillir. Ce n’était pas la première fois que je me posais la question… Vieillir pour aller où ? Vers qui ? Vieillir pour finir comme des mollusques, la bave aux lèvres. Pareils à des insectes apeurés rampant sous la pluie fine des années perdues qui ne reviendraient plus. Vieillir, le regard vide, sans fond... »

Ecouter la lecture de la première page de "Avant le retour à la nuit"

Fiche #2976
Thème(s) : Littérature étrangère


Erik MARTINY

L'indélicatesse
Le Passage

115 | 245 pages | 30-01-2023 | 19€

Xavier Bovary (tiens, tiens…) semble partager une vie accomplie avec Anastasia, sa superbe femme, et ses enfants. Dermatologue, il est passionné par son métier, fasciné par la peau, « … je trouve aussi belle la peau d’une octogénaire que celle d’un bébé ou d’une donzelle de vingt ans. A vrai dire, les vieilles peaux ont tendance à me captiver davantage. Elles recèlent une si forte dose de mystère, elles ont emmagasiné tant de choses et de souvenirs. C’est de l’antique parchemin. ». Jusqu’au jour où, pour ses 50 ans, il reçoit un paquet notarié au contenu troublant : un pistolet chargé, legs de son grand-père mort vingt ans plus tôt. Ce colis fait vaciller sa vie, les questions jaillissent, les souvenirs affluent, une pointe de nostalgie, un zeste de mélancolie, et puis « Un jour, mon Gari, tu verras que l’indélicatesse des gens est une chose qui doit être corrigée. » et c’est peut-être dramatiquement le moment ! Un texte puzzle entre présent et passé, parfois drôle, parfois triste, souvent érudit, qui nous intrigue, nous surprend et nous tient en haleine.

« … le roman nous permet d’échapper à la représentation physique et donc superficielle des êtres humains... Je lui rétorquerais que notre apparence physique façonne notre intériorité… Nul besoin d’être dermatologue pour savoir que la surface de notre chair imprègne nos profondeurs. »

« L’indélicatesse est pour ainsi dire inscrite dans nos gènes. »

Ecouter la lecture de la première page de "L'indélicatesse"

Fiche #2974
Thème(s) : Littérature française


Pauline PEYRADE

L'âge de détruire
Minuit

114 | 157 pages | 29-01-2023 | 16€

Une relation mère-fille à deux âges différents, l’enfance, l’âge adulte, pour deux actes d’une même violence. Dans la première partie, la mère et Elsa, la fille, s’installent dans leur nouvel appartement, aucune des deux ne trouvent sa place dans ce changement d’environnement. La mère et la fille se retrouvent dans une sorte de piège et la violence de la mère enferme sa fille dans une voie qui semble sans issue, comme un hamster tournant dans une roue. Domination, emprise, manipulation, tension malsaine, oppression, atmosphère pesante, chaque mot est à sa place et l’écriture et le style placent le lecteur au plus près de ce face à face. Second acte, vingt ans plus tard, Elsa est partie mais reste proche de sa mère, le lien exclusif se perpétue, la malédiction familiale représentée par trois bagues semble toujours d’actualité alors que la mère décide de vendre l’appartement. Il faut le vider, l’histoire les rattrape, peut-être est-ce le moment de lever le voile sur cette relation, que chacune reconnaisse, comprenne et prenne sa place… Détruire, s’autodétruire, pour tout stopper ou tout continuer voire reproduire… Troublant.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "L'âge de détruire"

Fiche #2973
Thème(s) : Littérature française


Gemma MERINO

La petite vache qui grimpait aux arbres
Kaléidoscope

113 | 26-01-2023 | 13.5€

en stock

Tina est une petite vache curieuse, pleine d'envies et de rêves, même les plus fous. Alors quand elle annonce à ses soeurs qu'elle souhaite grimper aux arbres, elles ne sont pas loin de la prendre pour une folle... Un bel album pour que les petits (et les grands) continuent de croire en leurs rêves !

Fiche #2972
Thème(s) : Jeunesse
Traduction : Claire Billaud


Luca BRUNONI

Les silences
Finitude

112 | 25 pages | 25-01-2023 | 19€

Ida Bühler, treize ans, vit depuis peu, seule avec son beau-père. Un matin, il part travailler et sait qu’à son retour, Ida ne sera plus là. Les services sociaux lui ont trouvé une nouvelle famille, l’Etat s’occupe de tout… surtout pour les orphelins… Un village rural, isolé, une ferme, les Hauser, madame et monsieur n’ont pas d’enfants et travaillent dur. Deux bras de plus ne peuvent pas faire de mal… encore que… Ida arrive au milieu d’un couple tendu, aux relations ambigües. Dans le village, le silence règne, tout le monde se connaît, les secrets ne restent jamais longtemps secrets, mais la parole ne se délie que dans l’ombre ne faisant que renforcer les rancoeurs et autres petites haines. Ida s’installe d’abord à l’écart de la maison et sait immédiatement que son quotidien sera éprouvant. Dans la première partie, elle nous livre son expérience, sa vie, sa relation aux autres, ce qu’elle apprend du village, ce qu’elle en comprend, ce qu’elle espère. Puis, dans la seconde partie, ce sont les villageois qui témoignent et progressivement éclairent le récit d’Ida, nous délivrent par petites touches ou violents uppercuts les secrets bien gardés du village. L’histoire commence donc comme une chronique d’une vie rurale rude et laborieuse puis la tension s’installe, les personnages prennent corps avec leurs failles, leurs faiblesses, leur force, chacun se révèle et ce sera violent, tous prennent leur part et peu seront épargnés. Un récit puissant et intense à la construction parfaitement maîtrisée qui plonge le lecteur dans une folle spirale d’une noirceur totale.

Ecouter la lecture de la première page de "Les silences"

Fiche #2971
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Joseph Incardona


Marie-Hélène LAFON

Les sources
Buchet-Chastel

111 | 120 pages | 23-01-2023 | 16.5€

« Elle préfère le mot source au mot racine. » Le récit prend sa source un jour de 1967 puis coule jusqu’à nos jours, la vie, tumultueuse, calme, violente s’écoulant dans la vallée de la Santoire, loin de Paris, à proximité d’Aurillac, une ferme isolée au cœur du Cantal. La narratrice de la première partie relate son mariage (1959), « … elle est entrée, en se mariant avec lui, dans une sorte d’hiver qui ne finira pas. », son enfermement dans cette ferme, la naissance très rapide de ses trois enfants, deux filles et un garçon, la violence de son mari et le temps nécessaire pour trouver les mots. Avec pudeur, elle raconte, décrit, explique, peurs, humiliations, coups, le silence, les apparences à sauver, la honte et au milieu, quelques brefs instants de répit. Puis c’est son ancien époux qui prend la parole. Sept ans après le divorce, il ne comprend toujours pas pourquoi elle est partie, sa chose, cette incapable responsable de ce désastre. Enfin, en 2021, l’une des filles clôture au moment de la vente de la ferme le récit familial en revenant à la source de son histoire, et en laissant refluer les souvenirs. Trois actes pour une vie, 120 pages pour une saga familiale, et les mots de Marie-Hélène Lafon et son style limpide comme une eau de source pour décrire la violence conjugale et le chemin douloureux d’une femme pour s’en libérer.

« Pour se calmer et tenir, il faut faire. »

Ecouter la lecture de la première page de "Les sources"

Fiche #2969
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Marie-Hélène Lafon lus par Vaux Livres


Véronique OVALDÉ

Fille en colère sur un banc de pierre
Flammarion

110 | 305 pages | 23-01-2023 | 21€

Salvatore fut le père d’une famille insulaire, quatre enfants, quatre filles, qu’il était bien décidé à protéger sur ce petit caillou au sud de la Sicile : Violetta, Gilda, Aïda et la petite Mimi. Une fête et la disparition de Mimi viennent déchirer la famille. Chacune s’éloigne et Aïda bannie par la famille emporte avec elle le poids de sa culpabilité. Le roman s’ouvre à la mort de Salvatore. Restée sans nouvelles depuis quinze ans, Aïda retrouve en effet le clan. L’ombre de Mimi accompagne les retrouvailles, le lecteur est pris à témoin, observe les relations entre les sœurs, leurs vies différentes, leurs désirs différents, leurs caractères différents, leurs réactions différentes, leurs passions, leurs amours, leur jalousie, les accommodements de chacune et de la famille face au drame… Le temps est peut-être venu de passer outre ces petits arrangements et d’affronter le passé et ce ne pouvait être qu’un personnage extérieur au clan, Pippo, le cantonnier de l’île, qui rappelle la réalité du passé mais pourra-t-il annihiler les rancoeurs et les désirs de vengeance…

Ecouter la lecture de la première page de "Fille en colère sur un banc de pierre"

Fiche #2970
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Véronique Ovaldé lus par Vaux Livres


Colin NIEL

Darwyne
Le Rouergue

109 | 278 pages | 22-01-2023 | 21.5€

Darwyne est un enfant d’une dizaine d’année qui vit dans une modeste maison aux murs et au toit fragiles à la lisière de la forêt amazonienne. La maison se situe entre la forêt, la jungle et la ville. Comme lui. Il voit défiler ses beaux-pères successifs. Ils s’installent puis partent du jour au lendemain, sans prévenir... Le seul qui aime au-delà de tout, Yolanda, sa mère, c’est lui, il en est convaincu. Le gamin est différent, une malformation aux pieds, sa mère a dû se battre pour qu’il accède à une vie comme les autres mais il ne trouve pas sa place à l’école alors que dans la forêt… Une liaison intime, charnelle, une connaissance aiguisée des arbres, de la flore, de la faune, des sons, de l'espace… Dans la forêt, il est chez lui. Certains s’y perdent et y meurent, lui s’y déplace avec aisance, sans hésitation, de nuit comme de jour. Au moment où Jhonson, un nouveau beau-père s’installe, ni mieux, ni pire que les autres, débarque Mathurine, une employée de la protection de l’enfance, qui suite à une dénonciation, vient vérifier (pour la deuxième fois) les conditions de vie de Darwyne. Au cœur de la forêt, une relation particulière se noue entre Mathurine et Darwyne au risque de briser le fragile équilibre de la famille… Colin Niel nous dévoile page après page deux personnages principaux exceptionnels, Darwyne, ce gamin singulier transi d’un amour non partagé pour sa mère et la magique et puissante forêt amazonienne. Mathurine et Yolanda si opposées touchent également le lecteur qui quittera à regrets ces personnages en conservant une lueur d’espoir pour leur avenir : « L’histoire d’un enfant hors du commun, dotés de dons secrets. L’histoire d’un fils qui aimait sa mère à la folie, et qui aura tout tenté pour qu’elle l’aime en retour. L’histoire d’un petit humain devenu créature de la forêt, à la fois merveilleuse et monstrueuse. »

Fiche #2967
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir


Pierre CHAVAGNÉ

La femme paradis
Le Mot et le Reste

108 | 145 pages | 22-01-2023 | 18€

Dès les premiers mots, la tension et les questionnements s’installent, certaines réponses apparaîtront discrètement au fil du récit. Une femme mystérieuse vit seule (retrait volontaire ou survivante d’une apocalypse ?), isolée, perdue au coeur de la nature. Toujours sur le qui-vive, la méfiance, la vigilance et la lutte pour la vie, pour la survie. Cueillir, tuer pour se nourrir, tuer pour se protéger, toujours dans le respect de la nature. Une nature sauvage qu’elle a apprivoisée et qu’elle connaît parfaitement. Pas d’artifice, retour à l’essentiel « … elle tient la culture pour ennemi de la nature. », pas de faux-semblants, « … accepter d’être au monde et travailler à sa propre survie jusqu’au soir. Et le lendemain, recommencer. ». Amnésie volontaire, amnésie subie ou femme sans passé, elle n’a aucun souvenir, elle est dans le présent, à l’affût, « Seul le présent est dangereux ; le passé n’est plus et le futur n’existe pas encore. ». Pourtant, un coup de feu au loin lui rappelle qu’elle n’est pas seule, pas question de voir quelqu’un l’approcher mais ce coup de feu va néanmoins fissurer sa carapace donnant lieu à cette confession... Un récit tendu, tragique comme la destinée humaine, beau et violent comme la nature sauvage, fascinant, questionnant et dérangeant.

« … on a beau dire, la tristesse, c’est ce qui meurt en dernier. »

« La somme de la sagesse humaine a précipité le monde à sa fin. »

Ecouter la lecture de la première page de "La femme paradis"

Fiche #2968
Thème(s) : Littérature française


Jean-Claude LALUMIÈRE

L'invention de l'histoire
Editions du Rocher

107 | 198 pages | 15-01-2023 | 18€

en stock

Le narrateur, Thomas Poisson, est au chômage et dispose enfin de temps pour élucider un mystère qui l’intrigue depuis de longues années : son grand-père se serait fait arnaquer en tenant d’acheter… la tour Eiffel, trésor exceptionnel pour un ferrailleur ! L’enquête est prétexte à rencontres dans un lieu particulier, une médiathèque. Un panel attachant de personnages, modestes, aux vies compliquées accompagnées de non-dits, un peu tristes, légèrement mélancoliques, quelque peu désabusés mais toujours rêveurs proches parfois d’une douce folie. Autour de la jeune bibliothécaire, une tribu prend corps, l’amitié les réunit : Thomas sera en effet aidé par Francky un ex-vigile qui s’est fait licencier après s’être fait arrêter par erreur et prévoit un hold-up vengeur, Françoise la dame aux confitures qui vend sous le manteau des confitures pour arrondir ses fins de mois, Mansour ancien prof d’EPS et fils de harki. Chacun vient avec son histoire, ses secrets et ses failles, mais aussi son humour et ses rêves, son espoir d’aller au bout de ses envies et de surnager dans ce monde obscur et oppressant. Et le lieu de la médiathèque pour ses amitiés naissantes n’est pas choisi au hasard puisqu’il est propice à un discret hommage à la littérature et aux romans (« Un bon livre, c’est celui où on peut intégrer ses joies, ses chagrins pour mieux les vivre. »). Une histoire faussement légère, un hommage à l’amitié, une pointe d’humour, de l’émotion, des colères et des rêves, idéal pour entamer 2023 avec douceur et délicatesse accompagné de personnages attachants.

Ecouter la lecture de la première page de "L'invention de l'histoire"

Fiche #2966
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Jean-Claude Lalumière lus par Vaux Livres


Julien FREY

DAWID

Monsieur Apothéoz
Vents d'ouest

106 | 120 pages | 12-01-2023 | 19€

Dans la famille Apothéoz on est poursuivi par la mort et la poisse. Alors, Théo, le dernier de la lignée, a depuis longtemps abandonné toute ambition, tout rêve et laisse le temps passé… Jusqu’à ce que son père décide de vendre son appartement en viager et que Théo rencontre par hasard un pseudo-écrivain de livre de développement personnel et décide de partir à la recherche de son amour de jeunesse… Un looser attachant et réjouissant qui prend son destin en main mais que les évènements et les rencontres vont « légèrement » orienter !

Fiche #2964
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées


Emmanuelle HEIDSIECK

Il faut y aller, maintenant
Editions du Faubourg

105 | 110 pages | 12-01-2023 | 15€

Un coup d’état militaire a eu lieu en France, et le nouveau pouvoir a pris les choses en main… Beaucoup sont partis, certains ont hésité, quelques-uns continuent d'attendre, d’autres préfèrent rester et s’accommoder de ce séisme. Inès, une septuagénaire, grande bourgeoise des beaux quartiers, a repoussé l’échéance du départ. Mais, l’étau se resserre alors elle décide enfin de partir avant que cela ne devienne impossible. Et ô surprise, elle ne s’en doutait guère, mais sa sauveuse est Aida, son employée, sa servante, sa bonne… une Mauricienne qui va l’emmener sur son île. Quel bouleversement, Madame en est toute retournée ! Alors Madame dans un monologue lui confie tout, sur hier, sur aujourd’hui, sur demain. Une confession franche, sans retenue, sans complexe, qui nous donne évidemment indirectement quelques clés sur les causes de cette prise de pouvoir (« … on vous dira que vous étiez un rouage… Il y a de quoi se tirer une balle… Alors, ne rien faire, je crois que c’était le seul moyen de ne pas être un rouage, de ne pas faire le mal sans en être informée, je crois que c’est ça. ») et le reste… On retrouve avec bonheur le goût d’Emmanuelle Heidsieck pour la satire, son ton ironique pour dresser le portrait de notre société adoptant toujours un angle inattendu et une focale singulière, exprimer des réflexions profondes et essentielles avec une fausse légèreté qui touchent à l’intime, au social et au politique donc à notre place dans ce monde, joyeuse année 2023 !

Ecouter la lecture de la première page de "Il faut y aller, maintenant"

Fiche #2965
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Emmanuelle Heidsieck lus par Vaux Livres


Christian LAX

L'université des chèvres
Futuropolis

104 | 152 pages | 31-12-2022 | 23€

en stock

Encore un bijou chez Futoropolis ! Tout y est : le graphisme et les couleurs, les personnages, l’Histoire, l’hommage à l’instruction et à la culture, les ponts entre les continents et les siècles… Du XIXème à aujourd’hui, des Alpes à l’Afghanistan en passant par les Etats-Unis, l’école reste un lieu d’émancipation et d’accès aux connaissances voire à l'esprit critique donc toujours étroitement surveillée et encadrée par les pouvoirs politiques et notamment par tous les obscurantismes passés ou contemporains. Alors quand l’école est assurée par un homme insaisissable, sans diplômes reconnus, et sans domicile… Il paraît que l’homme apprend de l’histoire…

Fiche #2960
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées

Les titres de Christian Lax lus par Vaux Livres


Craig JOHNSON

Le coeur de l'hiver
Gallmeister

103 | 380 pages | 31-12-2022 | 24.4€

Cette enquête du shérif Walt Longmire va au-delà de ce qu’il aurait pu imaginer malgré sa longue expérience ! Sa fille Cady a été kidnappée par Tomas Bidarte, le chef d’un des plus redoutables cartels du Mexique. Walt est naturellement prêt à tout pour retrouver sa fille, alors presque seul, armé d’un colt et de quelques veilles armes, le voici parti « …dans cette région du monde, on est soit le chasseur, soit le gibier. » et il faudra passer outre de nombreux dangers pour que Walt passe de gibier à chasseur ! Entre le western moderne, le roman noir, le roman d’action avec un héros invincible, « Le cœur d’hiver » se dévore avec la vitesse d’une balle du colt 45 de Walt Longmire !

« Le pouvoir est tout, le reste n’est qu’un moyen d’y accéder. »

Ecouter la lecture de la première page de "Le coeur de l'hiver"

Fiche #2961
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Sophie Aslanides

Les titres de Craig Johnson lus par Vaux Livres


Mathieu PIEYRE

Le professeur d'anglais
Arléa

102 | 150 pages | 31-12-2022 | 18€

en stock

Des années après avoir quitté son lycée, le narrateur, de retour de Californie, ressent l’envie de le revoir. A la faveur d’une ouverture au public pour des élections, il retrouve les salles, la cour… et surtout le fantôme qui continue de l’habiter : Monsieur Wilder son professeur d’anglais. Un professeur à part, différent, jeune, beau, passionné, de ceux qui vous marquent à jamais. Des méthodes différentes, des contenus différents, de Shakespeare à Cat Stevens, des relations et une attention différentes. Il a peut-être fallu ce délai pour s’apercevoir l’importance que Monsieur Wilder a prise dans sa construction, dans l’homme qu’il est devenu. Alors il part sur ses traces, traces du passé et d’aujourd’hui. Un premier roman à l’écriture précise, maîtrisée et raffinée, un hommage, un éloge, une vibrante et émouvante déclaration d’amour à un professeur, à la langue anglaise, à l’enseignement, à la culture donc à la liberté.

Premier roman

« C’est là la limite des chansons d’amour, elles disent tout, trop vite, trop bien, il n’y a plus rien à ajouter, on ne peut rien leur répondre. »

« Il n’y a pas de rencontre sans livre. »

« Rien ne jalonne mieux en effet un parcours d’amitié que les livres échangés de part et d’autre… »

« Plus on avance dans le cheminement d’une vie, plus fort, sans doute, est le désir de mesurer l’accomplissement de la promesse qu’on se serait fait à l’adolescence, par la douce intransigeance attachée à cet âge… »

Ecouter la lecture de la première page de "Le professeur d'anglais"

Fiche #2962
Thème(s) : Littérature française


ROUDA

Les mots nus
Liana Levi

101 | 150 pages | 31-12-2022 | 17€

Chronique sans concession des années 90 de la France depuis Belleville. Ben, une seule syllabe, sait manier la langue, trouver le mot qui fait mouche. Des rêves pour oublier l’ennui, l’amitié avec deux potes, un Corse, « obsédé par les meufs », un Serbe, « une croûte de glace sur un lac en ébullition » et l’espoir de l’amour avec Oriane « la plus belle fille de ma vie ». L’œil est attentif, la plume vive. Le bac, la Sorbonne, les livres et les mots ne peuvent gommer les injustices, les souffrances. Des mots néanmoins indispensables pour affronter (« Pour soigner ma rancoeur, je mets des mots sur ma colère. ») et appréhender le monde. Des mots si importants dans les luttes et lorsque la banlieue s’embrase ; mais l’autre monde, l’Assemblée et les quelques-uns se partageant le pouvoir peuvent-ils les entendre, les comprendre ? Un premier roman témoignage rythmé, percutant, incisif et poétique, d’un adolescent puis d’un homme sensible qui continue à être heurté et outré par les violences et injustices des sociétés contemporaines.

Premier roman

« On ne peut pas changer le monde Ben, mais il faut tout faire pour qu’il ne te change pas. »

Fiche #2963
Thème(s) : Littérature française


Abdelaziz BARAKA SAKIN

La princesse de Zanzibar
Zulma

100 | 355 pages | 21-11-2022 | 22.9€

La princesse, fille unique du dernier Sultan de Zanzibar, vit une aventure avec son jeune serviteur, esclave eunuque. Evidemment, personne ne voit cette relation d’un œil bienveillant et attendri. L’époque est toujours et encore violente : négriers, colons font parler la force brute… Au milieu de cette oppression, la belle Uhuru garde sa liberté et continue de chanter et danser suscitant l’admiration de la princesse. Les révoltes qui naissent ou couvent dans l’Afrique de l’Est viennent également enrichir ses rêves mais la liberté reste encore une utopie, même pour une princesse… Conte pour adultes qui bouscule, ironique, caustique, roman historique, philosophique, roman d’amour, un roman singulier (notamment par l’écriture), dense et multiple.

« Aucun sang n’est meilleur marché qu’un autre, aucune âme ne vaut moins qu’une autre, aucun homme n’est né pour être un esclave ou un maître. »

« Tous les humains sont des sauvages, seuls les animaux ont vraiment bon cœur. »

Ecouter la lecture de la première page de "La princesse de Zanzibar"

Fiche #2959
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Xavier Luffin


Benjamin GÉRARD

Olivier TICHIT

Mako - Opération crêpes
Clair de Lune

99 | 176 pages | 14-11-2022 | 19.95€

Mako, le phoque, et Alfi, le morse, passent beaucoup de temps ensemble et sont amis. Mako est un piètre pêcheur et en plus, il en a marre de manger continuellement du poisson. Alfi le réconforte et lui promet qu’il arrivera un jour à devenir un vrai pêcheur et que le poisson, finalement, c’est succulent ! Jusqu’au jour où des pirates de passage égarent une crêpe que les deux compères apprécient tout particulièrement. Un pirate sous forme de boutade leur assure qu’il faut des œufs d’autruche pour faire des crêpes et les voici partis autour du monde (non loin des pirates..) pour trouver cet animal inconnu et étrange qu’est l’autruche ! Un récit joyeux, loufoque, fou, improbable qu’on ne lâche pas.

Fiche #2957
Thème(s) : Jeunesse Bandes dessinées


Sonia SANS

Filéace
Clair de Lune

98 | 176 pages | 14-11-2022 | 19.95€

Les nuits d’orage, il se passe parfois des choses étranges. Cette nuit là, les éclairs illuminent le ciel, le tonnerre explose et la foudre tombe. Un chat de chiffon se réveille alors, il ne sait où il est, qui il est. Il s’en inquiète et se pose mille questions. Tapenade, une chauve-souris, vient à son secours et se propose de l’aider notamment pour retrouver une fillette, seul souvenir de ce chat singulier. Une enquête aussi drôle que loufoque avec un graphisme particulièrement réussi.

Fiche #2958
Thème(s) : Jeunesse Bandes dessinées


Olivia RESENTERRA

Le mur de l'Atlantique
Editions du Rocher

97 | 176 pages | 13-11-2022 | 16.5€

La narratrice habite Londres et revient en Charente-Maritime sur les traces de son passé : la maison de la Nonna, sa grand-mère, vient d’être vendue et son père l’invite pour une dernière visite, une dernière rencontre propice à feuilleter l’album familial de sa famille d’immigrés italiens. Dans la froideur et le silence de la maison, elle retrouve page après page, photo après photo, Valentino, son grand-père aux métiers multiples mais toujours éreintant (ouvrier agricole, maçon…) et toujours exploité, l’apprentissage de la langue, les difficultés d’intégration, le passage de Valentino en sanatorium au plateau d’Assy, les instants partagés avec son frère dans la maison et à l’extérieur... Cette jeunesse évidemment a laissé des traces même si l’on ressent leur évanescence et un lien familial pas totalement abouti qu’aujourd’hui seulement, tardivement, l'examen des regards des photos de l’album tente de renouer. Un récit qui remonte le temps pour retrouver en toute simplicité l’histoire et le quotidien d’une famille d’immigrés italiens.

Ecouter la lecture de la première page de "Le mur de l'Atlantique"

Fiche #2956
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Olivia Resenterra lus par Vaux Livres


Jurica PAVICIC

La femme du deuxième étage
Agullo

96 | 225 pages | 11-11-2022 | 21.5€

Le jour où Bruna hésite à suivre son amie pour une fête, elle ne sait pas que son destin et sa vie sont en train de se jouer. Elle décide finalement d’y aller et rencontre Frane. C’est le coup de foudre, ils sortent ensemble, ne se quittent plus et se marient rapidement alors que Frane, marin, doit s’embarquer pour naviguer pendant plusieurs mois. Le jeune couple s’est installée au deuxième étage de la maison des parents de Frane où sa mère, Anka, continue de régner et veille sur eux et particulièrement sur Bruna avec un œil critique et inquisiteur. Les journées s’enchaînent, « …une nouvelle journée, la même qu’aujourd’hui, la même qu’hier. » et Bruna se sent vite enfermée, prisonnière dans ce deuxième étage sans issue. Elle regarde depuis sa fenêtre les autres s'activer, mais n'a pas le sentiment de vivre. Cette sensation d'enfermement et d'isolement s'acccroît lorsque la santé d’Anka vient à décliner. Jusqu’au jour où, seconde réorientation de sa vie, en nettoyant la remise, elle trouve une vieille boîte contenant un poison mortel qui la mutera en « belle-fille fatale » et la mènera en prison pour une longue peine mais lui offrira une seconde chance en lui ouvrant les portes d’une seconde vie. Le récit nous offre le portrait d’une femme qui apprendra à se connaître, réussira à prendre en main sa vie, son destin et à retrouver sa liberté, un chemin douloureux puisqu’il passera par un meurtre et la case prison mais l’habileté de l’auteur nous fera faire connaissance pas à pas avec Bruna, tranquillement, sans jugement péremptoire et préconçu, nous apprendra à la connaître, puis à l’apprécier très progressivement et finalement à s’y attacher.

Ecouter la lecture de la première page de "La femme du deuxième étage"

Fiche #2955
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Olivier Lanuzel


Dominique SCALI

Les marins ne savent pas nager
La Peuplade

95 | 710 pages | 06-11-2022 | 25.5€

Ys est un minuscule bout de terre, une île perdue entre l’Amérique et l’Europe, au cœur de l’Atlantique Nord. Au XVIIIème, deux mondes y vivent : ceux d’en haut et ceux d’en bas. Ceux d’en haut semblent être à l’abri des tempêtes, des marées, des naufrages… alors que ceux d’en-bas triment et souffrent de la violence de la mer. Ceux d’en bas aimeraient parfois rejoindre ceux d’en haut et il arrive que certains y parviennent et pourront-ils alors peut-être déterminer quelle société est la plus humaine, la plus supportable ? La vie reste en effet un âpre combat dans les deux sociétés. Les femmes des deux mondes ont des vies guère enviables et parmi elles, le destin de la jeune Danaé Berrubé-Portanguen dite Poussin nous est conté, une personne à part puisqu’elle a le privilège (ou pas ?) de savoir nager. Une vie de combat pour la mer, contre la mer, de lutte citoyenne, une vie, une lecture pour savoir définitivement ce qu’est « être issois(e) ». Un récit limpide et addictif d’une grande ampleur au style travaillé, maîtrisé et singulier, une imagination débordante qui crée un monde imaginaire totalement crédible, « La mer parle, il faut savoir l’écouter. » et Dominique Scali nous en donne brillamment les clés.

Ecouter la lecture de la première page de "Les marins ne savent pas nager"

Fiche #2954
Thème(s) : Littérature étrangère


Lizzie POOK

La fille du pêcheur de perles
Gallmeister

94 | 401 pages | 01-11-2022 | 24.8€

En 1886, Eliza (10 ans) et sa famille (mère, père, frère, tante et oncle) débarquent en Australie avec la ferme intention de faire fortune dans le domaine des huîtres perlières. De Londres à Bannin Bay, dépaysement absolu : la faune, la flore, le climat, l’eau, le vent, les tempêtes, le racisme, les violences et la corruption. En dix ans, Charles Brightwell devient l’un des perliers les plus importants de la baie. Les malheurs n’épargnent pas la famille : la mère meurt en couches, l’un des frères d’Eliza meurt noyé… Eliza a vingt ans quand elle voit son frère et son père partir en mer et son frère revenir seul. Qu’est devenu son père ? Disparition inexpliquée, le mystère reste entier mais Eliza, aidée par un jeune Allemand en rupture avec sa famille, s’entête à trouver une explication. Une enquête familiale, une enquête dans le monde des perles, de l’aventure, une nature luxuriante et sauvage, des dangers variés et permanents, des références historiques et ethnologiques dans l’Australie du XIX ème pour un premier roman réussi.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "La fille du pêcheur de perles"

Fiche #2953
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Josette Chicheportiche


RODOLPHE

Olivier ROMAN

Sprague
Daniel Maghen

93 | 86 pages | 28-10-2022 | 19€

en stock

Le long de la côte, la mer s'est retirée, tranquillement... puis elle n'est pas revenue. C'était quelques jours après que la seconde lune ait aussi disparu. L'inquiétude monte à Goëm. Deux expéditions sont déjà parties à la recherche de la mer, mais ne sont pas revenues. L'éventualité de devoir quitter Goëm (mais pour où ?) incite deux frères Niels et Vivian à mener leur propre enquête. Ils entraînent avec eux captain O'Greg, un vieil aveugle et son oiseau savant en espérant ramener l'eau et la vie à Goëm. Une enquête qui les mènera sur les traces des origines de leur peuple... Comme d'habitude chez Maghen, tout y est : le scénario, le dessin, les couleurs...

Fiche #2952
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées

Les titres de Rodolphe lus par Vaux Livres


Patrick PRUGNE

Pocahontas
Daniel Maghen

92 | 85 pages | 26-10-2022 | 19.5€

Patrick Prugne continue d’explorer la culture amérindienne et cette fois, il s’attaque à la légende de Pocahontas et nous livre sa version. En 1607, les premiers colons arrivent et se retrouvent face aux Powhatans. Leur chef a une fille bien téméraire… Toujours un grand bonheur de retrouver le dessin précis, les couleurs et les personnages de Patrick Prugne.

Fiche #2951
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées

Les titres de Patrick Prugne lus par Vaux Livres


Nicolas ANTONA

Julien MOTTELER

Lady Whitechapel
Clair de Lune

91 | 48 pages | 24-10-2022 | 14.95€

Londres, fin du XIXème, les beaux quartiers ne fréquentent qu’exceptionnellement les quartiers pauvres et populaires… mais bien obligés de se confronter aux bas-fonds londoniens pour rendre visite aux filles du club huppé et privé le « 7 heavens ». Sept chambres, sept femmes, sept ambiances… Pourtant, un tueur semble s’attaquer à ces femmes et la police, cette fois, réagit. Thomas Bound, un jeune détective de Scotland Yard, est dépêché sur place pour épauler l’inspecteur local, Franck Aberdeen et ils ne sont pas au bout de leur surprise et nous non plus ! Du suspense, du danger, de l’inattendu, une réussite en deux volumes pour cette revisite de Jack l’Eventreur.

Fiche #2947
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées

Les titres de Nicolas Antona lus par Vaux Livres


Séverine DE LA CROIX

Igor CHIMISSO

Vegvisir, le clan de Sif
Delcourt

90 | 24-10-2022 | 16.95€

L’homme a épuisé mère nature, alors mère nature s’est vengée, « Le feu, le froid, le vent et le tonnerre se déchaînèrent sur eux. ». Pour se sauver quelques-uns, les Lutéciens, sacrifièrent les autres, leurs frères. Et quelques autres, les Skolls, pressentant le danger, avaient pris leur distance pour retrouver la nature. Les deux cohabitent encore difficilement en 2052 quand une sacrifiée est découverte par les Skolls, les Lutéciens l’ont tuée et se rapprochent de la terre des Skolls... Une mise en place efficace qui donne envie de lire la suite.

Fiche #2948
Thème(s) : Jeunesse Bandes dessinées


David BORIAU

Man LUO

La bibliothèque des vampires, tome 1
Glénat

89 | 48 pages | 24-10-2022 | 14.5€

Alice est heureuse : c'est la rentrée et elle rejoint une école très spéciale de dessin, l’école Georges Vladul. Les heureux admis sont tous très doués et Alice suit les traces de sa grand-mère. Très rapidement, elle devient amie d’Azaléa, convaincue qu’un secret est lié à la bibliothèque de l’école. Tout s’enchaîne, des rencontres avec des personnages bizarres, Alice est convoquée par la directrice et surprend des chuchotements… Alice et Azaléa vont évidemment vouloir en savoir plus, pourvu qu’elles n’aient pas peur des vampires…

Fiche #2949
Thème(s) : Jeunesse Bandes dessinées


Julien DUFRESNE-LAMY

Les bienheureux
Plon

88 | 237 pages | 24-10-2022 | 19€

« L’histoire qui suit raconte neuf personnages autant que neuf enfants. Ils sont touchés par le même sort. La même maladie orpheline. ». Il s’agit du syndrome de Williams-Beuren, pas de réponse thérapeutique, une maladie qui ne guérit pas, malformations cardiaques, retards dans la croissance et dans l’apprentissage... Des enfants puis des adultes au QI guère élevé mais à grande sensibilité, réceptifs aux émotions, à la joie, à la poésie, à la musique, aux langues, des petits lutins différents en attente d’amour. Alors les parents comme les enfants portent le fardeau de la différence, à l’école, avec les proches, partout, constamment. Le combat est sans fin, lourd et épuisant surtout que ces enfants ne dorment que très peu. A quoi pensent-ils pendant ces longues nuits, le temps qui passe, l’avenir… Un récit émouvant qui éclaire les combats, le courage et l’amour de ces familles confrontées à la différence et à l’incapacité de notre société à l’accepter et à lui faire une place.

Ecouter la lecture de la première page de "Les bienheureux"

Fiche #2950
Thème(s) : Littérature française


Elisabeth LESNE

Filles de l'est, femmes de l'ouest
Intervalles

87 | 155 pages | 23-10-2022 | 21€

1989-2019, commémoration habituelle, grands discours convenus, les hommes sont au micro, à la tribune, sur les écrans : « … des hommes majoritairement, qui allaient évoquer avec tous les clichés habituels le monde dont elles venaient, le monde tout gris, tout triste d’avant 1989, un monde sans liberté où ne régnaient que la peur et les pénuries. ». Dans le même temps, six auteures décident d’apporter leurs voix et leurs regards à cette histoire, de partager leurs vécus, leurs réalités. Six paroles singulières à hauteur de femmes (et d’hommes) issues de pays différents (Pologne, Yougoslavie, Bulgarie, Roumanie, Tchécoslovaquie…) pour s’extraire des poncifs et nous parler de leur réalité, d’hier et d’aujourd’hui, entre Est et Ouest. Dans de courts textes percutants, elles dépassent les clichés, rappellent que l’Est n’était pas uniforme, et nous parlent de leur enfance, de leur joie comme de leur tristesse, de leurs parents, de leur pays, de leurs droits en tant que femme... Témoigner pour apprendre, témoigner pour vivre : « Nous méritons plus. Nous méritons de vivre des temps passionnants. »

Liste des auteures : Albena Dimitrova, Lenka Horňáková-Civade, Katrina Kalda, Grażyna Plebanek, Sonia Ristić, Andrea Salajova, Marina Skalova, Irina Teodorescu.

« Nous sommes les additions des traumatismes que nous avons occultés, ainsi que de ceux que les générations précédentes, dans le silence souvent, nous ont transmis. »

« Oh, si seulement on pouvait à tout moment se déshabiller de son passé, se tenir sans culture et sans bagages, sans identité, sans papiers, sans territoire, juste être vivant, oui, si seulement, alors on se rencontrerait vraiment et le centre et les marges feraient unité. »

Fiche #2945
Thème(s) : Littérature étrangère


Ananda DEVI

Sylvia P.
Bruno Doucey

86 | 205 pages | 23-10-2022 | 18€

La vie et l’écriture ont eu raison de Sylvia Plath : « … elle embrasserait l’écriture comme son chemin de braises, le seul qu’elle puisse vivre. ». Ananda Devi retrace l’itinéraire de Sylvia Plath et Ted Hughes, couple sulfureux de poètes. Deux personnages différents, deux relations à l’écriture différentes. Sylvia est exigeante, perfectionniste, jamais satisfaite, toujours en quête, fragile mais refusant tout compromis. Raturer, recommencer, toujours dans la tension, entre passion et souffrance, s’extraire du monde dominé par les hommes par l’écriture mais au prix de quelle souffrance ? Ils avaient tant en commun pour finalement arriver à une certaine incompréhension, elle se retrouvera « seule, nue et sans défense, face à sa lutte intérieure. » et il ne restera qu’à Sylvia l’écriture et la souffrance, « …Sylvia, s’est elle-même dévorée, ne s’étant pas octroyée le droit de vivre. », jusqu’à la mort. Intense et tragique.

Ecouter la lecture de la première page de "Sylvia P."

Fiche #2946
Thème(s) : Littérature étrangère


John HARVEY

Le corps et l'âme
Rivages

85 | 302 pages | 22-10-2022 | 9€

en stock

Elder a choisi l’extrême ouest de la Cornouaille pour prendre des distances avec son ancien monde : de la police (il est retraité), de son ex (il est divorcé), de sa fille (il peine à communiquer avec elle). Il bricole, se balade, aide de temps à autre la police locale sur des enquêtes, et passe de bons moments quand elle n’est pas en tournée avec Vicki une chanteuse. Jusqu’au jour où, immense surprise, Katherine, sa fille, lui annonce sa venue en exigeant qu’il ne pose aucune question. Elle a subi à seize ans un énorme traumatisme (enlèvement et violence) et même si Elder a arrêté le coupable, il s'en veut toujours de ne pas avoir pu empêcher le drame et su protéger sa fille. Katherine arrive les poignets bandés et évidemment Elder reste flic et ne pourra s’empêcher de la questionner. Quelques temps après, l’artiste pour lequel Katherine pose, est retrouvé assassiné puis son ancien bourreau s’évade. Elder est de retour ! Du blues, du noir, et peut-être la dernière enquête du flegmatique Elder et il ne faudra pas qu’il se rate, l’avenir de sa fille est en jeu.

« Une des dures leçons qu’elle avait apprises, il le savait, c’était que la sécurité n’existait pas. Nulle part. »

« C'est la vie, on joue avec les cartes qu'on a reçues. »

Ecouter la lecture de la première page de "Le corps et l'âme"

Fiche #2944
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Fabienne Duvigneau


David A. CARTER

Action !
Gallimard

84 | 20-10-2022 | 26.5€

en stock

Un superpe album pop-up qui en sus de la troisième dimension ajoute le mouvement et le bruit.

Fiche #2943
Thème(s) : Jeunesse


Gabriela GARCIA

De femmes et de sel
Les Presses de la Cité

83 | 302 pages | 17-10-2022 | 22€

Entre Miami, Cuba et le Salvador, Maria, Dolorès, Cécilia, Carmen, Jeanette, Ana portent sur leurs épaules le poids de l’histoire de leur pays et des Etats-Unis, le poids des hommes, le poids de l’exil, le poids de l’immigration, des expulsions… Il en faudra du courage pour ne pas abandonner, et un livre fait le lien entre elles, un exemplaire des Misérables avec une citation leitmotiv d’Hugo, « Nous sommes la force », qui les accompagnera en permanence et les aidera dans les moments les plus éprouvants. Il faudra en effet qu’elles arrivent à s’en convaincre au moment des tragédies qu’elles vont toutes vivre, à la fois entourées et seules. Cinq générations de femmes (entre la fin du XIX ème et les années 2000), plusieurs relations mère-fille, plusieurs exils, des épreuves, des non-dits, du courage, des vies pour prendre en main son destin et enfin réaliser que « Nous sommes plus que ce que nous pensons ».

Premier roman

« … Ne croyez pas les mères qui prétendent que la maternité est une vocation, ou un sacrifice, ou quelque chose de beau, ou tout ce qui figure sur les cartes de vœux. La maternité est un questionnement, une série sans fin d’interrogations commençant par et si ? … »

« Il n’y a pas de règles tangibles qui expliquent pourquoi certains naissent dans le chaos… Les dés sont jetés, puis nous venons au monde. »

Ecouter la lecture de la première page de "De femmes et de sel"

Fiche #2942
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Valérie Bourgeois


Gwenaël BULTEAU

Le grand soir
La Manufacture de livres

82 | 282 pages | 16-10-2022 | 20.9€

Entre roman historique, social et polar, « Le grand soir » nous ramène à le Belle Epoque au moment de l’enterrement de Louise Michel en 1905 à Paris. Le monde ouvrier est en émoi et pleure la Louve, son icône. Parmi eux, Jeanne Desroselles, une jeune héritière qui a rompu avec sa famille et la grande bourgeoisie pour suivre ses idéaux et rejoindre le peuple. Sa famille l’a évidemment très mal vécu. Et Jeanne va disparaître, littéralement volatilisée. L’enquête de police complétée par une enquête familiale échoue, il est vrai qu’elle a d’autres préoccupations : les mouvements ouvriers, grèves, manifestations se multiplient, la manifestation du 1er mai s’annonce comme un grand tournant, « le Grand Soir » est espéré par beaucoup. Dans le même temps, Lucie, la cousine de Jeanne, s’installe à Paris accueillie par les parents de Jeanne ; refusant de rester sans nouvelles de Jeanne, elle va mener sa propre enquête et découvrir un monde qu’il lui était inconnu, notamment un puissant engagement féministe violemment réprimé. Une aventure humaine au cœur de notre histoire incarnée par des personnages crédibles et particulièrement réalistes et réussis, une réalité et une misère sociale décrites avec précision, du suspense, de vraies surprises et rebondissements, « Le Grand Soir » à défaut de le vivre, lisons le !

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Fiche #2940
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Gwenaël Bulteau lus par Vaux Livres


Pat PERNA

Jean-Baptiste HOSTACHE

Shibumi
Les Arènes

81 | 220 pages | 16-10-2022 | 29.9€

en stock

Tueur professionnel à la retraite, Nicholaï Hel s’est retiré discrètement avec sa superbe et attentionnée protégée dans un château du pays basque. Il a été formé au Japon, adepte de l’excellence et du shibumi, expert en jeu de go, animal féroce au sang froid et sans sentiment, il était craint de tous. Il n'a jamais rencontré l'échec et a toujours su échapper à tous ses nombreux ennemis. Cela aurait pu continuer sans l’arrivée de Hannah Stern, la dernière survivante d’un commando israélien qui devait éliminer les terroristes des JO de Munich de 1972. Nicholaï Hel va devoir reprendre du service et affronter la Mother Company, une organisation secrète que rien n’arrête, même les Basques ! Une adaptation dense et efficace du roman de Trevanian.

Fiche #2941
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées


Nicolas VERDAN

Le mur grec
Atalante

80 | 216 pages | 09-10-2022 | 18.5€

Alors qu’il va devenir grand-père, Agent Evangelos est un policier au bord de la retraite. Jadis, jeune policier, il a connu la Grèce des colonels, une longue histoire donc, l’homme est sans illusion sur le monde, sur ses institutions et sur les hommes. Il aime néanmoins démêler les fils, n’est jamais dupe des différentes hypocrisies ou manipulations mais conserve sa probité et son humanisme, un caractère fort et indépendant : « Cherchons la vérité à défaut de faire régner la moindre justice. » 2010, Athènes vit les manifestations anti-austérité et la Grèce est en souffrance. L’Europe a peur de se faire aspirer et impose violemment ses règles et sa politique. Les migrants frappent à la porte de l’Europe et l’entrée passe par la Grèce. Seule solution : un mur est prévu. Dans cette lourde ambiance, une tête sans corps est retrouvée près de la frontière turque et du fleuve Evros, région où les migrants désespérés et perdus sont de passage, au cœur d’une zone militaire où Frontex est à l’oeuvre, non loin d’un bordel fréquenté assidûment par des militaires violents. Evangelos ne lâchera rien, se confrontera à la misère des migrants, à ce qui les a poussés à prendre la route, aux violences inouïes qu’ils subissent, à la corruption, aux manipulations des différents camps politiques qui s’affrontent sur ce champs de bataille… Il remontera l’histoire de la Grèce et d’Athènes pour tenter de savoir pourquoi la Grèce en est arrivée là. Une enquête bien noire qui nous entraîne et nous confronte avec réalisme à l’histoire de l’Europe.

Ecouter la lecture de la première page de "Le mur grec"

Fiche #2938
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Nicolas Verdan lus par Vaux Livres


Makenzy ORCEL

Une somme humaine
Rivages

79 | 622 pages | 09-10-2022 | 22€

L’héroïne de ce roman fleuve nous parle d’outre-tombe. Elle nous raconte son parcours, son enfance, sa jeunesse, son adolescence, sa vie tourmentée de femme qui tentera de choisir sa vie, une vie initialement dans un village typique français puis son arrivée à Paris… ses rencontres notamment avec deux hommes, Orcel, malien qui mourra lors d’un triste concert, un homme sensible et bon, et Makenzy, un blanc manipulateur et hypocrite, deux faces du même homme, deux faces de l’humanité qui se répondent. Portrait de destins individuels, portrait des France, un roman si dense et intense qu’il est impossible à résumer, exubérant, chatoyant, tourbillonnant, rythmé et sans pause, un style exigeant (les points et les majuscules ont par exemple disparu), un roman ambitieux et puissant.

« … notre monde n’est rien qu’un vaste espace occupé par une grosse équipe de tournage, nous naissons, grandissons, faisons des études, travaillons, aimons, faisons des enfants, décédons, se succèdent les générations d’après dans le même sens, la continuation du même tournage depuis des millions d’années du film d’un dieu pervers et exigeant… »

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Fiche #2939
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Makenzy Orcel lus par Vaux Livres


Isabelle SIMLER

Maison
Courtes et Longues

78 | 08-10-2022 | 22€

C'est la journée Portes ouvertes : une trentaine d'animaux vous invitent dans leur demeure singulière, de vrais bâtisseurs, des originaux, dans l'eau, dans l'air, dans la forêt, sous terre, dans les arbres, en évidence, bien cachée... des connus, des inconnus. Un album superbe pour découvrir avec des couleurs chatoyantes une face cachée de la nature.

Fiche #2935
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Isabelle Simler lus par Vaux Livres


Carl NORAC

Gaya WISNIEWSKI

Ma plus belle ombre
Memo

77 | 08-10-2022 | 18€

Une fillette adore dessiner et dans ces moments là, un lapin géant prend place derrière elle. Il l'accompagne alors dans des moments étranges, singuliers ou non. Elle a l'impression que les autres l'ignorent et elle aimerait mieux le connaître mais il esquive, cette ombre bleue reste en effet insaisissable. Des illustrations superbes, un bleu apaisant qui nous fait spectateur attendri devant cette rencontre

Fiche #2936
Thème(s) : Jeunesse


Gérard MORDILLAT

Eric LIBERGÉ

La guerre des paysans, 1525
Futuropolis

76 | 120 pages | 08-10-2022 | 22€

Une BD historique somptueuse (en noir et blanc) pour un voyage au début de la réforme en Allemagne aux côtés d'un jeune peintre missionné par le Pape. L'Allemagne est en effet en train de s'embraser et deux religieux y prennent leur part, Martin Luther et Thomas Müntzer, et la papauté s'en inquiète. Initialement côte à côte, ils feront des choix opposés quand les évènements se précipiteront et que le sang coulera...

Fiche #2937
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées

Les titres de Gérard Mordillat lus par Vaux Livres


Gaëlle OBIÉGLY

Totalement inconnu
Bourgois

75 | 240 pages | 03-10-2022 | 20€

Une femme réceptionniste prépare une conférence sur le Soldat inconnu et l’on suit son enquête sur le sujet, sur la connaissance, la culture, on suit ses pensées, ses nombreuses interrogations. Les questions et les thèmes se multiplient harmonieusement sans jamais perdre l’auditoire et le lecteur, bel exploit puisqu’une voix est entrée en elle et lui donne ses instructions. Que sait-elle exactement ? La connaissance l’intrigue en effet : « Comment on sait ce qu’on sait ; d’où on le sait. ». Paroxysme de cette question, comment connaître ce qu’on n’a pas vécu, donc la mort : « Qu’est-ce qu’être mort ? De quelle manière puis-je connaître la mort ? ». Et naturellement la guerre 14 est un champ terrible d’application. Se connaître grâce au Soldat inconnu et nous rencontrer, partager pour exister, « Tout seul, on n’existe pas. », aborder des thématiques profondes en picorant dans le livre des connaissances, et même parfois avec humour, il faut découvrir cet ovni et se laisser entraîner dans ce tourbillon !

« … l’art est comme la religion, il masque la réalité afin de la rendre vivable. »

« En réalité, on ne sait pas ce qu’on sait. Un savoir qu’on ignore détenir, c’est en le transmettant qu’il nous appartient… Donner à autrui est un moyen de posséder ce qu’on donne. »

« La croyance n’est rien d’autre qu’un sédatif contre la peur de l’inconnu. »

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Fiche #2933
Thème(s) : Littérature française


Patrick CLOUX

Trois ruches bleues
La Fosse aux Ours

74 | 188 pages | 03-10-2022 | 19€

en stock

Les rêveries de l’apiculteur (amateur) solitaire : en effet, Patrick Cloux nous entraîne dans ses pérégrinations naturalistes et littéraires avec comme épicentre la ruche et ses extraordinaires abeilles, un monde où sociabilité, entraide, organisation ne sont pas des vains mots. Et naturellement ces ruches prennent vie au cœur d’une nature également louée par l’auteur. L’homme vieillissant s’est éloigné du monde moderne (« Je suis un émigré moi aussi. Mon pays est celui d’un temps volé. Envolé. Evaporé. Evanoui. Et bien souvent sali par des bonimenteurs. ») et prône indirectement la lenteur, le ralentissement, l’observation, la protection, l’attention, l’émerveillement. Il aime partager notamment avec les plus jeunes le monde des abeilles, transmettre son amour pour ces travailleuses insatiables, et en partant de cet univers élargit son discours. Un récit poétique apaisant (et érudit) au cœur des ruches qui nous permet d’approcher les vraies dernières reines de ce monde.

Ecouter la lecture de la première page de "Trois ruches bleues"

Fiche #2934
Thème(s) : Littérature française


Olivier TALLEC

Le roi et rien
Ecole des Loisirs

73 | 30-09-2022 | 15€

en stock

C’est l’histoire d’un roi qui a tout, absolument tout, du plus anodin ou plus essentiel. Alors comment peut-il faire quand il prend conscience qu'il ne lui manque rien et que donc il cherche à trouver rien ! Du pur Devos pour les petits !

Fiche #2932
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Olivier Tallec lus par Vaux Livres


Pierre GUÉNARD

Zéro gloire
Flammarion

72 | 125 pages | 26-09-2022 | 16€

Aurélien Moreau est surnommé Harry en référence au petit sorcier auquel il ressemble, et de la magie, il va en falloir une bonne dose pour arriver au bout de ses espoirs et de ses rêves. Aurélien si jeune se retourne déjà sur sa vie d’enfant, d’ado, et de jeune adulte. L’école, le collège, le lycée, les potes, les sorties, la musique, la drague, une espèce d’obsession pour le sexe et les premiers morts tragiques, la coloc... Il va devoir travailler très rapidement, deux boulots enchaînés, MacDo la nuit, les pompes funèbres la journée : « Je me demande si je sens la mort autant que la frite. », et dans les deux cas, l’envie persistante de vomir. Mais heureusement, Aurélien a une idée en tête pour son avenir, et il ne lâchera rien, il va réussir à accomplir ce qu’il aime, à se réaliser. Au moins un de sauvé ! Une succession d’images, de moments pour dresser avec une dose de réalisme, une dose d’humour et d’ironie, une dose de poésie, le portrait d’une jeunesse qui malgré l’atmosphère, l’ambiance, les tragédies de la vie, doit absolument continuer de rêver, rêver pour vivre.

Premier roman

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Fiche #2929
Thème(s) : Littérature française


Aurelle GAILLARD

Camille K.

Ratures indélébiles
Jungle

71 | 205 pages | 26-09-2022 | 16.95€

en stock

Ratures indélébiles confirme que parfois, le collège peut devenir un enfer, en décryptant le harcèlement et notamment le cyberharcèlement. Le récit prend son temps pour décrire le long processus qui s’installe après un message, une photo qui tels un uppercut mettent à terre une première fois la victime. Ensuite, nous sommes dans le temps long, dans l’isolement progressif, dans l’impuissance, dans les violences psychologiques incessantes. La victime se retrouve comme une bête seule qui tourne en rond dans sa cage, sans issue possible. Même l’aide exceptionnelle de quelques uns qui ne rejoignent pas la meute ne peut être acceptée, en parler à ses proches, sa mère, son frère, reste impossible. La meute a gagné, l’isolement est total, l’impression que personne ne peut comprendre, accompagner, aider peut pousser au pire. Evidemment, seule la parole pourra la sortir de ce cycle infernal et dangereux. Une BD très pédagogique qui en décrivant avec réalisme et précision toutes les étapes du harcèlement rappelle aussi tous les signes qui doivent éveiller les adultes et les ados face au danger qui guette certains dans la jungle du collège et des réseaux sociaux.

Fiche #2930
Thème(s) : Jeunesse Bandes dessinées

Les titres de Aurelle Gaillard lus par Vaux Livres


Antoine GUILLOPPÉ

Pleine jungle
Gautier-Languereau

70 | 26-09-2022 | 19.95€

en stock

Les albums en papiers découpés d'Antoine Guilloppé sont toujours exceptionnels de beauté et celui-là rejoint les précédents. Il vous permettra de découvrir page après page, celui que tout le monde connaît dans la jungle, celui que tout le monde craint, sa majesté le roi de la jungle.

Fiche #2931
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Antoine Guilloppé lus par Vaux Livres


Brigitte GIRAUD

Vivre vite
Flammarion

69 | 206 pages | 25-09-2022 | 20€

Vingt ans auront été nécessaires, vingt ans pour quitter la maison, vingt ans pour tenter de comprendre, vingt ans pour écrire sur le drame, la mort brutale de son mari dans un accident de moto, vingt ans pour mettre sur le papier les questions qui continuent de tarauder Brigitte. La rage s’est peut-être atténuée mais les interrogations demeurent. Pourquoi ? Et si ? En effet, l’accident est l’issue fatale d’une suite d’évènements, d’enchaînements anodins et pourtant singuliers. Alors le questionnement perdure, pourquoi un autre évènement n’est-il pas venu rompre la chaîne tragique, pourquoi l’un d’eux ne s’est-il pas effacé venant annihiler la tragédie ? Pourquoi n’a-t-il pas pris sa propre moto et préféré la Honda 900 CBR Fireblade dangereuse de son frère ? Pourquoi ce jour particulier est-ce lui qui devait aller chercher leur fils ? Evidemment derrière ce questionnement constant pointe la culpabilité. Ils étaient en train de déménager et dans la douleur, elle va s’installer avec son jeune fils dans la maison mais au bout de vingt ans, elle rend les armes, la vend (une route viendra la remplacer…) et va fermer la porte derrière elle, clore l’enquête et tenter d’oublier les Si. Une enquête intime, tendue, franche et émouvante sur un amour perdu.

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Fiche #2927
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Brigitte Giraud lus par Vaux Livres


Jean-Marc ROCHETTE

La dernière reine
Casterman

68 | 238 pages | 25-09-2022 | 30€

en stock

Edouard Roux a longtemps vécu seul avec sa mère dans le Vercors, au cœur de la forêt, à l’écart des hommes et de leur sauvagerie. Il les rejoint pourtant pour la guerre 14 et revient gueule cassée. Il trouve alors sa fée, Jeanné Sauvage, une sculptrice animalière parisienne. Elle va lui redonner vie, grâce à un nouveau visage et les deux vont se trouver, s’aimer. Il lui fera découvrir son plateau, ses forêts, sa montagne et surtout la dernière reine, une ourse au fond d’une grotte que seul lui connaît. Jeanne va s’en inspirer pour créer un bronze exceptionnel de vérité, son chef d’œuvre. Ils avaient tout pour être heureux mais la maladie et la bêtise humaine n’ont pas dit leur dernier mot. Attention, chef d’œuvre ! Un récit dense, âpre, tristement et terriblement émouvant, qui aborde avec profondeur une multitude de thèmes et Edouard Roux le savait déjà, l’homme continuera sans vergogne de détruire Terre mère et rien ne pourra l’arrêter.

Fiche #2928
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées

Les titres de Jean-Marc Rochette lus par Vaux Livres


Marie KIBADI

Benoît CHARLAT

L'ABC du prout
Sarbacane

67 | 24-09-2022 | 13.9€

Un ABCdaire qui place au coeur de l'alphabet et de son apprentissage le prout, ou plutôt tous les prouts : le prout discret, le prout inodore, le prout bruyant, le prout maîtrisé, le prout rieur, concept essentiel donc pour les grands lecteurs comme pour les débutants !

Fiche #2923
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Benoît Charlat lus par Vaux Livres


Marie TIBI

Jérémy PAILLER

La fougère et le bambou
Kaléidoscope

66 | 24-09-2022 | 13.5€

Un vieux sage va mourir, mais avant il lègue deux graines à ses deux fils, deux fils aux caractères opposés, l'un est sûr de lui et fier, l'autre timide, toujours dans le doute. Il leur demande de planter chacun leur graine en son souvenir, une graine de fougère et une graine de bambou. Evidemment, à sa mort, chacun va regarder sa graine germer puis la croissance de la plante. Petite compétition... La fougère croit rapidement alors que le bambou reste invisible... Il leur faudra beaucoup de patience pour découvrir tous les deux que l'un ne va pas sans l'autre... Texte et illustrations sont superbes !

Fiche #2924
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Jérémy Pailler lus par Vaux Livres


Cécile METZGER

L'ours transparent
Obriart

65 | 24-09-2022 | 18€

Un superbe album débordant de poésie, de tendresse et de douceur (avec des couleurs pastel parfaitement adaptées) pour nous faire découvrir un ours solitaire et tristounet qui se pense transparent, différent, à côté. Une rencontre et tout change, Odette, débordante de couleur et de vie va totalement transformer notre ours. Il va se découvrir, rencontrer l'autre et tous les sentiments qu'il peut susciter, Odette lui offre les clés de la vie.

Fiche #2925
Thème(s) : Jeunesse


Emmelie PROPHÈTE

Le testament des solitudes
Mémoire d'encrier

64 | 24-09-2022 | 16€

Trois femmes haïtiennes attachées à leur terre vont néanmoins vivre et subir l’exil. La mère reste mais semble aussi en exil. Souffrance ici, souffrance ailleurs. Après la débrouille, les astuces pour quitter le pays vers l’eldorado américain, Haïti reste en elles. Elles n’oublient ni leur pays ni leurs proches alors l’argent âprement gagné est envoyé vers ceux qui sont restés. La solitude perdure. Le récit est calme, mesuré, comme si tout était figé, défini, sans espoir, trois générations avec le même destin, immuable, « … la vie est belle quand on la regarde de loin… », et elles, elles s’y sont frottées dès leur plus jeune âge. Avec un style singulier, travaillé, Emmelie Prophète fait parfaitement ressentir la solitude et les souffrances de ces femmes, « … dramatiquement identiques et différentes. » mais aussi la solidarité qui jamais ne les quittera.

« L’oubli est un métier d’avenir que je devrais apprendre peut-être. »

Ecouter la lecture de la première page de "Le testament des solitudes"

Fiche #2926
Thème(s) : Littérature étrangère


Mehtap TEKE

Petite, je disais que je voulais me marier avec toi
Viviane Hamy

63 | 250 pages | 20-09-2022 | 18.9€

« Petite, je disais que je voulais me marier avec toi » est un cri, un hurlement d’amour d’une fille pour son père, son idole absolu. Un père kurde né dans les montagnes d’Anatolie qui adorait les étoiles, les astres, rêvait d’une autre vie. Mais la tradition, la famille, la survie l’ont rapidement isolé dans les champs de coton. Il a dû travailler jeune pour aider sa famille, fin du rêve, fin de l’école, fin des projets d’étude, fin d'une autre vie avant qu'elle ait débuté, « Ainsi va la vie. », même s’il partagera de beaux moments de connivence avec son père. Toutes les vies restent entravées, conditionnées par les traditions, ses sœurs contraintes de se marier avec des maris qu’elle n’ont pas choisis, il en sera de même pour son père. Alors il n’aura de cesse de se battre pour que ses enfants accèdent à un autre avenir que le sien, leur dégager un espace de liberté, « Ce n’est pas déterminant de savoir d’où l’on vient : c’est la destination qui compte. ». Il travaillera dur pour cela, l’exil et ses déchirements, les corons belges, les chantiers de construction européens puis une petite épicerie. Un homme digne, beau et bon, le soleil éblouissant de sa fille qui lui rend ici un vibrant et émouvant hommage.

Premier roman

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Fiche #2922
Thème(s) : Littérature étrangère


Maud SIMONNOT

L'heure des oiseaux
L'Observatoire

62 | 145 pages | 19-09-2022 | 17€

A soixante d’écart, L’heure des oiseaux » croise deux récits dans un même lieu, l’île de Jersey mais sur deux temporalités. En 1959, un orphelinat accueillait des enfants et les adultes pouvaient une nouvelle fois laisser libre court à leur cruauté. Parmi ces pensionnaires, Lily et le Petit étaient liés par un amour puissant et Lily protégeait, entourait de son affection, le Petit. Face à la cruauté constante des adultes, Lily trouvait refuge dans la nature de l’île, parmi les plantes et les fleurs, la forêt et les animaux et surtout, en écoutant les chants des oiseaux. Soixante ans plus tard, une jeune femme accoste à Jersey avec l’intention d’en savoir plus sur l’histoire de son père. Et évidemment, elle va dans un premier temps se heurter au mur du silence. Les secrets restent bien enfouis dans la mémoire commune, beaucoup savaient, personne n’a rien dit ni fait à part l’ermite honni de tous et ces secrets vont progressivement se dévoiler. Un court texte prenant qui aborde à nouveau la maltraitance des adultes sur les enfants démunis mais ici, le sordide de l’orphelinat s’oppose dans un contraste puissant au cadre idyllique de Jersey, un paradis fiscal adoré des touristes (« Sous les banques et les tapis de primevères dorment le sang, les larmes et les anciennes peurs. L’île aux Fleurs cache la mort dans ses entrailles. »), mais aussi à l’éblouissante relation entre Lily et le Petit et au style doux, délicat et poétique de Maud Simonnot.

« ... des chants d'oiseaux... c’était un peu comme d’avoir la chance d’entendre des langues anciennes que plus personne ne parlerait. »

Ecouter la lecture de la première page de "L'heure des oiseaux"

Fiche #2921
Thème(s) : Littérature française


Tiffany MCDANIEL

L'été où tout a fondu
Gallmeister

61 | 475 pages | 18-09-2022 | 25.6€

Autopsy Bliss est un juge consciencieux et dévoué à Breathed dans l’Ohio. Evidemment, nous sommes en Amérique alors la Bible n’est jamais loin. Autopsy est donc régulièrement face aux dérives, à l’horreur, au mal et il décide de se confronter au mal absolu, à son éminent représentant, le diable ! Il le convoque, il l’invite. Et un jour d’un été torride, il est là : un enfant noir se présente à Breathed et dit être le diable et fait part de sa joie d’avoir été demandé, désiré et espéré « Et n’y-a-t-il pas là quelque chose de particulièrement tragique ? Qu’un garçon doive être le diable pour prendre de l’importance ? ». Evidemment, toutes les réactions possibles vont prendre corps face à cet inattendu et le pire est aussi humain ! Si dans le même temps une série d’évènements étranges ou violents se produit… Pour certains un nègre usurpateur, pour certains le diable maléfique, pour d’autres un enfant perdu, pour d’autres finalement une esquisse proche de Dieu… Le Mal, le Bien… Les camps se toiseront avant de s’affronter. Où est le Bien ? le Mal ? Où est la frontière ? Existe-t-elle ? Tiffany McDaniel avec ce deuxième roman incarné affronte avec maîtrise les démons de la société américaine.

« Quand vous n’avez personne de qui vous soucier, ni personne qui se soucie de vous, essayer d’améliorer vos conditions de vie est une perte de temps. »

« Tout amour conduit au cannibalisme… Tôt ou tard, notre cœur finit, sinon par dévorer l’objet de notre affection, tout au moins par nous dévorer nous-mêmes. »

« Y aura jamais un homme assez grand pour prendre le ciel de haut. Le ciel force tout le monde à lever les yeux, et en cela il met tout le monde sur un plan d’égalité… »

« Qu’est-ce que Sal avait dit, déjà, à propos de l’espoir ? Ce n’est rien d’autre qu’un bel exemple dans ce mythe de la deuxième chance. Oui, un mythe, voilà ce que c’est. »

Ecouter la lecture de la première page de "L'été où tout a fondu"

Fiche #2916
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : François Happe

Les titres de Tiffany McDaniel lus par Vaux Livres


Dany HÉRICOURT

Ada et Graff
Liana Levi

60 | 286 pages | 18-09-2022 | 21€

Rien ne prédestinait Ada et Graff à se rencontrer. Ada, 70 ans, est une vieille dame originaire du Pays de Galles et exilée à La Roque, petit village cévenol, non loin de Saint-Etienne. Elle vit en retrait du village avec ses secrets et ses petites habitudes, le marché, ses baignades dans la rivière au bout du jardin… et surtout l’attente. L’attente d’un signe de sa fille qui a rejoint la secte « Enfanter » avec son fils, mais pas un regard, aucune visite, aucune parole, alors elle continue d’attendre, d’espérer. Graff est Rom, funambule en fin de parcours, il est arrivé avec un cirque mais vient de tomber d’une échelle, se retrouve (doublement) plâtré et immobilisé et regarde sa troupe repartir l’abandonnant avec sa caravane et un cheval blessé, une caravane installée à proximité d’Ada. Ils sont tous les deux à l’arrêt, sans plus trop d’espoir, interrogatifs sur leur avenir. Mais ils vont se rencontrer, s’apprivoiser, se trouver. Deux solitaires qui vont se confier, s’ouvrir à l’autre, dévoiler ses failles, son histoire, ses tragédies (dans les mines galloises ou dans les persécutions des peuples nomades de l’Europe de l’est) et trouver une attention, une écoute, retrouver l’énergie nécessaire pour continuer le chemin de la vie. Une rencontre singulière qui bouscule les habitudes du village et génère rumeurs et inquiétudes. Une rencontre et un amour tardifs, entre deux personnages différents, lumineux, courageux et attachants qui vont leur permettre de retrouver espoir, un avenir et l’ambition de vivre pleinement.

« Je suis tellement vieux que j’ai arrêté de vieillir. »

« Au Pays de Galles, on menace les enfants pas sages d'être donnés aux gypsies. Les enfants anglais, eux, sont envoyés chez les Gallois. »

Ecouter la lecture de la première page de "Ada et Graff"

Fiche #2917
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Dany Héricourt lus par Vaux Livres


Laurent SEYER

D'étranges hauteurs
Finitude

59 | 253 pages | 18-09-2022 | 19€

Laurent Seyer a peu connu son père décédé alors qu’il avait cinq ans, cinquante années ont passé, délai certainement nécessaire pour que le fils rencontre à nouveau son père et lui ouvre de nouveaux espaces. Jean a eu au moins deux vies. Lorsqu’il s’engagea dans le maquis de l’Oisans, « une étrange armée dépenaillée de soldats aux allures de braconniers », il venait tout juste d’avoir une fille. Le récit relate l’engagement de ces hommes, leur quotidien, la beauté de la montagne, leur solidarité et amitié, leurs peines, leurs souffrances, le froid, la faim, la soif... Evidemment Jean avait pensé à la mort, s’y était peut-être préparé, mais un accident, la gangrène, une amputation, personne n’est prêt, « Depuis cinq ans, je suis entré progressivement dans la guerre… et voilà que d’un coup sec, sans prévenir, c’est elle qui entre en moi et s’y installe pour toujours. ». Blessé puis amputé, ses camarades ne peuvent plus le porter et l’abandonnent en pleine montagne à une mort promise. Pourtant, à son retour, sa femme n’acceptera pas l’homme qu’il est devenu et partira avec sa fille. Il n’est évidemment plus le même homme et souvent réduit à son infirmité. Il rencontrera Odette, une femme très croyante, qui parle plus à Dieu qu’aux hommes. Il mourra prématurément d’une crise cardiaque mais aura néanmoins quatre enfants avec elle. Le récit entremêle les vies d’Odette et Jean en chronologie inversée pour mieux souligner le croisement de ces deux destins marqués par l’histoire.

Ecouter la lecture de la première page de "D'étranges hauteurs"

Fiche #2918
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Laurent Seyer lus par Vaux Livres


Oriana BERTHOMIEU

Charles FALQUE-PIERROTIN

Les Chatvaliers, à la recherche du Grrraal
Gründ

58 | 18-09-2022 | 10.95€

en stock

Et si les chevaliers de la Table ronde était des chats ? On les retrouve tous Lancelotte la courageuse, Percheval le destrier... Et l'aventure débute lorsque le roi découvre que le Grrraal, sa gamelle adorée, a disparu ! Catastrophique ! Il va falloir trouver le coupable et le punir ! Drôle et original.

Fiche #2919
Thème(s) : Jeunesse


Didier TRONCHET

Christian DURIEUX

La vie me fait peur
Futuropolis

57 | 80 pages | 18-09-2022 | 16€

Didier Tronchet et Christian Durieux nous proposent une belle et tendre adapatation du roman de Jean-Paul Dubois, le portrait de Paul, un personnage à part, lunaire, presque aussi fou que son père, et de son cheminement hésitant et émouvant pour trouver sa place, pour vivre sa vie. Une réussite attendrissante.

Fiche #2920
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées

Les titres de Didier Tronchet lus par Vaux Livres

Les titres de Christian Durieux lus par Vaux Livres


Jean MICHELIN

Ceux qui restent
Héloïse d'Ormesson

56 | 230 pages | 08-09-2022 | 19€

Lulu a disparu alors quatre hommes vont partir à sa recherche, où est-il parti et pourquoi ? Ils sont militaires, Lulu est caporal, et ils sont rentrés d’une mission difficile et dangereuse. Ils ont rejoint leurs familles et un pays en paix. Pour tenter de le retrouver, il va falloir aussi fouiller le passé, donc cette enquête nous emmène au cœur du quotidien de militaires, hier, aujourd’hui, au cœur de l’action mais aussi aux côtés de leurs femmes, ces femmes souvent seules qui attendent le retour, « Chaque fois, mon mari est rentré un plus seul, un peu plus en colère, un peu plus triste. » , mais leurs époux devenus parfois muets rentrent-ils vraiment ? Une part d’eux reste toujours bien loin du foyer familial. Les sentiments multiples et contrastés sont mis à jour, leur engagement, leurs envies, leurs désillusions, « Il n’ignorait plus le caractère dérisoire de ce qu’ils faisaient… », leur culpabilité lorsque l’un d’eux tombe. « Prendre des roquettes sur la gueule, ça crée des liens. », alors la notion de frères d’armes, de famille, de camaraderie, d’engagement pour l’autre, de solidarité est au cœur de leur vie et pourtant, ils sont seuls, immensément seuls face à leurs traumatismes, à leurs blessures, à leurs peurs, à leurs insomnies et autres cauchemars et face à la mort qui rode toujours. Un roman poignant, une enquête qui nous tient en haleine et dévoile les difficultés et les doutes mais aussi la sensibilité aussi bien des militaires que de leurs femmes.

Premier roman

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Fiche #2915
Thème(s) : Littérature française


Marie JAFFREDO

Le printemps de Sakura
Glénat

55 | 110 pages | 07-09-2022 | 19€

en stock

Sakura, 8 ans, est une hâfu : elle est née d’un père français et d’une mère japonaise. Mais sa maman est morte accidentellement à vélo et elle continue de lui manquer cruellement. Son père devant s’absenter quelques temps de Tokyo lui propose pour les vacances de rejoindre sa grand-mère maternelle. Bouleversement total très loin de l’ambiance de Tokyo, une rencontre avec la tradition mais une tradition parfaitement incluse dans la modernité. Jour après jour, découverte après découverte, par petites touches tendres et sensibles, Sakura découvre sa grand-mère, sa vie mais aussi un autre Japon. Un superbe album (au graphisme parfait) débordant d’émotion et de sensibilité qui fleure bon l’odeur des cerisiers en fleur et qui nous fait découvrir le côté attachant et attirant du Japon.

Fiche #2914
Thème(s) : Adulte Bandes dessinées

Les titres de Marie Jaffredo lus par Vaux Livres


Priya HEIN

Riambel
Globe

54 | 250 pages | 05-09-2022 | 22€

A Riambel sur l’île Maurice, une route marque une vraie frontière entre deux espaces, deux mondes. « Les gens importants. Les petites gens. » Richesse, pauvreté. Exubérance, dénuement. Taudis, riches demeures. Soumission, pouvoir et manipulation. Employé, patron… des vies opposées à 10 mètres d’écart. Noémie est née du mauvais côté de la route, son triste destin est prédéfini. Sa mère a toujours travaillé pour ceux d’en face, une famille de Mauriciens blancs, les De Grandbourg. Sa sœur suivra le même chemin. Puis elle. Une histoire sans fin qui se répète génération après génération. Ils les dominent, ils s’en servent puis ils les jettent, « c’est comme ça et ça l’a toujours été ». Pourtant, enfant, elle est pleine de vie, d’envie d’apprendre (même si elle ne fréquente pas l’école des Blancs), de lire (« Je lis parce que ça me permet de voyager et de découvrir des endroits dont je ne peux que rêver. Ouvrir un livre, c’est comme plonger dans un océan scintillant de promesses. »), de joie, de rire. Elle croira en l’un de ces jeunes blancs, une naïveté qui la confrontera avec le mépris et la manipulation (« Nos vies ne méritent pas d’être écrites - mais seulement ostracisées. »), lui coûtera cher et la ramènera à sa place en lui rappelant le destin tragique de sa sœur. La colonisation est paraît-il terminée, certains colons sont repartis et pourtant l’histoire reste un éternel recommencement, et les conséquences de la colonisation traversent les générations. Noémie rêve encore parfois que « Le passé est ton présent mais ne laisse pas le passé être ton futur. » même si elle continue aussi de pleurer « à cause de ma grand-mère. De ma mère et de ma sœur. A cause de ce qu’on a été. De ce que je suis. De ce que nous serons toujours. » Un roman important au style ciselé qui fait planer une certaine douceur en contraste absolu avec l’indignation qu’il suscite et la violence qu’il décrit.

Premier roman

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Fiche #2913
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Haddiyyah Tegally, Priya Hein


Beata Umubyeyi MAIRESSE

Consolée
Autrement

53 | 369 pages | 04-09-2022 | 21€

Ramata, française d’origine sénégalaise, est en voie de reconversion professionnelle. Elle effectue un stage d’art thérapie dans un Ehpad et se retrouve face à Astrida, une vieille femme métisse atteinte de la maladie d’Alzheimer, qui a abandonné le français pour une langue inconnue : une langue disparaît à l’approche de la mort, une autre renaît. Intriguée, Ramata part sur les traces d’Astrida, à la recherche de cette langue mystérieuse, une remontée dans l’histoire coloniale belge avec évidemment des résonances avec sa propre histoire. Astrida est originaire du Rwanda, née, à une époque où le Rwanda était sous tutelle belge, d’un Blanc et d’une Rwandaise. Petite fille métisse, elle s’appelait Consolée, elle sera enlevée à sa famille, placée en institution gérée par des religieuses très appliquées sur leur mission « civilisatrice », puis expédiée en Belgique (les enfants rwandais en Belgique, les enfants réunionnais en France, les enfants amérindiens au Canada, les enfants indiens aux Etats-Unis… différents pays, différentes époques, toujours les hommes et toujours la même horreur et la même folie), on changera son prénom puis elle sera adoptée. Ses premières années la marquent à jamais, notamment les moments apaisés et tendres partagés avec son grand-père, elle attendra d’ailleurs toute sa vie, Sakabaka, le milan noir que son grand-père lui avait annoncé. En miroir de ce destin figure l’histoire de Ramata et de sa fille, deux générations issues de la même Histoire mais qui semble l’appréhender différemment, en tous cas les deux ne peuvent en faire abstraction, doivent en parler, s’y confronter, sans l’oublier, sans la nier, pour simplement pouvoir se construire et vivre. La rencontre de Ramata avec Astrida et Consolée l’incitera à s’interroger sur son histoire, sa place dans la société française, son passé et son avenir, sa fille lui rappellera que, « Tourner une page, je veux bien mais après l’avoir écrite. », il est peut-être enfin temps de tous s’y mettre... Avec délicatesse, douceur et humanité, Beata Umubyeyi Mairesse nous parle pourtant de préoccupations majeures et parfois violentes de nos sociétés, l’exil, le racisme, les conséquences de l’histoire coloniale à travers les générations sur les destins individuels, l’importance de la parole et des langues.

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Fiche #2911
Thème(s) : Littérature étrangère


Philippe HERBET

Fils de prolétaire
Arléa

52 | 85 pages | 04-09-2022 | 15€

Philippe Herbet avec « Fils de prolétaire » nous offre un court récit autobiographique, portrait d’une famille, d’un père. Un père, mécanicien dans une usine métallurgique, une mère, femme d’ouvrages, et des journées identiques qui se répètent, peu de fantaisie, de rires, alors ce fils se réfugiera dans le rêve, rêves d’autres lieux, d’autres pays : « J’ai le don merveilleux de voir le monde tel qu’il n’est pas, je rêve la vie. » D’autant plus qu’il n’est pas le roi dans la cour d’école… les railleries l’accompagnent, lui, le gringalet mal habillé… Une famille qui pense être à sa place, ne jamais pouvoir en sortir, s’élever, ils pensent faire partie de ceux qu’on juge, qu’on toise. Le narrateur, lui, ne les juge pas, ne les renie pas, ils font partie de lui. Et puis le monde, la vie, vont peu à peu s’ouvrir à lui, par les rencontres, par la photographie en même temps qu’il appréhende mieux ses origines : « Nous avons l’impression que le temps ne passe pas. Nous n’avons pas le sentiment d’exister ni de vivre… Mes parents vivent un présent éternel. » Par petites touches, délicates, tendres, attentionnées, un fils dresse le portrait (presque photographique avec une vision quasi extérieure) de deux existences, d’un long chemin mené à deux, sans espoir mais tranquillement, qui se savent à l’écart du monde bruyant et exubérant, du bouillonnement de la vie, or, « Nous passons une grande partie de notre existence à nous différencier, à nous écarter de l’orbite familiale. », et Philippe Herbet saura s’envoler tout en conservant pour eux une immense tendresse.

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Fiche #2912
Thème(s) : Littérature étrangère


Céline DEBAYLE

Sous l'aile du lion
Arléa

51 | 126 pages | 29-08-2022 | 17€

« Sous l’aile du lion », vous découvrirez le portrait émouvant de Violette, une femme passionnée, une femme amoureuse mais une femme ébranlée par la vie et la mort, une femme encore dans l’incompréhension qui cherche des explications. Elle vient de voir disparaître Blanche, sa sœur après son suicide, puis Rose sa mère atteinte du « syndrome du cœur brisé » qui a préféré rejoindre Blanche et enfin l’homme de sa vie, son amour absolu, qui est parti pour et avec l’Autre. Ne lui reste que Venise, son dernier amour, son refuge, ses monuments, ses peintures, ses canaux, ses opéras… Tout lui rappelle Venise, les couleurs, les odeurs, l’amour, la vie, la mort… et Venise lui rappelle tout, même les évènements les plus noirs de son enfance. D’habitude « elle calme tout avec l’art » mais « cette fois-ci… le chagrin a même noyé Venise. ». Alors, entre Paris et un couvent de Venise, Violette cherche un chemin apaisé qui lui permettra, sans rien oublier, de retrouver le chemin de la vie et de l’amour et renaître de ces tristes cendres. Un texte dense et poétique, hommage touchant à la Sérénissime et à l'amour.

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Fiche #2910
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Céline Debayle lus par Vaux Livres


Jens LILJESTRAND

Et la forêt brûlera sous nos pas
Autrement

50 | 523 pages | 28-08-2022 | 24.9€

Lire « Et la forêt brûlera sous nos pas » alors que de nombreuses régions français en cet été 2022 voient leurs forêts dévastées par les flammes est une expérience troublante. En effet, le roman débute par un premier chapitre (le point fort du roman) au rythme effréné et à la tension extrême alors que de gigantesques feux déciment les forêts suédoises à une échelle inédite. Devant l’étendue de la catastrophe, rien n’était vraiment prévu. Des millions de personnes doivent être évacués alors que les transports deviennent problématiques, l’eau, l’alimentation, tout pose problème. Au milieu de ces tensions, de ces peurs, de ces drames, se trouve la famille de Didrik, un consultant médias, qui a attendu le dernier moment pour fuir. Un couple à la dérive, trois enfants dont un bébé, et tout explose, un enfant part avec des inconnus, ils sont contraints de se séparer… Didrik va rejoindre son amante, une influenceuse, très loin des préoccupations de protection de la planète, un seul slogan, « Faut t’acclimater, bordel ! » et vivez, profitez ! Elle loge dans un appartement luxueux appartenant à un ancien grand champion de tennis vivant dans le luxe et l’apparence, qui continue de penser que « L’écologie est devenue un culte de la mort… » alors « A quoi bon vivre si nous nous obstinons à voir la mort et l’anéantissement partout ? », tournons les yeux et profitons. Il est en train de passer du bon temps avec son fils qu’il considère comme un looser sur un bateau luxueux. Quatre personnages principaux face à la catastrophe annoncée qui fait plus que commencer de devenir une réalité… Que sont-ils prêts à faire ? Sont-ils prêts à évoluer ? Jusqu’où ? Quelles tensions vont naître devant la catastrophe écologique : « Nous devons leur apprendre que le pire n’est pas ce que la nature va nous faire. Mais ce que nous nous ferons les uns aux autres. », notre société pourra-t-elle résister ? Un roman qui nous met au pied du mur, qui nous interroge sur nos comportements passés et surtout futurs, qui nous place devant une réalité annoncée puis décrit avec vraisemblance les différents comportements attendus et déjà en place. Pour conclure avec cet été 2022 caniculaire, une citation qui fait chaud dans le dos, « Ce n’est pas la bonne perspective. Cet été n’a pas été le plus chaud. Ca a été le plus froid de tous les étés à venir. » !

« La nature ne négocie pas. On ne peut ni la convaincre, ni l’apaiser, ni la menacer. Nous sommes une catastrophe naturelle qui s’étend depuis dix mille ans, nous sommes la sixième extinction de masse, nous sommes un super-prédateur, une bactérie meurtrière, une espèce invasive, mais pour la nature nous ne sommes qu’une ride à la surface. Une broutille, un toussotement, un cauchemar dont on se souvient à peine. »

« Nous ne détruisons pas la planète. Nous ne détruisons que nos possibilités d’y vivre. »

« Car c’est la capacité d’adaptation de l’humain qui crée la plus grande souffrance. »

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Fiche #2909
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Anna Postel


Fabrice CAPIZZANO

Le ventre de la péniche
Au Diable Vauvert

49 | 505 pages | 17-08-2022 | 22€

Un trio amoureux qui explose. Jonas, euh non, pardon, Jason, le célèbre photographe des pauvres, a ressenti un coup de foudre en rencontrant par hasard Hannah une pianiste folle mais talentueuse : « Elle est allée s’asseoir à quelques sièges de moi, un rien délurée à la rue. Cette fille n’est pas tout public, je me suis dit, elle est pour public averti. ». Peu de temps après, Gladys s’est jointe au couple pour former une triplette qui passait alors beaucoup de temps au lit jusqu’à l’explosion ou l’implosion. Le récit débute à la mort de Gladys qui a exigé qu'Hannah et Jason rapportent ses cendres sur son lieu de naissance, l’île de Tristan de Cunha, modeste caillou non loin de Sainte-Hélène. Les retrouvailles sont orageuses et une altercation les emmène au commissariat de Thionville, le début d’un autre voyage, plus que singulier. Ils tombent sur Vincent Givert, un flic en fin de carrière, dépressif, complotiste et qui tente d’arrêter de fumer. Il pète une durite et enlève tous les prévenus présents sans abandonner le projet d’Hannah et Jason. Les accompagnent dans ce périple un voleur de voiture cleptomane, un shaman, et un informaticien arrivé au mauvais moment. Tous les flics de France sous les ordres de Castaner sont à leur recherche. Un road-movie sous tension, mouvementé, totalement loufoque et patraque, une bande de pieds-nickelés disparate qui apprendra à se connaître et même à s’aimer et donnera du fil à retordre à ses poursuivants. Ils finiront dans une péniche à destination de Tristan de Cunha ne faisant plus qu’un pour ce projet fou, une brillante idée ! Un récit rythmé, varié, avec des flashbacks pour découvrir l’histoire du trio amoureux initial et un humour dévastateur ! Un roman totalement déjanté, un grand bol d’air pour qui acceptera de monter dans la péniche !

« ... l’obéissance n’est pas une fatalité, c’est un choix, comme la lâcheté, personne n’est fait pour rentrer dans les cases, personne, on n’est pas nés pour être carrés, on est là pour casser les angles et faire des ronds dans l’eau.

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Fiche #2904
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Fabrice Capizzano lus par Vaux Livres


Jean-Baptiste MAUDET

Tropicale tristesse
Le Passage

48 | 315 pages | 17-08-2022 | 19€

en stock

Quelle mouche amazonienne a pu piquer Jeanne Beaulieu pour que du jour au lendemain, elle se retrouve dans un avion à destination du Brésil afin de tenter de retrouver un Indien qu’elle a vu la veille à la télé ? Peut-être, simplement, est-ce le moment ? Le moment de partir à sa propre recherche, car comme Claude Lévi-Strauss le savait, les voyageurs partent avant tout pour eux-mêmes, pour se trouver, les rencontres soi disant exceptionnelles ne restant qu’un prétexte anecdotique. Alors, naturellement, Jeanne Beaulieu voyagera avec « Tristes tropiques » dans la main et son voyage se transformera en une triple quête : recherche de l’Indien, retour sur son passé et notamment sur l'incompréhension du suicide de son père, et recherche de Claudia, la personne à qui est dédicacé l’exemplaire de Tristes tropiques qu’elle a acheté. Son périple est propice à de belles rencontres avec diverses personnes complexes et attentionnées, mais aussi avec l’Amazonie, la forêt amazonienne, sa faune, sa flore, sa richesse, son exubérance, sa force et sa fragilité. Un roman d’aventures singulier et un bel hommage à « Tristes tropiques », à l’analyse visionnaire de Claude Lévi-Strauss hélas au cœur de notre actualité et de notre avenir et qui a énoncé il y a bien longtemps quelques vérités vite oubliées, « Le monde a commencé sans l'homme et il s'achèvera sans lui. »

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Fiche #2905
Thème(s) : Littérature française


Liu YANG

Le monde de Maliang - Le pinceau
Clair de Lune

47 | 50 pages | 17-08-2022 | 14.95€

Maliang est un petit garçon d'une famille pauvre de la Chine ancienne, pas d'argent, pas d'école, il travaille déjà. Son seul plaisir est de dessiner, mais le papier étant trop cher, il peint partout, par terre, sur les murs... et il est doué. Après un défi qu'il remporte face à un gamin riche et arrogant, un vieux monsieur lui offre un pinceau magique, Maliang va être très surpris du résultat ! Un pinceau qui va l'entraîner dans des aventures périlleuses... Une série en 5 volumes, un dessin très réaliste, une intrigue haletante, un environnement historique intéressant et un gamin attachant.

Fiche #2906
Thème(s) : Jeunesse Bandes dessinées
Traduction : Fuat Erkol


Olivier DUPIN

Gwenaëlle DOUMONT

Les mouzes
Alice

46 | 17-08-2022 | 14€

A l'école, celle qui donne le tempo, c'est Flo, une vraie vedette ! Quand elle met un bonnet, le lendemain tout le monde arrive avec un bonnet, quand elle se fait des couettes, toute l'école se fait des couettes ! Et puis, il y a les autres, les mouzes, des loosers hors sol ! Un album qui traite avec humour de la place de chacun dans un groupe, comment s'affirmer, comment vivre au sein d'un collectif, jusqu'où suivre la mode, comment garder sa liberté... Des questions qui touchent chaque jour les petits (et les grands !).

Fiche #2907
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Olivier Dupin lus par Vaux Livres

Les titres de Gwenaëlle Doumont lus par Vaux Livres


Mickaël ESCOFFIER

Karine BÉLANGER

A la douche !
Père Castor

45 | 17-08-2022 | 12€

Un livre à rabats qui relate avec humour et surprise les aventures d'un p'tit qui veut absolument accéder à une douche à la piscine.

Fiche #2908
Thème(s) : Jeunesse


Pénélope ROSE

Valse fauve
Plon

44 | 270 pages | 14-08-2022 | 20€

Rose a dix-neuf ans et vit avec ses parents qui rêvent pour elle d’un mari, d’un foyer, d’enfants... Rose a d’autres rêves que celui de bonne épouse et notamment des rêves d’indépendance et de liberté. Une fête sur la place du village bouleversera sa vie. Elle y va transformée en garçon manqué et rencontre un accordéoniste venu de la ville qui vit un peu à l’écart, le village s’en méfiant. Elle découvre rapidement qu’André vit avec Michèle, sa fille. Ils se marient, le trio prend ses marques lorsque le pays est envahi et tombe aux mains des Salauds. L’occupation commence, la traque aussi. Angoisse, violence, meurtre deviennent le lot de tous. Alors certains rejoignent le camp des Insurgés et c’est le cas d’André. Michèle et Rose restent seules et n’auront de nouvelles d’André que par courrier pendant ces très longues années d’occupation. Le temps à tendance à tout effacer, les rêves, l’envie de résister... Comment continuer à faire ses propres choix dans un contexte anxiogène, violent et contraint ? Mais que peuvent espérer les Salauds face à Michèle et Rose, ces deux femmes de caractères qui arrivent tant bien que mal à dompter leurs peurs. Le lecteur assiste avec émotion au double combat de Rose, Michèle et André au cœur d’une longue occupation terrifiante. Un premier roman sous tension avec une vraie vision de la vie sous occupation et une construction et une trame singulières qui donnent toute sa puissance au récit.

Premier roman

« Car aucun tyran au monde ne peut comprendre ce qu’il se passe dans le cœur des survivants. »

« Les corps se confondent, en pile, tous la même peau et le même sang, peu importe le camp. La même odeur, la même texture, le même bruit de chair déchirée lorsque les balles les transpercent... »

« Offrir un espoir que l’on sait faux est la pire des saloperies. »

« Personne ne vivait la guerre de la même façon, et cette différence abyssale entre chacun d’entre nous donnait du pouvoir à nos ennemis. »

« Les gens sont seuls et tristes, ce dont ils rêvent, c’est de se sentir entourés, de mettre fin à leur solitude. Alors il suffit que quelqu’un leur dise : Moi, je vous comprends. Je ne vous abandonnerai jamais. Et paf ! Ils le suivent. Place au dictateur ! »

« Combien de coups fallait-il recevoir afin d’apprendre à faire la différence entre l’intuition et la résignation ? »

« Quitte à choisir, si l'amour était un moyen de combler la solitude, j'aurais préféré un chien. Si j'avais été ma mère, je n'aurais pas choisi mon père mais un bouvier bernois. »

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Fiche #2903
Thème(s) : Littérature française


Franck BOUYSSE

L'homme peuplé
Albin Michel

43 | 320 pages | 11-08-2022 | 21.9€

Harry a remporté un succès immense avec L’Aube noire, son premier roman, coup d’essai, coup de maître ce qui a renforcé de l’admiration de son père (et de sa mère) pour qui la littérature prend une grande place. Mais depuis, l’inspiration est en panne, or Harry est exigeant et ne veut pas publier n’importe quoi. Harry décide alors de s’isoler, de se mettre dans une bulle, à l’écart. Il achète sans l’avoir vue une maison dans le centre de la France à l'écart d'un village isolé où tout est sec, aride, froid : le climat comme les habitants. Seule la nature reste sauvage et superbe. Un lieu fait de secrets, de malédictions, où tous se connaissent et s'observent depuis des années, où la nuit, il est encore possible de croiser des créatures fantastiques ou démoniaques, où la sorcellerie suscite encore toutes les craintes et les attirances, où « La méfiance semble de mise, à moins que ce ne soit une posture pour tenir à distance l’étranger, l’intrus. » et Harry va l’éprouver dès les premières heures de son arrivée. Le récit mène de front l’installation de Harry, sa découverte de ce nouvel environnement, de quelques habitants qui se laisseront approcher, du visiteur mystérieux, du chien errant qui l’adoptera et le quotidien de son voisin Caleb qui restera longtemps mystérieux pour lui, un sourcier, un soigneur des animaux aux pouvoirs magiques craint du village et se complaisant dans sa solitude, les hommes n’ont que peu d’intérêt pour lui et les femmes suscitent sa crainte. Evidemment cette nouvelle vie sera certainement propice à l’écriture, Franck Bouysse nous offre en effet un roman dans le roman, une construction singulière, un style superbe, des surprises jusqu’à l’ultime page, une ambiance, des personnages, une aventure humaine et littéraire sans préciosité mais avec maîtrise. Puissant et addictif, comme d’habitude avec Franck Bouysse.

« Les esprits voyagent après la mort, plus libres que les corps. »

« La sauvagerie est un mot inventé par les hommes. »

« ... la haine n’est pas une arme létale, mais du sel incrusté sous la peau. »

« ... réfléchir à la vie, aux femmes, à la littérature, trois féminins à accorder. »

« ... les phrases bien calées contiennent uniquement du sens, et que les plus bancales recèlent parfois une magie à découvrir. »

« Un simple soldat sorti du rang n’a jamais donné d’ordre à un général, sinon ça se saurait. »

« ... le beau vous arrive sans l’on attende, sous une forme non imaginée, à la manière d’une coulée de lumière dans laquelle on est pris... »

« ... un chien ne dort jamais complètement quand il a quelqu’un sur qui veiller. »

« Une fois assouvie la dérisoire ambition du nid et de l’œuf, que reste-t-il des ambitions de chacun ? »

« Il n’existe nulle part d’œuvre profonde sans l’ombre de la mort. »

« ... ce que donne une femme est bien supérieur à ce qu’elle reçoit, qu’un homme est toujours en dette avec elle, qu’il ne parvient même jamais à rembourser une telle dette. »

« Parce que les femmes, en vérité, ça ne veut rien dire pour un homme. Avant qu’il ne rencontre celle qui supprime le pluriel. »

« On finit tous par fuir quelque chose. »

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Fiche #2902
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Franck Bouysse lus par Vaux Livres


Bérengère COURNUT

Zizi cabane
Le Tripode

42 | 240 pages | 10-08-2022 | 18€

La famille (Odile, Ferment et leurs trois enfants, Béguin, Chiffon et Zizi Cabane) s’est installée dans une nouvelle maison à la campagne avec bonheur. Puis Odile, la mère, amoureuse de l’eau et des sorties nocturnes dans la nature, disparaît sans un mot, mystérieusement. Chaque membre (même Odile qui garde bienveillant un œil sur eux) de la tribu prend sa part du récit : une fêlure terrible dans la famille qui se mue en petite meute : chacun fait discrètement attention à l’autre, on se serre les coudes, toujours un œil attentif sur son frère, sa sœur, son père... le nouveau chemin de vie devient autant solitaire que collectif avec toujours une immense tendresse, une imagination débordante et une candeur attendrissante comme bouée de sauvetage. La tribu s’agrandit avec l’arrivée de tante Jeanne, de Marcel Tremble un nouveau grand-père sorti de nulle part et épisodiquement le prince charmant de Jeanne. Il va bien falloir tout ce beau monde pour tenter de gérer la mystérieuse source d’eau qui est apparue en même temps qu’un vent frais et qui provoque dégâts sur dégâts dans la maison. Un conte lumineux et émouvant pour suivre le long cheminement d’un père et de ses enfants pour tenter de renouer avec la paix intérieure et la vie, apprendre à maîtriser leur chagrin et leur deuil, à se passer de la présence physique d’un être cher, de comprendre que « ... pour l’amour charnel, on doit se débrouiller sans elle » mais que « Leur mère est partie tout en restant en eux. ».

« Nous débordons tous un jour du lit qui ne peut plus nous contenir. »

Ecouter la lecture de la première page de "Zizi cabane"

Fiche #2901
Thème(s) : Littérature française


Viola ARDONE

Le choix
Albin Michel

41 | 390 pages | 09-08-2022 | 22.9€

Oliva Denaro (anagramme de Viola Ardone...) vit ses quinze ans et ses rêves à Martorana, petit village sicilien, dans les années 60. A cette époque, « Les règles de la femme, c’est : marie-toi, fais des enfants et entretiens ta maison... » et Oliva a déjà d’autres ambitions et désirs. Elle aime apprendre, elle aime les mots, les découvrir, les comprendre, en jouer, raisonner. Elle aime la vie simple, avec sa grande soeur, son frère jumeau, sa mère et son père, un père légèrement en retrait, mais discret, attentionné, aimant, protecteur et sachant prendre les décisions quand il le faut pour que sa fille soit heureuse et libre indépendamment des croyances et coutumes (un père en voie de disparition dans cette rentrée 2022 !). Mais elle a l’âge où les hommes commencent à la regarder, à l'envier, et l’honneur passe aussi par la chair, par la puissance et la domination sexuelles, ils pensent pouvoir décider, posséder, « Ici, le garçon est un brigand et la fille c’est comme une carafe : qui la casse la ramasse. ». Oliva est une rebelle (comme sa meilleure amie Julia, future députée, qui s'engagera politiquement pour défendre la cause des femmes) et même cassée à jamais, elle ne se laissera pas recoller par n’importe qui, c’est elle qui décidera. Un personnage attachant et impressionnant qui nous plonge dans le quotidien des femmes des années 60 en Sicile, dans le combat des femmes pour qu’elles se détachent du pouvoir ancestral des hommes en rappelant le rôle essentiel des mères (« Si les mères expliquaient le respect de la femme et la parité à leurs garçons, si elles permettaient à leurs filles de vivre librement, sans restrictions, si elles les laissaient suivre des études... Moi, je pense que le changement doit venir des femmes ! ») et un personnage qui aura pris sa part pour que les petites filles arrêtent de penser « J’aurais été plus heureuse si j’étais née garçon... »

« La loi, c’est pour les gens qui ont de l’argent... »

« Tout est politique : nos choix, ce que nous sommes prêts ou pas à faire pour nous et pour les autres... »

« Dire oui, même un âne sait le faire, alors que dire non est difficile, mais une fois qu’on a commencé on n’arrête plus. »

« N’aie donc pas peur, quand on dit la vérité on ne se trompe jamais. »

Ecouter la lecture de la première page de "Le choix"

Fiche #2897
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Laura Brignon

Les titres de Viola Ardone lus par Vaux Livres


Blandine RINKEL

Vers la violence
Fayard

40 | 380 pages | 09-08-2022 | 20€

« Ne pas parvenir à t’en vouloir... Je me suis longtemps fait mal pour ne pas t’en faire. » : Vers la violence est le long chemin d’une femme pour sortir d’une violence héritée d’une enfance et de son père. Petite fille, Lou avait une fascination mêlée de peur pour Gérard, un père trouble, ancien policier, toujours armé et prêt à dégainer, un homme, un vrai, pas une fillette. Fascination pour la virilité malsaine, fascination pour la violence, mais aussi charmeur, conteur et enjôleur capable d’hypnotiser sa victime, froid et dangereux comme un serpent venimeux. Un homme au passé étrange, sa première femme et ses enfants sont morts, un homme qui peut basculer dans la violence soudainement, à n’importe quel moment (« Sa violence, inassouvie depuis l’aube de la vie, cherchait une victime de rechange, n’importe laquelle, à condition qu’elle soit vulnérable et passe à portée. »), peu importe celle ou celui qui est présent à ce moment, mais un homme surtout qui, par son emprise, emporte avec lui sa fille sur ce chemin de la violence. Cette enfance a naturellement un impact puissant sur ses relations futures aux autres, ses relations aux hommes, ses relations aux corps, une femme qui s’est habituée et réclame la menace permanente pour vivre. Même en dansant, elle recherche la douleur et la souffrance. Sa rencontre avec Raphaël marquera un premier tournant, ce qui lui permettra de danser et d'appréhender son corps différemment puis surtout de prendre une décision radicale, une décision de rupture avec cet héritage mortifère, de revisiter les contes paternels et enfin pouvoir regarder le loup dans la forêt avec un œil apaisé et bienveillant (même si un loup aurait été incapable de faire subir à son petit ce qu'elle a enduré du sien). Un long chemin d’une fillette puis d'une femme pour réviser l’héritage qu’elle avait retenu de son père, briser les murs construits par cette enfance, comprendre que pour être la fille de son père elle n’est pas contrainte d’endosser sa violence, un nouveau tri salvateur de cet héritage pour enfin espérer en une vie sereine et apaisée.

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Fiche #2898
Thème(s) : Littérature française


Sylvie LE BIHAN

Les sacrifiés
Denoël

39 | 380 pages | 09-08-2022 | 20€

« Les sacrifiés » est constitué de trois parties autour des trois hommes, personnages principaux du récit auxquels vient se joindre Encarnación, la femme qui fait le lien entre eux. Le récit se déroule entre 1925 et les années 2000 et entre l’Espagne, New-York et Paris. Juan Ortega appartient à une famille gitane, « Etre un Ortega, c’est porter dans son sang le courage et la mort. », notamment dans les arènes, mais Juan préfèrera les cuisines et deviendra cuisinier. Il sera embauché par Ignacio, un célèbre torero, un personnage haut en couleurs, amoureux de la vie, de la vitesse et du risque qui délaissera les arènes pour l'écriture et le monde intellectuel et artistique. Federico (Garcia Lorca), « ...un môme qui pleure l’enfance disparue... », « ... révolutionnaire car il n’y a pas de poète qui ne le soit pas. », issu d’une famille aisée n’abandonnera jamais son attachement au peuple qui souffre, qui lutte pour sa survie face à l’hypocrisie des bons bourgeois catholiques du pays, « Je serai toujours du côté de ceux qui n’ont rien et à qui on refuse jusqu’à la tranquillité de ce rien. ». Ces trois hommes seront liés de plusieurs façons. Par Encarnación, danseuse de flamenco, elle fascine tous les hommes, elle peut être aussi bien douce et prévenante que dure et arrogante. Ignacio abandonnera tout pour elle, Juan en tombera follement amoureux, elle sera l’égérie du monde intellectuel donc de Federico. Par le duende qui les relie tous, duende pour les toreros, duende pour les danseuses, duende pour tout un chacun : « ... il brûle le sang comme une pommade d’éclats de verre... il épuise... il s’appuie sur la douleur humaine qui n’a pas de consolation. ». Evidemment, ces liens s’établissent dans un cadre historique écrasant à l’impact puissant, la guerre civile espagnole puis la seconde guerre. Tout ceci fait de ce roman autour de personnages attachants (ayant existé pour certains), un texte envoûtant, riche, dense qu’on ne lâche pas.

« Chaque vie lissée de tourments, de peine et de labeur contient une étincelle de joie. »

« ... je dis que la poésie est en toute chose. Dans le laid, dans le beau, dans le dégoûtant ; le plus difficile est de savoir la révéler, réveiller les lacs profonds de l’âme. »

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Fiche #2899
Thème(s) : Littérature française


Victoria MAS

Un miracle
Albin Michel

38 | 09-08-2022 | 19.9€

L’île Batz, face à Roscoff, Finistère Nord, pays de légendes et de croyances, et ses habitants qui vont devoir vivre avec un miracle, une vision. Alan et Isaac son fils, un ado différent, la famille Bourdieu avec un père catholique plus que fervent, un fils adoré soldat, Hugo le second, « dont la présence seule suffisait à soulever en lui un mépris qui lui échappait encore » qui adore le ciel mais pas le même que celui de son père, et Julia la petite dernière, Madenn qui tient l’auberge de l’île, Sœur Anne nouvellement arrivée sur l’île en attente d’une vision de la Vierge, prophétie d’une autre sœur. Mais ce n’est pas elle qui aura une vision, c’est Isaac, qui avouera avoir vu une femme en blanc, sans jamais parler de la Vierge. Toute la communauté s’empare de cette annonce, de ce miracle. Le climat se tend, les croyances s’exacerbent, les tensions ressortent, la tempête s’annonce, les sentiments se déchaînent dans cet espace particulier qu’est une île.

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Fiche #2900
Thème(s) : Littérature française


Tiffany Quay TYSON

Un profond sommeil
Sonatine

37 | 395 pages | 07-08-2022 | 22€

L’histoire commence à White Forest dans le Mississipi en 1976, mais en fait, elle démarre des années plus tôt, peut-être des siècles plus tôt au moment les Séminoles ont commencé d’habiter ces lieux. Roberta Lynn ou Bert, Pansy et Willet (le garçon, l’ainé) sont les trois enfants d’un couple, Loretta et Earl, qui s’aime même si le père est très souvent absent à cause de ses multiples trafics, une famille comme les autres, enfin presque, « Nous étions blancs, mais pas du même blanc. ». Non loin d’eux, habitent Mamie Clem et Chester, leur oncle qui trafique avec leur père et qu’ils évitent. Par un jour de lourde chaleur, les trois, malgré l’interdiction de leur père, vont chercher le frais dans une carrière (soi disant maudite) et se baigner dans l’eau fraiche. Pendant que Pansy (la plus jeune) fait la planche, Bert s’éloigne ramasser quelques fruits sauvages et Willet dans le bois avoisinant. Quelques minutes d’inattention, et Pansy disparaît mystérieusement. C’est la catastrophe, Pansy était la préférée, et ils se sentent responsables. L’enquête ne donne rien, progressivement tout le monde oublie, sauf la famille naturellement, cette disparation va tuer à petit feu Loretta la mère. Bert et Willet ne lâcheront jamais et mèneront l’enquête des années durant pour trouver les clés de cette disparition. Une enquête qui va mettre à jour une multitude de vérités : sur Pansy, sur leur famille, sur leur père, sur Mamie Clem et Chester mais aussi sur l’histoire américaine, la ségrégation et le racisme. Bert sait que « ... nous sommes tous chargés du poids des bagages de nos ancêtres » alors elle lègue cette confession et ses vérités (« Tu es issue de l’eau, de la terre et du sang. ») à la petite dernière de la lignée en espérant qu’elle puisse suffisamment s’en libérer. Attention, bijou ! Vous avez apprécié « Betty », vous allez adorer « Un profond sommeil ». Une construction, une intrigue, des personnages, l’Amérique profonde, une histoire dans l’Histoire, c’est âpre, c’est dense, c'est ample, c’est brillant, c’est noir, magistral.

« La vie prenait des détours mystérieux, merveilleux et tragiques. »

« Ma mémoire était comme une série de grottes reliées les unes aux autres, chacune contenant un fait nouveau et surprenant. »

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Fiche #2896
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Héloïse Esquié


Marion BRUNET

Des rires de hyènes
In8

36 | 131 pages | 06-08-2022 | 8.9€

en stock

C’est l’année où il va arriver dans la cour des grands ! C’est la première rentrée de Julien, un passionné de littérature, motivé pour partager son amour de la poésie. Avec fébrilité, joie et anxiété, il franchit pour la première fois les portes du collège. Deux classes de 6eme, des bébés à l’écoute, encore impressionnés. Mais dès le premier cour avec la 4eme B, l’affrontement se met en place. Max, le meneur, sent la faille, les faiblesses et tel un prédateur qui ne lâchera pas sa proie, il tire sur le fil attendant la rupture, beaucoup le suivent, véritable meute excitée par le sang, quelques exceptions mais ils garderont le silence. C’est violent, sans limite, un combat permanent. Julien a toutes les connaissances nécessaires, les aptitudes, mais n’est pas préparé à cette lutte, et le doute s’installe, la détresse est patente, est-il vraiment fait pour ce métier ? A quoi bon continuer ? Comment sortir de cette impasse en évitant la dépression ? Julien est seul sur le champ de batailles, les collègues, absents pour la plupart, le Principal, pas de vague, absent, précieuse ridicule aux abonnés absents. Julien décompte les jours avant la fin de l’année scolaire... mais pourra-t-il tenir jusque là ? Un livre coup de poing pour rappeler la violence que peuvent parfois rencontrer les enseignants et surtout leur solitude absolue pour gérer ce quotidien violent, éprouvant et terriblement usant. Après « la solitude du coureur de fond », voici la solitude du prof de collège, une version singulière du harcèlement en milieu scolaire qui s'achève sur une fin percutante !

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Fiche #2892
Thème(s) : Jeunesse Littérature française

Les titres de Marion Brunet lus par Vaux Livres


Yves RAVEY

Taormine
Minuit

35 | 140 pages | 06-08-2022 | 16€

en stock

Pour Pâques, un couple au bord de la séparation espère renouer les liens, se retrouver, lors d’un voyage touristique en Sicile. Melvil a effectué les réservations, Luisa a préparé le programme des visites. Ils logeront à Taormine. Arrivés à l’aéroport, ils récupèrent leur voiture de location et ne s’attardent pas. Pressés de voir la mer, ils quittent l’itinéraire prévu et s’en éloignent un peu au hasard. Une décision qui va totalement bouleverser leur séjour et certainement plus. Un enchaînement inédit d’évènements, plus aucune maitrise de leur quotidien (comme de leur avenir), des rencontres amicales ou inamicales, le savent-ils vraiment... Une bonne idée ce voyage en Sicile ? La réconciliation était-elle possible ? Yves Ravey (et sa plume légère) suit avec candeur un couple fragile qui va totalement se noyer dans les belles eaux siciliennes et se laisser imposer le fil de leur vie, enchaîner les mauvaises décisions suite à un évènement particulier de quelques secondes, mais cet évènement est-il vraiment celui qu’on leur impose ? Un chemin étonnant pour qu'une incertitude se mue en certitude...

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Fiche #2893
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Yves Ravey lus par Vaux Livres


Dominique CELIS

Ainsi pleurent nos hommes
Philippe Rey

34 | 288 pages | 06-08-2022 | 20€

en stock

« Lâche prise et arrête de vouloir le posséder ! ». Cette injonction plonge Erika dans une longue confession sous forme de lettres à sa sœur pour tenter de s’extraire de son amour pour Vincent qui l’habite encore malgré leur rupture. Erika nous plonge dans son quotidien en 2018 à Kigali au Rwanda le pays aux milles collines, près de vingt cinq ans après le génocide. Elle nous pousse les portes de sa colocation, avec deux autres femmes, d’horizons et d’origines très différents mais « une solide petite famille », un point d’ancrage essentiel pour Erika. Entourée et épaulée par sa famille second hand, sa vie amoureuse riche et chaotique ne l’empêche pas de continuer de vivre l’immense douleur du passé. « Le prix à payer, caché cash, pour tous redevenir des Rwandais, dèh, c’est d’atrophier la sensibilité. De séquestrer l’émotion. », mais pour Erika, l’émotion et la sensibilité restent à fleur de peau : comment faire quand on croise dans la rue un bourreau qui a révélé ou pas ses terrifiantes exactions ? Comment oublier ses trois tantes assassinées atrocement dans un sommet de déshumanisation ? Dominique Celis nous ravit avec un premier roman vif et envoûtant aux styles affirmés, singuliers et variés, qui nous parle d’amour, de désir, d’amitié, de joie, de corps mais aussi d’un pays traumatisé où futur et passé, vivre et survivre deviennent unis (à jamais ?) par ce génocide.

Premier roman

« Le néant. Ce chef d’œuvre des assassins. »

« Chercher à appréhender la vie, c’est la névrose des Blancs. La vie, faut la vivre. C’est tout. »

« Etre vulnérable, c’est pas un vice, une perversion ! C’est la condition humaine, non ? »

« Toutes les femmes habitent la frontière entre la vie et l’agonie. Celle du sang menstruel ou de la mise au monde. Dans la hantise des vivres et du couvert. Toutes ! A devoir, en plus, vous protéger, vous rassurer, vous soigner, vous ménager ! »

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Fiche #2894
Thème(s) : Littérature étrangère


Pierre ROUBIN

Conquérir le ciel
Phébus

33 | 156 pages | 06-08-2022 | 15€

C’est l’histoire d’un jeune père qui sait que son temps est compté, alors ce temps doit être maintenant mobilisé, centré sur l’amour de sa femme, l’amour de ses enfants, par l’observation de la beauté, de la nature, attentif aux émotions. Une douceur, une délicatesse et un amour en opposition absolue avec son enfance, « L’enfance c’est de la merde. » : un père qui ne lâchera jamais rien pour avoir toujours le dernier mot, un médecin de campagne, violent, violence physique, violence des mots, dur. Cette violence se retrouve aujourd’hui dans l’annonce de sa maladie. Pour peut-être le provoquer, l’accélérer ou l’appréhender ce temps qui passe, il veut se faire appeler pépé, « Etre un pépé, c’était disparaître dans le vent et dans l’ombre des arbres. » et lutter, « Un guerrier se bat toujours sans jamais penser qu’il va mourir... », lutter avec sérénité, sans illusions envahi par l’amour de ses proches. « Si tu ne sais pas pourquoi tu pleures, alors c’est que tu es revenue dans l’enfance. », mais, hélas, avec Conquérir le ciel, vous saurez pourquoi !

Premier roman

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Fiche #2895
Thème(s) : Littérature française


Alexandre HMINE

Grains noirs
Zoe

32 | 282 pages | 04-08-2022 | 22€

Parlez-vous arabe ? Leitmotiv sous forme de question tant entendu par le narrateur. Sa mère est arrivée depuis Casablanca en Suisse italienne enceinte et célibataire. Elle confia son bébé à une veuve d’un village de montagne, l’Elvezia, une vieille dame plus à l'aise avec le dialecte local qu’avec n’importe quelle autre langue. « Grains noirs » sous forme d’une longue suite très rythmée de scénettes, de souvenir égrainés, souvenirs de petits grains noirs, dresse le portrait au plus près du quotidien du gamin, de l’ado, du jeune adulte, puis enfin de l’adulte. Evidemment les souvenirs lointains sont plus hésitants, reposent sur des émotions, des sensations, que ceux plus récents. Un parcours à l’intersection de plusieurs pays, de plusieurs langues (Italien, Allemand, Français et Arabe), de plusieurs cultures (« Je suis marocain. Je ne suis pas marocain. »). Les fait sont relatés tels quels, de manière directe, sans enjoliver, sans chercher à charmer, à se magnifier, on suit l’apprentissage de la vie avec cette identité multiple, les premières expériences, la formation d’un homme avec ses contradictions, ses colères, ses peurs, sa solitude. Un long chemin chaotique pour s’apercevoir alors devenu enseignant et étudiant en littérature que ses premières années avec l’Elvezia furent fondatrices pour l’homme qu’il est devenu.

Premier roman

« Il faut naître fou ou roi pour faire ce qu’on l’on veut. »

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Fiche #2888
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Lucie Tardin


Caleb Azumah NELSON

Open water
Denoël

31 | 202 pages | 04-08-2022 | 19€

Il est photographe. Elle est danseuse. Ils se croisent pendant une soirée, elle est l’amie de son ami, mais un regard suffit, ils savent tous les deux, que quelque chose s’est passé, s’est noué, qu’ils se reverront dans le cadre d’une relation « honnête ». Ils se revoient rapidement, et puis encore, et puis encore. Ils se découvrent une vraie amitié, osent se regarder, se toucher, se confier, partager leur confrontation avec le racisme, le regard des autres, les présupposés violents dus à leur couleur de peau... Ils parcourent le sud-est de Londres ensemble dans les chaleurs de l’été, les évènements leur rappellent régulièrement leur couleur de peau, la peur est en lui et le mine. Mais les sentiments commencent de naitre, « Vous jouez l’un et l’autre à ce jeu aux enjeux trop élevés... », l’amour avance, le désir croît seconde après seconde sans qu’ils n'osent se l’avouer ou l’avouer à l’autre, « Donner un voix au désir, c’est lui donner un corps qui peut respirer et vivre. ». Comment aimer et vivre quand l’insécurité, la peur et le danger sont permanents ? Un superbe roman d’amour qui dissèque les sentiments qui traversent une relation amicale ou amoureuse, un portrait émouvant d’un jeune homme noir amoureux, mais dramatiquement paralysé par le racisme qui perdure même dans une ville annoncée depuis des décennies comme absolument cosmopolite.

Premier roman

« Tu découvriras bientôt que l’amour te cause de l’inquiétude, mais qu’il te rend beau. »

« Comment se débarrasse-t-on du désir ? L’exprimer, c’est semer une graine, savoir que d’une manière ou d’une autre elle va pousser. C’est l’admettre et se soumettre à quelque chose qui se situe à l’extrême limite de ta faculté de compréhension. »

« Il n’y a en vérité que deux scénarios possibles quand on écrit : un inconnu arrive en ville, ou bien une personne part en voyage. Les bons livres ne sont que des variations sur ces thèmes. »

« Ne rien faire avec quelqu’un, c’est lui faire confiance, et faire confiance, c’est aimer. »

« Deux solistes qui mènent des conversations si harmonieuses qu’ils ont du mal à se séparer. Vous n’êtes pas les musiciens mais la musique. »

« Tu sais qu’aimer, c’est à la fois nager et se noyer. Tu sais qu’aimer, c’est être entier, partial, une attache, une fracture, un cœur, un os. C’est saigner et guérir. C’est faire partie de ce monde, honnête. C’est installer quelqu’un près de ton cœur battant dans l’obscurité absolue de tes entrailles et avoir confiance dans le fait que l’autre te serrera très fort. Aimer, c’est faire confiance, et faire confiance, c’est avoir foi en l’autre. Comment pourrait-on aimer autrement ? »

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Fiche #2889
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Carine Chichereau

Les titres de Caleb Azumah Nelson lus par Vaux Livres


Françoise COLLEY

Vivantes
Mialet-Barrault

30 | 262 pages | 04-08-2022 | 19€

Vivantes dresse le portrait d’une famille de dix enfants, de deux pères, et d’une mère, une super-héroïne, montagne de douceurs qui toujours fait face aux douleurs, aux difficultés, amoureuse de ses hommes malgré tout, « Cette femme était multiple. A la fois affectueuse, fragile, usée par la vie et forte comme un roc, têtue, autoritaire, cruelle. ». La narratrice est la fille du second mari, un Algérien, mais porte le nom du premier, un Juif. Le récit relate son enfance dans une famille nombreuse pauvre croisée avec sa vie de jeune femme, elle aura aussi deux maris et deux enfants. Les pères ne sont pas épargnés, leur lâcheté, leurs mensonges, leur avidité, leur violence... Mais vive, intelligente, rebelle, comme sa mère, elle saura réagir et gagner son indépendance. Un livre coup de poing pour s’affirmer, être soi, s’accepter, être libre de ses choix, un tendre hommage à une mère maman poule, un style percutant, direct, brut en accord parfait avec les personnages et leur vécu.

Premier roman

« La vie est une drôle de garce. »

« Aucun homme ne mérite qu’on sacrifie sa vie et son avenir pour lui. »

« L’amour ne suffit pas pour rendre les gens heureux. »

« Avec le temps, on s’attendrit. On oublie. On cherche à gommer les aspérités... Et puis, un jour, ça remonte. Comme un geyser. On se rend compte que non, la blessure, le chagrin, la violence, le manque d’amour sont restés imprimés sur le disque dur. Prêt à ressurgir. »

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Fiche #2890
Thème(s) : Littérature française


Giacomo MAZZARIOL

Mon frère chasse les dinosaures
Slatkine

29 | 175 pages | 04-08-2022 | 15€

Giacomo, cinq ans, a deux sœurs alors, quand ses parents lui annoncent qu’il va avoir un petit frère, c’est la joie, « Deux garçons, deux filles, deux partout. ». Mais les parents complètent, il sera un peu spécial, différent, pour Giacomo, c'est clair, ce sera donc un super héros ! Et puis Giovanni naît, et « Il n’est pas de la même planète que nous. C’est évident. » Mais « ... la vie est tellement plus grande que nous » alors la famille va apprendre à rester unie, joyeuse même si c’est parfois compliqué. La vie de Giovanni nous est livrée, une vie différente mais une vraie vie (« ...Giovanni est Giovanni. Il n’est pas son syndrome, il est lui-même. ») faite de moments drôles, de moments difficiles, de moments décalés... Comment annoncer cette différence à ses copines et copains l’arrivée de ce petit frère, chacun suivra son chemin, son imagination... L’apprentissage au jour le jour de la différence avec des parents bienveillants, rassurants, protecteurs et attentifs. Un récit joyeux, attachant, émouvant et essentiel pour rappeler et « comprendre que la diversité fait partie de la vie et que nous avons tous un syndrome quelconque... »

Premier roman

« La vie avec Gio était un voyage permanent entre les contraires, entre le divertissement et la fatigue, entre action et réflexion, imprévisibilité et prévisibilité, naïveté et génie, ordre et désordre. »

« La seule chose qu’on peut choisir, c’est d’aimer... »

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Fiche #2891
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Emanuele Cremona, Maryvonne Bompol


Eva BALTASAR

Boulder
Verdier

28 | 128 pages | 03-08-2022 | 18.5€

en stock

L’héroïne de Boulder est à avant tout une femme libre, une aventurière dans tous les sens du terme, une femme amoureuse du provisoire, toujours sur le départ. On la rencontre pour la première fois dans les cuisines d’un bateau qui longe les côtes de l’Amérique du Sud. Climat austère, boulot répétitif, peu de contacts, rythme effréné, mais cela semble lui convenir. Ne lui manque que l’amour et les relations sexuelles. Heureusement les ports sont toujours là pour ça. Jusqu’au jour, une rencontre deviendra beaucoup plus qu’une aventure sexuelle, l’amour est au rendez-vous. Elles se retrouvent régulièrement jusqu’à ce que Samsa l’entraîne avec elle à Reykjavik. L’amour est plus fort, Boulder (c’est le surnom que lui a donné Samsa) abandonne les grands espaces pour la capitale islandaise et les Islandais. Elle semble accepter autant que faire se peut cette nouvelle vie, ce nouvel environnement, grâce notamment à Ragnar le patron d’un pub qui lui offre son épaule, son écoute et ses boissons quand le blues et l'appel du large chantent à ses oreilles. Et puis Samsa lui annonce qu’elle veut être mère, aucune négociation possible. Boulder doit accepter cette PMA, la partage, l'observe mais voit peu à peu les murs et le piège se refermer autour d’elle, Samsa s’éloigner, leur relation et leur amour s’étiolent et Boulder se sent exclue même si elle noue une vraie relation avec leur petite fille. Un portrait émouvant d’une femme libre et attachante qui refuse de se laisser enfermer par qui que ce soit, même par l’amour et la maternité, dans un style poétique superbe, avec une grande acuité dans l’analyse des sentiments, beaucoup de vérité et une pointe d’ironie.

« Seul le langage fait que tu appartiens à un lieu, que tu ne t’égares pas. C’est un substrat nourrissant. »

« L’alcool est la tempête qui congestionne et balaie la lucidité. »

« Combien de siècles faut-il pour qu’une femme accouche et que cela n’ait pas l’air d’une expérimentation ? »

« ... la maternité est le tatouage qui fixe et numérote la vie sur ton bras, la tache qui inhibe la liberté. »

« ... j’ai découvert qu’on ne peut pas balancer un enfant sans sourire... Les petits ont ce pouvoir, ils imposent leur joie au mal-être ordinaire des adultes. »

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Fiche #2886
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Annie Bats

Les titres de Eva Baltasar lus par Vaux Livres


Léna PAUL-LE GARREC

Lulu
Buchet-Chastel

27 | 175 pages | 03-08-2022 | 16.5€

Lulu et sa mère vivent ensemble mais ils sont tous les deux seuls, le père absent, toujours un fossé entre eux. Lulu n’est pas un gamin comme les autres, il n’aime pas son prénom (dû à Gainsbourg) mais pourtant il lui correspond parfaitement : « Imagination fertile. Les sentiers battus et les vérités données ne sont pas pour lui. Il sera constamment à la recherche de renouveau et d’émerveillement. ». Lulu est solitaire (« Seul, je suis si bien. ») et passe plus de temps sur le littoral qu’avec des gamins de son âge. Sur la plage, seul, il s’épanouit et vit des moments de bonheur. Il y trouve tout pour son cabinet des curiosités, il ramasse ce qu’il peut y trouver, coquillages, bois flotté, plumes, bouteilles... ces bouteilles qui traversent à l’aveugle (ou peut-être pas) les océans avec parfois un message. Il se sait différent alors parfois il aura la tentation d’être comme les autres, mais la plage le ramène toujours à sa réalité, à ses rêves. Sa mère également le rejoint sur cette sensation de singularité, elle est maladroite, quelques principes singuliers et non négociables (« Elle n’aime pas l’inutile. »), et une difficulté à vivre le moment, à être heureuse et à aimer (« Je n’arrive pas à accéder à la simplicité du bonheur d’aimer). Portrait émouvant d'un petit Prince solitaire, différent, fragile, imaginatif, lunaire, rencontrant toutes les difficultés pour trouver sa place aux côtés des humains et des adultes, et qui finalement, conservera non sans souffrance toujours une forme de liberté, « Mon esprit est d’une infinie liberté. Je navigue du fond des mers aux sommets du ciel »

Premier roman

« La vérité avons-nous envie d’elle, besoin d’elle. Je ne crois pas. Il n’y a qu’une vérité celle que l’on s’invente, chaque jour. »

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Fiche #2887
Thème(s) : Littérature française


Antoine CHOPLIN

Partie italienne
Buchet-Chastel

26 | 170 pages | 02-08-2022 | 16.5€

Gaspar est un sculpteur connu et reconnu en France mais souhaite prendre du recul et part pour Rome. Il s’installe sur la place Campo de’Fiori pour jouer des parties d’échecs avec des joueurs de passage, des inconnus. Jusqu’au jour où Marya s’installe face à lui et le bat régulièrement. Elle est originaire de Hongrie, œnologue et partage la passion des échecs qu’elle a appris avec son père. Un lien particulier se noue entre eux, tous les deux attachés à la connaissance, aux échecs, ils vont se confier. Gaspar apprendra l’histoire de Simon Papp, le grand-père de Marya, joueur réputé d’échecs. Simon, après être devenu le secrétaire particulier du commandant du camp d’Auschwitz qui l’avait reconnu et était aussi passionné et joueur d’échecs, mourra à Auschwitz. Les échecs sont un jeu de mémoire, chacun mémorise une multitude de parties, qui restent donc dans l’histoire du jeu. Alors Marya et Gaspar partent sur les traces des parties de Simon, dans les méandres de l’histoire avec comme résultat ultime, une partie nocturne devant la statue de Giordano Bruno symbole de la connaissance et du savoir (« Face à la bêtise, au joug des dogmes, à la démesure des pouvoirs aveugles. ») en opposition à l’obscurantisme. Un texte érudit, des personnages attachants par leur parcours et leur histoire, une plongée dans le monde des échecs et la mémoire, un style adapté, Antoine Choplin se renouvelle à chaque roman, quel plaisir !

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Fiche #2884
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Antoine Choplin lus par Vaux Livres


Pauline DESMURS

Ma théorie sur les pères et les cosmonautes
Denoël

25 | 182 pages | 02-08-2022 | 17€

Pour le petit Noé, c’est la double peine : son père, tel un cosmonaute, est parti, le voyage est très long et son retour tarde ; Beatriz la compagne de sa mère, celle de qui il était très proche, celle sur qui il pouvait compter, celle qui l’écoutait, celle qui lui lisait des contes, est morte d’un cancer. Alors Noé plonge dans un désespoir profond, la mort est incompréhensible, il hurle de douleur, et la révolte gronde en permanence : « Je ne sais pas quoi faire de ma rage au bide, de mon vide au cœur, et de mes couteaux dans la tête. ». Dompter sa douleur, trouver un apaisement relatif, prendront du temps et passeront par plusieurs canaux et étapes. Sa voisine Coralie et sa petite fille Charlotte qui même si elle ne comprend pas tout lui offre une place de grand frère. Alexandre un vieux monsieur éprouvé rencontré au cimetière avec son gros livre et dont la mère a passé sa vie à rechercher Marina Tsvetaïeva, ils pourront partager leurs peines et Alexandre avec tendresse et sagesse lui apprendra que toutes les douleurs, même les plus vives et terrifiantes, peuvent s’estomper. Patrice l’animateur d’un atelier qui lui ouvrira les portes de la vidéo et lui proposera de devenir maître de son monde et de son destin, Noé décidera du moment où le mot fin s’affichera et la lumière s’éteindra. Noé, un enfant qui raisonnera peu à peu comme un grand avec beaucoup de souffrances, le parcours d’un gamin qui se prendra en charge pour s’éloigner progressivement de la mort et supporter les absences.

Premier roman

« Notre distance ne se mesure pas, nos liens échappent au système des chiffres. »

« Mais j’avais trouvé bizarre qu’on foute des voix dans des enveloppes. Comment peut-on les entendre, si on les enferme dans des murs de papier ? »

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Fiche #2885
Thème(s) : Littérature française


Nicolas REY

Crédit illimité
Au Diable Vauvert

24 | 210 pages | 01-08-2022 | 18€

Diego Lambert est un looser, un vrai, mais il arrive au bout de l’aventure, la déprime complète (seuls instants de rémission, quand il est sur le divan de sa très belle psy), plus d’argent, les poches vides, des crédits à gogo, interdit bancaire, il a déjà tapé tous ses amis et ses proches, il n’en reste qu’un ! Le plus puissant, le plus riche, le plus intransigeant, le plus dangereux : son père ! Un très riche chef d’entreprise dont il se tient le plus éloigné possible mais cette fois il va bien falloir mettre sa haine et ses peurs sous le mouchoir et aller lui demander de l’aide. A sa grande surprise, son père l’accueille presque avec sympathie et se dit prêt à l’aider mais à une condition : il remplace dans une de ses entreprises du Nord de la France la DRH actuellement en congés de maladie et prend en charge le licenciement de quinze salariés qui lui seront signifiés. S’il réussit, il repart avec une valise déjà prête de 50 000 euros. Diego ne peut qu’accepter et se lance dans les entretiens préalables aux licenciements et rien ne va se passer comme Dieu le père l’avait prévu, il va le regretter vivement ! Un fils à papa déprimé au secours des employés, une belle histoire d’amour, un meurtrier qui court dans la nature, un humour désespéré, une chronique sociale, crédit accordé !

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Fiche #2882
Thème(s) : Littérature française


Alessio FORGIONE

Crier son nom
Denoël

23 | 250 pages | 01-08-2022 | 21€

A Soccavo, un quartier pauvre et violent de Naples, à la fin des années 90, une bande de gamins-ados entre deux joints jouent au foot. Certains fréquentent encore l’école et à part le foot, restent souvent désœuvrés. Sur le terrain, on l’appelle Marocco, et il est le meilleur contrairement à l’école, où il est un cancre. Il rêve de foot avec son père, sa mère les a laissés seuls il y a plusieurs années et cela reste une vraie souffrance. Son père l’aime, même s’il a parfois la main dure, et tente de lui inculquer les valeurs dans lesquelles il se reconnaît, mais le quotidien, le quartier... Il lui a promis un scooter, mais cela reste une promesse... Le gamin décide de trouver l’argent nécessaire par ses propres moyens aidé par son pote Lunno. Et où se trouve l’argent facile à Soccavo ? La seule vraie lumière dans la vie de Marocco sera sa rencontre avec Serena, elle seule semble pouvoir le sauver d’un futur déjà écrit, un premier amour fulgurant et peut-être salvateur. Un portrait émouvant d’une bande de gamins nés au mauvais endroit avec un destin social tout tracé, si l’école ne sauvera pas Marocco, espérons que Serena le pourra !

« On vivait et tout à coup, sans raison, on mourait. Les choses se brisaient sans que personne les ait touchées. »

« Elle ne comprenait pas le fait qu’aimer quelqu’un est un malheur, parce qu’on se met entre ses mains et on devient comme les nuages : de petites formes délicates et faciles à détruire. »

« Parce que nous sommes juste des choses qui roulent dans une pente et qui tôt ou tard s’arrêteront. »

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Fiche #2883
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Lise Caillat


Catherine LOGEAN

Confessions à un ficus
L'Arbre Vengeur

22 | 210 pages | 31-07-2022 | 17€

en stock

Geoffroy est l’antihéros (suisse en plus !) dans toute sa splendeur (« Mes tentatives pour donner un cours un tant soit peu satisfaisant ou raisonnable à mon existence ont échoué. Certains ont le sens de l’orientation... Pour d’autres, de quelque façon qu’ils l’orientent, la carte reste indéchiffrable. »), son amoureuse dont il est toujours épris vient de le quitter, il fait un travail guère passionnant et est pressuré par sa hiérarchie. Il a un frère jumeau à qui, ayant abandonné ses idéaux de jeunesse, tout réussit selon les critères de réussite habituels évidemment... Autour de lui, tous ont leur certitude alors qu’il plonge dans l’incertitude et le doute absolus. Seuls moments à part : les répétitions pour une pièce de théâtre d’avant-garde. Il a en effet été repéré par la metteuse en scène qui lui voue une admiration sans faille (attention passages d’anthologie !). A force de subir sa vie, il quitte son poste pour devenir manutentionnaire et il se retrouve chez un psy, le bien nommé Somme, et son ficus va débloquer sa parole ! Les ficus pourraient-ils sauver l’humanité ? La tragédie humaine traitée avec drôlerie et ironie, un ton grinçant, ironique, moqueur, à déguster sans modération.

Premier roman

« Les enfants ont un doudou, les vieux ont Dieu. »

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Fiche #2880
Thème(s) : Littérature française


Joseph INCARDONA

Les corps solides
Finitude

21 | 262 pages | 31-07-2022 | 22€

Anna conduit sa camionnette aménagée, elle vend des poulets rôtis le long de la côte atlantique. Elle vit avec son fils dans un mobile-home et les fins de mois sont toujours difficiles, les dettes s’accumulant. Mais ils sont bien tous les deux ensemble, pensent être libres et Léo suit les traces de son père disparu et d’Anna en surfant les vagues du littoral. Alors quand un sanglier, au retour du boulot, se met en travers de sa route et que la camionnette s’enflamme, c’est peut-être la catastrophe de trop. Tout se complique. C’est le moment où le Jeu est annoncé à grand renfort de publicité, « ... à la confluence de la politique, du marché et des médias... », avec comme gain, un pick-up double cabine rutilant d’une valeur de 50000 euros. Pour Léo, les calculs sont vite faits ! « On puisera dans la frange moyenne du désespoir, du découragement, de l’échec, de l’épuisement, de l’usure et de la débilitation. » et Anna a la chance (...) grâce à (ou à cause de) Léo d’en faire partie ! Le Jeu est simple, tenir la voiture d’une main le plus longtemps possible or « L’Homme n’est pas fait pour rester immobile. » et ils vont tomber les uns après les autres (la violence n’est pas uniquement portée par des coups), le dernier partira avec le pick-up. « ... la grande machine à broyer les hommes. » continue son œuvre mais Anna est une femme de caractère et aime par-dessus tout son fils. Des personnages denses, attachants, émouvants, réalistes pour une plongée tendue dans la téléréalité, la misère sociale, le mélange toujours détonnant et malsain entre politique, économie et médias, la difficulté de vivre, l’amour filial, l’entraide et la mer et le surf. On le lit d’une traite et on abandonne Anne et Léo à regrets !

« ... l’indigence appelle le risque. »

« Qui sait si une promesse peut aider à traverser l’enfer ? »

« Si on pouvait savoir ce qui se trame autour de nous, les forces agissant à notre insu, on serait terrifiés. »

« A force de laisser tomber, on entend causer seulement les cons. »

« Et si on pouvait les comptabiliser, au final, les êtres et toutes ces choses qu’on touche dans sa vie ? Que touche-t-on le plus ? Les êtres aimés ? Soi-même ? Le clavier de son ordinateur ? Son Smartphone ? Le volant de sa voiture ? »

« Et pleure. Pleure tout ce que tu peux pleurer. Et puis souris. »

« L’épuisement gomme tout, l’épuisement est le pilier sur lequel repose l’indifférence. »

« Et, peut-être que le secret en surf comme en toute chose est de nous faire croire cela, que vivre est à la portée de tout le monde. »

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Fiche #2881
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Joseph Incardona lus par Vaux Livres


Angelo ARANCIO

Un fils
L'échelle du temps

20 | 198 pages | 30-07-2022 | 18€

Son père est mort il y a déjà de longues années, sa mère avait trente et un ans et lui sept ans. Ses quatre frères et sœurs avaient à peu près le même âge. Il est maintenant père de trois enfants à quarante-trois ans et il est peut-être enfin temps de se retourner sur son passé (« Déjà que j’avais du mal à être fils, voilà que j’étais père, maintenant. ») et principalement sur sa relation avec sa mère. Une mère silencieuse, enfant, il n’a jamais ressenti amour, attention, affection, protection, « Je ne voulais te recevoir que comme je le désirais... Ma frustration m’a empêché de te reconnaître. ». La mort du père, un vrai Sicilien, renforce ce malaise, pas d’explications, pas de consolations, l’impression d’être seul face à son chagrin (« Seulement à tant t’oublier tu as fini par nous oublier.) alors qu’elle se retrouve seule à Saint-Etienne pour tout assumer, elle qui n’a jamais eu un emploi rémunéré. Aujourd’hui seulement, il peut reconnaître l’ampleur de la tâche et que même en silence et à distance, la louve sicilienne restait à ses côtés. Même quand des années plus tard, elle semble enfin profiter de la vie, ce n’est pas la mère qu’il espérait. Mais cette vision de la mère, ce rêve, ne peut être décorrélée de la vie du fils, alors il nous la relate longuement, sans artifice, avec franchise, une trajectoire chaotique, faite d’échecs, de peurs, d’hésitations, de complexes. Quarante trois ans pour le reconnaître, pour faire la part des choses, « Il était tellement plus simple et facile de t’accuser de tous mes maux plutôt que reconnaître que je me plantais... Tout occupé à ma douleur et à ma colère, je ne pouvais voir les preuves d’amour dans lesquelles je butais. », quarante trois ans pour comprendre que « la meilleure des solutions c’était de nous aimer sans aucune forme de démonstration. » Une émouvante confession frisant avec le mea culpa, un puissant (mais peut-être tardif) cri d’amour pour une mère courage.

Premier roman

« Patrick Dewaere m’a carrément sonné. Je voulais être comme lui. On aurait dit un verre de cristal fendu, impossible à toucher sans risque de le casser. »

« La passion c’est se faire croire qu’on se construit à travers l’autre, alors qu’on passe son temps à se détruire. »

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Fiche #2876
Thème(s) : Littérature française


Aurélie DJIAN

Du temps de ma splendeur
Julliard

19 | 165 pages | 30-07-2022 | 18€

La narratrice est la dernière d’une lignée de trois femmes, sa mère au prénom prédestiné, Reine, sa grand-mère Rose, deux femmes pour qui l’apparence et le paraître sont primordiaux. Alors évidemment l’âge et le vieillissement viennent heurter leurs préoccupations. Une jeune femme peut-elle trouver une complicité, une écoute dans ce cadre ? Reine continue de vouloir tout gérer (« la mauvaise fée qui me servait de mère »), seule Rose fera preuve de tendresse et d’écoute. Le récit est un va-et-vient dans les pensées, les souvenirs des trois femmes, leurs rapports aux hommes, leurs époux... Le questionnement intime d’une femme de quarante ans qui n’a toujours pas résolu « le mystère de sa mère » et qui s’interroge sur son avenir, sa vie, sa maternité, le temps qui passe.

Premier roman

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Fiche #2877
Thème(s) : Littérature française


Sonia RISTIC

Triptyque en ré mineur
Intervalles

18 | 265 pages | 30-07-2022 | 19€

A Belgrade, dans les années 70, Milena, après avoir rencontré deux Américains, entreprend une correspondance avec l’un d’eux. Il y est évidemment question de leur rencontre, de ce qu’ils en attendent, en espèrent, mais aussi du contexte historique et politique (guerre froide, espionnage...) et de l’écriture qui fait partie de leur vie. En visitant son père interné, elle rencontre Lily qui a passé son enfance à Berlin. Le deuxième opus revient sur la rencontre de Lily, fille d’une famille ouvrière, et Clara, fille unique d’un couple d’avocats juifs, dans les années 30 à Berlin. Elles tentent de s’aimer au cœur de l’Histoire qui viendra les séparer. Des années plus tard, en plein confinement en France, Ana, qui a vécu son enfance à Belgrade, reçoit un imposant paquet rempli de lettres, la correspondance de Milena et Sam, si romanesque qu'elle va se lancer dans l'écriture et découvre cette phrase de Milena « l’amour de ma vie, c’est ce que je suis en train de faire. C’est l’écriture. » qu’elle peut aujourd'hui partager. Trois opus en ré mineur, trois complaintes mélancoliques qui se répondent avec en arrière-plan « ... les relations complexes qu’entretiennent la maladie mentale, la création, la mort et l’amour. ». « On n’a toujours qu’une version de l’histoire, celle qui a été écrite, et on se débrouille, on fait avec tous les scénarios possibles qui se dessinent entre les lignes. » et la version de Sonia Ristic est ici passionnante.

« Car renoncer à souffrir demande beaucoup de courage. »

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Fiche #2878
Thème(s) : Littérature étrangère


Yves VIOLLIER

Un jeune homme si tranquille
Les Presses de la Cité

17 | 265 pages | 30-07-2022 | 20€

Le narrateur d’Un jeune homme si tranquille est le maire du village qui a accueilli Roger Martin. Le village lui a ouvert ses portes, tous l’ont accueilli avec bienveillance, certains sont devenus très proches, il a su être à l’écoute, se rendre parfois indispensable. Tout le monde l’aimait bien et fut triste à sa mort. L’enterrement révèlera un autre homme, une petite phrase anodine de son neveu et le doute et les questions jaillissent. Les archives de Bordeaux vont révéler la véritable histoire de Roger Martin. Qui aurait pu se douter que derrière ce vieux monsieur avenant se cachait un autre homme, un ignoble. Pour sa défense, à son procès, il dira sans remords : « Pourquoi avez-vous choisi la Gestapo ? Je ne l’ai pas choisi. C’est elle qui m’a choisi. ». L’homme a passé la guerre à dénoncer, Juifs, communistes, résistants... et à s’enrichir. Jugé, condamné à mort, il fut amnistié et réussit à gommer son passé dans sa nouvelle vie. Ces archives décrivent le parcours odieux de cet homme qui arrive semble-t-il à l’oublier ou du moins choisit le silence. « Etait-il avec nous, malgré les apparences, le monstre froid et dénué de scrupules... ? » En sachant ce passé, l’amitié restait-elle possible ? Son nouveau comportement était-il la preuve d’une mutation et d’un repenti sincère ? Histoire glaçante d’une trahison et d’une amitié trompée.

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Fiche #2879
Thème(s) : Littérature française


Ito OGAWA

Le goûter du lion
Philippe Picquier

16 | 260 pages | 28-07-2022 | 19€

Shizuku pourtant encore très jeune se sait condamnée. Elle décide de partir pour un dernier voyage vers la beauté, l’île aux citrons, dans la mer intérieure du Japon, de s’installer dans la maison du Lion, havre de paix (« On s’y sentait comme couvé du regard par un inconnu au visage souriant. ») pour terminer sa vie. Elle retrouve d’autres pensionnaires également en fin de vie et Madonna la directrice attentionnée. Délicate, tendre, elle est accompagnée par d’autres femmes également d’une grande douceur. Profiter sans retenue, sans peurs, sans regrets, des derniers instants, vivre les pépites de bonheur qui se présentent, les paysages, la mer, le soleil, les dernières rencontres, Rokka la chienne, sourire, rire, écouter les violoncelles pleurer ou chanter, tout est à prendre, comme le goûter du lion : tous les dimanches, un pensionnaire propose une recette liée à un souvenir, et même si elle est parfois accompagnée du vin à la morphine, parler de ses souvenirs, (re)découvrir de nouvelles saveurs, cuisiner, manger, partager, c'est la vie qui continue. Entre beauté et tristesse, « Je n’arrivais pas à verser des larmes et le violoncelle pleurait à ma place. Il pleurait mais le ciel était bleu, la lumière brillait à travers les nuages blancs. La mer s’étirait sous le ciel bleu... », toujours avec délicatesse, dans un lieu magique, Ito Ogawa trace le chemin de l’apaisement même devant l’issue fatale.

« Accepter la mort n’est pas si facile. »

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Fiche #2874
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Déborah Pierret-Watanabe

Les titres de Ito Ogawa lus par Vaux Livres


Claire BAGLIN

En salle
Minuit

15 | 160 pages | 28-07-2022 | 16€

En Salle mène de front deux récits pour deux périodes de la vie d’une jeune femme, la narratrice. Elle vient de passer un entretien d’embauche pour une grande chaîne de restauration rapide et c’est le succès... Dans le même temps, elle revient sur son enfance avec ses parents, son frère Nico, une enfance marquée par l'omniprésence du travail du père, ouvrier à la maintenance, un poste dangereux, mais guère considéré avec une pression permanente des patrons alors ses blagues potaches lui permettent peut-être d’oublier... Avec une description clinique du travail dans « le restaurant », des différents postes de travail, des relations entre les employés, des interventions permanentes des managers et autres petits chefs, Claire Baglin dissèque un emploi aliénant (« Aux frites, l’automatisme empêche de réfléchir. »), pressant, usant psychiquement et physiquement (« ... c'est un fait, les peaux se décollent et s'effritent lorsqu'elles de lavent les mains. »), qui réussit à faire oublier tous les espoirs et rêves possibles et peut vous aspirer rapidement vers un trou noir sans issue. La construction, le style, la description froide et précise, le réalisme, un vrai grand premier roman !

Premier roman

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Fiche #2875
Thème(s) : Littérature française


Olivier ADAM

Dessous les roses
Flammarion

14 | 248 pages | 27-07-2022 | 21€

Le père vient de mourir et la famille se retrouve pour l’enterrement. Deux garçons et une fille. Antoine le benjamin et Claire l’aînée commencent de se confier. Puis viendra le tour de Paul, le mouton noir, l’artiste homosexuel qui donne en pâture dans ses créations ses proches et leur intimité, et il n’est pas tendre… Chaque raconte ses souvenirs, ce qu’il a ressenti, les rancoeurs, les non-dits, les colères mais aussi les beaux moments : « … nous n’avons pas connu les mêmes parents… aucun n’avait connu la même enfance » et pourtant chaque parent est persuadé ou se persuade du contraire. Il pense avoir traité, regardé, aimé, de la même façon chaque enfant, et pourtant… une vraie différence ? Un ressenti différent ? une personnalité différente qui fait appréhender la relation différemment ? Dans ce moment particulier, le passé enfoui ressurgit et le trio semble se reformer, mais peut-il encore exister, a-t-il vraiment déjà existé ? Le trio nous fait également partager leur quotidien, chacun occupant une place bien différente dans notre société alors qu’ils sont peut-être à un tournant de leur vie. Olivier Adam continue son exploration des relations filiales d’un père avec ses enfants et familiales , c’est grinçant, parfois drôle, toujours réaliste et questionnant, cette nouvelle pièce de Paul va encore rendre fou Antoine !

« Le vieillissement frappait ainsi. Par à-coups. Au gré des épreuves, des maladies, des deuils. Ce n’était pas vrai qu’on vieillissait peu à peu. Non. On vieillissait subitement. Mais à plusieurs reprises. Par paliers. »

Ecouter la lecture de la première page de "Dessous les roses"

Fiche #2868
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Olivier Adam lus par Vaux Livres


Corinne MOREL DARLEUX

La sauvagière
Dalva

13 | 140 pages | 27-07-2022 | 17€

Un accident de moto, et elle pousse la porte d’un autre monde. Comme dans un conte, loin de la ville, elle se retrouve au cœur de la forêt montagnarde dans une maison forestière aux côtés de deux anges, deux fées, deux sorcières, Jeanne (« une impression d’évanescence émanait de l’ensemble de sa silhouette ») et Stella (« son regard luisait de folie »). Finalement, l’accident a peut-être permis de réaliser son désir le plus profond : « Je n’eus pas le courage de m’évaporer. L’accident l’a fait. ». Laisser de côté l’agitation perpétuelle, le bruit, les paroles inutiles, les tensions permanentes, revenir à la lenteur, à l’attention et l’observation au cœur d’une nature sauvage qui a repris ses droits et n’attend rien de l’homme. Une nature puissante qui s’immisce partout nous ramenant vers l’animal comme un retour au source à l’opposé du tumulte insensé et mortifère de notre monde. Un premier roman sous forme de conte ou de rêve pour retrouver du sens et nos sens.

Premier roman

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Fiche #2869
Thème(s) : Littérature française


Amélie FONLUPT

La passagère
Rivages

12 | 205 pages | 27-07-2022 | 19.5€

La passagère prend ses racines au Cap-Vert, le pays de la sodade et le lieu de naissance en 1941 de Mame, l’ancêtre d’une lignée de femmes et Léna la fille de Reine nous fait partager leur destin. Mame poursuivie par la pauvreté, l’âpreté de la vie, le départ de son homme, la contraignent à l’exil avec sa fille, Reine. Après une halte au Portugal, elles s’installeront à Paris. Reine fera d’elle sa nouvelle culture alors que Mame restera très critique envers la France (« un pays riche rempli de pauvres ») et les Français. Reine lors de son premier mariage voit Mame repartir au Cap-Vert. Après un deuxième mariage, Lena naît puis son petit frère Max. Cette lignée de femmes est évidemment marquée par le déracinement et l’exil, l’exil qui broie, l’exil qui déchire et écartèle et la peur qui l’accompagne, une peur et une détresse qui s’héritent et se propagent de génération en génération ; mais aussi par l’absence des hommes, des hommes sans respect, « une tonne de mensonges dans les poches », « des mauviettes », elles devront faire sans. La musique et le piano suffiront-ils à Léna pour ne pas laisser cet héritage la broyer, se dégager des côtés les plus toxiques et conserver le meilleur ?

Premier roman

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Fiche #2870
Thème(s) : Littérature française


Simon PARCOT

Le bord du monde est vertical
Le Mot et le Reste

11 | 158 pages | 27-07-2022 | 18€

Histoire d’une aventure, aventure en montagne, aventure humaine, plongée dans la nature, plongée en soi. Deux chiens, Moïra et Zéphyr, Gaspard, le bien nommé premier de cordée, Vik, un colosse du Grand Nord, Ysé, une femme, et Solal, le petit nouveau fou de joie de les accompagner. Ils viennent pour aider les personnes isolées de la vallée. Une vallée au sommet vertical le Bord du Monde qui n’a jamais été atteint, un sommet mythique, mystérieux qui continue de se dérober à tous. Or le projet secret de Gaspard, sa quête d’absolu, est d’atteindre ce sommet accompagné de Solal, l’endroit où rêve et réalité se rejoignent si proche des étoiles. L’aventure est éprouvante : neige, froid, vent, dangers multiples, dépassement de soi… un lieu propice aux légendes, aux croyances et aux rares rencontres mais toujours étonnantes comme celle du Père Salomon qui pense pouvoir aider Gaspard dans sa quête… Exigeant comme la montagne, attirant comme la montagne, beau comme la montagne, intriguant comme le mystère de la montagne, un premier roman philosophique d’aventures en altitude éclairé par une poésie à la hauteur de la rudesse de l’aventure.

Premier roman

« …la véritable ascension est une ascension intérieure. »

« Car la montagne est un exhausteur de goût, un exhausteur de vie ! »

« Tu vois, je ne grimpe pas par goût du risque, je ne grimpe pas par désir de mort, au contraire, aller là-haut affine ma conscience de la vie. »

« … que ferions-nous ici, sans les livres ? C’est eux qui nous font sortir : un vers, juste un vers, des filaments d’encre sur du papier et voilà que nos esprits filent par-delà la cheminée rejoindre les étoiles gelées. »

Ecouter la lecture de la première page de "Le bord du monde est vertical"

Fiche #2871
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Simon Parcot lus par Vaux Livres


Sarah JOLLIEN-FARDEL

Sa préférée
Sabine Wespieser

10 | 205 pages | 27-07-2022 | 20€

« Demeurer dans cette destructrice intranquillité. Je ne m’en arracherai pas. » Marquée par une enfance terrible et terrifiante, Jeanne ne pourra jamais s’en arracher. Dans un village isolé de montagne où chacun sait, mais chacun se tait, avec sa grande sœur Emma, et sa mère, elle subit et vit dès son plus jeune âge la violence d’un père brutal et alcoolique. Un père qui frappe, qui tape, dénigre, insulte celle qui est là, même sa préférée. Après un nouvel épisode encore plus violent qu’à l’habitude, même le docteur ne fera rien pour la sortir de l’enfer, seules les études sembleront l’éloigner et peut-être la sauver. Mais la peur ne l’abandonnera jamais, peur des cris, peur des coups, peur des hommes et la colère l’étreindra pour toujours. Seule la nage dans le lac Léman semble l’apaiser mais le suicide de sa sœur la replonge dramatiquement dans son passé, impossible d’y échapper, un passé et une colère qui empêchent toute relation durable. Un passé qui marque à jamais, omniprésent et qui, subitement, peut resurgir avec violence, empêchant toute sérénité, tout espoir, et le savoir empêche réellement de vivre et d’aimer. L’auteur est directe, sans fioriture, le style est vif et ciselé, elle pose sur le papier les situations, les sentiments, la violence, une série d’uppercuts qui frappent le lecteur qui assiste impuissant à cette impossibilité de vivre.

Premier roman

« Je n’avais pas trente ans, j’étais en guerre. Depuis toujours. Pour toujours. »

« Après. Après il faut revivre… Faire semblant. Mentir. »

Ecouter la lecture de la première page de "Sa préférée"

Fiche #2872
Thème(s) : Littérature française


Laura POGGIOLI

Trois soeurs
L'Iconoclaste

9 | 280 pages | 27-07-2022 | 20€

« Trois sœurs », entre le récit et le roman, entremêle un fait divers russe et l’expérience russe de l’auteure. Trois sœurs ont assassiné leur père (2018). Depuis des années, il les frappait, les humiliait, en abusait, douleurs physiques et psychiques permanentes et répétées, alors elles ont fini par le tuer. Inacceptable en Russie, la justice les a condamnées ignorant totalement leur calvaire. Laura Poggioli a vécu à Moscou. Amoureuse de la langue russe, de la Russie, de ses écrivains, de ses poètes, de la vie en Russie, la boisson, la musique, elle a tout accepté, même les coups de son petit ami. Ce double témoignage fournit un éclairage concret de la Russie d’aujourd’hui, de la place de la femme (ou plutôt de l’absence de place), de la famille, des peurs qui les habitent, de la violence sourde, autorisée et récurrente dans la sphère privée. Mais « Les hommes, on les aimait. Et quand on aimait, on excusait. », c’était la fatigue, le boulot, l’alcool, le désespoir devant notre monde… Tout simplement terrifiant !

Premier roman

« N’importe quel Français bien constitué a envie de repartir quand il arrive en Russie, mais au bout de six semaines, il veut y rester pour toujours. »

« S’il te bat, c’est qu’il t’aime. »

Ecouter la lecture de la première page de "Trois soeurs"

Fiche #2873
Thème(s) : Littérature française


Pascale ROBERT-DIARD

La petite menteuse
L'Iconoclaste

8 | 235 pages | 26-07-2022 | 20€

Lisa se rend dans le cabinet d’avocats d’Alice alors que son procès va être jugé en appel : Marco accusé de l’avoir violée alors qu’elle était en troisième a été condamné à dix ans de prison malgré ses dénégations. Pour ce procès, ses parents avaient fait appel à un ténor du barreau, mais aujourd’hui majeure, elle veut cette fois choisir une femme et qu’Alice la défende. Alice se souvient de ce procès et flattée, elle accepte d’assurer sa défense. Rapidement, Lisa lui avoue son mensonge, elle n’a pas été violée. Un autre contexte, un autre procès. « Mes clients, quand je les défends, je les aime. Mais pas avant et plus après. ». Alice est avocate, pas juge, alors Alice défendra Lisa. Chacun a droit à une défense, Marco quand il est accusé de viol, Marco lorsque le mensonge de Lisa sera dévoilé, Lisa quand elle accuse Marco, Lisa quand elle reconnaît son mensonge. La justice est là pour démêler les fils, acceptant le doute qui n’a néanmoins plus beaucoup d’espace. Accepter ce doute ce n’est pas remettre en cause son attachement à la vérité, simplement il doit toujours être pour la mettre à jour, la faire jaillir. On suit avec intérêt tout le processus du travail d’avocat, Alice se confrontera au passé de Lisa en libérant sa parole : ses années de collège (« Le collège, c’est la guerre. ») où elle était mal dans sa peau, des années tendues, violentes, des années de souffrance qui ont transformé ses secrets et son mal être en mensonge ; ses relations avec les adultes qui en souhaitant la protéger l’ont peut-être menée sur ce chemin du mensonge. Alice va devoir décrypter « le piège infernal » qui s’était refermé sur cet adolescente perdue. Le pari était risqué et c'est une vraie réussite, sans jugement péremptoire, sans prise de position définitive à part celle de la vérité, sans remise en cause de la parole des femmes, une réflexion sur la justice et la recherche toujours nécessaire de cette vérité : « Parce que tu crois qu’il y a un moment pour la vérité. »

« Prendre connaissance des évènements d’une époque à travers les documents judiciaires, c’est comme étudier les étoiles en regardant leur reflet dans un étang. »

« Si l’ennui devait comparaître un jour devant la justice, aucun palais ne serait assez grand pour accueillir tous ceux qui ont des compte à lui demander. »

« Pourquoi devrait-on douter davantage d’une jeune fille qui se rétracte que d’une jeune fille qui accuse ? »

« Plaider, finalement, c’est comme nager dans une eau froide et agitée, une lutte physique contre les éléments contraires. »

Ecouter la lecture de la première page de "La petite menteuse"

Fiche #2866
Thème(s) : Littérature française


Victor JESTIN

L'homme qui danse
Flammarion

7 | 187 pages | 26-07-2022 | 19€

Arthur a toujours été mal dans sa peau, à la recherche d’une place, d’un regard, d’un contact, d’un amour, d’un double. Impossibilité de s’intégrer durablement à un groupe, la solitude restera sa compagne de toujours : « Ce n’était même pas la drague qui échouait, mais la relation la plus élémentaire, le premier contacet amical. Je n’accrochais rien. Les gens me glissaient entre les mains. ». Seule la lumière de la nuit entretient l’espoir impossible, les pistes de la boite de nuit, la Plage. On s’y côtoie, on s’y frotte, le temps s’arrête, alors pourquoi pas lui ? Des moments fugaces partagés, s’exprimer avec son corps, une façon d’être, espérer être remarqué, regardé. A vingt-six ans, il décide de prendre des cours de danse, son corps se transforme. Que d’efforts ! Mais tout ça reste assez vain, même les boîtes sont amenées à disparaître, « C’est comme ça. Tout disparaît à un moment. Avant c’étaient les fêtes de villages, les dancings... Les boîtes aussi, ça finira. », on reste toujours seul au monde, alors on danse !

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Fiche #2867
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Victor Jestin lus par Vaux Livres


Kéthévane DAVRICHEWY

Nous nous aimions
Sabine Wespieser

6 | 150 pages | 25-07-2022 | 19€

Chaque été, Daredjane met un point d’honneur à emmener ses filles dans son pays d’origine, la Géorgie. Moments de tendres retrouvailles avec ses parents et son pays, sans trop analyser ce désir, c’est un passage obligé malgré les difficultés notamment l’escale russe toujours tendue et dévalorisante. Daredjane a quitté la Géorgie suite à un coup de foudre avec Tamaz. Elle venait danser à Paris, il était étudiant en architecture. Ils ne se quitteront plus, leur amour ne faiblira pas et vivront ensemble l’exil et la naissance de leurs deux filles, Kessané et Tina. Ils vivent chichement mais dans un certain bonheur, une famille unie, soudée, les deux filles sont très liées et construisent ensemble une vraie palette de tendres souvenirs. Jusqu’à la mort du père. Quelque chose se brise, un mur prend place au cœur de la famille, le trio féminin va prendre ses distances, des tensions vont apparaître, les reproches couvent puis jaillissent, les jardins secrets de chacune les éloignent les unes des autres pour finalement se retrouver dans une certaine solitude les condamnant à ne plus partager leurs chagrins et leurs bonheurs.

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Fiche #2864
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Kéthévane Davrichewy lus par Vaux Livres


Gaëlle JOSSE

La nuit des pères
Noir sur Blanc

5 | 175 pages | 25-07-2022 | 16€

Isabelle n’est pas revenue sur les lieux de son enfance depuis longtemps. Documentariste, elle a vécu au contact des océans alors que son père et son frère, kiné, n’ont pas bougé et vivent toujours en montagne, dans les Alpes. La santé de son père, ancien guide de montagne, décline (il entre dans les brumes de l’oubli) et son frère l’a appelée. Elle arrive avec ses peines (elle vient de perdre son compagnon) et ses craintes. Son enfance reste un douloureux souvenir : un père qui l’a ignorée, a toujours préféré la montagne et le silence. « Je commence à deviner qu’un étrange jeu de piste m’attend ici, avec de vilains cailloux posés au hasard des lieux. », comprendre pourquoi ce père est toujours resté froid et distant, comprendre ce qui le faisait crier pendant son sommeil, le père parlera-t-il enfin ? Gaëlle Josse avec sa délicatesse et ses mots si bien choisis décrypte les conséquences dramatiques et pesantes qu’un traumatisme enfoui et la honte de soi peuvent engendrer, enchaînant à jamais à la fois celui qui l'a vécu et ses proches ; seul espoir de retrouver la lumière, la parole...

« On ne sait jamais quoi faire du chagrin des autres. »

« … faire son deuil, que c’est une expression pour les magazines, on continue à marcher avec nos morts sur les épaules, avec nos ombres, et rien d’autre. »

« Que la douleur est un archipel dont on n’a jamais fini d’explorer les passes et les courants. Qu’elle est inépuisable. Lente, féroce et patiente comme un fauve. »

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Fiche #2865
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Gaëlle Josse lus par Vaux Livres


Julien CRIDELAUSE

D'Anvers est contre tous
Héloïse d'Ormesson

4 | 202 pages | 24-07-2022 | 18€

David d’Anvers a la quarantaine hésitante ! Crise existentielle, questionnements multiples, alors quand, après des années d’abstinence, il se retrouve au lit avec sa femme adorée en pleine action et avec application et qu’il lit dans les yeux de sa dulcinée une envie de meurtre, cela déclenche une envie profonde de faire une pause, de se poser, de trouver réponses à ses interrogations, de remonter le fil familial et les secrets plus ou moins cachés, plus ou moins surprenants. Le voyage sera trépidant, burlesque, parfois loufoque, rythmé et joyeux, accrochez-vous !

« L’envie de meurtre est le stade ultime, l’apothéose, l’apogée, la gloire, le Graal du couple. Preuve que l’on s’est aimé à mort, pour se détester ensuite avec la même ferveur. »

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Fiche #2860
Thème(s) : Littérature française


Miguel BONNEFOY

L'inventeur
Rivages

3 | 200 pages | 24-07-2022 | 19.5€

en stock

Qui connaît aujourd’hui Augustin Mouchot ? En ces temps, où les ressources énergétiques deviennent un enjeu crucial, il était temps ! Né en Bourgogne, son intelligence et ses capacités sont vite remarqués. Professeur de mathématiques, l’homme est un modeste, un acharné, voire un laborieux. Alors que le charbon inonde le monde, qu’il est partout, noircit déjà tout, Augustin Mouchot, lui, ressent le potentiel et la puissance du soleil. Il se tourne vers le soleil sans jamais chercher la lumière. Après moult échecs, ses inventions sont remarquées, elles atteignent même les oreilles de l’Empereur Napoléon III. Il partira en Algérie pour affronter le soleil et à force de s'y frotter s’y brûlera les yeux. Pionnier de l’énergie solaire, il sera reconnu lors de l’Exposition Universelle de 1878 en fabriquant du froid avec du chaud, puis, floué, disparaîtra discrètement (et pauvrement) à l’image de son existence, une existence chaotique où les épreuves de la vie s'enchaînent invariablement avec les succès. La verve et l’énergie solaire débordante de Miguel Bonnefoy nous entraînent dans un tourbillon lumineux sur les traces de ce formidable inventeur aussi attachant que méconnu, l’erreur est brillamment réparée !

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Fiche #2861
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Miguel Bonnefoy lus par Vaux Livres


Violaine BÉROT

C'est plus beau là-bas
Buchet-Chastel

2 | 122 pages | 24-07-2022 | 14.5€

« C’est plus beau là-bas » est le long monologue d’un homme, un professeur d’université, qui se retrouve enfermé avec d’autres, entassés comme des cochons ou des vaches dans un entrepôt. Il ignore les raisons de cet enlèvement, il ignore ce qui se passe à l’extérieur, ce qu’est devenue sa femme. Il devient un prisonnier anonyme, « … il est évident que tu as très bien pris l’habitude de tout accepter tout de suite, de ne pas moufter… » Parfois, on vient chercher quelques-uns d'entre eux, on ne sait ce qu’ils deviennent et l’attente reprend. Un jour, ce sera son tour, il sera dehors mais devra suivre un homme sur les sentiers. Pour aller où ? Pourquoi le suivre ? Est-il toujours prisonnier ? Que se cache-t-il derrière tout ça ? Professeur, il décryptait la société, sa décadence, son absence d’avenir : un professeur qui osait donner les clés d’un monde meilleur, et un professeur qui croyait en la jeunesse et plaçait ses espoir en elle. Et il ne va pas être déçu ! Elle adoptera ses théories, ses paroles, ses écrits pour construire un projet, un nouveau monde. Mais la réalisation de cette utopie est-elle possible ? Ses craintes sont immenses et devant l’obstacle se révèlent. Lui le théoricien va devoir affronter le concret, la réalité, est-il prêt ? Le monde d’hier et ses acteurs vont-ils accepter calmement de perdre leurs petits avantages et s’effacer ? Même lui, « leur maître », a-t-il sa place dans ce nouveau monde ? Est-ce souhaitable pour lui ? pour les autres ? En a-t-il vraiment envie ? Un texte qui nous questionne sur notre monde, notre capacité à changer le cap du Titanic, « Or est-il capable d’évoluer, l’humain ? »

« … toute société en dégénérescence est obnubilée par la surveillance et la peur. »

« … ce n’était pas pour déplaire aux chefs d’Etat qui savent que l’on ne tient jamais un peuple aussi gentiment soumis qu’avec la peur comme alliée. »

« … l’homme est un animal comme les autres sinon qu’il est le seul à ne plus en avoir conscience. »

« Car aimer, tu en es désormais certain, aimer ne dure que le temps où l’on se persuade que l’on aime. »

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Fiche #2862
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Violaine Bérot lus par Vaux Livres


Arnaud DUDEK

Le coeur arrière
Les Avrils

1 | 212 pages | 24-07-2022 | 19€

Victor vit seul avec son père, ouvrier, sa mère les ayant quittés. Le quotidien n’est pas simple, l’argent manque et le père aime autant l’alcool que Victor… Un peu par hasard, Victor prend un licence d’athlétisme et ce sera le tournant de sa vie : la découverte d’un sport méconnu, d’un sport exigeant, singulier, le triple saut. Un geste où l’athlète semble en trois étapes s’envoler avant de retomber violemment sur le sol pour mieux repartir. Certains effleurent le sol, d’autres s’écroulent. Victor ressent immédiatement qu’il va pouvoir s’élever, voler, il progresse rapidement, et attire l’attention des entraîneurs. Rapidement, il quitte son père pour rejoindre le monde de l’athlétisme et de la compétition : « … il explique que son existence est monomaniaque, monothéiste, mais pas monotone. Entraînement, compétition, entraînement, compétition… Le sport, c’est comme une religion. » Comment un enfant puis un ado peut-il grandir dans cet environnement ? Dans cet obsession qui prend toute la place ? Les rencontres sont-elles autorisées ? Il va vivre la jouissance absolue des victoires, la joie de progresser. Mais le rêve est fragile, il va se retrouver confronter aux blessures aussi bien mentales que physiques, aux entraîneurs parfois intraitables, violents, froids et sans émotion, obnubilés par les résultats et la compétition et qui pensent que l'on obtient le maximum que dans la souffrance et la douleur. Comme les papillons de nuit attirés par la lumière mortelle, certaines jeunes se brûlent les ailes et retombent violemment dans la fosse. Un roman initiatique émouvant au cœur de la compétition sportive où l’échec est interdit.

« C’est des drôles de gens, ces sportifs, tu ne trouves pas ? Ils sacrifient tout, ils boivent pas, ils fument pas, ils ne font pas la fête, ils zappent leur jeunesse, bousillent leurs muscles et leurs tendons, tout ça pourquoi ? Des petites médailles, des records éphémères… »

« Rêver, ce n’est déjà pas si mal. »

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Fiche #2863
Thème(s) : Littérature française


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