Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Premiers romans




Elodie FIABANE

Dans la ville
Flammarion

445 | 175 pages | 25-03-2024 | 18€

La narratrice a deux vies, et le lecteur la suit dans l’une d’elles, dans ses maraudes avec l’uniforme de l’Institution : de nuit, avec quelques autres, elle parcourt la ville, les rues (« La rue a sa propre force agissante sur les humains... »), au contact des sans abris. Au cœur d'une grande ville, certains passent sans les voir, les ignorent et franchissent la porte du grand restaurant réputé sans un regard, d’autres en effet s’arrêtent. Deux mondes se font face, coexistent avec une frontière infranchissable. Les bénévoles réguliers connaissent ceux qui sont là de longue date, connaissent leur adresse (« … les sans-domicile-fixe qu’on rencontre ont tous une adresse précise… Les sans-domicile-fixe sont fixes. »), découvrent ceux qui viennent d’arriver et vont rester, croisent ceux qui ne font que passer. Principalement des hommes, mais aussi quelques femmes. La plume d’Elodie Fiabane est précise, descriptions de la fragilité, des corps, des blessures, des odeurs, des regards, des souffrances… Face à cette douleur, une troupe, un groupe de bénévoles, souvent jeunes. Ils ne font qu’un, apprennent à parler, apprennent les mots adéquats, apprennent à questionner, à écouter, à donner. A l’issue de chaque nuit, ils se quittent et savent qu’il faudra recommencer. Un combat vain ? Le doute voire le découragement peuvent de temps à autre les torturer. Ils partagent parfois le sentiment de honte avec les SDF qu’ils aident, honte d’être à la rue, honte d’être aidé, honte de posséder, honte de ses envies de posséder : « Nous ne pouvons pas nous considérer comme responsables de ce qui nous arrive, nous subissons notre position sociale. Il n’y a ni honte ni fierté à avoir. ». Et puis, parfois, la joie, la satisfaction d’en sauver un, de « le mettre à l’intérieur de la ville, avec nous, de notre côté. » Un premier roman digne de Terres Humaines, eux, nous, elle, dans la ville pour in fine des vies guère satisfaisantes, chacun faisant l’autruche. Jusqu’à quand ?

Premier roman

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Fiche #3156
Thème(s) : Littérature française


Claire DEYA

Un monde à refaire
L'Observatoire

444 | 410 pages | 18-03-2024 | 22€

Printemps 1945, côtes varoises, la guerre se termine, la vie pointe son nez, mais les Allemands, sur le départ, ont laissé des millions de mines, obstacles à une nouvelle existence apaisée. Alors il va falloir déminer, des hommes avec leurs vécus de guerre s’y collent la peur au ventre, Français et Allemands, toujours jeunes. Certains ont résisté, d'autres non, ont été prisonniers, d’autres ont combattu, d'autres non, beaucoup ont perdu des proches. Tous aspirent à retrouver une certaine normalité, à trouver leur place dans un nouveau monde. Peu à peu, dans la peur, la tension, dans le travail, certains vont se rapprocher : « Cette guerre avait été une transgression totale et barbare, et, pourtant, s’esquissait déjà, au sein même de ces groupes de déminage, l’idée d’un avenir commun aux pays d’Europe. » Parmi eux, Vincent, médecin, recherche Ariane, son amour disparu en 1944. D’autres guettent l’instant propice pour s’échapper. Tous ont croisé la mort, et parfois peinent à comprendre pourquoi, eux, sont restés vivants : « Maintenant, on est tous pareils, pour l’essentiel. On a nos morts, on aimerait revenir au monde d’avant. Et on doit apprendre à vivre maintenant… ». Un premier roman époustouflant qui, avec une superbe palette de personnages, dans les derniers sursauts de la guerre décrit une romance émouvante et bouleversée par le conflit, le début de l’abandon de la haine et les prémices d’un rapprochement entre des camps qui se sont affrontés au-delà de l'imaginable. Reconstruire pour vivre, ensemble.

Premier roman

« … il n’y a que pendant la guerre qu’on voit, de manière aussi crue, le pire de l’être humain. Mais c’est aussi pendant la guerre et seulement là, que certains atteignent le sublime. »

« … on ne connaît la valeur d’un être humain qu’au travers des épreuves. »

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Fiche #3152
Thème(s) : Littérature française


Fabien TRUONG

Routines
Rivages

443 | 208 pages | 10-03-2024 | 19€

en stock

Cléricourt est une petite ville paisible jusqu’à l’apparition sur les réseaux de messages signés par le serviteur. Alors que trois jeunes filles viennent de disparaître, il s’accuse et revendique jour après jour meurtres et décapitations. Aucun corps n’est pourtant retrouvé mais l’inquiétude croît, les rumeurs courent, la peur s’installe, les réseaux s’enflamment. Qui est ce serviteur ? quel est ce fou ? ce terroriste ? Où sont les morts et qui sont-ils ? Les politiques, la police, les journalistes, la population sont sur le qui-vive, le quotidien en est naturellement bouleversé mais la vie continue néanmoins impactée par ces messages, certains liens s'estompent, d'autres se créent ou se renforçent. Et pourtant Tibor est sous leurs yeux, ils le connaissent tous. Après ses meurtres, il fréquente la médiathèque (et la bibliothécaire) pour envoyer ces messages, mettre des mots sur ses actes et les partager avec tous, avec nous et peut-être avec les responsables de sa folie meurtrière ? L’enquête le mettra-t-il à jour ? Quelles sont ses motivations ? Suspense digne d’un excellent polar, Fabien Truong pour son premier roman propose un texte parfaitement construit et maîtrisé, surprenant (le résumer sans révéler le moindre indice est un tour de force !), inquiétant, questionnant, et abordant des problématiques très contemporaines touchant chacun de nous.

Premier roman

Fiche #3149
Thème(s) : Littérature française


Séverine VINCENT

Mémé folle
Deville

442 | 210 pages | 19-02-2024 | 20€

en stock

Le portrait de Marguerite est dressé par son arrière petite fille qui a hérité d’un meuble et derrière chaque nervure, chaque sculpture, dans les tiroirs se cache la vie tumultueuse de Mémé folle. Une fugue amoureuse à 83 ans depuis un EPHAD donne un indice fort du caractère de la (grande) dame ! Et Marguerite n’en est pas à son coup d’essai. En effet mineur, elle a déjà fugué quittant sa famille de la vieille bourgeoisie française du Nord, guindée et sévère, pour un potentiel amoureux à Paris. Liberté, passion, sincérité et spontanéité guideront son chemin de vie à travers le XX ème siècle pour s’achever avec le grand amour à plus de 80 ans ! Mais Claude, l’adjudant-chef de la gendarmerie, maire de Wy-dit-Joli-Village, habitant comme Marguerite du hameau Enfer, est sur ses traces, une traque qui le bouleversera lui aussi, personne ne peut rester insensible à Marguerite, à sa fougue et à ses choix ! Des répliques qui font mouche, trois mouvements vifs, rythmés, pour le portait enflammé et attachant de Mémé folle, une vie en mouvement, ardente et bouillonnante sortie d’Enfer !

Premier roman

« Même la vie peut se perdre quand il s’agit de gagner sa liberté… »

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Fiche #3144
Thème(s) : Littérature française


Marion FAYOLLE

Du même bois
Gallimard

441 | 115 pages | 22-01-2024 | 16.5€

en stock

« Du même bois » nous place au centre du famille, dans une ferme qui se transmet de génération en génération, au cœur de la ruralité. Pas de prénom, pas de date précise. Ils sont à la fois différents et pourtant, ne font qu’un. L’histoire de la famille est en chacun d’eux, mais l’exprimer reste impossible, le silence est de mise. Ils vivent à côté et avec les animaux, un chien une poule faisane, des vaches… ils sont omniprésents et rythment les journées. Le quotidien est rude, répétitif mais chacun l’accepte et l’endosse. Chaque nouvelle génération reprend le flambeau, mais la flamme commence de faiblir. Le monde paysan s’étiole. Avec poésie, Marion Fayolle décrit autant les sentiments intimes que la beauté d’une vache broutant dans une prairie, les secrets familiaux que les rais de lumière traversant la rosée du matin ou la beauté des paysages… Par petites touches, un monde, un environnement, une famille nous sont rendus familiers. Un joli, doux et tendre voyage au sein d’une paysannerie qui disparaît en silence.

Premier roman

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Fiche #3131
Thème(s) : Littérature française


Sébastien BAILLY

Parfois l'homme
Le Tripode

440 | 192 pages | 20-01-2024 | 17€

en stock

Sébastien Bailly nous offre un premier roman atypique, surprenant, en dressant un inventaire de vies d’hommes, de la vie de l’homme, de la naissance à la mort. Que d’évènements accompagnent son existence, du plus anodin au plus primordial, du plus attendu ou au plus inattendu, du plus doux au plus violent, du plus lumineux au plus désespérant... Evidemment, au cours de toutes les étapes de sa vie, l’homme reste en lien avec des femmes, des mères, des filles… Le tout est décrit avec humour, parfois noir, on acquiesce, on se questionne, on admet… pour, in fine, constater que l’expérience de la vie (dès la naissance et jusqu’à la mort) est bien compliquée et parfois (souvent ?) vide de sens ou frisant l’absurdité… Un humour maîtrisé, entre ironie et bienveillance, sans cynisme mais sans illusions, en nous proposant de courts pans de vie, les tableaux s’enchaînent, le style accompagne parfaitement ce bilan : des phrases courtes, percutantes, parfois sans verbe, parfois cachant une référence, « La poésie. Des mots. Des mots les uns derrière les autres. Des mots sous les autres. Des mots qui se répondent et qui disent le monde. L’homme écrit un poème. » Un voyage au pays de l’homme, et chacun, chacune, aura déjà vécu au moins une de ces étapes anecdotiques ou essentielles !

Premier roman

« La vie de l’homme est une répétition de jours semblables les uns aux autres. Une langueur monotone, tout suffocant et blême. Le réveil sonne, et tout cela même a été dit, écrit, chanté mille fois, encore et encore. Il faudrait qu’il se passe quelque chose, n’importe quoi. »

« L’homme est seul. Qu’importe le contexte, le nombre d’enfants qui courent dans la maison de famille en été, la tendresse de sa femme, l’amour de ses parents vieillissants : l’homme est seul et ce poids courbe ses épaules… L’homme est seul et il n’y peut rien. Il se bat juste pour l’oublier, et s’il en a la force, pour que les autres aussi l’oublient. »

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Fiche #3127
Thème(s) : Littérature française


Sophie TESSIER

Varech
Diabase

439 | 172 pages | 12-11-2023 | 16€

en stock

Sans mer, point de varech : la mer est donc au centre du premier roman de Sophie Tessier. La mer transforme, façonne les femmes, les hommes, rien ne l’arrête, rien ne l’arrêtera. Et sur cette île désertée par les hommes, ceux qui sont restés sans crainte le savent. Demeurent en effet Anselme, un vieux sage maître latiniste accompagné d'un livre, Le Chantôme, un ancien marin pêcheur sans bateau, Gaspard, un jeune ado, et enfin un chat (et un âne). La mer est omniprésente, partout, autour, elle les ceint, les appelle, elle est prête à franchir les jetées, les murs, les portes, prête à inonder, à avaler, à faire disparaître. Eux attendent, sans peur, tranquillement. Gaspard et le chat passent d’un homme à l’autre. Leurs relations, leurs liens seront bousculés par deux personnages : Maria et l’amour. Maria disparue de longue date leur a été rendue par la mer, étrangement intacte (seul un indice dévoile qu’elle est certainement de retour d’un autre monde), toujours éblouissante, ce qui bouleverse son ancien amoureux et son ami. Dans un style éblouissant, Sophie Tessier enveloppe avec précaution la main du lecteur sur les chemins de cette île, sur les chemins du temps, sur les chemins d’un conte, chemins merveilleux, étranges, lumineux, une plume de fantastique au cœur d’un mystère qui s’éclaircit vague après vague, marée après marée.

Premier roman

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Fiche #3110
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Sophie Tessier lus par Vaux Livres


Eric CHACOUR

Ce que je sais de toi
Philippe Rey

438 | 302 pages | 15-10-2023 | 22€

Trois chapitres, trois voix, « Toi, Moi, Nous », pour retracer le destin d’un homme, Tarek, et de sa famille au Caire dans les années 60 à 80. Un père médecin, une mère qui en impose et Nesrine une sœur avec qui Tarek a une grande complicité. Tarek suivra le chemin imposé, il deviendra médecin, se mariera rapidement. Seul espace de liberté, il ouvrira un dispensaire dans un quartier défavorisé et une rencontre bouleversera sa vie : Ali, jeune, beau, un peu voyou, sans le sou. Mais la rumeur court vite et l’homosexualité guère tolérée en Egypte. Les évènements (tristes) pousseront Tarek à l’exil, vers le Canada, laissant sa femme et le reste de sa famille en Egypte. Il ne reviendra qu’après la mort de sa mère et découvrira alors les petits arrangements familiaux, les secrets et non-dits et la vérité sur Ali et la réalité de sa famille. Un premier roman à la construction et l’écriture travaillées et parfaitement maîtrisé abordant une multitude de thèmes : l’Egypte, la puissance de certaines mères, l’immense pauvreté aux portes des maisons des familles privilégiées, la vie grouillante du Caire, les premiers pas des Frères Musulmans et le portrait d’un homme fragile et dramatiquement humain dont le destin restera toujours entravé.

Premier roman

« … parce que les mots ne peuvent pas tout. Ils ne peuvent pas ramener de la mort ceux qui nous ont quittés, ils ne peuvent pas guérir les malades ou résoudre les injustices, tout comme il est absurde de prétendre qu’ils déclarent des guerres ou y mettent fin. Dans un cas comme dans l’autre, ils ne sont au mieux qu’un symptôme, au pire un prétexte. »

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Fiche #3102
Thème(s) : Littérature française


Julia COLIN

Avant la forêt
Aux Forges de Vulcain

437 | 355 pages | 02-10-2023 | 21€

Pénuries et guerres viennent percuter nos sociétés, alors pour beaucoup c’est la fuite, l’exil. Deux couples de parisiens avec chacun un enfant (Calme et Elie) partent vers le sud. Lors de ce périple, un couple disparaît et l’autre, après un passage à Marseille, se retrouve dans une communauté au coeur d'une vallée pyrénéenne, à Massat. La communauté s’était préparée à cette nouvelle situation, des règles précises et strictes avaient été instituées et une milice vérifie leur application et leur respect. Calme immédiatement préfère la forêt à la communauté. Elle s’y sent libre et surtout elle est dans son monde, retrouve les siens, sa place. Elle se sent proche, en connexion avec la nature, la forêt, la flore et la faune. Elle sait s’y nourrir, s’y soigner, avec le sentiment qu’elle a ces connaissances depuis toujours, comme une sorte d’elfe, de sorcière, de sylve, incarnation de la forêt. Protection mutuelle : elle protège la forêt et la forêt la protège, lutte pour la survie commune et partagée. Elle entend la forêt, devenue personnage à part entière, dialogue avec elle et s’éloigne ainsi de la communauté où elle ressent la peur. Entre conte, légende et dystopie, un récit addictif qui peut faire douter de la compréhension par l’homme du chemin qui le mène à la catastrophe mais aussi des évolutions qu’il portera. Par contre, à coup sûr, la forêt nous survivra et donc peut-être ceux qui sauront la respecter, la comprendre et s’y fondre.

Premier roman

Fiche #3098
Thème(s) : Littérature française


Amaury BARTHET

Le diplôme
Albin Michel

436 | 222 pages | 24-09-2023 | 19.9€

Guillaume (narrateur) est un prof d’histoire-géo de banlieue désabusé, dans son boulot, dans sa vie personnelle, Cécile le quitte au bout de dix ans de vie commune, contrairement à son frère qui baigne dans la réussite. Pour rebondir, il fréquente une salle de sport et rencontre Nadia, jeune, belle, dynamique. Elle travaille chez Zara comme vendeuse et Guillaume découvre son intelligence et sa grande culture, et le chemin qui l’a menée à ce boulot que Guillaume juge dégradant pour elle : des parents loin d’être riches, des études et un diplôme qui ne mène à rien (« Son diplôme – ce document qui certifie moins les compétences que le milieu d’origine… »). Sur un coup de tête, pour obtenir sa revanche et oublier sa frustration, Guillaume falsifie le diplôme de son frère et offre une nouvelle vie à Nadia. Nadia n’a pas changé mais un morceau de papier mensonger lui ouvre les portes d’une autre existence, le spectacle commence. Et comme elle est talentueuse, elle gravit tous les échelons jusqu’au plus haut. L’imposture dans toute sa splendeur, le système révèle son aveuglement et ses dysfonctionnements. Guillaume n’épargne personne. Evidemment le système éducatif a la part belle, la course au diplôme où tout est prédéfini («« La loterie génétique et familiale avait désigné les gagnants… »), une vision réaliste des grandes écoles et de leur rôle est proposée : « … il leur suffit de recueillir les jeunes déjà éduqués, de les hiérarchiser par le concours, puis de dissimuler leurs avantages de naissance avec une formation prétendument exigeante : un authentique blanchiment d’inégalités. ». Mais la mascarade et la supercherie peuvent-elles durer ? Amaury Barthet passe en revue notre société avec un œil cruel, dresse un portrait acerbe et parfois cynique du système, du système scolaire, du monde politique, du monde du travail et ses personnages remplissent pleinement leur rôle !

Premier roman

« L’exploitation politique des cadavres est une tradition républicaine. »

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Fiche #3095
Thème(s) : Littérature française


Adèle GASCUEL

Les nouveaux venus
Hors d'atteinte

435 | 220 pages | 11-09-2023 | 19€

Une violente tempête est annoncée sur Paris. Il faut se protéger, le confinement est décidé. La tempête s’achève, laisse ses dégâts et surtout les nouveaux venus. Femmes ou hommes, il ou elle (mais est-ce important ?), sont arrivé(e)s d’on ne sait où. Qui sont ces nouveaux venus (mais ne le sommes nous pas tous un jour ?) ? Que veulent-elles ? Ils s’installent où elles peuvent, où on leur a laissé de la place, dans le peu d’espace disponible. Ils occupent les emplois basiques. L’inquiétude est renforcée par le fait qu’ils frottent, elles frottent, toujours et encore. L’étrangeté, la différence bousculent, inquiètent. Nombre de personnages publics connus interviennent dans le récit, l’auteur maniant l’ironie et l’humour à la perfection. Toutes les réactions possibles sont passées en revue, les politiques n’y échappent pas, leurs décisions sont disséquées et les réactions des citoyens complètent le tableau, palette d’avis (du pire au meilleur), de réactions, de sentiments : la horde des craintifs passera bientôt à l’action avec la violence que peut engendrer la peur. Et puis sans explication, les nouveaux venus partiront, trop tard pour les retenir, trop tard pour les comprendre. Que nous reste-t-il ? Frotter, frotter, toujours frotter et peut-être s’interroger et se remettre en question… si l’on reste optimiste…

Premier roman

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Fiche #3092
Thème(s) : Littérature française


Adèle FUGÈRE

J'ai 8 ans et je m'appelle Jean Rochefort
Buchet-Chastel

434 | 135 pages | 08-09-2023 | 13.5€

Rosalie, 8 ans, est une petite fille farceuse, qui peut aussi parfois se renfermer, des hauts, des bas... Elle nous raconte sa mue, un matin, la moustache sous le nez, elle est devenue Jean Rochefort ! Elle habite en effet Saint-Lunaire, la ville de Jean Rochefort, et le récit sera effectivement lunaire ! Alors, Jean Rochefort sera omniprésent, son œil rieur, sa moustache, son flegme, son sourire mais aussi quelques-uns de ses amis. Elle s’habille différemment, parle différemment, et les adultes sont bienveillants, ses parents, son instituteur, le fameux Jean-Pierre, rentrent dans le jeu et acceptent sa différence, un monde idyllique, tendre, qui réconforte. Le chemin pour se soigner, pour grandir, pour se trouver, rencontrer son double et redevenir Rosalie sera saugrenu et surprenant. Un court texte atypique, entre sérieux caché sous une moustache et légèreté, conte inclassable, gai, pétillant, imaginatif et fantaisiste, un vrai bol d’air !

Premier roman

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Fiche #3085
Thème(s) : Littérature française


Eric BONNARGENT

Les désarrois du professeur Mittelmann
Les Editions du Sonneur

433 | 278 pages | 29-08-2023 | 18€

C'est inédit : le professeur Mittelmann en ce jour de début septembre 2020, pour la première fois depuis trente-trois ans, ne prend pas le chemin de son lycée d’affectation. Professeur de philosophie en retraite. Alors il nous fait revivre ses études, son cursus, son entrée dans l’éducation nationale, les différents établissements où il sera nommé mais aussi ses cours. Prétexte à présenter les grands concepts philosophiques au programme : le propos est vif, imagé, agrémenté d’exemples souvent drôles. Il sait intéresser ses élèves (donc ses lecteurs) même les plus rétifs. Il nous fait également partager son intimité, ses exploits et ses drames amoureux, sa vie d’écrivain puisque Mittelmann est aussi romancier. Le propos n’épargne personne (sauf lui) : ses collègues enseignants ou romanciers, le monde éducatif, le monde littéraire, un brin désabusé et désenchanté, abandonnant ses illusions initiales sur la vie, sur l’enseignement, sur le monde, solitaire, mais jusqu’au bout, il gardera néanmoins l’envie de transmettre et d’éveiller curiosité et interrogations des élèves, un prof qui marquera ses élèves et Justine pourra en témoigner !

Premier roman

« Réussir là où je ne voulais pas réussir, échouer là où je voulais réussir. »

« C’est ça, être vieux : être d’attaque à l’aube, quand il n’y a plus rien à attaquer… C’était cela aussi, vieillir : devenir peu à peu étranger au monde. »

« … l’objectif étant toujours de tuer le temps avant qu’il ne nous tue. »

« Sans n’était-ce donc que cela, le bonheur : l’évitement du malheur. »

« … ce n’est pas moi qui choisis les programmes, ce sont de vieux messieurs, des pédagogues professionnels, bien contents d’eux-mêmes, qui n’ont pas vu d’élèves depuis des dizaines d’années… »

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Fiche #3080
Thème(s) : Littérature française


Renaud DE CHAUMARAY

Mille hivers
Le mot et le reste

432 | 208 pages | 17-08-2023 | 19€

en stock

Dorothée est de retour sur l’île privée appartenant à son père, riche dirigeant d’entreprises pharmaceutiques. Elle a passé son enfance, ici avec lui, sa mère les ayant quittés subitement et sans explication. Aujourd’hui, il est seul dans son lit et vit ses derniers jours. Tortu, son homme à tout faire, prend soin de lui et de l’île. A peine installée, la nuit est marquée par une terrible tempête, les murs de la villa tremble et le lendemain matin, l’inattendu la surprend : la plage d’une île de Gascogne voit son premier iceberg échoué ! Etrange ? Inquiétant ? Dangereux ? Inexpliqué et inexplicable ! Dorothée veut prévenir les autorités alors que Tortu ne voit pas cette décision d’un bon œil ayant peur de perdre sa quiétude et sa solitude. Rapidement un homme mystérieux dit venir voir son père pour un fait d’une haute importance, et les évènements improbables vont s’enchaîner. Un récit prenant qui débute dans l’étrangeté, qui voit sa tension s’accroître pour terminer dans l’explosion d’une boule d’émotion inattendue mais c'est aussi l'histoire d'un amour fou, puissant, éternel au-delà de la mort. Un premier roman singulier, maîtrisé par sa trame et son style, une vraie réussite.

Premier roman

« Elle se demanda quand l’humanité avait commencé à foirer sa façon d’habiter cette planète. A l’époque de la révolution industrielle, du commerce triangulaire, de la maîtrise du feu ? S’était-on fourvoyés à partir du moment où l’on s’était élevés au-dessus de notre propre condition de primates ? »

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Fiche #3075
Thème(s) : Littérature française


Thibaud GAUDRY

La Vénus au parapluie
Buchet-Chastel

431 | 175 pages | 15-08-2023 | 18.5€

Il pleut sur Paris : un petit coin de parapluie pour un coup de foudre. Devant le cinéma, elle lui propose de s’abriter sous son parapluie, coup de foudre, déflagration, fulgurance. Le récit nous fait partager ce qu’il va ressentir sur fond de comédies américaines hollywoodiennes, de balades dans Paris, ses quartiers, ses ponts et ses cinémas : « leur rencontre serait bientôt inscrite au répertoire des Monuments romantiques ». Description non dénuée d’humour de la rencontre, des premiers moments (théorie remarquable de l’accoudoir !), de ses émois, de ses sentiments qui prennent leur envol, de ses fantasmes et rêves, croire aux signes puis ne plus leur donner sens lorsque Vénus retourne à la maison... Les histoires d’amour finissent mal en général.. Comédie romantique drôle, fraîche, tendre et sensible avec un style enlevé et vif.

Premier roman

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Fiche #3072
Thème(s) : Littérature française


Peace Adzo MEDIE

Sa seule épouse
L'Aube

430 | 298 pages | 14-08-2023 | 22€

Afi Tekple vit seule avec sa mère dans une petite ville du Ghana quand elle apprend une nouvelle qui va révolutionner sa vie : elle va se marier avec Eli, un des fils d’une riche et influente famille ghanéenne. Ses sentiments sont mitigés : heureuse de ce mariage, de ce changement de vie, mais elle ne connaît que très peu Eli. Qui est-il vraiment ? Vont-ils s’aimer, vont-ils former un vrai couple ? Questionnements renforcés par l’absence d’Eli au mariage ! Monsieur est très pris ! Elle déménage pour Accra, se retrouve seule dans un appartement luxueux avec une multitude d’employés à sa disposition. Mais pour l’instant, pas d’Eli ! Elle apprend qu’il a été ensorcelé par une Libérienne qu’il aime et qu’il ne veut pas quitter d’autant plus qu’ils ont eu une enfant qui est très malade. Or, Afi n’est pas prête à partager son mari, passant outre les désirs et projets de sa belle-famille et de sa mère, elle n’a qu’une seule envie : s’installer avec son mari et être sa seule épouse. Pas à pas, petite victoire après petite victoire, Afi apprend à connaître Eli, tombe amoureuse et dans son « malheur », Eli est attentionné, doux, attentif, à l’écoute. Afi va trouver sa place, forcer les portes, repousser les petits arrangements entre familles, les habitudes familiales et autres, le patriarcat, obtenir une vraie indépendance pour devenir une femme, une épouse, une femme d’affaires et une mère à part entière. Un portrait engagé au cœur du Ghana d’une très jeune femme amoureuse au caractère affirmé qui sait ce qu’elle veut et que rien ni personne ne pourra faire dévier pour l’obtenir.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Sa seule épouse"

Fiche #3070
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Benoîte Dauvergne


Eléonore DE DUVE

Donato
Corti

429 | 213 pages | 11-08-2023 | 21€

« Clio exerce le métier de chercheuse en – peu importe, chercheuse du fond de la tasse, de la cuillère immergée, de la courbure hachée des ongles... » alors rien d’étonnant que Clio parte sur les traces de son grand-père Donato. Un grand-père qui peu à peu perd ses souvenirs qu’il n’a d’ailleurs que peu partagés : « Dans une toute autre vie, décidemment, Donato se serait raconté comme on raconte des histoires. » Un gamin des Pouilles, emblématique d’un certaine catégorie de la population à la sortie de la guerre, en lutte face aux difficultés de la vie. Il devra quitter la lumière éclatante des Pouilles pour la noirceur et l’âpreté des mines belges auxquelles il s’évertuera à résister ; la survie dans la pauvreté, toujours et encore. Alors Clio reliera les étapes d’une vie guère mise en avant : « Quand on cherche à reconstruire la mémoire de quelqu’un, fatalement, on s’efforce (on se maltraite un peu) à convoquer des images qui ne sont pas les nôtres, à évoquer des évènements étrangers, à entendre, voir, s’émouvoir, pleurer, sentir, jouir, comme l’autre, à remplir sa boîte interne (la former, l’informer) d’une matière insaisissable et, par conséquent, insuffisante. » Portrait (aussi imaginé) attachant d’une vie dépeinte avec un style travaillé, précieux, foisonnant de trouvailles, de mots anciens ou littéraires, d’associations de mots. Un premier roman raffiné et ambitieux.

Premier roman

« ...le langage peut maltraiter celui qui est faible à son endroit... »

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Fiche #3069
Thème(s) : Littérature française


Marie DE CHASSEY

Ce qu'il reste à faire
Alma

428 | 134 pages | 08-08-2023 | 16€

Judith et Florence ont pratiquement toujours vécu ensemble. Au moment de l’accouchement, le père de Judith s’était déjà envolé et Florence a tout assumé seule. Elle a tout fait pour sa fille, pense que Judith n’a aucun secret pour elle et la connaître mieux que quiconque. Après quelques années de séparation, Judith revient dans l’appartement de son enfance, mais c’est un terrible retour : Judith malgré son jeune âge (une vingtaine d’années) est atteinte d’un cancer qui ne laisse aucun espoir. Florence l’a accompagnée pendant les premiers traitements, et elle a décidé de son retour pour les soins palliatifs. Judith retrouve un appartement inchangé, les mêmes rangements, les mêmes objets, les mêmes odeurs. Et Florence. Une mère qui l’adore, qui l’aime et une mère qui retrouve un rôle, une place presque similaire à celle occupée au moment de la naissance de Judith : Florence décide, gère, organise, propose parce ce qu’elle connaît sa fille et sait ce qui est le mieux pour elle. Mais peut-on être aussi omnisciente et omnipotente face à une jeune femme même très malade qu’avec un bébé ? Elle est en effet totalement dévouée, fait tout ce qu’elle pense attendu par Judith. Elle devance ses désirs, du moins ceux qu’elle lui accorde. Evidemment, elle a encore une once d’espoir malgré les douleurs immenses et continues de Judith, sa perte de poids, son manque d’appétit, ses silences, les perfusions et les multiples médicaments ingérés. Leur quotidien est émaillé des visites de Théo l’infirmier qui dresse un constat médical sans sentiment qui contraste avec le ressenti de Florence. Il faudra un long chemin de souffrance, pour que, tout en conservant son amour absolu pour sa fille, elle dresse le constat douloureux que « Elle ne sait plus ce qu’il y a de mieux pour elle. » et que Judith puisse enfin exprimer son propre désir même s’il est douloureux pour toutes les deux. Un texte poignant qui place la relation mère-fille dans le cadre d’une fin de vie (prématurée), décrit le cheminement d’une mère aimante pour entendre et accepter les derniers désirs de sa fille et apporte peut-être une pierre dans le long (trop ?) débat sur la fin de vie...

Premier roman

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Fiche #3065
Thème(s) : Littérature française


Caimh MCDONNELL

L'homme qui murmurait à l'oreille des mamies
Alibi

427 | 350 pages | 08-08-2023 | 22€

Paul Mulchrone fait du bénévolat (comptabilisé pour sa conditionnelle) dans le service gériatrique d’un hôpital de Dublin. Il rentre dans l’intimité des résidents qui pour la plupart rencontrent quelques soucis de mémoire. Ils le prennent souvent pour un autre, un ami, un membre de la famille et Paul ne les contredit pas, l’homme qui murmure aux oreilles des mamies est un gentil ! Un soir, avant de repartir, une infirmière lui propose de rencontrer un dernier patient qui ne voit pas grand monde. Paul accepte, le vieux le prend pour un autre, la tension monte et malgré tout l’équipement médical le vieux s’en prend à lui violemment et tente de le tuer ! Paul met ça sur le compte de l’âge et pense que le vieux a déliré ou s’est trompé de personne. Mais quelques jours plus tard, rebelote ! Et, cette fois, c’est un professionnel, véritable tueur à gages, qui s’attaque à lui. L’infirmière, Brigit, grande fan de séries et romans policiers, qui en outre se sent fautive et redevable revient vers lui pour l’aider. Le vieux n’était pas celui qu’on croit, un inspecteur proche de la retraite est chargé de l’enquête avec un bleu pistonné, Paul et Brigit deviennent des cibles pour des tueurs et s’engagent dans une enquête périlleuse qui prend source dans une vieille histoire qui a marqué l’Irlande. Un polar atypique et jubilatoire tant les situations et les dialogues drôles et cocasses s’enchaînent et les personnages décalés et attachants. Premier volume d’une trilogie, on attend le deuxième avec impatience.

Premier roman

« La majorité des gens préfère parler qu’écouter, vous savez. »

« La physique atomique, c’est compliqué. Le Moyen-Orient aussi. Nos vies ? Elles sont super simples, en fait, mais nous nous les compliquons nous-mêmes. »

« ... la plupart des hommes ne sont que des gamins autorisés à boire. »

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Fiche #3066
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Laurent Queyssi


Jérôme AUMONT

Un empêchement
Bourgois

426 | 230 pages | 03-08-2023 | 20€

en stock

Trois voix pour ce roman choral : Xavier, Mathieu et Marie. Marie et Mathieu vivent en couple, leur fille Jeanne ayant quitté récemment le cocon familial, ils se retrouvent en duo, face à face. Marie est une femme hyper active, très engagée dans son métier. Elle a été très amoureuse de Mathieu mais une certaine distance s’est créée dans le couple. Mathieu a noué une relation privilégiée avec Jeanne et semble se satisfaire de sa vie de couple. Marie le traîne un soir à l’une de ses nombreuses soirées mondaines et il rencontre Xavier, un journaliste pigiste. Une discussion informelle loin du tumulte, quelques regards, il se passe quelque chose, ils se revoient une fois et peuvent s’avouer leur coup de foudre, leur envie d’être ensemble, de s’aimer, de partager. Mais évidemment, Mathieu est en couple, même s’il ne se l’est jamais avoué, mais il se sait pas à sa place (« Etre un bon petit soldat. Un bon père. Je crois même que, de temps à autre, j’arrive à être un bon mari. »). Alors ce sera deux ans de bonheur mais caché et secret. Xavier a déjà aimé passionnément mais son premier amour est mort du sida. Alors il oscille entre espoir et désespoir, n’osant croire à son bonheur, aujourd'hui et demain. Et puis Xavier meurt au volant de sa voiture. « Un empêchement » donne successivement la parole à Mathieu, puis post-mortem à Xavier et enfin à Marie. Chacun partage avec pudeur et franchise son quotidien, ses peurs, ses amours, ses déchirements, ses espoirs, ses envies, ses sentiments, ses hésitations. Chronique tendre, douce, sensuelle, délicate et émouvante d’un amour impossible au cœur d’un triangle amoureux.

Premier roman

« L’amour n’est pas le cimetière de nos erreurs et de nos errances. »

« On a beau se savoir mortel, on n’en nourrit pas moins des désirs d’éternité. »

« On est toujours le plus convaincant des baratineurs lorsqu’il s’agit de se mentir à soi-même. »

« Il est plus facile de vouloir du bien aux autres que de les entendre vous faire la leçon. »

« On passe la première moitié de sa vie à désirer des choses que l’on ne peut pas s’offrir et la seconde moitié à se rendre compte que l’on vit mieux sans. On comprend alors que c’est le désir qui nous portait, une certaine forme de frustration aussi. »

« Il arrive un moment où, dans une carrière, on n’est plus jugé sur la manière dont on s’acquitte de ses fonctions, mais sur celle dont on les habite. »

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Fiche #3060
Thème(s) : Littérature française


Salma EL MOUMNI

Adieu Tanger
Grasset

425 | 178 pages | 02-08-2023 | 18€

Alia est lycéenne à Tanger et Alia subit le regard insistant des hommes sur son corps. Ses parents lui recommandent la discrétion, le silence… mais rien n’y fait. Elle ne comprend pas ces regards, ces sifflements, ces interpellations… Alors pour tenter de mieux appréhender son corps, de l’apprivoiser, elle se prend en photo dans sa chambre. Au lycée, elle fréquente Quentin, un Français d’une famille d’expat, donc de passage, un monde bien éloigné du sien mais qui l'attire. Sa confiance est violée par ce goujat, et ses photos se retrouvent en ligne ce qui la contraint à l’exil. Elle s’installe à Lyon, abandonne ses études et à nouveau, son visage typé la met à l’index. Sa différence est remarquée, raillée, affichée. La mise à l’index provient autant des blancs que de ses compatriotes exilés. Elle craint même de retrouver Quentin à Lyon alors retourner à Tanger ? Pour qui ? Pour quoi ? Un roman d’une grande justesse, puissant et percutant qui décrit les difficultés voire l’impossibilité d’une petite fille, d’une adolescente, puis d’une femme à trouver sa place, qui nous parle du corps des femmes et du regard inquisiteur des hommes, de la différence et du regard des autres, et de déracinement sans retour possible.

Premier roman

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Fiche #3059
Thème(s) : Littérature française


Julia MAY JONAS

Le délicieux professeur V.
Dalva

424 | 300 pages | 28-07-2023 | 23€

La narratrice est une femme accomplie, professeur, écrivain, un mari également professeur, une fille avocate. En un instant, tout bascule : elle devient la femme du violeur, la femme du porc. Elle connaissait les frasques de son mari, notamment avec ses étudiantes. Cela ne la gênait pas, cela faisait partie de leur vie de couple et lui offrait même quelques espaces de liberté et de solitude. Mais les temps changent. Elle est entraînée dans la spirale, dans les jugements péremptoires : complice ? victime ? Dans le même temps, « le délicieux professeur V. » et surtout jeune professeur a obtenu un poste dans son établissement et elle, la femme de soixante ans, est bien décidée à le séduire, une aventure qui frise parfois le vaudeville pour le plus grand plaisir du lecteur. Un premier roman singulier non dénué d’humour qui aborde les scandales de notre époque par le biais du portrait d’une femme brillante, d’âge mûr, qui s’interroge (et interroge le lecteur) sur son couple, sa vie amoureuse, ses choix (« ... ce sera parce que je l’ai décidé et non parce que les autres pensent que je devrais le faire... »), son désir, sa vie sexuelle (« Nous n’envisagions pas la sexualité comme un traumatisme. »), le vieillissement, l’évolution de nos sociétés.

Premier roman

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Fiche #3052
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Emmanuelle Heurtebize


Hervé PAOLINI

La mort porte conseil
Serge Safran

423 | 205 pages | 20-07-2023 | 18.9€

C’est l’histoire d’une descente en enfer. Félix Bernardini chef d’une petite entreprise agricole perd sa femme (sans grande tristesse) d’un cancer. Il avait régulièrement des aventures extraconjugales et ses deux filles lui en veulent profondément. Il se remarie rapidement avec l’infirmière de sa femme. Elle est beaucoup plus jeune que lui et s’installe avec son fils. Une petite chiquenaude, une petite claquounette, le mal est fait et la violence s’installe avant la peur. Le fils martyrise, violente Félix, incapable de réagir, qui va subir le mépris et la violence d’abord de l’adolescent puis du jeune homme. Sa mère reste spectatrice de cet engrenage. Dans le même temps, la vente de son entreprise révèle qu’il n’est pas si riche qu’attendu à la grande déception de sa nouvelle femme… La chute est vertigineuse et la fin sera explosive et d’une belle noirceur… Un premier roman percutant, chronique d’une violence pas ordinaire…

Premier roman

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Fiche #3046
Thème(s) : Littérature française


Adam MEJE

La queue de Léo Grégoire
Buchet-Chastel

422 | 286 pages | 09-07-2023 | 21€

Une famille parisienne heureuse de nos jours : Léo, Sophie et leur fille Luna. Bonheur, amour, tout va pour le mieux. Jusqu’au jour où Léo remarque au bas de son dos une légère bosse. Toujours pressé, il l’oublie vite. Mais elle va se rappeler à son bon souvenir, en grossissant puis en prenant forme : une queue ! Il s’agit bien d’une queue, Léo, le gars normal devient hors norme, atypique, différent. Lui qui travaille dans une start-up qui tisse les liens sociaux va voir beaucoup de monde lui tourner le dos, dont Sophie qui va le quitter. Seule sa fille continue de le soutenir et de l’aimer (« … je serais son papa même si j’avais une trompe comme un éléphant. »). Il devient un enjeu médiatique au cœur des tensions de notre société. Entre humour, ironie et souffrance, un premier roman singulier pour aborder la différence, son impact dans l’intimité, dans la vie familiale et professionnelle mais aussi son appréhension par les autres.

Premier roman

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Fiche #3040
Thème(s) : Littérature française


Agnes RAVATN

Le tribunal des oiseaux
Actes Sud

421 | 228 pages | 29-06-2023 | 22€

Fuite sentimentale, fuite professionnelle, Allis, spécialiste des légendes nordiques, choisit un poste d’aide à domicile au fond d’un fjord norvégien perdu et sauvage. L’homme qui l’accueille est plus jeune que prévu et sa femme est absente. Elle devra s’occuper de la maison, des repas et du jardin : des nouveautés (souvent éprouvantes) pour elle ! Immédiatement, une atmosphère étrange et tendue s’installe, les deux ont des choses à cacher et espèrent qu’elles le resteront. Allis d'abord intriguée sera rapidement fascinée par Sigurd. Que peut-il faire de ses journées, seul, dans une pièce quasi vide ? Pourquoi ces sautes d’humeur ? cette solitude ? Où est passée sa femme ? Peu à peu, ils vont se rapprocher mais sans que l’atmosphère se détende et que la tension diminue. L’inquiétude et la menace couvent… Un huis clos parfaitement hitchcockien !

Premier roman

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Fiche #3035
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Terje Sinding


Hannes KÖHLER

Cette autre vie
Actes Sud

420 | 375 pages | 21-05-2023 | 23.5€

Martin a accepté le (dernier) vœu de son grand-père, Franz, octogénaire : retourner aux Etats-Unis où il a été emprisonné à la fin de la seconde guerre dans des camps de travail. 1944, la guerre se terminait, pendant le voyage et dans les camps, les Allemands s’affrontaient : ceux qui allaient rester, ceux qui allaient repartir, ceux qui pensaient que tout était fini, ceux qui continuaient d’y croire… En commun leur restait l’embrigadement par la doctrine nazie, une emprise totale et une docilité absolue. Tout au long de leur périple, le petit-fils et le grand-père vont se rapprocher tendrement au gré des souvenirs de Franz qui éclaireront aussi les relations intrafamiliales. Franz ne choisira pas une autre vie et optera pour le retour au pays, se mariera avec une Allemande et travaillera finalement pour les Américains. Trois générations d’Allemands et le passé reste présent, un petit caillou parmi d’autres, un doigt sectionné, la puissance et les conséquences de l’embrigadement dans un épisode (emprisonnement d’Allemands sur le sol américain) peu connu : enrôlement, obéissance, aveuglement, violence, hier, aujourd’hui…

Premier roman

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Fiche #3024
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Justine Coquel


Daphné VANEL

Jusqu'à la mer
Mialet-Barrault

419 | 136 pages | 26-04-2023 | 18€

Voilà un texte atypique ! Pour l’apprécier, vous devrez accepter de rentrer dans une longue errance avec Daphné Vanel et de divaguer avec ses personnages, le but n’est pas fixé clairement, à part la recherche d’un formulaire administratif, un prétexte anecdotique pour arriver jusqu’à la mer… Cette quête sera propice à des rencontres avec des personnages tous plus ou moins singuliers et quand les rencontres pourraient s’arrêter, un évènement inattendu les relance, une trame donc loufoque avec un humour décalé, sorte de saute-mouton fou d’un personnage à l’autre, d’un évènement à l’autre. Un premier roman étonnant.

Premier roman

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Fiche #3011
Thème(s) : Littérature française


Carole LABARRE

L'or des mélèzes
Mémoire d'encrier

418 | 120 pages | 17-04-2023 | 17€

120 pages, 34 chapitres, L’or des mélèzes propose en effet une série de tableaux relatant la vie de familles innues, peuple des régions subarctiques et boréales du Québec et du Labrador. Les tableaux s’enchaînent décrivant une vie au plus près de la nature, de la faune, des vies de joie mais aussi de peine et de douleurs. Les femmes ont un rôle essentiel notamment dans les difficultés et dans les mutations dues à la « modernité ». Un roman conte, chronique familiale, chronique d’un peuple, sensible, émouvant, avec une pointe de mélancolie et une écriture poétique et ciselée.

Premier roman

« Toute sa culture n'est que survivance. Elle n'est que résilience. Elle n'est que résistance. Tu es toi aussi un enfant de la Terre. Tu es innu. »

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Fiche #3006
Thème(s) : Littérature étrangère


Florian PRÉCLAIRE

Le cavalier de Saumur
Actes Sud

417 | 165 pages | 16-04-2023 | 19€

Le cavalier de Saumur est l’histoire d’une rencontre. Une rencontre entre un petit-fils, l’auteur, et René-Frantz, son grand-père. A partir de quelques carnets de poésie, d’états de service, le portrait d’un militaire de carrière atypique va être dressé : un militaire volontaire qui participa aux grands conflits du vingtième siècle, mais aussi un grand amoureux, sensible, tendre et un brin mélancolique. Le récit débute en 1917 avec une blessure, passera par Constantinople, Casablanca, puis par la seconde guerre, un parcours laissant de douloureuses traces aussi bien physiques que psychiques. René-Frantz ne parcourra pas les champs de bataille à cheval puisqu’il s’occupait des chars mais néanmoins, cavalier, le cheval aura une place importante dans sa vie, comme la nature et la forêt. Il rencontrera l’amour avec une riche vicomtesse, connaîtra donc le luxe avant de tout perdre. Une rencontre émouvante, une connexion évidente entre deux générations, entre le passé et le présent (il y a évidemment du René-Frantz en Florian et Florian va le découvrir) décrites avec une écriture raffinée et maîtrisée.

Premier roman

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Fiche #3003
Thème(s) : Littérature française


Sara BOURRE

Maman, la nuit
Noir sur Blanc

416 | 195 pages | 10-04-2023 | 19.5€

Maman, la nuit oscille entre cri d’amour et cri de haine pour Maman mais « Maman a disparu. C’est pas simple. ». Elles habitaient dans une maison isolée près d’un village qui les regardait avec méfiance et suspicion. Les hommes passent, souvent la nuit, et la petite observe, attend une parole, un geste d’amour de sa mère qui la trouve « éparse et découpée… poisseuse et encombrante… Et laide, très laide. » La petite résiste à tout : une tentative d’avortement, le dédain, le manque d’amour, « Parfois j’ai des pensées comme des échardes à l’intérieur. Des pensées épaisses brûlantes des grandes traînées de lave des explosions des catastrophes imminentes là dessous ma peau. » Attendre pour que ça s’améliore, mais maintenant c’est trop tard. Alors que va-t-elle devenir après cette disparition et avoir tant attendu de l’être adulé ? Un premier roman singulier par son style très affirmé, poétique, maniant souvent le contraste entre la douceur de l’écriture et les sentiments à l’œuvre, et un rythme sec, rapide et maîtrisé.

Premier roman

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Fiche #3002
Thème(s) : Littérature française


Peggy-Loup GARBAL

Vengeresses
Philippe Rey

415 | 126 pages | 09-04-2023 | 16€

en stock

Elles ne font qu’une depuis toujours. Jumelles et autistes. Mises de côté, délaissées, abandonnées. Enfance terrible et terrifiante. Elles ont tout subi, têtes baissées, sans un mot, les pires violences, notamment celles des hommes de leurs nombreuses familles d’accueil. Aucun amour. Seul le père aurait semble-t-il pu les aimer mais il est mort trop tôt. Alors, un jour, elles décident de relever la tête, d’affronter le regard de leurs bourreaux, leur rage jaillit violemment. Elles vont les retrouver, un à un, une à une, tranquillement, et se venger. Définitivement. Lors de ce voyage qui fait remonter les noirs souvenirs, elles resteront unies comme toujours dans l’accomplissement de leur vengeance. Un premier roman tendu (qui se dévore) de deux sœurs qui décident de répondre à la violence de la société par une autre violence, un voyage sans retour possible.

Premier roman

« Le monde va là où il est censé aller, madame : droit dans le mur. »

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Fiche #3000
Thème(s) : Littérature française


Franck MIGNOT

Mollesse
POL

414 | 138 pages | 19-03-2023 | 17€

Le narrateur est Monsieur Tout le Monde, il est venu s'installer avec sa famille en province, non loin de la mer : 3 enfants, une femme qui s’est éloignée comme le covid, discrètement. Une vie assez banale et un homme qui la regarde, ordinaire, sans aspérité et semble presque s’en satisfaire si ce n’est quelques fantasmes qui viennent l’égayer. La première partie du récit est à l’image de cette vie : tranquille, banale, lente. Puis une rencontre, la rencontre et tout bascule, tout s’accélère, même le récit. L’adultère, un coït inattendu et rapide et tout devient insaisissable, sans maîtrise, le piège se referme sur tous les protagonistes avec un poids et une angoisse permanents. Une descente aux enfers de Monsieur Tout le Monde, un premier roman explosif !

Premier roman

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Fiche #2992
Thème(s) : Littérature française


Camille FROIDEVAUX-METTERIE

Pleine et douce
Sabine Wespieser

413 | 220 pages | 23-02-2023 | 20€

Elle a fait un bébé toute seule ! Stéphanie a bravé tous les obstacles, tous les avis et Eve est née. Evidemment, un ami homo accepte le rôle de père intime. Elle organise une grande fête pour célébrer la naissance d’Eve et cette occasion unique permet de dresser une série de portraits féminins et d’interroger leurs existences, leurs envies, leurs rêves, leur sexualité, leurs relations avec les hommes, avec la famille, la maternité, leurs corps et le temps avec un objectif principal « puisqu'il faut tout féminiser désormais », « Délivrez-nous du mâle. »

Premier roman

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Fiche #2989
Thème(s) : Littérature française


Pauline PEYRADE

L'âge de détruire
Minuit

412 | 157 pages | 29-01-2023 | 16€

Une relation mère-fille à deux âges différents, l’enfance, l’âge adulte, pour deux actes d’une même violence. Dans la première partie, la mère et Elsa, la fille, s’installent dans leur nouvel appartement, aucune des deux ne trouvent sa place dans ce changement d’environnement. La mère et la fille se retrouvent dans une sorte de piège et la violence de la mère enferme sa fille dans une voie qui semble sans issue, comme un hamster tournant dans une roue. Domination, emprise, manipulation, tension malsaine, oppression, atmosphère pesante, chaque mot est à sa place et l’écriture et le style placent le lecteur au plus près de ce face à face. Second acte, vingt ans plus tard, Elsa est partie mais reste proche de sa mère, le lien exclusif se perpétue, la malédiction familiale représentée par trois bagues semble toujours d’actualité alors que la mère décide de vendre l’appartement. Il faut le vider, l’histoire les rattrape, peut-être est-ce le moment de lever le voile sur cette relation, que chacune reconnaisse, comprenne et prenne sa place… Détruire, s’autodétruire, pour tout stopper ou tout continuer voire reproduire… Troublant.

Premier roman

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Fiche #2973
Thème(s) : Littérature française


Mathieu PIEYRE

Le professeur d'anglais
Arléa

411 | 150 pages | 31-12-2022 | 18€

en stock

Des années après avoir quitté son lycée, le narrateur, de retour de Californie, ressent l’envie de le revoir. A la faveur d’une ouverture au public pour des élections, il retrouve les salles, la cour… et surtout le fantôme qui continue de l’habiter : Monsieur Wilder son professeur d’anglais. Un professeur à part, différent, jeune, beau, passionné, de ceux qui vous marquent à jamais. Des méthodes différentes, des contenus différents, de Shakespeare à Cat Stevens, des relations et une attention différentes. Il a peut-être fallu ce délai pour s’apercevoir l’importance que Monsieur Wilder a prise dans sa construction, dans l’homme qu’il est devenu. Alors il part sur ses traces, traces du passé et d’aujourd’hui. Un premier roman à l’écriture précise, maîtrisée et raffinée, un hommage, un éloge, une vibrante et émouvante déclaration d’amour à un professeur, à la langue anglaise, à l’enseignement, à la culture donc à la liberté.

Premier roman

« C’est là la limite des chansons d’amour, elles disent tout, trop vite, trop bien, il n’y a plus rien à ajouter, on ne peut rien leur répondre. »

« Il n’y a pas de rencontre sans livre. »

« Rien ne jalonne mieux en effet un parcours d’amitié que les livres échangés de part et d’autre… »

« Plus on avance dans le cheminement d’une vie, plus fort, sans doute, est le désir de mesurer l’accomplissement de la promesse qu’on se serait fait à l’adolescence, par la douce intransigeance attachée à cet âge… »

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Fiche #2962
Thème(s) : Littérature française


ROUDA

Les mots nus
Liana Levi

410 | 150 pages | 31-12-2022 | 17€

Chronique sans concession des années 90 de la France depuis Belleville. Ben, une seule syllabe, sait manier la langue, trouver le mot qui fait mouche. Des rêves pour oublier l’ennui, l’amitié avec deux potes, un Corse, « obsédé par les meufs », un Serbe, « une croûte de glace sur un lac en ébullition » et l’espoir de l’amour avec Oriane « la plus belle fille de ma vie ». L’œil est attentif, la plume vive. Le bac, la Sorbonne, les livres et les mots ne peuvent gommer les injustices, les souffrances. Des mots néanmoins indispensables pour affronter (« Pour soigner ma rancoeur, je mets des mots sur ma colère. ») et appréhender le monde. Des mots si importants dans les luttes et lorsque la banlieue s’embrase ; mais l’autre monde, l’Assemblée et les quelques-uns se partageant le pouvoir peuvent-ils les entendre, les comprendre ? Un premier roman témoignage rythmé, percutant, incisif et poétique, d’un adolescent puis d’un homme sensible qui continue à être heurté et outré par les violences et injustices des sociétés contemporaines.

Premier roman

« On ne peut pas changer le monde Ben, mais il faut tout faire pour qu’il ne te change pas. »

Fiche #2963
Thème(s) : Littérature française


Lizzie POOK

La fille du pêcheur de perles
Gallmeister

409 | 401 pages | 01-11-2022 | 24.8€

En 1886, Eliza (10 ans) et sa famille (mère, père, frère, tante et oncle) débarquent en Australie avec la ferme intention de faire fortune dans le domaine des huîtres perlières. De Londres à Bannin Bay, dépaysement absolu : la faune, la flore, le climat, l’eau, le vent, les tempêtes, le racisme, les violences et la corruption. En dix ans, Charles Brightwell devient l’un des perliers les plus importants de la baie. Les malheurs n’épargnent pas la famille : la mère meurt en couches, l’un des frères d’Eliza meurt noyé… Eliza a vingt ans quand elle voit son frère et son père partir en mer et son frère revenir seul. Qu’est devenu son père ? Disparition inexpliquée, le mystère reste entier mais Eliza, aidée par un jeune Allemand en rupture avec sa famille, s’entête à trouver une explication. Une enquête familiale, une enquête dans le monde des perles, de l’aventure, une nature luxuriante et sauvage, des dangers variés et permanents, des références historiques et ethnologiques dans l’Australie du XIX ème pour un premier roman réussi.

Premier roman

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Fiche #2953
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Josette Chicheportiche


Gabriela GARCIA

De femmes et de sel
Les Presses de la Cité

408 | 302 pages | 17-10-2022 | 22€

Entre Miami, Cuba et le Salvador, Maria, Dolorès, Cécilia, Carmen, Jeanette, Ana portent sur leurs épaules le poids de l’histoire de leur pays et des Etats-Unis, le poids des hommes, le poids de l’exil, le poids de l’immigration, des expulsions… Il en faudra du courage pour ne pas abandonner, et un livre fait le lien entre elles, un exemplaire des Misérables avec une citation leitmotiv d’Hugo, « Nous sommes la force », qui les accompagnera en permanence et les aidera dans les moments les plus éprouvants. Il faudra en effet qu’elles arrivent à s’en convaincre au moment des tragédies qu’elles vont toutes vivre, à la fois entourées et seules. Cinq générations de femmes (entre la fin du XIX ème et les années 2000), plusieurs relations mère-fille, plusieurs exils, des épreuves, des non-dits, du courage, des vies pour prendre en main son destin et enfin réaliser que « Nous sommes plus que ce que nous pensons ».

Premier roman

« … Ne croyez pas les mères qui prétendent que la maternité est une vocation, ou un sacrifice, ou quelque chose de beau, ou tout ce qui figure sur les cartes de vœux. La maternité est un questionnement, une série sans fin d’interrogations commençant par et si ? … »

« Il n’y a pas de règles tangibles qui expliquent pourquoi certains naissent dans le chaos… Les dés sont jetés, puis nous venons au monde. »

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Fiche #2942
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Valérie Bourgeois


Pierre GUÉNARD

Zéro gloire
Flammarion

407 | 125 pages | 26-09-2022 | 16€

Aurélien Moreau est surnommé Harry en référence au petit sorcier auquel il ressemble, et de la magie, il va en falloir une bonne dose pour arriver au bout de ses espoirs et de ses rêves. Aurélien si jeune se retourne déjà sur sa vie d’enfant, d’ado, et de jeune adulte. L’école, le collège, le lycée, les potes, les sorties, la musique, la drague, une espèce d’obsession pour le sexe et les premiers morts tragiques, la coloc... Il va devoir travailler très rapidement, deux boulots enchaînés, MacDo la nuit, les pompes funèbres la journée : « Je me demande si je sens la mort autant que la frite. », et dans les deux cas, l’envie persistante de vomir. Mais heureusement, Aurélien a une idée en tête pour son avenir, et il ne lâchera rien, il va réussir à accomplir ce qu’il aime, à se réaliser. Au moins un de sauvé ! Une succession d’images, de moments pour dresser avec une dose de réalisme, une dose d’humour et d’ironie, une dose de poésie, le portrait d’une jeunesse qui malgré l’atmosphère, l’ambiance, les tragédies de la vie, doit absolument continuer de rêver, rêver pour vivre.

Premier roman

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Fiche #2929
Thème(s) : Littérature française


Mehtap TEKE

Petite, je disais que je voulais me marier avec toi
Viviane Hamy

406 | 250 pages | 20-09-2022 | 18.9€

« Petite, je disais que je voulais me marier avec toi » est un cri, un hurlement d’amour d’une fille pour son père, son idole absolu. Un père kurde né dans les montagnes d’Anatolie qui adorait les étoiles, les astres, rêvait d’une autre vie. Mais la tradition, la famille, la survie l’ont rapidement isolé dans les champs de coton. Il a dû travailler jeune pour aider sa famille, fin du rêve, fin de l’école, fin des projets d’étude, fin d'une autre vie avant qu'elle ait débuté, « Ainsi va la vie. », même s’il partagera de beaux moments de connivence avec son père. Toutes les vies restent entravées, conditionnées par les traditions, ses sœurs contraintes de se marier avec des maris qu’elle n’ont pas choisis, il en sera de même pour son père. Alors il n’aura de cesse de se battre pour que ses enfants accèdent à un autre avenir que le sien, leur dégager un espace de liberté, « Ce n’est pas déterminant de savoir d’où l’on vient : c’est la destination qui compte. ». Il travaillera dur pour cela, l’exil et ses déchirements, les corons belges, les chantiers de construction européens puis une petite épicerie. Un homme digne, beau et bon, le soleil éblouissant de sa fille qui lui rend ici un vibrant et émouvant hommage.

Premier roman

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Fiche #2922
Thème(s) : Littérature étrangère


Jean MICHELIN

Ceux qui restent
Héloïse d'Ormesson

405 | 230 pages | 08-09-2022 | 19€

Lulu a disparu alors quatre hommes vont partir à sa recherche, où est-il parti et pourquoi ? Ils sont militaires, Lulu est caporal, et ils sont rentrés d’une mission difficile et dangereuse. Ils ont rejoint leurs familles et un pays en paix. Pour tenter de le retrouver, il va falloir aussi fouiller le passé, donc cette enquête nous emmène au cœur du quotidien de militaires, hier, aujourd’hui, au cœur de l’action mais aussi aux côtés de leurs femmes, ces femmes souvent seules qui attendent le retour, « Chaque fois, mon mari est rentré un plus seul, un peu plus en colère, un peu plus triste. » , mais leurs époux devenus parfois muets rentrent-ils vraiment ? Une part d’eux reste toujours bien loin du foyer familial. Les sentiments multiples et contrastés sont mis à jour, leur engagement, leurs envies, leurs désillusions, « Il n’ignorait plus le caractère dérisoire de ce qu’ils faisaient… », leur culpabilité lorsque l’un d’eux tombe. « Prendre des roquettes sur la gueule, ça crée des liens. », alors la notion de frères d’armes, de famille, de camaraderie, d’engagement pour l’autre, de solidarité est au cœur de leur vie et pourtant, ils sont seuls, immensément seuls face à leurs traumatismes, à leurs blessures, à leurs peurs, à leurs insomnies et autres cauchemars et face à la mort qui rode toujours. Un roman poignant, une enquête qui nous tient en haleine et dévoile les difficultés et les doutes mais aussi la sensibilité aussi bien des militaires que de leurs femmes.

Premier roman

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Fiche #2915
Thème(s) : Littérature française


Priya HEIN

Riambel
Globe

404 | 250 pages | 05-09-2022 | 22€

A Riambel sur l’île Maurice, une route marque une vraie frontière entre deux espaces, deux mondes. « Les gens importants. Les petites gens. » Richesse, pauvreté. Exubérance, dénuement. Taudis, riches demeures. Soumission, pouvoir et manipulation. Employé, patron… des vies opposées à 10 mètres d’écart. Noémie est née du mauvais côté de la route, son triste destin est prédéfini. Sa mère a toujours travaillé pour ceux d’en face, une famille de Mauriciens blancs, les De Grandbourg. Sa sœur suivra le même chemin. Puis elle. Une histoire sans fin qui se répète génération après génération. Ils les dominent, ils s’en servent puis ils les jettent, « c’est comme ça et ça l’a toujours été ». Pourtant, enfant, elle est pleine de vie, d’envie d’apprendre (même si elle ne fréquente pas l’école des Blancs), de lire (« Je lis parce que ça me permet de voyager et de découvrir des endroits dont je ne peux que rêver. Ouvrir un livre, c’est comme plonger dans un océan scintillant de promesses. »), de joie, de rire. Elle croira en l’un de ces jeunes blancs, une naïveté qui la confrontera avec le mépris et la manipulation (« Nos vies ne méritent pas d’être écrites - mais seulement ostracisées. »), lui coûtera cher et la ramènera à sa place en lui rappelant le destin tragique de sa sœur. La colonisation est paraît-il terminée, certains colons sont repartis et pourtant l’histoire reste un éternel recommencement, et les conséquences de la colonisation traversent les générations. Noémie rêve encore parfois que « Le passé est ton présent mais ne laisse pas le passé être ton futur. » même si elle continue aussi de pleurer « à cause de ma grand-mère. De ma mère et de ma sœur. A cause de ce qu’on a été. De ce que je suis. De ce que nous serons toujours. » Un roman important au style ciselé qui fait planer une certaine douceur en contraste absolu avec l’indignation qu’il suscite et la violence qu’il décrit.

Premier roman

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Fiche #2913
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Haddiyyah Tegally, Priya Hein


Pénélope ROSE

Valse fauve
Plon

403 | 270 pages | 14-08-2022 | 20€

Rose a dix-neuf ans et vit avec ses parents qui rêvent pour elle d’un mari, d’un foyer, d’enfants... Rose a d’autres rêves que celui de bonne épouse et notamment des rêves d’indépendance et de liberté. Une fête sur la place du village bouleversera sa vie. Elle y va transformée en garçon manqué et rencontre un accordéoniste venu de la ville qui vit un peu à l’écart, le village s’en méfiant. Elle découvre rapidement qu’André vit avec Michèle, sa fille. Ils se marient, le trio prend ses marques lorsque le pays est envahi et tombe aux mains des Salauds. L’occupation commence, la traque aussi. Angoisse, violence, meurtre deviennent le lot de tous. Alors certains rejoignent le camp des Insurgés et c’est le cas d’André. Michèle et Rose restent seules et n’auront de nouvelles d’André que par courrier pendant ces très longues années d’occupation. Le temps à tendance à tout effacer, les rêves, l’envie de résister... Comment continuer à faire ses propres choix dans un contexte anxiogène, violent et contraint ? Mais que peuvent espérer les Salauds face à Michèle et Rose, ces deux femmes de caractères qui arrivent tant bien que mal à dompter leurs peurs. Le lecteur assiste avec émotion au double combat de Rose, Michèle et André au cœur d’une longue occupation terrifiante. Un premier roman sous tension avec une vraie vision de la vie sous occupation et une construction et une trame singulières qui donnent toute sa puissance au récit.

Premier roman

« Car aucun tyran au monde ne peut comprendre ce qu’il se passe dans le cœur des survivants. »

« Les corps se confondent, en pile, tous la même peau et le même sang, peu importe le camp. La même odeur, la même texture, le même bruit de chair déchirée lorsque les balles les transpercent... »

« Offrir un espoir que l’on sait faux est la pire des saloperies. »

« Personne ne vivait la guerre de la même façon, et cette différence abyssale entre chacun d’entre nous donnait du pouvoir à nos ennemis. »

« Les gens sont seuls et tristes, ce dont ils rêvent, c’est de se sentir entourés, de mettre fin à leur solitude. Alors il suffit que quelqu’un leur dise : Moi, je vous comprends. Je ne vous abandonnerai jamais. Et paf ! Ils le suivent. Place au dictateur ! »

« Combien de coups fallait-il recevoir afin d’apprendre à faire la différence entre l’intuition et la résignation ? »

« Quitte à choisir, si l'amour était un moyen de combler la solitude, j'aurais préféré un chien. Si j'avais été ma mère, je n'aurais pas choisi mon père mais un bouvier bernois. »

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Fiche #2903
Thème(s) : Littérature française


Dominique CELIS

Ainsi pleurent nos hommes
Philippe Rey

402 | 288 pages | 06-08-2022 | 20€

en stock

« Lâche prise et arrête de vouloir le posséder ! ». Cette injonction plonge Erika dans une longue confession sous forme de lettres à sa sœur pour tenter de s’extraire de son amour pour Vincent qui l’habite encore malgré leur rupture. Erika nous plonge dans son quotidien en 2018 à Kigali au Rwanda le pays aux milles collines, près de vingt cinq ans après le génocide. Elle nous pousse les portes de sa colocation, avec deux autres femmes, d’horizons et d’origines très différents mais « une solide petite famille », un point d’ancrage essentiel pour Erika. Entourée et épaulée par sa famille second hand, sa vie amoureuse riche et chaotique ne l’empêche pas de continuer de vivre l’immense douleur du passé. « Le prix à payer, caché cash, pour tous redevenir des Rwandais, dèh, c’est d’atrophier la sensibilité. De séquestrer l’émotion. », mais pour Erika, l’émotion et la sensibilité restent à fleur de peau : comment faire quand on croise dans la rue un bourreau qui a révélé ou pas ses terrifiantes exactions ? Comment oublier ses trois tantes assassinées atrocement dans un sommet de déshumanisation ? Dominique Celis nous ravit avec un premier roman vif et envoûtant aux styles affirmés, singuliers et variés, qui nous parle d’amour, de désir, d’amitié, de joie, de corps mais aussi d’un pays traumatisé où futur et passé, vivre et survivre deviennent unis (à jamais ?) par ce génocide.

Premier roman

« Le néant. Ce chef d’œuvre des assassins. »

« Chercher à appréhender la vie, c’est la névrose des Blancs. La vie, faut la vivre. C’est tout. »

« Etre vulnérable, c’est pas un vice, une perversion ! C’est la condition humaine, non ? »

« Toutes les femmes habitent la frontière entre la vie et l’agonie. Celle du sang menstruel ou de la mise au monde. Dans la hantise des vivres et du couvert. Toutes ! A devoir, en plus, vous protéger, vous rassurer, vous soigner, vous ménager ! »

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Fiche #2894
Thème(s) : Littérature étrangère


Pierre ROUBIN

Conquérir le ciel
Phébus

401 | 156 pages | 06-08-2022 | 15€

C’est l’histoire d’un jeune père qui sait que son temps est compté, alors ce temps doit être maintenant mobilisé, centré sur l’amour de sa femme, l’amour de ses enfants, par l’observation de la beauté, de la nature, attentif aux émotions. Une douceur, une délicatesse et un amour en opposition absolue avec son enfance, « L’enfance c’est de la merde. » : un père qui ne lâchera jamais rien pour avoir toujours le dernier mot, un médecin de campagne, violent, violence physique, violence des mots, dur. Cette violence se retrouve aujourd’hui dans l’annonce de sa maladie. Pour peut-être le provoquer, l’accélérer ou l’appréhender ce temps qui passe, il veut se faire appeler pépé, « Etre un pépé, c’était disparaître dans le vent et dans l’ombre des arbres. » et lutter, « Un guerrier se bat toujours sans jamais penser qu’il va mourir... », lutter avec sérénité, sans illusions envahi par l’amour de ses proches. « Si tu ne sais pas pourquoi tu pleures, alors c’est que tu es revenue dans l’enfance. », mais, hélas, avec Conquérir le ciel, vous saurez pourquoi !

Premier roman

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Fiche #2895
Thème(s) : Littérature française


Alexandre HMINE

Grains noirs
Zoe

400 | 282 pages | 04-08-2022 | 22€

Parlez-vous arabe ? Leitmotiv sous forme de question tant entendu par le narrateur. Sa mère est arrivée depuis Casablanca en Suisse italienne enceinte et célibataire. Elle confia son bébé à une veuve d’un village de montagne, l’Elvezia, une vieille dame plus à l'aise avec le dialecte local qu’avec n’importe quelle autre langue. « Grains noirs » sous forme d’une longue suite très rythmée de scénettes, de souvenir égrainés, souvenirs de petits grains noirs, dresse le portrait au plus près du quotidien du gamin, de l’ado, du jeune adulte, puis enfin de l’adulte. Evidemment les souvenirs lointains sont plus hésitants, reposent sur des émotions, des sensations, que ceux plus récents. Un parcours à l’intersection de plusieurs pays, de plusieurs langues (Italien, Allemand, Français et Arabe), de plusieurs cultures (« Je suis marocain. Je ne suis pas marocain. »). Les fait sont relatés tels quels, de manière directe, sans enjoliver, sans chercher à charmer, à se magnifier, on suit l’apprentissage de la vie avec cette identité multiple, les premières expériences, la formation d’un homme avec ses contradictions, ses colères, ses peurs, sa solitude. Un long chemin chaotique pour s’apercevoir alors devenu enseignant et étudiant en littérature que ses premières années avec l’Elvezia furent fondatrices pour l’homme qu’il est devenu.

Premier roman

« Il faut naître fou ou roi pour faire ce qu’on l’on veut. »

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Fiche #2888
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Lucie Tardin


Caleb Azumah NELSON

Open water
Denoël

399 | 202 pages | 04-08-2022 | 19€

Il est photographe. Elle est danseuse. Ils se croisent pendant une soirée, elle est l’amie de son ami, mais un regard suffit, ils savent tous les deux, que quelque chose s’est passé, s’est noué, qu’ils se reverront dans le cadre d’une relation « honnête ». Ils se revoient rapidement, et puis encore, et puis encore. Ils se découvrent une vraie amitié, osent se regarder, se toucher, se confier, partager leur confrontation avec le racisme, le regard des autres, les présupposés violents dus à leur couleur de peau... Ils parcourent le sud-est de Londres ensemble dans les chaleurs de l’été, les évènements leur rappellent régulièrement leur couleur de peau, la peur est en lui et le mine. Mais les sentiments commencent de naitre, « Vous jouez l’un et l’autre à ce jeu aux enjeux trop élevés... », l’amour avance, le désir croît seconde après seconde sans qu’ils n'osent se l’avouer ou l’avouer à l’autre, « Donner un voix au désir, c’est lui donner un corps qui peut respirer et vivre. ». Comment aimer et vivre quand l’insécurité, la peur et le danger sont permanents ? Un superbe roman d’amour qui dissèque les sentiments qui traversent une relation amicale ou amoureuse, un portrait émouvant d’un jeune homme noir amoureux, mais dramatiquement paralysé par le racisme qui perdure même dans une ville annoncée depuis des décennies comme absolument cosmopolite.

Premier roman

« Tu découvriras bientôt que l’amour te cause de l’inquiétude, mais qu’il te rend beau. »

« Comment se débarrasse-t-on du désir ? L’exprimer, c’est semer une graine, savoir que d’une manière ou d’une autre elle va pousser. C’est l’admettre et se soumettre à quelque chose qui se situe à l’extrême limite de ta faculté de compréhension. »

« Il n’y a en vérité que deux scénarios possibles quand on écrit : un inconnu arrive en ville, ou bien une personne part en voyage. Les bons livres ne sont que des variations sur ces thèmes. »

« Ne rien faire avec quelqu’un, c’est lui faire confiance, et faire confiance, c’est aimer. »

« Deux solistes qui mènent des conversations si harmonieuses qu’ils ont du mal à se séparer. Vous n’êtes pas les musiciens mais la musique. »

« Tu sais qu’aimer, c’est à la fois nager et se noyer. Tu sais qu’aimer, c’est être entier, partial, une attache, une fracture, un cœur, un os. C’est saigner et guérir. C’est faire partie de ce monde, honnête. C’est installer quelqu’un près de ton cœur battant dans l’obscurité absolue de tes entrailles et avoir confiance dans le fait que l’autre te serrera très fort. Aimer, c’est faire confiance, et faire confiance, c’est avoir foi en l’autre. Comment pourrait-on aimer autrement ? »

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Fiche #2889
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Carine Chichereau


Françoise COLLEY

Vivantes
Mialet-Barrault

398 | 262 pages | 04-08-2022 | 19€

Vivantes dresse le portrait d’une famille de dix enfants, de deux pères, et d’une mère, une super-héroïne, montagne de douceurs qui toujours fait face aux douleurs, aux difficultés, amoureuse de ses hommes malgré tout, « Cette femme était multiple. A la fois affectueuse, fragile, usée par la vie et forte comme un roc, têtue, autoritaire, cruelle. ». La narratrice est la fille du second mari, un Algérien, mais porte le nom du premier, un Juif. Le récit relate son enfance dans une famille nombreuse pauvre croisée avec sa vie de jeune femme, elle aura aussi deux maris et deux enfants. Les pères ne sont pas épargnés, leur lâcheté, leurs mensonges, leur avidité, leur violence... Mais vive, intelligente, rebelle, comme sa mère, elle saura réagir et gagner son indépendance. Un livre coup de poing pour s’affirmer, être soi, s’accepter, être libre de ses choix, un tendre hommage à une mère maman poule, un style percutant, direct, brut en accord parfait avec les personnages et leur vécu.

Premier roman

« La vie est une drôle de garce. »

« Aucun homme ne mérite qu’on sacrifie sa vie et son avenir pour lui. »

« L’amour ne suffit pas pour rendre les gens heureux. »

« Avec le temps, on s’attendrit. On oublie. On cherche à gommer les aspérités... Et puis, un jour, ça remonte. Comme un geyser. On se rend compte que non, la blessure, le chagrin, la violence, le manque d’amour sont restés imprimés sur le disque dur. Prêt à ressurgir. »

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Fiche #2890
Thème(s) : Littérature française


Giacomo MAZZARIOL

Mon frère chasse les dinosaures
Slatkine

397 | 175 pages | 04-08-2022 | 15€

Giacomo, cinq ans, a deux sœurs alors, quand ses parents lui annoncent qu’il va avoir un petit frère, c’est la joie, « Deux garçons, deux filles, deux partout. ». Mais les parents complètent, il sera un peu spécial, différent, pour Giacomo, c'est clair, ce sera donc un super héros ! Et puis Giovanni naît, et « Il n’est pas de la même planète que nous. C’est évident. » Mais « ... la vie est tellement plus grande que nous » alors la famille va apprendre à rester unie, joyeuse même si c’est parfois compliqué. La vie de Giovanni nous est livrée, une vie différente mais une vraie vie (« ...Giovanni est Giovanni. Il n’est pas son syndrome, il est lui-même. ») faite de moments drôles, de moments difficiles, de moments décalés... Comment annoncer cette différence à ses copines et copains l’arrivée de ce petit frère, chacun suivra son chemin, son imagination... L’apprentissage au jour le jour de la différence avec des parents bienveillants, rassurants, protecteurs et attentifs. Un récit joyeux, attachant, émouvant et essentiel pour rappeler et « comprendre que la diversité fait partie de la vie et que nous avons tous un syndrome quelconque... »

Premier roman

« La vie avec Gio était un voyage permanent entre les contraires, entre le divertissement et la fatigue, entre action et réflexion, imprévisibilité et prévisibilité, naïveté et génie, ordre et désordre. »

« La seule chose qu’on peut choisir, c’est d’aimer... »

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Fiche #2891
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Emanuele Cremona, Maryvonne Bompol


Léna PAUL-LE GARREC

Lulu
Buchet-Chastel

396 | 175 pages | 03-08-2022 | 16.5€

Lulu et sa mère vivent ensemble mais ils sont tous les deux seuls, le père absent, toujours un fossé entre eux. Lulu n’est pas un gamin comme les autres, il n’aime pas son prénom (dû à Gainsbourg) mais pourtant il lui correspond parfaitement : « Imagination fertile. Les sentiers battus et les vérités données ne sont pas pour lui. Il sera constamment à la recherche de renouveau et d’émerveillement. ». Lulu est solitaire (« Seul, je suis si bien. ») et passe plus de temps sur le littoral qu’avec des gamins de son âge. Sur la plage, seul, il s’épanouit et vit des moments de bonheur. Il y trouve tout pour son cabinet des curiosités, il ramasse ce qu’il peut y trouver, coquillages, bois flotté, plumes, bouteilles... ces bouteilles qui traversent à l’aveugle (ou peut-être pas) les océans avec parfois un message. Il se sait différent alors parfois il aura la tentation d’être comme les autres, mais la plage le ramène toujours à sa réalité, à ses rêves. Sa mère également le rejoint sur cette sensation de singularité, elle est maladroite, quelques principes singuliers et non négociables (« Elle n’aime pas l’inutile. »), et une difficulté à vivre le moment, à être heureuse et à aimer (« Je n’arrive pas à accéder à la simplicité du bonheur d’aimer). Portrait émouvant d'un petit Prince solitaire, différent, fragile, imaginatif, lunaire, rencontrant toutes les difficultés pour trouver sa place aux côtés des humains et des adultes, et qui finalement, conservera non sans souffrance toujours une forme de liberté, « Mon esprit est d’une infinie liberté. Je navigue du fond des mers aux sommets du ciel »

Premier roman

« La vérité avons-nous envie d’elle, besoin d’elle. Je ne crois pas. Il n’y a qu’une vérité celle que l’on s’invente, chaque jour. »

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Fiche #2887
Thème(s) : Littérature française


Pauline DESMURS

Ma théorie sur les pères et les cosmonautes
Denoël

395 | 182 pages | 02-08-2022 | 17€

Pour le petit Noé, c’est la double peine : son père, tel un cosmonaute, est parti, le voyage est très long et son retour tarde ; Beatriz la compagne de sa mère, celle de qui il était très proche, celle sur qui il pouvait compter, celle qui l’écoutait, celle qui lui lisait des contes, est morte d’un cancer. Alors Noé plonge dans un désespoir profond, la mort est incompréhensible, il hurle de douleur, et la révolte gronde en permanence : « Je ne sais pas quoi faire de ma rage au bide, de mon vide au cœur, et de mes couteaux dans la tête. ». Dompter sa douleur, trouver un apaisement relatif, prendront du temps et passeront par plusieurs canaux et étapes. Sa voisine Coralie et sa petite fille Charlotte qui même si elle ne comprend pas tout lui offre une place de grand frère. Alexandre un vieux monsieur éprouvé rencontré au cimetière avec son gros livre et dont la mère a passé sa vie à rechercher Marina Tsvetaïeva, ils pourront partager leurs peines et Alexandre avec tendresse et sagesse lui apprendra que toutes les douleurs, même les plus vives et terrifiantes, peuvent s’estomper. Patrice l’animateur d’un atelier qui lui ouvrira les portes de la vidéo et lui proposera de devenir maître de son monde et de son destin, Noé décidera du moment où le mot fin s’affichera et la lumière s’éteindra. Noé, un enfant qui raisonnera peu à peu comme un grand avec beaucoup de souffrances, le parcours d’un gamin qui se prendra en charge pour s’éloigner progressivement de la mort et supporter les absences.

Premier roman

« Notre distance ne se mesure pas, nos liens échappent au système des chiffres. »

« Mais j’avais trouvé bizarre qu’on foute des voix dans des enveloppes. Comment peut-on les entendre, si on les enferme dans des murs de papier ? »

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Fiche #2885
Thème(s) : Littérature française


Catherine LOGEAN

Confessions à un ficus
L'Arbre Vengeur

394 | 210 pages | 31-07-2022 | 17€

en stock

Geoffroy est l’antihéros (suisse en plus !) dans toute sa splendeur (« Mes tentatives pour donner un cours un tant soit peu satisfaisant ou raisonnable à mon existence ont échoué. Certains ont le sens de l’orientation... Pour d’autres, de quelque façon qu’ils l’orientent, la carte reste indéchiffrable. »), son amoureuse dont il est toujours épris vient de le quitter, il fait un travail guère passionnant et est pressuré par sa hiérarchie. Il a un frère jumeau à qui, ayant abandonné ses idéaux de jeunesse, tout réussit selon les critères de réussite habituels évidemment... Autour de lui, tous ont leur certitude alors qu’il plonge dans l’incertitude et le doute absolus. Seuls moments à part : les répétitions pour une pièce de théâtre d’avant-garde. Il a en effet été repéré par la metteuse en scène qui lui voue une admiration sans faille (attention passages d’anthologie !). A force de subir sa vie, il quitte son poste pour devenir manutentionnaire et il se retrouve chez un psy, le bien nommé Somme, et son ficus va débloquer sa parole ! Les ficus pourraient-ils sauver l’humanité ? La tragédie humaine traitée avec drôlerie et ironie, un ton grinçant, ironique, moqueur, à déguster sans modération.

Premier roman

« Les enfants ont un doudou, les vieux ont Dieu. »

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Fiche #2880
Thème(s) : Littérature française


Angelo ARANCIO

Un fils
L'échelle du temps

393 | 198 pages | 30-07-2022 | 18€

Son père est mort il y a déjà de longues années, sa mère avait trente et un ans et lui sept ans. Ses quatre frères et sœurs avaient à peu près le même âge. Il est maintenant père de trois enfants à quarante-trois ans et il est peut-être enfin temps de se retourner sur son passé (« Déjà que j’avais du mal à être fils, voilà que j’étais père, maintenant. ») et principalement sur sa relation avec sa mère. Une mère silencieuse, enfant, il n’a jamais ressenti amour, attention, affection, protection, « Je ne voulais te recevoir que comme je le désirais... Ma frustration m’a empêché de te reconnaître. ». La mort du père, un vrai Sicilien, renforce ce malaise, pas d’explications, pas de consolations, l’impression d’être seul face à son chagrin (« Seulement à tant t’oublier tu as fini par nous oublier.) alors qu’elle se retrouve seule à Saint-Etienne pour tout assumer, elle qui n’a jamais eu un emploi rémunéré. Aujourd’hui seulement, il peut reconnaître l’ampleur de la tâche et que même en silence et à distance, la louve sicilienne restait à ses côtés. Même quand des années plus tard, elle semble enfin profiter de la vie, ce n’est pas la mère qu’il espérait. Mais cette vision de la mère, ce rêve, ne peut être décorrélée de la vie du fils, alors il nous la relate longuement, sans artifice, avec franchise, une trajectoire chaotique, faite d’échecs, de peurs, d’hésitations, de complexes. Quarante trois ans pour le reconnaître, pour faire la part des choses, « Il était tellement plus simple et facile de t’accuser de tous mes maux plutôt que reconnaître que je me plantais... Tout occupé à ma douleur et à ma colère, je ne pouvais voir les preuves d’amour dans lesquelles je butais. », quarante trois ans pour comprendre que « la meilleure des solutions c’était de nous aimer sans aucune forme de démonstration. » Une émouvante confession frisant avec le mea culpa, un puissant (mais peut-être tardif) cri d’amour pour une mère courage.

Premier roman

« Patrick Dewaere m’a carrément sonné. Je voulais être comme lui. On aurait dit un verre de cristal fendu, impossible à toucher sans risque de le casser. »

« La passion c’est se faire croire qu’on se construit à travers l’autre, alors qu’on passe son temps à se détruire. »

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Fiche #2876
Thème(s) : Littérature française


Aurélie DJIAN

Du temps de ma splendeur
Julliard

392 | 165 pages | 30-07-2022 | 18€

La narratrice est la dernière d’une lignée de trois femmes, sa mère au prénom prédestiné, Reine, sa grand-mère Rose, deux femmes pour qui l’apparence et le paraître sont primordiaux. Alors évidemment l’âge et le vieillissement viennent heurter leurs préoccupations. Une jeune femme peut-elle trouver une complicité, une écoute dans ce cadre ? Reine continue de vouloir tout gérer (« la mauvaise fée qui me servait de mère »), seule Rose fera preuve de tendresse et d’écoute. Le récit est un va-et-vient dans les pensées, les souvenirs des trois femmes, leurs rapports aux hommes, leurs époux... Le questionnement intime d’une femme de quarante ans qui n’a toujours pas résolu « le mystère de sa mère » et qui s’interroge sur son avenir, sa vie, sa maternité, le temps qui passe.

Premier roman

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Fiche #2877
Thème(s) : Littérature française


Claire BAGLIN

En salle
Minuit

391 | 160 pages | 28-07-2022 | 16€

en stock

En Salle mène de front deux récits pour deux périodes de la vie d’une jeune femme, la narratrice. Elle vient de passer un entretien d’embauche pour une grande chaîne de restauration rapide et c’est le succès... Dans le même temps, elle revient sur son enfance avec ses parents, son frère Nico, une enfance marquée par l'omniprésence du travail du père, ouvrier à la maintenance, un poste dangereux, mais guère considéré avec une pression permanente des patrons alors ses blagues potaches lui permettent peut-être d’oublier... Avec une description clinique du travail dans « le restaurant », des différents postes de travail, des relations entre les employés, des interventions permanentes des managers et autres petits chefs, Claire Baglin dissèque un emploi aliénant (« Aux frites, l’automatisme empêche de réfléchir. »), pressant, usant psychiquement et physiquement (« ... c'est un fait, les peaux se décollent et s'effritent lorsqu'elles de lavent les mains. »), qui réussit à faire oublier tous les espoirs et rêves possibles et peut vous aspirer rapidement vers un trou noir sans issue. La construction, le style, la description froide et précise, le réalisme, un vrai grand premier roman !

Premier roman

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Fiche #2875
Thème(s) : Littérature française


Corinne MOREL DARLEUX

La sauvagière
Dalva

390 | 140 pages | 27-07-2022 | 17€

Un accident de moto, et elle pousse la porte d’un autre monde. Comme dans un conte, loin de la ville, elle se retrouve au cœur de la forêt montagnarde dans une maison forestière aux côtés de deux anges, deux fées, deux sorcières, Jeanne (« une impression d’évanescence émanait de l’ensemble de sa silhouette ») et Stella (« son regard luisait de folie »). Finalement, l’accident a peut-être permis de réaliser son désir le plus profond : « Je n’eus pas le courage de m’évaporer. L’accident l’a fait. ». Laisser de côté l’agitation perpétuelle, le bruit, les paroles inutiles, les tensions permanentes, revenir à la lenteur, à l’attention et l’observation au cœur d’une nature sauvage qui a repris ses droits et n’attend rien de l’homme. Une nature puissante qui s’immisce partout nous ramenant vers l’animal comme un retour au source à l’opposé du tumulte insensé et mortifère de notre monde. Un premier roman sous forme de conte ou de rêve pour retrouver du sens et nos sens.

Premier roman

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Fiche #2869
Thème(s) : Littérature française


Amélie FONLUPT

La passagère
Rivages

389 | 205 pages | 27-07-2022 | 19.5€

La passagère prend ses racines au Cap-Vert, le pays de la sodade et le lieu de naissance en 1941 de Mame, l’ancêtre d’une lignée de femmes et Léna la fille de Reine nous fait partager leur destin. Mame poursuivie par la pauvreté, l’âpreté de la vie, le départ de son homme, la contraignent à l’exil avec sa fille, Reine. Après une halte au Portugal, elles s’installeront à Paris. Reine fera d’elle sa nouvelle culture alors que Mame restera très critique envers la France (« un pays riche rempli de pauvres ») et les Français. Reine lors de son premier mariage voit Mame repartir au Cap-Vert. Après un deuxième mariage, Lena naît puis son petit frère Max. Cette lignée de femmes est évidemment marquée par le déracinement et l’exil, l’exil qui broie, l’exil qui déchire et écartèle et la peur qui l’accompagne, une peur et une détresse qui s’héritent et se propagent de génération en génération ; mais aussi par l’absence des hommes, des hommes sans respect, « une tonne de mensonges dans les poches », « des mauviettes », elles devront faire sans. La musique et le piano suffiront-ils à Léna pour ne pas laisser cet héritage la broyer, se dégager des côtés les plus toxiques et conserver le meilleur ?

Premier roman

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Fiche #2870
Thème(s) : Littérature française


Simon PARCOT

Le bord du monde est vertical
Le Mot et le Reste

388 | 158 pages | 27-07-2022 | 18€

Histoire d’une aventure, aventure en montagne, aventure humaine, plongée dans la nature, plongée en soi. Deux chiens, Moïra et Zéphyr, Gaspard, le bien nommé premier de cordée, Vik, un colosse du Grand Nord, Ysé, une femme, et Solal, le petit nouveau fou de joie de les accompagner. Ils viennent pour aider les personnes isolées de la vallée. Une vallée au sommet vertical le Bord du Monde qui n’a jamais été atteint, un sommet mythique, mystérieux qui continue de se dérober à tous. Or le projet secret de Gaspard, sa quête d’absolu, est d’atteindre ce sommet accompagné de Solal, l’endroit où rêve et réalité se rejoignent si proche des étoiles. L’aventure est éprouvante : neige, froid, vent, dangers multiples, dépassement de soi… un lieu propice aux légendes, aux croyances et aux rares rencontres mais toujours étonnantes comme celle du Père Salomon qui pense pouvoir aider Gaspard dans sa quête… Exigeant comme la montagne, attirant comme la montagne, beau comme la montagne, intriguant comme le mystère de la montagne, un premier roman philosophique d’aventures en altitude éclairé par une poésie à la hauteur de la rudesse de l’aventure.

Premier roman

« …la véritable ascension est une ascension intérieure. »

« Car la montagne est un exhausteur de goût, un exhausteur de vie ! »

« Tu vois, je ne grimpe pas par goût du risque, je ne grimpe pas par désir de mort, au contraire, aller là-haut affine ma conscience de la vie. »

« … que ferions-nous ici, sans les livres ? C’est eux qui nous font sortir : un vers, juste un vers, des filaments d’encre sur du papier et voilà que nos esprits filent par-delà la cheminée rejoindre les étoiles gelées. »

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Fiche #2871
Thème(s) : Littérature française


Sarah JOLLIEN-FARDEL

Sa préférée
Sabine Wespieser

387 | 205 pages | 27-07-2022 | 20€

« Demeurer dans cette destructrice intranquillité. Je ne m’en arracherai pas. » Marquée par une enfance terrible et terrifiante, Jeanne ne pourra jamais s’en arracher. Dans un village isolé de montagne où chacun sait, mais chacun se tait, avec sa grande sœur Emma, et sa mère, elle subit et vit dès son plus jeune âge la violence d’un père brutal et alcoolique. Un père qui frappe, qui tape, dénigre, insulte celle qui est là, même sa préférée. Après un nouvel épisode encore plus violent qu’à l’habitude, même le docteur ne fera rien pour la sortir de l’enfer, seules les études sembleront l’éloigner et peut-être la sauver. Mais la peur ne l’abandonnera jamais, peur des cris, peur des coups, peur des hommes et la colère l’étreindra pour toujours. Seule la nage dans le lac Léman semble l’apaiser mais le suicide de sa sœur la replonge dramatiquement dans son passé, impossible d’y échapper, un passé et une colère qui empêchent toute relation durable. Un passé qui marque à jamais, omniprésent et qui, subitement, peut resurgir avec violence, empêchant toute sérénité, tout espoir, et le savoir empêche réellement de vivre et d’aimer. L’auteur est directe, sans fioriture, le style est vif et ciselé, elle pose sur le papier les situations, les sentiments, la violence, une série d’uppercuts qui frappent le lecteur qui assiste impuissant à cette impossibilité de vivre.

Premier roman

« Je n’avais pas trente ans, j’étais en guerre. Depuis toujours. Pour toujours. »

« Après. Après il faut revivre… Faire semblant. Mentir. »

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Fiche #2872
Thème(s) : Littérature française


Laura POGGIOLI

Trois soeurs
L'Iconoclaste

386 | 280 pages | 27-07-2022 | 20€

« Trois sœurs », entre le récit et le roman, entremêle un fait divers russe et l’expérience russe de l’auteure. Trois sœurs ont assassiné leur père (2018). Depuis des années, il les frappait, les humiliait, en abusait, douleurs physiques et psychiques permanentes et répétées, alors elles ont fini par le tuer. Inacceptable en Russie, la justice les a condamnées ignorant totalement leur calvaire. Laura Poggioli a vécu à Moscou. Amoureuse de la langue russe, de la Russie, de ses écrivains, de ses poètes, de la vie en Russie, la boisson, la musique, elle a tout accepté, même les coups de son petit ami. Ce double témoignage fournit un éclairage concret de la Russie d’aujourd’hui, de la place de la femme (ou plutôt de l’absence de place), de la famille, des peurs qui les habitent, de la violence sourde, autorisée et récurrente dans la sphère privée. Mais « Les hommes, on les aimait. Et quand on aimait, on excusait. », c’était la fatigue, le boulot, l’alcool, le désespoir devant notre monde… Tout simplement terrifiant !

Premier roman

« N’importe quel Français bien constitué a envie de repartir quand il arrive en Russie, mais au bout de six semaines, il veut y rester pour toujours. »

« S’il te bat, c’est qu’il t’aime. »

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Fiche #2873
Thème(s) : Littérature française


Nathalie DECRETTE

La couleur de l'émoi
Diabase

385 | 108 pages | 14-07-2022 | 13€

Iris (la narratrice), Barnabé et l’amour, enfin ce qu’elle pense identifier comme son amour. Un amour qu’elle veut partout, dans les corps, dans son corps, dans la nature, dans les sons… Un éveil permanent. Un réveil absolu. Alors elle marche pour mieux appréhender, sentir, ressentir, comprendre. Dans les mots ou le silence. Le corps et la tête ressentent ces éclats d’amour et ces émotions. Puis Barnabé part et « on ne rentre pas de Barnabé. » alors il faut marcher, « … il n’y rien à atteindre, il y a à cheminer. », dans le silence et dans la solitude pour mieux entretenir cet amour. Un court texte à l’écriture raffinée et maîtrisée véritable ode au triptyque corps, amour et émoi.

Premier roman

« Les rides ont l’avantage de l’histoire et de la beauté du vécu. »

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Fiche #2859
Thème(s) : Littérature française


Matthieu ZACCAGNA

Asphalte
Noir sur Blanc

384 | 125 pages | 19-06-2022 | 14€

Courir. Courir dans Paris. Courir toujours. Courir encore. Courir comme seul remède. Courir pour oublier, courir pour se vider, courir pour fuir, courir pour se faire mal (« C’est douloureux mais tu finis par t’y faire… Tu t’y fais car la douleur vaut mieux que l’enfermement, la souffrance que la haine. »), courir pour progresser, courir pour s’occuper, courir pour s’évader, courir pour rêver, courir pour ne pas réfléchir, courir pour réfléchir, courir pour regarder devant, courir en se retournant sur son passé. Courir et convoquer son corps pour oublier les sentiments. Victor a quitté Fécamp avec son père, un père violent qui s’est proclamé écrivain, après le suicide de sa mère. Ce père a toujours installé un climat de violence et de peur : « Etre menacé était devenu une forme de normalité. Vivre dans la peur. Dans le doute. ». Alors Victor choisit la course pour fuir, fuir l’appartement, fuir son père, fuir son enfance, fuir son adolescence, fuir la vie. Au hasard de ses courses, Victor fera de belles rencontres, de belles personnes qui tenteront au-delà de la course de le réconcilier avec l’humanité et son avenir. Comme un sprint, le style comme le sujet et le fond est percutant, rapide, rythmé, haché. Un premier roman émouvant qui dresse le portrait d’un adolescent au bord du gouffre qui réussira notamment par la course à s’extraire de la violence et s’ouvrir les portes du grand stade de la vie.

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Fiche #2850
Thème(s) : Littérature française


Charlotte BOURLARD

L'apparence du vivant
Inculte

383 | 130 pages | 10-04-2022 | 13.9€

en stock

Une jeune photographe, sans le sou, désirait photographier de vieilles personnes nues quand elle rencontre les Martin. Ils sont propriétaires d’un lieu singulier, un funérarium ! Le temple de la mort. Une mort qu’ils attendent eux-mêmes presque avec impatience. Une mort qui fait partie de leur quotidien, d’autant plus que madame Martin entretient et continue d'étoffer sa collection d’animaux naturalisés. La complicité entre madame Martin et la jeune femme s’installe jour après jour, promenade après promenade, elle devient l’héritière annoncée. Héritière des biens mais aussi des connaissances de l’art de la taxidermie que la novice découvre encadrée par madame Martin en attendant de dévoiler son chef d’œuvre ! Un premier roman étonnant face à la vie, la mort, au temps et à l’immortalité, fascinant, parfois dérangeant qui joue efficacement avec les contrastes (sentiments, relations) et les ruptures notamment de rythme et de vocabulaire.

Premier roman

« La deuxième fois que j’ai vu un mort, il respirait encore. »

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Fiche #2826
Thème(s) : Littérature étrangère


Karen HADDAD

Le dernier voyage de Salomon Martcher
Arléa

382 | 190 pages | 10-04-2022 | 18€

Marianne et Salomon s’aiment, un amour éternel. Pourtant, ils ne veulent, ne peuvent se fixer, ils préfèrent la liberté, se rencontrent rapidement, rendez-vous répétés et secrets, toujours brefs, peut-être par une crainte obscure du bonheur, par la peur que l’un parte avant l’autre, alors chacun conserve une part cachée, reste seul avec ses fantômes. Toujours renaître, recommencer pour mieux s’aimer. Ne pas être liés à un moment, un lieu, et sombrer dans l’habitude, vivre « ensemble et séparés » mais leur amour pourra-t-il rester nomade ?

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Le dernier voyage de Salomon Martcher"

Fiche #2827
Thème(s) : Littérature française


Philippe CASTELNEAU

Motel Valparaiso
Asphalte

381 | 120 pages | 08-04-2022 | 15€

en stock

Après une rupture amoureuse, un homme, journaliste, décide de partir à travers les Etats-Unis, sur les traces de son rêve américain. Départ pour retrouver sens à sa vie mais certainement aussi pour affronter ses démons. Après un road-trip rapide, aux portes du désert, l’homme croise fugacement le regard d’une femme postée à une fenêtre. Aimanté par cette vision, l’homme revient dans cette ville inconnue, improbable voire fantôme, y trouve refuge et s’installe au motel Valparaiso. Au contact de personnages singuliers, perdus dans une sorte de solitude assumée (« Il n’y a pas de fantômes, mais il y a des chimères auxquelles on se raccroche comme on peut… »), il ne le sait encore pas, mais on ne repart pas si simplement de Cevola (certains s’y sont enlisés) et jamais indemne en tous cas. Pour en repartir, il faudra qu’il retrouve cette femme, cette vision éphémère, ce mirage et surtout qu’il se retrouve lui, qu’il relate son expérience, qu’il apprenne à se connaître, et puisse enfin regarder devant lui, vers l’avenir. Un premier roman à l’atmosphère et aux personnages singuliers et réussis, une introspection sans nombrilisme et attachante sur fond de vieux rock poussiéreux et obsédant.

Premier roman

« On trimballe toujours nos fantômes, j’ai dit. On marche sur les traces de ceux qui étaient là avant nous, mais ça ne fonctionne pas. Chacun doit tracer son propre chemin et creuser dans les ténèbres qu’il a en lui, pour essayer d’en sortir quelque chose qui a du sens… »

« …la liberté, c’est pour chacun le libre choix de sa prison. »

« Les orages naissent-ils d’un trop grand silence ? »

« Nous croyons toujours faire le bon choix et nous finissons loin de ce que nous sommes profondément ; un vague brouillon de ce que nous aurions pu être. »

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Fiche #2824
Thème(s) : Littérature française


Marie CLAES

Légère
Autrement

380 | 185 pages | 14-02-2022 | 16.9€

16 ans, Annabelle vit avec sa mère et son jeune frère une adolescence classique jusqu’au jour où, pour peut-être répondre à son mal être, elle décide de maîtriser son corps, et de choisir ce qui est bon pour elle, pour lui, et notamment et principalement son alimentation (« …je suis ce que je mange… »). Elle sait ce qui est bon pour elle, trie, diminue drastiquement les quantités ingurgitées : elle contrôle tout dans ce chemin vers la liberté, le refus des injonctions, jusqu’à ce que son corps finalement lui échappe. Les liens avec sa mère, impuissante et désemparée, se distendent et la solitude s’installe. Elle se croit vainqueur de cette épreuve (« Elle a tué le corps qu’on lui vouait… »), mais vainqueur de quoi ? Comment sortir et revenir de ce combat mortifère sans se renier ? « Légère » décrypte avec véracité et réalisme, sans pathos ni recherche d’explications psychologisantes, la chute vertigineuse et dangereuse d’une adolescente dans l’anorexie.

Premier roman

« Elle aime beaucoup l’idée d’avoir contredit l’ordre et pour une fois sans le chagrin qui, autour d’elle, accompagne tout ce qui fout le camp »

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Fiche #2812
Thème(s) : Littérature étrangère


Mario ALONSO

Watergang
Le Tripode

379 | 222 pages | 23-01-2022 | 18€

Paul est un gamin atypique, il a douze ans, passe son temps à courir dans la nature, seul au milieu des polders. Il sait qu’il écrira un livre à treize ans. Et son carnet est sa mémoire. Tout Middlebourg, humains comme objets, nous raconte son histoire, leur histoire. Une multitude de personnages, certains ont même des doubles, dans un univers notoirement gris et sans trop d’espoir balancé par le caractère de Paul. Un premier roman rythmé, atypique dans son style, dans ses personnages, dans sa construction qui aimante le lecteur du début à la fin de ce voyage au coeur de la nature sauvage hollandaise.

Premier roman

« Il est si difficile d’être beau. Il vous est souvent interdit d’être autre chose en plus d’être beau. Surtout pas intelligent. C’est insupportable. »

« Ceux qui vous diront qu’ils savent où ils vont vous mentent. »
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Fiche #2797
Thème(s) : Littérature française


Timothée STANCULESCU

L'éblouissement des petites filles
Flammarion

378 | 362 pages | 05-12-2021 | 19€

Justine vit seule avec sa mère à Cressac, un village où il ne se passe jamais rien. Mais cet été est particulier, tout d’abord une chaleur pesante puis Océane une lycéenne du même établissement que Justine disparaît. Trouble, inquiétude, peurs viennent perturber le village et réveillent l’envie de Justine de partir, de s’évader de la prison de l’enfance, « hâte d’arriver à cet âge où l’on n’est plus trop jeune », de découvrir le monde, les autres, d’embrasser la liberté. Justine s’étiole en effet à Cressac, ne demande qu'attention et amour, rêves et désirs. Alors une rencontre et elle devient la rencontre absolue, définitive et la chute sera terrible, le monde s’écroulera, le temps s’arrêtera : l’absolu et l’intensité de l’adolescence. Elle doute d’elle-même, ne se sent pas à sa place, se pense invisible, pas aimée, pas capable. « L’éblouissement des petites filles » dénoue les fils d’une disparition inquiétante et dissèque avec réalisme et délicatesse la psychologie d’une jeune adolescente qui s’apprête à entrer dans l’âge adulte avec ses doutes, ses rêves et ses peurs qui ne demande qu’à être éblouie par la vie et l’amour.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "L'éblouissement des petites filles"

Fiche #2788
Thème(s) : Littérature française


Rebecca GISLER

D'oncle
Verdier

377 | 122 pages | 04-12-2021 | 15€

La narratrice contrainte et forcée retrouve son oncle. Elle va l’observer, le scruter : un oncle à part, solitaire au physique particulier, sale, très sale. La solitude crée des manies et des comportements parfois étranges, il peut manger à peu près tout, cet ogre, peu de retenues, de limites, extérieur à la société, un enfant au corps d'adulte dans un chaos insalubre… Il vit dans la maison familiale de ses parents. A travers cet oncle atypique, c’est donc aussi le portrait de cette famille et de ses enfances qui nous est offert. Un style éblouissant pour relater une observation rigoureuse d’un homme atypique, de sa famille et de son environnement.

Premier roman

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Fiche #2787
Thème(s) : Littérature étrangère


Matthieu LUZAK

Poudre blanche sable d'or
La Manufacture de Livres

376 | 195 pages | 21-11-2021 | 16.9€

Ils sont amis depuis l’enfance, même collège, même quartier, même CROUS, même pôle emploi, mêmes rêves inaccessibles, ils n’ont pas choisi. Gamin, Matthieu oscille entre deux mondes, les rebeus et les bourges mais ces bourges, il ne veut « pas leur ressembler.. faire partie de leur monde. Le monde de ceux qui croient accéder à leur position sociale parce qu’ils seraient plus intelligents, plus brillants, ou parce qu’ils auraient davantage travaillé que les autres. » Matthieu est journaliste, cours de pige en pige, de petit boulot en petit boulot. Farid sort de prison et passe de combine en combine, voire de trafic en trafic. Ils ne se jugent pas, ne généralisent pas, ils sont potes. Matthieu espère que sa seule issue est l’écriture. Alors un portrait de Farid, de sa vie aventureuse et en marge pourrait lui permettre de sortir de son triste quotidien. Les deux amis partent pour Malaga sur les traces de Farid, de ses trafics, de son histoire, propice à une confession avant passage à l’écriture. Deux amis pour nous parler dans la langue et le rythme du cru d’une partie contemporaine de la société qui se débat dans les difficultés du quotidien choisissant parfois l’illégalité pour tenter de s’en extraire.

Premier roman

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Fiche #2786
Thème(s) : Littérature française


Osvalde LEWAT

Les Aquatiques
Les Escales

375 | 300 pages | 16-11-2021 | 20€

« … sans le tricotage patient, adroit, renouvelé du compromis et les ajustements perpétuels, sa vie, celle de tant d’autres femmes seraient tout simplement impossibles. Qui peut se prévaloir d’être totalement entier ? Notre vie à tous est une boiterie permanente… » et Katmé Abbia une femme du Zambuena (pays imaginaire d’Afrique) qui est passée rapidement de l’autorité de sa mère à celle de son mari commence de ressentir puissamment cette boiterie. Elle a en effet abandonné son métier pour devenir une femme « de ». Son époux est en effet préfet. Très ambitieux, seule sa réussite l’obsède et le préoccupe, un homme prêt à tout pour réussir. Elle reste néanmoins extrêmement liée à son ami d’enfance, Samy, son frère, son double, un artiste homosexuel toujours prompt à provoquer le pouvoir et les bien pensants, mais l’art n’est-il pas aussi percutant que dangereux quand il dérange ? Samy est arrêté, artiste maudit homosexuel, la violence va se déchaîner. Un séisme qui va bousculer Katmé, la pousser à réfléchir à sa vie, à ce qu’elle est et à choisir son chemin vers l’émancipation. Un portrait de femme au cœur d’un pays entre richesse et pauvreté absolue, joie et violence, couleur et tristesse, tradition et modernité. Le regard sur la société africaine et les jeux de pouvoir est acéré, un récit vif débordant d’humour et d’ironie cinglante nous entraîne littéralement sur les pas d’une femme qui tombe le masque, tente de tourner le dos au patriarcat et de reprendre enfin sa vie et de la vivre loin des conventions.

Premier roman

« On ne fait pas la révolution quand on mange avec quatre couverts de chaque côté de l’assiette. »

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Fiche #2783
Thème(s) : Littérature française


Maren UTHAUG

Là où sont les oiseaux
Gallmeister

374 | 355 pages | 07-11-2021 | 23.6€

Trois voix pour nous faire partager le quotidien d’une famille norvégienne, trois visions qui se rejoignent ou s’éloignent. Un phare, la solitude, des obsessions, de la violence, de l’amour, des secrets. Johan a subi une déception amoureuse, Hannah a disparu, il ne l’oubliera jamais, un amour fou, il continuera d’y penser, d’espérer, une obsession absolue et destructrice. Alors il décide de prendre le poste de gardien du phare de Kjeungskjaer (je vous laisse prononcer !). Pour cela, il doit se marier. Il épousera Marie, la fille du pasteur. Ils s’installent dans ce lieu singulier et isolé et ont rapidement deux enfants, une fille, Darling, et un garçon différent, Valdemar. Johan, Marie et Darling décrivent leurs vies, la violence omniprésente, latente, la nature est violente mais les relations humaines et la sexualité aussi… Une tension pèse continuellement, on pense avoir rencontré le pire, mais on s’attend néanmoins à être contredit par la suite, à ce qu’un nouveau secret mortifère nous soit dévoilé... Une tempête norvégienne noire, violente et dévastatrice.

Premier roman

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Fiche #2781
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Françoise Heide, Marina Heide


Gabriela TRUJILLO

L'invention de louvette
Verticales

373 | 253 pages | 23-09-2021 | 19€

L. est une jeune femme qui va subir une opération suite à une lésion oculaire. Alors L. pour ne rien perdre des images passées, ne rien déformer, oublier, se retourne sur son passé, se souvient de Louvette et de ses dix-sept premières années, née dans un pays d’Amérique centrale un jour de tremblement de terre où la violence de la terre est comparable à celle des hommes. Elle est arrivée dans une famille après des jumeaux parfaits alors elle, qui trouve ses pieds tordus, souffre de scoliose, reste immédiatement sur le côté, délaissée par ses parents, elle trouve refuge auprès des animaux, d’Itzel sa nounou, de Santiago le pêcheur et des mots et de la lecture. Elle chérit sa liberté et devient une gentille louve sauvage aux côtés de sa chienne Calli, toujours souriante, ailleurs, décalée, mais avec une envie de vivre toujours intacte malgré les évènements d’une vie qui commence. Un récit initiatique portrait d’une jeune femme libre, passionnée, insaisissable et toujours attachante.

Premier roman

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Fiche #2765
Thème(s) : Littérature française


Frédéric PLOUSSARD

Mobylette
Héloïse d'Ormesson

372 | 415 pages | 06-09-2021 | 21€

Dom est un trentenaire à la dérive, une vie conjugale d'un calme plat, un homme trop grand, d’ailleurs Dom a toujours été trop grand, même ado lorsqu’il rêvait d’un 103 que ses parents ne lui offriront jamais : une enfance guère joyeuse au cœur des Vosges… C’était peut-être annonciateur de la suite, Dominique deviendra éducateur spécialisé dans un foyer pour ados en dérive, et cette fois, sa taille lui servira parfois pour encadrer certaines jeunes… Mobylette adopte un rythme beaucoup plus élevé qu’un 103 poussif, les situations rocambolesques et déjantées s’enchaînent et surprennent, une gentille folie s’impose et même dans les situations extrêmes la joie perdure. Un premier roman étonnant, débordant de vie et d’humanité.

Premier roman

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Fiche #2755
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Frédéric Ploussard lus par Vaux Livres


Pierre VERGELY

Le monde qui reste
Héloïse d'Ormesson

371 | 255 pages | 06-09-2021 | 18€

On peut être sériveeux à dix-sept ans, ou du moins voir son adolescence et son insouciance disparaître brutalement et définitivement. Charles Vergely (le père de l’auteur), lycéen à Janson de Sailly, a dix-sept ans quand il s’engage dans la Résistance. Idéal de liberté, sens du devoir et de la justice, le jeune homme n’hésite pas. A peine un an plus tard, le 10 mars 1941, il est arrêté par la police militaire allemande et quatre ans de vie vont lui être volés. Déporté en 1942 en Allemagne, il va connaître les camps et la lutte pour rester droit et survivre. Connaître la violence, la torture et la barbarie des camps, tous les gestes avilissants du quotidien, tous les gestes faits pour détruire et réduire à une chose ou un objet qu’on écrase quand on le souhaite. Voir ses camarades exécutés. Vivre la peur sans jamais abandonner. Résister à la faim et la fatigue. Trouver les souvenirs qui vont permettre de tenir. Un premier roman émouvant hommage à un père et à tous ceux qui ont choisi le combat, leur mort éventuelle et la peur pour que la liberté de tous ne s’éteigne pas.

Premier roman

« La guerre offre à des hommes vivants la garantie d’être tués pour une paix dont ils n’auront jamais la possibilité de profiter. La paix, elle, ne garantit aux survivants d’une guerre qu’une accalmie jusqu’à ce qu’éclate le prochain conflit. A ce cycle, il n’y aura pas de fin. Tout est affaire de sursis. Des hommes tués par d’autres hommes, prêts à se faire tuer à leur tour. Quel sens donner à tout ceci ? Je n’en trouve aucun. »

Ecouter la lecture de la première page de "Le monde qui reste"

Fiche #2756
Thème(s) : Littérature française


Isabel GUTIERREZ

Ubasute
La Fosse aux Ours

370 | 128 pages | 02-09-2021 | 15€

en stock

Marie, très malade, a suivi plusieurs traitements, mais la maladie reste la plus forte, alors c’est décidé, elle arrête les traitements, profiter des quelques derniers instants puis vivre son Ubasute, coutume japonaise ancestrale. Pour cela, elle fait appel à son fils, et lui demande de l’emmener en haut de la montagne, un voyage sans retour, pour une mort paisible, décidée et maîtrisée. Evidemment, il faudra d’abord préparer cet ultime voyage, puis ce cheminement, sur le dos de son fils, presque au contact de sa chair. La montée sera propice, à se retourner, à regarder en arrière, de son enfance jusqu’à ses derniers instants, sans regrets, accepter que la mémoire la traverse et accepter de traverser sa mémoire, se souvenir des moments de bonheur, fugaces ou non, de la beauté du monde, du ciel et des étoiles, des déchirures, des pertes tout en se tenant la main, avec un regard tendre, parfois mélancolique mais dans la compréhension mutuelle. Un premier roman émouvant sur une fin de vie assumée et décidée.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Ubasute"

Fiche #2750
Thème(s) : Littérature française


Helene BUKOWSKI

Les dents de lait
Gallmeister

369 | 262 pages | 16-08-2021 | 22.4€

La jeune Skalde et sa mère vivent isolées dans une maison proche de la forêt. Skalde ne connaît pas le monde au-delà de son jardin. Les deux sont en monde survie. En effet, elles vivent dans un monde post-apocalyptique, isolées du monde, les animaux ont presque disparu, cultiver de quoi se nourrir devient compliquer. Les derniers survivants de la zone ont fait sauter le pont qui les reliait au monde d’à côté espérant se protéger, le danger c’est les autres. Depuis, le climat a changé, l’été refuse de s’achever, les températures explosent, le brouillard persiste. Alors entre voisins, suspicion, chacun s’observe, le repli sur soi, sans changement, subir et survivre. Ils sont isolés, se sont isolés et pensent pouvoir résister, se battre pour résister. Entre Skalde et sa mère on pourrait imaginer de l’entraide, de l’écoute, pas du tout, les rapports sont tendus, ambigus, voire violents. Quand Skalde découvre une jeune enfant aux cheveux rouges, elle la ramène à la maison et la protège : « Veiller l’enfant et lui tenir la main, comme si je n’avais jamais rien fait d’autre. ». Décision irrévocable et lourde de conséquences ! D’où vient cette gamine ? Ses cheveux rouges n’annoncent rien de bon, la différence apeure... Comment est-elle arrivée là ? Que veut-elle ? Comment se positionnera sa mère ? Les villageois veulent sa peau... Skalde s’opposera-t-elle au collectif ? Arrivera-t-elle à repousser leurs assauts ? Une ambiance pour la survie à la McCarthy, une relation mère-fille singulière, une fin du monde annoncée qui laisse sans réaction les humains (ça ne vous rappelle pas quelque chose ?) mais aussi de jolis moments lumineux. Un premier roman qu’on lit d’une traite.

Premier roman

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Fiche #2743
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Elisa Crabeil, Sarah Raquillet


Alain MASCARO

Avant que le monde ne se ferme
Autrement

368 | 245 pages | 09-08-2021 | 17.9€

Anton Torvah, « fils du vent », tzigane, dresseur de chevaux, né à la fin de la première guerre mondiale au cœur de la steppe kirghize, est un habitant du monde. Avec une troupe de tziganes au sein d’un cirque, il va parcourir le monde, gommer les frontières et rencontrer partout la même barbarie avec comme apogée naturellement le nazisme. Amoureux de la musique, des chevaux, des espaces, des voyages, leur philosophie de vie est mise à mal par la brutalité des hommes, mais ils savent résister, rester fiers et debout, la survie fait partie de leur quotidien. Une épopée brutale et poétique qui traverse un demi-siècle de notre monde violent et barbare.

Premier roman

« Les hommes sans cesse rêvent du zénith, disait encore Jag, et oublient le nadir. Pour être à l’équilibre, il faut avoir les deux, la tête dans la lumière, et les pieds ancrés dans le sol, parfois la boue ! Le vent dans les cheveux et les pieds sur terre, voilà ce qu’il faut pour être heureux ! »

« ... voilà bien tout le drame des hommes : ils sont exactement comme les moutons. On leur fait croire à l'existence de loups et ceux qui sont censés les protéger sont en fait ceux qui les tondent et les tuent. »

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Fiche #2737
Thème(s) : Littérature française


Anne-Lise AVRIL

Les confluents
Julliard

367 | 200 pages | 07-08-2021 | 18€

en stock

Liouba est une toute jeune journaliste qui a choisi de parcourir le monde et s’intéresse au changement climatique et à ses impacts, déchiffrer le monde et le transmettre. Pour son premier reportage en 2009, voyage « né du rêve d’une fuite à mener sans méthode, sans préméditation » elle part à la rencontre de la Jordanie, du désert et d’un homme qui a décidé de le combattre et de planter des arbres aux essences adaptées. C’est là qu’elle rencontre Talal, un photographe qui s’intéresse à l’exil, aux déplacements de population, donc souvent présent dans les zones de guerre. Le lien se crée, l’attirance est immédiate, mais la route et leurs vies les appellent. Sans pouvoir totalement se détacher, ils continueront de se parler, de se rencontrer furtivement au gré de leurs reportages qui nous confirment l’état inquiétant du monde mais quelque chose les empêche d’aller plus loin, malgré l’amour puissant qui les anime. Qu’attendent-ils ? Que la vie passe ? Que fuient-ils ? A partir de quand, de quoi, accepteront-ils cet amour qu’ils savent partagé ? Pourront-ils stopper leurs voyages, abandonner leurs missions, pour se retirer du monde et se poser à un endroit précis, s’ancrer dans un lieu, reprendre lien avec la terre ? En parallèle, nous suivons le destin de Jaya et Aslam, frère et sœur isolés sur une île en 2040, à l’heure où le dérèglement climatique (notamment la montée des eaux) a des conséquences de plus en plus lourde et évidente, qui du renard arctique et de l’homme saura le mieux s’adapter... Anne-Lise Avril dans son premier roman réussit à mener de front la lente progression d’une histoire d’amour de deux êtres qui portent avec eux la barbarie et l’horreur de notre monde qui elles, ne progressent pas au même rythme ! Elle nous rappelle également avec douceur que l’homme appartient à la terre et pas le contraire, donc à nous d’y prendre garde !

Premier roman

« L’exil est l’état naturel de l’être humain. Né dans un lieu de hasard, appelé à ne jamais y demeurer, appelé à toujours y être ramené. »

« Peut-être que l’amour, dit-elle, est cette tendance à la réunion de ce qui est séparé. Conditionné donc par le fait que l’autre reste insaisissable. Pour que puisse naître ce mouvement, cet élan perpétuel et légèrement désespéré. Qui nous ramène toujours à lui. »

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Fiche #2735
Thème(s) : Littérature française


Jean-François DUPONT

Villa Wexler
Asphalte

366 | 195 pages | 05-08-2021 | 18€

en stock

Vingt ans après, Mathias est de retour. Il a parcouru le monde, ne s’est jamais fixé, ne s’est jamais lié et les évènements de ses dernières années de lycée en sont certainement à l'origine. Il est peut-être enfin temps de mettre un terme à cette histoire. Il s’installe à l’hôtel même s’il renoue avec son père et sa nouvelle femme en retrouvant immédiatement leur complicité et part à la recherche du passé qui passe par la villa Wexler. La famille Wexler s’y était installée juste avant la rentrée, les parents et leurs trois enfants. Le père, Richard, était prof de français, la mère au foyer, le plus jeune parcourait la forêt avec son fusil, la plus âgée ne quittait pas son cheval et Charlotte était dans la même classe que Mathias, classe qui avait Richard comme prof. Un prof atypique qui sut immédiatement capter l’attention de la classe et établir des relations particulières avec les élèves, notamment avec la belle Aurore. Mathias vit alors son premier amour avec Charlotte et partage souvent le quotidien des Wexler, un quotidien qui aujourd’hui seulement lui apparaît plus que trouble... Les Wexler disparurent en effet subitement alors que les élèves étaient en train de tourner un film sous la direction de Richard qui les passionnait... Il est temps de résoudre l’énigme Wexler et répondre à la question « C’était quoi mon passé ? ». Un premier roman qui installe dès les premières une atmosphère particulière qui tient en haleine le lecteur tout le roman, un texte sur l’impact de l’adolescence avec un personnage principal attachant, un style et un va-et-vient entre passé et présent parfaitement maitrisés, un premier roman qui se dévore !

Premier roman

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Fiche #2730
Thème(s) : Littérature française


Emilienne MALFATTO

Que sur toi se lamente le tigre
Elyzad

365 | 80 pages | 30-07-2021 | 13.9€

en stock

En Irak, sur les rives du Tigre, une jeune fille et un jeune homme s’aiment, s’approchent, apprennent à se connaître, discrètement évidemment. Le jeune homme va partir à la guerre et alors, ils commettent l’irréparable, hors mariage. Puis le jeune homme meurt rapidement et la jeune fille est enceinte. L’honneur de la famille est bafouée, tout le monde sait qu’il n’y a qu’une issue. Certains ne la remettent pas en cause, l’admettent, la soutiennent, d’autres la redoutent, aimeraient voir une autre solution mais personne ne se lèvera contre l’irréparable : le frère ainé responsable de la famille doit laver l’affront et tuer sa sœur : « Ce n’est pas moi qui tuerai, mais la rue, le quartier, la ville. Le pays. ». En une série de courts tableaux, Emilienne Malfatto expose les sentiments de chaque membre de la famille, les doutes et convictions au coeur d’une société (définitivement ?) masculine (« Dans ce pays de sable et de scorpions, les femmes payent pour les hommes. ») avec son code d’honneur (« L’honneur est plus important que la vie. ») bien marqué et dissèque avec sensibilité cette tragédie qui perdure dans ce « pays de mutilés, d’ensanglantés, un pays d’ombres et de fantômes. ». Aussi succinct que puissant et efficace.

Premier roman (Goncourt du premier roman 2021)

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Fiche #2717
Thème(s) : Littérature française


Violaine BÉROT

Jehanne
Lunatique

364 | 115 pages | 30-07-2021 | 12€

en stock

Elle a dix-neuf ans et sait que sa mort est imminente. Alors elle décide de nous faire partager sa courte existence. Une vie de liberté, de choix personnels assumés, « ... je fais toujours le contraire de ce que l’on me dit » : il s’agit en effet de Jehanne, fille de Jacques d’Arc, l’un des plus riches paysans du village mais rapidement, Jehanne s’en éloignera en refusant un mariage annoncé pour suivre son destin, son « inéluctable destin », qu’elle se fixe très jeune : respecter ce que les voix divines lui ont dicté (mensonge ou vérité...) : lever le siège d’Orléans et conduire le roi à Reims pour son sacre. Les hommes rient devant « la pas-normale » qui veut devenir « la délivreuse de France », pas elle, « Un garçon c’est fort en apparence, mais moi je suis forte en dedans. ». Elle rencontrera de l’adversité, des opposants mais aussi des protecteurs et l’amour et suivra toujours son chemin, jusqu’à la liberté ultime, choisir le moment de sa mort. Un récit rythmé à la première personne qui dresse un portrait lumineux et humain d’une femme libre et volontaire devenue personnage mythique.

Premier roman

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Fiche #2718
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Violaine Bérot lus par Vaux Livres


Adrien GIRARD

Paternoster
Au Diable Vauvert

363 | 174 pages | 30-07-2021 | 18€

En pleine pandémie, un fils passe 196 après-midis avec son père, qui a passé 196 après-midis consécutivement avec son père ? Belle preuve d’amour, un exploit contraint et forcé par la pandémie mondiale en cours et surtout par le coma du père allongé dans le lit de la chambre 310 d’un hôpital de la Réunion. Le fils est arrivé en sachant la gravité de l’état de son père mais néanmoins avec l’espoir d’une ultime mise au point voire réconciliation. Mais les jours passent et deviennent propices à se remémorer son enfance, leur relation ou plutôt leur manque de relation, un père autant adulé qu’absent, « c’était un homme noir, gris et sombre ». Heureusement le narrateur a l’humour du désespoir, la formule qui permet de tenir, de tenter de prendre de la distance, mais rien n’est moins sûr. Il revient sur son enfance, ses souvenirs, sa nouvelle installation chez sa belle-mère et son demi-frère avec qui il peine à créer un lien, mais décrit aussi le quotidien de l’hôpital et du service de réanimation. Une confession émouvante non dénuée d’humour avec comme cadre une relation père-fils qui restera unilatérale.

Premier roman

« Il fut, de manière générale, interdit de vivre pour ne pas risquer de mourir, ou l’inverse, je ne sais plus, on finissait par s’y perdre. »

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Fiche #2720
Thème(s) : Littérature française


René HADDAD

Les aventures d'Ibidem Serpicon
Zulma

362 | 158 pages | 26-07-2021 | 17.5€

Voilà une tranche de vie fraiche et attachante à dévorer à pleines dents : Ibidem Serpicon, « humaniste libertaire de gauche » regarde le monde et nous invite à l’accompagner pour notre plus grand plaisir. Ibidem adore déambuler, flâner dans Paris et observer avec bienveillance (souvent) la vie et ses semblables, enfin semblable, peut-être est-ce un peu exagéré ! L’homme ne se sent pas bien dans notre monde, alors que faire : poésie, dérision, autodérision, humour, tragi-comédie, un mélange lumineux pour repousser le désespoir, « voir la vie comme un imbécile heureux. » et développer une certaine philosophie de vie débordante d’humanité.

Premier roman

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Fiche #2714
Thème(s) : Littérature française


Timothée DE FOMBELLE

Irène BONACINA

Esther Andersen
Gallimard

361 | 07-06-2021 | 24.9€

L'oncle Angelo est heureux de retrouver son petit neveu et c'est partagé ! Il arrive par le train et chacun reprend ses habitudes, les histoires, le vélo... Et puis un jour, le gamin pousse un peu plus loin que d'habitude, continue la route et n'est au bout de ses surprises ! Deux découvertes qui vont certainement changer sa vie d'enfant et peut-être d'homme. Un superbe album d'une immense tendresse et douceur renforcées par un dessin exceptionnel rappelant un certain Sempé.

Fiche #2701
Thème(s) : Jeunesse

Les titres de Timothée De Fombelle lus par Vaux Livres


Claudia PETRUCCI

L'exercice
Philippe Rey

360 | 350 pages | 13-05-2021 | 21€

Dans un trio amoureux, la manipulation est souvent à l’œuvre, en effet, avec Giorgia, Filippo et Maurio, les sommets sont atteints, la mise en scène parfaite, chaque personnage joue son rôle remarquablement et « L’exercice » frise le thriller psychologique. Giorgia et Filippo vivent à Milan, des métiers sans passion, après quelques renoncements, ils ont délaissé leurs rêves quand Giorgia rejoint la troupe de théâtre de Mauro. Peu de temps après, elle se défenestre espérant voler, reste quelque temps dans le coma, et est diagnostiquée schizophrène paranoïaque. Mauro et Filippo, main dans la main, du moins c’est ce que croit Filippo, se proposent de la ramener à la vie, mais une autre vie, une autre personne, une transformation radicale, une mue totale. Acceptera-t-elle ce nouveau rôle, elle qui aimerait parfois se dissoudre ? Deviendra-t-elle l’actrice de cette nouvelle vie ? Qui la dirigera réellement et mènera le jeu ? Quatre mains ou uniquement deux ? Au cœur des troubles psychiques et de la manipulation, du monde du théâtre et des acteurs, L’exercice dresse le portrait d’un trio qui construit ensemble et dangereusement sa nouvelle « version de la réalité ».

Premier roman

« Les mères… une question difficile. »

« Ce que nous faisons tous n’a rien à voir avec la sincérité. Cela consiste à sélectionner des vérités acceptables. »

Ecouter la lecture de la première page de "L'exercice"

Fiche #2688
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Nathalie Bauer


Claire LOMBARDO

Tout le bonheur du monde
Rivages

359 | 703 pages | 04-05-2021 | 24.9€

Cinquante ans de vies en Amérique, de 1970 à nos jours, une chronique de la famille Sorensen. Marylin et David, les parents, s’aiment comme au premier jour, un amour et un désir intacts, un bonheur partagé. Un bonheur parfois handicapant pour leurs quatre filles (« … sont tellement heureux qu’ils me donnent envie de me mettre la tête dans le four. »). Comment ces quatre là vont-elles trouver leur place : Wendy, « pyromane de sa vie », reine des addictions, Violet, celle qui paraît parfaite mais dont le secret – partagé avec Wendy – réapparaîtra des années plus tard, Liza prof à l’université et la petite dernière, Grace souvent dans la difficulté mais adepte du mensonge, « Quand on était la benjamine, c’était les aînées qui plaçaient la barre ». « Tout le bonheur du monde » relate donc la saga des Sorensen, le couple parental central, l’adolescence de leurs filles, leur passage à l’âge adulte, les rivalités, soutiens, disputes, jalousie, entraides, rires et pleurs mais toujours l’amour… Le secret de Violet prendra la forme de Jonah, un adolescent de quinze ans, qui bousculera l’équilibre familial et permettra de suivre les réactions de David et de ses femmes. Drôle, émouvant, vif, rythmé, une vraie saga entre passé et présent à découvrir en attendant son adaptation cinématographique.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Tout le bonheur du monde"

Fiche #2685
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Laetitia Devaux


Camille GOUDEAU

Les chats éraflés
Gallimard

358 | 267 pages | 02-05-2021 | 20€

Soizic a été abandonnée par sa mère chez ses grands-parents à la campagne, Jacqueline et Jean-Claude, un couple bancal, déjanté, organisé autour de l’alcool et du tabac, une famille qui partage l’alcool et ses ravages ceinte de secrets et de non-dits, « terrain propice aux dérapages » (« L’alcoolique détruit tout, il joue aux quilles avec la foule, il casse ses jouets. »). Le mal-être de Soizic naît ici, marquée à jamais, alors elle décide de fuir, de partir pour Paris, espérer vivre, construire une version de sa vie, avec comme seul bagage le nom d’un cousin bouquiniste. Installée dans un hôtel miteux, Soizic prend ses marques dans la débrouille sans gommer son mal-être avant de rejoindre les bouquinistes sur les quais. Vraie rencontre avec Paris et les Parisiens, beauté, laideur, douceur, violence, richesse, pauvreté, bonheur, tristesse, le spectacle permanent des contrastes. Découverte au milieu des livres et des auteurs d’un métier compliqué et multiple dont les difficultés sont peut-être édulcorées par la liberté qu’il procure, un métier où il faut faire sa demande comme pour un mariage, une découverte des quais, « c’est addictif, un refuge pour ceux qui errent dans les rues, qui ne savent pas quoi faire d’eux-mêmes… une maison sans portes, pour les clients, les bouquinistes et leurs amis. ». Portrait émouvant et attachant d’une jeune femme, ne se sentant jamais à sa place, sur le chemin de la vie, de la liberté, qui passera par un métier âpre et singulier au coeur de la littérature et d’une ville tout en contraste.

Premier roman

« A Paris, dans la grande ville, être seule, c’est pas pareil qu’ailleurs… C’est un manque des autres quand ils sont partout. Ce n’est plus comme être seule à la campagne, là où il n’y a personne dans qui se regarder. »

Ecouter la lecture de la première page de "Les chats éraflés"

Fiche #2679
Thème(s) : Littérature française


Jessica KNOSSOW

La jongleuse
Denoël

357 | 121 pages | 29-04-2021 | 14€

Ophélie, 35 ans, est cancérologue et reprend le travail après la naissance de son troisième enfant. Elle attendait ce moment, donner la vie, donner de soi, se partager, prolongement d’elle-même, une naissance pour une renaissance. Mais le quotidien peut aussi peser, noircir le tableau idyllique de la maternité et de la naissance. Elle veut être parfaite, épouse parfaite, belle fille parfaite, mère parfaite, médecin parfaite. Attentive à ses enfants qu’elle a désirés, soucieuse de leur présent et de leur avenir. La course effrénée reprend, les biberons, changer les enfants, préparer à manger, travailler, soigner ses patients, espérer accéder à un nouveau poste… course sans fin, aveuglément, seule, sans jamais trouver quelqu’un à qui se confier, se sentir toujours au service de, sans pouvoir prendre de distance, de liberté… jusqu’à ce que l’épuisement la gagne et commence à produire ses premiers effets pour ne plus se reconnaître, sortir de sa vie. Un texte incisif, percutant, portait douloureux d’une femme, de la vie d’une femme, des souffrances d’une mère. Un livre à partager en couple pour peut-être ouvrir un dialogue fondateur et salvateur.

Premier roman

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Fiche #2678
Thème(s) : Littérature française


Céline SERVAIS-PICORD

Offshore
Le Nouvel Attila

356 | 212 pages | 28-04-2021 | 18€

Ralph est mort, assassiné par des pirates au large du Nigeria. Il était jeune et parcourait le monde à la recherche de l’or noir. Alors la femme qui l’a aimé décide de partir sur ses traces pour le retrouver, le trouver, le rencontrer à nouveau : grand écart entre l’Islande, Ralph dévorant les sagas islandaises du Moyen Âge, et l’Afrique, lieu où Ralph vivait ses aventures, exploitant les richesses d’une autre terre. Aventurier lucide, virant parfois au mercenaire, il connaissait les dangers de son engagement comme l’exploitation outrancière de l’Afrique par l’Occident. Elle les vivra également épaulée par un nganga (guérisseur), découvrira les croyances nordiques ou africaines comme les mythes et légendes, les modes de pensée, notre dépendance absolue au pétrole et la fascination totale de Ralph pour ce liquide visqueux, notre refus de reconnaître notre impact sur l’Afrique et la planète continuant de « fermer les yeux sur les conséquences redoutées », refusant toute évolution remarquable. Récit d’un voyage initiatique qui aimante le lecteur notamment par la variation du style, permettant de vivre le deuil d’une histoire d’amour, un vibrant hommage amoureux à Ralph, l’homme englouti par l’or noir et l’aventure.

Premier roman

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Fiche #2675
Thème(s) : Littérature française


Olivier SCHEFER

Un saut dans la nuit
Arléa

355 | 115 pages | 24-03-2021 | 17€

en stock

François accepte enfin de franchir le pas après un courrier avec une promesse étrange, il revient en effet dans la maison de sa grand-mère à Saint-Béat dans les Pyrénées où la Garonne est encore un fleuve fougueux et parfois violent. Cette maison l’a accueilli tous les étés pour des vacances inoubliables, notamment grâce à Jean et Geneviève, frère et sœur, de la ferme d’à côté. Ils ont grandi ensemble. Première découverte de la liberté, de l’amitié et de l’amour, rencontre avec une étoile filante… On n’oublie pas les premières fois, qu’elles soient douces et tendres ou dramatiques. François retrouve intacte la maison et la Garonne de son enfance avec néanmoins une pointe d’inquiétude, pourquoi cette invitation ? Comment Jean va-t-il l’accueillir ? Ont-ils encore quelque chose à se dire, à partager après tant d’années ? Le passé peut-il leur permettre de se retrouver ? Un court texte émouvant au style maîtrisé, retour sur un passé adolescent qui restera à jamais au centre de la vie d’adulte de François.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Un saut dans la nuit"

Fiche #2654
Thème(s) : Littérature française


Jérémy BRACONE

Danse avec la foudre
L'Iconoclaste

354 | 280 pages | 22-03-2021 | 19€

La foudre est tombée sur la Lorraine (entre autres) et sur Villerupt en particulier, les usines ferment les unes après les autres. Au cœur de ce désastre, Figuette et Moïra. Figuette fait tout pour émerveiller, éblouir Moïra, sa femme, partager ses délires, imaginatif, débordant d’une douce folie, entre sa fille Zoé et sa femme, il espère continuer d’entretenir la flamme du bonheur dans cet espace triste qui se referme. Mais Moïra choisit néanmoins de partir, alors il se retrouve seul avec sa fille (à laquelle il réserve désormais sa fantaisie), Mouche le rottweiler et les menaces de fermeture de son usine. Avec ses collègues, ils préparent le douloureux avenir en alimentant discrètement une cagnotte solidaire… un monde ouvrier où la solidarité reste d’actualité. Figuette espère encore retrouver Moïra et s’efforce d’entretenir les rêves de Zoé, de la protéger dans son cocon d’amour (l’amour comme paratonnerre), croire en la vie, croire en l’avenir, coûte que coûte. Sans jamais choisir entre le roman social et une folle histoire d’amour d’un homme pour sa femme et sa fille, un premier roman réjouissant, humain, réaliste qui dissèque avec justesse les sentiments qui font une vie.

Premier roman

« Moïra rêve de romance, d’une vie écrite par un dieu qui aurait enfin du talent. »

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Fiche #2652
Thème(s) : Littérature française


Marieke Lucas RIJNEVELD

Qui sème le vent
Buchet-Chastel

353 | 288 pages | 23-02-2021 | 20€

Une ferme au Pays-Bas, les Mulder, une famille nombreuse, religieuse, rigoriste. La plus petite est la narratrice, elle nous décrit ce monde sans amour, sans délicatesse, violent, violence des parents mais aussi violence au sein de la fratrie. L’aîné des enfants va mourir ce qui renforcera cette ambiance pesante presque nauséabonde. Nous ne sommes pas au Moyen-Âge, mais finalement pas si loin, et la fillette engoncée et enfermée dans sa parka rouge s’apercevra par elle-même que toutes les issues vitales ont été obstruées par cette famille malsaine…

Premier roman

Fiche #2642
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Daniel Cunin


Dimitri ROUCHON-BORIE

Le démon de la colline aux loups
Le Tripode

352 | 238 pages | 21-02-2021 | 17€

Depuis la prison, un homme, avant de mourir, choisit de se confesser, d’écrire son histoire, sa trajectoire chaotique et violente. Il y a urgence, alors pas d’artifice, pas de concession, sur un rythme effréné (pas de virgules), le lecteur prend de plein fouet une réalité âpre et dérangeante. Après la déchirure indélébile de son enfance, ses souvenirs et la vie en prison, son quotidien est accompagné par le Démon « qui me contraignait mais qui me rendait fort alors je l’ai accepté. » et une violence permanente subie ou infligée. Du brutal !

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Le démon de la colline aux loups"

Fiche #2637
Thème(s) : Littérature française


Martine GOZLAN

Le rendez-vous des Gobelins
Ecriture

351 | 172 pages | 21-02-2021 | 18€

La narratrice est journaliste et a fait d’un café des Gobelins son annexe alors qu’une vieille dame venue d’un autre temps s’adresse à elle et semble la connaître intimement, l’enquête s’impose ! Une remontée dans le temps sur les traces de sa famille, de l’exil, des femmes du passé, de leur condition, de leur combat pour la liberté, entre Lituanie, Russie, Algérie et France, entre passé et présent. Rose, la grand-mère et sa petite fille vont se découvrir à petit pas, la plus jeune découvrira la source de leur mélancolie, le poids et l'impact de la religion. Un parcours intime qui attire le lecteur contrairement au parcours journalistique de la narratrice.

Premier roman


« Le passé est une plante carnivore, on n’est libre qu’à condition de s’en débarrasser. »

Fiche #2638
Thème(s) : Littérature française


Madeline ROTH

Avant le jour
La Fosse aux Ours

350 | 75 pages | 01-02-2021 | 12€

en stock

Elle ne sera pas la femme de l’amour d’une vie. Peu après la naissance de son fils, elle s’est séparée de Mathieu, son amour de jeunesse. Aujourd’hui, son garçon a grandi, et elle est avec Pierre. En fait, pas vraiment, elle est l’amante de Pierre qui est marié avec Sarah. Elle vit une osmose parfaite avec Pierre, leurs corps s’attendent, s’accueillent, s’aimantent, « On n’est plus rien devant le désir ». Elle partage tout avec Pierre… quand il est là car il repart toujours. Ils auraient dû enfin partager ces petits moments du quotidien, ne faire plus qu’un, lors d’un week-end à Turin mais, au dernier moment, Pierre annule. Alors elle décide de partir seule : évidemment, dans la gare, dans le train, dans la chambre d’hôtel, sur les trottoirs de Turin, chaque instant sera propice aux interrogations, à une profonde introspection, sur sa place de femme, de mère, sur sa relation aux hommes, à l’amour. Doit-elle accepter la place qui est la sienne avec Pierre, accepter les attentes, ses départs, ce « demi-amour » ou souhaite-t-elle réellement retrouver une vie de couple et ses contraintes voire son enfermement… Dans ce court texte, Madeline Roth (le récit est écrit à la première personne) réussit parfaitement, notamment grâce à son style, à nous confronter à l’intimité d’une femme en plein questionnement, chaque mot est pesé, les sentiments sont disséqués, simplement, sans artifice.

Premier roman

« On croit qu’on quitte l’autre, c’est juste avec soi qu’on n’arrive plus à vivre. »

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Fiche #2631
Thème(s) : Littérature française


Carine JOAQUIM

Nos corps étrangers
La Manufacture de Livres

349 | 233 pages | 17-01-2021 | 19.9€

Elisabeth et Stéphane sont déjà un vieux couple parisien. Le couple a vacillé quand Stéphane a eu une aventure avec la belle Carla, mais ils ont su se retrouver ou du moins essaient-ils de s’en convaincre. Alors, ils décident, au grand dam de leur fille Maëva, de prendre un nouveau départ, déménager en banlieue, au cœur d’une campagne éloignée de Paris. Retrouver le chemin du bonheur, de la complicité. Ils oublient seulement de parler, de se confier, continuent de cacher leurs sentiments et émotions, alors ils peineront à combler leur éloignement et les obstacles se dévoileront rapidement… Stéphane prendra chaque jour le RER et Elisabeth renouera avec la peinture avant peut-être de retravailler. Pour Maëva, les premiers contacts avec le collège sont compliqués à l’image de son comportement avec le collégien handicapé de sa classe... Chacun va devoir trouver ses marques et le chemin sera chaotique, les corps vont s’animer, se découvrir et se redécouvrir, se toucher, s’esquiver, dans la violence parfois, ou dans l’extrême douceur et la sensualité. Maëva et Elisabeth, sans le savoir, s’éloignent en même temps de la cellule familiale en tenant la main aimante d’un autre. Le bonheur est-il encore possible ? La famille et le poids du quotidien le permettront-ils ? Un premier roman (abordant une multitude de thèmes au cœur de nos vies) qui débute avec un soleil accueillant semblant encore prêt à éclairer le destin d’une famille mais qui finit en un violent éclair, dans une tempête subite, aussi explosive que dévastatrice.

Premier roman

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Fiche #2623
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Carine Joaquim lus par Vaux Livres


Jean-Frédéric VERNIER

L'enfant loup
Ateliers Henry Dougier

348 | 185 pages | 04-01-2021 | 16€

Il a fallu quarante ans à cet enfant pour apprivoiser, mettre des mots sur son enfance, sur ce qu’il a vécu, ce qu’il a vu, ce qu’il a fait. Quarante ans plutôt, partis de Lille après la mort brutale de son père, il s’installe en effet avec sa mère à la campagne dans une maison isolée, lieu propice à l’imagination. Et Adrien dans sa solitude (sa mère s’isole de plus en plus dans un autre monde) devra en avoir pour tenter de surmonter son traumatisme, pour tenter d’accepter l’inimaginable. Il rencontrera un grand loup blanc, non loin du bois des Morts-Vivants, figure de l’ami, de celui qui accompagne, écoute, de l’homme apaisé et du père protecteur mais aussi parfois violent. Il pourra enfin se confier. Un conte singulier qui interroge le lecteur page après page qui cherchera mot après mot à comprendre les angoisses de cet enfant et les faits du passé qui l’ont à jamais marqué et qu’il ne pourra oublier.

Premier roman

« Nul ne peut, à neuf ans, par décret personnel, se passer d’amour et de joie de vivre. »

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Fiche #2619
Thème(s) : Littérature française


Zahra ABDI

La complainte de la limace
Belleville

347 | 212 pages | 01-01-2021 | 19€

Une rencontre avec les femmes iraniennes (« … capable de pleurer à l’intérieur tout en éclatant de rire… »), ça se mérite ! Le lecteur doit s’adapter au rythme du récit, les narratrices alternent, Shirine, une prof de littérature au chômage, Afsoun une maître de conférences animatrice d’une série télé et mariée à un universitaire à l’ego surdimensionné et enfin la mère de Shirine jamais remise de la disparition de son fils Khosrow qui n’est pas revenu de la guerre du Golfe. Shirine se partage entre plusieurs mondes tant elle est accro au cinéma et à la littérature. Sa mère lit sans cesse les lettres échangées entre son fils et Afsoun. Une vie au cœur d’un quartier de Téhéran, un quartier en mutation où tout disparaît et renaît dans le bruit et la poussière, le pays avance, mais la surveillance et les contraintes demeurent, même si Shirine préfère l’imagination et les rêves au voile. Un roman singulier qui dresse le portrait de femmes, mère, amie, sœur face à la disparition de l’être aimé, avec des sentiments et réactions différents face à cette perte définitive, dans un Iran qui change à petits pas.

Premier roman

« J’ai la sensation d’une limace froide et gluante qui enfonce ses cornes dans mon oreille. La complainte de la limace est un des sons les plus tristes que j’ai jamais entendus. C’est une plainte insistante qui se glisse au fond de l’âme. »

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Fiche #2616
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Christophe Balaÿ


Thomas SNÉGAROFF

Putzi
Gallimard

346 | 22 pages | 23-11-2020 | 22€

Ernst Hanfstaengl, dit Putzi, « petit bonhomme » malgré ses deux mètres, né d’un père allemand et d’une mère américaine, fut marchand d’art à New-York vers 1910. Il rentra ensuite en Allemagne, heureux de rejoindre Hitler. Subjugué par cet homme et aimanté par le pouvoir, Putzi, aussi charmant que monstrueux, n’aura de cesse de s’en approcher. Le piano et Wagner joueront un rôle essentiel. L’honneur, la patrie (ou plutôt les patries, il n’a pas oublié les Etats-Unis et rêve d’un rapprochement, n’ont-ils pas le même ennemi, les Rouges), le pouvoir sont au centre de ses préoccupations. Il deviendra responsable de la presse étrangère en 1933, sa marche vers le sommet lui semble alors inéluctable et sa disgrâce n’en fut que plus douloureuse. Un roman historique d’un historien parfaitement documenté, un portrait nauséeux…

Premier roman

« Jamais l’Allemagne ne fut plus elle-même qu’avec et sous Hitler. »

« Hitler est un produit de l’histoire allemande. Il a compris mieux que quiconque que le peuple allemand abreuvé de modernité, de sciences et de progrès, avait besoin d’une foi, d’une transcendance. »

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Fiche #2611
Thème(s) : Littérature française


Marcia BURNIER

Les orageuses
Cambourakis

345 | 145 pages | 11-10-2020 | 15€

Elles ont toutes rencontré l’horreur, la violence masculine, brute et déchirante. En quelques minutes, leur existence a basculé, traumatisme définitif. Comme souvent, la justice officielle est restée aux abonnés absents, alors la colère gronde, l’orage menace. Elles décident de se réunir, créer un collectif féminin, se grouper, faire face, tenter de reprendre leur vie en main, retrouver ces monstres et les affronter. Les blesser, pas physiquement, mais là où ça fait mal, pour qu’ils ressentent vraiment la peur et la violence, « une vengeance qui laisse des traces, une vengeance chiante, pas juste des bleus qui disparaissent dans la semaine. ». Se faire justice, radicalement, sans demi-mesure. Pourtant la réparation reste impossible et elles le savent. Mais ce chemin douloureux vers la vie créera entre elles une amitié forte et indéfectible. Un cri de femmes blessées, puissant, vif et réaliste.

Premier roman

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Fiche #2599
Thème(s) : Littérature française


Vinca VAN EECKE

Des kilomètres à la ronde
Le Seuil

344 | 235 pages | 21-09-2020 | 18€

Elle a à peine quinze ans dans le milieu des années 90 et revient passer ses vacances d’été en famille dans le village natal de sa mère, au cœur de la campagne française. Elle devient la seule fille d’un petite groupe d’ados désoeuvrés, six p’tits mecs qui la surnomment la Bourge, ils veulent rester libres, refusent les contraintes : « Peut-être les silences derrière l’esbroufe qui laissait à penser que rien n’était grave ni à prendre au sérieux. » Elle découvre le groupe, l’amitié, l’amour. Ils ne font rien, le vide, l’ennui, sauf à enchaîner des petites transgressions qu’ils jugent anodines, bien loin des jugements de leurs parents et des adultes… Et cette période restera un moment charnière de sa vie. Ils vivront non loin les uns des autres et cet été restera ancré dans sa mémoire même si elle a repris une fois les vacances achevées le chemin prévu, les études, elle sera prof, mari, enfants… Eux resteront, rien ne changera.

Premier roman

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Fiche #2594
Thème(s) : Littérature française


Fabrice CAPIZZANO

La fille du chasse-neige
Au Diable Vauvert

343 | 526 pages | 20-08-2020 | 22€

Tom vit avec ses parents en pleine nature, dans le quartier de Peyrache. A chaque vacances, sa sœur, son frère et leur famille les rejoignent pour des soirées de Backgammon parfois tendues. Il est musicien, sa famille reconnaît son talent. Et pour l’instant, on pourrait penser que cela lui suffit. Tom est hypersensible, écorché vif, il voit les couleurs des gens et touche leurs émotions, leurs sentiments, leur personnalité et il en souffre. Mais deux rencontres vont bouleverser sa vie, deux doubles qui vont lui permettre de grandir et de se révéler à lui-même mais aussi aux autres. Tout d’abord, un chasse-neige et une piqure d’abeilles, une abeille de Marie, la belle apicultrice, sauvage, libre et exceptionnellement belle et c’est l’amour qui lui tombe brutalement dessus. Devenu fou d’amour, il est subjugué mais rencontre dans le même temps une jalousie maladive et dangereuse et la peur de perdre Marie. Deux sentiments qui le mèneront vers l’inacceptable. Puis, Franck, dit La Chtouille, manager fou et looser, amoureux de la vie, de la musique, de la drogue, du sexe croit immédiatement en lui et en son talent. Et il est bien décidé à le mener sur le chemin périlleux du succès et de la gloire. Rien ne les arrêtera, ils ne se quitteront plus. Portrait d’un jeune homme passionné en train de se découvrir, portrait d'une femme libre, portrait d’une famille oscillant naturellement entre amour et colère, portait d’un amour absolu, le tout sur fond de musique et de création. Un premier roman évidemment rythmé, mais avant tout virevoltant et débordant de vie avec de brillants épisodes poétiques.

Premier roman

« Il se passe parfois des moments qui nous échappent, à croire que les éléments se contactent et s’arrangent dans notre dos pour créer des instants uniques, particuliers, des tsunamis émotionnels, des brasiers géants qui enflamment le ciel et qui en changent les couleurs. »

« La générosité ne s’apprivoise pas les gars, elle reste sauvage, on peut en tirer les fruits mais c’est elle qui décide au fond comme la foudre, le vent. »

« Au début j’ai pensé qu’on se voyait tous comme ça, comme des êtres lumineux et colorés, et que chacun se gargarisait de la beauté des feux d’artifice de l’autre. »

« Le monde est une névrose. »

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Fiche #2580
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Fabrice Capizzano lus par Vaux Livres


Olivier MAK-BOUCHARD

Le dit du Mistral
Le Tripode

342 | 360 pages | 18-08-2020 | 19€

Creuser dans son jardin, trouver un objet ancien, puis une source, les fouilles deviennent alors clandestines, deux voisins s’y retrouvent : c’est parti pour une immersion totale dans l’histoire et les légendes provençales. « Le dit du Mistral » est un roman singulier, un conte bousculé par le Mistral omniprésent et les odeurs du Luberon, un voyage dans les rêves, dans le langage provençal si imagé, au cœur de la nature chatoyante où la faune sauvage rode sous l’œil attentif du chat Le Hussard. L’attachement des personnages (tout en conservant un œil critique et parfois moqueur) à leur espace de vie, aux arbres, aux rivières, à la faune, aux couleurs et aux odeurs, à la magie des lieux, à la liberté d’errer à l’ombre du Ventoux est immense et ils nous le font partager modestement mais avec efficacité. Quel hommage à l'imaginaire (provençal) ! Dommage que Le Tripode ne fournisse pas comme marque-page un billet de train pour le Luberon !

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Le dit du Mistral"

Fiche #2579
Thème(s) : Littérature française


Dany HÉRICOURT

La cuillère
Liana Levi

341 | 240 pages | 16-08-2020 | 19€

La cuillère prend naissance au Pays de Galles dans une famille (nombreuse) qui gère un hôtel. Une petite cuillère brillante, en argent ciselé, avec quelques marques distinctives est découverte. Une des filles de la famille s’éprend immédiatement de l’objet en ce jour tristement particulier : son père qu’elle adorait vient de mourir brutalement et tout le monde est éprouvé (« ... le gallois transmet mieux que toute autre langue le sentiment de perte. »). Malgré l’angoisse et la tristesse qui l’étreignent, la toute jeune femme (elle fête quasiment au même instant ses dix-huit ans) entreprend une enquête, un voyage initiatique et de reconstruction sur les traces des origines de cette mystérieuse cuillère. Son grand-père qui retrouve l’alcool à cette occasion la guide vers une piste française, la cuillère pourrait provenir de Bourgogne suite à un achat de quelques caisses de vin. Seren, dans la Volvo de son père, part enquêter. Un road trip rythmé (on roule vite en Volvo si elle n’est pas en panne !) plein d’humour, de vie, de rencontres et d’autodérision qui l’entraînera jusque dans un grand domaine de Bourgogne où les secrets de cette cuillère et même un peu plus se révèleront à elle et à sa famille à sa grande surprise !

Premier roman

« Dans cette nuit où personne ne dort je réalise que nous vivons entouré de choses auxquelles nous n’accordons aucune importance jusqu’à ce qu’elles disparaissent, se cassent ou se révèlent sous une lumière nouvelle. »

« On choisit sa route, mais on ne commande pas au vent. »

« Les gens veulent fatalement que l’on fasse ce qu’ils veulent que l’on fasse. Qu’est-ce que je veux ? ».

« Je sais que je peux apprendre à vivre sans ton père, mais sans lui je ne sais pas comment apprendre. »

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Fiche #2575
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Dany Héricourt lus par Vaux Livres


Hugo LINDENBERG

Un jour ce sera vide
Bourgois

340 | 175 pages | 16-08-2020 | 16.5€

C’est l’histoire d’un été en Normandie. L’histoire d’une enfance, d’un enfant avec sa grand-mère. Chaque jour passe dans l’ennui, l’attente comme spectateur de sa vie. Les journées à la plage, le bain, les repas avec sa grand-mère attentionnée, « Notre vie est une symphonie de robinets qui coulent, de chasses tirées, de bains vidés, de vaisselle lavée, de linge essoré. » Il comble sa solitude par une grande imagination et une acuité extrême sur son environnement : comme un crabe enfoui dans le sable, il passe son temps à observer sans être vu, observer les familles, les enfants et la tendresse au cœur de cette vie qu’il ne semble pas connaître, rêver des relations, des amitiés. Et puis l’inattendu, l’inespéré. Autour d’une méduse, la rencontre avec Baptiste. Puis Baptiste et sa mère, Baptiste et sa famille. Deux garçons qui apprennent à se connaître, se découvrent, grandissent ensemble. Chaque petit geste a son importance, chaque regard, chaque mot, dans la timidité, la pudeur et la prudence. Tout a sens. Le jeune narrateur idéalise d’abord la famille de Baptiste alors que lui a honte de la sienne d’autant plus que sa tante schizophrène s’installe chez sa grand-mère. Un roman sur ce moment particulier de l’enfance qui se construit aussi grâce à l’autre et à l’amitié dans le moment présent en attendant le futur où tout reste possible.

Premier roman

« J’ai du mal à comprendre pourquoi, quand une personne en frappe une autre, ce n’est pas celui qui a donné le coup qui porte la trace. »

Ecouter la lecture de la première page de "Un jour ce sera vide"

Fiche #2576
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Hugo Lindenberg lus par Vaux Livres


Laurent PETITMANGIN

Ce qu'il faut de nuit
La Manufacture de Livres

339 | 188 pages | 07-08-2020 | 16.9€

Une famille du 54 (pourtant supportrice du Football Club de Metz) au quotidien simple et heureux. Mais la moman disparaît et le père reste seul avec ses deux fils, Fus et Gillou, Gillou et Fus, tant il les aime tous les deux, sans différence. Un père aimant et attentionné qui aime partager des moments d’intimité avec ses garçons, en silence dans la complicité, notamment autour de leur passion pour le foot et les matchs du dimanche de Fus. Il milite pour le PS depuis toujours, et les gamins le suivent souvent, lors des réunions de la cellule (même si aujourd'hui cela se résume à un goûter entre quelques-uns) ou les distributions de tract. Il pense que les valeurs qui lui sont chères ont été transmises, comme ça, simplement, dans les petits actes et comportements du quotidien, sans beaucoup de paroles. Mais le hasard des rencontres, l’adolescence, et Fus va suivre un autre chemin, dériver. Gravement. Violemment. Alors que l’avenir s’ouvre pour Gillou qui entame de hautes études, le trio se voit ébranler, bouleverser en un instant. Terrible basculement. Fus s’est-il éloigné définitivement de sa famille ? Mais l’amour restera présent au cœur de la tempête. Il faudra simplement que le père dépasse sa pudeur, s’en rende compte, l’accepte, le prouve, et enfin l’exprime lui qui n'a jamais trop su comment communiquer avec ses deux enfants. Un premier roman fort, prenant, bouleversant, social, politique, familial, intime, une tragédie d’amour.

Premier roman

« Que toutes nos vies, malgré leur incroyable linéarité de façade, n’étaient qu’accidents, hasards, croisements et rendez-vous manqués. Nos vies étaient remplies de foultitude de riens, qui selon leur agencement nous feraient rois du monde ou taulards. »

Ecouter la lecture de la première page de "Ce qu'il faut de nuit"

Fiche #2569
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Laurent Petitmangin lus par Vaux Livres


Eric L'HELGOUALC'H

La déconnexion
Editions du Faubourg

338 | 303 pages | 07-08-2020 | 18.9€

C’est l’histoire d’Elias Naccache, une étoile filante de la toile. Un gamin brillant né au Liban, exilé qui n’a pas que peu connu son père assassiné, parti de rien, depuis la banlieue, pour s’installer dans les paillettes, le monde d’en haut, la richesse, le pouvoir... Un petit génie du web qui revend à prix d’or sa première idée, sa première entreprise. Avenir assuré, peut-être... L’euphorie du succès, la richesse empêchent ou gomment dans un premier temps les doutes professionnels ou intimes. Et puis, presque du jour au lendemain, Elias disparaît. Déconnexion ultime. Il a rejoint des volontaires en Syrie pour combattre Daech aux côtés d’autres chrétiens. On ne le retrouvera pas. Mort ? Disparu pour brouiller les pistes ? Un magazine people pressentant le sensationnel charge un ami de jeunesse écrivain, toujours resté en contact avec le célèbre disparu, d’enquêter, de reconstituer le puzzle de sa vie, de ses choix, de ses amours, de son intimité. Qui est vraiment Elias ? A-t-il endosser les thèses d’extrême droite par idéologie ? Qu’est ce qui l’a mené sur ce chemin : un amour impossible, un échec professionnel, un désir de revanche, la vengeance de son père, une profonde réflexion... L’œil amical de son ami d’enfance mène une enquête minutieuse entre la France et le Moyen-Orient et rencontre toutes les connaissances d’Elias, en espérant toujours retrouver ses traces et peut-être le dénicher cacher au fin fond du Morvan. Un premier roman qui se lit comme un polar avec un narrateur qui, en exposant son intimité, dresse un portrait aussi objectif que possible d’Elias, d’une certaine France mais également des problématiques identitaires qui minent nos sociétés depuis quelques décennies maintenant.

Premier roman

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Fiche #2570
Thème(s) : Littérature française


Cyril LECLERC

Le crépuscule des vainqueurs
L'Escampette

337 | 180 pages | 31-05-2020 | 16€

« Le Crépuscule des Vainqueurs » en se situant au cœur d’une grande société cotée (surcotée ?), multinationale de la finance, dépeint l’état actuel de notre monde : financiarisation, profit à outrance, folle consommation, omniprésence des grandes marques, absence de sens, vacuité de nos existences et disparition de vraies relations humaines, digitalisation à outrance, mépris des classes dirigeantes, peur du chômage, compétition permanente entre les salariés, hiérarchisation, catastrophe écologique… Le portrait est réaliste et direct avec un ton ironique, acerbe, drôle et parfois cynique. Mais notre quotidien est devenu le cadre idéal à des manipulations tant locales qu'à l’échelle de notre société donc globales et mondiales. La machine semble devenue incontrôlable et qui sera prêt à l’affronter, à la reprogrammer ? Les soulèvements prévisibles voire attendus suffiront-ils ? « Le Crépuscule des vainqueurs » est aussi une affaire de survie, et pointe là peut-être le problème essentiel, survivre d’accord, mais pourquoi ? Notre société devenue folle, notre économie, notre consommation, ont réussi à nous le faire oublier.

Premier roman

« C’est l’avantage avec les gens désespérés, ils sont prêts à croire n’importe quoi pourvu qu’on leur promette un monde meilleur. L’espoir fait vivre, mec. Ils vont élire un nouveau gouvernement tout beau tout neuf et on pourra repartir de plus belle pour cinq ans. »

« La corruption, c’est pas une question d’éthique, c’est une question de zéros, p’tit gars ! »

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Fiche #2545
Thème(s) : Littérature française


Andrea DONAERA

Je suis la bête
Cambourakis

336 | 216 pages | 28-05-2020 | 20€

Domenico Trevi, dit Mimi, est à la tête de la Sacra, dans les Pouilles, une organisation mafieuse violente, cruelle et prête à tout pour conserver son pouvoir, accroître sa richesse et sa domination. Alors il sait que la vie n’a que peu de valeur et la mort fait partie de son quotidien (« Les morts méritent le respect. Toujours. ») ; Mimi et ses hommes dévoués et obéissants ne comptent plus les cadavres qu’ils laissent derrière eux… Cette fois, c’est différent, Mimi est touché dans sa chair, son fils Michele de quinze ans est mort, il s’est suicidé. Mais il faut bien faire payer à quelqu’un ce drame : ce sera Nicole à qui Michele offrait ses poèmes et qu’elle a éconduit avec mépris et moquerie. Qui pourrait sauver la Belle de la Bête ? Au cœur de ce drame, de cette vengeance, de cette violence bestiale et de cette organisation mafieuse, Andrea Donaera donne la parole aux différents acteurs, variant les points de vue, les sentiments entre l’amour et la haine, la bestialité et l’humanité. Son style entêtant renforce la puissance et la tension de la trame, variations de rythme, scansions, musicalité, répétitions, courts dialogues nous entraînent dans une ronde dangereuse, une danse du feu brûlante et obsédante au goût amer de sang. Une très belle découverte.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Je suis la bête"

Fiche #2544
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Lise Caillat


Geneviève HELLER

Une coupable idéale ?
Les Presses Littéraires

335 | 250 pages | 06-05-2020 | 12€

Isabella Gomez est une très belle femme. Et les hommes et la passion l’accompagnent depuis longtemps mais les drames passionnelles aussi. Son dernier mari vient d’être retrouvé carbonisé dans sa voiture à quelques pas de leur maison avec des traces de médicaments dans le sang, les médicaments qu’Isabella prend régulièrement. En outre, Isabella est couverte de dettes, conséquence d’une addiction au casino et au jeu et d'une expérience professionnelle malheureuse. Cette mort règlerait ses problèmes financiers... Néanmoins, on décompte pas moins de deux tentatives d’empoisonnement et trois morts de 1983 à 2008 autour d’Isabella. Tout la désigne comme la coupable idéale, mante religieuse, femme fatale… Elle clame son innocence au commissaire Langlais et à son lieutenant Caroline Dufay. Et le commissaire, intrigué et/ou attiré, doute devant l’évidence. Pourra-t-il résister à cette évidence de culpabilité reconnue par tous et passer outre l’avis de Caroline qui remarque son trouve devant l’accusée. Isabella est-elle poursuivie par les drames de la passion ou est-elle une dangereuse manipulatrice ? Un récit efficace et maîtrisé avec les points de vue de l’enquêteur et de l’accusé qui placeront le lecteur aux côtés du jury afin de se forger son intime conviction !

Premier roman

Fiche #2538
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir


Joe WILKINS

Ces montagnes à jamais
Gallmeister

334 | 310 pages | 27-03-2020 | 23€

Dans le Montana, au cœur des Bull Moutains, Wendell Newman, 24 ans, se retrouve seul avec ses dettes dans son mobil-home. Sa mère vient de mourir et son père a disparu alors qu’il était gamin, en fuite dans les montagnes ou mort, seul, en pleine nature. Il travaille dans un ranch. Mais la région va mal, beaucoup sont pauvres et l’agriculture est à la peine, éprouvée notamment par les emprunts et les investissements. Pourtant ils restent viscéralement attachés à cette terre, « Il existe une contrée pour chacun de nous et qu’on peut appeler chez nous… Ces plaines et ces collines… Ces terres c’est nous. » En outre, les armes sont toujours là, la chasse un quotidien. Certains continuent de haïr Obama et l’écologie, prônent l’indépendance et n’hésitent pas à remettre en cause les décisions de l’Etat et de l’Agence de protection de l’environnement. Une chasse aux loups est même annoncée. Wendell connaît ces gars là mais garde ses distances même si l’histoire de son père l’en rapproche. Sa vie change lorsque les services de l’enfance lui confie Rowdy, le fils de sa cousine, un gamin différent, qui garde le silence, proche de l’autisme ; immédiatement un lien fort et tendre se noue entre eux deux, Wendell affiche un autre visage et endosse avec timidité et douceur un rôle de père, lui qui a perdu le sien trop tôt et qui ressent la peur et la honte de ne pas en être capable. Wendell pourra-t-il échapper à son histoire, à son destin, avec Rowdy sur ces chemins de traverse ? En tous cas, je peux vous l’assurer, cet espoir vous fera tourner les pages de ce roman en tension très très vite ! Une palette de personnages exceptionnels, portrait de l’Amérique rurale actuelle. Apre, douloureux, tendre, où l’on croise la bêtise, l’intelligence, l’humanité, la violence, la tendresse, la solidarité, l’amour, la solitude, l’espoir et la mort.

Premier roman

« Il faut de l’entraînement pour devenir un homme libre. »

Ecouter la lecture de la première page de "Ces montagnes à jamais"

Fiche #2517
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Laura Derajinski


Susan KRELLER

Villa Pirasol
Les Presses de la Cité

333 | 235 pages | 26-03-2020 | 19€

Gwendoline, 84 ans, vit enfermée dans sa Villa Parasol. Une vie depuis longtemps dans la solitude, les souvenirs, la résignation et la soumission. Elle partage cet espace clos avec Thea, plus jeune qu’elle, qui la maintient sous sa coupe avec autorité, comme si elle avait un différent à régler avec elle. Mais jusqu’à aujourd’hui Gwendoline a toujours préféré le silence et n’a jamais su lever la tête, prendre son destin en main. Gwendoline a vu tous ses proches disparaître. Sa mère, son père que les livres n’auront pu sauver, loin de là, et qui aura connu les camps, son fils disparu suite à la maltraitance et la sévérité de son mari, un deuil sans sépulture, et enfin cet époux violent et cruel. Mais aujourd’hui, la rumeur court, son fils serait de retour. Thea craint qu’il n’exige sa part, elle dresse alors un mur entre Gwendoline et l’extérieur. Gwendoline saura-t-elle enfin à 84 ans malgré sa fatigue et sa lassitude briser ce mur, devenir visible, se libérer et dire non ? Une histoire de soumission, une histoire de l’Allemagne, un huis clos qui n’en est pas un, puisqu’à travers cette longue vie de Gwendoline, Susan Kreller revient aussi sur le poids de l’histoire, histoire de l’Allemagne, l’avant-guerre, la guerre (« la période des Égarés ») et l’après-guerre.

Premier roman

« … qu’on résiste ou pas n’a aucune importance parce que, l’enjeu, c’est de devenir quelqu’un à qui on fait croire qu’il résiste. »

Ecouter la lecture de la première page de "Villa Pirasol"

Fiche #2516
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Corinna Gepner


Jorge COMENSAL

Les mutations
Les Escales

332 | 206 pages | 25-03-2020 | 19.9€

Ramón, 50 ans, est avocat, donc la parole, l’éloquence sont au cœur de son métier, de sa vie. Ramón vient d’apprendre qu’il est atteint d’un cancer à la langue, « … une décision simple en apparence – vivre ou mourir – mais loin d’être évidente… » autrement dit attendre la mort ou choisir l’opération, une amputation de la langue et la perte de la parole. « Les mutations » s’attache à détailler le bouleversement dans la vie de Ramón et de ses proches suite à cette opération, tant sur le plan physique que sur les plans psychologique, social, financier ou familial… Carmela, sa femme, Paulina, sa fille, et Mateo, son fils, vont apprendre à connaître le nouveau Ramon (« Concentrés sur leurs objectifs scolaires sans pour autant renoncer à leurs hobbies respectifs, la masturbation et le karaoké, ils n'avaient pas remarqué la détresse de leurs parents. »). Il est maintenant accompagné de son perroquet, Benito, qui, lui, parle, et en profite pour proférer insultes, injures et autres propos salaces. Ramón a accepté l’aide d’une psy, Teresa, elle-même atteinte d’un cancer, qui fait tout pour épargner la douleur à ses patients. Il continue de rencontrer son oncologue plus préoccupé par la reconnaissance de ses pairs et sa notoriété que par la guérison de Ramón. Un sujet difficile abordé avec un angle singulier, des personnages hauts en couleur et un humour souvent noir et cinglant.

Premier roman

« Sartre disait que l’enfer, c’est les autres, et il avait raison. Le problème, c’est que parfois, je suis une autre, donc mon propre enfer. »

« La médecine est un métier rudimentaire et en grande partie intuitif, dont on ne peut pas espérer des résultats toujours probants. »

Ecouter la lecture de la première page de "Les mutations"

Fiche #2515
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Isabelle Gugnon


Alejandro PALOMAS

Une mère
Pocket

331 | 320 pages | 19-03-2020 | 8.3€

en stock

Barcelone, un 31 décembre, Amalia est tendue, impatiente, joyeuse, anxieuse, entre euphorie et stress, un mixte de sentiments face à ce repas de réveillon qui s’annonce avec enfin tous ses enfants. Elle a subi de longues années un mari méprisant et retrouvé une certaine liberté depuis un divorce douloureux (« Elle a besoin de temps pour assumer qu’il n’y a plus personne pour lui faire du mal juste parce qu’elle est qui elle est. »). Ils seront tous présents aux côtés de leur oncle. Sept couverts pour six personnes, le septième étant réservé aux absents (dont Ingrid la meilleur amie d’Amalia). Chacun arrive avec son histoire, ses douleurs, ses joies, son passé. Amalia aimante, protectrice et bienveillante mais parfois aussi pesante, épuisante et maladroite, Fernando qui vit seul avec son dogue allemand, Emma qui n’arrive pas à se remettre de la mort de sa précédente compagne, Olga la nouvelle amie d’Emma, Silvia obsédée par la propreté qui se noie dans le travail ne pouvant avoir d’enfants, l’oncle Eduardo séducteur qui aimerait tant être indispensable. Le repas est donc propice à nous faire découvrir une vie de famille avec ses secrets (chacun est constitué d'une face A et d'une face B mais peu connaissent les deux faces), ses non-dits, ses rancunes mais aussi son amour, évidemment le lecteur s’y retrouvera à un moment ou à un autre, le récit est vif et rythmé, toujours vivant, parfois loufoque et drôle, l’humeur est variable, mais notre attention constante grâce notamment au ton et au style de l’auteur.

Premier roman

« …le seul avantage d’un mari, c’est qu’au moins il ne t’emprunte pas tes culottes ou tes soutiens-gorge. »

Ecouter la lecture de la première page de "Une mère"

Fiche #2506
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Vanessa Capieu

Les titres de Alejandro Palomas lus par Vaux Livres


Marie MAHER

Pour la beauté du geste
Alma

330 | 117 pages | 08-03-2020 | 15€

en stock

Ils sont morts. Tous les deux, l’un après l’autre. La mère puis le père dans un accident. Restent la maison à quelques heures de Paris et le grand chien gris. Peut-être le seul qui ressent sa douleur, la douleur persistante de cette fille qui a toujours voulu partir, une autre vie. C’est peut-être le moment. Vendre la maison et partir avec le grand chien. Cela semblait facile, « Commencer et vider. Vendre. Sans réfléchir, sans s’attarder, sans même regarder ce qui passe entre les mains. ». Mais il va falloir passer par les souvenirs, par l’enfance, retrouver les trains de la gare toute proche, ceux qui passent sans s’arrêter, ceux qui s’arrêtent, ceux qui reviennent toujours, retour sur elle-même entre passé et présent, tenter de franchir la douleur pour trouver la beauté, ultime effort pour enfin commencer sa vie. Court, percutant et douloureux.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Pour la beauté du geste"

Fiche #2496
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Marie Maher lus par Vaux Livres


Patrick MARTINEZ

Les silences de Rose
Diabase

329 | 110 pages | 08-03-2020 | 13€

Patrick Martinez dans un court texte nous fait partager l’histoire de Rose, une jeune femme qui, enfant, a été violée. Enfance détruite, Rose devient observatrice du monde qui l’entoure, de l’homme qui lui fait subir ces violences répétées, de sa mère agressive et détestable, alors elle fait un pas en arrière et observe, en silence. Elle semble ailleurs, absente, enfermée. Comment mettre des mots sur cette souffrance extrême ? Passer par l’écrit pour esquisser son cri et se retrouver ? « Il fallait qu’isolée, se repliant sur elle-même pour s’écouter, se parler en silence, elle puisse s’y retrouver dans un flot de paroles si présent et pourtant, elle le sentait, le devinait, lui appartenait de moins en moins. » A qui se confier ? Comment trouver ses mots ? A qui les confier ? Peut-elle encore attendre quelque chose de l’Autre ? Pascal Martinez, sur un sujet difficile et brûlant, en plaçant le lecteur au plus près de l’intimité de Rose, de l’intime, de ses sentiments, avec une pudeur et une sensibilité extrêmes, réussit parfaitement et avec émotion à nous mener aux côtés de Rose sur le chemin de sa vie.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Les silences de Rose"

Fiche #2497
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Patrick Martinez lus par Vaux Livres


Pierre JARAWAN

Tant qu'il y aura des cèdres
Héloïse d'Ormesson

328 | 495 pages | 24-02-2020 | 23€

« Notre père a changé notre vie en nous racontant une histoire », mais il est temps pour Samir, le fils, devenu adulte, de découvrir la vérité et les secrets cachés derrière cette histoire, derrière l’Histoire, derrière un pays. Samir est né en Allemagne où ses parents libanais se sont exilés pour fuir la guerre et offrir à leurs enfants une autre vie. Petit Allemand, certes, mais éprouvant une attirance et même une nostalgie pour le pays de ses parents, son pays, leur exil lui pèse et lui-même ne semble pas trouver sa place en Allemagne. Un soir alors qu’il a huit ans, une photo bouleverse son père qui disparaît et laisse la famille sans nouvelles. Samir en reste bouleversé, une fêlure qui jamais ne semble pouvoir se refermer. Incapable de construire quoique ce soit, incapable de se projeter… Pourquoi son père si aimant, si gai, est-il parti ? La femme qui l’aime comprend que seul un voyage initiatique au Liban pour découvrir aussi bien le présent que le passé, la réalité que les secrets, lui permettra de comprendre son histoire et peut-être de revenir apaisé. Il se confrontera à la complexité du Liban, au poids des religions, aux destructions psychiques et physiques des guerres qui continuent de tisser leurs toiles, aux mensonges et aux secrets, aux regrets et aux remords mais aussi à la beauté du pays, à la force et l’envie de vivre de ses habitants. Même si Pierre Jarawan cite en exergue un proverbe libanais « Si quelqu’un croit avoir compris le Liban, c’est qu’on le lui a mal expliqué. », il nous apporte néanmoins quelques lumières sur sa complexité et déclame une histoire d’amour émouvante et langoureuse pour ce pays en souffrance depuis si longtemps. Un premier roman parfaitement maîtrisé qui nous tient en haleine durant près de cinq cents pages.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Tant qu'il y aura des cèdres"

Fiche #2491
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Paul Wider


Virginie NOAR

Le corps d'après
François Bourin

327 | 252 pages | 20-01-2020 | 19€

Le corps. Le corps d’une petite fille, d’une fille, puis d’une femme. Leur lutte. Une femme enceinte. La vie prend forme et la lutte continue. « C’est que du bonheur », ou pas. Une femme qui a accouché et la vie est née. La lutte s’intensifie et c’est à cet instant particulier que la narratrice établit une sorte de bilan, s’aperçoit des violences subies, des pressions, des regards... Devenir une mère comblée ou pas. Suivre les injonctions de la société ou pas. Choisir entre la mère et la femme, ou pas. Trouver sa voie, « Quels sont les chemins qui mènent au désir d’une vie à fabriquer ? » Un récit qui dissèque le joli conte de la maternité et ses poncifs habituels, la condition féminine et continue d’espérer en un chemin vers l’émancipation. Le discours est franc et direct, les phrases sont courtes, hachées, le style incisif, le rythme rapide, c’est parfois cru et brutal mais toujours percutant.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Le corps d'après"

Fiche #2478
Thème(s) : Littérature française


Camille BONVALET

Echographie du vide
Autrement

326 | 183 pages | 12-01-2020 | 16.9€

Emmanuelle vit en couple, une jeune femme « médiane », « normale », très amoureuse de son mari Léon et de son petit chat. Elle a 28 ans et fait part à son gynécologue de sa décision : se faire ligaturer les trompes et ne pas avoir d’enfant. Il a fallu dans un premier temps trouver un gynécologue qui acceptait sa décision et d’appliquer la loi qui le lui permet. Mais maintenant, elle rentre dans un entre-deux, le compte à rebours est lancé, quatre mois de délais, quatre mois de réflexion. Alors Emmanuelle observe, observe sa vie, observe son couple, sa sexualité d’hier et d’aujourd’hui, ses parents, son petit chat, ses amis, sa meilleure amie et son bébé... Quelle place prendrait un enfant dans cet univers ? Qu’est-ce qu’être femme ? Etre femme sans enfanter ? Qu’est-ce qu’une femme libre ? Ne s’est-elle pas laisser enfermer dans une routine au milieu de Léon et du petit chat ? Comment partager sa décision avec Léon ? Comment en faire part à ses amis ? « Echographie du vide » laisse place aux réflexions d’une jeune femme moderne face aux injonctions à la maternité et à une décision encore singulière et définitive.

Premier roman

« Ce qu’on a l’air cons, quand même, lâche Emmanuelle en s’esclaffant.
- Comment ça ?
- A être adultes.
»

« Le vent est libre, certes, mais c’est du vent. »

Ecouter la lecture de la première page de "Echographie du vide"

Fiche #2466
Thème(s) : Littérature française


Natacha DIEM

L'invention d'Adélaïde Fouchon
Piranha

325 | 205 pages | 01-01-2020 | 18€

Adélaïde vit à Paris avec son mari et ses deux enfants lorsqu’elle apprend la mort de son père. Retour à Bruxelles, un voyage, une pause dans sa vie de femme, sa vie de mère, sa vie amoureuse propice à un retour dans le passé et sur une enfance singulière. Elle grandit au milieu de trois adultes (« Chez moi, il y a une maman qui dort entre deux papas, chacun fait un peu ce qu’il veut quand il veut… »), une mère, deux pères, un couple à trois face à une petite plutôt solitaire avec sa chatte Raspoutine, Eluard son hamster et ses grands-parents aimants mais bien éloignés. Les regards qui se posent sur eux, sur elle, lui font ressentir très tôt leur différence, sa différence et il lui faudra déployer beaucoup d’énergie pour se faire accepter mais aussi pour accepter les autres. Mais peut-être est-ce le fondement de son questionnement sur l’amour, sur la vie. Elle déborde d’énergie et de vie, mais la mélancolie, la colère voire la violence ne sont jamais très loin. Ce décès fait tout ressortir : rancœur, joie, tendresse refoulée, connivence, douleurs… et le cœur de sa vie, la solitude et l’anormalité, hier et aujourd’hui. Adélaïde nous fait partager son intimité, son questionnement sur sa façon de vivre, d’aimer, d’être aimée, de continuer de grandir et de s’accomplir en tant que femme et elle le fait franchement, sans retenue, avec beaucoup d’autodérision, on rit souvent, parfois jaune, dans une atmosphère moqueuse et grinçante. Le style est direct, rythmé et très imagé. Une belle rencontre !

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "L'invention d'Adélaïde Fouchon"

Fiche #2460
Thème(s) : Littérature française


Thibault BÉRARD

Il est juste que les forts soient frappés
L'Observatoire

324 | 297 pages | 30-12-2019 | 20€

Sarah a toujours su garder l’âme de la punkette qu’elle fut, rebelle et libre, la preuve, même morte, elle continue de nous raconter sa vie. Elle a vécu une véritable idylle avec Théo, alchimie immédiate, ils firent la route ensemble. Un premier petit garçon, puis une petite fille alors qu’ils avaient déjà appris la terrible nouvelle. Sarah était malade, gravement malade, atteinte par un cancer à la progression rapide. Elle dont le leitmotiv qui horripilait Théo était « Moi je vais crever avant quarante ans, de toute façon » allait devoir lutter. Et pour cela elle était bien entourée. Par Théo évidemment mais aussi par de nombreux amis qui interviendront à la hauteur de leur possibilité. Elle revient sur l'épreuve qu'est la montagne russe que fait vivre le cancer, soins, rémissions, espoir, fatigue extrême, ras-le-bol, angoisse, résister, continuer de vivre, de lire, de chanter et de rire, ne pas se laisser abattre et combattre, Sarah et Théo sont forts mais « …même les forts s’effondrent lorsque les coups s’accumulent. » Un émouvant et bouleversant récit entre rires et larmes où la vie reste le personnage principal et « Toutes les vies sont des aventures extraordinaires… »

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Il est juste que les forts soient frappés"

Fiche #2458
Thème(s) : Littérature française


Valérian GUILLAUME

Nul si découvert
L'Olivier

323 | 128 pages | 16-12-2019 | 16€

Le héros de Nul si découvert n’est pas un homme comme les autres, ce roman non plus. Il est seul, sa mère est morte, alors il cherche la compagnie. Il passe ses journées à admirer les aliments, les produits et autres objets des grandes surfaces commerciales. Dès son arrivée, il adore se faire palper par les vigiles puis il salive, sue, laisse tomber quelques gouttes de plaisir et d’émotion. Il admire aussi ses congénères qui errent, très à l’aise, dans ces antres de la consommation et ne manquerait pour rien au monde une animation ou une loterie. Accompagné de son démon, il doit le nourrir et dévore tout ce qui est possible. On le regarde bizarrement, on l’ignore et parfois on se moque, on le pousse voire on le frappe, il subit la violence de quelques-uns sans jamais ne réagir : il préfère garder son sourire habituel et cacher ses émotions. Puis, c’est La Rencontre avec la sublime Leslie à la piscine, il l’aime immédiatement, elle le regarde, elle lui parle, tout devient possible mais son démon acceptera-t-il de le partager ? Nul si découvert décrit la descente aux enfers d’un être hypersensible à la recherche de l’Autre (« J’ai eu des envies de traverser l’époque avec le cœur et les choses pour respirer partout comment c’est la vie ») dans une société consumériste qui n’a guère de considérations pour ses sentiments. Un texte sans ponctuation qui contraint le lecteur à adapter son rythme, ses pas, à ceux du héros pour l’accompagner dans sa descente vertigineuse dans un monde hostile où il ne pourra trouver sa place.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Nul si découvert"

Fiche #2455
Thème(s) : Littérature française


Mesha MAREN

Sugar run
Gallmeister

322 | 382 pages | 15-12-2019 | 23.6€

Jodi McCarty est libre, enfin presque, il faut encore qu’elle se présente régulièrement devant un conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation et respecte quelques lourdes contraintes. Elle vient en effet à sa grande surprise d’obtenir sa liberté conditionnelle alors qu’elle était condamnée à perpétuité pour meurtre. A sa sortie, elle part vers l’inconnu, vers Chaunceloraine, avec peu de certitudes : « Son plan se réduisait à un trait fin s’étirant entre des points de souvenirs flous, une constellation imaginaire qu’elle était seule à voir. Elle s'est promise de retrouver Ricky Dulett, le petit frère de Paula, une femme qu’elle a aimée à la folie, pour qui elle était prête à tout, sans aucune limite, totalement accro, « le prisme à travers lequel elle veut tout expérimenter. ». Elle est aujourd’hui seule, sans codétenue, sans Paula, et surtout avec le poids de la liberté de ses choix. Sur la route, elle embarque la belle Miranda et ses enfants qui préfèrent la suivre et quitter un chanteur violent en fin de carrière. Elle retrouvera Ricky devenu maintenant adulte avec le passé qui continue d’entraver son avenir, puis une ville qu’elle a quittée vingt ans plus tôt, inchangée, passé et présent se mêlant sans retenue. Dans le domaine et la cabane de sa grand-mère, la troupe quelque peu bancale espère créer un havre de paix, oublier le passé et construire un présent dans la sérénité et le bonheur. Mais le monde pourra-t-il oublier ce passé et les accepter ? Un premier roman dense, au style affirmé et lumineux, qui mêle habilement présent et passé et dresse le portrait de deux femmes qui ne demandent simplement qu’à être heureuses et à ce qu’on accepte sans l’oublier leur passé.

Premier roman

« Elle regarde Paula et se demande si on peut protéger quelqu’un de son passé. »

Ecouter la lecture de la première page de "Sugar run"

Fiche #2453
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Juliane Nivelt


Sylvie KRIER

Un cheval dans la tête
Serge Safran

321 | 200 pages | 13-09-2019 | 17.9€

Jack est avant tout un homme épris de liberté et a choisi de vivre à la marge malgré les difficultés. Il vit dans un espace qu’il aimerait certainement qu’on qualifie de ranch, entouré de ses chevaux et poulains. En effet il élève avec passion des chevaux, construit une lignée, des esthètes mais peine à en vivre, il ne compte plus les mises en demeure, les visites d’huissier, mais l’homme est rusé et têtu et loin d'être prêt à abdiquer et à lâcher l’affaire. Il est aidé par quelques proches. D’abord Chayton un homme étrange, parfois inquiétant, silencieux, et dévoué. Louise sa fille à l’adolescence difficile et Célie avec qui il vit une histoire d’amour tumultueuse et par intermittence. Enfin un frère entre amour et haine et quelques voisins solidaires. Chacun se débat dans ses difficultés mais la rage de vivre libre persiste. Jack espère enfin sortir du tunnel lorsqu’un riche industriel lui propose de s’associer à lui, la roue aurait-elle enfin tourné ? Le récit polyphonique donne la parole à Jack, Célie et Louise et dresse un portrait émouvant et réaliste de cette tribu qui se débat avec ténacité pour simplement vivre et aimer comme ils l’ont souhaité.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Un cheval dans la tête"

Fiche #2418
Thème(s) : Littérature française


Victor JESTIN

La chaleur
Flammarion

320 | 140 pages | 12-09-2019 | 15€

Un camping, le bord de mer, les Landes, fin de vacances, les baignades, les premiers amours, le soleil et la chaleur, les fêtes et les animations en continu avec injonction d'y participer. Pourtant Léonard s’ennuie. Il traîne, reste quelque peu à l’écart et croise le chemin d’Oscar et de Luce. Mais Oscar va mourir. Léonard le regardera mourir étranglé par les cordes d’une balançoire. Il poussera à l’extrême sa propension à l’indécision, ne fera rien, ne bougera pas. Que faire ensuite ? Cacher le corps ? Se taire ? Appeler à l’aide ? Avouer ? Pourquoi va-t-il décider d’enterrer le corps et choisir le silence ? N’est-ce pas lui in fine qui a tué Oscar qu’il ne connaissait qu’à peine ? Le lendemain, alors que Luce se rapproche de lui à son grand étonnement, toutes ces questions et la culpabilité commenceront de l’obséder ; le choix de silence deviendra vite étouffant et renforcera sa solitude déjà pesante. Très rythmé, efficace, on accompagne avec un léger malaise dans une atmosphère poisseuse et molle cet ado qui n’a pas su prendre la « bonne » décision dans l’instant basculant sa vie dans une autre dimension.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "La chaleur"

Fiche #2417
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Victor Jestin lus par Vaux Livres


Andrew RIDKER

Les altruistes
Rivages

319 | 458 pages | 02-09-2019 | 23€

Dans la famille Alter, ils sont quatre, les parents Francine et Arthur et les deux enfants Maggie et Ethan. Famille juive de classe moyenne, le récit oscille entre le passé, le présent et le futur de ce clan. Francine est une mère dévouée (« L’incarnation de ce qu’on attendait des femmes, de ce à quoi elles devaient renoncer pour s’y conformer. »), aimante, qui meurt rapidement d’un cancer. Arthur n’a pas la même appréhension de l’altruisme… Un premier échec professionnel en Afrique puis des postes précaires d’enseignant concourt peut-être à une certaine aigreur (« Il est incapable de faire une chose gentille sans veiller à ce que la terre entière soit au courant. ») et isolement. Maggie voudrait tout faire pour aider les autres, s’engage en ce sens face au système mais peine à supporter les mauvais côtés de son père et la mort de sa mère. Ethan a annoncé assez jeune son homosexualité mais depuis la mort de sa mère s’est retiré du monde. Une saga familiale réussie avec des personnages pouvant susciter pour certains de la sympathie et pour d’autres de l’antipathie avec des réflexions non dénuées d’humour et d’ironie sur la vie, la mort, le couple, les enfants, l’argent, l’égoïsme ou le partage et la judéité.

Premier roman

« On travaille, on travaille, on travaille dans le but déconseillé de ne jamais avoir besoin de travailler. »

« En vieillissant, tu t’en apercevras plus tard, on a de plus en plus de mal à éprouver de l’empathie. C’est un muscle qui s’atrophie… Tu te mets à penser à toi, à ta cellule personnelle, et rapidement tu oublies les autres. »

Ecouter la lecture de la première page de "Les altruistes"

Fiche #2412
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Olivier Deparis


Rocco GIUDICE

Mangoustan
Allary

318 | 190 pages | 26-08-2019 | 17.9€

Mangoustan aura l’honneur de réunir les trois femmes de ce roman. Mangoustan est en effet le nom du prochain typhon qui va balayer Hong Kong et ces trois femmes pour diverses raisons éprouveront cette nuit ventée ! Elles n’ont pas grand-chose en commun, à part peut-être leurs époux et leur porte-monnaie ! Et lors de cette nuit, elles auront peut-être l’absolue confirmation qu’aucune femme ne doit brader son indépendance lors du mariage, « dépendre de son compagnon est un danger considérable. ». Après trente ans de vie commune, Laure vient de se faire jeter par son mari qui est parti avec une jeune employée de maison. Irina, Ukrainienne partie de rien, est au bout du chemin avec son époux suisse, riche et de très bonne famille. Enfin, nous connaissons tous Melania, ex-mannequin slovène, qui a signé un contrat de mariage bien encadré avec un fou devenu président des Amériques et qui compte bien se faire réélire !

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Mangoustan"

Fiche #2401
Thème(s) : Littérature étrangère


Hélène VEYSSIER

Jardin d'été
Arléa

317 | 108 pages | 17-08-2019 | 17€

Dans un quartier de Gémenos, non loin d’Aubagne, se mêlent les autochtones et les vacanciers pour l’été. L’un d’eux organise une soirée dans sa luxueuse villa. Les couples arrivent avec leurs enfants et même avec un chien. La soirée se déroule dans la bonne humeur, les adultes font connaissance, les enfants jouent ensemble et s’occupent du chien. Jusqu’à un moment de bascule. Un homme venu avec sa femme et sa petite fille Louise se lève et rejoint une autre femme venue elle avec son mari et Jean son fils de cinq ans. Ils se rejoignent, se regardent et s’en vont. Peut-être pour toujours. C’est Jean et quelques autres convives ou proches de sa mère qui nous racontent cette soirée. Jean sera marqué à jamais par cet abandon sans explication et cette absence lui pèsera chaque jour. Son père recevra bien quelques lettres, mais sa mère disparaîtra à jamais. Un court roman, tendre et émouvant, qui nous décrit par petites touches successives, ces moments où nos vies basculent et la douleur de l’absence qui ne se referme jamais.

Premier roman

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Fiche #2395
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Hélène Veyssier lus par Vaux Livres


Ingrid SEYMAN

La petite conformiste
Philippe Rey

316 | 190 pages | 10-08-2019 | 17€

La petite conformiste, Esther, est née dans une famille anticonformiste dans toute sa splendeur ! Des soixante-huitards excentriques toujours dans leurs rêves. Sa mère secrétaire anticapitaliste et athée et son père juif pied-noir aux propos parfois étranges, déjantés et constamment apeuré par l’éventualité d’un nouvel holocauste vivent nus. L’éducation est dans le laisser aller, sans contrainte, interdit d’interdire, mais Esther aimerait bien qu’on la regarde, qu’on l’admire. Une famille de gauche évidemment mais qui n’hésite pas à inscrire Esther dans une école catholique des beaux quartiers marseillais qui en réaction choisira de se faire baptiser. Elle trouve une amie aussi en rupture avec ses parents qui la comprend mais à treize ans, elle découvrira le secret de son père et sa vision changera, mais peut-être un peu trop tard. Un récit ambivalent, fou et déjanté parfois, souvent drôle mais aussi grave et questionnant sur la normalité, la maladie et la peur perpétuelle des Juifs.

Premier roman

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Fiche #2391
Thème(s) : Littérature française


Mirko SABATINO

L'été meurt jeune
Denoël

315 | 280 pages | 06-08-2019 | 19.9€

en stock

« L’été meurt jeune » est la chronique d’un village des Pouilles au début des années 60. Au centre du récit, trois gamins de douze ans, Primo (le narrateur), Mimmo et Damiano, trois petits gars différents mais amis absolus et inséparables. La ville est calme, peu d’activités, tout le monde se connaît et tout le monde s’épie. Ils partagent leur vie de tous les instants, à l’école, en dehors, dans leur famille. Un jour, un groupe de gamins les agresse plus violemment qu’à l’habitude et ils décident de réagir, fondent un pacte à trois et décident que dès que l’un d’eux sera dans la difficulté, le clan réagira dans son unité, toujours à trois, et l’aidera. Ils ne font plus qu’un mais sans le savoir, c’est le début de la fin de leur enfance et de leur adolescence. Le clan devra œuvrer trois fois, une fois pour chacun d’eux, et à chaque fois, la violence deviendra plus prégnante et indispensable à leurs yeux. Ils sauront rester unis malgré les hésitations de l’un ou l’autre et découvriront à leur dépens que « ... certaines blessures ne cicatrisent pas, restent ouvertes à vie. ». Une bouleversante histoire d’amitié entre trois gamins que les histoires et les dérives d’adultes viendront anéantir dans un désespoir partagé, un vrai Pagnol qui finit en roman noir absolu !

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "L'été meurt jeune"

Fiche #2388
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Lise Caillat


Sébastien VERNE

Des vies débutantes
Asphalte

314 | 190 pages | 04-08-2019 | 16€

Adrien ne quitte jamais son appareil photo et reste toujours en veille pour trouver le cliché, le bon plan, le bon éclairage. Même lorsqu’il devient chauffeur de taxi à La Crosse dans le Wisconsin au début des années 90, aussi bien dans son taxi que pendant ses heures creuses, il photographie et veut fixer ce qu’il voit et particulièrement les femmes et les hommes qu’ils croisent, leur humanité, leurs forces et leurs faiblesses. Et ce job lui offre une multitude de rencontres, souvent singulières, en tous cas de vrais personnages emblématiques pour beaucoup d’une certaine Amérique. Puis Adrien quitte ses Gros-Bills pour rejoindre Rockport dans Le Maine. Un de ses clichés a été repéré et il est embauché par un centre photographique réputé. Il se retrouve dans un tout autre environnement, des pros de la photo, du matériel à foison, des clichés exceptionnels, des stagiaires qui défilent. Et surtout Gloria la responsable de la galerie et Travis un photographe reporter de guerre qui rêve de retourner en Somalie. Chacun prend ses marques et le trio se forme mais il faut bien trouver quelques occupations annexes : « Ils sont trois imposteurs de circonstance, de la mauvaise graine joyeuse. » Leurs petits trafics vont prendre de l’ampleur et ils vont vite se faire rattraper... Vingt ans plus tard, Adrien est revenu en France et semble avoir accepter les pantoufles d’une vie bien rangée quand cette période va se rappeler à ses (bons ?) souvenirs... Des vies débutantes dresse le portrait d’un jeune homme qui cherche son chemin orienté par sa passion, la photographie. Il accepte de suivre les méandres imposés par ses rencontres heureuses ou pas et de parfois laisser filer la vie comme bon lui semble. Un roman d’apprentissage attachant et émouvant d'un jeune homme tendre et amoureux au rythme crescendo qui finit en apothéose.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Des vies débutantes"

Fiche #2383
Thème(s) : Littérature française


Anne Cathrine BOMANN

Agathe
La Peuplade

313 | 165 pages | 01-08-2019 | 18€

Psychanalyste en fin de carrière, il a soixante-douze ans passés, et tout ce temps à écouter et analyser semble quelque peu l’avoir vidé. Il décompte les consultations (« Encore 688 consultations. A cet instant, j’avais le sentiment que c’étaient 688 de trop. ») qu’il lui reste et semble parfois absent, pressé d’en finir. Mais l’arrivée d’une ultime et jeune patiente, Agathe, vient bouleverser ses derniers instants de psychanalyste. Il note immédiatement son odeur de pomme qui lui rappelle son enfance, sa fragilité et l’impression de vide qui l’accompagne. Il l’écoute et elle l’intrigue. Lui qui a toujours su garder une distance et un détachement lui prête une attention et une curiosité inattendues. Il accepte de nouer un dialogue inhabituelle. Il n’est plus seul à poser des questions, elle l’interroge aussi, il s’interroge, il réfléchit sur elle mais aussi sur lui, ils partagent un miroir et sa pratique professionnelle s’en voit brouillée, la frontière habituelle avec sa patiente s’estompe. Un tendre et doux face-à-face de deux êtres vidées par la vie qui sauront rallumer avec douceur, questionnement et écoute l’étincelle de la vie.

Premier roman

« Comment découvre-t-on de quoi on a peur ? »

« … comment pouvez-vous passer votre vie à soulager la souffrance des autres sans avoir un regard pour la vôtre ? »

« Je crois que la vie est à la fois trop courte et bien trop longue. Trop courte pour qu’on ait le temps d’apprendre comment on doit vivre. Trop longue parce que le déclin devient de plus en plus visible chaque jour qui passe. »

Ecouter la lecture de la première page de "Agathe"

Fiche #2379
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Inès Jorgensen

Les titres de Anne Cathrine Bomann lus par Vaux Livres


Olivier DORCHAMPS

Ceux que je suis
Finitude

312 | 253 pages | 24-07-2019 | 18.5€

Une grande année se prépare pour Marwan : à la rentrée, pour la première fois, il enseignera l’histoire-géographie à une classe de Terminale. Mais son père meurt. Et à sa grande surprise comme celle de ses deux frères, il apprend que celui-ci a décidé de se faire enterrer au Maroc. Cette décision interpelle Marwan et le fait à nouveau réfléchir sur son identité et ses origines : « Je suis né en France. Je n’ai jamais vécu au Maroc. Je ne me sens pas Marocain. Et pourtant, où que je sois, en France ou au Maroc, je n’ai pas le choix de ma propre identité. Je ne suis jamais ce que je suis, je suis ce que les autres décident que je sois. » Son père semblait totalement intégré et avait trouvé sa place à Clichy. Alors pourquoi repartir maintenant : « On vit ici, on meurt chez nous. » Il commence d’interroger sa mère et apprend que son père l’a désigné pour accompagner sa dépouille par avion pendant que le reste de la famille fera le voyage en voiture. Accompagné de Kabic ami de la famille et grand-père de substitution, il retrouvera Mi Lalla sa grand-mère et ce retour fera naître de nouvelles questions et jaillir de petits et grands secrets. Olivier Dorchamps a trouvé le ton juste pour cette émouvante chronique familiale qui évoque avec sensibilité, clairvoyance et réalisme l’identité, les racines et l’héritage familial, ses secrets et silences, le deuil, l’exil mais aussi l’impact d’une double culture sur chaque destin.

Premier roman

« Finalement grandir c’est ça : c’est perdre des morceaux de soi. »

« Combien de Voltaire finissent mécaniciens parce qu’ils sont nés plus près d’un garage que d’une école ? »

« … j’ai pris conscience que le temps qui passe, c’est le temps qu’il reste. »

« … l’exil a relégué le bonheur aux souvenirs d’avant. »

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Fiche #2371
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Olivier Dorchamps lus par Vaux Livres


Guillaume LAVENANT

Protocole gouvernante
Rivages

311 | 190 pages | 21-07-2019 | 22€

Un couple et ses deux enfants accueillent une jeune femme, elle vient prendre le poste de gouvernante et s’occupera principalement d’Elena, la petite dernière. Elle semble polie, discrète, attentive. Immédiatement, elle trouve sa place dans la famille, proche des parents et d’Elena, seul le garçon restant distant, mais rapidement le lecteur ressent une tension et des motivations autres. En effet, elle participe à un protocole établi par un mystérieux Lewis, une oeuvre collective au sein d’un collectif anonyme. Chaque pion connaît sa place et son rôle dans cette œuvre folle, magistrale qui risque d’ébranler les certitudes de beaucoup dans un dérèglement absolu mais aussi de révéler à chacun ce qui est ou était vraiment important. Une œuvre de cette ampleur se met en place dans le silence, dans le secret par des anonymes insaisissables, puzzle géant où chaque pièce se dessine avant de prendre place et en ne laissant aucune trace. Au top départ, chacun sait ce qu’il doit effectuer et plus personne ne pourra stopper cette immense armée blanche. Un premier roman intriguant, tendu du début à la fin et parfois dérangeant par le vouvoiement employé qui place le lecteur du côté de l’organisation, comme si, lui aussi, pouvait se laisser aller à guider, ordonner la gouvernante et ses acolytes.

Premier roman

« La vie, disait Lewis, si vous en contrôlez les paramètres accessoires, c’est comme un coup de billard à cinq bandes. Si l’impact de départ est précis, vous pouvez prévoir au millimètre où arrivera la boule. »

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Fiche #2368
Thème(s) : Littérature française


Jean BERTHIER

1144 livres
Robert Laffont

310 | 167 pages | 02-06-2019 | 12€

Jean est bibliothécaire, amoureux des livres, il leur est totalement consacré. Il a une fille et des parents adoptifs qu’il aime. Jusqu’au jour où il reçoit une lettre d’un notaire lui annonçant que sa mère biologique lui lègue 1144 livres. Il pense d’abord refuser, puis se rend sur place et « Une fin d’après-midi, trente-huit cartons contenant mille cent quarante-trois livres entrèrent dans ma maison. ». Que de livres ! Par lequel commencer ? Trier ? Allait-il rencontrer sa mère avec ces livres ? Les titres sont nombreux, variés, donc difficile d’entrevoir la femme qu’elle était, la lectrice éventuellement. Alors naturellement, même si Jean affirme et argumente que ses parents sont ses parents adoptifs, il y a un « mais »… et ses livres vont ouvrir une réflexion et un questionnement sur ses origines, origine et racine deux mots imposés et radotés à l’envi par le monde médiatique. Au travers de ce questionnement du lien à ses origines, l’auteur rend un réel vibrant et émouvant hommage à la lecture, à l’acte exclusif de lire, à la littérature et à la joie de lire.

Premier roman

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Fiche #2349
Thème(s) : Littérature française


Ben HOBSON

Le rêve de la baleine
Rivages

309 | 382 pages | 27-05-2019 | 23€

Sa mère vient de mourir. Sam a treize ans et se retrouve seul avec sa peine et son père. Un père rude qui dépèce les baleines et décide pour Sam qu’il est peut-être temps de devenir un homme et qu’il a été trop protégé jusque là. Alors il l’emmène sur les chantiers de Moreton Island. Mais Sam ressent immédiatement leur différence notamment devant l’horreur de son travail. C’est son père, il partage son deuil, ils ont une histoire en commun, mais il espèrera progressivement dévier du chemin paternel et même peut-être entraîner dans ses pas ce père taciturne et dur. Même quand il lui offre un chiot, il tente de lui imposer une éducation violente. Pourtant le père et le fils vont progressivement se rapprocher, s’apprivoiser, s’accepter. Conte initiatique, « Le rêve de la baleine » dépeint un face à face âpre qui passera par des étapes violentes pour espérer un apaisement commun.

Premier roman

« Son père était comme ça. Ne rien montrer, faire avec, ne pas se plaindre. Mais il savait que lui n’était pas comme ça et il commençait à craindre que son père ne cherchât à lui enlever sa douceur, cette part en lui qu’il avait héritée de sa mère. »

« Il prit alors conscience qu’il ne serait jamais à la hauteur des attentes de son père, ce qui fut un soulagement. Il n’aimait pas la personne qui était son père, sa sévérité, son indifférence, et pourtant il désirait son approbation. »

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Fiche #2344
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Alexandre Lassalle


Olivier CHANTRAINE

Un élément perturbateur
Gallimard

308 | 317 pages | 15-05-2019 | 8.9€

Serge, le narrateur, est un être singulier, il ne semble jamais vraiment à sa place et souffre parfois d’aphasie, souvent à des moments cruciaux, au milieu des autres, il perd la parole. Son frère aîné incarne la réussite, envié de tous (enfin de presque tous...), il est ministre des finances, bien habillé, bien propre sur lui, beau parleur. Il peut donc faire embaucher Serge dans une entreprise où, évidemment, Serge est un peu en marge, décalé. Seule la jeune et belle Laura lui témoigne un peu d’intérêt. Après avoir fait échouer (par sa sincérité et son honnêteté, candide chez les requins) la vente d’une entreprise aux Japonais, il est envoyé avec Laura dans cette petite entreprise. Mais la punition se transformera en un boomerang inattendu et violent ! Un premier roman vif, incisif, plein d’humour, moqueur, pamphlet de la réussite à tout prix, portrait de la connivence entre milieu politique et économique, des petites ou grosses magouilles, débordant de situations cocasses, un premier roman véritable bol d’air !

Premier roman

« Les relations de famille nous abîment. Tous. Toute notre vie. C’est triste à dire mais c’est vrai. La famille plane comme un nuage noir au-dessus de nos têtes dont la menace permanente nous empêche d’être véritablement nous-mêmes. »

« Les temps n’ont pas vraiment changé depuis l’époque féodale… le plus gros changement c’est les costumes à la place des cottes de mailles. »

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Fiche #2339
Thème(s) : Littérature française


Katharine DION

Après Maida
Gallmeister

307 | 265 pages | 04-05-2019 | 22€

Maida et Gene ont partagé cinquante ans de leur existence. Une vie commune heureuse jusqu’à la mort de Maida qui plonge Gene dans un désarroi profond. Alors évidemment, Gene se remémore son passé. Ils ont eu une fille, Dary, et été très proches d’un autre couple, Gayle et Ed, et leur deux enfants. Ses relations avec Dary le perturbent et le choc de la disparition de Maida redonne naissance au passé : leur rencontre, leur vie à deux, la naissance de Dary, l’amitié avec Gayle et Ed mais aussi leurs illusions, leur amour, leur folie parfois ; nombreuses questions sur leur rapport intime mais aussi sur leur rapport aux autres. Ont-ils été heureux ? Se connaissaient-ils vraiment ? Qu’ont-ils réellement partagé ? Qu’ont-ils réussi ensemble ? Entre tendresse et mélancolie, portrait émouvant par son questionnement d’un homme vulnérable et dévasté par son deuil qui se dévoile et qui émouvra chaque lecteur.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Après Maida"

Fiche #2321
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Juliane Nivelt


Isabelle AUPY

L'homme qui n'aimait plus les chats
Les éditions du Panseur

306 | 122 pages | 23-04-2019 | 12.5€

Ils habitent une île. Le narrateur, vieil homme, nous informe que sur le continent, ils étaient différents. Ici, ils sont venus chercher autre chose, construire un autre monde, vivre sur une île est nécessairement singulier (« On voulait trouver une manière d’être comme soi, tout simplement. »). Les chats, libres et indépendants comme toujours, partageaient cette île avec les humains jusqu’au jour où sans aucune explication, chats errants, chats domestiques, les félins disparaissent discrètement. Comment ? Pourquoi ? Cette disparition marque une rupture. Les îliens aimeraient trouver une explication et en informent le continent. L’Administration comme à son habitude trouve la solution, les comprend et prend en compte la nécessité de la présence des chats sur l’île. Pour les remplacer, des chiens sont débarqués du continent et l’Administration qui parle « le convaincu » (une langue que nous subissons aussi depuis si longtemps…) précise aux habitants que ce sont des chats. On leur fournit même la laisse pour promener ces nouveaux chats et on leur vante leur caractère, « Ce sont des chats puisque tout le monde le dit. » Que faire ? Certains acceptent cette proposition, d’autres font mine de l’ignorer et certains la refusent : début d’une désunion sur l’île. Un chat, un chien, tout cela n’est-il pas qu’une habitude ? Une question de langage ? Pourquoi ne pas évoluer, passer outre ? Ca n’est pas si grave, pourquoi se révolter ? Quelle évolution entraînera la venue de ces nouveaux chats ? Le récit dresse les portraits notamment de ceux refusant cette injonction et abordent avec originalité le contrôle des individus, comment imposer sa volonté, sa vision par le langage, comment générer la désunion et le passage du « on » au « je ». Les deux citations en épigraphe de Bradbury et Orwell illustrent parfaitement les thématiques de ce premier roman abouti et maîtrisé qui questionnera efficacement chaque lecteur.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "L'homme qui n'aimait plus les chats"

Fiche #2319
Thème(s) : Littérature française


Emmanuel SÉROT

On va revoir les étoiles
Philippe Rey

305 | 190 pages | 04-03-2019 | 17€

Le narrateur n’a rien vu venir, le vieillissement de ses parents lui était étranger et pourtant, l’esprit de ses parents commence à s’envoler trop souvent vers d’autres cieux, et ils ne peuvent rester seuls chez eux, dans la maison familiale qui déborde de souvenirs partagés. Il doit donc les accompagner s’installer dans leur nouvel environnement, un Ehpad. Il relate cet évènement, ce bouleversement et partage ses réflexions, ce que cela déclenche chez lui : questions, souvenirs, réflexions, culpabilité, tristesse… dans une délicatesse et une tendresse remarquables. Le personnel de l’Ehpad est accueillant et attentionné mais ce n’est définitivement pas chez eux et ils semblent le savoir, le sentir. Le fils observe leur nouvelle vie, leur fragilité, se remémore les moments de joie, une nostalgie mesurée devant la lente et inéluctable dégradation. Un texte sensible, pas nécessairement triste, mais qui nous remue car si proche de chacun de nous et si redouté : "Et je me rendais compte qu'on ne s'y fait pas : voir ses parents en maison de retraite. On fait avec, c'est tout.".

Premier roman

« Non, les vieux ne retombent pas en enfance, je crois qu’ils remontent en enfance. »

Ecouter la lecture de la première page de "On va revoir les étoiles"

Fiche #2307
Thème(s) : Littérature française


Stéphanie CHAILLOU

L'homme incertain
Alma

304 | 166 pages | 03-03-2019 | 16€

C’est l’homme qui parle, se confie enfin. Ses enfants le questionnent, réveillent ses souvenirs et le sortent du silence. Tout jeune, son projet était établi, une ferme, une famille, du travail et de l’amour, construire, créer, exploiter. C’était simple, ça serait comme ça. Il a tout fait pour. Toujours. Le bonheur est passé par là, les enfants dansent en chantant des comptines. Instant fugace. La vie, l’extérieur, les ont rattrapés, empêchés, le réel s’est imposé. Années 70, la PAC se met en place avec quelques dégâts collatéraux comme certains ont l’habitude de le dire. Il n’a pas compris (« Je ne sais pas si c’est toujours après que l’on sait, que l’on peut savoir. »), il faisait partie de ceux qui allaient rester au bord du chemin, faillite, plus de choix, tout arrêter, « Il me semble que j’étais mort. Et que c’est pour ça que j’ai pu continuer. », se retrouver hors du monde, tenter de tout recommencer mais rester droit. Laisser le temps passer pour pouvoir se retourner, en parler. Le style prend une grande place dans ce portrait émouvant d’un homme seul, contraint et étouffé par le monde extérieur, il est percutant, travaillé, rythmé, accompagne parfois le sens, ou se place en opposition. L’intime rejoint brillamment l’universel dans ce premier roman bouleversant et inoubliable.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "L'homme incertain"

Fiche #2305
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Stéphanie Chaillou lus par Vaux Livres


Constance JOLY

Le matin est un tigre
Flammarion

303 | 155 pages | 13-02-2019 | 16€

Alma est une mère en souffrance. Elle voit en effet Billie, sa fille, dépérir, s’affaiblir progressivement. Devant l’échec des traitements, les médecins envisagent une opération. Pour Alma, ce n’est pas la solution, le mal est ailleurs, un chardon pousserait à l’intérieur de sa fille. La mère et la fille sont très liées, voire reliées par un fil invisible, s’épaulent mutuellement, et si elles partageaient ce mal ? Si les graines du chardon avaient été plantées par Alma ? Alma va chercher dans les livres anciens pour élucider ce mal, elle observe tous les signes avec application et cherche explications et solutions. Dans ce double combat pour faire fleurir le chardon, pour alléger les valises de leur vie, la mère et la fille partagent leurs obsessions, des instants de douleur, de tendresse et de doute. Un premier roman émouvant et prenant dans une langue poétique (éclairée par quelques références littéraires) sur la transmission, sur le lien étroit entre une mère et sa fille et l’équilibre de leur relation.

Premier roman

« Le matin est un tigre qui rampe doucement en attendant de vous sauter à la gorge. »

« On n’entre pas facilement dans le malheur des autres, il est comme un bois trop sombre, une terre dévastée et lointaine pleine des grincements de la nuit. »

« Admirer la vie et s’en sentir dépossédée ? Est-ce cela la mélancolie ? »

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Fiche #2291
Thème(s) : Littérature française


Isabelle DANGY

L'atelier du désordre
Le Passage

302 | 334 pages | 10-02-2019 | 19€

en stock

Vers la fin du XIX ème, René Dolomieu est un peintre bénéficiant d’une petite renommée, quelques portraits sensibles l’ont fait remarqué. Il côtoie les grands maîtres et se partage entre Paris et la région de Fontainebleau que l’on visite agréablement à ses côtés. L’homme est sensible, quelque peu mélancolique, et totalement épris de la peinture, bien loin de lui toute recherche de célébrité et autre ambition mal venue : il peint des toiles qui resteront longtemps cachées sur des sujets brûlants mais aussi sur sa passion voire son obsession des tas, agglomérats de toute sorte, désordre constant miroir de la société. En outre, René Dolomieu demeure bien ancré dans son époque, il n’oubliera pas la pauvreté absolue de son enfance et restera toujours en contact avec tous les milieux ne se réservant pas au milieu particulier de la peinture. René semble toujours en retrait, mais il plait aux femmes qui le lui font savoir et parfois même s’imposent à lui. René reste détaché, semble subir son destin mais lorsqu’il se marie enfin, il découvre un autre monde, le monde de la porcelaine qui l’emmènera jusqu’au Japon et lui ouvrira d’autres techniques et visions artistiques. Dans ce premier roman très maîtrisé, Isabelle Dangy réussit parfaitement à donner corps et âme à un peintre doux, désintéressé, attentif aux autres, amoureux de son art, elle nous parle aussi de destin, de création, de couleurs et de lumières et nous fait traverser à ses côtés une vie à la fin du XIX ème et parcourir notre région avec un intérêt évident. Une belle découverte pour ce roman singulier.

Premier roman

« … le peintre solitaire et novateur avait pressenti la dynamique de déconstruction, voire de désintégration qui serait celle du siècle suivant et l’avait anticipée en fabriquant un monde de résidus interchangeables et de débris savamment organisés. »

Ecouter la lecture de la première page de "L'atelier du désordre"

Fiche #2287
Thème(s) : Littérature française


Hyam ZAYTOUN

Vigile
Le Tripode

301 | 125 pages | 21-01-2019 | 13€

Un couple se couche. Elle est réveillée dans la nuit par un bruit bizarre. Une blague d’Antoine son époux ? Impossible, il est en arrêt cardiaque. Elle pratique un premier massage cardiaque avant l’arrivée des pompiers, puis sa vie bascule. Paniquer est impossible, expliquer immédiatement au cœur de la nuit à Margot et Victor, leurs enfants de six et trois ans puis le coma d'Antoine ( « sommeil qui ressemble à la mort ») devient central : va-t-il se réveiller, sera-t-il le même, qu’aura-t-il perdu, pourrait-il gagner quelque chose, le questionnement est infini, les sentiments multiples, abandon, culpabilité, espoir, tristesse, désespoir, peur, les émotions restent cachées, tues, impossible de les partager vraiment, elle est devenue spectatrice, l’espace temps a changé, sa scène est devenue le monde hospitalier, elle veillait cette nuit particulière, et sa veille continue. Un texte court et intense qui se lit d’une traite, une émotion permanente et un style très maitrisé qui s’adapte à chaque sentiment, à chaque pensée. Une immense preuve d'amour.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Vigile"

Fiche #2272
Thème(s) : Littérature française


Hector MATHIS

K.O.
Buchet-Chastel

300 | 202 pages | 04-12-2018 | 15€

Sitam partage la cabane brinquebalante d’Archibald, un amoureux fou du jazz qui vit en marge, reclus, chassé du monde qui parlera de lui avec retenue mais surtout écoutera Sitam lui confier son histoire et dévoiler sa trajectoire au cœur de la précarité et de la guerre. Sitam est maintenant posé mais fuit depuis quelque temps. Il s’est évadé de Paris après un attentat pour parcourir l’Europe en plein chaos. Un passage en Hollande où il constitue avec amitié une petite bande que sa maladie éclipse. Elle l’incite en effet à reprendre la route, et il ferme la boucle en revenant en banlieue. Portrait d’un jeune homme qui abhorre son époque et sa société, qui choisit l’errance dans un monde en perdition et qui trouve son seul refuge dans la musique et les mots. Le texte est vif, nerveux, un flux constant le traverse, une poésie et une musicalité permanentes, le tout prend à « l’estomac » en abordant de front la vie, la maladie, la mort, l’amitié, la solidarité, la tendresse et le désespoir. Vous n’échapperez pas au KO !

« Pour continuer à traquer la beauté, faut beaucoup de silence… »

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "K.O."

Fiche #2250
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Hector Mathis lus par Vaux Livres


David DIOP

Frère d'âme
Le Seuil

299 | 175 pages | 03-11-2018 | 17€

Alfa Ndiaye et Mademba Diop sont originaires du même village africain, « plus que frères », ils vont éprouver leur vingt ans et leur amitié au plus profond des champs de batailles de la première guerre mondiale. Tirailleurs, ils vont obéir aux mêmes ordres, jaillir des tranchées coupe-coupe et fusil à la main, croiser la mort et le regard bleu des ennemis à tuer (sifflement, attaque, destruction, mort, enchaînement inéluctable et répétitif). Mais, rapidement, Mademba s’écroulera, blessé à mort et implorant Alfa de l’achever. Alfa ne pourra s’y résoudre. Devenu seul, la folie l’accompagnera pendant les assauts, mais n’est-ce pas ce que la France lui demande (« La France du capitaine a besoin que nous fassions les sauvages quand ça l’arrange. »), et après : elle ne semble plus vouloir le quitter. Il effraie ses ennemis, ses frères de combat mais sa violence insoupçonnable , il l'a choisie, il l'entretient délibérément et il l'assume. Il devient le sorcier fou honni par tous et est évacué. En retrait, il pourra réfléchir et revenir sur son passé, son enfance, la naissance de son amitié avec Mademba, son premier amour, son sentiment définitif de culpabilité de n’avoir pas su le protéger puis abréger ses souffrances et enfin sa volonté de résister aux ordres et à l’horreur. Une écriture parfois simple et poétique mais toujours singulière, parfois précieuse et chantante, accompagnée de répétitions pour mieux ressentir l’horreur et la folie ultimes, une plongée dans l’atrocité absolue d’une guerre, un réquisitoire contre ceux qui la décident et mènent une génération à l’abattoir. Indispensable notamment pour cette année du centenaire et pour ne pas oublier les hommes venus de terres lointaines que l'on a choisi de sacrifier délibérément !

Premier roman

« … j’avais été inhumain par obéissance aux voix du devoir. Mais j’étais devenu libre de ne plus les écouter, de ne plus obéir à ces voix qui commandent de ne pas être humain quand il le faudrait. »

« La folie temporaire permet d’oublier les balles. La folie temporaire est la sœur du courage à la guerre. »

Ecouter la lecture de la première page de "Frère d'âme"

Fiche #2235
Thème(s) : Littérature française


Fabrice CHILLET

Un feu éteint
Finitude

298 | 100 pages | 10-08-2018 | 13.5€

Ils étaient quatre, inséparables, quatre étudiants rouennais de la fac de lettres qui partageaient toutes leurs expériences. Vingt ans plus tard, Philippe, journaliste quelque peu désabusé à Paris, décide de repartir à leur rencontre. Il est finalement assez inquiet des rencontres qu’il va imposer. L’un d’eux n’a jamais répondu à ses appels. Il décide donc de louer un studio pour une semaine à Rouen (« Les trajets sont rarement très longs à Rouen. Les habitants tournent dans cette ville comme dans un manège. ») et de découvrir ce qu’ils sont devenus. Ont-ils été fidèles à leurs rêves ? Qu’auraient pensé les étudiants qu’ils étaient de leur vie d’aujourd’hui ? Que sont devenus leurs amours passés ? Ont-ils oublié leur jeunesse et le lien qui les unissait ? Remuer le passé après une rupture brutale n’est jamais simple et surtout les conséquences restent toujours incertaines...

Premier roman

« On tombe souvent amoureux pour les raisons les plus insignifiantes. »

Ecouter la lecture de la première page de "Un feu éteint"

Fiche #2198
Thème(s) : Littérature française


Daniel BESACE

Cachalot
Riveneuve

297 | 130 pages | 09-08-2018 | 15€

Lorsqu’une baleine blanche agressive, aveugle et mortifère déchire la promenade de Nice laissant après elle désolation et pleurs, le narrateur est submergé de tristesse et d’interrogations : « Quelque part en ce monde, quelque chose doit être combattu pour que des êtres cessent de désirer le néant, cessent de désirer engloutir d’autres hommes. ». Paris, Sarcelles, c’est terminé pour lui, il part affronter la bête. Il descend vers la Méditerranée, achète et retape un bateau et direction les Açores à la recherche d’« un animal puissant, fantasmagorique, littéraire, presque éternel, incarne l’envoûtement qui pousse les humains à s’entre-dévorer... ». Le conte philosophique est lancé, entre réflexion profonde intime ou existentielle et aventures extraordinaires, le marin affronte la vie, la mort, le danger, s’affronte lui-même, l’autre et même Dieu, se remet en cause, nous met en cause pour espérer obtenir une forme d'apaisement général. Un conte brillant qui interroge sur notre condition d’Homme, notre place dans l’univers, notre avenir et notre capacité à enfin coexister avec l’Autre.

Premier roman

« ... l’écriture n’est pas la lecture, qu’écrire est une tentative pour planter une forêt dans quelques centimètres carrés, tandis que la lecture est l’exploration d’une forêt. L’écriture est d’abord un doute. Un livre dans les mains apaise souvent l’immensité. Les livres sont à la dimension de notre esprit, pas à la dimension de l’univers... Les livres sont des témoins de notre ignorance, et leur beauté tient de leur imperfection. »

« Ce n’est pas l’absence de religion qui provoque la guerre, mais l’absence de poésie. »

« Car être humain, c’est être frappé de cette effrayante malédiction, le besoin méthodique de détruire la Nature et sa propre nature. Seule une conscience animale semble capable d’apaiser l’humain. »

« La violence, n’est donc qu’un mécanisme sordide. »

Ecouter la lecture de la première page de "Cachalot"

Fiche #2196
Thème(s) : Littérature française


Laurent SEYER

Les poteaux étaient carrés
Finitude

296 | 137 pages | 07-08-2018 | 15€

Le 12 mai 1976 sera un grand jour pour Nicolas Laroche, le premier, le dernier. A treize ans et demi, il s’apprête à vivre sa première finale de coupe d’Europe, de football naturellement, Saint-Etienne affrontant le tenant du titre, le Bayern de Munich dans l’Hampden Park de Glasgow. Adolescent passionné de foot, il nous raconte en parallèle l’avant-match, sa vie, ses copains, le collège (« D'ailleurs, je déteste être adolescent. Je n'aime pas ce temps où tout nous semble définitif alors que tout est transitoire.). Sa préparation du match est perturbée, quelques mois avant le jour J, sa mère quitte la maison, ses parents divorcent. Mais avant la rencontre, son père a déjà trouvé une remplaçante accompagnée d’une chose s’annonçant être son fils : « Maman est partie et papa l’a remplacée par Virginie, un peu plus tard. Moi je l’ai remplacée le jour même par une équipe de football. » Même si l’ASSE prend une grande place dans ses pensées, un questionnement récurrent revient concernant ses parents, leur rupture, le départ de sa mère, l’amour de son père. Il vacille et seuls les Verts le maintiennent en état de continuer à jouer ! Alors lorsqu’il s’installe avec son père, sa nouvelle femme et son fils (quelle tristesse de regarder avec ces ignares, et oui, regarder un match de football, c’est aussi une histoire de partage et d’amitiés), il est tendu, très tendu. La victoire doit être au bout, sinon comment supporter de vivre toute son existence en vaincu, à se poser sempiternellement les mêmes questions sans réponse, pourquoi cette défaite ? pourquoi ces maudits poteaux étaient-ils carrés ? ... Joli et émouvant portrait d’un adolescent sensible et toujours dans l'absolu, bouleversé sans avoir pu en parler par la séparation de ses parents et adulant (hélas peut-être) une équipe de football devenue mythe.

Premier roman

« C’est cela que j’aime le plus dans le football : se diluer dans une foule qui vibre à l’unisson et se laisser emporter par ses mouvements démesurés. Ouvrir la bouche pour crier et sentir les gradins vibrer sous la clameur démultipliée. Se dresser en levant les bras au ciel et voir la vague soulever une écume de milliers de mains tendues. Je suis entré en football comme on entre en religion, le jour où pour la première fois j’ai été secoué par cette jouissance éphémère de se sentir tout-puissant en disparaissant dans la houle d’une foule. C’est cette émotion que depuis j’aime ressentir au stade, ce moment océanique où l’on ne se laisse pas simplement emporter par la vague, mais où l’on devient la vague. »

« Finalement, c’est toujours la même histoire lorsqu’il s’agit de la foi, ce n’est qu’à la fin que l’on sait si on a eu raison d’y croire ou pas. »

Ecouter la lecture de la première page de "Les poteaux étaient carrés"

Fiche #2191
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Laurent Seyer lus par Vaux Livres


David HENNEBELLE

Mourir n'est pas de mise
Autrement

295 | 120 pages | 06-08-2018 | 15€

Mourir n’est pas de mise s’intéresse aux dernières années de Jacques Brel. Des années où le grand Jacques a choisi de tourner le dos à la scène, au succès et préféré sa liberté, une liberté retrouvée loin des salles de concert européennes même si « sa vie, il se l’était faite belle à ravir, il l’avait dévorée sans jamais devenir un adulte résigné ou prudent qui consent à enterrer ses rêves. ». Profiter des quelques années (même s’il ignore combien) qu’il lui reste à vivre. Il naviguera, pilotera un avion, s’installera là où il le souhaitera, construira la maison à l’endroit choisi et selon ses plans. Fidèle en amitié, il n’oubliera pas ses amis, il les choisira et les accueillera dans ses élégants habits en dépliant le tapis rouge avec une table garnie avec goût. Il ira aussi à la rencontre des habitants des Iles Marquises qui ne le connaissaient pas, les aidera, saura les écouter et découvrira une autre philosophie de vie. Mais évidemment, ces années libres, sereines seront aussi les années de la maladie, une maladie qui fatigue, use et fait terriblement souffrir, son ultime combat. Un court texte qui rend avec douceur un hommage élégant et appuyé à un mythe à un instant particulier de son existence.

Premier roman

« ... on se disputa gentiment sur le terme de talent. Brel le réfutait absolument. Pour lui, il n’y avait que l’envie, une envie effrayante. »

« Les larmes roulaient en lui-même et il se demandait : la vie, est-ce grave ? Est-ce sérieux ? »

Ecouter la lecture de la première page de "Mourir n'est pas de mise"

Fiche #2190
Thème(s) : Littérature française

Les titres de David Hennebelle lus par Vaux Livres


Marie ROUZIN

Circulus
Serge Safran

294 | 225 pages | 05-08-2018 | 17.9€

en stock

Une jeune femme solitaire et silencieuse rencontre Andronica, qui va bientôt accoucher de jumeaux. Andronica vit en marge, à la périphérie de notre société. Elle accepte que la jeune femme la suive et lui apprend que le père a disparu le matin de la nuit où il l’a violée alors qu’ils faisaient route ensemble. L’accouchement se déroule dans une roulotte et deux garçons pointent leur petit nez vers un monde guère accueillant. Andronica remplie de haine et de colère est bien décidée à retrouver le père pour qu’il reconnaisse ses deux garçons et entérine les prénoms. Après, chacun sa route, qu’il disparaisse ! Les deux femmes et les deux bébés partent à pied dès le lendemain de l’accouchement et les rencontres vont s’enchaîner. Elles vont rapidement être rejointes par deux autres femmes, « nous te suivons, Andronica, trois femmes sont à tes côtés, une pour chanter, une pour parler, une pour le silence. » puis aller aux devants d’une société périphérique, qui tente de survivre, souvent dans la colère et la peur, sans grand espoir mais avec courage. Néanmoins, ce voyage initiatique sera peut-être l’occasion pour que toute cette colère qui gronde s’agrège et leur permette à toutes et tous de trouver leur place et d’être enfin reconnus et acceptés par une société souvent ambivalente à leur sujet. Des voix singulières, une palette de personnages émouvants et denses au cœur d’une expédition inoubliable qui n’aurait pu être que punitive et qui finira bien au-delà...

Premier roman

"Mais tant que je ne suis pas en paix, je suis en guerre, non ?"

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Fiche #2186
Thème(s) : Littérature française


Pauline DELABROY-ALLARD

Ca raconte Sarah
Minuit

293 | 190 pages | 04-08-2018 | 15€

La narratrice est dans un temps de « latence », elle s’est séparée du père de sa fille, et vit actuellement avec un jeune bulgare. Et puis, lors d’une soirée entre amis, Sarah arrive en retard et immédiatement s’impose, prend sa place, prend la place. Elles s’écrivent, elles se revoient et une passion fulgurante les emporte. Et la narratrice les raconte, Sarah et cette passion folle. Folie des sentiments, folie des corps, Sarah déborde de vie, « Elle est vivante », exubérante, passionnée, enfant souvent, femme parfois, elle aspire ce qui l’approche et la narratrice se laisse prendre par le tourbillon. Un tourbillon qui va de plus en vite jusqu’à la rupture, violente et définitive. Récit d’une passion étouffante, sans limite, que seuls la maladie et la folie pourront rompre. L’écriture de Pauline Delabroy-Allard réussit parfaitement à rendre compte de ce tourbillon de la vie et du rythme imprimé par Sarah à la vie de ces deux folles amoureuses.

Premier roman

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Fiche #2184
Thème(s) : Littérature française


Ludovic-Hermann WANDA

Prisons
L'Antilope

292 | 288 pages | 02-08-2018 | 19€

En 2003, Frédéric, vente après vente, livraison après livraison, était devenu à Paris Blondin, dealer à succès et notamment dans les beaux quartiers qu’il fournissait en produit herbeux facilitant l’envol vers d’autres mondes. La qualité des produits de « cet étudiant en disponibilité », son sérieux, et une petite réputation commençait de naitre alors qu'il arrivait gare du nord après un aller-retour vers la Belgique pour recharger les stocks. Mauvais jour, mauvais tirage : un douanier lui demande d’ouvrir son sac et ne goûte guère à son contenu même s’il s’abstiendra de goûter à l’herbe. Frédéric a déjà l’art de la répartie et conserve son humour, en effet, si son Dieu lui propose cette épreuve, il lui suffit seulement d’en trouver la raison. Le juge lui octroie six mois pour la trouver et pourtant, l’évidence lui apparaît immédiatement. Il lui offre l’arme ultime, l’arme définitive, l’arme infaillible : la lecture. Son compagnon de cellule, Richard, juif et toxico, emboîte le pas vers une renaissance salvatrice : « Pour nous, Fleury, c’est pas une prison, c’est un centre de remise en forme ! » Les deux hommes s’épaulent et se découvrent page après page : leur langage, leur apparence, plus qu’une évolution, une révolution ! Frédéric garde son bagou, sa vivacité, mais maintenant ses arguments sont étoffés, construits même s’il est conscient que le chemin est encore long. La réussite de ses examens universitaires et la sortie de Fleury, c’est par là ! Il ne lui restera plus qu’à éviter les pièges que la vie lui réservera inévitablement et espérer que son Dieu tout puissant et bienveillant ne l’abandonne... Prisons propose un fil qui se plait à prendre à contre-pied le lecteur chapitre après chapitre en variant les narrateurs-observateurs (vous découvrirez par vous-même les invités célèbres y participant), les points de vue, et surtout en variant le langage et donc le rythme. Frédéric a un pied dans deux mondes et le récit le souligne parfaitement. Entre français des banlieues et français littéraire, le parcours motivé et motivant de Frédéric suscitera un espoir partagé.

Premier roman

« Existe-t-il plus grande prison que l’orgueil masculin ? »

« ... désormais, je sais que je suis bien plus qu’un corps. Je suis d’abord un esprit et un récit, un esprit qui peut être aussi vaste que l’univers, un récit qui peut être aussi profond qu’un gisement de pétrole. Le tout c’est de lire, encore et toujours ; de comprendre, encore et toujours ; d’avancer sur le chemin du questionnement et de la connaissance, encore et toujours ; de la connaissance du monde, des autres, et, au bout du chemin, de mon moi profond. »

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Fiche #2181
Thème(s) : Littérature française


Estelle-Sarah BULLE

Là où les chiens aboient par la queue
Liana Levi

291 | 285 pages | 26-07-2018 | 19€

Une jeune trentenaire née en banlieue parisienne vit un quotidien bien éloigné de ses origines guadeloupéennes. C’est peut-être néanmoins l’instant de se retourner une dernière fois vers son passé familial et interroger ses racines. En effet elle ne connaît la Guadeloupe que comme « une métropolitaine en vacances », sa « vie était ailleurs. » et tout le monde le savait, le sentait, et lui faisait ressentir. Or, coup de chance, elle a une tante, véritable conteuse hors pair, à la parole libérée, qui depuis son lit d’hôpital parisien est toute prête à lui relater l’histoire familiale, les Ezechiel descendants d’esclaves, emblématique de l’histoire de la Guadeloupe et à exposer aussi bien son parcours (et celui de sa famille) qu'à dresser le portrait sans fard de la société antillaise (« D’ailleurs les Antillais critiquent les Antillais. »). Le discours d’Apollone, surnommée Antoine, parfois entrecoupée par les avis d’autres membres de la famille, revient sur les années guadeloupéennes, « Quelques éblouissements et puis rien que des blessures. », des années de débrouille de la campagne au taudis de Pointe-À-Pitre, suivi de l’exil. Antoine subira en effet deux ruptures, le départ de Morne-Galant en 1947 puis l’envol depuis Pointe-À-Pitre vers la métropole vingt ans plus tard abandonnant tout ce qu'elle avait construit. L’installation en banlieue, « quitté un nulle part pour un autre nulle part », perdus, isolés, à l’écart, à une époque où la France se construit grâce à eux mais aussi sans eux, « Nous, les Antillais, nous avons toujours su nous adapter, pas vrai ? De la case d’esclaves aux HLM, nous savons ce que signifie survivre. » Puis le travail se fait rare, les regards changent, « Je dirais qu’en métropole, nous sommes devenus noirs vers 1980 à partir du moment où avoir du boulot n’est plus allé de soi. » et néanmoins ces « immigrés de l’intérieur » choisiront de rester, toujours, jusqu’au bout de leur histoire. L’écriture est imagée, le vocabulaire précis, le ton singulier, quelques expressions créoles colorées viennent installer une ambiance particulière et un rythme tonique. Un premier roman qu’on ne lâche pas et permet notamment d’« aimer mon histoire et la matière dont elle était faite ; une succession de violences, de destins liés de force entre eux, de soumissions et de révoltes. »

Premier roman

« La nuit n’est pas menteuse comme le jour. C’est la nuit que tu peux lire en toi-même comme dans un livre, et voir les autres comme ils sont vraiment. »

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Fiche #2174
Thème(s) : Littérature française


Michael ENGGAARD

Le blues du boxeur
Gaïa

290 | 318 pages | 01-07-2018 | 22€

Frank est un carrossier réputé. Avec son ami Svend, ils tiennent une carrosserie et Frank excelle dans sa partie. Comme il excellait sur un ring : il a laissé des souvenirs inoubliables à tous les amateurs du noble art. Il s’est retiré des rings après une victoire amère et un combat hyper violent face à un adversaire qui traîne toujours dans les mêmes quartiers que lui… Jusqu’au jour où l’entrepôt où travaille Gerhard son père (ancien boxeur également) l’appelle car un accident grave a touché son paternel. Même si leurs relations étaient quelque peu distendues, Frank se déplace et découvre les petits trafics de son père et le voici rapidement impliqué. Gerhard de retour à son domicile, est soigné par Ellen une infirmière qui passe plusieurs fois par jour. Malgré ses ronchonnements et autres râlements, le courant passe entre eux et Ellen est aussi fortement intrigué par ce fils solitaire aux épaules carrées et au regard franc. Round après round, les trois vont apprendre à se connaître et Ellen et Frank vont progressivement dévoiler les secrets qui les habitent et les empêchent de vivre sereinement. Pourtant Ellen est bien éloignée du monde de la boxe et de la violence sous-jacente et rêve plutôt de théâtre. Saura-t-elle convaincre Frank de ne pas utiliser ses poings pour sortir son père de son mauvais pas, rien n’est moins sûr, les deux ont en commun un caractère affirmé ! Une rencontre atypique, des dialogues percutants, la réplique titille, cingle, claque comme dans un match de boxe, et le résultat du combat reste incertain jusqu’à son issue ! Gaïa a encore trouvé la comédie romantique (mais pas que !) de l’été, c’est indéniable.

Premier roman

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Fiche #2169
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Bernard Saint Bonnet, Susanne Juul


Corine KOCH

Là-bas, c'est toujours loin
L'Harmattan

289 | 119 pages | 28-06-2018 | 15.5€

« Là-bas, c’est toujours loin » nous parle d’exil, d’envie puissante d’intégration, d’identités et d’humanité. Le récit croise deux histoires à seize ans d’intervalle. Celle de Sahraan un Cap-verdien qui a fait une folle promesse et qui la tiendra au-delà des conséquences : partir seul en 1974, s’exiler, laisser sa femme et sa fille, pour les retrouver après dix ans de silence. Sahraan fait le choix d’éviter les grandes métropoles et préfère une petite ville de l’est de la France où les hauts fourneaux demandent encore des bras puissants, forts et volontaires. Sa force de travail lui permettra peut-être un regard, une espérance d’acceptation même si la peur jamais ne le quittera. Seules deux personnes ouvriront leur cœur et leurs portes à Sahraan, le bouquiniste et la secrétaire de l’entreprise qui l’emploiera. L’arbrisseau de son pays qu’il a planté en arrivant au cœur de la ville prendra plus facilement son essor, ses racines trouveront, elles, leur place et seront acceptées d’autant plus que la ville leur devra beaucoup… Et puis celle de Maira qui après la mort de sa mère sait qu’elle doit suivre en 1990 le chemin de son père pour savoir, pour le connaître, pour se connaître. Avec l’argent envoyé par Sahraan, elle a suivi des études et appris le français alors, rien ne peut la retenir, le moment est arrivé : elle part chercher ses racines bien loin de sa petite île avec une photographie, un nom et une ville. Un texte court à l’écriture rythmée pour une forte émotion toujours contenue et maîtrisée.

Premier roman

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Fiche #2166
Thème(s) : Littérature française


Asli ERDOGAN

L'homme coquillage
Actes Sud

288 | 195 pages | 13-05-2018 | 19.9€

« L’homme coquillage » est narré par une femme turque : « Je suis née et j’ai grandi en Turquie, moi ! » et ce n’est pas anodin ! Elle est physicienne et partie en Suisse pour poursuivre ses recherches. C’est lors d’un voyage pour un séminaire avec ses collègues à la Caraïbe qu’elle rencontre Tony, pêcheur de coquillages, qu’elle nommera L’homme coquillage. Première femme blanche à lui adresser la parole, elle décidera d’aller vers cet inconnu au physique singulier (« Mais ce n’est pas juste en regardant la couverture d’un livre qu’on peut savoir ce qu’il contient. »), rejoindre l’inconnu qui deviendra son mythe. Elle n’est guère heureuse dans son monde qu’elle décrit sans concession alors, solitaire, elle préfère, malgré le danger, rencontrer un autre monde, un autre regard, plus libre, plus ouvert, « l’homme coquillage qui m’a appris le chant de l’océan, Tony l’Homme Coquillage que j’ai aimé d’un amour profond, féroce et irréel ». Tony est particulier, à double facettes, comme chaque homme, bienveillant ou malveillant, sorcier ou magicien, « habile aux caresses autant qu’aux coups. Tony était comme ces enfants siamois dont le corps unique est coiffé de deux visages contraires. Le premier était dur et intrépide comme celui d’un corsaire aux larges balafres, le second, sensible et doux, celui d’un saint miséricordieux. ». Le lieu est aussi particulier, scindé en deux, les blancs et les autres, un « ghetto situé à même pas deux cents mètres des hôtels quatre étoiles » dans lequel « s’appliquait la loi universelle de tous les ghettos du monde ; la loi de la faim, de l’exclusion, du désespoir, de la violence. ». Enfin, elle est également particulière, son histoire personnelle et intime douloureuse l’a marquée à jamais, « Ne pas savoir oublier. Implacable vengeance de la mémoire. » Le récit intime courageux et sans concession d’un voyage fondateur aux frontières de l’amour et de la mort. Le premier roman d’Asli Erdogan enfin disponible en France qui livrait déjà quelques indices évidents de son regard sur la souffrance, son amour de la liberté et sa résistance absolue à toute oppression.

Premier roman

« Sous les tropiques, sur cette île éloignée de tout, j’ai appris que l’enfer et le paradis ne font qu’un, que seul un assassin peut être prophète, et qu’un homme, comme dans les séances de magie noire, peut en devenir un autre, car le contraire absolu de l’homme, c’est encore lui-même. »

« Son esprit n’était pas induit en confusion par des concepts tels que la psychanalyse, la névrose, l’existentialisme, et il savait ressentir cette chose à vrai dire élémentaire qu’est la douleur de l’autre. Il savait être triste pour l’autre. Il y avait en lui une sensibilité sans équivalent dans le monde hypocrite des gens trop instruits. »

« Car selon moi, écrire ne vient à l’idée que de ceux qui souffrent de ce mal que j’appelle ''la constipation de vivre''. »

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Fiche #2153
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Julien Lapeyre de Cabanes


Emily RUSKOVICH

Idaho
Gallmeister

287 | 362 pages | 10-05-2018 | 23.5€

Jenny et Wade se sont rencontrés grâce à un chien, et Jenny força la porte du solitaire. Ils choisirent de s’isoler dans la montagne : « Wade et Jenny sont des gens des plaines. Des gens des plaines vivant sur une montagne dont ils n’avaient pas remarqué qu’elle était beaucoup plus grande qu’eux. Un terrain acheté sans trop réfléchir parce qu’il n’était pas cher, parce qu’il n’avait rien à voir avec la plaine. Que d’arrogance et de puérilité ! » Malgré les difficultés rencontrées, ils eurent deux filles, June et May. Puis, par une chaude journée d’août 1995, ils partirent tous les quatre avec le pick-up ramasser du bois. C’est alors que le drame se produisit : inexplicable, totalement inattendu et au-delà de la violence. Désintégration, plus de famille, plus d’avenir, plus rien. Le récit débute neuf années plus tard alors Wade s’est remarié avec sa professeur de piano Ann qui, évidemment, a connaissance de son drame. Mais Wade a la mémoire qui s’envole : « Dorénavant, tout est incertain, et il ne semble pas y avoir de frontière claire entre ce que Wade est capable de faire ou incapable de faire. » Son drame semble aussi s’éloigner de lui et Ann devient le seul témoignage d’évènements qu’elle n’a pas vécus. Alors ils vont l’obséder, et elle n’aura de cesse de tenter de reconstituer le déroulement du drame. Toujours la délicieuse manie de Gallmeister de nous trouver des perles ! Emily Ruskovitch ne fait pas dans la facilité, un drame absolu, un amour absolu, un isolement absolu, une violence sourde, une noirceur profonde, un va-et-vient constant entre présent et passé, et pourtant elle nous hypnotise et ses personnages nous attirent et nous entraînent malgré nous dans leur abime. Un premier roman puissant d’une grande virtuosité.

« Pour autant qu’Ann sache, Jenny avait elle aussi disparu de la mémoire de Wade. La vie qu’il avait menée avec elle, avec May et June, le son de la voix de ses filles et la dernière odeur de leurs vêtements, tout ça avait disparu par les nombreuses blessures de la maison, tel du sang qui s’écoule dans la nuit et qui plus jamais n’irriguerait leur histoire à tous les deux. »

« Il a perdu ses filles, mais il a également perdu le souvenir de les avoir perdues. En revanche, il n’a pas perdu la perte. »

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Fiche #2150
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Simon Baril


Laurine ROUX

Une immense sensation de calme
Les Editions du Sonneur

286 | 122 pages | 21-04-2018 | 15€

Un homme et sa grand-mère, une jeune fille, une grand-mère disparue, la narratrice et surtout la Nature forment les personnages principaux de ce conte aussi noir que lumineux. Les humains rescapés font partie des invisibles, derniers survivants d’un monde disparu après une catastrophe (« Nous étions la première génération du Grand-Oubli »), des parias isolés dans une nature qui reprend ses droits. Une nature à double facette aussi belle et douce que sauvage, violente et dangereuse. Comment la vie, l’amour et la mort peuvent continuer de s’y exprimer dans leur pureté originelle ? Entre noirceur et lumière, entre humanité et animalité, un terreau parfait pour construire un conte qui suggère, qui expose un chemin vers une sérénité originale de vie, convoque les silences pour mieux faire ressentir une nouvelle philosophie de vie avec le temps qui passe vers une issue connue de tous, « Nous sommes tous de passage. Simplement de passage. »

Premier roman

« Nous sommes des dieux qui ont reçu la beauté en héritage. La splendeur de la jeunesse est éternelle. Seuls comptent le plaisir de l’effort et celui d’être là. Simplement là, ici et maintenant. Seulement la puissance de l’instant, Igor et la taïga. Ainsi passent les années. »

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Fiche #2128
Thème(s) : Littérature française


Ethel SALDUCCI

La petite musique de Jeanne
Luce Wilquin

285 | 280 pages | 16-04-2018 | 20€

Jeanne a décidé de quitter ses parents et la ville qu’elle aime (« Quitter la ville qu’on a aimée, savoir quitter. ») et où elle a grandi. Elle fuit en effet Nice après la mort accidentelle de ses grands-parents pour rejoindre sa professeur de trombone à Sens. Elle habitera chez Mme Ducafy qui va l’entourer avec ses deux enfants, la soutenir et l’encourager. Une belle rencontre, une étape pour se reconstruire avant de repartir vers Paris et le Conservatoire puis sa rencontre avec Gabriel, joueur de violoncelle. Découverte de Paris et de la vie à deux ou plutôt à trois : Jeanne, Gabriel et la musique. « Savoir quitter » n’empêche pas de revenir et ce retour est parfois nécessaire pour clore la boucle…

Premier roman

« … seul le dépouillement sied à la musique. Il faut alléger le son de tout ce dont on pourrait le charger par peur du vide, par envier de briller ou pour compenser une faiblesse technique. La musique n’a besoin d’aucun effet, l’épure est son idéal. »

« L’amour n’existe que dans le détachement, soutenait sa grand-mère. Il faut être capable à chaque instant de quitter. Quitter l’autre, un lieu, une habitude. Etre capable de quitter sinon, ça n’est plus de l’amour, c’est autre chose. »

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Fiche #2127
Thème(s) : Littérature française


Sarah MARTY

Soixante jours
Denoël

284 | 288 pages | 15-04-2018 | 20€

Un mur s’écroule dans une propriété fatiguée des Yvelines et la propriétaire découvrira le périple exceptionnel de Yoldas, un maçon kurde qui a choisi ou subi l’exil, et qui lui propose son aide. Yoldas va se confier et Sarah Marty nous livre son témoignage qui donne corps et visage aux migrants, une incarnation absolue. L’exil du peuple kurde est singulier, ces apatrides quittent un pays qui n’est pas le leur et pourtant, la décision est douloureuse, abandonner son histoire, abandonner les siens, un sacrifice, une lourde culpabilité à surmonter. Ils vont se retrouver à quatorze. Progressivement le groupe va se former, se connaître, s’unir et ne former plus qu’un (« Il n’y a pas de victoire individuelle… »). Chacun a sa propre histoire, son vécu, ses souvenirs, les évoquera timidement alors que ses compagnons ne poseront que peu de questions, accepteront les silences ou les confidences. Une solidarité et une fraternité sans faille jaillira dans l’adversité des chemins de l’exil. Ils ont décidé de fuir la peur (« Il veut vivre dans un pays où les mots ne font pas peur, où ils ont le droit d’être écrits, d’être lus, d’être aimés comme d’être détestés. Il ne veut plus être muselé. »), de s’en éloigner et néanmoins durant ce périple, elle sera là, omniprésente, de tous les instants, dans tous les lieux, étouffante et inquiétante. Chacun aidera son compagnon à la supporter, à l’oublier pour quelques brefs instants, voire à rêver ensemble d’un futur souriant. Ces surhumains continueront, résisteront (« Dans quelles ressources a-t-il puisé pour échapper à sa peur ? »), face à l’inhumanité de ce voyage, face à la brutalité et l’avidité insatiable des passeurs. Ils côtoieront la mort, la peur, la faim, la violence mais le groupe toujours se dressera pour tenter de rattraper les épuisés, les exténués prêts à renoncer. Un récit puissant, haletant et terriblement émouvant pour ne pas oublier que chaque jour, sur les chemins européens, au bout de notre jardin, dans les mers qui bordent nos côtes, des hommes, nos frères, subissent un exil contraint et périlleux et perdent toujours un bout de leur histoire et parfois leur vie.

Premier roman

« Je veux aller dans un pays où le soleil se lève, je vais où les rires sont permis et où les couvre-feux n’existent plus. »

« … on ne reconstruit pas sur des ruines, sur des corps de femmes, d’enfants, d’hommes. On ne peut pas rebâtir sur des âmes sans être persécuté par leurs cris. Il faut fuir. Oui, s’offrir un autre destin. Yusuf aime l’idée de poser quelque part des fondations sur une terre qui n’a pas été nourrie de sang. »

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Fiche #2126
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Sarah Marty lus par Vaux Livres


Jadd HILAL

Des ailes au loin
Elyzad

283 | 210 pages | 26-03-2018 | 18.5€

en stock

Quatre générations de femmes, un siècle de vie et un même destin. Ces quatre femmes libano-palestiniennes vivront plusieurs exils, connaîtront la tristesse des séparations et les joies des retrouvailles. Elles partageront l’angoisse des bombardements comme la violence des hommes mais apprendront à les maîtriser voire les ignorer. Elles opteront toujours pour le camp de la vie, en Palestine, à Beyrouth, à Bagdad, en France ou à Genève, Beyrouth conservant une place à part dans leur cœur : l’instant où on la quitte, le tumulte, le bruit et la vie plutôt que l’ordre, le calme et le train-train suisse (« …vie de tiraillement entre la légèreté libanaise d’un côté et la responsabilité franco-suisse de l’autre, entre l’insouciance de l’enfance et la maternité de l’âge adulte. »). Néanmoins « C’est drôle le Liban, comme les autres pays choisissent systématiquement de s’y attaquer. », l’insouciance a donc dû mal à résister face au déferlement récurrent de violence, l’exil s’imposera, toujours et encore, elles partiront mais emmèneront avec elles leur histoire, leur passé et le Liban. Un premier roman au rythme enlevé et au ton plaisant qui relate le dialogue entre ces quatre femmes attachantes qui, au-delà de leurs portraits, nous parlent à hauteur de femmes de ce pays déchiré par ses relations chaotiques avec ses voisins.

Premier roman

« Qu’est-ce qu’il y a de plus irresponsable que l’enfance ? »

« J’ai compris que détester, c’est s’interdire d’être l’autre. »

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Fiche #2117
Thème(s) : Littérature étrangère


Ronan GOUÉZEC

Rade amère
Le Rouergue

282 | 192 pages | 19-03-2018 | 18.5€

Caroff est échoué sur la rade de Brest. Seules sa femme et sa fille le maintiennent à flots. Il n’a plus de bateau et ses collègues du port ne veulent plus entendre parler de lui. Ils n’ont pas oublié son dramatique accident et le jeune mort resté au fond de l’océan. Caroff pense avoir trouvé la solution en acceptant de participer à un trafic qui passe par un retour sur la mer. Deux ou trois expéditions, des enveloppes avec du liquide et il pourra enfin partir avec sa famille et démarrer une nouvelle vie. On aimerait tant que ce soit possible… Un beau texte, bien noir, très marin qui offre un portrait des hommes animant le port et de beaux personnages : 180 et Yann deux petites frappes qui viennent pour encadrer Caroff, Brieuc qui semble repartir sur de bons rails avec son entreprise de taxi maritime, Delmas trafiquant basique, dangereux et sans humanité, Josette et René un vieux couple attendrissant sur le départ. Il ne vous reste plus qu’à monter sur le bateau pour goûter aux embruns et apprécier cette écriture, vous ne le regretterez pas !

Premier roman

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Fiche #2113
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir


Isabelle SIVAN

Dankala
Serge Safran

281 | 20 pages | 28-02-2018 | 19.9€

Dankala est un petit pays d’Afrique discret. Et comme presque partout sur le continent, les Africains ont besoin de notre aide, n’est-ce pas ? Alors une petite communauté d’expatriés se dévouent pour améliorer leur quotidien… La vie coule, tranquillement, sans surprise, le temps s’écoule, doucement. Rien ne semble vouloir bousculer les habitudes de chacun, l’ennui et cette attente interminable. Néanmoins, le meurtre d’abord isolé d’un soldat français vient tourmenter ce petit monde. Chacun réagit à sa façon, la peur s’incruste, la rumeur s’installe… Le climat devient de plus en plus malsain alors que les meurtres sauvages se multiplient. Finalement, ils revivent. Enfin ! Mais au plus profond d’eux, peu d’émotions et leurs certitudes restent indemnes. Isabelle Sivan, avec une belle écriture, décrit un monde poisseux, moite, oisif qui ne sait réellement pas trop où sa place est et ne vit pas avec mais à côté.

Premier roman

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Fiche #2106
Thème(s) : Littérature française


Valérie CIBOT

Bouche creusée
Inculte

280 | 130 pages | 27-02-2018 | 14.9€

Un homme semble fou, il mange la terre de son jardin, semble prêt à s’y enterrer, sous le regard suspicieux de ses voisins, bien cachés derrière leurs rideaux. « Bouche creusée » va remonter le fil de ce destin, de la folie de cet apiculteur suspect de partager parfois son temps avec un jeune étranger. La rumeur naît, grandit et explose. D’où vient-elle ? Quelle en est son origine, sa raison ? Qui va-t-elle ronger ? Quelle est le rôle de la narratrice ? Un premier roman au style bien marqué, une écriture typée qui accompagne parfaitement ce portrait diabolique et troublant de la rumeur.

Premier roman

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Fiche #2105
Thème(s) : Littérature française


Violaine HUISMAN

Fugitive parce que reine
Gallimard

279 | 247 pages | 12-02-2018 | 21.9€

Violaine Huisman dans son premier roman propose le portrait d’une mère et de ses deux filles, de l’amour qui les lie dans un environnement tortueux et imprévisible. La mère est en effet multiple, aussi aimante que négligente, un vocabulaire adulte, direct, sans limite, aussi imagé que grossier et parfois violent impliquant des blessures profondes. Les deux sœurs se serrent les coudes, s’entraident, aiment leur mère, atténuent ses crises (elle est maniaco-dépressive) et ses outrances, mais seront naturellement à jamais marquées par leur enfance. La mère veut avant tout vivre librement sa vie sans vraiment considérer les conséquences éventuelles sur ses filles. Un texte éprouvant qui n’épargne pas le lecteur sur les relations entre une mère perturbée et ses enfants sans que l’amour puisse éviter une fin dramatique.

Premier roman

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Fiche #2100
Thème(s) : Littérature française


Gilles MARCHAND

Une bouche sans personne
Aux Forges de Vulcain

278 | 262 pages | 11-02-2018 | 17€

1988 sera une année charnière pour le narrateur. La journée, il est comptable, compte, ajoute, soustrait, vérifie et revérifie chaque opération. Le soir, il rejoint quelques amis dans un bar à l’ancienne tenu par Lisa dont il est secrètement amoureux. Puis il finit la nuit seul dans son appartement : « La planète interdite, c’est un bon résumé de ma vie. Le tout est d’en avoir conscience et de parvenir à s’en satisfaire. ». Rien d’autre (« La routine me sert de carapace. »). Enfin, presque, sinon une cicatrice, des écharpes et un poème qui l’accompagnent depuis l’enfance. Ce sont ses secrets. Mais cette année, enfin, peut-être pourra-t-il en parler, les partager. En effet, une fissure, la carapace s’effrite et il commence timidement de se confier à ses amis qui l’écoutent avec attention et le découvrent enfin. Puis d’autres personnes viennent chaque soir écouter et découvrir la suite de son histoire et de son grand-père adoré Pierre-Jean. Et ils sont de plus en plus nombreux. Le ton est parfois badin mais le lecteur ressent toujours un poids et une profondeur derrière cette légèreté, l’atmosphère est souvent digne de Jean-Pierre Jeunet voire Boris Vian, une poésie folle, le personnage et son appréhension de la vie étant si atypiques. La fin sera bouleversante. Une belle réussite que ce premier roman.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Une bouche sans personne"

Fiche #2099
Thème(s) : Littérature française


Emmanuelle HAN

La sublime communauté - Les affamés
Actes Sud

277 | 375 pages | 22-01-2018 | 16€

en stock

Notre monde s’apprête à disparaître. C’est la fin, la planète est dévastée. Les affamés errent alors que six mystérieuses portes apparaissent et semblent les appeler vers un nouveau monde, une renaissance. Tous s’y précipitent, enfin presque tous, quelques-uns refusent de fuir et le récit suit les aventures de trois d’entre eux. Trois jeunes, trois enfants, trois Transplantés aux trois coins de la planète (Argentine, Népal, Inde). Ils ne se connaissent pas, ils vivent loin les uns des autres, ils ne le savent pas encore, mais leur destin est lié et la Sublime Communauté en dépendra. Entre légendes et mystères, mythes et contes, fantastique ou dystopie et réalisme, nature et technologie, un roman d’aventures multiple et varié qui emporte irrésistiblement le lecteur vers le tome 2 !

Premier roman

Fiche #2073
Thème(s) : Jeunesse


Karl GEARY

Vera
Rivages

276 | 255 pages | 08-01-2018 | 21.5€

Sonny a seize ans, vit dans l’Irlande pauvre qui trime pour survivre. Il est déjà familier des petits boulots, de la précarité et de quelques larcins. Il a une copine border-line mais avec qui il peut parler. Puis il va rencontrer Vera, une jeune femme plus âgée, belle, attirante, appartenant à un autre monde, habitant en effet dans les beaux quartiers de Dublin. Il tombe éperdument amoureux de cette femme mystérieuse. Une histoire intense, il sent sa fragilité sans savoir l’expliquer, et aimerait naturellement l’aider, la protéger. Elle sait l’écouter et simplement, sans démonstration, lui apporte un peu de lumière tout en lui offrant les clés d’un autre monde (les livres, la lecture, la poésie, la peinture…) qu’il ignorait. A la deuxième personne du singulier, le récit est brut, rend parfaitement compte de la solitude et du quotidien éprouvant de certains quartiers irlandais et le dénouement final est plus qu’émouvant.

Premier roman

« Nous sommes des serre-livres, toi et moi, tu vois ce que je veux dire ? Ton esprit se projette, il va de l’avant, tu penses à l’avenir. Moi, je pense au passé, je pense... »

Ecouter la lecture de la première page de "Vera"

Fiche #2055
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Céline Leroy


Paolo COGNETTI

Les huit montagnes
Stock

275 | 300 pages | 07-01-2018 | 21.5€

Pietro et Bruno se rencontrent alors qu’ils ont onze ans, une rencontre pour la vie malgré leurs différences. Pietro est un garçon de la ville, fils d’un ingénieur amoureux de la montagne, bien inséré dans le monde. Bruno est un p’tit gars de la montagne, ancré définitivement dans son lieu d’origine (« Toi, tu es celui qui va et qui vient, moi je suis celui qui reste. Comme toujours, pas vrai ? »). Ils se rencontrent en effet à Grana, village au cœur du Val d’Aoste où les parents de Pietro ont trouvé une maison loin de Milan où ils habitent et travaillent. Pietro nous fait découvrir la naissance de cette amitié indéfectible qui va unir les deux gamins avec une admiration et un respect partagés. Malgré ses réserves, Bruno lui fera découvrir et apprécier la montagne, les arbres, la nature. Le père de Pietro profite de chaque week-end pour parcourir la montagne, gravir les sommets ce que Pietro n’apprécie guère contrairement à Bruno dont la compagnie de cet homme sévère et directif mais qui s’intéresse véritablement à lui rend heureux. Malgré les aléas de la vie, Pietro et Bruno resteront toujours proches et rien ne pourra les séparer. Un bel hommage à la montagne et une superbe et émouvante histoire d’amitié entre deux gamins opposés qui ne se quitteront plus et parcourront ensemble les sentiers de la vie et de la montagne au cœur d’une nature préservée ; "Les huit montagnes" offre également une réflexion débordant d'humanité sur la vie et sur la filiation. Bonne lecture et bonne ascension !

Premier roman

« A ton avis, le passé, il peut passer une deuxième fois ? »

« Le voilà, mon héritage : une paroi de roche, de la neige, un tas de pierres de taille, un arbre. »

« Peut-être ma mère avait-elle raison, chacun en montagne a une altitude de prédilection, un paysage qui lui ressemble et dans lequel il se sent bien. »

Ecouter la lecture de la première page de "Les huit montagnes"

Fiche #2053
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Anita Rochedy


Timothée DEMEILLERS

Prague, faubourgs est
Asphalte

274 | 146 pages | 12-11-2017 | 16€

Prague fait partie des capitales européennes où beaucoup rêvent de séjourner, ville mythique, belle carte postale. Mais derrière la vitrine, que trouve-t-on ? Marek, après avoir déserté Prague au début des années 2000 pour les Etats-Unis, est de retour sept ans après. La ville a totalement muté. Son ami Jakub aussi. Sans parler des touristes qui ne viennent pas uniquement pour les belles pierres ! On suit les pérégrinations de Marek de clubs en bars, d’alcools en drogues, de filles en filles à la recherche de Sa ville et de son amour de jeunesse, Katarina. Le communisme a été expulsé laissant rapidement place à un capitalisme débridé. Il se retrouve donc devant mafias, prostituées, et la disparition du Prague populaire, un désenchantement flagrant et profond. Evolution classique, enrichissement exponentiel d’un petit nombre, appauvrissement et misère pour le plus grand nombre incitant même certains à regretter l’ancien régime… Un portrait dense, précis et désenchanté de Prague qui casse l’image idyllique de cette capitale européenne.

"On ne peut pas toujours rattacher la destinée d'un homme à celle de sa nation"

Premier roman

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Fiche #2045
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Timothée Demeillers lus par Vaux Livres


Brit BENNETT

Le coeur battant de nos mères
Autrement

273 | 338 pages | 09-10-2017 | 20.9€

Nadia est une jeune fille brillante de la communauté noire d’Oceanside en Californie. Alors que sa mère s’est suicidée sans explications il y a quelques mois, elle choisit d’avorter, traumatisme indélébile, après sa rencontre avec Luke, le fils de pasteur, qui ne l’aide guère dans ce drame au cœur du communauté où la religion a une influence immense. Elle décide alors de partir pour de brillantes études à l’Université de Michigan et de laisser sur place son passé et notamment son amie Aubrey et Luke. Mais trois ans, après, elle revient sur place et retrouve ses amis et la communauté. La construction du « cœur battant de nos mères » aimante le lecteur en alternant la narration des vies de Nadia, Aubrey et Luke au cœur des différentes communautés fondement de la société et l’avis d’un chœur de vieilles femmes, de mères, qui commentent les évènements de la communauté.

Premier roman

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Fiche #2037
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Jean Esch


Pierre BENGHOZI

Loki 1942
Serge Safran

272 | 157 pages | 28-09-2017 | 15.9€

En 1942, les Allemands occupent la Norvège. Cinq Allemands ont été tués et en représailles, cinq Norvégiens doivent mourir. Dans une école, Ida Grieg et cinq de ses plus mauvais élèves (quatre garçons et une fille) sont retenus en otage, un seul survivra (« Ironie du sort, les cancres allaient achever leur vie dans cette école. »), le lieutenant Abel Lehmann l’a décidé, enfin continue d'obéir malgré ses interrogations (« C'était si simple un ordre, si clair, si reposant. Ca vous transportait d'une rive à l'autre en vous épargnant d'être mouillé ou le risque d'être emporté par le courant. »). Or, Ida Grieg est une résistante et elle doit passer un message codé à son réseau. Pour cela, elle a une nuit pour que les cinq cancres apprennent un poème de Loki, dieu de la discorde, afin que le survivant puisse le réciter à sa libération. Les gamins, éloignés des mots et du langage, ne semblent guère conscients de la situation, ils ne craignent pas la mort et aimaient d'ailleurs si confronter sur la dalle du Preikestolen Lysefjord, ils semblent même prêts à profiter du coma passager d’Ida. Elle va devoir les apprivoiser, les tenter, les attirer, pour qu’ils acceptent, devant le précipice de la mort, l’effort de l’apprentissage, la rencontre avec les mots, le langage et la poésie et qu’ils prennent entièrement conscience de leur portée. Un court roman qui se lit vite, huis clos violent qui percute et interroge mais ouvre le chemin de la liberté et de la responsabilité à une horde sauvage.

Premier roman

« L'école de Stavanger abritant six personnes, pour que l'une d'elles restât en vie, il fallait nécessairement qu'aucune ne meure. »

« ... mourir ensemble est plus facile que survivre séparément »

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Fiche #2027
Thème(s) : Littérature française


Sébastien SPITZER

Ces rêves qu'on piétine
L'Observatoire

271 | 310 pages | 17-09-2017 | 20€

Ces rêves qu’on piétine réussit le tour de force de retracer en parallèle les derniers jours de Magda Goebbels et des survivants et morts des camps de concentration : le point commun de ces récits est la folie extrême, la folie inhumaine et destructrice. Dans les camps, au cœur de cette folie et de la violence sans limite, la lutte pour la survie est permanente et on suit en particulier Ava, une petite fille qui détient secrètement les lettres d’un père à sa fille. Quant à elle, Magda Goebbels continue de préférer oublier Richard Friedländer, son beau-père adoré, juif, qu’elle abandonnera et laissera mourir dans un camp. Elle avait d’autres ambitions, d’autres rêves, le pouvoir l’aimantait, elle acceptera tout de Joseph Goebbels pour approcher ce pouvoir puis devenue invulnérable, s’y installer, jusqu’à ces derniers jours, où elle emportera avec elle ses enfants. Sébastien Spitzner réussit à donner corps à l’Histoire, à l’incarner en établissant un équilibre parfait entre fiction et histoire. Ses descriptions très réalistes sont naturellement absolument terrifiantes, mais il réussit en croisant les deux récits à la fois à nous déranger et à nous entraîner.

Premier roman

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Fiche #2023
Thème(s) : Littérature française


Cyril DION

Imago
Actes Sud

270 | 215 pages | 11-09-2017 | 19€

Les quatre personnages principaux d’Imago, isolés ou enfermés, aspirent à la liberté, ils diffèrent dans le chemin qu’ils espèrent emprunter pour y accéder ou employer pour casser la chrysalide qui les étouffe. Nadr se sent entravé en Palestine, il rêve d’un ailleurs libre, et la poésie et les poèmes de Darwich notamment l’épaulent et le soutiennent. Son frère Khalil a fait d’autres choix dont celui de la violence et est bien décidé à commettre un attentat, loin de son pays, en France. Fernando travaille pour le Fonds, une organisation internationale, et espère, depuis son bureau, influer sur le conflit. Enfin, Amandine, 62 ans, a choisi de se retirer loin du monde et de ses horreurs et vit en solitaire dans une forêt. A partir de ces quatre trajectoires que certains tentent de maîtriser, Cyril Dion nous entraîne au coeur de cette tragédie sans fin que reste le conflit israélo-palestinien sans oublier l’Occident, troisième pilier du drame, il nous confronte à ses acteurs principaux et à leurs sentiments, croyances et violence, cherchant toujours à expliquer ou à comprendre plutôt que de juger.

Premier roman

« Mille bombes ne pourraient rien contre la terre, contre les mots de Darwich. Tant qu’il reste une femme, disait son grand-père, la terre ne peut être perdue. »

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Fiche #2017
Thème(s) : Littérature française


Paul-Bernard MORACCHINI

La fuite
Buchet-Chastel

269 | 155 pages | 10-09-2017 | 14€

Un homme a enfin pris La Décision ultime : quitter ce monde et ses habitants médiocres qu’il méprise : « Plus je fuis et plus j’ai besoin de fuir plus loin encore. Mon seuil de tolérance envers mes semblables est au plus bas. Il ne s’agit plus de quitter le quotidien morne d’un carcan social, c’est au-delà… » Il prend la route et retrouve une région isolée qu’il connaît: « Riche de rencontres et d’expériences nouvelles, ce voyage-ci sera une suite d’évènements déroulés au hasard de sentiers inconnus. Une fuite en avant ». Loin de la société, il s’installe en solitaire au cœur d’une forêt et de la nature. Il est rapidement rejoint par un chien blessé qui l’accompagne dans ses balades, ses chasses, pêches et cueillettes. Il se prépare à vivre son premier hiver, instant où la puissance de la nature donne toute sa mesure. Mais est-il si bien que ça préparé à cette solitude ? Pourra-t-il résister à la sauvagerie et à la folie qui guettent ? Une fuite finalement assez désespérée d’un homme guère attachant.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "La fuite"

Fiche #2016
Thème(s) : Littérature française


Thomas FLAHAUT

Ostwald
L'Olivier

268 | 170 pages | 04-09-2017 | 17€

Deux frères, Félix et Noël, évacués avec d’autres, se retrouvent dans un camp au cœur d’une forêt. Leur monde continue en effet de s’écrouler : l’entreprise où travaillait leur père a fermé ses portes et condamné la région, leurs parents se sont séparés… La centrale de Fesselheim a rencontré un nouveau problème, et dans l’opacité habituelle, les causes et les conséquences restent assez flous même si les habitants s’y attendaient et vivaient avec la menace depuis longtemps. En tous cas, l’apocalypse est là et il va falloir partir, prendre la route, pour trouver une nouvelle place, un nouveau monde, « Ce lieu où attendre, Félix le sait depuis le début, on ne le construira pas pour nous, on ne nous y conduira pas. Il faut le trouver, ou l’inventer. » Un premier roman guère optimiste tant sur le passé, le présent que l’avenir !

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Ostwald"

Fiche #2012
Thème(s) : Littérature française


Catherine BÉCHAUX

Les passagères du 221
Liana Levi

267 | 124 pages | 31-08-2017 | 14€

Paul conduit le bus de la ligne 221, une ligne calme, tranquille, vingt-sept arrêts avant le terminus, des passagers représentatifs de la banlieue qu’il traverse. Enfin presque. Paul remarque dans un créneau d’horaires particulier que de nombreuses femmes alourdies par de gros sacs montent dans son véhicule. Elles quittent le bus au même arrêt, peu de temps avant le terminus : le centre de détention. Elles sont femme, sœur, mère, grand-mère d’un détenu et elles arrivent, tendues, la boule au ventre, toujours dans l’incertitude. Et naturellement, le trajet est propice à la réflexion, à se remémorer le passé, la trajectoire qui a mené à cette catastrophe qui les conduit aujourd'hui à ce parloir, quelques instants trop courts dans ce minuscule espace crasseux pour tenter de renouer le dialogue, de parler, de questionner ou simplement se contenter d’être là dans cette « hutte calfeutrée dans la tempête. ». Mais cette fois, le trajet est singulier, l’une d’entre elles, âgée, fait un malaise. Que faire ? Appeler les secours et risquer de rater le parloir hebdomadaire ou parier pour une fois sur un avenir heureux et continuer la route. Une palette de portraits émouvants de femmes en survie.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Les passagères du 221"

Fiche #2011
Thème(s) : Littérature française


Emily FRIDLUND

Une histoire des loups
Gallmeister

266 | 300 pages | 16-08-2017 | 22.4€

Madeline (ou Linda) est une jeune adolescente, quelque peu isolée et sauvage. Même si elle fréquente l’école de la ville voisine, Whitewood, elle vit à l’écart, en forêt, à proximité des grands lacs du Minnesota, avec ses parents et ses chiens. Elle connaît comme sa poche la faune, la flore, la forêt qu’elle parcourt avec ses chiens et ses arbres, les lacs qu’elle sillonne à canoë et ses poissons : Emily Fridlund en fait une description éblouissante. Ses parents se sont installés à cet endroit après avoir fui une communauté. Son univers bascule le jour où une famille s’installe sur la rive opposée du lac. Elle observe aux jumelles l’enfant et ses parents qui appartiennent à un autre monde. Lorsqu’elle rencontre la mère Patra, celle-ci lui propose de venir s’occuper régulièrement du petit Paul, son mari, très occupé par son travail, étant reparti vers d’autres cieux… Dès les premiers instants, le malaise s’installe. Tout se déroule sans accrocs mais Paul a parfois un comportement étrange, sa mère également qui semble fragile et parfois ailleurs, leur relation est aussi singulière. Linda observe avec fascination la famille sans jugement ou avis déplacé. Elle s’installe progressivement au cœur de la famille et tisse des liens avec Paul et Patra, elle qui souhaiterait avant tout être aimée et partager. La narration est parfaitement maîtrisée, et différents thèmes (que nous vous laissons découvrir) s’entremêlent sans jamais perdre le lecteur mais en renforçant son malaise et son envoûtement comme son envie furieuse de connaître le dénouement, en sachant dès les premières pages qu’un procès est annoncé et que Linda témoignera. Un roman âpre et dérangeant. David Vann a trouvé sa consoeur et Gallmeister nous a encore déniché une pépite !

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Une histoire des loups"

Fiche #2007
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Juliane Nivelt


Pierre DERBRÉ

Luwak
Alma

265 | 210 pages | 07-08-2017 | 17€

Igor Kahn est un modeste, un invisible. Il est apprécié de tous sans être remarqué. Célibataire, un ou deux vrais amis. Le grand calme… Et puis, un jour, malgré une récente promotion, il fait partie des élus pour les licenciements, il faut bien restructurer, n’est-ce pas. Son départ se déroule dans le calme, sans éclats de voix, tranquillement. Peu de temps après, Igor gagne le gros lot au loto, de la même façon, calmement, sans excès. Il décide de s’installer au bord de l’estuaire de la Gironde, trouve quelques voisins sympathiques, et quelques passe-temps plaisants se complaisant dans sa nouvelle vie d’artiste. Il s’implique dans les associations locales et assiste même à des cours de philo où il découvre la théorie de l’happax existentiel proposée par Jankélévitch : l’happax révèle l’homme à lui-même et scinde ainsi sa vie en deux, il y a un avant et un après l’happax. Cette révélation ne bouleverse pas radicalement Igor même si, au plus profond de lui-même, il sent bien qu’il n’a pas encore vécu son happax, que les évènements de sa vie sont attendus, et son bonheur sans surprise. Alors, Igor se lance un défi, trois mois, trois mois pour trouver un nouvel élan à sa vie, de nouvelles étoiles éclairant à l'infini son existence. Igor ira en effet jusqu’au pays des luwaks pour initier et finaliser son nouveau projet de vie et apprécier les rencontres qui feront basculer son quotidien. Un récit d’une grande douceur, très rythmé qui emporte le lecteur dans le tourbillon de la vie.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Luwak"

Fiche #2000
Thème(s) : Littérature française


Pierre SOUCHON

Encore vivant
Le Rouergue

264 | 248 pages | 06-08-2017 | 19.8€

Pierre a été reconnu bipolaire dès l’âge de 20 ans. Il séjourne régulièrement dans des établissements spécialisés et retrouvent ses frères de la nuit. Il les connaît tous et les médecins ont pris l’habitude, lui le journaliste de l’Humanité, de lui adjoindre Lucas, un financier. Conscients de leur état, ils peuvent en plaisanter et Lucas a l’humour dévastateur et l’ironie facile notamment concernant leur différence de points de vue économique et social. Son père continue de l’aider, de le soutenir tendrement et lui rend visite régulièrement ce qui incite Pierre à évoquer ses origines et sa terre. Il est issu d’une famille cévenole, ancrée dans sa région, dans son village capable de vivre quasiment en autarcie. Son père est garde-chasse mais un garde-chasse qui aime la nature, les arbres, et la poésie. Pierre développe un sentiment de culpabilité récurrent, d’avoir abandonné ce monde, de l’avoir délaissé et d’avoir donc participer à son effondrement. Car, ce monde se meurt, sa disparition approche, et Pierre ne peut l’accepter. Comme il ne peut accepter les discours des élites bourgeoises auxquelles appartient sa femme et sa famille. Pierre est bipolaire mais c’est aussi un être entier, écorché vif qui ne peut accepter les injustices, la bien-pensance et l’hypocrisie, et cela produit donc un mélange détonnant : Pierre ne peut jamais se retenir très longtemps ! Un récit autobiographique sous forme de cri, qui ne cache pas la violence prête à jaillir, qui nous parle aussi du monde médical psychiatrique au cœur du quotidien de Pierre, de feu la paysannerie mais aussi de sa vision du monde.

Premier roman (récit)



« C’est simple, le monde, c’est pas complexe, comme racontent un paquet de connards en permanence. Il y a les dominants, vous voyez, et il y a les dominés… et il faut juste choisir son camp. »

Ecouter la lecture de la première page de "Encore vivant"

Fiche #1999
Thème(s) : Littérature française


Charlotte PONS

Parmi les miens
Flammarion

263 | 190 pages | 26-07-2017 | 18€

Manon apprend le grave accident de sa mère par sa sœur, au téléphone. La situation est grave, elle est plongée dans un profond coma. Manon n’a pas oublié les discussions avec sa mère quand elle était encore en pleine santé et possession de ses moyens : ne pas devenir un légume, en finir avant tout état végétatif, c’était une évidence. Alors Manon clame immédiatement, sans retenue, sans réfléchir, naturellement, « Autant qu’elle meure. ». Le père, et les deux autres enfants, choqués par cette réaction, refusent cette issue et la trouvent prématurée (« A partir de quand, me dis-je, à partir de quand est-il raisonnable de prononcer le mot ‘euthanasie’ sans passer pour un monstre ? »). Le premier roman de Charlotte Pons aborde donc au cœur d’une famille la fin de vie et l’euthanasie. Manon s’installe chez son père, frère et sœurs se retrouvent, ils ont grandi, vieilli mais sont encore enfants sans plus partager grand-chose (« Nos vies d’adulte pèsent bien plus que notre histoire commune et si elles nous éloignent les uns des autres, voire nous dressent les uns contre les autres, nous n’y trouvons rien à redire. »). L’état de la mère devient une préoccupation de tous les instants, agir, attendre, qui doit décider, quand décider… La question touche au présent mais aussi au passé, aux relations entre la mère et ses enfants, entre le frère et ses sœurs, entre les sœurs, entre le père et la mère, aux relations familiales dans leur globalité : « Il n’est pas question seulement d’euthanasie mais bien du lien que chacun d’entre nous entretient avec elle. Il est question d’être encore un enfant, une bonne fille, un bon fils. ». Charlotte Pons réussit à aborder de front une tragédie ordinaire qui guette chacun d’entre nous avec émotion naturellement, mais sans tristesse, met clairement en évidence les tensions familiales, l’impact du passé familial, malaxe l’humain et sa psychologie avec réalisme.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Parmi les miens"

Fiche #1989
Thème(s) : Littérature française


Jean HEGLAND

Dans la forêt
Gallmeister

262 | 302 pages | 26-07-2017 | 23.5€

Le monde tel que nous le connaissons, notre monde, s’éclipse. Personne n’en connaît vraiment la cause, mais la peur règne et les survivants se cachent. Nell et Eva, deux jeunes sœurs, vivaient déjà à l’écart, mais leurs parents disparaissent rapidement et elles se retrouvent alors seules, isolées, dans la forêt, avec quelques réserves qui s’épuisent rapidement. L’électricité est coupée, finis internet, la musique, le téléphone... Alors, il va falloir survivre au cœur de cette forêt aussi accueillante et protectrice que menaçante et dangereuse. Elle peut apporter nourriture, médicaments naturels comme maladie et mort. Elles la connaissent, elles la comprennent, elles font partie d’elle, elle fait partie d’elles. Les saisons passent apportant leur lot de bonnes choses et de moins bonnes. Elles tentent toutes les deux de poursuivre et entretenir leur passion, la danse et la lecture. Elles ne peuvent naturellement se passer l’une de l’autre, mais leur proximité permanente peut aussi parfois être insupportable. Pour que l’aventure humaine continue, il faudra courage, confiance et entraide. Un roman puissant et tendu qui questionne sur la place de l’homme, hommage équilibré à une vie différente, à une forêt vivifiante et sans concession, lieu privilégié de la vie et de l’imagination et enfin une description riche d’une relation fusionnelle entre deux sœurs.

Premier roman

« Nous avons la passion des survivants, et le manque de prudence des survivants. »

« Etudier l’encyclopédie, c’est comme manger de la poudre de caroube et appeler ça de la mousse au chocolat. »

« L’éducation, c’est une question de connexions, de relations qui existent entre tout ce qui se trouve dans l’univers, c’est se dire que chaque gosse de l’école primaire de Redwood possède quelques atomes de Shakespeare dans son corps. »

Ecouter la lecture de la première page de "Dans la forêt"

Fiche #1990
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Josette Chicheportiche

Les titres de Jean Hegland lus par Vaux Livres


Ludovic NINET

La fille du van
Serge Safran

261 | 204 pages | 14-07-2017 | 17.9€

en stock

Sonja est une jeune femme rousse qui attire l’œil des hommes. Elle erre sur les routes depuis son retour d’Afghanistan après s’être engagée volontaire comme infirmière. Elle semble être partie confiante en ses idéaux et dans le discours officiel. La guerre et ses atrocités la ramèneront à d’autres réalités et sentiments qui l’inciteront en effet à son retour à ne pas rejoindre son mari et son jeune fils. Elle se retrouve à Mèze dans l’Hérault dans son van éreinté avec lequel elle se déplace et vit. Elle rencontre Pierre, ancien champion olympique de saut à la perche qui vend des poulets grillés. L’homme semble différent, son regard l’aspire. Pour la première fois, elle va à nouveau accepter l’autre, l’écouter et enfin réussir à parler de son histoire. Un sauteur à la perche s’élève dans les airs, vole dans un instant de grâce puis retombe. Et Pierre depuis son saut victorieux des JO n’en finit plus de chuter. Sa rencontre avec Sonja semble stopper ou du moins ralentir cette chute, petite étincelle qui le ramène à la vie. A leurs côtés, deux autres écorchés, Abbes, ami d’enfance de Pierre et fils de harki qui n’en a pas encore fini avec son désir de vengeance et Sabine qui espère sincèrement aider Sonja et l’accueillir dans son appartement et son lit. Ludovic Ninet relate avec précision, presque cliniquement, le quotidien de ce quatuor naufragé souvent lassé par la vie mais aussi leurs sentiments les plus intimes, leurs envies et phantasmes, leurs peurs, leurs espoirs et désespoirs… Chaque personnage apporte sa pierre aux thèmes du roman, la survie après la guerre, le suicide, l’amour, la vie de couple, un roman prenant, émouvant, sensible, des personnages attachants et inoubliables, une ambiance noire évidemment mais une lueur d’espoir continue de poindre tant que la vie est là… Un premier roman particulièrement réussi à découvrir absolument.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "La fille du van"

Fiche #1984
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Ludovic Ninet lus par Vaux Livres


Carole LLEWELLYN

Une ombre chacun
Belfond

260 | 295 pages | 18-06-2017 | 17€

Clara survit depuis son enfance, elle est mariée à Charles, homme d’affaires riche, égocentrique, sans considération pour son entourage. Clara est sa chose, et elle supporte cette relation déséquilibrée en silence. Et puis, Charles décide qu’il veut un enfant, aucune discussion envisageable, c’est comme ça, « Il lui demanderait juste un enfant comme on demandait un deuxième whisky et, comme toujours, elle dirait oui. ». Clara est alors déstabilisée et organise méthodiquement son départ afin que personne ne puisse la retrouver. Elle disparaît et Charles offre alors un prime conséquente à qui la retrouvera. Seven Smith, ancien soldat américain, se lance sur ses traces, mais elle aura longtemps un coup d’avance. Tel un limier entêté, il retrouve de minces indices et la suit, une quête qui redonne à cet ancien Marine aussi une envie de vivre. Ces deux personnages qui se poursuivent autant qu’ils sont en quête d’eux-mêmes se croiseront-ils ? Charles retrouvera-t-il son objet fétiche ? Une enquête réussie avec quelques rebondissements très inattendus…

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Une ombre chacun"

Fiche #1972
Thème(s) : Littérature française


Claude BENDEL

L'Accident
Flammarion

259 | 188 pages | 16-04-2017 | 16€

Thomas Leurling adore les livres et se plonger dans leurs univers, un refuge salvateur. Quand il osera écrire, il écrira le livre de sa vie et ce sera le seul. C’est son avocat commis d’office qui le lui avait demandé alors qu’il était en prison après un Accident mortel où tout l’accuse, même s’il continue de clamer son innocence. En écrivant, il remonte l’histoire de sa vie dans les années 60 dans l’Est de la France, de son enfance, de sa famille (sans fantaisie) et de ses secrets, de sa destinée tragique mais finalement attendue, aucun avenir n’était en effet prévu pour lui. Un premier roman avec une superbe écriture, où la littérature a un rôle bien plus attachant et émouvant que la justice !

Premier roman

« La justice serait un monde cruel où règnent le hasard et la violence. »

« … un des plaisirs de la lecture est la découverte, le hasard, le tâtonnement. Fréquente les librairies, lis quelques lignes, tu trouveras ta voie. Puis un livre conduit toujours à un autre livre, je ne sais pas pourquoi, c’est comme ça. »

« L’un des mystères insondables de la vie est celui de la présence dans la même personnes d’une intelligence supérieure et d’une âme basse. Le talent ne préserve pas de l’ignominie… »

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Fiche #1944
Thème(s) : Littérature française


Karin KALISA

La mélodie familière de la boutique Sung
Héloïse d'Ormesson

258 | 282 pages | 20-03-2017 | 20€

L’école primaire du quartier Prenzlauer Berg de Berlin doit animer une semaine cosmopolite, « le directeur devait faire progresser l’école en matière d’entente entre les peuples, était-il écrit. » Dans la RDA d’alors, une belle communauté vietnamienne s’était installée pour travailler et seuls seize malheureux petits vietnamiens occupaient les bancs de cette école que le pouvoir central avait néanmoins désignée, c’était comme ça ! Sung, le père du petit Minh, tient une boutique proposant toutes sortes de produits vietnamiens et dans la famille, seule la grand-mère est née au Vietnam, alors quand il s’agit d’apporter à l’école un objet typique, on se retourne vers elle. Elle confie alors « une grande marionnette en bois de plus de quatre-vingts ans ». Et c’est cet objet anodin qui, va non pas changer le monde, naturellement, mais provoquer des bouleversements dans le quartier, des rencontres, des dialogues, de l’écoute, des découvertes et apprendre à certains à mieux se connaître, à s’ouvrir aux autres et ainsi faciliter le vivre ensemble. Le récit de cette semaine évoque aussi l’histoire de cette communauté, l’histoire chaotique du Vietnam, ces marionnettes sur l’eau art populaire traditionnel du pays, l’installation en Allemagne de l’Est, à la chute du mur, certains repartiront, d’autres resteront. Ode à la différence, message d’espoir réjouissant et optimiste même si les moments difficiles ne sont pas gommés, rythmé, vif, et évidemment d’actualité !

Premier roman

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Fiche #1936
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Rose Labourie


Myriam BELLECOUR

Vite, ma retraite !
Gaïa

257 | 142 pages | 18-03-2017 | 10€

Marie est une battante, avocate hyperactive et survoltée. Elle court, elle court, ne s’arrête jamais et rien ne semble pouvoir la stopper. Enfin, presque. Le burn-out se rapproche à grands pas. Alors un matin, en sortant de la douche, « … une idée merveilleuse me traverse l’esprit : si seulement je ne travaillais plus, si seulement quelqu’un d’autre me prenait en charge, s’occupait de ma journée, si je n’avais rien d’autre à faire que de penser à moi, de faire des choses pour moi… » Marie a en effet l’idée extravagante de prendre sa retraite à 43 ans et de rejoindre La Retraite Paisible à Giverny, car sans rire, elle « aspire à la sérénité entourée de retraités qui ont le recul et la sagesse de l’âge et l’envie de profiter de la vie. » et après tout, « La retraite ce n’est pas une question d’âge c’est une question de philosophie. » Le lecteur, un sourire permanent aux lèvres, suit donc l’immersion totale d’une quadragénaire parmi ceux qui pourraient être ses grands-parents. Chacun joue son rôle, peut-être pour éviter le désespoir. L’entraide, l’humour et les coquetteries (voire la drague) restent d’actualité, les activités diverses les réunissant quotidiennement les maintiennent en vie et « Je me demande si être senior ce n’est pas comme être adolescent, l’acné et les sautes d’humeur en moins. » Un court roman tendre, drôle et ironique pour tous les âges !

Premier roman

« A partir de quel âge vit-on par procuration ou à travers ses souvenirs au lieu de vivre tout court ? »

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Fiche #1934
Thème(s) : Littérature française


Emmanuel VILLIN

Sporting Club
Asphalte

256 | 136 pages | 13-02-2017 | 15€

Le narrateur séjourne dans une ville méditerranéenne en vilain état, et le Sporting Club où il s’installe régulièrement est à son image. Délabré, frisant l’abandon, et néanmoins, la vie persiste et continue. Une piscine en bord de mer où il enchaîne les longueurs et observe avec acuité cette ville fascinante. Il y est venu pour rencontrer Camille image de cette ville et de son passé et écrire un livre. Mais Camille s’échappe, les rendez-vous sont repoussés, et lorsqu’ils se rencontrent, il s’évade, les sujets de discussion dérivent. Alors, le narrateur épie cette ville insolite, les ruines face au ciel bleu et au soleil, atmosphère étrange, entre tumulte et lenteur. Il constate ses changements, regrette parfois ses bouleversements, « La forme d’une ville / Change plus vite, hélas ! que le cœur d’un mortel. » Un portrait contemplatif et élégant empruntant les voies de traverse d’une grande ville du Moyen Orient (que nous ne dévoilerons pas !).

Premier roman

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Fiche #1905
Thème(s) : Littérature française


Dominique COSTERMANS

Outre-Mère
Luce Wilquin

255 | 175 pages | 11-02-2017 | 17€

Dominique Costermans, habituée aux recueils de nouvelles, nous offre un premier roman maîtrisé inspiré d’une histoire réelle, celle de Charles Morgenstern, juif bruxellois, qui se mettra aux services de la Gestapo. Pourtant, il ne s’agit pas d’un récit sur la collaboration mais plutôt de son impact sur les générations à venir, sur le silence familial et ses conséquences et enfin sur les réactions face à sa révélation aux yeux de tous. En outre, l’auteur étudie le cheminement de l’information puisque la famille est tentaculaire, Charles a partagé en effet la vie de quatre femmes… et c’est l’une de ses petites-filles, Lucie, qui se charge du récit et de l’enquête, une vie pour connaître et dénouer les fils de l’histoire familiale ce qui lui permettra d’affirmer « Je suis la petite-fille de cet homme-là. Ce destin me pèse depuis cinquante ans. Mais désormais je suis aussi la petite-fille de cette femme-là. ». Il est donc question de famille mais aussi d’adoption et dans tous les cas, du poids de l’héritage qui continue au-delà de la mort à entretenir douleurs et souffrance.

« Ca fait partie de mon histoire, j’en suis conscient et j’y suis fidèle. Mais je ne suis pas cette histoire. Je ne suis pas que cette histoire. »

« Je sais que les secrets de famille se nourrissent dans l’ombre de nos inconscients, restreignant la part de liberté de ceux qui les subissent. »

Premier roman

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Fiche #1903
Thème(s) : Littérature étrangère


Xavier GLOUBOKII

Ecorces
Liana Levi

254 | 185 pages | 06-02-2017 | 17€

Ahmed est le shérif d’un comté proche d’une forêt que seule les scieries dérangent et menacent, le béton gagne du terrain, inexorablement. Pour le reste, c’est le calme plat ! Jusqu’à l’arrivée de quelques membres du Renouveau Organique, drôles d’oiseaux venus défendre les arbres et la forêt. Déguisés en arbres, ils sont bien décidés à s’opposer aux coupes dévastatrices et œuvrer pour préserver cet espace naturel. Maria l’amie d’Ahmed lui annonce avoir trouvé une bête, ou plutôt ce qu’il en restait, « un tronc sans queue, ni tête, ni pattes. » La forêt devient étrange, elle recrache animal après animal, tous mutilés et elle semble épier les visiteurs. Atmosphère étrange voire inquiétante. Ahmed saura-t-il éclaircir ce mystère ?

Premier roman

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Fiche #1896
Thème(s) : Littérature française


Lenka HORNÁKOVÁ-CIVADE

Giboulées de soleil
Alma

253 | 298 pages | 12-01-2017 | 18€

en stock

« Giboulées de soleil » donne la parole à trois femmes d’une même lignée, trois femmes tchèques gigognes, Magdalena, Liba et Eva qui donneront naissance à leur premier enfant hors mariage, une famille de bâtardes (« ... on est des bâtardes de mère en fille, comme certains sont boulangers ou roi. »), avec au-dessus d’elles l’ombre du pilier de la lignée, Marie, elle-même fille-mère et qui, comme un pied de nez, est devenue sage-femme dans la campagne de Moravie où elle s’est exilée. En effet, au début du XXème, un enfant sans père reste un bâtard même si ce père a souvent lâchement fui, et le mépris, voire la haine, ébranle leur enfance comme leur vie adulte, la ligne du père sur les papiers d’identité restera vide à jamais. Mais ces quatre femmes de caractère reliées par le fil de la broderie qu’elles pratiquent avec art conservent la tête haute, fières, courageuses, elles affrontent le regard des autres (« Je n’ai pas honte de toi, ma fille. Ce n’est pas à nous d’avoir honte, sache-le.), se construisent avec cette différence et non contre, mais néanmoins face aux autres, en luttant en permanence pour dégager quelques espaces de liberté (« Tu n’appartiens à personne. Tu es libre. Il n’y a que ça qui compte. Ne l’oublie jamais. »). Leurs vies s’entremêlent, Elles deviennent expertes en adaptation, goûtent chaque petit éclat de bonheur, rai de soleil au cœur de la giboulée : « Les moments de grâce sont de cette nature, furtifs, insaisissables. » Leurs existences sont aussi inscrites dans l’Histoire de leur pays, la proximité attirante de l’Autriche, le nazisme, la montée du communisme et l’arrivée des soldats russes installant l’autorité soviétique. Lenka Horňáková-Civade trouve le ton juste et l’équilibre parfait entre l’histoire personnelle, individuelle et la grande Histoire qui est évoquée et rappelée subrepticement, sans lourdeur. Un superbe premier roman qui fourmille d’idées lumineuses malgré l’âpreté des destins, trois portraits émouvants de femmes inoubliables, « à l'instinct de survie très développé », dignes et passionnées qui passeront leur existence à tenter d’inventer leurs vies et à se battre face aux regards accusateurs du quidam qui, définitivement, n’apprécie pas la différence. Ouvrez ce livre et vous serez immanquablement emporté par son souffle franco-tchèque !

Premier roman

« Prends la vie comme elle vient mais ne baisse jamais la tête, surtout devant ce petite monde-là ! Tu ne peux pas fuir ce que tu es, mais il y a différentes façons de s'y prendre. Ne laisse jamais les gens avoir pitié de toi ; la pitié c'est ce qui se change en haine le plus rapidement. Après l'amour. »

« On peut pleurer lorsqu'on rencontre la beauté. Le jour où tu pleureras pour ça, tes larmes auront de l'importance. Tu verras. »

« On cesse d'être innocent et ignorant quand on s'aperçoit qu'on ne sait rien. Et c'est déjà trop tard. »

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Fiche #1891
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Lenka Hornáková-Civade lus par Vaux Livres


Nicolas DUPLESSIER

Eté pourri à Melun plage
Atelier Mosésu

252 | 260 pages | 12-11-2016 | 13€

Florian pourrait être emblématique de la ville où il traîne son ennui : « Melun sera toujours Melun », une ville qui peine à se détacher de sa réputation… Son existence semble bien triste, un boulot alimentaire de manutentionnaire, un projet immobilier foireux (bien connu des Melunais) qui le contraint à habiter une caravane dans le camping de la ville, une vie amoureuse sans éclat, la grande joie ! Il reprend espoir quand il rencontre une vieille connaissance, l’ex-grand amour, la superbe Roxanne, et c’est évidemment tout le contraire qui se produit : Roxanne disparaît rapidement et mystérieusement en laissant sa voiture à proximité du camping et si Florian veut éviter la condamnation hâtive de la police, il se doit d’enquêter. L’homme est plus qu’entêté et l’on sent vite qu’il n’abandonnera pas même s’il doit se confronter à une faune dangereuse et violente, proxénètes, trafiquants, organisateurs de parties fines... mais le danger ultime n’est rarement là où on l’attend ! Un premier roman efficace, noir émaillé de quelques pointes d’humour rafraîchissantes.

Premier roman

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Fiche #1882
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir


Valério ROMÃO

Autisme
Chandeigne

251 | 390 pages | 03-11-2016 | 22€

Le petit Henrique est au cœur du roman de Valério Romaõ où les dialogues et les descriptions s’enchaînent dans un rythme singulier. Et pourtant Henrique ne parlera pas, n’exprimera désespérément aucune idée, aucune parole, aucun sentiment. Henrique est autiste et l’on suit le combat de sa famille, parents et grands-parents, un combat individuel mais aussi d’un couple mis à l’épreuve évidemment, chacun réagit avec sa personnalité, son degré d'acceptation et se trouve souvent en opposition. Un instant unis et l’instant d’après en désaccord, « On était d’accord sur les désaccords. » Une vie définitivement phagocytée, un écueil en chasse un autre : identifier la maladie, la nommer, trouver des solutions pour la vie de tous les jours, trouver les personnes aptes à intervenir, reconnaître les médecins compétents comme les charlatans ou « guérisseurs de foire ». Qui pourrait aider ? Quelle structure serait adaptée ? Et pourtant, face à l’accident, Henrique devient un enfant comme un autre et ses parents, des parents comme les autres, la peur, la douleur, l’angoisse, le fossé immense avec le monde médical... Un portrait éprouvant de parents face à la maladie, à l’incompréhension, aux progressions comme aux régressions, à un quotidien accablant mais aussi à la froideur des urgences servi par une écriture jouant parfaitement sur les rythmes et les répétitions.

Premier roman

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Fiche #1873
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Elisabeth Monteiro Rodrigues


Olivier LIRON

Danse d'atomes d'or
Alma

250 | 230 pages | 01-11-2016 | 17€

en stock

O. rencontre Loren un soir chez des amis. Coup de foudre fulgurant. Ils tombent amoureux, partagent une passion incroyable, intense, brûlante, vive et joyeuse, dansante, même si l’on ressent que Loren tait des moments plus douloureux. Ils progressent émerveillés sur le chemin de l’amour et puis, sans prévenir, Loren disparaît subitement. O. est désespéré, anéanti mais conserve sa rage de vivre malgré la douleur immense ; il refuse d’abdiquer et cherche une explication qui passera par un voyage dans un petit village normand. Un superbe premier roman rythmé, sensible et romantique à l’écriture poétique très personnelle.

Premier roman

« La vie est une chose magnifique mais il ne faut jamais la croire quand elle veut nous faire désespérer. On peut dire la même chose de la littérature. »

« Oui, l’amour est une négation du temps, disait-elle. Nous sommes éphémères comme le monde mais éternels comme la jouissance. »

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Fiche #1872
Thème(s) : Littérature française


Elodie LLORCA

La correction
Rivages

249 | 188 pages | 29-10-2016 | 18€

François a été embauché dans une Revue pour être correcteur, « J’avais justement choisi ce métier afin de ne pas être pris en faute… » Il reprend les lourdeurs, les coquilles, corrige les fautes puis confie son texte à Reine, sa patronne aussi séduisante qu’inquiétante et manipulatrice, « Reine faisait partie de ces femmes qui vous prennent tout. », qu’il désire autant qu’il craint. Il s’aperçoit que le texte que lui rend Reine a été modifié, des coquilles sont réapparues, une lettre changée, la roulure se transforme en coulure et le mot et le sens s’évaporent pour faire place en effet à un autre, une autre phrase, un autre sens. François s’interroge, doute, pourrait-il fauter ou quelqu’un falsifierait-il ses textes ? Dans quel but ? Il tient un carnet, son agenda des coquilles, où il répertorie consciencieusement chaque coquille en espérant percer le mystère. Mais l’homme est seul, étouffé par une grande solitude, sa mère est morte même si elle reste toujours omniprésente à ses côtés, les relations avec sa femme se distendent. Il a toujours subi sa vie, les décisions des autres, seuls les souvenirs et son imagination demeurent fertiles…

Premier roman

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Fiche #1869
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Elodie Llorca lus par Vaux Livres


Anaïs LLOBET

Les mains lachées
Plon

248 | 155 pages | 02-10-2016 | 16€

Madel est quasiment au paradis : elle vit sur une petite île des Philippines avec son compagnon Jan, un chirurgien esthétique revenu au pays. Elle est journaliste et a été engagée par une radio télé locale. Ils sont dans la maison de Jan, lorsque le typhon annoncé, Yolanda, attaque l’île. Un typhon plus fort, plus puissant que d’habitude, un véritable tsunami qui emporte tout sur son passage en quelques longues minutes sans que la population ne comprenne vraiment ce qui lui arrivait. Jan disparaît et Madel qui tenait la main du petit Radjun ne peut le retenir. Terrifiant, « Le silence des hommes me fait frissonner ; il n’y a que la mer qui parle encore à Tacloban ». L’île et ses habitants ne seront plus jamais comme avant. En un instant, tout a changé. La mer a tout gommé, s’est installé, a tout détruit. Le roman nous parle de l’après, de la recherche obsédante et désespérée des disparus, de l’entraide absolue, du soutien dans la douleur et l’horreur. Mais il est aussi question des médias, de leur rôle, de leur comportement. Et Madel a évidemment un double rôle, c’est une rescapée avec ses propres disparus et sa culpabilité mais c’est aussi une journaliste qui se doit de témoigner, d’informer tout en respectant les victimes et leur douleur, « Nous ne sommes pas des charognes, ne devenez pas des vautours. ». Un roman âpre qui place réellement le lecteur au plus près des victimes, de la douleur, des odeurs, et où la mer n’apparaît pas dans son plus beau rôle, mais « Madel, un jour, il va falloir pardonner à la mer. »

Premier roman

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Fiche #1854
Thème(s) : Littérature française


Stéphane BENHAMOU

La rentrée n'aura pas lieu
Don Quichotte

247 | 170 pages | 27-09-2016 | 16.9€

C’est bientôt la rentrée. Les Aoûtiens profitent des derniers jours, mais finalement, une question que l’on est nombreux à s’être posé un jour sur le sable chaud d’une plage bretonne, au bord d’un lac d’altitude ou au cœur d’une forêt accueillante, mais, au fait, pourquoi rentrer ? Sans se concerter, cette année, les Aoûtiens décident que la rentrée n’aura pas lieu ! Onze millions de Français restent dans la nature plutôt que de rejoindre sagement leurs bureaux. Bison futé rejoint les rangs des chômeurs ! Bouleversement total, tout d’abord pour les vacanciers de septembre qui trouvent la place occupée, mais aussi pour les politiques, qui n’avaient pas senti venir le drame pour l’économie. La panique guette, on dépêche un émissaire, le sourire joyeux laisse progressivement place à un sourire crispé, « l’incertitude provoque l’inquiétude »… La tension monte… La société et les politiques n’ont jamais apprécié les minorités qui embrassent les chemins de traverse. Une fable efficace, drôle, jubilatoire mais qui dit aussi beaucoup sur notre société, le discours pouvant être généralisé à volonté à bien d’autres situations !

Premier roman

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Fiche #1850
Thème(s) : Littérature française


Jean-Marc CECI

Monsieur Origami
Gallimard

246 | 160 pages | 14-09-2016 | 15€

Le jeune Kurogiku croise furtivement une jeune femme au Japon et en tombe immédiatement amoureux. Pour la retrouver, il choisit l’exil et s’installe seul dans une maison isolée toscane. Rêvant continuellement à cette femme, il s’adonne à l’art du washi, le papier japonais et à l’origami, ce qui lui vaut son surnom Monsieur Origami. Un jour, un jeune horloger passe la porte et lui fait part de son rêve, fabriquer une montre avec toutes les mesures du temps. Le roman confronte ces deux rêveurs, leurs deux utopies, l’un court après une ombre, une image, l’autre après une ambition, une création. Leur rencontre est faite de silence, de méditation. Le fond, la forme et le style dépouillé engendrent poésie et douceur, chaque page dégage une grande sérénité, une sagesse évidente. Il est aussi question de papier, de pliages, de grues qui ne pourront éviter la mort de la petite Sadako, de philosophie de vie. « Toute beauté a sa part d’ombre » mais on a vraiment beaucoup de mal à discerner cette ombre dans ce lumineux et singulier roman. Monsieur Origami vous offrira un joli moment d’apaisement.

Premier roman

« L’homme ne comprend pas le temps. L’homme a inventé sa mesure. Il a enroulé le temps autour d’un cadran, puis il l’a plié. »

« A quoi sert-il d’avoir si être nous manque. »

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Fiche #1843
Thème(s) : Littérature française


Elisa SHUA DUSAPIN

Hiver à Sokcho
Zoé

245 | 140 pages | 03-09-2016 | 15.5€

Sokcho, petite ville portuaire de la mer du Japon, proche de la Corée du Nord, semble vivre au ralenti, embuée et embrumée dans l’hiver qui s’installe. Une ambiance feutrée, un peu triste, « Suintant l’hiver et le poisson, Sokcho attendait. Sokcho ne faisait qu’attendre. Les touristes, les bateaux, les hommes, le retour du printemps. », et néanmoins cette impression de sérénité, de tranquillité même si les évènements et les psychologies des personnages sont en opposition avec ces sentiments. Une jeune franco-coréenne accueille un dessinateur de BD français venu chercher l’inspiration. Le roman nous les montre se rapprochant lentement tout en intégrant et mesurant leurs différences marquées, tant au niveau de leur personnalité que culturellement. Elle est restée à Sokcho pour ne pas quitter sa mère, son père étant parti rapidement sans laisser de traces. Ayant appris le Français au lycée, elle connaît la littérature française. Les deux s’observent entre deux dessins et deux plats cuisinés, parlent peu. Ils s’effleurent à peine du regard et pourtant ils sauront rompre la frontière, franchir le mur d’incompréhension qui les séparait. On est dans le ressenti, on sent, on ressent, par petites touches, l’auteur met en place une atmosphère singulière empreinte de douceur et de lenteur et tisse le portrait intime d’une jeune femme aimantée par ce lieu qu'elle ne pourra quitter. Un court roman qui nous emporte pourtant très loin dans les brumes des rêves et la poésie.

Premier roman

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Fiche #1840
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Elisa Shua Dusapin lus par Vaux Livres


Alex TAYLOR

Le verger de marbre
Gallmeister

244 | 275 pages | 14-08-2016 | 20€

Beam Sheetmire, dix-sept ans, Derna sa mère et Clem son père, assure le passage de la Gasping River dans le Kentucky par un bac ancien modèle. Les clients se font rares, un soir où c’est Beam qui dirige le bac, un type louche au comportement et questions bizarres souhaite passer la rivière. La discussion dégénère, et Beam tue le passager sans savoir qu’il est le fils de Loat Duncan, le caïd local craint de tous. Et il ignore aussi beaucoup d’autres faits du passé que va réveiller cet assassinat. En particulier les liens dangereux et haineux entre son père, sa mère, Loat et Daryl qui a perdu ses deux bras très jeune. Clem ordonne immédiatement à Beam de fuir, de quitter la région avec à ses trousses le passé et le shérif local. Un premier roman puissant, âpre, diabolique, le goût du sang affleure chaque page, et l’intrigue tendue du début à la fin.

Premier roman

« Tu es jeune, ça se voit. Un type de ton âge, il croit que le monde va se briser s’il tape assez fort. Il croit qu’il peut tenir tête, mais c’est pas comme ça que ça marche… Le monde peut pas se briser. Le mieux qu’on puisse faire, c’est s’écarter de son chemin et espérer passer inaperçu. »

Ecouter la lecture de la première page de "Le verger de marbre"

Fiche #1828
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Anatole Pons

Les titres de Alex Taylor lus par Vaux Livres


Négar DJAVADI

Désorientale
Liana Levi

243 | 350 pages | 10-08-2016 | 22€

Désorientale suit l’itinéraire personnel et familial de Kimiâ, d’Iran en France à partir des années 60, à la recherche de son propre chemin, de sa maison. Par son intermédiaire, le lecteur balaye l’histoire récente de l’Iran, le régime du Shah, l’arrivée au pouvoir de Khomeiny puis son accueil par la France, la répression des opposants (dont faisaient partie ses parents) aux deux régimes, Négar Djavadi entremêle cette grande Histoire à la fresque de la famille Sadr sur trois générations. Une famille nombreuse et virevoltante, un pays à forte culture, un exil périlleux à travers la montagne, un nouveau pays, une nouvelle langue, trouver son identité et son équilibre et pour cela Kimiâ devra faire d’autres rencontres, l’image, la musique, Anna, la procréation assistée, d’autres voyages peut-être moins lointains et moins éprouvants mais tout aussi essentiels et bénéfiques pour se détacher sensiblement de son pays natal et trouver sa propre identité, sa place et apprendre lentement à être heureuse. Un premier roman ambitieux et parfaitement maîtrisé, le ton est vif et personnel, il interpelle et entraîne immédiatement le lecteur confident ou témoin, l’équilibre entre l’intime et l’Histoire est judicieux, tout est imbriqué, le contraste permanent, les thèmes sont multiples et traités en profondeur, la fougue, le tempérament et l’envie de liberté de l’héroïne vivifiants. Un premier roman au top !

« Comment croire, alors que la vie s’étale devant soi aussi infinie que le monde, qu’un simple mot puisse la résumer tout entière ? »

« On a la vie de ses risques, mes chatons. Si on ne prend pas de risque, on subit, et si on subit on meurt ne serait-ce que d’ennui. »

« Sauf que la liberté est un leurre, ce qui change c'est la taille de la prison. »

Ecouter la lecture de la première page de "Désorientale"

Fiche #1825
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Négar Djavadi lus par Vaux Livres


Audur Ava OLAFSDOTTIR

Le rouge vif de la rhubarbe
Zulma

242 | 156 pages | 31-07-2016 | 18.5€

Zulma publie enfin le premier roman d’Audur Ava Olafsdottir (après les trois suivants !). On retrouve déjà la poésie et la tendresse présentes dans les trois ouvrages suivants. Des personnages (ordinaires) et un pays (contrasté) rudes, mais éclairés par des moments lumineux ouvrant à une certaine sérénité. Agustina est une gamine handicapée peinant à se déplacer. Sa mère est partie sur les traces d’oiseaux migrateurs et son père n’a fait que passer, « Elle a été drôlement courte, l’union de tes parents, dit Nina. Quatre ou cinq jours tout au plus. Et il a plu tout le temps. ». Elle aurait été conçu dans un champ de rhubarbes sauvages où elle aime maintenant à s’allonger. Nina une femme d’une soixantaine d’années, qu'on aimerait rencontrer, prend soin d’elle avec tendresse, humour et simplicité. Agustina a du caractère et, encouragée par Nina, se lance un défi, gravir le sommet voisin (844 m)… Audur Ava Olafsdottir nous enchante une nouvelle fois avec ses personnages attachants et son amour de la vie.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Le rouge vif de la rhubarbe"

Fiche #1815
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Catherine Eyjolfsson

Les titres de Audur Ava Olafsdottir lus par Vaux Livres


Sandro BONVISSUTO

Dedans
Métailié

241 | 180 pages | 24-07-2016 | 18€

« Dedans » évoque trois instants de vie en prenant le temps à rebours. Le narrateur est en prison et décrit, sans artifice, avec un regard froid, presque sans jugement, le monde carcéral et ses règles, sa vie quotidienne minutée. L’absurdité permanente, la violence mais parfois aussi la fraternité, l’incompréhension sont criantes. Puis deux tableaux viennent compléter le portrait, l’adolescence et l’enfance éclairent le récit. Ce premier roman original par sa construction et son écriture réussit l’exploit de nous parler de prison en évitant une atmosphère pesante et désespérée tout en étant dans le réalisme total, brillant exploit !

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Dedans"

Fiche #1808
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Serge Quadruppani


Mikel SANTIAGO

La dernière nuit à Tremore Beach
Actes Sud

240 | 334 pages | 22-06-2016 | 22.5€

Peter Harper est un compositeur reconnu mais après un divorce mouvementé, il a besoin de s’isoler et de rester seul quelques mois. Il choisit Clenhburran, un petit village des côtes irlandaises, isolé, calme, venté, propice à la solitude et au retour de l’inspiration musicale, du moins l’espère-t-il. Il est si seul dans sa maison isolée que finalement, il voit d’un bon œil la présence de voisins non loin, sait-on jamais, on peut toujours avoir besoin d’aide... Un soir, la région est en alerte, les orages y sont courants mais celui annoncé devrait être particulièrement violent, la prudence est de mise. Il choisit néanmoins de répondre à l’invitation de ses voisins et brave le danger. Pourtant, au retour, un arbre brisé obstrue la route. Alors qu’il sort de sa voiture pour évaluer la situation, il ressent bourdonnements, et autres impressions bizarres et se réveille à l’hôpital. Il aurait pris la foudre et depuis un mal de tête l’accompagne. Et ce mal est complété par des rêves bizarres, ces rêves semblent réels, l’avertissent de graves dangers dans le futur et certains faits semblent le confirmer. Evidemment ses proches et le personnel médical demeurent incrédules et le considèrent progressivement comme fou. Il devient de plus en plus inquiet lorsque ses enfants s’installent pour les vacances et s’il voit l’avenir, pourquoi ne pas intervenir sur le déroulement du réel pour tenter d’éviter le pire ? Mais le laissera-t-on faire et trouvera-t-il quelqu’un pour le croire et l’aider, en effet, il se sent bien seul face à l’avenir. Du rythme et du suspense, tendu, angoissant et oppressant, de l’imaginaire, et l’Irlande toujours aussi attirante, pour une première, c’est une vraie réussite !

Premier roman

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Fiche #1804
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Delphine Valentin


Stéphanie DUPAYS

Brillante
Mercure de France

239 | 188 pages | 06-06-2016 | 17€

Claire et Antonin sont des jeunes cadres dynamiques, brillants, ils ont suivi de grandes études, se disent performants, sont sûrs d’eux, de leur talent, de leur réussite, de leur supériorité et ils ne le cachent pas, ils appartiennent au beau monde. Rien ne semble ébranler leurs certitudes. Et, pourtant… Sans trop savoir pourquoi, un jour, la supérieure de Claire, modèle absolu de la femme qui a tout réussi, commence de ne plus la regarder, elle n’est plus reconnue, ignorée parfois. Claire reste interdite, ne comprend pas mais doit se rendre à l’évidence, une autre est en train de lui ravir la place. Ce bouleversement la plonge dans le silence, elle ne peut partager cette mise à l’écart avec Antonin ou d’autres, reconnaître son échec est strictement impossible. Comment continuer lorsque l’adrénaline disparaît ? Comment continuer si la lumière s’estompe et si les fondements qui ont construit sa vie intime et professionnelle vacillent ? Un roman cinglant et cruel qui offre une variation sans concession sur le thème de réussite et qui dresse un portrait noir de cette caste, nouvelle aristocratie matérialiste, que le travail a absorbé et qui reste persuadée de sa supériorité et de son destin hors norme.

Premier roman

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Fiche #1792
Thème(s) : Littérature française


Yves GOURVIL

Requiem des aberrations
Les Editions du Sonneur

238 | 406 pages | 16-04-2016 | 18€

Moïse Chant-d’Amour a fait découvrir à Saturnin, le narrateur, un vieil entrepôt délabré où il se sent immédiatement chez lui et décide de le rénover pour en faire un parc d’attractions, « Pas seulement un anti-Disneyland mais aussi et même surtout un anti-Bayreuth. », où musique classique et opéras, les sauveurs de l’humanité, règneront. L’aventure peut commencer et quelle aventure ! Tout est en effet possible dans ce lieu habité par une foule bigarrée et extravagante et surtout si vivante, des êtres en marge de la société bien pensante, des sans voix qui apparaissent dans toute leur humanité avec leurs qualités et leurs travers. Cet endroit insalubre devient pierre après pierre quasiment habitable, l’entraide devient la règle, la vie ensemble s’installe. Ils s’acceptent dans ce lieu partagé, un endroit à eux où la lumière brille. Un premier roman fou, lumineux et truculent où l'homme retrouve sa place.

Premier roman

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Fiche #1769
Thème(s) : Littérature française


Paul MCVEIGH

Un bon garçon
Philippe Rey

237 | 250 pages | 13-04-2016 | 19€

Le lecteur accompagne Mickael, dit Mickey, lors de son dernier été, neuf semaines, dans son quartier de Belfast avant son entrée en collège. Bon élève, il a été admis dans un collège d’élite et espère ainsi quitter son environnement habituel et les autres gamins du quartier, son père l’en empêchera malheureusement et il rejoindra le collège du quartier. L’Irlande de la fin des années 80 vit encore ses conflits qui pèsent lourdement sur l’ambiance, l’atmosphère et le quotidien des adultes et des enfants. Et Mickey continue de rêver au cœur de ces tensions extrêmes, son rêve absolu étant de partir aux Etats-Unis avec sa mère et sa petite sœur. Mais en attendant, il faut bien vivre et sa grande sensibilité ne passe pas inaperçue. Son regard acerbe, douloureux, moqueur, tendre et parfois triste nous décrit son entourage mais rend aussi compte du climat pesant de l’Irlande, de la pauvreté et du climat social déjà délétère, et ses variations de ton, sa vision d’enfant rendent le roman vivant et rythmé. Parcours initiatique et regard émouvant et attachant d’un enfant rêveur et malicieux dans cette Irlande au climat trouble et à l’atmosphère si singulière.

Premier roman

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Fiche #1767
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Florence Lévy-Paoloni


Colombe BONCENNE

Comme neige
Buchet-Chastel

236 | 115 pages | 11-04-2016 | 11€

en stock

Lors d’un week-end de vacances avec sa femme, Constantin Caillaud découvre étonnamment le roman « Neige noire » de son auteur favori Emilien Petit. Il croyait connaître tout de l’œuvre de cet écrivain, aussi il se lance dans des recherches à propos de ce livre ignoré de tous. Un livre qui ne semble pas exister, d’ailleurs au moment de le montrer à Hélène, son ancienne maîtresse qui lui a fait découvrir cet écrivain, Constantin ne peut retrouver cet exemplaire unique et part à sa recherche au cœur du monde littéraire. L’enquête est donc une absolue nécessité, une enquête sans meurtre, sans coupable, et même l’existence de l’objet du délit est remise en cause... Ce n’est peut-être qu’un rêve, ou alors une folie douce, ou bien encore une machination finement réglée… Colombe Boncenne joue en permanence entre fiction et réalité avec le lecteur, elle lui laisse choisir son chemin et son roman, elle propose sans jamais imposer. Un premier roman d’une grande finesse et maîtrise, et un belle et singulier hommage à la littérature.

Premier roman

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Fiche #1766
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Colombe Boncenne lus par Vaux Livres


Emmanuel RÉGNIEZ

Notre château
Le Tripode

235 | 142 pages | 07-04-2016 | 15€

Une sœur et un frère partagent la maison familiale, seuls dans leur château au milieu des fantômes. Ils ne se quittent pas. Seule exception, les jeudis où le frère prend le bus, part en ville chercher quelques livres. Sa sœur ne quitte jamais le château. Et pourtant l’inattendu survient. Un jeudi, en ville, il voit sa soeur dans un bus. Irréel. Incroyable. Elle ne sort jamais et refuse de prendre le bus. Le frère reste pantois et dans l’incompréhension totale. Comment lui parler ? Comment l’interroger ? Doit-il l’interroger ? Le doute s’installe, les hypothèses le minent. Le petit monde protégé qu’ils s’étaient construit (notamment au coeur de leur bibliothèque) loin du monde commence de se fissurer… La tension monte, les crispations aussi, les portes claquent et s'ouvrent, le lecteur attend avec crainte le sang... Un texte particulièrement singulier et tout aussi étrange et inquiétant qu’attachant, une écriture envoûtante, sèche et répétitive quand il le faut, une tension maîtrisée qui accroche le lecteur, un conte noir obsédant à partager sans modération !

Premier roman

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Fiche #1764
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Emmanuel Régniez lus par Vaux Livres


Olivier BOURDEAUT

En attendant Bojangles
Finitude

234 | 160 pages | 07-03-2016 | 15.5€

Il passe son temps à regarder et admirer ses parents danser. Ils dansent, et dansent encore, sur Mr Bojangles de Nina Simone. La musique de Nina Simone nous emporte dans un tourbillon festif, d’un pied sur l’autre, d’une page à l’autre, le lecteur danse avec le couple au rythme des variations, entre joie et tristesse, larmes et pleurs, bonheur et mélancolie, extase et folie. Et quand ils ne dansent pas, un air frais de folie permanent anime la maison sous l’œil hautain de Mlle Superfétatoire, un grue exotique aussi digne que la famille est déjantée. Un amour immense, excentricité d’abord puis une folie qui pointe son nez et s’installe paisiblement, mais notre société peine encore à accepter la folie, même douce... Un premier roman atypique et gai comme un pinson fou !

Premier roman

« Ceci est une histoire vraie, avec des mensonges à l’endroit, à l’envers, parce que la vie c’est souvent comme ça. »

Ecouter la lecture de la première page de "En attendant Bojangles"

Fiche #1760
Thème(s) : Littérature française


Emily BARNETT

Mary
Rivages

233 | 190 pages | 21-01-2016 | 16.5€

Mary, « Je m’appelle Mary. C’et un nom. », un nom, mais deux femmes et deux époques. La première est une jeune Américaine des années 50 qui quitte l’Amérique en plein maccarthysme pour suivre son époux artiste peintre. La seconde est une adolescente des années 2000 internée avec sa mère dans un château, sorte d’hôpital psychiatrique. Quels liens unissent ces deux femmes ? Les portraits deviennent flous, les différences s’estompent, la folie et la réalité se mêlent, le lecteur est intrigué, dérangé, s’interroge. Des sensations l’envahissent, aucune certitude, il devine un lien fort mais ne peut le deviner, reste hésitant, interdit. Un texte qui bouscule et occupe longtemps l’esprit du lecteur !

Premier roman

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Fiche #1742
Thème(s) : Littérature française


Soffia BJARNADOTTIR

J'ai toujours ton coeur avec moi
Zulma

232 | 142 pages | 10-01-2016 | 17.5€

La mère d’Hildur vient de mourir. Elle lui lègue une lettre, une petite maison jaune sur une île, et beaucoup de souvenirs. Hildur n'a jamais pu dire ''Mamam'' ou ''mère'', elle appelait sa mère Siggy, une mère atypique, froide, extravagante, dépressive et mélancolique. Alors Hildur revient sur ses souvenirs avec une grande originalité, pour comprendre sa mère et son comportement mais peut-être aussi pour mieux appréhender ses propres liens avec son fils Tumi. Le fil du discours est étonnant, les enchaînement surprenants autant que l’écriture et les images suscitées ce qui fait que ce livre sur la mort, la dépression, et la famille est unique.

Premier roman

« J’ai envie de vivre et mourir à la fois. D’être et de partir. Nous sommes tous bipolaires. Le désir d’un retour aux sources vit en chacun de nous, en lui s’unissent les balbutiements et la fin. Nauséeuse, j’entends une voix qui monte des profondeurs de la mer : ''Tu est l’argile de la terre'' … »

Ecouter la lecture de la première page de "J'ai toujours ton coeur avec moi"

Fiche #1732
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Jean-Christophe Salaün


Stéphanie CLAVERIE

L'homme qui n'a pas inventé la poudre
La Différence

231 | 175 pages | 29-12-2015 | 17€

A 35 ans, Sébastien est différent. Il l’a toujours été et il n’a pas vieilli, a conservé beaucoup de l’enfance et de cette différence initiale et fondatrice ("...Sébastien s'offre le luxe de vivre comme une grande personne."). Devenu jardinier municipal sur l’île d’Oléron, les fleurs et les plantes sont ses amis comme ceux qui n’ont pas peur de lui et l’acceptent avec sa candeur et sa naïveté. Dans cet univers, Sébastien trouve quelques amis, sa place et son chemin, comme « La terre, il ne faut pas l’enfermer. Elle a besoin d’espace, elle a besoin d’air pour s’épanouir. ». Un bel hommage à la différence que ce chemin singulier et lumineux vers le bonheur.

Premier roman

« Le temps s’étire au jardin. L’angoisse s’apaise. Les tracas de la vie d’homme n’ont pas leur place dans cet univers. Ici, on ne rationalise pas la tâche, on ne fait pas la chasse au temps perdu, aux gestes inutiles. Ici, on se vautre dans l’infini du temps qui s’arrête, on prend racine dans le présent. Ici, on est dans un jardin sur l’île d’Oléron. »

Ecouter la lecture de la première page de "L'homme qui n'a pas inventé la poudre"

Fiche #1724
Thème(s) : Littérature française


Guillaume LEMIALE

Margarine
Les Editions du Sonneur

230 | 280 pages | 09-12-2015 | 17€

Le temps est venu de se confier. Margarine dans un dernier souffle se doit de revenir sur son parcours, de la Tchécoslovaquie, en passant par Berlin au moment de la chute du Troisième Reich, jusqu’à Paris en tant que baronne. Adolescence chaotique (« Dès mon plus jeune âge, j’avais été battue, bâtie pour la soumission ; un monde sans moi ni lois ! »), elle quitte son oncle et sa tante pour tenter de retrouver sa mère. Elle la découvre mourante et prostituée. Elle sera sa remplaçante et envoyée dans un camps de soldats français SS. Elle y rencontre l’horreur et l’amour. Livrer ses souvenirs, sans retenue, sans filtre, dans l’urgence (« Tout se bouscule, un passé à écrire, un avenir compté… Nuits blanches pour pensées noires. »), la fin étant proche, les mots semblent peut-être enfin la libérer (« Je prie le lecteur de bien vouloir excuser mon ton acerbe et ce chaos. Ils cachent ma nudité face à la vie, mon impuissance aussi. Le temps est venu… ») mais surtout partager ses sentiments, son impuissance, sa soumission définitive. La langue est crue, percutante, parfois aussi violente que les faits décrits. La guerre est une horreur, les sentiments qui animent ses acteurs inhumains et apocalyptiques. Les guerres propres n’existent pas !

Premier roman

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Fiche #1719
Thème(s) : Littérature française


Clara ARNAUD

L'orage
Gaïa

229 | 332 pages | 04-10-2015 | 21€

Kinshasa s'apprête à accueillir un grand sommet international et tout doit briller, évidemment. Du moins, ce qui sera visible aux honorables hôtes… Journée importante pour le pays, pour Kinshasa et pour les dignitaires du régime. Néanmoins, l'orage gronde, l'atmosphère s'électrifie et l'impact sur la vie de la ville commence de se faire sentir. Alors que l'eau fait son apparition, le sang coule. Un gamin de la rue se fait massacrer par une patrouille de police, l'étincelle qui fait exploser la poudre. La révolte gronde. Clara Arnaud en suivant quatre personnages très différents dresse un portrait réaliste de cette ville immense et tentaculaire.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "L'orage"

Fiche #1708
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Clara Arnaud lus par Vaux Livres


Yannis TSIRBAS

Victoria n'existe pas
Quidam

228 | 66 pages | 18-08-2015 | 10€

en stock

Nous sommes en Grèce, mais cela pourrait se dérouler dans n’importe quel autre pays européen. C’est à Athènes, mais cela pourrait se dérouler dans n’importe quelle autre grande ville européenne. Nos sociétés sont en crise, uniformément, se scindent en différents mondes chacun feignant d’ignorer l’autre. Deux hommes se rencontrent dans un train en direction d’Athènes. L’un d’eux est bien décidé à parler et l’autre sera contraint à écouter cette logorrhée. L’homme décrit sa réalité, son quotidien, son ressentiment face à ce monde d’aujourd’hui qu’il ne reconnaît plus, envahi par les « autres » (« Je sais pas quand c’est arrivé, mais c’est comme si un soir je m’étais endormi sans eux, et je m’étais réveillé le lendemain au milieu de ce bordel. »), c’était tellement mieux avant. Il a même réfléchi à une terrifiante solution radicale (« Ils vont repartir comme ils sont venus. Sans que tu t’en rendes compte. »). Celui qui écoute est dans un autre monde, semble ailleurs, il y a une incompréhension totale entre eux, il regarde les réactions des autres, reste hermétique en continuant de refuser cette réalité, et mettra du temps avant d’être vraiment dérangé par ces avis inquiétants induisant une prise de conscience face à ce discours haineux et extrémiste. Un court brûlot percutant, véritable coup de poing qui frappe là où ça fait mal, cri désespéré avant qu’il ne soit trop tard et auquel il faut absolument porter attention.

Premier roman

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Fiche #1685
Thème(s) : Littérature étrangère


Didier CASTINO

Après le silence
Liana Levi

227 | 223 pages | 16-08-2015 | 18€

Louis Catella est un homme emblématique. Communiste catholique, lui et l’usine (Fonderies et Aciéries du Midi) ne font qu’un. Si l’on parle de lui, on parle de l’usine, réciproquement et nécessairement et le temps de la confession est venu. Louis se raconte dans un monologue destiné à son plus jeune fils qui avait sept ans au moment de sa mort. Il raconte son métier, l’usine, le syndicat, ses engagements et ses luttes, mais aussi la famille, son amour pour Rose et pour ses enfants, la lutte pour la vie et pour les quelques instants de bonheur volés. Louis et ses enfants forment une famille de gauche, la vraie gauche, « Même les enfants ne connaissent que la bonté et la ferveur de la gauche, c’est grave de ne pas être de gauche, c’est un principe, tous les gens qui viennent à la maison sont de gauche. Et même dans la gauche, il y a la gauche gauche et la gauche un peu moins. Tonton Henri, il est un peu moins, il est socialiste, mais il est à gauche quand même, notre ami Alexandre, c’est pareil, à gauche mais un peu moins. ». Les enfants comme Louis ont un chemin tracé, tout d’abord parce que c’est comme ça (« Très tôt on comprend que certaines choses nous sont étrangères, tout s’organise entre ceux qui peuvent et ceux qui ne peuvent pas, ceux qui vont à l’école et ceux qui travaillent, c’est l’un ou l’autre. ») mais aussi pour des raisons pécuniaires (« L’école s’impose comme une fausse route, pleine de dangers, et qui ne permettra pas ni à ma mère ni à mon frère ni à personne de vivre. Il faut très vite gagner de l’argent. »). Puis en 1974, Louis meurt et il faut continuer la route. Le fantôme de ce père observe la vie de la famille sans lui, dialogue avec ce plus jeune fils, avec tendresse et douleur mais aussi regrets, doute et culpabilité. En effet, la tradition a été rompue, le fils est devenu prof abandonnant l’usine, le PC et la CGT, et tente de justifier ses choix auprès de ce père modèle. Tableau sensible et poignant de la condition ouvrière des années 70, une époque révolue où le Nous (« Nous existons, même sans rien, même estropiés. ») avait encore un sens et portait espoir et rêve. Portrait vivant sans concession, sans misérabilisme, dans la vérité et le réalisme, à la construction particulièrement accomplie.

Premier roman

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Fiche #1681
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Didier Castino lus par Vaux Livres


Hugues SERRAF

Comment j'ai perdu ma femme à cause du tai chai
L'Aube

226 | 150 pages | 31-07-2015 | 16€

Un couple s'étiole, prend ses distances, puis se sépare. L'homme reste interdit et la femme disparaît. Le coupable idéal est désigné, le mari ! Il a même laissé ses empreintes sur un sabre sanguinolent ! Le corps de la femme reste introuvable mais l'époux se retrouve immédiatement en prison, et rejoint un Coloc heureusement amical dans une cellule « crade et grise ». Il arrive avec sa vision de la prison construite à partir des films et livres abordant le sujet et tente de retrouver quelques indices de vérité... Son Coloc très curieux aux réflexions pleines de bon sens l'incite à lui raconter son histoire, histoire assez classique d'un couple que le temps pousse vers la sortie et la séparation. Plongée efficace dans l'histoire d'un couple et dans l'univers pénitentiaire, le tout sur un rythme soutenu et avec un ton inventif et décalé et surtout débordant d'humour !

Premier roman

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Fiche #1672
Thème(s) : Littérature française


Albena DIMITROVA

Nous dînerons en français
Galaade

225 | 210 pages | 19-07-2015 | 18€

Alba a dix-sept ans lorsqu'elle est admise à l'hôpital du gouvernement bulgare pour une paralysie galopante. Loin de son milieu habituel, elle va faire La Rencontre avec Guéo, cinquante-cinq ans et membre du Politburo. La complicité initiale se mue rapidement en passion. L'histoire se déroule quelques années avant la chute du mur et les régimes communistes tendent à disparaître. Et Guéo est bien placé pour le savoir, il a toujours été militant et rédige alors un rapport destiné à sauver le régime. Alors surveillance ou espionnage ne l'émeuvent guère. Il préfère la vie (sans contraintes) et Alba. Pourtant le quotidien s'embrume et il décide de faire partir Alba, définitivement marquée par cet homme et cette rencontre, en France où il la rejoindra dès que possible. « Nous dînerons en français » est le roman de la fin d'une période en Bulgarie, d'une passion entre deux êtres différents, d'un rendez-vous manqué et Albena Dimitrova a choisi de nous le faire partager avec son accent dans sa langue d'adoption qu'est le Français ce qui renforce la poésie et la fraîcheur du trait.

Ce roman a été réédité en 2023 par les éditions Intervalles.

Premier roman

« En toute chose politique c'est pareil, une fois les extrémités bien bordées, il faut attraper la bonne mais boudeuse voix du milieu »

« Je n'ai jamais possédé le cœur de Guéo. Lui non plus, il n'a jamais possédé le mien. Nous les avons juste fait battre ensemble. Etions-nous libres? »

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Fiche #1665
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Albena Dimitrova lus par Vaux Livres


Nathalie CÔTE

Le renversement des pôles
Flammarion

224 | 192 pages | 10-07-2015 | 16€

Deux couples prennent le chemin des vacances, personnages emblématiques de la classe moyenne de notre société, « le camp des modernes ». Deux appartements mitoyens vont accueillir les Bourdon et les Laforêt, tous ravis de pouvoir prendre un peu de bon temps avec leurs enfants. Mais le temps libre est aussi propice à la réflexion, à l'analyse et parfois à faire apparaître au grand jour les failles et frustrations tues depuis de longues années comme les envies (ou fantasme?) furieuses de changement. Un premier roman qui aborde parfois cruellement, mais toujours avec le sourire voire ironie, les dérives de notre société et qui, à travers le quotidien de deux couples ordinaires, parle du monde du travail, des relations de couple et d'amour ou de désamour, de l'argent et du matérialisme, de l'apparence et de la consommation, mais aussi de l'ennui. Un portrait aussi grinçant que drôle et vif !

Premier roman

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Fiche #1655
Thème(s) : Littérature française


Jax MILLER

Les infâmes
Ombres noires

223 | 350 pages | 04-07-2015 | 21€

Freedom Oliver, joli nom évocateur au parfum poétique et pourtant, dès l'ouverture, la dame vous refroidit : « Je m'appelle Freedom Oliver et j'ai tué ma fille. C'est surréaliste, et je ne sais pas ce qui me fait le plus l'effet d'un rêve : sa mort ou son existence. Je suis coupable des deux. ». Le ton est donné et le personnage s'impose immédiatement. Freedom fut accusée du meurtre de son mari et passa quelques moments en prison. Elle fut alors séparée de ses deux enfants rapidement adoptés par une famille de religieux au-dessus de tout soupçon, famille idéale, dans la droiture, la voilà rassurée… Le coupable en prison, innocentée et protégée par le FBI, elle se terra dans l'Oregon sans jamais révéler sa véritable histoire, même si le sympathique, attentionné mais bourru flic Mattley flairait bien quelques secrets inavoués. Néanmoins, lorsqu'elle apprend quasiment simultanément la sortie de prison de l'accusé et la disparition de sa fille, Freedom ne peut rester insensible et passive. La louve est lâchée et rien, vraiment rien, ne pourra la stopper. Une palette de personnages et de caractères exceptionnels, de la tension, du suspens, de la folie, un ton et une construction singuliers, une vraie réussite!

Premier roman

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Fiche #1650
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Claire-Marie Clevy


John LYNCH

La déchirure de l'eau
Le Castor Astral

222 | 240 pages | 22-06-2015 | 17€

James Lavery a 17 ans. Neuf ans auparavant, son père, Conn, est mort. Pour l'Irlande, bien sûr. En héros, évidemment. Sa mère a alors plongé dans l'alcool et s'est rapprochée de Sully, un gars hâbleur et pas trop fiable. Le jeune homme a dû tenter de se construire écrasé par la présence posthume du héros alors que c'est son père qui lui manque, le poids de l'Irlande, la mort et la violence omniprésentes. Il est si facile de suivre le même chemin. Pourtant, courageusement, à partir de ses rêves qu'il nous fait partager, James saura adopter un autre itinéraire, découvrir en Conn un père, puis l'apaisement, et éteindre la culpabilité, la colère et la violence qui l'animaient en éloignant ainsi la mort de son quotidien. Un superbe et émouvant roman d'initiation avec cette ambiance si singulière qu'apportent l'Irlande et son histoire.

Premier roman

« J'aime L'Irlande. J'aime ses ciels bas et étroits. J'aime sa silhouette fragile sur les cartes. Je suis sur le point de mourir pour l'Irlande. Je vais devenir immortel. Je vivrai dans les paroles des chansons que chantent les anciens… Mon sang sera une rivière où d'autres patriotes se baigneront, ils puiseront leur force dans ma bravoure.  »

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Fiche #1647
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Richard Bégault


Marine CARTERON

Les autodafeurs, Mon frère est un gardien, tome 1
Le Rouergue

221 | 325 pages | 16-05-2015 | 14€

Auguste n’a guère le temps de se remettre de la mort de son père dans un accident de la route plus que douteux... Immédiatement après le drame, il part en catastrophe avec sa mère et sa petite sœur autiste, Césarine, s’installer dans la maison de ses grands-parents. Rapidement, la thèse de l’accident s’effondre et Auguste apprend son père a été assassiné par les Autodafeurs et se retrouve alors au cœur d’un affrontement entre la Confrérie, « gardiens de la liberté », à laquelle appartiennent son père et son grand-père et cette société qui durent depuis l’Antiquité ! L’enjeu est de taille : les livres et le savoir. Une lutte sans merci. La Confrérie est attaquée de toute part et Auguste s’aperçoit que son père l’a préparé depuis longtemps pour prendre la relève. L’innocente Césarine ne restera pas en reste dans ces aventures ! Des personnages singuliers, vifs, sympas, de l’aventure, de l’action, du suspens, du mystère, de l’humour, du rythme, alors pourquoi se priver ?

Premier roman

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Fiche #1637
Thème(s) : Jeunesse Littérature française


Philippe VOURCH

Les genoux écorchés
Christophe Lucquin

220 | 106 pages | 10-05-2015 | 14€

en stock

Les genoux écorchés parcourt l’album des souvenirs d’un petit garçon. Chronique d’une enfance aimée, entourée, attentionnée, simple comme peut l’être parfois la vie. L’enfant devenu adulte et père nous raconte des années plus tard son propre père, disparu rapidement et trop tôt, blessure jamais cicatrisée. Il revient sur les faits simples du quotidien qui remplissent une vie de bonheur et de souvenirs, les départs en week-end, en vacances, les jeux, les soirées, les Gauloises que son père appréciait tant. Une enfance où l’attention à l’autre prime, où le bonheur naît d’un regard, d’un sourire. Une chronique du temps qui passe et qui ne reviendra pas mais qu’il est si doux d’évoquer. Un bel hommage au père et à l’amour paternel. Tendre, doux, sensible et terriblement émouvant.

Premier roman

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Fiche #1634
Thème(s) : Littérature française


Kenneth CALHOUN

Lune noire
Actes Sud

219 | 320 pages | 03-05-2015 | 22€

en stock

Un roman apocalyptique qui prend sa source dans l’insomnie ! Les hommes ne dorment plus, deviennent des espèces de zombies, sans envie, sans mémoire, déconnectés. La folie guette et même le langage se délite. Seule la rencontre avec l’un des rares et derniers humains accédant encore au sommeil semble les « réveiller » en les mettant dans une rage profonde et dangereuse. Le monde s’effondre et semble voué à une disparition prochaine et Kenneth Calhoun nous propose de suivre avec angoisse les quelques aventuriers épargnés par le fléau sur lesquels repose la survie de notre monde. Un roman à ne pas lire avant de s’endormir !

Premier roman

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Fiche #1633
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Alain Defossé


Rachel CORENBLIT

Quarante tentatives pour trouver l'homme de sa vie
Le Rouergue

218 | 190 pages | 02-05-2015 | 18€

A travers quarante tableaux, Rachel Corenblit dresse le portrait d’une femme proche de la quarantaine à la recherche de l’âme sœur mais aussi un bilan des rapports hommes-femmes. Lassée de sa solitude, Lucie, institutrice à Toulouse, laisse libre cours à son imagination pour trouver un compagnon. Recherche obsédante, propice à l’humour grinçant et corrosif, état des lieux parfois pathétique, les comportements classiques sont passés en revue dans tous les cadres (familiale, amicale, professionnel…) et toutes les situations sont bonnes (ou pas) pour provoquer rencontres et ouverture éventuelle ! Le ton est direct, vif, piquant, un texte particulièrement rythmé entre rires et pleurs.

Premier roman

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Fiche #1630
Thème(s) : Littérature française


Elizabeth LITTLE

Les réponses
Sonatine

217 | 495 pages | 21-04-2015 | 21€

Janie Jenkins vient de passer dix ans en prison. La jeune femme insouciante et déjantée avait des relations houleuses avec sa mère, la mystérieuse et fortunée Marion Elsinger. Et quand celle-ci est retrouvée assassinée dans sa maison avec à ses côtés sa fille, Janie est suspecte, accusée puis condamnée. Mais, après sa libération, Janie veut des réponses : qui est vraiment cette mère ? Janie n’a aune mémoire des faits de la soirée tragique, l’a-t-elle réellement tuée ? Elle se lance dans une enquête complexe au cœur d’une Amérique profonde, au fond du Middle West et pour ne rien arranger, elle a l’Amérique à ses trousses qui continue de la croire coupable. Le rythme va crescendo, l’enquête est bien menée, les personnages singuliers et la fin inattendue. Encore une belle réussite chez Sonatine !

Premier roman

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Fiche #1615
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Julie Sibony


Cathy JURADO-LÉCINA

Nous tous sommes innocents
Aux Forges de Vulcain

216 | 208 pages | 30-03-2015 | 16€

en stock

Jean et sa famille, les Jehan, sont associés aux Passereaux, une ferme dans les années 50 non loin de Pau, un peu à l’écart du village voisin. Enfant, Jean est bon élève, adore écrire et raconter des histoires (ces derniers instants seront consacrés à l’écriture), notamment à sa sœur Paule, un peu éloignée de tous et du quotidien de la ferme. Le village regarde avec quelques craintes cette ferme et son patriarche, les relations sont tendues, sans que Jean n’en connaisse les raisons. Il préfère s’occuper d’Odette (« Odette n’avait pas de défaut, sauf peut-être son silence et sa solitude. ») avec qui il se sent bien. Son instituteur lui conseille de continuer ses études, il en a les capacités. Mais aux Passereaux, on ne peut dévier aisément du chemin tracé par la famille. Il espèrera longtemps convaincre les parents, le mariage avec Odette lui sera refusé, il fuira, rejoindra l’Algérie, puis reviendra, retour incontournable, on ne quitte les Passereaux… Trajectoire tragique d’une vie de solitude, d’incompréhension, de douleur, de folie, un cri déchirant à la Münch, aussi terrible que stupéfiant. Un premier roman émouvant particulièrement réussi qu’on lit d’une traite jusqu’à sa fin très singulière et inoubliable.

Premier roman

Cathy Jurado-Lécina nous rendra visite le vendredi 15 novembre 2015.

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Fiche #1608
Thème(s) : Littérature française


Eric HAVILAND

Les batailles d'Hastings
Finitude

215 | 112 pages | 28-02-2015 | 14€

en stock

Eleanor, environ dix-huit ans, est pensionnaire à Abbey School et conserve toute la fougue de sa jeunesse. On lui a imposé de partager sa chambre avec Cynthia qu’elle n’apprécie guère. Or, en ouvrant la porte de sa chambre, Eleanor découvre Cynthia pendue. En un instant, elle sait. Un monde se ferme et un autre l'accueille. Mutation totale et instantanée. Tout retour en arrière est impossible. En une fraction de seconde, sa vie a définitivement changé et rien ne pourra lui faire oublier. L’insouciance s'est évaporée, la joie de vivre disparue, ce drame devient son fardeau, elle ne pourra jamais vraiment confier ses sentiments profonds, ce qu’elle a ressenti à ce moment fatidique. Une variété de sentiments (incompréhension, colère, culpabilité…) l’assaille, elle s’isole, cherche à retrouver son petit ami, le rejette, doute, cherche à comprendre. Malgré les rivalités des filles du pensionnat, elles se révèlent solidaires et épaulent Eleanor, la seconde victime. Pourtant, Eleanor se sait maintenant accompagnée par la Noire, pour toujours, il faudra l’admettre, la combattre et elle saura découvrir en elle toutes les ressources nécessaires. Un premier roman initiatique émouvant et délicat qui happe le lecteur et qui plaira autant aux ados qu’à leurs parents.

Premier roman

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Fiche #1595
Thème(s) : Littérature française


Cécile HUGUENIN

La saison des mangues
Héloïse d'Ormesson

214 | 175 pages | 16-02-2015 | 17€

Une saga familiale sous forme de trois portraits de femmes sur trois générations qui traversent les continents, les pays, les coutumes et croyances, vivent l’exil et se confrontent au mélange des cultures, le tout entouré d’odeurs si caractéristiques. Le lecteur ne subit jamais ces destinées, il y participe (quasiment), Cécile Huguenin lui propose en effet à lui aussi un voyage, une destination, de trouver son chemin, libre à lui de s’échapper et d’aller au rendez-vous avec ces femmes exceptionnelles qui vont se révéler au gré de leurs rencontres et de leurs amours.

Premier roman

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Fiche #1593
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Cécile Huguenin lus par Vaux Livres


François-Henri DÉSÉRABLE

Evariste
Gallimard

213 | 178 pages | 30-01-2015 | 16.9€

Evariste Galois fut une étoile filante (« … il fut aux mathématiques ce qu’à la poésie fut Arthur Rimbaud…), mathématicien brillant, surdoué (« On le nommera Evariste, du grec, aristos – le meilleur. Tout est déjà écrit. »), jeune homme beau, fougueux, passionné et sans compromis, engagé et révolté, mort à vingt ans lors d'un duel. Talent gâché par la jalousie et la bêtise, rien ne lui fut épargné, ni par son entourage, ni par ses collègues et pairs. L’auteur revient sur son parcours, sur son extraordinaire découverte, l’infini, la puissance et la beauté des mathématiques, mais l’inscrit aussi dans l’Histoire de la France (« Les nobles qui ont les terres, ne font rien et font de l’argent ; le clergé, qui a le ciel, ne fait rien et fait de l’argent ; le tiers état par ce qu’on lui a promis dans l’autre vie, le ciel du second, s’échine dans celle-ci sur les terres des premiers, fait tout, n’a rien, ne fait pas d’argent. ») comme dans l’Histoire littéraire et scientifique. Le style est singulier, et l’auteur retrace avec fougue et passion le parcours de ce jeune homme qui découvrit les maths à 15 ans, mourut à 20 et néanmoins, laissa une trace éternelle. Après un recueil de nouvelles très remarqué, un excellent premier roman qui ravira les matheux et tous les autres !

Premier roman

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Fiche #1582
Thème(s) : Littérature française


Jennifer CLEMENT

Prières pour celles qui furent volées
Flammarion

212 | 212 pages | 11-01-2015 | 20€

Plus grand monde n’habite dans les montagnes du Guerrero au Mexique. Les hommes quittent la région dès qu’ils le peuvent. Demeure les femmes et les filles et ... les trafiquants de drogue. Ladydi, quatorze ans, partage son quotidien avec les autres filles et leurs mères, dans la peur de ces hommes sans limite qui viennent très régulièrement les voler et faire « leur marché », choisissent les plus belles, tuent ceux qui tentent de faire obstacle. Quand un enfant naît ici, tout le monde prie pour que ce soit un garçon ! Les mères utilisent tous les stratagèmes possibles pour garder leurs filles et éviter qu’ils les leur volent : les déguiser en garçon, les enlaidir, les cacher. Une chasse sans fin, le prédateur est persévérant, personne ne semble pouvoir l’arrêter et la vie de ces femmes délaissées mais courageuses et solidaires semble figée dans une ambiance mortifère de guerre et de trafic. Un roman témoignage inoubliable qui suscite immédiatement l’admiration pour ses personnages féminins aux destins douloureux et hélas tracés.

Premier roman

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Fiche #1569
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Patricia Reznikov


Mathilde ALET

Mon lapin
Luce Wilquin

211 | 122 pages | 13-11-2014 | 12€

Gabrielle revient sur les lieux de son enfance pour enterrer son grand-père. Elle nous fait partager cet instant si particulier où les familles se réunissent et se retrouvent pour dire adieu à l’un des leurs, entre la vie et la mort (« Un enterrement, c’est comme une journée à la mer, ça creuse. »). Ce moment est propice à un retour en arrière, les souvenirs remontent à la surface. Gabrielle regarde son passé avec tendresse même si parfois la colère semble poindre dans cette famille où le silence est de mise, on ne pose pas de questions chez ces gens là... Elle appréciait le calme qui régnait autour de Papy Louis : « Finalement, je ne connais pas grand-chose de sa vie. Pour moi, il n’a jamais été que Papy Louis et, à trente ans, je le vois encore avec mes yeux d’enfant. C’est peut-être ça, perdre son grand-père : perdre un peu de son enfance. ». Mais les enterrements sont parfois aussi propices à une renaissance, et même parfois à une rencontre prometteuse pour l’avenir… Un premier roman plaisant et enlevé avec des remarques percutantes sur la famille et ses non-dits.

Premier roman

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Fiche #1547
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Mathilde Alet lus par Vaux Livres


Ivan REPILA

Le puits
Denoël

210 | 111 pages | 11-11-2014 | 11€

Ils sont deux frères. Unis. Au fond d’un puits. Un petit monde caché sous un autre. Une vie laborieuse loin de la Vie. Il semble qu’ils ne puissent s’échapper. Pourquoi se sont-ils retrouvés là, coincés. Il faut bien survivre en attendant, en attendant la fin mais quelle fin ? Le plus petit est faible alors que le plus grand tente de garder la forme, mais pour quoi ? Il faut préserver chaque goutte d’eau, chaque bout de ver de terre pour prolonger la vie. Ne pas sombrer dans la folie et ne pas abandonner. Partager et surtout ne pas craquer. L’interdit : ne pas se servir dans le sac de commissions qu’ils doivent rapporter à leur mère au village. Le grand imagine leur fuite, mais dans son scénario, un seul pourra sortir, le petit. Sacrifice. Il le faut. "Le puits" est un texte aussi court que dense, conte philosophique qui vous étouffe, vous aspire dans un univers noir et angoissant, débordant de métaphores qui invitent à une relecture immédiate.

Premier roman

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Fiche #1546
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Margot Nguyen Beraud


Julien SIMONET

Un livre, un arbre et des emmerdes
Scrineo

209 | 288 pages | 27-10-2014 | 18€

Axel Leyrat, la trentaine, partage sa vie avec la sublime et ambitieuse Natacha et leur jeune fils Igor qu’il aime par-dessus tout. Axel a franchi le pas dont beaucoup rêve, il abandonne son travail pour écrire enfin le roman qu’il porte de longue date. Alors qu’il se lance dans la recherche d’un éditeur, Natacha lui annonce qu’elle le quitte, part pour New-York et évidemment emmène Igor. C’est le choc, une déflagration, seul, sans son fils, c’est impossible. Le temps presse et Axel ne voit qu’une solution pour convaincre le juge de lui attribuer la garde d’Igor : trouver l’éditeur capable d’accompagner son roman sur la route des best-sellers ! Alex repère l’adresse de Juliette Lefort, la directrice d’une maison d’édition en vogue et s’installe dans le même immeuble bien décidé à forcer le destin… Les chapitres donnent alternativement la parole à Axel et à Juliette, un premier roman alerte, vif, direct, fourmillant de rebondissements, drôle et émouvant, qui parle aussi bien du monde de l’édition que des aventures périlleuses d’un couple d’aujourd’hui.

Premier roman

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Fiche #1538
Thème(s) : Littérature française


Laure des ACCORDS

L'envoleuse
Verdier

208 | 90 pages | 27-08-2014 | 11.8€

Guillemette et Romain à l’orée de leur vie reviennent sur leur enfance, les souvenirs oscillent entre rêve, fantasme et réalité. Ils se sont rencontrés et aimés depuis leur plus jeune âge. Et le pilier de cet amour est Gisèle, différente la grosse Gisèle et pourtant emblématique de l’Amour. Gisèle les hypnotise, les attire, chacun partagera un secret avec elle, « Avec Gisèle, je suis entrée en désobéissance. ». Le désir perdure, amours éternels, l’attirance aussi, entre eux, entre eux et Gisèle, Gisèle qui les a aidés à dévoiler et réaliser leur amour. Un premier roman ambitieux, troublant et intriguant.

Premier roman

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Fiche #1505
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Laure des Accords lus par Vaux Livres


Marie-Aimée LEBRETON

Cent sept ans
Buchet-Chastel

207 | 126 pages | 25-08-2014 | 11€

en stock

Face au mutisme de sa mère, Madame Plume, Nine a soif de savoir, de connaître son histoire. Elles habitent au nord de la France, un climat, une région bien éloignés de leurs origines : « Je suis née au creux des montagnes, là où le ciel change de couleur dans la courbure du vent. » . En effet, Nine sait seulement qu’elles ont quitté précipitamment la Kabylie après l’assassinat de son père. Alors, à la mort de sa mère, Nine choisit de faire le voyage retour, elle veut découvrir l’endroit où ses parents se sont aimés, découvrir les traces de son enfance et suivre ce chemin qui la fera grandir. Un court récit oscillant entre poésie et conte, tout en retenue et en douceur malgré les thèmes abordés (la souffrance, la peur, les non-dits, l’exil, la guerre…), sans révolte, apaisé.

Premier roman

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Fiche #1504
Thème(s) : Littérature française


Samuel W. GAILEY

Deep Winter
Gallmeister

206 | 317 pages | 20-08-2014 | 23.4€

Danny est grand, costaud, impressionnant. Pourtant Danny est doux comme un agneau et surtout différent. Un accident tragique vers l’âge de cinq ans l’a laissé orphelin et simple d’esprit. A l’école il fut le souffre douleur de ses petits camardes, et adulte cela continuera, tous les habitants de Wyalusing en Pennsylvanie le méprisent et le rejettent. Sauf Mindy, la jolie Mindy qui dès l’école prenait sa défense. Alors lorsque Danny se retrouve dans sa caravane avec le corps de Mindy, sa seule amie, inerte, du sang s’écoulant de son crâne, il est effondré et ne comprend pas. Sokowski l’adjoint violent et sans scrupule du shérif, et son acolyte Carl présents sur les lieux le désignent immédiatement comme coupable. La petite ville de Wyalusing ne s’en remettra pas, les évènements s’enchaînent, personne ne semble pouvoir les maîtriser et stopper les tragédies qui se succèdent. Qui sortira vainqueur de cette course poursuite ? Un innocent (dans tous les sens du terme) pourra-t-il échapper à la violence des hommes et à l’injustice ? Violent, noir de noir, puissant, rythmé et très cinématographique, autrement dit un incontournable de la rentrée !

Premier roman

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Fiche #1501
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Laura Derajinski


Marion RICHEZ

L'odeur du minotaure
Sabine Wespieser

205 | 125 pages | 18-08-2014 | 14€

Marjorie a fait de brillantes études, maîtrise totale, parcours parfait, maintenant au service d’un ministre. Elle a rejoint le camp des puissants, froide et cynique, « Mon rang, c’est celui que je prends. Eh ! Je ne fais qu’exécuter ce que j’ai appris… Plus on me saccage, plus je suis méchante et plus on me respecte. » Un monde très éloigné de son enfance, une enfance dont la seule marque visible est une vieille cicatrice laissée par des barbelés. Néanmoins Marjorie, la petite fille qui ne voulait pas grandir et rejoindre le monde des adultes cache d’autres blessures non cicatrisées, le manque d’amour et d’attention de ses parents, les histoires que lui racontaient sa mère… et un soir, sur la route du retour car sa mère l’a appelée lui demandant de venir au chevet de son père en train de mourir, sa voiture heurte le seigneur du bois, un grand cerf, dont elle recueille les derniers râles. A cet instant, sa vie bascule, cet évènement va la terrasser, remettra en question toutes ses certitudes et fera remonter à la surface son passé. Une violence feutrée accompagne ce premier roman-conte ambitieux à l’écriture ciselée et à la construction singulière.

Premier roman

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Fiche #1500
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Marion Richez lus par Vaux Livres


Fiston Mwanza MUJILA

Tram 83
Métailié

204 | 200 pages | 09-08-2014 | 16€

Au cœur de la Ville-Pays, toutes les nuits, le Tram 83 est le lieu où tout est possible, où le pays prend une autre forme, unitaire, où tout le monde cohabite, se touche, se parle. Etudiants, mineurs, creuseurs, chômeurs, jeunes prostituées, les canetons, touristes, touristes à but lucratif, professeurs, hommes, femmes, riches, pauvres, une population bigarrée envahit le lieu chaque nuit, « Si le bonheur avait un nom, il s’appellerait Tram 83 », et vient s’abreuver de musique, d’alcool et de sexe. Pendant ces moments, tout est possible, « Toutes les nuits ont ceci de particulier. Elles sont longues et populaires ». Lucien attire les femmes mais préfère son crayon, il écrit un conte-théâtre et rêve parfois d’être édité. Requiem petit voyou sans scrupules s’occupe notamment avec attention de l’avenir de Lucien. Mélangeau né en Suisse vient perturber ce duo en assurant, entre deux rencontres avec de jeunes canetons, Lucien d’une édition de ses écrits en Suisse. Une prose singulière et rythmée pour une plongée dépaysante dans un monde vif, sans artifice où l’envie de vivre prime, un roman très original.

Premier roman

« Les chacals ne mangent pas les chacals. »

« Ca ne s’apprend pas, l’instinct de survie. Ca vient de soi. Sinon ils auraient déjà institué un cours d’instinct dans les universités. »

« C’est pendant la nuit que les géants de ce monde fabriquent nos déboires avec les ardeurs de boulanger autodidacte… »

« Ici, on ne vieillit pas, on existe tout simplement. »

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Fiche #1490
Thème(s) : Littérature étrangère


Roderick THORP

La traque
Sonatine

203 | 615 pages | 08-08-2014 | 22€

La traque aurait pu s’appeler Chasseurs puisque le lecteur rapidement horrifié assiste impuissant à deux chasses simultanées et concurrentes. Phil Boudreau de la brigade des mœurs de Seattle connaît parfaitement le terrain et ses acteurs et actrices. Aussi lorsque ses collègues découvrent le corps d’une jeune femme dans la Green River, ils l’appellent pour l’identifier. Boudreau l’identifie immédiatement et suspecte une de ses anciennes « rencontres », Garrett Richard Lockman. Son avis et son rapport sont ignorés et les morts se multiplient, toujours des jeunes femmes, pratiquement toujours des prostituées et souvent le même mode opératoire. Le tueur de la Green est né. Boudreau est écarté de l’enquête mais n’abandonne pas. Hargneux, teigneux, entêté, obsédé par ces mortes et ce Lockman, il continue telle une hyène patiente, en solo, son enquête faisant fi des obstacles répétés et troublants de sa hiérarchie. Dans le même temps, Garrett Richard Lockman continue de chasser les jeunes prostituées et trouve son plaisir en voyant s’éteindre la lumière de la vie au moment de son orgasme. Tout puissant, manipulateur, rusé, et sans limite, il répand la psychose dans la ville. La panique guette, et il faudra près de dix ans pour que les meurtres s’arrêtent. Enfin, jusqu’au prochain… Oppressant, inquiétant, terrifiant, le mal absolu a trouvé un nouveau et "digne" représentant !

Premier roman

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Fiche #1486
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Michelle Charrier


Alexandre JANVIER

La vie de mes rêves
Luce Wilquin

202 | 160 pages | 24-07-2014 | 16€

Une vie rêvée ? Rêver sa vie ? Le mélange est parfois réel et subtil ! Quand et comment oser franchir le pas ? Le héros de « La vie de mes rêves » est un trentenaire un peu paumé, vie sociale triste, vie affective pauvre. Alors lorsqu’un médecin adepte des pratiques alternatives et rayé du Conseil de l’Ordre lui propose une pilule magique pour « obtenir un sommeil artificiel sur commande… et « … pouvoir orienter le sujet, l’action ou les protagonistes du rêve à venir. », il accepte immédiatement, le « Mont Everest de l’amour » lui est promis, alors il plonge ! Dès les premières nuits, il rêve de la même femme, sublime, exceptionnelle, et leur relation s’établit avec une grande harmonie et complicité. Jusqu’au jour où un ancien copain lui présente Francesca qui est cette femme. Aucun doute possible. Ils correspondent d’abord par internet, les conversations banales virent rapidement au très intime, l’idylle part sur de bons rails, mais le réel n’est jamais ni simple ni un long fleuve tranquille… Un roman d’amour et d’humour du XXI ème siècle au rythme effréné des nouvelles technologies.

Premier roman

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Fiche #1481
Thème(s) : Littérature étrangère


Laure PROTAT

L'indifférent
Arléa

201 | 280 pages | 23-07-2014 | 20€

en stock

Un homme, un père, décide de se suicider. Il ne laisse ni lettre ni explication. Un geste définitif. Sa fille qui avait des relations privilégiées avec lui reste interdite et désemparée. Elle revient quinze plus tard sur ce jour qui scinda sa vie en deux. Cet homme a fait le choix de les abandonner, faut-il le suivre ou sombrer dans l'indifférence et l’oublier ? Faut-il trouver explications à l’insupportable et continuer de vivre ? Comment se reconstruire, conserver ou sélectionner ses souvenirs ? Comment tenter de stopper le refrain lancinant et obsédant qui exige des explications ? Comment démêler ce mystère qui lui restera toujours associé ? Passer outre l’incompréhension et cet instant de sidération où tout devient impossible, pleurer, manger, réfléchir, espérer… Passer outre la colère, la rage, la culpabilité pour espérer éclairer cet abandon, se reconstruire et prolonger leurs relations (notamment par l’écriture) au-delà de la mort, l’accepter et se réconcilier.

Premier roman

« Les gens sont presque tous comme moi : moyens. Mais ils sont sauvés par une qualité que je n’ai pas : ils se contentent de ce qu’ils sont. Quant à moi, je ne me remettrai jamais de cette condamnation : n’être pas né génial. »

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Fiche #1480
Thème(s) : Littérature française


Edward KELSEY MOORE

Les Suprêmes
Actes Sud

200 | 320 pages | 30-06-2014 | 22.8€

Elles sont trois. Trois afro-américaines unies et complices depuis leur enfance, elles ne se sont jamais vraiment quittées. Très différentes, elles s’acceptent telles qu’elles sont (« Entre Suprêmes, nous nous traitions avec beaucoup de délicatesse. Nous fermions les yeux sur les défauts des autres et faisions preuve de prévenance, même quand cela n’était pas mérité. ») et admirent chacune certains traits, certaines capités des autres. Une amitié indéfectible qui résistera aux temps, aux épreuves de la vie dans une Amérique ségrégationniste. La cinquantaine, elles sont à tournant de leur vie dans une petite ville de l’Indiana et le roman revient sur leur passé et leurs expériences. On les appelle « les Suprêmes » en référence au célèbre groupe de chanteuses des seventies : la tornade et l’intrépide Odette née dans un sycomore, la mesurée Clarice qui supporte tout de son mari volage et la bombe sexuelle Barbara Jean sur laquelle le temps n’a pas de prise. Une chronique vivifiante qui aborde tous les sujets, les croyances, la famille, l’amitié, l’amour, le mariage, la maladie, le racisme et la ségrégation, mais toujours avec un ton enlevé. Touchant et attachant.

Premier roman

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Fiche #1472
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Cloé Tralci


Fiona MCFARLANE

L'invité du soir
L'Olivier

199 | 270 pages | 06-06-2014 | 22.5€

Ruth a 75 ans et vit seul sur la côte australienne. Harry, son mari, est mort et se deux fils vivent bien loin d’elle, et à part quelques coups de téléphones réguliers, ils ne se voient guère. Sa santé décline, parfois déboussolée, quelques absences, quelques rêves, quelques souvenirs des îles Fidji où elle a passé son enfance et rencontré son premier amour, Richard, un jeune médecin venu aidé son père. Seuls vrais compagnons ses deux chats, les baleines au large et un tigre sauvage qui passe la voir, discrètement, le soir ou la nuit et laisse derrière lui son odeur puissante. Puis un jour, Frida pousse la porte, son frère, chauffeur de taxi, l’a déposée. Elle dit être envoyée par le gouvernement pour s’occuper d’elle et s’installe. Elle prend soin de Ruth si vulnérable mais pourtant la tension monte. Les femmes se jaugent, s’épient, mais aussi semblent s’apprécier parfois, s’agressent puis se consolent, pleurent puis rient. Frida prend sa place et devient vite indispensable même si Ruth tient à son indépendance et se rebelle. Faut-il avoir peur ? Qui doit avoir peur ? Le fil se tend progressivement jusqu’à la dernière page et la rupture finale nécessairement violente.

Premier roman

"Etre heureux, c'est un choix."

"Les enfants étaient éphémères."

Ecouter la lecture de la première page de "L'invité du soir"

Fiche #1466
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Corinne Chichereau


Will WILES

Attention au parquet !
Liana Levi

198 | 300 pages | 03-06-2014 | 21€

Oskar et le narrateur ont fait leurs études ensemble en Grande-Bretagne. Très différents, ils se sont néanmoins côtoyés souvent et se retrouvent maintenant dans leur pays d’origine, en Europe de l’Est. Oskar doit partir régler son divorce aux Etats-Unis et il invite le narrateur à le rejoindre et à s’installer dans son appartement pour l’occuper et prendre en charge ses deux chats. Celui-ci débarque dans un appartement impeccable, plancher superbe et fragile, mais une atmosphère froide et sans vie. Trop propre, trop net, trop rangé. Ecrivain, il produit des brochures et espère profiter de cet environnement pour enfin écrire un roman. Mais cet endroit sans âme est-il le lieu idéal ? Les directives du maniaque Oskar disséminées partout dans l’appartement l’aideront-ils ? Les chats ne lui faciliteront pas non plus la tâche et les évènements s’enchaîneront pour le plus grand malheur de l’appartement, de son gardien et de son propriétaire. Ce séjour permettra en outre de découvrir qui se cache derrière Oskar et son besoin si puissant de perfection, son ami n’est pas au bout de ses surprises ! Le ton est légèrement moqueur, so british, un zeste d’absurde et de loufoque, une goutte kafkaïenne, un goûteux cocktail !

Premier roman

« Nous vivons une époque formidable, et pas seulement grâce à la pénicilline, aux toilettes à chasse d’eau et au chauffage central : nous pouvons dorénavant survoler les nuages. Et ceux-ci tiennent leurs promesses de beauté sublime. »

« Une chambre n’est pas qu’une chambre. C’est la manifestation d’un état d’esprit, le produit d’une intelligence. .. Nous faisons nos chambres qui, à leur tour, nous font. »

Ecouter la lecture de la première page de "Attention au parquet !"

Fiche #1465
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Françoise Pertat


Jean-Paul DIDIERLAURENT

Le liseur du 6h27
Au Diable Vauvert

197 | 220 pages | 19-05-2014 | 16€

Une star, la Zerstor 500, avec sa suggestive couleur vert-de-gris ! Son domaine de prédilection : l’extermination, le génocide du livre. Et Guylain Vignolles est aux manettes de ce pilon efficace et insatiable. Pourtant, il l’exècre, cet ogre, capable de manger les meilleurs textes comme les jambes de son ami Giuseppe, et il fera tout pour le soulager, certains livres leur seront d’un grand secours. Sa vie est maussade, le monde du travail moderne et épuisant, seul instant de lumière, dans le train de 6h27, il lit aux passagers quelques pages volages qu’il a su subtiliser à « la chose ». Ces lectures susciteront d’autres rencontres, d’autres moments de bonheur et de partage, et qui sait même, un changement de vie. Si certains n’étaient pas encore persuadés que la littérature peut tout et de la force de la lecture, partez à la rencontre du liseur du 6h27 ! Un voyage jubilatoire pour un éblouissant hommage !

Premier roman

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Fiche #1458
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Jean-Paul Didierlaurent lus par Vaux Livres


Emmanuel GRAND

Terminus Belz
Liana Levi

196 | 368 pages | 26-03-2014 | 19€

Marko Voronine est enfin décidé : il quitte l’Ukraine, sa mère et sa sœur pour la France. Il a trouvé des passeurs roumains qui « l’aideront » à quitter son pays accompagné de quelques autres. Mais un passeur est un passeur, et le voyage tourne mal, les émigrants réagissent, tuent les deux passeurs, récupèrent le camion et l’argent et se lancent dans une fuite désespérée conscients que la mafia roumaine sera vite à leur trousse. Arrivés en France, ils décident de se séparer et Marko part vers la Bretagne et embarque pour l’île de Belz où il a trouvé un emploi en espérant faire le mort… quelques temps. L’accueil est glacial, son nouveau patron, Joël Caradec, le défend face aux autochtones qui voient en lui un marin du dimanche qui pourtant vole leur boulot. Le danger est partout, l’ambiance tendue : Dragos un tueur roumain est à ses trousses et ne fera pas de quartier, et sur l’île l’Ankou rôde, annonce son arrivée et suscite peur et méfiance. Le récit oscille avec vivacité entre la traque de Dragos, machine à tuer, et l’enquête de Marko sur l’île. Un premier roman à multiple facettes, suspense, atmosphère, légendes celtiques et fantastique, croyance populaire, de beaux personnages comme Papou le marin qui reste à terre, mais aussi roman social au cœur de la rude société des hommes de la mer dont l’avenir s’annonce orageux.

Premier roman

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Fiche #1439
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir

Les titres de Emmanuel Grand lus par Vaux Livres


Marine KERGADALLAN

Le ciel de Célestine
Diabase

195 | 65 pages | 17-03-2014 | 7€

en stock

C’est fait. Il la quitte, la laisse au bord de la route, lui dit au revoir. C’est fini. Pourtant il va falloir continuer le chemin et cette renaissance passe évidemment par Célestine, l’aïeule presque centenaire qui saura écouter, entendre dans le silence. Un court premier roman superbe, suggestif, qui fleure bon la campagne et le vrai et surtout composé par une prose particulièrement poétique. Une pépite !

Premier roman

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Fiche #1434
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Marine Kergadallan lus par Vaux Livres


Olivier RASIMI

Le silence de la chair
Le Passage

194 | 318 pages | 05-03-2014 | 18€

Un nouveau virus, Animalia, affecte les hommes. Affaiblis, ils sourient puis meurent dans une béatitude heureuse. A Paris, au jardin des plantes, trois personnages entreprennent de sauver l’humanité. Jeanne est une scientifique rigoureuse, elle travaille au séquençage du génome des singes que le virus épargne. Elle rencontre Sheena, une petite femelle bonobo rejetée par les dresseurs qui a conservé toute son animalité. Jeanne recrute alors Zem, un homme étrange, vagabond admirateur des arbres, sorte de poète fou, pour les accompagner. Le lecteur est incité à s’introduire au cœur de chaque personnage, à endosser sa personnalité, éprouver ses sentiments et donc à partir avec eux à la recherche de la vérité, de sa vérité. Un premier roman singulier qui, de la genèse à aujourd’hui voire demain, offre trois portraits de personnages hors du commun, quelque peu éloignés du monde qu’ils veulent pourtant sauver.

Premier roman

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Fiche #1419
Thème(s) : Littérature française


Inès BENAROYA

Dans la remise
Flammarion

193 | 303 pages | 27-02-2014 | 18€

Anna est avocate et mariée à Bertrand. Le couple s’est installé à la campagne et semble baigner dans le bonheur. Ils ont décidé de vivre pour eux, sans enfant. Pourtant deux évènements vont venir ébranler Anna. Elle croit voir un enfant s’introduire pour la nuit dans une vieille remise au fond du jardin. Elle l’observe, il devient son petit (« Se penser mère. » alors qu’elle est consciente que « Dans ma famille, les mères n’aiment pas leurs enfants. ») sans pourtant oser dévoiler à d’autres son existence. Dans le même temps, Ava, sa mère, disparaît. Une mère qui ne lui jamais apporté ce qu’elle attendait. Anna n’a connu de courts instants de tendresse qu’avec sa grand-mère. Cette disparition l’incite à être différente, elle change et revient progressivement sur son passé, ses désirs, ses manques. Ava avait définitivement pris possession d’Anna et Anna, marquée à jamais par cette enfance, profitera-t-elle sereinement de cette libération ou plongera dans une folie incontrôlée et sans fin ? Un portrait émouvant d’une femme animée de sentiments complexes que la souffrance mine puissamment et pousse à l’isolement.

Premier roman

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Fiche #1414
Thème(s) : Littérature française


Milena MICHIKO FLASAR

La cravate
L'Olivier

192 | 166 pages | 27-02-2014 | 18.5€

Taguchi Hiro et Ohara Tetsu se rencontrèrent par hasard sur un banc, dans un parc. Taguchi, le plus jeune, sortait de la chambre où il était resté cloîtré deux ans. Ohara venait d’être licencié, il n’osait l’avouer à sa femme et venait manger la gamelle qu’elle lui préparait. Leurs solitudes se font face. Ils s’observent, puis se parlent, se confient. Chacun se raconte avec franchise, sans faux semblant ni retenue. Ils avancent tous les deux, ensemble, à un rythme contenu presque main dans la main. Aucun des deux ne s’épargne et ils vont apprendre à se connaître. Au coeur de chaque confession, au milieu d’une histoire simple, une violence sourde apparaît subrepticement. Le temps et la parole les libèrent, ils s'aident ainsi mutuellement pour enfin s’accepter. Un roman singulier et attachant, un écrivain autrichien à l’écriture japonisante qui, par petites touches et avec délicatesse et subtilité, susurre un hymne à la vie réconfortant.

Premier roman

« Rencontrer quelqu’un, c’est s’impliquer. »

« Plus jamais, je me l'étais juré, je ne voulais avoir part à la souffrance d'un autre. Il devrait le savoir. Que pleurer et agoniser sont des affaires privées.

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Fiche #1415
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Olivier Mannoni


Julia KERNINON

Buvard
Le Rouergue

191 | 200 pages | 20-02-2014 | 18.8€

Caroline N. Spacek est un écrivain accompli, adulé. Dès son premier roman, elle a marqué et impressionné le monde littéraire. Elle vit maintenant loin de l’agitation, du monde, retirée et barricadée dans une grande maison à la campagne. Presque inexplicablement, elle accepte pourtant de recevoir Lou un jeune étudiant. Il ne la connaît pas mais admire son œuvre. Ils passeront finalement deux mois ensemble. Quelque chose semble les rapprocher, peut-être une enfance violente, peut-être pas. Il s’efface, l’écoute, serait prêt à tout pour suspendre le temps et tout apprendre d’elle, tout comprendre. Il laisse s’installer avec bonheur et surprise une intimité qu’il n’espérait pas, « Lui faire ouvrir les doigts. Savoir ce qu’elle dissimulait au creux de sa paume. ». Progressivement, elle revient sur sa vie, son écriture, son œuvre. Elle revit littéralement son histoire, dissèque son travail et retrouve tous les sentiments, fougue, colère, désespoir, qui l’ont alors animée, loue la seule richesse à ses yeux, les livres, les mots et la lecture. Elle revient sur la métamorphose qu’elle a accomplie par les mots, par sa volonté, aussi forte et combattante que fragile, la femme est terriblement attachante. Un roman (ou deux) parfaitement maîtrisé, travaillé, construit qui livre le portrait fascinant d’une femme fière et fragile mais aussi une réflexion sur l’écriture, les mots, la création, les douleurs et joies qui l’accompagnent, la recherche du mot parfait et la solitude qui s’installe inexorablement. Un premier roman étonnant !

Premier roman

« Les phrases étaient du métal aussi, une substance pure qu’il fallait extraire patiemment du sable dur de la mémoire. »

« Ce qu’ils appelaient violence, c’était simplement ce qu’ils ne reconnaissaient pas. »

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Fiche #1413
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Julia Kerninon lus par Vaux Livres


Lance WELLER

Wilderness
Gallmeister

190 | 340 pages | 16-02-2014 | 23.6€

Abel Truman est au cœur de Wilderness, roman ample et puissant, qui oscille entre deux périodes de la vie de ce vieux solitaire. Hanté par son passé, sa honte et son sentiment de culpabilité, Abel Truman a décidé de fuir et pris part à la tristement célèbre bataille de la Wilderness. Cassé de toute part, il a survécu et vit maintenant en ermite sur la côte du Pacifique Nord-Ouest avec son chien. Pourtant, il a décidé d’entreprendre un ultime voyage. Dernières aventures toujours aussi périlleuses, les mauvaises rencontres sont légion… et les instants d’humanité rares qui le mèneront néanmoins vers une rédemption finale. Grande et longue épopée aussi violente et noire que sublime dans ce roman éclairé à la fois par un style délicat et parfois poétique et sa construction (va-et-vient permanent sur 30 ans d’existence).

Premier roman

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Fiche #1412
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : François Happe


Alexis RAGOUGNEAU

La madone de Notre-Dame
Viviane Hamy

189 | 105 pages | 07-01-2014 | 17€

Le jour de l’Assomption, Notre-Dame s’anime plus que d’habitude. Ca fourmille de partout, même les ecclésiastiques sont nerveux, la procession organisée en son sein pour honorer la Vierge Marie rassemble de nombreux fidèles. Le lendemain, tout le monde y compris les membres de l’église repère une jeune femme assise sur un banc, belle, éblouissante et provocante dans une robe très courte, immobile, elle attire autant qu’elle réfléchit la lumière. Pourtant, lorsqu’une Américaine s’assoit à côté d’elle, elle s’écroule. Certainement morte déjà depuis de longues heures, les visiteurs n’avaient rien remarqué. Petite révolution, la police débarque en nombre avec à sa tête Landard et Gombrowicz, deux flics qui ne font pas dans la dentelle, rapidement suivis par une jeune procureur, Claire Kauffmann qui prend vite cette affaire très à cœur. Tout le monde est interrogé, le personnel de la cathédrale et les fidèles. On sait rapidement qu’elle était présente le jour de la procession, avec la même tenue, et qu’elle a eu une altercation avec un jeune homme, angle blond au comportement saugrenu, un habitué des lieux. Coupable idéal. Mais pourquoi aurait-il refermé le vagin de la victime avec de la cire ? Le père Kern reste dubitatif devant trop d’évidences. Malgré une maladie sourde et handicapante qui le ronge et aidé par le prisonnier qu’il visite régulièrement, il mène sa propre enquête ce que remarque évidemment Landard et Gombrowicz… Alexis Ragougneau mène parfaitement le fil de l’enquête mais surtout propose une série de personnages emblématiques, vrais, épais, chacun (sur)vivant comme il le peut avec son histoire et ses failles.

Premier roman

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Fiche #1390
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir

Les titres de Alexis Ragougneau lus par Vaux Livres


Laurence BERTELS

La solitude du papillon
Luce Wilquin

188 | 230 pages | 02-11-2013 | 20€

Après quatre lectures de Madame Bovary, Isabelle se sent-elle délaissée et proche d’Emma ? En tous cas, une lassitude l’atteint, elle et son couple. Elle ne sait plus trop où elle en est avec son mari, malgré ses trois enfants, Maxime, Clara et Ben qui est handicapé (« Il aura été la faille et le ciment de la famille. »). Autour de la famille gravitent les amis. Mateo qui se mariera bientôt en Espagne est l’ami de Maxime dont Clara est amoureuse. Clara a une amie inséparable, Camille, aussi brillante que belle qui attire la lumière. Partie à la montagne, elle décède par accident et ce drame vient heurter de plein fouet la famille. Fin de l’enfance pour Clara, mise à nu des autres et révélation des secrets de la famille et de son entourage. Les destins se croisent, les liens se font et se défont, les solitudes s’installent…

Premier roman

« Elle savait. Parce que les mères savent toujours. »

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Fiche #1375
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Laurence Bertels lus par Vaux Livres


Romain PUÉRTOLAS

L'extraordinaire voyage du fakir qui était coincé dans une armoire Ikea
Le Dilettante

187 | 253 pages | 29-09-2013 | 19€

Qui aurait imaginé suivre avec tant de plaisir les pérégrinations folles et tragi-comiques à travers l’Europe d’un fakir indien à la recherche d’un matelas à clous ? Ajatashatru Lavash Patel débarque en effet à l’Aéroport Charles de Gaulle avec cette mission incongrue, acquérir le dernier modèle de matelas à clous d’Ikea. L’homme est rapidement intrigué par les Européens mais filou, ne s’en laisse pas compter, le premier à s’en apercevoir sera le chauffeur de taxi gitan qui le prendra en charge à son arrivée… Une fois sur place, stupéfait par la quantité d’articles proposés, le matelas tant recherché est évidemment en rupture, Ajatashatru se retrouve enfermé dans une armoire Ikea en partance pour l’Angleterre. Il va faire le tour de l’Europe avec un œil affûté qui sait repérer nos invraisemblances, nos contradictions. Il rencontrera les sans-papiers, « les vrais aventuriers du XXI ème siècle », la star Sophie Morceaux, des Soudanais catapultés d’un pays à un autre, ira jusqu’en Libye et sera de retour en France pour un évènement heureux… Une expérience loufoque, singulière, joyeuse, délirante, oscillant entre réalisme et surréalisme, pétillante, parfois philosophique et toujours hilarante ! En espérant que ce roman au vocabulaire imagé connaisse le même succès que le catalogue Ikea !

Premier roman

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Fiche #1364
Thème(s) : Littérature française


Verena HANF

Tango tranquille
Le Castor Astral

186 | 170 pages | 18-09-2013 | 13€

Violette est une femme « d’un certain âge, quel bel euphémisme », seule, en effet elle a choisi volontairement « le silence social ». Elle s’est isolée des liens familiaux (marre d’être « la tache grise » des réunions familiales) et sociaux. Elle n’attend rien des autres et préfère se parler vertement d’ailleurs, la dame est directe et n’a pas la langue dans sa poche ! Enrique jeune Bolivien exilé et sans papiers est seul également, mais il subit sa solitude comme sa pauvreté. Il ne comprend pas pourquoi les gens ont peur de lui. Mais « l’île déserte n’existe pas » et le hasard des rencontres illumine parfois les vies. Les deux se croisent, un sourire (« son sourire soulage mon silence social »), un regard, elle décide de l’aider, ce « maigrelet ». Elle repoussera les barrières dont elle s’était entourée, elle redevient humaine, elle renouera les liens avec le monde et le passé qui n’est jamais mort mais aussi avec l’homme qu’elle a quitté. C’est décidé, elle arrête de « mordre ». Enrique reconnaîtra dans « madame patate » sa grand-mère, trouvera une nouvelle famille, une protection, de l’amitié et une véritable place à leurs côtés. Un bel hommage aux rencontres lumineuses qui peuvent bouleverser nos vies et écorner les préjugés, à l’attention portée aux autres qui peut tous nous sauver. Un style vif et personnel pour ce très joli premier roman.

Premier roman

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Fiche #1360
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Verena Hanf lus par Vaux Livres


Loïc MERLE

L'esprit de l'ivresse
Actes Sud

185 | 287 pages | 16-09-2013 | 21.5€

Un soir, une banlieue. Youssef Chalaoui, fatigué, rentre chez lui. Ils sont encore là. Les policiers surveillent, contrôlent, en espérant encore en leur pouvoir. C’est la fois de trop. Bavure. Youssef tombe, il est mort. Embrasement local puis national. Loïc Merle en suivant trois personnages principaux ancrés dans leur solitude, Youssef, Clara égérie combative et féministe des évènements, et le président Henri Dumont fuyant, décrit les espoirs et peurs, les rêves et compromissions mais aussi l’inéluctable. Ivresse du pouvoir, ivresse du groupe, ivresse du chaos, ivresse de la colère, ivresse de la liberté, que d’ivresses depuis toujours avec au bout la révolte individuelle ou collective, « Une seule nuit peut changer votre vie ». Un premier roman ambitieux, dense composé de phrases de grande amplitude, sans paragraphe et au vocabulaire riche.

Premier roman

« … on se trouvait dans les rues des Iris aux noms de communistes morts, de villes normandes, de poètes, le communisme manquait toujours, et les pommiers, et la poésie. Dans cette réalité tronquée des noms d’avenues, de bâtiments, mieux valait dormir… et rêver de voyages possibles, accessibles, en charter… et éviter du regard ces noms qui leur faisaient sentir la France, sa domination sans partage, qui s’alliaient aux Voix pour les provoquer : Etrangers étrangères, étrangers pauvres étrangers… »

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Fiche #1359
Thème(s) : Littérature française


Dominique PARAVEL

Uniques
Serge Safran

184 | 165 pages | 15-09-2013 | 15€

Dans la rue Pareille à Lyon, une série de personnages sans lien autre que ce lieu se croisent, s’effleurent à peine, le jour de l’Epiphanie, en attendant la révélation. Il sont tous uniques et ordinaires, subissent les contraintes de notre société, cinq personnages au cœur de notre monde. La première partie de ce roman s’applique à décrire leur quotidien ce jour particulier : souffrance, licenciements, solitude, douleur mais aussi douceur et délicatesse. De manière anodine, ils croisent parfois une femme aux gants rouges qui ne semble pas leur porter attention. Pourtant Susanna, originaire aussi de cette rue, est présente pour rassembler ces fragments de vies dans une œuvre d’art. Premier changement de point de vue. La deuxième partie s’attache à la journée particulière de Susanna, autre regard sur ces personnages uniques qui participe à l’élaboration de cette œuvre. Subrepticement, le rôle de l’art notamment de l’art contemporain est abordé, pourra-t-il redonner vie à ces personnages, les aider à trouver leur place ? La dernière partie ou dernier angle de vue revient sur l’histoire de la rue, un passé mouvementé qui peut redonner espoir et atteste qu’une révolte bienveillante est toujours possible. Une construction singulière pour un roman unique !

Premier roman

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Fiche #1355
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Dominique Paravel lus par Vaux Livres


Jérôme PRIEUR

Une femme dangereuse
Le Passage

183 | 20017 pages | 15-09-2013 | 17€

Le héros semble être arrivé au bout de sa vie. Pris dans une baïne, il est au bord de la noyade. Pourtant, il est sauvé par une femme. Ils font connaissance, pour la remercier, il lui demande ce qu’elle souhaite. Elle lui propose donc de partir à la recherche de Madeleine pour la tuer. L’homme accepte rapidement sans savoir s’il en sera capable mais « L’essentiel, c’est de jouer son rôle ». L’enquête débute, il part sur ses traces, découvre une à une les facettes de cette femme, son passé. Cette traque l’incite aussi à faire « un détour », à s’interroger sur sa propre vie. Voyage entre le passé et le présent alors que ses interrogations et rêves l’entraînent également vers le futur. Il rencontrera beaucoup de femmes, chaque femme contient le négatif d’une autre » qui le guide innocemment vers Madeleine. Un roman poétique émaillé de nombreuses références littéraires ou cinématographiques.

Premier roman

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Fiche #1358
Thème(s) : Littérature française


Nathalie AUMONT

Consolation
Arléa

182 | 110 pages | 07-09-2013 | 16€

Une famille, parents, trois enfants, sans histoire, heureuse, enfin jusqu’au drame absolu. Le fils brillant et chéri, 17 ans, désigné pour réaliser ce que le père n’avait pu faire, se tue accidentellement. Quand les parents apprennent ce drame (« La mort de Frédéric fut un tsunami »), le grand frère de Frédéric est avec eux, contrairement à sa sœur, la narratrice, ce qui l’obsèdera longtemps. Elle exprime pourtant ce qu’elle a ressenti ou vu, les cris de sa mère, les silences de son père, les moments particulièrement pénibles, les réactions ou non-réactions de chacun, la douleur, le sentiment d’injustice et d’incompréhension, de culpabilité… Elle accompagne, épaule ses parents qu’elle adore en doutant parfois de leur capacité à pouvoir l’aimer. Cette disparition ne sera jamais oubliée, personne ne sera définitivement consolé, évidemment, néanmoins la force de la vie et le temps adoucissent insensiblement la douleur et à son rythme, chacun reprend son chemin.

Premier roman

« J’ai fait le deuil de mon frère ; j’ai gardé son rire au chaud dans un coin de mon cœur, je lui ai fait un nid d’amour… Je n’ai pas fait le deuil de la douleur de mes parents, ces orphelins d’un fils. »

« La mort ne respecte rien, ni l’ordre des choses, ni la vie qui s’éveille, ni les rêves inachevés. »

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Fiche #1352
Thème(s) : Littérature française


Guillaume SIAUDEAU

Tartes aux pommes et fin du monde
Alma

181 | 135 pages | 25-08-2013 | 14€

Le jeune héros grâce à une boîte de maquereaux récalcitrante tombe amoureux d’une caissière. De leurs premières rencontres jusqu’à leur séparation, il nous fait partager souvent avec humour, ses espoirs, ses envies et surtout revient sur son enfance, ses chiens, sa sœur, son père et sa mère qui les a quittés rapidement avec un type « qui ne pipait mot ». Contemplatif et rêveur, cette période est toujours très présente en lui et prétexte à anecdotes. Un texte très vivant, un parcours caractéristique de notre époque et un humour attachant.

Premier roman

« Trouver un logement lorsqu’on cherche un travail est aussi difficile que de trouver un travail lorsqu’on cherche un logement. »

Ecouter la lecture de la première page de "Tartes aux pommes et fin du monde"

Fiche #1345
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Guillaume Siaudeau lus par Vaux Livres


Jérôme MILLON

Vie et destin de Célestin Arepo
La Fosse aux Ours

180 | 125 pages | 11-08-2013 | 16€

Célestin est né en 1900. Il est comptable, solitaire, costume gris, effacé. Comme son père. Seule passion, les mots, les dictionnaires et les mots-croisés. Destin tracé, prédéfini, sans surprise (« Célestin n’avait du bonheur qu’une image diffuse et, lorsqu’il s’interrogeait sur son existence, il préférait penser qu’il n’était pas malheureux. »). Mais quelques rencontres en décideront autrement. Tout d’abord, Mathieu, rencontré au cimetière Montmartre, passion de pêche. Seul ami à qui il pouvait se confier et partager des moments de calme et de réflexion intime. « Puis vint Rose. ». Elle était serveuse. Ils lièrent connaissance, elle lui demanda s’il était croyant et Célestin resta incertain. Cette question le hanta de longs moments et marqua une pause dans leur relation. Il s’interrogeait sur l’amour, la foi, le sens de la vie. Il devait tenter de trouver des réponses avant de retrouver Rose. Un superbe portrait d’un homme simple qui souhaite comprendre le sens de son existence pour mieux la maîtriser. Un premier roman à l’écriture soignée et raffinée.

Premier roman

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Fiche #1338
Thème(s) : Littérature française


David CORBETT

Une certaine vérité
Sonatine

179 | 550 pages | 10-08-2013 | 22€

En 1994, Jude McManus a 17 ans quand son père est retrouvé mort dans les eaux d’un lac. Il était flic à Chicago et de lourds soupçons pesaient sur lui et son équipe, Phil Stroke et Bill Malvasio. Accident ? Suicide ? Cette disparition ne sera jamais élucidée même si Jude assiste à la perquisition en règle de sa maison par les collègues de son père qui ne se gênent pas pour donner leurs avis. Phil et Bill quittent quant à eux le devant de la scène… On retrouve Jude en 2004 comme garde du corps d’Alex, un scientifique américain, dans la République du Salvador. Dans ce pays gangrené par la pauvreté, la violence et la corruption, Alex est venu réaliser un audit pour un grand groupe concernant l’exploitation de l’eau. Bill Malvaisio navigue également entre les Etats-Unis et le Salvador. L’homme n’a plus aucune limite et il agit aussi bien pour son compte que comme homme de main d’un chef mafieux. Bill contacte alors Jude lui proposant de faire venir au Salvador Phil Stroke pour le relancer et le sortir de la panade. Jude y voit l’occasion de connaître enfin la vérité sur la fin de son père mais une certaine proximité avec ces deux hommes a résisté au temps et aux doutes sur leur honnêteté à Chicago. Bill parait sincère et repenti, mais Bill ne fait rien gratuitement… et Jude même s'il refuse longtemps la réalité, vient de tomber dans un engrenage terrible. La trame est dense puisqu’elle allie une intrigue haletante, un portrait efficace des relations entre l’Amérique et le Salvador comme de l’état affolant de cette République.

Premier roman

« Je pense que nous sommes tous des ordures. »

« Et qu’était l’amour sans un peu de trahison ? »

« Peut-être qu’ici c’est ça, la seule solution quand on veut sauver quelque chose, pensa-t-elle en rentrant dans la maison. Il faut le tuer d’abord. »

« Pourquoi est-il si difficile pour nous autres Américains – et pus particulièrement pour nous autres hommes américains – de concevoir qu’on puisse ne pas avoir envie de nous ? »

Ecouter la lecture de la première page de "Une certaine vérité"

Fiche #1336
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Pierre Szczeciner


Sophie VAN DER LINDEN

La fabrique du monde
Buchet-Chastel

178 | 156 pages | 07-08-2013 | 13€

Mei, jeune Chinoise, est venue en ville pleine d’espoir, un travail, un logement, de l’argent… Finalement, elle dort, loge, travaille dans l’usine de textiles qui l’a embauchée. A chaque nouvelle commande, un nouveau slogan (« Ton courage tu donneras sans limite pour construire une Chine prospère. ») motive ces petites mains qui ne font qu’une avec leur machine, efficaces, aguerries à la douleur, sous l’œil sévère d’un contremaître sans pitié veillant au respect de délais toujours plus oppressants : « Je n’ai pas été au bout de ma douleur car je sais qu’elle est sans fin. Pourtant, je dois garder ma fierté. » Et pourtant, la jeune Mei continue de rêver, sa vie ne fait que commencer, elle rêve d’une rencontre, d’un amour pour la vie. Et le rêve peut-il devenir réalité dans le monde de Mei ?

Premier roman

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Fiche #1334
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Sophie Van Der Linden lus par Vaux Livres


Toine HEIJMANS

En mer
Bourgois

177 | 156 pages | 21-07-2013 | 15€

Donald, lassé et insatisfait de son quotidien, a décidé de prendre le large. Trois mois de congés à bord de son voilier, loin de tout, pour se recentrer et trouver un apaisement dans ce combat contre la mer et contre lui-même. Pourtant, lors de la dernière étape, sa fille, Maria, âgée de sept ans, doit le rejoindre. Trois jours tous les deux, sur la mer, dans ce petit espace, à partager tous les instants. Enfin. Un père, une fille, complices. Se prouver qu’il pourra le faire. Puis l’arrivée prévue, triomphante, fiers, devant sa femme rayonnante qui les attendra sur le port, pour repartir, tous les trois, unis. Les premiers instants avec Maria sont heureux, paisibles. Mais rapidement, le lecteur ressent le trouble de Donald, sa fragilité, ses doutes et ses peurs, une anxiété de tous les instants, la peur de l’échec permanente, l’atmosphère se tend, comme le bateau, l’homme tangue, hésite. L’orage gronde, et lorsqu’il découvre que Maria n’est plus dans son lit, Donald et le lecteur paniquent, tremblent. La tension est extrême jusqu’à l’arrivée au port qui ne prendra donc pas la forme escomptée… Un grand bonheur que ce premier roman, un style riche, un univers maritime parfaitement décrit, attirant et dangereux, omniprésent et obsessionnel, un suspense sans faiblesse, et le portrait émouvant d’un père en plein doute et parfaitement angoissé.

Premier roman

« Tout le monde est à moitié sourd et aveugle. Les gens ont beau penser le contraire, ça vaut pour tout le monde. »

« L’eau n’a ni sentiment ni histoire. Elle ne fait rien, elle est, c’est tout. Si elle t’assassine, si elle te noie, il n’y a là rien à chercher que ta propre stupidité. La mer n’est ni une amie ni une ennemie. »

Ecouter la lecture de la première page de "En mer"

Fiche #1328
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Danielle Losman


Samira SEDIRA

L'odeur des planches
Le Rouergue

176 | 136 pages | 17-05-2013 | 16€

Samira Sedira a même oublié l’odeur des planches qu’elle a pourtant longuement foulées et puissamment respirées. En effet, après une formation de comédienne, elle a joué de nombreux rôles, fréquenté moult salles de théâtre. Et puis, un jour, tout s’arrêta, le rideau tomba et personne ne fut là pour le lever. Plus de rôles, plus de travail, plus rien, exclusion, solitude et isolement s’installent progressivement. Sans identité, sa vie se délite. Le chômage, fin de droits, retour au boulot, et elle s’engage comme femme de ménage. Les souvenirs reviennent. L’exil de ses parents, leur sacrifice, son obligation de réussir, sa mère qui ne s’est jamais intégrée, l’impression de revivre son calvaire aujourd’hui avec en plus un sentiment de mépris de soi et de culpabilité face à cet échec qui semble établir que rien ne bouge, seule demeure l’attente, l’attente de dignité, de reconnaissance, de travail, de son pays, du retour… Ce témoignage sincère et direct est sensible, émouvant, intense tant dans l’émotion qu’il suscite que dans la multitude des thèmes abordés (l’exil, le travail et le chômage, les femmes exilées, les enfants d’immigrés, la réussite, le monde du théâtre, le salariat et les petits boulots…).

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "L'odeur des planches"

Fiche #1301
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Samira Sedira lus par Vaux Livres


Nathalie NOHANT

L'hypothèse des saisons
Le Passage

175 | 250 pages | 01-05-2013 | 18€

Ils sont trois, forment un trio bancale, où l’un observe et écoute les deux autres dans un premier temps. Observation de l'autre, de ses sentiments mais auto-observation également. Deux d’entre eux viennent de subir la fin d’un amour, une séparation. L’œil est perçant, l’attention ultime. Chaque mot frappe, chaque regard consenti est pesé. Puis le trio se forme, Jules et Jim peuvent l’accompagner et rejoindre l’Avventura, un café en bord de Marne. Confusion des sentiments, désir à fleur de peau renaît en prenant son temps avec comme idée récurrente, lancinante et obsédante, comment s’en sortir ?

Premier roman

"Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon cœur
D'une langueur
Monotone.
"

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Fiche #1291
Thème(s) : Littérature française


Olivia PROFIZI

Les exigences
Actes sud

174 | 175 pages | 28-04-2013 | 18€

Rachel aime un homme, plus que tout, plus qu’elle-même certainement. Elle accepte tout, absolument tout, sans aucune retenue, même la violence et la perversité les plus ultimes. Domestiquée sexuellement, elle est devenue sa chose. Et puis un jour, elle dit stop mais se méprise et tente d’en finir. Elle se retrouve dans une clinique et revient alors sur son expérience et sur le cheminement qui l’a amenée à ce statut d’esclave. Elle évite toute facilité et n’endosse pas le rôle de victime, elle n’a pas seulement subi, loin de là, elle reconnaît en effet sa responsabilité et son acceptation dans cette relation univoque et dans ces violences. Et seule cette lucidité lui permettra tant d’en l’analyse de cette relation consentie que dans la revisite de son enfance, d’éloigner la dépression qui la mine et commencer une seconde vie.

Premier roman

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Fiche #1286
Thème(s) : Littérature française


Clément BÉNECH

L'été slovène
Flammarion

173 | 127 pages | 28-04-2013 | 14€

Deux jeunes amoureux partent pour la Slovénie pour concrétiser cet amour ou y mettre un point final ? « Nous étions venus en Slovénie pour changer d’air, mais il semblait qu’il se viciait à notre approche et nous suivait comme une nuée de moucherons ». Le jeune homme est le narrateur mais il donne aussi son interprétation et le lecteur profite donc d’une double vision. Il est lucide, parfois désinvolte, décrit les faits quotidiens anodins ou singuliers mais surtout la vie du couple. Leur différence point rapidement et leur périple chaotique dans ce pays mystérieux la mettra en évidence voire l’exacerbera. Un premier roman délicat et élégant non dénué d’humour sur un couple sans lendemain.

Premier roman

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Fiche #1287
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Clément Bénech lus par Vaux Livres


Pascale DIETRICH

Le homard
In8

172 | 95 pages | 08-04-2013 | 12€

Camille apprécie les tombolas organisées par les bonnes œuvres de sa petite commune bretonne, autant pour se débarrasser d’objets inutiles tel ce pic à glace que pour la curiosité de gagner des lots inattendus voire incongrus tel ce bel homard. Il faut dire que Camille semble avoir peu d’occupations, son mari semble ailleurs avec sa vis dans le crâne, quelques discussions avec sa meilleure ami au café « La veuve pochard débitante »… Le calme… Et puis « Clac ! », un manoir au bord de la côte semble raviver son couple, et un touriste anglais retrouvé assassiné… que d’occupations ! Camille Dietrich nous parle de couple et de quotidien, de folie, d’amour mais avec un ton singulier et juste oscillant avec bonheur entre noirceur et humour.

Premier roman

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Fiche #1280
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir

Les titres de Pascale Dietrich lus par Vaux Livres


Claire-Lise MARGUIER

Les noces clandestines
Le Rouergue

171 | 122 pages | 27-03-2013 | 13.8€

Après le décès de sa grand-mère avec laquelle il vivait, un professeur de collège d’histoire et géographie hérite de sa maison. Il s’y retrouve seul, un peu perdu, notamment dans la chambre rouge, espace qu’il a commencé d’aménager avant la mort de la vieille dame. Une chambre qu’il aimerait bien voir habitée, par une belle âme si possible pour la protéger, l’élever encore. Oui mais qui ? Un jeune homme beau comme un ange qui vit dans la rue presque devant chez lui le croise, il l’enlève. Hasard des rencontres, de la vie. Le huis clos devient vite dérangeant, ambigu. Entre attirance et répulsion, douceur et violence, sans rébellion, les sentiments contradictoires traversent ces deux hommes. Lequel des deux acceptera ou décidera de briser les chaînes de la relation qui les unit ? En sus d’un style travaillé, d'une écriture poétique et musicale, Claire-Lise Marguier réussit déjà dans ce premier roman à varier le ton, les effets et surtout bousculer le lecteur.

Premier roman

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Fiche #1274
Thème(s) : Littérature française


Kéthévane DAVRICHEWY

Tout ira bien
Arléa

170 | 95 pages | 22-03-2013 | 12.15€

Abel a dix-sept ans lorsqu’il se retrouve poussé dans un train. Départ contraint loin de son ami Antoine et de Lou seule figure féminine qui a cru en lui. Il part loin de ses repères et de toute tendresse pour l’Arche, un centre de désintoxication. La drogue l’a broyé et l’Arche continue d’une autre façon, sevrage, isolement, violence. Il convoque son passé et revient sur son parcours chaotique, sentiment de solitude, d’inutilité, quel sens donner à sa vie, une seule passion le dessin, mais à part Lou, personne n’y prête attention. Abel hésite, se rebelle, plie, se replie, s’accorde parfois quelques respirations et laisse la vie pointée d’abord timidement, en espérant que tout ira bien pour cet adolescent en danger. Un livre vif, tendu, rythmé tant par le style que par l’alternance entre passé et présent d’Abel. Un superbe premier roman qui annonçait en effet les suivants parus chez Sabine Wespieser. Tout ira bien est maintenant disponible à l’Ecole des Loisirs.

Premier roman

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Fiche #1270
Thème(s) : Jeunesse Littérature française

Les titres de Kéthévane Davrichewy lus par Vaux Livres


Hoai Huong NGUYEN

L'ombre douce
Viviane Hamy

169 | 160 pages | 14-03-2013 | 15€

En 1954, les troupes de l’armée populaire vietnamienne harcèlent les troupes françaises. Parmi elles, Yann, jeune breton de Belle-Ile, se retrouve évacué vers Hanoï suite à une blessure au thorax. Yann est un taiseux, un rêveur et lorsqu’il voit la première fois, Mai, jeune Annamite envoyée par les sœurs du couvent, il la remarque à peine alors que Mai immédiatement est foudroyée. Histoire d’amour impossible, et pourtant, jour après jour, les liens se tissent et Yann découvre Mai qui tente alors de repousser au maximum le nouveau départ de Yann vers le front. Ce n’est que le début des épreuves qui entraveront leur relation : le père de Mai a d’autres projets pour sa fille et surtout la guerre et les combats, la séparation est inéluctable. Quand Yann part vers Diên Biên Phu, ils se marient, se jurent fidélité, de s’attendre et de se retrouver quand les combats seront achevés. Mais pourront-ils résister et surtout survivre à cet enfer ? Hoai Huong Nguyen a trouvé le ton juste pour osciller, avec mesure et poésie, entre douceur et violence et elle ceint habilement le lecteur d’une toile aussi douce qu’étouffante. Une belle et douloureuse émotion.

Premier roman

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Fiche #1262
Thème(s) : Littérature française


Juan Jacinto MUNOZ RENGEL

Le tueur hypocondriaque
Les Escales

168 | 235 pages | 08-03-2013 | 21.5€

Monsieur Y. est un tueur à gages, très consciencieux, depuis un an et deux mois, il suit Eduardo Blaisten sa prochaine cible. Monsieur Y. est entravé dans son travail par sa malchance mais surtout par une maladie, ou plutôt par des maladies. Hypochondriaque extrême qui reconnaît sa « relation complexe avec les médecins… 9000 fois plus dangereux qu’une arme à feu », il est atteint d’une multitude de maladies souvent imaginaires mais toujours inquiétantes et observant les nouveaux symptômes, il s’attend au pire chaque soir ! Pourtant Monsieur Y. ne s’en laisse pas conter, c’est « un homme de devoir kantien », et tout en accomplissant sa tâche avec application, sa culture lui permet d’évoquer tous les grands malades et hypocondriaques de la littérature, et le choix est immense, Proust, Molière, Poe, Voltaire, Tolstoï… Dans cette traque de la vie et de la mort, un premier roman qui oscille entre le noir et l’absurde et surtout toujours réjouissant.

Premier roman

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Fiche #1255
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Catalina Salazar


Daniela KRIEN

Un jour nous nous raconterons tout
Flammarion

167 | 235 pages | 03-03-2013 | 19€

Maria Bergman a seize ans lorsqu’elle décide de quitter sa mère pour rejoindre son petit ami Johannes Brendel et sa famille dans une ferme de Saxe appartenant alors encore à l’Allemagne de l’Est. Elle s’insère progressivement dans cette famille qui l’accepte et elle prend sa part de la rudesse de leur quotidien et affronte avec eux les tourmentes de la vie en RDA. Son destin semble tracer entre ce quotidien et ses lectures des Frères Karamazov mais c’est sans compter la passion qu’elle va rencontrer avec Henner, le fermier solitaire du domaine voisin. Un homme solitaire, cultivé et grossier, dur et tendre, violent et doux, protecteur et menaçant. Elle devient son objet, le souhaite et le désire (« Je lui murmure à l’oreille : ‘’fais de moi ce que tu voudras’’. Et c’est qu’il fait. »), une passion violente et torride qui la plonge dans le mensonge, l’écartèle entre deux mondes alors que les craintes de la réunification commencent de poindre. Le récit à l’écriture directe et limpide suit cette passion sans retenue, sans remords ni culpabilité, mais les passions sont souvent éphémères et leurs fins violentes. Daniela Krien relie ainsi subrepticement ce destin personnel et le destin d’une nation, fin d’un amour et d’une enfance qui coïncident avec les derniers instants d’un pays qui se préparent à des retrouvailles inquiètes.

Premier roman

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Fiche #1254
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Bernard Lortholary


Ryad ASSANI-RAZAKI

La main d'Iman
Liana Levi

166 | 328 pages | 03-02-2013 | 20.5€

Ryad Assani-Razaki dans ce roman polyphonique donne la parole notamment à trois jeunes Africains, Toumani, Alissa et Iman. Ils partagent une Afrique où le passé colonial continue d’insuffler des comportements et agissements biaisés, dangereux et inhumains. Un enfant peut être acheté, laissé pour mort, chaque jour et sans souci. C’est dans un égout qu’Iman retrouve Toumani, la jambe mangée par les rats. Iman, superbe métis, a quitté sa mère qu’il ne voit plus alors que son père, blanc, est reparti de longue date en France. Alissa a rencontré Toumani avant que Monsieur Bia achète Toumani puis le jette comme un vulgaire objet usager. Les points de vue alternent, les personnages dialoguent par chapitre interposé, le jeune handicapé Toumani qui idolâtre Iman, aime Alissa mais reste désespéré, incapable de rêves, d’espoir, d’envisager un lendemain, un destin commun ; Alissa qui ne comprend pas pourquoi Toumani la repousse vers Iman ; Iman qui ne voit pas d’autre issue qu’un départ vers l’Europe. Le récit est rythmé, les destins détaillés, les choix et sentiments de chaque personnage disséqués et ce portrait humain de l’Afrique noire demeure désespéré et désespérant. Un premier roman fort et poignant.

Premier roman

« On dit que le destin d’un homme est entre ses mains. Mensonge. Souvent, le destin n’est que la pointe d’une lance projetée depuis plusieurs générations. »

« Je vis dans un monde où les rêves déplacés peuvent être fatals. »

« Le monde est ainsi fait, la valeur d’une personne est liée à son utilité. Je ne sais ni lire ni écrire et je tiens à peine debout. La véritable question n’est donc pas "Que veux-tu ?" mais "Que peux-tu te permettre de vouloir ?". Beaucoup ne le savent pas, mais même l’ambition est un luxe. »

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Fiche #1239
Thème(s) : Littérature étrangère


Claire GALLEN

Les riches heures
Le Rouergue

165 | 192 pages | 28-01-2013 | 18€

Anna et Gaëtan forment un couple heureux, ils ont réussi, riches et parvenus, ils espèrent toujours plus. Sans scrupules, les ventes immobilières s’enchaînent, l’argent coule à flots, la vie facile et cela leur parait juste, « A une époque, je gagnais plus en un mois que mon père en un an. Et ça me semblait juste. » Le cynisme est également de mise, « J’étais un petit con, avec délectation. » mais la crise les rattrape et ébranle leurs certitudes, la chute est immédiate, ils sont réduits à vivre à Cergy dans un modeste appartement familial. Ils rejoignent ceux qu’ils ont tant méprisés. La justice commence de s’intéresser à la société de Gaëtan, moins fier alors des combines qu’il a mises au point, pourtant l’été approchant, Anna souhaite partir à la mer et ils louent un deux-pièces dans une résidence du Lavandou. Sur la route, un accident les ralentit, Gaëtan croise le regard d’une gamine le visage en sang, il a l’impression qu’elle l’appelle mais il ne s’arrête pas, premier grain de sable avant la plage. Arrivés sur place, ils s’installent sans mots dans le deux-pièces minables. Elle va à la plage, il reste et tourne en rond. Le roman raconte cette escapade en revenant sur les évènements antérieurs et leur histoire. Le couple vacille, pourra-t-il résister, quel sera le comportement de chacun face à cette épreuve ?

Premier roman

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Fiche #1229
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Claire Gallen lus par Vaux Livres


Sylvie BOCQUI

Une saison
Arléa

164 | 100 pages | 20-01-2013 | 14€

Gouvernante d’étage dans un grand palace, cette femme est anonyme, en retrait, les sens en éveil, elle ne semble attentive et réceptive qu’aux odeurs, aux sensations, au toucher des tissus… On ne sait pas vraiment ce qu’elle en pense mais on la sent captive à ces perceptions. La matière, les odeurs l’attirent au contraire de ses congénères semble-t-il qui l’ignorent aussi royalement. Un effacement total, feutré, doux et douloureux à la fois et surtout hyper-sensible.

Premier roman

« Elle ne sait pas qu’elle se cache, elle se cache si bien qu’elle n’est même plus là pour elle-même, même plus pour se cacher. Tout la blesse malgré tout. »

Ecouter la lecture de la première page de "Une saison"

Fiche #1225
Thème(s) : Littérature française


Hervé DECCA

404 not found
Actes Sud

163 | 298 pages | 06-01-2013 | 20€

En 2005 (cela ne vous rappelle-t-il pas quelque chose ?), à Villeneuve-Saint-Maur, si proche et pourtant si éloigné de Paris, « De la tour, les enfants contemplaient l’école. Et de l’école, ils contemplaient la tour. » La tour Presov et le lycée Ravel représentent pour beaucoup leur seul univers et lorsque Déborah disparaît, fugue ou disparition criminelle, les flics s’installent dans le quartier ! Arénas mène l’enquête tout en préparant son concours de commissaire. La jeune Lila veut coûte que coûte s’en sortir, laisser la tour derrière elle, elle semble en avoir les capacités et la volonté suffisante mais son frère Hicham veille… L’enquête sous forme de témoignage sociologique et réaliste ouvre les portes d’une banlieue triste, isolée et désespérée, de ses établissements scolaires et des enseignants parfois désabusés.

Premier roman

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Fiche #1214
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir


Jean-Daniel VERHAEGHE

Le jeu de l'absence
Arléa

162 | 145 pages | 26-11-2012 | 19€

Ferdinand et Jeanne se connaissent depuis toujours. Ils se sont rencontrés sur les bancs de l’école et ne se sont plus quittés. Formidable aventure humaine, amour partagé et constant, un premier amour qui dure et semble éternel ("... tu es toute mon histoire, toute ma mémoire, tu es l'autre part de moi, tu es mon bonheur, le témoin de nos accidents les plus secrets."). Mais l’homme reste rarement satisfait de son quotidien et lorsque Ferdinand corrige les épreuves de Jorgen Hörtan son auteur norvégien favori, il découvre l’histoire de deux amants qui choisissent sciemment de s’éloigner l’un de l’autre pour mieux se retrouver. Ferdinand convainc alors Jeanne de participer à ce « jeu de l’absence ». Les deux histoires s’entremêlent alors, les destins se croisent, deux histoires, deux romans, qui n’en font qu’un. Ferdinand et Jeanne décident donc de se quitter, de ne pas se donner de nouvelles avec la date des retrouvailles. Parenthèse de cinq mois pour mieux se retrouver, pour appréhender son amour, le mesurer, le titiller, le relancer et l’amplifier. Jeanne part à la rencontre de Pierre Loti pour continuer sa thèse tandis que Ferdinand demeure à Paris. Jeanne, jour après jour, rencontre après rencontre, découvre une autre vie, une liberté jamais éprouvée. Le jeu est risqué, l’espoir du bonheur retrouvé sera-t-il assez puissant pour qu’ils soient tous les deux au rendez-vous ? En mêlant fiction et réalité, en imbriquant les destins de ces deux couples, Jean-Daniel Verhaeghe réussit habilement à inclure le lecteur au cœur de ce jeu dangereux et tendu.

Premier roman

« En amour, la fidélité n’est-elle qu’une absence de désir ? »

Ecouter la lecture de la première page de "Le jeu de l'absence"

Fiche #1205
Thème(s) : Littérature française


Maaza MENGISTE

Sous le regard du lion
Actes Sud

161 | 368 pages | 05-11-2012 | 23.7€

Hailu est chirurgien à l’hôpital d’Addis-Abeba. Sa femme est très malade mais il continue de croire et d’espérer en sa guérison. Ils ont deux fils, Youna enseigne l’histoire à l’université et est père d’une petite fille tandis que Dawit, étudiant en droit, rêve d’un monde libre et juste pour tous. Mais, 1974 marque un tournant dans l’histoire de l’Ethiopie qui vit alors le début d’une longue révolution, Hailé Sélassié est renversé (« Notre empereur a bâti le mythe de ce pays sur le sang de ceux qui étaient trop épuisés pour faire entendre leur propre vérité. ») et les militaires prennent le pouvoir. Certains peuvent espérer un instant demeurer en retrait, mais les évènements contraignent tous, y compris la famille d’Hailu, à réagir, à prendre parti, impérativement. La violence les rattrape, un à un. Fidélité à ses principes, engagement, courage, lâcheté, trahison, chacun devra trancher. Cette fresque historique décrit les réactions de cette famille comme d’une multitude d’autres personnages, anonymes ou non, capables du pire comme du meilleur. Ce premier roman tout en retenue et d’un style fluide dresse le portrait d'une Ethiopie moderne, pays marqué par la religion, épuisé par les famines, ravagé par les guerres, sans répit, jusqu’à l’épuisement. Maaza Mengiste sans jamais prendre parti ni juger dépeint également la complexité des sentiments, l’instant crucial où un choix définitif fait basculer d’un côté ou l’autre et replace l’humain au centre de l’histoire de l’Ethiopie.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Sous le regard du lion"

Fiche #1202
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Céline Schwaller


Benjamin WHITMER

Pike
Gallmeister

160 | 265 pages | 26-10-2012 | 10€

en stock

Pike est un vieux truand retiré des affaires quand sa fille Sarah est découverte morte et qu’il se retrouve alors le baby-sitter attitré de sa petite fille. Pike a « oublié » pendant de longues années sa fille, mais il n’accepte pas son décès. La mort de Sarah l’entraîne sur les traces d’un flic véreux dans le monde interlope de l’Ohio et du Kentucky. Accompagné de son jeune ami Rory amateur de combats de boxe, le lecteur le suit dans ses péripéties dans les bars glauques à la rencontre des junkies défoncés et en manque, du monde de la prostitution, et surtout de la violence sans retenue et parfois gratuite. Mais Pike est un dur et rien ne peut le stopper, il a décidé d’éclaircir la mort de Sarah et de trouver son assassin et il avance, tranquillement, implacablement, presque sereinement et n’hésitera pas à supprimer ceux qui se mettront en travers de son chemin. Une couverture noire, pour un roman noir, digne des meilleurs titres de Bruce Springsteen ! A quand l’adaptation cinématographique, elle ne fait aucun doute !

Premier roman

"Il est possible d’échapper à sa bonne éducation. Il est possible d’échapper à peu près à tout, si on y met du sien."

"Un rêve est un hachoir à saucisse qu’on alimente en y pressant sa vie."

Ecouter la lecture de la première page de "Pike"

Fiche #1201
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Jacques Mailhos

Les titres de Benjamin Whitmer lus par Vaux Livres


Samuel DOUX

Dieu n'est même pas mort
Julliard

159 | 295 pages | 25-10-2012 | 19€

Elias doit se rendre à Poitiers pour l’enterrement de sa grand-mère qui s’est suicidée. Une grand-mère que tous les voisins estimaient souriante, aimable… alors que redoutable, elle a exercé tout son talent pour empoisonner l’existence de ses proches (« Même disparue, ma grand-mère est comme un tissu rêche. »). Ce suicide le jour du Yom Kippour, à Poitiers, accompagné d’une longue lettre d’adieu écrite en rouge et qui règle quelques comptes, incite Elias à convoquer la mémoire de ses aïeux pour mieux appréhender l’histoire familiale, une histoire qui va de pair avec l’histoire des pays qu’elle traverse. Une suite de tableaux éclaire cette saga familiale sur trois générations et son passé mais aussi l’Histoire (Pologne, Russie, France, Occupation…) avec comme point d’ancrage la grand-mère. Un passé qui ne passe pas, qui reste présent, que l’on peut seulement espérer accepter pour finalement errer dans ce labyrinthe le sourire aux lèvres.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Dieu n'est même pas mort"

Fiche #1200
Thème(s) : Littérature française


Olivier VANGHENT

L'entre-sort
L'Age d'Homme

158 | 150 pages | 22-10-2012 | 13€

C’est l’histoire d’Elle et de Lui. Une histoire d’amour. Il est immobile, paralysé, l’infini l’appelle. Pourtant ses pensées courent encore et il peut la regarder, elle, toujours aussi belle et aimante. Elle transcrit les mots qu’il aligne, péniblement. Pourra-t-elle continuer de l’aimer et le délivrer ? Jusqu’où est-elle prête à le suivre ? Un cri angoissant, un texte dérangeant voire violent qui bouscule le lecteur, un style indéniable, une maîtrise du rythme, du fond comme de la forme.

Premier roman

« Nous sommes entrés dans le monde par un cri. La vie aura permis d’en sortir avec des mots, qui ne sont jamais les mêmes, sont les seuls, peut-être, les derniers qui nous distinguent vraiment. »

Ecouter la lecture de la première page de "L'entre-sort"

Fiche #1199
Thème(s) : Littérature française


Lorenzo CECCHI

Nature morte aux papillons
Le Castor Astral

157 | 175 pages | 21-10-2012 | 14€

A Bruxelles, dans les années 70, Vincent étudiant en sociologie observe, réfléchit et doute. Il observe ses parents et leur amour étouffant, son père en train de mourir, sa promise Carine, son pote Nedad qui souhaite devenir sculpteur. Au milieu de ce quotidien prévisible et pesant surgit Suzanne, femme libre et libérée, et lorsqu’il la saura manipulatrice, il l’oubliera ainsi que Nedad. Vincent a toujours su se protéger des autres, il s’attachera à garder une distance pour mieux observer, ne pas se laisser accaparer mais aussi s’observer. Des potes, oui, il en aura, mais des amis, il n’en aura qu’un (« Nedad conclut que l’amitié est un égoïsme extrême, un narcissisme poussé à son comble où chacun prend son pied en solo en jouissant de son propre reflet dans un alter ego qu’il appelle son ami : une pratique spirituelle substitutive à l’inavouable désir charnel. »). Des années plus tard, Suzanne et Nedad resurgissent brutalement dans sa vie et lui confirment sa fragilité et le long périple qu’il lui reste à parcourir pour devenir un homme. Un texte sensible et désabusé sur l’amour, l’amitié, la faiblesse des hommes, leurs difficultés d’aimer, de s’engager.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Nature morte aux papillons"

Fiche #1197
Thème(s) : Littérature étrangère


Makenzy ORCEL

Les Immortelles
Zulma

156 | 145 pages | 28-09-2012 | 16.5€

en stock

Les immortelles constitue le résultat d’un marché entre un écrivain et une prostituée à Port-au-Prince. Un corps, un sexe contre la transcription d’un témoignage sur un monde que le dernier tremblement de terre a éprouvé, garder mémoire des femmes prostituées disparues, ne pas les oublier. Histoire de la belle et très convoitée Shakira, amoureuse d’un écrivain et des livres pourtant étrangers à ce monde. Brûlot vif, percutant, direct, cru, dérangeant, à la forme et au style singuliers.

« Finalement, un homme poète c’est un peu comme une femme engrossée par les mots. »

Ecouter la lecture de la première page de "Les Immortelles"

Fiche #1189
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Makenzy Orcel lus par Vaux Livres


Christophe CARLIER

L'Assassin à la pomme verte
Serge Safran

155 | 180 pages | 10-09-2012 | 15€

Dans un grand hôtel parisien, le Paradise, un trio se forme, autour d’un verre, d’une discussion, les liens se tissent entre Craig un américain désorienté, Elena une belle italienne esseulée et l’Italien volubile et vantard de la suite 205 sous les yeux attentifs de Sébastien le réceptionniste consciencieux. La relation aurait pu durer le temps de leur séjour, mais un grain de sable vient tout bousculer ! L’Italien est retrouvé assassiné dans sa chambre, assassiné trois fois (« L’annonce d’un crime est toujours salutaire, puisqu’elle nous rappelle à nous-mêmes que nous sommes vivants. »). L’enquête est décrite en pointillés, les réflexions, activités de Craig, Elena et Sébastien suggèrent, démontrent, infirment toutes les hypothèses possibles. Craig et Elena sont immédiatement complices et se sentent attirés l’un par l’autre, mais cette mort brutale et ce lieu les inhibent sensiblement : « Face à Craig, je me répète que les amours d’hôtel sont le lot des désoeuvrés du cœur. ». L’ombre imposante du défunt continue de s’imposer à l’enquête qui louvoie et aux tentatives de Craig et Elena pour nouer une vraie relation. Roman à trois voix, chacun raconte, observe, épie, interprète, suppose, le meurtre devenant presque anodin. Le va-et-vient permanent du récit entre les trois personnages le fluidifie et le rythme. Une vraie originalité dans ce premier roman !

Premier roman

« Passé quarante ans, le hasard bouscule la vie au lieu de la construire. »

Ecouter la lecture de la première page de "L'Assassin à la pomme verte"

Fiche #1186
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Christophe Carlier lus par Vaux Livres


Nicolas LE GOLVAN

Reste l'été
Flammarion

154 | 162 pages | 06-09-2012 | 16€

Quarante ans. Où en est-il ? L’amour peut-il durer ? Un homme en vacances avec sa femme et ses enfants dans la maison de famille, comme chaque été, au bord de la mer, s’interroge. Tout lui pèse, un sentiment de lassitude l’envahit, tout ça ne cacherait-il pas une solitude déguisée ? Une vieille déchirure en profite pour se réveiller. Il continue pourtant d’aimer sa femme, mais son amour semble parfois suivre le mouvement de la marée. Alors il décide de les laisser repartir et de prolonger son séjour sur l’île de Ré. Réfléchir, se remémorer leur histoire pour mieux l’appréhender, la jauger, en espérant la dominer, devenir enfin acteur de sa propre vie pour prolonger leur histoire. Mais pendant ce temps, a-t-il penser à ce que fera sa femme ? L’éloignement recèle intrinsèquement certains dangers, saura-t-elle patienter ? Cette pause lui sera-t-elle permise ? Une prose riche et poétique pour ce regard perçant, douloureux et cruel sur un amour que l’on souhaiterait éternel…

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Reste l'été"

Fiche #1181
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Nicolas Le Golvan lus par Vaux Livres


Clélia ANFRAY

Le coursier de Valenciennes
Gallimard

153 | 148 pages | 29-08-2012 | 14.9€

Simon Abramovitch vendeur de chaussures dans le centre de la France vient en mission à Valenciennes. Il a connu Pierre Weill dans un camp de travail et Pierre est disparu après son départ pour Auschwitz. Simon ne l’a pas oublié, l’homme, ses poèmes, et ses précieuses lunettes qu’un Allemand s'appliqua à écraser méthodiquement, proprement sous sa semelle. Or Pierre lui confia quelques notes et le temps est venu de les apporter à sa famille. Simon pense déposer le paquet et retourner aussitôt chez lui. Mais dès son arrivée à Valenciennes, ville qui n’a pas encore digéré la guerre, l’ambiance devient étrange, pesante et lorsqu’il franchit la porte de la maison bourgeoise de la sœur de Pierre, les souvenirs s’imposent (« La guerre était bel et bien finie. Alors quoi ? Alors rien. C’était lui dans le fond qui n’en avait pas terminé. »), les douleurs remontent, les sentiments deviennent confus, se venger, pardonner, oublier… Le choix est fait, depuis le début certainement, Simon le sait maintenant. Un texte touchant avec comme toile de fond la vengeance et l’ambiance d’une ville du Nord en convalescence aux lendemains de la guerre.

Premier roman

« Renoncer n’était jamais au fond qu’une affaire d’habitude. Comme tout le reste. »

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Fiche #1177
Thème(s) : Littérature française


Philippe COHEN-GRILLET

Haut et court
Le Dilettante

152 | 255 pages | 23-08-2012 | 17€

Comment une famille de quatre personnes du Nord de la France a-t-elle pu se suicider de concert, un soir presque comme un autre ? C’est le fils de la famille, « A défaut d’être distingué, je sortais de l’ordinaire », qui d’outre-tombe revient sur l’histoire de ce suicide collectif ainsi que sur l’enquête policière qui n’éclaircira pas cette affaire. Avec un ton décalé, un humour noir voire désespéré, il décrit avec froideur la lente et tragique dérive de cette famille ordinaire, portrait représentatif d’une France délaissée : une mère au foyer, un père qui sent la préretraite approcher, une sœur employée dans une auto-école en perte de vitesse… Quant à lui, le narrateur travaille dans un hypermarché, à la réception des marchandises et c’est là qu’il rencontre la belle et lumineuse Caroline, responsable de la Banque Alimentaire en qui il place quelques espérances… Jour après jour, irrémédiablement, la famille avance à pas tranquilles vers cette soirée, naturellement, et les préparatifs minutieux s’effectuent presque dans la bonne humeur même si « Se pendre, c’est un vrai casse-tête ». Dans cette chronique sociale, Philippe Cohen-Grillet a choisi l’humour noir et la banalité pour rendre compte de ce fait divers comme on l’a certainement honteusement alors qualifié, ce qui ne l’empêche de fissurer le mur de nos certitudes si elles perduraient…

Premier roman

« Si on a quelque chose à dire, on le doit de son vivant ! Après, c’est trop tard et on ferme sa gueule. »

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Fiche #1176
Thème(s) : Littérature française


L.C. TYLER

Etrange suicide dans une Fiat rouge à faible kilométrage
Sonatine

151 | 235 pages | 16-08-2012 | 16.2€

Ethelred Tressider continue de rêver de Booker Prize alors qu’il édite des romans sous trois noms. Il est notamment l’auteur de polars dont l’enquêteur Fairfax arrive en fin de carrières. Elsie, son agent, l’incite fortement avec son franc parler à continuer son œuvre afin d’en tirer encore quelques faibles subsides. Lorsque la police vient leur annoncer la disparition de Geraldine son ex-femme, volage et grande manipulatrice, il devient cette fois l’acteur en chair et en os d’une nouvelle enquête. Poussé par Elsie qui ne lache pas d'une semelle, il se lance sur les traces de son ex avec des motivations assez obscures. Quant à elle, la police suit la piste d’un tueur en série malgré quelques réponses et comportements d’Ethelred ambigus. Ethelred ne serait-il pas mêlé plus qu’il ne le dit à cette disparition ? Entre deux réflexions littéraires, l’enquête digne d’un Poirot ou d’une miss Marple balade le lecteur avec une pointe d’humour permanente qui agrémente cette enquête so British !

Premier roman

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Fiche #1173
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Julie Sibony


Hye-young PYUN

Cendres et rouge
Philippe Picquier

150 | 198 pages | 13-08-2012 | 18€

Monsieur T-K travaille au sein d’une entreprise pharmaceutique spécialisée notamment dans les insecticides. Lors d’une soirée où son patron est présent, il est le seul à oser affronter un rat. Cela lui vaut d’être remarqué par son patron et désigné pour partir à l’étranger pour une mission de quelques mois voire quelques années. Il débarque à C. en pleine épidémie et dès qu’il foule le sol de C. sa vie devient un cauchemar. Soupçonné d’être contagieux, il est mis en quarantaine, puis libéré, il se retrouve sans sa valise dans un appartement au cœur d’un quartier envahi d’ordures pestilentielles. Son contact dans la succursale de C demeure injoignable et il apprend que son ex a été retrouvée sauvagement assassinée dans son appartement tandis qu’il ne se souvient de rien. Les policiers frappant à sa porte, il choisit la fuite et se retrouve parmi les SDF et les rats alors que l’épidémie paralyse toujours C.. La descente aux enfers continue, jour après jour, il disparaît, quitte l’humanité. Il s’éloigne de tous et de tout et personne ne s’en préoccupe. Hye-young Pyun nous offre un premier roman sombre, parfois absurde, souvent kafkaïen, toujours angoissant, féroce portrait d’une solitude provoquée et d’une chute incontrôlée.

Premier roman

"Tout comme les raticides accroissent la résistance des rats, les épidémies rendent les hommes plus forts. La race humaine n'est pas une espèce facile à éliminer"

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Fiche #1171
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Françoise Nagel, Lim Yeong-Hee


Carole FIVES

Que nos vies aient l'air d'un film parfait
Le Passage

149 | 125 pages | 04-08-2012 | 14€

Dans les années 80, une famille explose littéralement. Lors de vacances scolaires, le père rejoint la famille puis repart rapidement fondant une séparation qui a muri suite au comportement de son épouse. Chacun, les parents et la fille, révèlent sa vision de cette séparation, le fils ne s'exprimant qu'à l'ultime instant. Des versions différentes, des ressentiments différents, des décisions irrémédiables, cette période les marque à jamais. Et évidemment, les parents se déchirant, le lien entre le frère et la soeur n'en devient que plus prégnant et ce texte témoigne de la place prépondérante occupée par l'amour fraternel au coeur du traumatisme de la séparation familiale.

Premier roman

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Fiche #1159
Thème(s) : Littérature française


Emmanuelle GUATTARI

La petite Borde
Mercure de France

148 | 142 pages | 03-08-2012 | 13.5€

Par petites touches successives, Emmanuelle Guattari évoque son enfance et sa famille. Succession d’évènements, d’instants au sein d’un établissement atypique. La Borde accueille des pensionnaires, fous qui déambulent en toute liberté dans l’établissement au milieu d’un parc immense. La folie n’est pas placée à l’écart, isolée, elle est partagée. Apprentissage de la vie, apprentissage de la différence, les enfants évoluent avec une grande liberté, enfants de la campagne, indépendants se découvrant avec la folie comme toile de fond : « Nous traînions notre enfance au milieu des adultes. Sans bien tout comprendre. Un somnambulisme, dans les paroles et l’épaisse couche de fumée de cigarettes ». Un bel hommage empreint de tendresse et d’une sensibilité émouvante.

Premier roman

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Fiche #1156
Thème(s) : Littérature française


Manuel CANDRÉ

Autour de moi
Joëlle Losfeld

147 | 100 pages | 03-08-2012 | 11.9€

Ce court roman évoque l’enfance douloureuse d’un homme âgé de 34 ans. Sa mère malade disparaît rapidement, et il demeure seul avec un père violent et alcoolique. Il rejoint alors ses grands-parents et un quotidien morose. Les souvenirs reviennent à la surface sans chronologie et la violence est omniprésente. L’enfant attendra une tendresse qui ne viendra jamais, étranger à ce monde d’adultes considéré comme adverse. Mais la cruauté déteint et l’enfant peut aussi la laisser s’exprimer. Entre hargne et compréhension, colère et sensibilité, sentiments confus et ambivalents, il tente parfois de comprendre son père, voire de l’excuser : « Mon père c’était ça. Il était pétri de rêves de grandeur qui vous interdisent de faire quoi que ce soit ». Un portrait sombre d’une enfance étouffée par la cruauté et la violence.

Premier roman

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Fiche #1157
Thème(s) : Littérature française


Rebecca MAKKAI

Chapardeuse
Gallimard

146 | 370 pages | 29-07-2012 | 21€

Lucy est bibliothécaire dans le Middle West. Trentenaire d'origine russe et célibataire, elle apprécie son métier et principalement les livres. Pourtant on ressent un manque, un trouble. Parmi les visiteurs, seul le petit Ian attire son attention et l'intrigue. Il passe beaucoup de temps dans la bibliothèque, adore lire et choisit souvent des livres atypiques pour son âge. Elle le guide, l'épaule dans ses découvertes. Ian est le fils unique d'un couple de chrétiens fondamentalistes à l'éducation "rigoureuse". Or, un matin, elle le découvre reclus dans la bibliothèque. Il ne veut pas rentrer chez lui, et contre toute attente, elle accepte et ils partent immédiatement en voiture à la découverte de l'Amérique. Tout au long du voyage, alors que Ian laisse filer ses rêves, Lucy s'interroge sur les raisons de ce voyage, sur ses motivations profondes mais aussi sur son histoire familiale. Avec un humour désespéré, Rebecca Makkai nous offre un road-book plaisant et contrasté.

Premier roman

"Après ce printemps nébuleux et cet été tortueux, je suis désormais certaine d'une chose : je ne peux pas sauver les gens. J'ai essayé, et échoué. Je suis sûre que certains en ce bas monde possèdent ce don, mais pas moi. Cependant, je continue de penser que les livres peuvent vous sauver."

Ecouter la lecture de la première page de "Chapardeuse"

Fiche #1154
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Samuel Todd


Sylvain PATTIEU

Des impatientes
Le Rouergue

145 | 255 pages | 24-07-2012 | 19.5€

« Les impatientes » dépeint le parcours scolaire puis professionnel de deux lycéennes d’un établissement de banlieue dite difficile. Elles partagent une envie de vivre débordante, une impatience extrême et une énergie exceptionnelle malgré leur profondes différences. L’une est réservée, disciplinée, bonne élève, promise à un bel avenir et espère intégrer Sciences Po. L’autre est violente, agressive, exubérante, plus assidue aux soirées dans les boîtes de nuit qu’au lycée. Alima-Nadine Sissoko et Bintou Masinka voient brutalement leurs destins basculer lors d’un « incident » aussi violent que subit auquel elles participent. Elles intègrent alors de concert le monde professionnel des sans-grade dans un grand magasin. Pourtant leur force combative et leur haine de l’injustice ne les abandonnent pas alors qu’elles tentent de se frayer un chemin commun dans le monde adulte.

Premier roman

« …Des fois je me dis que j’aurais voulu vivre en Amérique eux ils ont Martin Luther King ils ont Obama et nous on a qui en France ? »

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Fiche #1153
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Sylvain Pattieu lus par Vaux Livres


Julia DECK

Viviane Elisabeth Fauville
Minuit

144 | 158 pages | 27-06-2012 | 14.5€

Viviane Elisabeth Fauville, jeune Parisienne, aborde une période difficile de son existence qui révèlera sa folie ou son instabilité. Le malaise s'installe dès les premiers mots. Elle a accouché il y a peu et son époux vient de la quitter. Seule dans son appartement avec son enfant, elle apparaît quelque peu désemparée, des moments de panique la bousculant périodiquement. Elle est suivie par un psychanalyste et au cours d’une consultation, alors qu’il semble se désintéresser d’elle et ne pas l’aider, sans aucune préméditation et sans véritable volonté, instant de colère, elle le tue avec un couteau de cuisine qu’elle portait dans son sac. Elle rentre chez elle en métro persuadée que son arrestation n’est qu’une question de minutes. Pourtant, après sa convocation, elle ressort libre du commissariat et devient « le jouet des circonstances ». Elle suit l’enquête en lisant la presse qui lui apprend que la police s’intéresse à une série de suspects proches du psy tous plus vraisemblables qu’elle. Peut-être déçue par ce manque de reconnaissance, elle part à leur rencontre et la rencontre de son destin. A l'aide d'une construction minutieuse, Julia Deck réussit un portrait d’une femme dérangée certes, qui voit la réalité lui échapper mais une femme multiple qui se métamorphose selon le lieu, l’instant, la personne qui l’accompagne. Mais qu’adviendra-t-il de ce caméléon fou, devra-t-il vivre éternellement seule avec son secret ou la vérité le rattrapera-t-elle ?

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Viviane Elisabeth Fauville"

Fiche #1146
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Julia Deck lus par Vaux Livres


Hugues LEFORESTIER

Réseau d'état
Jigal

143 | 184 pages | 13-06-2012 | 16€

En période électorale, le pouvoir et son entourage lancent toutes leurs forces dans la traque d’un homme qu’elle désigne comme terroriste, tous les coups sont permis... La cible est un ancien gauchiste qui après avoir rêvé de Révolution a fréquenté les milieux troubles dans lesquels les pouvoirs politiques vont souvent puiser leurs hommes de main pour réaliser leurs basses oeuvres. Mais ces hommes de main détiennent ensuite quelques secrets qui peuvent gêner leurs ex-patrons et contrecarrer leurs ambitions… Une opération est déclenchée pour aller chercher le loup dans sa tanière, lieu tranquille, isolé, propice à une extraction. Mais l’homme a des ressources… La cible retrouve ses anciennes connaissances en revenant à Paris au plus près d’un pouvoir qui s’inquiète et s’affole jusqu’à sa tête alors qu’au même moment, une journaliste aussi belle que professionnelle s’intéresse à l’affaire. Les intrigues et rivalités se révèlent, les coups bas pleuvent... La trame est bien construite, le rythme est vif, les personnages crédibles et quelques ressemblances etc etc…

Premier roman

"...la politique ne changera jamais. Les altruistes voudront toujours réformer la société, les égocentriques ne voudront qu'une augmentation de leur pouvoir d'achat à la fin du mois, et les candidats aux élections leur promettront les deux."

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Fiche #1140
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir


Yassaman MONTAZAMI

Le meilleur des jours
Sabine Wespieser

142 | 138 pages | 11-06-2012 | 15€

en stock

« Le meilleur des jours » est l’hommage d’une fille à son père, un père exceptionnel. Dès sa naissance, il se fit remarquer. Prématuré, tout le monde le donnait pour mort. Miraculé, il fut nommé Behrouz, ou le meilleur des jours en persan. A sa mort, sa fille entreprend de retracer son parcours : personnage hors du commun, plein d’esprit, cultivé, épris de justice et de liberté, idéaliste et excentrique, toujours le rire aux lèvres qui ne trouvera jamais vraiment sa place dans la société. Combattant le salariat, il ne travaillera jamais: « Karl Marx et mon père avaient un point commun : ils ne travaillèrent jamais pour gagner leur vie. "Les vrais révolutionnaires ne travaillent pas", affirmait mon père. Cet état de fait lui paraissait logique : on ne pouvait œuvrer à l’abolition du salariat et être salarié – c’était incompatible. » . Arrivé en France il poursuit des études (thèse sur l’œuvre de Karl Marx) qui resteront inachevées, il est vrai que l’ambition était grande, il pensait y trouver « la cause originaire de l’inégalité entre les hommes » et qu’alors « le monde deviendrait meilleur ». En 1979, il vit donc en exilé les évènements d’Iran qui installent la République islamique et accueillent les Iraniens qui fuient leur pays. Le récit élargit alors ses portraits à une série de personnages, souvent exilés, qui font des allers-retours en Paris et Téhéran et passent raconter leurs périples à la famille. Un saisissant portrait plein d’esprit, de lucidité, d’amour d’une fille envers son père vénéré, personnage atypique et attachant.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Le meilleur des jours"

Fiche #1138
Thème(s) : Littérature française


Véronique MERLIER

L'angle mort
Arléa

141 | 150 pages | 29-05-2012 | 17€

en stock

Cécile et François forment un jeune couple heureux avec leur petit Pierre plein de vie. Pourtant une menace obscure pèse. Cécile l’ignore totalement, « Elle n’a pas vu, elle n’a rien vu. De ce qui se tramait dans l’angle mort, à la lisière de sa vie, elle n’a rien vu. Elle n’en avait même jamais eu l’idée. », elle qui croyait connaître intimement et parfaitement Pierre, « Tu ne peux rien me cacher, petit farceur, avait-elle ajouté, l’œil malicieux. Il s’était agacé en silence de cette remarque. Si au moins Cécile savait ce qui tournait dans sa tête depuis si longtemps. », déchantera au retour de l’enterrement de la grand-mère. François, d’une voix sourde, lui annonce son homosexualité. Il refusait depuis toujours cette évidence, pensait qu’« Il suffisait de ne pas en parler, et ça n’existerait pas. » mais ainsi, il était ailleurs, à côté de sa vie, « Il flottait juste dans vie. » Pourtant Cécile continue de l’aimer, croit encore en leur trio magique, refuse de voir l’évidence, l’angle mort masque une réalité qui finira évidemment par s'imposer... Véronique Merlier a trouvé le ton juste : les tiraillements, doutes et craintes de Pierre, l’incompréhension, l’amour de Cécile et son cheminement mélancolique vers l’acceptation. Une douce émotion.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "L'angle mort"

Fiche #1133
Thème(s) : Littérature française


Shaughnessy BISHOP-STALL

Mille petites falaises
Actes Sud

140 | 335 pages | 17-05-2012 | 22.5€

Mason est écrivain, il a publié quelques textes ou poésies et est en train d’écrire un roman, Le Roman ! Il prend continuellement des notes entre deux lignes de coke, deux verres d’alcool fort. Univers à la Bukowski, univers noir et désespéré. Seul Chaz un ami totalement dévoué dans sa vie, mais aussi dans sa chute, est à ses côtés. En sus de la coke, il lui offre même une camionnette singulière pour vendre des hot-dogs au coin de sa rue. Un client apprenant ses capacités d’écriture, lui demande de rédiger une lettre d’amour. En réalité, cette lettre sera sa lettre d’adieu après son suicide. Mason croit avoir trouver le filon pour purger ses dettes, il passe une annonce proposant d’écrire la dernière lettre des futurs suicidés. Les personnages tous plus désespérés ou fous (« On est tous fous. Ca veut dire qu’on est vivants. ») les uns que les autres viennent à sa rencontre. Souvent ému par ces personnages cassés par la vie, Mason va au devant de son destin qui passera aussi bien par la terreur extrême que par un amour bouleversant.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Mille petites falaises"

Fiche #1126
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Pierre Girard


Marc MICHEL-AMADRY

Deux zèbres sur la 30ème Rue
Héloïse d'Ormesson

139 | 118 pages | 06-05-2012 | 17€

Mahmoud Barghouti dirige le modeste zoo de Gaza ou du moins ce qu’il en reste, les derniers zèbres viennent de mourir à son grand désespoir et à celui des enfants de Gaza. Pour eux, il peint des rayures à deux ânes emblématiques. James, journaliste américain du New York Times quelque peu désabusé, fortement ému par cet acte improbable, y voit un symbole d’espoir et de paix. La rencontre de ces deux hommes les bouleverse au plus profond d’eux-mêmes et bouscule leurs destins. James voit en Mahmoud un nouveau but de vie, il décide de l’épauler et l’incite à créer un grand zoo, « le zoo de la joie », afin que les enfants de Gaza retrouvent un grand sourire dans ce lieu déshérité. Le Palestinien et l’Américain se retrouvent quasiment par hasard liés par un projet universel et qui émeut tout un chacun. Autour de ce projet gravitent deux couples entre Berlin, Paris, New York voire Gaza (trop peu ?), les vies s’entremêlent, se croisent au gré des rencontres, le destin révèle parfois de bonne surprise ! Une jolie fable optimiste qui par le portrait de cinq personnages en quête de bonheur et de partage démontre que la volonté, l’engagement sans calculs ni retenue et le hasard des destins peuvent encore générer une belle harmonie.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Deux zèbres sur la 30ème Rue"

Fiche #1122
Thème(s) : Littérature étrangère


Tuomas KYRÖ

Les tribulations d'un lapin en Laponie
Denoël

138 | 332 pages | 03-05-2012 | 19.5€

Vatanescu vit en Roumanie avec sa famille dans une pauvreté extrême. Même ses rêves demeurent tristes, pourtant il aimerait tant offrir à son fils Miklos la paire de chaussures de foot dont il rêve. Vatanescu espère avoir trouvé la solution en rejoignant « l’entreprise » d’un trafiquant russe, marchand d’esclaves moderne qui ne recule devant rien pour accroître son pouvoir et sa richesse. Il rejoint les trottoirs d’Helsinki, mendiant sans papiers le jour, une caravane pour dormir à partager avec un camarade d'infortune. Mais la machine se dérègle rapidement et il est contraint de fuir. Lors de cette fuite, il fait La Rencontre ! Un lapin blessé lui tombe dans les pattes et ne le quittera plus : « Toi, mon lapin, je te protège, mais je ne te possède pas. Nous sommes frères ». Ce couple improbable pourchassé par la mafia et la police entre autres prend alors la route et part à la rencontre de Finlandais hauts en couleur, pour la plupart atypiques et sympathiques mais aussi du mode de vie si classique des pays développés. Ils approcheront aussi bien un vieil ours perdu la campagne finlandaise que les arcanes du pouvoir, pourtant Vatanescu n’oubliera jamais son but premier : offrir un paire de crampons à son fils ! Cette épopée burlesque voire ubuesque, hommage à un célèbre quadrupède finlandais et à son auteur, vous épatera par sa verve, sa bonne humeur et son ironie. Très rafraîchissant.

Premier roman

« Le yaourt promettait à l’homme stressé d’aujourd’hui ce que l’Eglise lui faisait auparavant miroiter. Le vie éternelle, un bon équilibre psychique, plus d’énergie au travail et le paradis après la pénitence. Pour y parvenir, il n’était même plus nécessaire de mourir, juste de vivre. Le yaourt avait un sale goût, mais on n’a rien sans rien. La sainteté a toujours été le fruit de privations et de souffrances. »

« La réalité l’avait frappé au visage comme un torchon trempé dans du lait, rien n’empêchait la vieillesse, pas même la réalisation d’un rêve de jeunesse. »

Ecouter la lecture de la première page de "Les tribulations d'un lapin en Laponie"

Fiche #1121
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Anne Colin du Terrail


Matias NÉSPOLO

Sept façons de tuer un chat
Thierry Magnier

137 | 245 pages | 24-04-2012 | 22.3€

La crise économique éprouve les quartiers pauvres de Buenos Aires, les trafics fleurissent, seuls moyens d’assurer sa survie. Dans la débâcle, les chats se font discrets afin de ne pas finir en civet. Au milieu de cette jungle, deux fils de la rue, le Gringo et le Tordu, tracent leur route. Contrairement au Tordu, le Gringo jouit encore d’un entourage, le petit Quique ou la vieille Mamina qui a remplacé sa mère après que celle-ci a été assassinée pour des raisons qui lui demeurent inconnues. Les deux compères se retrouvent régulièrement dans le café tenu par le louche Gardo Farias. Le Tordu observe ses scabreuses affaires, tandis que le Gringo préfère la compagnie de sa superbe fille Yani. Décor planté : le mal, le bien, l’innocence. La lutte de bandes rivales se disputant le contrôle du territoire, les coups vicieux du Tordu…, tel est le quotidien des personnages. Seuls moments de répit, le Gringo croise Moby Dick, Ismaël et Achab qui lui permettront de s’extraire du cauchemar qu’est devenue sa vie. Un vrai roman noir, nerveux, qui vous entraîne dans un monde désespéré.

Premier roman

Article paru dans la revue Page des Libraires

Ecouter la lecture de la première page de "Sept façons de tuer un chat"

Fiche #1116
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Denise Laroutis


Karim MISKÉ

Arab jazz
Viviane Hamy

136 | 300 pages | 22-04-2012 | 18€

Le 19ème arrondissement de Paris incarne l’exemple type du quartier cosmopolite, mélange à l’extrême et vie trépidante. Pourtant, au milieu de cette animation, vit Ahmed Taroudant. Solitaire, ces seules sorties sont réservées à son libraire favori, un vieil anarchiste arménien aussi solitaire que lui, qui vend ses livres au poids. Ahmed vit retiré dans son appartement au milieu des livres qui s’empilent et passe le plus clair de son temps à lire. Tout est bouleversé lorsque sa voisine Laura est assassinée après une mise en scène atroce et symbolique. Premier témoin de la scène du crime, cela réveille en lui des démons oubliés mais insuffle également une rage l’incitant à se lancer à la recherche des assassins. Le voici immédiatement ramené dans la réalité au cœur des histoires de religions du quartier (et d’ailleurs) à la rencontre des musulmans, juifs loubavitch et autres témoins de Jéhovah fous de Dieu de tous ordres « ceux qui colmatent leur gouffre, leur vide intérieur avec le béton de la certitude », de trafics de drogue et de corruption et au contact des flics atypiques chargés de l’enquête : Rachel Kupferstein qui l’attire immédiatement et Jean Hamelot, autant faux amants que sœur et frère. Au moment où une mystérieuse et surpuissante pastille bleue commence d’inonder les quartiers, les comportements de quelques-uns attirent son attention. Karim Miské mène de front une intrigue complexe, des digressions créant des ruptures et des variations de rythmes maîtrisées, et des portraits particulièrement réussis et réalistes.

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Arab jazz"

Fiche #1108
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir


Maïa BRAMI

Norma
Folies d'encre

135 | 160 pages | 15-04-2012 | 14€

en stock

Norma est une petite fille de sept ans lorsqu'elle arrive dans un foyer d’accueil et attire aussi l’attention de tous. Son crâne nu accroît l’impression de fragilité qui transparaît au premier regard. Léo, un ado d’une quinzaine d’années, révolté, brisé ("Sa tête est cris. On lui reproche son mutisme, son silence, mais comment réussir à parler avec toutes ces interférences dans le crâne ?"), dont les adultes redoutent la violence, est bouleversé par cette petite et espère la protéger et l’aider. Maïa Brami dépeint le quotidien des deux enfants et de quelques autres au milieu d’adultes non exempts de troubles psychologiques. Norma et Léo nous font part de leurs douloureux passés, des violences subies, du triste état de leurs familles. Un texte émouvant, un cri puissant entre douceur et violence d’enfants et d’adultes ayant subi des traumatismes dans leur plus tendre enfance et qui tentent malgré tout de trouver leur place mais aussi la confiance en l'autre. Un roman que l’on lit d’une traite !

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Norma"

Fiche #1103
Thème(s) : Littérature française


Anne-Frédérique ROCHAT

Accident de personne
Luce Wilquin

134 | 158 pages | 14-04-2012 | 17€

Charline avait une sœur jumelle, elle la trouvait plus douée qu’elle, toujours la meilleure mais celle-ci mourra en se jetant la première du balcon en pensant pouvoir voler. Leurs parents ne s’en remettront pas, sombreront dans l’alcool et délaisseront Charline. Elle les quittera. Devenue peintre, seule sa peinture l’aide à vivre face à sa culpabilité et à des questions demeurées sans réponse. Pourtant une nouvelle épreuve l’attend : elle ne voit plus les couleurs et la peinture lui devient donc interdite. Elle répond alors à une annonce et part garder le chat d’une vieille dame dans le village où elle a grandi. Pendant le voyage, le train s’arrête pour un suicide, « un accident de personne ». Elle apprend ensuite qu’il s’agissait de Viviane une ancienne petite camarade. Elle décide d’aller à son enterrement et croise ses parents qu’elle considérait, enfant, comme les parents aimants et idéaux. Des liens se tissent entre les parents et Charline, chacun cherchant à combler son manque, le vide laissé par l’être aimé et disparu. Ils se rapprochent, une relation malsaine les unit... fuir... vivre une autre vie. Peu à peu, Charline s’estompe, Viviane réapparaît. Chaque détail ravive un souvenir, rappelle un secret mais cette plongée dans le passé réveillera Charline et la sauvera en la ramenant vers la vie, la couleur et la peinture. Un style épuré et travaillé au service d'un joli et douloureux parcours initiatique pour passer outre les questions sans réponse, les drames familiaux et reprendre le chemin de la vie.

Premier roman

« Si on savait le nombre de choses qui ne changent pas. On ne change pas. On grandit, on mûrit mais c’est toujours le même noyau, le même fruit. »

Ecouter la lecture de la première page de "Accident de personne"

Fiche #1102
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Anne-Frédérique Rochat lus par Vaux Livres


David CHARIANDY

Soucougnant
Zoé

133 | 236 pages | 13-04-2012 | 19.3€

« Que fait-on avec une personne qui, un beau jour, déverse le contenu de son esprit dans le ciel ? ». Le plus jeune fils revient chez sa mère. Très jeune, elle eut des comportements singuliers, oubliant les mots, les choses, réactions de plus en plus étranges provoquées par une sénilité précoce, « maman s’est mise à oublier de façon plus créative ». Ses deux fils la quittent mais le plus jeune ne pourra l’oublier, la laisser seule plus longtemps que deux ans. Il revient pour l’aider, et devient sa mémoire. Il revient sur l’histoire terrible de cette femme intimement liée à l’histoire de la Caraïbe. Une île qu’elle aime mais qui éprouvera fortement cet amour : l’installation des soldats dans l’île, la prostitution, l’exil au Canada et le racisme… Un passé aussi éprouvant que le présent affecté par cette maladie destructrice provoquant une déchéance physique et psychique de tous les instants qu’il apprend à gérer et supporter, les moments de répit étant rares d’autant plus que les attaques de la terrible Soucougnant se répètent. Une langue lumineuse au service d’une chronique bouleversante d’un fils dévoué et aimant au cœur d’une lente érosion.

Premier roman

« Au cours de nos vies, nous luttons pour oublier. Et c’est ridicule de croire que l’oubli est une chose absolument mauvaise. La mémoire est une meurtrissure encore sensible. L’histoire est un entassement rouillé de lames et de menottes. Et oublier peut parfois être la chose la plus créative et vitale que l’on puisse jamais espérer accomplir. Le problème se pose quand on commence à y exceller.

Ecouter la lecture de la première page de "Soucougnant"

Fiche #1100
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Christine Raguet


Marie-France VERSAILLES

Sur la pointe des mots
Luce Wilquin

132 | 120 pages | 12-04-2012 | 13€

« Sur la pointe des mots » construit un pont entre deux femmes, deux femmes aussi proches qu’éloignées. Dhuoda, duchesse, vit exilée à Uzès en 842. Son fils lui a été arraché, elle sait qu’elle ne le reverra plus et choisit de lui écrire un petit manuel pour lui confier tout ce qu’elle n’a pu lui dire. La narratrice, dans les années 2000, est à un tournant de sa vie, ses enfants sont partis, elle est à la retraite. Pour les deux, le temps passe. Que faire pendant ce laps de temps inconnu qui leur reste à vivre ? Que vont-elles léguer ? Le style est travaillé, les mots pesés, pour ce roman ou essai (« Qu’est-ce qu’un manuel, celui de Dhuoda, ou mon petit essai… ») qui défend que les écrits restent, fiction ou réalité peu importe, et qu’il est possible de vieillir avec une légèreté parfois nostalgique et de tendre avec bonheur et sérénité la plume à ceux qui resteront.

Premier roman

« Sans regret, ni amertume. Malgré le regret et l’amertume. »

« Je voudrais simplement, avant de m’en aller, avant de céder le passage, être cette femme occupée à chercher les mots qui relient. »

« La vie, elle, s’écrit directement au propre. Ni gomme, ni rature, ni page arrachée, recommencée, recopiée ne lui sont accordées. »

Ecouter la lecture de la première page de "Sur la pointe des mots"

Fiche #1099
Thème(s) : Littérature étrangère


Bruce MACHART

Le sillage de l'oubli
Gallmeister

131 | 338 pages | 31-03-2012 | 23.6€

Le début du roman donne le ton : Texas, fin du XIXème, une mère meurt après avoir accouché d’un petit garçon, Karel, qui rejoint ses frères. Propriétaires terriens, propriétaires de chevaux, la vie est âpre, le quotidien violent, les enfants battus, les femmes engrossées, les chevaux choyés. Le mari se réfugie dans cette violence et dans les courses de ses chevaux comme dans les paris qui les accompagnent, lui permettant d’accroître son domaine à chaque victoire. Pourtant, une famille mexicaine s’installe, les enjeux changent d’ampleur. Karel, invaincu jusque là, obsédée par l’une des filles de la famille, va devoir l’affronter. Trente ans de vie d’un clan d’hommes décrivent leurs psychologies, violences, rancoeurs mais parfois aussi leurs peurs, ne manque que l’odeur du crin et de la sueur !

Premier roman

"Une sommation aussi vitale et aveugle, se disait Karel, que l'attraction de la terre exerce sur un nouveau-né, cet élan irrésistible qui mettait pareillement au monde poulains, veaux et petits d'homme pour les laisser ensuite lutter pour leur survie."

Ecouter la lecture de la première page de "Le sillage de l'oubli"

Fiche #1084
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Marc Amfreville


Elisabeth LAUREAU-DAULL

Le syndrome de glissement
Arléa

130 | 188 pages | 12-01-2012 | 18.5€

Julienne est née le 31 décembre 1925. A 85 ans (« J’en suis à l’âge du singe, je l’ai même dépassé »), elle nous conte son histoire depuis un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. Elle y est rentrée encore active et forte mais « Une page était tournée, j’avais franchi un point de non-retour, je le savais. Ma vie vivante était passée, des jours à ne plus savoir les compter, tels nuages en ciel, comme a écrit je ne sais plus qui. ». Elle montre alors comment en vieillissant, elle disparaît progressivement aux yeux des autres. Le vieillissement est détaillé, mais la Julienne reste vive, les retours sur son passé, sur une lignée de femmes souvent quittées par les hommes, les jours qui passent, ses préoccupations passées ou présentes, tout respire la vie, elle a vécu debout et continue de le rester. Tous les sentiments continuent de l’animer, la colère, la révolte ne l’ont pas abandonnée malgré « le glissement » inéluctable. Le ton est alerte, le portrait attachant et le récit rythmé se lit d’une traite !

« Si je reviens avec entêtement aux eaux glauques de mon passé, c’est avec l’espoir de m’y noyer. »

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Le syndrome de glissement"

Fiche #1058
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Elisabeth Laureau-Daull lus par Vaux Livres


Emmanuel ARNAUD

Le théorème de Kropst
Métailié

129 | 138 pages | 12-01-2012 | 14€

Rentrer en sup, c’est comme rentrer en religion, il faut y croire, mais parfois cela ne suffit pas ! Laurent Kropst a rejoint la sup du célèbre lycée Louis-le-Grand suite à une démonstration époustouflante et inédite ! Il rejoint la future élite (bien consciente de son potentiel et de sa position présente et future), enfants formés de longue date pour ce cursus, il complète une élite de père en fils. La course à la note et au classement sont lancées dans le but d’intégrer La Grande et Prestigieuse Ecole, peu de loisirs, seules préoccupations les révisions, les oraux, les contrôles tels des sportifs de haut niveau surentraînés. Néanmoins, les embûches arrivent vite sous la forme d’un malheureux 3 en devoir de mathématiques. Affront. Catastrophe. Grain de sable dans un engrenage pourtant bien huilé qui provoquera mensonges, affrontements mais aussi ouverture vers une vie nouvelle et plus aérée, plus proche de Proust et Baudelaire que de Bernoulli et Banach ! Emmanuel Arnaud nous offre une chronique et un portrait vifs, ironiques et plaisants sur ce que certains continuent de nommer « l’élite » du monde étudiant destinée à diriger notre société !

Premier roman

Ecouter la lecture de la première page de "Le théorème de Kropst"

Fiche #1059
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Emmanuel Arnaud lus par Vaux Livres


Luc-Michel FOUASSIER

Un si proche éloignement
Luce Wilquin

128 | 15 pages | 28-09-2011 | 15€

Un homme tourne la page, abandonne tout, et part pour les îles grecques. Il rejoint le calme de Naxos perdue au milieu de la mer Egée. Que fuit-il ? Que recherche-t-il ? La femme qui l’a quitté et qu’il n’a pas su aimer ? lui-même ? « Se déprendre de soi, avec l’illusion de ne plus jamais revenir en arrière. Croire un instant tendre ainsi vers la plus grande sérénité, l’ultime liberté. Quelle plus belle sensation ? » Les chapitres alternent entre la découverte de Naxos, de sa population et ses souvenirs de sa vie passée. Il rencontre la terre et la mer grecques, ses hommes empreints de sagesse, hommes simples, ancrés dans la terre, au cœur de vies rudes qui leur apportent fraternité et sérénité. Oublier les mots pour le silence, la difficulté de la vie à deux pour l’éloignement. Voyage pour une renaissance, hymne à la vie mais aussi à un pays loin des clichés touristiques habituels.

« …le sillage est-il plus beau vu du bateau ou de la rive ? »

Premier roman

Fiche #1032
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Luc-Michel Fouassier lus par Vaux Livres


Heidi W. DURROW

La petite fille tombée du ciel
Anne Carrière

127 | 274 pages | 31-08-2011 | 20.3€

A onze ans, après un drame aussi subit que terrifiant, Rachel Morse se retrouve seule et s’installe chez sa grand-mère paternelle. Son père est un G.I. noir américain et sa mère danoise. Le récit dépeint le destin de cette petite, née entre deux mondes, chacun lui rappelant constamment qu’elle n'appartient pas à aucun des deux (« Il y a quinze élèves noirs dans la classe, et sept blancs. Et il y a moi »), mais aussi une enfance gâchée. Elle doit repartir, comme neuve : « J’apprends que les Noirs n’ont pas les yeux bleus. J’apprends que je suis noire. J’ai les yeux bleus. Je stocke toutes ces nouvelles données à l’intérieur de la-fille-toute-neuve. ». Rachel n’avait pas conscience de sa soi-disant différence, mais chaque jour, elle lui sera martelée. Sa mère ne s’était pas imaginé les difficultés que rencontreraient ses enfants métis à n’être ni noirs ni blancs (le racisme ordinaire se préoccupe de toutes les couleurs !) et sera vite désemparée et désespérée devant les réactions et comportements trop habituels. Rachel fera tout pour être ou devenir « comme les autres », double personnalité et façade douloureuse que peu sauront lever. Face à son histoire, son passé douloureux, le racisme quotidien des noirs et des blancs, Rachel devra faire face, seule, volontaire, prendre en main son destin, et écrire son avenir. Dans la lignée de l’inoubliable roman de Nelly Larsen, Heidi W. Durrow nous offre un superbe et émouvant portrait d’une jeune fille prête à se battre pour trouver sa place dans une société excluant. Chaque chapitre porte le prénom d’un personnage, pour Rachel la première personne est employée, portraits croisés, points de vue différents, renforcent les liens et l’émotion du lecteur devant l’envol initial et final de cette petite fille.

Premier roman

Fiche #1016
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Marie de Prémonville


Fanny SAINTENOY

Juste avant
Flammarion

126 | 125 pages | 22-08-2011 | 12.2€

Fanny est dans une panade globale mais à l’annonce du décès de Granny, son arrière-grand-mère, elle part immédiatement vers Bergerac pour une dernière rencontre. Au cours de cette veillée funèbre pourtant emprunte d’une certaine gaieté, les deux femmes dans une complicité accomplie entament un dialogue, chapitre après chapitre, se remémorant cinq générations de femmes, expériences de la vie, souvent joyeuses parfois âpres et terrifiantes mais le caractère de la vieille dame adoucit constamment le propos. Un tendre hommage à cette vieille dame et à la vie, en toute simplicité.

Premier roman

« … on ne s’habitue que doucement aux gens qui prennent soin de vous, on ne pense jamais que c’est seulement leur travail. »

« J’étais de retour dans la guerre et, malheureusement, dans le domaine, l’expérience ne sert quasiment à rien, les hommes s’arrangent toujours pour être inventifs en la matière. Il est nécessaire que les gens soient encore plus terrifiés que pour la dernière. »

Fiche #1012
Thème(s) : Littérature française


Fabrice LOI

Le bois des hommes
Yago

125 | 395 pages | 15-08-2011 | 19.5€

Ivan semble dans un premier temps suivre le chemin habituel, le but classique partagé par beaucoup, échapper à sa condition mais rapidement lassé de sa course folle et sans but dans un monde qui lui est étranger, il choisit de devenir charpentier, métier manuel universel, intemporel entre ciel et terre qui permet, malgré sa rudesse et sa dangerosité, de laisser voguer pensées et rêves. Ivan et un narrateur suivent son itinéraire. Ivan est d’abord soumis à l’intérim et à ses règles esclavagistes dans le Paris des arrière-cours, derrière les échafaudages, loin des paillettes ! Société hiérarchisée qui exploite sans aucun sentiment la misère humaine, rencontres avec les sans-papiers, les sans-grade, les exilés... Mais Ivan ne supporte plus ce monde, cette société moderne : « J’ai mal au monde. J’ai mal à moi-même, à mon corps, à ma tête. Je me suis trompé, renié, tué sans m’en rendre compte. Sans rien y comprendre. Mon époque m’a égaré », et préfère une autre voix : « Il a choisi ça. L’errance ». En effet, de Paris à Bamako en passant par Marseille et l’Espagne, après la fin d’un amour désespéré et intense, Ivan part sans but à part celui de retrouver Abdullaye son ami sans-papiers expulsé de France, laissant couler le temps au gré des rencontres. Au Mali, il s’engage sur un chantier géré par les Chinois, les nouveaux rois de l’Afrique qui remplacent les anciens colonisateurs, s’imposent par le nombre, au service de leur économie. Il retrouve l’engagement, la solidarité, la joie sans oublier évidemment la pauvreté et les règles imposées par les puissants. Un premier roman dense et intense, roman des ouvriers, des manoeuvres, des exploités, roman initiatique, social et politique, roman d’aventure mais aussi trajectoire d’un homme à la recherche d’amour et refusant l’injustice et de se plier aux règles castratrices de la société libérale contemporaine.

Premier roman

« Car c’est bien connu, les autres sont dangereux, polluants, chiants, mortels, bref : ils sont différents. »

« Les Européens ne comprennent plus ces choses. Ils doivent réapprendre ce que signifie s’exiler pour survivre. »

« Mordille les oreilles d’un saxophoniste, il en restera toujours quelque chose ! »

« Vivre c’est gagner du temps ; attendre c’est mourir. Voilà désormais l’étrange règle. »

Fiche #1007
Thème(s) : Littérature française


Sylvie TANETTE

Amalia Albanesi
Mercure de France

124 | 135 pages | 03-08-2011 | 14.2€

Un devoir anodin que rapporte le petit Téo à la maison pour le week-end : construire l’arbre généalogique de la famille. Et pourtant, quel piège ! Cet exercice sera le prétexte pour rencontrer jusqu’aux arrières grands-parents de la mère de Téo. Une famille issue de la région des Pouilles, Tornavalo, petit village où la terre rouge omniprésente s’incruste partout. Une lignée de femmes qui rêvent de l’homme qui viendra les enlever et qui tombent dans les bras du premier voyageur, beau parleur, qui lui narre ses voyages et rencontres. Amalia jolie sorcière, rêveuse et brodeuse douée partira avec Stepan sorti de nulle part vers Alexandrie. Luna épousera Elias et ses utopies. Pourtant la narratrice aimerait refuser cette destinée de femmes cédant à leurs passions, mais en a-t-elle le choix ? Les remparts de Dubrovnik sont si attirants…

Premier roman

Fiche #997
Thème(s) : Littérature française


Caroline LUNOIR

La faute de goût
Actes Sud

123 | 116 pages | 31-07-2011 | 16.3€

Mathilde après plusieurs années revient passer l’été dans la maison familiale. La famille au grand complet s’y donne rendez-vous tous les étés excepté les quelques absents habituels ou occasionnels. Cette année, son mari Alexandre et ses parents ne seront pas de la fête. Grand-père, grand-mère et ses quatre sœurs et les autres l'attendent de pied ferme autour de la piscine fraîchement construite. Mathilde d’un œil quelque peu détaché mais pas totalement déconnecté observe le ballet de cette grande famille bien occupée à entretenir ses coutumes : elle pense ou espère qu’« en dehors de ces quelques gouttes de sang que nous partageons et de cette maison, érigées en symbole et transmises à chacun comme partie de notre identité, rien ne nous réunirait. ». Pourtant même vis-à-vis du couple gérant le domaine, Rosana et Antonio, cette dualité transparaît. Immersion totale au sein de la haute bourgeoisie et ses petites préoccupations, son mode de vie bien particulier, bien loin du monde et de l’histoire : « L’Histoire de ma petite vie est de ne pas en avoir. J’échappe à la marche du monde, qui ne m’a pas happée. »

Premier roman

Fiche #994
Thème(s) : Littérature française


Laurence VILAINE

Le silence ne sera qu'un souvenir
Gaïa

122 | 173 pages | 30-07-2011 | 17.3€

en stock

Le vieux Miklus, sorte de patriarche, est respecté du clan rom installé sur une rive du beau Danube. Il choisit le prétexte d’une rencontre avec un journaliste à l’occasion des vingt ans de la chute du Mur pour enfin parler, hurler, prendre à témoins, confesser un lourd secret qu’il a toujours tu, qui pèse sur sa conscience comme sur sa communauté. A travers une série de portraits inoubliables, Chnepki la Vieille à la voix d’ange qu’elle a maintenant perdue pour s’isoler et sombrer dans une folie dangereuse et destructive, Lubko le gadjé violoniste virtuose et sculpteur de marionnettes adopté par le groupe, Maruska sa fille adorée, Dilino l’enfant muet différent et exclus, l’histoire des Roms communauté solidaire ou non, où la solitude comme l’intimité sont absentes, toujours repoussée voire opprimée est décrite sans angélisme. A travers ces trajectoires dramatiques, l’oppression explicite ou non est dépeinte. Constamment en évolution et omniprésente, elle pèse de tout son poids sur le destin individuel et collectif en niant la différence et en ignorant l’histoire singulière de la communauté Rom. Ce premier roman dense et émouvant évite tous les clichés ; Laurence Vilaine avec une écriture maîtrisée et musicale telle un violon qui pleure, qui rit, qui vit, réussit parfaitement à immerger le lecteur au sein d’une communauté hélas toujours au cœur de l’actualité !

Premier roman

« Pour qui ne veut prêter ses oreilles au monde, je crois que la musique est un cadeau tombé du ciel. »

« Apprendre la langue du pays où vous vivez, avec le temps, ça tombe sous le sens… mais l’exercice était tout autre : on vous sommait fermement de désapprendre la vôtre. »

« Une farce que le bonheur, il n’est finalement jamais là où l’on est. »

Fiche #992
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Laurence Vilaine lus par Vaux Livres


Anne MARO

Solution terminale
Champ Vallon

121 | 248 pages | 22-07-2011 | 17.3€

En 2079, après un Conflit, le Monde Vénérable a mis en place La Pyramide un système impitoyable, régie et géré d’une main de maître par la Règle. Le Conseil a réparti les Utilitaires, un Utilitaire par Elu, pour servir, obéir. Les enfants ont disparu. Les Elus d’une vieillesse extrême veillent, observent, dénoncent les jeunes Utilitaires déviants. Seuls les Elus ont droit au plaisir, à la vie : « La vie était devenue une simple adaptation au bien-être suprême de quelques-uns ». Pourtant la vie est forte, un Utilitaire qui se rebiffe, un Elu qui ne le signale pas, deux Utilitaires qui n’ont pas oublié ce qu’étaient l’amour, peut-être des graines pour une Révolution prochaine…

Premier roman

Fiche #987
Thème(s) : Littérature française


Slimane KADER

Wam
Nil

120 | 162 pages | 06-07-2011 | 15.5€

Au coeur de la cité, où de la téci dirait le narrateur, Wam et ses amis occupent leurs journées comme ils le peuvent, l'ennui n'est jamais loin, même si leur bagou l'occulte parfois. Seules les virées à Paris leur permettent de se confronter à un autre monde mais également à leurs rêves. Un soir, Wam et sa répartie si vive et imagée décide de suivre ses amis dans une virée parisienne où les évènements et les rencontres se succèderont à un rythme d'enfer et la nuit ne sera pas de tout repos ! Une épopée vivifiante décrite dans une langue rénovée !

Premier roman

Fiche #979
Thème(s) : Littérature française


Isabelle PESTRE

La onzième heure
Belfond

119 | 188 pages | 06-07-2011 | 17€

La petite Lisbeth n’était pas attendue. Née par hasard suite à un mariage tardif, ses parents n’ont aucune attention, aucun égard pour elle, une frontière infranchissable semble la séparer du monde des adultes. Elle grandit seule, incroyablement seule, loin des adultes : « Lisbeth grandit sur la pointe des pieds ». Aucun partage, ses parents la repoussent, ne lui reconnaissent aucune qualité, aucun charme. Chaque été, elle rejoint sa "tante" au bord de l’océan. Pourtant Lisbeth continue d’être seule, sa "tante" comme la jeune fille chargée de s'en occuper la délaissent. Un jour, elle rencontre Micha, un jeune immigré albanais et leur solitude vont s’unir. Pour la première fois, Lisbeth se sent regarder, considérer comme un être humain. Le regard de Lisbeth donne de la force à Micha dans son brutal exil. Ils s’attendent, les rencontres se multiplient, les réconfortent mutuellement : « Ils se livrent à l’amitié avec cette tranquille confiance que l’on donne au matin d’été en repoussant les volets… ». Mais pourront-ils indéfiniment demeurer unis et occulter ce monde qui les exclut ?

Premier roman

Fiche #981
Thème(s) : Littérature française


Geneviève DAMAS

Si tu passes la rivière
Luce Wilquin

118 | 115 pages | 25-06-2011 | 13€

François Sorrente, « fils de la poussière et du vent », vit dans une ferme d’un côté de la rivière avec son père, sa soeur et ses frères. Illettré mais sensible au cœur d’un quotidien violent, ses seuls amis sont les cochons de la ferme, le dialogue n’est pas le fort de la famille, même seul avec les cochons, les mots lui manquent. La rivière marque une frontière, sur l’autre rive le mystère, zone interdite, une ferme brûlée. Personne ne doit franchir la rivière, pourtant Maryse, la sœur attentionnée, sans que François n'en connaisse les raisons, partira sans se retourner laissant la ferme sans femme, dans le silence et ses secrets. De ne pas pouvoir trouver les mots, François, lettre après lettre, courageux, entêté, apprendra à lire, à grandir. Devenir l’« ami des mots » le transcendera, le transformera en un autre homme décidé à découvrir les secrets et drames de la famille. Un portrait attachant et émouvant d’un jeune homme qui aura le courage d’affronter son ignorance, de forcer les portes du passé pour se construire et s'extraire de sa condition, en espérant devenir maître de son futur et avancer vers une nouvelle vie enfin choisie.

Premier roman

« Moins on parle, mieux ça vaut, si tu as quelque chose à dire, tais-toi, si tu es content, tais-toi, si tu as chagrin, tais-toi. Tais-toi, tais-toi, tais-toi. »

« Je ne savais même pas si on peut se sauver soi-même, mais j’était prêt à parier que oui. Je veux croire que oui. Déjà que je sais lire et que je ne baisse plus la tête. Il y a bien un pré sur cette terre où je pourrai être heureux sans rien devoir à personne. »

Ecouter la lecture de la première page de "Si tu passes la rivière"

Fiche #972
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Geneviève Damas lus par Vaux Livres


Stanislas WAILS

La maison Matchaiev
Serge Safran

117 | 252 pages | 19-06-2011 | 17.24€

Trois frères et sœurs (Anne, Pierre, Joshua) héritent à la mort de leur père Sergueï Matchaiev de la maison paternelle sise en Bourgogne, une maison en bois isolée où il a élevé seul ses trois enfants, loin du monde. Ils vivent actuellement tous les trois à Paris, Pierre l’aîné travaille à l’Institut d’astrophysique, Anne est encore étudiante et Joshua est peintre dessinateur, tous les trois face à une intégration quelque peu heurtée. La maison représente leur histoire, leur passé, famille qu’ils croient maudite depuis la disparition de leur grand-père : « Je te dis. Les Matchaiev ont un talent particulier pour le tragique… On a ça dans le sang… ». On apprend au fur à mesure du récit comment leur père est décédé, mort qui s’associe dramatiquement à l’histoire de cette maison dans laquelle ils retrouvent les traces et témoignages de leur passé. Souvenirs doux, lourds souvenirs, que faire de cette maison ? Partage problématique des témoignages, du passé, des livres, des images, de l’identité du père et de la famille : « Ce qu’on oublie du passé, c’est ce qu’il avait d’anecdotique. Le venin, lui, il coule en nous, qu’on le veuille ou non. Il se balade dans nos veines, dans notre cerveau, l’air de rien il passe des parents aux enfants : et en même temps qu’il nous nourrit, il nous empoisonne. ». Les souvenirs les plus pénibles, les douloureux ressentiments resurgissent au gré des découvertes dans la maison, chacun réagit avec sa personnalité, son identité. Les thèmes sont pesants (le passé, la famille, les non-dits et secrets, les souvenirs et leur appréhension, les liens dans une fratrie…) et pourtant le style de Stanislas Wails et le patchwork de ses trois jeunes personnages rendent le récit vif et vivant, souvent tendre et doux et donc attachant.

Premier roman

« Les regrets sont plus doux que les remords. »

Fiche #967
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Stanislas Wails lus par Vaux Livres


Vincent ALMENDROS

Ma chère Lise
Minuit

116 | 157 pages | 12-06-2011 | 16.5€

Tout les oppose. Lise est une jeune adolescente issue d'une famille plus qu'aisée, insouciante, elle se laisse vivre ("Lise s'amusait d'un rien, en l'occurrence de moi."). Son professeur de dessin est plus âgé, son train de vie est à l'opposé de celui de la famille Delabaere. Elle l'entraîne dans sa vie, tourbillon, en perpétuel mouvement. L'amour comble les différences, pourtant le narrateur semble toujours en retrait, observateur de leur amour, quelque peu incrédule et toutefois prêt à la suivre jusqu'au bout du monde, jusqu'au bout de la vie.

Premier roman

Fiche #959
Thème(s) : Littérature française


Hélène GESTERN

Eux sur la photo
Arléa

115 | 274 pages | 12-06-2011 | 10€

en stock

Une photographie retrouvée parmi les papiers familiaux incite Hélène à partir sur les traces de sa mère, morte lorsqu'elle avait trois ans. Le silence familial a toujours laissé ses questions sans réponse. Une petite annonce et Stéphane vivant en Angleterre répond après avoir reconnu son père, un père qu'il a toujours senti distant : "De quels secrets a-t-on voulu nous protéger, et au prix de quels mensonges ?". A distance, ils se lancent dans une enquête contre le silence, vers le passé tu, un passé sur le papier qui reprend vie parfois après quelques hésitations, pas à pas, pièce après pièce, enquête coopérative malgré une appréhension parfois différente des avancées. Que vont-ils découvrir ? Vont-ils l'accepter, le digérer pour finalement mieux se connaître ? L'image (la photo ?) qu'ils ont d'eux et de leurs familles ne va-t-elle pas s'en trouver bouleversée ? Hélène Gestern sur un thème assez commun réussit parfaitement sa partition par la singularité de la forme et du traitement qu'elle a adoptée.

"Vous me demandez qui va se souvenir de nous. Je vous dirais volontiers que c'est d'abord à nous de nous en soucier. De recréer un présent qui nous appartiendra et que nous ne nous disputerons pas les morts. Nous sommes poussés en avant, c'est vrai. Mais d'un même mouvement, cette fois."

Premier roman

Fiche #960
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Hélène Gestern lus par Vaux Livres


Clare BROWN

Un enfant à soi
Belfond

114 | 303 pages | 02-06-2011 | 18.5€

Sur un sujet périlleux, Clare Brown nous offre un premier roman troublant et émouvant. A 32 ans, Jennifer malgré sa passion pour son violoncelle ressent sa vie comme ennuyeuse. Tout est bouleversé lorsque son regard croise celui du petit Sam, deux ans, une mère en marge qui selon Jennifer le néglige. Elle décide sur l'instant de l'aimer, de le protéger, de l'aider à grandir. Elle l'enlève et quitte tout pour rejoindre sa mère qu'elle n'a plus vue depuis cinq ans. Elle savoure tous les instants, s'installe dans sa nouvelle vie et oublie progressivement le danger et son geste. Pourtant le livre s'ouvre par sa confession avec une psychologue. Par un va-et-vient entre passé et présent, le roman alterne les chapitres d'entretiens avec la psychologue et le récit de l'année si heureuse partagée avec Sam ou plutôt Arthur renforçant autant l'émotion que le suspense quant à l'issue de cette confession introspective.

Premier roman

Fiche #956
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Sylvie Schneiter


S.J. WATSON

Avant d'aller dormir
Sonatine

113 | 411 pages | 01-05-2011 | 21€

La narratrice Christine a perdu totalement la mémoire suite à un accident. Elle vit avec Bent son mari qui lui est totalement dévoué. Chaque matin, tout est oublié et tout à refaire. Tous les traitements ont échoué. Elle voit maintenant en cachette le Dr Nash qui lui conseille de tenir un journal, sa nouvelle mémoire. Jour après jour, malgré son amnésie, ses certitudes concernant son passé s'ébranlent. Doute oublié le lendemain ! Suspense éprouvant et continu. "Avant d'aller dormir" fait partie de ces livres que l'on a parfois envie de reposer et qu'inexorablement l'on reprend pour ne pas oublier !

Premier roman

Fiche #946
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Sophie Aslanides


Silvia AVALLONE

D'acier
Liana Levi

112 | 387 pages | 11-04-2011 | 22€

Anna et Francesca sont deux jeunes ados italiennes de 13-14 ans du début des années 2000, loin de l'Italie historique ou touristique. Blonde et brune, elles vivent dans une cité ouvrière toscane bâtie autour d’une aciérie omniprésente, personnage à part entière, sorte de monstre aussi amical qu'hostile. On naît là et on y meurt. Anna et Francesca sont unies par une forte amitié, proche de l’amour, et partagent le rêve de s’extraire de cet univers, de transcender leur condition. Elles sont belles, jeunes, attirantes, elles le savent et en jouent dans ce monde qu’elles souhaitent quitter, bien loin du choix de leurs mères qui ont tout accepté. Mais D’acier est aussi le portrait d’une génération et d’un milieu social qui ne croit plus dans le bonheur collectif, un monde désenchanté, sans avenir, sans rêves ou alors limité au dernier modèle de la Golf, qui n’attend guère plus que quelques instants de bonheur volés par ci par là (Carpe diem), moments furtifs d'enchantement à ne pas rater et à saisir absolument. Leur point d’ancrage demeure la famille mais elle aussi est souvent à l’image de la société, en péril. Seule issue donc, l’amitié entre ces deux gamines qu’elles pensent indéfectible... Superbe premier roman ancré dans le quotidien de nos sociétés et animé par de nombreux portraits d’une grande ampleur. Silvia Avallone évite une noirceur pesante par la dualité constante du récit (beauté-laideur, plage-immeubles, Ile d’Elbe-Stalingrado, vie-mort…) mais surtout réussit à l'illuminer par la beauté et l’amitié de deux ados en train de devenir femmes.

Premier roman

Fiche #927
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Françoise Brun

Les titres de Silvia Avallone lus par Vaux Livres


Lionel SALAÜN

Le retour de Jim Lamar
Liana Levi

111 | 233 pages | 19-02-2011 | 17€

Jim Lamar est de retour. Rescapé du Vietnam, il retrouve Stanford, coin perdu dans le Missouri, au bord du Mississipi, treize ans plus tard. Le solitaire Billy Brentwood, le narrateur, a alors treize ans, fils d’agriculteurs, il est le seul a aller au devant de Jim dont les parents sont morts et la ferme familiale a été saccagée. L'arrivée inattendue de Jim soulève en effet l’hostilité des villageois qui le tiennent pour responsable de la mort de ses parents et n’ont que faire du Vietnam, de la guerre et de ses conséquences. Confidences, apprentissage, Billy et Jim s’apprivoisent au bord du fleuve lors de longues parties de pêche au cours desquelles Jim raconte sa vie et ses épreuves, son départ, ses rencontres, ses combats, ses trois amis et frères avec qui il formera, malgré leurs différences, un groupe soudé. Si soudés, qu’au retour du Vietnam, seul survivant, il entreprend de respecter la promesse qu’ils s’étaient faites, aller rencontrer les familles des disparus, et raconter, expliquer, éclairer… un périple qui continuera à la façonner. Ce double portrait de deux hommes, de deux Amérique, est particulièrement émouvant et ce roman initiatique aborde en peu de pages et pourtant avec profondeur de multiples thèmes, la guerre, l’amitié et la fraternité, l’altérité, la pauvreté, l’écriture et la lecture, la littérature, les doutes et souffrances, l'apprentissage de la vie, la mort… Premier roman particulièrement rythmé avec une bonne et âpre odeur de blues !

Premier roman

Fiche #898
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Lionel Salaün lus par Vaux Livres


Gaël BRUNET

Tous les trois
Le Rouergue

110 | 171 pages | 20-01-2011 | 16.3€

« Tous les trois », ils sont tous les trois, un jeune père et ses deux jeunes enfants après l’accident et la disparition de leur mère : « Je suis leur père pour le meilleur et le meilleur. Je n’ai pas envie du pire. Le pire, on l’a déjà vécu. Il est derrière nous. ». Le choix de la vie est assumé, évidemment cela ne sera pas toujours facile mais la vie continue malgré tout, et le père va devoir gérer, prendre en charge, soutenir, inventer un quotidien, tenter de combler le vide laissé par cette disparition, gouffre qui apparaît au détour d’une phrase, d’une vision et pourrait aspirer le trio définitivement soudé. Le drame affleure chaque geste, chaque attention du quotidien peut déclencher mélancolie, joie, tristesse ou rire, osciller entre justesse et maladresse, bonne humeur ou gêne, le bateau tangue chaque jour, chaque minute… pourtant l'amour sauve ce trio du naufrage. Un superbe texte, tendre, hommage à un père et à la paternité, à l'enfance et sa candeur, mais aussi à la vie et à sa force, sans pathos ni tristesse exagérée que les courts chapitres rendent aussi vivant que ce trio attachant. Un premier roman à découvrir.

Premier roman

"J'en viens parfois, souvent même, à me poser la question de savoir où nous allons comme ça tous les trois. Je n'en sais rien et l'idée me fait peur. Je sais juste que l'amour que nous nous portons est le fil d'Ariane qui nous maintient en vie et que nous suivons aveuglément."

Fiche #885
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Gaël Brunet lus par Vaux Livres


Noémie DE LAPPARENT

Bons baisers de la montagne
Julliard

109 | 201 pages | 28-09-2010 | 18.5€

Par un mois de mars neigeux, une rousse parisienne, "le péril rouge", s'installe chez ses cousins, "fratrie sympathique de grands bourgeois", à Soulx, petit village perdu dans les Alpes. Après avoir supporté le récit des prouesses de ses skieurs de cousins, "c'est au diner que la conversation, tout en restant bon enfant prit un tour plus mondain et que Paul K entra pour de bon dans son existence". A 24 ans, la mort des parents de Paul K lui permet enfin de s'extraire du placard où il demeurait enfermer. Pourtant, "en 24 ans de détention Paul K n'avait jamais perdu la boule, ce qui prouvait un imaginaire immense et une force psychologique hors du commun". Mieux, il devient une sorte de sage philosophe et la rousse parisienne décide immédiatement de partir à sa rencontre. Après une longue randonnée, il arrivera exténuée à la porte de Paul K. qui l'accueillera avec gentillesse. Subjugué par cet homme, elle est totalement aimantée sa beauté, sa force et sa sagesse. Elle découvre également avec tendresse ou curiosité son entourage respectant la solitude du sage ou le considérant comme un monstre voire le diable. Noémie de Lapparent dresse avec réussite une série de portraits singuliers. Réussiront-ils à "ramener Paul à la vie" ou le sage imposera-t-il sa philosophe loin de toute préoccupation matérielle ? La réponse sera accompagnée des "bons baisers de la montagne" de la Parisienne !

Premier roman

Fiche #836
Thème(s) : Littérature française


Christophe GHISLAIN

La colère du rhinocéros
Belfond

108 | 333 pages | 07-09-2010 | 19.5€

Légèrement bohème et totalement farfelu, artiste manqué, Gilbratar est sommé par sa compagne Hélène d’accepter des petits boulots dont celui de croque-mort. Un jour où il « fuit » son patron en empruntant un corbillard, il retourne sur les lieux de son enfance. Une seconde d’inattention et le corbillard chut : « Le choc n’a pas été si violent et je m’en sortais sans rien de méchant. La bête aussi d’ailleurs. Pourtant jamais personne ne passait par là. Juste une poignée de caravanes il y a longtemps. Puis une bande de mômes… et un rhinocéros ! Quelqu’un pourrait-il m’expliquer ce que fout un rhinocéros au milieu d’un champ belge ? ». Cet incident exceptionnel déclenche chez Gilbratar une remontée prolifique de souvenirs mobilisant une série de personnages aux comportements loufoques. Ce concert de voix énigmatiques, originales témoigne de vies décousues qui disjonctent régulièrement (comme le lecteur !) : du grand-père de Gilbratar qui fit sauter sa maison « pour péter le ciboulot à un couple de cigognes », à Gina la dompteuse qui ne sut retenir son rhinocéros en passant par Emma la jeune et jolie qui initia le jeune Gilbratar aux beautés féminines. Dans cette polyphonie, une voix manque bien qu'elle soit omniprésente : la voix d’un vieux fou, le père de Gilbratar dont personne (ou presque) n’a de nouvelles…

Premier roman

Fiche #830
Thème(s) : Littérature étrangère


Jean BERNARD-MAUGIRON

Du plomb dans le cassetin
Buchet-Chastel

107 | 112 pages | 04-09-2010 | 15€

Victor a la passion des trains, il aurait souhaité devenir conducteur de trains mais la vie l'a mené vers d'autres cieux, plombés : "je travaille de nuit comme conducteur de presse dans un grand journal régional.". Victor en fin de carrière assiste impuissant, avec incompréhension à l'évolution et la disparition de son métier. Il vit avec sa mère alors que son travail est toute sa vie, il lui accorde toute sa passion et son attention. Aussi lorsqu'il est relégué au cassetin, quinze longues, très longues années et laborieuses s'annoncent. Aussi lorsque Madeleine, la belle Madeleine, lui propose de rédiger son histoire pour le mensuel du Syndicat du Livre, il s'attelle avec difficulté à sa tâche. En outre, le plomb n'est pas sans danger pour la santé, et le doux agneau pourrait muter en animal dangereux... Un bel hommage à un métier qui disparaît et aux hommes qui l'exerçaient.

Premier roman

Fiche #828
Thème(s) : Littérature française


Pierre SZALOWSKI

Le froid modifie la trajectoire des poissons
Héloïse d'Ormesson

106 | 222 pages | 30-08-2010 | 18€

Dans un quartier de Montreal, en 1997, un garçon de dix ans reçoit pour Noël un camescope, cadeau guère apprécié par sa mère. Le couple est balloté, l'enfant le ressent. Cela est confirmé quelques jours plus tard lorsqu'ils lui annoncent maladroitement leur séparation. Ils séparent tout en deux, les biens, le garçon. Il ira une semaine sur deux chez chacun d'eux ("comment pouvaient-ils imaginer que je serai plus heureux sans eux deux"). Ecoeuré, désemparé, il se morfond et demande au ciel de l'aider. Sa réponse vient le lendemain ! Une tempête de verglas aussi exceptionnelle qu'inattendue paralyse le quartier. Le père quitte pourtant le foyer, mais la vie du quartier est bouleversée par des évènements incroyables. Dans l'adversité, les personnages se révèlent ! Julie la danseuse au grand coeur, Boris le thésard égocentrique amoureux de ses poissons, les deux frères Michel et Simon aussi discrets que solidaires, les comportements, réactions, loin d'être gelés seront cependant profondément biaisés par cet épisode glacial ! Les poissons de Boris comme les humains voient leurs quotidiens bouleversés : "le froid modifie la trajectoire des poissons ; la nature est bien faite". Une belle palette de personnages face à des conditions extrêmes pour un roman optimiste et plaisant.

Premier roman

Fiche #824
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Pierre Szalowski lus par Vaux Livres


Jean-Philippe MÉGNIN

La voie Marion
Le Dilettante

105 | 160 pages | 25-08-2010 | 15€

Originaire d'Annecy, Marion, la trentaine, réalise son rêve : ouvrir une librairie à Chamonix. A 35 ans, Pierre, "ce grand corps de guide qui respire la puissance et en même temps la timidité maladroite", fut d'abord un de ses premiers clients puis bientôt un des plus fidèles (et pour cause !) : "il a fini par connaître les rayons par coeur". Bien que sous le charme, Marion était "tout aussi empêtrée que Pierre". Il en a fallu des courses où "le guide en bouquins" suivait "le guide en montagne", il en a fallu des nuits platoniques en refuge pour qu'ils finissent par se tutoyer et qu'ils s'avouent enfin leur amour. Après les présentations aux familles (la montagne a pris le père de Pierre, le mariage marque une première étape dans leur voie. Le bonheur et l'amour s'installent. Mais peu à peu, un manque se fait sentir, l'enfant reste absent et le bonheur ultime ne peut être atteint, le sommet demeure hors de portée... par quelle voie Marion y parviendra-t-elle...

Premier roman

Fiche #820
Thème(s) : Littérature française


Jean-Claude LALUMIÈRE

Le front russe
Le Dilettante

104 | 256 pages | 25-08-2010 | 17€

Bordelais, fils unique de parents parvenus, bourrés de principes aussi conventionnels que vieillots, J-C Lalumière a subi une éducation rigide et triste annihilant tout rêve, espoir ou fantaisie. Maladroit et solitaire, ses seules escapades s'accomplissent dans la lecture de Géo. Après des études littéraires, il réussit le concours d'attaché d'administration du Ministère des Affaires Etrangères. JC Lalumière prend donc le train pour Paris armé d'un superbe attaché case offert par sa chère maman. Le jour de son intégration, son Directeur se retrouve à l'hôpital après avoir malencontreusement heurté l'attaché case de Jean-Claude ! Il ne l'aura pas volé, direction "le front russe", service voué au pays en voie de création, section Europe de l'Est et Sibérie. Ce service est dirigé par un préretraité aussi incompétent que farfelu et Jean-Claude gaffeur impénitent, roi de la catastrophe, saura trouver avec résignation sa place (notamment aux côtés d'Aline la plus jeune des secrétaires) dans ce royaume impitoyable qu'est l'administration. L'auteur réussit avec brio à opposer le sérieux de sa prose aux situations burlesques et aux gaffes du héros tout en décrivant une bonne tranche de vie mais "l'histoire d'une vie, c'est toujours l'histoire d'un échec"...

Premier roman

Fiche #821
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Jean-Claude Lalumière lus par Vaux Livres


Natacha BOUSSAA

Il vous faudra nous tuer
Denoël

103 | 175 pages | 18-08-2010 | 16.25€

en stock

Lena a 27 ans en mars 2006. Elle mène de front ses études et un travail "alimentaire" comme hôtesse d’accueil dans une entreprise. Quotidien très éloigné de son sujet d'étude et de prédilection, le poème d’Antonin Artaud, « Van Gogh, le suicidé de la société ». Mars 2006 fut marqué par les manifestations anti-CPE et Lena retrouva ses anciens amis, qui ont vieilli et suivi des voies différentes. Les trois semaines de manifestations seront l’occasion de parler de leur vie, de leurs convictions, de leurs espoirs pour certains, de leurs désespoirs pour d’autres, et toujours de leur quotidien. Les discussions ou réflexions abordant tous les thèmes (politique, démocratie, intellectuels, amour, avortement, SDF, mort, suicide, art, folie…) seront vives et animées. Sorte de bilan aussi cruel que réaliste d’une génération, ce texte enrichi de nombreuses citations (Debord, Artaud) montre une génération sacrifiée par une société bloquée où acquérir un logement, trouver un emploi, choisir librement ses loisirs, accéder à la culture demeurent souvent inacessibles pour la majorité. Le rythme est rapide, vif et le récit laisse augurer (espérer ?) qu’une rébellion salvatrice a planté ses germes au cours de ces trois semaines sauf si Chateaubriand avait vu juste...

Premier roman

Fiche #813
Thème(s) : Littérature française


Justine LALOT

Pas grand-chose
Luce Wilquin

102 | 166 pages | 04-08-2010 | 18€

Blanche Grelot est une jeune infirmière, un peu paumée, avenir incertain, quotidien morne, pas grand-chose en vue… Pourtant, même si parfois certain préfère rêver leur vie, elle recèle souvent des ressorts inattendus. Un matin, sur la route vers son travail, Blanche assiste à un accident et selon elle, en est la responsable. Petit dérèglement, coupure momentanée de l’image mais grosse conséquence. Elle accepte sans enthousiasme la proposition intéressée de son chef de clinique et part pour la République démocratique du Congo. Loin de l’habituel humanitaire dévoué corps et âme à sa mission, elle débarque dans un pays inconnu ignorant tout de sa population, de ses croyances, de la politique du pays et du continent. Petite Belge déboussolée mais volontaire voire entêtée, elle n’aura rien à envier à son compatriote Tintin, rien ne l’arrêtera dans son voyage à la fois intérieur mais aussi avec et vers l’autre. Une aventure entraînante rendue plaisante par l’humour et le ton vif qui l’accompagnent de rebondissement en rebondissement (et jusqu’à la dernière page !).

Premier roman

Fiche #808
Thème(s) : Littérature française


Virginia BART

L'homme qui m'a donné la vie
Buchet-Chastel

101 | 180 pages | 04-07-2010 | 19€

Dans la France post 68, un père préfère rester libre que devenir père ("Mode de vie hippie incompatible avec les engagements du mariage") et prend la route ou vit en marge loin des vies conformes et familiales. La narratrice, sa fille, l'a longtemps nié ("Mon père ne faisait pas partie de ma vie") mais vient le moment où le désir de le connaître la taraude malgré les sentiments incertains et souvent ambivalents qu'elle éprouve devant cet homme atypique et attirant mais sauront-ils, désireront-ils se connaître, se réconcilier voire s'aimer ?

Premier roman

Fiche #789
Thème(s) : Littérature française


Murat UYURKULAK

Tol
Galaade

100 | 380 pages | 20-06-2010 | 22.2€

Tol est l’histoire d’une vengeance et démarre sur un rythme effréné qui ne faiblira pas, les premières pages secouent le lecteur : « Tranquillement, comme s’il allait à la boulangerie : je sors. Je vais me venger et je reviens. ». Trois personnages prédominent et mêlent leur voix en enchassant leurs récits : Oguz révolutionnaire de la cause kurde des années 60-70, Sair activiste de la même génération qui s’exilera à Paris avant de revenir en Turquie après l’amnistie, Yusuf qui n’a pas connu son père en quête d’identité. Trois trajectoires qui luttent contre l'oppression, oeuvrent pour plus de liberté et témoignent de l’histoire de leur pays par leurs engagements, leurs illusions puis leurs désillusions et leurs échecs qu’ils peineront à supporter. Un roman noir, brûlant, exigeant tant dans sa construction et que dans son écriture.

Fiche #780
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Jean Descat


Diana ABU-JABER

Origine
Sonatine

99 | 501 pages | 02-06-2010 | 22€

L’intrigue se déroule à Syracuse, état de New-York. L’héroïne, Lena, appartient à une unité scientifique de la police en tant qu’experte en empreintes digitales. Elle complète cette expertise par une sensibilité extrême qui lui permet pratiquement de ressentir l’indicible. Ses capacités sont connues et reconnues mais sa fragilité l’empêche d’occuper le devant de la scène. Ses failles proviennent de son enfance, Lena se sait orpheline, adoptée dans des circonstances obscures et ses parents adoptifs lui refusent toute explication quant à son passé. Bébé, elle croit avoir partager le quotidien de singes dans une immense forêt. Ses origines inconnues la perturbe perpétuellement, alors, lorsque son enquête semble la confronter à un serial killer de bébés, son passé la rattrape. D’autant plus, qu’elle se sent de plus en plus liée à cette série de meurtres. Réalité ou folie ? Fantasme ou réalité ? Lena mènera jusqu’au bout son enquête (sa quête ?) quoi qu’il lui en coûte… Un thriller qui descend lentement mais sûrement au plus profond de l’âme humaine.

Premier roman

Fiche #775
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Edith Ochs


Jean-Philippe DEPOTTE

Les démons de Paris
Denoël

98 | 515 pages | 11-05-2010 | 20.3€

Dans le Paris du début du XXème, Joseph qui va prochainement être ordonné prêtre, se dit capable de converser avec les morts et sa réputation grandit au point que le peuple le surnomme Saint-Joseph des Morts. Joseph n’hésite pas à braver le danger pour tenter de percer les mystères de l’après-vie. En outre, ses recherches lui prouveront rapidement qu’il n’est pas le seul dans Paris à s’intéresser à ce sujet ! Son enquête l’emmènera au plus proche du pouvoir officiel et souterrain : la Présidente Desnoyelles, le préfet Lépine, le tsar Nicolas II en visite exceptionnelle dans le métro, Fulgence Bienvenüe et ses jumeaux, Lénine préparant sa Révolution, le Paris occulte avec le Grand Kahn directement venu de l’Enfer et sa Horde (sauvage) d’Or, sa fille Lucrèce, Gérard Encausse dit Papus qui espère maîtriser le passage du monde des humains aux enfers en respectant la règle de l’équilibre un humain contre un démon ! Entre thriller, roman historique, roman fantastique, polar, aventure, Jean-Philippe Depotte mêle avec tact la fiction et la réalité dans un Paris du début du siècle qui se cherche entre modernité et passé ; ses personnages écrivent une histoire fantastique et périlleuse avec une trame qui malgré quelques petits détours inutiles plongera le lecteur dans les gouffres de l’enfer… Imaginatif !

Premier roman

« Newton a observé les objets inanimés et a compris que l’Univers n’a pas besoin de Dieu pour ordonner les astres et les planètes. Darwin a observé les plantes et les animaux et a compris que la Vie n’a pas besoin de Dieu pour créer les espèces et concevoir l’Homme. Aujourd’hui, en observant les morts, Joseph Sterbing a découvert que l’Au-delà n’a pas besoin de Dieu pour juger les âmes ! »

Fiche #771
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir


Hugo LAMARCK

Myrtille
Galaade

97 | 151 pages | 01-05-2010 | 13.1€

Myrtille est une jeune femme dynamique, sorte de feu follet née avec une tache de vin sur le visage, reine de l'imaginaire et du rêve. Sa recherche du bonheur est marquée par sa rencontre au parc Monceau avec un étrange personnage au masque d'oiseau, maître de deux inséparables, par son amour pour Angelo et enfin par un livre qui n'est pas arrivé par hasard entre ses mains (comme Myrtille n'arrivera pas par hasard non plus entre les votres...). Un joli conte entre Prévert et Amélie Poulain, débordant de fantaisie et de joie, hymne aux mots et aux livres, lumineux et poétique où chaque lecteur puisera son propre bonheur. Un pur plaisir !

Premier roman

Fiche #763
Thème(s) : Littérature française


Carolina DE ROBERTIS

La montagne invisible
Belfond

96 | 380 pages | 13-04-2010 | 21.5€

La montagne invisible décrit l’ascension continue et obstinée de trois générations de femmes, Pajarita, Eva et Salomé vers une indépendance si chère à obtenir et conserver. Pajarita, « Petit oiseau », tire son prénom du miracle qui initie sa vie : disparue à un an, elle est retrouvée à la cime d’un arbre le 1er janvier 1900. Elle se marie à un étranger Ignazio, vénitien en exil et amoureux des gondoles qui n’a pas vu la montagne en arrivant à Montevideo. Il deviendra magicien, elle sera guérisseuse grâce à sa connaissance des plantes médicinales. Eva, sa fille, dès son plus jeune âge, se découvre une passion pour la poésie. Elle fréquente les lieux interlopes mais poétiques de la capitale, partage les soirées enfumées des intellectuels uruguayens. Elle espère en une autre vie alors que son quotidien lui rappelle chaque jour les sentiments les plus noirs des hommes. Accompagnée de son amour de jeunesse, elle s’enfuit finalement vers l’Argentine d’Eva Peron où, lors d’une hospitalisation, elle rencontre un grand médecin qui tombe immédiatement amoureux et l’enlève littéralement. Elle donne naissance à Salomé en présence d’Ernesto Guevara, jeune interne de service, présage du futur de la jeune fille préoccupée dès son plus jeune âge par le destin de son pays qu’elle retrouve rapidement suite aux évènements politiques en Argentine provoquant un retour au pays de la famille. Lycéenne, elle rejoint les rebelles Tuparamos alors que l’Uruguay subit le joug d’une dictature intraitable mais commence de réagir. Un engagement qu’elle ne regrettera jamais mais qui l’éprouvera dans sa chair et dans ce qu’elle aura de plus cher… Une superbe fresque de trois femmes du peuple dont le destin épouse celui d’un pays méconnu, du quotidien le plus simple aux grandes ambitions politiques. Un récit épique qui monte en puissance au fil des chapitres comme l’empathie du lecteur pour ses trois femmes courageuses, animées par un amour familial sans faille et décidées à préserver une part de liberté envers et contre tout.

Premier roman

Article paru dans la revue "Page des Libraires"

Fiche #747
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Daphné Bernard


Sema KILIÇKAYA

Le chant des tourterelles
L'Arganier

95 | 210 pages | 20-03-2010 | 15.22€

Syrie, Alep, 1943, la belle et jeune Djémilé vient de perdre son époux Rassime après une union née d’un mariage forcé. Elle décide de reprendre la route, nouvel exil vers son pays d’origine la Turquie. Elle est accompagnée de ses cinq enfants, d’une cousine et d’un guide qui les abandonnera rapidement après avoir encaissé l’argent de la course. Elle recommence sa vie, retrouve ses racines, accompagnée de ses enfants et petits-enfants. Témoignage de trois générations (surtout féminines) qui abordent moult thèmes souvent évoqués avec poésie : l’exil, les racines, la famille, le deuil, les relations hommes-femmes, les relations entre nations et communautés, le poids de la famille mais aussi du pouvoir politique sur chaque destin personnel. Un récit qui chante au gré des roucoulements des tourterelles.

Premier roman

Fiche #741
Thème(s) : Littérature française


Jacques GIRARDON

Mathusalem & Cie
Le Dilettante

94 | 288 pages | 03-03-2010 | 20€

Eugène Galton, journaliste hypochondriaque, est miné : la peur de la maladie et la peur de mourir l’obsèdent et il n’existe qu’un seul moyen d’y échapper définitivement : le clonage. Son obsession est tel qu’il décide d’aller jusqu’au bout de son rêve. Par la même occasion, il intègre le service médical de son journal et la génétique devient sa marotte exclusive. Sa folie commence cependant de produire quelques dégâts sur son entourage qui voie d’un œil inquiet et dubitatif son dernier projet. Autre effet secondaire, sa vie amoureuse est atteinte et devient chaotique. Lorsqu’il a enfin trouvé un obscur laboratoire implanté dans les Balkans prêt à réaliser (dans la discrétion) le clonage humain, Eugène est certain qu’il va enfanter, seul, et de lui-même ! Pourtant Eugène ne mesure peut-être pas totalement l’ampleur de l’expérience… Jacques Girardon s’en est donné à cœur joie dans ce premier roman où les passages où l’humour transparait supplantent ceux où les explications scientifiques sont parfois un peu longues.

Premier roman

Fiche #730
Thème(s) : Littérature française


Sérigne M. GUEYE

Les Derniers de la rue Ponty
Naïve

93 | 219 pages | 25-02-2010 | 18.3€

Gabriel débarque à Dakar en se présentant comme ange et se disant déjà mort. Ange au pouvoir exceptionnel, il est pourtant à la poursuite d’une espèce de salut et à la recherche de deux âmes à sauver. Le lecteur va le suivre auprès de gens simples et communs en plongeant au plus profond de la capitale sénégalaise qui oscille entre tradition et modernité. Deux femmes deviendront ses protégées. Salie, jeune et belle, d’origine franco-sénégalaise rêve de partir à la rencontre de son père inconnu en France, il ne lui manque qu’une chose, un visa… Emma, Française, seule et lasse, semble à la dérive, elle ne croit plus à la vie et se laisse vivre sans but, il ne lui manque qu’une chose, un enfant… Une belle description sans misérabilisme de la vie contemporaine et des préoccupations des habitants de Dakar enrichie par des portraits de personnages auxquels le lecteur s’attache progressivement.

Premier roman

Fiche #725
Thème(s) : Littérature française


Kim THUY

Ru
Liana Levi

92 | 143 pages | 18-02-2010 | 14.5€

Ru est le récit d’une jeune femme vietnamienne ayant émigré au Canada par les terribles boat people et qui trie aléatoirement dans ses souvenirs, des souvenirs nombreux tant la petite fille qu’elle était semble fine observatrice. Le récit oscille entre passé et présent, enfance et maturité, évocation familiale et universelle, douceur et violence, climat apaisé et guerrier... Un court récit poétique à la prose maîtrisée qui distille une douce violence aimantant le lecteur du début à la fin.

Premier roman

Fiche #718
Thème(s) : Littérature étrangère


Sophie POIRIER

La libraire a aimé
Ana Editions

91 | 71 pages | 18-02-2010 | 9.63€

Un homme et une femme se retrouvent chaque jour à une terrasse de café autour d’un whisky et … de livres. Corinne et Paul partagent leurs lectures, leur passion, leur métier, puis repartent chacun de son côté. Rien d’autre. Pourtant l’attachement se crée, indiciblement. Seule l’absence fera éclater au grand jour les liens invisibles qui se sont créés. Un jour, l’homme ne vient pas. La femme se rend compte qu’elle ne le connaît pas et qu’elle est peut-être passée à côté de quelque chose. Elle part à sa recherche dans une sorte de folie désespérée au cours de laquelle les rencontres toutes plus singulières les unes que les autres la guideront dans sa quête. Un joli texte mélancolique qui met en scène ces personnages atypiques que sont les libraires !

Premier roman

Fiche #719
Thème(s) : Littérature française


Damien LUCE

Le Chambrioleur
Héloïse d'Ormesson

90 | 202 pages | 13-02-2010 | 15€

L’enfance peut aussi être le temps de la solitude : la petite Jeanne Chemin s’isole dans sa tristesse, ses parents trop occupés la délaissent, les petits gestes d’amour sont absents, la distance et la froideur dominent. Heureusement l’enfance est pleine de ressors et Jeanne a l’imaginaire qui vagabonde, elle se crée un monde extraordinaire dont le héros est Paulin, jeune Apollinaire cambrioleur, qui la visite les soirs où ses parents se rendent à l’opéra. Paulin, cambrioleur amateur, clochard émérite, l’entraîne vers la vie, vers les bas-fonds parisiens mais qui est vraiment cet homme ? Deux mondes se rencontrent sans jamais s’unir et Jeanne pourra-t-elle revenir indemne de ce voyage ? Un duo attachant.

Premier roman

« Les Chemin font partie de ces adultes qui se persuadent d’éduquer leurs enfants en les inondant d’activités extrascolaires. Gymnastique le lundi, équitation le mardi, piano le mercredi, solfège le jeudi, danse le vendredi, piscine le samedi… La méthode est de les arroser au maximum, en se disant qu’il en germera bien quelque chose. »

Fiche #717
Thème(s) : Littérature française


Véronique BIZOT

Mon couronnement
Actes Sud

89 | 108 pages | 15-01-2010 | 13.2€

Le narrateur est un vieux monsieur qui vit seul, enfin presque... Mme Ambrunaz, sa femme de ménage, l’aide, le surveille, l’épaule, l’encadre… Une vie bien paisible jusqu’au jour où un courrier d’apparence anodine bouleversera ses journées : on lui annonce une décoration prochaine pour une importante découverte scientifique réalisée de longues années en arrière et à son insu ! Surpris, déconcerté mais jamais flatté, le vieil homme qui estime ce prix injustifié regarde les évènements d’un œil sage et amusé, parfois interrogatif mais toujours sans illusion. Ils lui procurent l’occasion de faire une pause pour mieux explorer sa solitude et son éloignement. Un portrait bien attachant et non dénué d’humour.

Premier roman

Fiche #708
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Véronique Bizot lus par Vaux Livres


Daniel ABIMI

Le dernier échangeur
Bernard Campiche Editeur

88 | 319 pages | 24-12-2009 | 18€

Rod est journaliste, quelque peu à la dérive et alcoolisé, hébergé par sa mère et lorsqu’il est appelé pour couvrir le meurtre d’un notable de Lausanne, le docteur Attila Szabo, il ne se doute pas qu’il vient de s’engager une pente plus que glissante. Attiré par la veuve du défunt, il se retrouve plongé dans le monde des notables lausannois, un monde aux mœurs légères et interconnecté avec la pègre locale. Attila faisait parti d’un petit groupe de la bourgeoisie mené par un homme douteux où tout s’échange mais, un à un voire deux à deux, les participants disparaissent. Hécatombe qui commence d’inquiéter la population et les communautés de Lausanne mais aussi de ridiculiser la police un peu perdue face à ces disparitions toutes plus violentes les unes que les autres… mais heureusement Rod, journaliste atypique, teigneux et têtu ne lâchera pas l’enquête pourtant particulièrement dangereuse…

Premier roman

Fiche #704
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir


David VANN

Sukkwan Island
Gallmeister

87 | 192 pages | 18-12-2009 | 21.6€

Deux hommes. Un père et son fils. Jim a décidé d’emmener son fils de treize ans dans une île déserte pour une vie solitaire, à deux, éloignés de tout et de tous et surtout de toutes. Jim en effet espère digérer ses multiples échecs, échecs personnels, amoureux, professionnels mais également renouer les liens avec Roy. Ecoute, affrontement, compréhension, rejet... Roy observe son père, le découvre avec inquiétude, un Robinson de plus en plus défaillant. Ils tentent cependant de préparer le long hiver qui les attend lorsque le drame survient. Un drame inattendu et terrible qui transforme leur séjour en drame. David Vann nous offre avec ce premier roman ténébreux et terrifiant un suspense insoutenable et le portrait noir d’un homme à la dérive, épuisé et sans espoir. David Vann réussit à toucher à la fois l'épouvantable et la beauté lumineuse, du grand art. Une tempête glaciale va vous emporter !

Premier roman

Fiche #701
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Laura Derajinski

Les titres de David Vann lus par Vaux Livres


Natacha ANDRIAMIRADO

J'écris pour mon chien
Maurice Nadeau

86 | 63 pages | 27-10-2009 | 14€

Dix nouvelles, dix nouvelles pour pleurer, rire, s’émouvoir devant le regard singulier d’un chien, cet animal qui épaule, encadre, suit, devance l’Homme depuis si longtemps. Dix situations communes, différentes, jusqu’à la dernière qui justifie en elle-même l’édition de ces nouvelles !

Premier roman

Fiche #675
Thème(s) : Littérature française


Claudine CANDAT

Diabolo pacte
L'Arganier

85 | 285 pages | 27-10-2009 | 18.25€

Garin Bressol est devenu éditeur par son mariage. Un mariage vite oublié. Son auteur fétiche le bellâtre Antoine Maurier, auteur de science-fiction lui a assuré reconnaissance et confort financier. Pourtant le Diable va s’en mêler. Maurier passe à la concurrence, la plantureuse Marylin nouvelle comptable annonce un dépôt de bilan proche, et le Diable récupère une à une les âmes des protagonistes jusqu’à l’arrivée depuis Laon de Josette Gougeard, caricature de la ménagère de 50 ans mais surtout auteur semble-t-il des excellentes « Mémoires d’une jeune fille plumée ». « Diabolo pacte » est vraiment à sa place dans la collection « Facéties » des éditions de l’Arganier.

Premier roman

Fiche #676
Thème(s) : Littérature française


Natalia KLIOUTCHAREVA

Un train nommé Russie
Actes Sud

84 | 190 pages | 18-09-2009 | 19.2€

Nikita est en quête, il ne peut oublier Iassia son amour de jeunesse et parcourt le pays à la recherche de "la Russie". Il s’interroge sur les Russes, ce que représente la Russie, hier, aujourd’hui (« Et pourquoi la Russie ne pourrait pas être en toi aussi ? Puisqu’elle est en nous , Pourquoi cherches-tu la Russie des autres ? La tienne ne te suffit pas ? »). Ses rencontres sont en souffrance, mais continuent de vivre, voire parfois de survivre, chacun à sa manière. Les personnages expriment tous les sentiments : colère, mélancolie, humour, obsession, tendresse, fatalité, amour… Un roman riche, multiple, flamboyant, haut en couleurs, image d’une Russie contemporaine et jeune qui n’a pas oublié son passé.

Premier roman

Fiche #654
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Joëlle Roche-Parfenov


Frédéric MICHAUD

Irène sur le plancher des vaches
Delphine Montalant

83 | 107 pages | 30-08-2009 | 15€

Un court texte qui expose simplement, avec tact et retenue, à partir de l’exemple d’Abbéfontaine, un petit village du Premier Plateau du Jura, le dépérissement de la France rurale. De 1960 à 2005, tous les cinq ans, un nouveau personnage apparaît, son quotidien ou ses préoccupations sont narrés et apparaît en filigramme la disparition des exploitations agricoles, cinq ans, c’est long dans la vie d’une exploitation et tous les cinq ans certaines ont disparu. 1960 voit la famille Gauthier et surtout les trois filles de la ferme au travail et 2005 verra l’une d’elles revenir sur les lieux de son enfance et constater son évolution. Frédéric Michaud fait ressentir avec délicatesse le malaise d’une couche sociale qui disparaît tranquillement, silencieusement, à l’image des vies rudes de ces femmes et hommes.

Fiche #642
Thème(s) : Littérature française


Corinne ROYER

M comme Mohican
Héloïse d'Ormesson

82 | 271 pages | 27-08-2009 | 18€

Claire est photographe, la quarantaine, marié à Alexandre et deux enfants. Elle retrouve un homme qu’elle a connu lorsqu’elle avait vingt ans, M. est devenu un homme de pouvoir en vue. Elle tombe à nouveau amoureuse et conte ses rencontres, ses rendez-vous, ses attentes, sa passion. Tiraillée entre deux hommes, Claire Chaque chapitre où Claire s’expose, en miroir, lui répond le récit d’Esmeralda, son ange gardien, qui raconte à sa façon ce qui se passe dans l’âme de « sa petite ». Deux versions des faits parfois convergentes, parfois divergentes. Aux côtés de Claire, depuis toujours, subsiste Pierre « un enfant qui n’aurait jamais franchi le cap de l’adolescence », Pierre si sensible et qu’elle s’efforcera sans relâche d’aider. Les rapports entre Claire et M. sont au centre du livre, mais moult thèmes l’enrichissent : l’amour, le désir, la sexualité, le pouvoir, les élections, la famille, le bonheur, les loisirs, l’art… Un récit vif, tumultueux et bien ancré dans notre monde.

Premier roman

Fiche #641
Thème(s) : Littérature française


Marie LE GALL

La peine du menuisier
Phébus

81 | 283 pages | 24-08-2009 | 20€

C’est une histoire de famille, de relation filiale qui n’aboutira pas, de secrets et de silences. L’atmosphère est pesante et Marie-Yvonne, la narratrice, « petite fossoyeuse amoureuse des cimetières », y est sensible dès son plus jeune âge, les ancêtres, invisibles, rodent alors que les morts et la mort unifient la famille dans ces maisons imprégnées du passé et dans les cimetières (« On respecte les morts. Ils existent. On les aime jusqu’au bout et surtout au-delà. »). Initialement et pour très longtemps, la cause lui en demeure inconnue. Elle vole au détour d’une conversation un mot, une phrase, une question qui éveillent sa curiosité. Mais ce sont surtout "les encadrés" de la maison qui pèsent par leurs regards fixes, froids et définitifs sur la famille qui se tait et s’efface devant ses morts. La mort est omniprésente : « C’est l’histoire d’un homme, cinquième d’une famille de dix enfants, fils d’agriculteurs du Porzay, Finistère sud, ouvrier de l’arsenal de Brest, marquis de la p’tite gamelle, un homme assis chaque soir à table en face de ma mère. ». La narratrice est la fille de cet homme bien que, jamais de son vivant, elle ne pourra l’appeler papa ou mon père, il restera le Menuisier, cet homme taciturne. Ils se regardent de biais, s’épient, s’aiment mais jamais n’ébaucheront ne serait-ce que le début d’un dialogue. Leur symbiose totale les empêche finalement de se connaître, de se rencontrer. Ce n’est après qu’une longue enquête qu’elle découvrira le lourd passé dont elle a hérité, qu’elle a toujours ressenti et qui demeure inscrit en elle. Une belle écriture au service d’une quête lente et obstinée d’un secret familial entêtant dans la Bretagne des années 50.

Premier roman

« Je savais que la mort pouvait entrer sans prévenir comme une voleuse, que, sans la voir, on pouvait sentir sa présence toute-puissante et paralysante. Mais ça se passait chez les autres, ou avant ma vie. A la maison, elle était seulement sur les murs, c’était sa place, immuable. Nous étions les gardiens de nos morts. »

« Nous ne sommes pas seulement héritier d’un patrimoine génétique, mais d’un nombre infini d’émotions transmises à notre insu dans une absence de mots, et plus fortes que les mots. »

Fiche #621
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Marie Le Gall lus par Vaux Livres


Marie CASANOVA

Et l’odeur des narcisses
Galaade

80 | 118 pages | 24-08-2009 | 15.1€

Thérèse est seule dans sa maison d’un petit village corse. Sa solitude entre autres suscite ses confidences totales, elle raconte à trois compères singuliers ce qu’elle n’a certainement jamais exprimé. Une vie à double facettes : calme et tempête, amour et haine, beauté et laideur... Thérèse découvre subrepticement au même instant l’horreur d’une exécution capitale à Cayenne et l’amour par un baiser à l’odeur de tabac. Tout au long de son existence, Thérèse continuera d’espérer et d’attendre l’amour mais en même temps le redoutera. Après un passage revigorant en Italie, elle rejoint avec sa famille le village corse où elle sera crainte et moquée. La vie de Thérèse bascule en effet le jour où sa lourde compagne, « la gamba », la rejoint pour une union désespérante. De son second amour naîtra sa fille, Juliette, qui soufflera encore le chaud et le froid sur l’existence de Thérèse. Un beau portrait de femme singulière au triste destin servi par une belle écriture.

Premier roman

Fiche #623
Thème(s) : Littérature française


Stéphane VELUT

Cadence
Bourgois

79 | 190 pages | 24-08-2009 | 15€

Munich, 1933. Le bruit des bottes résonne déjà dans la ville et les discours du petit chancelier occupent les ondes. Un peintre se voit chargé de dresser le portrait d’une enfant image de l’avenir radieux de la nouvelle Allemagne. Insensible aux discours haineux ambiant, le peintre en acceptant trouve là une bonne raison de rester à l’écart du monde et d’éviter de se mêler à la folie ambiante. Deux mondes fermés et apparemment imperméables (« …détachez vous du monde, et il ne manquerait jamais une âme pour vous y ramenez à coup de botte.). Il accueille sa jeune pensionnaire avec un projet déjà bien établi (« On m’avait apporté une merveille, j’allais la façonner comme une masse de terre glaise, et en faire mon chef-d’œuvre. Le reste ne comptait pas. Dehors tout était loin et irréel »). Secondé par Félice sa logeuse mais aussi par Werner Troost un prothésiste aussi génial que fou, ce projet va vite dérivé. L’enfant devient son objet, son jouet, sa poupée (« Oui, jouer, c’était cela au fond qui me plaisait. Jouer jusqu’au dernier moment »). Un lien semble s’établir entre eux deux mais le lecteur demeure toujours dans l’incertitude. La poupée totalement soumise devient une espèce d’automate aux ordres du peintre. Ses incursions momentanées dans le monde extérieur le font suivre l’évolution du régime. Deux mondes, deux évolutions, un même but ? Oppression, soumission, identité, humanité niée… un univers kafkaïen particulièrement noir et pessimiste. Un huis clos réussi parfois dérangeant qui entraîne le lecteur dans une spirale kafkaïenne.

Premier roman

Fiche #624
Thème(s) : Littérature française


Samuel CORTO

Parquet flottant
Denoël

78 | 189 pages | 24-08-2009 | 16.25€

Le titre aurait pu être aussi « Ubu au pays de la justice » tant ce texte est un témoignage impertinent de la folie surréaliste de la justice ce qui serait sans conséquences si au centre de ce naufrage ne se trouvaient les hommes. On sent le vécu ! Etienne Lanos ancien avocat vient d’être nommé substitut du procureur dans un tribunal de province, nouveau substitut atypique que la loi des statistiques n’arrive pas à émouvoir et qui aborde son métier avec le justiciable au centre de ses préoccupations et un questionnement de tous les instants comme un regard acerbe sur ses collègues et son institution. Le texte alterne les témoignages concrets, les explications pédagogiques sur le fonctionnement quotidien de la justice et les réflexions du narrateur ce qui procure un ensemble drôle, grinçant et alerte sur ce corps intouchable et ses dérives actuelles.

Premier roman

« Pardonnez-moi, mais je ne suis pas d’accord : la justice n’a pas à s’identifier à la victime. En aucun cas. C’est le prévenu qu’elle juge et personne d’autre. C’est lui qui compte, dans sa faute et dans sa présomption d’innocence ; on ne condamne pas pour faire plaisir à la victime. Or, tout s’inverse aujourd’hui. »

Fiche #626
Thème(s) : Littérature française


Camille BORDAS

Les treize desserts
Joëlle Losfeld

77 | 231 pages | 24-08-2009 | 22.5€

Inès est une jeune adolescente lorsque sa mère meurt accidentellement, trop tôt, beaucoup trop tôt. Elle reste seule avec son père, son frère aîné voguant depuis longue date dans un autre univers, là où la réussite l’a mené. Peu de temps après, son père malade disparaît également. Les treize desserts est la confession de cette jeune femme qui quitte Arles pour rejoindre son frère à Paris loin de ses racines arlésienne et espagnole. Elle suit un long chemin pentu et tortueux pour tenter de se (re)construire, découvre un peu plus l’histoire de ses parents, alors qu’il faudra qu’elle arrive à dépasser l’image de ce couple idéal que formait ses parents prématurément disparus, couple parfait, complémentaire et s’aimant mutuellement jusqu’aux derniers instants.

Premier roman

Fiche #628
Thème(s) : Littérature française


Olivier JACQUEMOND

New York fantasy
Mercure de France

76 | 121 pages | 24-08-2009 | 13.7€

Eric alors que son futur mariage est pratiquement annoncé décide (initialement) de faire une pause et quitte tout. Il quitte ses parents et sa sœur, Paris pour New York, deux villes différentes, deux vies différentes, deux cultures différentes. New York, la ville où les personnes qui n’ont pas de rêves viennent les chercher. Eric vient réaliser ses fantasmes, fixer ses désirs et provoquer son avenir, mais aussi par cette rupture, oublier son histoire, son passé, se forger sa propre identité et s’accepter. Au cours de son séjour, son père tombe malade et c’est le retour. On apprend que son père était un père absent, à côté de la famille, son seul souhait était qu’elle soit heureuse mais s’effaçait toujours devant elle : un père transparent qu’Eric ne connaît pas. Après la mort de son père, il décide finalement de retourner à New York et fera la rencontre peut-être qui marquera sa naissance : Mick un écrivain truculent sans manière, à la vie sans retenue, franc et grand observateur. Ils se rencontrent autour de Leonard Cohen et Mick va permettre à Eric de se révéler à lui-même. Leur amitié et leur discussion l’amèneront à respecter le point de vue de Kerouac, « on finissait fatalement par rentrer chez soi, et ce qu’il fallait retenir en définitive, c’était le nombre de tours de piste qu’on avait réalisés entre le moment de son départ et celui du retour programmé. », un ultime voyage vers Paris qui lui permettra de constater que son père était plus proche de lui qu’il ne le pensait jusqu’au point où il n’est peut-être venu à New York que pour réaliser les rêves de son père. Ce premier roman est une vraie réussite, une très belle découverte.

Premier roman

« Moi, la création, je la mets à un niveau organique, j’écris comme je pisse. Et je pisse rarement dans la cuvette, j’éclabousse le sol, je me salis le pantalon et les doigts. Ouais, c’est ça l’écriture pour moi, un machin supposé rendre l’imperfection du monde en lui conférant une touche de beauté. »

Fiche #630
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Olivier Jacquemond lus par Vaux Livres


Noëmi LEFEBVRE

L’autoportrait bleu
Verticales

75 | 143 pages | 24-08-2009 | 14.1€

Deux sœurs aux caractères opposés ont pris place dans un avion pour le trajet Berlin-Paris, une heure et trente minutes offertes à l’une d’elles pour un long monologue intérieur. Monologue lancinant, obsédant, redondant (« Tu as des idées sur tout, aurait pu dire le pianiste mais ne l’avait pas dit, il est parfois bon de se taire, aurait-il pu dire, aurait ainsi interrompu, par cette remarque de bon sens, les interminables réflexions et ingénieuses associations d’idées qui me venaient, chaque nouvelle idée plus étonnante, subtile, singulière, et formidable que la précédente… ») formant une autobiographie qui aborde à la fois la personnalité de cette jeune femme désinvolte et torturée mais aussi ses préoccupations artistiques. Le récit oscille donc entre propos légers, propos personnels et considérations sur l’art et l’histoire allemande. Sa rencontre avec un pianiste-compositeur marqué par le destin d’Arnold Schönberg donne le tempo du récit agrémenté par ses lectures des lettres de Theodor W. Adorno à Thomas Mann. De la haute voltige musicale et littéraire parfaitement maîtrisée !

Premier roman

Fiche #632
Thème(s) : Littérature française


Victor LODATO

Mathilda Savitch
Liana Levi

74 | 275 pages | 24-08-2009 | 20€

Mathilda Savitch est la narratrice, jeune adolescente qui du jour au lendemain voit son quotidien et son avenir totalement obscurcis ce qui provoque une rupture totale dans son évolution vers le monde adulte. A l’orée du livre, on ne connaît pas grand-chose sur le passé de Mathilda mais on apprend immédiatement que sa sœur Helene est morte écrasée sous un train. Mathilda laisse courir son imagination sur l’histoire de sa sœur, sur ses sentiments, ses amours, sur le déroulement de l’accident… L’adolescente est perdue, désespérée, elle oscille entre naïveté et perversité, gentillesse et méchanceté, sensibilité et cruauté mais cherche avant tout à attirer l’attention de ses parents totalement désorientés par ses réactions (même le paisible chien Luke de la famille subit ses écarts) eux-mêmes restant déboussolés par la perte de leur fille aînée (le couple tangue dans la tempête), et par ses amis quelque peu apeurés par ce qui lui arrive et par son comportement. Tout est prétexte à imaginer le pire, même l’ambiance de peur face au terrorisme est un terrain de jeu pour la petite. Un texte sans retenue sur cette adolescente en perdition particulièrement imaginative.

Premier roman

Fiche #637
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Fanchita Gonzalez-Batlle


Inaam KACHACHI

Si je t'oublie Bagdad
Liana Levi

73 | 250 pages | 23-07-2009 | 20€

Née en Irak, Zeina fuit adolescente vers les USA avec ses parents, son père, présentateur de télévision sans histoire, ayant pourtant été accusé de conspiration contre le régime de Saddam Hussein et donc torturé. Ses grands parents maternels auxquels elle était très liée restent vivre quant à eux à Bagdad. Ecartelée entre les deux pays, les deux cultures, Zeina est cependant bien intégrée dans la société américaine, a un ami américain, tout en restant fière d’avoir su conserver sa langue maternelle, grâce à la lecture de poésies irakiennes et à la fréquentation d’un groupe d’amis irakiens, libanais et syriens. Reconnaissante aux USA d’avoir accueilli sa famille, elle se souvient avec fierté du jour de l’obtention de sa nationalité américaine, au contraire de sa mère, qui elle, a pleuré de tristesse ce jour là. Le lendemain du 11 septembre, hébétée, elle postule à un poste d’interprète arabe mais elle n’est pas retenue. A la déclaration de guerre contre l’Irak, elle renouvelle sa candidature. Encore Irakienne mais déjà Américaine, elle part à la fois dans l’idée de rembourser une dette qu'elle aurait envers les USA mais aussi pour aider les habitants du pays de ses racines. Elle débarque dans des conditions rocambolesques à Tikrit, dans un ancien palais de Saddam Hussein investi par les américains. Là elle va traduire des documents saisis, renseigner les militaires sur les habitudes de vie des habitants et servir d’interprète pour des interrogatoires de suspects, interrogatoires parfois musclés ou absurdes. Elle décrit le quotidien et les dangers de cette vie et surtout sa prise de conscience qu’elle « n’est pas dans la même tranchée que les habitants de ce pays » qui la regarde avec hostilité. Elle retrouve avec émotion sa grand-mère qui vit toujours à Bagdad, à qui elle aura honte d’avouer qu’elle travaille pour l’armée américaine. Celle-ci, très attachée à sa petite fille mais enrageant de son engagement, ne va pas hésiter à lui présenter les fils de son ancienne nourrice, pour essayer de la ramener dans le droit chemin, de « refaire son éducation ». Mais de prise de conscience du rôle ambigu de son armée, en chagrins de deuils elle rentre avec « un chagrin pareil à du miel raffiné - épais, poisseux et translucide », avec lequel il lui faudra apprendre à vivre. Un beau portrait d’un pays lacéré et d’une femme déchirée (le portrait de la grand-mère vaut aussi le détour) entre deux identités qui rend compte de la vie des Irakiens expatriés en Amérique, de leur relation fusionnelle avec la mère-patrie, une femme qui, sur le terrain, réalise l’impasse dans lequel se sont engagés les USA mais incrimine aussi les Irakiens qui n’ont pas su profiter de l’opportunité qui leur était offerte.

Premier roman

Fiche #610
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Khaled Osman, Ola Mehanna


Forrest GANDER

En ami
Sabine Wespieser

72 | 136 pages | 23-07-2009 | 15.2€

Un texte bref constitué de quatre parties pour percer un personnage hors du commun : Lester est géomètre et poète, beau et séduisant, aimant les femmes, sachant charmé avec un détachement inouï, menteur invétéré. Lester exerce sur son entourage une véritable fascination. Quatre chapitres pour tenter de cerner ce personnage atypique : une naissance où la mort rode projetant un destin tragique ; un collègue entre ami et amoureux, fasciné, qui désire attiré son attention mais Lester préfère l’extraordinaire, les poètes, les artistes en marge, la lie (« Lester dit qu’être trainé dans la boue – c’est bien ce qu’il a dit ? – était une façon de se rendre à soi-même reconnaissable ») et Clay ne pouvant s’immiscer dans la vie de Lester provoque son suicide ; sa maîtresse Sarah découvre une nouvelle facette de l’homme qu’elle a aimé, adulé plus que tout sans qu’elle puisse se réfréner, elle va revivre par saccades les moments qu’ils ont partagés, sans ombres et sans mensonges ; enfin, dans la dernière partie, Lester se livre ou plutôt livre ses réflexions souvent philosophiques sur sa vie, sur lui, sur les autres… Un texte au style travaillé qui offre en miroir sur fond d’amour et de mort le portrait d’un homme épris d’absolu.

Premier roman

Fiche #612
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Dominique Goy-Blanquet


Anne PERCIN

Bonheur fantôme
Le Rouergue

71 | 220 pages | 16-07-2009 | 16.8€

Pierre a 28 ans et a choisi de s’éloigner de la vie parisienne pour s’installer à la campagne, dans la Sarthe. Pourquoi a-t-il quitté cette vie colorée, animée et multiple pour la solitude ? Pas à pas, sur des tons multiples, Pierre se dévoile au lecteur, dévoile ses craintes, ses peurs, ses sentiments, ses amours, mais surtout les fantômes vivants ou morts qui le hantent lui apportant peur, regrets ou bonheur. La vie de Pierre s’intègre totalement dans la vie campagnarde comme le récit d’Anne Percin, Pierre citadin ou campagnard reste sans complaisance avec lui-même. Après une thèse sur Simone Weil, il s’atèle à une biographie sur Rosa Bonheur femme aussi sans concession et différente. Entre deux chapitres, il revient sur son amour pour R. un photographe indépendant toujours sur le départ avec qui il vécut une passion brûlante pendant huit années, un amour qui continue d’exister et entretenu par les visites épisodiques de R. dans sa retraite de la Sarthe. Cette passion et cette confession telle une bouée de secours adouciront les douleurs de l’écorché vif qu’est Pierre, qui pourra ainsi commencer de s’accepter tout en restant fidèle à lui-même et continuer de vivre des moments même fugitifs de bonheur.

Premier roman

Fiche #604
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Anne Percin lus par Vaux Livres


Patrice BLOUIN

Tino & Tina
Gallimard

70 | 87 pages | 09-07-2009 | 12.2€

Tino et Tina sont frère et sœur. Ils sont parisiens et habitent dans deux appartements qui se font face. Leur mère les a laissés là et s’en allée alors qu’ils étaient encore adolescents. Deux ados qui ne se sont jamais quittés et ne se quitteront plus, à la vie, à la mort... Ils continueront de grandir ensemble, et le passage à l’âge adulte sera commun. Tels Charybde et Scylla, un petit texte étrange pour deux personnages mythologiques.

Premier roman

Fiche #601
Thème(s) : Littérature française


Hélène LE CHATELIER

Dernière adresse
Arléa

69 | 91 pages | 03-07-2009 | 13.5€

en stock

Dès les premières pages, le lecteur apprend l’identité de la narratrice : Niamh, Mary, Ann est née en Irlande un 18 octobre, l’année nous reste inconnue, seule indication, elle a « atteint un âge canonique ». Elle n’a plus le temps, et sa confession adopte sa liberté de ton habituelle, elle, l’amoureuse de la vie et toujours de son Georges, l’amour de sa vie. Vieillie mais encore terriblement vivante. Elle est, reste et restera une femme libre et son regard lucide sur son passé, son présent et son futur le démontre. Le récit oscille entre un passé douloureux ou heureux et un triste présent. Maintenant qu’elle se retrouve dans une Nursing home, elle espère enfin lever les troubles de son passé en continuant son chemin sereinement. Les variations de ton happent le lecteur : ironie, tristesse, lucidité, joie, humour, rire, larmes, Hélène Le Chatelier souffle le chaud et le froid et bouleverse et déstabilise le lecteur qui suit avec émotion un parcours dont la fin est pourtant connue de tous.

Premier roman

Fiche #598
Thème(s) : Littérature française


Anne RÉVAH

Manhattan
Arléa

68 | 90 pages | 22-05-2009 | 13.5€

La narratrice a une vie bien remplie, parfaite, attendue : des enfants, un mari, un métier. La réussite. Pourtant, il ne suffira que d’un déclic pour révéler l’artificiel de la situation, une façade construite jour après jour, un voile masquant une terrible vacuité. Devant ce trouble, elle prend la fuite pour se retourner et faire un bilan voire régler quelques comptes avec elle-même et son interlocutrice. Elle la juge responsable de ce parcours marqué irrémédiablement par son enfance (« Je n’ai pas pu devenir moi. J’ai fui la petite fille que j’ai été… ») que sa réussite n’aura pas réussi à effacer, on croit le passé disparu, mais il demeure présent, tapi dans l’ombre d’une vie superficielle. Elle voit enfin clair dans le rôle qu’elle a tenté de jouer pendant toutes ces années et sans concession, lucide, froide (« L’évidence d’être vivante, je ne l’ai jamais eue »), crie son désespoir enfin seule et libérée.

Premier roman

Fiche #576
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Anne Révah lus par Vaux Livres


Karl OLSBERG

Das System
Jacqueline Chambon

67 | 365 pages | 04-04-2009 | 22.4€

Mark dirige une entreprise d’informatique et croit en sa bonne étoile. Epaulé par son génial associé, son entreprise a développé un moteur de recherche surpuissant pouvant rivaliser avec Google mais le jour de la présentation aux investisseurs et actionnaires, tout se dérègle et l’application déraille. Peu après, ses deux principaux collaborateurs disparaissent dans des conditions mystérieuses. Très vite, Mark soupçonne son logiciel d’être trop consciencieux et d’en faire plus que souhaité : il est devenu un virus hyper puissant, nommé Pandora, qui s’introduit partout, exploite la puissance globale du réseau et ses interconnexions. Il apprend, interprète, comprend, suppose, se transforme. Machine avide de pouvoir et de puissance, son intelligence lui permet de dérégler tout système, plus ou moins sensible, des systèmes bancaires aux navettes spatiales... Les bugs se multiplient aux quatre coins du globe et font leurs premières victimes. Le chaos général est proche. Mark est accusé à tort et part à la recherche de ce monstre informatique mais non technicien, il fait appel à l’une de ses anciennes employées, Lisa la rebelle, hackeuse exceptionnelle. Une course poursuite haletante entre ce couple atypique et un logiciel tendance humain ou ogre qui devient terriblement inquiétant et menaçant.

Premier roman

Fiche #549
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Jacqueline Chambon


Jean-Baptiste DESTREMAU

Sonate de l'assassin
Max Milo

66 | 383 pages | 11-02-2009 | 19.9€

en stock

Laszlo Dumas est pianiste. Renommé, il n’a pourtant pas la flamme, l’ardeur et le génie qui font la différence, grande technique mais l’étincelle demeure absente. Son impresario croit en lui, le protège et gère le début d’une carrière qu’il espère grande. Jusqu’à un concert comme un autre où Laszlo commet une légère erreur qu’un spectateur perspicace et mélomane repère en grimaçant. Laszlo ressent de la honte, honte pour lui et pour son Art. Pour laver l’affront, la preuve, le témoin, une seule solution, le supprimer… Son jeu n’en devient que meilleur et le monde musical reconnaît peu à peu son talent. Certains continuent de douter et de repérer ses minces erreurs, mais pourront-ils survivre longtemps ? La petite musique qui s’affirme meurtre après meurtre renforce et entretient son talent. Mais un jour, c’est une femme qui repère son erreur et la rencontre avec cette admiratrice et son fils amoureux des sept tomes d’Harry Potter (…) chamboulera la petite musique. Cette sonate haletante est contée alternativement par chacun des concertistes en espérant que la chute finale soit évitée… Un premier roman rythmé où l’art et la folie ne font plus qu’un. A découvrir.

Premier roman

Fiche #511
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir

Les titres de Jean-Baptiste Destremau lus par Vaux Livres


Clare SAMBROOK

Je n'ai pas encore dix ans
Galaade

65 | 288 pages | 22-01-2009 | 22.2€

La famille Pickles est heureuse, Mo la mère, Pa le père médecin, deux enfants Daniel le héros de la famille et Harry l’ainé passionné de course à pied court vers ses dix ans. Pourtant ce livre est la confession d’un drame. Alors que Harry et Daniel reviennent d'une sortie scolaire en bus, Daniel disparaît et Harry endosse sur ses petites épaules la responsabilité de cette disparition, de cet abandon (« Tu n’as pas vérifié, voilà ce que je veux crier. Tu n’as pas vérifié. Tu n’as pas vérifié ni braillé. »). Ecarté par les adultes (et les enfants), esseulé il assiste impuissant, sans aide, aux conséquences désastreuses et pénibles de cette disparition. La disparition restant inexpliquée, le couple part en vrille et le tient à l’écart. Seul son oncle Otis l’épaule dans la détresse. Harry crie sa douleur avec ses mots d’enfants, et malgré la dérive sans espoir de ses parents continue d’espérer que la vie les rattrape. Vous serez happé par l’univers déchiré de ce petit bonhomme qui hurle son désespoir, son envie de vivre, ses angoisses, ses attentes et ses rêves les plus fous. Le rythme est élevé (ce n’est pas pour rien que Harry est adepte de la course), les phrases courtes et saccadées et vous dévorerez ce livre avec émotion.

« Où est Daniel ? me dit-elle.
– Il n’est pas avec vous ? » ai-je dit.
Alors deux choses arrivèrent en même temps. Le visage de Mo s’allongea. Et je sus ce que les adultes veulent dire quand ils disent qu’un cœur chavire.
»

Premier roman

Fiche #505
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Sylvie Taussig


Elsa FLAGEUL

J'étais la fille de François Mitterrand
Julliard

64 | 119 pages | 22-01-2009 | 15.5€

Louise, dix ans, assiste avec sa mère à la cérémonie de transfert des cendres de Jean Monnet au Panthéon. Un homme en grand manteau noir, s’assoit non loin d’elle. Elle l’observe, l’ausculte, se sent immédiatement familière de cet homme, et c’est la révélation : François Mitterrand, président de la République, est son père (« Désormais. Je suis influente. Je suis puissante. Je suis Loulou Mitterrand. Un petit rire nerveux s’échappe de moi. Loulou Mitterrand. Cela sonne furieusement bien. »). Elle le sait, c’est une évidence et Louise s’empresse de révéler son secret à sa meilleure amie. Quant à son véritable père, Louise ne le voit qu’épisodiquement puisqu’il a quitté le foyer et aime une autre femme que la mère de Loulou. Maladroit, silencieux, ses sentiments restent bien cachés et leur relation est quelque peu tendue et distante. Aucun des deux n’est prêt à briser ce mur de silence et à s’exposer à l’autre en révélant ses sentiments, espérons que ce changement de père (« C’est comme ça, on fait ce qu’on peut ») saura briser la glace ! Un ton original pour parler des relations père-fille.

Premier roman

Fiche #506
Thème(s) : Littérature française


Mariolina VENEZIA

J'ai vécu mille ans
Robert Laffont

63 | 302 pages | 22-12-2008 | 20.5€

Mariolina Venezia pour son premier roman nous propose une magistrale fresque familiale centrée sur les existences des femmes. Les Falcone de 1861 à 1989 accompagnent l’histoire de l’Italie dans une province reculée du sud. Le lecteur se retrouve vite immergé dans la vie des femmes et sa dureté, ses joies, ses peines. Les rires succèdent aux larmes, dans la vie et dans le texte. Ces personnages simples luttent pour leur vie, leur survie, s’engagent. L’histoire les façonne même s’ils sauront prendre en main leur destin entre les croyances et les engagements politiques.

Premier roman

Fiche #492
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Nathalie Bauer


Bertina HENRICHS

La joueuse d'échecs
Liana Levi

62 | 212 pages | 20-12-2008 | 9€

Eleni est femme de ménage dans un hôtel de l'île de Naxos où elle est née et a toujours vécu humblement, discrètement, au service de sa famille et de ses désirs, résignée ? pas si sûr... Un jour, dans une chambre, elle aperçoit un jeu d'échecs et est littéralement et immédiatement fascinée par tous ses pions noirs et blancs. Alors que les hommes s'adonnent au trictrac dans cette île, elle décide d'apprendre à jouer aux échecs avec l'aide de son ancien instituteur qui n'a pourtant pas conservé un souvenir très positif d'elle. Cependant, il l'aidera, la soutiendra et se rendra rapidement compte que cette passion et cette volonté feront d'elle une joueuse capable de gagner et surtout une autre femme, une femme qui saura affirmer son identité et sa personnalité. Il la fera se confronter à son ancien partenaire le pharmacien très sceptique initialement puis lui fera gravir un à un les échelons devant ce damier fascinant. Une île est un monde clos et tous les habitants seront rapidement au courant de cette passion venant perturber la vie familiale d'Eleni, son mari n'étant pas le premier à l'épauler ("Etre cocu aurait été plus supportable. Une trahison amoureuse, même inacceptable, pouvait être nommée. Il y a un code d'honneur. Alors que là, ce délire narquois le laissait impuissant."). Beaucoup regardent d'un mauvais œil une femme qui prend des initiatives et sort du carcan familiale… Bertina Henrichs montre qu'une femme simple, ordinaire par sa passion ("Le pion était la base du jeu, petit soldat serviteur, avançant tout droit vers son unique but, celui du blocage de l'armée ennemie ou de l'ascension sociale ") peut réussir à s'affirmer, à s'émanciper, à se libérer ce qui contraindra son entourage à la regarder différemment (même si cela n'était pas son but). Le lecteur suit avec tendresse ou admiration le parcours semé d'embûche d'Eleni qui malgré les difficultés ira jusqu'au bout. L'ambiance ensoleillée et paisible de cette petite île grecque accroit notre attachement à ce très beau texte éclairée par cette femme qui prend en main son destin et saura abattre quelques pions et autres murs.

Premier roman

Fiche #496
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Bertina Henrichs lus par Vaux Livres


Kevin VENNEMANN

Près de Jedenew
Gallimard

61 | 149 pages | 15-11-2008 | 16.75€

Le lecteur se retrouve entre deux sœurs jumelles qui dans ce récit entremêlent passé et présent, souvenirs et actualité, le tout oscillant entre bonheur et horreur. Elles assistent depuis une cachette à la destruction de leur univers familial, sorte de pogrom non situé dans le temps et l’espace qui accroît la puissance de ce texte (on est loin des Bienveillantes). Elles racontent leur joie de construire cette cabane d’où elles assisteront à l’extermination de leur famille. Le bonheur annonce inexorablement le malheur. La tension est palpable à chaque page, dans les rêves, dans la réalité, une menace (« Ils arrivent ») plane, indéfinissable mais inéluctable, on sent l’horreur se mettre en place, tous le sentent, s’y attendent : « Nous savons depuis plusieurs jours ce qui va arriver, c’est-à-dire ce qui arrive aujourd’hui, mais nous sommes persuadées que nous nous imaginons des choses insensées, que nous affabulons comme nous le faisons toujours, à seize ans nous continuons à tresser tous les jours des nattes à nos poupées disposées sur les rebords de fenêtres, et nous nous racontons des histoires, nous adorons ça. ». Un livre dense et noir.

Premier roman

Fiche #488
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Barbara Fontaine


Jens LAPIDUS

Stockholm noir, l'argent facile
Plon

60 | 537 pages | 12-11-2008 | 23.5€

Un nouvel auteur du nord et une nouvelle trilogie qui nous entraînent dans les bas-fonds inconnus d’une société suédoise prétendue aseptisée. Un angle de vue bien inhabituel ! Immersion totale dans le monde de la mafia et plus particulièrement la mafia slave. Mafia particulièrement efficace, organisée et diversifiée avec à sa tête, naturellement, une main de fer. Vous saurez tout des méthodes employées par ce genre d’organisation, du blanchiment jusqu’à la vente de cocaïne en passant par les rackets et le maintien de l’ordre dans l’organisation… Jens Lapidus réussit l’exploit de décrire avec précision et réalisme ce monde de brut, de mafieux sans scrupule qui glace le lecteur par instant et pourtant, il pourra garder une trace de sympathie pour certaines facettes de certains personnages. Mrado, gros bras de la pègre yougoslave, partage son temps entre les services qu’il rend à Radovan, la gestion de son racket et sa petite fille que sa femme lui dispute. JW est un étudiant qui, pour arrondir ses fins de mois et pouvoir partager les nuits des jeunes bourgeois de Stockholm, est chauffeur de taxi (au noir), mais progressivement, rêvera de mieux et d’argent facile... Jorge, dealer latino, est derrière les barreaux mais plus pour longtemps... La course à l’argent poursuivie par ces trois éléments vont progressivement les rapprocher jusqu’à l’implosion finale ! Un excellent début pour cette trilogie.

Premier roman

Fiche #487
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Lucile Claus, Maximilien Stadler

Les titres de Jens Lapidus lus par Vaux Livres


Marie SIZUN

Le père de la petite
Arléa

59 | 153 pages | 11-11-2008 | 8€

en stock

Paris, 1944. La petite France est une enfant de la guerre mais ce prénom hommage à la patrie s’efface dans les paroles de la mère et de la narratrice : « Elle s’appelle France, la petite, France comme la France. Mais on n’y pense plus. Personne ne lui donne jamais ce prénom, pourtant choisi, guerre oblige. On dit d’elle simplement –la petite- ça suffit. ». Le père est absent, mobilisé, parti à la guerre pendant que la mère et la petite ne sont devenues qu’une ; malgré les difficultés du moment, leur complicité parfaite irradie leur quotidien de bonheur. La petite profite d’une liberté totale. Pourtant l’ombre de l’absent s’impose. La petite la ressent comme une inquiétude, une menace : « La petite n’imagine pas comment un homme comme le charcutier ou le crémier pourrait s’immiscer là, dans cette cuisine-là, dans cette vie qui est la leur, la vie de la mère et de la petite, cette vie-là ». Dans les souvenirs de la petite, ce trouble est soutenu par l’impression de mensonge qui obscurcit ses liens exclusifs avec sa mère. Et puis, un jour, « Voilà. Il était là. Elle avait un père ». Un père qui ne pourra trouver sa place dans ce couple. Chaque membre de la famille va progressivement s’en détacher : « Si la petite a maintenant un père, en revanche, on dirait qu’elle n’a plus de mère ». La petite passe d’un excès à l’autre, de la mère au père, mais dans le non-dit et les regrets n’en seront que plus forts alors qu’en retrouvant son prénom, elle quittera l’enfance. Mais qu’est-ce vraiment que l’enfance ? La narratrice explore avec l’œil attendrissant d’une petite fille et avec sensibilité les sentiments familiaux, les liens parentaux dans cette période trouble. Un premier roman touchant et bouleversant.

Premier roman

Fiche #484
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Marie Sizun lus par Vaux Livres


Elodie ISSARTEL

Festino ! Festino !
Léo Scheer

58 | 248 pages | 21-09-2008 | 18€

Ce premier roman est la chronique d’une famille, famille où la folie et l’extravagance affleurent constamment. Portrait à plusieurs voix d’une famille complète, les vivants et les morts, d’Henriette 13 ans à Festino le grand-père, en passant par la nounou noire qui sous la menace d’une expulsion vient les rejoindre. Tous tentent de trouver le chemin du bonheur, mais ce chemin est parfois tortueux… Les voix s’imbriquent, s’entremêlent, jusqu’à se mélanger totalement, comme leurs existences mêlées dans la grande maison qu’ils occupent. Un premier roman original dans sa conception.

Premier roman

Fiche #464
Thème(s) : Littérature française


Teodoro GILABERT

Les pages roses
Buchet-Chastel

57 | 201 pages | 11-09-2008 | 14.2€

Par une prose alerte et originale, en courtes phrases ou suites de mots, l'auteur nous "jappe" avec un brin d'humour et de dérision son histoire banale, "médiocre" pense-t-il. Dans les années 80, bon élève timide et sage du lycée Fénelon, il prend plaisir à se plonger dans le petit Larousse et y découvre avec délectation l'attrait des "pages roses", "si fines, si élégantes, rien à voir avec le rébarbatif Gaffiot gros et laid" : chaque chapitre du livre est introduit par une citation latine adaptée. Le récit nous fait partager la trajectoire estudiantine et professionnelle d'un jeune homme qui tente de trouver un sens à son existence. L'adaptation à la Sorbonne est difficile "seul au milieu de la foule" mais notre héros, pas rebelle mais décalé, se réfugie dans son travail et dans les films de la nouvelle vague. Sa réussite au CAPES l'entraîne au lycée Henri IV comme stagiaire mais seul certifié face aux agrégés de ce grand lycée, il en sera le mouton noir... Après un poste dans le 9.3. où il dut se convaincre que "l'enseignement du Latin et du Grec en 5e était un facteur de réussite essentiel pour les enfants des quartiers défavorisés", il obtient son agrégation et une mutation pour Nantes... L'évocation de ses "non péripéties" est bien sûr alimentée d'une analyse subtile et souriante (voire grinçante) de notre société.

Premier roman

Fiche #459
Thème(s) : Littérature française


Alma BRAMI

Sans elle
Mercure de France

56 | 168 pages | 25-08-2008 | 14.8€

Léa a dix ans et nous fait partager sa vie, ses questionnements et principalement sur la mort et l'absence. En effet, la mort est déjà omniprésente dans sa courte existence : son père et sa sœur Solène sont morts subitement l’un après l’autre. Sa mère tente de continuer de vivre ou plutôt de survivre. La mort de sa fille cadette a fini de l’anéantir et Léa se retrouve donc seule face à son incompréhension et à cette injustice. Avec ses mots, sa capacité de raisonner, ses illusions, ses croyances, elle écrit ses peurs, ses minces espoirs et ses questionnements sur la mort mais aussi sur la vie, sur la famille, sur l’amour, sur sa vie avant les disparitions et sa vie future. Ses questions même avec ses mots d’enfants évoquent les grandes interrogations universelles et intemporelles qui préoccupent depuis longtemps les hommes... Elle n’ai épaulé par personne et assiste impuissante à la descente dans les abîmes du désespoir de sa mère et le lecteur l’accompagne avec émotion et tendresse en espérant qu’elle trouve le chemin qui les ramènera à la vie, main dans la main. Pour ce premier roman, Alma Brami a su trouver le ton et les mots justes pour traduire les sentiments de cette fillette face à la mort, sujet grave traité avec sobriété et émotion.

Premier roman

« Quand Solène est morte, j’ai compris que j’avais gardé la place la moins confortable. La vivante doit être parfaite, elle n’a pas le droit de se plaindre, pas le droit d’être triste, elle doit garder en tête, en permanence, sa condition de vivante. »

« Le manque, toujours ce manque, ce trou béant, ce vide glacial en moi, tombe de Solène dans mon corps, goût de cendre. Poussière de chagrin. Le manque c’est comme un refrain d’une chanson très longue. Ca revient, lancinant, ça grignote. Solène, c’était mon antidote, c’était un organe vital, tous mes sens réunis. »

Fiche #453
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Alma Brami lus par Vaux Livres


Uzodinma IWEALA

Bêtes sans patrie
L'Olivier

55 | 176 pages | 22-08-2008 | 18.3€

en stock

Agu, fils d’un instituteur, a une vie paisible illuminée par l’amour de ses parents et ses rêves, rêves d’avenir brillant. Pourtant la guerre arrive brutalement dans son village et réduit à néant sa vie en un instant. Son récit est celui d’un enfant-soldat africain tel que l’on nous les décrit habituellement, mais la vision est ici celle de l’intérieur, sans filtre, brute, terrifiante. Agu a choisi la parole comme thérapie et nous expose son terrible parcours car il préfère ce cheminement à la mort : « … en même temps j’a commencé à avoir peur à cause que la seule façon de ne plus jamais combattre c’est finalement mourir. Or moi je ne veux pas mourir. ». Du premier jour où le commandant l’enrôle et lui apprend à tuer jusqu’au dernier jour de cette mortuaire épopée. Tuer, toujours et encore. Brûler, détruire sans poser de question. Obéir. Lever le camps, tuer, lever le camps. Et pourtant, dans cette barbarie, tenter de conserver quelques rêves enfantins et ne pas oublier son enfance. Se taire, tout supporter. S’épauler et se protéger avec son ami Strika qui ne parle plus depuis l’assassinat de ses parents. Le commandant a tous les droits sur ces (ou ses ?) enfants, droit de mort, droit de vie, droit de cuissage… Les petits soldats restent amorphes devant ce misérable kapo et lui obéissent aveuglement jusqu’à l’épuisement, la mort. Une plongée en enfer, un roman terrible sur la folie extrême des hommes et les conséquences indélébiles de ces guerres insensées. A noter l’impressionnant travail de traduction d’Alain Mabanckou qui réussit à traduire parfaitement dans le vocabulaire, la forme des mots et le ton, la tragédie de la situation et le désespoir assourdissant d’Agu.

« J’ouvre les yeux, on est toujours dans la guerre, et je pense dans moi-même que si la guerre est là elle n’avait pas foiré ce pays, eh bien j’aurais déjà été un homme en vrai moi aussi maintenant. »

« Je suis un peu content au moment quand il me donne des faveurs car je sais aussi que s’il veut il peut faire n’importe quoi avec moi sans rien me donner à la fin. »

« Et là je regarde alors le Commandant, je regarde alors Strika, je me dis dans moi-même que ces deux-là ils sont si tranquilles si beaux on dirait avant la guerre, on dirait aussi après la guerre, mais pas vraiment on dirait maintenant. Maintenant on ressemble tous aux animaux. »

Premier roman

Fiche #441
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Alain Mabanckou


Jean MATTERN

Les bains de Kiraly
Sabine Wespieser

54 | 133 pages | 22-08-2008 | 17.25€

Gabriel, le narrateur, a passé son enfance près de Bar-sur-Aube. Il est d’origine hongroise, mais que sait-il de ses origines, de son histoire ? Rien, pratiquement rien. Ses parents ont toujours choisi le mutisme et refusé de lui en parler ("C’est du passé tout ça"). Puis, un jour, peut-être irrémédiablement, la question devient plus pressante et l’arbre veut connaître ses racines. Pourquoi ses parents ont-ils gommé cette histoire familiale d’Europe centrale ? Quelle était la confession religieuse de la famille alors qu’on lui a interdit de suivre ses camarades au catéchisme ? Est-ce lié à la mort accidentelle et soudaine de sa sœur qui a plongé ses parents dans le silence ? Comme un défi et pour se sauver, Gabriel, lui qui ne saura jamais être « celui qui reste », choisit a contrario les mots et les langues. Pour brouiller les pistes de ses origines, pour adopter une identité inconnue ou des identités, il choisit de passer d’une langue à l’autre, de nier toute langue maternelle, il sera traducteur. Ces mots qu’il ne peut prononcer à propos de la disparition de sa sœur : quand le traducteur recherche constamment Le mot idoine, peut-il trouver celui qui qualifiera cette disparition si injuste ? Comment verbaliser l’impossible, l’inqualifiable ? Ses parents choisissent la fatalité, l’impuissance « Dieu a donné, Dieu a repris », six mots irrémédiablement associés à l’histoire de Gabriel et de sa famille. Il croit un moment avoir trouvé la solution dans le rire de Laura. Mais le jour où elle lui annonce qu’elle est enceinte, la question des origines rejaillit subitement et lourdement. Il prend la fuite pour se comprendre, se trouver, dans le présent et dans le passé. Ce récit constitue le questionnement émouvant de cet homme fragile en quête d’origine et d’identité et qui devra peut-être uniquement se résoudre à « réécrire une histoire dont toute ma famille avait voulu me priver »

Premier roman

Fiche #445
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Jean Mattern lus par Vaux Livres


Eric GENETET

Le fiancé de la lune
Héloïse d'Ormesson

53 | 124 pages | 22-08-2008 | 15.22€

Arno Reyes quand il parle de lui dit qu’il est « un singe » : il parcourt le monde pour grimper sur à peu près tout moyennant une forte rémunération ce qui lui permet de ne pas travailler continuellement. Il court d’aventures en aventures, professionnelles et amoureuses, sans se projeter dans un avenir toujours incertain. Puis, un jour, c’est LA rencontre : coup de foudre fulgurant lorsqu’il rencontre Giannina, chanteuse de jazz. Ils se découvrent, ils s’aiment, Arno pose enfin ses valises pour vivre une passion mais les passions sont souvent éphémères… Un livre qui, comme cette passion, se lit sur un rythme effréné.

« Il peut se passer n’importe quoi sur la planète, chaque seconde un homme ou une femme croit tomber amoureux dans ce monde cynique qui avance, facétieux, avec ses drames et ses désordres. L’amour, petite bête à bon Dieu, n’en a rien à foutre. Il respire et basta cosi. Il a existé et il existera encore, emporté par les pires lames de fond. … Tout passe, tout casse, sauf l’amour. Pourquoi ? »

Premier roman

Fiche #452
Thème(s) : Littérature française


Philippe HONORÉ

L'obligation de sentiment
Arléa

52 | 123 pages | 21-08-2008 | 15.5€

en stock

Toutes les familles ont leur secret dit-on. Mais certains sont plus lourds que d’autres et plus ou moins partagé. Le couple Maisne (Louis et Jeanne) est un couple soudé, admiré, respecté. Mais la petite bourgeoisie provinciale ne serait pas ce qu’elle est sans ses zones d’ombre… Couple déséquilibré, Jeanne prend en charge son époux, le soutient, le protège (« Louis était son œuvre, son maître, son enfant, son unique raison d’exister »), elle n’est que maîtrise et contrôle, on est loin des sentiments amoureux classiques d’un couple chez Louis et Jeanne et pourtant elle lui est totalement dévouée et attachée, comme si un contrat les liait... Dès le début de leur union, un secret plane et il mettra du temps à se dévoiler. Ils auront un fils, Martin, alors que Louis ne voulait pas d’enfant et que Jeanne savait n’avoir jamais eu de sentiment maternel prégnant. Au début de son adolescence, Martin disparaît brutalement, sans explication pour l’entourage. Le couple essaie de l’oublier et devient encore plus souder qu’auparavant ; pourtant le trio est en état d’attente (« Le temps de l’attente ne se compte pas en seconde, en minute, en année. C’est un temps aussi morne, aussi lisse, aussi flou que la surface d’un lac. Le temps irrésolu de l’attente. »). Plus le temps passe, plus les secrets explosent violemment au grand jour et plus les conséquences sont lourdes… Martin reviendra évidemment et mettra un point final à la descente en enfer de ce couple « d’innommables ». Philippe Honoré a réussi parfaitement à décrire l’enchaînement de cette femme malgré un secret lourd, très lourd, qu’elle choisit de placer après son engagement à soutenir son mari, son véritable enfant. Une réussite.

Premier roman

Fiche #436
Thème(s) : Littérature française


Julien ALMENDROS

Vue sur la mère
Le Dilettante

51 | 125 pages | 28-07-2008 | 14€

Pour son premier roman, Julien Almendros s’attaque à un sujet devenu commun, la mère et ses relations avec son (ses) fils. La première phrase augure du ton du livre : « Je suis né le cordon ombilical autour du cou, un premier bijou qui, déjà, avait l’avantage de n’être pas très onéreux ». Autrement dit, le lecteur ne fera pas de grandes découvertes sur la psychologie de la mère et de ses enfants mais le ton du livre, le rythme, la forme suscitent une lecture rapide et agréable. Humour et ironie passent la mère au peigne fin, aucun trait de caractères ne lui est épargné, elle qui étouffe la famille complète, du chien au mari en passant par les fils et leurs compagnes naturellement. Pourtant, mais peut-être est-ce parce que l’on sent que Julien a réussi à se débarrasser de son premier bijou si lourd à porter, elle reste parfois attachante et on ne peut la rejeter totalement. On attend la seconde « vue » pour vérifier que la page est définitivement tournée !

Premier roman

Fiche #427
Thème(s) : Littérature française


Ceridwen DOVEY

Les liens du sang
Héloïse d'Ormesson

50 | 215 pages | 27-07-2008 | 20€

Ceridwen Dovey pour son premier roman a choisi de décrire les rouages d’un pouvoir absolu sous l’angle de son intimité et de son entourage. Un coup d’état vient de réduire le Président despote au rang de prisonnier. Il est accompagné dans sa résidence surveillée par son cuisinier, son portraitiste et son coiffeur, trois fonctionnaires dévoués qui organisait une grande part de son quotidien. Trois hommes insensibles jusqu’alors aux dérives de ce pouvoir absolu. Les portraits se succèdent révélant page après page l’intimité de ces hommes, de leurs femmes et de leurs enfants. Portraits se répondant en miroir dans l’arrogance, la violence et l’insouciance du pouvoir. Portrait après portrait, le spectre s’élargit démontrant que le despotisme s’attaque subrepticement à l’intimité. Puis, peu à peu, un despote remplace l’autre… Pouvoir quand tu nous tiens… Mais ces trois fonctionnaires pourront-ils encore feindre d’ignorer les dérives du pouvoir qu’ils servent ?

Premier roman

« Les êtres humains se débarrassent les uns des autres, ils s’installent dans les lieux des vaincus, et procèdent à leurs tâches quotidiennes : on se rase dans le lavabo de l’ancien Président, on se regarde dans son miroir, on range ses vieilles chaussettes dans le tiroir de ses sous-vêtements. Ensuite, cela m’a fait penser à la contamination, est-ce qu’une personne mauvaise laisse derrière elle de mauvaises choses dans ses lieux, secrète le mal comme de l’air vicié : est-ce qu’on peut l’attraper comme un rhume ? »

Fiche #425
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Jean Guiloineau


Nils TREDE

La vie pétrifiée
Quidam

49 | 134 pages | 27-07-2008 | 15€

Les habitants des îles sont réputés différents alors le narrateur, Xavier, 33 ans, est doublement différent. Il vit sur deux îles, deux îles d’une même ville reliées par un pont. Deux îles, deux métiers, deux existences (« J’ai deux vies. Je n’ai pas de vie. Que des morceaux, que des restes. Tout est déchiré. »). Sur l’une, il est restaurateur en accompagnant sa mère malade et sur l’autre, il est médecin de police. Seul le pont réalise le lien entre ses deux existences. Cet homme solitaire, entier, se sent différent et est ressenti différent par les autres. La solitude fait peur. Jusqu’au jour où rentre un couple dans son restaurant et il en est sûr, c’est elle, il l’attendait. S’il entre dans sa vie, il en certain, il entrera dans La Vie, mais cette mutation est-elle si aisée à vivre ? Emouvant portrait d’un homme dont l’existence frôle la folie et qui « se sent si proche de tout et pourtant indiciblement loin à la fois »

Premier roman

« Les solitaires ne sont pas seulement étranges. Ils ne font pas seulement peur. Dans leur solitude, ils s’aperçoivent de choses qui restent inconnues aux gens sociables. Ils ouvrent leur esprit aux énigmes avec patience et attention. Ils les observent longtemps. Ils ont beaucoup de temps, et peu à perdre. Les solitaires communiquent rarement leurs observations ; ils les portent en eux et ne craignent pas le jugement des autres. »

Fiche #426
Thème(s) : Littérature étrangère


Blanche DE RICHEMONT

Pourquoi pas le silence
Robert Laffont

48 | 123 pages | 18-07-2008 | 14.2€

Court récit de 120 pages pour crier le mal-être, le mal de vivre d’un ado de quinze ans. Cri de désespoir d’un ado (le narrateur) qui n’a pas le goût du bonheur et ne peut se résoudre à vivre. Sans estime pour lui-même, son entourage lui semble a contrario brillant, heureux, accompli. Depuis tout petit, il estime que le bonheur ne le concerne pas. Un père commandant de marine, toujours en action, qui sauve des vies, une mère cavalière, une sœur acrobate (« elle fait rentrer le bonheur dans sa peau »). Cette famille vit douloureusement son abandon, tentera de l’aider jusqu’à l’issue finale (« Qu’est-ce que tu as encore trouvé pour te faire du mal ? »). Il tente bien avec son ami d’être comme les autres, d’agir comme les autres, d’être amoureux comme les autres, mais ce n’est qu’une façade. Il se connaît bien et s’auto-évalue sans concession et seule la mort lui rendra sa liberté. Il traversera donc la vie comme un éclair, mais un éclair triste. Cette fulgurance est accrue par le rythme du texte, les phrases courtes et le rythme vif. Un émouvant morceau de braise.

Premier roman

Fiche #419
Thème(s) : Littérature française


Catherine MORET-COURTEL

La caissière
Belfond

47 | 191 pages | 18-07-2008 | 21€

Une semaine de la vie d’une caissière, Michèle, en grande surface. Rien ne la prédestinait à ce travail mais la mort de son mari la contraint à l'accepter. Les chapitres alternent en présentant le déroulement de la journée puis le rêve de la nuit suivante. La mort de son époux la plonge dans une espèce de léthargie, sans espoir et sans attente. Elle subit sa vie, tristement, inexorablement. Heureusement, les rêves demeurent et la sauveront. Progressivement, elle y prendra garde et ils interviendront dans sa vie, la modifieront, l’orienteront et lui permettront de se reconstruire afin de réintégrer le monde des vivants. Son quotidien donne matière évidemment à décrire avec réalisme les consommateurs que nous sommes (les enfants sont passés au crible) et ce monde impitoyable des hypermarchés.

Premier roman

Fiche #420
Thème(s) : Littérature française


Fabrice GUILLET

L'après 14 juillet
Le Lamantin

46 | 307 pages | 16-07-2008 | 19€

Le défilé du 14 juillet se déroule devant une tribune officielle garnie et attentive. Les hélicoptères débutent leur parade lorsque l’un d’eux change de direction, plonge vers la tribune. Un carnage ! Le Président de la République est tué comme bon nombre de personnalités proche du pouvoir. Accident ou attentat ? Deux pilotes étaient aux commandes de l’appareil et l’un d’eux, Charles, est d’origine algérienne. Il n’en faut pas plus à la machine médiatique pour tirer des conclusions hâtives surtout que le pouvoir vit alors une période instable et que certains encouragent cette hypothèse. Des hommes aux convictions extrêmes investissent le pouvoir et promettent l’ordre. Mathilde, dite Mina, spécialiste du 1500 m et sœur du pilote, ne croit absolument pas à la culpabilité de son frère et se lance dans l’enquête. Enquête extrêmement périlleuse qui la projettera dans les coulisses du pouvoir et dans laquelle elle entraînera ses amis d’une banlieue où la solidarité reste encore une valeur estimée. Un bon suspense pour une histoire très actuelle et éclairée par quelques pointes d’humour et d’ironie qui en rendent sa lecture très plaisante. Bienvenue au Lamantin !

Premier roman

Fiche #418
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir

Les titres de Fabrice Guillet lus par Vaux Livres


Sasa STANISIC

Le soldat et le gramophone
Stock

45 | 384 pages | 13-07-2008 | 21.85€

Premier roman extrêmement ambitieux, fresque remarquable qui nous entraîne dans l’histoire de la Yougoslavie à travers celle du jeune Aleksandar, de sa famille et de ses proches. Nous sommes à l’époque où la Yougoslavie est encore unie (« l’époque où tout était bien ») et Aleksandar qui vit à Visegrad est particulièrement attaché à Slavko son grand-père membre du parti. Slavko a fait de lui un magicien révolutionnaire et Aleksandar ne manque pas de motivations (« Je suis contre la fin, la destruction ! Il faut suspendre l’achèvement. Je suis le camarade en chef de ce qui continue pour toujours et je soutiens ce qui va ainsi de suite ! »). Il garde toujours en mémoire les récits enflammés de son grand-père et sa mort (« …Slavko était assis au moment où, à Tokyo, Carl Lewis battait le record du monde, Grand-père Slavko est mort en 9 secondes 86, son cœur a couru au coude à coude avec Carl Lewis… ») marque définitivement Aleksandar. Puis la guerre civile provoquera l’exil de la famille vers l’Allemagne, intégration ardue dans une Allemagne en cours de réunification. Aleksandar grandit et écrit, encore et toujours (« Nous nous étions fait une promesse d’histoires, maman, …une promesse toute simple : ne jamais arrêter de raconter »), sur son quotidien, son exil, mais surtout sur l’histoire de son pays et de la guerre qui l’a achevé (on apprendra que Tito est mort trois fois), de la guerre qui remet en cause les fondements des individus et d'un pays, un pays perdu où tous vivaient ensemble et qui connut une forme de bonheur. Mais l’histoire de la Yougoslavie ne peut être déconnectée du reste du monde et même si les Européens furent longs à être concernés par cette guerre, cette histoire est aussi la nôtre et ce roman en témoigne brillamment. Un roman inventif dans le fond et la forme, fou, exubérant, ancré dans notre quotidien, vivant, vif, parfois cru, parfois burlesque (l’inauguration des nouveaux cabinets est une scène digne de Kusturica, il faudrait presque lire en écoutant la musique de Bregovic !). A découvrir.

« Plus tard, dans le livre qui parle du bon vieux temps, j’écris : On devrait inventer un rabot honnête qui saurait débarrasser les histoires de leurs copeaux de mensonges et les souvenirs de l’illusion. Je serais un collectionneur de copeaux »

Premier roman

Fiche #416
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Françoise Toraille


Bernard JANNIN

Une vraie boucherie
Champ Vallon

44 | 157 pages | 03-07-2008 | 14.5€

Pour notre premier compte-rendu de la rentrée 2008, Bernard Jannin nous ouvre l’appétit avec ce morceau de premier choix, tendre ou saignant selon l’instant. Fin des années 50, la boucherie-charcuterie Croquart à Monsac a une clientèle fidèle qui apprécie ses spécialités. Richard le boucher et Mariette sa femme s’activent tous les jours pour la satisfaire au mieux. Le lecteur digèrera sept chapitres, ou plutôt sept morceaux plus ou moins saignants où les métaphores, jeux de mots, ou autres allusions culinaires pullulent. Richard décide d’ouvrir un étal sur un marché peu de temps après qu’un ami abatteur aux abattoirs (Ambroise dit Merlin) disparaisse bizarrement. C’en est fini de la quiétude de la boucherie Croquart et de ses occupants… Une bataille rangée opposant les commerçants d’un marché restera une pièce d’anthologie. Oscillation permanente entre le tragique et le comique, le loufoque et le concret, vous assisterez avec appétit à la dérive d’un petit commerce et de ses acteurs vers l’horreur… On a parfois l’impression de découvrir la version littéraire de Delicatessen pour notre plus grand plaisir.

Premier roman

Fiche #410
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Bernard Jannin lus par Vaux Livres


Michaël MENTION

Le rhume du pingouin
Editions du Rocher

43 | 126 pages | 21-06-2008 | 17.3€

Eric Blakeley, vieil ado banlieusard, partage sa vie entre Alice et Pendule son cacatoès fin psychologue. Il gagne sa vie comme portier dans un hôtel de luxe parisien mais sa passion est l’écriture et son troisième roman noir se précise. Ecrivain exceptionnel, puisqu’il est atteint d’agraphie et se voit contraint de requérir les services d’un dictaphone pour son écriture ! En outre, l’insomnie le gagne après des cauchemars récurrents où trois personnages (une femme nue, un homme en smoking et Buffalo Bill) l’interpellent sur son passé et son présent. Chaque épisode s’achève par un étrange cri… Ces insomnies le transforment, le minent et son quotidien personnel et professionnel s’en voit bouleverser. Que signifie ce rêve ? Une enquête est nécessaire… Un univers à la fois étrange et réaliste et une écriture au rythme rapide vous feront dévorer ce premier roman.

Premier roman

Fiche #406
Thème(s) : Littérature française


Hugo BORIS

Le baiser dans la nuque
Belfond

42 | 16 pages | 05-06-2008 | 16€

Louis et Fanny se rencontrent à l’hôpital. Il accompagne sa belle-sœur pour un accouchement alors qu’elle est veuve depuis peu. Il est professeur d’économie et de piano. Elle est sage-femme et sera bientôt sourde. En donnant vie à ses enfants, elle a perdu et continue de perdre peu à peu l’ouïe (maladie de Beethoven). Comme une dernière épreuve, un dernier plaisir, elle retrouve Louis (mais pas l’ouïe) pour apprendre le piano. Louis est solitaire, secret et certainement blessé. Au fil de leurs rencontres où la parole est loin d’être maître du jeu, ils vont se dévoiler, se désirer, elle témoignera des naissances qu’elle accompagne chaque jour, il sera exigeant dans l’apprentissage (apprentissage de la musique avec le silence omniprésent et si bien rendu par l’écriture de H. Boris) mais lui dévoilera son intimité la plus profonde. Ces rencontres, le vocabulaire employé, la trame, tout se noue avec réussite pour créer un pont, une concordance entre ces deux métiers et ces deux vies a priori si éloignés. Un texte poétique, sensible et émouvant sur la naissance, la vie, l’amour, le handicap et la mort. Hugo Boris nous propose deux romans à ce jour (La délégation norvégienne), de thèmes totalement différents (la marque d'un vrai écrivain) et à découvrir absolument en attendant le troisième !

Premier roman

Fiche #404
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Hugo Boris lus par Vaux Livres


David DESCAMPS

L'apéritif des faibles
Les Allusifs

41 | 101 pages | 02-04-2008 | 13.2€

Le narrateur originaire des Flandres vit à Marseille. Il reçoit un jour un courrier de la mère de son ancien ami Dino qui vient de se suicider la veille de ses trente ans. Comme Dino l’a souhaité, elle le prie de venir mettre un peu d’ordre dans les notes de son fils. Retour sur une jeunesse perdue, une jeunesse masculine festive, libre, jouissive, dépendante à l’alcool, aux filles et aux drogues. En découvrant page après page le contenu des carnets de Dino, le narrateur retrouve sa jeunesse passée, son histoire, son identité acceptée ou non. Il revient sans complaisance mais avec chaleur, sans idéaliser le défunt mais avec mélancolie, sur cette amitié pesante qui unit les deux jeunes hommes. Amis et pourtant si différents. Le passé d’une jeunesse folle croquant à pleines dents la vie (« Il s’était parfait et fatigué ») et un présent morne et triste s’entremêlent chapitre après chapitre. Peu à peu, ce retour sur le passé et l’environnement se referment sur le narrateur jusqu’à l’étouffer (« Tomber malade de la tête est tout de même, je le sais, la chose la plus facile qui soit dans cette affreuse Flandres ») et seul un retour définitif vers la lumière du sud le sauvera. Un beau texte pas du tout larmoyant sur la mort, l’amitié et l’insouciance.

« … la vie n’est qu’un apéritif, on en reste toujours à l’apéritif des choses et la mort arrive »

Premier roman

Fiche #379
Thème(s) : Littérature française


Sorj CHALANDON

Le petit Bonzi
Grasset

40 | 348 pages | 21-03-2008 | 20€

Sorj Chalandon nous fait rencontrer Jacques Rougeron, douze ans, bègue et fils unique d’un père dur et à la main lourde et d’une mère en retrait. La famille est pauvre et habite Lyon. Malheureux de son bégaiement, sa vie est plus légère grâce à son ami, à son frère, à son confident, Bonzi qui l’aide et le soutient. Ils ne font qu’un. Jacques tente de se soigner grâce aux herbes jusqu’à en être malade. Son bégaiement ne l’empêche pas d’être amoureux des mots (et de Guignol). Le lecteur suit avec intérêt les aventures de ce gamin et sa lutte contre ce bégaiement qui n’en finit plus. Un livre touchant sur l’imaginaire des enfants, sur le langage et le bégaiement.

Fiche #372
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Sorj Chalandon lus par Vaux Livres


Gilles D. PEREZ

Le goût des abricots secs
Le Rouergue

39 | 95 pages | 07-03-2008 | 10.2€

Deux hommes devenus célibataires sont solitaires. Ils vivent tous les deux dans le souvenir d’une femme (l’une est morte et l’autre a quitté son mari) et séparés par une cloison. Ces deux fantômes errent dans une résidence désertée. L’un a plus de 80 ans et occupe ses journées à écouter le même air au piano, "Les scènes d’enfant" de Schumann, un air que sa femme jouait et rejouait avec perfection comme une obsession. Les deux hommes se rencontrent régulièrement et chacun renvoie à l’autre son image et l’image de la femme absente. Le silence tranche avec cet air de Schumann et la mélancolie du jeune homme trouve son double dans ce vieil homme élégant et patient. Peu à peu, ils dévoilent à mots couverts et discrètement leur histoire, timidement, par petits indices. Une complicité indéfectible les unit dans ce temps qui passe inexorablement. Un beau texte mélancolique sur deux hommes naufragés unis face à la solitude, à l’amour perdu et au temps qui passe.

Premier roman

Fiche #369
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Gilles D. Perez lus par Vaux Livres


Andrea Maria SCHENKEL

La ferme du crime
Actes Sud

38 | 158 pages | 28-01-2008 | 15.3€

Toute une famille fut assassinée, en 1920, à Tannöd, un hameau de Bavière. L’affaire n’a jamais été résolue et Andrea Maria Schenkel s’en est inspirée pour son premier roman. Il situe le drame aux lendemains de la seconde guerre mondiale, les rancœurs et la pauvreté perdurent. Le nazisme rode encore et la religion demeure bien ancrée dans le quotidien de ces campagnes. Dans une ferme isolée, une famille complète et son employée, vivant quelque peu en marge et n’échappant à quelques rumeurs, sont assassinées sauvagement à la hache. Sans témoin, l’enquête semble vouée à l’échec. Comme à la barre du prétoire, différents témoins vont fournir un à un, chapitre après chapitre, dans un kaléidoscope de voix discordantes ou non, leurs avis et éclairages sur cette affaire. Seules les prières de la mère créent un intermède à cette litanie renforçant cette atmosphère étrange. Une réussite dans la forme et le fond pour ce premier roman classé meilleur roman criminel du printemps 2006 par les libraires allemands.

« Je te le dis, on est tout seul toute sa vie. On naît seul et on meurt seul. Et entre les deux, j’étais prisonnier de mon corps, prisonnier de mon désir. Je te le dis, il y a pas de Dieu dans ce monde, il y a juste l’enfer. Et l’enfer, il est sur terre, dans nos têtes, dans nos cœurs. Le démon est en chacun de nous et chacun peut le faire sortir à tout moment. »

Fiche #356
Thème(s) : Littérature étrangère Polar/Thriller/Noir
Traduction : Stéphanie Lux


Alice DEKKER

Les glorieuses résurrections
Arléa

37 | 131 pages | 10-01-2008 | 15€

Une maison de santé à Montana en Suisse accueille de jeunes rescapées des camps nazis lors de l’été 1945. Elles sont entourées par une équipe médicale attentive et soucieuse de les ramener vers la vie. L’un des médecins nous livre son journal. Un an, un an à épauler, lentement, pas à pas, ces femmes qui ont subi, vécu, vu le pire. Enthousiaste et même optimiste, il ressent cependant les difficultés de ces femmes à repartir vers un avenir éclairé. Peu à peu, il établira une complicité avec l’une d’elle et son journal traduira leurs échanges, leurs espoirs et attentes en montrant que chacun y puise des ressources qui lui permettront de (re)vivre ou qui le transformeront. Qui a besoin de l'autre ? Chacun sans l’autre n’est rien.

Premier roman

« L’intimité avec soi-même est une liaison que d’aucuns évitent toute leur vie. D’autres y sont contraints, luttant contre de terribles souvenirs qui ne se laissent pas faire. Qu’on ne s’y trompe pas : la clairvoyance rend libre. ».

Fiche #345
Thème(s) : Littérature française


Andreï KOURKOV

Le pingouin
Liana Levi

36 | 300 pages | 01-11-2007 | 19€

Victor a adopté Micha le pingouin du zoo de Kiev qui ne pouvait plus le nourrir (« J’ai pas de chance aves les femmes. J’en ai eu marre, j’ai pris un pingouin et je me suis tout de suite senti mieux »). Ce manchot royal cardiaque et dépressif rompt la solitude de Victor. Victor rêve d’être écrivain mais journaliste, il écrit des notices nécrologiques de personnes encore vivantes afin que son journal soit le premier à les publier le moment venu. Peu à peu, il perd toute liberté dans son travail : on lui choisit les personnalités à chroniquer, on lui impose des phrases à intégrer… Puis, peu à peu, les personnes concernées par ses chroniques disparaissent… Il évite de se poser des questions même s’il apprendra plus tard le fin mot de l’histoire… Humour glaçant et grinçant pour ce premier roman traduit de A. Kourkov. A (re)découvrir.

Fiche #317
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Nathalie Armagier


Anne KANAPITSAS

L'odeur de la menthe
Arléa

35 | 135 pages | 23-10-2007 | 12.5€

en stock

Carole s’installe comme gouvernante chez Monsieur Vincz violoniste qui ne vit que par et pour son instrument. Dès leur première rencontre, il la prévient qu’ils ne se rencontreront guère, qu’il ne cherchera pas à la connaître, elle sera transparente et seules ses tâches ménagères constitueront les traces de sa présence. Elle vient d’un petit village de Lozère où elle travaillait, coupée du monde, dans un institut pour handicapés profonds. Elle les soignait, les lavait, les nourissait, « monstres » étaient exclusivement dépendants de ces femmes. Elle réussira à ne pas haïr son métier même si la lassitude et la mélancolie ne seront pas absentes. Seule l’amitié avec Marie éclairera son quotidien comme le passage éclair de Léandre, l’enfant inachevé qu’elle aimera et à qui elle fera découvrir l’odeur de la menthe. En abandonnant ce lieu de vie et de mort, elle pensait oublier ces ou plutôt ses malades, ses collègues et leur chef froide et cassante… Mais le passé reste toujours là, présent, obsédant et ses souvenirs et rêves le lui rappelleront constamment. Un beau texte émouvant sur le passé qui s’accroche, la vie, la mort dans une ambiance nostalgique et mélancolique.

Premier roman

Fiche #320
Thème(s) : Littérature française


Claire FERCAK

Rideau de verre
Verticales

34 | 96 pages | 23-08-2007 | 10.65€

Nous voici plongés dans l’enfance d’une femme en cours d’introspection. Va-et-vient continuel dans le temps au gré de ses souvenirs par une narration alternant entre le « je » et le « elle ». Reconstituer pour comprendre, se reconstruire et peut-être guérir : elle demeure sous l’emprise d’une maladie génétique mais aussi de ce père omniprésent, omnipotent pour lequel elle restera toujours une petite fille. Ces deux puissances ne laissent peu de place à la vie. De ses souvenirs de sa psychothérapie, ses trois complices Virginia, Sarah et Sylvia jaillissent comme trois soutiens salvateurs. Ces trois rencontres en réalité fictives puisqu’il s’agit de Virginia Woolf, Sarah Kane, Sylvia Plath (toutes trois suicidées) l’épaulent dans l’épreuve et dans sa guérison qui passera par l’écriture. Pour son premier récit, Claire Fercak fait preuve d’originalité par l’écriture morcelée et intrigante adoptée. (JCP)
Premier roman.

« Elle a commencé à bâtir un refuge transparent et solide que personne ne saurait attaquer, une maison de verre qui lui permettait d’épier toute atteinte extérieure. Une maison fortifiée par isolants phoniques souvenirs-couvercles et laine de verre. Ecrans pour empêcher que ne se projette une image qui pourrait en déborder le cadre. »

« Elle ne sait pas trop comment s’y prendre, de quel côté crier, sur quel ton, dans quelle langue. […] Elle cherche une écriture. Elle court après l’idiome de la première enfance. »

« Voilà plusieurs années qu’elle désirait écrire cela. Elle est pétrifiée, suffoque à toute idée de. Depuis décembre elle s’en approche à pas menus. Être le réceptacle de sa propre douleur c’est être à la fois le bourreau et la victime, le bordel pénible et l’auberge accueillante de ses possibilités. »

« Ce matin est terrible, le monde se déroule infiniment gris. Une matinée sans importance, ça n’ira pas mieux demain. Je ne bouge pas, reste cloîtrée, tapie au fond de ma tête. Rongé, l’os sphénoïde l’a remplie de cendres. La violence est inscrite dans la mémoire de l’espace. Du corps. Au centre de la vitre, une salissure, un poinçon, comme une cataracte : le père. »

Fiche #286
Thème(s) : Littérature française


Jérôme LAFARGUE

L'ami Butler
Quidam

33 | 177 pages | 21-08-2007 | 18€

en stock

Timon Lunoilis est écrivain, romancier. Il a connu le succès mais abandonne le roman après l'annonce de la maladie à l'issue fatale qui frappe sa femme. La fiction ne l'intéresse plus. Il se retire avec Ilanda dans une petite ville et pour tenter d'oublier son malheur, il écrit des biographies d'écrivains imaginaires jusqu'au jour où l'un d'eux se présente à lui ("Je lui donnais la vie, et il m'envoyait en retour la fiction"). Troublé et désemparé, Timon hésite : fruit de son imagination ou manipulation ? Son enquête entraînera sa disparition avec sa femme et son frère jumeau viendra démêler les fils de cette histoire entre fiction et réalité.
Jérôme Lafargue varie les modes de narration avec réussite, chaque biographie est une petite nouvelle à elle-seule, et nous emmène pour notre plus grand bonheur dans le domaine de l'imaginaire. L'un de ses personnages affirme que "la fiction, c'est le pays de la liberté", Jérôme Lafargue, libre comme l'air, a dû émigré dans ce pays !

Premier Roman

Fiche #283
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Jérôme Lafargue lus par Vaux Livres


Frédéric PAGÈS

L'idiot de la Sorbonne
Maren Sell

32 | 230 pages | 21-08-2007 | 18.25€

Au volant de sa DS, beauté éternelle, Max de Kool est chauffeur de taxi. Etudiant brillant, il fut reçu à l’écrit de l’agrégation de philosophie mais échoua à l’oral, impossible d’exprimer le moindre mot sur le sujet « Sens et enjeux du silence » ! Un jour, la portière de sa DS s’ouvre et il reconnaît immédiatement la voix : son Maître, professeur brillant et adulé, Oscar von Balthazar, capable d’improviser sur les sujets les plus ardus devant un amphi médusé. Pourtant, il abandonna un jour ses étudiants avant de leur révéler la définition du Sublime. Mais le voici de retour :« Je vais prendre la Sorbonne sans violence, mais sans pitié. Redditions sans conditions ! Que tout soit bien clair, je joue mon va-tout, je n’ai rien à perdre, aucune position, aucun poste, je vais prononcer un discours événement, la fac va changer de base, le monde ne sera plus le même. ». Ils partent alors sur les routes d’Europe pour le voyage vers la reconquête ce qui donnera lieu à une joute oratoire particulièrement jubilatoire entre les deux personnages. Max n’acceptant aucune compromission, Oscar se refusant à toute illusion, les discussions et confrontations seront constantes, et très rythmées, rythme renforcé par le mouvement induit par le road-movie qu’ils ont engagé. Les sujets abordés seront extrêmement variés mais toujours avec références à une approche philosophique (« La philosophie, c’est comme le piano pour un professionnel : il faut en faire tous les jours sans prendre de vacances sinon les doigts de la cervelle s’engourdissent » : ils réussiront même à définir le concept exhaustif du « con » ! Un discours oscillant constamment entre réflexion et blague, analyse et ironie, culture et dérision, du bonheur ! Au fait, Oscar et Max, quelle est la définition du bonheur ?

« Les gens ne croient plus au marxisme mais vénèrent l’astrologie. Créons l’astromarxisme et réconcilions les intellectuels et le peuple. »

« Méfiez-vous des femmes et des tondeuses à gazon »

« Vous avez tort. Il faut savoir être un peu idiot pour vivre en société, plaida Oscar »

Fiche #284
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Frédéric Pagès lus par Vaux Livres


Minh TRAN HUY

La princesse et le pêcheur
Actes Sud

31 | 187 pages | 19-08-2007 | 18.3€

Lors d’un voyage en Angleterre, une jeune française d’origine vietnamienne croit reconnaître en Nam un réfugié vietnamien son prince charmant. Ils ne se quitteront plus du voyage et pourtant ils n’ont rien de commun, même leur passé et l’appréhension de leur origine commune sont différents. A son grand désespoir, Nam la considère comme sa petite sœur. Leur dialogue va pourtant l’éveiller à son passé qui se dévoilera pas à pas lors de deux voyages au Vietnam avec ses parents peu diserts sur leur passé. Et puis Nam partira, sans explication, sans trace. Rupture dans la construction de cette ado qu’un livre achèvera peut-être des années plus tard. Récit sur l’exil, le grand écart entre deux pays, deux histoires, entremêlés de contes qui renforcent la puissant du texte, un conte n’est pas un roman...
Premier roman

« Il était inutile de renier que de se charger du poids du passé : connaître l’histoire de ma famille et l’assumer pouvait être considéré comme un devoir, en aucun cas comme une raison d’être »

« Toutes les politesses de rigueur au Vietnam entre gens de même sang ne pouvait dissimuler qu’il existait entre mes cousines et moi un fossé à la mesure de l’océan qui séparait la France et son ancienne colonie. Je n’avais pas connu la pauvreté, la faim, l’ennui de ne rien pouvoir faire d’autre que subir, patienter, au mieux espérer, au pire se résigner aux lendemains qui déchantent. »

Fiche #268
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Minh Tran Huy lus par Vaux Livres


Blaise GAUQUELIN

Petit et méchant
L'Altiplano

30 | 252 pages | 19-08-2007 | 17.8€

Balthazar le narrateur connaîtra deux vies. La première se déroule à Paris dans le monde télévisuel. L’environnement professionnel est écrasant et réduit chacun à l’état d’esclave consentant symbolisé par les séances au sens « propre » comme au sens figuré de « lèche-culs ». Balthazar craint d’y prendre un jour du plaisir (« Ecoutez ça mes amis, notre nouvelle recrue lèche les fions sans distinction »)...Craignant d’avoir empoisonné le chef omnipotent, comme une seconde vie, Balthazar s'exile en Autriche avec Egon. Esclave sexuel d’Egon et de sa compagne, il connaîtra cruellement le statut d’étranger dans un pays en campagne électoral. « Le guide » sera élu et entraînera le pays dans un repli sur lui-même : le thème de l’immigration deviendra central (« L’Autriche n’est pas et ne sera jamais un pays d’immigration. Les étrangers présents sur notre sol doivent désormais choisir : respecter l’Autriche ou partir »), les opposants éliminés, la chasse aux sorcières permanente, la langue autrichienne remise en avant, la propagande constante (« Chaque jour se fait plus présent le danger venant de l’extérieur. Chaque jour pèse la menace de voir nos anciens amis remettre en question la souveraineté qui est la vôtre et le choix que vous avez fait de me porter à la tête du pays »). La fameuse alliance du passé (Noblesse, Clergé) renaîtra de ses cendres pour recréer la Grande Autriche et Balthazar impuissant et inactif assistera à ce désastre. Naturalisé Autrichien, il restera dans ce pays sans que rien ne change ni ne s’améliore. Roman cru et dérangeant sur la condition humaine et l’apparition d’anciens voire de nouveaux pouvoirs forts exploitant la peur de l’autre et la faiblesse, la lâcheté et la bassesse humaines.
Premier roman

« La dictature des gens généreux, c’est terrible »

Fiche #269
Thème(s) : Littérature française


Maïté BERNARD

Et toujours en été
Le Passage

29 | 259 pages | 19-08-2007 | 16.25€

Thomas exilé argentin a deux filles : Ilona dont la mère est décédée sous la dictature en Argentine et Malena née en France suite à sa rencontre avec sa seconde femme. Il vit dans le sud de la France près de Sète jusqu’à ce que des policiers surgissent chez lui pour l’arrêter pour un meurtre qu’il aurait commis en Argentine presque trente ans plus tôt. Thomas se cache et décide de partir vers l’Espagne en vélo en suivant le canal du midi. Ses filles l’accompagnent dans cet ultime voyage. Alternent alors les chapitres narrant la cavale le long du canal où le calme, la sérénité, la beauté paisible de l’environnement propices aux confidences et ceux revenant sur le passé de la famille et la recherche de la vérité sur des événements ayant bouleversé à jamais la vie des hommes les ayant vécus. Le contraste des ambiances de ces deux récits renforce l’attachement du lecteur à cette destinée tragique.
Premier roman

« La peur ne s’apprend pas et respirer non plus, pourtant on sait faire »

« Il faut être très orgueilleux ou très naïf ou très bête pour croire qu’on choisit sa vie. On fait comme on peut avec ce qui nous arrive. - Tu as quand même choisi de te battre contre une dictature. - Bien sûr que non. Les circonstances vous font, d’abord et avant tout. Nous on ne fait que réagir. »

Fiche #270
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Maïté Bernard lus par Vaux Livres


Bertrand GUILLOT

Hors jeu
Le Dilettante

28 | 285 pages | 19-08-2007 | 19.5€

Jean-Victor Assalti est diplômé de l’Ecole, pépinière de gagnants. Ces jeunes diplômés sont persuadés de leur supériorité et de leur réussite future, ils sont les Dominants. Pendant un an, Jean-Victor travaille chez Eurocom et est promis à un bel avenir. C’est sans compter avec les effets collatéraux du 11 septembre : Eurocom a quelques difficultés et il est licencié. Catastrophe pour un Dominant surtout que les offres d’emploi ne se bousculent pas. Il devient le canard boiteux du clan des Dominants et s’enfonce dans son désespoir. Suite à une plaisanterie d’un membre du clan, il s’inscrit à un casting pour un nouveau jeu télé. Après sa qualification, il rejoint le camp des Dominés et sa participation devient sa préoccupation principale. Même ses amis dominants l’épaulent et s’intéressent à son aventure. Il se promet de gagner et de marquer l’histoire du jeu grâce à une chute pleine de panache ! Les accros des jeux TV vont se régaler !
Premier roman

Fiche #273
Thème(s) : Littérature française


Philippe FRÉLING

Ceinture jaune
Arléa

27 | 226 pages | 19-08-2007 | 19.5€

Un enfant parle, nous parle de son enfance, de ses doutes et de ses rêves (« Je sais pourquoi je suis tout seul : parce que je fais des rêves, parce que toujours je rêve »). Un père militaire, une mère d’humeurs variées se laissant aller parfois à quelques violences, un frère et une sœur. Deux uniques amis : Lui rencontré au judo (« Nous sommes devenus amis parce que, sinon, chacun de nous serait tout seul ») et Lionel Bréjean un élève du collège en marge. « Lui » occupe son esprit constamment, ils forment le couple indissociable du judo : uké (celui qui reçoit l’action) et tori (celui qui engage l’action). On ne sait pas véritablement si cette amitié est partagée. Dans sa quête d’identité et dans sa construction, « Lui » sera peut-être sa brique fondatrice. Il est seul, regarde les autres (« Je ne sais pourquoi les gens font semblant que tout est bien dans leur vie »), ne veut s’y mêler et n’attends pas vraiment grand chose de la vie : « Toute la nuit, je n’ai pas dormi, j’ai attendu de mourir, mais la mort n’est pas venue. Alors, quand j’ai vu la lumière du jour poindre à travers les interstices du volet, puisque je n’étais pas mort, j’ai accepté ma vie ». Un monologue émouvant d’un enfant en difficulté, ayant du mal à s’affirmer et à trouver sa personnalité et sa place dans sa famille et dans l’agora.
Premier roman

« S’ils savent mieux que moi qui je suis, je n’ai pas envie de leur dire qui je suis. Je préfère encore jouer à être celui qu’ils disent que je suis. »

Fiche #280
Thème(s) : Littérature française


Richard ANDRIEUX

José
Héloïse d'Ormesson

26 | 118 pages | 27-07-2007 | 15€

José, petit garçon hypersensible, vit seul avec sa mère. Peu à peu, José se crée son univers propre, un monde réservé auquel il est le seul à avoir accès. Il déplace les mots, changent leur sens, renomme les objets, s’invente des amis qui ont l’exclusivité de sa parole. Mais ce monde se referme peu à peu sur lui, il en devient le seul acteur, le seul maître. Il ignore son entourage et sa mère se retrouve exclus. Désespérée devant ce mutisme et cette mise à l’écart, elle sombre dans l’alcoolisme. La pédopsychiatre reste impuissante ("Madame Solère n'a jamais eu d'enfant ; elle aide ceux des autres... Dis-moi José, est-ce que tu aimes faire plaisir aux autres ? Ben oui, puisque je les laisse tranquilles !"). L’hospitalisation de José ne semble pourtant pas pouvoir le ramener à la vie « réelle » . Un déclic sera-t-il possible ?
Une histoire menée avec pudeur, émotion et sensibilité sur un enfant envahi par son imaginaire.
Premier roman

Fiche #262
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Richard Andrieux lus par Vaux Livres


Knud ROMER

Cochon d'allemand
Folio

25 | 183 pages | 17-07-2007 | 9.4€

en stock

Knud né en 1960 d’un père danois et d’une mère allemande nous raconte l’histoire de sa famille, une famille pour laquelle l’héritage de la seconde guerre mondiale sera très lourd. Sa mère a une vie heureuse à Berlin où elle suit ses études lorsque la montée du nazisme la pousse à un exil forcé au Danemark (« …avant que les nazis ne mettent fin à sa vie. ») et dès lors, la mort ne la quittera plus. Knud montre le mépris, la haine et les humiliations que les Danois font subir à ce couple mixte (allemande-danois). Unis par leur amour face à l'extérieur et replier sur eux-mêmes, Knud sera aussi mis à l’écart du couple malgré les sévices qu’il subit également à l’école notamment. Ses parents ne l’aideront pas à s’intégrer. Il ne pourra se protéger seul et restera le petit « boche », souffre-douleur des autres enfants. Les parents s’accommodent de la situation, même si on a l’impression qu’ils vivent à côté d’eux-mêmes, comme des zombies. Quant au petit, il vit dans la peur et l’horreur et restera marqué à jamais par ce quotidien. Devant cette haine constante, il croira même (à tort) que sa mère fut nazie. La seule personne dont il se sent proche est son oncle Helmut lui aussi marqué par la guerre puisque parti à 17 ans sur le front russe (« A l’âge de dix-sept ans, il avait été envoyé sur le front de l’est : il devait marcher sur Stalingrad ; deux millions de morts plus tard, après avoir retraversé en sens inverse l’hiver russe, il revint, trois orteils et l’entendement en moins… et même s’il réussit à revenir vivant au pays, il ne réussit jamais à revenir à lui-même. »). La vie de cette famille montre comment la guerre multiplie les victimes co-latérales comme on dit maintenant : sans l’avoir vécue, Knud en est aussi victime à travers la vie de ses grands-parents et de ses parents qui ne sont jamais réellement revenus de cette guerre. Réquisitoire contre la guerre, ce texte en démontre aussi sa puissance et on a même parfois l’impression que comme une bête blessée, elle est encore là, à l’affût, jamais achevée et toujours prête à se déclencher.

Fiche #258
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Elena Balzamo


Sophie MAURER

Asthmes
Le Seuil

24 | 93 pages | 07-06-2007 | 12.2€

Premier texte de Sophie Maurer qui démontre une parfaite maîtrise de la langue et un style affuté. Asthmes est un roman où chaque mot est compté, travaillé, à sa place : dix fragments de vie de personnages simples, chacun d’eux croise le suivant et lui passe le relais. Ce croisement est furtif (les personnages peuvent même ne pas en être conscients) mais significatif et le passage d’un personnage à l’autre est réellement une réussite. Tous ces personnages décrits par petites touches sont loin d’être l’image du bonheur mais plutôt des funambules de la vie. Ils ont en commun une faille, une gène, une tristesse, une mélancolie… mais sans jamais tomber dans le pathos. Un premier roman à découvrir.

Fiche #242
Thème(s) : Littérature française


Nathalie CHAIX

Exit Adonis
Bernard Campiche Editeur

23 | 176 pages | 14-05-2007 | 15.5€

en stock

Histoire d’une passion immédiate (« La première fois que je le vois. Je tombe en arrêt. Absorbée par ce visage, engloutie. Arrêtée. Plus de bruit. Seulement ce visage. Cet homme-là. Un éclair. Une brûlure. Consumation »), d’une fascination d’une femme pour un homme qu’elle nomme Adonis et qui ne l’aime pas et de son évolution durant cinq années. Narration au jour le jour de ses sentiments, de ses émotions et de ses troubles. Surprise par cette passion, elle se sent devenir esclave. L’histoire laissera des traces. Alors que l’héroïne s’aperçoit que cette passion devient néfaste, elle ne peut s’en détacher simplement et irrémédiablement. Peu à peu, le doute, l’angoisse et la peur de l’absence s’installent jusqu’à la délivrance totale (« Nous expliquons, nous déplions, nous démêlons, nous apaisons, nous rions, puis nous nous quittons »). Livre que vous lirez à un rythme élevé grâce à une écriture vive, directe, tranchée, une écriture recherchée mais moderne qui prend de multiples formes : prose, poésie, lettres, mails… Prix Georges-Nicole 2007 qui récompense un écrivain de langue française résidant en Suisse n’ayant jamais été édité.

Fiche #234
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Nathalie Chaix lus par Vaux Livres


Mylène MOUTON

Soleils d'ocre
Gaïa

22 | 214 pages | 16-04-2007 | 16.3€

Mylène Mouton nous fait partager dans « Soleils d’ocre » sa passion pour les temps anciens. Ce conte préhistorique se déroule lorsque la civilisation magdalénienne (-18000 à –12000 ans) est en train de laisser place à la civilisation azilienne (-12000 à –10000 ans) et décrit l’amour fou et malheureux d’une Azilienne et d’un Magdalénien. A partir de faits avérés, Mylène Mouton les interprète et rend plausible ce conte (« Rien n’est inventé et tout est imaginé dans ce roman »). Vous vous assoirez sans crainte autour du feu avec Leah et l’écouterez vous conter son histoire si ancienne et pourtant si actuelle. Histoire d’elle et de son jumeau Leoh, les « enfants-chance » à condition de n’être jamais séparés et histoire de Alhan l’enfant aux cheveux rouges arrivé blessé on ne sait d’où que le clan accueillera temporairement non sans mal. Le respect de la nature et les croyances païennes éclairent constamment le déroulement de cette aventure avec laquelle vous ressentirez une réelle proximité. Hymne à la nature et bel hymne à l’amour même si jalousie et haine l’accompagnent déjà.

Fiche #219
Thème(s) : Littérature française


Wilfried N'SONDÉ

Le coeur des enfants léopards
Actes Sud

21 | 133 pages | 09-04-2007 | 15.3€

Un jeune homme noir abandonné par son premier amour, s’enivre, croise une patrouille de police et commet l’irréparable. Commence alors son introspection depuis sa cellule entre les interrogatoires plus que musclés. Ce dialogue rythmé avec lui-même, avec ses anciens compagnons Mireille et Drissa, et avec l’Ancêtre et les esprits des défunts, révèle le parcours d’un enfant arrivé en France rempli d’espoir et qui s’installe en banlieue puis tente de vivre et d’accepter sa double identité (« Tu seras un funambule au-dessus des continents, des mondes et du temps. Regarde droit, fier, souris et chéris la vie, c’est ton seul trésor. Sois l’artisan de la mutation sans laquelle nous risquons de n’être plus rien demain, puisqu’il s’agit de devenir ce que nous fûmes »). Le récit oscille avec réussite entre souvenirs, rêves et réalité. Drissa choisira un autre chemin (« Attention Drissa, les mots mauvais que tu envoies pour blesser pourrissent avant tout ton propre sang… D’où vient cette cécité qui t’empêche de réaliser que tu es déjà partie intégrante de ce monde »). Mireille l’épaulera, le protègera, l’aimera puis le quittera. Histoire d’un premier amour, d’un parcours chaotique d’exilés entre deux mondes. Histoire non larmoyante, réaliste, balançant entre optimisme et pessimisme, sans agressivité gratuite, sans compassion ni haine, sans slogan, discours idéologique ni grandes vérités péremptoires, un simple cri humain, terriblement humain.

« Le malheur est maladie contagieuse, son odeur est tenace… »

« Je souris de ma peur d’antan des yeux clairs, ils rappelaient les chairs à vifs, sans parler de ces nez, avec leurs narines serrées comme les pointes de flèches des guerriers lors des parades, le jour anniversaire de l’indépendance. Mon cœur de gamin ressentait une peine immense pour ce peuple condamné à souffrir un martyre sans fin pour respirer convenablement à chaque instant. »

« Avec nos gueules à ne pas être comme les autres, Drissa et moi resterons debout ! Ensemble, nous continuerons à nous étirer, toujours plus grands et agiles, merveilleux, étranges, extraordinaires. Je lui prendrai la main pour parfaire le grand écart, celui que nous tissons entre les continents, les mondes et aussi le temps. C’est le grand art de demain. »

Ecouter la lecture de la première page de "Le coeur des enfants léopards"

Fiche #216
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Wilfried N'Sondé lus par Vaux Livres


Bernard CORBEL

Aminata l'insoumise
Le Vert-Galant

20 | 126 pages | 22-02-2007 | 12€

Bernard Corbel pénivauxois nous fait partager son amour pour le continent africain grâce à la rencontre de Patrick en mission en Arabie Saoudite avec « Aminata l’insoumise ». Cette malienne refuse les traditions ancestrales, rejette l’excision et le mari promis, on dit dans ces cas là qu’elle a du caractère ! Ses décisions l’emmènent en Arabie Saoudite où elle travaille sous les ordres d’un tout puissant qui tentera d’abuser d’elle. Commettant l’irréparable, elle prend la fuite dans ce pays aux libertés si ténues. Dans sa fuite, elle rencontre Patrick qui lui portera secours. Sa décision réfléchie et motivée est aussi liée à une rencontre passée avec Zohra dont il se reproche encore le dénouement. L’aide apportée par Patrick portera ses fruits et permettra à Aminata de regagner le Mali et d’avoir une vie apaisée dans le pays qu’elle aime. Bernard Corbel en nous faisant partager le quotidien d’une femme africaine prenant en main son destin avec fougue et volonté nous emmène sur la voie d’un engagement humanitaire à taille humaine dans une relation de proximité et de vis-à-vis qui redonne espoir en son efficacité.

Fiche #200
Thème(s) : Littérature française


Eva Kristina MINDSZENTI

Les inattendus
Stock

19 | 91 pages | 20-02-2007 | 14€

Au nord de la Hongrie, à la frontière slovaque, un hôpital est installé. Il accueille dès leur naissance des enfants abandonnés par leurs parents terrifiés : ces enfants aux corps déformés sont les victimes après coup de Tchernobyl. Klara, la jeune femme narratrice, nous raconte sa vie après son engagement dans cet hôpital comme soignante afin d’obtenir un salaire et éviter d’attendre que le temps passe (« je n’ai jamais rien vu de plus repoussant. Je n’ai jamais rien senti d’aussi attirant »). Elle montre comment progressivement elle s’habitue à ces enfants et à leurs malformations, leur apporte réconfort et trouve en eux des qualités qu’elle n’a pas vues ailleurs. Elle devient pas à pas une autre à leur contact. (« Je découvrais des émotions… Je me demandais jusqu’où pouvait aller le reniement de ce que l’on a appris. A quel moment, mes parents, en comparaison avec les malades me sembleraient difformes »). L’hôpital devient sa maison. Ces enfants peuvent rire, penser, ils veulent être dignes et elle les défend, les protège, les aime. Leurs vies s’imbriquent dans celles des soignants : « Ensemble. Dans cet enfer. Ensemble. En enfer. C’est doux ». Deux béquilles aident Klara dans son quotidien : son amour de la poésie (« il a écrit des livres pour que des gens comme moi ne sombrent pas ») et son admiration pour les chiens (« le chien l’emporte sur l’humain »). Un livre douloureux sur ces enfants mais aussi sur Klara, inattendue, qui n’aura jamais été indispensable à ses parents. Un texte composé de phrases courtes, voire d’enchainements de mots, d’un style ciselé qui renforce sa dureté et sa douleur. Premier roman de E.K. Mindszenti à découvrir.

Fiche #196
Thème(s) : Littérature étrangère


Stéphanie POLACK

Route royale
Stock

18 | 117 pages | 16-01-2007 | 15€

Constance a vingt et un an et sort de prison. Elle sait que David, son premier amour, ne l'attendra pas. Avant son incarcération, ils se sont aimés et déchirés parfois dans la violence. Constance devient solitaire et erre dans la ville et dans ses rêves. Seule Eve qui l’héberge reste en contact. Pourtant, elle rencontre Werner, un homme plus âgé qu'elle. Cet homme fidèle des tribunaux a suivi son procès, l'a reconnu et se souvient des raisons qui l’ont conduite en prison ; il avait même enquêté sur son passé et ses proches. Il ne lui en dit rien et continue son examen minutieux et attentif en consignant ses impressions dans un carnet. Une relation tendre et étrange les lie et aidera peut-être Constance a retrouvé le contrôle de sa vie perdu sur la Route royale.

Fiche #183
Thème(s) : Littérature française


Dan NISAND

Morsure
Naïve

17 | 90 pages | 09-01-2007 | 12.2€

Si vous doutez que chacun de nous possède en lui violence et agressivité qui malgré les conventions, la réflexion, l'ordre social peuvent rejaillir et entraîner des réactions inattendues, ce livre vous dérangera. Sans raison apparente et à sa grande surprise, le narrateur, jeune professeur, devient obsédé par l'idée de mordre, d'utiliser ses machoires et ses dents "coupantes, pointues, nuisibles". Cette obsession et son intérêt pour le comportement animal l'amènent à penser que sans les contraintes sociétales il pourrait muter en prédateur : "Rien ni personne n'échappait donc, dans la surface entière de nos villes, à l'interdit de l'instinct ni au refus de l'ordre naturel que la société s'imposait". Ce prof sera fasciné par Ivan, le rottweiler de son voisin, Jimmy, jeune homme solitaire, frustré et aigri. Cette race est caractérisée par sa force, sa souplesse, sa puissance et Jimmy conscient de cette nature en use : "il associait tacitement Ivan à l'éclatement de toutes ses amertumes, à l'expression de sa rancoeur, de son ressentiment, de sa jalousie, de sa haine". Il peut maitriser, utiliser, contrôler la férocité du chien et peu lui importe les conséquences : "Ivan était une menace pour autrui, c'était cela qui conférait un statut à son maître". L'auteur nous fait bien ressentir la peur mêlée à la fascination des gens rencontrant cet animal : fascination pour la force, pour la violence maîtrisée, pour le danger, fascination pour la plastique et l'esthétique... attirance... répulsion... Le prof par son obsession pour les dents devient un rival du chien, deux prédateurs ne peuvent coexister dans le même domaine... Un texte intriguant qui expose toute la fragilité de notre société qui peut basculer à tout instant dans la violence.

Fiche #182
Thème(s) : Littérature française


Sylvie AYMARD

Courir dans les bois sans désemparer
Maurice Nadeau

16 | 110 pages | 27-12-2006 | 15€

en stock

Une fillette découvre le monde des adultes quelque peu incompréhensible. Elle s'en éloigne et s'en rapproche à la fois en croisant quelques personnages souvent sans intérêt jusqu'à la Rencontre avec Nathan qui va l'ouvrir au monde et à l'Amour. Pourtant ce ne sera qu'un éclair fulgurant, mais un éclair qui lui permettra de s'élancer et de courir vers la vie. Un livre que l'on dévore par son style direct, par l'humour qui affleure, par le loufoque et l'incongru qui jaillissent au détour d'une phrase, par la chronologie des chapitres qui nous emmènent alternativement dans la jeunesse de l'héroïne puis dans son quotidien. A lire absolument.

"J'ai bien essayé de me faire piétiner par un gros sanglier, mais il se cache le jour et la nuit je ne vois rien..."

"J'étais toujours en colère : pourtant je n'ai pas été battue par un ceinturon, ni abusée par un ami de la famille. J'ai, certes, mangé des paupiettes à la ficelle, j'ai porté de la popeline, mis le feu à la crèche une fois, mon père ne buvait pas, ma mère n'a pas eu la variole."

"C'est à l'âge de raison que j'ai pratiqué le ricanement sarcastique. Avant de me coucher je tournais trois fois en rond dans mon lit, comme les chiens. J'étais en mouvement contre tout."

Fiche #180
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Sylvie Aymard lus par Vaux Livres


Hélène LANSCOTTE

Portraits sauvages
L'Escampette

15 | 112 pages | 08-12-2006 | 14.2€

Hélène Lanscotte nous plonge dans dans la vie d'un village isolé où le silence et la pierre occupent une place prépondérante. Avec un style simple et direct, elle dresse une galerie de portraits de "taiseux" qui s'observent et se jaugent mutuellement. Seule l'arrivée inattendue de "l'homme du gouvernement" venu recruté des hommes pour la guerre viendra rompre la quiétude du village. Les langues se délieront ce qui provoquera chez ces villageois habituellement silencieux l'éclatement au grand jour des haines et rancoeurs qui sommeillaient. A découvrir (sortie en février).

Fiche #178
Thème(s) : Littérature française


Hyam YARED

L'armoire des ombres
Sabine Wespieser

14 | 160 pages | 03-12-2006 | 19.25€

Premier roman d'une jeune libanaise ayant déjà publié des recueils de poésie. L'histoire se déroule à Beyrouth en 2005 alors que les manifestations se succèdent. Une jeune femme se rend à un casting et l'ouvreuse exige qu'elle laisse son ombre au vestiaire pour mieux appréhender le rôle. Le metteur en scène souhaite qu'elle soit dépouillée de tout et lorsqu'elle reviendra après avoir obtenu le rôle, il aura disparu. Les gens ne font que passer : "Tout le monde s'était volatilisé dans la rue. Avec la foule. Ils manifestaient pour qu'on leur rende la vérité". L'atmosphère est étrange. Elle accepte pourtant de jouer, sans scénario, sans décors mais devant un public toujours plus nombreux. Elle sort des ombres d'une armoire, ombres de femmes qu'elle met en scène avec force et émotion en s'incarnant en elles. Elle nous fait découvrir sa mère qui aurait préféré un fils puis Yolla l'avaleuse d'hommes, Greta violée à 16 ans, Lena serveuse d'un bar, Mona femme battue qui cherche à s'extraire de sa condition. Des destins de femmes dans un monde masculin qui dressent un tableau de la société libanaise contemporaine où les femmes (entre autres) trouvent difficilement leur place. Une découverte.

Premier roman

Fiche #176
Thème(s) : Littérature étrangère

Les titres de Hyam Yared lus par Vaux Livres


Fabienne SWIATLY

Gagner sa vie
La Fosse aux Ours

13 | 92 pages | 22-11-2006 | 13.2€

Dans ce premier roman, Fabienne Swiatly nous convie à suivre l'itinéraire professionnel d'une jeune lorraine, fille d'immigrés. Son père travaille en usine : "Le père se lève tôt le matin, rentre tard le soir, parfois l'inverse", première phrase du livre qui donne le ton : sensibilité et simplicité habitent ce récit. Le parcours scolaire et professionnel de cette jeune femme sont évidemment semés d'embûches. Son origine sociale décide de son orientation scolaire et désabusée, elle subit tristement son parcours professionnel, peut-être avec fatalisme, quelque peu spectatrice de sa vie. Elle multiplie les petits boulots, s'égare dans la com et puis trouve sa voie dans les ateliers d'écriture. Insensiblement, sans aucune affirmation péremptoire, sans joie affichée, le lecteur sent cependant qu'elle a enfin rejoint le camp de la vie même si sa mélancolie et sa solitude restent pesantes. Un premier roman à découvrir toujours chez l'excellente "Fosse aux Ours" !

Premier roman

"Je crevais de désir pour un monde qui semblait s'organiser sans moi. Envie d'y participer, envie d'en être. Envie de faire. Le monde était vaste et ma chambre étroite".

"Fumer et réfléchir à ce qu'il en coûte exactement de gagner sa vie".

Fiche #175
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Fabienne Swiatly lus par Vaux Livres


Svetlan SAVOV

Lucky, voleur de chevaux
Noir sur Blanc

12 | 165 pages | 02-11-2006 | 16.25€

Trois jeunes bulgares après la perestroïka sont sans avenir et décident malgré leur différence de changer de destin : direction Paris pour y voler des voitures. Lucky nous parle tendrement et avec sensibilité de sa vie actuelle en France, de sa femme et de sa fille mais aussi de la Bulgarie communiste où tout, selon lui, n'était pas aussi triste que l'Ouest voulait bien l'entendre. Puis, le lecteur suivra l'épopée et ses déconvenues de ses trois jeunes bulgares jusqu'à l'abandon par Lucky de son "statut" de voleur. Un roman vif et alerte.

Fiche #168
Thème(s) : Littérature étrangère


Antonin VARENNE

Le fruit de vos entrailles
Toute Latitude

11 | 314 pages | 02-11-2006 | 19.9€

Polar qui se déroule en France après le 11 septembre. L'inspecteur atypique Heckmann n'est guère apprécié par ses collègues et sa hiérarchie. On lui laisse pourtant déméler les fils d'une enquête portant sur une série de meurtres dont l'horreur va s'accroissant au fil des pages. Le meurtrier est un artiste et la mise en scène son dada ! Heckmann rencontre pendant son enquête deux personnages qui l'accompagneront et éclaireront ce livre : un vieil original, sorte de sage aux conseils précieux et Max qui aime bien se méler de ce qui ne le regarde pas. Roman ancré dans notre quotidien non dénué d'humour et d'ironie. En prime, un CD de quatre titres du groupe W5 dont Heckmann est fan !

Fiche #169
Thème(s) : Littérature française Polar/Thriller/Noir

Les titres de Antonin Varenne lus par Vaux Livres


Héléna MARIENSKÉ

Rhésus
POL

10 | 316 pages | 17-09-2006 | 19.25€

Une vieille dame, Raphaëlle, est accueillie pour son plus grand malheur dans une maison de retraite où chacun tente de survivre. Raphaëlle accrochée à la vie, est déterminée à continuer de vivre coûte que coûte. Elle hait sa fille qui l’a poussée dans ce lieu. Elle deviendra bisexuelle après sa rencontre avec Céleste écrivain homosexuelle (« le genre qui continue à vivre rien que pour le plaisir de vous cracher sa haine ») et Hector ancien militant communiste devenu riche grâce au hasard et que sa fortune et le viagra aident à oublier la mort. Raphaëlle ne peut choisir entre ses deux amours qui la comblent de bonheur, au grand dam de l’entourage quelque peu perturbé par ces liaisons inhabituelles : le scandale ne demande qu’à éclater... Autour de ses personnages principaux gravitent évidemment le personnel de la maison, directrice, médecins, aides-soignants, personne ne manque. Si, une « personne » : un bonobo, un chimpanzé mais qu’est-il exactement ? … débarque et l’extraordinaire (au premier sens du terme) s’installe… La scandale éclate et la révolte gronde, les vieux entrent en résistance, le RAID s’impatiente pour intervenir et même les dirigeants du pays s’impliqueront dans cette crise : on suivra Sinusy, petit Ministre de l’Intérieur sans scrupule et Philippe de la Cour du Pin, Premier Ministre bronzé cherchant à lui nuire…
Chaque chapitre propose la vision d’un personnage des évènements en cours : selon Raphaëlle, selon Céleste, selon Ludovic (infirmier), selon Dhorlac (écrivain invité chargé d’écrire le déroulement de l’histoire), selon Witold (journaliste) et « selon moi » pour conclure. Ces témoignages éclairent différemment l’affaire, nous déroutent, mélangent rêve et réalité et laissent le lecteur maître de son et/ou de leur histoire. Les deux derniers chapitres seront salvateurs pour le lecteur dérouté.

Texte ambitieux et original, un roman (mais est-ce un roman ?) inclassable, incomparable, qui aborde notamment les tabous de la vieillesse de plein fouet : la mort, le sexe, la vie, la drogue, tout y passe ! Récit grotesque, absurde parfois loufoque, parfois émouvant, triste, hilarant, parfois cru, mais toujours décalé. Un livre à ne pas confier aux lecteurs TGV comme les définit Céleste : « Et j’emmerde le lecteur pressé, inculte, dont l’empan intellectuel et linguistique ne dépasse pas trois syllabes et dont le souci majeur est de faire coïncider le temps du livre et son trajet en TGV. »

« On mange tôt dans les maisons de retraite : les serviteurs ont pris le pas sur les maîtres. Quand vient la marche à la mort, il faudrait donc avancer sa montre ? »

« Elle radote un peu, c’est vrai. Et comme elle parle comme un livre, j’ai l’impression de revenir à la même page. »

Fiche #152
Thème(s) : Littérature française


Christophe CAILLÉ

Sur terre pour si peu de temps
L'Escampette

9 | 151 pages | 21-08-2006 | 18.3€

Dans son premier roman, Christophe Caillé nous emporte au XVème siècle pour nous conter les histoires parallèles et proches de Gilles de Rais (ou Retz) et de Jacques, son compagnon d'enfance. Le roman, mais là n'est pas le propos, n'apporte pas de faits nouveaux concernant l'histoire de cette légende sombre, fou sanguinaire amoureux de jeunes garçons et jouissant de leurs souffrances. Dès sa naissance, Jacques est lié irrémédiablement à Gilles qui devient son maître : "je le connais comme le chien connaît son maître... c'est un homme extravagant qui fait à tout moment ce qu'il a envie de faire et dit ce qui lui passe par la tête. Ne prête pas attention à ce qu'il raconte, ce n'est pas un homme bon." répondra un jour Jacques à sa femme qui l'interroge sur Gilles. Le récit montre la fuite et le délire de Gilles de Rais : "Il murmurait que c'était plus fort que lui, qu'il avait beau essayer de ne pas écouter son désir, il l'entendait constamment, et même, plus il voulait le réprimer plus il s'exaspérait, et sa tête alors semblait sur le point d'éclater ; jusqu'au moment où n'en pouvant plus il retombait dans la débauche comme le chien retourne à son vomi". Il finira sur un gibet accompagné de deux de ses plus proches acolytes, exécuteurs des basses oeuvres... Jacques assiste au déroulement de cette vie diabolique mais refuse de croire les rumeurs entourant Gilles et ses pressentiments. La mort de Gilles provoquera sa fin et il deviendra lui-même la proie des démons avant de basculer dans la damnation éternelle.

Une écriture pure, limpide et directe au milieu de la folie, des croyances et de la sorcellerie.

Fiche #112
Thème(s) : Littérature française


Jean-Eric BOULIN

Supplément au roman national
Stock

8 | 155 pages | 21-08-2006 | 18€

Jean-Eric Boulin dresse un tableau douloureux de la France contemporaine en opposant la France invisible, le peuple, à la France visible, c'est-à-dire le microcosme médiatico-polico-culturel. La France invisible par lassitude oublie ses luttes collectives et sombre dans la consommation en regardant avec admiration et envie la France visible, fière et arrogante ("les visibles se regardent entre eux. Ils dessinent un cercle lumineux qu'accentuent les projecteurs. Ils se congratulent. Cette bonne humeur qu'autorisent deux centimètres de lévitation au-dessus du peuple"). Pour certains, la solution sera individuelle : c'est le cas de Kamel Barek et Yann Guillois qui se révoltent dans la violence extrême devant l'échec de leur intégration dans cette société injuste et inhumaine. Pour d'autres, la rage rejoint le collectif ("une gigantesque colère collective" pour qu'enfin "la misère du monde soit à l'ordre du jour") alors que l'embrasement de la France guette en attendant et en espérant raisonnablement dans l'avenir qui saura réunir le peuple sans distinction et dans son intégralité.

Un cri du coeur et d'amour pour la France invisible et pour qu'elle se retrouve, le tout dans un style incisif, rapide, sec et violent.

Fiche #115
Thème(s) : Littérature française


Christine AVEL

L'apocalypse sans peine
Le dilettante

7 | 186 pages | 21-08-2006 | 15€

Recueil de douze nouvelles pour aller à la rencontre de vies ordinaires toutes plus ou moins bancales. Voici les sujets de quelques-unes des nouvelles les plus réussies : Clémence sujette à toutes les allergies et autres maladies boutonneuses est émerveillée par un Dracunculus medinensis. Bastien, les vagues et la mouette s'affrontent. Marc archéologue reconverti découvre l'Atlantide dans son bain. Comment supporter un arrêt thérapeutique ? Peut-on rester sans réaction quand on sait que le soleil va bientôt s'éteindre dans quatre milliards et demi d'années ? Comment un saucisson desséché cause la perte d'un couple ? Malraux est-il aphrodisiaque ?

Fiche #116
Thème(s) : Littérature française


Cathie BARREAU

Journal secret de Natalia Gontcharova
Laurence Teper

6 | 60 pages | 30-12-2005 | 6€

Cathie Barreau a imaginé une femme rédigeant son journal, la nuit précédant la mort de son mari, qui agonise dans la chambre d'à côté. Les deux sont célèbres : cette femme, c'est Natalia Gontcharova et son mari est Alexandre Pouchkine, blessé à mort lors de son duel avec d'Anthès. Le journal est à la fois un hymne à l'amour et le procès sévère et implacable du comportement amoureux de Pouchkine.

Fiche #40
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Cathie Barreau lus par Vaux Livres


Alessandro PIPERNO

Avec les pires intentions
Liana Levi

5 | 350 pages | 30-12-2005 | 20€

Alessandro Piperno nous propose dans son premier roman une galerie de portraits de la famille juive du narrateur Daniel : un grand-père superficiel aimant trop les femmes des autres, un oncle séduisant qui quittera l'Italie pour Israel, un père absent bourgeois adulant le luxe et les grands de ce monde, un frère plus doué, chaque personnage portant un sentiment de culpabilité. Daniel ne sait où se situer : la communauté juive lui "reproche" un parent non-juif et et les "non-juifs" le repousse le renvoyant aux origines de l'un de ses parents. Les tourments de Daniel dans ce monde et son impossibilité à séduire la belle Gaïa accompagnent cette chronique de la vie romaine. Un roman à grand succès en Italie.

Fiche #42
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Fanchita Gonzalez-Batlle

Les titres de Alessandro Piperno lus par Vaux Livres


Dominique KOPP

L'ordre des choses
Les Allusifs

4 | 68 pages | 30-12-2005 | 10.2€

en stock

Premier roman de Dominique Kopp qui publiait jusqu'à maintenant pour la jeunesse. Raymond vit à la campagne sous la coupe de sa mère omniprésente, autoritaire et toute puissante. N'osant lui tenir tête, les jours passent les uns après les autres sans éclat. Il pense avoir trouver le remède en achetant en cachette une femme à des passeurs. L'arrivée de cette femme espère-t-il lui permettra notamment d'amoindrir l'autorité maternelle. Hélas, premier désagrément, la femme descend du bus accompagnée. En réalité, elle est doublement accompagnée puisque le drame qu'elle a vécu dans son pays d'origine ne la quitte pas. Raymond ne saura pas sortir de son rôle d'acheteur et n'adoptera pas les deux compagnons de Ileana. Lentement, avec délicatesse, Dominique Kopp nous dévoilera le drame d'Ileana et nouera celui qui anéantira la ferme de Raymond.
Une écriture toute en nuance pour une histoire dramatique.

Fiche #45
Thème(s) : Littérature étrangère


Anna LENNER

Cahin-caha
Le dilettante

3 | 190 pages | 30-12-2005 | 15€

Cahin-Caha nous fait suivre avec sensibilité et réalisme "les pas" d'un jeune adolescent atteint d'une maladie génétique handicapante. Il nous fait partager tout d'abord sa vie à l'école, ses camarades n'étant pas tous très tendres. Le refus de ce handicap et la jalousie envers son environnement le hante. Il faudra un voyage scolaire en compagnie de trois autres handicapés pour qu'il s'accepte et accepte le regard des autres et les comprenne (sa soeur notamment). Même si l'épilogue du roman n'est pas gai, il laisse un sentiment d'espoir pour une vie acceptée et vécue avec son handicap.

Fiche #58
Thème(s) : Littérature française


Raphaële MOUSSAFIR

Du vent dans mes mollets
Intervista

2 | 112 pages | 30-12-2005 | 4.5€

Comment résister à un livre conseillé par H. Buten et avec une citation de Romain Gary ? La narratrice est Rachel, petite fille âgée de 9 ans à la langue bien pendue. Espiègle, elle a une institutrice humiliante et une copine fidèle avec qui elle accomplit les 400 coups ! Rachel va mal et sa mère l'emmène voir madame Trebla "une dame qui parle avec les enfantset qui après quelques dessins arrive à les convaincre de se mettre en pyjama le soir, d'enlever leur cartable et leurs chaussures avant de se coucherà l'intérieur de leurs couvertures". Chaque chapitre correspond à une séance et à un monologue de la petite, les interventions de madame Trebla étant rares. Le livre est donc écrit ou parlé par Rachel ce qui lui procure un rythme rapide, une fraicheur agréable et une franchise enfantine. Nous apprendrons cependant à la fin la raison du mal être de Rachel...

Fiche #87
Thème(s) : Littérature française


Emmanuel PONS

Je viens de tuer ma femme
Arléa

1 | 155 pages | 30-12-2005 | 8€

en stock

Le narrateur, comme l'indique le titre, tue sa femme sans préméditation, un jour comme un autre où la lassitude est peut-être plus pesante : "je viens de tuer ma femme. Ce qui m'ennuie, c'est les faire-part". L'euphorie s'empare du meurtrier et il enchaîne par le meurtre d'un couple ami du village à qui il souhaitait avouer son acte. Comble de malheur, le mari a l'outrecuidance d'ironiser sur son acte. Il découpe ensuite sa femme, la place dans un congélateur pour la conserver et prolonger leur dialogue, ou plutôt maintenant son monologue. Les événements s'enchainent alors implacablement pendant sept jours et nous entrainent avec le narrateur dans une impasse. Nous l'accompagnerons dans sa fuite et dans ses réflexions ("Il faudrait se séparer quand tout va bien, pour ne conserver que de beaux souvenirs. Je t'aime, je m'en vais. Moi aussi, je t'aime ; adieu ! Le mariage serait pour le meilleur jusqu'à ce que l'amour nous sépare, valable un mois et tacitement reconduit."). Un texte souvent froid, grinçant et parsemé d'humoir noir (la sentence "Ci-gît le morceau pensant de Raymond" conclura l'enterrement d'une des victimes). Premier roman à découvrir.

Fiche #95
Thème(s) : Littérature française

Les titres de Emmanuel Pons lus par Vaux Livres





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